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Le rire dans les poèmes de Nietzsche

Nietzsche n'a pas, à proprement parler, composé d'oeuvres poétiques, mais il a semé ses principaux ouvrages de poèmes que ses éditeurs ont par la suite réunis en un recueil. Ce choix fut tenté pour la première fois en 1894, par Fritz Koegel qui lui consacra le huitième volume des "Oeuvres complètes". En 1898, la soeur de Nitezsche donna une nouvelle édition de ce volume en l'augmentant de quelques poésies de jeunesse et, en 1899, Arthur Seidel refondit l'ensemble.

Les poèmes de Nietzsche ont été écrits de 1871 à 1888 avec une production plus abondante entre 1882 et 1884; on les rencontre surtout dans "Humain, trop humain", "Ainsi parlait Zarathoustra", le prologue et l'appendice du "Gai savoir" et l'épilogue de "Au-delà du bien et du mal". Quelques autres ont été tirés de douze cahiers dans lesquels Nietzsche notait ses pensées avant de leur donner une forme définitive.

Les poèmes de jeunesse correspondent à des épanchements lyriques vite taris. Ils utilisent, en général, des formes régulières fondées sur le nombre des syllabes et la rime. Ils sont pleins de préciosités et souvent même de mignardises. A la période suivante, cet attrait sentimental cède la place à une pensée de plus en plus forte qui se cristallise dans une forme concise et frappe des sentences, des maximes et des aphorismes. Le lyrisme réapparaît à la fin du cycle poétique ("Dithyrambes à Dionysos") mais avec une vigueur et une intensité qui marquent l'apogée et l'éclatement des thèmes propres à Nietzsche. Les "Poésies complètes" sont loin de donner une connaissance totale de la pensée de Nietzsche mais elles en tracent la courbe. Chaotiques, composées au gré de la passion, elles ne nomment presque jamais le rire mais le rire, thème purificateur par excellence, éclate partout et constitue leur lien profond. Au sommet, quand la passion touche au sarcasme, elle se retourne brusquement contre elle-même et rit de ses invectives. Nietzsche est alors au plus près de sa vérité, car son rire lui procure ce détachement qui est l'essence même de son bonheur. Les "Poésies" sont, en quelque sorte, le rire de son oeuvre, elles sont aussi une invitation pressante à descendre dans la pensée jusqu'aux limites du vertige.

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