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citoyen (2)

administrateur théâtres

eventon16122.jpgThéâtre promenade convivial, théâtre de voyageurs spirituels qui trinquent ensemble …et avec le public. Année 1789 -10 : le roman Jacques le Fataliste et son maître en huit journées et quatre motifs, met en scène deux passagers d’une époque.  Ils cheminent en discutant de tout et de rien, tandis  que sortent pêle-mêle  de leurs malles d’osier histoires d’amour et de trahison, parenthèses, digressions, protagonistes  pittoresques hommes et femmes, apostrophes au lecteur et la reconstitution fragmentée d’un crime. Entre gaieté et profondeur, on découvre le siècle de Diderot  en costumes d’époque avec ses convictions et ses interrogations.  

Au cours de  ce voyage vers nulle part, le réjouissant questionnement du maître et de son valet sur la liberté individuelle débouche sur   une   certitude de l’époque que Diderot, l'un des premiers, veut contester.

 « Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien  et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. » C’est l’histoire écrite sur le  Grand Rouleau : “Nous croyons conduire le destin, mais c’est toujours lui qui nous mène.”

 

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 Si le valet  futé joué par Jean-Pierre Baudson est terriblement bavard, son maître,  un noble riche et maladroit qui se refuse de lacer  le moindre brodequin, est passé virtuose dans l’art de le  faire parler. Il est campé par Patrick Donnay. Ainsi  l’amitié vraie née de la parole,  relie  ces deux extrêmes qui deviennent vite inséparables et  oh! stupeur   même dépendants l’une de l’autre, question d’abolir avant la lettre, tous les privilèges de classe. Le sujet de 1779 vit sous la dépendance de son maître,  mais le citoyen de 1789 dont on attend l’avènement, sera  celui qui affirme sa liberté, et, partant, sa souveraineté.

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 Grand déballage de malles …très emballant! Vers une aube inconnue ? A  travers  l’errance picaresque de ce duo en scène plein de verve et d’usage, le spectateur participe à une joyeuse farce sociale et philosophique où les postures intellectuelles savoureuses  de l’un et de l’autre fusent  en un énorme festin vocal. Choc des idées, hallucinante frénésie de paroles, gestuelle débridée, imaginaire au pouvoir, la  riante dissertation en live est bel et bien jouissive.  La mise en scène impeccable de Jean Lambert – elle commence dans la salle avant même le début de la séance  soutient avec talent les équilibristes du verbe qui ont su préserver  un  charme 18 ème.  Les applaudissements  fournis  de l’assemblée témoignent de la générosité des artistes qui ont tout joué, y compris les rôles désopilants d'une flopée de joyeuses dames qui n’ont vraiment pas froid aux yeux!  

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 du 06/09/16 au 29/10/16  Offrant une plongée originale et pleine de surprises dans l’univers d’un géant des Lumières, ce spectacle du Théâtre National  a rencontré un vif succès à sa création en 2013. Amusez-vous des aventures de deux compagnons qui se baladent dans la vie en méditant gaiement sur nos amis, nos amours, nos emmerdes ... et notre destinée. 

https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=454&type=1

 

 

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«Mitridate, cérémonie politico-musicale »

13221336_10153632774056297_8540514091759340485_o.jpgNotre présent  ne se mire-t-il pas inévitablement  dans le miroir du passé, ou est-ce le passé qui n’en finit pas de nous hanter?  Nous voici en 2016, real time,  invités dans le Nymphea Building niché dans  un immense chapiteau de 40 m de haut,  sis en bordure  de Tour et Taxis, loin du Quartier européen. Première prise de conscience : sur les  murs de la salle de concert en gradins, flottent  à contre-coeur 28 drapeaux européens: ils rêveraient d’être mieux connus du public! L’accès  en esplanade au chapiteau a  quelques ressemblances avec les bâtiments du Rond-point Schuman. Mais au pied de l’escalier, voilà  des messages,  la plupart en anglais,  des bougies des gerbes de fleurs, en témoignage de deuil. « Le roi Mithridate est mort! » Aussitôt se superposent  les images de deuil  des victimes des attaques terroristes qui nous ont tous frappés, en France comme en Belgique, et aussi celles des rassemblements de l’espoir, place de la République ou place de la Bourse. Et partout le slogan : «Save Pontus, Change Europe». Une Europe, oui, mais pas celle de l’impérialisme romain! Une Europe, oui, mais pas celle d’une dictature de droite. C’est là que se glisse une malencontreuse erreur de couleurs… car  l’impact visuel du drapeau du royaume du Pont n’est pas  sans rappeler les bannières nazies de la deuxième guerre!

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Mithridate VI, roi et despote est en guerre avec la Rome antique qui veut annexer ses territoires. Il est aussi en lutte avec ses propres démons: l’orgueil du pouvoir, l’amour déçu, la jalousie et l’absence de miséricorde. Néanmoins, effet d’admiration pour le ténor, Michael Spyres, ou de compassion pour l’imperfection humaine, ce personnage est  rendu  très attachant, car il s’oppose à une  Rome impérialiste. « Ne cédons pas face au Capitole, résistons à cet orgueil qui ne connait pas la mesure, répondons toujours par la guerre, jamais par la paix au génie altier qui prétend ravir la liberté au monde entier! » chante le chœur final (Acte 3, Scène 25) après son abdication  et non sa mort.

13221278_10153632774046297_2474660340207964144_o.jpg La belle grecque Aspasia est son épouse promise. Une très royale Lenneke Ruiten.   Elle est déjà déclarée reine mais elle est amoureuse du fils cadet de Mitridate Re di Ponto, Sifare (Myrto Papatanasiu, qui recevra des tonners d’applaudissements pour sa prestation d’une sensibilité remarquable). Il partage avec  son père  la même soif d’indépendance  politique. Son frère aîné Fernace (David Hansen), est politiquement opposé à son père et, ne jurant que par Rome, complote avec Marzio, le tribun romain. Bien sûr, lui aussi est amoureux d’Aspasia. Double conflit entre frères dont  le langage corporel et vocal est particulièrement éloquent. Son style de chant est sur le fil de la parodie, versant parfois carrément dans une voix de fausset! On doit aussi souligner la très belle prestation d’Ismène (Simona Saturova) qui personnifie la raison et la tolérance. Le parallèle entre rivalité politique et amoureuse est habilement mis en valeur par Christophe Rousset et l’Orchestre de la Monnaie. L’emploi brillant des cors en dialogue avec les voix (élément neuf apporté par Mozart par rapport à l’opéra italien) donne une réelle  résonance à l’œuvre. L’interprétation chatoyante de Christophe Rousset souligne avec fougue juvénile toutes les charges émotionnelles de la partition.

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L’aspect novateur de cette production  est de rendre le spectateur partie intégrante du jeu. A lui de repérer activement la superposition voulue entre  les codes de l’opéra et ceux de la scène politique moderne.

On finit par oublier complètement que le livret est basé sur la pièce de Racine :  il y a une  nouvelle crise au sommet suite à l’annonce de la mort de Mitridate. Sur scène, on assiste aux débats d’une réunion d’urgence round the clock  qui oppose ‘The Roman Union’ et ‘The Pontus Kingdom’. Ceux-ci veulent évidemment le Brexit, tant qu’à pousser l’actualisation jusqu’à à son breaking point!

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Au public de savourer le « feel real » d’une mise en scène à l’américaine hyper détaillée. Les moindres détails y sont: les breaking news et les live de la CNN,  les journalistes qui mitraillent, qui se bousculent, brandissant leurs micros à l’arrivée des grands pontes, les intervenants filmés en close up pendant les débats autour de la table ovale où ils siègent, chacun avec sa bouteille d’eau. La mise en scène de  Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil (« le lab ») expose toute une grammaire de la mise en scène politique : les poignées de mains assassines, les sourires toutes griffes dehors, la théâtralisation intense de la chose politique.  Rien n’a finalement vraiment changé depuis le cher William: "All the world's a stage". Hopper version 21eme siècle a-t-il encore frappé ? Chaque tableau est un éclat du miroir de notre époque.

A la recherche d’une nouvelle plate-forme citoyenne européenne, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil ne cessent d’ironiser sur la Res Publica. Leur but avoué est d’éveiller la conscience de citoyen européen du spectateur, lui rappeler peut-être que c’est chacun de nous  qui détenons le vrai pouvoir. Susciter notre réflexion, quitte à aller jusqu’à  nous redonner le goût de l’action politique, en proposant une parodie chantante et musicale de ce que ne devrait pas être le pouvoir! Dans le miroir qu’ils nous tendent, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil nous soufflent : « l’Europe est complexe parce que nous, les Européens, sommes complexes ! » La recherche d’harmonie passe par la polyphonie!

  

Mozart, qui écrit ce premier opera seria à l'âge de quatorze ans en 1770, témoigne d'une maturité exceptionnelle, à la fois musicale et psychologique pour exprimer les sentiments qui animent le père et ses fils et pour explorer leurs relations «compliquées».  Mozart universel, Mozart intemporel, Mozart indispensable  nous aura une fois de plus illuminés par son inventivité inépuisable, sa grâce musicale et la clarté de son propos humaniste. Le thème de « l’oubli de la vengeance » que l’on retrouvera  plus tard dans la Clémence de Titus est déjà omniprésent. Et le compositeur a à peine 14 ans…   

DATES DE REPRÉSENTATIONS

05 mai 2016 19:00:00

08 mai 2016 15:00:00

10 mai 2016 19:00:00

12 mai 2016 19:00:00

15 mai 2016 15:00:00

17 mai 2016 19:00:00

19 mai 2016 19:00:00

DISTRIBUTION
Direction musicale : Christophe Rousset
Mise en scène et costumes : Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil
Scénographie et lumières : Rick Martin
Vidéo : Julien Roques & Jean-Baptiste Beis
Collaboration artistique : Lodie Kardouss
Michael Spyres (Mitridate), Lenneke Ruiten (Aspasia), Myrto Papatanasiu (Sifare), David Hansen (Farnace), Simona Saturova (Ismene), Sergei Romanovski (Marzio), Yves Saelens (Arbate)
Orchestre symphonique de La Monnaie

Crédit photos: ©BUhlig

PRODUCTION
La Monnaie-De Munt, avec la participation de Clarac-Deloeuil > le lab

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/578/Mitridate-Re-di-Ponto

 

Palais de la Monnaie, Tour et Taxis, du 5 au 19 mai à 19 h. A 15 h les dimanches 8 et 15 mai.

En savoir plus sur la mise en scène: L'article de Serge Martin: http://www.lesoir.be/1200985/article/culture/musiques/2016-05-04/nous-jouons-avec-codes-du-monde-politique

 

 Enregistrement Arte: http://concert.arte.tv/fr/mitridate-re-di-ponto-de-wolfgang-amadeus-mozart-au-theatre-de-la-monnaie

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