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autobiographie (2)

administrateur théâtres

Tout va trop bien! De et avec Thomas Delvaux

Spectacles

Grand voyage intérieur dans un petit lieu

Hier à Chastre-Villeroux-Blanmont, dans un café-théâtre loué pour une circonstance d’anniversaire, se produisait un de ces hommes de bonne volonté, si chers à Antoine.

C’est parti! Devant vous, surgit en noir et blanc, un  grand prince, 1 m80, yeux marrons pétillants et boucles brunes de bonheur, pour une autre épopée, bien terrestre, celle-ci et hors nostalgie… Un homme-orchestre débordant de gentillesse, il est libre… Max!

Cet émouvant spectacle sans musique ni trompettes, juste des lumières bien dosées est une fanfare théâtrale menée avec entrain par Thomas Delvaux. Elle réchauffe immanquablement les cœurs les plus tristes et attise des rires en cascades. Ce rieur impénitent aurait-il pris des leçons avec Philippe Vauchel, autre capteur de mondes intimes? Mission : rendre les gens heureux. En quelques mots comme en cent, on est très vite sous le charme de cette étonnante autobiographie qui sonde avec vivacité nos émotions humaines. Et tout cela, sans jamais avoir l’air vraiment d’y toucher! Il y a tant de délicatesse dans ses variations du bonheur!

Rien de conventionnel

Presque malgré lui, le public est donc entraîné dans l’aventure avec cet être, incapable de projeter autre chose … que la joie! Du jamais vu, ni osé! Certes, il est  tout l’envers du triste sire Halewijn germanique, qui, au lieu de vous emmener droit sur la falaise pour vous y jeter avec les autres, vous hurlerait: Stop! Ici, les rires et le sourire! Et vous vous arrêteriez pile, pour retrouver la liberté de choisir tout ce qui a du sens pour vous!

Une démonstration par l’absurde

Cet homme ose affirmer en effet qu’il est né avec un handicap. Celui du Peps ! Il est né – Heu-reux – et n’a jamais réussi à quitter sa trajectoire de bonheur. Vous ne trouvez pas dans cette prestation un gramme d’esprit moralisateur, seulement l’or liquide du rire. Et juste des rafales d’émotions, toutes, avouées avec la plus rare innocence. Et bien sûr, pas non plus une once de niaiserie, mais cette honnêteté intrinsèque de jeune homme de 17 ans qui en a 40 et n’est toujours pas …sérieux. Qui d’ailleurs, dans sa vie, le prend au sérieux? Personne, et c’est bien son drame! Mais prenez garde, il n’a rien d’un ado attardé, c’est un homme debout et … Heu-reux! Et enfin, dans ce texte intelligent et sensible, aucune tentative de manipulation, pour convaincre ou abuser, nulle présence  du credo du bonheur à tout prix, ou  l’ombre d’une quelconque méthode Coué. C’est une œuvre de pure sincérité et surtout de profondeur inattendue.

Ce conte philosophique généreux fuit aussi l’ironie du Candide de Voltaire, tout en flirtant avec la sagesse de Jean de Lafontaine, et peut-être se relie à Jacques Salomé et autres bien veillants. Le public en tout cas, vibre avec lui. La ballade des gens heureux…

Dès l’entrée de jeu, le public répond avec ses rires spontanés et heu-reux! Le comédien tour à tour farceur et …. défiguré par l’idée de la douleur et de la souffrance, vous jette dans le bonheur, se démultiplie en une quinzaines de personnages totalement inattendus, virevolte, gambade, saute, s’effondre, mime, bruite, théâtralise, se donne à fond et sans vergogne.

Les échanges nourris après la prestation ne font que confirmer les vertus de l’écriture incisive et de sa joyeuse interprétation. Tout vient, pense-t-on, d’une perception innée de ce qui nous relie et d’une inénarrable aptitude à envisager l’Autre. « This is huge » dit-on dans la langue de Shakespeare.

Ah! Les fous, chez Shakespeare, … qui égrènent dans leur course, des étoiles!

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres 

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Stefan Zweig, invité d’honneur au Public

Coup de billard à trois bandes réussi…

  • "Le Monde d’Hier" de Stefan Zweig, témoignage magistral du 20e siècle, se joue au Théâtre Le Public jusqu’au 26 février.
  • Stefan Zweig, le 1 janvier 1930.
  • © Alice Piemme – Théâtre Le Public / « Le Monde d’Hier » de Stefan Zweig au Théâtre Le Public jusqu’au 26 février.

Écouter le monde d’hier pour penser le monde d’aujourd’hui. Voici le défi de ce spectacle éveilleur de consciences. Un cocktail qui met le questionnement au premier rang: le pourquoi, le comment? Avec l’inquiétude comme carburant.

Stefan Zweig ne se plaint-il pas de “ son inquiétude intérieure déjà intolérable » qui ne le laisse jamais en paix et le pousse à voyager. Il fustige ce “Weltschmerz” qui signifie l’échec de la civilisation. Comment le monde est-il passé de la plus grande élévation spirituelle, telle qu’elle était palpable à Vienne avant 1914, à la pire des décadences morales de notre civilisation, dès les années 30, avec la montée du fascisme? Comment le monde a-t-il pu s’habituer à la violence, à l’injustice, à la brutalité absolue?

Ce travail de spéléologie est orchestré avec détermination par une équipe de chercheurs dynamiques, emportés par la relecture de cette œuvre maîtresse de Stefan Zweig: « Le monde d’hier », Souvenirs d'un européen. Ils ont arraché leurs masques de théâtre, ils ont quitté volontairement leur zone de confort artistique, baissé toutes leurs gardes et lâché leurs armes de comédiens pour porter la souffrance de ce siècle passé – et sans doute les angoisses du nôtre – devant nos yeux avides de clarté. Un travail de groupe, un exercice de cours d’histoire, sans doute aux relents didactiques, puisque la passion de la transmission est bien présente. Juste avec chacun, humblement, son émotion intime. Itsik Elbaz, Patricia Ide et Anne Sylvain ont fait ce courageux pari, de gommer toute anecdote, de fuir tout effet de théâtre, pour présenter à la façon anglo-saxonne ce que eux appellent “facts”. Comme au tribunal. Des dates à rebours, des photos d’époque, des coupures de journaux, des citations, et le puissant roman de Stefan Zweig bien sûr, avec sa poignante lucidité comme pièce de résistance.

Spéléologie, parce que tout l’art est de plonger en apnée et à rebours à travers les dates, dans ce livre à la fois lumineux et absolument noir: “Die Welt von Gestern“ Le monde d’hier, Souvenirs d'un européen. Un roman autobiographique, car l’auteur y retrace pas à pas la déconfiture de l’idéal paneuropéen tel qu’il l’avait fait sien avec la fougue de ses jeunes années flamboyantes, quand il habitait Vienne, juste en face de la maison de celui qui allait vouer cette Europe rêvée au carnage, à la haine élevée en institution et à la défaite absolue de la raison. Stefan Zweig décrit avec passion ce monde révolu où la liberté était l’étendard et les voyages se faisaient sans le moindre passeport. Où une formidable culture bouillonnait à travers tous les arts: de la cuisine, à la musique, à la poésie, la philosophie, le théâtre, l’histoire, le roman… les sciences, loin de toute mise en boîte, ou récupération politique. Un genre d’âge d’or, avant que n’ éclatent les atrocités des deux guerres mondiales et le désastre de la conscience humaine.

Sur scène, on commence par la triste fin suicidaire du couple … pour remonter aux origines du mal. A sa banalisation. Personne n’a mentionné la figure de Hannah Arendt, mais on ne peut pas s’empêcher de penser à elle.

Tout cela sous le regard de Myriam Youssef, à la mise en scène. Le fond dépasse tellement la forme, que celle-ci s’estompe naturellement pour parvenir au cœur du paradoxe: Pourquoi, Comment , la culture est-elle si dérisoire face à la barbarie, et pourtant son unique rempart?

Ce spectacle est à la fois une œuvre de mémoire, une invitation à sortir de l’aveuglement ou de la léthargie que nous imposent souvent les politiques, un appel à notre esprit critique, et une consécration de notre droit à la liberté. Un refus des fallacieuses vérités qui suppriment le doute et renforcent la prise de pouvoir.

On ne peut qu’admirer une si noble démarche intellectuelle et humaniste loin des discours perroquet du monde.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Le réseau Arts et Lettres

Distribution

De Stefan Zweig | Adaptation : Itsik Elbaz | Mise en scène collective | Avec : Itsik Elbaz, Patricia Ide, Anne Sylvain

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Du 31 janvier au 26 février 2022

Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode Contact : http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 80 09 44 44

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