C’est en 1870 que Verlaine publie « La bonne chanson », recueuil de poésies lyriques. Ces poèmes, qui lui furent inspirés par ses fiançailles avec Mathilde Mauté de Fleurville, expriment la joie et la tendresse du poète pour la créature qui est sur le point d'entrer dans sa vie: du même coup, l'auteur redécouvre, dans toute sa pureté, le charme de la création. En célébrant la beauté de sa fiancée, la beauté de son sourire et de ses baisers ("La lune blanche"), l'artiste exprime en un frisson délicat, l'amour attentif qu'il porte à tous les petits événements de la vie quotidienne ("La dure épreuve va finir"). La figure de la femme aimée illumine toute son existence et l'incite à contempler les souffrances des humbles: grâce à elle, le poète atteindra à la paix tant désirée ("Le bruit des cabarets"). Son inspiration est liée à son mariage imminent, si bien que ce recueil a quelque chose d'heureux et de facile: toute émotion se résout en une musique légère et sentimentale. A côté de ces effusions lyriques, on peut noter d'aimables poèmes descriptifs, certaines observations spontanées et fraîches qui rappellent la première manière de l'auteur, alors qu'il était encore fidèle aux principes de l'école parnassienne. A ce recueil, comprenant à l'origine vingt-et-un poèmes sans titre, il faut ajouter trois "Vieilles bonnes chansons" de 1869-1870, comprises d'abord dans les "Confessions" de 1895, et la dédicace à la femme aimée, qui ne fut pas imprimée alors, mais parut dans une revue en 1897, puis en 1913 parmi les "Oeuvres posthumes": dans ces petites poésies, Verlaine affirme de nouveau son idéal d'une vie qui, dans sa simplicité familière, serait entièrement consacrée à l'affection d'une âme qui en serait digne.
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