Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Amour (205)

administrateur théâtres

Une CRÉATION MONDIALE -  « KENNEDY » de Thierry Debroux,

 Le 5ème spectacle de la saison du Théâtre Royal du Parc :

Trois dates:       

Du 14 avril au 14 mai 2016 :– Bruxelles - création

Les 2 et 3 juin 2016 : Théâtre Montansier – Versailles

Juillet 2016 : Festival Off d’Avignon - Théâtre du Chêne Noir


12273161277?profile=original

En quelques mots…

La pièce nous fait entrer dans l’intimité du président des États-Unis lors de cette fameuse soirée au Madison. Marilyn Monroe vient de susurrer «Happy Birthday». John (Jack pour les intimes) et Bobby règlent leurs comptes dans une chambre d’hôtel sous le regard d’une mystérieuse inconnue qui semble tout connaître des deux frères. Un suspense psychologique mis en scène par Ladislas Chollat dont le spectacle Le Père a triomphé à Paris et remporté plusieurs Molières dont celui du «Meilleur spectacle». Il a travaillé avec Fabrice Lucchini, Line Renaud, Robert Hirsch, Dominique Pinon  Créateur d’une sorte de bombe psychologique méticuleusement documentée  et truffée d’irrationnel,  Thierry Debroux est l’auteur du texte dense et percutant.

 

  Est-ce un fantasme ? La femme est-elle l’avenir de l’homme ? C’est ce que semble suggérer  cette femme multiple et  déstabilisante qui hante les rêves des deux frères Kennedy sous les traits séduisants d’Anouchka Vingtier, resplendissante de féminité dans chacune de ses apparitions. Dans chaque éclat du miroir qu'elle tend aux deux frères, chacun  peut tour à tour  y contempler le doute, la conscience, la destinée, le libre-arbitre, le souvenir, la mort ? Ou bien l’égérie,  la muse,  la libératrice, la   consolatrice, l’amour, peut-être ?  A chaque fois, la beauté de l’ange, qui vous tient la main et voudrait vous aider à changer votre destin.  Elle l’avoue elle-même : « Ich bin eine « Mystère » … » Pendant  parodique d’ « Ich bin ein Berliner ? » Tour à tour, un ying et un yang splendidement incarnés qui ne fascinent pas que le président.  Entendez-la :

Jack : Qui êtes-vous ?

La femme : C’est un prénom que tu veux ? De toute façon, tu ne te souviens jamais des prénoms. C’est dommage que tu sois cloué là...La vue est sublime d’ici.

12273162298?profile=original

Jack : Comment savez-vous que j’allais occuper cette suite ? Je ne le savais pas moi-même...

La femme : Ich bin eine «  Mystère » !

Jack : Bon, ça suffit. J’appelle la sécurité...

La femme : Tu veux que j’approche le téléphone ? C’est le corset qui te gêne ? L’homme le plus puissant du monde porte un corset à cause de son mal de dos tout cassé. Je trouve ça plutôt mignon. Mais attention, ce corset pourrait te jouer des tours... 

  Personnages et décor hyper-réaliste font tout de suite penser aux tableaux d’Edward Hopper. Les admirables costumes de Jackye … Fauconnier et les décors de Geneviève Périat  prolongent avec  humour l’illusion artistique. Les vidéos d'époque coulent comme un immuable sablier sur l'action psychologique. Elle se situe le 19 mai 1962 dans une suite luxueuse d’un hôtel de New York.

12273163689?profile=original

  Alain Leempoel (JFK), Dominique Rongvaux (Bobby) et Anouchka Vingtier composent  le trio d’enfer qui va rejouer comme un thriller, l’Histoire qui s’arrêtera le 22 novembre 1963 à Dallas.  L’action plonge  dans la souffrance abyssale du président : il a le dos qui part en miettes. Il fait le point avec son frère Bobby et  confie par bribes, les relations difficiles du clan avec le père qui, grâce à l’argent, l’a fait élire président. Le texte pointe les manipulations,  l’absence d’amour de Rose, sa mère, le mariage malheureux avec Jackie, l’hypocrisie des apparences.  Sa relation  avec Marilyn fait voir à JFK combien en fait,  ils se ressemblent.  Au passage, le texte détrousse les dossiers compromettants avec les caïds de la Maffia, la pègre de Chicago, les  rouages cachés de la famille Kennedy et les  malédictions qui la rongent. Est-ce ainsi que nous ignorons tout des puissants qui nous dirigent? Est-ce ainsi que nous aimons parfois dans nos familles ?

12273163253?profile=original  

  Le mythique JFK est un infirme qui pourrait hurler de douleur et cache sous son bronzage légendaire et son sourire de héros,  un immense mal-être physique et moral. Il ne sait pas combien de temps il pourra cacher au monde ses infirmités. « Un président infirme ne fait pas rêver, alors je dissimule ! » articule-t-il. Se présenter aux  yeux du monde, lui aussi, en chaise roulante, lui fait horreur. « Plutôt crever ! »  Son monde intime est un cauchemar, il avoue ne pouvoir se supporter que grâce aux drogues et au sexe. Cerné par ses hallucinantes rencontres avec la Femme-miroir, il attend désespérément les injections de procaïne  du docteur Feelgood  et parle vraiment pour la première fois avec son frère Bobby tandis que La Femme-miroir décortique sans relâche, chacun des deux frères, à la façon d’une entomologiste pour percer leur vérité.

  La mise en scène dynamique  de Ladislas Chollat s’emploie à maintenir brillamment le rythme soutenu d’un roman d’espionnage. On assiste, le souffle coupé,  à de violentes chevauchées d’amour dans une sorte de course constante contre la mort! Le jeu scénique intense du trio est impeccable et  millimétré mais le Temps gagne toujours.  Humilité: « Si toi qui portes le monde sur les épaules, tu n’es pas maître de ton destin, qui pourra se vanter de l’être… ? »

12273164668?profile=original

 http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/36.html

KENNEDY
de Thierry Debroux.

Du jeudi 14 avril au samedi 14 mai

Avec : 
Alain Leempoel
Dominique Rongvaux 

Anouchka Vingtier

Mise en scène : Ladislas Chollat 
Assistanat: Catherine Couchard
Scénographie : Emmanuelle Roy
Lumières : Alban Sauvé
Costumes : Jackye Fauconnier
Création make up et coiffure : Bouzouk 
Musique : Frédéric Norel
Durée : 1h30 sans entracte

Avec l’aide de Panache Diffusion et de la Compagnie Nationale 12.

Lire la suite...
administrateur théâtres

«Mitridate, cérémonie politico-musicale »

13221336_10153632774056297_8540514091759340485_o.jpgNotre présent  ne se mire-t-il pas inévitablement  dans le miroir du passé, ou est-ce le passé qui n’en finit pas de nous hanter?  Nous voici en 2016, real time,  invités dans le Nymphea Building niché dans  un immense chapiteau de 40 m de haut,  sis en bordure  de Tour et Taxis, loin du Quartier européen. Première prise de conscience : sur les  murs de la salle de concert en gradins, flottent  à contre-coeur 28 drapeaux européens: ils rêveraient d’être mieux connus du public! L’accès  en esplanade au chapiteau a  quelques ressemblances avec les bâtiments du Rond-point Schuman. Mais au pied de l’escalier, voilà  des messages,  la plupart en anglais,  des bougies des gerbes de fleurs, en témoignage de deuil. « Le roi Mithridate est mort! » Aussitôt se superposent  les images de deuil  des victimes des attaques terroristes qui nous ont tous frappés, en France comme en Belgique, et aussi celles des rassemblements de l’espoir, place de la République ou place de la Bourse. Et partout le slogan : «Save Pontus, Change Europe». Une Europe, oui, mais pas celle de l’impérialisme romain! Une Europe, oui, mais pas celle d’une dictature de droite. C’est là que se glisse une malencontreuse erreur de couleurs… car  l’impact visuel du drapeau du royaume du Pont n’est pas  sans rappeler les bannières nazies de la deuxième guerre!

La-Monnaie-MitridateRe-di-Ponto.jpg

Mithridate VI, roi et despote est en guerre avec la Rome antique qui veut annexer ses territoires. Il est aussi en lutte avec ses propres démons: l’orgueil du pouvoir, l’amour déçu, la jalousie et l’absence de miséricorde. Néanmoins, effet d’admiration pour le ténor, Michael Spyres, ou de compassion pour l’imperfection humaine, ce personnage est  rendu  très attachant, car il s’oppose à une  Rome impérialiste. « Ne cédons pas face au Capitole, résistons à cet orgueil qui ne connait pas la mesure, répondons toujours par la guerre, jamais par la paix au génie altier qui prétend ravir la liberté au monde entier! » chante le chœur final (Acte 3, Scène 25) après son abdication  et non sa mort.

13221278_10153632774046297_2474660340207964144_o.jpg La belle grecque Aspasia est son épouse promise. Une très royale Lenneke Ruiten.   Elle est déjà déclarée reine mais elle est amoureuse du fils cadet de Mitridate Re di Ponto, Sifare (Myrto Papatanasiu, qui recevra des tonners d’applaudissements pour sa prestation d’une sensibilité remarquable). Il partage avec  son père  la même soif d’indépendance  politique. Son frère aîné Fernace (David Hansen), est politiquement opposé à son père et, ne jurant que par Rome, complote avec Marzio, le tribun romain. Bien sûr, lui aussi est amoureux d’Aspasia. Double conflit entre frères dont  le langage corporel et vocal est particulièrement éloquent. Son style de chant est sur le fil de la parodie, versant parfois carrément dans une voix de fausset! On doit aussi souligner la très belle prestation d’Ismène (Simona Saturova) qui personnifie la raison et la tolérance. Le parallèle entre rivalité politique et amoureuse est habilement mis en valeur par Christophe Rousset et l’Orchestre de la Monnaie. L’emploi brillant des cors en dialogue avec les voix (élément neuf apporté par Mozart par rapport à l’opéra italien) donne une réelle  résonance à l’œuvre. L’interprétation chatoyante de Christophe Rousset souligne avec fougue juvénile toutes les charges émotionnelles de la partition.

13217435_10153632773801297_3577758106405642163_o.jpg

L’aspect novateur de cette production  est de rendre le spectateur partie intégrante du jeu. A lui de repérer activement la superposition voulue entre  les codes de l’opéra et ceux de la scène politique moderne.

On finit par oublier complètement que le livret est basé sur la pièce de Racine :  il y a une  nouvelle crise au sommet suite à l’annonce de la mort de Mitridate. Sur scène, on assiste aux débats d’une réunion d’urgence round the clock  qui oppose ‘The Roman Union’ et ‘The Pontus Kingdom’. Ceux-ci veulent évidemment le Brexit, tant qu’à pousser l’actualisation jusqu’à à son breaking point!

13173245_10153632775846297_5700530070317415877_o.jpg

Au public de savourer le « feel real » d’une mise en scène à l’américaine hyper détaillée. Les moindres détails y sont: les breaking news et les live de la CNN,  les journalistes qui mitraillent, qui se bousculent, brandissant leurs micros à l’arrivée des grands pontes, les intervenants filmés en close up pendant les débats autour de la table ovale où ils siègent, chacun avec sa bouteille d’eau. La mise en scène de  Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil (« le lab ») expose toute une grammaire de la mise en scène politique : les poignées de mains assassines, les sourires toutes griffes dehors, la théâtralisation intense de la chose politique.  Rien n’a finalement vraiment changé depuis le cher William: "All the world's a stage". Hopper version 21eme siècle a-t-il encore frappé ? Chaque tableau est un éclat du miroir de notre époque.

A la recherche d’une nouvelle plate-forme citoyenne européenne, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil ne cessent d’ironiser sur la Res Publica. Leur but avoué est d’éveiller la conscience de citoyen européen du spectateur, lui rappeler peut-être que c’est chacun de nous  qui détenons le vrai pouvoir. Susciter notre réflexion, quitte à aller jusqu’à  nous redonner le goût de l’action politique, en proposant une parodie chantante et musicale de ce que ne devrait pas être le pouvoir! Dans le miroir qu’ils nous tendent, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil nous soufflent : « l’Europe est complexe parce que nous, les Européens, sommes complexes ! » La recherche d’harmonie passe par la polyphonie!

  

Mozart, qui écrit ce premier opera seria à l'âge de quatorze ans en 1770, témoigne d'une maturité exceptionnelle, à la fois musicale et psychologique pour exprimer les sentiments qui animent le père et ses fils et pour explorer leurs relations «compliquées».  Mozart universel, Mozart intemporel, Mozart indispensable  nous aura une fois de plus illuminés par son inventivité inépuisable, sa grâce musicale et la clarté de son propos humaniste. Le thème de « l’oubli de la vengeance » que l’on retrouvera  plus tard dans la Clémence de Titus est déjà omniprésent. Et le compositeur a à peine 14 ans…   

DATES DE REPRÉSENTATIONS

05 mai 2016 19:00:00

08 mai 2016 15:00:00

10 mai 2016 19:00:00

12 mai 2016 19:00:00

15 mai 2016 15:00:00

17 mai 2016 19:00:00

19 mai 2016 19:00:00

DISTRIBUTION
Direction musicale : Christophe Rousset
Mise en scène et costumes : Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil
Scénographie et lumières : Rick Martin
Vidéo : Julien Roques & Jean-Baptiste Beis
Collaboration artistique : Lodie Kardouss
Michael Spyres (Mitridate), Lenneke Ruiten (Aspasia), Myrto Papatanasiu (Sifare), David Hansen (Farnace), Simona Saturova (Ismene), Sergei Romanovski (Marzio), Yves Saelens (Arbate)
Orchestre symphonique de La Monnaie

Crédit photos: ©BUhlig

PRODUCTION
La Monnaie-De Munt, avec la participation de Clarac-Deloeuil > le lab

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/578/Mitridate-Re-di-Ponto

 

Palais de la Monnaie, Tour et Taxis, du 5 au 19 mai à 19 h. A 15 h les dimanches 8 et 15 mai.

En savoir plus sur la mise en scène: L'article de Serge Martin: http://www.lesoir.be/1200985/article/culture/musiques/2016-05-04/nous-jouons-avec-codes-du-monde-politique

 

 Enregistrement Arte: http://concert.arte.tv/fr/mitridate-re-di-ponto-de-wolfgang-amadeus-mozart-au-theatre-de-la-monnaie

Lire la suite...
administrateur théâtres

12841436_863679933759208_7885055630063071968_o.jpg

« Tout ce qui ne me transporte pas me tue. Tout ce qui n’est pas l’amour se passe pour moi dans un autre monde, le monde des fantômes. Tout ce qui n’est pas l’amour se passe pour moi en rêve, et dans un rêve hideux. Entre une heure d’amour, et une autre heure d’amour, je fais celui qui vit, je m’avance comme un spectre, si on ne me soutenait pas je tomberais. Je ne redeviens homme que lorsque des bras me serrent ; lorsqu’ils se desserrent je me fais spectre à nouveau. »

La Mort qui fait le trottoir (Don Juan), Acte II, scène 4

Henry de Montherlant


 10553755_863681127092422_6562482902144204930_o.jpg

Un concert dans un auditoire ? Mais oui, cela nous parle et nous rajeunit!  Le concert « A Musical Feast » à l’auditoire des sciences de Louvain-La -Neuve est sold out, une assistance impatiente attend  que la fête musico-nomique  commence. Les papilles d’écoute se pourlèchent déjà même si les sièges sont un peu durs et les tablettes sans syllabus. Le programme conçu par Daniel Lipnik est une entreprise audacieuse. Il nous présente dans son splendide florilège, un périple  à travers les  correspondances : tout, pourvu que l’étreinte de la musique et de la poésie nous fasse oublier notre statut de mortels.  Ce programme regorge de poésie, d’humanité et de feu prométhéen. Les jeux de lumière pendant le concert et les applaudissements de  salle comblée en témoignent.

12828518_863680350425833_3598178529291241040_o.jpg

 Des rubans de choristes  se placent sur le plateau exigu déjà occupé par les musiciens, enfin le chef d’orchestre, Daniel Lipnik, le sourire musical aux lèvres salue brièvement avant de lever sa baguette pour entraîner l’effectif très imposant du chœur, de l’orchestre et des solistes! Les premier rangs sont dans la proximité immédiate de la Res Musica, comme on ne l’a jamais été, les derniers rangs jouissent d’une vue de théâtre antique. Chaque pupitre est bien visible, les bois sont vifs et charmeurs, les violons enjoués et plein de bravoure dans une salle dont l’acoustique musicale n’est pas la raison première,  l’orchestration très contrastée, cohérente, ferme et joliment expressive. Les choristes déploient toute leur noblesse vocale dans leur voyage de l'ombre à la lumière.

 12841445_863681447092390_1511111011296100620_o.jpg

La pente des gradins est forte et le regard que l’on a sur les musiciens et les choristes donne déjà un certain vertige. Il y a aussi le vertige inhérent au programme qui promène l’auditeur de Virgile à Mozart, en passant par Purcell, Haendel, Gluck, Montherlant, Rimbaud : « Ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient… »  . L’antiquité et ses mythes tissent des liens indestructibles avec les grandes figures de la musique classique. Quatre solistes  de tout premier plan ont lié leur art musical avec ceux-ci - une histoire d’amour, finalement.

10869609_863681397092395_5758511327000103086_o.jpg

 Daniel Lipnik, qui dirige depuis  plus de trente ans  La Badinerie, le chœur mixte de 90 choristes à Louvain-la-Neuve, s’est adjoint  le très beau timbre et la  voix  vertigineuse et fraîche  d’Aurélie Moreels, soprano. Remarquable dans la Reine de la Nuit! Elève de Marcel Vanaud, nous l’avions applaudie en jolie veuve de 20 ans dans  l’Amant jaloux de Grétry en 2013.  Elle chante sous la direction de Guy van Waas, Parick Davin et dans des salles prestigieuses : au palais des Beaux-Arts de Bruxelles, au théâtre  des Champs-Elysées, à l’Opéra Royal de Wallonie…

 La prestation de la  mezzo-soprano Anaïs Brullez a elle aussi, été remarquable et largement applaudie. C’est elle, le courageux Orphée et son lumineux désespoir,  dans  « Che faro senza Euridice ? » Elle se produit avec l’Opéra Royal de Wallonie, De Munt, le Chœur de Chambre de Namur, le Grand-Théâtre de Verviers, la Chapelle des Minimes, Le Petit Sablon Consort, le Festival de Wallonie, le Grand-Théâtre du Luxembourg…

L’humour s’est invité en force, avec le Baryton, Kris Belligh flanqué par un ténor malicieux, Michiel Haspeslagh. Son expérience en récital et oratorio comprend les Passions et la Messe en si de Bach, Le Messie, les Requiems de Mozart, Fauré et Brahms, le Stabat Mater et la Petite Messe Solennelle de Rossini, La Création de Haydn, Italienisches Liederbuch et Winterreise. Lors de cette soirée  à Louvain-La-Neuve, c’est sans doute son interprétation du Génie du froid dans le « King Arthur » de Purcell et son duo avec Aurélie Moreels « Al fin siam liberti, la ci darem la mano » du « Don Giovani » de Mozart qui auront été les plus acclamées. 

La Badinerie a enfin démontré ses grandes qualités musicales dans  son interprétation du « Dixit Dominus » de Haendel. Dans le « Kyrie » extrait du « Requiem » de Mozart, même les instrumentistes, pris par le vertige de la prestation et la profondeur de l’intériorité, et en particulier, Bernard Guiot au clavier,  accompagnaient de leur voix  dans un même élan de ferveur solidaire.

12829441_863681190425749_5591184875373135511_o.jpg 

12829227_863682700425598_2475799970902844796_o.jpg

Liens utiles:

http://www.labadinerie.be/

http://gdegives.wix.com/eclecticsingers#!mezzo-sopranes/cknc

  

     

Lire la suite...
administrateur théâtres

1274660243.jpgVoyage métaphorique ?
Falling asleep? Eveil, ou réveil ?  « Falling: A Wake », c’est le titre original  de la pièce de l’auteur canadien Gary Kirkham. Traduction en français : « Une veillée ». Il est certain que vous ne vous endormirez pas! Le bruit infernal de l’explosion de l’avion qui s’écrase à côté d’une ferme « sur un point indéterminé de nulle part » a de quoi réveiller le spectateur en manque de sieste ! La pièce se base sur un fait réel : le crash dramatique du vol 103 de Pan Am suite à un attentat terroriste en 1988. Il y a presque trente ans. Les 150 victimes de l’airbus Germanwings, c’était l’année dernière, à Pâques.

2317486654.jpg

Au début de l’histoire, des pièces d'un avion commencent à tomber du ciel, et l'un des passagers, sanglé dans son siège. Un beau jeune homme au visage limpide. Le vieux couple du professeur de mathématique Harold et Elsie qui avait choisi de reprendre la ferme paternelle, découvre cette chose totalement ahurissante et apocalyptique dans leur univers clos, qu’ils annoncent avec humour, quelque part sur un chemin, par une pancarte surréaliste : « Si vous pouvez lire ce ci, c’est que vous êtes perdu !»   Et en avant les phrases sibyllines, surréalistes, vêtues de sens multiples, touchantes comme les galets littéraires semés par Samuel Beckett ou Harold Pinter. 825857779.jpgLe froid humide, l’absence de lumière de la cave souterraine où se joue la pièce contribue à l’atmosphère lugubre. Si on sort les couvertures sur scène, on les sort aussi dans les fauteuils de l’assistance, question de se mettre au diapason. Harold et Elsie réagissent à cet accident terrifiant, métaphore de la fin du monde, chacun à leur manière. Harold (Alexandre Trocki) s’empresse auprès de sa femme, en lui prodiguant mille attentions amoureuses et tendresse de longue date. Il fait la lumière à commencer par une torche, puis une lanterne puis une armée de bougies, photophores et chandeliers, pendant que la femme veille le mort, et se met à lui parler. Son âme et-elle encore là ou est-elle déjà partie ? Elsie (Brigitte Dedry) prend l’initiative d’une longue conversation à sens unique avec le jeune homme mort. Elle risque la prière. Lui, recrée minutieusement sur la scène de l’accident un semblant de vie  domestique quotidienne en amenant auprès de la femme qu’il aime, fauteuil de salon, tapis, chocolat chaud…A la façon de ces oiseaux fidèles, faiseurs de nids, indissociables et tendres.

3968818209.jpgEt puis, si tout cela n’était qu’invention commune? Recherche désespérée de sens? Une pure invention, comme le jeu des enfants, quand leur imagination est palpitante en regardant les étoiles et en entendant les cris féroces de la nuit. Et si, sur scène on voyait se réaliser la magie de l’amour? Et si ces comédiens vieillis étaient tout simplement en train de mettre en commun leur âme d’enfant ? Et si cette mise en scène était la catharsis d’une douleur ancienne innommable? Une perte insupportable? Peut-on nommer la douleur la plus grave pour des parents? Vous êtes bel et bien en plein voyage métaphorique! La dernière phrase tombe : comme une pièce détachée de métal brûlant. « Mais comment peut-on expliquer tout cela ?» « Il n’y a rien à expliquer !» 
La mise en scène de Virginie Thirion, jointe à la scénographie et aux costumes de Marie Szersnovicz ont de quoi glacer le corps mais pas le cœur…La création sonore palpitante, grande composante de la pièce, est signée Marc Doutrepont.

4181226420.jpg

UNE VEILLEE

De Gary Kirkham.
Avec Alexandre Trocki et Brigitte Dedry.

Belle comédie dramatique

DU 08/03/16 AU 30/04/16

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=420&type=1

Lire en +:
Pièce de résistance par Marie Baudet in La Libre, le 10 février 2016
Tendresse grinçante et résistance par Marie Baudet in La Libre, le 18 février 2016
Alexandre Trocki, la force tranquille par Catherine Makereel in Le Soir, le 20 février 2016
Les veillées de Gary Kirkham : le travail du deuil sous le masque du domestique par Sébastien Barbion in Le Rayon Vert Cinéma, le 21 février 2016
Une veillée *** par Eric Russon in Moustique, le 24 février 2016
«Une veillée» funèbre pour reprendre le fil de la vie par Catherine Makereel in Le Soir, le 2 mars 2016

Le mot de  Virginie Thirion :

Cette pièce canadienne, création mondiale en langue française que nous vous proposons, est une petite perle sensible et tellement humaine. Un duo porté par Alexandre Trocki et Brigitte Dedry, dans une mise en scène de Virginie Thirion. Souvenez-vous du tendre J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin, la saison dernière.

Ainsi commence l’histoire :

«Si vous pouvez lire ceci, c’est que vous êtes perdus». Voilà comment on arrive chez Harold et Elsie.

Le début de la nuit, il fait froid.

On entend le faible bruit d’un avion au loin.
Ensuite, le fracas sourd d’une explosion.
Silence.
Quelque part, un chien aboie.

Elsie : C’était quoi ce bruit ?
Harold : Je sais pas… un orage peut‐être.
Elsie : Quoi ?
Harold : Je disais, un orage peut-être.
Elsie : Il fait froid. Tu as mis quelque chose de chaud ?
Harold : Oui, j’ai un manteau.

Harold sort avec une lampe torche. Il porte des bottes en caoutchouc et le manteau de sa femme.

Quelque part entre Harold Pinter et Samuel Beckett, Harold et Elsie, fermiers par hasard, élevant des poules en pleine campagne, « un point indéterminé de nulle part, parce que si nous étions au milieu de nulle part, on pourrait encore nous trouver… », comme le dit si bien Harold, ancien professeur de mathématique qui a gardé le souci de la précision. Deux personnages tout en humour et tendresse. Si je devais pointer l’enjeu majeur de la mise en scène, ce serait celui-ci : servir la tendresse et l’humour présents dans le texte, dans l’histoire. C’est une vraie gageure, s’agissant de deux êtres confrontés à l’insupportable. Et pourtant. Ils résistent, chacun à leur manière. Elsie parle, elle raconte, elle choisit ce qu’elle veut croire, elle maintient le contact, elle parle pour tenir la tristesse à distance, pour maintenir son mari proche. Harold résiste en acte : d’accord, un événement imprévu et dramatique, emprunt de mort, les expulse de chez eux. Mais il ne s’avoue pas vaincu pour autant, il lutte pied à pied, accumulant fauteuil, lampe, tapis, pantoufles, bougies…. n’hésitant pas à recréer du confort et une possibilité de vie là où l’inimaginable et le traumatisant s’étaient imposés. Et à deux, unis par un amour nourri et construit tout au long de leur histoire et de leurs épreuves communes, ils font reculer l’insupportable injustice de la vie, l’adversité, le chagrin, l’isolement.

Brigitte Dedry et Alexandre Trocki sont les deux interprètes. Ils ont pour eux cette finesse, cette intelligence du texte, et cette belle capacité à en faire entendre les délicatesses. Avec eux, nous découvrons et explorons ce que les personnages se disent vraiment lorsqu’ils se parlent. Nous découvrons comment l’auteur a parfaitement construit leur histoire, lors de cette incroyable nuit, et comment il a subtilement balisé leur cheminement vers la paix et la sérénité.

– Virginie Thirion –

Lire la suite...

Telle une cuisse de nymphe émue !

12273153893?profile=original

                                                     Telle une cuisse de nymphe émue !

    Elle exhale autour de lui
     Légère et céleste
                L'arôme de ses fruits défendus
                         Voluptueuse maladresse 
            D'une délicieuse mousseline

Charmé!

                         Il chavire sur les rondeurs intimes 
                  D'une callipyge.

 
Rosyline 16/01/2015

Lire la suite...
administrateur théâtres

L’émotion est déjà sur le qui-vive quand  l’orchestre dirigé par Cyril Englebert, salue respectueusement le public avant de se mettre à jouer. Délicate attention ou respect ressenti pour l’auteur du personnage de Manon, la délicieuse grisette condamnée par la société, qui eut le malheur de savoir se donner?

manon_lescaut_site_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie_39.jpg

Entre opéra-comique et drame sentimental, la « Manon Lescaut » (1856)  de Daniel-François-Esprit Auber, celui qui écrivit aussi La Muette de Portici, est une œuvre rarement jouée de nos jours. C’est la dernière  production et la seule œuvre du compositeur se terminant  de façon tragique. Le livret se base sur la très profane œuvre de l’abbé Prévost, jugée scandaleuse à l’époque : l'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut qui fait partie Mémoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde (7 volumes, rédigés de 1728 à 1731). Ce joyau romantique aux immenses qualités humaines  emporte l’imaginaire et  a créé une légende intemporelle de la condition humaine qui inspirera encore Jules Massenet (1884) et Puccini (1893).

manon_lescaut_site_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-15.jpg?itok=rvYXcg2CEn 1830 apparaît un ballet-pantomime en trois actes de Jean-Pierre Aumer,  sur une musique composée par Jacques-Fromental Halévy. Cette œuvre insiste fortement  sur la légèreté et la frivolité de la dame. Le livret  d’Eugène Scribe utilisé par Daniel Auber gommera ces aspects et ajoutera un couple modèle de la bonne société bourgeoise de l’époque : Marguerite et Gervais qui représentent des valeurs morales édifiantes. Ils gagnent leur vie honnêtement et souscrivent aux valeurs familiales du 19e siècle. «Il faut, prudente et sage, devenir une femme de ménage » ! « Le ciel récompense la sagesse, le travail et l’amour ! »  Un rôle en or pour le beau timbre de l’excellente Sabine Conzen, toute en finesse, en fraîcheur et en spontanéité. Le ténor Enrico Casari interprète un Des Grieux  très juvénile.

 

A la fois grave et légère, l’écriture orchestrale est  très équilibrée et dirigée de façon très  souple et pétillante par le jeune chef Cyril Englebert. Il est même des moments où les yeux, quittant les protagonistes,  se portent vers la fosse de l’orchestre et la baguette du maître tant la musique souligne avec charme les sentiments qui se jouent sur scène. Le jeu des différents pupitres est précis et élégant …. Complètement dix-huitième!   Le travail des bois est admirable, la harpe émerge avec grâce pour célébrer l’union mystique dans le désert, la contrebasse inquiète cerne les dernières pulsations avant la mort de la belle.  

 Dans le rôle-titre, comme il  se doit, une voix de soprano colorature,  mais moins épanouie, moins charnue que ce que l’on pourrait rêver, sans doute à cause de la difficulté de la  diction française pour une jeune asiatique. Si la sentimentalité est quelque peu retenue par le masque poli du sourire, la technique des vocalises volatiles est superlative dans les cinq solos qui se  fondent en  chants d’oiseaux en délire: de la grive à la fauvette des jardins, en passant par les  timbres ludiques  du rossignol. La Manon interprétée par la coréenne Sumi Jo est peu passionnée ou voluptueuse, mais accroche par une technique d’acier trempé! Très malicieuse dans l’air des éclats de rires.  La dernière scène où Manon, changeant d’hémisphère, est  sauvée d’un tigre sauvage par Des Grieux, est splendidement interprétée. Elle est anéantie par le ciel en feu et meurt de soif dans un désert en Louisiane. Elle implore Dieu pour qu’il jette sur le couple un regard favorable «  Tu fis du repentir la vertu favorable, pardonne-nous! »  Vêtue  de la robe de mariée  de Marguerite, elle attendra son compagnon d’éternité au ciel, « Comme un doux rêve, ce jour s’achève… » murmure-t-elle sans pathos, toute à la volupté de l’amour et à l’art de la chanson.  Elle a cessé de vivre ici-bas, c’est ce que semble nous dire l’image de son corps épanché comme une larme sur la gravure d’une carte de la Louisiane en page de garde d’un immense livre ouvert vers le ciel. Un tableau inoubliable.

manon_lescaut_site_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-2.jpg?itok=eQZ_OOHR

Quelques frustrations cependant pour les textes parlés : la distribution pèche un peu par la disparité des  accents sauf bien sûr celui de Roger Joachim qui installe un  fieffé Lescaut, cousin de Manon,   joueur et profiteur, très fier en jambes et en voix. Le deuxième solo, lourd d’émotion,  du Marquis D’Harpigny (Wiard Witholt) est bien sombre et menaçant, enfermant la pauvrette dans un chantage crapuleux et machiste. La gargotière, haute en coiffure, Madame Bancelin, est interprétée avec superbe par Laura Balidemaj et pose le décor social. Très beau réalisme des costumes signés Giovanna Fiorentini. Les Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie  sont dirigés par Pierre Iodice. Ils mettent bien en valeur la hargne des foules avides de boucs émissaire, alors que le marquis, succombant aux blessures infligées par Des Grieux, a pardonné aux amants.

La mise en scène très habile de Paul-Emile Fourny et les décors de Benoit Dugardyn  réussissent à capter l’éternité de la légende de Manon, car le point de départ  est une superbe bibliothèque 19 ème   sous des arcades de style Eiffel, fréquentée par des collégiens 20 ème   en uniformes que l’on dirait anglais, penchés sur  quelques portables 21 ème dans la salle de lecture antique, tandis que d’autres fouillent les rayons à la recherche d’un livre 18ème . Quelques meubles vont et viennent, l’action se trame, la Louisiane apparaît et l’histoire se clôt sur la vision de cette jeune  étudiante éternelle qui remet délicatement dans les rayons le livre de l’abbé Prévost.

Au retour, résisterez-vous à l’envie de  fouiller votre propre bibliothèque et d’exhumer l’édition de vos années d’adolescence en format poche N°460 présenté par Pierre Mac Orlan?

DIRECTION MUSICALE : Cyril EnglebertMISE EN SCÈNE : Paul-Emile FournyCHEF DES CHŒURS : Pierre IodiceARTISTES : Sumi JoWiard WitholtEnrico CasariRoger Joakim,Sabine ConzenLaura BalidemajDenzil DelaerePatrick Delcour

NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 5 DATES : Du mardi, 12/04/2016 au mardi, 19/04/2016

 http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/manon-lescaut

Et  le live, dès le 15 avril sur Culturebox : http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/opera-royal-de-wallonie-liege/manon-lescaut-d-auber-opera-royal-de-wallonie-237369

Lire la suite...
administrateur théâtres

LA SCALA DI SETA, rythmique endiablée pour intrigue amusante à L’Opéra de Liège

Gioachino Rossini

 : 

La scala di seta
("L'échelle de soie")

 


12273151294?profile=originalAprès le succès de
« La Cambiale di matrimonio », en 1810 - le jeune Gioachino Rossini avait à peine 18 ans, Antonio Cera – directeur du Teatro San Moisè de Venise, décida de faire à nouveau appel  à Rossini pour la réalisation de quatre farces supplémentaires: « L’inganno felice », « La Scala di seta », « L’occasione fa il ladro » (1812) et « Il Signor Bruschino » (1813). Le public vénitien qui a assisté au succès de LA SCALA DI SETA du compositeur le 9 mai 1812 n’a pas manqué de remarquer que le sujet de l’œuvre était fort similaire à celui de « Il Matrimonio segreto » (Domenico Cimarosa) dont le succès à Vienne en 1792   avait été  immédiat et retentissant.  Du modèle théâtral français, le livret en conserve les caractéristiques d’une dramaturgie construite autour de l’intrigue dans laquelle sont impliqués les personnages, sans développer outre mesure leur portrait individuel. Par contre, pour les situations comiques, c’est le principe de la farce à l’italienne qui s’applique s’attelant à faire jaillir des personnages l’aspect giocoso, à travers le contraste social qui s’exprime dans les différences linguistiques et dialectales. Ici, le thème du mariage clandestin sert de toile de fond. Elle est composée d’imbroglio sentimentaux, et de rebondissements souriants. Rossini et le librettiste, Giuseppe Marie Foppa, ont construit un mécanisme théâtral parfait où la musique, dont le rythme soutenu invite à la joie, cède parfois le pas, par jeu uniquement, à la langueur sentimentale d’une aria, qui permet à la voix de se déployer dans toutes ses nuances, élégiaques et acrobatiques. Pour le reste, le dynamisme prend le dessus dès la très célèbre symphonie d’ouverture, pétillante et d’une fraîcheur mélodique séduisante. 

 

Christopher Franklin assurera la direction musicale. Ce sera l'occasion de découvrir, pour la première fois à Liège, Damiano Michieletto, metteur en scène de renommée internationale. Une belle équipe (avec Julie Bailly et Laurent Kubla)  qui donnera toute son envolée comique à cette œuvre, garantissant au public un moment joyeux dont on espère, tout comme lors de la création, qu'il fera naître dans la salle des sourires, voire des éclats de rire. Vous avez dit : opera buffa ?

 

L'histoire: 

Opéra en un acte: 
On se trouve dans les appartements de Giulia la pupille de Dormont. Elle voudrait se débarrasser de la  surveillance jalouse  de Germano, le serviteur de son tuteur, domestique bouffe qui est amoureux d'elle. La jeune fille, en dépit de l'opposition de Dormont, a secrètement épousé Dorvil et chaque nuit, elle le reçoit en secret  grâce à une échelle de soie. Il faut qu'elle permettre au jeune marié, caché dans l'une des armoires adjacentes, de quitter la chambre. Germano est sur le point de sortir, quand Lucilla, sa cousine se présente.

Enfin seul avec Julia, Dorvil avoue être préoccupé par l'arrivée de son ami Blansac jeune prétendant que le tuteur lui veut pour mari. D'abord inquiet puis rassuré par ses serments d'amour, Dorvil saute du balcon juste à temps pour éviter d'être vu par le tuteur. Les événements se précipitent et Giulia doit concevoir un plan pour se débarrasser du prétendant qu'on voudrait lui imposer. Le mieux serait qu'il tombe amoureux de Lucilla. Dorvil brûle néanmoins de jalousie. Lucilla et Blansac tombent amoureux l'un de l'autre, mais Germano continue de semer le trouble dans les couples et fait presque échouer les plans de Giulia... À minuit, la fuite de Giulia et Dorvil est interrompue par l'arrivée  inattendue  de Blansac et de Germano. Dormont se réveille, et les deux amants n'ont plus qu'à lui révéler la vérité. Dormont leur pardonnera voyant que Blansac est amoureux de Lucilla. Il donne son consentement aux épousailles. 

Dates: 

Du vendredi, 11/03/2016 au samedi, 19/03/2016

Distribution

Chef d'orchestre  

Christopher Franklin

Metteur en scène  

Damiano Michieletto

Décors, Costumes  

Paolo Fantin

Lumières  

Alessandro Carletti

 

~

Giulia   

Mariangela Sicilia

Dorvil   

Ioan Hotea

Germano   

Filippo Fontana

Dormont   

Federico Buttazzo

Blansac   

Laurent Kubla

Lucilla   

Julie Bailly

 

Orchestre: Opéra Royal de Wallonie/ Production: Rossini Opera Festival

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/la-scala-di-seta

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

"Les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles menacent de l'être." F. Paravidino 12695022_1280754108620584_7894048889330654528_o.jpgComédie douce-amère, bijou de vaudeville moderne, marivaudages existentiels de teenagers égoïstes et attardés ? Le tout, magnifiquement joué.  « Exit » est le dernier ouvrage de l'auteur-réalisateur-acteur Fausto Paravidino, l'un des auteurs les plus importants et les plus brillants du théâtre italien contemporain. C’est Pietro Pizzuti qui fait office de traducteur virtuose et s’est chargé de nous transmettre toute l’effervescence du texte. Un texte cruel, réaliste, kafkaïen, fait de phrasés percutants et sobres qui ne sont pas sans rappeler le théâtre d’Harold Pinter. Quand le quotidien  tourne au surréalisme.

12716336_1283316098364385_4780191193275941406_o.jpg

"C'est toujours dans les moments les plus tristes que reviennent à l'esprit les plus gais et c'est ce qui rend les plus tristes encore plus tristes." Exit - F.P. 

Quatre excellents acteurs, Dominique Rongvaux, Christel Pedrinelli, Leone François Janssens et Jef Rossion, se partagent les exercices d’extraversion sur le plateau dirigé avec intense finesse et belle  énergie  par Fabrice Gardin. L’absence flagrante de comique est remplacée par le rire salvateur qui guérit des cauchemars trop horribles ou trop réels. Dans la course d’obstacles, le choix est cornélien entre haine des moments perdus et l’horreur des conséquences présentes.

 Le décor représente-t-il un réseau ?  Un engrenage ?  Le labyrinthe en trois dimensions de nos liens qui nous emprisonnent à perte de vue et à perte de coeur? Voyez ces déclinaisons de cadres en L faits de tubes d’acier qui se projettent à leur tour sur un écran de bleu infini. Comme si,  d’une  petite ville italienne, à New York ou à Toronto, tout était tragiquement pareil.  Les palmes de l’éclairage subtil  reviennent à  Félicien Van Kriekinge qui joue avec doigté sur les costumes particulièrement celui de  la dame en bleu Chagall des pieds à la tête …et  ceux, mordorés, de l’homme caramel et de l’homme chocolat. Un choix de quelques  pictogrammes évanescents aussi fluides que l’idéal donne une touche 21e siècle pleine d’humour, comme si on  s’invitait dans une maison futuriste où règne en maître l’imaginaire. Merci, Ronald Beurms! 

Part 1 : Le jeune couple virevolte, emprisonné dans les racines urticantes du désamour. Les choses qui énervent, qui irritent font casser le lien sacré : la banalité de la  routine quotidienne, la politique, le sexe, la nostalgie des premières années, les fautes de goût, l’image de l’autre que l’on s’est fabriquée et qui ne colle plus à la personne. Aussi, l’absence d’enfant qui pour l’un et pour l’autre n’est pas la même!

  Part 2 : La rupture,  la jeune femme, par amour quand même, prend le mauvais rôle  car elle n’a jamais cru aux poses-réflexion!  Lui est perdu et se retrouve  embringué avec  une demoiselle en mal de solitude mais qui veut assumer  son solo! Mensonges de part et d’autre des  lignes de démarcation.  Celle qui a osé la rupture rencontre un charitable «deus ex machina » qui semble avoir passé l’âge des chamailleries.

 Part 3 : Reconstruction ?  De l’utilisation d’un manuel de psychologie américaine pour recoller les morceaux en 10 points. Les personnages ne portent pas de prénom, on se trouve au cœur d’un raisonnement analogique à quatre termes A B C D. On découvre dans ce carré parfait que l’inconfort est le lieu  géométrique des personnages. Comment être soi-même? Comment se séparer avec délicatesse?  « Tout ce cinéma pour affirmer nos, vos, leurs personnalités ? » c’est le cri du coeur de l’auteur ! Où est passée la générosité ?  Une « belle personne » « un vrai ami de l’autre sexe » ça existe?  Et l’Enfant, là-dedans, on lui dira quoi?

 12697022_1281324698563525_7888388363787150962_o.jpg

"Nous avons continué à rigoler et à dire des bêtises pendant un bout de temps. La drogue parfois ça aide. C'est pour ça que les gens en prennent. Lui ça l'aidait à être différent de lui-même. Comme ça, il arrivait à ne pas comparer son attitude envers moi à celle qu'il avait envers sa femme." Exit - F. Paravidino

Si le sujet de la pièce ne rend pas heureux, le traitement policé de celui-ci apaise. Ce spectacle est raffiné et  touchant  par sa  modernité et son approche intelligente, on appréciera incontestablement  la vérité de son interprétation.  

http://www.trg.be/saison-2015-2016/exit/en-quelques-lignes__6112

 

Mise en scène

Fabrice Gardin

Décor et costumes

Ronald Beurms

Création lumières

Félicien van Kriekinge

Décor sonore

Laurent Beumier

- - -

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.

www.arche-editeur.com

 

 

Galerie du Roi 32 - 1000 Bruxelles.
02 / 512 04 07, de 11h à 18h, du mardi au samedi.

Lire la suite...
administrateur théâtres

A la Sama! "Ripaille" du mardi 2 au 13 février 2016

...De et avec  Christian Dalimier

D'abord à la Samaritaine (Bruxelles) du mardi 2 au 13 février

Avec Laurence Warin / Mise en scène : Emmanuelle Mathieu / Scénographie : Maurice Van den Broek

Ensuite: du 18 au 27 février 2016

Au Théâtre Jardin-Passion

r. Marie-Henriette, 39 5000 Namur

Ripailles un peu « grasses »

12273151285?profile=original« Entre deux verres », un premier travail sur la subtilité et la délicatesse fut créé à La Samaritaine nous rappelle Huguette, la grande ordonnatrice des lieux. Et nous revoici, entre deux bières, pour venir applaudir le nouveau spectacle de Christian Dalamier : « Ripaille », une proposition qui ne manque ni de sel ni de piment.

Déjà les papilles gustatives se réveillent. Car il s’agit, on s’en doute, de faire le tour des saveurs, parfums et épices, de tous ce que l’on  peut se  mettre sur et sous la langue. Il s’agit même de très belle langue, quand on en vient à cette merveilleuse interprétation de la Madeleine de Proust. Applaudissements nourris - si l’on peut dire – car la diction est belle, la voix s’est posée enfin avec douceur, plus l’ombre d’une hésitation, les poses pleines d’expectative gustative et littéraire font battre le cœur. « Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. »

Le spectacle a de la tenue, du rythme et de l’inventivité. Les comédiens jouent une belle complicité et se font des surprises. On ouvre un tiroir et hop voilà des bribes de Tchékhov, deux tabliers rouge, du beure de ferme, des luttes conjugales, et un soupçon de jalousie maladive. « C’est bon un peu de douceur » mélancolise la belle. Et de se mettre aux fourneaux pour créer une saveur inégalée! Comment mieux mettre les gens dans d’excellentes dispositions? Mmmh ! Elle sait qu’en faisant griller du cramique dans un appartement, on le vend dans l’heure!

12273151485?profile=original

Les deux compères, le professeur et sa maîtresse - journaliste mémère et tendre - , se pourlèchent les babines devant des mangues citronnées sur lit de …basilic? On ne vous en dira pas plus. Le spectacle a de quoi ébaudir presque jusqu’au bout entre bonne chère et plaisirs de la chair. Il balaie large, faisant feu de toute gastronomie. Seul le chapitre «ripaille(s) » proprement dit, nous a donné quelque indigestion. « Ripaille » sans ripaille aurait été fort bien comme cela, laissé à l’état brut! Trop d’ingrédients nuit à l’omelette, même à celle de la mère Poulard ! On ne la reconnaît plus. Ainsi le titre "Les très joyeuses histoires de Mmmh..."  nous aurait mieux convenu, mais de gustibus non est disputandum! Ce n’est pas que nous ne causions pas  Pirlouit wallon, c’est que la série d’accessoires plutôt vulgaires et criards, fouets et entonnoirs, faisait un peu coup de poing dans le décor d’une soirée qui voulait butiner les sensations et les souvenirs littéraires, de la framboise à la fine fleur d’oranger.

12273151078?profile=original

Lire la suite...
administrateur théâtres

 « Ni toi ni moi ne sommes faits

Pour la guerre »

Un Baby spectacle a  vu le jour hier aux Riches Claires. Baby,  puisqu'il n’avait droit qu’au jour de sa création. Baby, parce qu’on lui souhaite vivement de se retrouver en grand format sur de nombreuses scènes belges ou internationales. Le thème c’est le Temps de guerre lors de cette Première guerre mondiale, un conflit que l’on claironnait être la Der des Der! Et les innombrables Lost Boys! They were so young!

Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2016-02-16-a%CC%80-17.00.18.png


 Dans ce spectacle dernier-né, beaucoup de fraîcheur vient de la musique et de  la mise en scène de la comédienne. Une musique perdue et retrouvée par les soins de celle qui a fait œuvre d’exploratrice dans les mille et un livres et partitions abrités dans notre Bibliothèque Nationale de Belgique et a retrouvé l’été dernier les partitions originales d’un certain compositeur liégeois, Charles Scharrès (1888-1957). Une entreprise de Marie-Laure Coenjaerts (artiste lyrique belge, mezzo-soprano que l’on a entendue notamment dans le rôle-titre de « L’enfant et les sortilèges » chef d’oeuvre de Ravel sous la direction de Pascal Rophé). Il n’y avait plus qu’à déchiffrer ces partitions jaunies, les mettre au piano avec la complicité de Flavien Casaccio, pianiste concertiste et leur prêter la voix profonde de Marie-Laure. Leur redonner les couleurs et les visages de notre temps en les tressant avec la fibre des mots et des jeux de scène originaux. Aux commandes des textes, on retrouve l’infatigable comédienne, Laurence Briand qui elle, peu friande de bibliothèques, contacte des gens, écrit des mails, reçoit des écrits et s’affaire à un nouveau montage dont elle a le secret, pour sortir l’ensemble de l’oubli. Cent ans ? La Belle au bois a certes bien dormi, mais il s’en est passé des choses depuis 14-18 et le monde n’est plus reconnaissable. Quant au prince charmant qui ramènera l’amour dans le monde, on l’attend encore! … « Cependant que le soldat inconnu a connu l’incandescence trop brève de l’amour » nous souffle la comédienne à genoux sur la scène en égrenant une poignée de sable.  

Ré-envisager cette époque tragique et sortir de l’oubli ses heurs et ses douleurs qui nous ressemblent parfois étrangement a beaucoup de sens. Les pépites exhumées - la musique comme les textes - ont une particularité, elles sont totalement belges et nées quelque part entre 14 et 18. Seul bémol : on remarque une absence criante, celle de l’écriture féminine belge, malgré les recherches intenses de Dame Laurence. A cette époque, mères, filles et épouses avaient bien d’autres chats à fouetter que l’écriture. Et au fond, avaient-elles même une âme ? C’est pourquoi, Laurence Briand en profite pour ajouter des textes d’une romancière contemporaine, Marianne Sluzny (°1954) qui lui donne accès au recueil de ses nouvelles, intitulé « Un bouquet de coquelicots ». Un bouquet impressionnant de « souvenirs » de jeunes gens captés au plus vif de la souffrance.

La musique est bien sûr le baume qui calme et qui réjouit, formant un contrepoint impressionniste dans ce fracas meurtrier. Les chants retrouvés parlent d’amour, de soleils qui hument la rosée…et forment un tableau très contrasté avec la détresse des jeunes gens envoyés se faire tuer au front, souvent à la place des nantis : "La victoire en chantant!" Les échos auxquels vous goûterez sont les accords complexes et les couleurs chromatiques de Ravel et Debussy, à s’y méprendre. Le temps que Laurence Briand, elle-même déguisée en jeune gavroche des tranchées, rende compte de toute l’horreur et de toutes les tragédies humaines de cette terrible époque. Avec poésie et humour et sa savoureuse présence théâtrale, vous vous en doutez!


Vous l’aimerez, ce nouveau Bébé, un trio de clavier bien trempé et de voix féminines chantées et parlées, plein de maturité!


Il n'y aura jamais assez
De caresses, de doux baisers
Sur cette terre
J'aimerais ne partager que
Tendresse, joie, sérénité
Ma vie entière
Ni toi ni moi ne sommes faits
Pour la guerre
Nous sommes faits pour marcher
Résolument vers la lumière
Je n' veux plus entre toi et moi
Une quelconque intifada
Je ne veux plus te parler sabre
Je veux la grande paix sous les arbres

Il n'y aura jamais assez
De caresses, de doux baisers
Sur cette terre
J'aimerais ne partager que
Tendresse, joie, sérénité
Ma vie entière
J' veux respirer l'air du matin
Tout frais, tout neuf, qui fait du bien
J' veux remplir mes poumons d'air pur
J' veux d' l'amour et pas des murs
De janvier jusqu'en décembre
Je ne veux naviguer que tendre
Je n' veux plus la moindre fusée
De longue ou de moyenne portée
Je veux un ciel bleu dégagé
Que le soleil puisse y jouer

Il n'y aura jamais assez
De caresses, de doux baisers
Sur cette terre
J'aimerais ne partager que
Tendresse, joie, sérénité
Ma vie entière
Ni toi ni moi ne sommes faits
Pour la guerre
Nous sommes faits pour marcher
Résolument vers la lumière
Je n' veux plus entre toi et moi
Une quelconque intifada
Je ne veux plus te parler sabre
Je veux la grande paix sous les arbres

Julos Baucarne

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273128054?profile=original12273128282?profile=original12273129266?profile=original

12273129701?profile=originalVoici du  panache et  de la  flamboyance  pour ouvrir la  saison à ORW  à Liège.  Jean-Louis Grinda*est de retour avec une somptueuse mise en scène de l'Ernani de Verdi en collaboration avec l’Opéra de Monte-Carlo.   

Pour souligner l’opulence musicale  de l’œuvre, Jean-Louis Grinda choisit d’utiliser une toile de plastique tendue,  faisant miroir, inclinée en fond de scène qui dédouble les clairs-obscurs et les saisissants jeux de lumière de Laurent Castaingt de manière très  onirique. Ceux-ci jouent avec la transparence des écrans et  font surgir  la vision extraordinaire d’une reine de lumière en robe blanche  autour de laquelle surgissent  des   personnages  vêtus de brocart, figés et  muets, comme dans un cauchemar. Nous sommes dans les toutes premières mesures de l’ouverture.

Plus de 300 costumes resplendissants, d’inspiration Renaissance, signés  Teresa Acone et une  réplique stylisée  de combats équestres de Paulo Ucello contribuent à créer  l’atmosphère grisante de légende épique. L’importante distribution  glisse  sur  l’échiquier du drame romantique, fait de porphyre er de marbre noir. Les décors sont signés Isabelle Partiot-Pieri. Le mouvement entre ceux-ci simule  la main du destin, le moteur invisible de l’ouvrage. La très belle direction des choristes  evient à Pierre Iodice. Le décor au  troisième acte suggère le tombeau de Charlemagne surmonté de l’aigle impérial,  auprès duquel se fera le couronnement. Le dernier acte  s’ouvre sur  une couche nuptiale surmontée d’un  immense dais de soie blanche   parsemée  d'écussons dorés,  auquel seront  assorties les tenues de bal de la cour  pour les  épousailles princières.

Les personnages. Une femme Elvira (Elaine Alvarez), flanquée de  sa nourrice Giovanna (Alexise Yerna), face au monde guerrier des hommes : un oncle, un grand d’Espagne,  De Silva (la basse Orlin Anastassov), vieillard qu’elle déteste et qu’elle doit épouser.  Don Carlo (Lionel Lhote), le roi d’Espagne qui lui a aussi demandé sa main et  lui a même offert la couronne. Son cœur appartient à  Ernani (le ténor argentin Gustavo Porta), prince proscrit, cuirassé dans une voix forte, stable  et assurée,  poursuivi par une fatalité meurtrière, devenu bandit avide de vengeance : son père a été tué par le père de Don Carlo. Traqué par les émissaires du roi, iI s’est réfugié dans les montagnes d’Aragon.

Tout pour l’amour. Il rêve d’enlever Elvira. Le malheureux couple  se voue  en effet un amour sincère et juste, seule harmonie dans cette fresque guerrière  mue par la poudre et le glaive. Encore deux hommes de plus  au tableau : Riccardo, l’écuyer du Roi et Jago, celui de De Silva. L’amour est la valeur absolue d’Elvira et sa seule arme. Elle est prête à perdre la vie et irait jusqu’à tuer  si elle ne peut pas vivre aux côtés de son amant.  « Ernani involami » est d’une poignante beauté, brodé de belles demi-teintes fort délicates. 

 Tout pour l’honneur. La machine à broyer les hommes dans le sang - Jalousie et Vengeance - se réveille. De Silva a offert à son insu l’hospitalité à Ernani en fuite. Ernani, croyant Elvira  mariée,  lui offre sa tête en cadeau de noces, quand, enflammés par l’idée de vengeances communes, Ernani et De Silva  décident de se liguer contre le roi. Il revient à Ernani de l’abattre, pour venger la mort de son père.  Inconscient ou la proie d’une malédiction,  Ernani conclut avec De Silva un pacte fou où  il  offre à son ennemi de se supprimer par le glaive lorsque De Silva fera retentir trois fois un cor fatidique!  L’honneur est la valeur absolue d’Ernani,  et rien ne tiendra devant  ce pacte  insensé !  Aucun usage de la raison ou les supplications d’Elvira  n’arrêteront  son passage à l’acte. Pauvre folie des hommes.  Etranglé par l’orgueil de ses principes et la  spirale des vengeances en série, il s’immole aux pieds de celle qu’il peut enfin épouser sous l’œil impassible de De Silva. Quelle absurdité ! Elvira avait  fini par obtenir  la clémence du nouvel empereur du Saint Empire  grâce à  la sincérité et la pureté de ses sentiments. Victoire éphémère de l’amour.  En effet, au  troisième acte, le roi Don Carlo,  accédant au trône impérial sous le nom de Carolus Quintus,  avait su contourner la haine, trouver le chemin de la paix et  de la clémence. On est frappé par la noblesse de ton de Don Carlo, qui s’oppose à la dérisoire vendetta et l’orgueilleuse dette d’honneur!  Le goût du sang, la folie de vengeance et de  jalousie de De Silva  viennent tout ruiner. Le trio final est un hymne rutilant fait de désespoir et de malédiction.

12273129069?profile=originalTout pour la musique. L’orchestre dirigé par Paolo Arrivabeni enchaîne les airs, les chœurs chatoyants et les dialogues  avec une énergie dévorante. La constance  des différentes haines se dégage de chaque scène avec  obstination dans une atmosphère de fatalité. It’s a man’s world. Et à l’opposé, parée de tout le  mystère de féminité, des couleurs  tendres  aux plus crépusculaires, l’interprétation  vocale impérieuse d’Elaine Alvarez est royale et sereine malgré  l’intensité de sa souffrance. Elle suscitera vivats et applaudissements enthousiastes très mérités lors des nombreux rappels en scène. Tout aussi royale est l’interprétation et  la voix ronde et souple de Don Carlo. Lionel Lhote le sublime baryton qui nous a enchantés dans Les pêcheurs de perles tout dernièrement sur la même scène, et il  se surpasse encore. « O de’verd’anni miei » médite-t-il devant la tombe de Carolus Magnus, symbole de sagesse. Avec sa très belle présence scénique, c’est probablement, notre voix préférée dans ce magnifique spectacle qui ne cesse de nous rappeler de façon étonnamment vivante,  les  tableaux  de Velasquez.

ernani-c-opera-royal-de-wallonie-lorraine-wauters-27.jpg?itok=IhBFmvyR&width=452                          http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/ernani

ernani-c-opera-royal-de-wallonie-lorraine-wauters-14.jpg?itok=yAQQppjf&width=452

* Jean-Louis Grinda a dirigé l'Opéra Royal de Wallonie pendant des années, avant l'actuel directeur général et directeur artistique Stefano Mazzonis Di Pralfera  

Saison : 2015-2016

Durée : 2:40 /Langue : Italien /Direction musicale : Paolo Arrivabeni / Mise en scène : Jean-Louis Grinda/ Chef des Chœurs : Pierre Iodice/ Artistes : Gustavo Porta, Elaine Alvarez, Orlin Anastassov, Lionel Lhote, Alexise Yerna/ Nombre de représentations : 6 /

Dates : Du jeudi, 24/09/2015 au mardi, 06/10/2015   

 crédit photos: (© Opéra Royal de Wallonie - Lorraine Wauters).

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273128085?profile=originalHistoire vraie d’un artiste français qui adora La Vestale jusqu'à s'aller tuer pour elle, d'un balle dans la tête! Berlioz raconte: « On doit donner encore la Vestale... que je l’entende une seconde fois !.... Quelle œuvre !... comme l’amour y est peint !... et le fanatisme ! Tous ses prêtres-dogues, aboyant sur leur malheureuse victime... Quels accords dans ce finale de géant !... Quelle mélodie jusque dans les récitatifs !... Quel orchestre !... Il se meut si majestueusement... les basses ondulent comme les flots de l’Océan. Les instruments sont des acteurs dont la langue est aussi expressive que celle qui se parle sur la scène. Dérivis a été superbe dans son récitatif du second acte ; c’était le Jupiter tonnant. Madame Branchu, dans l’air : Impitoyables dieux !, m’a brisé la poitrine ; j’ai failli me trouver mal. Cette femme est le génie incarné de la tragédie lyrique ; elle me réconcilierait avec son sexe. Oh oui ! Je la verrai encore une fois, une fois... cette Vestale... production surhumaine, qui ne pouvait naître que dans un siècle de miracles comme celui de Napoléon. Je concentrerai dans trois heures toute la vitalité de vingt ans d’existence... après quoi... j’irai... ruminer mon bonheur dans l’éternité. » C’est dire si à l’époque (1807), La Vestale de Gaspare Spontini avait ravagé les cœurs!

12273127690?profile=original

On la retrouve en 2015 au Cirque Royal de Bruxelles, un endroit de choix pour monter  cette œuvre méconnue dont on ne se souvient que chantée en italien par La  Callas. L’Orchestre de la Monnaie dirigé par Alessandro De Marchi œuvre à découvert, aux yeux du public dans  une  moitié de l’arène tandis que l’action se déroule en surplomb, dans l’autre moitié du cercle. Les costumes de Marguerite Bordat font plus penser  à L’Antigone de Jean Anouilh qu’au théâtre antique. La mise en scène, signée Eric Lacascade et montée l'année dernière au théâtre des Champs Elysées à Paris, est très stylisée. Epurée et classique à la fois, elle donne le ton d’un drame intemporel.

Comme dans « Les pêcheurs de perles », on retrouve l’amour en butte à la  bigoterie religieuse, le thème du bouc émissaire, mais aussi la  brûlante liberté d’esprit de la victime expiatoire.  Deux thèses en présence: « Le salut exige une victime» s’oppose à un autre camp «  Le salut des états ne demande pas de crime », c'est celui des  jeunes vestales (La Choraline, direction Benoît Giaux). On est glacé par la scène de lynchage qui s’apparente aux scènes insoutenables vécues au sortir de la deuxième guerre mondiale par ces femmes tondues, honnies et  persécutées avec hargne. On respire d’aise  et de bonheur à la fin du drame comme dans « La Clémence de Titus » que présentait La Monnaie la saison dernière.   On ressortira du spectacle avec une certaine exaltation devant  l’homogénéité de la représentation et  la poésie du texte transmise avec une très belle diction, que ce soient les chœurs ou les solistes qui mettent en valeur  la beauté  lyrique  lumineuse de l’œuvre.

12273127460?profile=originalPureté du jeu, pureté du feu,  un flambeau d’amour renaît des cendres de la haine. Le feu symbolise la régénération et la purification, par l’amour et la lumière. Alexandra Deshorties est excellente  dans le rôle de Julia et brille de noblesse naturelle. Son jeu impressionne par la vérité de ses gestes. La tessiture de la voix plonge dans les registres inférieurs de la tragédie désespérée et fuse dans les registres supérieurs du bonheur et de la tendresse charmante et juvénile. La finesse de son, loin d’être un reproche, est au diapason de la pureté des sentiments et de la pureté de la voix. On se sent à la fois envahi par l’innocence, l’illumination palpitante du désir et la rage du désespoir, deux forces qui peuvent changer le monde.

Yann Beuron,  dans le rôle de Licinus a des tempos justes et chaleureux, des phrasés éloquents, une puissance romaine naturelle  dépouillée de toute mièvrerie, une ardeur de guerrier et d’amant passionné. Il célèbre également la vraie amitié et l’amour vrai qu’il éprouve pour sa Julia : « Je vis pour défendre ses jours ! »  Il s’offre héroïquement  pour la sauver tandis qu’elle a choisi de crier en  vestale de l’amour, sa liberté dernière : celle de marcher avec fierté vers la mort et de taire le nom de celui qu’elle aime. De bouc émissaire elle devient martyre glorieuse.   Leurs duos sonnent juste et touchent  les coeurs.    La voix rayonnante du pontife (Jean Teitgen) domine,  impressionne, mais n’arrive jamais à réduire l’innocence de l’amour au silence. Il s’entoure d’une  hypocrite escadre de soutanes noires parées de longues chevelures suant la jouissance de l’anathème et s’alliant les odieux mouvements de  la foule versatile. C’est voulu et  lourd de propos.

DSC_1684press.jpg?width=750 Chargée du rôle de la grande Prêtresse, la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo est  auguste et très crédible, n’hésitant pas à laisser fondre son cœur de mère dans un duo déchirant avant que Julia ne soit enterrée vivante. Sur scène, quelques bancs, ou  longues tables mouvantes, et au centre le siège du feu sacré dans une cage qui sera celle de l’héroïne, entouré de jeunes vestales exquises vêtues de cheveux de feu et de robes blanches. La plus jeune a à peine 19 ans.  Les mouvements fascinants et le lyrisme des chœurs très nombreux utilisent plus que leur espace scénique, ils jouent d’une certaine proximité avec le spectateur, de quoi les clouer dans l’émotion.  

_23M1791press.jpg?width=750

 

Une œuvre sans aucune lenteur, des rythmes enflammés, du désespoir palpable, la flamme immortelle de l’amour omniprésente,  le tout serti dans un très beau travail de chœurs (Martino Faggiani), ne fait que contribuer à l’allégresse qui naît lorsqu'une performance est reçue  comme un cadeau.

Crédit Photos: © Clärchen und Mattias Baus 

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273117698?profile=original                                                       Des gammes contre la croix gammée!

Cultissime! Les metteurs en scène Daniel Hanssens et Jack Cooper ne nous ont pas déçus dans cette comédie musicale à la française, produite au Festival de Théâtre Bruxellons et servie par la très belle orchestration de Pascal Charpentier!

Nous sommes dès les premières notes des religieuses du couvent de Nonnberg dans un registre de très haute performance, emmené par de vibrants chants en latin - clin d’œil discret aux racines de notre culture occidentale que personne ne s’est mêlé de traduire.  La musique sacrée captive dès l’entrée, pour se  métamorphoser très vite  en musiques d’amour. L’amour de la nature, l’amour mystique, l’amour de la musique, l’amour des enfants, l’amour des couples, l’amour de la vie, l’amour de la patrie: Edelweiss! Le titre français de la comédie musicale  « The Sound of Music » glisse vers une  certaine mièvrerie. Pourquoi donc ce titre « Mélodie du bonheur » façon Parapluies de Cherbourg,  qui laisse une impression de  bonheur fané  et pas  quelque chose de plus fort, de plus  attrape-rêves , une allusion plus directe à l'exquise gamme  harmonique des sept enfants de la famille von Trapp?

12273117658?profile=original

11781597_863286797095534_5963066442588535094_n.jpg?oh=e980ff6c0214e5334a03b095b5d4e721&oe=5655D38C&width=370Ce spectacle, finement mis au point  depuis plus d’un an,  crée en effet une résonnance harmonique étonnante et rare entre public et acteurs. Est-ce grâce au diapason magique de Liesl (Maud Hanssens), la plus  âgée des sept enfants du Bonheur? Est-ce grâce à la merveilleuse résonnance du texte français qui n’a rien à envier à la version originale anglo-saxonne? A l’accent grave et particulier de la diction  impeccable de Wim Van Den Driessche? A la grâce naturelle et au timbre cuivré de la révérende mère supérieure, Marie-Laure Coenjaerts, un être lumineux et généreux? Aux rêves des comédiens qui se rencontrent?  A l’authenticité de la démarche?  

Deux thèmes puissants et profonds s’enlacent tout au long de l’histoire romanesque et vraie de Maria et sa famille recomposée : la recherche du sens de notre vie sur terre et l’attachement à ce qui rend notre vie vibrante et épanouie. La deuxième partie du spectacle insiste particulièrement sur le droit, si pas le devoir, de se rebeller lorsqu’un pouvoir dictatorial veut vous imposer son mode de pensée, et veut  broyer vos libertés ou vos valeurs. Celui qui ne se rebelle pas n’a pas le droit de se lamenter. Tout cela est très présent dans ce magnifique spectacle qui donne matière à penser sous des dehors très innocents.  

12273117468?profile=originalLa jeune et pétulante Maria parcourt un immense chemin  à la recherche de sa vérité et tire le capitaine von Trapp (Wim Van Den Driessche) de l’isolement de  la sombre caverne où il s’était réfugié à la mort de sa femme. Elle  le ramène progressivement  vers l’émerveillement et la joie solaire qui inonde les collines, où ils  peuvent entrevoir ensemble, le Beau, le Bien, le Bon. Quelle catharsis! Quel petit bout de femme volontaire, animée par L’Esprit, que cette subtile Maria sublimement interprétée par Laure Godisiabois. Si ce spectacle donné dans la cour du château du Karreveld dont le festival d’été fête ses dix-sept ans cette année, revêt toutes les qualités esthétiques, chorégraphiques,  scéniques et musicales dont on pouvait rêver, on  se met à rêver que soit immortalisée cette magnifique fleur des planches estivales bruxelloises  sous forme de film… à se repasser en boucle pour le plaisir, comme une vivante image d’Epinal aux vertus protectrices!

12273118100?profile=originalLes plaisirs sont nombreux, celui d’un décor très astucieux qui sait jumeler les collines  autrichiennes couvertes de vignes et de monastères, l’orage qui déferle dans la maison cossue, les jardins et terrasses d’un parc, l’intimité d’une chambre de gouvernante où bondissent les oreillers, et le luxe des salons et escaliers d’honneur menant aux chambres d’enfants.  La pureté et la beauté des chants des enfants, leurs savoureuses chorégraphies faites à la fois de spontanéité et de grande professionnalité montrent qu’ils se sont tous totalement investis et quel que soit l’âge, dans leur jeu théâtral et musical. Seven go to Heaven!  Une vraie source d’émerveillement en soi! Sans parler de l'extraordinaire  défilé de costumes imaginé par Françoise Van Thienen et son équipe! Car ...Maria a des doigts de fée, en plus de sa guitare!

11227632_10205835557902042_2010019044920999228_n.jpg?oh=5a73d3c28e0a522011880d84f4812e00&oe=56499338&width=505 Et qu'ils sont admirables et drôles dans leurs rôles secondaires joués avec intensité : Nicole Valberg (Frau Schmitt), Perrine Delers (la Baronne Schraeder), Pierre Pigeolet (Max), Roland Bekkers (Franz) et le jeune Damien Locqueneux dans le rôle de Rolf! Une distribution royale.   Le plaisir final est un éclatement de bonheur, lorsque fusent autour de vous, des applaudissements frénétiques et des huées lancées ça et là aux pauvres figurants bardés de croix gammées!

12273118495?profile=original 

http://www.lamelodiedubonheur.net/ZZSpectacle2.php?spectacle=La Mélodie du bonheur

  

Lire la suite...
administrateur théâtres

zurga_lionel_lhote_et_leila_anne-catherine_gillet__.jpg?width=452La première des « Pêcheurs de Perles » a eu lieu en 1863, Bizet avait alors  tout juste 24 ans. L'opéra est ramené à Paris en 1889  pour l'Exposition Universelle, l’exotisme oriental  est à la mode. L'histoire se déroule  à Ceylan avant l’occupation anglaise. Une communauté de pêcheurs-plongeurs en apnée affronte durement  la nature, les tempêtes et les cyclones  pour vivre de la pêche de l’huître perlière. Chaque année une  nouvelle prêtresse vierge  est invitée au village pour prier Brahma et  repousser par ses chants les esprits maléfiques.  Elle prête le triple serment de rester voilée, vierge et sans tache, de prier jour et nuit et de n’avoir ni ami ni amant. La mort la menace si elle en vient à transgresser le serment.  Les deux indéfectibles amis, Nadir et Zurga évoquent leurs souvenirs de voyage où ils  sont tombés amoureux jadis de la même femme mais ils  se sont juré mutuellement une fidélité  éternelle qui ne saurait être entravée par des liens amoureux. nadir_marc_laho_et_zurga_lionel_lhote__.jpg?width=452 Bien sûr, l'amour entre Leila, la  jeune prêtresse vierge, et l’élégant  chasseur de fauves  Nadir renaît lorsqu’il entend sa voix et sera jalousé par son ami Zurga, devenu chef de la communauté. La palette de la couleur des sentiments du triangle amour , amitié et jalousie  vaut bien celle des perles : du noir le plus sombre, quand le cœur crie vengeance pour la trahison, aux  rutilantes  couleurs de verts  et violets pour la souffrance et les doutes qui s’insinuent, aux éclats nacrés de l’amour pur, du sacrifice librement consenti, et finalement du pardon, de la clémence  et de l’oubli de soi.  

Ces couleurs nacrées, délicates, voire étincelantes dans l’évocation du coup de foudre des amoureux  sous  la lumière des tropiques, ou celles de l’épouvante, sont rendues avec intensité par l’orchestre dirigé par Paolo Arrivabeni qui fait vibrer la texture orchestrale. Les  mélodies lancinantes et mystérieuses sont  pleines de raffinement et de recherche. L'atmosphère languissante du premier acte est particulièrement envoûtante. La présence des courbes mélodiques du chœur souvent en coulisses, entretient l’atmosphère poétique et finit par ensorceler. Sortilège malais ?  nadir_marc_laho__et_leila_anne-catherine_gillet_.jpg?width=452

 

Le metteur en scène japonais Yoshi Oïda  a relevé le défi de recréer l’exotisme imaginaire d’un Bizet qui n’a jamais quitté la France. C’est beau, dépouillé  et intemporel. Cela donne l’impression de  se passer sur une île lointaine du Japon, cela semble  frôler les côtes indiennes ou du Sud-Est asiatique, toucher peut-être l’Afrique et refluer jusqu’aux confins de la  Polynésie, sans que le rêve ne s’arrête.  Quelques barques  en forme de feuilles de palmier, creusées dans le bois sauvage, quelques nasses, des perches de bambous, l’esquisse d’un ponton qui se transforme en temple ou en couche sommaire,  dans un univers de bleus et de couleurs Chagalliennes, du sol au plafond et dans les miroirs. Les jeux de lumières sont fascinants.  L’esquisse d’un horizon flottant est-il le bord d’une falaise?  Ou la ligne entre ciel et mer ? Les travailleurs de la mer habillés de couleurs océanes disparaissent au fond du plateau dans un jeu de bras et de jambes  lent et  poétique. L’esprit flotte sur un  plateau vivant et vibrant de couleurs et de sonorités, comme la lumière qui traverse un vitrail. Est-on entre  ciel et terre, sous un croissant de  lune couché à l’horizontale ou dans la féerie d’un royaume sous-marin pardessus lequel flottent de frêles esquifs sur une eau transparente?  12273097493?profile=original

 

La superbe texture vocale et dramatique des quatre personnages dissipe le flou.  Anne-Catherine Gillet, Marc Laho, Lionel Lhote et Roger Joachim sont  tous des artistes belges francophones qui tous font preuve d’une diction impeccable. En effet, chaque tessiture articule la prosodie française avec une étonnante limpidité, sans le moindre  relent de français chanté affecté et vieillot.  Quel collier de perles, ces voix nuancées, ces timbres parfaits, cette prosodie célébrée avec ravissement ! « O nuit enchanteresse, divin ravissement ! » se joue de part et d’autre de la rampe. La maîtrise  vocale de  Leila (Anne-Catherine Gillet) est remarquable : de très belles notes de tête, rien de forcé, de la souplesse dans la virtuosité, une très belle variété dans le phrasé et la couleur. Son jeu physique est tout aussi empreint de grâce et d’humanité. « Accorde-moi sa vie, pour m’aider à mourir », plaide-t-elle pour sauver Nabir.  Tout est prêt pour le sacrifice. Roger Joachim interprète  le rôle de Nourabad le grand-prêtre de Brahma comme s’il endossait le rôle du Destin. Quelle puissance tranquille, quelle imposante autorité dans sa somptueuse voix de basse! Le ténor Marc Laho, originaire de Liège, livre un Nadir très vaillant, habité  par le désir, incapable de se tenir à ses promesses, incroyablement humain, offrant  sans compter le velours palpitant de ses émotions. Au cours de l’action, la voix chaude et cuivrée du baryton, Lionel Lhote  rassemble dans  le noble  personnage  de Zurga, toutes les tempêtes mais aussi  la sagesse de l’homme maître des émotions les plus  déchirantes.  Son ultime  « A Dieu ! »  est majestueux, il a renoncé aux deux seules choses qui comptaient dans sa vie, l’amitié et l’amour, après avoir découvert en Leila celle qui lui avait sauvé la vie des années auparavant.

 

nadir_marc_laho___leila_anne-catherine_gillet_et_zurga_lionel_lhote___.jpg?width=300A tous points de vue, cette dernière création toute en finesse de L’Opéra de Liège force l’admiration et se range au niveau des plus belles performances internationales.  La saison prochaine du MET a mis « Les pêcheurs de perles » dans sa programmation en janvier 2016, ils auront fort à faire pour égaler la beauté et la tenue  de ce spectacle  ciselé avec le plus grand art.   

Paolo Arrivabeni, direction musicale • Yoshi Oïda, mise en scène • Tom Schenk, décors • Richard Hudson, costumes • Daniela Kurz, chorégraphie • Fabrice Kebour, lumières • Marcel Seminara, chef des choeurs

 

Anne-Catherine Gillet, Leïla • Marc Laho, Nadir • Lionel Lhote, Zurga Roger Joachim, Nourabad

Liège, Théâtre royal, du 17 au 25 avril. Réservation : 04-221.47.22 ou www.operaliege.be

Charleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi - PBA le 30 avril à 20h

http://www.pba.be/fr/saison/153/les-p%C3%AAcheurs-de-perles

      

    

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273090470?profile=originalA l’approche du printemps 2015, le Klara festival, une émanation du festival van Vlaanderen se mobilise. Il est plus que jamais temps de cultiver son jardin  musical, surtout qu’il est sous le thème le plus heureux qu’il soit : l’amour passion et l’amour compassion.

Orchestres, ensembles et chefs prestigieux vont se produire à BozarFlagey, au Singel et au Concertgebouw Brugge mais aussi dans d’autres lieux.

Cette 11e édition du festival dure 16 jours, du 06/03 au 21/03/2015, accueille 32 concerts, est présente sur les ondes  pendant  2 semaines et demi de direct à la radio, concerne 14 millions d'auditeurs dans le monde entier, attend pas moins de  635 artistes et 20 000 visiteurs dans 11 lieux différents.

La chance nous sera donnée de voir et d'écouter René Jacobs, Stef Kamil Carlens, Teodor Currentzis, Serge Verstockt, Guido Belcanto, Hilary Hahn, Piotr Beczala, l'Orchestre royal du Concertgebouw Amsterdam, George Petrou, Julia Lezhneva, Shanti! Shanti!, Alexander Melnikov, Isabelle Faust, le RIAS Kammerchor berlinois, le Brussels Philharmonic, l'ensemble Kaleidoskop, ainsi qu'I Solisti del Vento. Mais bien d’autres encore !

La manière dont le Klarafestival aborde le thème « If love could be » est caractéristique : exploration des limites, regard neuf sur le répertoire, mise en œuvre d'associations inédites avec, en figures de proue, les couples mythiques Tristan et Iseult, et Roméo et Juliette.

Let it be!

Rien de plus  envoûtant  pour commencer que l’illustre René Jacobs et le Freiburger Barockorchester présentant « Il Barbiere di Siviglia », une œuvre de de Paisiello, musicien italien invité à la cour impériale de Catherine II de Russie. A la suite de la première à Saint-Pétersbourg le 26 septembre 1782, cette œuvre fourmillant d’éclats de rire et de légèreté - c’est un bijou d’opéra comique - a été jouée ensuite à Vienne, Naples, Prague, Versailles puis a parcouru l’Europe entière, y compris Bruxelles pour franchir l’Atlantique au début du XIXe siècle et se retrouver à Mexico et enfin en version française à La Nouvelle Orléans! Si populaire qu’elle fût, l’œuvre fut néanmoins longtemps éclipsée par celle de Rossini créée en 1816. Mais la revoici à Bruxelles, en  2015, la route est longue et le plaisir, inaltérable. Voici du théâtre chanté sur la scène de Bozar  dans un écrin de  musique festive.  

L’œuvre est courte, la Grande Catherine exigeant que tout soit rendu en une heure trente, les récitatifs sont très brefs… Il n’y a pas de sous-titres à l’époque. « Ce que je devrai ensuite vous recommander, c’est la concision. Veuillez ne composer que peu, très peu de récitatifs,  car ici ils ne comprennent pas  cette langue. » lui écrit-on ! C’est donc à la musique de traduire l’histoire bien connue de la pièce de Beaumarchais et mise en livret par Giuseppe Petrosellini en 1782. Les différents personnages sont attachés à des orchestrations très pittoresques jusqu’à des bruits d’orage et des sons de cloche et les jeux mélodiques sont extrêmement vivants, colorés et passionnés.

Après une ouverture délicate et savoureuse avec René Jacobs à la direction,  le style comique et la finesse dans la mise en place des situations  sont mis à l’honneur. Avec son sens infaillible du rythme,  René Jacobs donne un tempo virevoltant aux péripéties amoureuses. Il gère les tensions avec délicatesse et précision. Les gradations dynamiques sur instruments anciens font merveille.Toute cette comédie joyeuse et chantante se déroule presque comme une farandole tout autour du noyau des musiciens groupés autour d’un pianoforte. Le continuo de mandoline et violoncelle soutient malicieusement les mélodies.  

Certaines scènes restent gravées dans la mémoire par la fraîcheur de leur interprétation. Ainsi  les confidences du Figaro bon vivant (Andrè Schuen) au Comte Almaviva (Topi Lehtipuu)  lui narrant avec verve son pittoresque périple en Espagne. De même, le chant d’amour du comte juché sur une chaise sous un balcon et l’apparition au fond du plateau de la belle soparano Mari Eriksmoen, norvégienne à la pulpeuse tresse blonde. Elle est  vêtue d’une courte jupe noire  à godets et doublure rouge sur chemisier virginal. Elle a une allure folle et une voix d’or  qui interprète autant la naïveté de la jeune Rosina que les subtils mouvements de son  âme amoureuse éprise de liberté.

Le baryton italien Pietro Spagnoli  interprète Bartolo de façon magistrale. C’est le père jaloux, avare et autoritaire, entouré d’une domesticité  dont  l’une baille et l’autre éternue.  Pietro Spagnoli  propose un personnage très équilibré, entre  une belle musicalité qui souligne  l’amour d’un père pour sa fille et le personnage de théâtre ridicule qui n’est pas sans rappeler les malheureux pères de chez  Molière dont se jouent inévitablement les amants victorieux. Mais le plus drôle est sans doute l’inénarrable Don  Basilio (Fulvio Bettini), sorte de curé à lunettes et à béret basque qui est le maître de chant de la belle Rosina et qui n’est pas à une  trahison près, du moment qu’il peut monnayer ses services contre espèces sonnantes et trébuchantes.

 Timbales et violons tremblent lors de son apologie de la calomnie, Don Basilio, apôtre de l’hypocrisie, chante comme un diable personnifié sous ses habits compassés. La colère de la belle qui risque d’être réduite en esclavage dans un mariage forcé, est commentée par un orchestre écumant de rage, de grondements, de chuintements, de sifflements et de bouillonnements intenses. Et le duo des retrouvailles entre le Comte et Rosine est un morceau de volupté et de plénitude  lumineuse. La soirée est acclamée par un public complice de l’action et amoureux de cette musique retrouvée.  

Le Klara festival promet d'être un sommet d'excellences.

http://www.klarafestival.be/fr

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273079056?profile=original« Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites
Donner à perte d'âme, éclater de passion
Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête
Quelque chose a changé pendant que nous passions… »

 

Elle excelle dans les montages poétiques de la chanson française : on se rappelle en 2014 le délirant  Welcome to the années folles  et en 2012, son  explosif Cabaret du Chat Noir.  Le spectacle créé cette fois  par Laurence Briand a encore du cœur, du corps et du mouvement et toujours du Verbe! Cette fois, elle fait équipe avec une autre princesse de la Chanson française ressuscitée :  Amélie Segers qui nous livra son inoubliable « Sous le ciel de Paris » sous la direction de Bernard Damien au théâtre du Grand Midi à Ixelles, en 2012.

 12273079289?profile=originalExploitant le poignant poème d’Aragon « Est-ce ainsi que les hommes vivent » , Laurence s’interroge sur le mystère de notre existence : Comment et pourquoi vivons-nous ? Le spectacle tout en roses de la saint-Valentin se mue en spectacle rouge sang, à moins qu’il ne s’agisse des noces avec la vie ? Les robes sont rouges, comme pour les mariages indiens. Un mariage pur-sang fait de poésie forte, de présence, de proximité, de dynamisme échevelé  fait la nique à la  léthargie ambiante,  émaillant l’élan passionnel de lucides traces de désenchantement.  Les deux artistes, que le destin  scénique a réunies,  sont toutes deux en marche, et chantent sans concession l’amour à travers  l’enfance, la guerre, la solitude, la séparation pour terminer sur un crédo en la vie.

Texte, voix, musiques, jeu scénique,  apprivoisent et enchantent  le lecteur d’oreille. Les mélodies et les chansons de Reggiani, Barbara, Brassens, Ferré, Montand, Jean Ferrat, Brel et bien d’autres refleurissent soudain dans les cœurs, telles de fleurs sous une pluie soudaine en plein désert. Les yeux verts de renard et  ceux de braise brillent de la connivence qui s’établit de part et d’autre de la rampe. La diction impeccable des jeunes artistes, leur souffle et leurs visages  œuvrent sans complexe dans une proximité bouillonnante, ajoutant dans les chansons tout ce dont on ne se souvient pas ou plus, soulignant ce qu’on n’avait jamais remarqué avant  à l'écoute des vieux vinyls. C’est un transport de  bonheur partagé.  Les deux consœurs mimétiques vivent la mélodie et le texte à fleur de peau tandis que le pianiste brode son clavier et leur sert de temps en temps de tiers révélateur. Seuls « leurs baisers au loin les suivent, comme des soleils révolus! » Et pour nous, le cadeau de leur mise en oreille de textes et mélodies impérissables!

 12273079478?profile=original

 Sûr que face à la violence de la vie, il faut vivre, nous soufflent Reggiani et ses prêtresses, «  pour pouvoir écrire à la fin de la fête : « quelque chose a changé pendant que nous passions ! » Lisez: « Passion ».

 

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Dans le cadre de la St Valentin

Avec : Laurence Briand et Amélie Segers
Au piano : Arnaud Giroud
Montage des chansons en spectacle : Laurence Briand
Coaching vocal : Marie-Laure Coenjaerts
Mise en scène : Hélène De Wilde
Production : Toc Toc Art

http://www.laclarenciere.be/

Les mercredi 11, jeudi 12, vendredi 13 et samedi 14 février 2015 à 20h30  NB. Nouvelles dates en Mars!

Lire la suite...
administrateur théâtres

Un triomphe pour une pièce sublime, « L’affrontement » joué  au Centre Culturel d’Auderghem avec un duo de choc : Francis Huster et Davy Sardou ! Où C C C ne veut pas dire Cellules Communistes Combattantes mais Crises du Catholicisme Contemporain. Le pitch : « Comment Choisir entre la liturgie et le  MUSIC-Hall » Et dans ce débat ardent, ce sont évidemment les questions qui vont au-delà  du catholicisme et concernent directement  le cœur de l'être humain, qui donnent à cette œuvre une valeur universelle.

Tim Farley, celui que l’on doit appeler « mon père » (Francis Huster)  a  recours à la flatterie de  ses paroissiens et les divertit avec des sermons qui contournent les problèmes inquiétants afin de protéger sa Mercedes, ses voyages  en Uruguay et l'offre généreuse de vins fins qui ornent  le double fond de sa bibliothèque. Son monde bien ordonné est perturbé par l'arrivée de Mark Dolson (Davy Sardou), un jeune séminariste intense et idéaliste que le Père  accepte à contre cœur de prendre sous son aile. Il y a un conflit immédiat entre les deux,  alors que  le jeune homme remet en question le mode de vie luxueux du prêtre âgé, celui-ci  est consterné par la confession de Mark qui a mené une vie de promiscuité  bisexuelle avant de choisir la prêtrise.

Le drame psychologique oppose deux sortes de sacerdoce. D’une part celui du vieux curé irlandais, retraité de la foi,  installé confortablement dans une paroisse riche et prospère, un homme qui ne veut pas de vagues et dispense un discours de guimauve, se soumet hypocritement à l’autorité hiérarchique et aux  compromissions, un homme  qui  frémit de déplaire à  une congrégation docile et béate  mais fort loin des béatitudes chrétiennes.  De l’autre, celui du jeune séminariste, une âme perdue et retrouvée, courageuse, ferme et déterminée qui a connu les citadines, les citadins et même le trottoir pour survivre, dès l’âge de 17 ans. Cela a des vibrants accents de Gilbert Cesbron…

en-tournee-francis-huster-et-davy-sardou-joueront-quot-l-affrontement-quot-mardi-3-mars-a-l-opera-theatre.jpg?width=500 Le débat  récurrent remet en question l’accession des femmes au sacerdoce toujours refusée dans l’Eglise Romaine.  Rien non plus, selon Mark Dolson, n’interdit à deux hommes de s’aimer! Débats à l’évidence  toujours d’actualité, alors que la pièce « Mass Appeal » de Bill C. Davis avait été écrite en 1981 et fut traduite et jouée par  Jean Piat et Francis Lalanne en 1996, une version tragique, provocatrice et sulfureuse. Si le fond de la pièce n’a pas changé, l’attitude du public du XXIe siècle  a évolué. On accepte désormais de nouveaux codes et le rire dénonciateur est devenu un Credo omniprésent, ressenti comme la meilleure parade aux tentatives totalitaires ou intégristes.  

 

En effet, 20 ans après, la nouvelle version qui déferle sur les planches du CCA est une nouvelle adaptation signée par Jean Piat et sa fille Dominique Piat. Elle est bourrée d’humour explosif. C’est une mise en scène  de Steve Suissa. Le  décor dynamique de Stéfanie Jarre permet le passage habile de la chaire au  presbytère. Les jeux d’ombre et de lumières  évocateurs sont  signés Jacques Rouveyrollis et les costumes, Edith Vesperini. Steve Suissa a ourlé son travail de chansons d'amour émouvantes -  américaines pour la plupart - qui séparent chaque scène, faisant chaque fois accéder à plus de bonheur spirituel et plus d’amitié, ce qui est un autre thème puissant développé avec grande intelligence tout au long de la pièce. La musique ne facilite-t-elle pas l’accession à ce monde invisible par lequel on existe ? Le jeune-homme bourré d’insolence et de sincérité veut que l’église se remette en question, remettant au centre de ses préoccupations la seule chose importante, l’amour et sa variante: l’amitié. Et son rire, joint au nôtre, remet les choses en perspective.

 Notre siècle ne  permet-il pas à présent de rire de tout ?  Le rire ouvre à  la réflexion, y compris celle qui demande pourquoi on se pose telle ou telle question. C’est la  liberté de parole plus vivante que jamais, qui  creuse le sillon de l’humain. L’affrontement des deux hommes les met face à face avec  eux-mêmes. Chacun finit par devenir ce qu’il est, et la question Shakespearienne de « to be or not to be »  prend toute sa pertinence. Les deux rôles collent littéralement à la peau des deux comédiens et les spectateurs - pris pour des paroissiens - eux aussi, se transforment et tentent de trouver leur propre vérité avec eux-mêmes.  La magie théâtrale  a sondé l’humain avec une profondeur et une habileté qui met les larmes aux yeux.   Et qui n’a pas eu envie d’entonner Alleluia, Alleluia… en fin de spectacle, au nom de la vérité de chacun?   

Au cœur de sa programmation, la saison Paris-Théâtr...e présente le meilleur du théâtre français en général et parisien en particulier. 7 pièces à ne pas manquer, faisant passer le public du rire aux larmes et où l’émotion et la surprise sont toujours au rendez-vous. Une saison basée sur le divertissement, les coups de cœurs et la diversité !

http://www.cc-auderghem.be/index.php/component/redevent/details/270.html

Réservez

Dates
24.02.2015 - 01.03.2015 20.30 h - 15.00 h

Lire la suite...
administrateur théâtres

  Le 12 novembre dernier nous découvrions avec bonheur l’existence du HULENCOURT SOLOISTS CHAMBER ORCHESTRA  qui  se produisait lors d’un  prodigieux concert  à Flagey avec l’illustre Nelson Freire comme invité d’honneur.   Nous avions écouté avec immense bonheur un programme très éclectique avec  la marche slave de Tchaïkovski, le concerto romanesque de Ligeti, le concerto n°2 de Chopin et la symphonie fantastique op.18 de Tchaïkovski. La soirée était au profit de l’association caritative Sun Child dont l’objectif est de donner des aides sociales,  financières, morales et individuelles à des enfants atteints de cancer, de leucémie ou de maladies chroniques sévères.  Les musiciens de cette académie privée sont tous très jeunes et proviennent de 19 nationalités différentes, c’est une entité européenne unique en Belgique. Mais quel souffle artistique et quelle chaleur humaine traversent leurs interprétations fougueuses !

                    12273071061?profile=originalC’est un tout autre genre qu’a programmé l’Hulencourt Art Project pour la Saint-Valentin. Nous sommes dans les salons de l’hôtel Bristol Stéphanie pour un dîner gastronomique ornementé de musique tzigane. L’invité d’honneur est cette fois le virtuose incomparable Roby Lakatos  et son ensemble. Né en 1965 à Budapest il mélange toutes les musiques des pays slaves, la musique n’a pas de frontières. Il  puise ses racines dans une dynastie de violonistes remontant à János Bihari.  Sa versatilité stylistique est exceptionnelle. Survivant d'un autre siècle, il brasse toutes les époques et tous les genres en  passant par des compositions  originales et des improvisations vertigineuses. Il a joué dans les plus grandes salles et les plus grands festivals à travers l'Europe, l'Asie et le continent américain.

12273071283?profile=original12273072687?profile=original12273072871?profile=original

 

12273072099?profile=originalLes amateurs de csárdás et de musique gitane ont été ce soir de la saint Valentin 2015, au comble du bonheur : d’abord le concert présenté pendant le dîner suivant une programmation intéressante mélangeant les tourbillons du jazz, des accents pop et la tradition tzigane, ensuite une promenade romantique envoûtante saluant chaque table en particulier.  On observe avec attendrissement  les couples ou les tablées d’amis rendues muettes par l’émotion de  la magie musicale, bouleversés par la proximité et la sentimentalité des artistes et de leurs instruments.  Et on attend son tour le cœur battant et se demandant quel sera le nom du grand classique musical offert lors de cette carte blanche qui semble ne jamais  se tarir.

12273073100?profile=original

En entrée du concert Roby Lakatos  présentait sa nouvelle composition du dernier album : « Alliance », suivi de « Papa, Can You Hear Me? » composé par Michel Legrand, Piazzola, la chanson russe traditionnelle, Le temps  des fleurs…. Alias: Those were the days! Aussi, the « Fiddler on the roof » et le rêve mouvant de Charles Trenet qui chantait quand nous n’étions pas nés ! Des bribes de paroles reviennent au creux de la mémoire comme « un souvenir qui me poursuit sans cesse, un vieux clocher, un paysage, bien caché, un cher visage de mon passé. » Vous l’aurez deviné, c’est « Que reste-t-il de nos amours! » 12273074096?profile=originalAu centre du concert, il a  accueilli avec enthousiasme une  jeune violoniste coréenne, Sunok Lee  dont le talent suscite l’admiration dès les premiers coups d’archet. Son premier morceau célèbre  « l’Amour ». Rien de plus simple et de plus profond à la fois: une  longue complainte asiatique qui efface Bruxelles de votre vision  pour vous enchaîner après ce voyage inattendu et tendre, à une Chaconne de Bach! La csárdás de Monti termine l’exploit musical qui laisse la salle entière sous le charme !  Lakatos revient sur scène avec Kalinka, et ses passions inépuisables.

12273074272?profile=originalCe grand homme qu’est Lakatos a collaboré avec Vadim Repin et Stéphane Grappelli. Les plus grands comme Yehudi Menuhin admirent  son jeu. En mars 2004, Lakatos jouait au festival Genius of the Violin du London Symphony Orchestra, aux côtés de Maxim Vengerov. Plusieurs jours après, on est encore, sous le charme !

12273075090?profile=original 

Il y aura un bientôt un nouveau  concert organisé par l’Hulencourt Art Project, c’est le 30 mars 2015 au Conservatoire royal de Bruxelles. Le thème : La Musique face à la guerre.

Lundi 30 Mars 2014 - Conservatoire Royal de Bruxelles
THOMAS ZEHETMAIR, NELSON GOERNER ET LES SOLISTES D'HULENCOURT

Les œuvres dirigées par Thomas Zehetmair à la tête des Solistes d’Hulencourt résonnent de conflits historiques : l’« Héroïque » de Beethoven qui évoque les guerres napoléoniennes. Si le Concerto pour piano de Franz Liszt N1 est d’un brio plus serein magistralement interprété par le pianiste Nelson Goerner, la nouvelle œuvre de Aaron Copland interpreté par le clarinettiste Vladimir Pavtchinskii promet d’explorer d’autres résonances du genre!

Programme :
Aaron Copland : Concerto for Clarinet
Franz Liszt : Piano concerto Nr. 1
Ludwig van Beethoven : Sinfonie Nr. 3 Es-Dur op. 55 ´´Eroica´´

http://www.arthulencourt.eu/

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273071091?profile=originalIrvin Yalom (°1931), professeur américain émérite de psychanalyse, a écrit une œuvre importante sur la psychothérapie existentialiste, et voici un de ses romans  de fiction historique qui évoque les débuts de la thérapie psychanalytique.  Les  personnages historiques (1880) sont réels : le médecin viennois Josef Breuer,  précurseur de la psychanalyse et ses déboires conjugaux avec son épouse Mathilde,  le philosophe Friedrich Nietzsche et ses  douloureuses souffrances  sentimentales et le jeune Sigmund Freud et ses théories novatrices.

 Michel Wright, le metteur en scène belge, a fait de la  rencontre imaginaire entre Breuer et Nietzsche une adaptation théâtrale  percutante. Ce spectacle fort possède une intrigue saisissante, très bien construite et extrêmement vivante.  L’écriture très enlevée et  particulièrement alerte pour le sujet,  fourmille de réflexions intéressantes empruntées au "Gai Savoir"  dont la principale est peut-être que  nous sommes  souvent  incapables de voir dans l'autre, même dans  ceux dont nous nous soucions profondément.

12273071683?profile=original

A travers le chantier de  dialogues spirituels et passionnés,  on recueille un bon nombre de perles Nietzschéennes qui ne peuvent que susciter au moment du spectacle et dans les jours qui suivent, des interrogations persistantes.  La phrase la plus interpelante est sans doute « Deviens qui tu es ! »  Quant à la création artistique, elle ne peut, on en a la preuve sur scène, qu’exister dans un espace de liberté. 

12273072283?profile=original

Voici donc, tous affects dehors, un cocktail d'intelligence et de profondeur, joué avec une sincérité et une justesse effarantes. Art des nuances et de la tension dramatique poussé dans les sommets, une mise en scène éblouissante et un quatuor de comédiens sublimes! Comment font-ils pour retomber dans la vraie vie après une telle performance? La belle voix chaude et raffinée de Jean-Claude Frison et sa maîtrise théâtrale irréprochable, la présence sauvage d’Yves Classens au top du gymkana intellectuel, la présence élégante, féminine et passionnée à la fois de Rosalia Cuevas et l’étincelante complicité …admirative des plus grands, du jeune comédien Benjamin Thomas contribuent à faire de cette soirée, un brasier théâtral de toute grande envergure. 

12273073252?profile=original

Progressivement et de plus en plus intensément, on se laisse  happer  par les exercices de psychothérapie en live, source de multiples rebondissements. On n’a plus qu’à se laisser porter et savourer le texte qui n’en finit pas de toucher juste, au cœur de l’humain. On rit beaucoup et souvent, alors que des plages d’émotion et d’intimité dévoilées se dessinent de façon de plus en plus dramatique. Vers la fin, on est cloué par un moment de tension impressionnant. À tout le moins, vous vous trouverez à réfléchir à  de nombreuses questions philosophiques pendant que vous observez le déroulement de duels verbaux et d'expériences fascinantes d’introspection, de projection et d’aide thérapeutique où on se demande un moment qui soigne l’autre et pour quel profit. Avec à la clé, la conclusion Nietzschéenne que la véritable amitié se trouve dans  la recherche commune  de vérités supérieures.  Et que le théâtre est un  lieu révélateur de vérité. 

http://www.comedievolter.be/saison-2014-2015/les-larmes-de-nietzsche/

Du 25 février au 8 mars
du Mardi au Samedi à 20h15, le Dimanche à 16h
Comédie Claude Volter  98 avenue des frères Legrain
1150 Woluwé St Pierre
 02/762 09 63

Lire la suite...
administrateur théâtres

Luisa Miller de Verdi

Avec Patrizia Ciofi, Gregory Kunde et Nicola Alaimo
Du 26 novembre au 7 décembre

l_m_12.jpg?width=420L’histoire est poignante et romantique à souhait: deux amoureux candides s’aiment passionnément dans le Tyrol du XVIIe siècle…. Ou sur le bord de la côte Amalfitaine, autour la deuxième guerre mondiale ?  Luisa refuse le parti que lui propose son père, un certain Wurm. Quand le comte Walter apprend  l’idylle que son fils Rodolfo entretient avec la jeune paysanne, alors qu’il le destinait à sa cousine, la duchesse Frederica, il fait enfermer Luisa et son père. Pour le libérer, la jeune fille accepte un odieux chantage qui lui fait écrire une lettre où elle renie son amour pour Rodolfo, avoue qu’elle ne le courtisait que par ambition et accepte l’horrible Wurm comme mari. Lorsque Rodolfo prend connaissance de la lettre, il est effondré. Le jour  de ses noces forcées avec la duchesse, il retrouve Luisa et la force à partager avec lui une coupe de poison...pour s’apercevoir ensuite que la  jeune fille est pure et innocente.

Au lever du rideau, un paysage lumineux aussi radieux que le cœur de la jeune Luisa s’offre au spectateur. Lorsque le plan incliné se replie, on se trouve enfermé dans les murailles d’un sombre château aux allures de cachot. Lorsque le paysage revient, des arbres gracieux vont et viennent jusqu’à ce que deux d’entre eux se retrouvent tristement abattus dans le dernier tableau.  La scénographie aérée et lumineuse, fait une très belle place aux âmes chantantes du chœur, au chant des solistes et à l’expression des corps. Le chœur est une sympathique foule de villageois et villageoises idéalisés, quatre jeunes enfants en tête, symbolisant la lumière et la vie, qui  inonde régulièrement  le plateau de bonheur musical. On les voit sans cesse se retirer avec effroi, hors champ pour échappe à l’arbitraire et à la méchante humeur des puissants. Marcel Seminara leur a donné des couleurs diaphanes, légères et aériennes.

l_m_15.jpg?width=452

C’est  au chef d’orchestre Massimo Zanetti, que nous devons le souffle orchestral sublime de la soirée. Sa  direction musicale est extrêmement raffinée et sensible. Des rubatos gorgés d’émotion, d’une délicatesse inouïe, fusent de toutes parts,  que  soit de la part des instrumentistes ou de celle des chanteurs. De notre place, au premier balcon on pouvait suivre aisément sa gestuelle qui faisant de lui un véritable danseur sur le fil de l’âme de la musique. Il  jongle avec les rythmes, ménageant de profonds silences, faisant la part belle aux ensembles a capella et recueillant avec piété leur dernière note avant de la passer à un orchestre totalement complice.

l_m_04.jpg?width=420Cet opéra est construit sur plusieurs axes. Une histoire d’amours contrariées qui se termine de façon tragique, une analyse sans concessions  des sentiments paternels et filiaux, et un axe de critique politique et sociale en filigrane qui appelle à  la rébellion contre le despotisme et les oppresseurs. La reine du spectacle est évidemment Patrizia Ciofi, une soprano lyrique léger très convaincante. Un petit bout de femme bien frêle à côté de son imposant père incarné par l’attachant baryton Nicola Alaimo. Celui-ci est bouleversant dans les pressentiments tragiques qui l’assaillent. Patrizia Ciofi réussit à dégager une image d’innocence et de pureté de madone merveilleuse. De façon déchirante, elle sacrifie son amour pour sauver la vie de son père et se retrouve le conduisant comme une Antigone moderne au bras d’un  Œdipe aveuglé de larmes. Ils fuiront, l’aube venue, mais ensemble!  Mais ses derniers pas seront ceux qui la conduisent elle et son amoureux moribond vers le bonheur éternel de l’au-delà, sous le regard éploré du père. La voix n’est jamais forcée.  Une voix qui paraît presque avoir une vie propre, tantôt une onde de bonheur radieux, tantôt des vagues de chagrins indicibles. Elle lâche des constellations de vocalises et des cascades d’émotions à vif avec une fluidité extraordinaire. Parallèlement,  le jeu théâtral de la chanteuse est d’une richesse étonnante et d’une grande crédibilité dans la scène bouleversante où elle s’est laissée mourir de faim !

Les rôles masculins qui l’encadrent n’ont rien à lui envier. Rodolfo interprété par le très subtil Grégory Kunde, un remarquable ténor américain d’une très belle carrure, est une révélation de la soirée. Son sens aigu du drame et des climax de l’œuvre rend son interprétation passionnante, tantôt solaire, tantôt ténébreuse. Les très belles basses du Comte Walter (Luciano Montanaro) et  du perfide Wurm (Balint Melis) soulignent à merveilles la noirceur des machinations, de la haine et de la soif de pouvoir, cette peste universelle.

 

Retransmission sur Culturebox jeudi, 4 décembre 2014

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/luisa-miller

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles