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Théâtre (443)

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Chronique d’une onde de choc. Tout comme le hashtag #Metoo qui depuis 2017 révolutionne les esprits, le spectacle "ACCUSE,E " se veut être un électrochoc pour secouer notre société de son indifférence face au viol, une offense capitale. Afin de cesser de mettre systématiquement en doute la parole des femmes, pour dénoncer les prédateurs, pour faire cesser l’impunité des agresseurs.

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Écrite par Clémence Baron, la pièce a tous les accents d’une histoire vraie. Monsieur Valeur, ancien copain de classe, offre un verre à Mademoiselle Leduc. Alexis Hubert, parfait comédien, c'est  le beau gosse qui joue Gaspard Valeur! Avec des copains, il la kidnappe et la viole après l’avoir droguée. Elle n’a, vu son état de souffrance et d’abrutissement, pas la possibilité d’exprimer son refus de la relation sexuelle. La drogue, les coups ne lui ont pas laissé le temps de dire non. Elle est dans un état de sidération total, affaiblie par la violence déchaînée sur elle.

Après l’aveu difficile à sa mère, ses parents saisissent la justice car la jeune-fille a 17 ans. Le calvaire qui s’en suit , jusqu’à la fin du procès en assises, est une descente aux enfers qui dure cinq ans, pendant que le présumé coupable a tout le temps de préparer pour sa défense un portrait parfait de son avantageuse personne, lui, un fils de bonne famille. Louise est moquée sur les réseaux sociaux, sa santé et ses études sont compromises. Elle touche le fond du désespoir. Toute la vie de la famille est bouleversée, celle-ci ne fait plus que survivre péniblement tandis que de nouveaux malheurs s’accumulent. Louise aurait préféré mourir cette nuit-là!

"Cette nuit là, ils m'ont volé quelque chose.Cette nuit là, je suis morte en continuant à vivre."

Le spectateur peut se voir dans la position d’un membre du jury d’assises. L’écriture relate bien sûr le point de vue de la victime, le violeur est vu par ses yeux. Elle consigne l’argumentation révoltante de l’avocat du violeur, ce qui remplit le spectateur de juste colère. En dépit de la prise de parole de cinq autres comédiens dont le jeu reflète bien l’atmosphère étouffante du procès d’assises, on garde les yeux plongés dans le yeux magnifiques de la comédienne, Clémence Baron,  qui joue le rôle de la victime. Plus l’action se développe, plus la lumière inonde son visage, est-ce l’œuvre de la résilience? L’œuvre de la thérapie par le verbe? La parole, revenue, on sent circuler une empathie palpable. Ah quelle excellente comédienne! Et quelle impeccable diction. On se met à regretter, à tort bien sûr, que la loi protectrice des citoyens dans un état de droit fasse que la victime soit déboutée quand elle ne dispose pas de preuves concrètes de la culpabilité de son agresseur. Pourtant Il s’agit bien de la survie de la victime dont la personnalité a été avilie versus le risque de laisser un coupable en liberté et de priver la victime d’une honorable réparation! Mais qui peut risquer d’établir un jugement qui mettrait un innocent en prison, sur des convictions non appuyées par des preuves tangibles? On ne peut pas verser dans l’émotionnel. Pas étonnant dès lors que les jurés détournent les yeux de la victime qui réclame le droit d’exister.

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Dénoncer les actes répréhensibles, mettre aussi le spectateur devant les imperfections de notre justice, devant cette justice parfois à plusieurs vitesses, dénoncer cette blague cynique d’éligibilité au viol. Rendre la vie à une victime avérée, sa dignité, sa lumière. Lui rendre sa personnalité. La débarrasser de l’inévitable sentiment de culpabilité. Voilà les électrochocs que véhicule cette pièce étonnante jouée au théâtre de la Clarencière. Le lieu est petit mais l’émotion est grande et la révolte gronde...

En 2019 , à Saint-Nazaire, une victime de viol classé sans suite au motif d’une absence d’infraction s’est fait attaquer en diffamation. Rien n’est gagné.

Dominique-Hélène Lemaire

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Très belle distribution avec : BRIEUC DUMONT, PSYCHIATRE EXPERT, POLICIER, AVOCAT GENERAL, ROMANE SAVOIE, LA PRESIDENTE, COLIN DOUCET, ADAM, ALEXIS HUBERT, GASPARD VALEUR, MATHILDE TOUBEAU, LA MERE (SYLVIANNE LEDUC), CLEMENCE BARON LOUISE LEDUC

Mise en scène : CLEMENT BAAL ET LUCAS BISCOMBE, Photos : Diana Vos

Du 10 au 19 septembre 2020 au théâtre de La Clarencière Rue du Belvédère, 20 1050 Ixelles http://www.laclarenciere.be fabienne.govaerts@skynet.be
+32 2 640 46 76

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La mort règne. Imaginez un docteur Schnabel : silhouette noire, gants, grandes bésicles de protection portées sur un masque Vénitien en forme de formidable bec de corbeau, le tout surmonté d’un triste chapeau de fossoyeur. Pensif, il virevolte sur l’avant-scène sur les notes sombres d’un piano invisible. Sommes-nous en plein Moyen-Âge ? Au temps des pestiférés ?

Qu’elles sont loin les chères glorieuses au soleil, les années d’insouciance fertile, les rues grouillantes de monde affairé, les plages bondées de peuples heureux et dénudés, les salles de concert sold out, les théâtres pleins à craquer, les festivals débridés ? Disparus, les stades en liesse. Disparue, la foule, libre et sentimentale ! Disparus, les mots bleus du chanteur Christophe.

Et pourtant ce soir, le cœur du spectateur bondit enfin de joie, cette joie mêlée de perplexité, comme aux temps reculés de nos si joyeuses rentrées des classes. Le bonheur de vivre reviendrait-il à pas de loups ? Grâce à Thespis, goûterait-on à nouveau au plaisir des spectacles vivants après sept douloureux mois d’abstention ? Les artistes seraient-ils tout d’un coup ressuscités ? On remercie l’auteur de la pièce du fond du cœur qui appelle à la Rencontre . Aux retrouvailles entre public et comédiens en chair et en os.

Au théâtre du Parc hier soir, nous assistions à une Renaissance. On y croit de toutes nos forces, car sans les artistes, sans la culture, sans le lien vivant, nous sombrons tous dans une absurde morosité ou une très morose absurdité. Plus que l’oiseau noir, vénérons sans modération le phénix aux mille couleurs. La vie, tout simplement. L’oiseau bleu pour les grands sensibles.

C’est ainsi que le rideau se lève sur un directeur de théâtre cloué dans son Chesterfield couleur caramel, qui constitue à peu près le seul élément de décor. Au fond de la scène, on découvre les malles fermées où sont emprisonnés les accessoires et costumes de scène. Depuis avril 2020, le nommé Samuel Sherman attend le bon vouloir des autorités sanitaires pour ré-ouvrir les portes closes de son théâtre italien déserté. Son seul compagnon : un frigidaire des années 50... plein de surprises. La folie sera-elle au rendez-vous ?

Voilà son ami imaginaire : rien moins que Saint Ex, sanglé dans son habit d’aviateur qui va tenter tant bien que mal de remettre son alter ego en piste. Pas une mince affaire. L’acteur-directeur-manager osera-il jouer Hamlet ? Un vieux rêve. To play or not to play ! That is the question. Titre choisi par l’auteur pour cette comédie d’actualité. Le regard acéré de Thierry Debroux a pondu le texte en à peine une semaine de 4 août brûlant.

Car c’est le désespoir pour le monde oublié des artistes. Dans une fertile colère, l’imagination reprend le pouvoir ! Les chants les plus beaux sont les plus ... La pièce moque les étapes de la pandémie, fustige les temps présents qui virent à l’acide, à l’amertume des bulles réduites. Elle fustige les décideurs de la peur tous azimuts, elle jure de ranimer le rire sous le masque. Elle renoue les contacts humains, elle défait les nœuds de l’étouffement.

Même si le virtuel nous guette, la visioconférence envahit le plateau. Chacun chez soi barricadé entre ses murs. 18 artistes aux noms prestigieux travaillent sous cloche. Par ordre alphabétique : Jean-Philippe Altenloh, Jacqueline Bir, Thierry Janssen, Anouchka Vingtier, et les enfants Ava Debroux et Lily Debroux. Et la participation amicale de Julien Besure, Ronald Beurms, Denis Carpentier, Jonas Jans, Nicolas Mispelaere, Thibault Packeu, Jean-François Rossion, Jérôme Vilain,…

Ils crèvent tous l’écran et son abcès d’inhumanité !

Daniel Hanssens lui est présent sur scène en directeur de théâtre alangui sur ce Chesterfield d’un autre temps, celui des roses et des soins jaloux à l’Autre, celui du regard essentiel du renard, celui des planches vibrantes d’énergie théâtrale. A ses côtés, Othmane Moumen, l’ami imaginaire, pétulant, sensible, généreux, never say never ! Le verre est certes plus petit mais il est rempli d’humour et d’émotion.

Que cette pièce courageuse soit le ferment de temps nouveaux et retrouvés.

Il faut apprendre à VIVRE normalement avec le virus. Et le reste est silence.

Dominique-Hélène Lemaire

THÉÂTRE ROYAL DU PARC

MARDI 8 SEPTEMBRE :20H30

MERCREDI 9 SEPTEMBRE :20H30

JEUDI 10 SEPTEMBRE :20H30

DU MARDI AU SAMEDI :19H ET 20H30

LES DIMANCHES :15H ET 16H30

SAMEDI 10 OCTOBRE :15H ET 16H30

SAMEDI 24 OCTOBRE :15H

DU 13 AU 17 OCOBRE ET DU 20 AU 23 OCTOBRE :20H30

RELÂCHE LES LUNDIS ET LE DIMANCHE 11 OCTOBRE 2020.

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                                   Jeanne est d’abord un être humain que je veux libérer du poids des clichés.
                                                                                   Romeo Castellucci

Cet automne, La Monnaie  programme  du 5 au 12 novembre, l'opéra "Jeanne d'Arc au bûcher", oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un livret de Paul Claudel. La mise en scène est signée Romeo Castellucci dont on se souvient lorsque l’an dernier il produisait une mise-en-scène très controversée de « la Flûte Enchantée » de Mozart, dans la même maison. Est-ce sur cette  base,  que les esprits se sont tout de suite échauffés, pour brûler une nouvelle proie, criant  à l’obscénité majeure, pour quelques photos  considérées comme choquantes, et sans avoir  même réellement assisté au spectacle?  Sic  la Fédération Pro Europa Christiana, qui promeut les "valeurs chrétiennes à travers l'Europe" et sa pétition qui a recueilli avant la première du 5 novembre plus de 10.300 signatures. Bon, la tolérance  ne fait-elle pas  partie de nos valeurs chrétiennes, et «Tu ne jugeras point » pareillement ?  

Consentir au souffle clair et aux gestes de sable

S’ils avaient été voir ce spectacle, leur âme aurait été emplie de bonheur, naturel et surnaturel tellement la musique d’Honneger fleurait le bienfait rafraîchissant et l'épopée humaine. Un élixir de joie et d’amour.  Les chœurs  omniprésents étaient installés dans le colombier diffusant leur musique enivrante comme les parfums d’un encensoir diffusant  paix,  beauté et grâce. Des voix tantôt profondes comme racines de la terre, et tantôt angéliques et inouïes comme in Paradisum. Un enchantement et un mystère qui vous tombe sur les épaules comme un manteau bienfaisant  de la Saint-Martin !   

Les derniers moments de la pucelle d'Orléans

Et sur scène on assiste à un seul en scène,  une traversée du désert en 11 flashbacks, à la recherche de l’amour, terrifiée à l’idée de son supplice.  C'est Jeanne (Audrey Bonnet), sorie du monde de silence,   qui occupe tout l’espace, seule, avec ses voix. On  sympathise au sens propre du terme, avec  une lente  épure mystique qui délivre Jeanne de son histoire d’héroïne de la France, qui lui ôte sa cuirasse de guerrière, la décape de tous les poncifs historiques qui entourent le personnage. Elle est peu à peu mise à nu, elle se dépouille de tout ce qui lui a été toxique.  C’est  toujours mieux que d’être mise à mort… Elle perd d’un coup de balai,la détestable image d’idole récupérée  par des partis politiques très peu recommandables. Elle  retrouve  toute sa  chevelure de femme, sa force, sa lumière, son corps virginal tout de blanc poudrée.  Elle est sortie d’un accès de folie  du cerveau d’un concierge d’école. La voilà, naissant du ventre de l’ombre,  ressuscitée d’entre les chaises d’une classe de village. Elle creuse le sol, déterre son passé,  fouille les souvenirs, retrouve le glaive de saint-Michel et le cheval de bataille, le roi de France, l’amour de la patrie. Elle est cet amour qui réunit les communautés, remembre l’unité, réconcilie les extrêmes, fabrique un corps social unifié! Et ainsi elle atteint l’humus sous le plancher qu’ lance autour d’elle comme pour exalter son humanité et retrouver le sein de la terre féconde. Elle renoue ainsi  avec son humilité, sa condition de femme éperdue d’amour, sa nature profonde. C’est une  folie  sauvage, libre  et authentique qui s’attendrit devant les fleurs de pommiers roses de Normandie, qui est bouleversée par un chant de rouge-gorge, - de quoi fondre en larmes -  qui tente d’expliquer ce qu’est l’amour à un frère Dominique enfermé dans une cuirasse de bure inexpugnable, incapable de sentir. Cet oratorio est un choc spirituel  que d’aucuns voulaient livrer aux flammes… « Comburatur igne ! » ( Le Chœur).   Les persécuteurs ont souvent eu bonne presse auprès des foules avides d' événementiel, or il faut toujours revenir à l’essentiel qui fait notre lumière. Ce qu’a voulu chanter, danser et jouer Romeo Castellucci. A tout hasardLa Monnaie a assuré qu'elle prendrait des "mesures de sécurité appropriées afin que les spectateurs puissent profiter des représentations sans dérangement".

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Une lecture dramatiquement magistrale, radicalement dépouillée

Dans un rêve fébrile de chants, de textes dits et de musique, cette œuvre d’une extrême originalité nous entraîne à travers quelques passages-clés de la vie de Jeanne d’Arc au moment où, toute seule, à l’approche de la mort, il lui faut faire face à elle-même et à sa France. Qui d’autre que Romeo Castellucci  pouvait  transposer les visions mystiques et les conflits intérieurs de cette jeune femme en théâtre sublimé ? L’artiste total italien  s’est associé à  l’ancien directeur musical de  la Monnaie, Kazushi Ono, qui s’est retrouvé à nouveau dans la fosse d’orchestre de la Monnaie, dix ans après l’avoir quittée.  Le chef nippon nous a livré la fresque musicale dans  un chatoiement de timbre et d’effets acoustiques stupéfiants.   Ce spectacle  est l’œuvre d’une coproduction de la Monnaie, du Theater Basel, du Perm State Opera and Ballet Theatre et de l’Opéra de Lyon, où a eu lieu la création en 2017. Pour nous ce fut un émerveillement philosophique. Bien sûr on pourrait reprocher qu’aucune voix entourant Jeanne ne se trouve réellement  présente sur le plateau, mais n’est-ce pas le propre des voix… d’être invisibles?

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Visionnaire, prégnant, ambigu : le mystère lyrique d’Honegger 

Arthur Honegger (1895-1955)  tomba d’emblée sous le charme du texte de  Paul Claudel (1868-1955)  et de sa musicalité poétique. La musique d’Honegger ne reflète pas seulement les différents registres stylistiques du livret, mais également l’esprit turbulent et survolté des années 20 et 30. Des chants spirituels austères qui rappellent Bach alternent avec de la musique contemporaine française, des comptines hors d’âge, des ritournelles de  pastoureaux, des blocs de sons cubistes et même une ligne subversive de jazz et de music-hall. Sorte de théâtre musical, les personnages principaux ont des rôles parlés. L’orchestration fait penser à une tragédie antique ou à un mystère médiéval, mais avec un langage musical chromatique et polytonal extrêmement varié. 

 Les chœurs  ont été renforcés pour l’occasion par les chœurs d’enfants et de jeunes et par l’Académie des chœurs de la Monnaie – tous deux sous la direction de Benoît Giaux. Kazushi Ono avait  déjà dirigé cette production avec beaucoup de succès à Lyon  aux côtés de Romeo Castellucci  et ses collaboratrices attitrées, les dramaturges Piersandra Di Matteo et Silvia Costa. L’actrice française Audrey Bonnet interprétait Jeanne d’Arc et occupait la scène quasi seule pendant près d’une heure  et demie. Elle était  accompagnée sur scène par  Sébastien Dutrieux, dans le rôle du Frère Dominique.

Dominique-Hélène Lemaire
DISTRIBUTION

Direction musicaleKAZUSHI ONO
Mise en scène, décors, costumes et éclairagesROMEO CASTELLUCCI
Dramaturgie : PIERSANDRA DI MATTEO
Collaboratrice artistique : SILVIA COSTA
Collaboration aux éclairages : MARCO GIUSTI
Chef des chœurs : CHRISTOPHE TALMONT

Jeanne d’Arc : AUDREY BONNET
Frère Dominique : SÉBASTIEN DUTRIEUX
La Vierge : ILSE EERENS
Marguerite : TINEKE VAN INGELGEM
Catherine : AUDE EXTRÉMO
Une Voix, Porcus, Héraut I, Le Clerc :JEAN-NOËL BRIEND
Une Voix, Héraut II, Paysan : JÉRÔME VARNIER
Héraut III, L'Ane, Bedford, Jean de Luxembourg, Un paysan : LOUKA PETIT-TABORELLI
L'Appariteur, Regnault de Chartres, Guillaume de Flavy, Perrot, Un prêtre  GEOFFREY BOISSY
Soprano Solo : GWENDOLINE BLONDEEL
Une Voix d'Enfant : SIOBHAN MATHIAK

Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie
Chœurs d’enfants et de jeunes et Académie des chœurs de la Monnaie s.l.d. de Benoît Giaux

CoproductionLA MONNAIE / DE MUNT, OPÉRA NATIONAL DE LYON, PERM STATE OPERA AND BALLET THEATRE, THEATER BASEL

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Production créée à l’Opéra National de Lyon, 21.1.2017

 

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Fugueuses, ces gueuses… au théâtre Le Public

Vieille prune et jeune pêche, comment faire bon ménage. Sans rire… Faites gaffe à vos mères et grand-mères… Ne les jetez ni aux orties ni aux glaïeuls ! Offrez-leur plutôt des roses…

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Jusqu’au 22 juin le spectacle affichait complet, et du 6 septembre au 12 octobre 2019 la salle du Théâtre Le Public, n’a pas désempli. Vous avez vos couvertures ? La salle des voûtes souterraines est pleine. Deux axes de gradins NS et EW se croisent, question de ne pas perdre le Nord, et au centre, un plateau circulaire mobile, – ciment ou bitume ? – attend l’action. Avec un art consommé de la mise en scène, Michel Kacenelbogen et son assistante à la mise en scène, Hélène Catsaras, exploitent dans un esprit d’école buissonnière, la partition comique des « FUGUEUSES » de Pierre Palmade et Christophe Duthuron. Cette comédie bourrée de verve a été jouée de multiples fois, par d’illustres duos, de Line Renaud et Muriel Robin (2007) à nos jours, partout en royaume …de France et de Navarre.

Aucune fausse note. Ces fugueuses, de vraies gueuses ! L’élégance contrastée des actrices Martine Willequet et Nicole Olivier font en tous cas la joie du spectateur. On adore le regard immensément pétillant de l’une sous ses lunettes de directrice d’école, intrépide et égoïste, et le collier de perles bon chic bon genre de la jeune bourgeoise sans la moindre faute de goût, dont pas une mèche ne dépasse de sa sage barrette. Par monts et par vaux elles gardent une pêche d’enfer, malgré les vicissitudes. Pièce culte féministe ? Le texte rythmé et enlevé, toujours aussi convainquant après tant d’interprétations, fait rire de bonheur.

Le bonheur de la libération et de la joie d’exister. Spinoza ?

Peu d’accessoires à part les vielles casseroles à abandonner, et de lourdes valises de souvenirs pour la jeune échappée et un sac-à dos ulta-léger pour celle qui a fui dans sa chemise de nuit, les Glaïeuls, home sweet home ! Les voilà en pleine nuit sur la route, inconscientes, comme deux fugueuses ado, prêtes à repartir à zéro. C’est là que les vieilles valeurs en prennent un coup et basculent tout à coup puisque c’est l’instinct de survie qui prend les commandes. Finalement, pas besoin de couvertures, la chaleur humaine est là, malgré les innombrables chamailleries des nouvelles copines.

Ce spectacle revêt une drôlerie non envahissante, a une saveur d’air frais et de cavale bien improvisée. Chaque scène est un bouquet d’affects bien dosés, ponctués par la musique joyeuse années 80 de Pascal Charpentier. La scénographie de Noémie Vanheste fait la part belle aux décors sonores : le stop sur la nationale, la forêt profonde, la ferme, l’eau du pont, en un mot, l’aventure …

Pour mémoire : Antagonistes, Margot a tout juste 40 ans et Claude, prénom épicène, fait le double. L’une fuit la condition de femme de.., mère de …, et autres servitudes, l’autre a tâté du demi-mouroir organisé appelé « les Glaïeuls » où ses enfants l’ont fourrée. La suite, c’est le voyage… Vous voudriez quoi ?

Dominique-Hélène Lemaire

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FUGUEUSES

De Pierre Palmade et Christophe Duthuron.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Nicole Oliver et Martine Willequet.

Assistante à la mise en scène : Hélène Catsaras / Scénographie et costumes : Noémie Vanheste / Décoratrice : Eugénie Obolensky / Lumière : Alain Collet / Musique originale : Pascal Charpentier


 Réservations : 0800 944 44 ou http://bit.ly/FugueusesS26
 Gregory Navarra

DU 06/09/19 AU 12/10/19

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             Vous avez bien vu: deux spectacles le même jour! Et une tournée jusque fin 2020! 

Emotions, au Centre Culturel d’Auderghem,  une généreuse  ouverture  de saison !

A l’endroit, le collège et ses misères, à l’envers, l’héroïque mousquetaire qui parle en taisant ses sentiments, se déclare en écrivant, se bat contre moulins à vent, cueille  des étoiles, élégant, courtois et  libre, tutoyant  la lune comme nul ne sait le faire. Un tissu de bonheur.

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Merveilleux  spectacle de rentrée pour tous ces jeunes qui passent la grande porte de  l’adolescence. Nouveaux dans la nouvelle école,  le collège ou le lycée, se reconnaîtront-ils dans Colin, Maxence, Adélaïde, Benoît  et les autres ? Tous nés après 2000…les voilà obligés de se découvrir,  devant une prof de français charismatique, fou de  théâtre  et qui leur sert du Cyrano sur un plateau qu’ils se  devront de conquérir. Le goût du sublime, le rêve de l’amour, la langue riche et raffinée, sont autant de mets qu’ils vont dévorer à belles dents sous la houlette bienveillante  du prof, un authentique passeur de culture, version française du grand Keating. La mort de la société des poètes disparus  en moins.   Pourtant  le jeune Colin a la mort de son père sur l’estomac, il a perdu tous ses moyens, rentre les épaules, redoute qu’on lui parle, veut se faire invisible et communique de façon à peine audible, redoublant la moindre syllabe. Va-t-il  réussir à renaître, se transformer, s’envoler enfin ?

Mais la  magie du texte de Cyrano veille. Les adolescents sont éblouis et se jettent corps et âme dans le feu des planches. Même Colin, statufié par la peur de l’autre, finit par se dégeler. Surprise: on comprend que Colin, dans le secret de sa chambre,  retrouve ses moyens grâce à sa guitare et chante  l’amour en pensant à son père disparu. Foin des logopèdes et autres psy, le sentiment d’amour ne demande   donc bien sûr qu’à s’envoler… Le prof génial l’a  bien compris, et fait éclore la personnalité blessée du jeune Colin, ravi de s’envoler, puisqu’il adore les papillons et la plus jolie fille du collège. « …Quels mots me direz-vous ? »

Fascinante magie de Nicolas. L’incipit  en voix off  intrigue : « Une histoire, c’est des personnages, et croire à une histoire, c’est faire une pause de soi et laisser la place à l’autre personnage…» Toute une philosophie. A chaque jeu d’épaule, de regard, ou de posture,  le comédien au port de danseur fait surgir des fragments de personnages qui ont le temps de lâcher leurs répliques dans un flux d’énergie virevoltante. Durée : 1 h 15. Mines, mimiques, bruitages, humour, compassion se disputent avec un verbe qui déferle de toutes parts, comme l’émotion. Comment fait-il ? Le décor est inutile : le noir complet,  une chaise d’école et un projecteur, cela suffit. Il a la comédie dans la peau!

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Nicolas Devort, auteur et comédien virtuose, en est à son 780e spectacle depuis le off d’ Avignon qui  l’encensa pendant 7 ans consécutifs! Il est seul  en scène devant un parterre bruyant de jeunes super excités de se retrouver, parfois pour la première fois,  au théâtre. On leur parle, ils trépignent. On joue, ils chuchotent, on termine, ils en voudraient encore, tant le talent de Nicolas les a séduits. Ils se précipiteront pour acheter son livre, un viatique pour certains? Ce prodigieux défilé tableaux de leurs congénères  et des adultes qui gardent leur porte fermée est si habilement troussé, qu’il a emporté leur adhésion inconditionnelle. Et puis, le charme personnel, avouons-le!

Dominique-Hélène Lemaire, Arts et Lettres

Dans la peau de Cyrano, de et par Nicolas Devort. Lumières : Jim Gavroy et Philippe Sourdive Le jeudi 26 septembre 2019 à 20h30 Au Centre Culturel d’Auderghem

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« Villa dolorosa » Genre : chronique intemporelle

Sur les planches du Théâtre des Martyrs, dans une agréable scénographie et des costumes signés Renata Gorka voici un partage  généreux et désespéré!

Oh le beau Samovar !   C’est le  cadeau  d’anniversaire détesté dans «  Villa dolorosa » (2009), une  comédie dramatique de l’auteur allemande Rebekka Kricheldorf qui met en scène une génération Y résignée, en panne d’inspiration devant la déliquescence du monde et l’absurdité du quotidien. Érosion des valeurs: les cadres aux murs sont intégralement vides. Pourtant les parents défunts ont abreuvé leur descendance de culture et l’on projetée dans ce que l’on appelle l’élite intellectuelle.  Las, les  jeunes  Freudenbach  sont totalement désœuvrés et pétris de mal-être. Ils n’ont aucune prise sur le présent. Soit ils batifolent dans le passé, soit, ils errent comme des âmes en peine dans un  improbable futur.   Les dessertes croulent sous la valse des bouteilles, l’alcool coule à flots. Le spleen est devenu du cuivre en fusion dont les reflets nimbent tous les costumes. Malgré la musique, l’enfer est proche.

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Et pourtant la villa est si belle, avec son vieux Chesterfield si accueillant, sa splendide verrière donnant sur un jardin plein d’exotisme, et le saule imaginaire est …tellement pleureur. Mais sous le tapis, la pourriture gagne, ni poudre de Perse ni naphtaline n’en viendront à bout. Et les filles dont le patronyme signifie « Rivière de joie »,  s’ébattent dans le grand espace vide, dans un rythme endiablé,  se mettant à nu comment si elles étaient à la plage. Se coupant la parole, gloussant, pleurant, se saoulant,  dysfontionctionnant à qui mieux mieux, liées par le sang, les désillusions, et les désirs excentriques, dans un jeu vertigineux et sans merci semé de rires et de pardons mutuels. Mais la fête d’anniversaire  est chaque fois  un  bien triste simulacre.  Où il apparaît que peut-être l’homme n’est pas doué pour le bonheur. Surtout si le bonheur, c’est l’utopie travail et celle des enfants heureux.   

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Dans ce huis-clos déboussolé et délirant, le monde est  vide et désenchanté, à la manière de celui des « Trois sœurs » de Tchékhov. C’est le nôtre. En plus grave encore?  Olga dans son tailleur de prof ( ah! l’admirable France Bastoen!) est toujours cette femme fidèle à elle-même, qui, bien que névrosée, tente de tenir l’équilibre familial à bout de bras, Irina ( Anne-Pascale Clairembourg) à elle toute seule un symbole d’une jeunesse en mal d’avenir, Macha ( Isabelle Defossé, plus tragique que jamais), cette amoureuse tourmentée, mal mariée avec Fiodor alias Martin qui habite l’appart d’en face. Compliqué ! Quand, toute jeune, elle est partie avec lui,  «C’étaient les hormones ! » avoue-t-elle.  Maintenant elle meurt de désir pour le ténébreux et placide Georg ( Nicolas Luçon), marié par ailleurs, avec une neurasthénique sans cesse au bord du suicide.

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Quand à la Natalia, la fiancée pétulante, celle-ci est ramassée dans un parc, puis devient la compagne d’Andreï ( incarné par le très charnel Thierry Hellin), leur frère à toutes, en constant  mal d’écriture, et à court d’argent. Elle s’appelle très prosaïquement Janine. Une « pauvre » lance-t-il en s’excusant. Certainement la plus craquante et la plus galvanisante de la bande. Elle affiche une tendresse inconditionnelle pour son loser de  mari, pour ses adorables enfants à la santé fragile, pour cette maison qui se lézarde.  Mais qui sait ? Peut-être est-elle la plus riche de toutes? Celle qui fuit le privilège de glandouiller, réfléchir,  être en dépression. Celle qui n’a renié ni le travail, ni les enfants.

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La cruauté et le désespoir ont  même envahi la langue. Un parler piquant, syncopé, brut, ivre,  désillusionné, fait de bombes et de propos cinglants. Ultra modernes, comme la solitude du même nom. Tout le monde parle en même temps, comme si la « vita dolorosa »,  devait être expulsée au plus vite  de leur être martyrisé.  Mais quand s’écoutent-ils vraiment? Le public, lui, est toute oreille, devant ce déferlement d’affects si magnifiquement interprétés. La luxuriance des mouvements  du corps et des postures fascine par leur modernité et leur présence. Cette pièce flirte avec   l’intensité d’un thriller fracassant : le dehors fait peur, la villa les protège, mais elle s’avère de plus en plus fragile. Seul leur lien familial les console, ou les airs d’opéra, une chance !  Le jeu partagé est extraordinaire et longtemps on pensera à la voix, à la silhouette, aux postures de  l’intrépide Janine ( l’exquise Deborah Rouach, on l’adore!), alerte et brillante,  qui refuse de frire dans le chaudron du temps immobile.

La pièce 4 étoiles de la semaine: «Villa Dolorosa», une découverte jouissive

Georges Lini dirige avec brio les désirs inassouvis de sa brochette de comédiens si bien choisis. Solistes émouvants,  les orphelins de la vie  vibrent à l’unisson dans cette épopée moderne du désenchantement. C’est magnifique et foisonnant.  

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Et si le paradis perdu était tout simplement de recommencer à travailler et à aimer? Champagne… ou vodka?

Mise en scène Georges Lini

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

De Rebekka Kricheldorf « VILLA DOLOROSA » Théâtre des Martyrs Bruxelles – 20.09 > 06.10.  Trois anniversaires ratés Librement inspiré des “Trois sœurs” de Tchekhov

Personnages:

« La famille » : Irina Freudenbach, 28 ans Olga Freudenbach, 37 ans Mascha Klepstedt-Freudenbach, 25 ans Andrej Freudenbach, 38 ans

Les « outsiders » rebaptisés Georg, 45 ans et  Janine, 20 ans

Compagnie Belle de Nuit

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Au théâtre des Martyrs: "L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non écourtée de Boby Lapointe"

Salade russe, avec ou sans Mayo ?

Debout les crabes, la marée monte ! Bobby Lapointe l’alliterophile absolu de la chanson française, le prince de l’imagination, se réveille ce soir, sous le jeu vivant et bon enfant de trois mauvaises herbes poussant d’ordinaire leur spectacle de par les rues ensoleillées du royaume de Belgique. Mais c’est bientôt l’hiver, et les manteaux, écharpes et parapluies ont envahi les rues, les gens se pressent pour échapper aux morsures de la froidure, et les baladins cherchent des murs…La bise venue, rien ne valait donc mieux pour les artistes batteurs de pavés, que l’accueillante fourmilière du Théâtre des Martyrs. Un lieu sûr pour ces saltimbanques chercheurs d’abri côtiers, rêveurs d’été, enchanteurs de plages, capteurs de sirènes et de pirates en goguette, et enfileurs de tableaux historiques à l’envers.

Ils sont 5 vaillants bricoleurs, unis comme les doigts de la main, mais on n’en voit que trois. Leur mission est de promouvoir notre belle langue française, affirment-ils, sans toutefois vouloir brandir haut et fort le flambeau du lexique ni celui de l’ami Grévisse. L’orthographe – on le sent, on le redoute – ils la traitent …par dessus la jambe. Comme dans Boby!

Mais qu’importe, s’il ne s’agit que réveiller les voix des géants endormis de notre chanson française ! Ceux qui ont tissé l’enfance des Boomers de tout poil. Georges Brassens, et sa moustache bien peignée, la pipe en coing (pour l’asseng) , une guitare ou une femme sur les genoux…et son parent pauvre : Sieur Bobby Lapointe. les artistes en culottes courtes veulent nous faire rire à coups répétés d’anti-héros chansonniers, ou de chansonniers anti héros. …Ce n’est pas la même chose, figurez-vous ! Mais pas mal de coups d’épée dans l’eau. Toute monde ne s’improvise pas Don Quichotte.

Mais soyez sans crainte : les reprises des tubes de Bobby se font à la bonne franquette, même si la mise en œuvre musicale est un peu légère. On avait adoré à la Samaritaine, Dieu ait son « æme », le trio féminin Tibidi , qui interprétait Boby Lapointe. Elles étaient absolument craquantes dans le genre : charme fou, diction parfaite, harmonie des voix, chorégraphie…


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Ces messieurs s’adonnent aux plaisirs des rimes et des clowns sur scène, mais la mayo prend-elle pour autant ? Pour que le rire joyeux fuse, il ne suffit pas de malmener la chronologie, jouer l’absurdie, Merci Lydie, ou de contrepéter à tire l’harigot, il faut que le grain de folie intoxique… On leur souhaite donc un peu plus d’arsenic ou de digitaline ou quelques graines d’hellébore, pour que le feu ne reste pas celui d’un déjeuner de soleil ou celui de quelques brindilles en fumeroles … Debout les fourmis ! Ou les cigales, c’est comme vous l’entendrez !

Au gré de leurs moultes prestations en places publiques, les artistes ont rassemblé assez d’éléments épars de la vie du bonhomme Lapointe que quitta sa Katy pour l’éternité, pour en faire un spectacle grand format, sous chapiteau permadur et qui tienne la route en hiver. Keep trying !

Dominique-Hélène Lemaire 

 THEATRE DES MARTYRS

 Petite salle - 27.11 > 14.12.19 - 1h15 - sans entracte

Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, les dimanches 01 & 08.12 à 15h00.
Bord de scène vendredi 06.12 animé par Michael Delaunoy.

JEU Valentin Demarcin, Benoit Janssens, Virgile Magniette
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
REGARD EXTÉRIEUR & RÉGIE Axel Cornil & Allan Bertin
CRÉATION COLLEXTIVE Les compagnons pointent
PRODUCTION Les compagnons pointent

RÉSERVATIONS
par téléphone +32 2 223 32 08 ou via le site http://theatre-martyrs.be/

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administrateur théâtres

SPECTACLES

« River » Dreams On ! Au théâtre des Martyrs

River

De quoi sont faits nos souvenirs ? Traces du passé ? Traces rêvées ? Et dans ces parties lointaines de notre mémoire quels secrets y avons nous enfoui ? Et nos amours perdues ? Aussi entêtantes que la mélodie d’une chanson ? Qu’en reste-t-il en nous ? La blessure est-elle devenue superficielle ? Et les enfants qui partent loin de notre nid ? Que faire quand l’oubli efface tout et qu’on ne reconnaît plus l’autre…

Et les au revoir quand on s’accroche à un hypothétique espoir.
Et les adieux, quand il ne nous restera plus que le souvenir, peut-être une caresse ou une odeur, quand on parlera à l’absente ou à l’absent.

À partir des champs de l’intime et des deuils qu’il nous faut faire, la chorégraphe Michèle-Anne De Mey bâtit une fiction dansée. Elle rassemble huit personnages, danseurs, acteurs, musiciens, circassiens et un chien, qui raconteront, à travers gestes et paroles, ce qu’on abandonne et ce qui nous suit quand on quitte une maison : les souvenirs communs et les souvenirs secrets. De la chambre, du salon, du jardin, et de la rivière.

Distribution

Un spectacle de Michèle Anne De Mey créé pour et en collaboration avec Charlotte Avias, Didier De Neck, Gaspard Pauwels, Fatou Traoré, Alexandre Trocki, Violette Wanty, Nino Wassmer, Zaza le chien • chorégraphie Michele Anne De Mey assistée de Fatou Traoré • textes Thomas Gunzig en collaboration avec Didier De Neck et Alexandre Trocki Du 12 au 23 novembre. Grande salle

Au gré de vos …harmonies


Un bouquet d’harmonies… et quelques clefs

« RIVER » vous offre un extrait du concerto pour piano No. 1 de Tchaikovsky, de nombreux extraits de Franz Schubert, les parfums de George Gershwin, l’Andante sostenuto de Franz Schubert, extrait de la 21e Sonate pour piano en si bémol majeur, D. 960, son ultime sonate , achevée le 26 septembre 1828, plusieurs arrangements pittoresques de « Die Moldau » de Smetana, le rêve en liberté, de sublimes « Summertime » chantés et dansés, et l’évidence même dans ce programme : « La jeune fille et la mort », exaltante et hypnotique. La dernière clef c’est « Memories of the Silver Screen » de Laurel & Hardy… Entrez et laissez vous emmener ! Au gré de vos propres harmonies.

Interactif

Et le spectateur, touché par la musique et le jeu sur le plateau, les ronds dans l’eau, de rebondir sur le champ et de partir lui-même à la recherche de ses harmonies. Viennent à l’esprit les premiers vers de « Correspondances » de Baudelaire,

«  La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. »

Mais La première chose qui m’ait envahi le coeur est la musique de “The River of no return” la seconde, un inexplicable souvenir de :”Madison Bridge”, la troisième plongeait dans le fleuve Léthé celui de l’oubli où les âmes deviennent bienheureuses. Le bonheur retrouvé des études classiques, les rives où Orphée perd Eurydice.

Sur le plateau

Car par devant soi il y a des jeux de transparence et de lumière, comme pour visiter l’âme, les voiles de la mort, une armoire magique à double fond tapissée avec la robe d’une des femmes, des danseuses par trois, comme celles qui vous imposent un impossible choix et un vieil homme assis dans un fauteuil qui fait tourner une boîte à musique avec sa danseuse hypnotique. Un chien, ce meilleur ami. Bien bien vivant, celui-là ! Ou non, c’est selon. Demandez à la rivière.

 Les souvenirs de l’homme eux sont exposés, radiographiés, photographiés, filmés, pris sur le vif, agrandis… joués, mimés, symbolisés, dans des tableaux qui ne cessent de s’évanouir et de se renouveler. Cependant que l’homme est en proie à la litanie des choses de sa vie. Il tient les rênes, il ne lâche pas un fil. Tout y passe, de la moindre fourchette à poisson, au sécateur grippé ou la housse de couette à fleurs rapiécée. Une mémoire qui frise l’obsession. « Ma tante part en voyage avec… « 

Cherchez l’intrus ! Il n’y en a pas. Sauf l’infinie solitude, la nostalgie, le temps en marche égrené par des musiques sublimes. Et la proche séparation d’avec sa maison qui a tout vu, tout en tendu, tout vécu. « Summertime », bonheur opiniâtre, pour réveiller l’été de l’âme, pour d’ultimes étreintes et se souvenir.

Aux pinceaux

La fresque poétique de l’A Dieu régie par Michèle Anne De Mey (Kiss and Cry) s’appuie sur ses huit piliers : les artistes qui fonctionnent comme un seul être, un organisme vivant qui résiste au temps et refuse de mourir. Les armes de la mise en scène : la présence, le verbe dépouillé, le corps et le mouvement exaltés. Notre espoir contre la perte et le noir complet. Une harmonie retrouvée ? Signée Charlotte Avias, Didier De Neck, Gaspard Pauwels, Fatou Traoré, Alexandre Trocki, Violette Wanty, Nino Wassmer, et Zaza le chien Boris Cekevda, au mixage sons…


Echo

Et voici celle que j’aime, l’harmonie qui répond pour moi au spectacle, en écho lumineux :

« J’ai essayé, dit-il, de me faire une compagnie avec toutes les choses qui ne comptent pas d’habitude. Je vais vous paraître un peu fou et je dois être un peu fou. Je me suis fait doucement compagnie de tout ce qui accepte amitié. Je n’ai jamais rien demandé à personne parce que j’ai toujours peur qu’on accepte pas, et parce que je crains les affronts. Je ne suis rien, vous comprenez ?
Mais j’ai beaucoup demandé à des choses auxquelles on ne pense pas d’habitude, auxquelles on pense, demoiselle, quand vraiment on est tout seul. Je veux dire aux étoiles, par exemple, aux arbres, aux petites bêtes, à de toutes petites bêtes, si petites qu’elles peuvent se promener pendant des heures sur la pointe de mon doigt. Vous voyez ?
A des fleurs, à des pays avec tout ce qu’il y a dessus.
Enfin à tout, sauf aux autres hommes, parce qu’à la longue, quand on prend cette habitude de parler au reste du monde, on a une voix un tout petit peu incompréhensible. »

Jean Giono, Que ma joie demeure.

Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Les Atrides saison 2019-2020 au théâtre du Parc

Quel luxe, face à la vulgarité qui nous entoure!

Un spectacle  grandiose, de par ses références à la culture grecque ancienne, pilier fondateur de notre culture européenne, et pour  sa  charge émotionnelle surprenante de modernité, son envergure d’humanité profonde et son intelligence extrême. Un travail d’adaptation ultra moderne des oeuvres d’ Eschyle, Sophocle, Euripide et Sénèque sur fond de musique pop-rock et un plateau de lumière éblouissante. Une banquise prête à fondre à cause de la folie humaine?


Un spectacle qui puise sa lumière autant dans les doigts roses de l’aube nouvelle, que dans l’amour de la lumière dans l’Attique baignée du sang des Atrides. Les champs de coquelicots sous le ciel bleu et les ruines de la Grèce antique n’en témoignent-ils pas?   Faut-il d’ailleurs dans le cas présent  dire Atrides ou Astrides? Car la formidable équipe artistique choisie par Georges Lini, Directeur artistique de la Compagnie Belle de Nuit,  n’est rien moins qu’étincelante et forme une constellation dramatique d’une force lumineuse incroyable autour de la tragique  légende antique.

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LE CYCLE DE LA HAINE
COMME PIÈGE ÉTERNEL
DE L’HUMANITÉ.

Georges Lini et son équipe pose sa fabuleuse production sur les planches de l’un des plus beaux théâtres que nous connaissions: le théâtre du Parc. Mais bien sûr, l’écrin de choix s’envole aux premières paroles, et le texte qui se déploie nous renvoie aux images de la Grèce éternelle et aux questions essentielles de l’homme en quête existentielle.

L’image contient peut-être : 9 personnes, dont Inès Dubuisson, texte qui dit ’Daphné d'Heur Clytemnestre Itsik Itsik Elbaz Agamemnon Inès Inès Dubuisson Electre Félix Félix Vannoorenberghe Oreste Wendy Piette Iphigénie Stéphane Fenocchi Léopold Terlinden Egisthe Pylade François Sauveur /musicien Pierre Constant /musicien’

Tous les comédiens présentent un corps à corps charnel avec l’histoire antique, révélant avec poésie, tout le tissu des émotions intimes de chacun des membres de cette famille frappée de malédiction divine et dont Euripide,  en particulier,   contait l’aventure humaine avec tant de compassion. Inès DUBUISSON dans le rôle d’Electre et  Félix VANNOORENBERGHE, son frère Oreste. Le formidable  Itsik ELBAZ qui, sur les mêmes planches avait incarné Hamlet et Macbeth, se glisse cette fois dans la peau d’Agamemnon. Face à lui, Daphné D’HEUR, sensuelle, juste jusqu’au bout des cheveux,  est cette Clytemnestre blessée et révoltée qui n’accepte pas la décision de de sacrifier leur fille pour s’attirer les vents favorables afin de reconquérir l’Hélène  de Ménélas. En fin de compte une situation terriblement banale… Vaut-elle une guerre impitoyable qui dura dix ans ?  La folie du monde a de tout temps été universelle.  Elle se décline avec les mots d’orgueil, de violence et de vengeance. La banalité du mal.


Faire du neuf avec ce qui ne l’est pas

C’est la force du texte remanié par Georges Lini conjuguée avec celle de l’interprétation, qui engage le spectateur dans une intensité d’affects et  une recherche  incessante  de sens car, à la manière de l’illustre Pasolini, dont les paroles ouvrent et referment le texte,  il s’emploie à la découverte méthodique  des zones cachées de l’histoire en sa version officielle. Georges Lini décape la tradition pour faire ressortir des questions que l’on ne se posait pas. Va-t-il réussir à réhabiliter une Clytemnestre pétrie d’humanité? Pari tenu, grâce à son adaptation moderne des textes antiques et grâce à la personnalité généreuse de la comédienne artiste qui incarne avec volupté la mère protectrice d’Iphigénie (exquise Wendy PIETTE) , l’épouse abandonnée d’Agamemnon, l’amante désillusionnée  d’Egyste (un extraordinaire Stéphane FENOCCHI) , la gouvernante du palais en l’absence du maître. Et l’incomparable Itsik ELBAZ.

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La femme serait-elle la mesure de toute chose, l’antidote de l’absurdité de la guerre, de l’orgueil démesuré, des passions dévastatrices? Le grain de vie? La petite sœur d’Electre, Chrysothémis en témoigne. Son  absolu désir de vivre nous vrille le cœur ! Aussi convainquante qu’Ismène, sœur d’Antigone chez Jean  Anouilh. Jouée aussi par Wendy PIETTE.   Choose life !  Inutile de dire que ce spectacle est un haut lieu de réflexion, d’émotion et de beauté de mise en scène. A classer  parmi  les incomparables!

Dominique-Hélène Lemaire

« Les Atrides » au Théâtre Royal du Parc à Bruxelles du 16 janvier au 15 février 2020.

Avec Pierre CONSTANT, Daphné D’HEUR, Inès DUBUISSON, Itsik ELBAZ, Stéphane FENOCCHI, Wendy PIETTE, François SAUVEUR, Léopold TERLINDEN et Félix VANNOORENBERGHE

Mise en scène et adaptation Georges LINI

Assistanat Xavier Mailleux

Scénographie et costumes Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Lumières Jérôme DEJEAN

Musique Pierre CONSTANT et François SAUVEUR

Vidéo Sébastien FERNANDEZ / Copyright photos: Sébastien Fernandez

Photos :  Jérôme DEJEAN

20:15
15:00 LES DIMANCHES
15:00 LE SAMEDI 15 FÉVRIER 2020
RELÂCHE LES LUNDIS

DURÉE : 1h45 (pas d’entracte)

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administrateur théâtres

Alexis et Edmond, un monde de connivences…

Nous voici à Paris, en décembre 1875,  à l’époque où une grandiloquente Sarah Bernhardt déclame « La Princesse Lointaine » au Théâtre de la Renaissance. L’ennui est prodigieux. Edmond Rostand n’a pas le sou, deux jeunes enfants à nourrir et une fidèle épouse sage comme une image. Ses pièces sont une suite de fours sans précédent. Tout le monde court ventre à terre voir du Labiche ou du Feydeau. Les messieurs, en passant par la case des « Belles Poules ». Question d’époque ?


N’est pas Poquelin qui veut! Coquelin, nouveau directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Martin a déserté  la Comédie-Française, pour se mettre à son compte en toute liberté, mais il est pourchassé par les huissiers. Premier clin d’œil autobiographique d’Alexis Michalik qui a fui le Conservatoire, dit-il, pour devenir freelance ?  Sauf que les  opus De Michalik ont fait immédiatement  pleuvoir sur lui  tous les Molières et nous ont portés au plus fort de la jouissance théâtrale. Comme ce fabuleux « Porteur d’histoire » l’an dernier joué au Public et à l’Atelier Jean Vilar.

Michalik a  donc flashé sur Cyrano de Bergerac et se lance dans une amplification théâtrale foisonnante et  savoureuse autour de son auteur, Edmond Rostand. Michalik fait flèche de tout bois dans de innombrables tableaux surprenants entourant la genèse de la pièce.  A la fois souffrance et exultation, rien ne sort de la plume sans urgence, c’est le propre de la création… Le tout  se trouve  émaillé de substantifique moelle, celle des extraits les plus  chavirants ou les plus drôles de la pièce de Rostand. Entre pastiche et vérité, il y a le rêve de la création littéraire et des tonnes de références culturelles incongrues.


Côté pastiche, on est servi ! Une vraie salade russe. La belle Roxane aux boucles blondes  est jouée par une actrice prétentieuse que l’on croirait sortie des contes de Perrault. Elle est affublée de deux producteurs corses  glauques qui  en sont entichés au point de servir de papas gâteau a son jeune fils adoré, François.  Au passage, on rencontre Tchekhov  qui fréquente  le poulailler rose qu’ils entretiennent: « Les Belles Poules ». Tchékov a soit-disant l’accord de sa femme car il  prétend qu’il va mourir sous peu! …Maintenant ou plus tard, de toute façon on va mourir un jour ! Les deux Georges, Georges Feydeau  et Georges Courteline  se prennent pour  Dupont et Dupond. Un certain Maurice  offre un  « boléro » pour la première… L’âme du « Dindon » se coince dans les claquements de portes.  Gallégeades théâtrales  ( champagne ou verveine ? ) persillée de joyeusetés telle  le patron noir du café, Honoré, bien sûr,  qui remet à sa place un fâcheux qui l’a traité de « nègre ». L’occasion de déclamer  sur tous les tons… la magnifique tirade du nez!  Voilà  quelques exemples  pétillants des  chapelets de connotations littéraires et malicieuses.

Au dos du décors et au plus profond de l’action il reste …l’éternel panache, cette note bleue qui chante  la hauteur des sentiments pour tout ce qui est muse ou idéal féminin,  versus l’usure domestique de l’amour quotidien. Mais par-dessus tout, voici une vibrante ode à  l’Esprit frappeur. Entre tous, l’Art théâtral, est le couronnement et le fondement de l’art vivant, loin des écrans de tout poil et autres «  réalités »   virtuelles. Le lieu par excellence de l’enthousiasme, comme le définit Madame de Staël. A bon entendeur, Salut !


La distribution impeccable rassemble une élite de la scène belge. Douze comédiens en goguette pour incarner pas moins de 38 personnages… De très connus :  Maxime Anselin, la très joviale Perrine Delers, Inès Dubuisson, l’incomparable Itsik Elbaz, l’illustre Antoine Guillaume. Mais aussi: Tristan Schotte ( Edmond Rostand) , la délicieuse  Elsa Tarlton  (Jeanne et Rosine), Rézal Siellez, Sandrine Laroche, Mwanza Gautier ( inénarrable Monsieur Honoré) et David Dumont. Le tout sous l’aimable regard de Michel Kacenelenbogen, dans sa mise en scène virevoltante. Et un  beau nombre de rappels enthousiastes. Presque comme au soir de la Première… le 28 décembre 1897.

Dominique-Hélène Lemaire    pour Arts et Lettres

Au théâtre le Public

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« EDMOND », la pièce aux 5 Molières d’Alexis Michalik, Comédie héroïque

Texte et direction artistique : Alexis Michalik.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Tristan Schotte (Edmond Rostand), Maxime Anselin (Jean Coquelin), Perrine Delers (Maria Legaut), Inès Dubuisson (Rosemonde Rostand), David Dumont (Léo Volny et le passant), Itsik Elbaz (Constant Coquelin), Mwanza Goutier (Monsieur Honoré), Antoine Guillaume (Georges Feydeau), Sandrine Laroche (Sarah Bernhardt), Réal Siellez (Marcel Floury), Elsa Tarlton (Jeanne), François-Michel van der Rest (Ange Floury).

DU 05/09/19 AU 30/11/19

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administrateur théâtres

SPECTACLES 

Prenons un malin plaisir : la saison 18-19 au Public porte bien son nom : Corps et Âmes. Et de nom, il est beaucoup question au cours de cette pièce écrite par Anne Sylvain, dont le déchaînement dramatique ne peut laisser personne indifférent. La plume ardente et inventive d’Anne Sylvain pratique une véritable amplification poétique et dramatique de l’histoire d’« Elephant Man », qui n’aurait nécessité que deux comédiens en scène, Frederick Treves, le docteur et Joseph Merrick, la créature humaine particulièrement repoussante, utilisée à l’époque comme phénomène de foire et surnommée « Elephant man ».


Autour de cet être humain,  » I am not an animal, I am a human being » qui vécut sous le règne de la reine Victoria apparaît un quatuor de femmes hors pair. L’auteur fait appel aux grands formats de la scène féminine belge : Bénédicte Chabot, (Les filles aux mains jaunes, Les poissons vert pâle) pour Amélia, la prostituée ; Ariane Rousseau ( Le trio TIBIDI, « le rêve d’Ariane ou l’histoire d’un quatuor à cordes » avec le Qatuor ALFAMA) pour Ellen Terry l’actrice ; Jo Deseure (Tu te souviendras de moi) en Reine Victoria, enfin humaine. Anne Sylvain s’est réservé le privilège du rôle extraordinaire de l’infirmière, tout ce qu’il y a de plus rugueux et rébarbatif, à première vue. Il est clair qu’un regard strictement féminin, décliné en quatre approches différentes, toutes très vraisemblables, ajoute à l’histoire leur pesant d’or. La présence utile et esthétique de la musique de Pascal Charpentier fait le reste.

Un chef-d’œuvre. David Lynch avait porté à l’écran en 1980, sous les traits de John Hurt et d’Anthony Hopkins les mémoires du médecin britannique Frederick Treves intéressé pour ses recherches scientifiques par le célèbre cas de Joseph Merrick, un personnage affligé de difformités spectaculaires que d’aucuns n’hésitaient pas à confondre avec Jack l’éventreur.

Très finement, Anne Sylvain souligne d’emblée combien le nom d’une personne est important pour lui donner existence et dignité. Jusqu’à la fin de la pièce, le médecin s’avère incapable d’appeler son patient par son vrai prénom. Il tombe à tous les coups dans le « John » au lieu de Joseph. (John Doe, pendant de « Jane Doe » dans le monde anglo-saxon dénote quelqu’un d’anonyme ou qui a perdu son identité : NN Nomen Nescio, dans la culture latine.) Machin, quoi, ou …Chose!

Au début du spectacle, le chirurgien Itzik Elbaz, éblouissant et sincère, seul en scène, s’interroge et interroge le monde soulevant des questions essentielles. On ignore encore la présence de Joseph Merrick incarné par le tout aussi fabuleux Othmane Moumen. « Dans l’Angleterre victorienne », la prospérité matérielle est la récompense naturelle de la conformité. Joseph Merrick n’y a pas sa place. Les miroirs se suivront et ne se ressembleront pas. Mais Anne Sylvain nous en tend des dizaines, histoire de nous faire réfléchir à coup de tirades percutantes bourrées d’humour aux grandes questions telles que la place de l’autre, le droit à la différence, l’eugénisme, les limites de la recherche, les apparences si trompeuses, la rumeur, la solitude du pouvoir, le colonialisme, l’appât du gain, la gloire … Et pourtant malgré le sérieux des questions abordées, on ne cesse de rire. Un rire homérique ? Certes non, Dieu nous garde de rire aux éclats comme les dieux dans le premier livre de l’Iliade en voyant la démarche boiteuse de Vulcain… Un rire de connivence, chaleureux et irrésistible, à cause du jeu irréprochable des comédiens et d’ un texte si bien écrit, une intrigue menée avec tant d’ élégance de cœur et d’esprit…Passons sous silence, les références à nos auteurs favoris, Hugo et Shakespeare, de délicieuses billes, pétillantes d’à-propos.

Ce sont très souvent les comportements de chaque personnage qui en disent plus que leurs discours. Ce décalage engendre un rire à la fois jouissif et immensément philosophique. Le personnage d’Elephant Man s’avère être lui-même le miroir de la conscience de chacun où n’existe plus que vérité sans faux-fuyants.


Anne Sylvain déploie son pamphlet très habilement. Si le médecin prétend vouloir comprendre la pathologie pour l’intérêt de la science, son jeu scénique, démontre tout le contraire, c’est son ego et son intérêt personnel qui sont principalement en jeu, même sous des dehors de bon samaritain. Anne Sylvain joue admirablement bien l’assistante, Eva Lückes, infirmière revêche au possible au début du spectacle, qui fera tout pour comprendre, non seulement la pathologie de Joseph, mais surtout son âme. En effet, à force de soins au patient interné à vie dans l’hôpital, elle crée avec lui une relation basée sur l’empathie, réprouvée par le médecin. Son rôle évolue de façon remarquable. C’est elle qui se plait à faire remarquer jusqu’au bout au bon docteur, qu’il se trompe de nom. 
Le dénonceur dénoncé : « Ton éthique est-elle plus honorable que la mienne, charlatan ? » Le médecin a toutes les apparences du beau rôle, c’est lui qui va sauver celui que tous montrent du doigt, il va l’accueillir, l’abriter, le nourrir. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il va lui aussi l’utiliser «  comme cobaye au profit des êtres sains » tout comme celui à qui il l’avait arraché, Mr. Norman le montreur de foire. Rôle joué avec une énergie de feu par Yves Classens . Il réclame à cor et à cris de récupérer son « outil de travail  », son « trésor » mais Joseph Merrick, ne sera pas dupe ! CarJoseph écoute et entend entend la musique du monde, il a un violon à la place du cœur.

Un spectacle qui a du corps et combien d’âme. En allant voir cette pièce au si beau texte, et si magnifiquement interprétée, on reçoit un talisman contre les injustices du monde, à moins que tout ne vienne de la statuette en bois de santal nommée Ganesch, protecteur des médecins, offerte par la Reine Victoria à son ami, Joseph Merrick dont le squelette a été conservé à L’hôpital de médecine de Londres depuis 1890, date de sa mort.

Dominique-Hélène Lemaire

Comédie dramatique

THE ELEPHANT MAN

De Anne Sylvain. Librement inspiré de la vie de Joseph Merrick.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen Avec : Bénédicte Chabot, Yves Claessens, Jo Deseure, Itsik Elbaz, Othmane Moumen, Ariane Rousseau et Anne Sylvain

Assistante à la mise en scène : Lou Kacen
Scénographie : Noémie Vanheste 
Décoratrice : Eugénie Obolensky
Lumière : Laurent Kaye
Musique originale : Pascal Charpentier
Costumes : Chandra Vellut
Assistante costumes : Chloé Dilasser, Sarah Duvert et Laure Norrenberg
Créatrices des prothèses : Bloody Mary’s
Maquillage : Patricia Timmermans 
Stagiaire scénographie : Iseult Brichet
Construction du décor : Jani Afar 
Régie : Rémy Brans  

DU 09/05/19 AU 22/06/19

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administrateur théâtres

Jeanne avec Nicole Croisille au Centre Culturel d’Auderghem

Solitude, cynisme,  paranoïa, tendresse quand même…

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Jeanne : un rôle de femme qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense ! Marin : un rôle de jeune-homme mal dans sa peau, déconnecté de tout, au bord de la faillite relationnelle, mais  mû par la force de la vie. Craquant comme un bouton d’or au printemps. L’or de scène où coule une énergie de Don Quichotte qui va à l’encontre de la violence sociale qui enferme les aînés dans des prisons de silence et de désintérêt général. L’or de l’espoir qui se mêle de changer quelque chose  au désert d’une vie  bas de gamme. L’or  de la patience à l’épreuve d’une femme de fer qui tantôt vitupère tantôt crie au loup et hallucine. …Sa tanière est pourtant protégée d’une série impressionnante de verrous.  La « vioque » comme elle se nomme sans détours, vit dans une tour au 23e étage, cernée  par  l’infini du ciel et de ses nuages libres et gracieux, où elle espérait rêver le bonheur. Elle  ne sort à peu près plus, passant  ses heures à découper en bandelettes des magazines publicitaires, travail de souris qui détricote  une vie. Une vie de secrétaire exemplaire, objet de désir et de luxure  pour un  patron sans amour. Une femme  atteinte d’une maladie rare incidemment jetée  de la société où elle a passé toute sa vie. Un baiser perfide  sur la joue, une coupe de mousseux et des pistaches qu’elle déteste comme A Dieu.

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La rencontre improbable avec le jeune homme s’est faite  à l’occasion d’une action électorale de la mairie, qui  s’est mise à proposer divers services sociaux  aux démunis de l’arrondissement,   visées électorales  très peu dissimulées à la clef. Le personnage stéréotypé de l’assistante sociale (Florence Muller) est conçu pour provoquer le rire. On rit moyennement. D’un rire un peu jaune, un peu délavé. Trop de répétitions. L’auteur veut ratisser trop  large.

La mission du jeune homme providentiel est de  porter des repas aux vieux du quartier. Pour Marin, c’est l’occasion de tisser de chaque côté du plateau une relation d’intimité. Une première dans sa vie de nul,  transparente et fade.  Voilà une Jeanne qui se livre comme jamais elle ne l’avait fait et  le livreur de repas  se rassasie enfin de confidences vraies, pour la première fois de sa vie, découvrant  avec émerveillement le cheminement du bonheur et de l’échange. C’est le plus beau de l’histoire. Prendre un râteau pour déblayer une fin …de plus en plus noire, mais apprécier pleinement la chute inattendue.

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Nicole Croisille est loin de sa chanson… « Parlez-moi de lui » ! En jupe plissée écossaise, elle rentre ici dans le type grinçant des octogénaires d’Agatha Christie et s’en  trouve fort bien : Tatie Danielle, en moins coriace, en plus friable. Mais le jeune homme? Le charismatique Charles Templon, bourré d’humour, sterling gold?   Il  incarne  un personnage immaculé et succulent, pétri de bienveillance, d’écoute de l’autre, de respect, d’empathie et de joyeuse humeur, à l’opposé de la dame 100% caractérielle, perverse et manipulatrice qui hante les lieux.  » Pourquoi vous vivez seule d’ailleurs ? » la question cruciale. Adroite mise en scène de Jean-Luc Revol du texte  Jean Robert Charrier dans des décors de Sophie Jacobs et des costumes de Michel Dussarat. Aux lumières, François Menou et à la sono, Bernard Valéry pour alterner réalité et passages des songes à travers le miroir de l’âme.  

Dominique-Hélène Lemaire

JEANNE


Du mardi 12 au samedi 16 mars
 2019 à 20h30 et le dimanche 17 mars 2019 à 15h

Une pièce de Jean Robert-Charrier
Mise en scène : Jean-Luc Revol
Avec : Nicole Croisille, Charles Templon, Florence Muller, Geoffrey Palisse
Décors : Sophie Jacob
Costume(s) : Michel Dussarrat
Lumières : François Menou
Musique : Bernard Valéry
Durée : 1h40

 http://ccauderghem.be/index.php?mact=Agenda,cntnt01,DetailEvent,0&cntnt01id_event=229&cntnt01returnid=65

Réservation par téléphone : lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 11h à 17h, le mardi de 11h à 15h et le samedi de 10h à 14h. 02/ 660 03 03

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administrateur théâtres

Spectacle porteur et enchanteur, voici une authentique tour des vents!  La parole est au souffle épique, le récit est souffle, le souffle est la vie… On se laisse inévitablement entraîner, à part sans doute quelques récalcitrants, pourfendeurs de sophismes.  « Le porteur d’histoire » est une invitation chorale à réfléchir dans nos vies, à la part de rêve dont s’emparent tous nos récits. Et comme le texte le souligne, le récit, c’est la vie. Si vous choisissez la vie, vous choisissez le récit. Tout est fiction. Sur un ton plus grave,  « Et en ce monde, celui qui détient l’information, celui qui détient les clés du récit, celui qui sait mieux que les autres raconter une histoire devient le maître.» Cela, on l’avait déjà lu dans 1984 de George Orwell. Et George Orwell, on y est.


Alexis Michalik, le jeune auteur français primé en 2014 pour les  Molières du meilleur auteur francophone vivant et du meilleur metteur en scène de théâtre privé, s’explique : « J’ai choisi cinq acteurs : trois hommes et deux femmes; cinq tabourets, un plateau nu et deux portants chargés de costumes. Les cinq acteurs incarnent un nombre illimité de personnages fictionnels ou historiques. Au fil du récit, ils deviennent moteurs et instruments narratifs.» Quarante-cinq changements de costumes, de personnages, de cadre historique, de pays, de point-de-vue, contribuent à bâtir une tour légendaire d’histoires bondissantes,  où tout est relié. Elle se construit avec adresse sous les yeux émerveillés du spectateur. La pure fiction prend des airs de vérité car l’information est sans cesse croisée, vérifiée, historiée. Tout se tient comme dans une immense tapisserie, ou un vitrail, si vous n’aimez pas  l’image de la  tour.  La damnation de Babel en moins, car même langues et accents s’entrecroisent sans le moindre heurt ! Comme dans le Candide de Voltaire on est cerné par le rythme haletant des récits .

Deux femmes, Alia Ben Mahmoud, et sa fille Jeanne vivent dans un village perdu dans le désert algérien et reçoivent la visite d’un homme qui recherche l’hospitalité. Charmé par la découverte  de leur   incroyable bibliothèque, comme l’aède de l’Iliade et l’Odyssée, le visiteur  commence une histoire qui aiguise  d’heure en heure, leur curiosité. Elles aussi rapportent comment elles se sont  libérées de l’enfermement marital.  Une quinzaine d’années auparavant,  à l’occasion du décès de son père,  le narrateur a découvert dans une tombe abandonnée parmi des livres ensevelis, des carnets écrits entre 1820 et 1830 par une certaine Adélaïde de Saxe de Bourville…. Le jeu de piste est enclenché pour découvrir à travers l’écriture vertigineuse … des trésors d’imagination. S’offre alors  aux spectateurs, médusés à leur tour, une cascade de  perles de chorégraphie littéraire tant  mimée que  parlée.


La mise en scène impeccable par l’auteur lui-même,  transporte l’esprit entre ce village algérien de 2001, un coin perdu des Ardennes françaises,  le rêve canadien,  chez le pape à Avignon en 1348, à Paris, aux côtés d’Alexandre Dumas ou d’Eugène Delacroix, voire de Marie-Antoinette, et auprès de ceux de ceux qui firent de l’Algérie une colonie française récitant «  nos ancêtres les Gaulois » pendant plus de 130 ans… C’est tout un symbole de vie, cette quête du Graal, ce mystérieux calice  d’un arbre qui plonge ses racines dans un  monde matriarcal  aujourd’hui disparu, celui des mystérieuses  Lysistrates.   Le récit, serait-il l’antidote de la guerre ? Choisit-on la coupe ou le sabre ? The word or the sword ?  On rêve. Autre question, l’histoire, n’est-elle pas toujours  contée par les vainqueurs ? Le récit fait mouche, le coche est emballé, l’équipage, dont nous sommes, est en cavale imaginaire, quel que soit le bout par lequel on prenne l’histoire.


Ce tour de force narratif repose sur les épaules de 5 comédiens belges hors pair qui font jaillir l’étincelle du récit avec une adresse de souffleurs de verre.  Le tourbillon romanesque qui raconte les filles d’Adélaïde, est incarné par une sublime Shérine Seyad , un rêve de femme, et la très délicate Julia Le Faou. Il est  exhaussé  par la verve de  Nicolas Buysse le brillant lecteur des sources et professeur d’Histoire canadien, secondé par deux compères tout aussi créatifs et crédibles dans leurs rôles, l’un  en anti héros contemporain, interprété avec réalisme incisif  par Baptiste Blampain et l’autre, indispensable  cinquième larron de la feria, Allan Bertin, dans une valse de rôles jubilatoires dont   la flamboyance d’un Alexandre Dumas grandiose. La cohésion  des comédiens, la finesse de jeu font plaisir à voir, et mettent en évidence le lien qui unit tous les humains. Ces artistes, tour à tour, se prêtent au jeu, ravissent l’imaginaire, exaltent le pouvoir addictif de l’histoire et construisent cette tour des vents chorale dont la beauté apparaît à chaque détour,  gavée de verbe et d’éblouissantes pantomimes.


Dominique-Hélène Lemaire

  • Création
  • 15 au 25 janvier 2019
  • Théâtre Jean Vilar
  • Durée : 1h35

Mise en scène Alexis Michalik
Avec Allan Bertin, Baptiste Blampain, Nicolas Buysse, Julia Le Faou, Shérine Seyad 
Photo © Gregory Navarra Photographe 

Rencontre avec les artistes jeudi 24/01 

Introduction au spectacle vendredi 25/01 à 19h45

    

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administrateur théâtres

Le spectaculaire Cyrano triomphe à Villers-la-Ville

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Figurant parmi les plus célèbres pièces du répertoire français, Cyrano de Bergeraca été écrit par Edmond Rostand et publié en 1897. Cette pièce s’inspire d’un véritable personnage  ayant réellement existé :   Savinien Cyrano de Bergerac, né en 1619, ayant  réellement participé au siège d’Arras en 1640 et mort en 1655.   A l’époque de Louis XIV.


Acte III, Scène X

Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce?

Un serment fait d’un peu plus près, une promesse

Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,

Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer;

C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,

Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,

Une communion ayant un goût de fleur,

Une façon d’un peu se respirer le coeur,

Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme!

 20.000 spectateurs attendus à l’Abbaye ! Formidable pied de nez à la morosité verbale et affective de notre siècle, voici sous les étoiles, en vers et en 12 pieds, le nez en l’air et l’air d’un soir, un voyage tout en poésie entre la Terre et la Lune… Voici : Cyrano, Roxane et Christian. Et le trio qui les incarne à la perfection : Bernard Yerlès, l’exquise Anouchka Vingtier et le très rebelle Damien De Dobbeleer.

Une magnifique aventure collective dirigée avec amour profond du théâtre  par Thierry Debroux, qui signe  tous les émois. On découvre Roxane, une jeune femme belle et distinguée, Christian de Neuvillette, un jeune noble qui l’aime en secret et le comte De Guiche (le formidable  Éric De Staercke), qui cherche à faire de Roxane sa maîtresse et veut la marier au vicomte de Valvert (Julien Besure), ce à quoi la jeune femme ne souscrit pas, bien évidemment. Jacques Capelle,  grand chorégraphe, signe  tous les combats.

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Verbe et Costumes hauts en couleurs

Comme des Accords mets vins…

Sachez que tous les costumes de l’ardente équipe d’Anne Guilleray aux doigts de fée,  racontent une histoire, jusqu’à la tenue du pâtisser poète… Rageneau : Michel Poncelet, dans toute sa splendeur. Ah ! Comme il nous plaît !  Et que chez tous les comédiens, la diction est belle!

La robe jaune vif, solaire couleur du pouvoir, parfum de jouvence et d’éternel été, se cache sous un lourd manteau de souvenirs. Il est fait de la moire de l’empire du deuil et des larmes.  Roxane, éplorée de bout en bout  n’en peut plus  d’enterrer le bonheur ailé de l’amour: Cyrano. L’homme-parole est vêtu de  cuir et d’humus. Mais sous sa cape d'argent, il voyage entre Terre et Lune sur des chemins semés d’étoiles. Une  cape d’argent? Pour mieux jouer la folie des rayons de lune et mieux tromper le monde terre-à-terre.

 Et l’habit gris, couleur de colère du ciel,  ventre-saint-gris ! C’est celui du pauvre Christian,  une pâle esquisse de son verbe déficient, mais tellemnet seyant!    

Les pourpoints brodés et enrubannés appartiennent à De Guiche et autre Carbon de Casteljaloux, pleins de suffisance et de mâle prétention.

Le fidèle et véritable ami Le Bret (Jean-Philippe Altenloh)  arbore des nuances d’été indien…

Oui, l’œil ne cesse d’être frappé par bien d’autres costumes encore ! Sur scène, comme Edmond Rostand le souhaitait,  ainsi que  feuilles au vent, une foule de bourgeois, marquis, mousquetaires, tire-laine, poètes, cadets, gascons comédiens, violons, pages et précieuses...Pittoresques,  agrémentés de  notes anachroniques, comme surgis d’une improbable  montgolfière, les époques se mélangent. Vive l'imaginaire! Voici  même un admirable Trissotin, des perruques qui s’envolent, et autres  délirantes coiffures façon  Tampon-Jex.   On reconnait Cédric Cerbara et ses rôles annexes,  une Béatrice Ferauge alternativement Duègne compassée et coquine Sœur Marguerite ! Tous  comédiens exaltants – excusez du masculin ! – une  fabuleuse équipe et Olivier Francart qui joue Lignière. 


Lieu d’exception

Thierry Debroux a fait le choix de présenter le chef d’œuvre d’Edmond Rostand en un seul lieu. Le lieu géométrique de tous les affects, la nef des joies et des larmes de tant d’humains, au cœur de l’antique Abbaye font sens. Personne ne se balade, tout le monde voyage  et prend l’air à pleines narines.

Que personne ne bouge ! Un écrin chargé d’histoire et de souvenirs, le choeur et la nef de l’abbatiale accueillent tous les changements de décor: de l’hôtel de Bourgogne où doit se tenir la pastorale du poète hypocrite et bête,  honni par Cyrano et qui débouche sur un duel, à la rôtisserie des poètes où Cyrano brûle de rencontrer Roxane, à la scène du balcon où deux cœurs brûlent pour une seule femme, au siège d’Arras où tout le monde meurt de faim, et enfin au  lieu de la mort de Cyrano, dans le Couvent des Dames de la Cour où Roxane a trouvé refuge.15 ans  après la mort de Christian, Cyrano va mourir aux pieds de celle qu’il adore, lui disant la Gazette du jour pour la dernière fois…  Et jamais le trou laissé par sa disparition ne se refermera. 

Le panache  

C’est désormais à l’abbaye de Villers-la-Ville que  flottera le panache du grand disparu. Un supplément d’âme. Le souffle du poète. Des tirades et des envois qui pourfendent la laideur et distillent la beauté. Mais qu’est-ce que le panache dira-t-on ? La plume, bien évidemment. Celle qui flotte glorieusement  au feutre du mousquetaire.

 «  Le panache n’est pas la grandeur, mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif, — et d’un peu frisé. Si je ne craignais d’avoir l’air bien pressé de travailler au Dictionnaire, je proposerais cette définition : le panache, c’est l’esprit de la bravoure. Oui, c’est le courage dominant à ce point la situation qu’il en trouve le mot. Toutes les répliques du Cid ont du panache, beaucoup de traits du grand Corneille sont d’énormes mots d’esprit. Le vent d’Espagne nous apporta cette plume ; mais elle a pris dans l’air de France une légèreté de meilleur goût. Plaisanter en face du danger, c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. Certes, les héros sans panache sont plus désintéressés que les autres, car le panache, c’est souvent, dans un sacrifice qu’on fait, une consolation d’attitude qu’on se donne. Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n’est qu’une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l’esprit qui voltige n’est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) que, tout de même, c’est une grâce… que je nous souhaite. »

Celle dont se sert Cyrano pour écrire ses lettres d’amour. Celle qui va au vent comme un baiser vers l’infini.  

 Acte V, Scène VI

Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose!

Arrachez! Il y a malgré vous quelque chose

Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu,

Mon salut balaiera largement le seuil bleu,

Quelque chose que sans un pli, sans une tâche,

J’emporte malgré vous, et c’est…

C’est?

Mon panache.

Dominique-Hélène Lemaire Arts et Lettres


Du 16 juillet au 10 août 2019. Mise en scène de Thierry Debroux – Chorégraphie de combat : Jacques Cappelle
avec
Bernard Yerlès – Cyrano de Bergerac
Anouchka Vingtier – Roxane 
Eric De Staercke – Comte de Guiche 
Michel Poncelet – Ragueneau 
Jean-Philippe Altenloh – Le Bret 
Damien De Dobbeleer – Christian 
Julien Bésure – Valvert 

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administrateur théâtres

« 1984 » George Orwell au théâtre du Parc (Bruxelles)

Mars16, 2019

On dirait qu’après avoir extrait l’élixir maléfique de ce roman d’anticipation écrit en 1948 , Thierry Lebroux a investi le plateau avec une œuvre encore plus parlante et plus explicite … Nos jeunes, installés aux premières loges, car c’est sur eux que repose tout notre avenir, apprécieront!

D’un visionnaire à l’autre...

Si on avait la moindre tentation de banaliser le propos que Georges Orwell développe minutieusement dans son roman « 1984 », l’adaptation qu’en a faite Thierry Debroux à l’aube de la nouvelle décennie l’an 2000, brûle d’un pouvoir de suggestion et d’urgence encore plus vif que l’œuvre mère. Savamment filtrée par le mystérieux alambic du directeur du théâtre du Parc, l’adaptation retient l’essentiel et nous parle en direct et sans ambages. Elle se fonde sur notre vécu et l’observation des multiples dérives du monde abrutissant qui nous entoure. Ce ne sont plus les dérives épouvantables de l’hitlérisme et du stalinisme conjugués qui sont ici évoquées, mais celles des temps présents, que nous ne cessons de déplorer chaque jour et qui semblent projeter un horizon 2050 totalitaire, encore plus désincarné et déspiritualisé et certainement totalement déshumanisé. Le prix à payer à l’essor des technologies et de l’intelligence artificielle dans un monde hyperconnecté et à la gourmandise des puissants? Un froid glacial nous glisse dans le dos.

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Comme à la sortie du roman d’Orwell, on est à nouveau devant un faisceau d’avertissements dont on craint à juste titre qu’il soient prophétiques. Les prendrons-nous en compte, cette fois?

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Le super duo Fabian Finkels-Guy Pion a fait merveille une fois de plus. Présence théâtrale confirmée, esprit, vivacité, diction impeccable, justesse de ton, sensibilité, charisme, tout y est.Guy Pion prend habilement les habits de la « mauvaise pensée » du héros Winston, (Fabian Finkels) et sert de personnage supplémentaire à Thierry Debroux pour mettre en scène le journal intime , fil conducteur de l’œuvre d’Orwell. Coup de maître, puisque le même Guy Pion, très astucieusement vêtu du même manteau et chapeau appartenant à un siècle révolu, joue aussi le rôle d’O Brien , l’opposant au régime, ou pas… La résultante des méprises est d’autant plus glaçante. Une méprise semblable à celle annoncée dans la conclusion de « Animal Farm» (1945) la fable prophétique d’Orwell où les personnages finissent par se mélanger indistinctement dans l’esprit du narrateur. ..Et si ce splendide équipage Finkels-Pion , un véritable bijou d’art scénique, représentait par leur ensemble tellement bien huilé, l’essence charnelle et spirituelle de notre nature humaine? Quelle paire! Unique en son genre, extraordinairement vibrante et bouleversante!

De même, le formidable duo Winston -Julia (Muriel Legrand) creuse les sentiers interdits de l’amour prêt à succomber. Ou ceux de la trahison… Mention spéciale décernée au terrifiant duo mère-fille, Magda et Lysbeth Parsons, joué à la perfection par Perrine Delers et en alternance, Ava Debroux, Laetitia Jous et Babette Verbeek , aussi impressionnante que Misery, personnage de Stephen King. C’est tout dire! Pierre Longnay tient le rôle de Syme, avec conviction. La mise en scène de Patrice Mincke, alterne dialogues, chansons et les superbes chorégraphies de Johann Clapson et Sidonie Fossé. Fort heureusement, les voix humaines qui s’élèvent à travers les chants et les ballets des danseurs trouent par moment l’univers étouffant des circuits électroniques et des écrans omniprésents et convoquent notre émotion en aiguisant notre nostalgie, comme si déjà on y était, au cœur de cette détestable uchronie, où sévissent des drones de tout poil. C’est à pleurer! Et pas de rire…

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Le décor irrespirable et oppressant de Ronald Beurms est fait de monstrueux containers imbriqués au début du spectacle, dans une sorte de rubik’s cube glauque fait de métal et de bois brut comme un immense coffre-fort.

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« Morituri te salutant » Le monde ne tourne plus rond, il se bloque dans des mouvements d’abscisse et d’ordonnée, , celui d’un ordre nouveau jouant sur la verticalité et l’horizontalité ne laissant plus aucune place à la pensée, à la vie, aux courbes, à la nature, à la féminité. Les concepts sont inversés, on marche donc sur la tête. L’Amour n’est plus, vaincu par la Haine que l’on se doit de vénérer en groupes. Elle est érigée en principe de vie dès le plus jeune âge, la dénonciation d’autrui étant devenu le modus vivendi. Vivre ou mourir, quelle importance? La seule raison d’exister est de servir Big Brother ou vous êtes vaporisé. Le monde n’a plus aucune notion de paix puisqu’il est en état de guerre perpétuelle. La liberté, même celle inscrite au plus profond de nos rêves est mise hors la loi. Le langage, à long terme est appelé à disparaître, pour empêcher toute ébauche de critique du régime politique en place. L’inoffensif terme «Monsieur» est même en passe de disparaître du dictionnaire. Tout comme l’amour, le vin, la musique, les parfums et Shakespeare. C’est l’avènement d’un langage épicène visant à l’extinction de la pensée. «Big Brother »vise à ce que les citoyens soient rendus à une existence de moutons coupables, dociles et décérébrés. Happy End.

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Applaudir ou ne pas applaudir? Là est la question. On applaudira à tout rompre, mus par la pertinence et la beauté du spectacle, sa créativité parfaitement aboutie et l’élan vital et spirituel qui nous habite encore.

Dominique-Hélène Lemaire

« 1984 »

Du jeudi 7 mars 2019 au samedi 6 avril 2019

Avec : Perrine DELERS
Julie DIEU
Béatrix FERAUGE
Fabian FINKELS
Muriel LEGRAND
Pierre LOGNAY
Guy PION
les enfants Ava DEBROUX, Laetitia JOUS ou Babette VERBEEK

Ainsi que les figurants:
Pauline BOUQUIEAUX, Johann FOURRIÈRE, Laurie GUENANTIN, Vanessa KIKANGALA, Barthélémy MANIAS-VALMONT, Romain MATHELART, Franck MOREAU et Lucie VERBRUGGHE.

Mise en scène : Patrice MINCKE

Assistanat : Melissa LEON MARTIN
Scénographie et costumes : Ronald BEURMS

Éclairages : Laurent KAYE

Vidéos : Allan BEURMS

Musique originale : Laurent BEUMIER
Maquillages : Urteza DA FONSECA

Chorégraphie : Johann CLAPSON et Sidonie FOSSÉ

Crédit photos: ZvonocK

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Basée sur le roman Mille neuf cent quatre-vingt-quatre de George Orwell (Copyright, 1949), avec l’accord de Bill Hamilton, ayant-droit du patrimoine littéraire de la défunte Sonia Brownell Orwell.

Une coproduction du Théâtre Royal du Parc, du Théâtre de l’Eveil et de La Coop asbl.

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administrateur théâtres

Les mystères de la diplomatie

LE CHEVALIER D’ÉON

Du jeudi 25 avril 2019 au samedi 25 mai 2019 au théâtre du Parc à Bruxelles

Il ou elle ? Avec «  Le Chevalier d’Eon » Thierry Debroux revisite l’une des énigmes les plus bizarres et les plus controversées du XVIIIème siècle. Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Thimothée d’Éon de Beaumont, dit le Chevalier d’Éon fut successivement docteur en droit, avocat au Parlement de Paris, secrétaire de l’ambassade de France à Saint-Pétersbourg, capitaine des Dragons, agent secret, chevalier de Saint Louis et ministre plénipotentiaire à Londres. En même temps, il fut considéré comme l’une des plus belles femmes du XVIIIème siècle… Homme ou femme, celui qui fut l’une des plus fines lames de son temps a préservé l’ambiguïté jusqu’à son dernier souffle. Revisitant avec jubilation la comédie de cape et d’épée, Thierry Debroux nous entraîne dans la France et la Russie du XVIIIème siècle ». Saison 2005-2006 au théâtre le Méridien, théâtre d’émotions, hélas disparu depuis 2012.

Revoici  notre chevalier, au Parc, en James Bond dégenré,  affublé de jupons lors de ses missions d’espionnage, sous le nom de Lia de Beaumont. A la manière d’un phénix et dirigé avec virtuosité, par Daphné D’heur il reprend du métier, et quel métier! Celui de nous ravir et de nous promener à travers l’Europe du XVIIIe, Anne Guilleray, préposée à la création des costumes, faisant  merveille. Les hauts maquillages sont signés Urteza Da Fonseca. Et le chevalier ? Quel est son vrai nom à la ville? Julien Besure. Tout juste trente ans et l’an dernier, Octave dans les fourberies de Scapin, sur les mêmes planches. Jim Hamwkins dans l’Île au trésor, en 2016. A part le surf, le ski et le snowboard, il est passé maître en escrime, sous la conduite de son  fracassant maître d’armes…Jacques Capelle.  Mais aussi bretteur vocal sidérant et attrape-coeurs  aussi volatile qu’Arsène Lupin. 

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Son histoire  campe une période de guerre mondiale très noire,  pudiquement dénommée de guerre de sept ans (1756-1763) se déroulant simultanément sur plusieurs continents.  Elle opposait deux blocs franchement ennemis, tous deux  en route pour la conquête du monde : l’Angleterre et son empire colonial alliée à  Frédéric II de  Prusse contre la France et l’Autriche, leurs alliés et empires coloniaux.  A qui la Russie tendrait-elle la main? L’empire britannique sort vainqueur, régnant sur toutes les mers du monde,  la Prusse s’affirme au sein de l’espace germanique. La France perd définitivement la bataille de la culture française, versus la culture anglo-saxonne.  Le texte met en relief les machinations politiques, les questions d’intérêt, la place congrue du cœur dans la sphère politique.

– La légende raconte que, déguisé en femme lors d’un bal, Le chevalier d’Eon  aurait subjugué Louis XV. Recruté dans les services secrets du roi, il est envoyé comme espion à la cour de Russie. La mission qui lui est confiée est délicate puisqu’il il doit gagner la confiance de la tsarine Elisabeth afin de conclure un traité d’alliance pour rétablir les relations diplomatiques entre la France et la Russie, ce qu’il réussit avec brio sous les traits de Lia de Beaumont. 


Côté hommes,  Daphné D’Heur ne manque pas de comédiens d’excellence. Les voilà tous rassemblés. avec un Maroine Amini superlatif dans le rôle de Lubin, le fidèle valet vif argent du chevalier qui mêne grand train, une histoire d’amour ancillaire avec sa Nanette (Laurie Degand) , époustouflante de vivacité et de répartie tant vocale que physique. Sir Douglass, en tenue écossaise,  qui représente la perfide Albion, cache admirablement son jeu … ou pas, C’est Anthony Molina-Diaz, une autre grande pointure des planches du Parc.  Didier Colfs se partage avec autant de bonheur entre le très envieux Duc de Nivernais et Le Prince russe Narychkine. L’autre vilain, c’est le Chancelier Bestouchev (Nicolas Janssens), un concentré d’arrivisme et de manipulation, flanqué de notre Fabian Finkels, campant des vice-chancelier Voronstov et Ministre Lebel presque Felliniens. Habiles jeux de masques et d’éventails meurtriers, les chassés-croisés se succèdent dans un rythme échevelé, à la manière du vaudeville haut de gamme, Georges Lini es-tu là ? Les scènes comiques et jubilatoires sont au rendez-vous.  Le plateau tournant  trilobé explose les  portes qui claquent, et le décor très frugal se  contente d’à peine quelques médaillons évocateurs. Tout est dans l’énergie bondissante des  acrobaties amoureuses et politiques.


Côté femmes, des perles rares. Une comtesse de Rochefort exquise, une grande dame, intelligente de cœur et d’esprit, notre préférée? Elle incarne à la fois le badinage de Marivaux et la sagesse de la vie qui sait savoure ce qui lui est donné, et rit de bon cœur du reste, tout en délicatesse. « C’est le genre de femme qui ne passe pas inaperçue en public. Longiligne, port altier, chevelure noir jais encadrant un visage au teint d’albâtre, aux traits fins et réguliers, d’où se détachent deux immenses yeux incandescents. » écrivait à son propos Philip Tirard, en 2005.  Ajoutons, des pommettes fabuleuses à faire craquer les amants… Toute jeune, elle a parcouru la planète avec des parents d’origine italienne, les Abruzzes.  Remarquée par sa prof de français à Hong Kong,  elle s’inscrit  par amour du théâtre au Conservatoire de Mons au retour en Europe. Toujours pas trouvé ? Il s’agit de Laurence d’Amélio, autant jeune première que tragédienne.


Petra Urbanyi, princesse hongroise de caractère ? Oui pour le caractère, non pour la Hongrie.  Elle joue Sophie-Charlotte de Mecklembourg, princesse de Saxe qui piétine de rage, féministe jusqu’au bout des cheveux, refuse qu’on la marie avec Georges III le roi d’Angleterre surnommé le roi fou, mais deviendra tout de même la grand-mère de la reine Victoria ! Un jeu surexcité d’ado rebelle et de jeune femme rêvant d’amour véritable, très marrie d’être convoitée plus comme objet politique que comme roseau pensant.L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout


Et la palme, si palme il y a, revient à la tsarine Elisabeth Petrovna, admirablement présente et déclinée par Perrine Delers, un monument théâtral, une prestance éclatante, une allure incomparable. Elle a tout : la voix, les humeurs, le maintien, la noblesse,  le prestige, l’autorité. On se souvient de son rôle de voisine écrasante dans le 1984 d’Orwell, la métamorphose en tsarine ne fait qu’amplifier  son  port royal et  son ascendant dévorant.

L’image contient peut-être : 4 personnes, personnes souriantes, personnes debout et intérieur


Rien que des éloges donc,  pour cette pièce où le rire est roi et le plaisir souverain, où roulent les tribulations, les ballets XVIIIe, les noms prestigieux,  les supercheries politiques et les jeux du pouvoir intenses pendant que le monde entier se trouve  rassasié de guerres incendiaires et dévastatrices. Sept jours, sept ans, le chiffre biblique de l’éternité jeté en pâture à la violence humaine.

Dominique-Hélène Lemaire    Pour Arts et Lettres

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Réservations: 
via le site ou par téléphone au 02 505 30 30 – du mardi au vendredi  – ouvert de 12h à 19h.

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administrateur théâtres

Théâtre: Peut-on rire de l’indicible?

Mein Kampf (farce) à la Clarencière (Bruxelles)

Le contexte

Tout récemment, le  New York Times a évoqué que le journal Tylko Polska (Only Poland) avait publié un article intitulé «Comment repérer un juif» au mois de janvier 2019.

En France, malgré la polémique, et la montée de l’antisémitisme,  les éditions Fayard  annonçaient  en 2015 qu’elles publieraient une réédition du livre en 2016, du fait qu’il tombait officiellement dans le domaine public.

En mars dernier, le manifeste politique d’Adolf Hitler, « Mein Kampf », interdit dans de nombreux pays, a été mis en scène au Powszechny Theater à Varsovie. Le metteur en scène Jakub Skrzywanek voulait montrer que le langage utilisé par les hommes politiques  et  par tout le monde en Pologne, est pire que celui d’Hitler.

L’œuvre poétique de Georges Tabori « Mein Kampf (farce) » créé en anglais,  à Vienne en 1987 est très rarement jouée et se voit exhumée cette année par un groupe théâtral liégeois, Les Anges Hantés . Jorge Lavelli a créé la version française en 1993. A ce propos, Agathe Alexis (Festival d’Avignon, Comédie de Béthune, Théâtre du Rond Point, tournées en France, Suisse et Belgique) nous donne  son  éclairage. Elle  considère que c’est l’une des plus grandes tragi-comédies du vingtième siècle.  « Lorsque j’ai lu la pièce pour la première fois, j’ai immédiatement pensé à cette phrase de Pouchkine : « Le rire, la pitié et la terreur sont les trois cordes de notre imagination que fait vibrer le sortilège dramatique ». Ce texte réunit, en effet, tous les « ingrédients » propres à susciter la magie d’un théâtre qui prend la réalité à bras le corps et secoue – émotionnellement et intellectuellement – le spectateur en l’entraînant sur des chemins à la fois scabreux et lumineux, sans pour autant le désenchanter, c’est-à-dire sans lui faire renoncer à sa propre humanité. « Mein Kampf (farce) » évoque pour moi les grands mystères du Moyen-Âge, avec ses figures : Dieu (le cuisinier Lobkowitz), la Mort (Madame Lamort), la Jeune Fille Vierge (Gretchen), le Méchant, odieux prédateur possédé par le mal absolu ou l’absolu du mal (Hitler) et le Vieil Homme (Shlomo Herzl), qui recherche la sagesse et veut écrire un livre qui s’appellerait « Mon combat » mais dont il n’a écrit que la dernière phrase : « Et ils vécurent éternellement heureux » – admirable image de l’indéracinable utopie qui habite le cœur de l’homme. » Oui inconditionnel à la vie. Quel être, déchu de toute humanité, pourrait écrire l’indicible ? Celui qui fait un pacte avec La Mort.

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La pièce

D’après Georges Tabori, jouée au théâtre de la Clarencière à Bruxelles, et en partance pour le festival d’Avignon 2019, voici l’œuvre interprétée par un quatuor de comédiens belges : Kim Langlois, Dominique Jacques, Guillaume Martin et Benoît Servotte.

 Ils sont rompus à l’exercice, débordants d’énergie, menant un combat désespéré contre le mal personnifié, brandissant le rire et la dérision comme doigts d’honneur. C’est beau la mise en scène polyphonique, mais un regard extérieur aurait sans doute mis un peu d’ordre dans le panier. Le spectateur est un peu perdu dans l’articulation dérisoire de la pièce, une façon sans doute de le faire entrer dans la folie. L’homme, serviteur de Dieu, est  le fleuron de la création : nézer habéria, l’exception parmi tous les êtres créés. Le dernier créé mais le premier responsable. Il est responsable de sa poule en cage, préfiguration de l’holocauste à venir ? Rira-t-on? Faut-il brûler au troisième degré ? Le respect de la vie chez l’homme et chez l’animal – le « tu ne tueras point » est  inscrit sur le visage du prochain.

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Mais Dieu a quitté les lieux, horrifié de ce qui va suivre? Fatigué de la lenteur d’écriture de son valet. Soit dit en passant, hasard ou non d’écriture,  le personnage se nomme Herzl, un personnage  réel, qui, motivé par l’affaire Dreyfus en France,  fut le fondateur du mouvement sioniste au congrès de Bâle en 1897, il est l’auteur de Der Judenstaat – L’État des Juifs. Ce  Schmolo  se retrouve donc seul pour appliquer les commandements divins, offrir l’asile et essayer de sauver du mal,  le méchant visiteur  qui vient lui raconter ses rêves de peintre brisé, son attitude d’enfant gâté  au moi  surdimensionné, et la tentation absolue de la mort comme viatique du pouvoir. 

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La Mort, notre personnage préféré,  apparaît sous les traits de l’excellente interprète  Kim Langlois, fascinante, sans sa  faux, menaçante comme une déesse hindoue,   elle prend ses aises sur  une monture vivante qui rappelle l’attirail du Ku Klux Klan. Oui pour la blondeur trompeuse,  les faux-cils, la bouche noire, la voix puissante la diction parfaite et les intonations bien étudiées. Le rire macabre.   « Und dass hat die Lorelei getan ! ». Le tout s’achève, après un horrible détour par la cuisinière, dans la plus pure tradition de l’humour juif. Sauvés! Rire comme larrons en foire, seule échappatoire. "Ça va ? Oui,  répond-il, sauf quand je ris!"  

Kim Langlois, Dominique Jacques, 
Guillaume Martin et Benoît Servotte

Dominique-Hélène Lemaire, Arts et Lettres

 Le spectacle de juin: mail?url=http%3A%2F%2Fwww.laclarenciere.be%2FSAISON_2018_2019%2Fimages%2FAFFICHES%2FDON-QUICHOTTE_OK.jpg&t=1559329144&ymreqid=7e51cc8f-483b-71a0-1c69-450002013700&sig=c6iMMd2z32WyUTyk0ceeYg--~C

http://www.laclarenciere.be/

L’attente de l’amante absente nous emmène en d’autres lieux, à d’autres moments que ceux de l'Espagne à la puissance déclinante, 
dans des pérégrinations et des anachronismes en harmonie avec l’inépuisable source de folies d' El Ingenioso Hidalgo don Quijote de la Mancha, dont l'auteur n’aurait certainement rien trouvé à redire à ce genre de procédé et se réjouirait, allez savoir, de voir ses protagonistes en rajouter dans leurs délires. 
L’évasion dans le rêve, pour se dérober à la réalité et aux contingences de notre existence terrestre, tenter de lui donner un sens, n’empêche pas des situations grotesques, triviales ou vulgaires, où l'eschatologie chevauche la scatologie.
L'égarement n'a rien de tragique. On s'amuse au contraire au spectacle. La folie nous conduit au génie, puisque celui-ci n'est jamais très loin de celle-là, à une saine réflexion sur notre société et la vanité de nos courses vers le pouvoir et la gloire, qui n'ont pas plus de sens que ses extravagances...
Un joli nom, Dulcinée. Ce n’est pas banal... On en parle beaucoup, mais peut-on dire que vous l’avez vue. Quatre fois, apparemment. 
Et peut-être s’en est-elle-même pas aperçue... elle nous la joue genre Arlésienne, votre Dulcinée. On l’espère, mais elle ne vient pas. 
C’est bien long, tout ce temps dans l’attente de l’amante absente de Sa Seigneurie errante…..



Tout public : Les mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 juin 2019 à 20h30

P.A.F. : 20 € - étudiant : 15 € - 

Je choisis mon fauteuil et je réserve en 1 clic :

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administrateur théâtres

Un drapeau à la Comédie Claude Volter: Le droit des enfants selon Korczak

 Mars 27, 2019 

« Le fait que Korczak ait volontairement renoncé à sa vie pour ses convictions parle pour la grandeur de l’homme. Mais cela est sans importance comparé à la force de son message. » Bruno Bettelheim

« Korczak la tête haute «  est une création de Jean-Claude Idée pour l’Atelier Théâtre Jean Vilar, jouée au Théâtre de Blocry du 12 février au 02 mars dernier, actuellement à la Comédie Claude Volter. Il en signe également les costumes et la mise en scène. On ne peut s’empêcher de penser au film de Polanski (2002) “The Pianist” mettant en scène Wladyslaw Szpilman le musicien juif qui survécu dans le ghetto de Varsovie, grâce à l’amitié d’un officier allemand qui ne partageait pas les idées nazies. Dans son autobiographie, il raconte que le 5 août 1942 Korczak: « …dit aux orphelins qu’ils allaient à la campagne, alors ils devraient être gais. Enfin, ils pourraient échanger les horribles murailles suffocantes contre des prés de fleurs, des ruisseaux où ils pourraient se baigner, des bois pleins de baies et de champignons. Il leur a dit de porter leurs plus beaux vêtements et ils sont donc entrés dans la cour deux par deux, bien habillés et de bonne humeur. La petite colonne était dirigée par un SS … » La tête haute!

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Le décor allie une bouteille de vodka à moitié vide, cachée sous un lit, une maigre couverture militaire, trois chaises de fer autour d’une table où l’on voit Korczak en train d’écrire. Un rosier blanc en pot trône sur l’avant- scène, tout un symbole. Près du lit, un quignon de pain et un broc d’eau… pour le rosier. Le reste est muraille nue et enfermement. Au début, un long silence profond et inconfortable accompagne le défilé dérisoire de vieilles photos d’une vie de Juste, projetée sur l’écran du mur. Le réel est tragique. Le théâtre transcende et donne du sens. C’est le propos illustré par la pièce.

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Il en a fait couler de l’encre et des larmes, ce vénérable médecin juif, pédiatre, éducateur et écrivain polonais qui a inspiré des pédagogues tels que Célestin Freinet et bien d’autres. Summerhill? Françoise Dolto? Boris Cyrulnik? Enfant d’une famille aisée, ses seuls confidents jusqu’à l’âge de 14 ans, étaient sa grand-mère et son canari en cage. De son lycée russe où il s’ennuyait atrocement, il retient les coups de fouet et l’absence totale de respect pour l’enfant. Son père atteint de folie doit être interné, il subvient aux besoins de la famille en devenant précepteur. Il se réfugie dans l’imaginaire et tient un journal. Après le suicide de son père il consacre son premier livre aux enfants de la rue. Son livre « Les enfants de salon » le rend célèbre. Il publie de la littérature enfantine très appréciée. Jeune médecin, il se retrouve en 1905 au front dans une première guerre qui oppose Russie et Japon. Il en vivra trois. En 1907, son ouvrage « Colonie de vacances » consigne ses récits et expériences de volontaire brillant et avisé comme éducateur dans les premières colonies de vacances du siècle pour enfants pauvres. « Pour changer le monde, il faut changer l’éducation. » L’auteur y relate ses surprises et ses déconvenues pour parvenir à s’entendre avec les enfants et à les aider à surmonter leurs appréhensions et leur violence. Il vit des moments pédagogiques fondateurs du métier d’éducateur et de sa future pratique pédagogique qui invente l’autogestion. « C’est au cours de ces promenades en forêt que j’ai appris à parler non pas aux enfants mais avec les enfants! ». Tout est dit. Il sera le fondateur des droits et du respect de l’enfant et mourra avec eux dans la dignité, à Treblinka. Ses écrits sont à la base de la Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant à l’ONU.

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Alexandre von Sivers épouse parfaitement le rôle bouleversant de l’humaniste qui fonda en 1912 le Dom Sierot un orphelinat pour enfants pauvres et auquel il consacra sa vie entière. Malgré la précarité de divers déménagements jusque dans l’enfer du ghetto, il établit une « république des enfants » basée sur la « création d’environnement, d’atmosphère, de conditions positives… qui affectent l’éducation ». Par sa manière d’être, son optimisme affiché et sa bienveillance innée, Alexandre von Sivers contourne avec tact les écueils de la représentation sur scène de projets pédagogiques d’une part, d’idées philosophiques et de théorisation des droits de l’enfant de l’autre. Le comédien manie l’humour, ce chemin scintillant vers l’autre, la dérision, le chemin hors de soi, et incarne avec pragmatisme le rêve d’une société enfin meilleure. Il convainc par la délicatesse alors que l’enfer du ghetto de Varsovie porte au désespoir, voire, à l’autodestruction. Ce sont surtout les paroles de la jeune Esther Winogron qui couronnent cette œuvre palpitante de Jean-Claude Idée que l’on emporte avec soi, comme elle le fait dans l’histoire, sous forme de flambeau ou de viatique:

« Mes enfants, nous allons nous quitter.   Les  paroles  sont  faibles  pour  dire  les  grandes émotions. Ici, à part le gîte et le couvert, en principe, nous ne donnons rien aux orphelins.
Ni Dieu, car vous devez le chercher en vous-même,
Ni Patrie, car vous devez la choisir avec votre pensée et votre coeur,
Ni  Amour,  car  l’amour  est  pardon,  et  le  pardon  ne vient pas sans peine, et cette peine, vous seul pouvez la prendre, pour vous  libérer  de  la rancune.
Nous avons seulement essayé de vous faire entrevoir que le bonheur est possible,
Nous  vous  avons  donné  soif  d’une  vie  meilleure qui n’existe pas encore, mais qui existera un jour.
Cette soif de savoir, de vérité et de justice, désormais vous la portez en vous.
Et c’est cette soif qui vous conduira peut-être à Dieu, à la Patrie, à l’Amour et au bonheur.
C’est du moins ce que je vous souhaite. » 

Aux côtés de Janusz, la fidèle Stefania Wilczynska (1886-1942), sa collaboratrice pendant trente ans, évoque les souvenirs du passé. La jeune et rebelle institutrice Esther représente la fureur de vivre et l’horizon du futur. Deux points de vue opposés, mais qui se rejoignent dans l’amour entêté, la confiance et l’admiration qu’elles lui portent. Soulignons le jeu tendre et délicat de la vieille complice de Janusz Korczak, admirablement porté par par Cécile Van SNICK, et celui, plus sauvage et intransigeant dans le rôle d’Esther de la pétulante Stéphanie MORIAU.

Dominique-Hélène Lemaire

Avec Alexandre von SIVERS, Cécile Van SNICK & Stéphanie MORIAU

Mise en scène, Décors, Costumes : Jean-Claude IDÉE

Représentations du 13 au dimanche 31 mars 2019

du Mardi au Samedi à 20h15 / Dimanche à 16h

Une coproduction de L’Atelier Théâtre Jean Vilar, de la Comédie Claude Volter et de DC&J Création


http://www.comedievolter.be/korczak-la-tete-haute/

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administrateur théâtres

Les regards sont fixes, pour laisser le corps s’exprimer dans ses moindres gémissements. Les costumes sont taillés dans le ricanement et la parodie : cinq femmes portant survêtement de jarretelles côtoient cinq hommes nichés dans des cols de fourrure. Ils  apparaissent et se frôlent, sans vraiment se toucher.  La lenteur et le silence sont le prélude à une dramaturgie théâtrale intense qui  va recréer la dramaturgie musicale de la musique la plus sublime au monde : La Messe en si de Jean-Sébastien Bach revisitée en théâtre musical par  Ingrid von Wantoch Rekowski, une virtuose pour qui le Sacré est aussi indissociable du corps, que pour Jean-Sébastien Bach. «Et incarnatus est».


Un long trait de lumière posé au sol  attire les comédiens comme des papillons de nuit ou des hirondelles perchées sur un fil télégraphique. Ainsi se met en place un chœur mi antique, mi avant-gardiste, installé au bord du vide ou du néant. La cohésion qui se crée par le rassemblement des corps à corps fait imaginer une sorte de créature puissante et vivante en forme d’arabesque. La condition humaine qui ne cesse de chercher l’Absolu dans le mouvement et le chant ?  L’étrange et langoureuse bacchanale va naître  sur le Kyrie à la manière d’une improvisation et puis s’envoler au gré des autres prières de la liturgie. Celles-ci sont réinventées librement sur l’étoffe de la partition de Bach. Dans un déséquilibre constant ils s’efforcent généreusement de mettre leur corps et leurs voix au service du texte chanté, murmuré, scandé, vibré! Une renaissance perpétuelle de tableaux vivants, comme des cellules en harmonie s’offre au public au fil des incantations universelles perlant sur des gestes familiers et des attitudes quotidiennes. Esprits en union ou union d’Esprit ?  Au milieu du chaos apparent, les déplacements et les  voix des danseurs et danseuses deviennent au fur et à mesure sidérants d’harmonie et de précision. Et pourtant on les croit toujours tous, prêts à tomber, comme dans un château de cartes.


Ils sont dix, comme à leurs débuts, il y a dix -sept ans:Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger.Très efficace, ce théâtre décaphonique de frères humains exaltants forme une installation en mouvement perpétuel et conduit  le spectateur à une méditation émaillée d’éclats de rires.  Angoisses et extases s’entrechoquent dans une communion de gestes. Chacun dispose d’une clochette pour faire tourner les pages et les changements d’humeurs de la célébration. L’appel vaut mieux que la baguette. Et puis, la clochette peut servir à tout, même se transformer en rasoir, dans les mains de Pietro Pizzuti... Les dissonances et les harmonies somptueuses tiennent en équilibre fragile le monde de fiel et celui du septième ciel. En se calibrant secrètement  les uns aux autres,  les voix  émettent une musique incantatoire innovante et subtile, qui s’adresse au cœur avant le cerveau. Les corps des danseurs-acteurs, tels des pantins de chair et de sang  tenant eux-mêmes les ficelles, sont-ils en perpétuelle recherche de la lumière ? Ad Lucem ?

De l’ensemble se dégage l’impression d’une œuvre polyphonique mobile parfaitement aboutie. Dans l’enchaînement de propositions, où chacun finit toujours par trouver sa place, émerge une œuvre de solidarité artistique vibrante. Alors qu’affleurent régulièrement des égocentrismes, des regards dédaigneux, voire hostiles, des gestes malencontreux, des bavures, des actes manqués, les personnages se serrent frileusement les uns contre les autres.   Et la  voix intérieure de chaque artiste finit toujours par fuser librement à travers les paroles redécoupées avec humour,  en se  calibrant  sur celle de ses voisins pour enfanter la chaleur universelle. Sublime.

Dominique-Hélène Lemaire


Du 18 au 22 décembre 2018 au théâtre des Martyrs

In H-Moll a reçu le prix de la recherche «Michèle Fabien» en 2001. Réalisatrice: Ingrid von Wantoch Rekowski Avec:
Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger, Costumes: Christophe Pidré Éclairage: Jan Maertens Production: Lucilia Caesar, Polimnia, Les Brigittines en coproduction avec le Théâtre Martyrs, Musica Strasbourg, Bouffes du Nord, Teatro Due Parma, soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles et Nadine / Brussels
Crédit photos: Eric Legrand

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administrateur théâtres

50604663_10218736352497724_8275465066636115968_n.jpg?_nc_cat=100&_nc_ht=scontent.fbru1-1.fna&oh=774a345e48e276ec1a5e9134914e16d7&oe=5CC8ABD0&profile=RESIZE_710x« Avant la fin… » ou avant le début? De Catherine Graindorge (Bruxelles)

Pour dénouer, il faut du doigté. Peindre, écrire, jouer de l’instrument ou monter sur scène. Honorer ses promesses…


Sa pugnacité légendaire et ses choix audacieux comme avocat l’avait fait surnommer le « Jacques Vergès belge » . Cette pugnacité, il l’avait acquise très jeune, en triomphant de la tuberculose, qu’il contracta à 19 ans. Il dut quitter subitement le cloître familial pour celui tout aussi sévère de l’ hôpital. Une maladie qui exalte ceux qui luttent contre elle. La montagne magique. A peine guéri, il adhère au parti communiste, et, en mai 68, fait partie de ceux qui lanceront l’occupation de notre université: Alma Mater.

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Avocat haut en couleur… Rouge. Ténor et enfant terrible du barreau bruxellois, virtuose de la formule, fervent défenseur des droits de l’homme, il tenait des propos incendiaires sur les prisons et leur inutilité. A son arrestation en 1979, accusé d’avoir aidé son client François Besse, un ancien lieutenant de Jacques Mesrine, à s’évader du Palais de Justice, sa fille Catherine, future violoniste et comédienne a 9 ans. Déjà jeune femme turbulente.

Comme dans « L’atelier rouge » de Matisse, trente ans plus tard, Catherine égrène le sable de souvenirs empressés, mi-nostalgiques, mi ironiques, elle dispose les reliques de son père sous le rétro-projecteur et fait chavirer les cœurs. Du bout des doigts. Avec délicatesse, les yeux rivés dans ceux des spectateurs, comme si elle-même était à la barre. En pinçant les cordes du passé, pour respirer à l’air libre… En se jouant de tous les enfermements.

Comment se reconstruire quand la mort d’un père détruit? L’écriture sauve. Comment échapper aux griffes du passé? Au sentiment d’étouffement. Ah la figure paternelle immense et l’admiration, inconditionnelle…. Ah! L’histoire familiale truffée de murs d’en face, de police, de gardiens de prison! Un labyrinthe truffé d’ impasses mais de résilience tenace, malgré une nouvelle maladie de fin de vie qui s’acharne sur le corps, alors que l’esprit danse encore le sirtaki! Sur Scène, c’est la Grèce des vacances heureuses qui prend le pas et fait vibrer le cœur. La lutte engagée contre les colonels… La danse, comme viatique, comme étendard, comme signe de ralliement. La Danse, comme chez Matisse. Déjà les larmes perlent au bord des paupières! C’est toute notre jeunesse qui palpite. Notre père qui aime Zorba et se joint à son rythme. C’est une prison que l’on démolit, la musique du violon qui déchire les mots évanouis et arrache la dernière grille avant de la jeter dans un container. Une musique qui ensevelit comme une dernière caresse.

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La vie peut recommencer. comme le printemps après l’hiver. L’œuvre du grain qui ne meurt jamais. La foi dans l’immortalité du lien et, enfin, sa légèreté. La paix qui en résulte. L’œuvre sur scène, un cadeau que l’on porte de place en place. Un prix du meilleur seul en scène qui ne cesse d’émouvoir et de guérir. Mais est-elle vraiment seule? Merci Catherine Graindorge.

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Dominique-Hélène Lemaire 

Du 16 au 27 janvier 2019

Comédie Claude Volter

TEASER ICI Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre

http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be


Création au théâtre des Tanneurs

Une coproduction du Théâtre Les Tanneurs et du Théâtre de Namur

De et avec Catherine Graindorge 
Collaborateur artistique Bernard van Eeghem

 Dramaturgie Jorge León
Composition musicale Catherine Graindorge 
Création son Catherine Graindorge et Joël Grignard
Création lumière Gaëtan Van den Berg
Création vidéo Elie Rabinovitch
Costumes Marie Szersnovicz
Direction Technique Gaëtan Van den Berg

Avec le soutien du Théâtre des Doms

NDLR.

L'une des grandes figures du barreau dans les années 90, l'avocat Michel Graindorge est décédé en 2015 à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie. Souvent qualifié "d'avocat engagé", il a notamment défendu Roberto D'Orazio, le père Samuel, et les familles des paracommandos tués au Rwanda. Il avait été aussi un acteur important dans l'affaire des tueries du Brabant.

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