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Humour (89)

administrateur théâtres

They did it! A la Comédie de Bruxelles

En tournée.... 

                        Titulaire du prestigieux Prix Maeterlinck de la Critique, Daniel Hanssens, sacré roi de l’humour, a tout fait  : cinéma, enseignement, comédies musicales. Qu’il soit comédien, metteur en scène, réalisateur… ce qui lui importe depuis quarante ans, c’est le public. Et dernièrement, du 12 au 17 mars 2024 au Centre culturel d’Auderghem avec sa création de "Ladies Night", il a fait un vrai tabac devant public joyeux et  sans complexe, ravi de jouer  le jeu par un accueil délirant.

                        Cette pièce qui se termine par un effeuillage intégral pourrait sembler un brin racoleuse, mais non! Qu’il pleuve ou qu’il vente, Daniel Hanssens sait prendre des risques et doit avoir une bonne étoile. On sent qu'il a comme impératif la flamme de la création, surtout si ça sert l’humain, l'humour et la bienveillance.  Ainsi,  cette pièce montée avec brio est une vraie partie de plaisir.   Voilà une  adaptation belge très réussie  de l’une des meilleures comédies britanniques des années 1990 “The Full Monty” ( traduire “ Le grand Jeu”) de Terrence McNally et David Yazbek, film inspiré  lui-même, de la pièce de théatre LADIES NIGHT écrite en 1987 par Anthony McCarten et Stephen Sinclair.

                       Le pitch: les usines ont fermé et des hommes désemparés et au chômage se retrouvent au café du coin. L’homme contre la machine, vous connaissez? Humiliés et  confrontés au manque d’argent, ils broient du noir. Le hasard leur fait soudain un monumental clin d’œil et voilà l’un d’eux prend les devants et veut convaincre les copains de monter un spectacle de strip-tease masculin pour gagner de l’argent et se refaire une dignité. Le feront-ils ou pas? That’s the question ! Valse hésitation, réticences, peur du regard des autres… estime de soi à zéro, on n’en aura jamais fini avec la misère et l’exploitation des petites gens :  le tenancier du bistrot, un black, un meneur, un rondouillard, un timide, une grande gueule, et un rocker. Mais ils  finiront par sortir le grand jeu, et se prouver qu'ils existent malgré leur détresse sociale, familiale et morale.  Sept hommes ... et une femme! 

                       Tous les genres de comique y passent, le public rit de bon cœur devant les situations les plus scabreuses, le vocabulaire et les postures osées.  Côté public, on se livre avec délices à une vraie conjuration du rire. Daniel Hanssens  rappelle que la nudité n’est pas le propos. «Ce sont avant tout des paumés qui veulent s’en sortir. Ils sont à bout, ne savent plus payer leurs traites, craignent que leur femme les quitte. Se mettre à nu sera pour eux comme une nouvelle naissance, une manière de se refaire une place dans la société. A l’heure où le taux de chômage ne cesse de grimper, cette pièce est terriblement actuelle. »

                        Après  une semaine de succès ininterrompu au Centre Culturel d'Audergem, si vous ne les avez pas vus,  foncez  les voir au Centre Culturel d'Uccle ! 

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour Arts et Lettres

 

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Mise en scène de  Daniel Hanssens, Assistant à la mise en scène Victor Scheffer

Avec;  Philippe Résimont, Eric de Staercke, Michel Hinderyckx, Pierre Pigeolet, Frédérik Haugness, Georges Lini, Bruce Ellison et Rosalia Cuevas

Décor Francesco Déleo

 Aux Lumières: Laurent Kaye

 Une Production de  la Comédie de Bruxelles qui fête ses 20 ans

 

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SPECTACLES

Cocktail d’amour et d’humour : La nuit des Rois

Côté tragique: Il n’y a pas d’amour heureux… Côté comédie: All Ends Well!  Puisque les différents amoureux se retrouveront et atteindront  le bonheur conjugal. Mais entretemps, quelle tapisserie gigantesque et compliquée de méprises, de désirs personnels,  de cruelles  frustrations, de motifs secrets et de questions existentielles!  Jouée pour la première fois  en 1602, cette pièce bouleverse allègrement toutes les conventions de la romance et des rôles de genre.


Le rideau s’ouvre sur la mise en scène (Daphné D’heur) d’une  somptueuse tempête qui  sépare deux jumeaux dans un naufrage. Le frère et la sœur se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Chacun pense que l’autre a disparu dans les flots près des rivages de l’Illyrie.  Viola est sauvée. Courageuse, la sœur, prend l’apparence du frère et, déguisée en homme sous le nom de Césario (Margaux Frichet), entre au service d’Orsino, un duc amoureux éconduit par la belle et riche comtesse Olivia (Anouchka Vingtier). Cette dernière, en deuil de son père et de son frère, se fait aussi glaciale que superbe et repousse ses moindres avances. 

  

Aussi, le duc Orsino (Nicolas Ossowski) envoie son émissaire  Césario comme go-between pour courtiser la comtesse Olivia. C’est bien contre  la volonté du « jeune homme », elle qui  est immédiatement tombée amoureuse du comte!  A son tour, et en dépit de son chapelet de réticences, la comtesse Olivia s’enflamme et  tombe irrémédiablement amoureuse du messager. Joli triangle qui entraîne multiples complications. Enfin, tout s’éclaire avec l’arrivée providentielle du frère jumeau de Viola, Sébastian (Maxime Laal Riahi), que l’on croyait noyé. Une bonne façon d’arranger les choses sur le plan matrimonial. Olivia croit en effet que Viola (déguisée en Cesario) EST le  Sébastian qu’elle vient d’épouser deux heures auparavant. Bref, Sebastian a donc épousé Olivia, Orsino épouse Viola, et Sir Toby (Sofian El Boubsi) épousera Maria (Cindy Besson), la suivante d’Olivia, tous deux ravis d’avoir joué un si bon tour  au très grotesque Malvolio, l’intendant de la comtesse, un savoureux bouffon  bouffi de lui-même. On reconnaît la griffe moqueuse du maître de Stratford-upon-Avon, qui ira même jusqu’à l’enfermer derrière des barreaux, où, complètement déconcerté,  il sera traité de fou par tout le monde. Une magnifique interprétation de Didier Colfs.

Car les suppositions, les apparences et la réalité produisent un  passionnant  jeu de Colin Maillard, entre sérieux et rires.  C’est à qui voudra faire croire qu’il (ou elle) n’est jamais celui qu’il est vraiment!  L’histoire, qui se déroule la douzième nuit après Noë,l permet toutes les extravagances et fait miroiter le texte sur  des variations vertigineuses  des verbes être, paraître et disparaître. Le texte bien sûr regorge de double sens et d’humour.   Le décor, très dépouillé, étincelant de blancheur futuriste est d’une extraordinaire mobilité. Les deux constructions  qui ne cessent de voyager silencieusement sur le plateau, comme deux tours qui s’affrontent et se dérobent,   accompagnent silencieusement  le chahut et le suspense des émotions.  Un jeu passionnant qui jette par-dessus bord toute forme de certitude et pose inlassablement la question cruciale de l’identité.

C’est dans un élan irrésistible du cœur que Daphné D’heur et Thierry Debroux se sont attelés à la traduction de l’œuvre. Ensemble, ils ont gommé toutes les références qui auraient  risqué d' ennuyer un public moderne, pour donner une vie extraordinaire à cette belle production made in 21st century.  Tandis que  les  costumes chatoyants d’époque sont un véritable carnaval de Venise qui ancre le spectacle dans la fête et l’intemporalité. Par sa langue habile et son jeu intense, le casting est resplendissant … digne de grandes scènes d’opéra. Puisque… place est faite aussi, à la musique!

Côté magique: tous ces oiseaux du paradis qui poussent sur des rochers noirs battus par les vents et ...cette soudaine  et mystérieuse fleur étincelante en poudre d’étoiles… qui  arrive comme un baiser d'amour. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres 

Au Théâtre du Parc

Avec: Cindy Besson, Didier Colfs, Enea Davia, Soufian El Boubsi, Margaux Frichet, Maxime Laal Riahi, Nicolas Ossowski, Benjamin Van Belleghem,
Valentin Vanstechelman, Anouchka Vingtier

Mise en scène: Daphné D’Heur

Scénographie: Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt

Costumes: Anne Guilleray

Lumières: Philippe Catalano

Maquillages et coiffures: Florence Jasselette

Chorégraphie des combats: Jacques Cappelle

À PARTIR DE 12 ANS DURÉE

2H35 ENTRACTE COMPRIS RÉPRÉSENTATION

DU MARDI AU SAMEDI :20:15

LES DIMANCHES :15:00

LE SAMEDI 18 FÉVRIER 2023 :15:00

RELÂCHE – LES LUNDIS

https://bit.ly/TRP-BILLETERIE

   


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Ramsès II, une pièce de Sébastien Thiery

SPECTACLES

Un boulevard original, d’une étrange cruauté

Dès la première, public ravi dans une salle comble. Mais quelle drôle de pièce … pourtant, tout aussi drôle que le film de Tatie Danielle avec son humour corrosif et débridé. Sauf que plane au fur et à mesure, une incroyable menace comme dans les films d’Hitchcock. Rien ne laisse présager  la fin, le suspense durera en effet jusqu’à la dernière réplique.


On peut dire aussi, qu’à certains égards, cette pièce renoue carrément avec le malaise existentiel du théâtre de l’absurde. Ionesco es-tu là? Au début de chaque acte, on assiste à  un étrange retour de situations et de répliques identiques qui apparaissent comme autant de sourds avertissements du Destin.

Dans ce cycle infernal, où est le réel? Où commence le cauchemar? Le déjà vu, de plus en plus aigu et oppressant vous prend à la gorge! Le personnage  central, père de famille en chaise roulante admirablement joué par Daniel Hanssens,  se retrouve coincé dans un effroyable huis clos remarquablement étouffant. Effet thriller garanti: le spectateur est pris lui aussi dans ce glaçant cauchemar de plus en plus … réel?

Le Goliath du rire à la voix stentorienne va-t-il se laisser terrasser par un  jeune Daniel (Clément Manuel) impassible et … pervers? Il s’appelle Matthieu, cet incompréhensible beau-fils qui a débarqué chez ses beaux-parents après un voyage en Egypte, mais sans sa femme Bénédicte. Est-il finalement fou à lier ou passible de poursuites judiciaires? Qui sont ses complices?

L’auteur semble en outre procéder à une froide analyse de la haine gratuite, puisque sous des dehors de comédie bourgeoise lestée de codes actuels, se déploie le plan maléfique de ce Mathieu, personnage hautement manipulateur et forcément haïssable. Celui-ci pratique-t-il le mal pour le mal? Pour quelle offense se livre-t-il à une incompréhensible vengeance ? Quelle force guide sa main? En effet, on ne cesse de s’interroger sur ses mobiles d’acharnement. Et il n’y a pas de réponse.

Critique acerbe de la manipulation de la réalité – toujours une source d’angoisse profonde – cette pièce est une condamnation implicite d’une société basée sur le mensonge et totalement dénuée d’humanité. Et pourtant les rires fusent dans la salle. C’est tout l’art de l’auteur. Est-ce par pur cynisme que les aînés sont poussés en dehors des derniers joyeux sentiers de la vie pour finir reclus et abandonnés loin de leurs repères et de leur famille? Inès Dubuisson, au jeu très sûr incarne parfaitement l’attitude passive et égarée de la femme de ce chef de famille, certes un peu caractériel, mais qui aurait eu droit à plus d’égards, non? Enfin, ce spectacle étrange illustre bien l’égoïsme foncier de notre société où tout est bon à jeter.

 Pire que tout, la mystérieuse Bénédicte (la fille adorée du couple interprétée par une brillante Marie-Hélène Remacle), porte vraiment mal son nom puisque l’on découvre dans un rythme haletant qu’elle fait partie du plan iconoclaste de l’insatiable Mathieu.

L’ensemble est mené de main de maître, les situations absurdes et comiques s’égrènent avec brio sur un canevas d’enfer. Et c’est le Goliath vaincu qui recueille toute notre sympathie devant l’horreur de la machine infernale en branle. Edgar Poe n’est pas loin. La dernière phrase de cette comédie est un sommet de désespoir.

Jack Nicholson, où es-tu?


Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

https://comediedebruxelles.be/

Distribution : Marie-Hélène Remacle, Inès Dubuisson, Clément Manuel et Daniel Hanssens 

Mise en scène : Daniel Hanssens
Assistanat : Victor Scheffer

Scénographie : Francesco Deleo

Lumières : Laurent Kaye

Billetterie : ici

La tournée s’est arrêtée Au Centre Culturel d’Auderghem :

Du mardi 4 au samedi 8 avril à 20h00 et le dimanche 9 avril à 15h00

Autres dates:

Dinant : le mardi 11 avril

Ottignies : le mercredi 12 avril

Huy : le vendredi 14 avril

Au Centre Culturel d’Uccle :

Du mardi 18 au samedi 22 avril à 20h15 et le dimanche 23 avril à 15h00

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Allons … badiner!

La Compagnie du Temps Perdu a posé ses bagages… à Bruxelles ! Ils sont absolument extraordinaires, se produisent en ce moment au théâtre de la Clarencière 20 rue du Belvédère, 1050 Bruxelles, juste derrière Flagey. 50 places. Courez-y, vous reviendrez le cœur en fête et les larmes aux yeux ! Spécialement si dans vos jeunes années, les bibliothèques universitaires étaient votre havre de paix…ou votre studieux lieu de rencontres !

La pièce est signée et interprétée par Maximilien Solvès et Christel Pourchet. Et ces deux comédiens, sont aussi bons que… les Émotifs anonymes, aussi généreux qu’une pêche miraculeuse. Les répliques sautent de partout, vous éclaboussent de bonheur, vous chatouillent l’esprit et le cœur. C’est du merveilleux théâtre aussi drôle que celui de rue, aussi intense que la source du verbe, aussi lumineux que le don du sourire !

Les voilà embarqués dans une inénarrable course poursuite, un slalom vertigineux entre les plus grandes scènes d’amour exhumées avec tendresse de la collection complète de l’histoire de la littérature française, du Moyen âge au 20e siècle. Un condensé de Lagarde et Michard live, ça vaut le déplacement, maintenant que les cours de français se trouvent formatés sur des fichiers pédagogiques en ligne.


Comme le désordre amoureux qui les anime secrètement – à chacun son audace ou sa timidité – les scènes sautent ingénument d’un siècle à l’autre, par simple analogie avec l’histoire frémissante qui débute entre les deux étudiants à la belle anatomie. A notre tour de refaire leur carte du Tendre. Pas un mot des titres, ou des têtes de chapitres, juste les auteurs qui se réveillent côte à côte dans une ronde folle … presque de la Saint-Jean.

Il y a Marius Fanny, César, avè l’asseng, Hugo, Feydeau, Musset, Labiche, Racine dans un méli- mélo invraisemblable d’antiquité grecque et romaine, quel délice ! Alceste, bien sûr, non, Molière qui fête ses 400 ans d’anniversaire avec le patois savoureux de Charlotte, Mathurine et Pierrot soufflé dans le Jeu de Robin et Marion, Mais ne te promène donc pas toute nue ! Et l’incontournable lettre de Cyrano qui arrache des larmes… Acte V scène 5. Oui, et Françoise Sagan. Nous attendions la cristallisation de l’amour dans Climats de André Maurois. Bof c’est pas du théâtre. Georges Sand, quand même ! Sans Chopin. Quelle incroyable dynamique !

On ressort du spectacle, comme d’un feu d’artifice, étourdi de bonheur, fervent admirateur de notre si belle langue française, si bien interprétée, si bien coulée entre toutes les époques, riche, chatoyante, bouleversante de beauté et d’émotion.

Tour cela pour le fond… mais la forme ? Pleine forme, créativité intense, imaginaire débridé – les décors précaires, presque inexistants comme au temps de Shakespeare – c’est du papillonnage fin et espiègle, des changements de costumes intelligents, du grand art des planches, une immense énergie dans un mouchoir de poche, un franche bouffée de vie théâtrale totalement bienvenue et rafraîchissante.

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Metteur en scène : Barbara Castin, et tout cela pluri-joué à Paris depuis 2019… avec ou sans couvre-feux, quarantaines et autres barrières culturelles.

Dominique-Hélène Lemaire pour Arts et Lettres

https://www.laclarenciere.be/

« On ne badine pas », c’est le 20, 21, 22, 27, 28 et 29 janvier, ainsi que les 3, 4 et 5 février à 20h30 ! Au Théâtre de la Clarencière (rue du Belvédère 20, Ixelles)☎️ Infos et réservations: Tel: +32/(0)2 640 46 76 Site: https://www.leverbefou.fr/reservationth/reservation.php

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SPECTACLES

Un bug dans la barbe de Saint Nicolas

au théâtre des Galeries

Absurdisthan, troisième vendredi, veille de Saint Nicolas. Hier, après les décisions catastrophiques prises par le Codeco en ce qui concerne notamment le monde de la Culture, le comédien Pierre Pigeolet s’insurgeait contre le chaos organisé. « Malgré les contraintes, je salue la décision du Théâtre Royal des Galeries (900 places) de maintenir toutes les représentations de la Revue avec 200 spectateurs… J'appelle cela du respect tant pour notre profession que pour les spectateurs… » Nous l’applaudissons. Comme on applaudit les gens qui veillent jour et nuit sur notre santé.

Foule sentimentale, soif d’idéal ? Cette Revue 2022 est glorieuse, lisse, belle, montée comme une crème Chantilly alors que la disette de joie et de bonne humeur sévit gravement partout autour de nous. Autant dans les cœurs meurtris de nos artistes, que dans celui du public persécuté par les mesures sanitaires contradictoires. « La Revue », le must royal bruxellois s’est toujours voulu moqueur, parodique, léger, rythmé, endiablé, pétillant de traits d’esprit et de gaité communicative. C’est un art de vivre ne lésinant pas sur la zwanze. Bouillant de parodie, de facéties, de jeux de mots et calembours. Scintillant de lumières, de costumes et d’effets grandioses. On y allait comme en pèlerinage de rire, pour se saouler de verbe, d’autodérision et de présence scénique. Pour attendre l’esprit en fête, la mise au placard de l’année en cours.

Mais comment célébrer dignement une année 2021 si peu fastueuse ? Et le mot est faible. Les artistes y ont mis leur cœur, tous lestés d’amour, d’espoir, de joie et de paix. Ils y ont mis la tendresse humaine et une humilité peu commune. Cette fois, la Revue est entrée en résistance, elle a mis la pédale douce. Moins de bling-bling, moins d’artistes en scène, moins d’exagérations… Tout en réveillant à bout de bras et de jeu scénique nos consciences endormies. Le menu n’a rien de blasphématoire, d’iconoclaste, d’offensif, rien de déplacé ni d’outrecuidant, le ton est juste et mesuré. Et il plaît. Des demi-teintes automnales dans un vent d'empathie, comme si la nostalgie de nos jeunes années - artistes et public - tenaillait les spectateurs riant sous masque. Personne ne s’est saoulé de rire, mais tout le monde est ressortit le sourire aux lèvres. Un pied de nez gracieux aux systèmes qui nous embrouillent et nous entortillent.

codeco-revue-2022.jpg?w=1024&profile=RESIZE_710xCrédits photos : Isabelle De Beir et Kim  Leleux

Prenez allègrement vos billets : c’est le meilleur moyen de contrer la sinistre transformation de notre société. Refuser notre pernicieux isolement. Retrouver rimes et raison. C’est retrouver le vif plaisir de franchir les portes de verre, tendre son billet, accéder à la salle mythique, se carrer dans le velours oublié du fauteuil, attendre que les lumières s’éteignent, et revivre le rêve et le charme de la découverte théâtrale. Un joyeux chemin vers l’autre. On y glousse, on y gronde, on échappe à l’étau de la pandémie. La salle vibre autour de soi, la ruche héroïque revit, le miel de l’humour coule à flots sur le plateau.

Chapeau les artistes ! Ils ont répété, travaillé, inventé, affiné, sauvé le meilleur pour l’extraordinaire plaisir d’offrir.

Dominique-Hélène Lemaire

Galerie des Princes 6, 1000 Bruxelles Jusqu'au 23 janvier 2022

L'affiche :
Réalisation musicale : Bernard Wrincq
Avec :  Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Arnaud Van Parys, Natasha Henry, Frédéric Celini, Enora Oplinus, Jérôme Louis et Bénédicte Philippon. Décor :   Décor : Francesco Deleo Costumes : Fabienne Miessen et Maria Spada
Mise en scène : Alexis Goslain, assistante: Catherine Laury Lumières : Laurent Comiant
Chorégraphies : Kylian Campbell

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administrateur théâtres

Fugueuses, ces gueuses… au théâtre Le Public

Vieille prune et jeune pêche, comment faire bon ménage. Sans rire… Faites gaffe à vos mères et grand-mères… Ne les jetez ni aux orties ni aux glaïeuls ! Offrez-leur plutôt des roses…

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Jusqu’au 22 juin le spectacle affichait complet, et du 6 septembre au 12 octobre 2019 la salle du Théâtre Le Public, n’a pas désempli. Vous avez vos couvertures ? La salle des voûtes souterraines est pleine. Deux axes de gradins NS et EW se croisent, question de ne pas perdre le Nord, et au centre, un plateau circulaire mobile, – ciment ou bitume ? – attend l’action. Avec un art consommé de la mise en scène, Michel Kacenelbogen et son assistante à la mise en scène, Hélène Catsaras, exploitent dans un esprit d’école buissonnière, la partition comique des « FUGUEUSES » de Pierre Palmade et Christophe Duthuron. Cette comédie bourrée de verve a été jouée de multiples fois, par d’illustres duos, de Line Renaud et Muriel Robin (2007) à nos jours, partout en royaume …de France et de Navarre.

Aucune fausse note. Ces fugueuses, de vraies gueuses ! L’élégance contrastée des actrices Martine Willequet et Nicole Olivier font en tous cas la joie du spectateur. On adore le regard immensément pétillant de l’une sous ses lunettes de directrice d’école, intrépide et égoïste, et le collier de perles bon chic bon genre de la jeune bourgeoise sans la moindre faute de goût, dont pas une mèche ne dépasse de sa sage barrette. Par monts et par vaux elles gardent une pêche d’enfer, malgré les vicissitudes. Pièce culte féministe ? Le texte rythmé et enlevé, toujours aussi convainquant après tant d’interprétations, fait rire de bonheur.

Le bonheur de la libération et de la joie d’exister. Spinoza ?

Peu d’accessoires à part les vielles casseroles à abandonner, et de lourdes valises de souvenirs pour la jeune échappée et un sac-à dos ulta-léger pour celle qui a fui dans sa chemise de nuit, les Glaïeuls, home sweet home ! Les voilà en pleine nuit sur la route, inconscientes, comme deux fugueuses ado, prêtes à repartir à zéro. C’est là que les vieilles valeurs en prennent un coup et basculent tout à coup puisque c’est l’instinct de survie qui prend les commandes. Finalement, pas besoin de couvertures, la chaleur humaine est là, malgré les innombrables chamailleries des nouvelles copines.

Ce spectacle revêt une drôlerie non envahissante, a une saveur d’air frais et de cavale bien improvisée. Chaque scène est un bouquet d’affects bien dosés, ponctués par la musique joyeuse années 80 de Pascal Charpentier. La scénographie de Noémie Vanheste fait la part belle aux décors sonores : le stop sur la nationale, la forêt profonde, la ferme, l’eau du pont, en un mot, l’aventure …

Pour mémoire : Antagonistes, Margot a tout juste 40 ans et Claude, prénom épicène, fait le double. L’une fuit la condition de femme de.., mère de …, et autres servitudes, l’autre a tâté du demi-mouroir organisé appelé « les Glaïeuls » où ses enfants l’ont fourrée. La suite, c’est le voyage… Vous voudriez quoi ?

Dominique-Hélène Lemaire

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FUGUEUSES

De Pierre Palmade et Christophe Duthuron.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Nicole Oliver et Martine Willequet.

Assistante à la mise en scène : Hélène Catsaras / Scénographie et costumes : Noémie Vanheste / Décoratrice : Eugénie Obolensky / Lumière : Alain Collet / Musique originale : Pascal Charpentier


 Réservations : 0800 944 44 ou http://bit.ly/FugueusesS26
 Gregory Navarra

DU 06/09/19 AU 12/10/19

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             Vous avez bien vu: deux spectacles le même jour! Et une tournée jusque fin 2020! 

Emotions, au Centre Culturel d’Auderghem,  une généreuse  ouverture  de saison !

A l’endroit, le collège et ses misères, à l’envers, l’héroïque mousquetaire qui parle en taisant ses sentiments, se déclare en écrivant, se bat contre moulins à vent, cueille  des étoiles, élégant, courtois et  libre, tutoyant  la lune comme nul ne sait le faire. Un tissu de bonheur.

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Merveilleux  spectacle de rentrée pour tous ces jeunes qui passent la grande porte de  l’adolescence. Nouveaux dans la nouvelle école,  le collège ou le lycée, se reconnaîtront-ils dans Colin, Maxence, Adélaïde, Benoît  et les autres ? Tous nés après 2000…les voilà obligés de se découvrir,  devant une prof de français charismatique, fou de  théâtre  et qui leur sert du Cyrano sur un plateau qu’ils se  devront de conquérir. Le goût du sublime, le rêve de l’amour, la langue riche et raffinée, sont autant de mets qu’ils vont dévorer à belles dents sous la houlette bienveillante  du prof, un authentique passeur de culture, version française du grand Keating. La mort de la société des poètes disparus  en moins.   Pourtant  le jeune Colin a la mort de son père sur l’estomac, il a perdu tous ses moyens, rentre les épaules, redoute qu’on lui parle, veut se faire invisible et communique de façon à peine audible, redoublant la moindre syllabe. Va-t-il  réussir à renaître, se transformer, s’envoler enfin ?

Mais la  magie du texte de Cyrano veille. Les adolescents sont éblouis et se jettent corps et âme dans le feu des planches. Même Colin, statufié par la peur de l’autre, finit par se dégeler. Surprise: on comprend que Colin, dans le secret de sa chambre,  retrouve ses moyens grâce à sa guitare et chante  l’amour en pensant à son père disparu. Foin des logopèdes et autres psy, le sentiment d’amour ne demande   donc bien sûr qu’à s’envoler… Le prof génial l’a  bien compris, et fait éclore la personnalité blessée du jeune Colin, ravi de s’envoler, puisqu’il adore les papillons et la plus jolie fille du collège. « …Quels mots me direz-vous ? »

Fascinante magie de Nicolas. L’incipit  en voix off  intrigue : « Une histoire, c’est des personnages, et croire à une histoire, c’est faire une pause de soi et laisser la place à l’autre personnage…» Toute une philosophie. A chaque jeu d’épaule, de regard, ou de posture,  le comédien au port de danseur fait surgir des fragments de personnages qui ont le temps de lâcher leurs répliques dans un flux d’énergie virevoltante. Durée : 1 h 15. Mines, mimiques, bruitages, humour, compassion se disputent avec un verbe qui déferle de toutes parts, comme l’émotion. Comment fait-il ? Le décor est inutile : le noir complet,  une chaise d’école et un projecteur, cela suffit. Il a la comédie dans la peau!

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Nicolas Devort, auteur et comédien virtuose, en est à son 780e spectacle depuis le off d’ Avignon qui  l’encensa pendant 7 ans consécutifs! Il est seul  en scène devant un parterre bruyant de jeunes super excités de se retrouver, parfois pour la première fois,  au théâtre. On leur parle, ils trépignent. On joue, ils chuchotent, on termine, ils en voudraient encore, tant le talent de Nicolas les a séduits. Ils se précipiteront pour acheter son livre, un viatique pour certains? Ce prodigieux défilé tableaux de leurs congénères  et des adultes qui gardent leur porte fermée est si habilement troussé, qu’il a emporté leur adhésion inconditionnelle. Et puis, le charme personnel, avouons-le!

Dominique-Hélène Lemaire, Arts et Lettres

Dans la peau de Cyrano, de et par Nicolas Devort. Lumières : Jim Gavroy et Philippe Sourdive Le jeudi 26 septembre 2019 à 20h30 Au Centre Culturel d’Auderghem

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SPECTACLES

Au théâtre des Martyrs: "L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non écourtée de Boby Lapointe"

Salade russe, avec ou sans Mayo ?

Debout les crabes, la marée monte ! Bobby Lapointe l’alliterophile absolu de la chanson française, le prince de l’imagination, se réveille ce soir, sous le jeu vivant et bon enfant de trois mauvaises herbes poussant d’ordinaire leur spectacle de par les rues ensoleillées du royaume de Belgique. Mais c’est bientôt l’hiver, et les manteaux, écharpes et parapluies ont envahi les rues, les gens se pressent pour échapper aux morsures de la froidure, et les baladins cherchent des murs…La bise venue, rien ne valait donc mieux pour les artistes batteurs de pavés, que l’accueillante fourmilière du Théâtre des Martyrs. Un lieu sûr pour ces saltimbanques chercheurs d’abri côtiers, rêveurs d’été, enchanteurs de plages, capteurs de sirènes et de pirates en goguette, et enfileurs de tableaux historiques à l’envers.

Ils sont 5 vaillants bricoleurs, unis comme les doigts de la main, mais on n’en voit que trois. Leur mission est de promouvoir notre belle langue française, affirment-ils, sans toutefois vouloir brandir haut et fort le flambeau du lexique ni celui de l’ami Grévisse. L’orthographe – on le sent, on le redoute – ils la traitent …par dessus la jambe. Comme dans Boby!

Mais qu’importe, s’il ne s’agit que réveiller les voix des géants endormis de notre chanson française ! Ceux qui ont tissé l’enfance des Boomers de tout poil. Georges Brassens, et sa moustache bien peignée, la pipe en coing (pour l’asseng) , une guitare ou une femme sur les genoux…et son parent pauvre : Sieur Bobby Lapointe. les artistes en culottes courtes veulent nous faire rire à coups répétés d’anti-héros chansonniers, ou de chansonniers anti héros. …Ce n’est pas la même chose, figurez-vous ! Mais pas mal de coups d’épée dans l’eau. Toute monde ne s’improvise pas Don Quichotte.

Mais soyez sans crainte : les reprises des tubes de Bobby se font à la bonne franquette, même si la mise en œuvre musicale est un peu légère. On avait adoré à la Samaritaine, Dieu ait son « æme », le trio féminin Tibidi , qui interprétait Boby Lapointe. Elles étaient absolument craquantes dans le genre : charme fou, diction parfaite, harmonie des voix, chorégraphie…


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Ces messieurs s’adonnent aux plaisirs des rimes et des clowns sur scène, mais la mayo prend-elle pour autant ? Pour que le rire joyeux fuse, il ne suffit pas de malmener la chronologie, jouer l’absurdie, Merci Lydie, ou de contrepéter à tire l’harigot, il faut que le grain de folie intoxique… On leur souhaite donc un peu plus d’arsenic ou de digitaline ou quelques graines d’hellébore, pour que le feu ne reste pas celui d’un déjeuner de soleil ou celui de quelques brindilles en fumeroles … Debout les fourmis ! Ou les cigales, c’est comme vous l’entendrez !

Au gré de leurs moultes prestations en places publiques, les artistes ont rassemblé assez d’éléments épars de la vie du bonhomme Lapointe que quitta sa Katy pour l’éternité, pour en faire un spectacle grand format, sous chapiteau permadur et qui tienne la route en hiver. Keep trying !

Dominique-Hélène Lemaire 

 THEATRE DES MARTYRS

 Petite salle - 27.11 > 14.12.19 - 1h15 - sans entracte

Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, les dimanches 01 & 08.12 à 15h00.
Bord de scène vendredi 06.12 animé par Michael Delaunoy.

JEU Valentin Demarcin, Benoit Janssens, Virgile Magniette
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
REGARD EXTÉRIEUR & RÉGIE Axel Cornil & Allan Bertin
CRÉATION COLLEXTIVE Les compagnons pointent
PRODUCTION Les compagnons pointent

RÉSERVATIONS
par téléphone +32 2 223 32 08 ou via le site http://theatre-martyrs.be/

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administrateur théâtres

Même pas peur ?

Personne ne s’y attend mais “What’s the luck” remplace d’un coup le "f... word" pour venir convertir sous vos yeux agrandis par la surprise, la réalité glaçante de la maladie que personne ne veut nommer dans les faire-parts.

Voici que sous l’interprétation délicate et forte à la fois de Caroline Lambert - elle fait penser à une coach d’aérobic - surviennent des traces d’espoir dans un ciel plutôt bleu et apparaissent des visages de bonheur qui transfigurent à la fois l’intervenante et un public sur le qui vive. Ce spectacle éblouissant de confiance a le don de ranimer la flamme humaine mieux qu’un coureur olympique. Vous en jugerez. Ni muck ni sucks... Tout cela sous le regard d’une metteur en scène à la fois géniale et profondément humaine : Anne Beaupain.

Le voyage intérieur de la crabahuteuse - le vocable est d’Hélène Bénardeau - évoque les deuils, les péripéties génétiques, médicales, physiques, affectives et morales, que trouve sur son parcours, la femme atteinte du cancer (sein ou ovaires), ou de celle dont le gène tueur larvé risque à tout moment de s’éveiller et de débarquer dans la vie d’une victime á la fleur de l’âge. Tough luck!

Caroline, la survivante des deux, résume. Elle et Véronique, cousines germaines quasi jumelles partagent ainsi un destin commun : celui de la lutte contre le crabe, à la scène comme à la ville. Dans la vraie vie, quoi ! Et sous forme d’exercice courageux d’auto guérison artistique sur les planches de la Comédie Claude Volter. du 4 au 8 février, semaine de la lutte contre le cancer. Elle a couché sur papier ses affects les plus désespérés et les plus intimes et les interprète acec une sensibilité à fleur de peau sur la scène bruxelloise. C’est avec avec tact, distanciation, humour, bienveillance et des litres de verres à moitié plein que Caroline Lambert lève le rideau sur ses cogitations, ses colères, ses trouilles et ses espoirs grandeur nature. C’est qu’elle porte en elle, non un enfant, mais ce gène maléfique, suceur de vie. L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes sur scène et intérieur

Miracle, Caroline multiplie les exorcismes, exhume au fur et à mesure des émerveillements bouleversants devant le miracle de la vie. Pour toutes ses sœurs de pas d’chance. Chemin faisant, elle se déleste des poids morts, au bord de la tombe elle rejoint et vole dans les bras de sa cousine raflée par le crabe et balise la route pour toutes ses sœurs d’infortune.

Miracle, malgré toutes ses tribulation qui arrachent l’empathie et les rires d’un public converti, elle explose la joie contagieuse d’aimer et d’être aimée. Contre tous les vents hostiles du destin et l’absurdité de la souffrance et de la maladie. Que du vécu sublimé par l’art de dire et de jouer.

Permettez nous donc de citer ici les paroles sublimes d’une autre femme des années cancer : Hélène Bénardeau, décédée il y a 3 ans.

“Je suis juste une petite terrienne, donc faillible, comme tous ses congénères à deux pattes, dont le propre reste le rire, envers et contre tout. Ne prenez jamais pour argent comptant ce que je vous raconte, même si je le fais en toute conscience. Mon Crabounet à moi, mon corps, ma sensibilité, mes colères, mes soucis, mes paniques, mes remèdes ne sont que les cousins des vôtres. Vous êtes seules à pouvoir apprivoiser la bête, et le dompteur magister le plus apte à vous épauler, c’est celui ou celle que vous aurez CHOISI (et non subi) parmi les p’tits soldats d’Hippocrate. “

Et voici d’autres paroles tout aussi vraies :

"... Il y a une chose, une seule, que malgré tout l’amour du monde, vous n’arriverez pas à éradiquer, à déraciner de nos cœurs... Cette chose… c’est La PEUR.

Ce sont nos peurs.Retour ligne automatique
Peur des traitements lourds.Retour ligne automatique
Peur des mutilations, des balafres indélébiles.Retour ligne automatique
Peur de ne pas pouvoir ré-apprivoiser notre nouveau-moi.Retour ligne automatique
Peur que vous ne l’aimiez plus.Retour ligne automatique
Peur de la souffrance physique.Retour ligne automatique
Peur de la souffrance morale.Retour ligne automatique
Peur de vous user à la corde.Retour ligne automatique
Peur de voir vos yeux, un jour, nous regarder partir.Retour ligne automatique
Peur de vous faire souffrir.Retour ligne automatique
Peur de plomber l’insouciance de nos enfants.Retour ligne automatique
Peur de ne pas les voir grandir.Retour ligne automatique
Peur du monde médical, qui, parfois, nous maltraite autantRetour ligne automatique
Peur de savoir que nous ne quitterons jamais le fauteuil de Denys, que le crin de cheval est fragile et que le glaive est lourd.Retour ligne automatique
Peur que vous oubliiez qu’un bonbon d’hormonothérapie, ce n’est pas un cachou.Retour ligne automatique
Peur que vous ne l’oubliiez pas.Retour ligne automatique
Peur de ces contrôles, de ces rendez-vous incontournables, qui vont désormais ponctuer nos existences et ce JUSQU’A LA FIN DE NOS JOURS.

Oui, nous allons oublier, parfois. Oui, nous allons réapprendre à l’aimer cette vie qui court dans nos veines, palpitante, impérieuse. Nous avons tout accepté POUR ÇA, pour l’amour de vous, des autres, de ce monde qui marche sur la tête mais que nous ne voulons pas quitter, pas encore ... "  

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Et tout cela au théâtre, le lieu des dramaturgies humaines, le jour et la semaine de la journée mondiale contre le cancer.
M A G N I F I Q U E autant qu’inoubliable. Même pas peur, et l'épée au poing!  Le docteur de Caroline Lambert était dans la salle. Ovation. Cinq étoiles, bien sûr !

Dominique-Hélène Lemaire  

du 4 au 8 Février

WHAT THE LUCK ?

de & avec Caroline LAMBERT

Quand j’étais petite, j’avais toujours peur de dire mon signe astrologique de peur de l’attraper. Cancer. Je suis cancer ! J’avais l’impression qu’il était déjà en moi ! En même temps, j’étais pas si bête que ça vu qu’apparemment, il y a un petit terreau !  

Caroline nous livre un récit intime et familial d’une sensibilité rare et soulevant des questions universelles. Travailler la joie avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, une invitation qui nous est lancée à travers ce spectacle dont il est difficile de ne pas sortir transformé.

Bouleversant, rempli d’espoir, teinté d’humour et débordant d’Amour !

Mise en scène : Anne BEAUPAIN

Scénographie : Valérie PERIN

Musique : Patrick PERIN

Création lumière : Sébastien MERCIAL

Le TEASER 

********************  ******************** du 4 au 8 Février 2020

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SPECTACLES

Le pouvoir de dire Non, La " Cerise sur le ghetto" par Sam Touzani

LE POUVOIR DE DIRE NON

 «Cerise sur le ghetto » est un spectacle magnifiquement engagé et passionnant, mais surtout qui vous émouvra aux larmes. Bourré d’humour berbère,  islandais,  ashkénaze,  arabe, sicilien, turc, grec, français, italien, espagnol, belge,  – c’est vous qui choisissez –  il  forme un bouquet d’humanité et invite à une réflexion généreuse et bienveillante sur nos relations avec les autres!  

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Sam Touzani, à la fois auteur et  joueur… et prophète d’humanité,  libère la parole et  se raconte pour survivre à l’innommable.  Dans un spectacle de feu, il propose une série de flashbacks pittoresques et émouvants sur  son histoire  familiale, tour à tour  faite du  sel des larmes et des épices du cœur. Il parcourt  passionnément   trois générations emblématiques qui bordent la Grande Histoire avec les accents poignants du réel.

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 « 1943-1945 Les maigres pâturages ont depuis longtemps disparu, et les Nomades ont reflué vers les oasis. Mais les cultivateurs des ksour n’ont pas eu de récolte/ … /. La recherche de l’eau et de « quelque chose à manger » a entraîné vers le Nord un vaste exode de bêtes et de gens, d’abord lent et sporadique, puis massif comme une avalanche. Des scènes navrantes surexcitent la sensibilité des Européens, témoins impuissants ; des êtres humains décharnés, au dernier degré de la misère physiologique, recourent, pour tromper la faim, à toutes les pratiques qu’on lit dans les descriptions anciennes. »

  Tout débute donc dans les  montagnes du Rif marocain, où la famine et la  misère  sont  si écrasantes que même des enfants prennent, même seuls, le chemin de l’exode. C’est le cas du grand-père de Sam, qui a douze ans.    Sam, le petit fils,  verra le jour dans un deux-pièces chauffé au charbon à Molenbeek en 1968. Ado en 1989, il mangera un jour innocemment  des cerises en plein Ramadan. Opprobre général.  Il reçoit en plein visage alors la haine de sa communauté contre l’Occident,  son inconcevable obsession de sacralisation de la pureté… le mépris des femmes,  et de tout ce qui n’est pas musulman. La mosquée veut lui imposer le rêve toxique d’un djihad mal compris. Heureusement la Belgique veille.

 Dès lors, riche d’expériences cinglantes, Sam, le fils d’immigrés, l’artiste, le comédien plein de verve, le danseur souple, rassemble ses forces pour combattre le communautarisme dans un questionnement sincère, entre la culture d’origine  de sa famille héroïque et celle du pays qui l’a adopté. Il refuse le marquage identitaire.  Il va réussir à   relier les rives souterraines de ses multiples identités sans les réduire à une seule… Et cela jette des larmes de bonheur dans un public conquis.


Irrévérencieux, habile, convainquant,  il débusque dans une langue savoureuse,  le  cercle infernal de la culpabilité  qui ronge tous ceux qui quittent leurs terres, leurs parents, leur langue pour partir loin, très loin, là où poindra l’aurore de l’espoir, la lumière de jours nouveaux… Il réhabilite la femme, l’épouse, la mère, qui on retrouvé la grâce et la dignité de dire NON !

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Merci à lui et son comparse, le musicien génial, Mathieu Gabriel, qui de son corps et de sa bouche convoque mille et une atmosphères de légende humaine.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres


Texte : Sam Touzani | Jeu : Sam Touzani | Musicien : Mathieu Gabriel | Dramaturgie & Mise en scène : Gennaro Pitisci assisté de Maïté Renson| Régie : Josse Derbaix, David Vernaillen & Simon Benita | Vidéos : Guillaume Nolevaux.

Coproduction : Brocoli Théâtre, Les Temps d’Art, Espace Magh, Central et Atelier Théâtre Jean Vilar.
Le Brocoli théâtre bénéficie de l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Administration générale de la Culture, Service du Théâtre et est soutenu par la COCOF.



REPRÉSENTATIONS POUR LES ÉCOLES & ASSOCIATIONS : MA 3/3, JE 5/3 VE 6/3 | 13H30 | GRATUIT
Infos et réservations pour ces représentations destinées aux écoles & associations : Brocoli Théâtre 0496 50 43 27 brocoli@skynet.be

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administrateur théâtres

Alexis et Edmond, un monde de connivences…

Nous voici à Paris, en décembre 1875,  à l’époque où une grandiloquente Sarah Bernhardt déclame « La Princesse Lointaine » au Théâtre de la Renaissance. L’ennui est prodigieux. Edmond Rostand n’a pas le sou, deux jeunes enfants à nourrir et une fidèle épouse sage comme une image. Ses pièces sont une suite de fours sans précédent. Tout le monde court ventre à terre voir du Labiche ou du Feydeau. Les messieurs, en passant par la case des « Belles Poules ». Question d’époque ?


N’est pas Poquelin qui veut! Coquelin, nouveau directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Martin a déserté  la Comédie-Française, pour se mettre à son compte en toute liberté, mais il est pourchassé par les huissiers. Premier clin d’œil autobiographique d’Alexis Michalik qui a fui le Conservatoire, dit-il, pour devenir freelance ?  Sauf que les  opus De Michalik ont fait immédiatement  pleuvoir sur lui  tous les Molières et nous ont portés au plus fort de la jouissance théâtrale. Comme ce fabuleux « Porteur d’histoire » l’an dernier joué au Public et à l’Atelier Jean Vilar.

Michalik a  donc flashé sur Cyrano de Bergerac et se lance dans une amplification théâtrale foisonnante et  savoureuse autour de son auteur, Edmond Rostand. Michalik fait flèche de tout bois dans de innombrables tableaux surprenants entourant la genèse de la pièce.  A la fois souffrance et exultation, rien ne sort de la plume sans urgence, c’est le propre de la création… Le tout  se trouve  émaillé de substantifique moelle, celle des extraits les plus  chavirants ou les plus drôles de la pièce de Rostand. Entre pastiche et vérité, il y a le rêve de la création littéraire et des tonnes de références culturelles incongrues.


Côté pastiche, on est servi ! Une vraie salade russe. La belle Roxane aux boucles blondes  est jouée par une actrice prétentieuse que l’on croirait sortie des contes de Perrault. Elle est affublée de deux producteurs corses  glauques qui  en sont entichés au point de servir de papas gâteau a son jeune fils adoré, François.  Au passage, on rencontre Tchekhov  qui fréquente  le poulailler rose qu’ils entretiennent: « Les Belles Poules ». Tchékov a soit-disant l’accord de sa femme car il  prétend qu’il va mourir sous peu! …Maintenant ou plus tard, de toute façon on va mourir un jour ! Les deux Georges, Georges Feydeau  et Georges Courteline  se prennent pour  Dupont et Dupond. Un certain Maurice  offre un  « boléro » pour la première… L’âme du « Dindon » se coince dans les claquements de portes.  Gallégeades théâtrales  ( champagne ou verveine ? ) persillée de joyeusetés telle  le patron noir du café, Honoré, bien sûr,  qui remet à sa place un fâcheux qui l’a traité de « nègre ». L’occasion de déclamer  sur tous les tons… la magnifique tirade du nez!  Voilà  quelques exemples  pétillants des  chapelets de connotations littéraires et malicieuses.

Au dos du décors et au plus profond de l’action il reste …l’éternel panache, cette note bleue qui chante  la hauteur des sentiments pour tout ce qui est muse ou idéal féminin,  versus l’usure domestique de l’amour quotidien. Mais par-dessus tout, voici une vibrante ode à  l’Esprit frappeur. Entre tous, l’Art théâtral, est le couronnement et le fondement de l’art vivant, loin des écrans de tout poil et autres «  réalités »   virtuelles. Le lieu par excellence de l’enthousiasme, comme le définit Madame de Staël. A bon entendeur, Salut !


La distribution impeccable rassemble une élite de la scène belge. Douze comédiens en goguette pour incarner pas moins de 38 personnages… De très connus :  Maxime Anselin, la très joviale Perrine Delers, Inès Dubuisson, l’incomparable Itsik Elbaz, l’illustre Antoine Guillaume. Mais aussi: Tristan Schotte ( Edmond Rostand) , la délicieuse  Elsa Tarlton  (Jeanne et Rosine), Rézal Siellez, Sandrine Laroche, Mwanza Gautier ( inénarrable Monsieur Honoré) et David Dumont. Le tout sous l’aimable regard de Michel Kacenelenbogen, dans sa mise en scène virevoltante. Et un  beau nombre de rappels enthousiastes. Presque comme au soir de la Première… le 28 décembre 1897.

Dominique-Hélène Lemaire    pour Arts et Lettres

Au théâtre le Public

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« EDMOND », la pièce aux 5 Molières d’Alexis Michalik, Comédie héroïque

Texte et direction artistique : Alexis Michalik.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Tristan Schotte (Edmond Rostand), Maxime Anselin (Jean Coquelin), Perrine Delers (Maria Legaut), Inès Dubuisson (Rosemonde Rostand), David Dumont (Léo Volny et le passant), Itsik Elbaz (Constant Coquelin), Mwanza Goutier (Monsieur Honoré), Antoine Guillaume (Georges Feydeau), Sandrine Laroche (Sarah Bernhardt), Réal Siellez (Marcel Floury), Elsa Tarlton (Jeanne), François-Michel van der Rest (Ange Floury).

DU 05/09/19 AU 30/11/19

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Orfèvrerie française...

Paris à Bruxelles au Centre Culturel d’Auderghem chez André Baccichet. Il a choisi « La leçon de danse », une œuvre de Marc Saint Germain (« Dancing Lessons ») .  A l’affiche, Andréa Bescond, réalisatrice du film « Les chatouilles »  doté de plusieurs  nominations bien méritées aux César  2019.  Et le comédien chevronné Eric Métayer. Leur mise en scène d’une belle force à la fois dramatique et comique, creuse finement   le terrain de la sensibilité commune pour mettre comédiens et public sur une même longueur d’ondes.  

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 Dans le même immeuble,  deux fusibles de même voltage se rencontrent, cela fait des étincelles, avant de … filer doux ! Ils s’appellent Senga et Adémar. Voilà vous savez tout.  Dans cette agréable comédie néoromantique, les larmes deviennent des éclats de rire et on touche  à la fibre de l’humanité. Ce fil que tiennent les moines bouddhistes en guise de prière…

Le (vieux) garçon est autiste Asperger, la (jeune) danseuse est menteuse à en mourir. L’alternance de comique et de tragique, ne fait pas perdre l’objectif : le bonheur sans paroles. La danseuse est estropiée et peut sans nul doute faire une croix sur sa carrière, mais refuse la réalité. L’ Asper ne respire que les statistiques, prend tout au premier degré. Il est prof de sciences et ne supporte pas qu’on le touche. Or, il va être confronté à une soirée donnée en son honneur où il sera obligé de danser! Les travaux d’approche sont hilarants, la fille, au début récalcitrante, bloquée dans le désespoir d’une vie ratée, finit par s’intéresser aux charmes de la pédagogie, et l’affaire est lancée, elle lui apprendra à danser!


Chacun par petites « touches » finit par changer la vie de l’autre. Elle calibre si bien son élève qu’elle gagne son tic : l’agitation frénétique des doigts de la main gauche. Ou bien c’est juste l’Emotion.  On assiste de part et d’autre, aux manœuvres subtiles pour apprivoiser et réparer l’Autre. Le moteur, c’est la Compassion. Comme chez les bouddhistes ; la Force (la Volonté), le Courage la Persévérance.

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Humour à volonté pour cette pièce au ton poétique et drôle. Les contrastes entre la grâce féminine malgré une jambe dans une attelle et la disgrâce du physique de l’intellectuel  enfermé dans une tour d’ivoire,  font rire une salle conquise qui repart avec le sourire… Le bouddhisme encore ? Quelques touches de yoga aussi, pourquoi pas ?  Puisque la fille se met sur la tête pour dégeler l’hibernatus… Des surprises, par paquets, comme des claques de la Vie qui gagne son pari !  Un rituel d’Espoir et de Bienveillance. A voir. A faire?  De toute urgence.


Dominique-Hélène Lemaire

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Mise en scène : Andréa Bescond et Eric Metayer
Avec : Andréa Bescond et Eric Metayer
Adaptation : Gérald Sibleyras
Décors : Olivier Hébert
Costume(s) : Carole Beaupoil
Lumières : Jean-Yves Desaint-Fuscien
Musique : Vincent Lustaud


Du mardi 22 janvier 2019 au samedi 26 janvier à 20h30 et le dimanche 27 janvier 2019 à 15h au Centre Culturel D’Auderghem

Boulevard du Souverain 183, 1160 Bruxelles 02 660 03 03

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« Don Pasquale »

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La première de « Don Pasquale » de Donizetti à Paris en 1843 signait aussi  la fin de la tradition de l’opéra buffa du 19e siècle.

 Alors que l’ « Elixir d’Amour » reste la plus succulente des comédies de Donizetti, cette œuvre qu’il écrivit quelques mois avant sa mort fait preuve d’une sagesse bienveillante et heureuse vis-à-vis de la vieillesse, qu’il traite avec une belle dose humour et d’humanité. Il y a dans cet opéra une touche dramatique extrêmement  émouvante, admirablement interprétée par le personnage principal très travaillé, Don Pasquale, ah! le sublime Michele Pertusi!

L’histoire. Ernesto (Joel Prieto) veut épouser sa bien-aimée Norina, mais son oncle, Don Pasquale, veut qu’il prenne une femme plus noble, de sorte qu’il n’ait plus à prendre soin d’un neveu plutôt flemmard qui se promène en pyjamas. Mais Ernesto refuse. Sur quoi, Don  Pasquale décide de prendre femme pour produire son propre héritier et ainsi se délier de toute obligation  vis-à-vis du neveu impénitent. Le Docteur Malatesta, sacrement corrosif,  propose de le présenter à  une sœur putative qui n’est autre que Norina. Une fois dans les lieux, celle-ci met tout sens dessus dessous. Ce qui est magnifiquement exprimé par la mise en scène du Français Laurent Pelly qui applique la notion à la lettre, en apôtre fidèle de la façon d’écrire de l’Ecume des jours, …dans ses passages cruels et capture  à la perfection l’esprit  opera buffa. On se souvient de son « Don Quichotte » en 2010 et du « Coq d’Or » il y a deux ans, beaucoup plus poétiques.

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Décor de Chantal Thomas, et lumières de Duane Schuler qui  oppose les nuances de gris murailles aveugles avec l’invasion  flamboyante de la dame des lieux quittant sa voilette  ton sur ton,  pour un tutu théâtral solaire or et orange.  La féroce Sofronia/Norina est la reine des pestes et se lance dans des dépenses somptuaires, traite son mari - il y a un faux notaire (Alessandro Abis) – en bien pire que  toutes les soubrettes du Bourgeois Gentilhomme, Avare et Malade  Imaginaire confondues. Un sympathique corps des balais de tout âge  produit un moment de respiration  pleine de verve rebelle vis-à-vis  de l’insupportable maîtresse. Un chœur joyeusement  mené par Martino Faggiani.  On adore ! The house‘s on fire. Le pauvre Don Pasquale, cherchant un moyen pour s’enfuir du chaos créé par sa femme, appelle le divorce de ses vœux. Cherchant conseil auprès de Malatesta, son fidèle docteur,  solidement  campé par un  Lionel Lhote moustachu, intrigant et cynique,  Pasquale  s'aperçoit qu'elle a une affaire secrète. Il brûle de la  découvrir en flagrant délit dans le jardin. Lorsque  Pasquale confronte sa femme  qui  se révèle être Norina, à qui l'amoureux a apporté la lune,   il est ravi de ne pas être marié, et souhaite dans une pirouette bienvenue, bon vent aux deux jeunes amants. Plus faucons que tourtereaux. 

 

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Cet opéra regorge de passages musicaux célèbres allant de l'aria d'ouverture de Norina au duo entre Malatesta et Norina, en passant par «Cercherò lontana terra» d'Ernesto, sa célèbre sérénade et le duo d'amour «Tornami». Dans le cast du 14 décembre nous n’avons pas eu le bonheur de  nous  délecter de l’adorable star Danielle de Niese  remplacée alors qu’elle avait chanté la veille dans l’autre distribution par la soprano belge  Anne-Catherine Gillet, une langue de feu qui n’hésite pas à chanter dans les positions les plus extravagantes. Mais le moment le plus pétillant de  l'opéra est le soi-disant «duo Patter» dans lequel Malatesta et Pasquale ont l'intention de révéler l'infidélité de Sofronia.  On demande aux deux hommes de chanter à grande vitesse des passages extrêmement rythmiques dans un tempo effréné. Cela conduit  bien sûr à l’hilarité générale. Avec cela, moult claquements de portes émaillent l’histoire, on ne sait jamais de quelle trappe sortiront les personnages… Et le chef d’orchestre extraordinaire, Alain Altinoglu, sur lequel les yeux se posent à de nombreuses reprises, est le grand régisseur du rire musical et du comique de scène.   La nouvelle déco sarcastique  du salon du pauvre hère ressemble à  bientôt à des pierres tombales et des  fleurs de cimetière… C’est drôlement féroce,  mais n’allez pas croire que cette production soit revisitée par Feydeau en personne, même si le metteur en scène est français. Pour la fin d’année, la Monnaie nous offre donc un humour un peu grinçant, emballé dans un cube en tranches de vie qui n’ont rien de très réjouissant, et l’on se prend à compatir avec un Don Pasquale au bout de son rouleau, qui de mari ridicule passe finalement pour une victime solidement égratignée par une jeunesse égoïste et sans états d’âme et qui ne  réussit à s’en sortir … qu'à un cheveu.  

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Direction musicale  ALAIN ALTINOGLU
Mise en scène et costumes  LAURENT PELLY
Décors  CHANTAL THOMAS
Éclairages  DUANE SCHULER
Chef des chœurs  MARTINO FAGGIANI

Libretto di Giovanni Ruffini e Gaetano Donizetti, tratto dal Ser Marcantonio di Angelo Anelli

Don Pasquale  MICHELE PERTUSI
PIETRO SPAGNOLI (11, 13, 18, 20, 23)


Dottor Malatesta LIONEL LHOTE
RODION POGOSSOV (11, 13, 18, 20, 23)


ErnestoJOEL PRIETO
ANICIO ZORZI GIUSTINIANI (11, 13, 18, 20, 23)


Norina DANIELLE DE NIESE
ANNE-CATHERINE GILLET (11, 13, 14, 18, 20, 23)


Un Notaro ALESSANDRO ABIS

Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie
Académie des chœurs de la Monnaie s.l.d. de Benoît Giaux

Production SANTE FÉ OPERA (2014), GRAN TEATRO DEL LICEU (BARCELONA, 2015)
Présentation DE MUNT / LA MONNAIE

VENDREDI 21 DÉCEMBRE À 20:00 SUR MEZZO LIVE HD (EN DIRECT)

Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

CE QU’EN DIT LA PRESSE

« Le rythme est époustouflant, l’inventivité chorégraphique scotchante, les artistes formidables et les chansons d’Yves Montand, toujours aussi belles. Un régal. » Télérama

« Tout simplement jubilatoire ! Accompagnés d’un accordéoniste, quatre superbes comédiens et chanteurs font vivre avec une énergie communicative, son épopée, sans artifice ou presque. Un très beau spectacle dont on ressort le cœur empli d’allégresse. » Le Parisien

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Bon tout est dit, mais on va en rajouter… Car on a adoré  la  production de Ki M’aime me suive! Ecoutons d’abord  Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos, les créateurs-comédiens metteurs en scène : « Raconter l’histoire d’Yves Montand nous est apparu instantanément comme une évidence. La force du personnage, la période historique qu’il traverse et les rencontres qui jalonnent sa vie sont au-delà de l’imagination. Ne disait-il pas lui-même : « Les meilleurs scénaristes s’inspirent de la vraie vie ». Le destin d’Ivo Livi nous plonge dans la grande histoire, celle du XXe siècle, du fascisme en Italie, de l’occupation en France, de la guerre froide et du communisme. L’histoire d’un migrant, qui poussé par la passion du cinéma et du music-hall devient un artiste hors norme.

Un artiste qui a su parler à toutes les couches sociales de son pays. Du prolétariat à la bourgeoisie en passant par les grands intellectuels de sa génération, le monde entier a été conquis par ce phénomène. Un artiste de la mondialisation donc, bien avant l’heure, puisqu’il fut le premier à importer le concept de one-man-show et qu’il fût aussi bien applaudi à Paris qu’à Tokyo, Moscou, New York etc. Nous souhaitons développer une narration singulière, sans artifice, inviter le public à se projeter avec nous, à tout faire exister avec rien. »

 

C’est exactement ce qui se passe sur le plateau du théâtre Le Public.  Les cinq joyeux saltimbanques, comédiens-chanteurs-danseurs vêtus d’ensembles marron,  ne cessent d’éblouir par leur virtuosité et leur vitalité. En trois temps, trois mouvements on passe de l’Italie de Gigi l’Amoroso à l’Italie fasciste où règne la terreur  au moment de  la naissance du  futur Yves Montand. Treize heures d’accouchement, faites chauffer l’eau des pâtes, et soufflez madame, la star est née sous les chants des partisans communistes.  La pétulante mamma italienne est mâtinée de mère juive explosive ! L'avenir est dans les claques. et dans le bilinguisme:  Ivo,  Monte! Ivo, vai su! 

Le récit démultiplié et facétieux se développe comme une mosaïque, comme un kaléidoscope sans cesse renouvelé,  chaque artiste faisant l’Artiste à son tour… Avanti popolo ! Rafles, xénophobie, la famille décide de fuir vers l’Amérique de … Dicaprio ! Pitreries de Lucky Luke,  Bonjour les anachronismes, pourquoi pas !  Las ! A l’ambassade, no more visa, Basta !

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Installation forcée  et vie pauvre mais pittoresque dans les bas-fonds de Marseille, tous solidaires. Quelle tendresse, quelle  résilience, quel exemple de solidarité, ces familles de réfugiés! Un salon de coiffure pour la sœur dans le garage, Ivo est la coqueluche des vieilles dames… Il  rêve d’une seule chose,  les planches et le spectacle. Il adore Fred Astaire:  « I’m in heaven, dancing cheek to cheek !»

 

Et le public, lui aussi est au septième ciel devant tant de créativité, d’inventions, de bonne humeur qui ne cesse de traverser  le quotidien tragique d’une vie légendaire et d'une carrière artistique fulgurante. Que d’humanité déposée avec le sourire  dans notre imaginaire gourmand de belles et vraies histoires. On est sans cesse à l’affût dans cette chasse au bonheur,  alors que pour tout décor il n’y a qu' ampoules électriques à incandescence, deux chaises et deux praticables… et un accordéon. Humour et tendresse vont et viennent, même des coups de foudre...  On a devant les yeux et dans l’oreille  un  incessant torrent  de talents chorégraphiques et musicaux généreux qui créent l'allégresse et entraînent  le spectateur émerveillé vers les sommets du plaisir théâtral. Tout cela, dans l’esprit même de notre ami Yves pour qui « le devoir d’une femme et d’un homme de scène, c’est de se faire assez plaisir pour pouvoir le communiquer aux autres. » Le rythme trépidant, les mimes et les mots  s’arrêtent soudain  avec l’arrêt cardiaque de l’Artiste en pleine gloire et une salle comble se lève sans hésiter, émue aux larmes par un tel chef d’œuvre de scène qui  a  su rendre à Yves Montand un si vivant et si chaleureux hommage. Cinq étoiles. 

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IVO LIVI OU LE DESTIN D'YVES MONTAND

De Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos
Mise en scène : Marc Pistolesi

Avec : Ali Bougheraba (en alternance), Matthieu Brugot, Camille Favre-Bulle, Jean-Marc Michelangeli (en alternance), Cristos Mitropoulos et Olivier Sélac.

https://www.theatrelepublic.be/season.php?type=1

DU 04/09/18 AU 27/10/18

UNE PRODUCTION DE KI M’AIME ME SUIVE. AVEC LE SOUTIEN DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE. Photo affiche © Johann Hierholzer. Photos spectacle © Fabienne Rappeneau.

    

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administrateur théâtres

PETROUCHKA & L’OISEAU DE FEU au théâtre Royal du Parc jusqu’au 15 décembre 2018

93b56f7f69a9662403fbd7830db88839--strawberry-juice-picasso-paintings.jpgAvec : Joris BALTZ, Léonard BERTHET-RIVIÈRE, Mylena LECLERCQ, Vojtěch RAK,   Lisard TRANIS,  et, en alternance, Nolan DECRETON, Maxence LORENTZ ou Tom VAN DE WEGHE.

Du jeudi 15 novembre 2018 au samedi 15 décembre 2018

« Finalement je n’aime pas la sagesse. Elle imite trop la mort. Je préfère la folie – pas celle que l’on subit, mais celle avec laquelle on danse. » ~ Christian Bobin

 Surprise,  Thierry Debroux accueille cette fois, la création d’un chorégraphe, José Besprovany et sa Compagnie de danseurs acrobates au théâtre Royal du Parc. Une aventure inédite mêlant le nouveau cirque, la danse et la musique de Stravinsky, des propositions aussi poétiques que surréalistes. Une folie créatrice.  Surprise,  une dame bon chic bon genre a choisi  justement ce spectacle entre tous, pour y fêter avec  ses nombreux  amis, ses 80 printemps et offrir un vin d’honneur à l’issue d’un  spectacle qui rappelle en tous points le cinéma muet! Surprise  encore, vous pensez vous faire conter l’histoire de Petrouchka, suivie de celle de l’Oiseau de feu ?  Balivernes, il s’agit d’une re-création libre et audacieuse par le  maître d’œuvres,  qui s’est débarrassé de l’héritage slave où l’on vénère ces deux contes comme des icônes. Un spectacle fascinant ***** Une réflexion sublime sur la question: What is the truth? (Ponce Pilate l’avait déjà posée… ) Et le corps, au service de la réponse.

Le chorégraphe mexicain, installé depuis de nombreuses années en Belgique  explique : °°° Ici, une technique de câblage scénique sophistiquée est utilisée afin que le danseur acrobate devienne une marionnette humaine. Ses mouvements évoquent ceux d’une marionnette à fil, telle une poupée pouvant être soulevée, déplacée par une force extérieure à elle. °°°  Tels les fils des inflexibles  Parques ?  Ces êtres mythologiques, plus puissantes encore que le Destin , symbole antique de l’évolution de l’univers, des changements qui commandent aux rythmes de la vie et qui imposent, tour à tour, l’existence et la fatalité de la mort ?

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Tout d’abord, dans Petroutshka, on retrouve un serviteur,  l’homme-oiseau, incarné par Joris Baltz  qui découvre le livre qui raconte son histoire dans une palette  de costumes tous déclinés en triangles  gris, rouges et noir. Le maître rebondi et le serviteur agile vivent  prisonniers l’un de l’autre, sans se préoccuper du monde. …A nous de nous demander, en les regardant évoluer ensemble, qui manipule qui.

 Le maître (Léonard BERTHET-RIVIÈRE)  fatigué et imperturbable a  bien décidé de ne plus jamais se lever de sa couche,  même si dans une autre vie il  fut un danseur étoile du kazatchok. Le fidèle serviteur, lui, veille jalousement sur le livre.  Jusqu’au jour où deux nouveaux personnages, de  savoureuses caricatures d’espions,  ressuscitant nos souvenirs de guerre froide apparaissent de chaque côté de la scène.

                                                                                         Guerre d’idéologies ayant le même but ultime?  L’un vient  de l’Est, (Vojtěch RAK) et l’autre de l’Ouest, (Mylena LECLERCQ). Tous deux déploient une art consommé du mime et de la théâtralité à travers leur langage corporel.  Tous deux doivent dérober le mystérieux livre,  avec mission de  le détruire. On entre de plein fouet dans un jeu de machinations, autour du sieur reposant sur son divan. Des facéties, toutes aussi  burlesques, qu’absurdes et infructueuses. Qui dupera l’autre? « Il sait que je sais qui il est! » s’inquiète l’ardente envoyée  des services secrets britanniques déployant force de charmes pour brouiller les pistes.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes assises, chaussures et salon

 Mais, les voilà finalement  contraints de collaborer ensemble,  per amore o per forza… . Or,  à force d’unir  leurs diapasons,  ne vont-ils eux-mêmes tomber dans les filets d’une machination suprême,  celle de l’amour ?  Quant à l’homme-oiseau, va-t-il réussir à  protéger le livre essentiel sans perdre le fil de la vie? La surprise théâtrale viendra du maître qui,  se levant enfin de son séant,   accomplit un suprême geste de  compassion vis-à-vis du serviteur. Illusion ou vérité?  Les deux espions finalement  convaincus de l’absurdité de leur tâche,  vont-ils filer à l’anglaise vers des horizons joyeux ?   Ce premier volet semble déjà emporter  l’adhésion  d’un  public mi-perplexe, mi-mystifié,  mais bien  prévenu  dès le départ par la présentatrice  qu’on ne lui offrirait qu’une illusion de Petruchka!  En revanche,  la musique de Stravinsky jouée pour piano seul,  est, elle,  infaillible.  

Le deuxième volet de la proposition, l’Oiseau de feu, dans une version orchestrale, finira par consumer  nos moindres réticences. C’est d’abord du bleu intense et un labyrinthe de néons flottants très près du sol : autant de barrières que la bête fauve (Lizard Tranis) qui y séjourne, puissante, charnelle, séduisante,  ignore superbement. Un nouveau Minotaure ? Ses multiples  évolutions gracieuses et fascinantes sont félines. Le tigre de William Blake?   L’espèce d’employé de banque lambda siégeant en mezzanine s’est métamorphosé en dompteur grâce à un chapeau magique. Ses dossiers sont devenus des plumes de rêve.  Lâchant la première  plume, l’animal s’en saisit. La plus belle,  une plume de feu prométhéen ? Le dompteur apprivoise peu à peu l’animal,  dans un ballet de plumes multicolores. Plus besoin de texte de cinéma muet, on absorbe l’histoire comme beauté absolue de  chorégraphie et de postures. On fait partie du jeu.  Le maître va jusqu’à apprendre à l’animal quadrupède à  se redresser,   ensuite à voler… Ce que lui-même ne sait pas faire!  Chacun est guidé par le dépassement de soi, l’amour de la perfection.  La beauté des figures du ballet aérien happe l’imaginaire, emporte dans un univers inconnu où l’on rejoint les artistes. Pendant un moment de grâce,  instructeur et apprenant sont au diapason parfait.  Las,  nous ne sommes pas des dieux, voilà la chute!

L’image contient peut-être : une personne ou plus, personnes sur scène, personnes qui dansent, nuit, chaussures et intérieur

Une relation amour-haine  s’installe subrepticement,  mouvement après mouvement, laissant le public  dans  cette expectative anxieuse où l’on retient son souffle.   L’homme s’enivre de son pouvoir,  passe au registre de la cruauté. La scène de rêve fait place à une  scène de domestication presque insoutenable. Peuples à genoux… Mais l’homme s’endort. C’est alors que le danseur prométhéen, le feu, la plume entre les dents,   danse  audacieusement pour  son  pur bonheur sur   des  échelles mobiles.  Il voltige dans les airs, il joue haut et sans filets,  se balance en solo, offrant au public cloué par la surprise,  une ode à la beauté de l’homme pendant que le maître est endormi. La suite vous conduira  encore,  de surprises en surprises, avec,  pourquoi pas,  une allusion au mythe du phénix et un enfant radieux sur fond de soleil rouge. Voulez-vous un ballon?        

Au sortir de la deuxième proposition artistique, malgré ou à cause de sa secrète et parfois douloureuse gravité,  par l’offrande de  sa beauté extraordinaire,  on se  retrouve tout d’un coup au diapason avec le créateur du spectacle.  Un  spectacle de force, courage et persévérance  qui  expose la beauté de l’homme lorsqu’il joue les Icare face au soleil.   On se sent tout d’un coup  meilleur, tant la plénitude que dégage la deuxième partie réussit à  vous  procurer des ailes. Pour planer soi-même,retrouver l’innocence (encore William Blake, décidément… )  et se réconcilier avec le monde. 

Aucun texte alternatif disponible.

« Pour moi, un cirque est un spectacle magique qui apparaît et disparaît comme un monde. Un cirque est dérangeant. C’est profond Ces clowns, ces cavaliers et ces acrobates se sont mis à l’aise dans mes visions. Pourquoi? Pourquoi suis-je si touché par leur maquillage et leurs grimaces? Avec eux, je peux avancer vers de nouveaux horizons. Attiré par leurs couleurs et leur maquillage, je peux rêver de peindre de nouvelles déformations psychiques. C’est un mot magique, cirque, un jeu de danse intemporel où larmes et sourires, le jeu des bras et des jambes prend la forme d’un grand art. »  Marc Chagall

Dominique-Hélène Lemaire

Réservations sur place au Théâtre du Parc, via le site ou par téléphone au 02 505 30 30 – du mardi au vendredi  – ouvert de 12h à 19h.

 
Création José BESPROSVANY (Mise en scène et chorégraphie) ; Laurent BRANDENBOURGER (Scénario), François PRODHOMME (Scénographie) ; Benjamin VANSLEMSBROUCK (Assistant artistique) ; Bert MENZEL (Costumes) ; Marco FORCELLA (Lumières) .Une production d’IDEA asbl, en coproduction avec le Théâtre Royal du Parc, l’Atelier Théâtre Jean Vilar, Charleroi Danse et DC&J
Création https://www.atjv.be/Petrouchka-et-L-Oiseau-de-feu  Du 7 au 13 février 2019  à l’Aula Magna

Photos de Lander LOECKX

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administrateur théâtres
« Ils prennent le thé en face sans nappe ! » Théâtre tentation et amour du théâtre. A La Clarencière. What else ? Voici réunis sous le titre « Moulin à paroles », trois femmes de noir vêtues, jouées avec feu  par

la pétillante  comédienne Ariane Thymour Smith dans une mise en scène de Carole Baillien. Elle explore tour à tour  la folie de la solitude, le voyeurisme,  la vengeance,  les pulsions criminelles, la sensualité tantôt brimée ou tantôt explosive, à travers trois destins  de femmes  tout aussi noirs que l’anthracite que l’on s’épuisait  encore à arracher  manuellement de la terre à cette époque … Elles appartiennent au répertoire anglais. Le dramaturge, romancier, scénariste, réalisateur et acteur Alan Benett a écrit une première  série de « Talking heads » pour la BBC dans les années 80. Humour anglais omniprésent, sens aigu de la nouvelle incisive et bien construite, petits bijoux d’écriture dans la lignée de Roald Dahl.

Mon premier a comme titre original : "A Lady of Letters". Le premier tableau met en scène Irene
Ruddock, une femme
célibataire vivant près de Bradford qui n'a pas sa langue
dans sa poche et passe sa vie à écrire des lettres vindicatives
à son député,
à la police, au pharmacien , à tout le monde
pour remédier aux maux sociaux qu'elle dénonce sans ambages.

Après un trop grand nombre d'accusations qui frisent la calomnie, Irene se
retrouve en prison - où, pour la première fois de sa vie, ironiquement, elle se sent
vraiment …Vous verrez bien quoi!

Mon second"Her Big Chance" est farci d’humour de style libertin, autant que les

sketches de Nabila/Stéphane Degroodt! Lesley est une actrice en herbe, qui,
après une série de rôles secondaires à la télé peu prometteurs,s’imagine
qu’elle va enfin « percer » grâce à la
rencontre de l'aventureux Travis dans un nouveau film pour le marché du soft porn
ouest-allemand. Tongue twisters à l’appui, on n’en dira pas plus,
censuré pour les mois de 12 ans!

 

Mon troisième a pour titre original :"Bed Among the Lentils". Le troisième tableau
transforme la pimpante pipelette en femme de pasteur de caractère. Susan est alcoolique
et doit se rendre à Leeds pour faire ses secrètes provisions de liqueur à cause des dettes
contractées avec le commerçant local. Elle se détourne insensiblement de son raide et ambitieux
et mari encensé par ses ouailles
et noue une voluptueuse affaire extra-maritale avec un épicier indien Ramesh Ramesh.
Some like it hot !
Va-elle découvrir quelque chose à propos de Dieu ou se convertir
aux Alcooliques anonymes? Love me do… The Beatles

Mon tout est une soirée récréative, plaisante et distrayante, ponctuée
de jolis souvenirs des Beatles ou de Mrs. Robinson
que l'on écoute dans le noir.Toute une époque !
Nostalgie, quand tu nous tiens!





La Clarencière Du 19 au 21 avril 2018
Rue du Belvédère, 20 1050 IxellesContacthttp://www.laclarenciere.be
fabienne.govaerts@skynet.be
02/640.46.76

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administrateur théâtres

Rencontre avec un LOVERBOOKÉ, convertisseur de bonheur !

Main-tenant, main-tendue, il est sur les rails de la raillerie joyeuse. Il est exubérance et transhumance, au cœur d’une symphonie d’hu-mour, contraction de « humain + amour ». Dans ses maints apartés, c’est le verbe qu’il manipule sans vergogne, le sourire qu’il décroche, l’espoir qu’il rallume.  Les pitreries qu’il pétrit rendent les contrariétés du monde moins terrifiantes. Le bonheur, cela se gagne : en tuant la peur!

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Donc  voilà Bruno Coppens qui  débarque dans  le silence compact du public devant un plateau vide, sauf une floche rouge de carrousel accrochée  à la sortie. Il arrive, comme un père Noël sans barbe ni bonnet, trônant  sur une immense main baladeuse rouge-baiser, belle comme une île flottante et accueillante comme un rêve de Demain. Le mot l’inspire et il démarre  jeux de mots et jeux de mains. Le gaucher contrarié a la pêche, il pérore, il se lâche et chasse les ennuis. Heureux qui communique! 

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De l’amibe à l’homme twitter, il trace l’évolution. Passe chez le docteur pour commander un burnout pour un ami. Il est si fier d’être solidaire, il adore aider les autres ! Et puis après une scène délirante de double séparation (au bout de six mois seulement…), on se la repasserait bien en boucle, il nous instruit de comment faire l’amour avec nos conflits intérieurs.

 Bon an mal an, il déroule des anecdotes  tirées de l’histoire de l’humanité  pour expliquer comment les plus grandes réussites sont immanquablement greffées sur  l’humus fertile des échecs les plus cuisants. Je rate donc je suis … gagnant! Les pires catastrophes, surtout celle qui portent des noms de femmes of course,  ont du bon. Du beau, du bon « du bon Dubonnet » ? Eh non, on en est à « Carglass répare, Carglass remplace » ! Et du bon au beau, je suis bonobo… allez comprendre!  Allez-y, vous comprendrez!  Dialectique spécieuse de temps en temps mais on se tient les côtes,   l’optique est tellement généreuse et galvanisante ! Car il est prêt à tout pour nous faire toucher les étoiles ! «Catch a falling star and put it in your pocket» disait une vieille chanson.  On n’aura pas assez de mains pour applaudir… ce concentré de peps et de bienveillance… qui offre en prime une lovervisite gratuite chez le golopède! Mission accomplished, le Loverboy! OK? 

De Bruno Coppens
Mise en scène : Eric De Staercke.

Avec : ...Bruno Coppens.

DU 07/11/17 AU 31/12/17

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=507

Réenchanter le monde...? Il y a de quoi faire! 

  Comme l’homme ne descend pas du sage, il remontera dans le temps pour trouver la faille, cet instant de l’Histoire où tout a foiré. Revisitant les vies de Jeanne Dark, du Navigateur Explorer Christophe Colomb, de l’homme de Cro-Mignon et d’autres héros d’hier, notre Sauveur 2.Zorro prendra le passé à bras le cœur afin de transformer l’échec en réussite : « S’échouer ? C’est chouette ! ». Parviendra-t-il à réécrire notre monde qui part à la dérêve ? Mettra-t-il le chaos K.O ? Le ciel se couvre, il pleut de la haine sur les réseaux, les trottoirs, les meetings… les raccourcis odieux, les formules à l’emporte-pièce et les phrases assassines font tapage. On ne s’entend plus penser. On reste incrédules… On en perd son latin ! Sans cynisme, Coppens revient nous faire du bien. Il nous fait un parapluie de son « Ludictionnaire » et parle un autre vocabulaire. Il nous invente d’autres langages qui, mine de rien, nous permettent d’en inventer d’autres, plus joyeux, plus amoureux, plus malins.

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administrateur théâtres

le-verfugbar-aux-enfers-bandeau.jpg« J’ai écrit une opérette, une chose comique, car je pense que le rire,

même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant.» (G.TILLION)

Germaine Tillion* est une jeune ethnologue spécialiste de l'Algérie lorsque débute la Seconde Guerre mondiale. 12 octobre 1940, le Ghetto de Varsovie voit le jour et les ténèbres s'abattent. Après la capitulation de 1940, elle refuse la politique du régime de Vichy, elle qui a vu monter l'idéologie nazie alors qu'elle se trouvait en Allemagne en janvier 1933. Elle cherche immédiatement à agir, organise des évasions de prisonniers et des distributions de tracts qui dénoncent Vichy, avec l'aide de sa mère. Elle se lie avec de nombreux groupes de résistants, et le réseau du Musée de l'Homme. Elle est arrêtée le vendredi 13 août 1942, alors qu'elle organisait l'évasion d'un camarade et un transfert de microfilms. Ignorant que sa mère a été arrêtée elle aussi, elle est déportée à Ravensbrück en 1943 sous le statut Nacht und Nebel. Au camp, elle entreprend d'étudier le fonctionnement concentrationnaire avec l'aide d'autres détenues, et leur présente ses analyses sur ce système criminel et économique, convaincue que sa compréhension les aidera toutes à y survivre. Elle rapportera qu'elle a survécu alors grâce à ses « sœurs de résistance » et à la « coalition de l'amitié ». C’est cachée dans une caisse pendant plusieurs jours au  cours de l'hiver 1944-1945, qu’elle écrivit son livret "Le Verfügbar aux Enfers", avec l'aide de ses complices qui lui fournissaient papier, crayon et leurs propres souvenirs pour les airs des chansons. Elle mêle à des textes relatant avec humour les dures conditions de détention, des airs tirés du répertoire lyrique ou populaire.

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Le rire, technique de survie communautaire 

Un levain de survie, le miracle de l’humanité

 « Faire rire, rire de soi et transmettre l'information,  trois actes de résistance en situation extrême : telle est la performance de Germaine Tillion » lit-on dans la préface de l’œuvre aujourd’hui conservée au musée de Besançon.   Dans son combat humaniste, Germaine Tillion s’emploie dans l’écriture clandestine à exposer la logique concentrationnaire et à l’objectiver, ce qui donne des clés pour  y résister. La prisonnière politique étiquetée NN « classe, distingue les catégories de détenues, leurs statuts, leurs nationalités, leurs appartenances sociales. Elle note les proportions, remarque les différents taux de survie et cherche des explications. »  Face à l’horreur, à l’oppression,  à l’anéantissement, se moquer de soi est une ultime affirmation de soi. Par dérision,  Germaine Tillion utilise  une forme ô combien irrévérencieuse pour traiter d’un sujet aussi grave. Son  opérette-revue pastiche l'Orphée aux Enfers d'Offenbach.  La parodie fourmille de  souvenirs littéraires ou musicaux, question de maintenir la dignité humaine par le jeu du texte et l’évocation de musiques évanouies.

 Ainsi, elle  met en scène un savant d’opérette, spécialiste en histoire naturelle,  qui fait semblant de décrire une nouvelle espèce biologique: le Verfügbar,  organisme étrange dont la vie d’avant constitue la phase  embryonnaire,  éclot à son arrivée  dans le camps nazi de la mort, et ne peut espérer qu’une longévité  fort réduite,  de plus ou moins trois ans selon les cas. Son mode de vie est décrit sous forme de sketchs émouvants et burlesques. On pourrait se demander s’il fait  partie des vers luisants, puisqu’il éclaire tant dans la nuit et le brouillard?  Pourtant, son humour est très noir : « Et quand le train s'est arrêté, On ne m'a pas demandé mon billet ..., Mais malgré le plaisir de la nouveauté, J'aurais bien voulu  m’en aller ... » Il est le  miroir dans lequel se reflètent les innommables souffrances des détenues… 

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Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent »

«Nuit et Brouillard» par Jean Ferrat

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La performance de la compagnie  des Souffleuses de chaos est extrêmement fidèle au texte et aux annotations musicales de Germaine Tillion, dont parents étaient de grands mélomanes. Elle ressuscite des chansons populaires, des airs d’opéra comme substrat musical, un humus d’émotions confisquées par l’environnement concentrationnaire. Le quatuor aguerri - Alizée GAYE,  Marion NGUYEN THÉ, Marie SIMONET & Tiphaine VAN DER HAEGEN – a  mis deux ans de recherche approfondie, d’affinement et de modulation sous la direction de Marion Pillé. On se trouve aujourd’hui devant une œuvre vivante, digne et esthétique. Sur scène, on assiste à une explosion de sensibilités féminines  qui partagent avec ferveur un crescendo de douleur mais aussi d’espoir. Paradoxalement,  on finit par concevoir que ressentir la douleur prouve que l’on est d’ailleurs encore vivant!

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Le contraste est fort troublant  entre les maquillages de geishas, les coiffures sophistiquées,  les superbes robes froufroutantes de  taffetas noir qui mettent en valeur bras  nus et jambes gracieuses et ...les  poignantes marionnettes efflanquées  en pyjama rayé qui  miment la détresse des  françaises rebelles. Il y a tant de vie et d’humanité dans la manipulation vivante de ces poupées de chiffons! Comme si chaque comédienne se penchait avec immense compassion sur chaque prisonnière, à la manière d’une fée salvatrice et lui donnait une force expressive mystérieuse.  Il y a tant d’intensité dans le jeu des comédiennes lorsqu’elles se lâchent dans leurs danses à la vie! Il y a tant de vérité à l’abri du rire dans le texte! Il y  a tant de mots qui finissent par  désarmer le Mal… Les voix des choristes sont fraîches, vibrantes  et tendres mais stridulent aussi, de manière lugubre, dans la nuit avec de lumineux relents de chœurs antiques. Les chorégraphies crépitent d’énergie vitale, les corps sont en perte d'équilibre, s'effondrent,  les visages se tournent vers le ciel absent. ...Serons-nous les aveugles de Breughel?  Les effets chorégraphiques bouleversants  sont portés et démultipliés par la musique nuancée du pianiste qui joue dans l’ombre.  L’esthétique du texte souterrain donne la main à la dramaturgie des jouvencelles d'aujourd’hui et allume dans le cœur et l’esprit, le rejet incontournable et définitif de la barbarie.

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La résistante Germaine Tillion, morte à l’âge de 100 ans en 2008 est entrée au Panthéon en 2015. Elle a eu l'occasion de voir son œuvre jouée au Théâtre de Chaillot, à Paris en 2007. Chaque représentation à la Comédie Claude Volter  sera  suivie utilement d’un débat qui abordera chaque fois, différents sujets liés à la Shoah.

http://www.comedievolter.be

Une production des Les Souffleuses de Chaos

Assistanat à la mise en scène : Noémi KNECHT / Musique : Simon BESÈME 

Lumière : Clément BONNIN / Scénographie & costumes : Élisabeth BOSQUET

Marionnettes : Sylvie LESOU, Benjamin RAMON &Marie SIMONET  

Maquillages : Daphné DURIEUX  

Coach voix : Hughes MARÉCHAL

Coach marionnettes : Patrick RABIER 

Coach corps : Hélène FERRACCI

           du Mercredi 11 au Samedi 28 octobre 2017

 

LE VERFÜGBAR AUX ENFERS – UNE OPÉRETTE À RAVENSBRÜCK

de

Germaine TILLION

*Source : http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu06404/le-verfugbar-aux-enfers-une-operette-de-germaine-tillion.html

 

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administrateur théâtres

Du bucolique au diabolique

Image may contain: 2 people, night and indoorVoici Orphée (Papuna Tchuradze) en violoneux, mari  cavaleur et  peu argenté,  Eurydice (l'étincelante Jodie Devos)  en concierge coquine qui s’ennuie devant sa table à repasser, qui  déteste la musique et s’entiche d’un Pluton (Thomas Morris) travesti en berger vendeur de miel; voici une tonitruante opinion publique (Alexise Yerna) bon chic bon genre qui fait la morale, voici une palanquée de dieux et déesses endormis dans les tribunes d’azur du petit monde de  l’Olympe…  La  tragique histoire d’amour d’Orphée et Eurydice a décidément un sérieux coup dans l’aile. La paix des ménages et l’antiquité  sont  mangées aux mites, bonjour les mouches et autres créatures diaboliques! Quelqu’un doit avoir trop bu ! Serait-ce le dieu Bacchus en personne, in vino veritas, qui seul, pourrait prendre la relève ?  Le seul qui fasse toujours rêver, c’est Cupidon (Natacha Kowalski), et Mercure (André Gass), pareil à lui-même, filou, inventif et commercial!

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 L’air étouffe, l’atmosphère devient pesante et viciée, le matérialisme sans grandeur menace et entrave  la bonne gouvernance. A travers les dialogues  bourrés de franc-parler ou d'hexamètres enflés de ses librettistes Henri Crémieux et Ludovic Halévy, Jacques Offenbach se gausse des travers de son temps et du nôtre, par extension anachronique. Il condamne cette société bourgeoise  narcissique qui n’a qu’un but : sauver les apparences. La censure s’attaque à Flaubert et à Madame Bovary.   N’empêche,   le compositeur n’hésite pas à fustiger le pouvoir impérial de Napoléon III dans le personnage de Jupiter (Pierre Doyen), vulgairement nommé Jupin. C’est toute la mythologie antique qui dégringole : Mars (Marc Tissons), Vénus (Julie Bailly), Junon (Laura Tissons), Diane (Sarah Defrise) en bottes, cravache et sa meute de dobermans, Minerve, Cérès...  Avec son Orphée aux Enfers, créé en 1858, Jacques Offenbach connaît son premier vrai triomphe.

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                                La partition est une riposte irrévérencieuse au succès de la grande musique classique et à celui des chansons populaires des faubourgs, mais elle dresse surtout un  portrait caustique de la société de son temps tout à ses plaisirs et son autosatisfaction.

                                La mise en scène bouillante de dynamisme et de  dérision délirante de Claire Servais ( recyclée pour plus de saveur, au cœur notre époque télé-réalité) nous livre  un  foisonnement d’anachronismes joyeux et subversifs propres à  la satire.

                                Les citations affectueuses de grands airs,  comme le clin d’œil à Orfeo ed Euridice de Gluck (1774), arrivent comme des  mets de choix, comme une référence aux délices d’un âge d’or, avec des voix d’or. De  savantes allusions, pastiches de la musique du XVIII° siècle, plongent tour à tour dans la joie bucolique ou le rite sacré virtuose. Le spectateur se retrouve à plusieurs reprises, balancé dans l’émotion alors qu’il s’apprêtait rire de plus belle et à pouffer devant l’amas de bouffonneries. Mais à chaque détour de la cavalcade entre terre, ciel et enfers, il y a l’irrésistible naissance du galop, ce French cancan endiablé, ce « style Offenbach » qui est dans tous les esprits,  qui pétille et surprend comme bulles de champagne  ravageuses.

                                Émile Zola lui-même ne supporta pas cette atteinte à un patrimoine quasi-sacré. Il est offusqué par le style et profite des Rougon-Macquart pour pamphlétiser  avec Nana, déguisée en Vénus  :

« Ce Carnaval des dieux, l’Olympe traîné dans la boue,

 toute une religion, toute une poésie bafouée, semblèrent un régal exquis.

 La fièvre de l’irrévérence gagnait le monde  lettré des premières représentations ;

 on piétinait sur la légende, on cassait les antiques images. Jupiter avait une bonne tête, Mars était tapé. La royauté devenait une farce, et l’armée, une rigolade. Quand Jupiter, tout d’un coup amoureux d’une petite blanchisseuse, se mit à pincer un cancan échevelé, 

Simonne, qui jouait la blanchisseuse, lança le pied au nez du maître des dieux, 

en l’appelant si drôlement : « Mon gros père ! » qu’un rire fou secoua la salle. Pendant qu’on dansait, Phébus payait des saladiers de vin chaud à Minerve, et Neptune trônait au milieu de sept ou huit femmes, qui le régalaient de gâteaux.        On saisissait les allusions, on ajoutait des obscénités, les mots inoffensifs étaient détournés de leur sens par les exclamations de l’orchestre. Depuis longtemps,

 au théâtre,

 le public ne  s’était vautré dans de la bêtise plus irrespectueuse. Cela le reposait. » 

Image may contain: 5 people, people standingMais nous, à la veille de 2017, nous ne pouvons que nous amuser de cette relecture époustouflante et sulfureuse de l’œuvre phare de Jacques Offenbach, remaniée 20 ans après sa création, en féerie de 4 actes, 12 tableaux, 42 rôles et pléthore de danseurs et figurants.

                                 Dans cette version 'entre deux', il y a des relents du théâtre subversif d’Aristophane, des tableaux démoniaques  au  parfum de Jerôme Bosch  et des bacchanales aux couleurs de Jordaens. Il y a cet extraordinaire gardien des enfers qui se shoote à l’eau du Léthé,  John Styx (Frédéric Longbois),  à mi-chemin entre Charlot et  militant écossais anti-Brexit et  tout ce peuple de touristes de l’Olympe qui a embarqué pour faire la fête dans la chaleur de l’enfer!

                                 Un vent de fronde et un rêve de changement souffle à travers les flammes brûlantes de  cette gigantesque pantomime iconoclaste, comme à l’aube de toute décadence d’empire.

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                                 La richesse de la  distribution, les décors somptueux, les interprétations vocales méticuleuses et foisonnantes sans la moindre faiblesse et  surtout un orchestre conduit avec finesse et intelligence mutine par un vrai complice de la galéjade,  Cyril Englebert, sont là pour nous ravir et nous faire passer le cap de l’année, dans un galop d’enfer.

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Photos © Lorraine Wauters-Opéra Royal de Wallonie

Du mardi, 20/12/2016 au samedi, 31/12/2016 à Liège

Cyril Englebert MISE EN SCÈNE : Claire Servais CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : Papuna TchuradzeJodie Devos Alexise YernaPierre DoyenThomas MorrisNatacha KowalskiJulie BaillySarah DefriseFrédéric LongboisAndré GassLaura BalidemajAlexia SafferyYvette WérisSylviane BinaméChantal GlaudePalmina GrottolaMarc Tissons NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 7

 http://www.operaliege.be/fr/activites/orphee-aux-enfers

Le 7 janvier à Charleroi. 

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administrateur théâtres

« La Framboise Frivole » au théâtre des Martyrs!

Quarante plus soixante ? Ça vous fait… cent ! Cent raisons d’aller voir sans tarder le centenaire des sans en avoir l’air. Mais ils ont la chanson, la musique  la classique et la populaire – et la façon inimitable, ces deux joyeux lurons, capables d’enflammer dès les premiers accords, un public émerveillé, été comme hiver.

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Peter Hens au violoncelle et Bart Van Caenegem au piano mettent tout leur talent au service de « La Framboise Frivole » une inoubliable gourmandise, une future madeleine. Un duo de cirque musical classico-pop et pot-pourri aux mille et une subtiles effluves. Et Avec le grand Jacques, bien sûr ! Mathilde, puisque te v’là !

Tout est dans le lien futile ou frivole quasi-inexistant, disons carrément imaginaire qui naît entre les airs enchanteurs et les supercheries de chansonniers qui vous font vous tordre de rires. Courrez tous à ce non-événement car c’est Léonard de Vinci, le chef d’orchestre ! Homme d’esprit universel que l’on connait aussi par ailleurs comme peintre, inventeur, ingénieur civil et ingénieur tout court, astronome, philosophe, anatomiste, mathématicien, compositeur, sculpteur, architecte, diplomate, poète…


« La Framboise Frivole » va vous faire découvrir les influences purement inventées du génie, sur la musique des grands compositeurs. Ce peintre de la république florentine, savant prophétique mourut le 2 mai 1519, à 67 ans au Château du Clos Lucé, Amboise, au Royaume de France. Ceci vaut bien une framboise, non ?

Donc on lance les grandes orgues pour saluer Haendel, Carmina Burana, Franz Liszt, et on jubile à chaque incursion de la pop XXieme et de la belle et douce chanson française ! Toutes barrières abolies, le temps et les genres se mélangent un feu d’artifice galactique. La fusion musicale anachronique bouillonne dans le chaudron du pianiste et le plaisir de haute alchimie verbale…court sur l’archet du violoncelle en vol ! 

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Une production de Panache Diffusion et Opus 2

Avec Peter Hens (chant et violoncelle) et Bart Van Caenegem (piano et chant)

Avec la complicité de Jean-Louis Rassinfosse

Photos: https://www.facebook.com/pg/plusde500billetsdeDHL/photos/?tab=album&album_id=1095198310607368

La framboise frivole | Théâtre des Martyrs - theatre-martyrs.be

theatre-martyrs.be/...framboise-frivole/4B82A063-2185-2B90-21D8-FFC1171CB40D...
La framboise frivole fête son centenaire ! C'est de leur vivant qu'ils ont souhaité fêter cet événement. Depuis cent ans sous le nom de la « Framboise Frivole » ...
Dates
20:15 jeudi 29 décembre
20:15 vendredi 30 décembre
19:00 samedi 31 décembre
22:00 samedi 31 décembre
20:15 jeudi 5 janvier
20:15 vendredi 6 janvier
19:00 samedi 7 janvier
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