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questionnement (2)

administrateur théâtres

Un grand amour

Intérieur bourgeois  et sans éclat.  Un fauteuil presque Voltaire, une petite table de chevet ronde qui a perdu sa vitre, et dessus un verre à liqueur et une bouteille de spiritueux d’origine allemande.  Les motifs de la  tapisserie, faite de lourds feuillages de  jungle, se prolongent au sol. Au centre, l’oeil du monde: un immense miroir doré se penche vers les spectateurs et dans lequel ils se voient. C’est sans doute cela,  le plus important.  L’adresse du spectacle sera multiple : la comédienne à elle-même, la femme de l’histoire à sa conscience assassinée, cette même femme aux générations d’après, cette femme-comédienne et son double au public présent et à chacun en particulier. La salle est comble.

 C'était la première ce soir! La mise en scène de Jean-Claude Berutti est un chef d’œuvre. Splendide interprétation de Jeanine Godinas, qui creuse de façon poignante et imperturbable le fond des ténèbres, braque une lumière sans la moindre indulgence sur cette femme de... qui ne réussit pas à être femme à …part entière! Femme debout, qui aurait osé braver son mari et demander des comptes à la banalité du mal. Elle est au contraire, régulièrement abusée par les mensonges lénifiants du mari SS, commandant en chef des horreurs des camps d'extermination de Treblinka.

 Jeanine Godinas épouse donc  le destin de cette Madame Stangl pour en extirper l'horreur confondante. Elle balaye sans concessions et avec immense justesse les différentes étapes de la vie de cette femme de grand criminel de guerre qui prit délibérément - plutôt que viscéralement -  la passion amoureuse pour son époux, comme écran pour ne pas regarder la réalité en face! Fracassée par les doutes, elle se laisse néanmoins bercer d'illusions, malgré les preuves évidentes qu'elle récolte au fur et à mesure autour d'elle. On lui ment, elle se ment à elle-même et se trahit. Le grand amour qu’elle croit étreindre est voilé, fêlé par l’abominable vérité.  On est happé par la force des confidences, l'analyse minutieuse de la complexité des sentiments, la réalité des terribles vérités, et le charme charismatique de la belle personne et de la grande dame qui se trouve être comédienne! Une comédienne qui ne ment pas et que l’on regarde en vrai. Le je et son double. Une voix de chair et de femme, d’amour et de résignation lorsque le questionnement se meurt.   

« L’amour avait tenu la vérité, comme en suspens ! » Theresa Stangl réalise qu’il n’y a pas de cloison entre le travail aux « constructions dans le camp d’extermination  et les mises à mort. Et elle réalise que son grand amour lui a servi de cloison entre l’horreur du mal et son confort de mère de trois enfants. Tellement humain et tellement lâche à la fois ! Elle saisit fébrilement toute occasion de disculper celui qu’elle aime, même si au fond de son corps, la honte l’envahit, car le corps sait. Ses pensées s’enlisent dans le magma des mensonges.

Grâce à un passeport du Vatican, un des  monstres responsables du génocide retrouvera sa famille en Syrie, puis s’installera au Brésil. Une terre où l’on ne parle pas de Sobibor ou de Treblinka. La femme se souviendra avec fierté de sa belle maison, des terrasses du confort… Et ne posera plus de questions.

Nicole Malinconi, l’auteur du  récit, insiste : « Pourquoi n’a-t-elle pas menacé de quitter son mari s’il ne quittait pas Treblinka ? « … si vous l’aviez acculé ? » Theresa se souvient des juvéniles rafales de questions qu’elle ne pouvait s’empêcher de formuler et  que son mari, possédé par Treblinka,  rejetait,  tantôt avec violence, tantôt avec douceur menteuse. Mais elle ne lui a jamais tenu tête ! Le confronter, aurait tué son «amour», …son seul viatique, son unique lumière.  Un amour voilé, fêlé, frelaté, obscurantiste auquel manquait le courage, et qui, dissimulant l’innommable, n'est même plus de l'amour.  « La vérité est une chose trop terrible pour que l’on puisse vivre avec elle». Et le reste… est questions. On n'en n'a pas fini! 

Lire plus: 

https://www.babelio.com/livres/Sereny-Au-fond-des-tenebres/438136

https://www.babelio.com/livres/Malinconi-Un-grand-amour/707474

http://docsapp.cccommunication.biz/users/134175/docs/un_grand_amour_dossier_diff_040517.pdf

http://www.rideaudebruxelles.be/les-tournees/3-programmation/682-un-grand-amour

https://vimeo.com/239447762

https://www.facebook.com/demandezleprogramme.be/posts/1612827142098015

https://artsrtlettres.ning.com/events/un-grand-amour-1?rsvpConfirm=1

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du  26 octobre 2017 (à 20:15) au 19 novembre 2017 
Emplacement : Rideau de Bruxelles @ Théâtre des Martyrs
Rue : Place des Martyrs, 22
Ville : 1000 Bruxelles
Site Web ou carte : http://www.rideaudebruxelles.…
Numéro de téléphone : 02 737 16 01

Organisé par : Théâtre le Rideau de Bruxelles

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administrateur théâtres

AFFEternelville.jpg       Eternelville, Terra Incognita

 

La pièce "Le Brusque et le Dément" de Sébastien Vanden Berghe (texte et mise en scène)  a été présenté en création au théâtre de La Clarencière du 18/12/2012 au 22/12/2012. Présentée avec son alter ego, voici une deuxième partie très percutante (d’une future trilogie) avec le même Sébastien Vanden Berghe dans le rôle de Ménadel et Antonio Barile dans le rôle de Fausto Phéles. Deux anges qui ont eu une permission d’une heure incognito sur la Terra Cognita. Il n’en faut pas plus au jeune auteur pour secréter un texte magnifique composé  avec soin, en sept tableaux à l’écriture fine et ciselée. Cognita en effet, nous connaissons tous ces sept cercles de la terre  et ce  qui s’y passe comme cruauté, souffrances et abominations, mais les scènes présentées le sont avec infiniment de délicatesse. C’est le germe de l’espoir à l’œuvre. Ou l’oeuvre de l’espoir ?   Comme le dit très bien Beaudelaire, "L’orage rajeunit les fleurs et donne un nouvel espoir".  Par le truchement d’une très belle langue  imagée, fluide et poétique, et d’une non moins belle interprétation scénique, le spectateur survole de ses ailes d’ange lui aussi le terroir humain  « that  really needs improvement » comme l’on dit en langue polically correcte.

Certes il y a toute la place voulue pour le progrès, et c’est ce que l’on espère en ressortant de ce spectacle  très percutant et très peu anodin malgré les apparences. Ce texte beau comme un carnet d'aquarelles n’a pas encore trouvé d’éditeur et pourtant le texte a fait se rencontrer deux comédiens en totale symbiose. Symbiose contagieuse, il va de soit.  On lui souhaite bon vent et surtout de nombreux lieux d’accueil car il porte en lui les germes du changement. Nous l'invitons chez Art et Lettres, il y a sa place.

Une création utile que l’on voudrait appuyer de manière forte. Ainsi que ce petit lieu préservé du consumérisme qu’est le ravissant théâtre de la Clarencière où, infatigable, Fabienne Govaerts œuvre sans relâche depuis 15 ans pour promouvoir les Belles Lettres Françaises, le plaisir du théâtre et la convivialité. La crise n’émousse pas la curiosité de son Public, ni la créativité des artistes invités à se produire entre ses murs accueillants. Les meilleurs spectacles, elle les emporte à Avignon sous  pavillon belge. Quand ce n’est pas jusqu’en Afrique, au Sénégal! Ce lieu est à Bruxelles l’une des rares pépinières du futur !

Du questionnement contemporain sans compromission est bien le propos de cette pièce de Sébastien Vanden Berghe. Une belle réponse aux inquiétudes du siècle, avec des conclusions en devenir, un bon antidote à l’esprit de sinistrose ambiant, quand on savoure la connivence théâtrale  des deux anges antinomiques.

Extrait:

Ménadel : Et si le corps était la note ultime, celle d’une danse sacrée tournée vers la lumière ?

Seraient-ils ces enfants-là, ces porteurs d’espoir, ces chanteurs du possible ?

Si le corps était une prière élancée vers le ciel étoilé ?

S'ils étaient tout ce que l’on nous cache, cette parenthèse enchantée ?"

Question:

Quand on rencontre un ange, qu'est-ce qu'on dit? Qu'est-ce qu'on fait? On s’envole! Merci à la directrice de théâtre pour cette rencontre ailée...

 

Eternelville : Terra Incognita Interprétation et mise en scène : Sébastien Vandenberghe et Antonio Barile Ecriture : Sébastien Vandenberghe Production : Compagnie des Morts Debout

Deux anges se posent sur terre. Drôle de voyage. Drôles d'anges. Fausto Phélès, dur, percutant, juste et sévère car telle est sa nature, imperturbable, sans pitié pour l'humain dont on vante les mérites. Ménadel, trop angélique pour être honnête reste sensible au sort des Hommes. Deux personnalités célestes, aux caractères trempés qui invitent à la danse, même macabre, la voilà qui danse cette humanité aux rythmes endiablés de ses histoires à dormir debout.

Deux anges, deux points de vue. Quelle périlleuse mission que d'avoir à juger l'humanité. Deux anges qui posent des questions sur la nature humaine. Deux anges sans réponse racontent des histoires, Deux anges de passage dans la folie des hommes. Deux anges pour une heure seulement !

Pièce en 1 acte et 7 tableaux - durée 1h15 sans entracte

Fausto Phélès est interprété par Antonio Barile

Ménadel par Sébastien Vanden Berghe

                                        Les mercredi 19, jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 juin 2013 à 20h30

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