Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

femme (94)

administrateur théâtres
« Ils prennent le thé en face sans nappe ! » Théâtre tentation et amour du théâtre. A La Clarencière. What else ? Voici réunis sous le titre « Moulin à paroles », trois femmes de noir vêtues, jouées avec feu  par

la pétillante  comédienne Ariane Thymour Smith dans une mise en scène de Carole Baillien. Elle explore tour à tour  la folie de la solitude, le voyeurisme,  la vengeance,  les pulsions criminelles, la sensualité tantôt brimée ou tantôt explosive, à travers trois destins  de femmes  tout aussi noirs que l’anthracite que l’on s’épuisait  encore à arracher  manuellement de la terre à cette époque … Elles appartiennent au répertoire anglais. Le dramaturge, romancier, scénariste, réalisateur et acteur Alan Benett a écrit une première  série de « Talking heads » pour la BBC dans les années 80. Humour anglais omniprésent, sens aigu de la nouvelle incisive et bien construite, petits bijoux d’écriture dans la lignée de Roald Dahl.

Mon premier a comme titre original : "A Lady of Letters". Le premier tableau met en scène Irene
Ruddock, une femme
célibataire vivant près de Bradford qui n'a pas sa langue
dans sa poche et passe sa vie à écrire des lettres vindicatives
à son député,
à la police, au pharmacien , à tout le monde
pour remédier aux maux sociaux qu'elle dénonce sans ambages.

Après un trop grand nombre d'accusations qui frisent la calomnie, Irene se
retrouve en prison - où, pour la première fois de sa vie, ironiquement, elle se sent
vraiment …Vous verrez bien quoi!

Mon second"Her Big Chance" est farci d’humour de style libertin, autant que les

sketches de Nabila/Stéphane Degroodt! Lesley est une actrice en herbe, qui,
après une série de rôles secondaires à la télé peu prometteurs,s’imagine
qu’elle va enfin « percer » grâce à la
rencontre de l'aventureux Travis dans un nouveau film pour le marché du soft porn
ouest-allemand. Tongue twisters à l’appui, on n’en dira pas plus,
censuré pour les mois de 12 ans!

 

Mon troisième a pour titre original :"Bed Among the Lentils". Le troisième tableau
transforme la pimpante pipelette en femme de pasteur de caractère. Susan est alcoolique
et doit se rendre à Leeds pour faire ses secrètes provisions de liqueur à cause des dettes
contractées avec le commerçant local. Elle se détourne insensiblement de son raide et ambitieux
et mari encensé par ses ouailles
et noue une voluptueuse affaire extra-maritale avec un épicier indien Ramesh Ramesh.
Some like it hot !
Va-elle découvrir quelque chose à propos de Dieu ou se convertir
aux Alcooliques anonymes? Love me do… The Beatles

Mon tout est une soirée récréative, plaisante et distrayante, ponctuée
de jolis souvenirs des Beatles ou de Mrs. Robinson
que l'on écoute dans le noir.Toute une époque !
Nostalgie, quand tu nous tiens!





La Clarencière Du 19 au 21 avril 2018
Rue du Belvédère, 20 1050 IxellesContacthttp://www.laclarenciere.be
fabienne.govaerts@skynet.be
02/640.46.76

Lire la suite...
administrateur théâtres

«Et prenant la fleur de cassie qu’elle avait à la bouche, elle me la lança, d’un mouvement du pouce, juste entre les deux yeux.» Prosper Mérimée, Carmen

 

Depuis ce temps et  la création en 1875 à Paris de l’opéra de Georges Bizet sur la scène lyrique parisienne, la Seine a bien coulé et débordé de nombreuses fois hors de ses rives. A Liège ce soir, un vent de liberté a secoué les bords de Meuse. Un réel débordement d’émotions et la beauté spectaculaire des tempêtes. Voici Carmen, plus que décoiffée, cheveux aile de corbeau, coupe courte comme en 1925, tombée dans le huis-clos d’un cirque, et bien décidée d’ en sortir! 

L’image contient peut-être : 1 personne, sur scène

La voix de Nino Surguladze , originaire de Tbilissi, Georgieprend toutes les positions, dans un vibrant kamasoutra d’émotions. La belle  qui l’incarne à la perfection, corps, souffle, voix et âme, se nomme fièrement  et fascine comme aux premiers jours de la lecture de Mérimée, touchant l’imaginaire en plein cœur. Tout est dit : « L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser.»  La liberté est son apanage, elle fuse vers le ciel pour exiger son droit au désir et au plaisir. Les arguments les plus nobles ne l’empêcheront pas de se jeter à travers la montagne, fuir le bonheur confortable, et palpiter dans les bras d’un nouvel élu! La bohémienne enchante, ensorcelle, et se laisse égorger comme cette chèvre de la même époque (Lettre de Mon Moulin 1866) face au loup qui la regarde avec ses yeux de braise. Etoile de sang, elle combattra jusqu’au petit jour… usant de ses sulfureux déhanchements, de ses regards appuyés, de sa voix  trempée dans quelque mélange alchimique précieux, qui ne peut que transformer l’éphémère en universel. Elle est accompagnée de ses deux amies, Frasquita et Mercédès deux galantes primesautières et délurées: Alexia Saffery  qui remplace pour l'ensemble des représentations  Natacha Kowalski, et Alexise Yerna.

L’image contient peut-être : 2 personnes Don Jose/ Marc Laho partagé entre l’amour et le devoir est pareillement intéressant. Au fur et à mesure de la prise de conscience de sa subjugation pour la sauvage maîtresse de son cœur, il gonfle sa voix d’émotions nouvelles,  de plus en plus désespérées, de plus en plus convaincantes, et pourtant renvoyées  par la belle adorée avec la plus grande désinvolture.  Le combat final avec son nouveau  rival Escamillo, un très brillant  Lionel Lhote, est prémonitoire, il lui sert pourtant à comprendre qu’il ne peut pas gagner!  Au dernier tableau, dans le silence du cirque désert, son crime passionnel l’enferme à jamais dans l’enfer de la culpabilité. Il  s’est  définitivement  écarté des  les chemins  vertueux -  sans doute inculqués par sa mère navarraise apôtre de l’abnégation,  qui disaient - peuchère - que l’amour …prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune… - Ah la  pauvre Micaëla / la très blonde vénitienne Silvia Dalla Benetta! Proie de la passion, pris de folie,  - peut-on tuer l’être aimé par amour ? - Don Jose ne contrôle plus rien et surtout pas ce couteau qui jaillit de ses mains et commet l’irréparable.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes assises et barbe

 Dans ce magnifique décor de pacotille, la théâtralité est omniprésente puisque la version choisie par le metteur en scène  est  la version parlée de l’œuvre. Dommage pour Roger Joakim qui interprète le lieutenant Zuniga aux côtés du brigadier Morales / Alexei Gorbatchev et n'a pas beaucoup de lignes chantées...mais dont la prestation est néanmoins très aboutie et  presque cinématographique. Tous les belges sont au top, que de belles dictions et de superbe en scène! C’est le vivant qui prime,dans ce foisonnement baroque,  avec au début, sans paroles ni musique, un fascinant feu d’artifice:  la frappe passionnelle des talons, ces  claquement  de mains des couples de danseurs qui ne cesseront de venir tournoyer ou d’observer de l’intérieur les progrès de l’intrigue. Le plateau est une piste humaine.  The world is a stage … Die Welt ist ein Zirkus sagt des Meister Henning Brockhaus .    Il n’épargne pas les chorégraphies, les acrobates et les merveilles circassiennes. Le décor est beau comme une boite à poupées… Et les costumes sortent des fabuleux ateliers liégeois. Ne parle-ton  d’ailleurs  pas des vertus du  Gesamtwerk? Cela ne peut évidemment pas plaire à tout le monde… L’image contient peut-être : une personne ou plus et personnes sur scène

Dans une telle œuvre, les chœurs bien sûr sont à l’honneur. Pierre Iodice, comme toujours, sur la scène lyrique de Liège est garant de la qualité vocale à travers les déplacements surprise, tantôt à un balcon, tantôt à un autre, tantôt dans la mêlée, mais toujours, la diction est limpide comme l’eau des montagnes… Et  tout  à la fois,  pour le plaisir exquis de notre écoute, la chef d’orchestre Speranza Scappucci  consume l’orchestre dans la  légèreté et la musicalité absolues. Plantée dans le sable elle échafaude une cathédrale de légèreté. Toute en fumée comme  celle des voluptueuses cigarières exotiques…  Elle geste la partition, avec fougue et tempérance à la fois, jetant des poudres pudiques sur des moments d’intime tendresse…Elle convoque les coups de foudres  de l'Amour et ses désespoirs, et les terribles coups de faux de la Mort.  C’est elle aussi qui administre les adorables chœurs d’enfants déguisés en taureaux. Quelle chance, cette rencontre de Opéra Royal de Wallonie-Liège et  de cette amazone solaire reine de la musique dont ils ont fait leur chef principal !

 d'autres détails: ici

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/nouvelle-production-de-carmen-l-op-ra-royal-de-wallonie-li-ge

Lire la suite...
administrateur théâtres

Résultat de recherche d'images pour "c'était au temps Brel comédie musicale"

Y en a qui ont le cœur si large 
Qu'on y entre sans frapper 
Y en a qui ont le cœur si large

Qu'on en voit que la moitié 

Rue des deux gares 1070 Bruxelles, le 26 décembre 2017, les applaudissements gonflés de bonheur  soutiennent  les ovations plus qu'enthousiastes lors de  la dernière représentation de « C’était au temps… » Un spectacle « nostalgie » et « copains d’abord ! »  qui a affiché complet tous les soirs, pendant quinze jours d’affilée!  Un hommage émouvant à la voix du grand Jacques Brel signé Jean-Marie Delattre. Ils sont huit, embarqués dans l’aventure, échoués aux tables d’une  antique guinguette  en plein cœur de Bruxelles qui a traversé le temps,  prêts à faire la fête et à refaire le monde avec le tram 33.

Y en a qui ont le cœur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en qui ont le cœur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi 

Jef, Madeleine, Mathilde, Eugène et Sancho (Stéphane Oertli, quels airs de  mousquetaire!)  ont rendez-vous chaque année chez Eugène (le truculent Alain Eloy) pour célébrer joies et tristesses. Le texte de Jean-Marie Delattre est léger, bien ficelé et plausible pour qui veut s’adonner au merveilleux, savourer  le retour aux jeunes années,  tendre son cœur à  la féerie  d’une voix mythique retrouvée, entonner des hymnes de  bienveillance qui écrasent  les velléités de  disputes. On se goberge alors de la découverte d’arrangements musicaux  fort adroits et truffés d’humour. Ami, lève ton verre, termine cette année, accueille la nouvelle, la main plus large que le cœur,  ouverte comme « Une île ! » …Au large de l’espoir, Voici venu le temps de vivre...Voici venu le temps d'aimer ! 

Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Question de dépaysement, chacun  a pris nouveau départ sous la houlette de Nathalie Stas, metteur en scène géniale et chorégraphe d’exception, puisqu’elle règle les moindres frémissements ou les moindres battements d’œil de son équipe en goguette!  Les comédiens dans l’âme vont se mettre à chanter à  gorge déployée tandis que les brillantes musiciennes jouent la comédie à bras le corps, aussi  lestes  que les demoiselles des parapluies de Cherbourg. O jeunes années!  Leurs mimiques durent des secondes à peine, la palette des sentiments scintille comme la mer sous le vent d’ouest. On a du mal à choisir qui regarder lorsque, de  part et d’autre de la scène, elles se partagent les couplets du grand Jacques. Lune  ou Soleil ?  Madeleine, l'innocence même dans sa robe à jupons 1958 peuplée de citrons,  fait rêver, incarne l’optimisme et la joie de vivre. Mathilde, c’est le spleen, le mystère, la profondeur,vêtue d'une courte chasuble mai 68,  en daim couleur fauve. Qui donc, de Mathilde ou de Madeleine, Marc De Roy jouant Jef, choisira-t-il en fin de compte?  Les chansons de Brel éclosent à fleur de peau, dans la fleur de l’âge, et pourtant, au creux du florilège et des lilas,   …les bonbons, c’est tellement bon! Et les deux musiciennes-comédiennes, Nathalie Delattre et Véronique Sonneville, sont  pétillantes et éblouissantes.

Y en a qui ont le coeur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en qui ont le  trop tendre
Moitié hommes et moitié anges

Y en a qui ont le coeur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le cœur trop vaste
Pour se priver de mirages 

Jovialité, convivialité, rudesses et lucidité et fous-rires animent les  conversations. Le bal des costumes  enchante  l’œil, ranime le temps…. Les  copains d’infortune qui se rencontrent au bistrot des ivrognes finissants parlent du désir amoureux, des ruptures, des racines, des voyages,  des femmes, des bourgeois, des vieux, des cons, des cocus. Ils boivent, dansent tangos, rumbas et  valses,  et chantent tous divinement! Le décor  prend vie intense. La scénographie de Francesco Deleo est de la partie, comme au Théâtre des Galeries ! Comme un  puissant rivage musical  le trio orchestral plonge dans les époques et borde remarquablement cette île du passé, où règne Eugène en tablier ! Le réverbère rappelle les amoureux de Penney, même époque, l’aubette fait refuge pour amoureux, et la bière coule à flots.

Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Une comédie musicale est sortie de l’œuf, fraîche, lumineuse, gonflée de vent d’ouest, bourrée de vitamines. La voix du grand Jacques revient par moments avec une langueur océane,  portée par le large,  comme une vague, reprise avec amour par la troupe de saltimbanques comblés par le bonheur de jouer. Ils ont su polir le  bijou poétique de mille facettes nouvelles et faire œuvre magnifique de transmission. On se prend alors à rêver aussi aux madones du grand Georges,  son grand ami : Jeanne, Hélène et ses sabots, et le petit cheval toujours devant ! Cela devrait pouvoir s’écrire aussi… non ?  On en a déjà des larmes et des fleurs aux yeux.

Y en a qui ont le cœur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
Le cœur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir

Celui-là a le cœur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre

A pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Image may contain: 11 people, people smiling, people dancing, people standing and indoor

La troupe au complet du Spectacle "C'était au temps", la comédie Musicale qui a fait Brusseler du Grand Brel ! — with Stijn Bettens, Marc De Roy,Pierre Plume, Jean-marie Delattre, Anne Creuen,Nathalie Delattre, Véronique Sonneville, Stéphane Oertli, Alain Eloy and Pauline Oreins at Le Fou Rire Théâtre.

http://brel-cetaitautemps.be/wp-content/uploads/2017/11/Brel.dossier.2017-11-23.pdf

 

http://brel-cetaitautemps.be/equipe/artistes/

https://cetaitautemps.be/

Lire la suite...
administrateur théâtres

Une mise en scène de Nele Paxinou, et le texte de François Ost (editions Lansman)

Camille

François Ost

Adaptation François Ost, Nele Paxinou
Mise en scène Nele Paxinou
Avec Marie Avril, Virgile Magniette, Bernard Sens
Danseurs Robin Capelle, Juliette Colmant, Caroline Givron

15-camille093.jpg

De quoi ça parle?
 

 Qui ne connaît pas le  destin tragique de Camille Claudel, sœur de l’éminent poète  chrétien et diplomate français Paul Claudel? On se souvient au moins du film Camille Claudel de Bruno Nuytten dans lequel Isabelle Adjani incarnait Camille et Gérard Depardieu Rodin. Le film  fut couronné cinq fois aux César du cinéma 1989 et nommé aux Oscars. Auguste Rodin, impressionné par le caractère innovant et  la solidité de son travail, fait entrer  la jeune Camille, comme praticienne à son atelier de la rue de l'Université en 1885 et c'est ainsi qu'elle collabora à l'exécution des « Portes de l'Enfer » et au monument des « Bourgeois de Calais ». Ayant quitté sa famille pour l'amour de Rodin, elle travaille plusieurs années  à son service, négligeant sa propre création.  Qui de l’élève ou du maître inspire  ou copie l'autre ? L'amour ne distingue pas.  Mais considérée par sa famille comme une dévergondée, elle est rejetée brutalement.  Rodin ne peut se résoudre à quitter Rose Beuret, sa compagne dévouée… pour l’épouser.   La rupture définitive est consommée en 1898.  Camille s’installe alors 19 quai Bourbon et poursuit sa quête artistique dans  la plus grande solitude, malgré l’appui de  quelques critiques. Camille craint à tout moment que Rodin n’envoie des inconnus pour lui dérober ses œuvres. Elle vit  dans une grande détresse physique et morale, ne se nourrissant plus et se méfiant de tous. Son père, son soutien de toujours,  mourra le 3 mars 1913. Pourvue d’une  mère, incapable d’amour vis-à-vis de sa fille  elle  sera internée le 10 mars à Ville-Evrard puis transférée, à cause de la guerre, à Villeneuve-lès-Avignon Elle  y végétera et y mourra trente ans plus tard, le 19 octobre 1943, privée de tout contact avec sa famille et ses amis.  Un destin que l’on  peut comparer à celui de Zelda,  la femme de  Francis Scott Fitzgerald, l’auteur de « Gastby le magnifique » ,une autre femme subissant  l’injuste condition de la femme à la fin du XIXe siècle et le plagiat artistique.  

Et alors?camille-claudel-valse-figurine-sculpture.jpg

L'idée de débuter la pièce par l’internement psychiatrique et la fin de vie de Camille Claudel, permet de  prendre de plein fouet  l’injustice faite à cette femme qui eut le tort de se vouloir, libre, amoureuse et artiste et qui sombrera, privée de tout,  lâchée par tous, dans la déchéance absolue. C’est l’idée de l’auteur, suivie d’ailleurs par la metteuse en scène, Nele Paxinou,  qui a su ressusciter par la puissance de sa théâtralité le conflit des énergies,  et donner aux personnages des contours absolument poignants nimbés dans la poésie et l’humanité propres aux œuvres de Camille! On apprécie particulièrement  la présence très vivante de deux danseurs, un  homme une femme qui,  tout au long de la représentation, soulignent  les dialogues par de  précieuses chorégraphies très bien pensées. Leurs visages restent immuablement neutres mais leurs corps  semblent répéter en  variations  mobiles  toutes les émotions des comédiens.  Les deux figures de sable ou de glaise, dont la nudité semble surgir de la terre, dorée par les jeux de lumière sont là pour évoquer de façon fascinante les émouvantes sculptures de l’artiste et la force de ses créations. La musique est celle d’impressionnistes français, en hommage à Debussy. Il faut  bien cela pour supporter la tension du texte de François Ost,  qui déroule les épisodes de la vie antérieure de la jeune femme, avant son internement infâmant et permet d’exploiter tout le potentiel du rêve artistique de la jeune femme! Face à  l’amant, sculpteur prométhéen, génie du feu, et le frère, poète mystique, génie aérien, elle incarne la fertilité et l’énergie de  la terre .  Tandis que  le texte  célèbre la liberté  de la Chèvre de Monsieur Seguin, celle-ci est victime d’une mort pernicieuse programmée par le génie masculin.

 

Et le casting? 

Irréprochable ! Une rage, « Evidemment, je lui faisais de l’ombre. Mère de son enfant, je n’étais plus la gentille-jolie élève, je devenais Madame Rodin ! La maternité, c’est pour Rose ; les cours particuliers, c’est pour Camille ; chaque chose à sa place, un temps pour tout. Surtout ne pas troubler le confort du Maître ! Ah tu ne veux pas vivre avec moi, et bien ta fille tu ne la verras jamais ! Envolée, délivrée, Galatée ! »  Un génie à l’œuvre « Regarde, la roche devient luisante, elle me sourit. Elle brille comme un miroir. Et elle rend un autre son, sous les coups de ciseau. Ah, Camille Claudel, SCULPTEUR !» Enfin, la fureur de création, tout est magnifiquement emmené et campé par la comédienne Marie Avril, dont la voix, la diction et le timbre sont un délice  pour l’oreille ! Paul Claudel/ Virgile Magniette, le frère  apparaît sans caricature, décapé du lustre dont il se pare, car on ne voit plus que son âme grise. Parfait ! Et Rodin, …est d’une  savante justesse théâtrale.  Bernard Sens

 

Que demander de plus?  

La Note de la metteuse en scène: 
Avec passion, j’ai voué ma vie au théâtre. J’ai fondé en 1980 Les Baladins du Miroir, théâtre itinérant
sous chapiteau, théâtre total mêlant le jeu de l’acteur à la musique et à l’acrobatie. Aujourd’hui, j’ai
atteint mon objectif : partager la culture en faisant découvrir nos grands auteurs (Molière, Shakespeare,
Ghelderode, Cervantès, Voltaire,..etc.) à un très large public. La renommée des Baladins du
Miroir a traversé les frontières et nous avons jusqu’ici touché quelque 700.000 spectateurs.
Lorsque j’ai remis les rênes de la compagnie à Gaspar Leclère, j’ai décidé de prendre un nouveau
départ en créant la société Vitaly Production qui s’est assigné une mission vitale : mettre en valeur
des artistes d’aujourd’hui qui nous interpellent.
Ma rencontre avec François Ost répond à cette attente. Il nous propose dans un très beau texte –
nominé au prix littéraire du Parlement de la Communauté Wallonie Bruxelles 2014 – un nouvel éclairage
sur l’œuvre et le personnage de Camille Claudel.
Femme et sculpteur de génie, elle a réussi à imposer son art dans un monde d’hommes et dans une
société bien-pensante où la femme restait vouée au sexe et à la maternité.
Camille revendique une vie libre. Elle vit une passion amoureuse avec Auguste Rodin. Bientôt bafouée
par son amant et maintenue enfermée ensuite dans un asile par la lâcheté d’un autre homme, son
frère Paul Claudel, elle revendique pleinement une place vouée à la création.
Je voudrais accompagner, faire résonner encore son geste créateur, célébrer sa mémoire, bien audelà
de l’anecdote, en la conduisant là où elle nous attend : le moment précis où LA VIE SURGIT DE
LA PIERRE.


Nele Paxinou

http://www.atjv.be/Camille

L’image contient peut-être : 1 personne, barbe, texte qui dit ’CAMILLE Centre culturel de Nivelles Jeudi 5 mars 2020 à 20h’

  

Lire la suite...
administrateur théâtres

Carmen, J - 2

Pour débuter l’année 2018, une nouvelle production de Carmen sera représentée sur la scène de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège. Sous la baguette du chef principal attitré Speranza Scappucci, une mise en scène spectaculaire emmènera Nino Surguladze et Gala El Hadidi dans le rôle-titre, mais aussi les Belges Marc LahoMickael SpadacciniLionel Lhote et Laurent Kubla.


 Pour rappel, la saison se poursuivra  avec Le Domino Noir de Daniel-François-Esprit Auber,  mais voici les détails de ce premier opéra de l'année à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège dont la première est affichée dans deux jours et qui COMPORTE DEUX DISTRIBUTIONS  

«Carmen est l’un des opéras que j’apprécie le plus.
Quand j’étais petite, mes parents m’avaient emmenée
voir le film éponyme de Francesco Rosi avec Placido
Domingo. On peut dire que c’est grâce à ce
Carmen que je suis tombée amoureuse de l’Opéra.
Au cours de ma carrière, j’ai souvent travaillé cette
oeuvre, qui est parfois considérée à tort comme une
« comédie musicale ». Or c’est une grande tragédie
avec une musique fantastique. Je suis également très
heureuse de la diriger dans un pays où l’on parle le
français».

Entretien avec Speranza Scappucci, 25 mars 2017.

L’opéra le plus célèbre du monde débute comme une opérette espagnole et se termine dans une effroyable tragédie. Georges Bizet, que la mort fauchera à 36 ans avant de pouvoir mesurer le succès de sa Carmen, réalise là une prouesse musicale et vocale exceptionnelle qui fait date dans l’Histoire de l’Opéra. Il nous offre quelques-unes des plus inoubliables mélodies du répertoire, dans un exotisme omniprésent et avec une force dramatique inouïe. La fameuse scène des gitanes où les cartes prédisent la mort à Carmen est l’un des sommets d’une partition passionnée, exubérante et habitée de personnages aussi tragiques qu’attachants.

L’amour est un oiseau rebelle, Près des remparts de Séville, La fleur que tu m’avais jetée,tant d’airs si populaires aujourd’hui qu’on en oublie l’accueil glacial du public lors de la première en 1875. Carmen se démarquait des créneaux habituels de l’opéra-comique, un genre plus léger, associant chant et dialogues parlés. Est-ce la musique ou le réalisme du sujet qui choqua ? Très vite pourtant, Carmen triompha sur les scènes du monde entier.

1._carmen_repetitions_scene_suite_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-2.jpg

http://www.operaliege.be/fr/activites/carmen-0

La mise en scène

Pour sa première venue à Liège et concrétisant ainsi un projet qu’il caressait de longue date, le metteur en scène
Henning Brockhaus a choisi de situer l’action de Carmen dans l’univers d’un cirque un peu décalé : acrobates,
figurants et danseurs de flamenco rejoindront les solistes et le choeur dans une arène évoquant la corrida du
dernier acte. Inspiré par le théâtre épique de Bertolt Brecht, la vision de M. Brockhaus s’affranchira du pittoresque
souvent associé à Carmen pour offrir une dimension nouvelle et fraîche à cette histoire. En conséquence,
l’oeuvre sera présentée dans sa version originale avec dialogues parlés.


LE CARACTÈRE INFINIMENT ACTUEL DE CARMEN

Entretien de Silvia Campana avec Henning Brockhaus in L’Opéra - International Magazine, Spécial Opéra Royal de Wallonie-Liège,supplément au n°19, Milano, septembre 2017, p. 63


Henning Brockhaus sera à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège pour mettre en scène une nouvelle production de
Carmen, à laquelle il apportera une expérience culturelle complexe. Cette dernière commence par des années
de musique, de sciences, de philosophie et de psychologie. Mais elle se modèle et trouve sa vocation dans la
rencontre avec Giorgio Strehler, au Piccolo Teatro de Milan.
De là débute une carrière qui l’a mis en contact avec divers genres théâtraux sur lesquels il s’est appuyé avec
intelligence et esprit d’innovation. Ainsi sont nées des mises en scène qui ont laissé leurs traces et constituent
autant de modèles d’une façon différente et nécessaire de présenter l’opéra. Carmen exerce une fascination
irrésistible et est devenu terrain d’expérimentation pour tous les grands metteurs en scène qui s’y sont essayés.
Nous avons demandé à Henning Brockhaus de nous suggérer quelques idées permettant au spectateur d’approcher
le travail de Bizet à la lumière d’une conscience critique renouvelée.
Carmen est l’opéra le plus représenté dans le monde. Pour quelle raison ?
« ‘Carmen’ est l’opéra le plus compréhensible, tant du point de vue musical que du point de vue du livret. Il
s’inscrit dans la tradition de l’opéra-comique et on pourrait même le comparer au Songspiel, comme dans les
œuvres de Kurt Weill. La trame est infiniment actuelle et la musique pénètre instantanément le cœur ; il n’y a
rien d’artificiel, tout est naturel ».
Pourquoi chaque metteur en scène rêve-t-il de signer une version de Carmen ?
« Cet opéra stimule beaucoup la fantaisie. Tous les personnages débordent de caractéristiques et la musique,
avec ses rythmes entraînants et ses couleurs marquées offre au metteur en scène une immensité d’inspirations ».
Quelle est votre vision de l’opéra de Bizet ?
« L’opéra de Bizet se déroulera au sein du monde du cirque et du spectacle érotique. Je renonce à tous les rappels
pittoresques qui gravitent autour de cette œuvre et offre une dimension nouvelle et fraîche à cette histoire ».
Qui sera Carmen, la protagoniste de votre version ?
« Carmen sera une dame très érotique et séduisante, capable d’aimer et de jouer avec l’amour ».
Carmen est-elle capable d’aimer ?
« Carmen ne se laisse pas posséder. Son sens de la liberté est extrême, elle ne s’attache à personne et personne
ne peut l’attacher. Les hommes autour d’elle sont tous des bourgeois et voient l’amour comme de la possession.
Aimer, pour Carmen, c’est faire l’amour, au sens physique ou, comme nous disons aujourd’hui, coucher. Carmen
ne connaît pas toutes les conceptions bourgeoises de l’amour et n’a pas non plus une vision religieuse. Sa façon
d’aimer a quelque chose d’animal et est empreinte de liberté. Mais Carmen est également très seule dans sa
façon d’être. Elle ne parvient pas à trouver la relation qui lui convient ; c’est également pour cela qu’elle change
continuellement d’homme ».
Que doit éviter un réalisateur qui décide de mettre Carmen en scène ?
« Il faut éviter de tomber dans les clichés pittoresques de carte postale ».

LANGUE : Français DIRECTION MUSICALE : Speranza Scappucci 

MISE EN SCÈNE:Henning Brockhaus 

CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice

ARTISTES : Nino SurguladzeGala El HadidiMarc LahoFlorian LaconiSilvia Dalla BenettaLionel LhoteLaurent KublaNatacha KowalskiAlexise YernaPatrick DelcourPapuna TchuradzeRoger JoakimAlexandre Tiereliers

 8 REPRÉSENTATIONS :  Du vendredi, 26/01/2018 au vendredi, 09/02/2018

2._carmen_repetitions_scene_suite_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-8_pp.jpg

«Carmen met le monde qui l’entoure sans cesse au défi. C’est une femme
forte, libre, jeune, jamais vulgaire. Elle est intelligente, sensuelle, courageuse!
Les qualificatifs ne manquent pas. Toutes les femmes peuvent se reconnaître
en elle. Elle est et restera intemporelle. C’est en cela que réside sa force et
sa grandeur.»
«Bien que Carmen s’insurge contre les tabous de notre société, bien
qu’elle puisse être parfois cruelle, c’est une femme authentique, qui sait ce
qu’elle veut. Elle ne ment jamais, elle a un don pour l’amitié, pour l’amour
inconditionnel. [...] C’est une femme libre qui, au nom de cette liberté qui
lui est si chère, est prête à sacrifier sa vie! Comment ne pas s’attacher à une telle personnalité?»


Nino Surguladze in L’Opéra - International Magazine, Spécial Opéra Royal de Wallonie-Liège, supplément au n°19, Milano,septembre 2017, p. 60

Lire la suite...
administrateur théâtres

Dialogues des Carmélites, l’opéra le plus célèbre de Francis Poulenc (1899-1963) fut créé à Bruxelles en 1959, soit deux ans à peine après sa création à la Scala et à Paris. C’est une œuvre tragique magistrale, musicalement et dramatiquement. Elle a cette qualité royale : «  la force » et « le dépouillement », pourrait-on ajouter.  L’histoire de ces carmélites décapitées durant la Révolution française est connue par le récit qu’en fit l’une d’entre elles. Sur la nouvelle "La dernière à l'échafaud", de Gertrud von le Fort (1931), Georges Bernanos livre un dialogue de film qui sera publié en 1949, quelques mois avant que la mort ne l’enlève à un public fervent qui n’avait cessé de s’élargir.

L’image contient peut-être : une personne ou plus, mariage et intérieur

 

 Les nombreuses prières que comptent l’œuvre confèrent une aura sacrée à l’œuvre. Elles soulignent le refus du compromis et de la transaction. Elles cristallisent l’honneur chrétien : une relation fusionnelle de l’honneur humain et de l’amour du Christ pour les pauvres humains. Blanche incarne un miracle. La faiblesse, la fragilité et la peur sont transfigurées en héroïsme quand la terreur et la violence iconoclaste compromettent ce que nous avons d’élévation et de civilisation.

dialogues_patricia_petibon_blanche_de_la_force_stanislas_de_barbeyrac_chevalier_de_la_forcecbaus_0.jpg

 

A la mort prodigieuse de la prieure, crucifiée par le doute sur  la couche verticale de sa chambre  de nonne, la grâce inonde l’esprit de la jeune Blanche comme  une vague de tendresse éternelle. Ce mot « tendresse » effleuré par la sainte femme, mère de toutes les filles,   elle se l’était réservé comme ma seule chose à emporter.  Ce viatique pour l’au-delà est un trait d’union.  La mort des carmélites qui n’ont pas renoncé à leur foi est un manifeste contre tout ce qui blesse ou avilit l’être humain. La délicieuse sœur Constance, accède aux plus hautes valeurs sans jamais les trahir grâce à ce que Bernanos nommait « l’esprit d’enfance ». Un mélange de pureté, de joie pure, d’idéal et de goût absolu de Dieu. Les deux interprétations de ces  deux rôles de vestales sont immaculées, tout comme leur blanches robes!

 

Les tableaux intimistes d'Olivier Py se succèdent et  déploient de bouleversantes émotions. La tristesse du père qui voit sa fille se condamner au Carmel, la détresse physique et morale de la jeune Blanche qui est envahie par une peur maladive, les murs mouvants qui se referment sur les couleurs du monde, la  souffrance et la peur délirante de la mort de la prieure vue du ciel, l’ultime rencontre de Blanche avec le chevalier de la Force désespéré de voir sa sœur s’enterrer vivante, la déroute des priantes universelles de l’amour face à  la sauvagerie de l’invasion de la soldatesque, le caractère ambigu de l’aumônier démis de ses fonctions,  tout est suggéré de manière minimaliste mais tellement chorégraphique, au sens étymologique du terme. Le mythe brille dans la caverne! Le point culminant de l’opéra est un point d’orgue poignant et sans doute inoubliable par sa majesté.   Le sacrifice des nonnes sera libératoire lorsqu’elles s’éparpilleront une à une dans l’espace étoilé, à chaque coup de guillotine,  leur prison terrestre s’étant ouverte à l’infini de l’univers. Vision extraordinaire d’alpha et d’oméga sur l’onde musicale du Gloria Patri… On a le souffle coupé!

dialogues_sandrine_piau_soeur_constance_mireille_capelle_mere_jeannecbaus_0.jpg

 

  L’Orchestre symphonique et les Chœurs de la Monnaie (chef des chœurs Martino Faggiani)  

Il n’y a pas plus vivant que les nuances de gris… dit-on !  L’interprétation du chef d’orchestre Alain Altinoglu, directeur musical de la Monnaie, à la tête de l’orchestre ne cesse de fasciner par le scintillement des émotions et la souplesse des atmosphères. Il ne cesse d’allumer mille et un feux. La palette des sentiments aussi sombres que les costumes et le décor est faite de veloutés, de crépitements,  d’explosions, de signaux d’alarme prémonitoires, de plaintes, de craintes et d’héroïsme flamboyant, spirituel et charnel. 

Peter de Caluwe a réuni une  double distribution éblouissante, choisissant parmi les plus belles voix féminines  du chant français et belge : la soprano Patricia Petibon et la belge Anne-Catherine Gillet, dans le rôle de Blanche de la Force ; les sopranos Sandrine Piau et Hendrickje Van Kerckhove  pour Sœur Constance de Saint-Denis ; la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo  pour Madame de Croissy ; les sopranos Véronique Gens et la jeune Marie-Adeline Henry dans le personnage de Madame Lidoine ; les mezzo-sopranos Sophie Koch et Karine Deshayes dans Mère Marie de l’Incarnation.  Pour les rôles masculins, nous avons admiré la prestance du  baryton-basse français Nicolas Cavallier dans le Marquis de la Force et l’intense  jeune ténor Stanislas de Barbeyrac (débuts à la Monnaie) dans le Chevalier de la Force. Guy de Mey dans le rôle de l’aumônier  … ce rôle, ambigu ?

Nous  nous interrogeons, au passage sur l’intrépidité de La Monnaie à oser présenter une œuvre qui met en scène l’héroïsme religieux et pour certains, une forme de fanatisme, qui devrait pourtant baisser pavillon  par les temps qui courent… Provocation? Le public n’a qu’à réfléchir ! Sans nul doute!

 DISTRIBUTION

Direction musicale ALAIN ALTINOGLU
Mise en scène OLIVIER PY
 
Décors et costumes PIERRE-ANDRÉ WEITZ
Éclairages BERTRAND KILLY
Chef des chœurs MARTINO FAGGIANI
 
Le Marquis de la Force NICOLAS CAVALLIER
Blanche de la Force PATRICIA PETIBON / ANNE-CATHERINE GILLET*
Le Chevalier de la Force STANISLAS DE BARBEYRAC
L’Aumônier du Carmel GUY DE MEY
Le Geôlier, Thierry, M. Javelinot NABIL SULIMAN
Madame de Croissy SYLVIE BRUNET-GRUPPOSO
Madame Lidoine VÉRONIQUE GENS / MARIE-ADELINE HENRY*
Mère Marie de l’Incarnation SOPHIE KOCH / KARINE DESHAYES*
Sœur Constance de Saint Denis SANDRINE PIAU / HENDRICKJE VAN KERCKHOVE*
Mère Jeanne de l’Enfant Jésus MIREILLE CAPELLE
Sœur Mathilde ANGÉLIQUE NOLDUS
Premier commissaire YVES SAELENS
Second commissaire ARNAUD RICHARD
 
ORCHESTRE SYMPHONIQUE & CHŒURS DE LA MONNAIE
ACADÉMIE DES CHŒURS DE LA MONNAIE s.l.d. de BENOÎT GIAUX
 

 

 

https://www.lamonnaie.be/fr/program/426-dialogues-des-carmelites

en live sur
operavision.eu
15.12.2017

diffusion sur Klara
13.01.2018

diffusion sur Musiq3
20.01.2018

streaming disponible sur
www.lamonnaie.be/fr/streaming
10.01 > 30.01.2018

Lire la suite...
administrateur théâtres

Second Degré

...comme on les aime !

Déflagration : entre fable d’histoire naturelle et scalpel qui dépiaute les maladies de la société, Geneviève Damas se livre, sur papier et sur le plateau, au propre et au figuré, sans réserves comme si l’urgence était de sauver une espèce en voie de disparition, celle de la femme vivante, animale, animée de désir, prête à risque tout pour vivre sa vie de chèvre de Monsieur Seguin : enfin libre d’ « être », même au risque de se faite dévorer. Plutôt que de se sentir la corde au cou, corvéable à merci et d’être rangée parmi les robots nés pour servir les hommes. C’est dit. Bien qu’à demi-mots. Car la peine profonde reste toujours très silencieuse si pas muette.

LaSolitudeDuMammouth-DominiqueBreda5 Bérénice est une femme parfaite, comme dans American Beauty. Elle fait tout, contrôle tout, jusqu’au moindre brin d’herbe du gazon, jusqu’au nombre de pommes du pommier qui trône dans son paradis sur terre. Mais elle se meurt aux côtés de son professeur de mari, qui ne rêve qu’à ses palmes académiques. Sauf que, lorsque son mec, met les bouts avec une jeune et ravissante monture pour ses ébats amoureux, elle s’écroule d’abord, et croque ensuite avec délices, question de se relever, la pomme de la vengeance. Plus la violence est dissimulée, plus elle la galvanise. Elle perd tout principe moral, toute notion de civilisation et renoue dans un crescendo renversant, avec la sauvagerie originelle. Là est la fable. Le rire salvateur est au rendez-vous, il fuse à chaque ligne du monologue. Le jeu théâtral et la mise en scène sont succulents. On ressort rincé et rafraîchi par ce déluge de fantasmes qui déboulent sur scène et dans le texte, au rythme d’une révolution cosmique. Bousculant tous les codes, retournant toutes les médailles, faisant feu de la moindre convention, l’écriture est incisive et tranchante. Le texte se dévide, implacable. La mise en scène des frustrations et des désillusions sonne on ne peut plus juste …et la vengeance sophiste sur l’estrade sera caricaturale. Une fausse justice fait écho à une cause désespérée !

Geneviève Damas pendant une répétition de "La Solitude du Mammouth"

Grande habileté artistique due à la connivence des artistes, Emmanuel Dekoninck, le metteur en scène, joue un duo parfait de ce texte bourré de dynamite, avec la romancière et la comédienne, Geneviève Damas. L’action se précise au rythme corrosif d’un succulent thriller, qui n’est pas sans rappeler des nouvelles de Roald Dahl ou des romans de Barbara Abel.

25158013_1895501763798032_8434870910700125811_n.png?oh=c64d9c143c839e2fe8e7164aced5fcf8&oe=5A88EF33Aussi désillusionnée qu’une Madame Bovary, Bérénice déclare la guerre à qui lui a ravi son désir, rendu la vie étriquée, mis les sentiments aux abonnés absents …. Comme Médée, cette Bérénice a deux enfants. Ils sont invisibles, Rufus et Paëlla. Elle les laisse sans vergogne aux soins de la voisine. Qui sait, une chance pour eux ? Au passage, quelle preuve de désamour que ces noms-là ! Et comme la Médée antique, elle découvre la cruauté sans limites, se servant de la vengeance pour combler son abandon et y survivre. La loi sauvage du plus fort prévaudra. C’est comme cela, en histoire naturelle. La caricature est diablement efficace. Il n’y a rien d’innocent dans la démarche. Et il y a des plumes à perdre pour certains adeptes des robots féminins living in a Perfect World !

http://theatre-martyrs.be/saison/la-solitude-du-mammouth/8FE8AF55-D332-B17E-18F4-9A1A90CD7F22/

La solitude du mammouth

Lire la suite...
administrateur théâtres

 « Qu’il eût été fade d’être heureux ! » Parlant du bonheur selon Marguerite Yourcenar, Jeand’Omerson  l’accueille en 1980 à l'Académie française avec ces mots :

...La conclusion aurait pu, tout aussi bien, être exprimée par Hadrien, par Zénon, par n’importe lequel, en vérité, de vos héroïnes ou de vos héros : « La seule horreur, c’est de ne pas servir. »

 

« Je m’appelle Marie : on m’appelle Madeleine » Son identité est dès le départ niée par les autres! Elle se sentira mise « à-part ». C’est un être « à-part » qui nous apprend à décliner le mot « aimer », son anagramme! Pas à pas on écoute les fracas de son coeur brisé. Pas à pas on la rejoint dans son désir d’élévation.  « Il ne m’a sauvée ni de la mort, ni des maux, ni du crime, car c’est par eux qu’on se sauve. Il m’a sauvée du bonheur. » 

 

 « Marie-Madeleine ou le Salut » est l’unique nouvelle de « Feux » qui ne repose pas sur un personnage issu de l’Antiquité classique mais sur un personnage biblique : Marie-Madeleine. Marguerite Yourcenar s’appuie sur  le mythe évoqué par Jacques de Voragine dans La Légende Dorée, selon laquelle Marie-Madeleine, habitante du village de Magdala sur la rive occidentale du lac de Tibériade,  était  appelée à devenir l’épouse de Jean. Ce récit de prose lyrique met en scène le désir brûlant que Marie-Madeleine éprouve pour Jean le jour de sa nuit de noces, sa déception lorsque Jean la quitte subitement avant l’aube pour rejoindre Jésus.  Le texte déploie la  passion ardente qui naît en elle,  à la rencontre du Christ. Le mariage n’avait pas été consommé, la jeune femme est considérée  comme une prostituée : « Les enfants du village découvrirent où j’étais ; on me jeta des pierres. » En traversant la douleur, elle dépasse le bonheur et accède à l’illumination.

23380343_10159572953450654_3978843694952626260_n.jpg?oh=6d6ac3e18d9df9fc9c80a67e43ed0edd&oe=5AA567CC

Extraordinaire... le texte en solo déchirant, et sa mise en mouvement! Fascinant!

Un spectacle où l’on palpe tout ce qu’on voit, et on touche ce qu’on entend.  Mis en scène  par  Monique Lenoble, le spectacle à la fois beau et bouleversant. Il se déroule comme une installation vivante qui se percherait mot à mot, sur un texte fabuleux. Marie-Madeleine, la jeune femme est sublime dans ses attentes, bouleversante dans ses déceptions, poignante dans son cheminement. Libre et assumée. Chacun de ses gestes est ciselé comme une cérémonie. Le décor est un antre de pierres nu,  magnifiquement exploité. On y retrouve le village, le banquet, la chambre nuptiale, l'arrestation de Jésus,  le pied de la Croix,  le  tombeau du Christ, la flamme de l’illumination après celle de la passion.

La musique – un faisceau d’harmonies et de vibrations comme le début d’un cantique, est un appel vers l’ouverture du cœur et vers l’élévation. Le texte se déploie en trois actes, soutenus par des jeux envoûtants de drapés très évocateurs. Il y a Marie, un peu espiègle et séductrice -  Marie-Madeleine, la courtisane - et enfin  Madeleine, l’amoureuse de Dieu.  Du tissu symbolique qui donne vie au feu de la passion. Chaque mouvement est empreint de noblesse, de délicatesse et d’authenticité.

La salle, hélas bien peu nombreuse se tait, interdite devant le mystère qui se joue.  La beauté inonde jusqu’aux murs  et plafond. On se trouve au cœur de la passion.  Le bouquet se compose d’érotisme brûlant. La symbolique chatoyante  de la chevelure et de l’offrande du corps font voyager du mystère féminin  à la spiritualité. L’intensité du regard de femme  guide les pas vers l’intelligence de cœur. Le texte finit parfois par se perdre dans un trop plein d’émotion murmurée, mais dans l’ensemble, la diction est  jeune, belle et rebelle, vierge de toute  affectation, tant elle vient du plus profond de l’être. Cette trinité de texte, de corps et d’art de la mise en scène se  savoure comme un vin rare et capiteux!  Enivrez-vous! Plus tard, rentré chez soi, on aimera se procurer le texte pour en revivre toute l'humanité. 

Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu...Jean Cocteau

http://www.theatrepoeme.be/programmation/marie-madeleine-ou-le-salut/

CYCLE MARGUERITE YOURCENAR
Création
Texte de Marguerite Yourcenar
Mise en scène et scénographie : Monique Lenoble
Avec Laetitia Chambon
Stylisme : Bouzouk
Vidéo : Marie Kasemierczak
À l'initiative de Michèle Goslar
Lumière et régie : l'équipe du Poème 2

Du 15 novembre au 3 décembre 2017
Les mercredi à 19h, les jeudi, vendredi et samedi à 20h et les dimanche à 16h

Réservations : reservation@theatrepoeme.be // 02 538 63 58

liens utiles: 

http://palimpsestes.fr/textes_philo/yourcenar/ormesson.html

https://perso.univ-lyon2.fr/~mollon/Feux/doc/PleinsFeux-MarieMadeleine.pdf

Lire la suite...
administrateur théâtres

Un grand amour

Intérieur bourgeois  et sans éclat.  Un fauteuil presque Voltaire, une petite table de chevet ronde qui a perdu sa vitre, et dessus un verre à liqueur et une bouteille de spiritueux d’origine allemande.  Les motifs de la  tapisserie, faite de lourds feuillages de  jungle, se prolongent au sol. Au centre, l’oeil du monde: un immense miroir doré se penche vers les spectateurs et dans lequel ils se voient. C’est sans doute cela,  le plus important.  L’adresse du spectacle sera multiple : la comédienne à elle-même, la femme de l’histoire à sa conscience assassinée, cette même femme aux générations d’après, cette femme-comédienne et son double au public présent et à chacun en particulier. La salle est comble.

 C'était la première ce soir! La mise en scène de Jean-Claude Berutti est un chef d’œuvre. Splendide interprétation de Jeanine Godinas, qui creuse de façon poignante et imperturbable le fond des ténèbres, braque une lumière sans la moindre indulgence sur cette femme de... qui ne réussit pas à être femme à …part entière! Femme debout, qui aurait osé braver son mari et demander des comptes à la banalité du mal. Elle est au contraire, régulièrement abusée par les mensonges lénifiants du mari SS, commandant en chef des horreurs des camps d'extermination de Treblinka.

 Jeanine Godinas épouse donc  le destin de cette Madame Stangl pour en extirper l'horreur confondante. Elle balaye sans concessions et avec immense justesse les différentes étapes de la vie de cette femme de grand criminel de guerre qui prit délibérément - plutôt que viscéralement -  la passion amoureuse pour son époux, comme écran pour ne pas regarder la réalité en face! Fracassée par les doutes, elle se laisse néanmoins bercer d'illusions, malgré les preuves évidentes qu'elle récolte au fur et à mesure autour d'elle. On lui ment, elle se ment à elle-même et se trahit. Le grand amour qu’elle croit étreindre est voilé, fêlé par l’abominable vérité.  On est happé par la force des confidences, l'analyse minutieuse de la complexité des sentiments, la réalité des terribles vérités, et le charme charismatique de la belle personne et de la grande dame qui se trouve être comédienne! Une comédienne qui ne ment pas et que l’on regarde en vrai. Le je et son double. Une voix de chair et de femme, d’amour et de résignation lorsque le questionnement se meurt.   

« L’amour avait tenu la vérité, comme en suspens ! » Theresa Stangl réalise qu’il n’y a pas de cloison entre le travail aux « constructions dans le camp d’extermination  et les mises à mort. Et elle réalise que son grand amour lui a servi de cloison entre l’horreur du mal et son confort de mère de trois enfants. Tellement humain et tellement lâche à la fois ! Elle saisit fébrilement toute occasion de disculper celui qu’elle aime, même si au fond de son corps, la honte l’envahit, car le corps sait. Ses pensées s’enlisent dans le magma des mensonges.

Grâce à un passeport du Vatican, un des  monstres responsables du génocide retrouvera sa famille en Syrie, puis s’installera au Brésil. Une terre où l’on ne parle pas de Sobibor ou de Treblinka. La femme se souviendra avec fierté de sa belle maison, des terrasses du confort… Et ne posera plus de questions.

Nicole Malinconi, l’auteur du  récit, insiste : « Pourquoi n’a-t-elle pas menacé de quitter son mari s’il ne quittait pas Treblinka ? « … si vous l’aviez acculé ? » Theresa se souvient des juvéniles rafales de questions qu’elle ne pouvait s’empêcher de formuler et  que son mari, possédé par Treblinka,  rejetait,  tantôt avec violence, tantôt avec douceur menteuse. Mais elle ne lui a jamais tenu tête ! Le confronter, aurait tué son «amour», …son seul viatique, son unique lumière.  Un amour voilé, fêlé, frelaté, obscurantiste auquel manquait le courage, et qui, dissimulant l’innommable, n'est même plus de l'amour.  « La vérité est une chose trop terrible pour que l’on puisse vivre avec elle». Et le reste… est questions. On n'en n'a pas fini! 

Lire plus: 

https://www.babelio.com/livres/Sereny-Au-fond-des-tenebres/438136

https://www.babelio.com/livres/Malinconi-Un-grand-amour/707474

http://docsapp.cccommunication.biz/users/134175/docs/un_grand_amour_dossier_diff_040517.pdf

http://www.rideaudebruxelles.be/les-tournees/3-programmation/682-un-grand-amour

https://vimeo.com/239447762

https://www.facebook.com/demandezleprogramme.be/posts/1612827142098015

https://artsrtlettres.ning.com/events/un-grand-amour-1?rsvpConfirm=1

Résultat de recherche d'images pour "un grand amour godinas photos"

du  26 octobre 2017 (à 20:15) au 19 novembre 2017 
Emplacement : Rideau de Bruxelles @ Théâtre des Martyrs
Rue : Place des Martyrs, 22
Ville : 1000 Bruxelles
Site Web ou carte : http://www.rideaudebruxelles.…
Numéro de téléphone : 02 737 16 01

Organisé par : Théâtre le Rideau de Bruxelles

Lire la suite...
administrateur théâtres

Opéra en 4 actes
Livret de Ruggero Leoncavallo, Marco Praga, Domenico Oliva, Giulio Ricordi, Luigi Illica et Giuseppe Giacosa
Créé à Turin en février 1893

18._manon_lescaut_officielles_-_site_logos_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-33.jpg

Le célèbre roman  de l’Abbé Prévost : Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut (1731),    se trouve incarné  en opéra  par  Daniel-François-Esprit Auber en 1856 et  par Jules Massenet , le « maestro colossale » selon les dires de Puccini, en 1884. Puccini quant à lui,   « all'italiana, con passione disperata » en 1893, abandonne  la jeune fille innocente et frivole  du XVIIIe siècle pour  ressusciter le destin d’une  femme sensuelle de son temps habitée par une folle énergie. Elle recherche passionnément les plaisirs de la vie, écartelée entre les attraits inconciliables du luxe et la vérité du désir amoureux. Devant la mort inéluctable, elle refuse de mourir: « No, non voglio morire ! »

Clair de lune au crépuscule. Les couleurs du premier acte sont celles du  Bal du Moulin de la Galette à Montmartre, peint en 1876 par Auguste Renoir. Une palette de bleus lumineux, de verts acides mêlés de glauques et de  violets intenses, les couleurs du spleen.   L’atmosphère est  bruissante, on joue aux  tables de bistrot au pied  de l’auberge d’Amiens. L’arrière-plan du plateau diffus tient de l’impressionnisme.  Une  foule animée, les femmes en robes à crinoline constitue des chœurs exubérants dans leur ode retentissante à la jeunesse et à l’espoir.   Tragédie ou comédie ? Quelle blague! La puissante soprano Anna Pirozzi  & le ténor sicilien Marcello Giordani, forment un  couple central intense et passionné, très bien accordé dans la voix et le jeu. Le timbre noble et chaleureux de l’un répond au diapason des émotions  à vif de l’autre.  

Le chevalier Des Grieux (Marcello Giordani) tombé amoureux de  l’ardente Manon (Anna Pirozzi) à sa descente de calèche,  revit  son rêve caressant  et son coup de foudre passionné :        Donna non vidi mai simile a questa!

        A dirle: io t'amo,

        tutta si desta -- l'anima.                                                    

        Manon Lescaut mi chiamo!

        Come queste parole                                            

        mi vagan nello spirto

        e ascose fibre vanno a carezzare.

        O susurro gentil, deh! non cessare!...  

3._manon_lescaut_officielles_-_site_logos_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-4.jpg

 Mais dès cet instant,  Des Grieux signe sa perte.  De son côté, Géronte, - au nom plus qu’évocateur - Fermier-Général de la Province de son état, séducteur caduc, conspire avec Lescaut (Ionut Pascu), le frère très vénal de la belle-promise-au-couvent. Le vieux barbon  se délecte à l’idée d’enlever sa proie et de l’installer à Paris dans un cadre princier. Impeccable prestation de Marcel Vanaud.

12._manon_lescaut_officielles_-_site_logos_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-18.jpg  

 Grande ellipse narrative. Si Manon s’est enfuie avec Des Grieux à Paris, elle l’a très vite trahi  pour se retrouver dans l’écrin de  la richesse. Les décors somptuaires sont  de Jean-Louis Lecat. Au centre du plateau, trône un superbe escalier d’honneur. Manon  a franchi d’un coup toute l’échelle sociale.   La voilà à sa toilette,  face au miroir de la foule, adulée et caracolant effrontément sur  l’orchestration ferme, gracieuse et brillante de Speranza Scapucci. Laquais, femmes de chambre et perruquier, sont empressés. Son frère, Lescaut  se vante «  c’est grâce à moi que tu as échappé à l’étudiant ! ». Mais au milieu de ses dentelles, Manon livre son cœur déchiré : in quelle trine morbide...                              

       nell' alcova dorata v'è un silenzio..                           

        un freddo che m'agghiaccia!..

        Ed io che m'ero avvezza

        a una carezza

        voluttuosa                                                      

        di labbra ardenti e d'infuocate braccia...

        or ho... tutt' altra cosa!                   

                O mia dimora umile,

                tu mi ritorni innanzi

                gaia, isolata, bianca                                   

                come un sogno gentile

                e di pace e d'amor! 

Manon  s’étiole devant les madrigaux commandés par Géronte. Le chant de pastoureaux libres et heureux la rend nostalgique!   Les secrets du menuet la font enrager au bras du vieux barbon qui l’a couverte d’or ! On attend avec impatience  le magnifique duo avec son amant très en colère  qui débarquera miraculeusement. Dunque non m'ami più?

            Mi amavi tanto!

            Oh, i lunghi baci!  Oh, il lungo incanto!

            La dolce amica d'un tempo aspetta

            la tua vendetta...                                         

            Oh, non guardarmi così: non era

            la tua pupilla

            tanto severa! 

 Manon implore son pardon, l’amour fait le reste.  La chef d’orchestre divine,Speranza Scapucci, dont c’est la première apparition  comme chef principal attitrée de l'ORW-Liège, pour la saison 2017-2018 est une  fabuleuse créatrice d'atmosphères. Elle enlace son orchestre  dans  d'intrépides  étreintes musicales qui deviennent ivresses  de sentiment. Sa baguette passionnée tresse les émotions, prenant  le ciel et les astres à témoin. Les amants tragiques se sont rejoints au pied des fauteuils de l’élégant salon. Point culminant intense de la rencontre amoureuse… balayée par l’arrivée du vieillard en colère : « C’est là vote remerciement ? » L’orchestre traduit les battements de cœur de la femme prise au piège. Des Grieux la  conjure  de fuir avec lui… Mais Manon est décidément incorrigible. Elle est  éblouie par les mirages du luxe largement amplifiés par  les  cuivres brûlants de l’orchestre. Elle perd du temps, caresse langoureusement les meubles précieux, part à la recherche des bijoux qu’elle veut emporter ! Des Grieux est sombre : «  quel avenir obscur feras-tu de moi ? »  « N’emporte que ton cœur!» supplie-t-il !

Après l’arrestation des amants  à la fin du deuxième acte, place  à un splendide intermezzo pendant lequel on lit dans les pensées de Des Grieux : « C’est que le l’aime avec une passion si violente qu’elle me rend le plus infortuné des homes J’ai tout employé, à Paris pour obtenir sa liberté : sollicitations adresse, force m’ont été inutiles. J’ai pris le parti de la suivre, dût-elle aller jusqu’au bout du monde ! » Une citation du texte de l’Abbé Prévost.   Les cordes font vibrer le désespoir. Le violoncelle soliste  dialogue avec l’alto soliste, puis le violon solo avant l’entrée de tout l’orchestre qui répand des vagues successives d’angoisse. Crescendo puissant et inéluctable…pour annoncer le mélodrame final. Speranza Scapucci reçoit des applaudissements très largement mérités.  Au troisième acte, nous sommes au Havre.  Le jour se lève sur le quai où seront amenées les femmes de mauvaise vie en partance pour L’Amérique, terre de bannissement. Le mélange insolite de paquebot à vapeur et de bateau à roues à aubes… suscite l’admiration du public. Le traitement des malheureuses femmes que l’on fait monter à bord remplit d’effroi! C’est l’appel : Rosetta! Manon! Ninetta! Regina! Violetta! Toutes malmenées et méprisées. La foule de badauds  est contenue par la police. Magnifique réglage scénique.  L’orchestre polit les affres de douleur de Manon, prisonnière derrière une grille ; l’amour est son crime ! La passion  des amants  et les envolées lyriques sont à leur comble.

L’image contient peut-être : une personne ou plus

Des Grieux  bouleverse la foule assemblée et le public par sa décision de suivre Manon en exil. Le quatrième acte est une vallée de larmes partagée par le couple maudit, dévoré par la soif au milieu du désert qu’ils doivent traverser pour rejoindre la colonie anglaise. Ils sont exténués et impuissants. Manon, malgré la fièvre et l’épuisement, reste forte, comme en témoigne sa voix ! Sola... perduta... abbandonata!.. Sola!..                       

        Tutto dunque è finito. E nel profondo

        deserto io cado, io la deserta donna!

        Terra di pace mi sembrava questa...

        Ahi! mia beltà funesta,                                          

        ire novelle accende...

        Da lui strappar mi si voleva; or tutto

        il mio passato orribile risorge

        e vivo innanzi al guardo mio si posa.

        Di sangue ei s'è macchiato...                                    

        A nova fuga spinta

        e d'amarezze e di paura cinta

        asil di pace ora la tomba invoco...

        No... non voglio morire... amore... aita! 

 Mais le désert brûlant engloutira une à une, ses  fiévreuses paroles  d’adieu à la vie... « Sur mes fautes l’oubli s’étendra, mais l’amour vivra ! » sont  les  dernières paroles de Manon, sur lesquelles Des Grieux finit par rendre l’âme.   

 

La direction habile des chœurs très mobiles  est confiée à Pierre Iodice.   Les superbes éclairages de  Franco Mari font vibrer les émotions, les costumes  de Fernand Ruiz déploient richesse et imagination tandis que la  soigneuse mise en scène de Stefano Mazzoni Di Pralfera est loin de décevoir. Au deuxième acte, comme dans une maison de poupée, les différents plans offrent l’illusion de caméras qui pénètre dans plusieurs décors à la fois. Mais par-dessus tout, on gardera en mémoire  ces deux mains qui se cherchent, l’une à bord du navire, l’autre sur le quai…. 

19._manon_lescaut_officielles_-_site_logos_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-43.jpg

Speranza Scappucci dirige l'Orchestre et les Choeurs de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège. 

MISE EN SCÈNE : Stefano Mazzonis di Pralafera

CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice

ARTISTES : Anna PirozziMarcello GiordaniIonut PascuMarcel VanaudMarco CiaponiAlexise YernaPatrick DelcourPietro Picone

NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 5 DATES : Du mardi, 19/09/2017 au samedi, 30/09/2017

Infos & Réservations http://bit.ly/2xUkMY3    

Jeudi, 28/09/2017

L'Opéra Royal de Wallonie, en association avec la société de production Jim et Jules, la RTBF et France Télévisions, propose une diffusion en direct sur Culturebox, l'offre numérique dédiée à la culture de France Télévisions, sur medici.tv et sur le site de la RTBF de l'opéra de Puccini. http://culturebox.francetvinfo.fr/

           

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Extrait du discours de Patrice Lumumba le 30 juin 1960

« Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.

Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres.

Qui oubliera qu’à un noir on disait ‘Tu’, non certes comme à un ami, mais parce que le ‘Vous’ honorable était réservé aux seuls blancs !

Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.

Nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. »

https://nofi.fr/2017/09/patrice-lumumba/42817

 L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout, salon et intérieur

 

Pertinent et percutant, Rémi De Vos croise  ici  un vaudeville modernisé portes ouvertes à tous vents, le théâtre de l’Absurde,  le pamphlet et le dîner de cons … pour obtenir un cocktail explosif qui sert de subtile métaphore  en noir et blanc, pour condamner  la société ultra-libérale,  dans son acception la plus péjorative. Tout en mettant en lumière  la faillite de la colonisation de l’Afrique, la pièce dénonce la violence qui donne au pouvoir et à l’argent tous les droits d’écraser, de maltraiter ou d’exploiter autrui et même …la planète où l’on vit.

 

2017. La pièce se déroule à Huis-ouvert sur la pluie diluvienne qui rend  la circulation impossible, autour d’une villa 2.0 dans une banlieue aisée de Kinshasa, où habite depuis 30 ans un couple d’expatriés sans enfants, Ruben et Mathilde, femme élégante, désœuvrée et esseulée.   Le cadre intérieur est frigorifiquement blanc… avant qu’il ne s’ouvre sur la noirceur de l’histoire. Référence obligée à Joseph Conrad et son roman  Heart of Darkness (Au cœur des ténèbres). Les personnages s’abreuvent régulièrement de whisky pour tenter de noyer l’absence de valeurs,  d’éloigner les catastrophes et gommer les énergies négatives.  Le malaise congolais  infuse.  Louise (Priscilia Adade) est au service du couple depuis deux ans. Elle est traitée par le maître des lieux …comme on ne traite pas les domestiques,   mais  avec bienveillance,  comme une secrète confidente par l’épouse.  Panthère (Jérémie Zagba) incarne un sien « cousin »,  avec lequel la jeune africaine prendra sa revanche sur sa servitude obligée.

 Il y a un couple invité de nouveaux-arrivants : Daniel et Corinne, qui ne s’accordent qu’en apparence, la cravate de l’un assortie au bleu roi de la robe de l’autre. Daniel désire ardemment rencontrer Paul Dyabanza (Ansou Dhiediou), un membre du gouvernement pour faire affaire  dans le créneau du caoutchouc. Les regards de Daniel (Benoît Van Dorslaer) dérivent sur la beauté sculpturale de Louise,  la domestique africaine, ridiculement montée sur stilettos,  par décision du patron. Daniel tient d’entrée de jeu un discours  totalement insupportable vis-à-vis de sa femme. Superbe répartition des rôles.

Philippe Jeusette campe un formidable Ruben, géant bruyant, aux pieds d’argile qui voit  progressivement ses espoirs de fortune fondre sous le ciel africain détrempé. Tout l’art de la redoutable palette de comédiens dirigés par Frédéric Dussenne sera de dégager au fur et à mesure une condamnation muette  et accablante de ces expats qui se croient tout permis, affolés par l’appât du gain ou le désir charnel exotique. Le spectateur se met rapidement à souhaiter  redonner une dignité aux africains dont les apartés en langue locale, les  regards et les postures en disent si long.    Dans ce jeu de souricière, les femmes européennes sont quelque peu épargnées. Toutes deux - l’une, blasée de la vie (Mathilde /Valérie Bauchau) et l’autre, (Corinne/Stéphane Bissot) d’une naïveté de Perette ou de Bécassine - savent quelque sagesse et  émotions humaines garder.  Toutes deux, dans des genres diamétralement opposés, sont rompues à un   langage corporel  extrêmement éloquent, le seul où elles se sentent un peu moins bridées.

Au cours de la rencontre, la tension monte et Paul Dyabanza en profite pour diffuser à doses de  moins en moins discrètes, des vérités de moins en moins agréables à entendre pour les deux bouffons blancs. « Ici, même quand sa famille a disparu, on lui reste attaché, Les morts sont aussi importants que les vivants » assène-t-il à Corinne, qu’il trouve plus acceptable que les autres expats, par son côté « peuple ». Une terrible phrase de Lumumba lui échappe : …. « Nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. »

 L’auteur ménage soigneusement  jusqu’à la fin la montée en puissance des serviteurs de l’homme blanc, et la menace qui pèse sur l’avenir des Européens assoiffés de profit. Et la fin explose en  brillante  pantalonnade sociologique, aussi désopilante que cruelle et lucide.  

A souligner, les superbes jeux de lumière signés Renaud Ceulemans et la scénographie de Vincent Bresmal.

Du 12.09 > 14.10  Au THÉÂTRE DE POCHE

http://www.rideaudebruxelles.be/13-videos/680-botala-mindele

Écriture: Rémi De Vos
Dramaturgie et mise en scène: Frédéric Dussenne 
Avec Priscilla Adade, Valérie Bauchau, Stéphane Bissot, Ansou Diedhiou, Philippe Jeusette, Benoît Van Dorslaer, Jérémie Zagba.

Scénographie: Vincent Bresmal 

Crédit photos: Alice Piemme

http://www.rideaudebruxelles.be/

Du 17 au 21 octobre 2017
Aula Magna - Place Raymond Lemaire à 1348 Louvain-la-Neuve
Infos et rés. : 0800/25 325 - www.atjv.be/Botala-Mindele

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

La mer est innocente

Elle ressasse, se met en colère, se fait tendresse et se fait berceau de rêves, tout comme les rivières. …mais  la mer ne se tait jamais.  Taire la parole, c'est ne pas la mettre au monde, c'est de l'amour mort-né.  Cette proposition d’écriture plurielle bien rythmée rompt le silence délétère, donne la parole à deux femmes qui ont souffert   et sera présentée au Festival d’Avignon cet été au Verbe Fou.

La source d’inspiration du trio est  un  texte :  Lampedusa Beach de Lina Prosa  qui a obtenu le “Premier Prix National pour le Théâtre Public Annalisa Scafi” à Rome en 2005.  Celui-ci fait partie de la Trilogie du Naufrage débutée  par Lina Prosa en 2003. Lampedusa Beach raconte le naufrage de Shauba, immigrée africaine clandestine, à proximité de l’île de Lampedusa. Le texte met en scène le temps de descente  du corps de la femme dans les abysses de la mer.  Pauline Rémond, maitre d’œuvre de l’écriture collective rebondit sur cette Odyssée moderne des clandestins et leur rêve d’une vie européenne et le relie à la parole d’une autre femme d’un tout autre lieu, noyée elle  dans une  rivière de viols successifs.

Deux violences s’articulent et s'explicitent  dans la parole de ces deux femmes, l’une sourde, presque invisible, comme la fêlure d’un vase que l’on n’ose toucher, l’autre abrupte dans des punchlines glaçantes et dans une chorégraphie fascinante de beauté, baignée d'innocence. Si la danse de la deuxième semble la porter inexorablement vers le fond, est-ce pour retrouver l’enfant ?

Une image très belle dans le texte  est celle de la perle de l’huître, une reine de la nature qui sait  pratiquer l’exorcisme. La mise en scène et en lumière de Maxim Prévôt nous donne à voir une lueur diffuse dans les mains d’une des deux femmes,  dans ce qui semble être  à s'y méprendre,  une boule de cristal.  Mais non, c’est un vase  rempli d’eau  transparente, un  élixir aigue-marine qui symbolise la beauté  immaculée de la Grande Bleue. Si celle-ci nous semble impitoyablement vorace, au vu des victimes des  barques de l’espoir qu’elle ensevelit,  il faut chercher autre part, la cause des malheurs. Est-ce l’homme qui pervertit la beauté du monde? Est-ce la rencontre et le partage d’un cornet de glace qui  soudain, dégèlerait les cœurs?

Le monologue muet de la danse de l’une entraîne la naissance de la parole de l’autre, et se transforme en dialogue. La parole et la danse coulent comme des larmes. Les yeux des deux comédiennes projettent leurs  indicibles  émotions. Le public est traversé par  le va-et-vient redoutable de  ces deux portraits de femmes  aux douleurs et aux modes d'expression complémentaires et se retrouve  presque en apnée. La gestuelle de Clara Parr Gribbell aura laissé dans l’âme, une  larme indélébile.  Devant le pire, c’est le silence qui est dévastateur. Et ni la femme, ni la mère ne se taisent. La parole est le viatique de la vie et comme la mer, elle est toujours recommencée…  

 

La mer est innocente
d'après " Lampedusa Beach " de Lina Prosa 
avec : Clara Parr Gribbell et Pauline Rémond
Mise en scène : Maxim Prévôt
Production : Compagnie les Rivages 

En avant-première, au théâtre de la Clarencière, à Bruxelles, le 1er juin 2017

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Une mère plus grande que nature

«Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »

 

Une interprétation d’envergure

Mangeur d’étoiles, bourré d’humour et de retenue,  homme de qualité, grand maître du seul en scène  sans une minute d’ennui  ou  l’ombre d’une gesticulation,  καλὸς κἀγαθός, est-il un gentleman anglais, ce Michel Kacenelenbogen  qui  endosse l’espace d’ un soir, la personnalité complexe de Romain Gary, héros de guerre, consul de France, écrivain prolifique et énigmatique?   Au pire moment, son interprétation  bouleversante du lien mère-fils, laissera le visage simplement  baigné de larmes. Les spectateurs émus, le visage saoulé de tendresse, redescendent les escaliers de la salle, la plupart en silence, le sourire aux lèvres, l’amour  diamant fiché dans le cœur.    

Le mystérieux Romain Gary dans « La promesse de l’aube » fait revivre son enfance échevelée en 400 pages d’amour absolu pour sa mère, Nina. Couvé par un regard émerveillé, il a été porté et enivré par un amour maternel inconditionnel. Pour lui, elle est le tout ! Et pourtant, indomptable,  colérique, héroïque, intraitable, possessive, se mêlant de tout, elle en fait trop, en tout, et tout le temps. Il en est conscient à chaque étape. Son seul rêve est d'essayer de ne pas la décevoir, mais la barre est bien haut.   De la Russie, à Paris, puis en Pologne et enfin à Nice, elle n’en finit pas d’accoucher du prince de ses pensées qu’elle ne cesse d’auréoler et d’aduler, quelles que soient ses  déboires pécuniaires. Déterminée, porteuse de ses ambitions, envahissante au possible, omnisciente, omniprésente, filivore, sa génitrice adorée …et parfois haïe est le modèle absolu de la Femme pour Romain Gary. Elle est  amour, compassion et tendresse.  Elle est Christique, et juive. Seule en ligne dans l’éducation de son fils unique, elle surmonte tous les obstacles, lui offre la meilleure éducation,  elle vante ses mérites imaginaires, lui rêve son avenir professionnel, encourage sa vie amoureuse, et projette sur lui son idéal masculin. Ce fils est sa victoire, et pas seulement une promesse.

«Ecoute-moi bien. La prochaine fois que ça t'arrive, qu'on insulte ta mère devant toi, la prochaine fois, je veux qu'on te ramène à la maison sur des brancards. Tu comprends ? » lui dit-elle, en lui administrant les premières gifles de sa vie. Il a dix ans et devient le chevalier protecteur de sa mère. A plusieurs reprises, il a  pourtant senti la honte du ridicule et l’humiliation l’envahir devant les autres. La passion se mêle  alors à la douleur. 

 

4029383686.jpg« Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es!
Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ? »

Une chose est certaine, c’est  elle qui  lui a transmis sa force et sa  fierté démesurée. Sa dernière lettre en témoigne : « Sois dur, sois fort et continue… » Souligné trois fois. Quel viatique!

Une mise en scène sans aucune fioriture

Elle est signée Itsik Elbaz, lui qui a joué Momo aux côtés de Janine Godinas dans  « La Vie devant soi ».  Une mise en scène au naturel, comme s'il n'y avait pas de scène, juste de la confidence pleine de pudeur,  adossée à la tôle ondulée d’un hangar sur lequel courent des lucarnes de promesses  et des  images fugaces de  temps et de lieux. Et, au détour de passages particulièrement émouvants,  naît parfois la lumière intérieure de merveilleuses musiques diaphanes, belles comme des berceuses… russes dans l’âme peut-être.

LA PROMESSE DE L'AUBE

De Romain Gary
Mise en scène Itsik Elbaz. Avec Michel Kacenelenbogen

DU 16/05/17 AU 24/06/17

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=468

Mise en scène et adaptation: Itzik Elbaz

Assistanat à la mise en scène : Anne Sylvain

Scénographie et costume : Renata Gorka

 

Lumières : Laurent Kaye

Video : Sébastien Fernandez

Musique : Pascal Charpentier

LIENS/ 

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Promesse_de_l%27aube

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/La-promesse-de-l-aube

http://www.ina.fr/video/I14104478

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Avanti!L’image contient peut-être : 3 personnes, costume et intérieur

  Une  suite somptueuse avec balcon royal au cœur de Rome, vue sur la basilique Saint-Pierre sert d’écrin à ce vaudeville pétillant et polisson. Francis Huster joue le rôle de l’américain tranquille, Georges Ben Clairborne,  en quête du cadavre du père  décédé dans un malencontreux accident de voiture l'année précédente. Il a promis de le  rapatrier aux Etats-Unis. C’est vrai qu’il a du mal à ne pas trahir l’affaire, par son jeu si diablement français… Ingrid Chauvin joue à la perfection le rôle d’une ravissante comédienne anglaise de clips publicitaires, Alison Miller, en mal de retrouver elle aussi un  cadavre, celui de  sa mère morte dans le même accident. Pur hasard?

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes souriantes, personnes debout

L’Italie,  où se confondent vice et vertu et vice versa sera le philtre magique qui les fera tomber amoureux. Un Eden particulier sans la moindre notion de bien ou de mal… où l’on passe quatre jours sur un nuage en plein ciel totalement bleu avant de retomber sur terre, le cœur en compote de part et d’autre. Mais l’issue est perceptible d’avance : c’est l’efficace  combinazione 100% américaine de la femme haïssable dudit Monsieur, Diane Clairborne,  qui, ambitieuse et glaciale, remettra les horloges à l’heure de l’argent, du pouvoir de celui-ci, et du pouvoir tout court. Alice Carel épouse parfaitement le rôle de la sorcière mal-aimée à qui on ne peut dire que « Oui, ma chérie ! » pour avoir la paix. Elle sonnera très calmement le glas de l’historiette romano-napolitaine!  Et tout se déroulera selon ses augustes désirs… A peu de choses près, puisque l’histoire ne fait que se répéter, de générations en générations!

Il ne faut pas écouter les mauvaises langues qui soufflent que cette pièce est légère et insipide!  On a mis le pied dans une jolie Commedia Del Arte, version moderne, jouissive et  tellement rafraîchissante par sa joie de vivre intense !  Le spectacle est enlevé, porté par  des comédiens exceptionnels dans une mise en scène de Steve Suissa, ma foi typique des grands boulevards, mais quoi? Est-ce vraiment une tare? 

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout

Mais rien ne se ferait  bien évidemment, sans le sublime et malicieux Baldassare Pantaleone dit  Baldo qui convoque la magie théâtrale! Voilà une mouche du coche bienfaitrice  qui sape les plus grandes timidités. Un étrange dieu Cupidon, ange gardien, assistant incontournable des affaires … amoureuses, prêt à offrir ses services d’amant à qui veut, ou servir tout simplement d’entremetteur de la Cause.  Avec un flair et une versatilité surprenants, Thierry Lopez danse ce rôle à ravir et séduit la salle entière par ses 1001 tours de passe-passe. Hommes, femmes, enfants, tous se rendent à l’évidence du triomphe des graines d’amour semées à tout vent, face aux fétides vases de l’argent et du pouvoir! On ressort de ce spectacle, sorte de Vivre Pour Vivre à l'italienne, gavé de rires et de bonne humeur! 

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes assises, table et intérieur

A voir cette semaine au Centre Culturel d'Auderghem, 

Boulevard du Souverain 183, 1160 Bruxelles

02 660 03 03

AVANTI!  une pièce de Samuel TAYLOR


Mise en scène : Steve SUISSA
Avec Francis HUSTER, Ingrid CHAUVIN, Thierry LOPEZ (nommé aux "Molières 2016"), Alice CAREL, Romain EMON et Toni LIBRIZZI
Adaptation Dominique PIAT
Décors Ivan MAUSSION
Costume(s) : Hervé DELACHAMBRE
Lumières Jacques ROUVEYROLLIS
Musique : Maxime RICHELME

http://www.ccauderghem.be/index.php?mact=Agenda,cntnt01,DetailEvent,0&cntnt01id_event=64&cntnt01returnid=83

Lire la suite...
administrateur théâtres

 La porte à côté, une pièce qui rend heureux

Le décor ? Dans la nouvelle carte du tendre qui attend sur le plateau, les yeux se posent sur du dépouillement japonais intemporel et un contexte résolument contemporain habillé de superbes lumières changeantes. Un homme et une femme,  deux voisins conflictuels que tout  oppose jouent à cache-cache avec les  impressionnants éléments mobiles blanc neige, au pied évasé en corolle qui figurent différents espaces : chez lui, chez elle, sur le palier, devant un superbe ascenseur …pour  le septième ciel?

 Les deux personnages présentent, furtivement et à l’insu de l’autre,  leur alter ego  à travers extraits de vidéos  filmés aux abords du théâtre dans la merveilleuse Galerie. Entre les tableaux effervescents, les deux personnages se retrouvent  assis face au public,  rêvant tout haut devant leurs écrans d’ordinateurs, grandeur murale, où  progresse  leur pénible recherche du compagnon de vie idéal sur un site d’affinités.  Difficile de ne pas être immédiatement  subjugué par la multiplicité des approches, la cohésion des sensations visuelles, auditives, spatiales et le contraste explosif et provocateur des deux personnages en présence. Une mise-en scène fulgurante d’Alain Lempoel  sur la musique de  la septième symphonie de Bruckner. 

Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps 

A travers le texte pétillant de  Fabrice Roger-Lacan, petit-fils du psychanalyste, C’est Marivaux qui débarque, Woody Allen qui joue à la Saint-Valentin, et le coup de foudre malgré un déluge d’oppositions et d’humeurs féroces. C’est un jeu comme on les joue aux fêtes de mariage pour voir comment un couple s’accorde.  Et ce sont des personnages magnifiquement à l’unisson qui font palpiter les coeurs, malgré leur profonde disparité.  La chamaillerie en continu cache une  fatale attraction … Elle a la voix pressée, autoritaire, sérieuse d’une emmerdeuse de compétition et d’une intello misanthrope, Psy de surcroît!  Lui est affable, nonchalant, bohème, tolérant et moqueur quoique marketing manager inquiet pour une marque de yaourts. Ils ne seront jamais d’accord sur rien sauf être d’accord qu’ils ne sont pas d’accord. Les raisons de disputes sont des plus futiles : trop de bruit, des clefs perdues, une fuite d’eau, un four en panne…et la peur panique de se livrer! Pourtant la tentation est si grande! Le jeu de la dispute va les révéler. 

Le public jubile, recueille une moisson de rires, se prend au jeu de chien et chat, de chat et souris, de souris  qui prend le fromage, de qui s’éprend de qui, en premier ou en même temps?  Les échanges verbaux de la comédie sentimentale sont intenses, les jeux corporels démentent les apparences, c’est sophistiqué et grisant. Les actes manqués pleuvent.   Cela porte à la fois  le rêve et l’érotisme  des voix du cinéma, et tout le plaisir des planches.  Les nouveaux héros se nomment Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps. Fuite enchanteresse de la réalité meets Hard Core Reality.  Comme dans Lalaland, ils sont le parfait contrepoint l’un de l’autre, et c’est pour cela qu’ils marchent si bien ensemble, pour notre plus grand bonheur!

Avec Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux.

Mise en scène : Alain Leempoel

Scénographie : Lionel Lesire

Costumes : Jackye Fauconnier

crédit photo : Michaël Henin

http://www.trg.be/saison-2016-2017/la-porte-a-cote/en-quelques-lignes__7037

Théâtre des Galeries

6, Galerie des Princes

1000 Bruxelles

A propos de : Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux.

http://www.theatrelepublic.be/event_details.php?event_id=39&cat_id=1

Bio ludique: http://www.mariepaulekumps.be/biographie/

ET LA VIE CONTINUE

Elle partage toujours sa vie avec le comédien Bernard Cogniaux qu’elle vient d’épouser (à moins que ce soit le contraire ?) et elle est toujours aussi curieuse de tout, de la photographie, à la cuisine, en passant par la poésie ou les voyages… 

Lire la suite...
administrateur théâtres


12273213069?profile=originalDans la course au bonheur, Silvia, la fille d’un gentilhomme et Dorante, de même naissance, seront-ils finalement faits l’un pour l’autre en ce qui concerne la qualité de leurs sentiments ? C’est la seule chose dont veut s’assurer la belle Sylvia : que de nobles sentiments mutuels soient équitablement partagés. Angoisse qui ne cesse, à vrai dire de traverser les siècles, jusqu’à nos jours, dans une habile mise en scène de Stéphanie Moriau, fine organisatrice du carnaval des sentiments.

Double observation. Afin d’étudier le prétendant à loisirs, la jeune fille a décidé de prendre la place de Lisette, sa servante, et celle-ci, ravie de la récréation, jouera le rôle de la maîtresse. Mais, Dorante a eu la même idée : il s’est travesti en Bourguignon tandis que son valet, Arlequin, ravi lui aussi d’avoir l’occasion de malmener son maître, jouera sublimement au « Monsieur ». Le choix de Julien Besure ne pouvait pas faire mieux dans ce rôle de bouffon vaniteux, parfait malotru, sot et trivial, dont le jeu de jambes et de postures est éblouissant. Les habits et les manières, certes, peuvent contrefaire, mais la langue ne peut trahir. Du côté des nantis, c’est la qualité de la langue courtoise, vive et raffinée, qui révèle malgré les déguisements, la délicatesse et la sincérité des sentiments. Marivaux, l’esthète ! Serge Daems à la machine à coudre de costumes de rêve ! Et un rêve d’interprétation, tant pour la qualité de la diction que pour la qualité des intonations et la vérité de jeu, incarné par Caroline Lambert. On se souvient avec ravissement de l’espiègle servante espagnole de « Comme s’il en pleuvait », joué dans le même théâtre par la même exquise comédienne, qui a fait le cours Florent et ne déparerait pas à La Comédie Française ! Lumières et régie : l’impeccable Sébastien Couchard.

 Image may contain: 2 people, flower, plant and outdoor

 

Mais, si le délicieux Dorante (Jules Churin, qui lui résisterait ?) a eu le coup de foudre et meurt d’amour pour une prétendue femme de chambre nommée « Lisette », la joueuse et vindicative Silvia ne laissera tomber son masque de domestique que lorsque Dorante, ayant eu l’imprudence (?) et la franchise de lui avouer son identité, ira jusqu’à la demander en mariage malgré son statut de domestique et après avoir même dû essuyer …les affres de la jalousie ! C’est ici, que Marivaux pousse à l’extrême le marivaudage, c’est-à-dire, non vraiment ce que l’on entend par badinerie, mais le plaider le faux pour savoir le vrai ! Car voici que Mario, le frère de Sylvia, lui aussi pousse le jeu en déclarant tout à coup qu’il est amoureux de « Lisette » et prétend être son amant ! Un Abel Tesh de haut vol et de haute stature ! Quelles tempêtes sentimentales, quels quiproquos, quelles manipulations… c’est la société entière qui est dépecée sous le scalpel de Marivaux, l’anatomiste !

 

Ce qui apparaît sous les traits débonnaires et rieurs de Michel de Warzée, c’est une nouvelle sorte de père qui met le bonheur de sa fille au-dessus des conventions sociales et de l’appât de gains matériels. Mais ce père garde toutes les commandes car lui et son fils sont les seuls à connaître les dessous des déguisements croisés, et à jouir de la comédie dont ils sont les maîtres. Voilà Sylvia, qui pensait être passée maître à bord, en proie à un jeu qu’elle ne dirige plus, pas plus qu’elle ne semble capable de contrôler la nature de ses sentiments. Elle enrage lucidement de se savoir aux mains d’un destin qu’elle ne contrôle plus… Sort fatidique et éternel des femmes, en général ? Marivaux, féministe ?

 Image may contain: 1 person, sitting

Du côté des serviteurs qui jouent aux maîtres, l’imposture est de taille et très douloureuse. Comment ? Se laisser aimer d’un seigneur ? Est-ce pensable ? Lisette, dite « Sylvia » ne répond bientôt plus de rien, car elle fait confiance à son trouble et ses émotions ! Elle supplie Orgon d’arrêter le « jeu ». Elle n’en peut plus ! Dans ce rôle qui lui va comme un gant, Stéphanie Moriau est palpitante d’émotion et de satire. Accepter les avances d’une Dame ? Impensable pour le très leste Arlequin, dit « Dorante » ! Shocking ! Dans son jeu de salon aux allures de carnaval, Marivaux se gausse ouvertement des barrières sociales ! Ah, le visionnaire ! 

 

"Le Jeu de l'Amour et du Hasard"

22-26 Février et 7 au 26 Mars 2017

Comédie ClaudeVolter - Bruxelles

avenue des Frères Legrain, 98

1150 Woluwe-Saint-Pierre

http://www.comedievolter.be 


secretariat@comedievolter.be 


02-762.09.63

Image may contain: 8 people, people smiling, people standing and wedding

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

                                        Reines de pique ou de cœur ? Croisement de sensibilités assuré. Une nouvelle guerre des roses se prépare-t-elle ? Voici les retrouvailles piquantes, sur un plateau piqué de 900 roses rouges, de deux roses particulièrement fabuleuses de notre scène belge : Jacqueline Bir et Janine Godinas. La méditation sur leur vie respective de riche …et de servante va les réunir comme d’inséparables yin et yang.

Image may contain: one or more people

La mise en scène économe et intelligente de Philippe Sireuil fait ruisseler le texte serré et exaltant de Jean-Marie Piemme spécialement écrit pour le duo de divas. A part les roses, le reste du décor est une tour de Babel, faite de valises de l’ancien temps, falaise imaginaire de Douvres-Dover, de l’autre côté de la mer. Le texte embrasse l’art théâtral à l’ancienne, dans une étreinte royale. Le roi Lear est ce fantôme omniprésent qui n’a pas raté son rendez-vous avec l’éternité ni avec les deux femmes qui ont consacré leur vie entière au théâtre. A écouter les dialogues des deux voyageuses du temps, on ne peut s’empêcher de penser aux joutes verbales de Jacques le fataliste et son valet, de Sganarelle et Dom Juan,  deVladimir et d'Estragon… et à tout le non-dit du théâtre qui ne cesse d’éclairer nos propres choix par effet miroir. La quête de la vérité – sur soi et sur le monde – passe par le verbe, l’expérience théâtrale, la mise à distance, la sublimation des souvenirs que l’on ranime, revit, répare et range pour la jouvence éternelle.

play_462_20rdp.jpg

Un jour, Madame a décidé que l’argent ne la dominerait plus. Madame n’a plus d’argent, c’est la fin du voyage. Faisant preuve de virtuosité dépensière elle a dilapidé tout l’héritage de son défunt mari. Majestueuse, Alpenstock à la main, Madame frappe à la porte de sa servante à trois heures du matin pour lui enjoindre de la suivre séance tenante jusqu’à Douvres, retrouver le roi Lear et « battre le fer des vielles formes sur l’enclume de l’éternité ! » Au fil des années, l'orgueilleuse Elisabeth a été hantée par le dernier souvenir de son père avec qui elle a vu la pièce étant gamine. 

Flambeuse : pour elle « Le vertige ultime est perdre et sourire en partant ! » Elle expectore toutes ses hallucinations au cours de ce pèlerinage improvisé ou imaginaire. Dans une ultime jouissance, elle va accomplir une sorte de sabbat de la vengeance maritale avec la férocité d’une mégalomane. Mais Marie, sa servante restée fidèle, a percé ses multiples secrets. Sous ses dehors de maîtresse inaccessible, elle est transparente et tellement vulnérable. Devant  sa camériste, Elisabeth se montre à nu, inquiète de tout, se posant les questions existentielles « qui suis-je, où est ma place ? » La force de Marie est de lui confier « Mon théâtre, à moi, c’est vous ! » Pour rester vivante et rêver de nouvelles aventures.

Les deux pôles opposés ne cessent de s’attirer avec un même choc d’arrimage. Le scorpion et la cigale partagent la lucidité ,et quelle entente cordiale sauf la distance sociale ! « Nous serons deux exploratrices passionnées, nous serons nouvelles dans un temps nouveau. N’est-ce pas bien de rêver ensemble ? Tu étais le maître et j’étais l’esclave ! Elles ont quinze ans d’âge ! « Restons ce que nous sommes » Elles ont choisi le défi éternel, le coup de foudre, trouvé l’accord et les étincelles du frottement mutuel.

Image may contain: 2 people, people smiling, close-up and text

Une coproduction du Théâtre Le Public et du théâtre de Namur.

(Photo : ZvonocK)  http://bit.ly/2l49NVM

Du 14 février au 18 mars 2017

au Théâtre Le Public
rue Braemt, 64-70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode

http://www.theatrelepublic.be 
info@theatrelepublic.be 
0800-944.44

Les prochains spectacles: 

Moi Pirandello : https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=461&type=1
Legs maternels : https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=463&type=1
Reines de Pique : https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=462&type=1

Lire la suite...
administrateur théâtres

***** DANS MA TETE *****

Textes et interprétation : Rubina 

Elle est … Belle! Elle dansait dans sa tête… Elle avait 5 ans et débarquait ans un monde qui n’était pas le sien. Elle racontera tout cela, à cause d’une fêlure dans son horizon. Pendant la conférence sur la différence de nos codes d’accès à la réalité, sur nos stratégies de défenses, sur le fonctionnement de notre cerveau, elle est saisie par message étrange qui s’affiche sur son Iphone : « Je suis ton père et je suis dans la salle ! » Le choc ! Cette phrase fortuite dérange toute l’architecture de son discours, embrase son cœur et fait jaillir des larmes au coin de ses yeux. Des yeux magnifiques, de véritables brasiers à peine maquillés qu’elle promène de visage en visage dans la salle comble qu’elle caresse et dont elle se nourrit. Une chevelure vivante qui appelle un océan de rêves et de voyages.

Nous sommes devant une expérience troublante. La dame improvise son texte, de concert avec  sa  frangine au clavier. T’es toi quand tu danses… C’est là qu’elle va, c’est son but ! De trace en trace, elle fait surgir les souvenirs et les apprivoise, comme une magicienne. Plus rien ne pourra lui faire mal. Elle a fait ce travail d’écoute de soi, de rencontre avec l’être profond, dionysiaque peut-être… mais elle a rencontré l’éternel enfant en nous, source de toute création.  Le magnifique jeu corporel, la belle diction, le port de princesse de sang royal, tout contribue à faire de ce spectacle chercheur de vérités, un cadeau inestimable pour chacun des spectateurs qui l’écoute avec le cœur. Elle donne des noms de sages qui ont l'art de  reconstruire... 

Elle questionne : « Quel est votre rôle sur le grand échiquier où nous avons besoin d’exister? »  Elle se bat contre des tendances acquises : « Quand tu auras un diplôme, de l’argent, un couple,  des enfants, une maison, des voyages, tu seras heureux ! » Elle barre la route aux chemins tracés d’avance. Elle redonne des aimants aux désirs… à la capacité de manger la vie. Une bonne fée, quoi!

Elle explique encore que les manques de l’enfance se retrouvent dans les désirs  que forment inévitablement les parents à propos de leurs enfants. Compensation, quand tu nous tiens ! Pire encore, elle disserte sur l’absence du père. Elle revient sur son éducation, sur ses diverses métamorphoses, sur ses retours aux sources de  la souffrance. Et de fil en aiguille, elle répare, elle restaure par la voix et le geste, elle écoute ses talents, et toute en haut de sa nouvelle pyramide, elle installe le pardon. Car pardonner aux autres, c’est être. C’est être heureux.

Summertime, and the livin' is easy

Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'
So hush little baby, Don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
And you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'til that morning, there ain't nothin' can harm you
With Daddy and Mammy standin' by

Summertime, and the livin' is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'
So hush little baby, Don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
And you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'til that morning, there ain't nothin can harm you
With Daddy and Mammy standin' by

Elle a chanté  « Summertime » en solo appuyée sur le mur des incompréhensions et maintenant, elle danse. Elle a repoussé les murs.  Et nous, on applaudit à tout rompre dans une salle bondée…Et puis comme des gosses de quatorze ans, on ira lui demander des autographes… pour la remercier du fond de l’âme.  Elle est ... Elle. 

https://www.laclarenciere.be/SAISON_2016_2017/trismestre2.htm

Dates:Du 26 au 28 janvier 2017

Où:La Clarencière
rue du Belvédère, 20 1050 Ixelles

Contact http://www.laclarenciere.be 
fabienne.govaerts@skynet.be 
02/640.46.76

Lire la suite...
administrateur théâtres

Tragédie du choc des cultures Est-Ouest. Le choc de l’amour vrai et de l’éphémère, de l’orgueil et de l’humilité. Le choc du rêve et de la réalité. Et une sérieuse critique de la façon outrecuidante dont l’Occident traite l’Orient.

Image may contain: one or more people, people standing and indoor

Une toiture de pagode est posée sur le vide.  A Nagasaki, au Japon, Benjamin Franklin Pinkerton (Leonardo Caimi), jeune lieutenant de la marine  américain a recours à l’entremetteur Goro (Riccardo Botta) pour se procurer les services d’une jeune geisha de 15 ans Cio-Cio-San, alias Butterfly en anglais. Il a acheté une maison locale sur une colline. « Ce petit papillon voltige et se pose avec une telle grâce silencieuse, qu'une fureur de le poursuivre m'assaille, dussé-je lui briser les ailes ».  Son ami, le consul américain Sharpless (Aris Argiris)  l'avertit que le mariage sera pris au  très sérieux par la  jeune-fille et déplore  sa désinvoture. « Ce serait grand péché que de lui arracher les ailes et de désespérer peut-être, son cœur confiant ».   Mais l’insouciant et arrogant  Pinkerton porte déjà un toast à son vrai mariage, quand il épousera une  américaine. Les lois japonaises l'autorisent à signer un acte de mariage pour 999 ans mais  il peut le rompre chaque mois, s'il le souhaite. Dès le début, on sait que l’histoire tournera au drame.

monnaie_butterfly_cut_6.jpg

Arrive la jeune Cio-Cio-San,  annoncée par un chœur de joyeux gazouillis de jeunes- filles. Elle est  heureuse et amoureuse de son fiancé, entourée de parents et d'amis, soulagée de pouvoir quitter son état de geisha. Impressionnée par l’étranger, elle charme  Pinketon, qui reste cependant  insensible devant le déballage de ses innocents trésors :   de menus objets féminins et les ottokés, des statuettes symbolisant l'âme de ses ancêtres  ainsi que  le précieux  poignard avec lequel son très honorable père s'est suicidé en se faisant hara-kiri. Soumise, elle  va jusqu’à promettre d’oublier les dieux de sa famille et d’aller prier le Jésus américain. Après un simulacre de cérémonie vite expédiée, la  fête de famille est interrompue par  le terrifiant oncle Bonze (Mikhail Kolelishvili)  que l’on n’a pas invité et qui la maudit  pour avoir renié la religion de ses ancêtres.

Image may contain: one or more people

Pinkerton  chasse les intrus avec hauteur et enfin seuls, les deux époux chantent leur l'amour mutuel. Sombre prémonition de Cio-Cio-San:  « On m'a dit qu'au-delà des mers, s'il tombe entre les mains de l'homme, le papillon sera percé d'une épingle et fixé sur une planche ! » Fin de l’acte I.

Trois ans plus tard, Madame Butterfly, reniée par sa famille  est seule et abandonnée. La  fidèle Suzuki (Qiu Lin Zhang) prie les dieux  pour sa maîtresse qui survit grâce à une illusion : « Ô Butterfly, petite épouse, je reviendrai avec les roses à la belle saison quand le rouge-gorge fait son nid. »  Suzuki  essaie de lui ouvrit les yeux mais  elle est  persuadée que Pinkerton reviendra comme il l'a promis « Un bel di vedremo ». L’entremetteur Goro se présente avec un  riche prétendant, le prince Yamadori, aux allures de magnifique paon blanc paradant sous les lumières, mais  elle  lui répond qu'elle est déjà mariée. Le consul Sharpless, dont le rôle développe de plus en plus d’humanité,  arrive pour tenter de  lui lire lettre de rupture de Pinkerton, à laquelle dans son aveuglement, elle  refuse catégoriquement de croire. La très belle voix de baryton riche et sonore se fait de plus en plus resplendissante. Elle  lui oppose qu'elle se tuera si son mari ne revient pas tout en dévoilant qu'un enfant est né de leur union. Un formidable  coup de canon annonce l'arrivée du navire de Pinkerton. Folle de joie elle décore la maison de fleurs et revêt son habit de noces pour l’accueillir.  Suzuki et l'enfant s'endorment avec le « Coro A Bocca Chiusa ».  Elle n’a pas  fermé l’œil. A l'aube,  Suzuki la convainc de prendre du repos. C'est alors que Kate, l'épouse américaine de Pinkerton apparaît et demande à Suzuki de convaincre  sa maîtresse de lui confier cet enfant dont ils ont appris l’existence et à qui ils assureront un avenir. Suzuki est  suffoquée. Sharpless rappelle à Pinkerton ses mises en garde, mais celui-ci, ne supporte pas d’être confronté, avoue sa lâcheté et s’enfuit.  Lorsque Cio-Cio-San comprend la vérité, elle accepte, par  ultime obéissance à son « mari », de confier son enfant au couple, à condition que Pinkerton vienne le chercher lui-même ! Mais une fois seule,  ayant éloigné l’enfant, elle  se donne la mort avec le  couteau de son père.

monnaie_butterfly_cut_1.jpg  

Voilà une histoire qui ne manque pas de nous faire réfléchir sur les relations de pouvoir entre occupant et occupé, entre prédateur et victime, entre  âge mûr et jeunesse,   entre pauvres et riches, capables de tout se procurer, quels que soient les enjeux humains. Voilà une femme abandonnée qui n’a plus de subsistance.  Voilà une fille-mère aux abois qui, plutôt que voir son enfant la regretter ou la rechercher  un jour, préfère se donner la mort! C’est d’une violence glaçante. Une histoire écrite en 1898 par un anglais, John Luther Long.  Une histoire qui n’a, en outre, pas fini d’exister deux siècles plus tard, époque où nous sommes prêts à tout vendre et à brader.

 monnaie_butterfly_cut_5.jpg

C’est néanmoins dans l’histoire du  théâtre japonais traditionnel et les rythmes de la cérémonie du thé que la metteuse en scène danoise Kirsten Dehlholm (Hotel Pro Forma)  a choisi de nous plonger. Elle veut gommer  par ses installations scéniques toute notion de réalisme ou d’anecdote. Elle choisit d’utiliser l’histoire au profit de l’innovation d’une forme  créative  de portée universelle.  Saisissant l’occasion  que les suicidés japonais continuent à hanter la terre sous forme de fantômes condamnés à raconter sans relâche leur histoire, elle poste donc en bord de scène  une Butterfly méconnaissable sous sa perruque grise – les fantômes vieillisent-ils donc ? – mais oh combien retentissantes d’émotions depuis la naissance de l’amour, à ses élans,  jusqu’à la douleur qui conduit à la mort. Le 3 février, c’était Amanda Echalaz qui assurait ce rôle d’une  rare exigence et d’une rare beauté.  En parallèle, Kirsten Dehlholm  fait jouer  sur scène une admirable poupée de porcelaine réalisée par des artistes japonais (Ulrike Quade Company) guidée par un trio de marionnettistes d’une souplesse fabuleuse. La ressemblance est telle avec ce que l’on imagine de la jeune geisha, qu’à plusieurs reprises on la voit vivante!  Cette technique ne peut que  renforcer bien sûr le propos de Pinkerton qui  considère la jeune épousée comme un pur jouet éphémère de ses désirs. Ainsi le double portait de Butterfly volette : prisonnier de son dédoublement, prisonnier de la tradition,  prisonnier de son destin fatal, prisonnier du silence de la poupée aux gestes  parlants, prisonnier d’une douleur  rendue muette par la mort. On pense à Liu de Turandot. Le public est contraint de mélanger sans cesse les deux propositions, visuelle et auditive,  dans un effort d’accommodation comme pour mieux souligner l’absurdité  de la douleur… sauf à se laisser entièrement emporter par  la qualité extraordinaire de l’orchestration sous la baguette de Roberto Rizzi-Brignou. Et c’est ce qui arrive.

 Par son  lyrisme,  ses nuances,  la musicalité de ses timbres,  le déferlement romantique, la dramaturgie musicale est  bouleversante.   On sent poindre les harmonies chatoyantes de Debussy, on sent virevolter le papillon et les humeurs changeantes, les espoirs et les inquiétudes.  Au sein du foisonnement de couleurs orchestrales, la tension dramatique s’amplifie  jusqu'au bout, jusqu’à atteindre le cœur de la douleur.  Au cours de l’ivresse  du voyage musical, on reconnait des thèmes populaires japonais  alternés avec le début de la mélodie de l’hymne américain, le Star Spangled Banner,  de quoi  soulager un peu  de la tension des sentiments exacerbés! 

monnaie_butterfly_cut_8.jpg

Mais ce sont surtout les tableaux de la nature des sentiments  qui sont saisissants de beauté ou … glaçants d’effroi comme les thèmes de la malédiction, du désespoir, de la mort et du suicide. Côté décor, s’embrasent de fabuleux jeux de lumières sur les créations en origami rendues vivantes. Jamais on n’oubliera les barreaux de dentelle de la cage qui se referme sur la jeune fille.  Les personnages déambulent à petits pas, tous les gestes se fondent dans la proposition  théâtrale délibérée de lenteur extrême orientale. L’air du cerisier est suivi d’un fabuleux cortège de  fleurs d’hibiscus multicolores et lumineuses, assoiffées d’amour, une  dernière parade amoureuse extraordinaire, hélas solitaire et inutile.

Image may contain: 1 person, plant and flower

Toutefois d’autres choix de la mise en scène sont beaucoup moins enchanteurs, à chaque fois que l’esprit parodique s’en mêle. Comme de remplacer la frégate guerrière par un  bâtiment de croisière  géant, à faire frémir tout Venise.  Comme cette nuée de rouges-gorges morts dans l’explosion des canons du navire de guerre qui marque la fin des illusions de Cio-Cio-San. Comme cet enfant-roi  hypertrophié en matière plastique gonflable qui surgit, comme une aberration dans le dernier tableau. Il semble alors que la mise-en scène ait pleinement réussi  son pari d’accentuer la  grossièreté  occidentale face à la beauté d’une héroïne victime de son innocence, de sa fragilité, de sa sensibilité et de ses traditions.

Agenda:  

http://www.lamonnaie.be/fr/program/17-madama-butterfly

Direction musicale : ROBERTO RIZZI BRIGNOLI
BASSEM AKIKI (10, 12 & 14/2)

Mise en scène : KIRSTEN DEHLHOLM (HOTEL PRO FORMA)
Co-mise en scène :  JON R. SKULBERG
Collaboratrice à la mise en scène :  MARIE LAMBERT
Décors :  MAJA ZISKA
Costumes :  HENRIK VIBSKOV
Éclairages JESPER KONGSHAUG
Dramaturgie :  KRYSTIAN LADA
Collaboration à la chorégraphieKENZO KUSUDA
Collaboration pour la marionnette : ULRIKE QUADE
Chef des chœurs : MARTINO FAGGIANI

Distribution

Cio-Cio-San : ALEXIA VOULGARIDOU
AMANDA ECHALAZ (1, 3, 7, 9, 12/2)
Suzuki : NING LIANG
QIULIN ZHANG (1, 3, 7, 9, 12/2)

Kate Pinkerton : MARTA BERETTA
F. B. Pinkerton : MARCELO PUENTE
LEONARDO CAIMI (1, 3, 7, 9, 12/2)
SharplessARIS ARGIRIS
Goro : RICCARDO BOTTA
Il Principe Yamadori : ALDO HEO
Lo zio Bonzo : MIKHAIL KOLELISHVILI
Il commisario / L’ufficiale : WIARD WITHOLT
Yakuside : RENÉ LARYEA
Madre di Cio-Cio-San : BIRGITTE BØNDING
Zia di Cio-Cio-San : ROSA BRANDAO
Cugina di Cio-Cio-San : ADRIENNE VISSER
Marionnettistes : TIM HAMMER, JORIS DE JONG, RUBEN MARDULIER, SUZE VAN MILTENBURG

Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie

PRODUCTION : La Monnaie / De Munt
COPRODUCTION : Ulrike Quade Company

Lire la suite...
administrateur théâtres

 

Un très beau travail d' interprétation  pour  ce  quintet théâtral dédié à l' hyperréalisme:  Luc Brumagne, Nicolas Buysse, Kim Leleux, Cécile Van Snick et Camille Voglaire sont partis pour interpréter un opus sur la difficulté du dire.

Si la critique anglo-saxonne est  unanimement dithyrambique, parlons du projet tel qu’il nous est apparu, avec nos failles et nos propres filtres.  Des acteurs amateurs  suivent un cours de théâtre: peut-être bien que oui, peut-être bien que non! Vu du côté spectateurs, cela a tout l’air d’un groupe de parole thérapeutique pour des individus venant d'un monde malade dont on observe les séances, en temps réel. Un temps qui semble souvent grossi à la loupe tellement les bâillements vous guettent.  La coach est sévère, condescendante, omnisciente, et même hypocrite, jusqu’à ce qu’elle craque ? Elle aussi. Ce qui  rend compte de la  fragilité humaine, mais celle-ci est-elle encore à démontrer? Ou est-ce  faire œuvre indispensable, charitable et urgente  en outre-Atlantique? Coup de griffe  au passage  pour tous les coach  vivant de recettes charlatanes et de la crédulité publique. Pour certaines féministes?   

La technique intéressante est que tous les  participants, dont une seule d’ailleurs semble clairement avoir des ambitions de  future comédienne, et la plus vulnérable de la bande,  ont  pour consigne de prendre la vie de l’autre en main et  raconter dans le cercle,  ce qu’ils ont retenu de la bio parlée de l’autre. Technique épuisante pour le spectateur qui se trouve physiquement hors-jeu, confiné  dans son rôle de  spectateur, pris en otage dans un chapelet de redites. Lassé par une langue populaire traduite maladroitement parfois, versant souvent  dans la platitude avérée. Toute parole ne fait pas œuvre de théâtre même si la recherche de la vérité se love dans les craquelures de l'image. On vous conseille la patience si l'empathie vous manque! 

Résultat de recherche d'images pour "cercle miroir transformation"   

L’intrigue de la pièce est quasi invisible. Qu’est-ce qui émeut, qu’est-ce qui touche, qu’est-ce qui est racontable? Dans le rôle-playing, chacun y va de son effet miroir. Chacun se livre docilement aux exercices de grammaire des groupes de théâtres, dont l’un revient régulièrement comme un motif - lancinant pour le spectateur -  expérience humaine bouleversante pour l’acteur pour ceux Qui en ont déjà fait l’expérience. Ils sont tous couchés sur le tapis de jeu absorbant les affects et doivent à tour de rôle sans pouvoir voir les participants  dire un chiffre  de la série de 1 à 10 sans  voler la parole à l’autre. Expérience très difficile si on n’est pas entièrement à l’écoute de l’autre et capable de respecter le moment où il va dire  le chiffre qu’il se sent prêt à dire!  Exercice fort insipide pour celui qui regarde. Difficile de taire une certaine déception…

Les histoires racontées ? Rien que des banalités car le secret de chacun mettra une éternité à se dire. Les scènes se succèdent, minutées et coupées au moment où quelque chose d’important allait se dire. Très frustrant. Les pauses-récréation-déglutition (chips, pomme verte, nouilles asiatiques…)  entre les séances en disent un peu plus sur les rêves et  la vie charnelle de chaque participant. La solitude, les ruptures, les cassures, la communication ratée ont brisé chacun, vont-ils savoir se reconstruire grâce à la mise en commun?

Résultat de recherche d'images pour "cercle miroir transformation"

info utile:

De Annie Baker

Traduction : Patricia Morejón et Nick Millett

Mise en scène : Nick Millett

Avec Luc Brumagne, Nicolas Buysse, Kim Leleux, Cécile Van Snick et Camille Voglaire 

Un spectacle coproduit par l’Atelier Théâtre Jean Vilar, le Théâtre de Liège et le Théâtre Le Public en partenariat avec la Compagnie Elapse. Avec la participation du Centre des Arts scéniques.

  

"Les participants d'un atelier de théâtre révèlent leurs rêves, leurs faiblesses et se transforment au fil des séances. Cinq comédiens pour un moment bouleversant de théâtre vérité qui tutoie le rire et les larmes. Une pièce déjà primée et jouée à maintes reprises, créée pour la première fois en Belgique !"

http://www.atjv.be/Cercle-miroir-transformation

Rés. au 0800/25 325.

Du 8 au 17 février et 7 au 11 mars 2017 - Théâtre Jean Vilar

Vendredi 10/3 : mise en bouche à 19h45 au bar (brève introduction au spectacle).

 

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles