Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Théâtre (443)

administrateur théâtres

Chanter et raconter, s’indigner et rire, jouer et dire, écrire et danser to the end of Love,  c’est  transmettre : une idée fixe chez Thierry Debroux  à chaque fois qu’il signe le miracle de la mise en  scène d’une nouvelle adaptation scénique dont il a le secret. Celles-ci  ne cessent d’émerveiller tous les âges,  du plus innocent au plus endurci et   on   finit par  prédire que chacun de ses  spectacles sera un nouveau couronnement.

Avec l’adaptation du Livre de la Jungle, de Kipling (1894-1895)  et non  de Walt Disney, il s’agit ici d’un hommage particulier, dédié à son institutrice de maternelle, Madame Christine qui fut, grâce à cette histoire de Mowgly,  l’instigatrice de toute sa carrière théâtrale, alors qu’il était haut comme trois pommes. Thierry Debroux, en homme reconnaissant,  pose publiquement  un acte de gratitude vis-à-vis d’une femme qui a su lui insuffler la passion qui a conduit toute sa vie… C’est quelque chose de rare dans notre monde pressé d’en finir ou  de courir après chimères et  idoles…sans jamais jeter un regard en arrière.   

Dans cette adaptation scénique irradiante, il jongle avec les mises en abîme  en réveillant ses souvenirs des personnages les plus intenses de Kipling,  tout en  évoquant  ses souvenirs d’enfance. Madame Christine  resurgit à tout moment,  du début à la fin …comme quelqu’un qu’il a vraiment aimée.

 

31 représentations de rêve, du 19 avril au 19 mai 2018

Et un retour prévu en décembre 2018...

Au cœur du récit, il y a  Mowgly, l’enfant loup  recueilli par la forêt  et une  mère humaine affolée  par sa disparition. Au travers du conte musical initiatique, on suit toutes les questions existentielles de l’enfant qui grandit, le questionnement de son appartenance au clan malgré sa différence,   le  respect ou non des  loi, la liberté de choix, le rôle parental… et l’incroyable volonté de pouvoir de  ceux qui se rêvent puissants…

Pour la forme, il y a l’écriture tellement truffée d’allusions humoristiques ou culturelles, des images fugaces des périls de  notre société, captés dans un jeu savant de sonorités et de bulles poétiques. Et des compositions musicales signées Philippe Tasquin  accessibles  sur  CD vendu à l’entracte ou après le « pestacle ».    

Les décors graphiquement parfaits tiennent de l’épure et reviennent comme des leit motivs. De la mise en scène émane un récit percutant. La « forêt qui soigne » se superpose aux palmes tropicales, les arbres bougent comme dans Shakespeare, le rocher de consultation populaire est une pyramide faite d’alvéoles comme la ruche des abeilles. L’île aux plaisirs, pardon, le repère des singes profiteurs est un nid de décadence. L’image contient peut-être : une personne ou plus A bons entendeurs, salut!   Le village lui-même voyage à travers le monde.  Ne se  retrouve-t-on pas soudain carrément  chez les Indiens d’Amérique, à voir le costume de la chef de village ? Clin d’œil du jeune Thierry Debroux à Kipling voyageur qui  lui aussi parcourut, étant jeune homme,  les terres d’Amérique?

Les  enfants frappants de dynamisme et de vitalité qui interprètent Mowgly font du jeune héros un personnage attachant et intelligent comme le veut Kipling. Les trois enfants qui se relaient,  Andrei Costa, Dario Delbushaye et Issaïah Fiszman semblent décoder par leurs fines postures et leur regard intense   les moindres arnaques, les hypocrisies et la violence du monde qui les entoure… On se réjouit de la fraîcheur de leur « sagesse innée» et leurs très belles voix qui émeuvent aux larmes portent des chansons bouleversantes. En miroir, les personnages mi-humains, mi-animaux,  entretiennent continuellement la dualité  de Mowgly et ses interrogations.  Les yeux des spectateurs se posent sur des masques qui semblent respirer et dire chaque réplique comme s’ils étaient vivants. Un tour de force et un art consommé des comédiens. Daphné D’Heur campe une séduisante  Bagheera et Messua, la villageoise éplorée devant la disparition de son enfant tandis que la deuxième très belle  voix féminine appartient à Rashka, une  mère-louve pleine d’empathie et de noblesse de cœur jouée avec brio par Jolijn Antonissen aux côtés d’un Akela très digne: Gaétan Wenders. Aucun texte alternatif disponible. Baloo joué par Emmanuel Dell'erba séduit par son entrain et sa … légèreté. Très farceur et transposé dans un mode plutôt comique, Kaa (Philippe Taskin) semble avoir été créé avec jubilation par l’adaptateur du récit,  qui n’a vraiment que faire de l’anathème jeté sur son engeance. Réhabilité comme un serpent sympathique, il ne lui manque que les bras pour qu’on l’aime vraiment. Le duo de mauvais bougres est maléfique à souhait, c’est Pierre Bodson pour Shere Kahn et Fabian Finkels – who else ? - pour le jeune loup aux dents longues.  Le narrateur, Gaëtan Wenders donne la réplique à Madame Christine (Anne-Marie Cappeliez).

L’image contient peut-être : une personne ou plus

Photos : ZVONOCK

Avec : Jolijn ANTONISSEN,
Pierre BODSON,
Anne-Marie CAPPELIEZ, 
Didier COLFS ,
Emmanuel DELL’ERBA ,
Daphné D’HEUR ,
Fabian FINKELS,
Antoine GUILLAUME ,
Philippe TASQUIN ,
Gaëtan WENDERS. 
Mowgli, en alternance : Andrei COSTA, Dario DELBUSHAYE, Issaïah FISZMAN. 
Les petits Loups, en alternance : Alexandre ANDERSEN , Baptiste BLANPAIN , Ava DEBROUX ,
Arthur FRABONI , Martin GEORGES, Laetitia JOUS ,
Julia ORENBACH, Andrea SCHMITZ, Ethan VERHEYDEN. 

Durée : 
2h entracte compris 

THEATRE ROYAL DU PARCRue de la Loi, 3, 1000 BRUXELLES   Billetterie : 02/505.30.30 

Lire la suite...
administrateur théâtres
« Ils prennent le thé en face sans nappe ! » Théâtre tentation et amour du théâtre. A La Clarencière. What else ? Voici réunis sous le titre « Moulin à paroles », trois femmes de noir vêtues, jouées avec feu  par

la pétillante  comédienne Ariane Thymour Smith dans une mise en scène de Carole Baillien. Elle explore tour à tour  la folie de la solitude, le voyeurisme,  la vengeance,  les pulsions criminelles, la sensualité tantôt brimée ou tantôt explosive, à travers trois destins  de femmes  tout aussi noirs que l’anthracite que l’on s’épuisait  encore à arracher  manuellement de la terre à cette époque … Elles appartiennent au répertoire anglais. Le dramaturge, romancier, scénariste, réalisateur et acteur Alan Benett a écrit une première  série de « Talking heads » pour la BBC dans les années 80. Humour anglais omniprésent, sens aigu de la nouvelle incisive et bien construite, petits bijoux d’écriture dans la lignée de Roald Dahl.

Mon premier a comme titre original : "A Lady of Letters". Le premier tableau met en scène Irene
Ruddock, une femme
célibataire vivant près de Bradford qui n'a pas sa langue
dans sa poche et passe sa vie à écrire des lettres vindicatives
à son député,
à la police, au pharmacien , à tout le monde
pour remédier aux maux sociaux qu'elle dénonce sans ambages.

Après un trop grand nombre d'accusations qui frisent la calomnie, Irene se
retrouve en prison - où, pour la première fois de sa vie, ironiquement, elle se sent
vraiment …Vous verrez bien quoi!

Mon second"Her Big Chance" est farci d’humour de style libertin, autant que les

sketches de Nabila/Stéphane Degroodt! Lesley est une actrice en herbe, qui,
après une série de rôles secondaires à la télé peu prometteurs,s’imagine
qu’elle va enfin « percer » grâce à la
rencontre de l'aventureux Travis dans un nouveau film pour le marché du soft porn
ouest-allemand. Tongue twisters à l’appui, on n’en dira pas plus,
censuré pour les mois de 12 ans!

 

Mon troisième a pour titre original :"Bed Among the Lentils". Le troisième tableau
transforme la pimpante pipelette en femme de pasteur de caractère. Susan est alcoolique
et doit se rendre à Leeds pour faire ses secrètes provisions de liqueur à cause des dettes
contractées avec le commerçant local. Elle se détourne insensiblement de son raide et ambitieux
et mari encensé par ses ouailles
et noue une voluptueuse affaire extra-maritale avec un épicier indien Ramesh Ramesh.
Some like it hot !
Va-elle découvrir quelque chose à propos de Dieu ou se convertir
aux Alcooliques anonymes? Love me do… The Beatles

Mon tout est une soirée récréative, plaisante et distrayante, ponctuée
de jolis souvenirs des Beatles ou de Mrs. Robinson
que l'on écoute dans le noir.Toute une époque !
Nostalgie, quand tu nous tiens!





La Clarencière Du 19 au 21 avril 2018
Rue du Belvédère, 20 1050 IxellesContacthttp://www.laclarenciere.be
fabienne.govaerts@skynet.be
02/640.46.76

Lire la suite...
administrateur théâtres

 UN AMOUR QUI NE FINIT PAS. Comédie d'André Roussin (1911-1987)  Du 3 au 22 mars 2018

 L’image contient peut-être : 4 personnes, personnes souriantes, intérieur

Par la Comédie de Bruxelles

Avec Laure Godisiabois, Christel Pedrinelli, Pierre Pigeolet, Daniel Hanssens. Mise en scène : Daniel Hanssens

 

C’était les années 60-70 !  « Au théâtre ce soir », qui se souvient ? La dynamique, ravissante et élégante Juliette reçoit des lettres d’amour  flamboyantes et savoureuses d’un quidam rencontré lors d’une cure à Divonne-les-Bains.  Bien sûr, Roger,  son mari grille de jalousie devant le charme désuet et romantique des propos fleuris qu’il a découverts !  Pour protéger l’honneur de sa femme, il  s’en  ira porter lui-même le paquet litigieux à son expéditeur dès qu’on aura élucidé l’adresse. Pierre Pigeolet pousse le rôle sanguin  jusqu’au burlesque.  

 Jean est le mari coupable qui est allé innocemment en cure et a rencontré …une jeune-fille ? Sa mère ?  Une femme ? Un rêve, qui lui a fait passer 12 jours délicieux, loin de sa femme Germaine une dame de fer  plutôt castratrice qui est passée maître des  interrogatoires serrés et infantilisants. Jouée à merveille par  Laure Godisiabois,  A chacun de leurs échanges, on déterre la hache des dialogues de sourds : du comique verbal  de très  haut vol,  qui n’est pas sans rappeler l’humour de Raymond Devos  dans  sa logique implacable!  De véritables  morceaux d’anthologie ! S’il ne veut pas particulièrement mentir à sa femme, il ment mal! Avec une intuition toute féminine et un raisonnement implacable, elle a tôt fait de  reconstituer les pièces manquantes au scénario et peut se faire une idée assez précise de la traîtrise en cours, qui n’a rien à voir avec les incartades habituelles du mari et lui paraît d’autant plus dangereuse!  Tout se corse, bien sûr,  quand les deux jaloux, Germaine et Roger font alliance!

Résultat de recherche d'images pour "UN AMOUR QUI NE FINIT PAS, Mise en scène : Daniel Hanssens"

Du côté Juliette-Roger, c’est Juliette :  Christel Pedrinelli, éblouissante de charme  et  d’effervescence qui,  sertie dans des robes de rêve,  crie au scandale, puisque son mari semble ne plus avoir confiance en elle ! Or, elle n’a strictement rien fait de mal ! « On verra plus tard pour la paix ! », lance-t-elle, piquée au sang !  La voilà qui entend avoir voix au chapitre, et  qui sait,  changer le cours des choses! On vous laisse évidemment déguster la suite de l’histoire…

L’ironie et les sarcasmes déferlent dans le salon Jean-Germaine, mais aussi la confession émouvante et lumineuse de Jean /  Daniel Hanssens qui  hisse celui-ci,  au-delà de la comédie, lorsqu’il évoque l’Amour hors gabarit. Humainement,  il réclame cette part secrète indispensable, ce jardin virtuel extraordinaire  où se cultiverait l’amour qui ne finit pas. Un amour  qui ne nécessite pas de  composantes sexuelles, qui vit de son contenu poétique et exalté. Celui qui échappe à la routine, aux contingences, aux frictions, aux désaccords,  où l’explosion verbale devient bouquet de caresses, où il  appelle « son infante et sa principessa »  une belle inconnue qui ne lui doit rien! Dans une adresse à Juliette, un nom  dont la connotation n’échappe à personne, il ose clamer que l’amour est « la fantaisie de Dieu».  Il prétend avec humour  « ne pas permettre à son mari de lutter avec Dieu, sur ce chapitre ! » … tandis que Germaine, prénom bien choisi  lui aussi, croira élaborer un plan infaillible avec Roger pour « tuer le bonheur  dans l’œuf !» et assouvir leurs  secrets rêves de pouvoir.

Dans la mise en scène, on passe d’un salon à l’autre. Aux murs, de tendres couleurs pastel lilas, champagne et tilleul mettent en valeur de hautes fenêtres lumineuses.  Chez Germaine, des meubles genre Roche Bobois et un bouddha qui ne la décoince pas, chez Juliette, des meubles de style, plus collet monté  et un téléphone qui sonne régulièrement pour les amoureux des belles lettres. Au fond,  chacun sa radio 'TSF' vintage, question d'époque! 

Image associée

Ni Jean, ni Juliette n’ont besoin de « protection » lointaine ou rapprochée. Ils ont besoin de respirer…  Ils ne supportent pas l’amour prédateur qui finit par étouffer. Il y a  ces deux monologues parallèles  bouleversants où chacun réclame seulement le droit de rêver. Jean  rêve d’un «  Un bonheur qui ne blesse personne, qui donne au  lieu de recevoir, qui vénère au lieu de séduire… » Ce sont ces moments précieux qui font dire à André Roussin que la bonne comédie est très proche du drame.

Paul Léautaud  ne donnait-il pas comme définition du bon théâtre : « C’est le rire, la fantaisie, l’imagination, la répartie vive, le trait prompt et pénétrant, tout à la fois l’irréel et la vérité, l’observation qui se répand en traits comiques, le mouvement, la farce, au besoin même la bouffonnerie…» Tout y est !  Amateurs de bon théâtre et de langue grisante, réjouissez-vous ! Ce spectacle pétillant qui tourne autour de l’Amour tout court,  est franchement bien joué de façon virtuose et  récréative, et dévoile  des profondeurs  inattendues, même si la fin laisse un goût de nostalgie!

We loved it!  

Crédits photos © Gregory Navarra

         

 Après le Centre Culturel d'Auderghem, plus que quelques jours au Centre Culturel d'Uccle  

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout 

Un an sépare le petit Marcel né en 1871 du petit Paul né 1872 ! Proust et Léautaud ? Un même amour absolu pour la mère, mais la comparaison s’arrête là ! Firmin Léautaud, son père (1834-1903), est issu d’une famille de paysans des Alpes-de-Haute-Provence et s’est installé très jeune à Paris suivant des cours de comédie pour entrer à la Comédie-Française et faire une carrière de souffleur. Firmin a été en ménage avec Fanny Forestier, la sœur aînée de Jeanne qui met au monde le petit Paul. Elle reprend son métier de chanteuse d’opéra tout de suite après la naissance de Paul et partira dans des tournées. L’enfant est mis en nourrice jusqu’à l’âge de 2 ans…Tout se joue avant deux ans ? Ensuite, une vieille bonne, Marie Pezé s’occupe de l’enfant pendant une dizaine d’années. Il a l’occasion d’entrevoir sa mère une petite dizaine de fois avant qu’elle n’aille s’installer à Genève, épousant en 1895 un médecin avec qui elle aura deux enfants. Elle ne retrouvera son fils que vingt ans plus tard, à l’occasion de la mort de sa sœur Fanny, à Calais, en 1901. S’ensuit une correspondance émouvante entre la mère et le fils (publiée par le Mercure de France en 1956, Lettres à ma mère) qui dure 6 mois, puis les lettres de Paul restent mystérieusement sans réponse, jusqu’à l’annonce de la mort de la mère. Histoire cruelle et vraie !

« Une mère absente est aussi dangereuse qu’une mère trop présente. Elle laisse dans le cœur de son petit un vide, que rien ne pourra combler. Elle lui ôte la mémoire, tu vois ? Il ne se souvient que d’elle ! »

Les lettres sont la matière de cette production théâtrale éblouissante de vérité de sentiments, de chassés croisés d’amour et de désamour, d’attentes insensées de reproches de pardons et de tendres consolations, le tout machiavéliquement ourlé des deux côtés d’intentions moins nobles, à ce qu’il semble. Serait-on devant de sordides intérêts, captations d’argent ou d’héritages ? Par le jeu d’ombres et de lumière, la dualité des sentiments s’installe, le poison infuse et le rêve de la pureté de sentiments s’estompe progressivement de part et d’autres, même si à chaque instant, on ne cesse de tomber sous le charme de l’un et de l’autre.
Brodé sur un savant travail sur la mémoire affective des protagonistes, s’installe progressivement le doute sur les intentions réelles de chacun. Est-on au cœur d’un roman réaliste comme dans Le père Goriot ?

Terriblement humain. Chaque lettre est un torrent verbal presque sans pause, un geyser d’affects admirablement interprétés par les deux comédiens dans une recherche perpétuelle de qualité de ton. Nicolas Poels et Florence Hebbelynck disent chaque lettre, comme une confession verbale où les mots prisonniers du temps déferleraient vers la liberté absolue. Le jeu silencieux des corps fait le reste. On ressent au plus profond, l’assaut désespéré de l’espace sentimental de la mère, jeune et coquette qui se refuse à ce fils exalté devenu homme qui se damnerait pour obtenir quelques bribes d’amour, à l’instar d’un tout petit enfant. Plus si affinités ! Tous deux sont pris dans la toile d’un rêve qui les dépasse. Tous deux sont pris dans des événements cruels dont ils sont les victimes. Tous deux saisis de désirs égoïstes, dominateurs et excessifs. On finit par envisager que Mère et fils sont finalement génétiquement identiques dans leur besoin de manipulation. C’est d’ailleurs ainsi que l’un et l’autre ont réussi à survivre. C’est ainsi également que le rêve se froisse et que le miroir étincelant se brouille et s’obscurcit. Les deux comédiens jouent leur vie sur le fil, avec sensibilité et maîtrise extrême, tout-à-fait conscient de l’éclat de leur propre jeu et du jeu de l’autre.

Et le jeu des acteurs fait tout, car la simple lecture des textes, s’avère … poussiéreuse ? Tandis que la mise en scène ? Géniale ! Signée Bruno Emsens. Les deux acteurs ont donc mis au point un ballet sans faille, sans cesse renouvelé et inventé. C’est tout juste si on n’imaginerait pas ces lettres chantées, comme à l’opéra, tant l’intensité des sentiments et des couleurs est omniprésente. Le jeu corporel est captivant, les regards et les gestes charmeurs ou ravageurs, palpitants. Body language speaks millions… Les deux protagonistes, rient, pleurent, mordent, et se câlinent comme des chats sauvages. Ils sont beaux, magnifiques d’énergie et bouleversants de vérité au milieu du champ maléfique, représenté par les secrets bien gardés de la grand-mère (Céline Péret) , où peu à peu on est contraint de défricher leurs mensonges.

Et cela se passe au BOSON 

C’est l’histoire d’un homme qui ne s’est pas conformé,
D’un homme jeune et authentique.
C’est l’histoire d’un homme qui aime les femmes libres,
vraiment libres.
C’est l’histoire d’un homme abandonné par sa mère à
8 jours
Et qui la retrouve après 20 ans d’absence.
C’est l’histoire de l’amour hors du commun de cet homme
pour cette femme inconnue,
Et de sa rupture définitive.
Une histoire de liens donc,
Ceux qui relient et ceux qui entravent,
Ceux qui tissent un amour véritable,
Entremêlant attachement indestructible et liberté absolue...

http://www.leboson.be/fr/

Nous ouvrons les portes et le bar à 19h30, le spectacle commence à 20h15.

Chaussée de Boondael, 361
1050 Bruxelles - Belgique
 

Tél: +32 (0)471.32.86.87 | Contactez-nous


AMOUR(S)

Avec Florence Hebbelynck, Céline Peret et Nicolas Poels


27 février > 17 mars

D’après les "Lettres à ma mère" de Paul Léautaud
(Ed. Mercure de France)  – avec Florence Hebbelynck etNicolas Poels


Adaptation et mise en scène /  Bruno Emsens
Avec:  Florence Hebbelynck, Céline Peret et Nicolas Poels
Scénographie  / Vincent Bresmal
Chorégraphie  / Camille Raséra
Création lumières /  Gaëtan van den Berg
Création sonore  / Thomas Raa
Costumes /  Elise Abraham, en collaboration avec le costumier Maghet
Coiffure / Thierry Pommerell
Maquillage /  Marie Messian
Régie / Showup!

Crédit photos © Alice Piemme

Une production de la Compagnie des Bosons! 

Reservations@leboson.be

0471 32 86 87

LE METTEUR EN SCÈNE
Après un début de carrière au C.E.R.N. (Genève) comme chercheur en
physique des particules, Bruno Emsens revient en
Belgique où il travaille comme journaliste scientifique
au Vif/L’Express et comme critique cinéma pour le
magazine Première. Entre 1993 et 2008, il réalise
des courts-métrages souvent primés : Le Concert,
Ombres et lumières... En 1996, il crée la société
Blue In Green Productions qui se consacre au
développement et à la production de ses projets de
fiction: La bague, Pantone 549 et de documentaires
de création : Dernière nuit au Travers, Chercheurs entre rêve et réalité, Les
ateliers d’Orphée.
En parallèle à l’univers cinématographique, il ouvre la Brussels Playhouse
dans le quartier universitaire de l’ULB. Ce lieu est dédié aux acteurs et
au jeu. Il y organise des laboratoires, des trainings et des masterclasses.
Il s’associe avec l’acteur et metteur en scène américain Larry Silverberg
et fonde le True Acting Institute Europe, antenne européenne de l’institut
américain dédié à l’approche Meisner du jeu. En 2012, il fonde le Théâtre
des Bosons (devenu entre-temps «le boson») et met en scène sa première
création : Trahisons de Harold Pinter. Il monte ensuite L’aide-mémoire de
Jean-Claude Carrière avec Michel Scotto di Carlo et Florence Hebbelynck
(nommée Meilleure Comédienne aux Prix de la Critique 2014) ; Pour un
oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, avec Benoît Verhaert et Patrice
Mincke ; L’homme du hasard de Yasmina Reza, avec Jo Deseure et Christian
Crahay ; Trois Ruptures de Rémi de Vos, avec Catherine Salée (Nominée
aux Prix de la Critique 2016 dans la catégorie Meilleure Comédienne) et
Benoît Van Dorslaer ; et enfin Les Dactylos et Le Tigre de Murray Schisgal
en octobre 2016, avec Julie Duroisin et Nicolas Luçon.
Amour(s) est sa première adaptation à partir d’un texte non-théâtral.

Lire la suite...
administrateur théâtres

Les souffrances du jeune Gauthier, exorcisme de la douleur...

....Gauthier est un clown sans frontières. Sambuca est son ange triangulaire... Face aux victimes de la guerre, de la misère ou de l'exclusion, aujourd'hui, il perd le sens de sa vie à un point qui pourrait lui être fatal.....

qui-a-tu%C3%A9-amy-winehouse-678x381.jpg

Attendu que la mort  de la chanteuse Amy Winehouse ( 27 ans) dans son appartement de Londres est restée inexplicable (Back to Black!) ;

Que Gauthier est né sans le vouloir ;

Que sa générosité  naturelle et sans limite l’a mené des Philippines au Liban, en passant par un an cœur du  Cambodge, pour faire renaître le sourire  dans le cœur et les yeux d’enfants orphelins, déshérités, enfermés dans des camps ;

Qu'il s’est inondé  pendant dix ans de toute la misère du monde et n’a plus un coin sec où pleurer ;

Que son ange triangulaire - que certains nommeront conscience, psy, meilleur ami imaginaire ou non - va faire tout pour lui faire retrouver le goût de vivre et la flamme rayonnante indispensable à tout être humain, selon la formule bien connue de « rise and shine ! » ou de « this little light of mine ! » ;

Que nous assistons à une authentique séance de shamanisme pour chasser les fantômes malfaisants et trompeurs, volutes de fumée  lumineuse et transes garanties ;

Que l’on touche de près  à l'absurdité de la souffrance, aux questionnements, et  à certains souvenirs personnels, de part et d'autre de la frontière entre la scène et le public, mais où est passée la frontière?  

Que Gauthier a livré toute son histoire à Pietro ;

 Et...

Pas n’importe lequel: Pietro Pizzuti, en personne et que celui-ci, l’a recueillie, comme il recueille les migrants du Parc Maximilien  et  a construit au milieu du délire,  un personnage fulgurant, chasseur de tous les faux-semblants et de toutes les impostures ;

Que sieur Alain Eloi, véritable caméléon ensorceleur, spécialiste du changement de  peaux et de mots, n’est pas le flic des ONG, mais fait résonner la sagesse au milieu de la catastrophe et a été présent aux côtés de Gauthier depuis  le jour de sa naissance ;

Que la richesse intérieure de Gauthier - Clown et Comédien - est aussi inépuisable que ses bulles ;

Que la colère et le doute animent le jeu, dès les premières répliques ;

Que le décor est un chaos  poétique et surréaliste savamment  organisé ; 

Que l’association Clown sans frontières Belgique qui part régulièrement aux quatre coins du monde et en Belgique est une organisation solidaire qui ne table que sur le pur bénévolat, et sur le  timide soutien d’un public  heureusement révolté par la souffrance qu’endurent des millions d’enfants  en  situation de guerre, d'abandon ou de famine ;

Que ce sont la guerre et la violence qui n’ont pas de frontières ;  

Qu'en définitive le jeu  des deux acteurs est magnifique et palpitant d’un bout à l’autre ;

Que Gauthier est prêt à  arrêter les pilules qui le maintiennent en vie pour oublier l’horreur vécue au coeur  des ténèbres,  et qu’il a vu qui étaient les vrais salauds…rapport aux gosses, et rapport à Amy Winehouse…sans doute ;  

Qu’il ne voit même plus  ce qu’est devenue son âme, qu’il a perdu sa liberté de penser, d’agir, que rien ne va plus… tant il a  côtoyé l’innommable ;

À quoi bon faire rire ces enfants?

Mais que l’Ange l’a sommé de CONTINUER,

Et que  l'aube s'est levée quand Gauthier a promis de TRANSMETTRE,

 

Pour toutes ces raisons aussi futiles qu'inimaginables,  il faut se précipiter voir cette pièce qui n’est pas une pièce, ni une pièce de musée mais une pièce d’artillerie contre l’injustice, la haine, le pourrissement. Une pièce à conviction, car elle redonne le souffle vital, le bon sens, et plus généralement le rire aux lèvres, grâce aux sortilèges des nez rouges et leur armée de pitreries, 

Et puis, c’est tellement dense, qu’il vous faudra un temps d’arrêt pour ressentir profondément ce que cela fait, et comment gérer vos nouvelles émotions, et comprendre qu’il en faut peu pour être heureux et se mettre à rayonner chacun avec ses propres talents…

 

Et surtout, l’écriture explosive et onirique de la mise en scène porte la belle signature de Christine Delmotte, véritable révélatrice d’humanité! Sorcière si éprise de liberté qu'elle puise  le pouvoir de ses philtres magiques  dans les plis de son âme, de ses racines, de sa capacité à aimer, de ses rages et de ses  failles où  transparaît  la LUMIERE! 

16-amywinehouse-ap1.jpg

http://www.atjv.be/Qui-a-tue-Amy-Winehouse

                                                Qui a tué Amy Winehouse ?

                                                              De Pietro Pizzuti, mise en scène de Christine Delmotte avec Gauthier Jansen et                                                                Alain Eloy. Du 17 janvier au 3 février 2018 à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean                                                                      Vilar et du 28 février au 31 mars 2018 auThéâtre des Martyrs.

Lire la suite...
administrateur théâtres


Ce « Double bill » comme on l’appelle à New-York, surnommé "CavPag"  par certains spécialistes,  est une nouvelle perle  au diadème du répertoire de la Monnaie. Il présente donc deux opéras  "Cavalleria rusticana" et "Pagliacci"  écrits par deux compositeurs italiens différents et  qui se connaissaient à peine mais dont la parenté littéraire est évidente.  Héritières de Verdi,  les deux  œuvres  qui traitent le même thème, se trouvent aujourd’hui liées pour l’éternité dans l’histoire de l’opéra et annoncent déjà Puccini.  Le drame en un acte de Verga « Cavalleria rusticana »,   a inspiré Mascagni et  a permis au souffle vériste de se propager dans le monde de l'art lyrique. La première de l'œuvre eut lieu à Rome en 1890 et  aété pendant deux décennies, la figure de proue de l'opéra italien. « Pagliacci » l’opéra en deux actes de Ruggero Leoncavallo, fut créé le 21 mai 1892 au Teatro Dal Verme à Milan.

A la fin du XIXe,  Pietro Mascagni et Ruggiero Leoncavallo sont les deux porte-étendards  du mouvement vériste qui se greffe sur  l'œuvre littéraire d'Émile Zola (1840-1902)  illustrant  par le nouveau genre de  ses romans réalistes,  la vie  précaire réservée aux couches modestes de la société et aux opprimés.  Ces  deux opéras véristes parlent un langage ordinaire, vivent  humblement par opposition aux figures sublimes qui peuplent les opéras italiens classiques  et mettent en scène des personnages de la vie de tous les jours, aux comportements peu  édifiant et aux réactions spontanées parfois très dévastatrices. En n’excluant pas la violence domestique…et le meurtre passionnel.

Cavalleria rusticana 

 Veristissimo bouleversant ! Tragique destin de deux tranches de vie dépeignant l’amour entre  simples gens du peuple qui,  hantés  par la jalousie,  ne voient comme issue, que la mort.   Mais avant cela, que d’intensité dans l’exposition des deux mélodrames aux contours hyper réalistes! 

Cavalleria rusticana

Créativité intense dans la recherche du sens : la mise en scène de Damiano Michieletto est très adroite  car elle réussit à imbriquer les deux œuvres l’une dans l’autre, en travaillant notamment  sur  des incursions des personnages d’un drame  vers l’autre.  On peut observer soit des signes annonciateurs,  soit des  flashbacks émouvants qui font référence à  l'histoire d'à côté…  En effet Silvio et Nedda apparaissent dans l’intermezzo de la première histoire, tandis que  Santuzza  se retrouve dans les bras de Mamma Lucia dans  la deuxième.  La force  destructive de la jalousie est le point commun des deux œuvres et la confusion entre réalité et fiction est clairement le pivot de «  Pagliacci ». Quant à la jalousie, n’est-elle pas  elle aussi le fruit toxique d’un imaginaire qui prend ses doutes et ses craintes pour de la réalité? Pour couronner le tout, le temps de Pâques et  de l’Assomption se font la révérence, abolissant le temps  et le délires humains, en un clin d’œil farceur…

Cavalleria rusticana

 Créativité intense dans la recherche de l’esthétique : le plateau tournant permet l’utilisation de différents lieux du drame, en variant la profondeur de l’approche, comme une caméra de cinéma italien des années 50. Les moments « d’entre-deux » où l’on peut contempler en même temps la scène qui s’éloigne et  la suivante qui  est en train de surgir  se parent d’émotion presque métaphysique,  car  le spectateur cesse brutalement  de  participer directement  au drame pour accéder à une approche omniscient de l’action.  Esthétiquement, les différents moments de chaque tableau pourraient  chacun constituer des  tableaux très plastiques de la vie simple des petites gens. Pour exemple ces images captant la vie qui palpite dans l’atelier de pâtisserie où la pâte  généreuse se pétrit, la farine vole et les fours s’allument   et celle qui frémit dans la loge de théâtre et dans la salle de spectacles de "Pagliacci".  Les décors, c’est du Hopper live ! ...On est comblé. De très beaux mouvements de foule contribuent aussi  à lisser  le dénominateur commun des deux actions et de fondre  les deux œuvres l’une dans l’autre. 

Cavalleria-Rusticana-400x215.jpg

Interprétation primordiale : Dans ce genre d’opéra, en dehors des couleurs totalement pittoresques portées par un orchestre sous la baguette narrative d' Evelino Pido, l’interprétation est primordiale et le défi de chanter, jouer et convaincre est pleinement réussi dans cette extraordinaire  production de la Monnaie.   Pour les voix, nous avons été bouleversés par Mamma Lucia, plus vraie que tout, d'une cuisante d’humanité, incarnée à la perfection par Elena Zilio. Chacune de ses paroles, chacun de ses gestes pèse un million  d’affects et de justesse de sentiments. La jeune excommuniée, Santuzza (Eva-Maria Westbroek) aux abois est en tout point plus vraie que nature…et surtout stupéfiante dans ses côtés sombres. Elle est très convaincante aussi  dans ses échanges désespérés avec Turridu (Teodor Ilincai)   qui brandit de  très beaux vibratos. Le ténor projette avec éclat le machisme made in Italy et une violence qui n’a rien de larvé.  L’immense Sylvio, symbole du pouvoir et de la frime est joué par un formidable Dimitri Platanias, baryton plein de panache qui s’alimente  au monstre aux yeux verts de Shakespeare, mais n’aura jamais l’occasion de regretter son geste.

Pagliacci

Dans "Pagliacci", franchement plus manichéen, on retrouve une  très habile mise en abîme de scènes naïves de la Passion rappelant le temps de Pâques,  -  anges y compris - …alors  que les pittoresques processions mariales du 15 août que l'on a pu admirer dans le premier opéra devraient battre leur plein devant la salle des fêtes où se jouera le drame à 23 heures… Le personnage de Canio (Carlo Ventre) très attendu  et brillant dans son « Recitar ! - Vesti la giubba », impressionne tandis que le jeune couple Nedda-Silvio, joue l’amour innocent,  léger et bucolique. On est  franchement gâtés par les duos  de Simona Mihai et de Gabriele NaniEt Tonio (Scott Hendricks) s’avère bien  lourd, harcelant et écœurant, après un prologue pourtant très  "matter-of-fact" ... mais cela, c’est sans doute la faute au vérisme!  

Pagliacci

https://www.lamonnaie.be/fr/program/427-cavalleria-rusticana-pagliacci

Lire la suite...
administrateur théâtres

PATER aux Riches Claires jusqu'au 10 février!

L’image contient peut-être : 1 personneThe House is on fire! On ne peut pas dire  que la jeune femme  vive de souvenirs, elle n’en n’a plus. Ni de  même de photos.  Par contre, sa sensibilité artistique lui fait  rapporter son histoire personnelle à celle de ... la Sainte Barbe, décrite par Cranach l’Ancien! Comme dans une affaire  criminelle, elle met sur pied un patient travail de reconstitution, elle veut savoir pourquoi « il » est parti, « ille » est parti, laissant tout derrière lui : sa femme et ses deux filles. Lui le père Absent.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes souriantes, personnes debout

Roleplaying. Elle  fait comme si elle  rejouait  à la poupée. Cela lui permet de  prendre enfin les commandes de sa vie, en sculptant ses fantasmes sur une victime consentante. Pour combler l’absence, elle choisit   un  nouveau père, partenaire de chaque soir. Le dernier en date? Un pur marollien se prête au jeu. Louis a 78 ans, plein de mansuétude. Il est impeccablement habillé et véhicule un sourire … de bouddha. Lèvres serrées porteuses d’un éternel sourire, regard amusé,  il se laisse aller au jeu de la belle avec une sorte de bienveillance de bon papa ! Réussira-t-il à la reconstruire? Et pour ce père partenaire d’un soir, que d’émotions, de se retrouver, après avoir parcouru la partition l’après-midi  et à peine répété, devant un public. D’un côté  comme de l’autre des feux de la rampe, personne ne sait ce qui l’attend. Et la belle de se calibrer en justesse de ton, à chaque aventure.

In charge! Elle dirige les mises en scène avec une douce fermeté, ses  gestes ont la précision de ceux d’une infirmière.  Ses  images paternelles, elle les veut vivantes pour mieux les … mon enfant !   Elle parcourt invariablement les différents stades de son scénario. Elle se risque à les approcher pour ressentir la chaleur oubliée, perdue. La chaleur tout court. Le bonheur. Le dernier stade, c’est la Rédemption. Arrivée au village de l’enfance révolue près de Valenciennes, elle ira jusque devant la porte close, mais tirera-t-elle la sonnette? Osera-elle cette confrontation longuement fantasmée avec A comme Absent ou Ailleurs,  A comme …?  Ou recommencera-t-elle  inlassablement chaque soir et en boucle  à gravir les étapes  des impossibles retrouvailles?  Peut-être, qu’à force, l’expérience renouvelée chaque soir la rendra capable de se réconcilier avec elle-même d’abord, d’envisager de faire enfin son deuil et ne plus se laisser tenailler par le manque cruel?

La méthode de mise en scène se fonde sur un éventail de techniques très heureuses.  A travers la danse, les changements de costume, les bulles de rire,  les fragments de journal intime, le voyage,  la comédienne dissèque sa douleur et tisse une belle connivence avec le public. Les pensées de la jeune femme s’impriment  silencieusement en temps réel sur un écran. On est dans ses doigts, avide de deviner le mot qui  va se profiler  sur l’écran.  Il y a ce brillant  extrait de visite guidée de l’expo de maître Cranach à Bozar (2010)  qui  s’arrête sur le « Martyrdom of Saint Barbara, ca. 1510, Lucas Cranach the Elder », qui dépeint   les souffrances  de Sainte Barbe, martyrisée par un père jaloux. Un prénom, on l’avouera,  beaucoup plus joli en version anglaise,  ou …en chanson française !  Toutes deux, la sainte et Elle, Barbara,  partagent le mal du père… plus que celui de de la mer !  Il y a  aussi ces jeux avec le rétroprojecteur… au propre et au figuré!  Les crépitements de l’incendie de la maison natale… que l’on est impuissant à éteindre. Tandis que les  ravages de l’incendie se fondent avec l’œuvre de  l’artiste du 16e siècle, l’écho poétique de la voix de la comédienne brûle en volutes qui ensorcellent l’âme du spectateur. Il aura reçu en partage intime, l’authentique autobiographie  de Barbara Sylvain.  

https://lesrichesclaires.be/evenement/pater/ 

L’image contient peut-être : une personne ou plus

Lire la suite...
administrateur théâtres

« Métamorphoses » d’après Ovide 

Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont.

Edmond Rostand, Chantecler Acte I, scène 2

L’image contient peut-être : une personne ou plus

 

                                                       Le rideau rigide et noir se lève sur un paysage désolé d’arbres en postfabriqué,  ou en contre-plaqué, qui ressemblent  à de tristes poteaux télégraphiques… Mais…surprise!  Les voilà qui  communiquent encore! La preuve : cette séance d’extase  osmotique où  les neuf comédiens se sentiront tout à coup, partie de la vie secrète de l’arbre et de son flux vital. L’arbre est à jamais principe vital d’énergie et rêve collectif.  Pourtant,  les hommes ont détruit leur milieu naturel et des rescapés émergent d’un méchant abri, une bicoque bien top étroite pour tant de monde. Un  personnage se met à déchiffrer des pages d’un livre tombé du ciel.  Ce sont les premières  pages des « Métamorphoses » d’Ovide, livre fondateur. Elles sont lues avec chaleur respectueuse par  Laurent Tisseyre.  Le précieux  papier n’est-il pas métamorphose industrielle d’un arbre vivant et bruissant d’oiseaux désormais disparus?   Il n'y a plus que le verbe et les étreintes furtives pour relier puissamment les vivants. Il fera éclore des textes associés,  plantés comme des fleurs sur les lèvres des comédiens.

L’image contient peut-être : une personne ou plus, personnes sur scène, personnes qui dansent, personnes debout et gros plan

                                                         

                                                               La pièce  se fait foisonnement d’échos proches ou lointains, qui remue les cendres de mondes disparus pour en  recueillir les dernières germinations. De précieuses boutures dans des pots de fleurs  portent chacune  les prénoms des comédiens (Maxime (Anselin), François (Badoud), Dolorès (Delahaut), Stéphanie (Goemaere), Thierry (Lefèvre), Sylvie (Perederejew)Camille (Raséra), Hélène (Theunissen), Laurent (Tisseyre). Elles semblent  la seule richesse  qui a réussi à conserver la saveur du vivant. Elles reçoivent de tendres caresses et  des soins jaloux.   C’est au tour de Sylvie Perederejew d’entonner le chant du monde: « Tout change, rien ne périt ; le souffle vital circule, il va de-ci de-là et il prend possession à son gré des créatures les plus différentes ; des corps des bêtes il passe dans celui des hommes, du nôtre dans celui des bêtes ; mais il ne meurt jamais. »

L’image contient peut-être : 1 personne

                                                         C’est ensuite au tour du petit cahier de Kinji Imanishi de prendre son envol. Verba volant… scripta manent ! Années 30,  la  jeune écologue japonaise, craint de voir ses recherches interrompues par l'entrée en guerre du Japon. Elle a consigné dans un cahier d'école les principes et les intuitions qui ont guidé son travail sur le vivant. Tout n’est pas que concurrence et la sélection naturelle, elle propose une  sagesse et une vision nouvelle du tableau de la nature. Tous les organismes sont en relation.  Et ainsi de suite, la mosaïque de sagesses diverses se compose et s’enchaîne sous la direction de Pascal Crochet,  transformé en prophète. Sachez-le : selon Ovide, Pythagore, le premier,  fit grief aux hommes de servir sur les tables la chair des animaux mais  ne fut pas écouté… « Que votre bouche ne touche qu'à des aliments obtenus sans violence ! »  On  frissonne en écoutant la belle histoire d’amour de  Philemon et Baucis, ce vieux couple pieux fidèle et si hospitalier transformé en chêne et en tilleul à un seul tronc par les dieux Zeus et Hermes. 

                                                        Le spectacle bourgeonne sur plusieurs plans: non seulement à travers le florilège mais aussi à travers les chorégraphies, les jeux de lumières,  et le jeu théâtral et sur  différents niveaux, comme à l’opéra. Il y a notamment un  lieu d’ablutions lumineuses, où semblent  se jouer de multiples métamorphoses. Le rêve ?

                                                        Certains spectateurs ressortiront affectés, pour qui découvre l’urgence des soins que l’on doit apporter au chevet d’une nature moribonde, d’autres, déjà très sensibilisés  par la problématique ressortirons encore plus angoissés que nature, tant le message est pétri d’urgence. On constate que les comédiens ont  dû longuement travailler ensemble pour mettre au point ce  plaidoyer vibrant pour la survie du vivant. Comment ne pas adhérer à leur discours solidaire et généreux, artistique et poétique, où le plaidoyer pour l’arbre est intimement lié à celui de l’homme, comme le prouve le discours de Francis Hallé, une autre pépite générée par le brassage des Métamorphoses. C’est  véritablement  l’amplification théâtrale et les racines adventives du propos qui  importent.  Et le tout semble s’écouler,  comme  l’inéluctable fleuve du « panta rhei » du cher Héraclite.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes sur scène

                                                        Enfin, une pensée finira par ne plus pouvoir nous quitter: « Il m’apparaît de plus en plus clairement que nous sommes en train de créer les conditions de notre propre perdition… que nous nous autorisons toutes les bonnes choses dont nous jouissons aujourd’hui au détriment du futur. Nous n’avons pas le droit d’hypothéquer l’existence des générations futures à cause de notre simple laisser-aller. Nous devons nous poser la question, et c’est un commandement moral : qu’avons-nous le droit de faire ou de ne pas faire ? On ne devrait plus s’interroger sur ce que l’homme peut découvrir et développer, mais plutôt se demander ce que la nature est encore capable de supporter. Notre appétit de consommation ne doit pas constamment croître comme ce fût le cas jusqu’à présent. Nous sommes dans une situation clinique, au chevet d’un malade. Et nous sommes ici simultanément les patients et les médecins. Si nous ne sommes pas prêts au sacrifice, il n’y a guère d’espoir. »  

                                                       La salle, remplie de jeunes des écoles médusés,  écoute le message polysémique. Les uns avec consternation,  d’autres, bouleversés jusqu’aux larmes devant la neige noire qui tombe sur la cabane, alors que des voix étranges aux messages incompréhensibles  investissent les « arbres ». Cependant que  les comédiens,  tels les  bourgeois de Calais marchant au supplice, regardent le corps nu d’une femme se fondre et s’unir à la terre… Voilà donc une épopée philosophique grand format assez effrayante,  mais qui remet la sacralité de la vie et la renaissance au premier plan!

http://theatre-martyrs.be/saison/metamorphoses/1D4EF2AE-01CE-0DBF-02AB-BE93A00D9A03/

 

JEU Maxime AnselinFrançois BadoudDolorès DelahautStéphanie Goemaere, Thierry Lefèvre, Sylvie PerederejewCamille RaséraHélène TheunissenLaurent Tisseyre
SCÉNOGRAPHIE & COSTUMES Satu Peltoniemi
TRAVAIL DU MOUVEMENT Anne-Rose Goyet
COSTUMES Anne Compère
CRÉATION SONORE Raymond Delepierre & Pascal Crochet
CRÉATION LUMIÈRES Florence Richard
RÉGIE Nicola Pavoni & Justine Hautenauve
DIRECTION TECHNIQUE / CONSTRUCTION DU DÉCOR Stéphane Ledune, Frédéric Nicaise & Simon Detienne
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Boriana Todorova
CONCEPTION & MISE EN SCÈNE Pascal Crochet

PRODUCTION Théâtre en Liberté
COPRODUCTION La Coop asbl
Avec l’aide de Distinguo et le soutien du Centre Des Arts Scéniques.
Avec le soutien de Shelterprod, Taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.

Photos : Isabelle De Beir

 

On en parle dans la presse :

 http://www.lalibre.be/culture/scenes/metamorphoses-sculpturales-aux-martyrs-5a57c982cd7083db8b82f592

http://www.lesuricate.org/metamorphoses-dovide-theatre-martyrs/

http://focus.levif.be/culture/scenes/critique-theatre-ovide-au-camping/article-normal-785519.html

Dossier pédagogique: http://theatre-martyrs.be/wp-content/uploads/2017/12/TMADOSPED-M%C3%A9tamorphoses.pdf

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Chronique de chronique !

 Le monde selon Gardner

Vivre ! Face aux tragédies de  leur histoire,  les juifs proposent un mécanisme de défense : l'humour juif, un rire  qui est à prendre au sérieux et est une formidable réponse à l'antisémitisme.  Le «Maître» étalon moderne de cet humour étant  Woody Allen. Dans« Conversations avec mon père » comédie dramatique de Herb Gardner, (New York 1992) on peut observer une peinture éclatée  de l’Amérique juive new-yorkaise de 1936 à 1976. L’avènement de la parole  joue dans cette pièce un rôle  crucial.

17-conversations-lancon4.jpgThe American Dream: you’re most welcome in the Melting Pot! A quel prix ?  La reconstitution de la saga familiale explosée en  avalanches de flashbacks en présence d’un témoin contemporain (Charlie, Axel De Booseré)  expose  de façon lucide et jubilatoire la  question  de l’exil, des souvenirs du pays d’origine, de l’intégration du migrant dans la communauté,  du  douloureux abandon ou non  de la culture propre,  au profit d’un métissage avec la culture d’adoption. Les ravages de l’antisémitisme. Sur le plan universel,  que transmet-on à nos enfants, de générations entre générations, quelle est la définition d’un bon père, d’une bonne mère, d’enfants heureux ? La complexité des rapports familiaux et-elle la même à travers toutes les cultures, Quel rapport a-t-on, ou pas, avec la religion officielle du groupe?  Bref, qu’est-ce qu’une culture?  Tout au long de cette épopée familiale, on prend  conscience de façon de plus en plus  émouvante de la difficulté d’être. Un thème shakespearien.

La mise  en scène parfaitement scandée et éclairée est signée Jean-Claude Berutti.  La figure paternelle indestructible  du jeune Charles et de son frère, n’est autre qu’Itsik Elbaz, un personnage bourré de contradictions et qui s’avère de plus en plus incandescent au fur et à mesure que la pièce s'enflamme. Itsik Elbaz jouait l’an dernier dans « Pour en finir avec la question juive » au théâtre le Public.    Le reste des 11 comédiens est une formidable palette d’artistes qui partagent visiblement leur  félicité théâtrale autant  sur  la scène qu’avec le public. Rien n’étant plus important dans la culture juive que les noms,  citons-les gaiement: François Bertrand, William Clobus, Axel De Booseré, Ferdinand DespyItsik Elbaz, Antoine Herbulot, Clément Papachristou, Bernadette Riga, Marvin Schlick, Lotfi Yahya Jedidi, Aylin Yay

17-conversations-lancon2.jpg

 

 Patron du café couleur tabac,  rebaptisé de façon caustique The Flamingo, Itzhak Goldberg, nouvellement dénommé Eddie Ross,  cherche à  faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Son esprit lucratif naturel va-t-il aller jusqu’aux compromissions ? Sacrifiera-t-il sa liberté ou gardera-t-il sa dignité? Gusta-Gloria, la mère, marquée par le Shtetl natal  vestale de lointains souvenirs, reste étrangère et est la plupart du temps hors-jeu. Elle cuisine, elle chante des berceuses, elle veille sur les lanternes rouges disposées sur les tables du café,  refuse de parler autre chose que du yiddish.  La comédienne  se nomme Aylin Yay.    Charlie, le fils cadet refuse tout bonnement de parler… avant trois ans, comme Einstein? Il se réfugie dans l’écriture. Il  deviendra une plume d’or.  Le frère, Joey se fait malmener pour ses origines  par les boys de l’école et des quartiers avoisinants. La guerre des gangs en miniature. Le harcèlement en grand format! Il recevra les plus hautes marques d’honneur militaire américain. Le père, ancien boxeur, veut être américain à tout prix.  Il sait ce que la différence implique en termes de rejet et fait l’impossible pari de s’assimiler. Il verra sa parole abolie.   Les tranches de vie se déroulent sous le  regard  placide d’une tête de bison et  l’impénétrable sourire du président Roosevelt accroché à un mur du café. Zaretsky, le locataire, un vieil acteur magnifiquement joué par l’innénarrable Lotfi Yahya Jedidi,  fulmine contre la mauvaise bonne idée du patron. Il proclame : « Moi au moins, je reste  moi ».  Leur disputes sont homériques, le public savoure.  Le pittoresque ravit. Les rires alternent avec les pleurs. La question de l’Absolu interpelle.  S’il y a un bémol, c’est celui de la projection des voix, qui pour cause de mise en scène, ne font souvent pas face au public. Évitez donc les bas-côtés de la salle!

17-conversations-lancon1.jpg  

Le spectateur est  emportés dans l’océan de sentiments exacerbés et profondément humains comme dans le ‘Fiddler on the Roof’ et traverse avec délices les murs du non-dit grâce au talent conjugué de cette bande de saltimbanques  si différents et si attachants. Notamment  les jeunes William Clobus et Antoine Herbulot.  Ils ont l’art de dire, de conter et de jouer bonheurs, souffrances et déchirements  qui surnagent  inévitablement après la violence infligée aux Juifs lors des pogroms en Russie et  celle des persécutions de la barbarie nazie. Des souffrances qui habitent encore en 1976, ce café de Canal street, à New-York.

17-conversations-lancon6.jpg

 

http://www.atjv.be/Conversations-avec-mon-pere

Toute la distribution

Auteur Herb Gardner-Version française Jean-Claude Grumberg-Mise en scène Jean-Claude Berutti-AvecFrançois Bertrand (Nick), William Clobus (Charlie à 12 ans), Axel De Booseré (Charlie), Ferdinand Despy (Sammy / Monsieur Bleu), Itsik Elbaz (Eddie), Antoine Herbulot (Joey à 12 ans / Finney), Clément Papachristou (Joey), Bernadette Riga (Hannah), Marvin Schlick (Jimmy Scalso), Lotfi Yahya Jedidi (Zaretsky), Aylin Yay (Gusta)-Assistant à la mise en scène François Bertrand-Scénographie Rudy Sabounghi-Costumes Colette Huchard-Maquillages et coiffures Rebecca Flores-Lumières Christophe Forey-Réalisation des décors et des costumes Ateliers du Théâtre de Liège-Création son Pierre Dodinval

mardi 30 janvier20h30
mercredi 31 janvier20h30
jeudi 01 février19h30
vendredi 02 février20h30
samedi 03 février20h30
dimanche 04 février16h00
mardi 06 février20h30
mercredi 07 février20h30
jeudi 08 février19h30Rencontre avec les artistes
vendredi 09 février20h30

 

Liens utiles :

Note d'intention

 http://arts-sceniques.be/rencontre/conversations-avec-mon-pere/

Lire la suite...
administrateur théâtres

                                                     Tout fout le camp ! Même les contes pour enfants! 

Si vous pensez que Blanche-Neige et les 7 nains parle du harcèlement sexuel par des nains à genoux sur mineure réduite à l’esclavage domestique sur fond de misère sociale urbaine, que Pinocchio évoque la  pédophilie sur garçon appareillé par personne dépositaire de l’autorité parentale, associée à des actes de zoophilie sur le pauvre criquet qui tente de donner son avis, que  Fantasia est le symbole d’une grossophobie revendiquée  qui force des hippopotames à faire des demi-pointes en tutu rose bonbon, c’est que votre Waltophobie moderniste est mûre et  impatiente d'être partagée! Et vous adorerez ce spectacle!

Vous clamez qu'un syndrome de Walt avéré fait immanquablement confondre rêve et réalité, ce qui témoignage d’un âge mental voisinant les quatre ans.  C'est oublier au passage,  que vous-même bénéficiez de ces  mythes fondateurs  qui dans votre enfance ont pu vous conduire vers la bénéfique séparation du bien et du mal, celle du vrai et de l’imaginaire, et vers l’accession à la liberté de l’âge adulte. Et si ce n'est chose faite,  voilà qu'on incrimine,  pour les quarantenaires et les plus jeunes, l’emprise de l'image cinématographique, qui, bien moins que la tradition orale ou la lecture, permet à l’imagination de prendre son envol. Triste réalité!  Adieu donc: rêves, poésie, distanciation et humour! Et bonjour la loufoquerie et le délire stérile! 

Ah! Le monde passionnant!  

Régulièrement envoyé sur la piste des élucubrations psycho-sociales du spectacle, le psy de service qui  gère les différents cas clinique, n’est pas sûr de soigner sa patientèle victime  de Walt car lui-même - Shocking, isn't it? - est un prédateur sexuel!  Lui  non plus,  ne peut résister devant une femme endormie...  C’est l’occasion de rappeler la réalité. Celle de la récente révolte d’une mère de famille anglaise, avocate de surcroît*, qui brexite à mort  pour que les contes, qui  ont fait jusqu' aujourd’hui  les fondements de notre subconscient - lisez à ce propos l’ouvrage bien connu de Bruno Bettelheim «La psychologie des contes de fées » - , soient enfin détachés de leur contenu ouvertement machiste! En clair pour cette éminente dame, le baiser du prince donné à  la Belle au Bois dormant, c’est  carrément l’apologie de l'agression sexuelle! On le constate, celle qui fait la une des journaux, est bien atteinte, à contre sens, par ce fameux Syndrome de Walt, et s'avère sans doute incurable!

Mais revenons sur les planches! Si les trois comédiens dévoués ont  dépensé une  énergie fantastique  pour faire de leur spectacle un grand moment de divertissement  délirant, les tranches d’humour noir truffé de rose  bébé,  apparaissent de moins en moins  délectables. Mais c'est la deuxième saison,  ils cartonnent et on se réjouit.  La salle bien bondée rit, s’esclaffe,  et une critique quidam au fond de la salle, qui rêvait de féerie et de chansons waldisniaques sans mélange des genres, parodiées avec humour certes, mais avec l’élégance poétique requise, fut sur le coup, finalement passablement déçue.

L’idée de départ était pourtant excellente. Ils  eussent pu jouer haut et sans filets! Tant qu’à faire, un souffle iconoclaste moins dispersé, moins de demi-teintes et de vagabondages sociologiques et plus de férocité eussent sans doute mieux emporté le morceau. S’il faut renverser les idoles - d’où qu’elles viennent - et savourer la griserie de la moquerie, que celle-ci soit alors vraiment  pure et dure, et crue à souhait! Que l’on ricane alors franchement! 

Rester dans l’entre-deux hybride mi-figue mi-raisin,  déforce l’entreprise et  a engendré  le désintérêt  progressif de la spectatrice peu convaincue.  Comment, dès lors, ne pas se contenter de se  gausser du maniérisme sociologique politically correct  ambiant et  de  compatir muettement avec le regard de gosses de 8/12 ans partant baillant derrière leurs parents en traînant les pieds?

https://lesrichesclaires.be/evenement/le-syndrome-de-walt-2/

https://lesrichesclaires.be/fiche-descriptive-syndrome-de-walt/

Distribution

Texte DE

Cécile Delberghe et Eric De Staercke

MISE EN SCÈNE

Eric De Staercke, assisté de Joséphine de Renesse

AVEC

Cécile Delberghe , Simon Hommé et Benjamin Torrini

MUSIQUE

Eloi Baudimont

COSTUMES

Raphaëlle Debattice

DÉCORS

Benoît Cogels

CRÉATION LUMIÈRES

Frédéric Delhaye et Benoît Guilbert

Du 14 au 31 décembre 2017

Les Riches-Claires
Rue des Riches Claires, 24 1000 

http://www.lesrichesclaires.be 
accueil@lesrichesclaires.be 
02-548.25.80

Lire la suite...
administrateur théâtres

Le titre est franchement plus sarcastique en anglais : How the Other Half Loves… Mais la référence,  coup de griffe à l’œuvre proustienne, ne manque certes pas de sel…   La  pièce (1969) a lancé le succès fulgurant de l’auteur dramatique anglais Alan Ayckbourn, probablement le dramaturge anglais  le plus joué après Shakespeare, avec plus de 80 pièces. Il  fut anobli par la Reine Elizabeth II en 1997  "pour services rendus au théâtre".

Daniel Hanssens  en signe la mise en scène et l’adaptation.    Laure Godisiabois, Frédéric Nyssen, Catherine Decrolier, Pierre Poucet, Amélie Saye, Thomas Demarez sont les joyeux lurons qui feront de cette œuvre un festival d’humour burlesque féroce et se partagent le carnage domestique. Le réalisateur, producteur Francis Veber, auteur du « Dîner de cons »  en fit la première adaptation pour le théâtre de la Madeleine à Paris en 1971.  

L’image contient peut-être : 1 personne, assis et intérieur

Il y a deux couples voisins : Frank et Fiona Foster, couple distant  bon chic bon genre,  vs Bob et Terry Phillips, plutôt peuple, orageux et déjanté!  On découvre la   relation adultère entre un homme marié (Bob) et la femme de son patron (Fiona)  et leurs tentatives  pour couvrir leurs traces en  utilisant un troisième couple, William  et Mary Featherstone qui doit être leur alibi.  Une série de malentendus, de conflits et de révélations ne manque pas d’éclore à chaque pas. Le terrain est miné et  fait trembler le plateau divisé en deux appart’ début des années 70dans les chaudes couleurs orange. Ils sont  tellement  identiques qu’ils se confondent et partagent la même table de cuisine ou de salle à manger, avec une même nappe, à  part sa couleur! All on the same boat ! Costumes d’époque.  L’effet de théâtre absurde bien inventé dure à souhait, conforté par  une  même sonnerie de téléphones fantômes. Les couples se frôlent sans se voir ni se cogner, se parlent sans savoir que les autres sont là! Sacré vertige pour le spectateur admis dans le secret des dieux!  C’est notre partie préférée.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout, table et intérieur

 On peut aussi pointer le contraste intéressant entre la nature des relations entre Fosters et Phillips  qui est  accentué par la différence visuelle dans leurs espaces de vie et leurs meubles respectifs, tout en coexistant dans le même espace  scénique. Jolie entourloupe : lorsqu'on leur a demandé où ils se trouvaient, Bob et Fiona mentent chacun à leur conjoint, prétendant avoir dû réconforter, respectivement, William et Mary Featherstone. Encore un couple très bien campé. Mary va-elle prendre sa revanche sur un mari qui la contrôle, et l’intimide à mort? Le conflit de Teresa et Bob culmine quant à lui lorsqu’ils s’arrachent sur une progéniture envahissante et intempestive qui enchaîne les bêtises. L’action burlesque violente sur scène  culmine autour de la table d’invités,  remettra-t-elle tous les compteurs à zéro ? La  sauvagerie comique délirante est grinçante à souhait.  Poivrez  le tout cela d’appels téléphoniques fantômes,  et vous aurez la recette d’une comédie pathétique et  désopilante, signée par notre amoureux des lettres anglaises, Daniel Hanssens et qui vous promène dans les mécaniques boulevardières  avec le plus grand sérieux sarcastique.  

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout et intérieur

« Du côté de chez l'autre »
d'Alan Ayckbourn

Crédit photos : Grégory Navarra

 

Du 5 au 9 décembre au Centre Culturel d'Auderghem – CCA

Spectacle des fêtes 

 


Du 15 au 31 décembre au Centre Culturel d'Uccle

Infos & Réservations : 02/560.21.21 ou comediedebruxelles.be

L’image contient peut-être : 6 personnes, personnes debout

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Une mise en scène de Nele Paxinou, et le texte de François Ost (editions Lansman)

Camille

François Ost

Adaptation François Ost, Nele Paxinou
Mise en scène Nele Paxinou
Avec Marie Avril, Virgile Magniette, Bernard Sens
Danseurs Robin Capelle, Juliette Colmant, Caroline Givron

15-camille093.jpg

De quoi ça parle?
 

 Qui ne connaît pas le  destin tragique de Camille Claudel, sœur de l’éminent poète  chrétien et diplomate français Paul Claudel? On se souvient au moins du film Camille Claudel de Bruno Nuytten dans lequel Isabelle Adjani incarnait Camille et Gérard Depardieu Rodin. Le film  fut couronné cinq fois aux César du cinéma 1989 et nommé aux Oscars. Auguste Rodin, impressionné par le caractère innovant et  la solidité de son travail, fait entrer  la jeune Camille, comme praticienne à son atelier de la rue de l'Université en 1885 et c'est ainsi qu'elle collabora à l'exécution des « Portes de l'Enfer » et au monument des « Bourgeois de Calais ». Ayant quitté sa famille pour l'amour de Rodin, elle travaille plusieurs années  à son service, négligeant sa propre création.  Qui de l’élève ou du maître inspire  ou copie l'autre ? L'amour ne distingue pas.  Mais considérée par sa famille comme une dévergondée, elle est rejetée brutalement.  Rodin ne peut se résoudre à quitter Rose Beuret, sa compagne dévouée… pour l’épouser.   La rupture définitive est consommée en 1898.  Camille s’installe alors 19 quai Bourbon et poursuit sa quête artistique dans  la plus grande solitude, malgré l’appui de  quelques critiques. Camille craint à tout moment que Rodin n’envoie des inconnus pour lui dérober ses œuvres. Elle vit  dans une grande détresse physique et morale, ne se nourrissant plus et se méfiant de tous. Son père, son soutien de toujours,  mourra le 3 mars 1913. Pourvue d’une  mère, incapable d’amour vis-à-vis de sa fille  elle  sera internée le 10 mars à Ville-Evrard puis transférée, à cause de la guerre, à Villeneuve-lès-Avignon Elle  y végétera et y mourra trente ans plus tard, le 19 octobre 1943, privée de tout contact avec sa famille et ses amis.  Un destin que l’on  peut comparer à celui de Zelda,  la femme de  Francis Scott Fitzgerald, l’auteur de « Gastby le magnifique » ,une autre femme subissant  l’injuste condition de la femme à la fin du XIXe siècle et le plagiat artistique.  

Et alors?camille-claudel-valse-figurine-sculpture.jpg

L'idée de débuter la pièce par l’internement psychiatrique et la fin de vie de Camille Claudel, permet de  prendre de plein fouet  l’injustice faite à cette femme qui eut le tort de se vouloir, libre, amoureuse et artiste et qui sombrera, privée de tout,  lâchée par tous, dans la déchéance absolue. C’est l’idée de l’auteur, suivie d’ailleurs par la metteuse en scène, Nele Paxinou,  qui a su ressusciter par la puissance de sa théâtralité le conflit des énergies,  et donner aux personnages des contours absolument poignants nimbés dans la poésie et l’humanité propres aux œuvres de Camille! On apprécie particulièrement  la présence très vivante de deux danseurs, un  homme une femme qui,  tout au long de la représentation, soulignent  les dialogues par de  précieuses chorégraphies très bien pensées. Leurs visages restent immuablement neutres mais leurs corps  semblent répéter en  variations  mobiles  toutes les émotions des comédiens.  Les deux figures de sable ou de glaise, dont la nudité semble surgir de la terre, dorée par les jeux de lumière sont là pour évoquer de façon fascinante les émouvantes sculptures de l’artiste et la force de ses créations. La musique est celle d’impressionnistes français, en hommage à Debussy. Il faut  bien cela pour supporter la tension du texte de François Ost,  qui déroule les épisodes de la vie antérieure de la jeune femme, avant son internement infâmant et permet d’exploiter tout le potentiel du rêve artistique de la jeune femme! Face à  l’amant, sculpteur prométhéen, génie du feu, et le frère, poète mystique, génie aérien, elle incarne la fertilité et l’énergie de  la terre .  Tandis que  le texte  célèbre la liberté  de la Chèvre de Monsieur Seguin, celle-ci est victime d’une mort pernicieuse programmée par le génie masculin.

 

Et le casting? 

Irréprochable ! Une rage, « Evidemment, je lui faisais de l’ombre. Mère de son enfant, je n’étais plus la gentille-jolie élève, je devenais Madame Rodin ! La maternité, c’est pour Rose ; les cours particuliers, c’est pour Camille ; chaque chose à sa place, un temps pour tout. Surtout ne pas troubler le confort du Maître ! Ah tu ne veux pas vivre avec moi, et bien ta fille tu ne la verras jamais ! Envolée, délivrée, Galatée ! »  Un génie à l’œuvre « Regarde, la roche devient luisante, elle me sourit. Elle brille comme un miroir. Et elle rend un autre son, sous les coups de ciseau. Ah, Camille Claudel, SCULPTEUR !» Enfin, la fureur de création, tout est magnifiquement emmené et campé par la comédienne Marie Avril, dont la voix, la diction et le timbre sont un délice  pour l’oreille ! Paul Claudel/ Virgile Magniette, le frère  apparaît sans caricature, décapé du lustre dont il se pare, car on ne voit plus que son âme grise. Parfait ! Et Rodin, …est d’une  savante justesse théâtrale.  Bernard Sens

 

Que demander de plus?  

La Note de la metteuse en scène: 
Avec passion, j’ai voué ma vie au théâtre. J’ai fondé en 1980 Les Baladins du Miroir, théâtre itinérant
sous chapiteau, théâtre total mêlant le jeu de l’acteur à la musique et à l’acrobatie. Aujourd’hui, j’ai
atteint mon objectif : partager la culture en faisant découvrir nos grands auteurs (Molière, Shakespeare,
Ghelderode, Cervantès, Voltaire,..etc.) à un très large public. La renommée des Baladins du
Miroir a traversé les frontières et nous avons jusqu’ici touché quelque 700.000 spectateurs.
Lorsque j’ai remis les rênes de la compagnie à Gaspar Leclère, j’ai décidé de prendre un nouveau
départ en créant la société Vitaly Production qui s’est assigné une mission vitale : mettre en valeur
des artistes d’aujourd’hui qui nous interpellent.
Ma rencontre avec François Ost répond à cette attente. Il nous propose dans un très beau texte –
nominé au prix littéraire du Parlement de la Communauté Wallonie Bruxelles 2014 – un nouvel éclairage
sur l’œuvre et le personnage de Camille Claudel.
Femme et sculpteur de génie, elle a réussi à imposer son art dans un monde d’hommes et dans une
société bien-pensante où la femme restait vouée au sexe et à la maternité.
Camille revendique une vie libre. Elle vit une passion amoureuse avec Auguste Rodin. Bientôt bafouée
par son amant et maintenue enfermée ensuite dans un asile par la lâcheté d’un autre homme, son
frère Paul Claudel, elle revendique pleinement une place vouée à la création.
Je voudrais accompagner, faire résonner encore son geste créateur, célébrer sa mémoire, bien audelà
de l’anecdote, en la conduisant là où elle nous attend : le moment précis où LA VIE SURGIT DE
LA PIERRE.


Nele Paxinou

http://www.atjv.be/Camille

L’image contient peut-être : 1 personne, barbe, texte qui dit ’CAMILLE Centre culturel de Nivelles Jeudi 5 mars 2020 à 20h’

  

Lire la suite...
administrateur théâtres

Second Degré

...comme on les aime !

Déflagration : entre fable d’histoire naturelle et scalpel qui dépiaute les maladies de la société, Geneviève Damas se livre, sur papier et sur le plateau, au propre et au figuré, sans réserves comme si l’urgence était de sauver une espèce en voie de disparition, celle de la femme vivante, animale, animée de désir, prête à risque tout pour vivre sa vie de chèvre de Monsieur Seguin : enfin libre d’ « être », même au risque de se faite dévorer. Plutôt que de se sentir la corde au cou, corvéable à merci et d’être rangée parmi les robots nés pour servir les hommes. C’est dit. Bien qu’à demi-mots. Car la peine profonde reste toujours très silencieuse si pas muette.

LaSolitudeDuMammouth-DominiqueBreda5 Bérénice est une femme parfaite, comme dans American Beauty. Elle fait tout, contrôle tout, jusqu’au moindre brin d’herbe du gazon, jusqu’au nombre de pommes du pommier qui trône dans son paradis sur terre. Mais elle se meurt aux côtés de son professeur de mari, qui ne rêve qu’à ses palmes académiques. Sauf que, lorsque son mec, met les bouts avec une jeune et ravissante monture pour ses ébats amoureux, elle s’écroule d’abord, et croque ensuite avec délices, question de se relever, la pomme de la vengeance. Plus la violence est dissimulée, plus elle la galvanise. Elle perd tout principe moral, toute notion de civilisation et renoue dans un crescendo renversant, avec la sauvagerie originelle. Là est la fable. Le rire salvateur est au rendez-vous, il fuse à chaque ligne du monologue. Le jeu théâtral et la mise en scène sont succulents. On ressort rincé et rafraîchi par ce déluge de fantasmes qui déboulent sur scène et dans le texte, au rythme d’une révolution cosmique. Bousculant tous les codes, retournant toutes les médailles, faisant feu de la moindre convention, l’écriture est incisive et tranchante. Le texte se dévide, implacable. La mise en scène des frustrations et des désillusions sonne on ne peut plus juste …et la vengeance sophiste sur l’estrade sera caricaturale. Une fausse justice fait écho à une cause désespérée !

Geneviève Damas pendant une répétition de "La Solitude du Mammouth"

Grande habileté artistique due à la connivence des artistes, Emmanuel Dekoninck, le metteur en scène, joue un duo parfait de ce texte bourré de dynamite, avec la romancière et la comédienne, Geneviève Damas. L’action se précise au rythme corrosif d’un succulent thriller, qui n’est pas sans rappeler des nouvelles de Roald Dahl ou des romans de Barbara Abel.

25158013_1895501763798032_8434870910700125811_n.png?oh=c64d9c143c839e2fe8e7164aced5fcf8&oe=5A88EF33Aussi désillusionnée qu’une Madame Bovary, Bérénice déclare la guerre à qui lui a ravi son désir, rendu la vie étriquée, mis les sentiments aux abonnés absents …. Comme Médée, cette Bérénice a deux enfants. Ils sont invisibles, Rufus et Paëlla. Elle les laisse sans vergogne aux soins de la voisine. Qui sait, une chance pour eux ? Au passage, quelle preuve de désamour que ces noms-là ! Et comme la Médée antique, elle découvre la cruauté sans limites, se servant de la vengeance pour combler son abandon et y survivre. La loi sauvage du plus fort prévaudra. C’est comme cela, en histoire naturelle. La caricature est diablement efficace. Il n’y a rien d’innocent dans la démarche. Et il y a des plumes à perdre pour certains adeptes des robots féminins living in a Perfect World !

http://theatre-martyrs.be/saison/la-solitude-du-mammouth/8FE8AF55-D332-B17E-18F4-9A1A90CD7F22/

La solitude du mammouth

Lire la suite...
administrateur théâtres

LES FAUX BRITISH

De Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields


Mise en scène : Gwen Aduh. Avec (en alternance) : Baptiste Blampain, Benjamin Boutboul, Bénédicte Chabot, Laure Chartier, Damien De Dobbeleer, Laure Godisiabois, Michel Kacenelenbogen, Cachou Kirsch, David Leclercq, Gaëtan Lejeune, Bruno Mullenaerts, Thibaut Nève, Simon Paco et Simon Wauters.

DU 18/10/17 AU 31/12/17

Annoncé comme génial, subtil et drôle, ce spectacle met en scène une bande d’artistes professionnels très généreux que l’on adore, surtout Laure G., qui en profitent pour s’éclater cul par-dessus tête dans les situations totalement absurdes. Grand bien leur fasse!  Une belle façon d’envoyer en l’air une année couverte de bleus et de blessures, d’envoyer paître tracas, flétrissures et pollution de la planète. Certes, ceux qui adorent les cascades à répétition, trouvent drôle le principe de la chute à répétions, de l’accident basé sur le même  modèle, de la catastrophe érigée en crédo,  ils riront aux éclats et mettront fort mal à l’aise les rares spectateurs qui ne partagent pas cet humour de bandes dessinées abrupt, intempestif, convulsif et ricanant.

A première vue, c’est donc drôle. Et il y a des étudiants que cela amuse vraiment de rendre feuille blanche!  Mis à part le décor qui lui s’applique à faire  un copié collé des pièces d’AGATHA  CHRISTIE, tout sonne profondément creux.  Malgré les murs en lambris de vieux chêne assortis à l’auguste horloge qui n’avance pas d’une seconde, la cheminée où flambe le charbon, la peau de tigre transformée en carpette en mouton, la desserte pour le whisky étiqueté façon ammoniac ou arsenic, et le sofa vert façon "couch",  d’où l’on contemple portraits d’ancêtres - bêtes ou gens ? -  ainsi que trophées de chasse qui ne cessent de s’effondrer, ...il n’y a rien d’anglais dans cette représentation. Donc pour être faux, c’est complètement faux. Les auteurs ont  bien raison, en ce qui concerne le titre.

Et pour preuve aussi,  la surabondance de l’excitation hystérique, de la cacophonie, l’absence totale de retenue, l’absence complète d’humour dit "anglais" flanqué de ses  savoureux  "understatements" tellement dévastateurs et efficaces, et que l’on attend toujours. Waiting for Godot!

On cherche en vain la parodie, car parodie se concocte dans les  ressemblances! Tout  au contraire, on se trouve à l’autre extrême, dans le bruit et  la férocité, les hurlements tous azimuts,  les embrouilles  d’une action qui n’existe pas, d’un texte non abouti, de répliques non connues, d’improvisations factices, de bout de textes tâtonnés, juste bons à jeter que l'on se plait même à répéter trois fois... à cours de mots ou d'inspiration ou parce que le disque est rayé? Le comique de situation est supposé faire tout!   Bref voilà un vaudeville policier totalement latin et déjanté, si c'est cela que l'on aime.

Ah! ils voulaient faire du Magritte, me direz-vous? Puisqu’on fête l’anniversaire de sa mort! Déstructurer et découvrir une réalité surréaliste!  Ceci est un trousseau de clefs dit-il en saisissant le vase chinois…  Bien vu !  Sauf que ce qui s’applique au vrai théâtre de l’absurde, version anglaise ou française avec des noms tels que  Beckett, Ionesco ou leurs héritiers Pinter, Arrabal, ou Tom Stoppard … ne s’applique vraiment pas à ce trio d’auteurs sortis d’on en sait zou ni à un texte démuni de  la moindre charge dramatique! On ne peut même pas dire que c’est « du vent ! » car dans le vent, il y a tant d’esprit ! Du vide sans doute, pathétique et désespérant. Alors, nous, les dindons de la farce, on ne rit pas!  Sorry guys, not my cup of tea! Mais notre avis importe peu puisque tous les billets sont achetés et qu’on en redemande. Las, pour nous, sapiosensuels que nous sommes,  un roi nu est bien nu!

       Résultat de recherche d'images pour "faux british photos"

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=506

Lire la suite...
administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout et texteC’est … Spectaculaire! Le jeune Georges Lini et son comparse Stéphane Fenocchi avaient bien juré de se faire un jour un Feydeau, mais  sorti des ornières des calèches du temps passé. Ni crinolines, ni chapeaux, ni salons précieux et leurs antichambres.   Voici une version vraiment funambule de ce vaudeville où le théâtre de corps balaye tous les accessoires, les ornements, les portes qui claquent et les lambris dorés. Le rideau se lève sur un toit en légère pente?  Le pont d’un navire? La tombe grise et nue  de l’écrivain ravi de voir ses personnages sortir de l’ombre? Un observatoire noyé par les vanités ? Une société contemporaine exsangue désarticulée par l’urgence de l’action ?  

C’est … Impressionnant!  Avec son architecture invraisemblable de jeu de dupes et  la mise en place de triples quiproquos, c’est comme qui dirait, une analyse entomologique  d’une crise qui s’enclenche dans une inexorable mécanique comme les  pratique le maitre de l’absurde, du paradoxe, du comique et des situations hallucinantes... Dynamique infernale d’autodestruction?  Pour ce faire,  les comédiens-acrobates chaussés de semelles antidérapantes  jouent haut et sans filets, carrément perchés sur les toits. Ils jaillissent comme de diables de leurs lucarnes aussitôt refermées avec fracas, l’air est-il si irrespirable ? Sont-ils des survivants?  Ils  s’accrochent comme ils peuvent dans leur monde en dérive, surnagent grâce au texte qui résiste, sans le moindre silence!  Les trappes s’ouvrent et se ferment comme autant de pièges, la pente devient de plus en plus vertigineuse. On  redoute la chute ?   C’est … Surprenant. C’est … Affolant. C’est … Angoissant ! Personne n’ose prononcer le mot qui  vient pourtant aux lèvres de tous : ... Fou ?  

Cette aventure de cordée impossible est servie par une distribution parfaite. A commencer par Marie-Paule Kumps  en belle-mère diabolique et   sa fille Yvonne délaissée par son jeune mari médecin,  une très élégante  Isabelle Defossé.  France Bastoen campe Suzanne Aubin, entendez - Suzanne au bain - une voluptueuse maîtresse de  Moulineaux, un Stéphane Fenocchi omniprésent.  Etienne, le maître des entrées et des sorties, c’est le sympathique Michel Gautier. Anatole Aubin l’autre mari-volage, c’est  le vertigineux Eric De Staercke, le champion des  glissades et entrechats sur les toits. Quelle divine souplesse!  Restent l’agent immobilier, un rôle taillé sur mesures pour Thierry Janssen et une inénarrable  gamine plus que  délurée,  cuvée 2000 : Louise Jacob.  Tous, plus pressés les uns que les autres, ils taillent le verbe et l’action sans le moindre répit dans un crescendo rythmique renversant.   Le spectateur  se sent   aspiré  par le  vertige  final. La dépense physique et émotionnelle de comédiens, hommes et femmes est totale. Quel modèle d’investissement et de don de soi ! Le public qui a ri aux éclats a été  profondément remué au passage, par cette  comète  d’ironie infernale si bien orchestrée qui fuse de toutes parts.    

C’est …  hallucinant.

Déjà vigoureusement applaudi, dans une forme différente et tout aussi explosive au théâtre des Martyrs en 2013, c’est un vaudeville à revoir on vous le jure !   

09-tailleur-moulineaux-etienne-02.jpg

Toute la distribution:

Auteur Georges Feydeau /Mise en scène Georges Lini

Avec France Bastoen (Suzanne), Isabelle Defossé (Yvonne), Eric De Staercke (Aubin), Stéphane Fenocchi (Moulineaux), Michel Gautier (Etienne / Madame d'Herblay), Louise Jacob (Rosa / Pomponnette), Thierry Janssen (Bassinet), Marie-Paule Kumps (Madame Aigreville)

Scénographie et costumes Thibaut De Coster, Charly Kleinermann /Vidéo et son Sébastien Fernandez /Lumières Jacques Magrofuoco  /Assistante à la mise en scène Nargis Benamor  /Régie générale, son, lumières Manu Maffei  / Régie plateau Jean-Philippe Hardy, Vincent Lamer  /Habilleuse Emmanuelle Froidebise  /Construction décor L'Entrepool (Vincent Rutten)  /Techniciens lumières Mathieu Bastyns, Damien Zuidhoek  / Technicien son Eric Degauquier  /Direction technique Jacques Magrofuoco  /Stagiaire assistanat Malika Temoura  /Stagiaire observation Elise Deschambre

 

http://www.atjv.be/Un-Tailleur-pour-dames

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

 « Qu’il eût été fade d’être heureux ! » Parlant du bonheur selon Marguerite Yourcenar, Jeand’Omerson  l’accueille en 1980 à l'Académie française avec ces mots :

...La conclusion aurait pu, tout aussi bien, être exprimée par Hadrien, par Zénon, par n’importe lequel, en vérité, de vos héroïnes ou de vos héros : « La seule horreur, c’est de ne pas servir. »

 

« Je m’appelle Marie : on m’appelle Madeleine » Son identité est dès le départ niée par les autres! Elle se sentira mise « à-part ». C’est un être « à-part » qui nous apprend à décliner le mot « aimer », son anagramme! Pas à pas on écoute les fracas de son coeur brisé. Pas à pas on la rejoint dans son désir d’élévation.  « Il ne m’a sauvée ni de la mort, ni des maux, ni du crime, car c’est par eux qu’on se sauve. Il m’a sauvée du bonheur. » 

 

 « Marie-Madeleine ou le Salut » est l’unique nouvelle de « Feux » qui ne repose pas sur un personnage issu de l’Antiquité classique mais sur un personnage biblique : Marie-Madeleine. Marguerite Yourcenar s’appuie sur  le mythe évoqué par Jacques de Voragine dans La Légende Dorée, selon laquelle Marie-Madeleine, habitante du village de Magdala sur la rive occidentale du lac de Tibériade,  était  appelée à devenir l’épouse de Jean. Ce récit de prose lyrique met en scène le désir brûlant que Marie-Madeleine éprouve pour Jean le jour de sa nuit de noces, sa déception lorsque Jean la quitte subitement avant l’aube pour rejoindre Jésus.  Le texte déploie la  passion ardente qui naît en elle,  à la rencontre du Christ. Le mariage n’avait pas été consommé, la jeune femme est considérée  comme une prostituée : « Les enfants du village découvrirent où j’étais ; on me jeta des pierres. » En traversant la douleur, elle dépasse le bonheur et accède à l’illumination.

23380343_10159572953450654_3978843694952626260_n.jpg?oh=6d6ac3e18d9df9fc9c80a67e43ed0edd&oe=5AA567CC

Extraordinaire... le texte en solo déchirant, et sa mise en mouvement! Fascinant!

Un spectacle où l’on palpe tout ce qu’on voit, et on touche ce qu’on entend.  Mis en scène  par  Monique Lenoble, le spectacle à la fois beau et bouleversant. Il se déroule comme une installation vivante qui se percherait mot à mot, sur un texte fabuleux. Marie-Madeleine, la jeune femme est sublime dans ses attentes, bouleversante dans ses déceptions, poignante dans son cheminement. Libre et assumée. Chacun de ses gestes est ciselé comme une cérémonie. Le décor est un antre de pierres nu,  magnifiquement exploité. On y retrouve le village, le banquet, la chambre nuptiale, l'arrestation de Jésus,  le pied de la Croix,  le  tombeau du Christ, la flamme de l’illumination après celle de la passion.

La musique – un faisceau d’harmonies et de vibrations comme le début d’un cantique, est un appel vers l’ouverture du cœur et vers l’élévation. Le texte se déploie en trois actes, soutenus par des jeux envoûtants de drapés très évocateurs. Il y a Marie, un peu espiègle et séductrice -  Marie-Madeleine, la courtisane - et enfin  Madeleine, l’amoureuse de Dieu.  Du tissu symbolique qui donne vie au feu de la passion. Chaque mouvement est empreint de noblesse, de délicatesse et d’authenticité.

La salle, hélas bien peu nombreuse se tait, interdite devant le mystère qui se joue.  La beauté inonde jusqu’aux murs  et plafond. On se trouve au cœur de la passion.  Le bouquet se compose d’érotisme brûlant. La symbolique chatoyante  de la chevelure et de l’offrande du corps font voyager du mystère féminin  à la spiritualité. L’intensité du regard de femme  guide les pas vers l’intelligence de cœur. Le texte finit parfois par se perdre dans un trop plein d’émotion murmurée, mais dans l’ensemble, la diction est  jeune, belle et rebelle, vierge de toute  affectation, tant elle vient du plus profond de l’être. Cette trinité de texte, de corps et d’art de la mise en scène se  savoure comme un vin rare et capiteux!  Enivrez-vous! Plus tard, rentré chez soi, on aimera se procurer le texte pour en revivre toute l'humanité. 

Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu...Jean Cocteau

http://www.theatrepoeme.be/programmation/marie-madeleine-ou-le-salut/

CYCLE MARGUERITE YOURCENAR
Création
Texte de Marguerite Yourcenar
Mise en scène et scénographie : Monique Lenoble
Avec Laetitia Chambon
Stylisme : Bouzouk
Vidéo : Marie Kasemierczak
À l'initiative de Michèle Goslar
Lumière et régie : l'équipe du Poème 2

Du 15 novembre au 3 décembre 2017
Les mercredi à 19h, les jeudi, vendredi et samedi à 20h et les dimanche à 16h

Réservations : reservation@theatrepoeme.be // 02 538 63 58

liens utiles: 

http://palimpsestes.fr/textes_philo/yourcenar/ormesson.html

https://perso.univ-lyon2.fr/~mollon/Feux/doc/PleinsFeux-MarieMadeleine.pdf

Lire la suite...
administrateur théâtres

Théâtre de la cruauté : tous les écrits de Strindberg témoignent de sa vie et portent la trace de ses crises, de ses combats, de ses révoltes contre une société au conformisme rigide qu’il exècre et qu’il dénonce. Né en 1849, dans un milieu petit bourgeois, il perd sa mère atteinte de tuberculose à treize ans et souffre du remariage d’un père autoritaire avec la gouvernante des enfants, Emma Charlotta Peterson dont il a un fils, Emil.  Il devient auteur de théâtre après avoir  échoué dans la carrière de comédien. Sa jalousie féroce envers sa première épouse, la baronne Siri Von Essen sera à l’origine de ses premiers délires paranoïaques.  Marié et divorcé trois fois, il doit travailler beaucoup pour assurer la subsistance des enfants qu’il a de chacun de ses mariages. Névrosé, champion de misogynie, ses relations avec les femmes sont terriblement conflictuelles. Toute sa vie il luttera contre ses fantômes pour extraire de son être, une œuvre noire qui nous dit sa détresse intérieure.

L’image contient peut-être : une personne ou plus et personnes assises

Mademoiselle Julie (Fröken Julie) (1888) : comme il est dit dès le début du texte :
« Mademoiselle Julie est folle, complètement folle ».Nous voilà avertis !

Midsummernight’s Nightmare :  De Zola à Munch, tout se passe dans la cuisine du château. On y découvre une trinité infernale qui incube pendant la nuit des feux de la Saint Jean. Christine (une formidable Caroline Cons), la cuisinière - figure iconique de la représentation de la femme traditionnelle - assiste, pleine de réprobation divine et silencieuse, à la fulgurante passion entre Julie, sa maîtresse et Jean, son fiancé. Une confrontation violente du masculin et du féminin, de la noblesse et des manants. Ambiguïté : ne fait-elle-même un rêve? On la voit dormir et marcher comme une somnambule…

L’image contient peut-être : 1 personne, assis et intérieur

 La présence des bottes noires du terrible comte dans la cuisine 19e suggère son absence et sa personnalité  pesante. L’absence d’une mère se fait encore plus flagrante au cours de l’action traversée par la puissance onirique.  Punk déboussolée, la fantasque et fascinante Julie débarque et  se jette à la tête  du valet, qui se voit  incapable de résister au feu de l’amour-haine de la jeune tentatrice et obéit à ses caprices. La belle excuse, il a essayé maintes fois de la dissuader! Mais il finit par avouer  qu’il convoite depuis de nombreuses années la  jeune comtesse. Est-ce de l’amour ou  un moyen de monter dans l'échelle sociale ? Le jeu de L’excellent Roland Vouilloz est particulièrement ambigu et crédible. L’acte sexuel dans une soupente éclate en mille explosions sonores dévastatrices.  Symbolisme : on assiste au meurtre prémonitoire de l’oiseau de la jeune  aristocrate tandis que  Jean ne cesse de se laver les mains… Rêve de pureté - le plus beau passage - lorsque Jean lave le visage de Julie avec immense douceur,  seul répit de la pièce. Est-il vraiment dévoré d’ambition? Peut-il vraiment emmener Julie, au lac de Côme et recommencer une nouvelle vie grâce à la cassette de la fille du Comte qu’il installera derrière le comptoir?  

Mais les sortilèges de cette nuit fatale  où tout est permis se dissipent et Jean reste enfermé dans son rôle de valet, il retourne à Christine figée dans l’attente, tandis que  Julie, effarée par son acte déshonorant, seule, trahie et désespérée  se  supprime avec le rasoir que l’amant lui a  laissé dans les mains. D’héroïne de vaudeville, enfermée dans un huis-clos tragique, Julie devient une absurde victime sacrificielle qui se lave dans son propre sang. Trois étapes douloureuses, de plus en plus noires, et en correspondance avec des œuvres musicales très pertinentes choisies par le metteur en scène. Est-ce notre monde entre grandeur et décadence  que Strindberg exécute ainsi? Entre violence verbale et violence physique, cette pièce  donne réellement froid dans le dos.

L’image contient peut-être : 1 personne, gros plan

Que reste-t-il au spectateur après ce regard dévastateur sur la nature humaine signé Gian Manuel Rau?

Goûter  sa parfaite mise en scène expressionniste d’un théâtre fait d’explosions, de convulsions, de  pulsions en liberté où l’on peut  admirer le jeu inspiré  de la très talentueuse actrice néerlandaise Berdine Nusselder, glaciale, ardente, audacieuse, révoltée et dérangeante. Gardant un accent nordique intense, elle soutient néanmoins vaillamment  toute les autres interprétations du personnage de Julie, au théâtre comme au cinéma.

Profiter des larges  pauses, comme dans le théâtre de Pinter, pour se distancier du cauchemar, observer les costumes (Gwendolyn Jenkins) et le maquillage fantastique de Julie (Emmanuelle Olivet Pellegrin).

Peser le vertige de la chute de l’héroïne comme celui du désir d’ascension de Jean, et l’enlisement final de la « normalité » qui enterre tous les rêves.  

http://theatre-martyrs.be/saison/mademoiselle-julie/C1106AB6-F64C-5277-AC2B-9E6A50B07C0D/

MADEMOISELLE JULIE
August STRINDBERG / Gian Manuel RAU

Photos : Mario del Curto

JEU Caroline Cons, Berdine NusselderRoland Vouilloz
MISE EN SCÈNE Gian Manuel Rau
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Anne Schwaller, Elodie Vraiment 
SCÉNOGRAPHIE Anne Hölck
COSTUMES Gwendolyn Jenkins 
MAQUILLAGE Emmanuelle Olivet Pellegrin
HABILLAGE, COIFFURE, MAQUILLAGE Cécile Vercaemer-Ingles, Pauline Miguet
ACCESSOIRES Georgie Gaudier
SON Bernard Amaudruz, Graham Broomfield, Gian Manuel Rau, Manu Rutka 
LUMIÈRES Gian Manuel Rau, Eusébio Paduret
RÉGIE GÉNÉRALE ET SON Manu Rutka
RÉGIE LUMIERE Eusébio Paduret
RÉGIE PLATEAU Cam Ha Ly-Chardonnens
ADMINISTRATION DE TOURNÉE Nina Vogt
RÉGIE Nicola Pavoni & Justine Hautenauve

PRODUCTION Théâtre de Carouge - Atelier de Genève

Lire la suite...
administrateur théâtres

Un grand amour

Intérieur bourgeois  et sans éclat.  Un fauteuil presque Voltaire, une petite table de chevet ronde qui a perdu sa vitre, et dessus un verre à liqueur et une bouteille de spiritueux d’origine allemande.  Les motifs de la  tapisserie, faite de lourds feuillages de  jungle, se prolongent au sol. Au centre, l’oeil du monde: un immense miroir doré se penche vers les spectateurs et dans lequel ils se voient. C’est sans doute cela,  le plus important.  L’adresse du spectacle sera multiple : la comédienne à elle-même, la femme de l’histoire à sa conscience assassinée, cette même femme aux générations d’après, cette femme-comédienne et son double au public présent et à chacun en particulier. La salle est comble.

 C'était la première ce soir! La mise en scène de Jean-Claude Berutti est un chef d’œuvre. Splendide interprétation de Jeanine Godinas, qui creuse de façon poignante et imperturbable le fond des ténèbres, braque une lumière sans la moindre indulgence sur cette femme de... qui ne réussit pas à être femme à …part entière! Femme debout, qui aurait osé braver son mari et demander des comptes à la banalité du mal. Elle est au contraire, régulièrement abusée par les mensonges lénifiants du mari SS, commandant en chef des horreurs des camps d'extermination de Treblinka.

 Jeanine Godinas épouse donc  le destin de cette Madame Stangl pour en extirper l'horreur confondante. Elle balaye sans concessions et avec immense justesse les différentes étapes de la vie de cette femme de grand criminel de guerre qui prit délibérément - plutôt que viscéralement -  la passion amoureuse pour son époux, comme écran pour ne pas regarder la réalité en face! Fracassée par les doutes, elle se laisse néanmoins bercer d'illusions, malgré les preuves évidentes qu'elle récolte au fur et à mesure autour d'elle. On lui ment, elle se ment à elle-même et se trahit. Le grand amour qu’elle croit étreindre est voilé, fêlé par l’abominable vérité.  On est happé par la force des confidences, l'analyse minutieuse de la complexité des sentiments, la réalité des terribles vérités, et le charme charismatique de la belle personne et de la grande dame qui se trouve être comédienne! Une comédienne qui ne ment pas et que l’on regarde en vrai. Le je et son double. Une voix de chair et de femme, d’amour et de résignation lorsque le questionnement se meurt.   

« L’amour avait tenu la vérité, comme en suspens ! » Theresa Stangl réalise qu’il n’y a pas de cloison entre le travail aux « constructions dans le camp d’extermination  et les mises à mort. Et elle réalise que son grand amour lui a servi de cloison entre l’horreur du mal et son confort de mère de trois enfants. Tellement humain et tellement lâche à la fois ! Elle saisit fébrilement toute occasion de disculper celui qu’elle aime, même si au fond de son corps, la honte l’envahit, car le corps sait. Ses pensées s’enlisent dans le magma des mensonges.

Grâce à un passeport du Vatican, un des  monstres responsables du génocide retrouvera sa famille en Syrie, puis s’installera au Brésil. Une terre où l’on ne parle pas de Sobibor ou de Treblinka. La femme se souviendra avec fierté de sa belle maison, des terrasses du confort… Et ne posera plus de questions.

Nicole Malinconi, l’auteur du  récit, insiste : « Pourquoi n’a-t-elle pas menacé de quitter son mari s’il ne quittait pas Treblinka ? « … si vous l’aviez acculé ? » Theresa se souvient des juvéniles rafales de questions qu’elle ne pouvait s’empêcher de formuler et  que son mari, possédé par Treblinka,  rejetait,  tantôt avec violence, tantôt avec douceur menteuse. Mais elle ne lui a jamais tenu tête ! Le confronter, aurait tué son «amour», …son seul viatique, son unique lumière.  Un amour voilé, fêlé, frelaté, obscurantiste auquel manquait le courage, et qui, dissimulant l’innommable, n'est même plus de l'amour.  « La vérité est une chose trop terrible pour que l’on puisse vivre avec elle». Et le reste… est questions. On n'en n'a pas fini! 

Lire plus: 

https://www.babelio.com/livres/Sereny-Au-fond-des-tenebres/438136

https://www.babelio.com/livres/Malinconi-Un-grand-amour/707474

http://docsapp.cccommunication.biz/users/134175/docs/un_grand_amour_dossier_diff_040517.pdf

http://www.rideaudebruxelles.be/les-tournees/3-programmation/682-un-grand-amour

https://vimeo.com/239447762

https://www.facebook.com/demandezleprogramme.be/posts/1612827142098015

https://artsrtlettres.ning.com/events/un-grand-amour-1?rsvpConfirm=1

Résultat de recherche d'images pour "un grand amour godinas photos"

du  26 octobre 2017 (à 20:15) au 19 novembre 2017 
Emplacement : Rideau de Bruxelles @ Théâtre des Martyrs
Rue : Place des Martyrs, 22
Ville : 1000 Bruxelles
Site Web ou carte : http://www.rideaudebruxelles.…
Numéro de téléphone : 02 737 16 01

Organisé par : Théâtre le Rideau de Bruxelles

Lire la suite...
administrateur théâtres

A CHRISTMAS CAROL “I HAVE endeavoured in this Ghostly little book, to raise the Ghost of an Idea, which shall not put my readers out of humour with themselves, with each other, with the season, or with me. May it haunt their houses pleasantly, and no one wish to lay it.” Their faithful Friend and Servant, C. D. December, 1843.

 On traduit?
…Je me suis efforcé dans ce petit livre bourré de fantômes, d'élever le fantôme d'une idée, qui ne devra surtout pas mettre mes lecteurs de fâcheuse humeur vis-à-vis d’eux-mêmes ou des autres,  ni les induire à maudire l’esprit festif de Noël, ou à me détester moi, l’auteur.  Puisse cette lecture  hanter avec bienveillance leurs demeures, et que personne ne veuille lâcher le texte sans en avoir consommé l’esprit.  Votre fidèle ami et serviteur, Charles Dickens, décembre 1843.

Fidèle ami des grandes causes humaines, Thierry Debroux  a fait de ce court récit souvent abordé dans le secondaire  par la lecture en anglais simplifié, une splendide amplification poétique où pointe sans cesse une joyeuse  ironie. On peut presque parler d’une  – comédie musicale  – qui a mis la salle entière debout, dès la première.  Celle-ci applaudissait avec frénésie une troupe d’acteurs éblouis,  rappelés dix fois, une troupe chargée d’anima, et que l’on aurait bien  cru voir  sortir tout droit de l’Opéra de quat’sous! Coaching vocal : Daphné D'HEUR.

L’équipe est  irrésistiblement entraînante et sûrement  inoubliable :  autour de  Guy PION, il y a Gauthier JANSEN, Béatrix FERAUGE,  Claude SEMAL, Nicolas OSSOWSKI, Fabian FINKELS,  Anthony MOLINA-DIAZ, Sacha FRITSCHKÉ, Julie DIEU, Pénélope GUIMAS, Jeanne DELSARTE. Avec sur les planches, des enfants, lumière de l’avenir. En alternance Léon DECKERS ou Ethan VERHEYDEN; Maxime CLAEYS, Andrei COSTA ou Jérémy MEKKAOUI; Laura AVARELLO, Ava DEBROUX ou Lucie MERTENS; Laetitia JOUS, Clara PEETERS ou Babette VERBEEK. Un défilé de bonne humeur et d’espoir, une tornade de talents créatifs, cadeaux de la maison, le théâtre Royal du Parc!

C’est donc l’histoire d’un rebirth sous la neige. « Le Noël de Monsieur Scrooge » met en scène le processus de transformation d’un cœur abominablement sec et coriace, indifférent à autrui, passionné d’argent,  en une âme généreuse et enfin repentante et heureuse qui renoue avec la vie. Le pardon, dit-on dans les chaumières,  est la clé du bonheur d’ici-bas ...et de l’au-delà, pour ceux que cela intéresse! Il suffit peut-être, comme le dit la chanson de la finale, … d’écouter le vent! « The answer is in the wind…»  Un certain vent dont on ne sait  ni d’où il vient ni où il va…! Le mendiant du début - un craquant  personnage vautré au début du spectacle  dans le fauteuil de l’écrivain - invite les cœurs à se lâcher et  garantit que « les contes de fée sont faits pour apprendre que l’on peut vaincre les monstres!» C’est un jeune Garou, au charme éblouissant qui chante à la lune : Fabian FINKELS.  

Dans ce conte de Noël, le ciel est toujours présent : le décor est sous coupole céleste. La ligne du ciel évoque St Paul’s Cathedral ou Big Ben, les infâmes cheminées crachant fumée de charbon quand la misère  réussit à  se chauffer! Tombe la neige, même s’il y a du smog, façon purée de pois. Mais la déco de la fête tant attendue est là.  Les bougies  brillent aux  fenêtres des maisons bourgeoises et des antiques magasins « so British »:  TAILOR, FURNITURE, BAKERY, CANDLES…  Hélas,  le terrible temple du négoce de l’argent, la $CROOGE COMPANY, à droite du plateau, rassemble tout ce qu’il y a de plus Anti-Christmas Spirit. Vous connaissez sûrement des adeptes! Le maître des lieux c’est l’Avare, Richard III, Méphisto,  and last but not least : Scrooge.  Car le  comédien génial qui est derrière ce sinistre personnage hautement toxique, c’est  le très estimé Guy PION, toujours aussi magnétique  dans ses maléfices. Par dérision, son nom est prononcé  "Scroutch" par les esprits farceurs (Claude SEMAL).

Time is money ! Mais voilà le temps  aboli… En attendant que ce soit l’argent ? On peut toujours rêver!  Quoi qu’il en soit,  la mise en scène est fort habile. Sous forme de doubles des différents âges du triste sire, elle ravit par sa fraîcheur et sa subtilité. Cadeau de l’inventivité fantastique et rythmée de Patrice MINCKE.  Le temps est aboli… Magie théâtrale ou nuit magique ? L’an 2017 vient jusqu’à narguer un Scrooge totalement abasourdi! Ou bien est-ce nous-mêmes, que Dickens vient narguer? Magie du texte! 

Mise en scène illustrative. Des gosses misérables battent le pavé. L’époque est douloureuse, le pain est rare, la maladie  fait des ravages. Les cimetières regorgent de morts prématurées.  Mais le décor n’en reste pas là ! Le savoir-faire légendaire  de Ronald BEURMS une fois de plus fait voyager le spectateur de la cave au grenier, dans les airs et par-dessus les toits. …Dans les cœurs aussi ,  du plus noir: celui  bouclé entre les murs de ses coffres-forts (Guy PION)  …au plus tendre: celui d'une étoile entre deux tresses blondes (Ava DEBROUX, 7 ans). Dès sept ans, le désespoir peut certes résonner dans les consciences!

La scénographie acrobatique trace les contours de l’histoire faite d’une série d’apparitions d’esprits chargés de remettre le Drôle dans le droit chemin. Suspense garanti, on croit qu’à chaque étape qu’il a enfin compris… Eh non, c’est raté ! Quelle  patience il a, cet « esprit de Noël » qui a tout d’un «Père Noël » (Claude SEMAL) y compris les rennes, …particuliers, il faut en convenir, mais très convaincants!

A grands renforts de chansons de gueux, de fables et fantasmes, l’action progresse et réchauffe les cœurs. Qui oserait  grincer à la fin du spectacle, le sourire pincé et le verre à la main « Oui... ! C’est …gentil ! » ? Non! C’est tout simplement merveilleux, tant l’énergie des créateurs est présente, touchante, palpitante même, tant l’humanité se découvre avec audace, sans craindre les esprits blasés qui n’auront  de toutes façons rien compris. Chapeau !  Et puis il y a tous ceux et celles qui, comme Scrooge, auront secoué leur manteau d’indifférence, balancé  leurs aprioris dévastateurs, quitté  l’ivoire de leur confort et rejoint le cœur ré-enchanté , la liesse du renouveau d’humanité et son formidable potentiel. Voilà un anniversaire que  le monde se doit de fêter,  au risque de mourir …à minuit  sonnant!  Mieux vaut naître non? 

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/49.html

Lire la suite...
administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes assisesMerveilleux partage de complicité : dans cette comédie de boulevard  exclusivement masculine, Max (Bernard Yerlès), Paul (Bernard Cogniaux) et Simon (Alain Lempoel) sont amis depuis 35 ans dans l’histoire contée par Eric Assous,  comme dans la vie. Ils adorent leurs vacances annuelles et  escapades  sans leurs femmes, à moto, au disco, au foot ou à taper joyeusement le carton. Chacun a une carrière réussie et tous semblent avoir des vies parfaites, jusqu'à  cette soirée-cartes où Simon, arrivé largement en retard et complètement bituré,  annonce à ses amis qu'il vient d'étrangler sa femme, Estelle, après une dispute particulièrement  flamboyante. Max et Paul sont horrifiés par la confession de Simon, et reculent quand Simon leur demande entre deux hoquets, de mentir sur l’heure d’arrivée à la soirée et de lui fournir un alibi pouvant le  disculper du meurtre passionnel. Les deux hommes vont-ils ou non le livrer à la police? Les copains d’abord, non?

Quelles sont les limites de l’amitié, à quel moment se désolidarise-t-on ? Connait-on vraiment les alter ego? Les hommes ne préfèrent-ils pas mentir? Quand commence la lâcheté ? La soirée-cartes entre amis n’a pas lieu  devient vite un  tribunal à huis-clos devant le geste irréparable de leur ami. Mais la  comédie policière se révèle être surtout une comédie de mœurs rondement menée. C’est en fait  l’occasion pour chacun de vider son sac de mettre à nu les frustrations de chacun vis-à-vis de leurs femmes respectives: Estelle la colérique, Karin-qui-dort, et Magali c’est-fini! Et avec quelle ironie !

Nos-femmes-3_spectacle.jpg

Panique à bord, no joke,  la tension est  franchement palpable dans ce morceau de théâtre parisien divertissant.  Max a beaucoup de charme, de la carrure et des positions carrées.  Paul, qui déteste les conflits a l’art d’arrondir les angles. Simon, coiffeur de son état, amoureux nostalgique de la jeunesse - c’est écrit sur son T-shirt -  n’est-il qu’un vil manipulateur?  Les trois acteurs provoquent  des rires généreux malgré la gravité de la situation, et la pièce monte en crescendo au fur et à mesure que l’on prend conscience que les apparences sont plus que trompeuses et que chacun devrait balayer devant sa porte avant de juger l’autre. Deux scènes d’anthologie burlesque - loin de nous l’idée de les révéler – provoquent une adhésion totale au jeu de Bernard Cogniaux  et de Bernard Yerlès puisque le meurtrier cuve son vin au cours de cette nuit blanche pour les deux autres.  Le  décor de huis-clos lisse et raffiné de l’appartement de Max joue sur le féminin bien rangé… malgré l’absence de femme au logis.  Pas un seul coin pointu : du divan à la bibliothèque en rotonde qui abrite jusqu’au plafond  la collection légendaire de  vinyles de  tous nos chanteurs et poètes d’antan! Vous êtes plutôt Brassens ou Nougaro? On sera totalement : Alain Lempoel, l'homme aux chaussures rouges!

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles