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Théâtre (443)

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Ramsès II, une pièce de Sébastien Thiery

SPECTACLES

Un boulevard original, d’une étrange cruauté

Dès la première, public ravi dans une salle comble. Mais quelle drôle de pièce … pourtant, tout aussi drôle que le film de Tatie Danielle avec son humour corrosif et débridé. Sauf que plane au fur et à mesure, une incroyable menace comme dans les films d’Hitchcock. Rien ne laisse présager  la fin, le suspense durera en effet jusqu’à la dernière réplique.


On peut dire aussi, qu’à certains égards, cette pièce renoue carrément avec le malaise existentiel du théâtre de l’absurde. Ionesco es-tu là? Au début de chaque acte, on assiste à  un étrange retour de situations et de répliques identiques qui apparaissent comme autant de sourds avertissements du Destin.

Dans ce cycle infernal, où est le réel? Où commence le cauchemar? Le déjà vu, de plus en plus aigu et oppressant vous prend à la gorge! Le personnage  central, père de famille en chaise roulante admirablement joué par Daniel Hanssens,  se retrouve coincé dans un effroyable huis clos remarquablement étouffant. Effet thriller garanti: le spectateur est pris lui aussi dans ce glaçant cauchemar de plus en plus … réel?

Le Goliath du rire à la voix stentorienne va-t-il se laisser terrasser par un  jeune Daniel (Clément Manuel) impassible et … pervers? Il s’appelle Matthieu, cet incompréhensible beau-fils qui a débarqué chez ses beaux-parents après un voyage en Egypte, mais sans sa femme Bénédicte. Est-il finalement fou à lier ou passible de poursuites judiciaires? Qui sont ses complices?

L’auteur semble en outre procéder à une froide analyse de la haine gratuite, puisque sous des dehors de comédie bourgeoise lestée de codes actuels, se déploie le plan maléfique de ce Mathieu, personnage hautement manipulateur et forcément haïssable. Celui-ci pratique-t-il le mal pour le mal? Pour quelle offense se livre-t-il à une incompréhensible vengeance ? Quelle force guide sa main? En effet, on ne cesse de s’interroger sur ses mobiles d’acharnement. Et il n’y a pas de réponse.

Critique acerbe de la manipulation de la réalité – toujours une source d’angoisse profonde – cette pièce est une condamnation implicite d’une société basée sur le mensonge et totalement dénuée d’humanité. Et pourtant les rires fusent dans la salle. C’est tout l’art de l’auteur. Est-ce par pur cynisme que les aînés sont poussés en dehors des derniers joyeux sentiers de la vie pour finir reclus et abandonnés loin de leurs repères et de leur famille? Inès Dubuisson, au jeu très sûr incarne parfaitement l’attitude passive et égarée de la femme de ce chef de famille, certes un peu caractériel, mais qui aurait eu droit à plus d’égards, non? Enfin, ce spectacle étrange illustre bien l’égoïsme foncier de notre société où tout est bon à jeter.

 Pire que tout, la mystérieuse Bénédicte (la fille adorée du couple interprétée par une brillante Marie-Hélène Remacle), porte vraiment mal son nom puisque l’on découvre dans un rythme haletant qu’elle fait partie du plan iconoclaste de l’insatiable Mathieu.

L’ensemble est mené de main de maître, les situations absurdes et comiques s’égrènent avec brio sur un canevas d’enfer. Et c’est le Goliath vaincu qui recueille toute notre sympathie devant l’horreur de la machine infernale en branle. Edgar Poe n’est pas loin. La dernière phrase de cette comédie est un sommet de désespoir.

Jack Nicholson, où es-tu?


Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

https://comediedebruxelles.be/

Distribution : Marie-Hélène Remacle, Inès Dubuisson, Clément Manuel et Daniel Hanssens 

Mise en scène : Daniel Hanssens
Assistanat : Victor Scheffer

Scénographie : Francesco Deleo

Lumières : Laurent Kaye

Billetterie : ici

La tournée s’est arrêtée Au Centre Culturel d’Auderghem :

Du mardi 4 au samedi 8 avril à 20h00 et le dimanche 9 avril à 15h00

Autres dates:

Dinant : le mardi 11 avril

Ottignies : le mercredi 12 avril

Huy : le vendredi 14 avril

Au Centre Culturel d’Uccle :

Du mardi 18 au samedi 22 avril à 20h15 et le dimanche 23 avril à 15h00

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SPECTACLES

Des gens de l’Art au théâtre du Parc pour jouer Pinocchio


Comédien auteur, metteur en scène, Thierry Janssen  nous  livre  au théâtre du Parc une adaptation originale du conte moralisateur italien bien connu  de  Carlo Collodi (1883).  Dans ce spectacle savoureux et  grisant, tant pour les adultes que pour les enfants,  l’auteur  déploie habilement  un  fantastique  arsenal théâtral fait de textes subversifs et drôles, pimentés d’une dose bien rafraîchissante d’italien. Un arsenal fait d’espaces bien construits, de corps  brûlants  de dynamisme, de  sons  et lumières qui n’ont rien à envier au cinéma. La brillante mise en scène ne manque pas d’humour et  est signée Maggy Jacot et Axel de Booseré. Les enfants adorent ! Les comédiens Aurélien Dubreuil-Lachaud et Mireille Bailly se partagent astucieusement  les rôles de Lino, le chat, Arlequin et Colombine, le renard et Vanda. L’ambiance est celle de la Commedia dell’arte, les enfants jubilent.


Julien Besure, Fabian Finkels Photo Aude Vanlathem

Lorsque le tissu est à l’endroit,  on croit voir ce que l’on attend, à savoir  la reconstitution subtile et resserrée  des tribulations du jeune pantin de bois  à travers  l’évocation de ses multiples métamorphoses dans un univers de magie et de rêve. Puisque c'est là  que  se trame de fil en aiguille  un  parcours complexe vers la découverte de son humanité, ciselée avec ferveur par l’amour de  Gepetto,  son génial créateur.

Mais, première surprise, le Pinocchio que l’on a devant les yeux est d’emblée  un vif  jeune homme, en chair et en os sous les traits du  pétillant Julien Besure,   en comédien tête d'affiche d’une tournée théâtrale  du spectacle « Le avventure di Pinocchio ». Place au mystère du théâtre dans le théâtre. Les enfants sont éblouis.   Et dès l’entrée de jeu, l'extraordinaire vedette du théâtre du Parc,  Fabian Finkels, dans le rôle du directeur  de la troupe prévient :  l’histoire  sera extraordinaire : vraie ou pas, c’est aux spectateurs d’en décider. Vrai ou faux ?  Il promet de ne jamais mentir, de parler vrai. Mais, qu’est-ce que parler vrai ?  Doit-on le croire ?  Faut-il croire les deux gredins escrocs et séducteurs  en carricatures de renard et de chat ? Doit-on croire la pauvresse Fée Dora dont la blessure est une morsure de chien pour avoir volé un pain? Comment fait-elle pour devenir une vraie féé bleue ? Peut-on en tomber amoureux ?


Mireille Bailly, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Karen De Paduwa, Fabian Finkels, Julien Besure, Thierry Janssen, Elsa Tarlton Photo Aude Vanlathem

C’est alors qu’ à l’envers du tissu, on  découvre une toute autre histoire. Eternelle ou anecdotique? Certes, misérable et merveilleuse. Emouvante, donc.  Celle d’une résistante communiste indigente (Elsa Tartlon)  poursuivie par les forces de l’ordre.  Celle  de Sofia – le nom est bien choisi – joué par  une éblouissante Karen de Padoua.  La régisseuse codirectrice est  rebelle aux bruits de bottes qui déferle sur l’Italie. A l’occasion, elle  se montre même à cheval sur  la question de l’orthographe,  question de  préserver la complexité de la langue, partant, celle de la pensée. Pressent-elle que Joseph Goebbels, quelques années plus tard,  dira  « Nous voulons convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées » ? Elle est  bouillante et prête à la révolte  et bataille avec le direttore  en refusant d’aller se produire devant un public de fachistes en marche sur Rome et  rassemblés  à Santa Marinella.    Puisqu’en effet,  tout se passe il y a cent ans, en octobre 1922,  alors que  fermente la grogne  des Italiens après  un  traité de Versailles qui les a  bernés, alors que sévissent la faim et la misère dans les villages toscans, une réalité sociologique qui n’épargne ni les ouvriers ni les paysans. Peut-être même que cela se passe  autour du  31 octobre… ce jour de 1922 où un certain Benito Mussolini  s’approprie la présidence  du Conseil du Royaume d’Italie.

Très prosaïquement, toute la question pour la troupe de forains n’est-elle pas de trouver de l’argent coûte que coûte,  simplement  pour ne pas mourir de faim? Alors, aller jouer devant les troupes du Duce…c’est un moindre mal !  Avanti ! tranche le direttore.

En  filigrane, on voit aussi apparaitre un autre thème.  Celui d’une société de loisirs et de consommation souvent abêtissante,  où l’on fuit l’effort et les contraintes pour de vains plaisirs. …  ce qui arrange bien sûr les profiteurs et les  dictateurs de tout poil.  Le très crédule Pinocchio n’est-il pas  prêt à enterrer son argent dans un champ pour s’enrichir   heureux de  se vanter de ses vaines prouesses? Et puis, Qui est-il ? Est-il capable de se changer et de devenir autre chose que ce qu’il est, un vulgaire morceau de bois? Que reste-t-il des souvenirs du brave Gepetto qui semble avoir perdu la mémoire ? Il est  interprété avec chaleur par Thierry Janssen, lui-même.  Dire qu’au plus profonde de la misère, il  échange son manteau pour un livre d’école destiné à son fils!  Et ce fils, doit il se soumettre aux règles de l’ordre établi ou y a-t-il  quelque place pour la liberté de devenir soi?   On est au cœur de la fonction du théâtre : se poser des questions, chercher le sens de la vie, douter, alimenter la réflexion.  Et tant pis pour le criquet moralisateur ! Pardon, c’est un grillon!

Avec ces gens de l’Art, on est à cent lieues du Walt Disney bienpensant de 1940.


Julien Besure, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Mireille Bailly. Photo Aude Vanlathem

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres


Au Théâtre Royal du Parc | Rue de la Loi, 3 – 1000 Bruxelles Du 18/03/2023 au 08/04/2023

billetterie@theatreduparc.be - 02/505.30.30



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administrateur théâtres

SPECTACLES

Allons … badiner!

La Compagnie du Temps Perdu a posé ses bagages… à Bruxelles ! Ils sont absolument extraordinaires, se produisent en ce moment au théâtre de la Clarencière 20 rue du Belvédère, 1050 Bruxelles, juste derrière Flagey. 50 places. Courez-y, vous reviendrez le cœur en fête et les larmes aux yeux ! Spécialement si dans vos jeunes années, les bibliothèques universitaires étaient votre havre de paix…ou votre studieux lieu de rencontres !

La pièce est signée et interprétée par Maximilien Solvès et Christel Pourchet. Et ces deux comédiens, sont aussi bons que… les Émotifs anonymes, aussi généreux qu’une pêche miraculeuse. Les répliques sautent de partout, vous éclaboussent de bonheur, vous chatouillent l’esprit et le cœur. C’est du merveilleux théâtre aussi drôle que celui de rue, aussi intense que la source du verbe, aussi lumineux que le don du sourire !

Les voilà embarqués dans une inénarrable course poursuite, un slalom vertigineux entre les plus grandes scènes d’amour exhumées avec tendresse de la collection complète de l’histoire de la littérature française, du Moyen âge au 20e siècle. Un condensé de Lagarde et Michard live, ça vaut le déplacement, maintenant que les cours de français se trouvent formatés sur des fichiers pédagogiques en ligne.


Comme le désordre amoureux qui les anime secrètement – à chacun son audace ou sa timidité – les scènes sautent ingénument d’un siècle à l’autre, par simple analogie avec l’histoire frémissante qui débute entre les deux étudiants à la belle anatomie. A notre tour de refaire leur carte du Tendre. Pas un mot des titres, ou des têtes de chapitres, juste les auteurs qui se réveillent côte à côte dans une ronde folle … presque de la Saint-Jean.

Il y a Marius Fanny, César, avè l’asseng, Hugo, Feydeau, Musset, Labiche, Racine dans un méli- mélo invraisemblable d’antiquité grecque et romaine, quel délice ! Alceste, bien sûr, non, Molière qui fête ses 400 ans d’anniversaire avec le patois savoureux de Charlotte, Mathurine et Pierrot soufflé dans le Jeu de Robin et Marion, Mais ne te promène donc pas toute nue ! Et l’incontournable lettre de Cyrano qui arrache des larmes… Acte V scène 5. Oui, et Françoise Sagan. Nous attendions la cristallisation de l’amour dans Climats de André Maurois. Bof c’est pas du théâtre. Georges Sand, quand même ! Sans Chopin. Quelle incroyable dynamique !

On ressort du spectacle, comme d’un feu d’artifice, étourdi de bonheur, fervent admirateur de notre si belle langue française, si bien interprétée, si bien coulée entre toutes les époques, riche, chatoyante, bouleversante de beauté et d’émotion.

Tour cela pour le fond… mais la forme ? Pleine forme, créativité intense, imaginaire débridé – les décors précaires, presque inexistants comme au temps de Shakespeare – c’est du papillonnage fin et espiègle, des changements de costumes intelligents, du grand art des planches, une immense énergie dans un mouchoir de poche, un franche bouffée de vie théâtrale totalement bienvenue et rafraîchissante.

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Metteur en scène : Barbara Castin, et tout cela pluri-joué à Paris depuis 2019… avec ou sans couvre-feux, quarantaines et autres barrières culturelles.

Dominique-Hélène Lemaire pour Arts et Lettres

https://www.laclarenciere.be/

« On ne badine pas », c’est le 20, 21, 22, 27, 28 et 29 janvier, ainsi que les 3, 4 et 5 février à 20h30 ! Au Théâtre de la Clarencière (rue du Belvédère 20, Ixelles)☎️ Infos et réservations: Tel: +32/(0)2 640 46 76 Site: https://www.leverbefou.fr/reservationth/reservation.php

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SPECTACLES

« Le noir te va si bien », une mortelle randonnée

                                                                                                  …entre empoisonnements, chutes de falaise, coups de feu, explosions à la dynamite, lustres fatidiques, arsenic, strychnine, champignons innocents,  roulette russe, et la liste n’est pas complète. «  Risky Marriage » écrite par Saul O’Hara en 1959, est une comédie policière d’origine britannique. Elle fut créée en  France par Jean Marsan, le 7 novembre 1972 au Théâtre Antoine à Paris, avec dans les rôles titres Maria Pacôme, Jean Le Poulain et Lucie Dolène.  Le succès fut tellement énorme qu’elle fut diffusée  à 3 reprises dans la célèbre émission de télévision « Au théâtre ce soir », à l’époque, à  l’ORTF. Vibrent encore sans doute pour certains, tant d’années après, les  annonces réjouies du générique :  « C’était…. dans une adaptation et production de: ….Pierre Sabbagh , créateur de décor: ….Roger Harth, costumes de: ….Donald Cardwell! »  Un crescendo de bonheur doux à l’oreille.

Qui tuera l’autre en premier ? That’s the question !

Cette pièce  fracassante  pourfend  tous les coureurs de dot, les assoiffés d’héritages, les chercheurs d’or matrimonial, les chacals de pierres tombales, les abonnés au crime lucratif. John est soupçonné d’avoir tué ses six femmes. Lucy est suspectée d’avoir éliminé ses cinq maris. Un commissaire de Scotland Yard, joué par l’exquis Bernard d’Oultremont,  veut piéger les deux criminels jusque-là restés impunis  en provoquant leur rencontre dans un manoir qu’il a mis sous haute surveillance, et où il pourra enfin prendre l’un  des deux sur le fait. Pour l’autre, ce sera sans doute  trop tard ! « Elle a les yeux … révolver ! »   


 Deux domestiques très complices, aident  l’inspecteur dans sa tâche de détective, quitte à s’enfermer, pour mieux espionner,  dans une horloge ou une vielle cuirasse moyenâgeuse. Ah ! les châteaux  écossais, leurs passages secrets, et leurs merveilleux fantômes ! Tout y est au théâtre de la Comédie Claude Volter : le five o’clock tea, le brandy et la pièce montée en sponge cake !  Bravo aussi  pour les choix musicaux :  depuis  l’authentique bagpipe, cornemuse ou biniou,  jusqu’à la valse des chevaliers de Tchaïkovski dans Roméo et Juliette. Et puis cet inénarrable uniforme militaire écossais que porte le faux laird, Michel de WARZÉE ! C’est tout  le plaisir du boulevard  qui revient en trombe sur la scène du théâtre de la Comédie Claude Volter qui fête  royalement ses cinquante ans cette année-ci.



 Dans un rythme  déchaîné, Stéphanie MORIAU et Michel de WARZÉE  jouent  pendant près de deux heures  leur incroyable  parade fatale. L’amour y trouvera-t-il enfin son compte ? A force, le cynisme imprègne les autres personnages et la comédie de mœurs fait flèche de tout bois pour mettre en pâture devant le public  toutes ces   faiblesses humaines  telles que l’amour  effréné de l’argent, l’appât du gain, l’égoïsme,  la vanité, la cupidité,  l’envie..  Et que dire du moteur principal:  la froideur du crime et du meurtre  prémédités.

Il est donc fort bien  ficelé, ce bijou de théâtre de boulevard au point de friser le  surréalisme…  Les sept comédiens chevronnés  s’éclatent vraiment  sous la charmante direction  de la dame en fourreau noir,  épaules et jambes  nues : Stéphanie MORIAU.  Avec  Michel de WARZÉE, Amélie SAYE, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT, Hélène PHILIPPE, Simon WILLAME et Morgane GÉRÔME. La distribution est impeccable et on leur souhaite de faire salle comble… Pour leur bonheur, ils n’ont pas plus de 200 places !

…  Et au fait, ne serait-il  pas temps  que la Mort,  tant chantée par  Georges Brassens ( il aurait eu 100 ans ce 21 octobre 2021) et que notre société  contemporaine met tant de soin à exiler, réapparaisse, exposée, vilipendée et moquée, pour ses côté les plus absurdes et les  plus perfides ?   Afin que  l’on cesse de la nier, qu’elle  cesse de nous angoisser en  secret,  et même, aller jusqu’à paralyser tout notre système de société.  Formons le vœux que, le grand apanage de l’Homme, le rire salvateur généré par  la Comédie,   puisse   nous sauver de sa hantise.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

« Le Noir te va si bien » Jean MARSAN d’après Saül O’HARA

Distribution

Avec Michel de WARZÉE, Stéphanie MORIAU, Amélie SAYE, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT, Hélène PHILIPPE, Simon WILLAME et Morgane GÉRÔME.

Mise en scène : Stéphanie MORIAU – Décor : Francesco DELEO – Création lumière : Bruno SMIT

Du 8 au 31 décembre 2021

Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre

http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

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administrateur théâtres

Au Fourire, détente!

SPECTACLES

Quand  une  comtesse vient s’encanailler… au Stamcafé!

Nous sommes au Fou Rire, à deux pas de L’université. Pour la deuxième fois. Avec des comédiens craquants. Après  «  Le tour du monde en 80 jours » avec la compagnie  Production niveau 5  , voici le « Stamcafé ». Un spectacle avec l’accent pur et dur de chez Toone qui se déroule dans  un  Stamineï de  Koekelberg. La scène est à nouveau déguisée en théâtre de Guignol, le trait sera forcé, mais toutes les sortes de comique seront au rendez-vous. De la zwanze à l’exagération épique, à la scène de ménage nettoyage de printemps.  Le public est nombreux, masqué,  sauf ceux qui dégustent un cocktail maison  aux agrumes ou une boisson rafraîchissante posée sur une table ronde avec sa bougie d’ambiance.  Détente.

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Gaspar, le tenancier intérimaire du Stamineï de  Koekelberg rêve de son fritkot – quel jaloux de la place Jourdan! –  en attendant de lâcher son boulot à la commune, sacré fromage quand même.  Il a promis à Monique, la  propriétaire qu’il couve jalousement des yeux , de lui  donner un coup de main pendant qu’elle va rendre visite à ses parents à La Panne pendant 3 jours.

 Le voilà libre… Max !

Le chat parti, les souris dansent ! Gaspar  va pouvoir se comporter enfin en adulte  responsable ! C’est ce qu’il croit. Toute une faune pittoresque  va défiler  devant  son  comptoir  et provoquer  le rire aux éclats dans la salle complice. Difficile de résister, et dire qu’ ils ne sont que trois comédiens pour jouer  tous les assoiffés du quartier! L’illusion est parfaite. Quels costumes ! Un taxi italien, un improbable chauffeur de Rolls très faux British, une comtesse grivoise, des flics, mâle et femelle, des  traîneurs de savate, et  des échappés  de "home sweet home" voisin.   Tout ce  petit monde grouillant d’humour et de vie terre à terre est un ballon de drôlerie parmi les pâquerettes.   

Peut être une image de 4 personnes, personnes assises et intérieur

  3 jours  de  « jave » en stoemelings ? Ca va péter le feu!  Sacrément  bon à prendre quand on se sent un minus de bureaucratie, une victime de la dictature féminine, un esclave du travail domestique  imposé,  un  médaillé de la descente des pils en séries,  bref, un mec sous pression, ravi d’avoir  pour une fois un peu la paix… Au siphon :  Du rire belgo-belge pur jus! Et omni présent,  le très vieux thème inusable  de la farce du cuvier !  Fou rire.

Peut être une image de 10 personnes et personnes debout

Dominique-Hélène Lemaire pour le Réseau Arts et Lettres

 Le Fou Rire, théâtre de proximité

Adresse : Av. des Grenadiers 48, 1050 Ixelles Téléphone : 0483 59 92 29

Peut être une image de 7 personnes et personnes debout

https://fourire.be/

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Carabistouilles, c’est du belge!

Le spectateur a beau savoir qu’il y a un truc, voire «des trucs», il ne peut s’empêcher de se laisser prendre par l’illusion et d’y croire…. C’est cela la magie! Celle  de l’homme aux mille talents. Un homme-orchestre  en vif argent, aussi surprenant qu’insaisissable. Un artiste qui défie votre sens des réalités.   

Cette fois, c’est à la Comédie Claude Volter que vous avez rendez-vous avec la magie. En live. Mais pas que.  Il y a du rêve en paillettes, au clair de lune.  Et un magicien entre surprises et traditions. Des émois poétiques que l’on attendait pas. Des battements de cœur inattendus.  Archi sérieux, entre prof sympa et jeune chef scout moqueur de monde, c’est tout lui : Jack Cooper. Pareil à lui-même et  sans cesse réinventé.

Il nous offre  une vaste plage de plaisir pendant deux heures… Et malgré notre regard critique rationnel et indélébile, il nous souffle, il nous flambe, il nous éblouit, il nous bluffe, il ressuscite en nous  cette âme d’enfant, …si profondément enfouie que l’on aurait pu la croire disparue. Et la jeune classe qui vibre dans la salle, si présente malgré l’heure tardive, hurle de bonheur, se précipite sur le plateau, tâte anneaux chinois, cordes, sièges innocents, vitres anti chocs, et autres caissons qui n’ont rien à voir avec ceux de la salle de gymnastique. C’est le bonheur !

Tout est mystère et mystification. Le prestidigitateur vous précède d’une longueur…  et vous entortille comme habile bonimenteur ! Se laisser faire… pour se laisser être !  Vous êtes pris par la folie de la scène, des lumières, des bandes son, des corps des artistes qui se donnent sans compter, avec chaque fois… un peu de leur âme. Le théâtre est magie. Et lumière du monde. Tous les artistes vous le disent, et un monde sans théâtre est pure désolation.

J’ai pas fini… il y a son associée, Jolijn ANTONISSEN, une fausse néophyte, une dame qui semble sortir d’un chapiteau de cirque,  fière d’elle-même, avec l’accent du grand Jacques, la volupté du Nord, la connivence avec le public et qui lui donne la réplique. Elle aussi elle partage  le bonheur de créer la surprise et d’émerveiller le monde. Que ferais je sans toi…? Il faut être deux, ou plus, ou tous ensemble réunis, artistes et public pour la plus belle des conspirations humaines…celle de la Magie! 

Dominique-Hélène Lemaire pour le réseau Arts et Lettres

PROLONGATIONS ! Comédie Royale Claude Volter : www.comedievolter.be

Peut être une image de plein air et texte qui dit ’La plus belle des magies c'est quand une personne réussit à vous faire sourire sans être présente. présente...simplement ement par la pensée. Alex ex Boçat’

du 19 janvier au 13 février

CARABISTOUILLES

Jack COOPER

Depuis plus de 15 ans, Jack nous éblouit de ses artifices et entourloupes. De manière caustique il présente les mystères de la magie en mélangeant grandes illusions, mentalisme, magie comique et interactive, ombres chinoises et autres enchantements.

Après le succès d’”Illusions” en 2016 à la Comédie Claude Volter, Jack revient nous ensorceler.

Un spectacle familial… où l’incroyable est possible !

Avec Jack COOPER et Jolijn ANTONISSEN

Création sonore : Laurent BEUMIER

Régie Son et Lumière : Yves HAUWAERT

Regard extérieur : Simon PACO

Régie Plateau et direction technique : Bruno SMIT

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administrateur théâtres

Prix d’excellence pour Notre Dame de Paris, d'après Victor Hugo au théâtre du Parc, janvier 2022

Le directeur du magnifique théâtre Tristan Bernard à Paris avait  décidé de présenter le spectacle de Thierry Debroux, Notre Dame de Paris d’après Victor Hugo,  du 7 mars au 30 juin  2020. Ils ont pu  jouer trois petits soirs, et puis … l’épidémie de Covid a  foudroyé toute  la  beauté de ce magnifique travail de transmission !

Enfin,  voici que  le 13 janvier 2022, après une longue errance à travers  les aléas du drame sanitaire mondial,  le spectacle revient sur les planches du théâtre Royal  du Parc à Bruxelles  et c’est un véritable triomphe. Musical, visuel et théâtral. 


Le texte, Notre D(r)ame, publié  aux éditions Lansman,  est  inspiré par la terrible catastrophe de l’incendie de Notre Dame du  16 avril 2019.  L’hubris démesuré de l’homme moderne fut incapable d’empêcher la  toiture, la charpente et la flèche conçue par Violet Leduc de se transformer en  brasier. Restaient seulement le désespoir des pierres,  les voix effarées des gargouilles et des chimères de la cathédrale  dont  Thierry Debroux  semble avoir pu surprendre les  mystérieuses conversations et les craintes d’une reconstruction hâtive.

 L’univers  imaginaire inventé par l’auteur est magique: les époques conversent ensemble comme si elles étaient au paradis. Le temps est  dilué, l’immortalité de l’œuvre de Victor Hugo et  de la Cathédrale, se confondent avec une histoire d’amour  contemporaine d’une jeune danseuse hip hop en mal d’amour, prête au suicide et qui n’a jamais entendu parler de la Belle Esmeralda. L’œuvre de Victor Hugo bondit  sous les yeux de la  vivante cathédrale qui trône au centre du plateau : on se gorge d’émotions à chaque tour de la cathédrale sur elle -même, entendez, chaque fois que  l’une de ses façades égrène heures et jours différents.  Non sans rappeler les façons de Monet, le  grand maître des lumières impressionnistes. Ah quelle superbe rosace !

Peut être une image de 7 personnes, personnes debout et intérieur

  

Dans une harmonie à tomber, les comédiens jouent dans la joie, avec une énergie décuplée par les privations subies depuis deux ans. On assiste à une espèce de renaissance sur ce plateau où ils se montrent franchement éblouissants.

Comme si, l’espace d’un spectacle, on pouvait jusqu’à oublier la pandémie.

Les changements de scène se font sans le moindre bruit, ils sont d’une fluidité remarquable et de même pour les passages entre le jeu et le narratif. On se trouve au cœur de l’art vivant.  Prenez le mouvement imprimé à la corde qui meut la cathédrale, ne fait-il pas  fait penser à des gestes de batelier ? Ne  sommes nous pas, à Paris ou à Venise,  tous sur une nef des fous?  A moins que l’on soit plus d’humeur à y voir le mythe de Sisyphe.

Un art consommé de la concision et de la polysémie  anime le créateur.  L’œuvre fleuve de Victor Hugo  se retrouve exposée en 1H25 SANS ENTRACTE. Tout y  est.  Oui, on est  gratifié d’un authentique  élixir de magie théâtrale.

  D’un côté, il y a le peuple de pierres séculaires, les chimères de Violet Leduc, avec  le dénommé  stryge, le « démon pensif », sous l’apparence d’un buste de femme oiseau aux yeux en escarboucles, et de l’autre les antiques gargouilles du Moyen-âge gothique. Ces impressionnantes marionnettes se font la conversation avec les voix des personnages principaux. Didier Colfs papillonne entre le détestable  prêtre lubrique Claude Frollo, le Stryge, un rat de la cour des miracles, un juge répugnant, et … un quidam de la foule des manants.  C’est un bouleversant Stéphane Fenocchi qui s’empare du personnage monstrueusement attachant de Quasimodo, il  fait la gargouille 23, se mue en corbeau maléfique avant de  rejoindre lui aussi  lui aussi la foule. Le vaniteux Phoebus, sous les traits de Mickey Bicar, se transforme en gargouille 52 , ramasse les oripeaux de Clopin Trouillefou et fait un innommable avocat de la défense qui ne trouve rien à dire.   Enfin, Marc Laurent,  le Poète Gringoire en grand échalas égaré dans la cour des miracles se glisse dans la gargouille 37 – allô mademoiselle 36-37, votre prénom c’est bien Juliette –  avant de tomber pour la très radieuse, l’incomparable Marie Phan qui  a accepté de jouer le rôle stupéfiant d’Esméralda, avec son adorable chèvre, ton sur ton avec ses jupes de bohémienne. L’énergie de ce spectacle est au zénith,  vous fait un bien fou et vous raccommode avec toute la tristesse du monde.


Dominique-Hélène Lemaire pour Arts et Lettres , le 878e billet culturel depuis la création du blog

Du 13 janvier au 12 février 2022

Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi, 3 1000 Bruxelles

thttp://www.theatreduparc.be
info@theatreduparc.be
+32 2 505 30 30

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Don Juan, Visit Now!

Les nouveaux ostracismes

La société est malade. Et le charme, la beauté physique, l’humour, le discours, la communication riche et structurée, c’est élitiste: qu’on les pende! Et la magie théâtrale, n’en parlons pas. Bien dommage pour Don Juan, dont le texte a été … fracturé.

Faites gaffe en particulier à cette femme blanche, bien habillée, émancipée, éduquée, libre, ouverte, tolérante, et maîtresse d’elle même! Nous la haïssons, c’est la pire espèce et elle ne fait pas partie de notre sororité, déclare avec conviction une des membres du collectif. Mode d’emploi : la terre brûlée. On déblatère et ça répond dans un feu de questions dans le vide. Surtout bien sûr, évitons des mots tels que fraternité, c’est ma foi, trop chargé de genre… Inconnues au bataillon ces bienveillantes Soroptimistes qui ne se gênent pas pour utiliser la langue  courante.  

Certes, nous vivons à notre époque le bouleversement de nos modes de vie. Et d’aucuns s’en réjouissent. Il vaut toujours mieux voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. On en convient. Absolument. 

Mais….

N’est-ce pas une société affluente, riche, libre des affres de la guerre, de la famine, et des maladies qui permet que se déploient l’éducation, la santé, le confort social et les libertés démocratiques? C’est cette même société hautement décriée qui donne sa place à la culture, la musique, aux arts vivants, à la parole.

Ce n’est pas parce que l’on dénonce la dictature des forts qu’il faut tolérer la dictature des faibles ou de toute espèce de minorité qui se retranche dans son entre-soi, subir la police de la pensée, les extrémismes ridicules du politiquement correct, ceux d’une langue dénaturée artificielle et hypocrite.

Oui nous signons pour l’Art. Pour le langage universel de la musique, pour les arts plastiques, pour tout ce qui fait la noblesse de l’Homme. Nous signons pour L’Art poétique de Boileau, les déclarations d’amour de Pierre Ronsard, la sagesse de Montesquieu, toutes les œuvres de Racine et de Molière, Victor Hugo et du petit Marcel. Ils avaient la sensibilité de la langue à fleur de peau, ils étaient des modèles de pensée et de raffinement humain en quête de spiritualité, d’élévation ou de progrès.

Et aussi que brille la mémoire de toutes ces femmes formidables qui ont ouvert dans la littérature française, la voie à la parole féminine. Depuis Christie de Pisan jusqu’aux précieuses ridicules qui les premières ont secoué le joug masculin, ah! Mademoiselle de Scudéry! Madame de Sévigné, Georges Sand, l’illustre Colette ont pavé le chemin pour qu’enfin femmes s’expriment et partagent leur intelligence de cœur et d’esprit. Les grandes Simone de Beauvoir, Marguerite, Françoise Dolto et Simone Weil… sont autant de lumières qui éclairent notre route.

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« Don Juan, visit now ! »  scénographie d’Alicia Jeannin. ©Marie-Christine Paquot

Mais … ânonne toujours le collectif: méfions nous du Verbe, de sa richesse, de sa complexité, de la rhétorique, de l’art de convaincre, de l’argumentation qui ne fait que de creuser le fossé entre les classes.

Don Juan n’est pas l’esprit libre que vous croyez, le libertin pourfendeur de privilèges, c’est juste le plus vil modèle de tous les prédateurs. Il est pour Pascal Crochet et son équipe – dont certains avouent n’avoir même pris la peine de lire la pièce – le prétexte pour se mettre à déconstruire les rapports hommes-femmes (ou, le cas échéant, autres identifications humaines).

Or, vouloir jeter aux orties le  Don Juan de Molière et de Mozart est un geste totalitaire inconvenant, comme celui que dévisser des figures historiques et leur faire un procès quelques siècles plus tard. Georges Orwell avait pourtant bien prévenus que réécrire l’histoire, la sortir de son contexte ne peut mener qu’au totalitarisme.

Le rideau n’est pas levé que l’on nous présente trois pauvres diables balbutiants, mal à l’aise, mal fagotés, incapables de trouver leurs phrases… Le reste du spectacle est ceinturé par des femmes hors d’elles-mêmes . Il est fait  d’indigeste laideur, où que l’on se tourne, côté cour ou côté jardin, malgré certains exploits de langage corporel bien appuyés. Coté sofa ou côté cuisine, dans ce loft improbable meublé au Formica des années 50, 2022 pourrait faire mieux… Anachronisme maladroit?

Leur doctrine simpliste est sans doute qu’on n’en fait pas d’omelette sans casser des œufs. Rien de plus vrai, mais quelle volée de poncifs en tout genre. Le spectateur est mis en demeure d’avaler quantité de couleuvres sans dire mot. En même temps que cette improbable omelette gluante pleine de coquilles, servie sans manières, aux trois mâles qui mangent sans fourchette.

Et un protagoniste de conclure: on a mis le pied sur une fracture glacée d’où tous nous espérons qu’un monde nouveau ressortira. Cela, OUI, on l’espère de tout cœur. Mais la manière marxiste n’a plus vraiment cours. Alors, on s’est trouvé à applaudir rapidement, par respect pour les artistes renommés et talentueux qui ont donné tout ce qu’ils pouvaient, malgré cette période tellement débilitante que nous vivons tous. On a préféré fuir au plus vite devant tant de polémique, de mauvaise foi, d’intégrisme destructeur, de vindicte et de violence faite à  l’humanisme.

Dominique-Hélène Lemaire pour le réseau Arts et Lettres

Distribution

JEU Maxime Anselin, Marie Cavalier-Bazan, Isabelle De Beir, Dolorès Delahaut, Alexandre Duvinage, Mathilde Geslin, Sylvie Perederejew, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Laura Zanatta •

CONCEPTION & MISE EN SCÈNE Pascal Crochet avec la participation libre de l’équipe de création

Du 11 au 27 janvier 2022 Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles

http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Rendez-vous avec DON JUAN, VISIT NOW! de Pascal Crochet

Interview des actrices Marie Cavalier-Bazan et Hélène Theunissen et du metteur en scène Pascal Crochet. Restez avec nous jusqu’au bout pour les bonus… défi ! Musique : Fabian Fiorini Montage : Maxime Jouret#pourenfiniravecdonjuan#cacraquedepartout#domination#societe#hommefemme#rendezvousavec#interview#tma2122

https://fb.watch/ayxea7E45p/

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Un art de scène idéaliste sur un plateau … intimiste

Lui, Francis Lalanne, c’est une guitare chargée d’oiseaux gravés dans le lac noir de ses modulations. Sous sa houppelande fantasque de manouche noir corbeau, il porte des bottes de mousquetaire, et dans son dos, une longue natte, jamais désacralisés par la coupe aux ciseaux. Un regard pénétrant qui perce l’obscurité du monde fouille les visages des spectateurs et cherche leur regard, puisque , par définition, sans le regard du spectateur, il n’y a pas théâtre. La voix de l’artiste ne fait pas tout. La magie, c’est la rencontre. La salle du théâtre de la Clarencière est pleine à craquer, le public est plutôt jeune et désinvolte et se serre l’un contre l’autre. On prie tout bas qu’un cercle magique aura fermé la porte au terrible virus rampant. On prie tout haut que tous veuillent bien mettent leur masque, un rappel se fait en début de spectacle. Mais la foule… ne fait toujours que ce qu’elle veut et la peur de l’autre est tapie dans le cœur des moins jeunes et plus vulnérables, même de ceux triplement certifiés. On ne s’embrasse plus, n’est-ce pas ? Juste avec les yeux, disions nous à Fabienne Govaerts, la pétulante directrice du Théâtre qui garde courageusement le cap à travers les bourrasques culturelles ambiantes. Son masque à paillettes de bronze est son armure. « L’art vivant est mon droit ! »

Des Contes d’hiver pour réchauffer les cœurs servis en duo dans un spectacle qui a de la gueule.

Fabliaux, récits, légendes de monts et de vaux, de déserts et d’océans, voici avec fraîcheur et poésie la structure du spectacle que nous présente Francis et Alice. Tiens ! Ils riment ces deux-là ! Entendez vous ? Et se tiennent par la musique du cœur et des cordes, deux racines latines identiques d’ailleurs et le sentiment en parts égales, fiché comme un étendard dans le corps et l’âme Lalanne. Jolie recette ! “Deux étions et n’avions qu’un cœur”. Alice sort de l’ombre et joue du violoncelle, les yeux fermés, paupières nacrées d’or, visage de madone et chevelure d’ange lisse, elle est son égérie qui lui met les larmes aux yeux.

Les deux artistes en scène se correspondent comme le ying et le yang. Pas l’un sans l’autre. C’est l’un et l’autre. Le souhait d’Alice Poussin, sans équivoque…
Les récits, drôles, stylés, presque tous irrésistibles proposent un déchiffrement, une interprétation du monde et une morale implicite.
Adorables chutes sur un tapis de bienveillance, cérémonie de beau langage bien scandé, plein de couleurs, d’humour, et de saillies poétiques. On sent le public qui s’extasie. Sensibilité à fleur des yeux.
Avec ses loups, Francis Lalanne se sert des animaux pour instruire les hommes. Grenouilles, hérissons, colibris, chameaux, et par dessus tout, les loups, agneau compris ! Il n’hésite d’ailleurs pas  à appeler le plus grand honnête homme du 17e siècle pour souligner son propos. Merci Jean de La Fontaine.  Et à Rostand ? Il emprunte… le panache.

Aussi, à la fin de l’envoi, Francis a touché …son obole : une statuette de couleur turquoise, l’effigie de notre Manneken Pis farceur, que lui a remise la maîtresse des lieux. Une distinction littéraire bruxelloise appelée Le Manneken Prix.


Sachez aussi qu’une troisième reprise est prévue à la Clarencière et que le spectacle est également programmé à Avignon 2022

Le livre, pour chaque spectacle en réimpression, peut vous être dédicacé à l’issue de la soirée  « L’assemblée des loups », Francis Lalanne, Théâtre littéraire de La Clarencière, éditions Lamiroy

L'Assemblée des loups
de et par Francis Lalanne
Avec Alice Poussin au violoncelle
Production : Music Alice

https://www.laclarenciere.be/ Jusqu'au dimanche 19 décembre 2021

Dominique-hélène Lemaire pour Arts et Lettres

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administrateur théâtres

Comment le Merveilleux peut conquérir l’amour…

La plus précieuse des marchandises – Un conte

Jean-Claude Grumberg

Seuil

12 € …Transporté au Théâtre Le Public

Promenons nous dans les bois.

Tant que le loup n’y est pas! Mais le loup y est, invisible, monstrueux et partout à la fois. Seul espoir, cette vaillante petite chèvre d’amour, une fleur de myosotis entre les dents. L’image d’amour qui veille, de tendresse et de liberté dans tout ce noir de la forêt panoramique qui a envahi la petite salle du Théâtre Le Public. Des bouleaux argentés des forêts de l’Est partout.

Et rien n’est plus vrai que l’amour immense de celui qui a écrit le livre, Jean-Claude Grumberg et celui de Jeanine Godinas qui en signe une magnifique et inoubliable mise en scène, enveloppée dans un châle féerique cousu de fils d’or et d’argent.

L’auteur nous fait cadeau d’un texte humble et universel et Jeanne Kacelenenbogen est cette fée qui en fait une interprétation fabuleuse. Elle fait corps avec la forêt, avec les dieux de la nature qu’elle implore pour son désir d’enfant. Un désir d’amour qui seul, peut tuer la guerre. Oui, cette guerre mondiale qui a osé saccager la conscience humaine, qui a délibérément nommé et pointé du doigt un peuple bouc émissaire, responsable de tous les maux de la terre: les “sans-coeur”. Pauvre bûcheron, vivant loin de tout dans sa triste masure, en est lui aussi convaincu, le poison du nazisme a filtré au plus profond des ruisseaux de la forêt.

Mais, malgré la faim, le froid glacial ou la brûlure de l’été, Pauvre Bûcheronne suit son rêve, le colle au train mystérieux qui passe et repasse et qu’elle affuble de toutes ses précieuses rêveries. Mue par un espoir fou, elle attend, avec la joie d’une petite fille, les messages désespérés que le train sème sur son passage. Petits cailloux salvateurs pour échapper à l’ogre? Du pain béni pour la femme qui oublie la faim et la misère quand elle entend les rails qui grondent et se fait une fête de la Rencontre. Elle ramasse les petits papiers qui tombent mais qu’elle ne sait pas lire… jusqu’au jour où la surprise venue du ciel lui tombe dans les bras et change sa vie. Ainsi elle conjure de façon percutante la mort que le train transporte.

Au passage, on note cette référence douloureuse au pogrom de Iași du 27 juin 1941, un épisode de la Shoah en Roumanie, perpétré par le régime fasciste roumain dans la ville de Iași contre sa population juive.

Aucune description disponible.

Le conte autour de ce train de marchandises est aussi poignant que celui de La petite marchande d’allumettes. Jeanne Kacelenebogen y met toute son âme. Le public est muet d’admiration, les émotions s’emboîtent dans un train d’enfer, le suspense et l’émotion ne vous lâchent pas; les voix de tous les personnages transforment la comédienne en une femme orchestre qui dévoile une symphonie. On sent la salle frémir tant elle écoute cette lumineuse femme qui enfante de sa voix et de ses postures tant de personnages plus réels que la fiction. Elle symbolise le pari pour la vie.

La narratrice happe le spectateur, s’empare de lui, le retient avec ce langage propre au conte, ses épithètes homériques, son intrigue, sa structure narrative, sa dynamique, sa vérité. Elle communique avec lui, comme ces mères diseuses d’histoires belles et effrayantes que l’on écoutait avec ravissement avant d’aller dormir. Des histoires que l’on n’oublie jamais, celles de transmission orale qui traverse les générations.

Un conte poétique que l’on a eu l’extrême bonheur de voir jouer en vrai sur la scène du Public avec tant de beauté et de vérité.

Au cœur de l’enfer, voici un rempart contre l’oubli, un vibrant appel pour que demeurent vivantes nos mémoires.

Dominique-hélène Lemaire pour Arts et Lettres

Théâtre Le Public – Du 31 janvier au 26 février 2022

DISTRIBUTION

Rue Braemt, 64 / 70
1210 Saint-Josse-Ten-Noode

http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 80 09 44 44

Grand Prix de l’Académie française, Molièrisé et Césarisé, Jean-Claude Grumberg écrit en quelques pages la quintessence de son œuvre. Fils et petit-fils de déportés, l’auteur relate la Shoah sans en prononcer le nom. Sous la forme littéraire du conte, son humour pétri de rage et d’absurde (politesse du désespoir) interdit la résignation et l’oubli.

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Stefan Zweig, invité d’honneur au Public

Coup de billard à trois bandes réussi…

  • "Le Monde d’Hier" de Stefan Zweig, témoignage magistral du 20e siècle, se joue au Théâtre Le Public jusqu’au 26 février.
  • Stefan Zweig, le 1 janvier 1930.
  • © Alice Piemme – Théâtre Le Public / « Le Monde d’Hier » de Stefan Zweig au Théâtre Le Public jusqu’au 26 février.

Écouter le monde d’hier pour penser le monde d’aujourd’hui. Voici le défi de ce spectacle éveilleur de consciences. Un cocktail qui met le questionnement au premier rang: le pourquoi, le comment? Avec l’inquiétude comme carburant.

Stefan Zweig ne se plaint-il pas de “ son inquiétude intérieure déjà intolérable » qui ne le laisse jamais en paix et le pousse à voyager. Il fustige ce “Weltschmerz” qui signifie l’échec de la civilisation. Comment le monde est-il passé de la plus grande élévation spirituelle, telle qu’elle était palpable à Vienne avant 1914, à la pire des décadences morales de notre civilisation, dès les années 30, avec la montée du fascisme? Comment le monde a-t-il pu s’habituer à la violence, à l’injustice, à la brutalité absolue?

Ce travail de spéléologie est orchestré avec détermination par une équipe de chercheurs dynamiques, emportés par la relecture de cette œuvre maîtresse de Stefan Zweig: « Le monde d’hier », Souvenirs d'un européen. Ils ont arraché leurs masques de théâtre, ils ont quitté volontairement leur zone de confort artistique, baissé toutes leurs gardes et lâché leurs armes de comédiens pour porter la souffrance de ce siècle passé – et sans doute les angoisses du nôtre – devant nos yeux avides de clarté. Un travail de groupe, un exercice de cours d’histoire, sans doute aux relents didactiques, puisque la passion de la transmission est bien présente. Juste avec chacun, humblement, son émotion intime. Itsik Elbaz, Patricia Ide et Anne Sylvain ont fait ce courageux pari, de gommer toute anecdote, de fuir tout effet de théâtre, pour présenter à la façon anglo-saxonne ce que eux appellent “facts”. Comme au tribunal. Des dates à rebours, des photos d’époque, des coupures de journaux, des citations, et le puissant roman de Stefan Zweig bien sûr, avec sa poignante lucidité comme pièce de résistance.

Spéléologie, parce que tout l’art est de plonger en apnée et à rebours à travers les dates, dans ce livre à la fois lumineux et absolument noir: “Die Welt von Gestern“ Le monde d’hier, Souvenirs d'un européen. Un roman autobiographique, car l’auteur y retrace pas à pas la déconfiture de l’idéal paneuropéen tel qu’il l’avait fait sien avec la fougue de ses jeunes années flamboyantes, quand il habitait Vienne, juste en face de la maison de celui qui allait vouer cette Europe rêvée au carnage, à la haine élevée en institution et à la défaite absolue de la raison. Stefan Zweig décrit avec passion ce monde révolu où la liberté était l’étendard et les voyages se faisaient sans le moindre passeport. Où une formidable culture bouillonnait à travers tous les arts: de la cuisine, à la musique, à la poésie, la philosophie, le théâtre, l’histoire, le roman… les sciences, loin de toute mise en boîte, ou récupération politique. Un genre d’âge d’or, avant que n’ éclatent les atrocités des deux guerres mondiales et le désastre de la conscience humaine.

Sur scène, on commence par la triste fin suicidaire du couple … pour remonter aux origines du mal. A sa banalisation. Personne n’a mentionné la figure de Hannah Arendt, mais on ne peut pas s’empêcher de penser à elle.

Tout cela sous le regard de Myriam Youssef, à la mise en scène. Le fond dépasse tellement la forme, que celle-ci s’estompe naturellement pour parvenir au cœur du paradoxe: Pourquoi, Comment , la culture est-elle si dérisoire face à la barbarie, et pourtant son unique rempart?

Ce spectacle est à la fois une œuvre de mémoire, une invitation à sortir de l’aveuglement ou de la léthargie que nous imposent souvent les politiques, un appel à notre esprit critique, et une consécration de notre droit à la liberté. Un refus des fallacieuses vérités qui suppriment le doute et renforcent la prise de pouvoir.

On ne peut qu’admirer une si noble démarche intellectuelle et humaniste loin des discours perroquet du monde.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Le réseau Arts et Lettres

Distribution

De Stefan Zweig | Adaptation : Itsik Elbaz | Mise en scène collective | Avec : Itsik Elbaz, Patricia Ide, Anne Sylvain

LAISSEZ NOUS UN AVIS !

Du 31 janvier au 26 février 2022

Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode Contact : http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 80 09 44 44

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SPECTACLES

Au Centre Culturel d’Auderghem: « J’ai envie de toi »

Mettez un masque… celui du rire !

Avec ses 2 nominations aux Molières 2020, dont celui de la Meilleure comédienne et de la Meilleure comédie pour un spectacle de théâtre privé, « J’ai envie de toi »  écrit et interprété de façon touchante par  Sébastien Castro est unauthentique diffuseur de rires ininterrompus qui fusent parmi  les parfums si  baroques de notre société 2021.

 Le pot-pourri se compose d’une  vielle mère à garder – on parlait des « croulants » à notre époque non ?  …D’une querelle immobilière bourgeoise, vieille de 50 ans, à propos de  la mainmise d’un voisin  sur  quelques   mètres carrés de placard entre deux apparts,  et surtout de jeunes trentenaires immatures, plutôt déboussolés, en mal d’amour et de bons coups, coiffés d’incontournables  quiproquos enracinés dans leurs téléphones portables.

Ça claque de partout, ça virevolte, ça délire ferme, d’un bout à l’autre  du burlesque. Ainsi l’ habitué des belles comédies de boulevard d’antan retrouve dans cette pièce saugrenue et  bouillonnante de vie,  tous les codes du genre . Ils sont balayés, il faut dire,  par les vents incertains  de notre époque surréaliste : les rencontres amoureuses sur Internet, l’omniprésence des téléphones portables, le «papy-mamy sitting», la sexualité décontractée, les différences sociales et culturelles…

Peut être une image de une personne ou plus, livre et texte

De fait, Youssouf, sans emploi, garde ponctuellement des personnes âgées chez lui dans un  apparemment totalement ringard. Ah la table et les chaises de formica ! 1958 ?   Ce soir, le temps d’un dîner d’anniversaire avec sa meilleure amie,  la pulpeuse Sabine lui dépose sa mère  (on ne dit plus Madame votre mère)  Madame Brachet donc,  80 ans, décatie en chaise roulante qui ne peut  plus communiquer que par sonnette interposée. Guillaume (Guillaume Clérice) qui  vient d’emménager dans l’appartement contigu, voit soudain Youssouf  débarquer  chez lui….par le placard qu’il a cisaillée comme une porte dans  l’œuvre de  Magritte. Ciel mon voisin !  Agacé par les insistances  de sa  copine Christelle, il s’est inscrit sur un site de rencontre et  s’apprête à recevoir une nommée Julie dont il n’a pas même la photo.  Sauf que … le message embarrassant « J’ai envie de toi » – c’est dit sans fard – est parti du téléphone mobile vers son ex. Paniqué par sa possible intrusion, il veut faite genre Ah ! l’incruste, je suis pas là ! Courageux, le mec !

Les thèmes sexuels passent par toutes les couleurs, le style vestimentaire …et textuel est résolument jeune et elliptique, sauf pour Sabine (Maud Le Génédal)  qui se la joue 100% années 60. Va-t-elle se décoincer ce soir pour son anniversaire ? Anne-Sophie Germanaz interprète l’ex Christelle qui saute sur tout ce qui bouge et joue les indécollables. Astrid Roos incarne cette Julie  qui se veut femme fatale et  a  horreur de qui  lui résiste. Alexandre Jérôme joue alors  un pachyderme colérique et jaloux qui  fait soudain irruption dans un magasin de porcelaine. Les mots lui manquent, il est  incapable de finir ses phrases, la risée de tous.    Probablement aussi sans avenir, il  sera  le futur ex de l’ex de Guillaume. Vous suivez toujours ?  C’est lui qui  illustre  le mieux le comique de situation du vaudeville classique. Du théâtre d’agrément, à la louche certes, mais franchement irrésistible. La mise en scène au cordeau est signée José Paul, nommé huit fois aux Molières, soit comme metteur en scène, soit comme comédien.  Elle est servie par six fougueux comédiens.

Spectacle dans le cadre de la série Paris-Théâtre*, une production du Centre culturel d’Auderghem.

Voir toute la saison : https://www.ccauderghem.be/la-saison/

De Sébastien Castro
Mise en scène : José Paul
Avec Sébastien Castro, Maud Le Guénédal, Guillaume Clérice, Anne-Sophie Germanaz, Astrid Roos, Alexandre Jérôme
Décors : Jean-Michel Adam
Costumes : Juliette Chanaud
Lumières : Laurent Béal
Musiques : Virgile Filaire

*Paris-Théâtre est une formule d’abonnement au théâtre français.
6 représentations, du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h, 7 rendez-vous mensuels fixés pour une saison, d’octobre à avril !

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

Et si vous l’avez raté, rendez-vous à Huy! Le 09 novembre 20h30

Bientôt au Centre culturel de Huy : https://centrecultureldehuy.be/agenda/jai-envie-de-toi-sebastien-castro/ 

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administrateur théâtres

Evadez-vous! Au théâtre de la Valette (Ittre)

SPECTACLES

« TOUT CE QUE VOUS VOULEZ » de Mathieu Delaporte & Alexandre de la Patellière


REPRÉSENTATIONS DU 2 AU 31 DÉCEMBRE 2021,

MERCREDI 8 DÉCEMBRE À 20H : SOIRÉE BORD DE SCÈNE,    JEUDI 23 DÉCEMBRE SOIRÉE CST FREE,        RELÂCHE LES 24 ET 25 DÉCEMBRE,          VENDREDI 31 DÉCEMBRE  À 16H ET À 20H30  : PRIX UNIQUE 35€/PERS 

As you like it ! Une pièce drôle, ébouriffante,  contemporaine, mais libre de l’étau de la pandémie. On y respire des réparties savoureuses, on se laisse entrainer de bonne grâce  par  deux comédiens à l’humour  subtil, Catherine Conet et Nicolas Dubois ,véhiculant un message sur  la soif de succès, la recherche du bonheur,  la vanité de nos gestes quotidiens,  les moteurs de nos choix,  la vérité de nos envies,  notre liberté, nos inspirations… En plus, ils sont beaux et agréables  à regarder ces amoureux de la scène,  choisissez le premier rang !

Lucie,  grisée par le  succès, n’arrive  tout d’un coup plus à écrire. Le jour où elle semble avoir  trouvé le bonheur, elle a perdu l’inspiration. Ainsi le veut parfois  le destin contrariant.  Les chants les plus beaux ne sont-ils pas souvent  ceux du malheur ? Assurément,  une idée romantique.  Ou celle des adolescents dans l’âme, sûrement !  Si seulement quelqu’un pouvait rendre Lucie quelque peu malheureuse… A n’en pas douter, l’incursion dans sa vie d’un voisin étrange nommé Thomas,  va changer la partie. Qui croire des trois personnages incarnés part seulement deux artistes?   Au fil du texte, le spectateur va être entraîné dans une course poursuite  palpitante d’identités. Qui est qui ?  Le mari ? l’amant ? La bonne âme de Sichuan ? Des tonnes de peps et de suspense, dans cette comédie irrésistible signée par les auteurs du Prénom et mise en scène par Fabrice Gardin. Leur excellente connivence artistique  met en scène des rapports  hommes-femme rocambolesques. Séduction, attraction, rejet, mensonge, mise en scène, saines colères tout y passe : Comme cela fait du bien !  Dans un souffle de la vraie vie retrouvée. Esprit es-tu là?

Enfin une pièce spirituelle qui suscite le rire en cascades dans une mise en scène alerte, sans le moindre temps mort.  A part,  vu l’exiguïté du  plateau, les ombres projetées de la dame qui change de tenue vestimentaire pour égrener le temps qui passe. Le théâtre de la Valette nous a offert pour décembre,   le  théâtre rafraîchissant que l’on attendait !

Dominique-Hélène Lemaire

  Avec Catherine Conet et Nicolas Dubois

Mise en scène : Fabrice Gardin

Scénographie : Léa Gardin

Créations Lumières :  Simon Benita

Décor : Hubert Thibaut

RÉSERVATIONS

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SPECTACLES

Un bug dans la barbe de Saint Nicolas

au théâtre des Galeries

Absurdisthan, troisième vendredi, veille de Saint Nicolas. Hier, après les décisions catastrophiques prises par le Codeco en ce qui concerne notamment le monde de la Culture, le comédien Pierre Pigeolet s’insurgeait contre le chaos organisé. « Malgré les contraintes, je salue la décision du Théâtre Royal des Galeries (900 places) de maintenir toutes les représentations de la Revue avec 200 spectateurs… J'appelle cela du respect tant pour notre profession que pour les spectateurs… » Nous l’applaudissons. Comme on applaudit les gens qui veillent jour et nuit sur notre santé.

Foule sentimentale, soif d’idéal ? Cette Revue 2022 est glorieuse, lisse, belle, montée comme une crème Chantilly alors que la disette de joie et de bonne humeur sévit gravement partout autour de nous. Autant dans les cœurs meurtris de nos artistes, que dans celui du public persécuté par les mesures sanitaires contradictoires. « La Revue », le must royal bruxellois s’est toujours voulu moqueur, parodique, léger, rythmé, endiablé, pétillant de traits d’esprit et de gaité communicative. C’est un art de vivre ne lésinant pas sur la zwanze. Bouillant de parodie, de facéties, de jeux de mots et calembours. Scintillant de lumières, de costumes et d’effets grandioses. On y allait comme en pèlerinage de rire, pour se saouler de verbe, d’autodérision et de présence scénique. Pour attendre l’esprit en fête, la mise au placard de l’année en cours.

Mais comment célébrer dignement une année 2021 si peu fastueuse ? Et le mot est faible. Les artistes y ont mis leur cœur, tous lestés d’amour, d’espoir, de joie et de paix. Ils y ont mis la tendresse humaine et une humilité peu commune. Cette fois, la Revue est entrée en résistance, elle a mis la pédale douce. Moins de bling-bling, moins d’artistes en scène, moins d’exagérations… Tout en réveillant à bout de bras et de jeu scénique nos consciences endormies. Le menu n’a rien de blasphématoire, d’iconoclaste, d’offensif, rien de déplacé ni d’outrecuidant, le ton est juste et mesuré. Et il plaît. Des demi-teintes automnales dans un vent d'empathie, comme si la nostalgie de nos jeunes années - artistes et public - tenaillait les spectateurs riant sous masque. Personne ne s’est saoulé de rire, mais tout le monde est ressortit le sourire aux lèvres. Un pied de nez gracieux aux systèmes qui nous embrouillent et nous entortillent.

codeco-revue-2022.jpg?w=1024&profile=RESIZE_710xCrédits photos : Isabelle De Beir et Kim  Leleux

Prenez allègrement vos billets : c’est le meilleur moyen de contrer la sinistre transformation de notre société. Refuser notre pernicieux isolement. Retrouver rimes et raison. C’est retrouver le vif plaisir de franchir les portes de verre, tendre son billet, accéder à la salle mythique, se carrer dans le velours oublié du fauteuil, attendre que les lumières s’éteignent, et revivre le rêve et le charme de la découverte théâtrale. Un joyeux chemin vers l’autre. On y glousse, on y gronde, on échappe à l’étau de la pandémie. La salle vibre autour de soi, la ruche héroïque revit, le miel de l’humour coule à flots sur le plateau.

Chapeau les artistes ! Ils ont répété, travaillé, inventé, affiné, sauvé le meilleur pour l’extraordinaire plaisir d’offrir.

Dominique-Hélène Lemaire

Galerie des Princes 6, 1000 Bruxelles Jusqu'au 23 janvier 2022

L'affiche :
Réalisation musicale : Bernard Wrincq
Avec :  Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Arnaud Van Parys, Natasha Henry, Frédéric Celini, Enora Oplinus, Jérôme Louis et Bénédicte Philippon. Décor :   Décor : Francesco Deleo Costumes : Fabienne Miessen et Maria Spada
Mise en scène : Alexis Goslain, assistante: Catherine Laury Lumières : Laurent Comiant
Chorégraphies : Kylian Campbell

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SPECTACLES

Sortez, sortez, il en restera toujours quelque chose!

Le tour du monde en 80 éclats de rire … au Fou Rire

Ambiance feutrée, accueil chal… heureux. Ce  Giggle théâtre, le Fou Rire… à Ixelles,  est un sacré projet ! Quelle découverte, ce petit lieu qui n’en n’est pas un. Car  il est finalement très spacieux et jouit d’une très bonne acoustique, ce qui ne gâte  rien. Il est doté d’une belle scène avec son grand rideau rouge, mais sans les trois coups  de début de spectacle.  Il faut dire qu’il y a longtemps que cet usage s’est perdu ! Le public se trouve dans une salle en contrebas où sont disposés d’agréables fauteuils cramoisis – aux excellent dossiers.   Ils sont sertis, par groupes de deux ou trois, entre des petites tables basses portant la magie des bougies. Visiblement une manière à la page de respecter  le protocole de distanciation.  Libre à vous d’y déposer une boisson, évitez tout de même le bruit du paquet de chips ! Et puis, presqu’en balcon, il y a face à la scène,  un autre morceau de salle – celle par où on arrive, avec le bar et où dialoguent d’heureux spectateurs autour de tables familiales. On y a même vu une poussette avec un gamin endormi ! Et ce soir-là, comble de plaisir, on entendait un prélude musical sous forme de Beatles pour commencer le voyage à Londres. A Magic Tour! La mise en scène de l’adaptation du « Tour du monde en 80 jours » est signée Janick Daniels. Presque un nom de whisky. (Pardon, je sors!)

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Un grand classique de Jules Vernes. Il est retravaillé à la sauce parodique  bien épicée et intelligente, gouailleuse sur  l’envers du décor. Et qu’est-ce qu’on s’amuse ! Comme aux chansonniers…  Ah ! les plaisirs oubliés du rire ensemble, des éclats de réparties spirituelles. Un vrai théâtre de Guignol trône devant le rideau principal… Une mise en abime, dit-on pour faire savant ! Et 35 personnages défilent et piquent notre curiosité. « Restons curieux », cette pub radiophonique de la RTBF mise aux oubliettes depuis des lustres, n’est-elle pas pleine de sagesse ?  

Peut être une image de 1 personne, intérieur et texte

Ce tour du monde en 80 éclats de rire a en définitive  tout  pour plaire :  cinq comédiens talentueux, ardents, aux voix bien posées, au jeu sûr, sans surcharge, et à la diction agréable et qui croient en leur métier, malgré la sinistrose ambiante. Car tout se joue dans la voix, et le corps. Sans masque. Grand Guignol oblige : pas la moindre tasse de thé , horloge, ou derby à l’horizon. Pas la moindre meuble pour figurer l’époque… Juste les talents d’artiste. Et le mouvement :  à pied, à cheval, en voiture, en paquebot, en train…  L’imagination n’a aucune peine à voyager. Elle se gorge d’anachronismes délirants, de chapelets de bons mots et de calembours savoureux. Les costumes ? Elaborés dans la même veine humoristique. L les tableaux se succèdent à un rythme vertigineux, c’est que l’essence du spectacle est une course contre la montre ! Mais plus que le défi du pari insensé en 1852, ce sont les personnages qui passionnent: ils déroulent leur rôle comme une nouvelle Commedia dell’arte, version belge. La palme revient  d’ailleurs à la jeune et délicieuse comédienne belge qui interprète le  rôle volatile de Passepartout, quelques soient ses mille et un surnoms. Elle porte en elle  la malice d’un feu follet, le sourire charmant et les yeux brillants de la liberté. Il faut le faire, pour  un simple domestique non ? Celui de l’auguste  Monsieur Phileas Fog. Les temps changent… que voulez-vous!

Dominique-Hélène Lemaire pour le Réseau Arts et Lettres 

Une pièce de : Sébastien Azzopardi et Sacha Danino Mise en scène :Janick Daniels, Costumes: Mathieu Pinte Production Niveau 5 asbl Avec: Elsa Erroyaux, Stéphanie Coerten, Joël Riguelle, Philippe Peters et Florent Minotti

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 Le Fou Rire, théâtre de proximité

Adresse : Av. des Grenadiers 48, 1050 Ixelles Téléphone : 0483 59 92 29


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Centenaire de Camille Saint-Saens à L'Aula Magna

SPECTACLES

A l’ombre de Saint-Saens

10/10. Au lendemain de l’anniversaire de la  naissance de Camille Saint Saens,  c’était rien moins que l’âme de  Camille qui  voletait ce soir du 10 octobre  2021 dans l’Aula Magna,  lors d’une splendide  fantaisie musicale et poétique  présentée  par l’Atelier Jean Vilar  et le Festival Musiq3 Brabant Wallon.  C’était  la dernière étape de la tournée  du  magnifique spectacle au programme des festivals de Wallonie :

« L’OMBRE DE SAINT-SAENS » 


  Le formidable Camille Saint Saens  a rendu son dernier souffle et ne veut pas quitter la vie intense et libre qu’il  a menée.  L’octogénaire  se rhabille une dernière fois et son âme,  ivre de musique et de désir, virevolte devant nos yeux  nous dévoilant ses derniers feux et ses dernières ardeurs.

  Le compositeur est ressuscité dans une  une mise en scène  simple et pleine d’adresse.  Elle est signée Sylvie Wilson et convie sur le plateau  poésie, rêve et créativité. Avec un lustre, deux cadres de peinture de grands maîtres et un fauteuil de cuir, le tour est joué.  Nous suivons avec curiosité toute  une grammaire de théâtre   d’ombres  qui dévoile les  passages secrets entre  présent et passé. Mais  en premier lieu, question de nous replonger dans la magie de l’enfance, ce sont les ombres  chinoises  faites main Philippe Beau qui nous invitent au voyage imaginaire.

Traquant  les moindres frissons de son âme  si   bavarde, le compositeur   attrape enfin une tache de soleil sur l’écran, et  tout revit  soudainement en dizaines d’éclats lumineux. Il  danse et embrasse ses émotions,   déroulant devant nos yeux  tout  l’invisible de  sa vie passionnée. La grande salle est  plongée dans un silence respectueux et parfait.  Mais son alarme de la mort est  si glaçante  qu’elle prend à la gorge :   où est le soleil ? où sont les fleurs ? C’est la fin, le froid et l’implacable solitude. On veut essuyer les pleurs de l’homme qui nous quitte.  L’artiste qui interprète ce rôle prodigieux est Thierry Hellin. Textes de Sylvain Coher.   

  On a tous aussi  bien sûr la magie de la musique avec dans  l’oreille au moins l’un de ses  nombreux « tubes » : le célèbre Carnaval des animaux, la Danse macabre, la Troisième symphonie avec orgue, ou la Bacchanale de Samson et Dalila, et c’est  le magnifique ensemble Kheops qui peu à peu, traverse les miroirs du temps,   se révèle à nos yeux et dialogue avec le compositeur. Une merveille. De même que les costumes (Caroline Sanvoisin),  dignes de grands maîtres de la peinture qui  habillent  Marie Hallynck au violoncelle, Ayako Tanaka au violon , les deux partenaires du célèbre  Muhiddin Dürüoglu,  maitre des arrangements musicaux au piano.

Compositeur le plus joué de son vivant, Camille Saint-Saëns a composé près de 600 œuvres, il s’est illustré dans tous les genres musicaux, il est l’auteur de 13 ouvrages pour la scène lyrique dans l’ombre de Samson et Dalila, mais il a composé la première musique de film de l’histoire du cinéma.   Il a été le témoin des créations de Faust, de Carmen, de Louise, de Pelléas et Mélisande et du Sacre du Printemps,  il  a  rencontré Berlioz et Rossini, il  a survécu à  Debussy, il est là quand  Ravel ou Stravinsky arrivent sur le devant de la scène. Il est l’un des plus grands pianistes de son temps, un interprète à la virtuosité et à la mémoire inégalées dont chaque apparition sur scène est un événement. Il est aussi un organiste prodigieux – le meilleur du monde, selon Liszt. Durant près de 80 ans d’une carrière ininterrompue. Saint-Saëns  voyage de Buenos Aires au Caire donne des  milliers de concerts, dirige des orchestres, assiste aux répétitions de ses œuvres scéniques et ne cesse de composer. Il est partout, et donc on comprend sa sainte colère quand on ne semble retenir de lui  que Le carnaval des animaux. Juste fureur de celui à qui on enlève la fureur de vivre !

 Illustre  voyageur à l’esprit curieux et à l’oreille attentive, il se veut  passeur de culture entre sphère latine et germanique, entre Orient et Occident, entre musique du passé et de l’avenir . ll est libre … Max !  Et c’est le souffle de cette liberté qui enchante tout au long du spectacle.


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Dominique-Hélène Lemaire

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SPECTACLES

 Novembre 2021 : reprise au théâtre Varia d’un fracassant « Tramway nommé Désir » dirigé par Salvatore Calcagno

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L’univers de Tennessee Williams  se trouve transposé au cœur d’un été torride  dans un quartier sordide quelque part en Sicile. Oublié, le film d’ Elia Kazan  avec Marlon Brando et Vivien Leigh sorti en 1951 qui avait reçu 4 Oscars en 52 pour son propos fracassant.Le spectateur est pris ici dans un spectacle fleuve serti dans notre propre époque. Les habiles  jeux de lumière sont créés par Amélie Géhin  et les maquillages très élaborés  par Edwina Calgagno. En effet, Salvatore Calcagno conçoit la scène contemporaine comme une rencontre quasi sensuelle de différents langages artistiques.

..Cinématographique: des clips glauques  on ne peut plus chauds signés Zeno Graton, mais a-t-on, vraiment besoin de mettre les points sur les i ?  Faut-il de bout en bout diriger l’imaginaire du spectateur ?

..Musical ah! L’extraordinaire pianiste, le jeune Meraviglioso Lorenzo Bagnati qui crée  au piano un  scintillant  dialogue harmonique avec Blanche et son Gaspar de la nuit! Tout de même un peu long…

.. Chorégraphique, l’Afrique du Nord ou l’Asie Mineure  sont au rendez-vous avec la voluptueuse Rehab Mehal? Bien que de bon ton, dans notre société multiculturelle actuelle, est-ce fidèle  au propos de Tennessee Williams où la fracture socio-culturelle est infranchissable ? Et enfin ..Plastique, ah!  Bastien Poncelet, ce  merveilleux danseur éphèbe  énigmatique et  fascinant. C’est le seul vrai  pôle  de plaisir de ce spectacle multiforme.  

 

 

 On peut imaginer sans mal  la  superbe résidence symbolique de la famille ruinée, parée de hautes colonnes : “Belle Reve” est le nom de l’ancienne demeure où Stella (Marie Bos) et Blanche (Sophia Leboutte) ont grandi dans une splendeur fanée. Un « bon temps enfui à jamais  »  mais très  destructeur  car il empêche Blanche d’affronter toute réalité nouvelle.  Alors  que Blanche   a découvert avec stupeur les relations homosexuelles de son mari, qui s’est ensuite  suicidé,  Stella, sa jeune sœur rebelle  et irresponsable, selon elle,  a fui les lieux avec un amoureux bien en dessous de sa condition sociale. … Toutes choses qui remontent tout de même ?  à une époque assez révolue.  

 

Les mensonges, l’alcool, le sexe et la fumée serviront d’écran  à cette Blanche complètement déboussolée. Néanmoins dans l’interprétation, le rapport entre les deux sœurs ressemble plus  à celui d’un rapport  dominant  et violent mère-fille. C’est dérangeant. Que dirait Tennessee Williams ?

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Ironiquement, l’appartement minable de Stanley et Stella où accoste Blanche, se compose d’une  vague cuisine, d’une chambre et d’une salle de bains sommaire. On n’avait que faire des parties vidéos pour illustrer la misère ambiante. Des fausses perles comme cloisons. C’est tout sauf un paradis. C’est le  lieu terrible  où, une à une, toutes les  affabulations   de Blanche fondront dans une atmosphère suffocante de violence.

 

À la fin, la Stella  décharnée par la pauvreté  ne sera  plus cette jeune femme amoureuse de son mari « parfait » nommé Stanley. Lucas Meister, très physique, est un beau gosse qui bouge comme  un moniteur de Club Med. Craquant physiquement peut-être,  mais entier et immuable dans ses jugements. On peut dire qu’il reste d’un bout à l’autre du spectacle  le même jeune prolétaire arrogant et buté qu’il était au début.  Il  reste bloqué, humilié et  outré par la discrimination et le mépris que lui impose Blanche. Exaspérée par son machisme et son manque d’éducation, elle le traite de Pollack, terme  hautement dénigrant. Campant sur ses positions, il est incapable d’identifier ses propres lacunes et  n’est prêt en rien à changer quoi que ce soit  pour sa femme et son enfant à naître.  Il a une  nature  vulgaire et phallocratique, mise en lumière par les jeux de poker bien arrosés avec ses amis. On retrouve  Tibo Vandeborre dans le rôle ténébreux de Mitch.

 Le contraste  est flagrant   si on le compare avec  l’évolution psychologique et dramatique  des deux sœurs. Si Stella avait accueilli sa sœur dans son foyer au début  avec la plus grande bienveillance, elle  ne peut pas croire que Stanley  se soit rué sur Blanche pour en abuser. Elle la croit définitivement démente  et laisse les médecins emporter sa sœur ravagée par l’alcool et les désillusions vers l’hôpital psychiatrique. Ceci nous ramène bien sûr  à une image du profond malaise et  à l’isolement dont souffrait Tennessee Williams, vivant difficilement son homosexualité dans un  contexte d’exclusion toxique à l’époque.

 

Blanche, telle une star déchue omniprésente et intense,  n’est plus qu’une ruine. La femme coquette qui n’a jamais été désirée par son mari - c’est bien  là le drame -  a tout perdu et s’est  jetée à corps perdu  dans la promiscuité pour rassasier sa  faim désespérée d’amour et d’argent. Pathétique et plus démunie que tout, elle brandit désespérément  son dernier  rêve puéril de rejoindre un hypothétique “beau” qui refera d’elle une princesse. Hélas,  c’est le superbe porteur de fleurs androgyne (Bastien Poncelet)  qui annoncera la victoire de la Mort sur le Désir : l’emblème de sa Vie.

 

Dominique-Hélène Lemaire

Un tramway nommé Désir

Tennessee Williams

Traduction inédite Isabelle Famchon
Direction artistique et mise en scène Salvatore Calcagno
Avec Lorenzo Bagnati, Marie Bos, Salvatore Calcagno, Sophia Leboutte, Réhab Mehal, Lucas Meister, Pablo-Antoine Neufmars, Bastien Poncelet, Tibo Vandenborre

 

Créé  originellement au Théâtre de Liège

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Spectaculaire Table Ronde

Enfin Bruxelles s’éveille de la torpeur artistique forcée et nous propose un spectacle hors du commun au Parc, jusqu’au 23 octobre ! Goûtons voir …si le spectacle est bon !

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La production inaugurale de la saison 21-22 du Parc met le feu aux planches par son côté épique, haut en mouvements et couleurs.  Thierry Debroux , à l’écriture et la mise en scène,  réveille un monument de notre héritage culturel : celui des romans bretons médiévaux représentant la tradition celtique des chevaliers de la Table Ronde et du roi Arthur. Le tout premier auteur à transcrire par écrit cet imaginaire collectif est le normand Wace de l’île de Jersey qui, dans son « Roman de Brut » (1155) évoquait une table construite sur ordre d’Arthur afin d’y réunir ses meilleurs chevaliers. Elle est un symbole de paix et d’égalité, car il ne peut pas y avoir de préséance autour d’une table ronde. Les bienfaits de la démocratie !    On a adoré en passant le clin d’œil à l’ouvrage de Mathilde, la Reine normande, épouse de Guillaume… qui nous ramène en 1066, à la conquête de L’Angleterre.

Avec ses 20 comédiens sur scène, Thierry Debroux dénoue et renoue les fils mystérieux des histoires qui s’entrelacent tout en y jetant le regard neuf du Candide de Voltaire tellement révolté par la violence. Il en profite pour faire passer le point de vue édifiant de l’invention de cette Table Ronde, et les bienfaits de la quête du Graal par des chevaliers à l’âme mystique irréprochable.  Bref, nous aurons de l’action pure et dure, des héros à la trempe d’acier dont nos ados raffoleront ! Mysticisme païen revisité et merveilleux au rendez-vous, le crescendo de magie (Jack Cooper) est simplement ahurissant, tandis que la patiente mosaïque de l’histoire se complète. Aux lumières : Noé Francq ,  au son :  Loïc Magotteaux et à la vidéo : Allan Beurms.


Certes, Thierry Debroux semble se jouer ironiquement d’une atmosphère de fin de monde, du désespoir de la guerre et des squelettes dans les placards et il se plaît à confronter les croyances et nous faire aimer un Roi Pêcheur aussi impressionnant qu’un personnage d’opéra. Qui de mieux que l’incomparable Thierry Janssen qui endosse d’ailleurs plusieurs rôles succulents…    Doué d’un humour moderne, parfois caricatural, Thierry Debroux   décape parfois la légende de son ivresse romantique de conte de fées. On constate que le langage des armes est omniprésent alors que des octosyllabes sur l’amour chevaleresque viendraient tellement à point !  Et pourtant, des fées de la voix, du costume et du geste il y en a. La distribution féminine éblouissante en témoigne avec   Sarah Dupré, la reine Guenièvre et Laurence d’Amelio, la Fée Morgane accompagné d’une elfe virevoltante : Emilie Guillaume, extraordinaire maître d’armes en collaboration avec Jacques Capelle.

 Merci à l’artiste Jean-François Rossion ! Spectaculaire.  Voilà soudain que le Diable en personne paraît, en tenue de super héros rutilant, séducteur, archange de la mort et des ténèbres. Il est vrai que le mal est en tout, car rien n’échappe aux griffes de la jalousie, de l’orgueil et de la violence. En dépit des valeurs de la Table Ronde et du culte de l’Amour. Les séances de duels et autres joutes sanglantes reviennent à un rythme de métronome. Elles sont si belles que l’on tombe inévitablement dans le piège flamboyant de la précision admirable de leur chorégraphie sur des musiques ensorcelantes.  Le mal est fait, on est pris par un spectacle d’une étoffe fabuleuse. Les décors grandioses, dignes de la gravure du Camelot par Gustave Doré ! Et les costumes ? De véritables œuvres d’art ! Signés Ronald Beurms et Orélie Weber.


La chanson de geste convoque bien sûr les personnages mythiques tels que Perceval au cœur si pur… sous les traits lumineux de Julien Besure, un roi Arthur campé successivement par Jérôme Vilain et par Denis Carpentier avant et après l’épisode d’Excalibur, un étrange Lancelot du lac presque maléfique joué par Cédric Cerbara. Et cetincroyable duo avec une autre fée des planches, l’étonnante Fée Viviane : Karen de Padua qui forme avec Merlin L’enchanteur, joué divinement par Othmane Moumen, un couple totalement explosif qui n’est pas sans rappeler à nos yeux de spectateurs fidèles au Parc, celui d’Hermès et Athéna dans l’Odyssée. Inside joke !   

Ainsi donc, la geste de 2021 ?  Un savant mélange et un millésime exceptionnel où l’imaginaire a tout à dire !  

Peut être une image en noir et blanc

Avec Julien Besure, Laurent Bonnet, Denis Carpentier, Cédric Cerbara, Laurence d’Amelio, Simon Delvaux, Karen De Paduwa, Sarah Dupré, Mattéo Goblet, Émilie Guillaume, Jonas Jans, Thierry Janssen, Sandrine Laroche, Nicolas Mispelaere, Othmane Moumen, Jean-François Rossion, Jérôme Vilain, et les stagiaires : Nahida Khouwayer, Simon Lombard, Mathilda Reim. 
Mise en scène Thierry Debroux
Assistanat Catherine Couchard 
Scénographie Ronald Beurms 
Costumes Ronald Beurms et Orélie Weber
Décor sonore Loïc Magotteaux
Lumières Noé Francq 
Vidéos  Allan Beurms
Maquillages et coiffures Florence Jasselette 
Chorégraphie des combats Jacques Cappelle et Émilie Guillaume

Crédits photos: Photo@ZvonocK

En coproduction avec la Coop asbl et Shelterprod . Avec le soutien de taxshelter .be, ING et du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge . Avec l’aide du Fonds d’acteurs du SPFB

A vos téléphones :  02 505 30 30 

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SPECTACLES

50 ans d’existence… c’est Royal !  

On fête aujourd’hui les 50 ans d’existence de l’agréable théâtre de la Comédie Claude Volter,  avenue des Frères Legrain qui ouvre la nouvelle saison théâtrale avec la pièce, un véritable bijou de langue française, ayant pour titre « Le Blasphème », un mot qui pue le soufre… en 1766, tout comme de nos jours.

Certes, l’ère du Corona et les problèmes urgents liés à la détérioration de notre climat nous font  porter le regard vers d’autres problématiques très actuelles, mais on n’en a toujours pas fini avec les abominations perpétrées par des esprits de quelque horizon qu’il soit, bornés par  des certitudes dogmatiques  intolérantes. Le 7 janvier 2015 n’est pas si loin de nous…ni les événements du Bataclan en novembre de la même année, sans oublier mars 2016 à Bruxelles.  Et dire que le mot blasphème avait disparu du code pénal en 1881.

Voici retrouvé, sur un magnifique plateau décoré par Renata Gorka (ah ! le claquement des grilles ! ), le temps savoureux de la langue de Voltaire, alors princesse du monde. Voici retrouvées, les grandes idées philosophiques qui ont jeté enfin sur un siècle toujours confit dans ses obscurantismes fanatiques, quelques lumières bienfaisantes.

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En effet l’auteur contemporain Philippe Madral s’est emparé d’une histoire réelle qui a fait du jeune chevalier François-Jean de la Barre au cœur si ouvert et aux idées si larges, un véritable martyre de la libre pensée en 1766 à Abbeville, dans la Somme. Un triste souvenir de l’acharnement de l’Eglise lors de son supplice se trouve d’ailleurs sculpté sur une stèle datant de1907, à côté du pont sur le canal de la Somme. Le jeune chevalier fut torturé, condamné à mort sans la moindre preuve ni aveu, décapité et brûlé avec un ouvrage de Voltaire cloué sur la poitrine en 1766. 

Le texte, maléfique et parfait d’élégance, rutilant de modes et temps oubliés, est emblématique à la fois de la défense de la langue française et celle des idées des philosophes du 18e siècle. Ces derniers sont en lutte ouverte avec un système judiciaire peu honnête et peu fiable de l’époque. Ils discutent la rigidité dogmatique d’une église qui nie les progrès de la science et critiquent son pouvoir temporel absolu qui permet au monarque souverain Louis XV, de se maintenir au pouvoir.

 Michel de Warzee a su réunir sur son plateau une troupe bouleversante de vérité. Stéphanie Moriau sous la cornette de l’abbesse de Willancourt, mais noble dame avant tout, est douée d’une diction parfaite et d’un jeu de scène royal. Ah le port de tête et la mobilité gestuelle qui font tourner ou baisser les têtes !  Et ce chignon rebelle prêt à tomber, luisant de jeunesse et de goût de vivre ! Et la robe noire de la dame… sous son manteau de mère supérieure: des dentelles de favorite du roi !  A l’opposé, l’implacable Pascal Racan, flanqué de Simon Willame pour Sieur Marcotte, greffier de son état, est l’éminence théâtrale qui a endossé les habits noirs du justicier inhumain Nicolas Pierre Duval de Soicourt. Il manipule à merveille le discours, les intonations, l’hypocrisie, la haine, la jalousie… bref, la cruauté à l’état pur. Quant aux victimes, le duo d’amoureux exquis, Marguerite Becquin et François-Jean Lefebvre, chevalier de la Barre, ils sont simplement lumineux, mus par l’amour, le désir, l’art de vivre, libérés de toute culpabilité d’ordre théologique… Ils sont interprétés avec talent par deux jeunes artistes séduisants et fougueux au possible : Loriane Klupsch et Jonas Claessens qui  symbolisent ensemble la merveilleuse naïveté et l’insouciance de la jeunesse heureuse.  

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Hélas, le diable est dans le bénitier et bien pire. C’est l’histoire d’une triste prédestination, c’est le destin qui s’acharne tout d’un coup sur une jeunesse qui ne rêve que des sentiers de la liberté et qui rêve d’échapper à des systèmes doctrinaires funestes et constricteurs. Ils sont de tout poil, de tout temps, ces dogmes toujours bien ancrés et prêts à lâcher leurs pulsions mortifères. Tandis que Dieu se tait.

Jean-Claude Frison a conseillé Michel de Warzée (Seigneur de Belleval, en habit bleu Nattier) pour les choix musicaux, Aux lumières fabuleuses et à la régie : Bruno Smit.  

http://www.comedievolter.be/

Résumé

L’histoire tragique du chevalier de La Barre accusé de blasphèmes et d’impiétés est l’un des plus grands procès du XVIIIème siècle. “Une pièce sur l’intolérance religieuse, tout aussi valable dans n’importe quelle religion monothéiste et à tout époque…”  Philippe Madral

Intolérance et extrémisme religieux, une longue histoire…

Avec Stéphanie MORIAU, Jonas CLAESSENS, Pascal RACAN, Michel de WARZEE, Simon WILLAME et Loriane KLUPSCH.

Mise en scène : Michel de WARZEE

Décors : Renata GORKA

Création lumière & Régie : Bruno SMIT

Représentations du 29 septembre au 17 octobre 2021 : du mardi au samedi à 20h15 et dimanche à 16h.

Informations
E-mail : reservation@comedievolter.be
Site :http://www.comedievolter.be/
Adresse : 98 avenue des Frères Legrain – Woluwe-Saint-Pierre, 1150

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SPECTACLES

Une muse particulière … La dame à la camionnette

Conversations avec ma mère… de plus en plus amères…

EN TOURNÉE SAISON 2020-2021 Notre immense comédienne nationale Jacqueline Bir, 87 ans, s’est emparée avec Alain Lempoel, son metteur en scène, du rôle de Miss Shepherd dans « The Lady in the Van », un superbe film de la BBC réalisé par Nicholas Hytner (2015) et qui passe sur Netflix. On la comprend aisément, les éloges ont été dithyrambiques. Le film est adapté par Alan Bennett des mémoires qu’il a écrites pour la London Review of Books où il raconte une histoire de relations mère-fils haute en couleurs. Un sujet qui la passionne.

 Miss Sheperd est une sans-abri rebelle, hautaine et acariâtre qui a forcé Bennett à la laisser finalement parquer son camping-car délabré, fait-maison, devant chez lui, dans son allée, au cœur du quartier londonien réputé de Camden.  Cela durera de 1974 à 1989, au lieu de quelques semaines. Le voisinage bon chic bon genre ne rêve que de la voir partir, tandis que des vauriens rêvent de renverser le véhicule.  Cette Miss Shepherd pourrait bien être le double sauvage et imaginaire de sa propre et sage petite mère bourgeoise, très réelle, qui commence à perdre la tête et qui risque de se retrouver bientôt dans un home. Lui en profite pour se dédoubler à son tour en deux personnages : l’homme qui vit sa vie et celui qui écrit. « I live, you write, that’s how it works !»  La réalité vs. la fiction. A propos de création, Bennett réalise que l’on ne projette pas dans l’écriture celui que l’on pense être mais que c’est en écrivant que l’on découvre qui l’on est.

 La Miss Shepherd a un caractère épouvantable. Sulfureuse en diable, elle ne dit jamais merci et ne supporte pas la moindre action de type charitable. Cette femme, qui a passé sa prime jeunesse chez les nonnes, qui a été éduquée et parle français, fut même une pianiste talentueuse – et qui a fait ambulancière dévouée sous le blitz – semble devoir se défouler en s’embarquant dans son taudis à roulettes, d’une culpabilité secrète. Elle exprime dans la première partie du spectacle un chapelet sans fin de lamentations tandis que ses voisins de rue bien famée répriment difficilement leur dégoût du concerto d’odeurs répugnantes qu’elle dégage. 

 Mais si on n’a pas vu le film, on ne sait pas qu’elle en est arrivée là pour un délit de fuite suite à une collision accidentelle avec un jeune écervelé à moto. C’est ainsi qu’elle s’est retirée brutalement du monde… et des lumières de la rampe. La voilà même poursuivie par un maître chanteur, ancien flic !  Son frère l’a fait colloquer dans un asile psychiatrique … Elle en est venue à détester la musique qui était toute sa vie, la prière, en mieux. Mais il est intéressant de voir comme elle fascine celui qui l’accueille sur son terrain.  Car lui, de son côté, doit domestiquer les culpabilités qu’il éprouve vis-à-vis d’une mère étouffante en fin de vie et qu’il laissera emporter dans un home…. La clocharde au caractère de chien qui veut désespérément rester incognita, lui sert de catalyseur et de d’éclaireur sur ses inquiétudes profondes. Ah ! les magnifiques guenilles signées Ronald Beurms !

Quelques reproches s’appliquent néanmoins à une mise en scène à la fois trop proche – on ne peut pas faire du copié-collé du film de Netflix – et trop lointaine :  il manque plein de morceaux, omis on ne sait pourquoi, qui brisent véritablement la ligne dramatique. Quelle lourdeur dans l’entreprise !  Et puis, malgré toute l’admiration que l’on puisse avoir pour Jacqueline Bir, si fine et bouleversante dans les « Conversations avec ma mère », elle n’arrive pas à la cheville de la splendide Maggie Smith, tellement plus convaincante et chatoyante.  Si attachante malgré son horrible caractère ! Le débit scandé comme un métronome de notre comédienne belge devient lancinant à la longue, si pas carrément soporifique dans la première partie du spectacle fort chaotique et décousu. Bon, la seconde partie sauve enfin les meubles… au vu de l’histoire qui prend enfin forme plus excentrique et au vu des nombreuses problématiques qu’elle soulève. Ouf ! L’adaptation belge veut camper sur l’ironie grinçante et le surréalisme, tandis que la version anglaise s’avère beaucoup plus humaine… et plus plausible ! Les célèbres « Conversations avec ma mère » se poursuivent, mais sur un ton bien plus amer et pessimiste. 

La dame à la camionnette | Théâtre de Namur

Histoire vraie

La traduction française : Danielle De Boeck

Alain Leempoel : Mise en scène et adaptation

Ronald Beurms : Scénographie, décor, accessoires et costumes

La distribution :

Jacqueline Bir – Miss Shepherd ; Bernard Cogniaux – lan Bennett 1 ; Patrick Donnay – Alan Bennett 2 ; Frederik Haugness – Rufus Underwood, Médecin de Mam, Médecin de Miss Sherpherd, Rustre, Ambulancier, Leo Fairchild; Isabelle Paternotte – Assistante sociale, Médecin de Mam, Pauline, Intervieweuse, Mam’s

Première au Wolubilis : https://www.wolubilis.be/a-voir/la-dame-a-la-camionnette/

Du 29 septembre au 9 octobre 2021

Théâtre de Wolubilis
Cours Paul-Henri Spaak, 1 1200 Woluwe-Saint-Lambert Contact: http://www.wolubilis.be

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