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La tentation de l' Occident

En 1923, le jeune Malraux part pour l'Extrême-Orient en mission archéologique.

En 1926 il en ramène un petit essai intitulé La tentation de l’occident, sous la forme traditionnelle d'une correspondance.

Déjà, au seuil de son oeuvre, il en donne la clé. Ce n'est pas encore son style. Ses lecteurs habituels, ceux qui sont faits à ses halètements, ses saccades, ses amoncellements pyramidaux d'images, à son grandiose crispé, auront quelque surprise à trouver sous la plume d'un Malraux de vingt-six ans tant de retenue, de classicisme et de grâce.

A. D., l' occidental, voyage en Extême-orient, tandis que Ling, l'Extrême-Oriental, visite l'Europe. Les lettres qu'ils s'adressent sont datées de Shangaï ou de Canton, de Rome ou de Paris. Ni l'un ni l'autre ne sont des symboles, ils sont tous deux Malraux, l'écrivain-protée; ou plutôt toutes ses tentations: sa curiosité quasi envieuse et admirative de l'Autre, le besoin dont il fait la pierre de touche de son érotisme, de ressentir aussi ce que l'autre éprouve. Etre soi et la personne d'en face, se dédoubler, d'où nécessité du miroir. L'auteur-Janus souffre, comme Ling, de la sécheresse si cérébrale de l' Occidental, ce monde semblable à une île nue sur lequel règne, seul, l'homme individuel, avec l'obligation de se créer lui-même comme s'il était Dieu. Il est tenté, comme A. D., par le confort voluptueux de la pensée orientale, par cet univers qui n'a pas rompu complètement avec l'Age d'Or, où les humains sont encore liés organiquement aux autres vivants, aux grands éléments qui composent le décor cosmique, où l'on recherche la perfection et la sagesse comme un bonheur en soi, clos, et le seul but pour parvenir au but suprême: le détachement. La tentation est grande; mais l' Occidental, comme l' Oriental, est enfermé dans sa peau. Echappe-t-on à une patrie? Europe, tu nous tiens. Nous n'avons pas droit à la sérénité. Peuple aux poings serrés, il n'est d'autre chemin, pour nous accomplir, que l'aventure particulière qui nous conduit à la grandeur. C'est pourquoi A. D. sera et Vannec et Perken et Kyo et Garine et Kassner et Manuel et Vincent Berger et André Malraux.

Son premier livre était une préface exemplaire à son œuvre à suivre.

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