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Théâtre (449)

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« 1984 » George Orwell au théâtre du Parc (Bruxelles)

Mars16, 2019

On dirait qu’après avoir extrait l’élixir maléfique de ce roman d’anticipation écrit en 1948 , Thierry Lebroux a investi le plateau avec une œuvre encore plus parlante et plus explicite … Nos jeunes, installés aux premières loges, car c’est sur eux que repose tout notre avenir, apprécieront!

D’un visionnaire à l’autre...

Si on avait la moindre tentation de banaliser le propos que Georges Orwell développe minutieusement dans son roman « 1984 », l’adaptation qu’en a faite Thierry Debroux à l’aube de la nouvelle décennie l’an 2000, brûle d’un pouvoir de suggestion et d’urgence encore plus vif que l’œuvre mère. Savamment filtrée par le mystérieux alambic du directeur du théâtre du Parc, l’adaptation retient l’essentiel et nous parle en direct et sans ambages. Elle se fonde sur notre vécu et l’observation des multiples dérives du monde abrutissant qui nous entoure. Ce ne sont plus les dérives épouvantables de l’hitlérisme et du stalinisme conjugués qui sont ici évoquées, mais celles des temps présents, que nous ne cessons de déplorer chaque jour et qui semblent projeter un horizon 2050 totalitaire, encore plus désincarné et déspiritualisé et certainement totalement déshumanisé. Le prix à payer à l’essor des technologies et de l’intelligence artificielle dans un monde hyperconnecté et à la gourmandise des puissants? Un froid glacial nous glisse dans le dos.

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Comme à la sortie du roman d’Orwell, on est à nouveau devant un faisceau d’avertissements dont on craint à juste titre qu’il soient prophétiques. Les prendrons-nous en compte, cette fois?

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Le super duo Fabian Finkels-Guy Pion a fait merveille une fois de plus. Présence théâtrale confirmée, esprit, vivacité, diction impeccable, justesse de ton, sensibilité, charisme, tout y est.Guy Pion prend habilement les habits de la « mauvaise pensée » du héros Winston, (Fabian Finkels) et sert de personnage supplémentaire à Thierry Debroux pour mettre en scène le journal intime , fil conducteur de l’œuvre d’Orwell. Coup de maître, puisque le même Guy Pion, très astucieusement vêtu du même manteau et chapeau appartenant à un siècle révolu, joue aussi le rôle d’O Brien , l’opposant au régime, ou pas… La résultante des méprises est d’autant plus glaçante. Une méprise semblable à celle annoncée dans la conclusion de « Animal Farm» (1945) la fable prophétique d’Orwell où les personnages finissent par se mélanger indistinctement dans l’esprit du narrateur. ..Et si ce splendide équipage Finkels-Pion , un véritable bijou d’art scénique, représentait par leur ensemble tellement bien huilé, l’essence charnelle et spirituelle de notre nature humaine? Quelle paire! Unique en son genre, extraordinairement vibrante et bouleversante!

De même, le formidable duo Winston -Julia (Muriel Legrand) creuse les sentiers interdits de l’amour prêt à succomber. Ou ceux de la trahison… Mention spéciale décernée au terrifiant duo mère-fille, Magda et Lysbeth Parsons, joué à la perfection par Perrine Delers et en alternance, Ava Debroux, Laetitia Jous et Babette Verbeek , aussi impressionnante que Misery, personnage de Stephen King. C’est tout dire! Pierre Longnay tient le rôle de Syme, avec conviction. La mise en scène de Patrice Mincke, alterne dialogues, chansons et les superbes chorégraphies de Johann Clapson et Sidonie Fossé. Fort heureusement, les voix humaines qui s’élèvent à travers les chants et les ballets des danseurs trouent par moment l’univers étouffant des circuits électroniques et des écrans omniprésents et convoquent notre émotion en aiguisant notre nostalgie, comme si déjà on y était, au cœur de cette détestable uchronie, où sévissent des drones de tout poil. C’est à pleurer! Et pas de rire…

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Le décor irrespirable et oppressant de Ronald Beurms est fait de monstrueux containers imbriqués au début du spectacle, dans une sorte de rubik’s cube glauque fait de métal et de bois brut comme un immense coffre-fort.

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« Morituri te salutant » Le monde ne tourne plus rond, il se bloque dans des mouvements d’abscisse et d’ordonnée, , celui d’un ordre nouveau jouant sur la verticalité et l’horizontalité ne laissant plus aucune place à la pensée, à la vie, aux courbes, à la nature, à la féminité. Les concepts sont inversés, on marche donc sur la tête. L’Amour n’est plus, vaincu par la Haine que l’on se doit de vénérer en groupes. Elle est érigée en principe de vie dès le plus jeune âge, la dénonciation d’autrui étant devenu le modus vivendi. Vivre ou mourir, quelle importance? La seule raison d’exister est de servir Big Brother ou vous êtes vaporisé. Le monde n’a plus aucune notion de paix puisqu’il est en état de guerre perpétuelle. La liberté, même celle inscrite au plus profond de nos rêves est mise hors la loi. Le langage, à long terme est appelé à disparaître, pour empêcher toute ébauche de critique du régime politique en place. L’inoffensif terme «Monsieur» est même en passe de disparaître du dictionnaire. Tout comme l’amour, le vin, la musique, les parfums et Shakespeare. C’est l’avènement d’un langage épicène visant à l’extinction de la pensée. «Big Brother »vise à ce que les citoyens soient rendus à une existence de moutons coupables, dociles et décérébrés. Happy End.

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Applaudir ou ne pas applaudir? Là est la question. On applaudira à tout rompre, mus par la pertinence et la beauté du spectacle, sa créativité parfaitement aboutie et l’élan vital et spirituel qui nous habite encore.

Dominique-Hélène Lemaire

« 1984 »

Du jeudi 7 mars 2019 au samedi 6 avril 2019

Avec : Perrine DELERS
Julie DIEU
Béatrix FERAUGE
Fabian FINKELS
Muriel LEGRAND
Pierre LOGNAY
Guy PION
les enfants Ava DEBROUX, Laetitia JOUS ou Babette VERBEEK

Ainsi que les figurants:
Pauline BOUQUIEAUX, Johann FOURRIÈRE, Laurie GUENANTIN, Vanessa KIKANGALA, Barthélémy MANIAS-VALMONT, Romain MATHELART, Franck MOREAU et Lucie VERBRUGGHE.

Mise en scène : Patrice MINCKE

Assistanat : Melissa LEON MARTIN
Scénographie et costumes : Ronald BEURMS

Éclairages : Laurent KAYE

Vidéos : Allan BEURMS

Musique originale : Laurent BEUMIER
Maquillages : Urteza DA FONSECA

Chorégraphie : Johann CLAPSON et Sidonie FOSSÉ

Crédit photos: ZvonocK

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Basée sur le roman Mille neuf cent quatre-vingt-quatre de George Orwell (Copyright, 1949), avec l’accord de Bill Hamilton, ayant-droit du patrimoine littéraire de la défunte Sonia Brownell Orwell.

Une coproduction du Théâtre Royal du Parc, du Théâtre de l’Eveil et de La Coop asbl.

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Les mystères de la diplomatie

LE CHEVALIER D’ÉON

Du jeudi 25 avril 2019 au samedi 25 mai 2019 au théâtre du Parc à Bruxelles

Il ou elle ? Avec «  Le Chevalier d’Eon » Thierry Debroux revisite l’une des énigmes les plus bizarres et les plus controversées du XVIIIème siècle. Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Thimothée d’Éon de Beaumont, dit le Chevalier d’Éon fut successivement docteur en droit, avocat au Parlement de Paris, secrétaire de l’ambassade de France à Saint-Pétersbourg, capitaine des Dragons, agent secret, chevalier de Saint Louis et ministre plénipotentiaire à Londres. En même temps, il fut considéré comme l’une des plus belles femmes du XVIIIème siècle… Homme ou femme, celui qui fut l’une des plus fines lames de son temps a préservé l’ambiguïté jusqu’à son dernier souffle. Revisitant avec jubilation la comédie de cape et d’épée, Thierry Debroux nous entraîne dans la France et la Russie du XVIIIème siècle ». Saison 2005-2006 au théâtre le Méridien, théâtre d’émotions, hélas disparu depuis 2012.

Revoici  notre chevalier, au Parc, en James Bond dégenré,  affublé de jupons lors de ses missions d’espionnage, sous le nom de Lia de Beaumont. A la manière d’un phénix et dirigé avec virtuosité, par Daphné D’heur il reprend du métier, et quel métier! Celui de nous ravir et de nous promener à travers l’Europe du XVIIIe, Anne Guilleray, préposée à la création des costumes, faisant  merveille. Les hauts maquillages sont signés Urteza Da Fonseca. Et le chevalier ? Quel est son vrai nom à la ville? Julien Besure. Tout juste trente ans et l’an dernier, Octave dans les fourberies de Scapin, sur les mêmes planches. Jim Hamwkins dans l’Île au trésor, en 2016. A part le surf, le ski et le snowboard, il est passé maître en escrime, sous la conduite de son  fracassant maître d’armes…Jacques Capelle.  Mais aussi bretteur vocal sidérant et attrape-coeurs  aussi volatile qu’Arsène Lupin. 

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Son histoire  campe une période de guerre mondiale très noire,  pudiquement dénommée de guerre de sept ans (1756-1763) se déroulant simultanément sur plusieurs continents.  Elle opposait deux blocs franchement ennemis, tous deux  en route pour la conquête du monde : l’Angleterre et son empire colonial alliée à  Frédéric II de  Prusse contre la France et l’Autriche, leurs alliés et empires coloniaux.  A qui la Russie tendrait-elle la main? L’empire britannique sort vainqueur, régnant sur toutes les mers du monde,  la Prusse s’affirme au sein de l’espace germanique. La France perd définitivement la bataille de la culture française, versus la culture anglo-saxonne.  Le texte met en relief les machinations politiques, les questions d’intérêt, la place congrue du cœur dans la sphère politique.

– La légende raconte que, déguisé en femme lors d’un bal, Le chevalier d’Eon  aurait subjugué Louis XV. Recruté dans les services secrets du roi, il est envoyé comme espion à la cour de Russie. La mission qui lui est confiée est délicate puisqu’il il doit gagner la confiance de la tsarine Elisabeth afin de conclure un traité d’alliance pour rétablir les relations diplomatiques entre la France et la Russie, ce qu’il réussit avec brio sous les traits de Lia de Beaumont. 


Côté hommes,  Daphné D’Heur ne manque pas de comédiens d’excellence. Les voilà tous rassemblés. avec un Maroine Amini superlatif dans le rôle de Lubin, le fidèle valet vif argent du chevalier qui mêne grand train, une histoire d’amour ancillaire avec sa Nanette (Laurie Degand) , époustouflante de vivacité et de répartie tant vocale que physique. Sir Douglass, en tenue écossaise,  qui représente la perfide Albion, cache admirablement son jeu … ou pas, C’est Anthony Molina-Diaz, une autre grande pointure des planches du Parc.  Didier Colfs se partage avec autant de bonheur entre le très envieux Duc de Nivernais et Le Prince russe Narychkine. L’autre vilain, c’est le Chancelier Bestouchev (Nicolas Janssens), un concentré d’arrivisme et de manipulation, flanqué de notre Fabian Finkels, campant des vice-chancelier Voronstov et Ministre Lebel presque Felliniens. Habiles jeux de masques et d’éventails meurtriers, les chassés-croisés se succèdent dans un rythme échevelé, à la manière du vaudeville haut de gamme, Georges Lini es-tu là ? Les scènes comiques et jubilatoires sont au rendez-vous.  Le plateau tournant  trilobé explose les  portes qui claquent, et le décor très frugal se  contente d’à peine quelques médaillons évocateurs. Tout est dans l’énergie bondissante des  acrobaties amoureuses et politiques.


Côté femmes, des perles rares. Une comtesse de Rochefort exquise, une grande dame, intelligente de cœur et d’esprit, notre préférée? Elle incarne à la fois le badinage de Marivaux et la sagesse de la vie qui sait savoure ce qui lui est donné, et rit de bon cœur du reste, tout en délicatesse. « C’est le genre de femme qui ne passe pas inaperçue en public. Longiligne, port altier, chevelure noir jais encadrant un visage au teint d’albâtre, aux traits fins et réguliers, d’où se détachent deux immenses yeux incandescents. » écrivait à son propos Philip Tirard, en 2005.  Ajoutons, des pommettes fabuleuses à faire craquer les amants… Toute jeune, elle a parcouru la planète avec des parents d’origine italienne, les Abruzzes.  Remarquée par sa prof de français à Hong Kong,  elle s’inscrit  par amour du théâtre au Conservatoire de Mons au retour en Europe. Toujours pas trouvé ? Il s’agit de Laurence d’Amélio, autant jeune première que tragédienne.


Petra Urbanyi, princesse hongroise de caractère ? Oui pour le caractère, non pour la Hongrie.  Elle joue Sophie-Charlotte de Mecklembourg, princesse de Saxe qui piétine de rage, féministe jusqu’au bout des cheveux, refuse qu’on la marie avec Georges III le roi d’Angleterre surnommé le roi fou, mais deviendra tout de même la grand-mère de la reine Victoria ! Un jeu surexcité d’ado rebelle et de jeune femme rêvant d’amour véritable, très marrie d’être convoitée plus comme objet politique que comme roseau pensant.L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout


Et la palme, si palme il y a, revient à la tsarine Elisabeth Petrovna, admirablement présente et déclinée par Perrine Delers, un monument théâtral, une prestance éclatante, une allure incomparable. Elle a tout : la voix, les humeurs, le maintien, la noblesse,  le prestige, l’autorité. On se souvient de son rôle de voisine écrasante dans le 1984 d’Orwell, la métamorphose en tsarine ne fait qu’amplifier  son  port royal et  son ascendant dévorant.

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Rien que des éloges donc,  pour cette pièce où le rire est roi et le plaisir souverain, où roulent les tribulations, les ballets XVIIIe, les noms prestigieux,  les supercheries politiques et les jeux du pouvoir intenses pendant que le monde entier se trouve  rassasié de guerres incendiaires et dévastatrices. Sept jours, sept ans, le chiffre biblique de l’éternité jeté en pâture à la violence humaine.

Dominique-Hélène Lemaire    Pour Arts et Lettres

Crédit photos : ZVONOCK

Réservations: 
via le site ou par téléphone au 02 505 30 30 – du mardi au vendredi  – ouvert de 12h à 19h.

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Théâtre: Peut-on rire de l’indicible?

Mein Kampf (farce) à la Clarencière (Bruxelles)

Le contexte

Tout récemment, le  New York Times a évoqué que le journal Tylko Polska (Only Poland) avait publié un article intitulé «Comment repérer un juif» au mois de janvier 2019.

En France, malgré la polémique, et la montée de l’antisémitisme,  les éditions Fayard  annonçaient  en 2015 qu’elles publieraient une réédition du livre en 2016, du fait qu’il tombait officiellement dans le domaine public.

En mars dernier, le manifeste politique d’Adolf Hitler, « Mein Kampf », interdit dans de nombreux pays, a été mis en scène au Powszechny Theater à Varsovie. Le metteur en scène Jakub Skrzywanek voulait montrer que le langage utilisé par les hommes politiques  et  par tout le monde en Pologne, est pire que celui d’Hitler.

L’œuvre poétique de Georges Tabori « Mein Kampf (farce) » créé en anglais,  à Vienne en 1987 est très rarement jouée et se voit exhumée cette année par un groupe théâtral liégeois, Les Anges Hantés . Jorge Lavelli a créé la version française en 1993. A ce propos, Agathe Alexis (Festival d’Avignon, Comédie de Béthune, Théâtre du Rond Point, tournées en France, Suisse et Belgique) nous donne  son  éclairage. Elle  considère que c’est l’une des plus grandes tragi-comédies du vingtième siècle.  « Lorsque j’ai lu la pièce pour la première fois, j’ai immédiatement pensé à cette phrase de Pouchkine : « Le rire, la pitié et la terreur sont les trois cordes de notre imagination que fait vibrer le sortilège dramatique ». Ce texte réunit, en effet, tous les « ingrédients » propres à susciter la magie d’un théâtre qui prend la réalité à bras le corps et secoue – émotionnellement et intellectuellement – le spectateur en l’entraînant sur des chemins à la fois scabreux et lumineux, sans pour autant le désenchanter, c’est-à-dire sans lui faire renoncer à sa propre humanité. « Mein Kampf (farce) » évoque pour moi les grands mystères du Moyen-Âge, avec ses figures : Dieu (le cuisinier Lobkowitz), la Mort (Madame Lamort), la Jeune Fille Vierge (Gretchen), le Méchant, odieux prédateur possédé par le mal absolu ou l’absolu du mal (Hitler) et le Vieil Homme (Shlomo Herzl), qui recherche la sagesse et veut écrire un livre qui s’appellerait « Mon combat » mais dont il n’a écrit que la dernière phrase : « Et ils vécurent éternellement heureux » – admirable image de l’indéracinable utopie qui habite le cœur de l’homme. » Oui inconditionnel à la vie. Quel être, déchu de toute humanité, pourrait écrire l’indicible ? Celui qui fait un pacte avec La Mort.

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La pièce

D’après Georges Tabori, jouée au théâtre de la Clarencière à Bruxelles, et en partance pour le festival d’Avignon 2019, voici l’œuvre interprétée par un quatuor de comédiens belges : Kim Langlois, Dominique Jacques, Guillaume Martin et Benoît Servotte.

 Ils sont rompus à l’exercice, débordants d’énergie, menant un combat désespéré contre le mal personnifié, brandissant le rire et la dérision comme doigts d’honneur. C’est beau la mise en scène polyphonique, mais un regard extérieur aurait sans doute mis un peu d’ordre dans le panier. Le spectateur est un peu perdu dans l’articulation dérisoire de la pièce, une façon sans doute de le faire entrer dans la folie. L’homme, serviteur de Dieu, est  le fleuron de la création : nézer habéria, l’exception parmi tous les êtres créés. Le dernier créé mais le premier responsable. Il est responsable de sa poule en cage, préfiguration de l’holocauste à venir ? Rira-t-on? Faut-il brûler au troisième degré ? Le respect de la vie chez l’homme et chez l’animal – le « tu ne tueras point » est  inscrit sur le visage du prochain.

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Mais Dieu a quitté les lieux, horrifié de ce qui va suivre? Fatigué de la lenteur d’écriture de son valet. Soit dit en passant, hasard ou non d’écriture,  le personnage se nomme Herzl, un personnage  réel, qui, motivé par l’affaire Dreyfus en France,  fut le fondateur du mouvement sioniste au congrès de Bâle en 1897, il est l’auteur de Der Judenstaat – L’État des Juifs. Ce  Schmolo  se retrouve donc seul pour appliquer les commandements divins, offrir l’asile et essayer de sauver du mal,  le méchant visiteur  qui vient lui raconter ses rêves de peintre brisé, son attitude d’enfant gâté  au moi  surdimensionné, et la tentation absolue de la mort comme viatique du pouvoir. 

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La Mort, notre personnage préféré,  apparaît sous les traits de l’excellente interprète  Kim Langlois, fascinante, sans sa  faux, menaçante comme une déesse hindoue,   elle prend ses aises sur  une monture vivante qui rappelle l’attirail du Ku Klux Klan. Oui pour la blondeur trompeuse,  les faux-cils, la bouche noire, la voix puissante la diction parfaite et les intonations bien étudiées. Le rire macabre.   « Und dass hat die Lorelei getan ! ». Le tout s’achève, après un horrible détour par la cuisinière, dans la plus pure tradition de l’humour juif. Sauvés! Rire comme larrons en foire, seule échappatoire. "Ça va ? Oui,  répond-il, sauf quand je ris!"  

Kim Langlois, Dominique Jacques, 
Guillaume Martin et Benoît Servotte

Dominique-Hélène Lemaire, Arts et Lettres

 Le spectacle de juin: mail?url=http%3A%2F%2Fwww.laclarenciere.be%2FSAISON_2018_2019%2Fimages%2FAFFICHES%2FDON-QUICHOTTE_OK.jpg&t=1559329144&ymreqid=7e51cc8f-483b-71a0-1c69-450002013700&sig=c6iMMd2z32WyUTyk0ceeYg--~C

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L’attente de l’amante absente nous emmène en d’autres lieux, à d’autres moments que ceux de l'Espagne à la puissance déclinante, 
dans des pérégrinations et des anachronismes en harmonie avec l’inépuisable source de folies d' El Ingenioso Hidalgo don Quijote de la Mancha, dont l'auteur n’aurait certainement rien trouvé à redire à ce genre de procédé et se réjouirait, allez savoir, de voir ses protagonistes en rajouter dans leurs délires. 
L’évasion dans le rêve, pour se dérober à la réalité et aux contingences de notre existence terrestre, tenter de lui donner un sens, n’empêche pas des situations grotesques, triviales ou vulgaires, où l'eschatologie chevauche la scatologie.
L'égarement n'a rien de tragique. On s'amuse au contraire au spectacle. La folie nous conduit au génie, puisque celui-ci n'est jamais très loin de celle-là, à une saine réflexion sur notre société et la vanité de nos courses vers le pouvoir et la gloire, qui n'ont pas plus de sens que ses extravagances...
Un joli nom, Dulcinée. Ce n’est pas banal... On en parle beaucoup, mais peut-on dire que vous l’avez vue. Quatre fois, apparemment. 
Et peut-être s’en est-elle-même pas aperçue... elle nous la joue genre Arlésienne, votre Dulcinée. On l’espère, mais elle ne vient pas. 
C’est bien long, tout ce temps dans l’attente de l’amante absente de Sa Seigneurie errante…..



Tout public : Les mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 juin 2019 à 20h30

P.A.F. : 20 € - étudiant : 15 € - 

Je choisis mon fauteuil et je réserve en 1 clic :

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Un drapeau à la Comédie Claude Volter: Le droit des enfants selon Korczak

 Mars 27, 2019 

« Le fait que Korczak ait volontairement renoncé à sa vie pour ses convictions parle pour la grandeur de l’homme. Mais cela est sans importance comparé à la force de son message. » Bruno Bettelheim

« Korczak la tête haute «  est une création de Jean-Claude Idée pour l’Atelier Théâtre Jean Vilar, jouée au Théâtre de Blocry du 12 février au 02 mars dernier, actuellement à la Comédie Claude Volter. Il en signe également les costumes et la mise en scène. On ne peut s’empêcher de penser au film de Polanski (2002) “The Pianist” mettant en scène Wladyslaw Szpilman le musicien juif qui survécu dans le ghetto de Varsovie, grâce à l’amitié d’un officier allemand qui ne partageait pas les idées nazies. Dans son autobiographie, il raconte que le 5 août 1942 Korczak: « …dit aux orphelins qu’ils allaient à la campagne, alors ils devraient être gais. Enfin, ils pourraient échanger les horribles murailles suffocantes contre des prés de fleurs, des ruisseaux où ils pourraient se baigner, des bois pleins de baies et de champignons. Il leur a dit de porter leurs plus beaux vêtements et ils sont donc entrés dans la cour deux par deux, bien habillés et de bonne humeur. La petite colonne était dirigée par un SS … » La tête haute!

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Le décor allie une bouteille de vodka à moitié vide, cachée sous un lit, une maigre couverture militaire, trois chaises de fer autour d’une table où l’on voit Korczak en train d’écrire. Un rosier blanc en pot trône sur l’avant- scène, tout un symbole. Près du lit, un quignon de pain et un broc d’eau… pour le rosier. Le reste est muraille nue et enfermement. Au début, un long silence profond et inconfortable accompagne le défilé dérisoire de vieilles photos d’une vie de Juste, projetée sur l’écran du mur. Le réel est tragique. Le théâtre transcende et donne du sens. C’est le propos illustré par la pièce.

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Il en a fait couler de l’encre et des larmes, ce vénérable médecin juif, pédiatre, éducateur et écrivain polonais qui a inspiré des pédagogues tels que Célestin Freinet et bien d’autres. Summerhill? Françoise Dolto? Boris Cyrulnik? Enfant d’une famille aisée, ses seuls confidents jusqu’à l’âge de 14 ans, étaient sa grand-mère et son canari en cage. De son lycée russe où il s’ennuyait atrocement, il retient les coups de fouet et l’absence totale de respect pour l’enfant. Son père atteint de folie doit être interné, il subvient aux besoins de la famille en devenant précepteur. Il se réfugie dans l’imaginaire et tient un journal. Après le suicide de son père il consacre son premier livre aux enfants de la rue. Son livre « Les enfants de salon » le rend célèbre. Il publie de la littérature enfantine très appréciée. Jeune médecin, il se retrouve en 1905 au front dans une première guerre qui oppose Russie et Japon. Il en vivra trois. En 1907, son ouvrage « Colonie de vacances » consigne ses récits et expériences de volontaire brillant et avisé comme éducateur dans les premières colonies de vacances du siècle pour enfants pauvres. « Pour changer le monde, il faut changer l’éducation. » L’auteur y relate ses surprises et ses déconvenues pour parvenir à s’entendre avec les enfants et à les aider à surmonter leurs appréhensions et leur violence. Il vit des moments pédagogiques fondateurs du métier d’éducateur et de sa future pratique pédagogique qui invente l’autogestion. « C’est au cours de ces promenades en forêt que j’ai appris à parler non pas aux enfants mais avec les enfants! ». Tout est dit. Il sera le fondateur des droits et du respect de l’enfant et mourra avec eux dans la dignité, à Treblinka. Ses écrits sont à la base de la Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant à l’ONU.

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Alexandre von Sivers épouse parfaitement le rôle bouleversant de l’humaniste qui fonda en 1912 le Dom Sierot un orphelinat pour enfants pauvres et auquel il consacra sa vie entière. Malgré la précarité de divers déménagements jusque dans l’enfer du ghetto, il établit une « république des enfants » basée sur la « création d’environnement, d’atmosphère, de conditions positives… qui affectent l’éducation ». Par sa manière d’être, son optimisme affiché et sa bienveillance innée, Alexandre von Sivers contourne avec tact les écueils de la représentation sur scène de projets pédagogiques d’une part, d’idées philosophiques et de théorisation des droits de l’enfant de l’autre. Le comédien manie l’humour, ce chemin scintillant vers l’autre, la dérision, le chemin hors de soi, et incarne avec pragmatisme le rêve d’une société enfin meilleure. Il convainc par la délicatesse alors que l’enfer du ghetto de Varsovie porte au désespoir, voire, à l’autodestruction. Ce sont surtout les paroles de la jeune Esther Winogron qui couronnent cette œuvre palpitante de Jean-Claude Idée que l’on emporte avec soi, comme elle le fait dans l’histoire, sous forme de flambeau ou de viatique:

« Mes enfants, nous allons nous quitter.   Les  paroles  sont  faibles  pour  dire  les  grandes émotions. Ici, à part le gîte et le couvert, en principe, nous ne donnons rien aux orphelins.
Ni Dieu, car vous devez le chercher en vous-même,
Ni Patrie, car vous devez la choisir avec votre pensée et votre coeur,
Ni  Amour,  car  l’amour  est  pardon,  et  le  pardon  ne vient pas sans peine, et cette peine, vous seul pouvez la prendre, pour vous  libérer  de  la rancune.
Nous avons seulement essayé de vous faire entrevoir que le bonheur est possible,
Nous  vous  avons  donné  soif  d’une  vie  meilleure qui n’existe pas encore, mais qui existera un jour.
Cette soif de savoir, de vérité et de justice, désormais vous la portez en vous.
Et c’est cette soif qui vous conduira peut-être à Dieu, à la Patrie, à l’Amour et au bonheur.
C’est du moins ce que je vous souhaite. » 

Aux côtés de Janusz, la fidèle Stefania Wilczynska (1886-1942), sa collaboratrice pendant trente ans, évoque les souvenirs du passé. La jeune et rebelle institutrice Esther représente la fureur de vivre et l’horizon du futur. Deux points de vue opposés, mais qui se rejoignent dans l’amour entêté, la confiance et l’admiration qu’elles lui portent. Soulignons le jeu tendre et délicat de la vieille complice de Janusz Korczak, admirablement porté par par Cécile Van SNICK, et celui, plus sauvage et intransigeant dans le rôle d’Esther de la pétulante Stéphanie MORIAU.

Dominique-Hélène Lemaire

Avec Alexandre von SIVERS, Cécile Van SNICK & Stéphanie MORIAU

Mise en scène, Décors, Costumes : Jean-Claude IDÉE

Représentations du 13 au dimanche 31 mars 2019

du Mardi au Samedi à 20h15 / Dimanche à 16h

Une coproduction de L’Atelier Théâtre Jean Vilar, de la Comédie Claude Volter et de DC&J Création


http://www.comedievolter.be/korczak-la-tete-haute/

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Les regards sont fixes, pour laisser le corps s’exprimer dans ses moindres gémissements. Les costumes sont taillés dans le ricanement et la parodie : cinq femmes portant survêtement de jarretelles côtoient cinq hommes nichés dans des cols de fourrure. Ils  apparaissent et se frôlent, sans vraiment se toucher.  La lenteur et le silence sont le prélude à une dramaturgie théâtrale intense qui  va recréer la dramaturgie musicale de la musique la plus sublime au monde : La Messe en si de Jean-Sébastien Bach revisitée en théâtre musical par  Ingrid von Wantoch Rekowski, une virtuose pour qui le Sacré est aussi indissociable du corps, que pour Jean-Sébastien Bach. «Et incarnatus est».


Un long trait de lumière posé au sol  attire les comédiens comme des papillons de nuit ou des hirondelles perchées sur un fil télégraphique. Ainsi se met en place un chœur mi antique, mi avant-gardiste, installé au bord du vide ou du néant. La cohésion qui se crée par le rassemblement des corps à corps fait imaginer une sorte de créature puissante et vivante en forme d’arabesque. La condition humaine qui ne cesse de chercher l’Absolu dans le mouvement et le chant ?  L’étrange et langoureuse bacchanale va naître  sur le Kyrie à la manière d’une improvisation et puis s’envoler au gré des autres prières de la liturgie. Celles-ci sont réinventées librement sur l’étoffe de la partition de Bach. Dans un déséquilibre constant ils s’efforcent généreusement de mettre leur corps et leurs voix au service du texte chanté, murmuré, scandé, vibré! Une renaissance perpétuelle de tableaux vivants, comme des cellules en harmonie s’offre au public au fil des incantations universelles perlant sur des gestes familiers et des attitudes quotidiennes. Esprits en union ou union d’Esprit ?  Au milieu du chaos apparent, les déplacements et les  voix des danseurs et danseuses deviennent au fur et à mesure sidérants d’harmonie et de précision. Et pourtant on les croit toujours tous, prêts à tomber, comme dans un château de cartes.


Ils sont dix, comme à leurs débuts, il y a dix -sept ans:Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger.Très efficace, ce théâtre décaphonique de frères humains exaltants forme une installation en mouvement perpétuel et conduit  le spectateur à une méditation émaillée d’éclats de rires.  Angoisses et extases s’entrechoquent dans une communion de gestes. Chacun dispose d’une clochette pour faire tourner les pages et les changements d’humeurs de la célébration. L’appel vaut mieux que la baguette. Et puis, la clochette peut servir à tout, même se transformer en rasoir, dans les mains de Pietro Pizzuti... Les dissonances et les harmonies somptueuses tiennent en équilibre fragile le monde de fiel et celui du septième ciel. En se calibrant secrètement  les uns aux autres,  les voix  émettent une musique incantatoire innovante et subtile, qui s’adresse au cœur avant le cerveau. Les corps des danseurs-acteurs, tels des pantins de chair et de sang  tenant eux-mêmes les ficelles, sont-ils en perpétuelle recherche de la lumière ? Ad Lucem ?

De l’ensemble se dégage l’impression d’une œuvre polyphonique mobile parfaitement aboutie. Dans l’enchaînement de propositions, où chacun finit toujours par trouver sa place, émerge une œuvre de solidarité artistique vibrante. Alors qu’affleurent régulièrement des égocentrismes, des regards dédaigneux, voire hostiles, des gestes malencontreux, des bavures, des actes manqués, les personnages se serrent frileusement les uns contre les autres.   Et la  voix intérieure de chaque artiste finit toujours par fuser librement à travers les paroles redécoupées avec humour,  en se  calibrant  sur celle de ses voisins pour enfanter la chaleur universelle. Sublime.

Dominique-Hélène Lemaire


Du 18 au 22 décembre 2018 au théâtre des Martyrs

In H-Moll a reçu le prix de la recherche «Michèle Fabien» en 2001. Réalisatrice: Ingrid von Wantoch Rekowski Avec:
Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger, Costumes: Christophe Pidré Éclairage: Jan Maertens Production: Lucilia Caesar, Polimnia, Les Brigittines en coproduction avec le Théâtre Martyrs, Musica Strasbourg, Bouffes du Nord, Teatro Due Parma, soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles et Nadine / Brussels
Crédit photos: Eric Legrand

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Pour dénouer, il faut du doigté. Peindre, écrire, jouer de l’instrument ou monter sur scène. Honorer ses promesses…


Sa pugnacité légendaire et ses choix audacieux comme avocat l’avait fait surnommer le « Jacques Vergès belge » . Cette pugnacité, il l’avait acquise très jeune, en triomphant de la tuberculose, qu’il contracta à 19 ans. Il dut quitter subitement le cloître familial pour celui tout aussi sévère de l’ hôpital. Une maladie qui exalte ceux qui luttent contre elle. La montagne magique. A peine guéri, il adhère au parti communiste, et, en mai 68, fait partie de ceux qui lanceront l’occupation de notre université: Alma Mater.

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Avocat haut en couleur… Rouge. Ténor et enfant terrible du barreau bruxellois, virtuose de la formule, fervent défenseur des droits de l’homme, il tenait des propos incendiaires sur les prisons et leur inutilité. A son arrestation en 1979, accusé d’avoir aidé son client François Besse, un ancien lieutenant de Jacques Mesrine, à s’évader du Palais de Justice, sa fille Catherine, future violoniste et comédienne a 9 ans. Déjà jeune femme turbulente.

Comme dans « L’atelier rouge » de Matisse, trente ans plus tard, Catherine égrène le sable de souvenirs empressés, mi-nostalgiques, mi ironiques, elle dispose les reliques de son père sous le rétro-projecteur et fait chavirer les cœurs. Du bout des doigts. Avec délicatesse, les yeux rivés dans ceux des spectateurs, comme si elle-même était à la barre. En pinçant les cordes du passé, pour respirer à l’air libre… En se jouant de tous les enfermements.

Comment se reconstruire quand la mort d’un père détruit? L’écriture sauve. Comment échapper aux griffes du passé? Au sentiment d’étouffement. Ah la figure paternelle immense et l’admiration, inconditionnelle…. Ah! L’histoire familiale truffée de murs d’en face, de police, de gardiens de prison! Un labyrinthe truffé d’ impasses mais de résilience tenace, malgré une nouvelle maladie de fin de vie qui s’acharne sur le corps, alors que l’esprit danse encore le sirtaki! Sur Scène, c’est la Grèce des vacances heureuses qui prend le pas et fait vibrer le cœur. La lutte engagée contre les colonels… La danse, comme viatique, comme étendard, comme signe de ralliement. La Danse, comme chez Matisse. Déjà les larmes perlent au bord des paupières! C’est toute notre jeunesse qui palpite. Notre père qui aime Zorba et se joint à son rythme. C’est une prison que l’on démolit, la musique du violon qui déchire les mots évanouis et arrache la dernière grille avant de la jeter dans un container. Une musique qui ensevelit comme une dernière caresse.

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La vie peut recommencer. comme le printemps après l’hiver. L’œuvre du grain qui ne meurt jamais. La foi dans l’immortalité du lien et, enfin, sa légèreté. La paix qui en résulte. L’œuvre sur scène, un cadeau que l’on porte de place en place. Un prix du meilleur seul en scène qui ne cesse d’émouvoir et de guérir. Mais est-elle vraiment seule? Merci Catherine Graindorge.

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Dominique-Hélène Lemaire 

Du 16 au 27 janvier 2019

Comédie Claude Volter

TEASER ICI Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre

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secretariat@comedievolter.be


Création au théâtre des Tanneurs

Une coproduction du Théâtre Les Tanneurs et du Théâtre de Namur

De et avec Catherine Graindorge 
Collaborateur artistique Bernard van Eeghem

 Dramaturgie Jorge León
Composition musicale Catherine Graindorge 
Création son Catherine Graindorge et Joël Grignard
Création lumière Gaëtan Van den Berg
Création vidéo Elie Rabinovitch
Costumes Marie Szersnovicz
Direction Technique Gaëtan Van den Berg

Avec le soutien du Théâtre des Doms

NDLR.

L'une des grandes figures du barreau dans les années 90, l'avocat Michel Graindorge est décédé en 2015 à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie. Souvent qualifié "d'avocat engagé", il a notamment défendu Roberto D'Orazio, le père Samuel, et les familles des paracommandos tués au Rwanda. Il avait été aussi un acteur important dans l'affaire des tueries du Brabant.

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La Revue… revue, et corrigée?

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Retour du  Music-Hall  et du cabaret artistique. Sous la baguette magique d’Alexis Goslain qui vient de reprendre les rênes « du » spectacle de fin d’année mythique bruxellois, la recette traditionnelle de la  Revue du théâtre des Galeries est  …revue à la hausse, côté poétique, musical et chorégraphique, à la baisse, côté agressif, revanchard et sarcastique. Divertissant mais peu impertinent.  On avouera qu’on  n’en attendait pas moins devant une actualité  2018 tellement  trouée de  souffrances humaines et de violences environnementales. Qui s’en plaindrait ? Revue et corrigée, moins baroque, plus tendue, fluide et artistique. Elle souhaite  recoudre  les blessures, plutôt qu’en découdre. Elle apporte un fin dessert à nos papilles arrachées par la virulence des événements, à nos yeux gavés d’images télévisuelles insupportables, à nos oreilles saturées des bruits chaotiques du monde.   

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 Cette nouvelle cuvée ne rate pas son lever de rideau, célébrant les vertus magiques des planches et des mots et la force de la dérision. Le plateau s’habille des  drapés cramoisis du théâtre lui-même, reproduisant à l’identique les deux portes battantes de l’allée centrale et ses deux hublots de croisière. Surprise, Hibernatus – 50 ans déjà – devient le fil rouge de la mise en scène, comme si des souvenirs joyeux des trois glorieuses, ressortaient subitement, venaient rafraîchir nos mémoires, secouer les  âpres poussières du nouveau siècle et retrouver l’or du rire.

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Presqu’un bain de jouvence,  les mimiques impayables de Louis de Funès entouré de ses comparses par le maître d’œuvres : Bernard Lefrancq, absolument magistral. Si l’héritage de Johnny est un peu moins réussi, ou  si la séquence des Diables rouges, cultes ou incultes monstrueux, c’est comme on le sent,  reçus en grande pompe à l’hôtel de ville, fait moins rire pour son humour franchement bas de gamme, le  vaste tableau qui met en scène France Gall (Angélique Leleux, qui met les larmes aux yeux), Serge Gainsbourg (Denis Carpentier), Elton John (Philippe Peter) et Michel Berger (Gauthier Bourgeois) est un festin de bonheur.

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Après les Belgitudes obligées, moins royales que d’habitude, l’incontournable séquence réchauffement climatique, extraite de la même époque «Let the Sunshine in»,  est tout aussi étourdissante de joie et de brillance. Les mêmes, avec Perrine Delers, Marie-Sylvie Hubot, Anne Chantraine, Natacha Henry, Frédéric Celini et Kris Castelijns. That’s all folks. Une équipe resserrée qui prône le juste milieu. Bref, In fine, Nonobstant, etc… du ramassé-condensé, plus roseau pensant que chêne déchaîné, du subtil, de belles souplesses de style et de danses et claquettes, de beaux costumes, du rythme, des paillettes dans les yeux des spectateurs ravis par l’éphémère cocktail d’hommes et de femmes assoiffés de bonne volonté : Amour, Paix et Tolérance, tous unis contre les guerres fratricides et la misère. Un patch de bonheur.

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Distribution
Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Denis Carpentier, Perrine Delers, Anne Chantraine, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Frédéric Celini, Natasha Henry, Kris Castelijns et Philippe Peters.


Dominique-Hélène Lemaire


Du 5 décembre 2018 au 27 janvier 2019

Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles
http://www.trg.be 
infos@trg.be 
02-512.04.07

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administrateur théâtres

Orfèvrerie française...

Paris à Bruxelles au Centre Culturel d’Auderghem chez André Baccichet. Il a choisi « La leçon de danse », une œuvre de Marc Saint Germain (« Dancing Lessons ») .  A l’affiche, Andréa Bescond, réalisatrice du film « Les chatouilles »  doté de plusieurs  nominations bien méritées aux César  2019.  Et le comédien chevronné Eric Métayer. Leur mise en scène d’une belle force à la fois dramatique et comique, creuse finement   le terrain de la sensibilité commune pour mettre comédiens et public sur une même longueur d’ondes.  

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 Dans le même immeuble,  deux fusibles de même voltage se rencontrent, cela fait des étincelles, avant de … filer doux ! Ils s’appellent Senga et Adémar. Voilà vous savez tout.  Dans cette agréable comédie néoromantique, les larmes deviennent des éclats de rire et on touche  à la fibre de l’humanité. Ce fil que tiennent les moines bouddhistes en guise de prière…

Le (vieux) garçon est autiste Asperger, la (jeune) danseuse est menteuse à en mourir. L’alternance de comique et de tragique, ne fait pas perdre l’objectif : le bonheur sans paroles. La danseuse est estropiée et peut sans nul doute faire une croix sur sa carrière, mais refuse la réalité. L’ Asper ne respire que les statistiques, prend tout au premier degré. Il est prof de sciences et ne supporte pas qu’on le touche. Or, il va être confronté à une soirée donnée en son honneur où il sera obligé de danser! Les travaux d’approche sont hilarants, la fille, au début récalcitrante, bloquée dans le désespoir d’une vie ratée, finit par s’intéresser aux charmes de la pédagogie, et l’affaire est lancée, elle lui apprendra à danser!


Chacun par petites « touches » finit par changer la vie de l’autre. Elle calibre si bien son élève qu’elle gagne son tic : l’agitation frénétique des doigts de la main gauche. Ou bien c’est juste l’Emotion.  On assiste de part et d’autre, aux manœuvres subtiles pour apprivoiser et réparer l’Autre. Le moteur, c’est la Compassion. Comme chez les bouddhistes ; la Force (la Volonté), le Courage la Persévérance.

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Humour à volonté pour cette pièce au ton poétique et drôle. Les contrastes entre la grâce féminine malgré une jambe dans une attelle et la disgrâce du physique de l’intellectuel  enfermé dans une tour d’ivoire,  font rire une salle conquise qui repart avec le sourire… Le bouddhisme encore ? Quelques touches de yoga aussi, pourquoi pas ?  Puisque la fille se met sur la tête pour dégeler l’hibernatus… Des surprises, par paquets, comme des claques de la Vie qui gagne son pari !  Un rituel d’Espoir et de Bienveillance. A voir. A faire?  De toute urgence.


Dominique-Hélène Lemaire

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Mise en scène : Andréa Bescond et Eric Metayer
Avec : Andréa Bescond et Eric Metayer
Adaptation : Gérald Sibleyras
Décors : Olivier Hébert
Costume(s) : Carole Beaupoil
Lumières : Jean-Yves Desaint-Fuscien
Musique : Vincent Lustaud


Du mardi 22 janvier 2019 au samedi 26 janvier à 20h30 et le dimanche 27 janvier 2019 à 15h au Centre Culturel D’Auderghem

Boulevard du Souverain 183, 1160 Bruxelles 02 660 03 03

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administrateur théâtres

Image may contain: one or more people and people standingLes femmes savantes au théâtre des Martyrs (Bruxelles)

Un délire organisé qui fait du bien!

De tous les Trissotins que nous ayons pu voir il est de loin le meilleur. Le plus manipulateur. Grand mince et ténébreux, sans la moindre trace de perruque ou de ruban, les tics de richesse tant appréciés du temps de Molière, il se présente avec l’habit de …Baudelaire? Sans en posséder le moindre tissu poétique. Mais ces dames sont sous le charme et frémissent de tout leur être devant le trompe l’œil et le trompe les coeurs, qui n’en veut qu’à la fortune familiale! Ah le triste suborneur! Il faut nommer Stéphane Ledune pour une interprétation réellement glaçante.

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Le dieu des dames femmes sachant « manier les symboles et les signes » s’appelle Vaugelas. L’illustre grammairien. Ces femmes avides de pureté janséniste, frétillent à la moindre rime, conspuent les syllabes ordurières, picorent les insanités, se repaissent de verbosité. Elles s’apprêtent au coup de foudre pour le Grec ancien (Maxime Anselin) , non contentes du galimatias latin. Gavées de formules scientifiques, elles font fi des valeurs pourvu que, dames intensément frivoles, elles soient sujettes aux honneurs des savants esprits.

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Peste soit l’animal, le mari qui n’a rien à dire, perd sa seule alliée des bonheurs terrestres, la très avantageuse Sylvie Perederejew jouant Martine que l’on met honteusement à la porte pour simple crime linguistique. A Dieu le parler vrai, la bonne chère, les petits plats dans le four et la grande joie de vivre. Heureusement que le pater familias dont il ne porte guère que le nom, a un compère à ses côtés, le plus exquis des frères, Ariste ( un très aimable et aristocratique Laurent Tisseyre) qui l’écoute et qui, par son habileté et sa belle intelligence, le tirera de son infaillible trépas!

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Mais le colloque féminin serait bien fade sans la présence fulgurante d’une véritable sexbomb nommée Bélise (l’explosive France Bastoen) dont les émois à répétition feraient réveiller les morts. Et puis il y a la guerre entre les deux sœurs, jalouses de toute évidence! La grande, c’est Armande (Lara Ceulemans ), en col Claudine et robe religieuse bleu Marine, fort courte ma foi, autant que les idées, mais baignée dans une chevelure à faire baver les vieillards en quête de Suzanne. Et la sœurette, Henriette (Salomé Crickx), des airs de révolutionnaire qui refuse l’ascendant maternel, une mystérieuse fille de l’air, qui, blême de confusion, préférerait être muette que de braver les confrontations. Notons que le discours acéré lui vient, comme l’esprit vient au filles, au fur et à mesure que l’intrigue avance et que l’amour grandissant qu’elle éprouve pour Clitandre fait le jour … et sans doute la nuit. Ce dernier se voit bien sûr honni par la très féministe académie domestique doublée d’un impitoyable tribunal .

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On en vient donc à nos deux préférés : Clitandre (Dominique Rongvaux) , le futur beau-fils qui, très loin de se laisser faire, vient bravement se mêler au public dans la salle. Et son nouveau père, le très épicurien Benoît Van Dorslaer qui tout au long de la pièce, doit opérer la difficile conversion du mari terrorisé par sa femme, vers une condition d’homme libre, heureux de vivre. Mais qu’il est donc difficile de franchir cette porte qui l’anéantit! L’ état à atteindre, c’est l’idéal d’honnête homme, bien-sûr! Toutes le pièces de Molière en témoignent. Avouez que cet homme aurait dû être canonisé au lieu d’être jeté à la fosse commune. Comme le public se régale!

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Le metteur en scène qui œuvre au mandala de personnages a un sens de l’équilibre parfait. Chaque pierre ajoutée à l’ouvrage a du sens et du poids. Toutes les forces se rencontrent et se tiennent comme pour encourager un écho durable chez le spectateur. L’absence de décor conventionnel d’une vraie maisonnée souligne combien le décor est futile dans nos vies. Le metteur en scène s’inspire du principe de frugalité shakespearien au profit d’un travail magistral sur l’analyse psychologique, fouillée au maximum. Comme pour un hui-clos moderne, voilà un mur. En panneaux de contreplaqué, de couleur brute, le bruit de la craie blanche pour écrire, une porte de vielle salle de bain percée de trois carreaux absents, ouverts sur le néant et deux chaises de bois peintes en blanc. Une perspective plate en deux dimensions, sol et mur. C’est Tout. Il faut nommer le roi de la fête du rire délectable: Frédéric Dussenne.

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Au fur et à mesure que les actes se déroulent, le décor se ressert, un plafond de même texture vient même s’emboîter, la troisième dimension? La part manquante? Enlevé c’est pesé, a-t-on jamais vu une interprétation de Molière plus éternelle que celle-là? L’éphémère est devenu visionnaire. Le féminisme pourtant balbutiant chez les femmes de Molière y trouve son compte et le pauvre mari que l’on prend en pitié est bien ridicule quand-même dans sa tirade de la place de la femme à la maison! C’est tout l’art de dire, de suggérer, de sub-liminer.

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Quel dépouillement, ce lit de fer blanc, seul nouveau meuble habillant le plateau après l’entracte. Il évoque tout à la fois la lointaine ruelle dans laquelle les femmes de lettres accueillaient les courtisans dans leurs salons, mais aussi le harcèlement pathétique dont fait preuve un Trissotin digne d’ enfermement. Il n’a finalement rien pour lui, comme le souligne très bien Hélène Theunissen (Philinthe). Il peut à peine à se maîtriser devant une Henriette plus qu’inquiète devant ses assauts répétés. Trissotin, la pierre qui blesse ? On la jette dans la rivière et on garde tout le mandala dont chaque élément a une saveur policée par les vents de l’esprit et du cœur. Et vive Madeleine de Scudéry! Et la langue de Molière, dis ? La langue? Comme la fleur, il nous l’a donnée! (d’après …France Gall!)

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Dominique-Hélène Lemaire

GÉNÉRIQUE DU SPECTACLE
TEXTE Molière
JEU Maxime Anselin, France Bastoen, Lara Ceulemans, Salomé Crickx, Stéphane Ledune, Sylvie Perederejew, Dominique Rongvaux, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Benoît Van Dorslaer
DÉCOR Vincent Bresmal
COSTUMES Romain Delhoux
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
RÉGIE Christophe Deprez
MISE EN SCÈNE Frédéric Dussenne

Ridicules, ces femmes savantes ? « Je prends au contraire au sérieux le débat philosophique qui les agite » « L’enjeu, pour Philaminte, Armande et Bélise, est d’importance, car il ne s’agit pas moins que du statut des femmes dans une société patriarcale, et leurs propos ne sont pas dépourvus de sens.»  F.D.

COPRODUCTION Théâtre en Liberté, L’acteur et l’ecrit – Compagnie Frédéric Dussenne, LA SERVANTE, Théâtre des Martyrs 
Photos : Isabelle De Beir

DATES
Les représentations auront lieu du 15 au 26 janvier 2019.
Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, le dimanche 20.01 à 15h00.
Bord de scène mardi 15.01.

INFOS & RÉSERVATIONS
02 223 32 08 – http://theatre-martyrs.be/

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administrateur théâtres

« Tous les cimetières d’Ecosse pour un seul regard dans le temps! » Macbeth au théâtre Royal du Parc     Janvier 19, 2019

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Trop de morts sur la scène…et parfois à la sortie des théâtres !  On l’appelle la « pièce écossaise » pour ne pas évoquer son vrai  nom, frappé dit-on,  de maléfice. La légende raconte que Shakespeare voulait utiliser des incantations de magie noire réelles,  pour plaire au roi James qui avait écrit un livre «Daemonolgy » en 1597,  traitant  de sorcellerie et mettant en garde contre son utilisation. Notre époque n’en est plus à avoir peur des sorcières, mais la peinture qu’en fait Georges Lini est effarante. Tout commence par leur rire féroce et  inextinguible, celui d’Ingrid Heiderscheidt, de Louise Jacob et de Muriel Bersy, d’inoubliables créatures qui arrachent leur masque à la fin du jeu.

Drame épique sauvage, trop sauvage pour des écoliers,  ce « Macbeth » saisissant, intense, magnifiquement  mis en scène,  offre des performances verbales inoubliables, d’un style presque cinématographique. Mais le spectateur repart avec  en main la sagesse shakespearienne percutante qui  défie le temps et plonge ses racines dans une bouleversante humanité. De là peut être cet humus qui recouvre tout le plateau du théâtre du Parc et qui sert d’arène au déchaînement,  aux folies des hommes et des femmes. Cet humus d’où naît chaque génération humaine pour y retourner et y faire le lit des suivantes. Puisse l’humus proposé par Georges Lini, faire germer en nous plus de paix et plus de raison. La raison de  la présence cette chanson, qui germe  tout au bout du cataclysme, à peine murmurée par une  Anouchka Vingtier, sidérée par l’ampleur du désastre, juste avant que le rideau ne retombe sur les protagonistes comme un sombre couperet final … 

♪ Oh My Love ♪

 Oh my love

 Look and see

The Sun rising from the river

 Nature’s miracle once more

Will light the world…

La violence,  hélas,  comme l’humus, ne cesse de  se recycler à l’infini. Le ciel a beau envoyer le déluge pour laver le sang, ou souligner l’ignominie,  l’hubris  des hommes est  incommensurable et la soif de pouvoir est telle qu’elle emprunte  sans trop  de scrupules, les voies du meurtre, de la trahison, de la  barbarie viscérale érigée en art de vivre ou celui de mourir …à la guerre. Les parallèles avec notre actualité ne manquent pas.  « Pourquoi nous taisons-nous, quand cette affaire est la nôtre ? »

 De plain-pied au cœur de la folie.

 Si Georges Lini  a choisi la continuité de costumes  simples et médiévaux, il installe l’action dans un cadre aux contours contemporains, tel les coulisses d’un théâtre ou d’un studio de cinéma, dont le centre est occupé par une capsule hermétique dans laquelle trônent trois sœurs infirmières, qui ne sont pas sans rappeler Nurse Ratched, le cauchemar de Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». Nous sommes de plain-pied au cœur de la folie. Une boîte de Pandore dont elles peuvent sortir à leur guise pour répandre la mort et le poison. Les trois sœurs qui font le Destin dans leur habitacle trompeur, tissent inéluctablement le fil  sanglant de la malédiction qui pèse sur Macbeth. Et prononcent des phrases sibyllines, comme à la radio anglaise, en temps de guerre.

   

 Est-ce l’effet de la liberté créatrice? Du génie dramatique de l’auteur ? Du talent confirmé des artistes ?  Les artistes développent tous et sans frein, la richesse de leurs passions. Ils capturent la moindre émotion de la phrase ciselée, débarrassée de ses aspects vieillots. Ils sont filmés parfois, par un cinéaste, discrètement à l’affût. Se repaît-il de la violence ou est-il simple témoin? Des close-ups se projettent sur un écran géant. Plusieurs  scènes symboliques et  sans paroles donnent l’illusion d’un répit ou plongent dans l’horreur. Mais tous,  tirent tellement bien profit de leur texte, que  le spectateur se sent  pleinement engagé. Non seulement par le bouillonnement affolant du  texte adapté par Georges Lini,  mais par toutes les expressions des visages et le langage corporel constamment  aiguisé.

Tous en scène, tous témoins, en silence ou en paroles. Le casting rutilant navigue sur des déferlantes de mouvement et d’énergie créatrice.  Dans l’allégresse de victoires guerrières, Ross (Nicolas Ossowski) annonce à Macbeth que le roi l’a nommé  baron de Cawdor.  C’est Luc Van Grunderbeeck qui campe l’élégant roi Duncan. Banquo, c’est Stéphane Fenocchi que Macbeth voit comme une menace et fait assassiner. Mais les morts ne cessent de réapparaitre. C’est Lennox (Jean-Françoisn Rossion) qui annonce que dans la tourmente, Macduff a fui  en Angleterre. Il est joué avec brio par le pétillant  Didier Colfs. Macbeth a ordonné de saisir ses biens et fait assassiner sa femme et son fils. Une de ces scènes graphiques dont Georges Lini a le secret et qui reste inoubliable. Macduff jure de se venger,  rallie l’armée levée par Malcolm (Felix Vannoorenberghe) pour marcher contre Macbeth. Il est celui qui n’est pas « né d’une femme » d’après la prophétie. Thierry Janssen, toujours aussi brillant dans sa présence théâtrale,colle au  rôle de Seyton, dernier lieutenant fidèle de Macbeth. Daphné d’Heur, (qui d’autre qu’elle ?) est à la direction musicale, Jérôme Dejean à la création des lumières. Les dictions sont impeccables.   Frêle et sous des dehors d’innocence, Anouchka Vingtier aux côtés d’Itsik Elbazincarne l’hypocrisie brutale et le désir brûlant  de Lady Macbeth de se voir reine. Ses intentions sont transparentes. Sa force de persuasion et sa tactique  sont spontanées et  imparables. Elle s’emploie à  convertir au «Mal» Macbeth, un  guerrier loyal et courageux, ne lui laissant aucune échappatoire, pour assouvir sa dévorante ambition. Lady Macbeth appelle même sur elle la Violence personnifiée pour qu’elle neutralise « son état de femme! »

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Lady Macbeth connaît sa proie, mieux que lui-même ne se connaît et manie le sarcasme avec un art consommé, s’offrant charnellement en récompense. Il est cuit. Il est bon pour ouvrir les vannes de la sauvagerie et celles de l’acte prémédité. Itsik Elbaz et Anouchka Vingtier, qui nous  avaient  bouleversés dans « Hamlet », redoublent ici d’intensité dramatique. Lors du festin dantesque, Macbeth divague à la vue de Banco «  Que me fixes-tu, camarade ?» Itsik Elbaz possède à fond l’art du monologue. Il  excelle dans les rôles d’illuminés ou d’halluciné. Il est tiraillé entre les sentiments de devoir et de culpabilité, il oscille entre raison et déraison, il est lucide et  « ensauvagé » comme les chevaux  du  roi Duncan lâchement assassiné. Et profondément humain. « Ma mort ne rendra pas votre monde meilleur ! »

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Dominique-Hélène Lemaire 

Macbeth – Théâtrez-Moi ! from Théâtrez-moi! on Vimeo.

Photos: Jérôme DEJEAN

Au Théâtre du Parc Du jeudi 17 janvier 2019 au samedi 16 février 2019 02/505.30.40

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administrateur théâtres

“La ménagerie de verre”: oeuvre forte! A l’affiche au Public!

November 9, 2018Image result for klimt 

L’œuvre expiatoire de Tennessee Williams? Son mea-culpa pour son propre parcours? Un appel vibrant à la compassion? L’amour-haine du rêve américain? Mais qui ne choisirait pas l’amour?

Laura, c’est le personnage principal, malgré l’omniprésence de sa mère. Elle est une bouleversée. Bouleversante. “Les bouleversées se reconnaissent de loin. A leur démarche un peu aérienne, un peu en déséquilibre. Il y a aussi en elles comme une urgence, un état d’urgence permanent qui les fait asseoir au bord des chaises, en bordure des lieux, comme s’il fallait courir très vite. Comme si un état d’alerte permanent les habitait.
La gestuelle est toujours gracieuse. Le temps jadis, celui de la jeune fille en fleurs continue comme un halo flou, à ourler de toutes parts la silhouette. On les reconnait aussi à cette façon de garder la main sur le cœur. Une main seulement. Mais qui semble le tenir. Qui semble prendre appui aussi.  Et puis elles ont ce regard qui fixe quelque chose ou quelqu’un qui n’est pas dans le champs de vision. ”  La comédienne  force le public, par son jeu admirable et son honnêteté,  à regarder l’Autre en face, les yeux dans  les yeux, sans détourner le regard. C’est ainsi que joue Sarah Lefèvre.

La mise en scène de Thibaut Nève donne  une somptueuse amplification au texte.  Elle  mêle les éclats de verre et les éclats de voix, l’angoisse économique et le monde du rêve.  Le plateau est le lieu où se tressent l’amour et la haine, où se dresse une figure maternelle omnipotente et possessive et à la fois complètement fragile et désemparée. Elle  incarne  une tyrannie de castratrice géante  dont les  pieds sont d’argile et les lunettes faites de l’écume des jours. Sa fille, Laura est totalement investie par le pathétique de la situation et livre une interprétation d’une justesse extraordinaire. Tout comme le fils Tom, incarné par un impétueux William Clobus parfait dans son rôle, qui est déchiré entre son jeune rêve d’aventures et ses obligations  familiales alimentaires et Jim, le sauveur, ou pas, pareillement vrai-semblant!  Du cinéma, craquant de charme traduisant  le rêve américain bon teint dans un emballage franco-français Beverly Hills High ! …Irrésistible.  Non il n’est pas un jeune loup aux dents longues! Il y croit! Et la jeune-fille, malgré sa déception sentimentale, se métamorphose bel et bien! Il est tout-à-fait dans la ligne du personnage de Brandon au grand cœur: “Would have, could have, should have… “  De quoi plaire aux ados d’alors! C’est Louis Sylvestrie. 
Du très grand théâtre intemporel. La mise en scène aurait pu verser dans le monde de Dorothea Lange. Mais ce n’est pas le cas. La mère courage est une femme d’action et de verbe, saisissante d’énergie et de colère. Nommons la : Patricia Ide.

 

https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=556&type=1

LA MÉNAGERIE DE VERRE

De Tennessee Williams. Traduction : Isabelle Famchon.
Mise en scène : Thibaut Nève Avec : William Clobus, Patricia Ide, Sarah Lefèvre et Louis Sylvestrie

DU 07/11/18 AU 31/12/18Image result for la ménagerie de verre le public

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administrateur théâtres

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                                                                             Le mari la femme et la MORT

                                                                         

C’est l’histoire très banale basée sur un fait divers, d’une  jeune femme  très peu fréquentable qui  a épousé pour l’argent un paysan avare, qu’elle imagine être dans un état critique.  Si elle le chasse, c’est qu’elle sait qu’il a gagné le gros lot et qu’il est au seuil de la Mort. La tuberculose, cela ne pardonne pas, non?  Trois ans se passent, et le  canard est toujours vivant. Le mari va,  bon teint bon œil, très porté sur la chose. Impatientée, elle a décidé de  le faire tuer, ni vu ni connu, je t’embrouille, pour recueillir la somme rondelette qui fait tant briller ses yeux.  Car la dame au cœur sec a un idéal, tenez-vous bien ! En épouser un autre, jeune et beau,  vivre  confortablement,  entourée d’enfants joyeux et bien élevés…La direction artistique ne recule devant aucun sacrifice et Stéphanie Moriau semble adorer son rôle !

 Affiche-le-mari-la-femme-et-la-mort-web-212x300.jpg C’est de la comédie de mœurs bien satirique et bien huilée qui joue à la frontière de l’absurde et sur le fil  des pirouettes.  Mais la Mort se rebelle, on ne la manipule pas comme on veut !  Malgré toutes les combinaisons qu’elle échafaude, Arlette  s’épuise en crises de nerfs révélatrices et rate la  Mort du sieur, toujours assis sur son magot. C’est là que le rire est  souverain et fait du bien. Un conseil cependant,  n’allez pas mourir de rire! Pas sûr qu’il y ait un médecin dans la salle! 

 Crooks together, crooks  for ever! Aux côtés de la conspiratrice à deux balles, il a deux  excellents comparses, grinçants à souhait. Ils ne valent pas tripette : un frère qui a fait de la tôle, et pas loin derrière, un joueur invétéré toujours en manque,  incapable de résister à la valse des billets. C’est Franck Dacquin qui vaut le déplacement !  Un personnage gondolant, à la souplesse et la  gestuelle redoutable, encore plus racoleur que le frangin si bien campé par Jonas Classens.    Le bougre de mari finira par s’inquiéter et découvrir le pot aux chrysanthèmes ? Chassera-t-il l’ignoble  prédatrice de sa maison si joliment décorée par  ses soins ? Ou  le mari, plus candide, ou  plus réfléchi que jamais, lui offrira-t-il un bouquet de roses? A perfidie, perfidie et demi! Un Michel de Warzée au mieux de sa forme, tantôt en bretelles, tantôt en cravate à petits pois.  

Ce qui frappe dans ce fait divers qui a inspiré cette comédie grinçante d' André Roussin, c’est la construction de l’engrenage de la convoitise qu’il devient impossible d’enrayer. Du suspense, on passe aux  sensations fortes. Ce ne sont pas les portes qui claquent mais les explosions d’amour terre-à-terre du paysan, de haine de la mécréante, de balles perdues lors des passages à l’acte. Effets divers de burlesque bien construit, dont on pressent la suite sans y croire. La dynamique est infernale. La comédie conjugale est  sertie comme un diamant maléfique dans le décor ultra bourgeois réputé tranquille. Les  mœurs humaines sont  dépiautées au scalpel,  sans frontières, ni dans le temps ni dans l’espace : de l’éternel humain, fait des pires bassesses. Il n’y a pas de policier pour reconstituer les scènes de crime, mais une voisine à langue de vipère, aux rires fatidiques, aux  noirs desseins déguisés en bonnes intentions qui  finit par  présider aux manœuvres. Une stupéfiante Amélie Saye l'incarne.  Est-ce  la voisine,  ou la Mort  en personne, qui débarque en fichu  tablier  et plumeau à la main pour se rire des desseins absurdes des hommes et les piéger dans leurs méfaits les plus mesquins et leurs attentats si royalement ratés? Est-ce  l’élixir de l’amour qui finalement aura le dernier mot, toute honte bue? 

...Souveraine critique des vanités de l’avoir.

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avec Michel de Warzée et Bruno Smit, à Claude Comédie Volter.

http://www.comedievolter.be/le-mari-la-femme-et-la-mort/

Avec : Stéphanie MORIAU, Michel de WARZEE, Amélie SAYE, Franck DACQUIN & Jonas CLAESSENS / Mise en scène : Danielle FIRE / Scénographie : Francesco DELEO / Création lumière & Régie : Bruno SMIT & Sébastien COUCHARD

 

 Jusqu'au 31 décembre 2018

Réservations : http://www.comedievolter.be

  

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« L’Ecume des jours » de Boris Vian à l’AT-JV. Vous y allez aussi?

Chick, Chloé et Colin. Une guitare électrique emmanchée d’un jeune homme de haute stature, le sourire  éblouissant adorable d’une jolie fille à  la chevelure blonde ondulée,  aussi menue qu’une souris aux côtés de son compagnon  à  la barbe noire, Colin, et  …un trou de souris, bien plus grand que nature dans la tapisserie du temps retrouvé, servent de piliers à la  nouvelle adaptation théâtrale de « L’Ecume des jours » de Boris Vian.

 Humour féroce, empire des extases de l’amour,  poésie fantastique, musique du grand Duke, divers fracas du monde, déferlent aussitôt sur des planches brûlantes d’invention. L’inspiration Jazz est omniprésente,  la gestuelle et le parler francophone 2021 s’infiltre innocemment  dans  la mise en scène absolument magique  de Sandrine Molaro et de  Gilles-Vincent Kapps pour le Théâtre de la Huchette à Paris et sans nul doute, nous en faisons vœux, une longue tournée, débutée en Belgique  à l’Atelier Jean Vilar.

Le texte de Boris Vian est scandé pour la scène par Paul Emond, grand maître  en  adaptations théâtrales, et soigneusement pollinisé. Sa note d’intention est bruissante d’intentions artistiques tout aussi  inspirées   que réussies.  Son texte étincelant est d’un rythme et d’une musicalité intenses. Le pianotail révèle ses moindres saveurs, la danse du biglemoi fait surgir le désir,  l’appartement des lumières s’obscurcit à force de nénu-phares plus noirs que la mort. Et tombe la neige et ses cristaux immaculés sucés sur la langue. La langue de Boris Vian, bien sûr. Elle fouette, elle secoue, elle attache et s’excuse tendrement. Le chat se plie avec bienveillance  aux dernières volontés de la fidèle souris!     

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Parlons aussi de l’immense trou de souris. Il est peut-être un souvenir de tableau de Magritte, ou le trou à raclures de la patinoire  (pas  celles de taille-crayon), ou le lit conjugal des ébats amoureux de Colin et Chloé, ou, la forme du nénuphar dév-horreur. Ou un  simple trou de serrure pour la clef des rêves…  

Prenons ensuite  les trois comédiens changeant sans cesse de cape et de personnages d’hiver ou d’été (à  cause des Noces, bien sûr ! ). Ils sont enivrants.  …C’est eux qui nous promènent avec goût sur les sentiers de l’imaginaire dans une incomparable habileté scénique. Ils se distribuent les rôles comme des enfants dans un jeu de récréation. Selon le principe d’ « incarnation et de désincarnation permanent qui permet un mouvement permanent du dialogue à la narration et donne au spectacle»  …un  incontestable cachet  poétique «  dans un va-et-vient  entre répliques, énoncé, musique et chant ».

Dans la neige scintillante de ce spectacle,  au travers  du rêve  teinté des nuages roses du texte  et de soleil couchant embaumé de parfums délicats,  il reste deux traces parallèles et dévorantes. On est frappé par le parallélisme entre l’addiction de Chick à Jean-Paul Sartre dont on entend parfois bourdonner le débit atrocement sérieux, et la mort grandissante fermement installée dans les poumons de Chloé. Un crescendo de douleur. 

  Maxime Boutéraon,  principalement  personnage de Colin, est bouleversant.  Antoine Paulin,  un Chick magnifique, et splendide dans tous ses rôles, de Nicolas le majordome, à Jésus Christ compatissant et silencieux.  Et Florence  Fauquet? Une diction exquise et un bouquet de jeunesses  piaffantes et belles, des roses vivant simplement  le bonheur d’exister. Beautiful people. 

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Le spectacle se ressent comme un bienfaisant bain de sensations de jouvence. Il se déguste en mode « carpe diem »  avec délectation, tant et si bien, qu’à peine terminé, on le reverrait bien en boucle  continue, pour le charme, l’émotion, l’euphorie, et malgré la tragédie. Car c’est justement le côté artistique intense, côté cinq étoiles d’ailleurs,  qui fait mouche et  réjouit tant le cœur, et l’esprit, et tous les sens. Tant de grâce! Temps de délices. Tant d’amour. Et tant qu’à faire, condamner en pieds de nez magistraux, l’argent, la guerre et le travail obligatoire, les vrais et  gigantesques fossoyeurs de nos vies.

  • Metteuse en scène : Sandrine Molaro
  • Metteur en scène : Gilles-Vincent Kapps
  • Interprète(s) :  Florence Fauquet, Maxime Boutéraon, Antoine Paulin
  • Lumières : Laurent Béal
  • Scénographe : Erwan Creff
  • Musiques : Gilles-Vincent Kapps
  • Costumes : Julie Allègre

Dominique-Hélène Lemaire


https://www.atjv.be/L-Ecume-des-jours-1819 Du 22 au 27 novembre 2018 Au Théâtre Jean Vilar – Louvain-la-Neuve

Infos et réservations : 0800/25 325 – 

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administrateur théâtres

Genre ...GOOGLE déjanté

Un monde qui grince, un monde qui pleure et qui rit. Spectacle de déraison et de dérision, iconoclaste et subversif, artistique en diable, le diable aux corps. Radiguet se retourne dans sa tombe ! Pourtant on est loin du Bal du comte d’Orgel !

42660510_10214719141105875_1016073667483795456_n.jpg?_nc_cat=100&oh=02c28fcea4654ef101d70a936bff5177&oe=5C567BAF&width=400Le spectacle est sur scène avec les cocardiers moqueurs et dans le public prêt au carnage : image de notre K.O. contemporain désordonné, mais en toute musicalité car les orchestrations et les voix sont magnifiques, même quand elles grincent à dessein, même quand elles se bloquent dans les impasses de la souricière ou qu’elles trébuchent, soudain rendues au néant, because...The show must go on !

"Parlez-vous franglais ?" de M. Etiemble date de 1964... "Astérix chez les Bretons" fut publié à 900 000 exemplaires en août 1966, voici aujourd’hui "Les Franglaises". On n’a pas fini de fêter le cinquantenaire des trente glorieuses ! Ils sont à Louvain-La-Neuve pour un 27 septembre en folie. L’occasion est trop belle pour stigmatiser la vacuité immense des plus beaux tubes planétaires qui ont fait les riches heures de la pop Music depuis plus d’un demi siècle ! Juste pour savoir ce que l'on, chante vraiment sous la douche...
On remonte les Golden sixties, on va jusqu’à l’Hotel California en passant par New York, New York et on vous livre le mode d’emploi. Emballé, c’est pesé. Avec son pesant d’anachronismes, autre ressort comique éprouvé par le temps, ses mimes et ses tribulations clownesques. Mais surtout, vivent les éclats de rires générés par la traduction littérale de Sky my husband, Ciel mon mari ! Et vas-y donc, à la va comme je te pousse,  que ça rigole ! Comme avec les traductions made in GOOGLE ! Et la morale de l’histoire, c’est qu’on aime encore plus le multilinguisme! Vive Babel et les bonnes gens qui sont dedans!

Projos sur la vie d’artiste: on galère mais on s’amuse et le maître de cérémonies a bien du mal à gérer l’équipage toujours à deux doigts de la mutinerie! Il a sous la main des Spicegirls impertinentes et une brochette de crooners complètement sauvages pire que des wild cats. Seul son amour pour Philip le tient debout dans un spectacle où tout s’écroule y compris le décor, où tout explose, y compris le public, lui c’est de rire. Habillage : Claire Djemah, géniale! 

L’image contient peut-être : une personne ou plus et texteRunning time : "Depuis 2011, ils sillonnent les scènes françaises...". Le spectacle est porté par des comédiens amateurs finalement devenu professionnels grâce à ce spectacle ultra vivant et créatif. "Nous avions commencé à jouer dans la rue, pour atterrir à Bobino en passant par l’Olympia et bien d’autres salles." Et ils ont ramassé le Molière du Musical en 2015. Entendez : théâtre de comédie musicale!

Courez-y ! Ready, Steady, Run ! "NO ! I regret nothing !" Edith Piaf.

Dans la programmation de l'Atelier Théâtre Jean Vilar, Aula Magna Louvain-la-Neuve

  • Accueil français
  • 26 au 29 septembre 2018
  • Aula Magna
  • Durée : 1h40

Mise en scène Quentin Bouissou
Direction musicale Philippe Lenoble
Avec Saliha Bala, Benjamin Carboni, Yoni Dahan, Fabien Derrien, William Garreau, Stéphane Grioche, Marsu Lacroix, Philippe Lenoble, Roxane Terramorsi, Daphnée Papineau, Romain Piquet, Laurent Taieb

https://www.atjv.be/Les-Franglaises

http://www.lesfranglaises.fr/infos.html

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administrateur théâtres

CE QU’EN DIT LA PRESSE

« Le rythme est époustouflant, l’inventivité chorégraphique scotchante, les artistes formidables et les chansons d’Yves Montand, toujours aussi belles. Un régal. » Télérama

« Tout simplement jubilatoire ! Accompagnés d’un accordéoniste, quatre superbes comédiens et chanteurs font vivre avec une énergie communicative, son épopée, sans artifice ou presque. Un très beau spectacle dont on ressort le cœur empli d’allégresse. » Le Parisien

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Bon tout est dit, mais on va en rajouter… Car on a adoré  la  production de Ki M’aime me suive! Ecoutons d’abord  Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos, les créateurs-comédiens metteurs en scène : « Raconter l’histoire d’Yves Montand nous est apparu instantanément comme une évidence. La force du personnage, la période historique qu’il traverse et les rencontres qui jalonnent sa vie sont au-delà de l’imagination. Ne disait-il pas lui-même : « Les meilleurs scénaristes s’inspirent de la vraie vie ». Le destin d’Ivo Livi nous plonge dans la grande histoire, celle du XXe siècle, du fascisme en Italie, de l’occupation en France, de la guerre froide et du communisme. L’histoire d’un migrant, qui poussé par la passion du cinéma et du music-hall devient un artiste hors norme.

Un artiste qui a su parler à toutes les couches sociales de son pays. Du prolétariat à la bourgeoisie en passant par les grands intellectuels de sa génération, le monde entier a été conquis par ce phénomène. Un artiste de la mondialisation donc, bien avant l’heure, puisqu’il fut le premier à importer le concept de one-man-show et qu’il fût aussi bien applaudi à Paris qu’à Tokyo, Moscou, New York etc. Nous souhaitons développer une narration singulière, sans artifice, inviter le public à se projeter avec nous, à tout faire exister avec rien. »

 

C’est exactement ce qui se passe sur le plateau du théâtre Le Public.  Les cinq joyeux saltimbanques, comédiens-chanteurs-danseurs vêtus d’ensembles marron,  ne cessent d’éblouir par leur virtuosité et leur vitalité. En trois temps, trois mouvements on passe de l’Italie de Gigi l’Amoroso à l’Italie fasciste où règne la terreur  au moment de  la naissance du  futur Yves Montand. Treize heures d’accouchement, faites chauffer l’eau des pâtes, et soufflez madame, la star est née sous les chants des partisans communistes.  La pétulante mamma italienne est mâtinée de mère juive explosive ! L'avenir est dans les claques. et dans le bilinguisme:  Ivo,  Monte! Ivo, vai su! 

Le récit démultiplié et facétieux se développe comme une mosaïque, comme un kaléidoscope sans cesse renouvelé,  chaque artiste faisant l’Artiste à son tour… Avanti popolo ! Rafles, xénophobie, la famille décide de fuir vers l’Amérique de … Dicaprio ! Pitreries de Lucky Luke,  Bonjour les anachronismes, pourquoi pas !  Las ! A l’ambassade, no more visa, Basta !

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Installation forcée  et vie pauvre mais pittoresque dans les bas-fonds de Marseille, tous solidaires. Quelle tendresse, quelle  résilience, quel exemple de solidarité, ces familles de réfugiés! Un salon de coiffure pour la sœur dans le garage, Ivo est la coqueluche des vieilles dames… Il  rêve d’une seule chose,  les planches et le spectacle. Il adore Fred Astaire:  « I’m in heaven, dancing cheek to cheek !»

 

Et le public, lui aussi est au septième ciel devant tant de créativité, d’inventions, de bonne humeur qui ne cesse de traverser  le quotidien tragique d’une vie légendaire et d'une carrière artistique fulgurante. Que d’humanité déposée avec le sourire  dans notre imaginaire gourmand de belles et vraies histoires. On est sans cesse à l’affût dans cette chasse au bonheur,  alors que pour tout décor il n’y a qu' ampoules électriques à incandescence, deux chaises et deux praticables… et un accordéon. Humour et tendresse vont et viennent, même des coups de foudre...  On a devant les yeux et dans l’oreille  un  incessant torrent  de talents chorégraphiques et musicaux généreux qui créent l'allégresse et entraînent  le spectateur émerveillé vers les sommets du plaisir théâtral. Tout cela, dans l’esprit même de notre ami Yves pour qui « le devoir d’une femme et d’un homme de scène, c’est de se faire assez plaisir pour pouvoir le communiquer aux autres. » Le rythme trépidant, les mimes et les mots  s’arrêtent soudain  avec l’arrêt cardiaque de l’Artiste en pleine gloire et une salle comble se lève sans hésiter, émue aux larmes par un tel chef d’œuvre de scène qui  a  su rendre à Yves Montand un si vivant et si chaleureux hommage. Cinq étoiles. 

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IVO LIVI OU LE DESTIN D'YVES MONTAND

De Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos
Mise en scène : Marc Pistolesi

Avec : Ali Bougheraba (en alternance), Matthieu Brugot, Camille Favre-Bulle, Jean-Marc Michelangeli (en alternance), Cristos Mitropoulos et Olivier Sélac.

https://www.theatrelepublic.be/season.php?type=1

DU 04/09/18 AU 27/10/18

UNE PRODUCTION DE KI M’AIME ME SUIVE. AVEC LE SOUTIEN DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE. Photo affiche © Johann Hierholzer. Photos spectacle © Fabienne Rappeneau.

    

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PETROUCHKA & L’OISEAU DE FEU au théâtre Royal du Parc jusqu’au 15 décembre 2018

93b56f7f69a9662403fbd7830db88839--strawberry-juice-picasso-paintings.jpgAvec : Joris BALTZ, Léonard BERTHET-RIVIÈRE, Mylena LECLERCQ, Vojtěch RAK,   Lisard TRANIS,  et, en alternance, Nolan DECRETON, Maxence LORENTZ ou Tom VAN DE WEGHE.

Du jeudi 15 novembre 2018 au samedi 15 décembre 2018

« Finalement je n’aime pas la sagesse. Elle imite trop la mort. Je préfère la folie – pas celle que l’on subit, mais celle avec laquelle on danse. » ~ Christian Bobin

 Surprise,  Thierry Debroux accueille cette fois, la création d’un chorégraphe, José Besprovany et sa Compagnie de danseurs acrobates au théâtre Royal du Parc. Une aventure inédite mêlant le nouveau cirque, la danse et la musique de Stravinsky, des propositions aussi poétiques que surréalistes. Une folie créatrice.  Surprise,  une dame bon chic bon genre a choisi  justement ce spectacle entre tous, pour y fêter avec  ses nombreux  amis, ses 80 printemps et offrir un vin d’honneur à l’issue d’un  spectacle qui rappelle en tous points le cinéma muet! Surprise  encore, vous pensez vous faire conter l’histoire de Petrouchka, suivie de celle de l’Oiseau de feu ?  Balivernes, il s’agit d’une re-création libre et audacieuse par le  maître d’œuvres,  qui s’est débarrassé de l’héritage slave où l’on vénère ces deux contes comme des icônes. Un spectacle fascinant ***** Une réflexion sublime sur la question: What is the truth? (Ponce Pilate l’avait déjà posée… ) Et le corps, au service de la réponse.

Le chorégraphe mexicain, installé depuis de nombreuses années en Belgique  explique : °°° Ici, une technique de câblage scénique sophistiquée est utilisée afin que le danseur acrobate devienne une marionnette humaine. Ses mouvements évoquent ceux d’une marionnette à fil, telle une poupée pouvant être soulevée, déplacée par une force extérieure à elle. °°°  Tels les fils des inflexibles  Parques ?  Ces êtres mythologiques, plus puissantes encore que le Destin , symbole antique de l’évolution de l’univers, des changements qui commandent aux rythmes de la vie et qui imposent, tour à tour, l’existence et la fatalité de la mort ?

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Tout d’abord, dans Petroutshka, on retrouve un serviteur,  l’homme-oiseau, incarné par Joris Baltz  qui découvre le livre qui raconte son histoire dans une palette  de costumes tous déclinés en triangles  gris, rouges et noir. Le maître rebondi et le serviteur agile vivent  prisonniers l’un de l’autre, sans se préoccuper du monde. …A nous de nous demander, en les regardant évoluer ensemble, qui manipule qui.

 Le maître (Léonard BERTHET-RIVIÈRE)  fatigué et imperturbable a  bien décidé de ne plus jamais se lever de sa couche,  même si dans une autre vie il  fut un danseur étoile du kazatchok. Le fidèle serviteur, lui, veille jalousement sur le livre.  Jusqu’au jour où deux nouveaux personnages, de  savoureuses caricatures d’espions,  ressuscitant nos souvenirs de guerre froide apparaissent de chaque côté de la scène.

                                                                                         Guerre d’idéologies ayant le même but ultime?  L’un vient  de l’Est, (Vojtěch RAK) et l’autre de l’Ouest, (Mylena LECLERCQ). Tous deux déploient une art consommé du mime et de la théâtralité à travers leur langage corporel.  Tous deux doivent dérober le mystérieux livre,  avec mission de  le détruire. On entre de plein fouet dans un jeu de machinations, autour du sieur reposant sur son divan. Des facéties, toutes aussi  burlesques, qu’absurdes et infructueuses. Qui dupera l’autre? « Il sait que je sais qui il est! » s’inquiète l’ardente envoyée  des services secrets britanniques déployant force de charmes pour brouiller les pistes.

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 Mais, les voilà finalement  contraints de collaborer ensemble,  per amore o per forza… . Or,  à force d’unir  leurs diapasons,  ne vont-ils eux-mêmes tomber dans les filets d’une machination suprême,  celle de l’amour ?  Quant à l’homme-oiseau, va-t-il réussir à  protéger le livre essentiel sans perdre le fil de la vie? La surprise théâtrale viendra du maître qui,  se levant enfin de son séant,   accomplit un suprême geste de  compassion vis-à-vis du serviteur. Illusion ou vérité?  Les deux espions finalement  convaincus de l’absurdité de leur tâche,  vont-ils filer à l’anglaise vers des horizons joyeux ?   Ce premier volet semble déjà emporter  l’adhésion  d’un  public mi-perplexe, mi-mystifié,  mais bien  prévenu  dès le départ par la présentatrice  qu’on ne lui offrirait qu’une illusion de Petruchka!  En revanche,  la musique de Stravinsky jouée pour piano seul,  est, elle,  infaillible.  

Le deuxième volet de la proposition, l’Oiseau de feu, dans une version orchestrale, finira par consumer  nos moindres réticences. C’est d’abord du bleu intense et un labyrinthe de néons flottants très près du sol : autant de barrières que la bête fauve (Lizard Tranis) qui y séjourne, puissante, charnelle, séduisante,  ignore superbement. Un nouveau Minotaure ? Ses multiples  évolutions gracieuses et fascinantes sont félines. Le tigre de William Blake?   L’espèce d’employé de banque lambda siégeant en mezzanine s’est métamorphosé en dompteur grâce à un chapeau magique. Ses dossiers sont devenus des plumes de rêve.  Lâchant la première  plume, l’animal s’en saisit. La plus belle,  une plume de feu prométhéen ? Le dompteur apprivoise peu à peu l’animal,  dans un ballet de plumes multicolores. Plus besoin de texte de cinéma muet, on absorbe l’histoire comme beauté absolue de  chorégraphie et de postures. On fait partie du jeu.  Le maître va jusqu’à apprendre à l’animal quadrupède à  se redresser,   ensuite à voler… Ce que lui-même ne sait pas faire!  Chacun est guidé par le dépassement de soi, l’amour de la perfection.  La beauté des figures du ballet aérien happe l’imaginaire, emporte dans un univers inconnu où l’on rejoint les artistes. Pendant un moment de grâce,  instructeur et apprenant sont au diapason parfait.  Las,  nous ne sommes pas des dieux, voilà la chute!

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Une relation amour-haine  s’installe subrepticement,  mouvement après mouvement, laissant le public  dans  cette expectative anxieuse où l’on retient son souffle.   L’homme s’enivre de son pouvoir,  passe au registre de la cruauté. La scène de rêve fait place à une  scène de domestication presque insoutenable. Peuples à genoux… Mais l’homme s’endort. C’est alors que le danseur prométhéen, le feu, la plume entre les dents,   danse  audacieusement pour  son  pur bonheur sur   des  échelles mobiles.  Il voltige dans les airs, il joue haut et sans filets,  se balance en solo, offrant au public cloué par la surprise,  une ode à la beauté de l’homme pendant que le maître est endormi. La suite vous conduira  encore,  de surprises en surprises, avec,  pourquoi pas,  une allusion au mythe du phénix et un enfant radieux sur fond de soleil rouge. Voulez-vous un ballon?        

Au sortir de la deuxième proposition artistique, malgré ou à cause de sa secrète et parfois douloureuse gravité,  par l’offrande de  sa beauté extraordinaire,  on se  retrouve tout d’un coup au diapason avec le créateur du spectacle.  Un  spectacle de force, courage et persévérance  qui  expose la beauté de l’homme lorsqu’il joue les Icare face au soleil.   On se sent tout d’un coup  meilleur, tant la plénitude que dégage la deuxième partie réussit à  vous  procurer des ailes. Pour planer soi-même,retrouver l’innocence (encore William Blake, décidément… )  et se réconcilier avec le monde. 

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« Pour moi, un cirque est un spectacle magique qui apparaît et disparaît comme un monde. Un cirque est dérangeant. C’est profond Ces clowns, ces cavaliers et ces acrobates se sont mis à l’aise dans mes visions. Pourquoi? Pourquoi suis-je si touché par leur maquillage et leurs grimaces? Avec eux, je peux avancer vers de nouveaux horizons. Attiré par leurs couleurs et leur maquillage, je peux rêver de peindre de nouvelles déformations psychiques. C’est un mot magique, cirque, un jeu de danse intemporel où larmes et sourires, le jeu des bras et des jambes prend la forme d’un grand art. »  Marc Chagall

Dominique-Hélène Lemaire

Réservations sur place au Théâtre du Parc, via le site ou par téléphone au 02 505 30 30 – du mardi au vendredi  – ouvert de 12h à 19h.

 
Création José BESPROSVANY (Mise en scène et chorégraphie) ; Laurent BRANDENBOURGER (Scénario), François PRODHOMME (Scénographie) ; Benjamin VANSLEMSBROUCK (Assistant artistique) ; Bert MENZEL (Costumes) ; Marco FORCELLA (Lumières) .Une production d’IDEA asbl, en coproduction avec le Théâtre Royal du Parc, l’Atelier Théâtre Jean Vilar, Charleroi Danse et DC&J
Création https://www.atjv.be/Petrouchka-et-L-Oiseau-de-feu  Du 7 au 13 février 2019  à l’Aula Magna

Photos de Lander LOECKX

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administrateur théâtres

            L’image contient peut-être : une personne ou plus et plein airCoup de foudre  retentissant pour les pères (Benoit Van Dorselaer et Thierry Janssen), les fils (Mickey Bocar et Julien Besure), les valets (Simon Wauters et Othman Moumen) et les donzelles (Brigitta Skarpalezos et Laure Godisiabois)! Le spectacle est démentiel... rebelle, sexy, inventif et hippie! Tous à la plage, la  galère s'amuse, la pièce sera jubilatoire!  Voici Scapin 68 - une adaptation des plus réjouissantes des bien-nommées « Fourberies de Scapin » signées Jean-Baptiste Poquelin dit Molière en 1671 -  …ou quand la jeunesse en mini-jupes  et en pattes d’eph toise l’ordre établi et les interdits.

              Les deux pater familias, Argante (Thierry Janssen) et Géronte (Benoit Van Dorselaer) en costume cravate vont se faire l’un et l’autre moquer, rosser, vilipender, soutirer de l’argent, comme au théâtre du Grand guignol et  dans  la tradition de la  Commedia dell’arte. Cette pièce  qu’écrivit Molière en forme de récréation après le Don Juan,  L’Avare, Le Misanthrope  et le Tartuffe met en scène Octave (Julien Besure), fils d’Argante qui a épousé derrière le dos de son père Hyacinthe (Brigitta Skarpalezos), une jeune fille pauvre  de naissance inconnue, et Léandre (Mickey Bocar), fils de Géronte  qui s’est épris d’une  jeune Égyptienne, Zerbinette (Laure Godisiabois) . Pour contrecarrer l’autorité paternelle, tous deux  se trouvent forcés de recourir  au  savoir-faire ingénieux de deux domestiques maîtres-du-jeu : Scapin et son complice Sylvestre (Simon Wauters). Tour de passe-passe du dramaturge, les jeunes amoureuses se révéleront  à la fin, être celles même  que les pères  destinaient à leurs fils comme épouses. All is well that ends well!  L’intrigue n’est pas complexe mais qu’est-ce qu’on s’amuse! Quel sens de la fête, quelle glorieuse farce divinement mise en scène par Thierry Debroux 

 41527448_1369623813172693_7840669249335984128_o.jpg?_nc_cat=0&oh=720ecc60202b66198630d83feee7c054&oe=5C3563F4&width=322OCTAVE.- Oui, belle Hyacinte, et ces nouvelles m’ont donné une atteinte cruelle. Mais que vois-je ? vous pleurez ! Pourquoi ces larmes ? Me soupçonnez-vous, dites-moi, de quelque 
infidélité, et n’êtes-vous pas assurée de l’amour que j’ai pour vous ?
HYACINTE.- Oui, Octave, je suis sûre que vous m’aimez ; mais je ne le suis pas que vous m’aimiez toujours.
OCTAVE.- Eh peut-on vous aimer, qu’on ne vous aime toute sa vie ?
HYACINTE.- J’ai ouï dire, Octave, que votre sexe aime moins longtemps que le nôtre, et que les ardeurs que les hommes font voir, sont des feux qui s’éteignent aussi facilement qu’ils 
naissent.
OCTAVE.- Ah ! ma chère Hyacinte, mon cœur n’est donc pas fait comme celui des autres hommes, et je sens bien pour moi que je vous aimerai jusqu’au tombeau.
HYACINTE.- Je veux croire que vous sentez ce que vous dites, et je ne doute point que vos paroles ne soient sincères ; mais je crains un pouvoir qui combattra dans votre cœur les tendres sentiments que vous pouvez avoir pour moi. Vous dépendez d’un père, qui veut vous marier à une autre personne ; et je suis sûre que je mourrai, si ce malheur m’arrive.

             Les Moliérophiles ne seront nullement déçus, pas une virgule ne manque au texte qui est projeté dans une  intelligence parfaite. La mise en scène  vintage années soixante-huit est  une déferlante de bonheur théâtral, plastique et musical. Ready, Steady, Act ! Les comédiens ont reçu un thème: la plage, rapport à la phrase : « Sous les pavés, la plage ! » Donc, voilà une maison à colombages en bord de mer, le cri des mouettes, et l’imagination de tous  ...au pouvoir! Un sacré coup de pouce pour nos générations de jeunes assoupis...

  Tout  s’enchaîne  dans un délire de trouvailles autour des serviettes et fauteuils de plage,  jeu de boules en plastique, bouées, costumes et bonnets de bain rétro, sans oublier, au large,  …la fameuse galère.  La musculature parfaite et la souplesse de chat  frémissant d’Othmane Moumen, beau comme un plagiste, qui  voltige de  balcons en réverbères et autres escarpolettes, a déteint sur tous les comédiens qui eux aussi, sautent, rebondissent, jaillissent de trappes improbables et mènent  un jeu  d’enfer délirant autour du texte,  comme si tous avaient fumé la moquette et siroté des breuvages multicolores!   Et quand  une inénarrable scène de rire inextinguible s’empare de Laure Gaudisiabois et de Benoit Van Dorselaer, la salle ne se tient plus. On est dans un sommet de l'excellence théâtrale où le corps est roi  et on applaudirait bien en cours de route, comme à l’opéra!  Car d’ailleurs de la musique - des tubes anglo-saxons absolument légendaires - il y en a … avant, pendant et après, mais on n’en dira pas plus, car franchement, on ne peut manquer un tel spectacle auquel, on ose attribuer 5 étoiles, tant c’est bien fait, vivant, inédit et décoiffant. Quant à la morale « Il est interdit d’interdire » : on adore, pas vous?

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Du jeudi 13 septembre 2018 au vendredi 26 octobre 2018 au théâtre Royal du Parc 

http://www.theatreduparc.be/index.php?mact=Agenda,cntnt01,DetailEvent,0&cntnt01id_event=59&cntnt01returnid=57

 

Mise en scène Thierry Debroux Avec Julien Besure, Mickey Boccar, Laure Godisiabois, Thierry Janssen, Othmane Moumen, Brigitta Skarpalezos, Benoît Van Dorslaer, Simon Wauters Scénographie et costumes Thibaut De Coster, Charly Kleinermann Maquillages Urteza Da Fonseca Lumières Alain Collet Décor sonore David Lempereur Assistanat mise en scène Catherine Couchard

Crédit Photos:  Zvonock Light Knight 

Une coproduction du Théâtre Royal du Parc, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar, du Théâtre de Liège et de DC&J Création

Jusqu’au 26 octobre au Théâtre du Parc (Bruxelles). Du 6 au 16 novembre au Théâtre Jean Vilar (Louvain-la-Neuve). Les 23 et 24 novembre à Wolubilis (Woluwe-Saint-Lambert). Du 28 novembre au 7 décembre au Théâtre de Liège.

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administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 1 personne, assis, table et intérieur« Choisir sa vie ?  »  …You can do it ! Cela se passe à la Comédie Claude Volter avec la magnifique mise en scène de la célèbre pièce de 1980 de Willy Russell,  «  Educating Rita  »  dans une nouvelle version adaptée par l’auteur en 2003 pour en rendre le propos plus universel. La  très soigneuse mise en scène signée  Michel Wright respecte le  délicieux cadre British et l’accent  populaire de Liverpool de la jouvencelle   se change en  un  plongeon dans la modernité francophone  grâce  à laquelle nos ados se sentiront aimés et transportés. Stéphanie Moriau fait absolument merveille dans cette tendre comédie politico-philosophique !

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 Prénommée  Suzan, issue d’un milieu populaire telle une bonne âme de Sichuan,  la jeune  héroïne se sent vide et sans avenir,  sauf de rester coiffeuse, assister à des match de foot ou de karaoke,  pondre des gosses, et n’avoir  de choix  que la poudre à lessiver.  Sur ce, elle  prend ses ciseaux mythiques pour dépecer sa vie totalement insignifiante. Couper, changer – devise des coiffeurs -   et commence par changer  de prénom pour s’appeler l’étudiante  RITA, et rêver d’un avenir où enfin, elle aurait le choix.

 Car c’est ce mot magique   « Change » comme les pétitions en ligne  bien connues… qui  la  fait rêver!  Son intuition lui fait comprendre que seul  le  changement intérieur fait avancer et vivre plus pleinement.  Son arme pour faire d’elle même une « self-made woman »  sera l’éducation, la culture, l’appropriation d’un discours construit et argumenté. Elle ne veut pas  mourir et être enfermée comme sa mère  dans une chanson sans espoir, sans horizon.  Elle a capté que seule l’éducation est porteuse d’avenir. Elle suit la morale de Trainspotting : Choose Life! Elle ne veut pas être un ectoplasme qui se suffit de fumées, de pain et de jeux.

images?q=tbn:ANd9GcQaa8pO91HK_RRt02sgboOv4m5ydvxDvmHjdC582zTM5z9VkliYDonc elle s’inscrit à un cours… universitaire avec un très émouvant Michel de Warzée qui  joue Frank, le  professeur bordélique qui se console régulièrement de la vie et de ses espoirs avortés de devenir  poète avec des bouteilles disséminées dans son imposante bibliothèque ou trône un nu érotique. Au départ fort peu enthousiaste à être dérangé, il est finalement  ravi de cette bouffée d’air inespérée. Il  lui donnera tout, comme le sculpteur Pygmalion amoureux  sa statue Galatée… avec les risques du métier! Un personnage complexe à interpréter, se partageant avec grande délicatesse  entre le personnage du professeur adulé et son attachement émotionnel et sexuel grandissant pour son étincelante protégée. Ah! les  « Métamorphoses » d’Ovide!  

 Et quel potentiel, Stéphanie Moriau!  Elle « fait » à peine  les  29 ans de la jeune délurée. Elle  navigue  comme une cascadeuse entre les désespoirs et les rires, jongle avec  les  défis culturels,  brûle les étapes pour se faire naître à la personne dont elle rêve.  Et quel exemple pour les jeunes inconscients calés  dans leur apathie et leur confort consumériste!

Frank, le prof, est abasourdi et se met à réveiller ses propres affects, et à caresser son rêve d’écriture retrouvé.   La jeune effrontée débarque  comme une bombe spirituelle chez lui et fait voler ses routines en éclats, ouvre les fenêtres, donne de l’air, pourfend ses amertumes accumulées, change dix fois de coiffure, de tenues, de styles, se cherche avec une opiniâtreté qui finit par énergiser chaque spectateur à la suivre dans son itinéraire de changements. On ne peut pas changer le monde, mais soi-même, bien sûr que oui ! La connaissance de soi passe par l’art et la littérature.   Shake it ! Elle reçoit et apprend tout de son tuteur, se met à faire des liens, découvre avec stupeur et ravissement une image du monde où tout est lié,  va au théâtre, tombe amoureuse de Shakespeare, et revient,  quand la culture l’a métamorphosée,  à son prénom originel!  Dans le personnage intense et explosif de Rita, Stéphanie Moriaux  assume pleinement le Credo du changement et du libre choix, galvanise un public  invité à faire fondre à son tour, ses peurs, ses limites, ses  barrières. Pari gagné!

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 Cette superbe pièce de Willy Russel est aussi indispensable que le sel dans les pommes de terre, précipitez-vous, et dégustez ce remontant tonique si votre moral est au pessimisme et à la grisaille. L’humour de la midinette intelligente au moral d’acier est décapant, côté rénovation elle en connait un brin ! Voyez-le comme une cure salutaire de jouvence. Que vivent donc  les métamorphoses et non les sinistroses! Comme disait mon grand-père normand: « Debout les crabes, la marée monte! »

 

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La Culture comme arme sociale !

http://www.comedievolter.be/leducation-de-rita/

 

L’EDUCATION DE RITA
Willy RUSSELL
Traduction de Catherine Marcangeli

 

 

Mise en scène : Michel WRIGHT
Décor  Yann BITTNER
Régie & Éclairages : Bruno SMIT

Animations scolaires : Stéphanie MORIAU

du 10 au 28 octobre 2018

du Mardi au Samedi à 20h15, dimanche à 16h

www.comedievolter.be

 

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administrateur théâtres

Littérature, théâtre, valeurs, classique, roman épistolaire, désir, jalousie, confessions, psychologie, amour, 21e siècle, passion, coup de foudre, abandon, femme, paix, dignité…

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«  24 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME SENSIBLE » d’Eva BYELE

« Je vous aime, mon ami, plus que l’on n’a jamais aimé ; mais il ne se passe pas une minute de ma vie sans qu’une secrète anxiété ne se mêle à l’enchantement de ma passion. » Voilà ce qu’écrit, dans un  fatal mécanisme de  jalousie, ajouté à la tendance qu’ont beaucoup de femmes à  attiser le malheur, à le projeter dans des mots qui finalement signent leur arrêt de mort, Constance de Salm (1767-1845), femme libre  du XVIIIe siècle. Elle écrit anonymement en 1824 un roman épistolaire bouleversant et lucide qui inspirera les « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme  » de Stefan Zweig en 1927.


L’écriture comme manière d’être au monde.
 A son tour, la jeune écrivaine Eva Byele, en 24 lettres numérotées, décide de faire le tour de l’horloge des sentiments avec sa propre  sensibilité du 21esiècle.  Les «  24 heures de la vie d’une femme sensible » d'Eva Beyele se déclinent en vaillants battements de cœur, se lisent et s’écoutent comme une calligraphie de la passion. Ira-t-on vers une catharsis ?  Chaque lettre contient un chapelet de paragraphes qui pourraient vivre tout seul, comme  autant de  bouteilles à la mer.  Comme dans l’œuvre de Jane Austern, les concepts de  Sense and Sensibility se livrent un duel poignant et romantique.  La sentimentalité détruira-t-elle la dame comme ce fut le cas de madame Bovary? La dame artiste finira-t-elle enfermée comme Camille Claudel ?

Ou assistera-t-on à l’avènement d’une femme  cultivée et intelligente de cœur et d’esprit,  émergeant de sa passion, renouvelée, solidifiée, resplendissante? L’écriture aborde avec grande pudeur mais combien de justesse, les errances intimes de cette jeune épouse artiste, livrée aux exigences domestiques d’un milieu bourgeois où elle vit, emprisonnée dans  un  carcan  cotonneux et insipide, en plein dans les années folles. Son mariage érodé la suffoque, l’insensibilité du mari l’a poussée à l’incartade adultère. Le mari est devenu un mur de silences. Soit dit en passant: « La société n’a pas appris aux hommes à parler, c’est pour cela qu’ils condamnent les femmes au silence ». Scripsit.  Elle se le dit, l’écrit, le lit avec effroi et se rebelle par l’écriture que le milieu où elle vit, condamne.

Le mari prend ombrage des livres qui sont son refuge, Le voilà jaloux et de la plume, et de l’écriture. Le terrain est libre pour Octavio,  le compositeur qui la ravit et lui ravit les sens avec son espièglerie d’enfant. Le rire lui revient. La sensualité se savoure comme si on relisait les voluptés de Christine de Pizan… Voici le baiser brûlant, la fougue, l’extase,  l’éphémère, et l’immortel. « Le relent de la fenêtre sur l’impossible ». On pense aux rêves de Jacques Brel... au baiser d'Alain Souchon. Comme cela est  vivement tourné! 

Quelle chute inattendue, quel parcours initiatique vers la paix intérieure, quelle éclosion à ce qu’elle « est », quelle hauteur soudaine  vis-à-vis de ce qu’elle « hait ». Le bonheur, elle le découvre, est « en soi ». Donc,  jamais elle ne retombera en « esclavage ».   Voici un avènement  pur et dur de femme du 21e siècle, droite, sûre d’elle mais  dénuée du  moindre orgueil. No Pride, no Prejudice. La romancière féministe anglaise Jane Austern,  doit se réjouir, de l’autre côté du miroir. Voici, grâce au verbe,  l’existence versus les silences qui tuent.

Comme cela est vivement joué! Dans une mise-en scène fourmillant de détails intéressants, jusqu’à la couleur de l’encrier. Du vieux Rouen? Le texte est incomparablement habité par celle qui l’a écrit. La partition musicale, signée Louis Raveton, souligne le propos par ses clair-obscurs, ou ses mouvements haletants dignes des meilleurs suspenses. Celle-ci rejoint  le moindre frisson de l’âme, chaque révolte, chaque poison combattu avec opiniâtreté, chaque aveuglement …dissipé par la beauté des mots sur la page.

    Voici d'ailleurs le "credo" de l'artiste: "Ce seule en scène est l’occasion de proclamer, à nouveau, l’importance de l’écriture pour les femmes ; véritable lieu de liberté qui leur permet d’avoir accès à elles-mêmes, à leurs pensées, leurs sentiments ainsi que de rêver, de se rêver et de rêver leur vie. 
Comme l’écriture est performative, la femme qui crée acquiert le pouvoir de devenir autre et de choisir sa vie, devenant par là-même un modèle de liberté et d’émancipation. 
Par l’acte même d’écrire, la femme s’affirme comme sujet et non plus comme objet. C’est comme si elle déclarait : «J’écris donc je suis». 
Dans un monde où l’on cherche continuellement à réduire la place des femmes, l’écriture, la création – au-delà de l’acte de subversion – sont un premier pas vers la libération. 
Puissent le livre de la pièce et ce seule en scène être lus, entendus ; puissent les mots écrits et prononcés résonner en chaque être afin de trouver le chemin du cœur et de l’esprit."

Cette pièce, présentée au théâtre de la Clarencière ces jours derniers, a été jouée à Barcelone, à l’Ateneu del Raval, du 10 au 13 mai 2018, au Festival d’Avignon, au Théâtre Littéraire Le Verbe fou, du 6 au 29 juillet 2018 et à Montpellier, au Théâtre du Carré Rondelet du 14 au 16 septembre 2018.

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"24 heures de la vie d'une femme sensible"
Texte, mise en scène et interprétation : Eva Byele
Assistante à la mise en scène : Marion Peltier
Création musique : Louis Raveton

Télécharger le dossier de presse

Les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 novembre 2018 à 20h30  https://www.laclarenciere.be/

Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

« Mais un homme qui a fait une fois un bond dans le paradis, comment pourrait-il s'accommoder ensuite de la vie de tout le monde ? »

 Cheveux longs et idée courtes… Voici un Grand Meaulnes brossé court comme les jeunes écoliers ruraux de l’époque, incarné par Laurent Renard,  que dirige avec brio l’auguste Danielle Fire dont on salue la remarquable adaptation et la mise en scène méticuleuse. C'est qu' Augustin dit le grand Meaulnes  en  donne  long  à penser, à rêver et à  revenir sur les premiers  émois de nos adolescences, le pays perdu...  

41545256_2180125708698979_6406116225050476544_o.jpg?_nc_cat=0&oh=5707e4ab7ea03a89b4d71ab32ab4ff27&oe=5C2566F1&width=250Bleues bien sûr,  les portes de l’imaginaire par-dessus les planches élastiques et ma foi un peu  bruyantes du théâtre de la Comédie Claude Volter car cela roule, cela virevolte, cela bouge, cela danse la bourrée paysanne, cela n’arrête pas de séduire le spectateur ébaubi de voir transformée pour la scène,  la substantifique moelle du roman onirique d’Alain Fournier publié en 1913, cet écrivain mort à 28 ans au champ d’honneur le 22 septembre 1914 près de Verdun. 

 Le spectacle s’est donné huit fois sous les étoiles de notre été  incandescent cet été, au château! Une première mondiale en plein air, au château-ferme des Goffes à Pailhe, un petit village du Condroz entre Modave et Havelange.

Le temps et la vie des trois amis, François Seurel, Augustin Meaulnes  et Franz le châtelain défilent dans un rythme soutenu : vive la France et les chansons d’antan, la rudesse du terroir,  l’adolescence, l’aventure, la quête de l’absolu et l’imaginaire. Respect pour l’école de village ou règne la délicatesse, honnie soit la ville et ses vices. Si seulement si… Valentine, par triste manque d’amour pour elle-même, n'avait pas refusé la main généreuse qui se tendait vers elle! Que de souffrances évitées...     

 41440719_2180126095365607_1930591480338972672_o.jpg?_nc_cat=0&oh=ae51ad495aedff5a0a2bd4890af84746&oe=5C30F842&width=250Les trois personnages ne sont-ils d’ailleurs  pas les facettes du jeune écrivain qui écrit un roman autobiographique pudique et intense qui relate l'échec du rêve?   L’Yvonne de Gallais n’est-elle pas le  double mystérieux d’Yvonne de Quièvrecourt, jeune fille brièvement entrevue par l'écrivain le jour de la Pentecôte 1905, autour de laquelle l’amour s’est cristallisé.  Et Valentine, la fiancée de Franz qui s’enfuit à quelques heures des noces, c’est Jeanne Bruneau, avec qui l’écrivain eut une relation houleuse et  brûlante.  L’exquise Margaux Laborde se partage avec charme, élégance et raffinement les deux rôles. La voilà, image romantique en robe de dentelle blanche sous l'ombrelle, reflétée dans l'eau du bassin :

« Avec quel émoi Meaulnes se rappelait dans la suite cette minute où, sur le bord de l'étang, il avait eu très près du sien le visage désormais perdu de la jeune fille ! Il avait regardé ce profil si pur, de tous ses yeux, jusqu'à ce qu'ils fussent près de s'emplir de larmes. Et il se rappelait avoir vu, comme un secret délicat qu'elle lui eût confié, un peu de poudre restée sur sa joue...
A terre, tout s'arrangea comme dans un rêve. Tandis que les enfants courraient avec des cris de joie, que les groupes se formaient et s'éparpillaient à travers bois, Meaulnes s'avança dans une allée, où, dix pas devant lui, marchait la jeune fille. Il se trouva près d'elle sans avoir eu le temps de réfléchir :
« Vous êtes belle », dit-il simplement.
 » Ce sont les mots du coup de foudre. Ceux de l’amour sublimé, de l’illumination, de l'harmonie. L’image de la beauté, de la pureté, de la perfection.

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Le spectacle est construit comme une symphonie pastorale,   avec une  campagne  croquées avec humour  et truculence par de joyeux saltimbanques dont deux terribles bacouettes au langage coloré et malicieux : Isabelle Roelandt pour Moinette (Madame Seurel et la tante), Catherine Cornet pour Adèle (et Madame Meaulnes) avec  Maximilien Delmelle et Serge Zanforlin dans les rôles  masculins. Personne ne se perd, la magie des costumes, des lumières et des postures opère. François Seurel  (Jonas Claessens) est à croquer, tour à tour comédien et narrateur. Il est  terriblement attachant, délicat, passionnant, généreux. La nostalgie qui l'habite émeut au plus profond des fibres…   Pour souligner la quête de l’absolu, Bruno Smit  aux lumières et au son  a choisi des extraits musicaux  exaltants:  La sicilienne ; Les berceaux, Elégie de Gabriel Fauré, Le prélude de César Franck, La fille aux cheveux de lin - ce n’est pas un hasard - de Debussy. Le tout est  brodé au petit point de phrases coup de foudre... . Danielle Fire aux commandes. Sacred Fire? Du feu et du jeu.

du 12 au 30 septembre

du mardi au samedi à 20h15, dimanche à 16h

Durée du spectacle : 2h entracte compris

Avec Catherine CONET, Margaux LABORDE, Isabelle ROELANDT, Jonas CLAESSENS, Franck DACQUIN, Laurent RENARD, Abel TESCH, Serge ZANFORLIN & Maximilien DELMELLE
Adaptation et mise en scène : Danielle FIRE
Régie : Bruno SMIT

http://www.comedievolter.be/le-grand-meaulnes/

  

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