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musique (288)

administrateur théâtres

…Et on murmure dans mon dos que ma musique est vieille !

 

✔ Laudamus te… 

Joie, ravissement, bonheur théâtral et musical complets devant cette production de one-man-opera, flanquée de deux anges, musiciennes passionnées : Les chanteuses lyriques Julia Szproch, soprano et Sarah Théry, mezzo, deux figures en robes blanches incarnant émotion,  pureté et source de vie. Il faut dire que  le comédien de cet opéra parlé en 11 tableaux est de taille à endosser l’Antonio Vivaldi  hors d’âge  décrit avec immense saveur,  par Vincent Engel dans son roman Alma Viva (Ker edition 2017) qui retrace le récit des derniers mois de la vie du compositeur.  Viva Alma  Viva !

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 ✔ Pietro Pizzutti a le charme natif de l’italien, l’agilité bourdonnante de pilleur de jeunes filles en fleurs, le charme du rêveur ...pas toujours solitaire, et les irrésistibles intonations du Don Juan pourfendeur des hypocrisies patriciennes et de la boue toxique des foules  mortifères. Les colères misanthropes du Maître de violon au Pio Ospedale della Pietà éclatent avec vigueur, sa verve poétique pour la lagune de Venise attache, son credo « je prie, j’aime et je crée » remplit d’ivresse!

Difficile de faire la part du livre et celle  du diseur de mots dont les postures, les pitreries et les révélations enchantent. Merci l’Artiste! Fervent défenseur de Dieu mais pas des bondieuseries, gonflé de respect pour son père et refusant de l’enfermer dans un Requiem, amoureux de ses origines simples - du barbier au violoniste - il conspue le clavecin aristocratique et  pourfend l’ostentation des pharisiens de tout poil.

« Mon masque à moi est tissé de notes et j’aime la vie car j’adore Dieu qui nous a offert la vie ! » Etre musicien c’est être au plus près de Dieu … et de ses anges! Il mêle l’azur des musiques naissantes aux caresses érotiques et à l’esprit de Dieu ! Dominus vobiscum…Et cum spiritu tuo ! Le texte vous embarque loin de la vieillesse, au plus près de l’amour. De quoi frissonner. « Le gondolier pousse sa barque d’un coup d’archet virtuose propre à enflammer la lagune… »Tout est dit, le reste est variations sur le thème enivrant de la célébration de la vie. Les messes, les mots, les titres, les programmes frelatent la vérité de la musique. «Je ne me moque pas du monde c’est le  monde qui se moque de la musique. »

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    Il faut saluer bien sûr la parfaite mise en scène de  Gabriel Alloing.  L’écrin dans lequel se joue cette brillante péroraison sur l’amour de la vie est un superbe triptyque de silhouettes de la ville sur lequel  apparaît à tour de rôle  la salle du conseil des « governatori » de la Pietà à qui s’adresse Vivaldi, un florilège de peintures de très saintes femmes, le bruissement de l’eau du canal à l’aube des sentiments, et le gondolier rêveur qui mène sa barque à travers les sublimes musiques. 

 

Benedicimus te !

 

In Musica veritas! L’ensemble baroque des Muffatti - I migliori vini dolci italiani - divisé en diptyque, à gauche et à droite de la scène ravit par  la  sonorité des timbres  délicats, la polychromie, la grâce, la  théâtralité du geste musical qui brode fidèlement  le texte mais sans emphase. On perçoit au contraire une réelle empathie avec le comédien et cela crée une sorte de dialogue parfait. N’est ce pas cela, ce que veut dire «concertare»? Dialoguer.

 

✔Glorificamus te !

L’image contient peut-être : une personne ou plus et nuit

http://www.atjv.be/Viva

  

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administrateur théâtres

                      Créé à Paris le 2 décembre 1840, « La Favorite » de Gaetano Donizetti s'installe à Liège dans sa version originale française!  Fernand (Celso Albelo), un jeune novice, fils spirituel du Grand-prêtre Balthasar (Ugo Guagliardo) , est  déchiré entre sa foi et son  coup de foudre pour une inconnue. Il abandonne son monastère  pour rejoindre les forces armées d’Alphonse  XI, roi de Castille (1311–1350) qui se prépare à partir en guerre contre l'envahisseur maure. Il ne se doute cependant pas un seul instant que la femme qu'il aime est la maîtresse "favorite" du roi. Nous sommes  dans l'Espagne du XIVe siècle, au temps des luttes de pouvoir entre l’Église et l’État et  leurs tumultes illustrés  par les  somptueuses pages lyriques de Donizettti, brillamment dirigées par Luciano Acocella. Alphonse a bien caressé l’intention de répudier sa femme pour faire de Léonor, sa  nouvelle  reine…comme le fera deux siècles plus tard le roi anglais Henry VIII (1491–1547) mais il craint l’excommunication.  Pour  récompenser Fernand  de sa  bravoure,  le roi (Mario Cassi)  le couvre d’honneurs et accède à son désir en lui  accordant la main de Léonor. Il conseille sarcastiquement à Leonor d’être fidèle au moins à Fernand. Ce n'est que le jour même de leur mariage que Fernand découvre avec  horreur la relation de Léonor avec le roi. Sa colère virile explose : S O N honneur est définitivement trahi ! Voyez-vous donc ! Humilié et ostracisé par ses compagnons d’armes, il repousse alors ses titres et ses trésors et retrouve ainsi l’estime de Don Gaspar (Matteo Roma)   et des Seigneurs. Il retourne au monastère, laissant ses vœux et sa nouvelle épouse sombrer dans le désespoir. On assiste aux rites de  son ordination. Mais la tragédie romantique est loin d’être achevée car Leonor, mourante vient s’expliquer avec lui. L’amour de Fernand renaît. Bouleversé,  il veut s’enfuir avec elle, mais elle lui demande de respecter ses vœux et s’éteint dans ses bras.    

                                                                         Stupéfaction, le rideau s’ouvre sur une sombre salle des coffres, où l’on véhicule des bocaux étranges sur une table roulante. Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley se déploie. Le rituel s’installe devant un triangle lumineux sur la pointe. Le glaive du pouvoir divin et de l’injustice? 2080 est bien pire que 1984 de Georges Orwell. La nature, « cette sève de l’être humain » a disparu. Les vestiges se retrouvent dans des bocaux gardés par le pouvoir suprême, un monastère-laboratoire. Dans ce monde d’éprouvettes, plus de pacte familial, ou social, plus de droit à la pensée ou au discernement. Les femmes aux longues chevelures voilées de blanc, toutes identiques, sont offertes à la contemplation. Futures porteuses de guerriers, elles sont cloîtrées sous globe dans la ruche …de plastique, en l’occurrence. Contrôlées, dépossédées de leur libre-arbitre elles font partie d’un monde fait de splendides paysages lumineux tous artificiels. Le seul arbre de l’œuvre, placé dans un cylindre, agrémente comme un saint-sacrement,  la chambre du roi. En 2080 ? La liberté est bien morte, et malgré son caractère trempé  le roi  plie le genou  devant l’autorité religieuse.  En forme de leçon de morale glaçante, un très beau ballet met en scène deux femmes-papillons qui, ayant conservé leurs couleurs, et malgré la beauté de leur art, meurent sous les regards assassins. Chorégraphie: Luisa BALDINETTI. Rosetta Cucchi est la metteuse en oeuvre de ce monde minéral désenchanté. Les costumes, - le ou la - plastique des  lumières et la  scénographie soulignée par des ronces tentaculaires fluorescentes quand on n’est pas dans le monastère-laboratoire, éclatent d’ironie. 

                                                                     Honneur aux femmes.  La  brûlante mezzo-soprano  Sonia Ganassi, incarne dans un portrait sincère de Léonor. Palpitante, humaine, elle s’insurge contre le sérail de ses sœurs qui toutes penchent la tête sous leurs voiles nacrés. Se fait-elle torche incandescente de désespoir au dernier acte, dans ses échanges déchirants avec Fernand ? Donnant beaucoup de tenue aux duos avec Fernand (Celso Albelo) , elle passe des couleurs sombres aux assauts verbaux désespérés et au délire de l’amour avec une incomparable virtuosité. Et son français est bien audible, ce qui est beaucoup moins le cas pour les interprètes masculins de cette production où il faut souvent se référer à la bande déroulante pour en comprendre la diction.   Sa compagne, Inès resplendit de fraîcheur, incarnant par la qualité de la voix, la fameuse sève humaine disparue de ce monde minéral. Une voix solaire, une diction parfaite, un rayonnement musical qui s’avère être un réel répit dans ce monde fossilisé malgré tous ses effets de lumières (Fabio Barettin/Sylvain Geerts ).

                                                        Les chœurs  aussi sont à l’honneur : de véritables rafales de pluie bénéfique bruissante où vibre une humanité chaleureuse restée indépendante de la volonté de la mise en scène.  Une production saisissante par sa modernité et surtout pour la superbe prise de rôle d’Ines (Cécile Latschenko), l’exquise compagne de Leonor qui devait en principe trouver Fernand pour  lui avouer la vérité sur elle. Interceptée par Don Gaspar (Matteo Roma)  elle a été arrêtée par ordre du Roi, pour avoir aidé Léonor dans sa trahison.

                                                            Quel monde… d’hommes!  

 

http://www.operaliege.be/fr/activites/la-favorite

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administrateur théâtres

Des clés  pour l’opéra, …au cœur de la Forêt de Soignes 

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Quoi de plus  enthousiasmant  pour débuter la nouvelle saison de critiques chez Arts et Lettres, que  le charmant spectacle une  adaptation pour enfants de l’œuvre de Mozart  en  60 minutes   de bonne humeur et de légèreté, écrite par Sophie van der Stegen,  respirant l’exquise musique  du compositeur et son rêve des Lumières!  La (Petite) Flûte Enchantée est un projet Enoa (European Network of Opera Academies),  en coproduction avec l’ Escuela de Musica Reina Sofia, Fondation Calouste-Gulbenkian. La tournée a débuté en Belgique le 26 août à Louvain-la-Neuve (au Kidzic à la ferme du Biéreau), nous l’avons dégustée ce  samedi  10 septembre, à La Chapelle Musicale Reine Elisabeth qui affichait complet! Ensuite elle voguera vers d’autres contrées…(Luxembourg, Portugal & Espagne!)

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Heather Fairbairn, ludique et mystérieuse, est à la mise en scène. Tout commence avec des enfants munis de coussins et de masques d’oiseaux joliment assemblés avant le spectacle qui se rassemblent autour d’un podium servant d’écrin à un arbre de lumière stylisé, seul représentant d’une forêt imaginaire. Les  baies vitrées de la salle  de la Chapelle musicale donnent sur les bois.  Ainsi, au cours de  cet opéra participatif et immersif,  les jeunes de l’école maternelle à l’école primaire picoreront en live et pour la première fois pour nombre d’entre eux, les graines  de l’éveil musical et amoureux. La flûte enchantée n’est-telle pas une initiation au coup de foudre, à l’amour au premier regard, puis à sa maturation en empruntant la voie étroite?

 21742095_10159214129175459_865008333_o.jpg?oh=b998a914e9f3424913de1f9f2351ac7c&oe=59BEE75B&width=300  Quelque part, un escabeau sans prétention et un coffre à  malices ou à costumes ont rejoint le mystère de greniers d’antan.   A l’autre bout,  une pianiste (Julie Delbart /Marie Datcharry) fera frémir des atmosphères : des orages terrifiants, l’autorité du sage, les déclarations d’amour et  les  improvisations de bonheur qui pétillent dans la musique originale d’Ana Seara! 150 regards émerveillés qui ont fait le pari de l’imaginaire seront comblés, l’énergie du conte et de la musique circule  avec naturel. Comme le dit la conclusion du spectacle : « La musique, l’amour, l’amitié et l’imagination, c’est tout l’Opéra. »

 Le ténébreux barytonGuillaume Paire incarnait avec  voix assurée et entregent solide un Papagéno génial, en costume d’explorateur, ainsi que le mage Sarastro … et la Reine de la Nuit et ses maléfices! D’emblée, il sauve le séduisant prince Tamino (le très romantique ténor - brûlant et  enchanteur  -  Fabien Hyon) du terrifiant serpent de la forêt, grand comme une ablette. Rires. Celui-ci tombera ensuite amoureux du portrait de  Pamina, enlevée à sa terrible mère, et séquestrée par Sarastro. Flûte enchantée et carillon magique convoquent la magie… Mais pas que : la magie  même du spectacle et la voix des enfants devenus oiseaux des forêts, ouvrent les portes de l’imaginaire!   Des épreuves terribles attendent le jeune couple, dont la pire : le silence!21745048_10159214129400459_87792270_o.jpg?oh=cda0a4cfaa346a3044f6287eaca050f7&oe=59BF0783&width=300

Parents et enfants se retrouvent à rêver devant la vraie fée du spectacle Pamina (Julie Gebhart) : délicate, frissonnante, juvénile, tendre, exquise image de princesse, douée d’une voix extraordinaire au timbre fruité et aux aigus très agréables. C’est la même interprète, Julie Gebhart qui représente la coquine Papagéna.  « En musique, aidez-nous à trouver Papagéna ! » lance le maître du jeu musical, en nettement mieux que Dora l’exploratrice!  Rassemblés dans la joie de l’écoute et des rires, les gosses de tous âges et leurs parents sont réellement conquis par la découverte !

 

Chapelle Musicale Reine Elisabeth

445 chaussée de Tervuren, 1410 Waterloo

  

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http://belgium-events.com/event/la-petite-flute-enchantee-family-opera-2

 

Mind you! If you want to support the project, nominate us for an Opera Award! 
- Visit www.operaawards.org/nominate
- In the category 'Education & Outreach', type: Queen Elisabeth Music Chapel's La (petite) Flute Enchantee

 

 

 

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administrateur théâtres

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Roman Signer, Wasserstiefel, 1986 © Marek Rogowiec

À côté des grands rendez-vous classiques, c’est la question de « Comment le changement se traduit-il en

musique ? » qui a inspiré la programmation de cette saison 2017-2018. En cette année où se multiplient les

évènements commémoratifs (500 ans de la Réforme, 100 ans de la Révolution russe, les indépendances de nouveaux

États tels que la Finlande et l’Estonie après la Seconde Guerre mondiale, la contestation de mai 68), BOZAR puise

dans le répertoire de la musique classique, de la musique du monde et du jazz, à la recherche de ces infimes traces

d’un changement ou d’une révolution qui s’annonce.

- Petite révolution au Palais également : cette année 2017-2018 est celle de l’inauguration de l’orgue restauré. 

Ne dérogeant pas à ce qui est désormais une tradition, BOZAR poursuit sa série de « portraits », dialogues privilégiés

avec des interprètes présents tout au long de la saison. Le concept s’est toutefois élargi pour inclure des cycles dédiés

à la musique du monde et au jazz, et même à un pays, l’Estonie. Par ailleurs, le Palais des Beaux-Arts est un écrin tant

pour les étoiles montantes que pour les artistes renommés. Outre les portraits, BOZAR reçoit avec la même joie et

fidélité les plus grands interprètes et orchestres du monde, dont une série de stars incontournables.

SEPTEMBRE

09.09.2017 UNITED MUSIC OF BRUSSELS

Promenade musicale au cœur de Bruxelles

http://www.bozar.be/fr/activities/126745-united-music-of-brussels

Pour la seconde année consécutive, La Monnaie, le Belgian National Orchestra et BOZAR proposent ensemble ce

projet qui célèbre la musique dans l’espace urbain ! Promenade dans Bruxelles, à la découverte des artistes du

Belgian National Orchestra et de la Monnaie, répartis pour l’occasion en petits ensembles dans des lieux insolites.

Ce samedi, placé sous le signe de la convivialité et de la diversité,  va faire battre le cœur de Bruxelles…

 

15 > 22 SEPTEMBRE 2017 INORGURATION

http://www.bozar.be/fr/activities/124343-inorguration---bozar-organ-festival

Ça y est !L’orgue monumental qui domine la scène de la Grande Salle Henry Le Bœuf sort du sommeil dans lequel il était plongé depuis plus de 50 ans. BOZAR dispose désormais d’un instrument unique, alliant tradition et modernité, et pouvant être mis à profit dans une diversité de répertoires. Cette incroyable polyvalence, nous la mettons à l’essai, une semaine durant, lors de l’InORGuration. Que la fête de l’orgue commence !

  • 15.09.2017 -  Belgian National Orchestra & Olivier Latry

Un orgue restauré, un orchestre fraîchement métamorphosé, des solistes d’exception, une création mondiale de Benoît

Mernier et des monuments du répertoire symphonique : voici ce qui vous attend lors de notre concert d’ouverture de la

saison.

 

  • 17.09.2017  - Orchestre Symphonique et de Choeur de femmes de la Monnaie, La choraline, Chœur
  • dejeunes de la Monnaie

L’orgue et la voix se marient à merveille. Il est donc logique de les associer lors de ce concert grandiose mettant en

dialogue les Dickinson Songs pour chœur et orchestre de Benoît Mernier – présentées en création mondiale – et des

pièces phares pour orgue de Poulenc et Barber.

 

21 > 23.09: UFA Film Nights

http://www.bozar.be/fr/activities/126905-ufa-film-nights-2017

Pour la cinquième année consécutive, les UFA Film Nights proposent la projection de chefs d’œuvres du

cinéma muet accompagnés de musique live. Le 21.09 sera d’ailleurs l’occasion d‘entremêler deux évènements,

puisque dans le cadre de l’inauguration de l’orgue, le Brussels Philharmonic interprétera une œuvre de Karol

Beffa avec orgue sur le film Le Dernier des hommes de Murnau. Le 22.09 DJ Jeff Mills se chargera de mettre en

musique le film Paris qui dort  (René Clair, 1923) et le 23.09, Trio Grande + guests accompagnera la projection

de Our Hospitality de Buster Keaton.

26.09.2017 COLLEGIUM VOCALE GENT

http://www.bozar.be/fr/activities/124025-collegium-vocale-gent

Influencées  par l’héritage russe comme par la seconde École de Vienne, les œuvres de Schnittke sont toujours

très denses et son Concerto pour chœur n’échappe pas à la règle. Ce petit bijou d’intensité religieuse évoque

la musique de l’Église orthodoxe, basée sur le Livre de chants funèbres de l'écrivain arménien du Xe siècle

Grégoire de Narek.  Lux aeterna de Ligeti, chef-d’œuvre mystique du XXe siècle, est également porté par une

force métaphysique que Kubrick immortalisa dans son film 2001 : l’Odyssée de l’espace.


27.09.2017 : PHILHARMONIA ORCHESTRA 

http://www.bozar.be/fr/activities/123545-philharmonia-orchestra

Le chef d’orchestre et compositeur finlandais Esa Pekka Salonen sera à la tête du légendaire Philharmonia

Orchestra pour célébrer le centenaire de l’indépendance de son pays.  Au programme, bien sûr, Sibelius, l’âme

musical de la Finlande, avec notamment sa fascinante Septième Symphonie, en un mouvement. Mais aussi de

la musique contemporaine, si chère à Salonen, qui dirigera en première belge, le Concerto pour violon de

Daníel Bjarnason. En soliste, le prodigieux Pekka Kuusisto, issu d’une illustre famille de musiciens finlandais.


14.09 > 30.09.2017  BOZAR ELECTRONIC ARTS FESTIVAL

http://www.bozar.be/fr/activities/129186-bozar-electronic-arts-fest...

Le BOZAR Electronic Arts Festival investit le Palais des Beaux-Arts pour la sixième fois. Plusieurs jours durant, ce

festival pluridisciplinaire vous offre un aperçu le plus large possible des arts électroniques, à la croisée des

chemins entre art et technologie. La tête d’affiche du programme musical du festival n’est autre que le

compositeur minimaliste Jóhann Jóhannsson, déjà récompensé par un Golden Globe et nominé plusieurs fois

aux Oscars, auteur notamment des bandes originales d’Arrival et du nouveau Blade Runner. Durant le long

week-end musical (du 26 au 30.09), particulièrement éclectique, sera l’occasion de voir et entendre  l’artiste

australien aux multiples talents Ben Frost et en première belge l’hommage émouvant du compositeur

américain William Basinski à David Bowie. Le producteur et shoegazer Pantha du Prince donnera un concert

exclusif et la reine de l’avant-garde japonaise Phew nous reviendra avec un nouvel album, 20 ans après la

sortie du dernier. 

http://www.bozar.be/fr/homepages/73642-music

Et que nous réserve OCTOBRE ? On vous le dira ...bientôt! Passez un bel été! Les festivals ne manquent pas!

En particulier, le Festival Musiq3 du 30 juin au 2 juillet 2017! 

Le 7e festival Musiq3 s'intitule  « Touch » : une édition basée sur les instruments à touche et sur la variété des genres musicaux…

Get in touch! Et pour ce chiffre symbolique qu’est le chiffre 7 - Seven, go to Heaven! -, vous ne toucherez pas terre! Les équipes de ce

festival  proposent un menu très éclectique pour le bonheur des petits comme des grands. 

Les « touches »,… les pianos, les xylophones et tout instrument qui sonne sous la pression des doigts… feront de ce festival le plus rock

des festivals classiques...  On aura donc  l’occasion d’écouter accordéonsmarimbas (notamment au concert d’ouverture), 

bandonéonspercussions, et celestas.  Un cocktail varié de notes et de gammes  offrira un voyage aux quatre coins

du monde,faisant découvrir un monde musical d'instruments  peu connus. Enfin, ne ratez pas l'orgue de l’Abbaye de la Cambre qui vibrera

sous des résonances Pop en compagnie de la chanteuse An Pierlé.

Les points forts du Festival

Soixante concerts seront présentés dans les différentes salles du Festival. 

  • Le concert d’ouverture

Musiq3 désire ouvrir le Festival en grande pompe. C’est pourquoi, la chaîne a choisi la « Bach Touch » en prime time

du premier soir. Ce concert aura entre autres comme interprète Thomas Enhco, petit-fils de Jean-Claude Casadesus

 (le chef fondateur de l’Orchestre National de Lille, qu’il a dirigé jusqu’en 2016). Ce concert mettra non seulement Bach

à l’honneur mais également Mendelssohn, permettant le  voyage dans le temps - du 16ème au 19ème siècle - et à travers  le vaste

empire germanique. 

Beatrice Rana

  • Babar for kids

Babar le roi des éléphants en habit vert, créé en 1931 par Cécile et Jean de Brunhoff, est bien un des favoris des tout-petits depuis de

nombreuses générations.  Quatre millions d'exemplaires des albums vendus avant 1939.   Le monde des éléphants est un monde paisible et

rassurant. Emmenez les moins de  sept ans en compagnie de Céleste, l’épouse du roi  Babar et leurs adorables enfants, Pom, Flore, Alexandre

 et  Isabelle.  La ballade contée sera  mise en scène et en musique, avec talent par  la comédienne belge Zidani et  la douce et

charismatique  Eliane Reyes au clavier. 

 


D’autres activités pour les enfants seront également prévues. Il y aura le spectacle Jazz for Kids et de nombreux ateliers de découverte

des instruments organisés comme chaque année en partenariat avec l’ASBL ReMuA.

  • Les jeunes découvertes

Ce sont plus de 300 musiciens,en dessous de 30 ans qui seront mis  à l’honneur.   Thomas Enhco et Béatrice Rana,

mais bien d’autres tout aussi surprenants, comme Seong-Jin ChoBenjamin GrosvenorJustin TaylorJean

Rondeau ou encore Vassilena Serafimova. « Une palette internationale aux talents multiples », au palmarès déjà bien fourni.

Cette septième édition accueillera aussi les lauréats du concours Supernova, un concours qui déniche les jeunes prodiges belges

en musique de chambre, en collaboration avec la VRT, le Festival de Wallonie et le Festival van Vlaanderen.

  • West Side Story

Ce remake musical de la cultissime comédie musicale du début des années 1960 suffit pour attiser notre curiosité

d’aller voir ce qui se passera au lever de rideau. A l’époque, il s’agissait de présenter en chanson de variété la misère

des quartiers new-yorkais, en particulier pour les immigrés portoricains. Aujourd’hui, les musiciens et les arrangeurs

ont gardé cette trame en prenant les paris d’en faire un remix swing.

  • Le prix du Public au  Concours Reine Elisabeth 2017

Le concours Reine Elisabeth innovait  cette année puisque c’était la première édition consacrée au violoncelle. Le lauréat

ayant  remporté le Prix du Public, donnera son  concert au Studio Flagey. Ivan Karizna, né en 1992,  est originaire de

Biélorussie. vit en France depuis 8 ans, où il étudie au Conservatoire National. L'art, les livres et surtout la musique sont sa passion.

                         Ivan Karizna à étudié à Minsk, mais il n'y était pas très heureux, la Biélorussie est un pays isolé, il n'avait

aucun contact avec le monde musical européen, et pour lui, il est difficile d'être un artiste dans ce pays : il n'y a aucun

soutien ni du gouvernement, ni des gens en général. Il essaie d'y retourner le plus souvent possible pour y donner des

concerts, et faire passer un message, c'est sa responsabilité, sa mission en tant que musicien, transmettre le sens et la

beauté de la musique. Son instrument avec lequel il ne fait qu'un, est  essentiel pour lui. C'est un artiste remarquable par

la qualité de sa musicalité.

 

Portrait d’Ivan Karizna, Prix Musiq3 du Public au Concours Reine Elisabeth 2017

« Touch »,  permet enfin aux enfants, en particulier, de découvrir les instruments par le toucher, lors de  ces trois jours de

liesse musicale annuelle à la fin juin et au début juillet, qui marquent depuis sept ans, la clôture de la saison.

Toutes les informations sur  le site de Musiq3.

Et pour  aiguiser vos appétits musicaux:

http://lesfeuxdelaramperogersimons.skynetblogs.be/archive/2017/06/16/festival-musiq-3-flagey-premier-jour-8740369.html

http://lesfeuxdelaramperogersimons.skynetblogs.be/archive/2017/06/24/b-festival-musiq-3-rtbf-flagey-deuxieme-jour-8742693.html

http://lesfeuxdelaramperogersimons.skynetblogs.be/archive/2017/06/25/c-festival-musiq-3-rtbf-flagey-troisieme-jour-8742814.html

(source utilisée: Culture Remains)

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administrateur théâtres

L’élan vers la liberté pour les amoureux du verbe,  et plus, si affinités…

Comment trouver une voie/sa voix pour dire 1962 ? Le 30 octobre 1962,  Jean Sénac, poète chrétien, socialiste et libertaire algérien rentre en Algérie après huit années d’exil et d’espérance. N’ayant jamais connu son père, lui-même, taxé de  « gaouri » (descendant des conquistadors), il trouve le pays en liesse. On célèbre le 1er novembre 1954, date anniversaire du déclenchement de la guerre de décolonisation. Dans ces retrouvailles, tout est bonheur, lumière, promesse : « les rues délirantes », « Alger, joie, enthousiasme, confiance, travail, beauté et fraternité », « beauté du peuple, les gosses, la jeunesse, les regards admirables » (Carnet de 1962).

 Né dans les quartiers populaires d'Oran, Jean Sénac sera assassiné à Alger le 30 août 1973 sans que l'affaire ne soit jamais élucidée.

Son recueil Poèmes est publié par Gallimard en 1954, avec un avant-propos de René Char, dans la collection Espoir dirigée par Albert Camus. Il  a osé employer l'expression « patrie algérienne ». Après sa rupture avec Albert Camus, il publie en 1961 le recueil Matinale de mon peuple. Contrairement au défenseur de la « trêve civile » et d’un compromis pacifiste, Jean Sénac  soutient  la cause indépendantiste et la lutte armée (FLN), s’engageant à corps perdu dans une triple quête de reconnaissance : celle du pied-noir qui milite pour l’unification de l’Algérie libre ; celle de l’homosexuel qui défend  l’affranchissement des corps ; celle du poète qui contribue à la naissance  de  la création algérienne contemporaine, que ce soit  en littérature  ou dans les arts plastiques où il tente de réconcilier l’esprit et la chair, dans l’avènement d’un homme nouveau.

Les mouvements d’extrême droite partisans de l’Algérie française prônent une virilité exclusive. L’érotisation de la poésie des amours particulières sert de métaphore pour le  prélude  d’une  réunification  politique  non réductrice de la nation qui est tout d’abord se doit d'être plurielle et de se prémunir de toute  tentative d’uniformité. Non, l’algérien n’est pas qu’un arabe musulman!

  

 Un seul mot peut déclencher

la tragédie des étoiles

un seul mot peut faire pousser

des amandiers dans le désert…

Le terme « diwân » désigne, en langue  arabe un recueil de poésie, et le n— ن —oûn  est une lettre femelle au tracé sensuel, placée en exergue de la sourate 68 du Coran, intitulée « Le Calame ». Le graphisme,  le Verbe sacré et l’érotisme s’entremêlent dans un « corpoème ». Le poète, au terme d’une véritable expérience mystique, touche le divin dans une étreinte très sensuelle, les corps s’unissant « en une chair spirituelle/ Mais animale tout de même et si belle ! »(« Diwân du Noûn », Œuvres poétiques 1967).

On était parti pour rester …et savourer longuement  les enfilades enthousiastes de  verbe brûlant du poète algérien, dont on découvre les textes  pour la première fois grâce à  la  patiente  orfèvrerie de Daniel LIPNIKet de Mario FABBRI. Las, tout passa si vite! Ces textes n’ont rien d’une piquette poétique ou d’un lourd poison baudelairien,   mais tout du vertige et on flirte d'emblée avec l’éphémère et la beauté.    Les poèmes bordés de rivages solaires sont profonds, sobres,  équilibrés, charnels et même noçatoires! Va pour la licence …poétique !

Impossible de ne pas tomber sous le charme du duo de musicalités si finement apparié!   Les cadences  verbales du diseur Mario FABBRI alternent avec des textes servis sur orchestration musicale,  qui sont divinement sublimés par le pianiste Daniel LIPNIK. Celui-ci  a choisi de jouer principalement  le répertoire hypnotique des Gnossiennes et Gymnopédies d’Erik Satie. La palette romantique du pianiste met en relief les tableaux imaginaires, les analogies auditives, les accents  charnels, les envolées spirituelles et les désespoirs abyssaux. De son côté, le conteur,  Marco FABBRI resplendit de charme, d’aisance et de charisme. La voix est belle et les regards intenses. Les  postures galbées, bien étudiées et toujours renouvelées,  ne semblent surgir que  de la spontanéité juvénile  autour du piano phare.

« Oh vous frères et sœurs, citoyens de beauté, entrez dans le poème ! » L’éblouissement musical et poétique a bien eu  lieu, mais il était  hélas, de très courte durée et tellement vite évanoui ! La soirée poétique  était en effet  bien trop courte au goût des spectateurs  médusés. « La beauté sur nos lèvres est un fruit continu…Tout est chant, hormis la mort ! »

 

Noûn Poèmes d'Amour et de Révolte

Sur les plages
l'été camouffle la misère,
et tant d'estomacs creux
que le soleil bronza.
Dans la ville
le soir entrelace au lierre
le chardon de douleur,
cet unique repas.

Noûn, un chant d'amour.
Noûn, c'est un dialogue musical entre une voix et un piano.
Ce sont des poèmes d'amour et de révolte s'entrelaçant à une partition instrumentale jamais figée.
C'est la rencontre de plusieurs univers qui font écho entre eux : un écrivain solaire et engagé, Jean Sénac, et les compositeurs Erik Satie et Frederico Mompou dont l'inspiration échappe à toute définition.

Le duo Mateo & Laëndi, c'est  un acteur et un musicien qui se conjuguent pour offrir l'ouverture de nos horizons.

' … Emblème de surpassement, le noûn signifiera pour Sénac l'accès au sublime, la mise en place d'une érotique poétisée. '

Un spectacle du Duo Mateo & Laëndi
Jeu, mise en espace : Marco Fabbri
Piano, arrangement musical: Laëndi Lipnik

Production et diffusion : MusikAnima

Ferme du Biéreau
Mercredi 17 mai  2017

Réservations : musikanima.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_S%C3%A9nac_(po%C3%A8te)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27Alg%C3%A9rie

http://www.laviedesidees.fr/Jean-Senac-l-Algerie-au-corps.html

 

 

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administrateur théâtres

Le premier MuCH Waterloo Festival, un bouquet de talents virtuoses.(I)

 

Jolie formule musicale de carpe diem : du 7 au 11 juin à Waterloo, on  pouvait  assister à pas mois de  38 concerts courts et variés en 5 lieux répartis dans  Waterloo et les alentours. Cela se  clôturait de manière  printanière et festive dans  le cadre bucolique et accueillant  des jardins d’Argenteuil, à  la Chapelle Musicale  Reine Elisabeth,  par une garden party, devenue  maintenant traditionnelle. Le premier MuCH Waterloo Festival, un bouquet de talents virtuoses.

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Le premier concert du festival auquel nous avons assisté est  le très émouvant Oratorio, The Creation, (Hob. XXI:2) - Die Schöpfung de J.Haydn, donné dans la belle acoustique de L’Eglise Saint-Joseph à Waterloo, le 8 juin dernier.  Cette oeuvre lumineuse symbolise l'incarnation de l'immense foi et gratitude de Haydn  envers son créateur.  En homme profondément religieux, Haydn  écrivit : « Je n'ai jamais été aussi dévoué que lorsque je composais La Création. Chaque jour je priais Dieu à genou afin qu'il me donne la force nécessaire pour cette œuvre ».  Première oeuvre de type cosmopolite, elle a été  écrite dès sa création pour être chantée en trois langues : allemand, anglais, français, anglais.  La création  française  eut lieu le 24 décembre 1800 à Paris. C'est ce jour-là qu'en se rendant à la représentation, Napoléon Bonaparte faillit être victime d'un attentat. 

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Bart Van Reyn dirige chœurs et orchestre : L’Octopus Choir et Le Concert d’Anvers avec des solistes de tout premier rang: Julia Szproch et Cécile Lastchenko, sopranos, Pawel Konik, baryton, Denzil Delaere, ténor et Bertrand Duby, basse.

Une oeuvre empreinte de mystère et de tendresse : « leise , leise… ». Voilà offerte toute la beauté du monde  chantée par  le tenor Hugo Hymas (GB) qui remplace Denzil Delaere, souffrant! Trois solistes représentent trois anges qui racontent et commentent les six jours de la création du monde selon la Genèse: Gabriel (soprano), Uriel (tenor) et Raphaël (basse). La nature est une cathédrale qui berce. L’ange Gabriel (Julia Szproch) chante avec puissance juvénile et souples vocalises, les  produits nourriciers de la terre et  l’innocence de la création. Sa voix charmeuse nantie d'une palette d’une très belle envergure fuse vers les hauteurs. Le chœur  fait preuve  une diction allemande remarquable et r enchante le public avec « Die Himmel erzählen die Ehre Gottes Und seine Hände Werk zeigt an das Firmament » Cette interprétation donne lieu à un dégagement d’énergie incroyable qui  inonde  les moindres recoins du lieu. Les étoiles de l’univers dansent avec jubilation. La musique  joue au télescope et sonde l’immensité.

La deuxième partie de l'oratorio  commence avec  la création des oiseaux. L'orchestre se livre aux plaisirs d'une musique  imitative.  Une véritable  nuée de voix s’envole vers le ciel, alors que  les violons répondent en écho à chaque appel. Les roucoulades des flûtes soulignent l’innocence du monde,  avant que ne s'élève la sombre voix du Seigneur  après son impressionnante création des monstres marins: « Seid fruchtbar ... » La basse - Bertrand Duby, - vous donne le frisson ! « Erfreut euch in euren Gott ! » Ce dernier mot  semble vibrer indéfiniment.

Le très beau récitatif n° 23 du ténor décrivant la création de l’homme à l’image du Seigneur  repose sur l’écrin délicat du  clavecin, celui des violoncelles ronronnant de plaisir accompagnés de bois aériens. Dieu lui-même est content ! La plénitude  envoûtante du  Terzett 25  remet en lumière l’exultation du chœur.

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Mais bien sûr c’est le duo très attendu du couple radieux d’Adam et Eve « Holde Gattin, dir zur Seite Der tauende Morgen »  qui donne  toute la dimension mystique de l'oeuvre, qu’ils remercient le créateur pour la  merveille de la création ou qu’ils se disent leur mutuel amour et admiration dans de superbes lignes mélodiques. Cécile Lastchenko, soprano et Pawel Konik, baryton sont absolument extraordinaires. Le public s'en trouve bouleversé.  «  O glucklich paar ! »

Le choeur semble bondir dans une éternité sublime : « Singt dem Herren alle Stimmen... Des Herren Ruhm, er bleibt in Ewigkeit! Amen! »  Ce dernier couplet rassemble sous la baguette fougueuse et créatrice de Bart Van Reyn toutes les énergies terrestres et spirituelles des Amen retentissants, exaltés et parfois acrobatiques.  C’est enfin un public transfiguré  par l’émotion engendrée par  cette  apaisante fresque narrative  de la création, qui a exprimé sa joie dans un  tonnerre prolongé de fervents applaudissements.

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http://opera.stanford.edu/iu/libretti/schoepf.htm 

http://musicchapel.org/event/much-waterloo-festival-5/ 

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 http://brussels.carpediem.cd/events/3744150-garden-party-much-waterloo-festival-at-chapelle-musicale-reine-elisabeth/L’image contient peut-être : 5 personnes, personnes souriantes, personnes debout, mariage, costume et intérieur

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SINGING BRUSSELS CELEBRATION WEEKEND

Un weekend tout en chœur. Voilà l’ambition du Singing Brussels Celebration Weekend. Les 20 et 21 mai prochains, deux jours durant, BOZAR vibrera au son d’une trentaine de chœurs amateurs et professionnels. C’est le projet Cantania, une chorale de 660 élèves dans une production musicale 100% belge, qui ouvrira les festivités. Le dimanche, un grand concert participatif avec VOCES8 viendra ponctuer les dialogues de choeurs. Et c’est sur l’Hymne à la joie, interprété par le Collegium Vocale Gent et l’Antwerp Symphony Orchestra, sous la baguette du maestro Herreweghe, que se clôtureront ces deux journées dédiées à la joie de chanter.

Les 20 & 21 mai 2017 – Palais des Beaux-Arts

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Pour ouvrir les festivités le samedi 20 mai, 660 élèves issus d’une vingtaine d’écoles primaires bruxelloises interpréteront ensemble l’œuvre musicale originale imaginée pour le projet Cantania par le compositeur belge Jean-Philippe Collard-Neven et les poètes nationaux Laurence Vielle et Charles Ducal « L’Ecole en cavale/ Schoollopen op straat ».

Et tout au long de cette troisième édition du Singing Brussels Celebration Weekend, ce ne sont pas moins de 30 choeurs, amateurs ou professionnels, qui se produiront dans tout le Palais des Beaux-Arts.  Venus de tous les coins de Belgique, ils interpréteront une variété d’œuvres chorales. Grande nouveauté de cette année : certains chœurs se produiront en binômes, afin de promouvoir la diversité des univers musicaux et la rencontre entre choristes.

 

Outre ces concerts et dialogues, un des points d’orgue du weekend est le grand concert participatif du dimanche 21.05. Tout le monde est invité à se joindre à l’ensemble britannique VOCES8, dirigé par Paul Smith, pour entonner dans la salle Henry Le Bœuf Hymn to our City, une pièce vocale composée spécialement pour cette occasion. Cet hymne, point culminant du Singing Brussels Celebration Weekend, est une ode à la ville

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La répétition, à laquelle notre chorale participe (ICB International Chorale Brussels directed by John Brown)   et  est ouverte à la presse aura lieu avec VOCES8                      le 15.05 de 18 :30 à 21:30.

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Divers ateliers de chant ponctueront par ailleurs le weekend, dont plusieurs pour enfants de 3 à 5 ans avec ou sans leurs parents. Parmi les autres ateliers : corps et voix, improvisation, musique des caraïbes, … Il y en a pour tous les goûts, et ils ne nécessitent pas  de connaissances préalables. L’envie de chanter est le maître-mot.

Le weekend se clôturera sur un concert du Collegium Vocale Gent, sous la baguette du très grand Philippe Herreweghe. Avec l’Antwerp Philharmony Orchestra, ils interpréteront notamment la célébrissime Symphonie N°9  de Beethoven, l’Hymne à la joie. Une digne clôture pour deux jours dédiés à la joie de chanter.

 

Ce week-end est une initiative du projet Singing Brussels, qui promeut le chant comme expérience collective interculturelle et intergénérationnelle. A travers un événement comme le Singing Brussels Celebration Weekend, qui réunit à travers la pratique du chant collectif toutes les communautés, BOZAR entend se positionner comme un lieu crucial dans la ville et pour la ville, comme un lieu de rassemblement ouvert à toutes les cultures et aux différentes classes sociales. En tant que maison culturelle internationale située au cœur de la capitale européenne, BOZAR se positionne comme un microcosme de la métropole bruxelloise, qui est un modèle de l’hyper-diversité de la société d’aujourd’hui.

 

Le programme complet du Singing Brussels Celebration Weekend sera disponible en ligne ici

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administrateur théâtres

Le chœur La Psalette de Bruxelles chantait samedi soir avec le BPO, le Brussels Philarmonic Orchestra, dans une très belle prestation à l’église du Collège Saint- Michel don le vrai nom est l’église Saint-Jean-Berchmans ! On aime vraiment retrouver la musique sacrée dans son cadre naturel, un lieu sacré aux belles perspectives avec une belle acoustique, des pierres qui prient, des voûtes, des colonnes, des vitraux brillants de spiritualité. Avec une cinquantaine de membres, cette formation chorale belge fête bientôt ses 60 ans d’anniversaire et pratique un vaste répertoire allant de la Renaissance à … Jacques Brel.


Au programme, le Gloria en ré majeur (RV 589) de Vivaldi, en 11 mouvements qui invitent au recueillement et à la profondeur.  Que le temps suspende son vol et que l’assemblée pénètre au cœur de l’essentiel! Le Gloria sera exécuté avec pause entre chaque partie, y compris après le titre.

Cela commence par un ensemble soyeux sous la direction de David Navarro Turres et le Brussels Philarmonic Orchestra, le crescendo envoûtant se déploie sur le pro nobis. Le duo de solistes sopranos s’empare alors de l’ivresse angélique du Laudamus te. C’est très contrasté car la première soliste, Anh Dang qui chante pour la Psalette de Bruxelles incarne l’humilité et l’innocence de la fragilité, tandis que Astrid Defauw, soprane professionnelle, incarne une flamboyance un peu écrasante, il faut le dire. Ainsi, deux aspects opposés de notre humanité s’entrelacent à la louange du Seigneur et le cœur penche vraiment pour la plus vulnérable! Par la suite, on devra attendre un peu longuement l’entrée du Dominus deus, au 5e verset car il semble que les partitions du clavecin se soient subrepticement mélangées ou volatilisées… De notre place entre les premières colonnes, c’est le cœur battant que nous regardions l’instrumentiste désemparée, puis vivement assistée par un collègue, mais l’ensemble de l’assistance, tout comme le chef d’orchestre d’un calme impeccable, ont fait mine de ne rien entendre de ce blanc anormalement prolongé… Puis la musique reprend son vol, célébrons la vie, Alleluia ! Le lieu sacré où se déploie la musique est baigné de grâce et de joie, les violons bien  allègres dans le verset 6, la contrebasse intensément présente, pour terminer sur un Vivaldi solaire dans les versets 9 et 10. Seul regret, l'absence de podium pour l'orchestre.  


La deuxième partie du concert était une véritable surprise, le Magnificat de John Rutter, un compositeur anglais contemporain de renommée internationale étant à l’affiche. Ce dernier est titulaire du Lambeth Doctorate of Music reçu des mains même de l’archevêque de Canterbury en reconnaissance de sa contribution à la musique sacrée. Et quelle contribution ! cette splendide œuvre de feu et de sacre fut créé au Carnegie Hall de New York par le Manhattan Chamber Orchestra, des chœurs et la soprano Patricia Forbes, le 26 mai 1990, sous la direction du compositeur. Le Magnificat, le cantique de la Vierge Marie, faisait traditionnellement partie de l’antique rite des Vêpres dans l’église romaine médiévale. Après la Réforme, il devait être intégré aux services en soirée des églises luthériennes et anglicanes.

Le voici, rythmé, percutant dès les premières mesures, dépoussiéré, remodelé, mis au goût de la modernité, swing garanti à l’appui. Textes latins et anglais de souche s’interpénètrent, chant grégorien et accents jazzy dialoguent gaiement. Le public jubile. La harpe a un beau rôle, les voix séraphiques - des voix de jeunes garçons anglais, à s’y méprendre - dessinent « Of a rose, a Lovely Rose », un merveilleux poème en l’honneur de la Vierge. Des percussions très actives, dans Quia fecit mihi, la toute-puissance divine incarnée par l’orgue. La merveilleuse soliste mezzo Julie Prayez , planera avec des ténors solistes issus du chœur, dont Daniel Lipnik,  dans le Sanctus vibrant, lumineux, aux harmonies voluptueuses. Fecit potentiam est enlevé, les femmes exaltent l’humilité et la douceur dans des sonorités crémeuses. La soliste persévère dans une douceur angélique et vibrante à la fois. Les voix d’hommes et de femmes sont bien cintrées et nettement contrastées. Les bois donnent de la rondeur. Et le Sicut erat in principio donne toute sa place à un chœur triomphant, la soliste continuant de briller dans un merveilleux équilibre sur cordes et harpe, avant l’Alleluia aérien couronné par une flûte en flèche vers le ciel.

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administrateur théâtres

La Chypre imaginaire de Shakespeare est une  riche possession vénitienne, bastion  entre l’Islam et la chrétienté orientale. Priorité à la structure et aux couleurs : les notables festoient sur  l’esplanade d’un palais vénitien dans un déluge de tenues d’apparat, dignes de tableaux renaissance de Véronèse : Les noces de Canna (1562)?    On ne peut qu’être remplis d’admiration pour ces costumes rutilants faits de  tissus et  soieries tellement  raffinés -“Stuff dreams are made of” -   et signés  par le fidèle  créateur de L’opéra Royal de Wallonie: Fernand Ruiz. Ceux-ci, tous différents, font  presque passer au second plan les colonnades antiques du palais où se déroule l’action après la  bataille de Lépante…

Cette histoire Shakespearienne encensée par Verdi avait été écrite en 1603-1604 après la publication d’un édit royal de 1601 ordonnant l'expulsion de tous les Noirs d'Angleterre. Otello, le général maure de l’armée Vénitienne est en extase devant  sa jeune  épouse Desdemona qu’il a épousée contre le consentement de ses parents. Cependant,  son conseiller de confiance, Iago, commence à laisser  entendre que Desdemona est infidèle. Il veut causer la perte d’Otello et le pousser au crime passionnel.  Qui des deux, Otello va-t-il croire : son perfide et envieux compagnon d’armes  ou son innocente  femme? Avec une exactitude presque mathématique, on assiste au développement  du sentiment de  jalousie, depuis sa naissance à peine perceptible jusqu’à son fatal paroxysme. Les chœurs toujours dirigés par Pierre Iodice sont somptueux et constituent un renouvellement ininterrompu de  tableaux vivants  de l’époque Elisabéthaine!

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Otello se confond impeccablement avec la ligne ascendante implacable de la jalousie, depuis la confiance extatique au premier acte, jusqu’à l’instant où naît le soupçon infusé avec machiavelisme par Iago, celui où commence la traque de la trahison imaginaire dans une  passion qui s’exaspère jusqu’à la folie bestiale. Et puis, devant le constat de son crime et l’innocence certaine de la victime, il se précipite dans l’abîme du désespoir et de l’inutile repentir. Le ténor   argentin José Cura, formé par Domingo Placido  explore sa partition avec vigueur brûlante et profusion de couleurs.  Son «Abbasso le spade!» clamé avec autorité contraste pleinement avec son duo  avec Desdemona, qui clôt le premier acte. Il diffuse parfaitement sa perception de  la volatilité du bonheur lorsqu’il dit vouloir mourir dans l’extase de l’étreinte de sa compagne.  «Già nella notte densa» déborde de tendresse. Les dieux seraient-t-ils jaloux de ce pur bonheur?

Otello

Jose Cura © Lorraine Wauters 

«  Credi in un Dio cruel che m’ha creato simile a sè ! » Je crois à un Dieu cruel qui m’a fait à son image ! Le sulfureux Iago (Pierre-Yves Pruvot), humilié de s’être vu refuser une promotion,  a engagé une machination infernale pour détruire celui qu’il s’est mis à haïr avec passion.  Il est  consumé par l’orgueil, la jalousie, l’envie et le désir de vengeance. Sa duplicité monstrueuse  fascinante  en fait une figure d’un charisme  infernal qui force  malgré tout l’admiration du public. Quelle prestation et quelle sonorité ! Le baryton Pierre-Yves Pruvot  endosse le costume de l’hypocrisie avec une conviction et un talent vocal et théâtral exceptionnel. Ses moindres inflexions changeantes tantôt caressantes, tantôt menaçantes donnent froid dans le dos tant la fourberie est toxique!

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Desdemona est remarquablement intense dans sa naïveté et son aveuglement amoureux, mais aussi d’une lucidité  surnaturelle  devant l’imminence de sa fin brutale. Cinzia Forte  qui s’est illustrée sur la scène de l’Opéra de Wallonie plusieurs fois, RigolettoLe Nozze di FigaroFidelio et La Bohème) possède une voix pleine de fraîcheur de délicatesse et de rondeur. Ses aigus soulignés par la finesse des violons et en suite  celle des  bois sont super légers !  Son désarroi devant les accusations injustes est  immensément touchant. « Atterré, je fixe ton terrible regard, en toi, parle une furie ! » « L’Eternel voit ma foi ! »L’orchestre est en délire et l’accompagne dans son sentiment d’injustice. Otello l’étouffe sur sa poitrine, elle fuit et les cordes soulignent son isolement. Plainte douloureuse, le soleil s’est éteint.  On retrouve la hantise de l’antiquité grecque.  Dans la fange amère et glacée, elle pleure son âme qui se meurt. Après son Ave Maria, « prega per noi ! » elle quitte le coussin sur lequel elle s’était agenouillée pour s’approcher du lit mortel. L’Amen est illuminé bordé de violons fins comme des cheveux d’ange  Son jeu  final d’oiseau pour le chat est pleinement attendrissant et semble penser :  « Tue-moi mais fais vite !» « As-tu prié » demande Otello ! «  Mon pacte est l’amour. » Tout est dit !

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S’il visait l’excellence  pour sa dernière représentation à L’Opéra de Liège,  Paolo Arrivabeni, dont  c’est la dernière saison, a atteint pleinement son but. Il  confirme sa très fine et profonde  connaissance de l’œuvre et son habileté pour traduire tous les sentiments. Il  parcourt la triple tragédie  dans les moindres détails, avec un sens aigu des variations d’atmosphères et un traitement époustouflant des orages annonciateurs de  tempêtes de sentiments dont les humains sont victimes. La pâte sonore luxuriante semble monter comme un immense soufflé de haine, de jalousie et de désarroi d’une rare  intensité. De la place où nous étions, nous avions une vue plongeante sur l’orchestre, de quoi pouvoir observer les moindres détails des interventions des instrumentistes. Joie musicale redoublée. Quatre notes de harpe disent la nuit qui descend, l’accompagnement du rire de Iago est fracassant et quand le doute pénètre Otello, les cordes en tremblent ! Le venin de la trahison imaginaire s’infuse dans les bois, la colère d’Otello bouillonne avec un orchestre en folie alors que genou à terre celui-ci fait un pacte avec le Diable! Les cuivres sont sanguinaires : « Comment vais-je la tuer » se demande Otello ! Et la munificence de la cour vénitienne déferle avec les chœurs qui saluent le vainqueur de Chypre. A la fin du 3e acte le chef a donné toute sa force et est épuisé par le paroxysme musical. A la fin du 4e acte, le dernier souffle de vie est expulsé par l’orchestre.    19224769_1732477563448290_253497608858692607_n.jpg

Le jeu de la suivante, Emilia n’est pas moins convainquant « Je suis ta femme, pas ton esclave ! » assène-t-elle à Iago. Alexise Yerna a été entendue sur la même scène dans Manon, Luisa Miller, Rigoletto, Ernani, Il Barbiere di Siviglia, Lucia di Lammermoor, La Traviata et Orphée aux enfers. Les deux femmes sont à la pointe de l’intimité, elles s’entraident avec la ferveur du désespoir.  Leur duo tendre souligné par les hautbois est un moment d’émotion intense et lumineuse. C’est elle qui expliquera avec détermination la félonie de son mari  à l’ambassadeur de Venise (notre cher Roger Joachim). Et Cassio, le jouet du destin, c’est  Gulio Pelligra (dans Nabucco en octobre dernier) qui l’habille d’une très belle humanité.

SAISON : 2016-2017

DIRECTION MUSICALE : Paolo Arrivabeni MISE EN SCÈNE : Stefano Mazzonis di Pralafera CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : José CuraCinzia FortePierre-Yves PruvotGiulio PelligraAlexise YernaRoger JoakimPapuna TchuradzePatrick DelcourMarc Tissons

NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 6DATES : Du vendredi, 16/06/2017 au jeudi, 29/06/2017  

http://www.operaliege.be/fr/activites/otello

Crédit photos: Lorraine Wauters

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Aida - Verdi à la Monnaie

L’image contient peut-être : 1 personne, nuit et plein airDirection musicale : Alain Altinoglu / Samuel Jean (les 30, 31 mai et 2 juin)

Mise en scène : Stathis Livathinos

Aida ou le rêve d’un ailleurs, Radamès ou le rêve du devoir et de l’amour réunis, Ramfis, ou le rêve de  la justice divine, Amnéris ou le rêve de la jalousie surmontée, Amonastro ou le rêve du royaume retrouvé, Verdi ou le rêve de l’amour transcendé… Une île au large du désespoir!

Faisant fi de l’esthétique monumentale – disparus : éléphants,  pyramides, toute l’Egyptomanie ruisselante de fastes pharaoniques –  nous voici sur un vulgaire caillou, récif hostile et déserté par la vie, quelque part en Méditerranée.  Un « Paradise lost » pour Aida, la belle esclave éthiopienne au service de la fille du pharaon, Amnéris, par malheur  également amoureuse de Radamès le vaillant héros. Aida, partagée entre l’amour et les devoirs qu’elle doit à son père, ennemi du pharaon et son amour pour le vaillant  Radamès.  Radamès, partagé entre son amour inaltérable pour Aida et son amour et devoirs pour la patrie.  

Mais il ne s’agit pas de simples rivalités amoureuses ou de fresque pseudo-historique, la  mise en scène de  Stathis Livathinos  (dont c’est la première mise en scène d’opéra), est digne d’une tragédie grecque. Importent au premier chef, l’intemporalité et la lutte existentielle  perdue d’avance entre les trois tenants du triangle amoureux  que le Destin se charge d'écraser. La souffrance humaine est au centre, le couple est maudit. Radamès emmuré dans la tombe, n’est-il pas l’incarnation masculine d’une Antigone injustement  privée de  cette lumière qu’elle adorait plus que tout?  « La pierre fatale s’est refermée sur moi, Voici ma tombe, je ne reverrai plus la lumière du jour… »

Nous sommes déjà  dès le début avec un pied dans  la tombe, la machine infernale, telle le pendulum d’Edgar Poe est prête à faire son œuvre. Vents, rafales, nuées hostiles  étranglent le décor dès l’ouverture du rideau. Le ciel est comme un couvercle… mais l’imaginaire a gagné ! L’œuvre se recentre sur la musique, et quelle musique!  Un concert de sentiments à vif et d’introspection, d’atmosphères orientales et de désirs intenses dirigé tout en finesse par Alain Altinoglu. Le lyrisme orchestral est omniprésent. Le rêve de gloire de Radamès exulte dans la richesse des sonorités  des cuivres et trompettes. La harpe et la douceur irisée des bois et des cordes souligne les moments de tendresse, lorsque par exemple  Aida endormie dans le rocher fait une apparition divine, « Céleste Aida ».   L’impitoyable duo d’Aida et d’Amnéris  à qui elle a involontairement avoué son amour pour Radamès, est trempé de larmes musicales. Le trio « Mes larmes sont celles d’un amour impossible » chanté par les trois infortunés  se termine par des accords déchirants.  Les évocations de drame intime diffusent des vibrations profondes et sincères  au sein d’une très grande variété d’expressions.   A chaque étape, un silence lourd comme un tomber de rideau étreint l’assistance totalement prise par l’émotion,  avant que la tragédie ne poursuive son  cours inexorable. Dans cette chanson de geste tragique, chaque nouveau rebondissement ajoute une recrudescence de désolation répercutée par l'orchestre.  Alain Altinoglu relance inlassablement l’intérêt et joue à merveille tous les registres, de l’intime au spectaculaire:  les cris de vengeance et de puissance, les fanfares guerrières, les  terribles déclarations de guerre,  les  implorations  sacrées des prêtresses, les  jugements iniques des  grands prêtres,  les  foules aveugles en liesse, les plaintes des esclaves et des prisonniers,  les  éléments en furie et le silence du ciel!  Sa musique est enveloppante comme le chœur  d'une tragédie grecque! 

 

On ne pouvait pas élire meilleure interprète du rôle d’Aida que la sublime Adina Aaron, jeune  soprano lyrique  américaine,  bien connue dans le rôle d’Aïda depuis sa prestation à Busseto (Italie)  pour la commémoration du  centenaire de la mort de Verdi en 2001, dans la mise en scène de Franco Zeffirelli. Une voix extraordinaire qui dispose d'une maîtrise technique parfaite. Les affres éprouvées dans son rôle d’esclave alors qu’elle est fille de roi, sont pleinement convaincantes. Elle joue sans fards, avec une émotion, une  intelligence et une sincérité remarquables.  « Dois-je oublier l’amour qui a illuminé mon esclavage? Puis-je souhaiter la mort de Radamès, moi qui l’aime plus que tout ? »  Est-ce son espoir éperdu de fuite avec Radamès  évoquant  le sort des milliers de réfugiés qui parcourent la Méditerranée aujourd’hui, qui nous émeut jusqu’aux larmes? Dans l’« air du Nil », la jeune esclave exprime toute la nostalgie et son attachement au pays natal. Comment ne pas voir à travers cette prestation  que l’espoir intime des milliers de réfugiés est justement d’oublier les persécutions, la guerre. « Fuyons les chaleurs inhospitalières de ces terres nues, une nouvelle patrie s’ouvre à notre amour ! Là nous oublierons le monde dans un bonheur divin… »   Sa prestation vocale charnelle et généreuse rejoint la plainte d’une Antigone, victime expiatoire de la superbe et de l’intransigeance des puissants. Le duo final du couple dans la tombe  les mène d’ailleurs au bonheur divin : « Déjà je vois le ciel s’ouvrir - et il s’ouvre vraiment scéniquement - là cessent tous les tourments, là commence l’extase d’un amour immortel! »  Ce duo  rappelle les premières notes impalpables du prélude de l’œuvre. De crépusculaire,  celui-ci devient lumineux.

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Enrico Iori (Il Re) ; Mika Kares (Ramfis) © Forster

Dans les rôles masculins il y a a le ténor, Andrea Carè, au début, héros assez conventionnel,  mais qui  se développe en un personnage de plus en plus  dramatique et convainquant. On retient cette image inoubliable où, laissés seuls à la fin de l'acte II,  il lâche  avec dégoût et de manière définitive  la main d’Amnéris. Le héros déshonoré aura trahi pour Aida et sa patrie et son honneur... Il se taira devant ses juges. Mais il  ne trahira pas  l’amour!  Quelle posture magnifique! La basse qui interprète le chef des prêtres (dans un magnifique costume) c'est un excellent Giacomo Prestia et le baryton Dimitris Tiliakos qui incarne le père d'Aida, est un Amonasro  d'une  ascendance tout à fait  impressionnante.   

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© Forster 

A l’opposé de tant de finesse et de nuances chez Aida, il y a évidemment la méchante, interprétée  le jour de la première par Nora Gubisch. La grotesque Amnéris  a transformé son amour inassouvi en colère abyssale. Elle est aveuglée par la colère – une grande faute de goût chez les Grecs. Elle ne se rend compte qu’à la fin, que c’est sa jalousie pure  qui a causé la perte de tout le monde et que la clémence aurait été préférable. Contrairement à Aida, son jeu scénique n’est pas très développé, elle brutalise son esclave, s’arrache les cheveux et lacère se vêtements… On constate que  ses interventions collent au caractère glauque qu’elle incarne, et sa perruque, si perruque il y a,  parodie la coiffure de la très puissante Reine Elisabeth I,  aux pieds de laquelle se prosternaient des dizaines d’amants éconduits… Mais Verdi lui accorde une rédemption puisque Amnéris, la voix étouffé par les pleurs et se prosternant sur la dalle de la tombe implore enfin la paix au tout-Puissant Ptah!   

 

Et qu’est-ce que les mouvements de masse nous donnent-ils à voir ?   Encore le désespoir des déplacés et le cri de l’injustice. Les hommes transformés en chiens et en faucons. Une outrecuidante soldatesque qui appelle à la guerre  et des éclopés de  guerre agités de mouvements frénétiques.  Le mystère d’Isis dissimulé derrière le voile brodé du temple qui cache le saint des saints. La superbe des nantis qui exploitent la valetaille. La foule couleur sable, qui s’enivre de plaisirs ou de mortelles sentences. Cheveux cachés ou poudrés,  leur cœur bat au bruit des drapeaux qui claquent  tels des  nuées d’oiseaux d’Hitchcok, ils symbolisent un peuple muselé, ignare sans doute, manipulé et sans voix… Une sacrée performance pour  un  chœur! Il est  parfois proche, parfois lointain, comme dans le magnifique hymne à Ptah, où leurs harmonies et leur dialogue avec l'orchestre  sont  sublimes! Que de tableaux de  vaine poussière, face à l’héroïsme vivant du couple que l’amour rend éternel!


Distribution : 

Aida ADINA AARON
MONICA ZANETTIN (17, 20, 26, 31/5 & 4/6)
Radamès ANDREA CARÈ
GASTON RIVERO* (17, 20, 26, 31/5 & 4/6)
Amneris NORA GUBISCH
KSENIA DUDNIKOVA (17, 20, 26, 31/5 & 4/6)
Amonasro DIMITRIS TILIAKOS
GIOVANNI MEONI (17, 20, 26, 31/5 & 4/6)
Ramfis GIACOMO PRESTIA
MIKA KARES (17, 20, 23, 26, 31/5 & 4/6)
Il Re ENRICO IORI
Una sacerdotessa TAMARA BANJESEVIC
Un messaggero JULIAN HUBBARD

 

https://www.lamonnaie.be/fr/program/219-aida

http://concert.arte.tv/fr/aida-de-verdi-au-theatre-de-la-monnaie

http://opera.stanford.edu/Verdi/Aida/libretto_f.html

interviews/ extraits:   

http://www.bruzz.be/nl/video/de-munt-speelt-aida-voor-het-laatst-op-thurn-taxis

L’image contient peut-être : une personne ou plus, nuage, ciel, plein air et natureMonica Zanettin (Aida) © Forster

Monica Zanettin (Aida) ; Ksenia Dudnikova (Amneris) © ForsterL’image contient peut-être : 1 personne, nuit

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administrateur théâtres

Stabat Mater, opus 58  Antonín  Dvořák (1841-1904) œuvre pour soli, chœur et orchestre

Cécile Lastchenko- soprano
Pauline Claes - mezzo
Sébastien Romignon-Ercolini - tenor
Kris Belligh - Bariton
Namur Chamber Orchestra

Direction:Ayrton Desimpelaere


Grand concert de la Régionale A Cœur Joie de Bruxelles sous la direction d' Ayrton Desimpelaere, au profit de l’ASBL « Camp de Partage »

Le jeune chef belge Ayrton Desimpelaere (né en 1990) fait partie  d’une génération montante d’artistes qui se retrouve comme par enchantement dans les salles les plus prestigieuses.  Le jeune maestro talentueux a eu l’occasion de diriger la demi-finale du Concours Tchaïkovski à Moscou en 2015 devant un jury prestigieux présidé par Valery Gergiev et retransmis  sur Medici.tv. Au cours de la saison 2016-2017 il a dirigé la Flûte Enchantée  en version à vocation pédagogique, à L’Opéra Royal de Wallonie où il a eu l’occasion bénie de pouvoir côtoyer tout au cours de l’année,  d’immenses personnalités du monde musical, grâce à son assistanat dans la direction d’orchestre. Depuis 2015, il assure la direction du chœur de la régionale A Cœur Joie de Bruxelles composée de 180 choristes et depuis 2014 il dirige un répertoire d’œuvres sacrées lors des  stages de Chant choral à Loos (France) qui rassemble chaque année une centaine de choristes. Cette année l’œuvre sacrée choisie est La petite messe solennelle de Rossini.  Dernièrement, il a également dirigé lors du Singing Brussels Celebration Weekend à Bozar,  660 élèves issus d’une vingtaine d’écoles primaires bruxelloises interprétant  l’œuvre musicale originale imaginée pour le projet Cantania par le compositeur belge Jean-Philippe Collard-Neven.

Pour ce  prodigieux Stabat Mater, Le NCO (Namur Chamber Orchestra), une formation de 12  jeunes musiciens issus des Conservatoires royaux belges  et qui s’est produite dans de nombreux festivals belges ainsi qu’en France, s’est  augmenté de musiciens professionnels  supplémentaires pour former un orchestre symphonique sous la baguette de leur chef Ayrton Desimpelaere qui dirige également l’immense cohorte musicale des choristes de  la formation A Coeur Joie. Les bénéfices du concert iront généreusement au profit de l’ASBL «Camp de Partage». Quatre solistes éblouissants complètent le tableau : La soprano Cécile Lastchenko (°1989), La mezzo-soprano Pauline Claes, le ténor Sébastien Romignon Ercolini et la basse Kris Belligh.

La version initiale pour quatre solistes, chœur et piano a été composée par Dvořák après la mort de sa fille Josefa en 1875. Il a ensuite mis le travail à l'écart sans l'orchestrer. Peu de temps après, il a perdu deux autres enfants en 1877. À ce stade, il est retourné au manuscrit qu'il avait  abandonné l'année précédente pour composer l’œuvre orchestrale.


Le texte  latin du Stabat Mater  date  du milieu du XIIIe  siècle, mais  les sentiments évoqués dans  ce poème ont une valeur intemporelle.  Le moine franciscain qui l’a écrit et dont l’identité n’est pas certifiée, a trouvé son inspiration religieuse dans la souffrance de Marie au pied de son Fils cloué sur la croix. Ce texte  ainsi que le traitement  musical que  Dvořák a composé  nous touche profondément et exprime l’universalité  notre compassion avec la souffrance  de l'homme.

 

Le concert s’est donné dans la salle Henry le Bœuf  du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 10 juin 2017. Ayron Desimpelaere a su équilibrer les différentes interventions, chœur, orchestre et soli. De terrestre, - ce que pense le jeune chef de la version  qu'il a livrée -   son interprétation apparaît à certains moments purement cosmique et reflète une force bouillonnante de synergies qui fusent  dans la fresque chorale monumentale. Le chœur très nombreux d’amateurs ne déçoit pas - rien d’approximatif ou d’hésitant -   il est  très à la hauteur. Il est  juste sans doute regrettable  que le concert n’ait probablement pas été enregistré.

Le jeune chef  a su insuffler à son orchestre une belle dynamique empreinte de tension dès le prélude où le crescendo lugubre aboutit  rapidement dans un paroxysme apocalyptique pour être ensuite adouci par des bois aux sonorités très pures. Les constructions successives sont monumentales.   Le Quis est Homo est magnifiquement débuté par Pauline Claes et rallié avec émotion profonde par le tenor Sébastien Romignon-Ercolini  pour aboutir avec souplesse dans un quartet bien balancé.  La désolation est absolue dans la voix de  basse de Kris Belligh. Difficile de ne pas être frappé par la tristesse.  Le public peut  dès lors accompagner mesure après mesure  le Eia Mater Fons Amoris qui  diffuse tout au long du chemin de douleurs, douceur et cris de colère à travers des vagues de pleurs océaniques… Fac Ut Ardeat Cor Meum est magnifiquement conclu par Kris Belligh. La salle entière accompagne les souffrances du Crucifié, les yeux fixés sur les mains du maestro qui  sculpte la douleur.

Le chœur peut alors se lâcher dans la puissance de la  tendresse, un sorte de berceuse cosmique: Tui Nati vulnerari dont la deuxième partie résonne comme une marche triomphale, cuivres et percussions à l’appui, vents pleins d’espérance.  C’est  ensuite le tour du ténor Sébastien Romignon-Ercolini aux accents très romantiques  méditerranéens qui dans le  Fac me vere tecum flere,  arrache des larmes par sa juste et belle entente avec le choeur. La salle est  définitivement conquise et attend avec impatience  son duo avec l’exquise tendresse de Cécile Lastchenko : Fac ut portem Christi mortem…  Le timbre est chaleureux, la voix est souple et les aigus bien ronds sont  assurés. 

Le quartette et le chœur et l’orchestre  concluront dans  une  puissance resplendissante magnifiquement édifiée par Ayrton Desimpelaere où se combinent, implorations respectueuses, enracinement de la force de la foi, silence, et confiance joyeuse dans la danse des anges et le triomphe absolu  de l’amour. Les voix a capella des hommes et des femmes, puis l’orchestre seul et les derniers Amen s’évanouissent avant l’A Dieu final.  Les applaudissements de bonheur éclatent de toutes parts.

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 Sachez finalement que  le maestro, après avoir pris le micro pour des émouvants remerciements pour la collaboration généreuse de tous ses partenaires et de toutes les personnes qui ont soutenu ce fabuleux projet,  offre  en bis ce que son cœur lui dicte et ce que le public attend secrètement: Eia Mater Fons Amoris.

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http://www.bozar.be/fr/activities/125430-stabat-mater-de-antonin-dvorak 

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https://www.rtbf.be/musiq3/actualite/musique/detail_la-matinale-invite-du-15-06-ayrton-desimpelaere?

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administrateur théâtres

Didon et Enée, une production poétique, stupéfiante de grâce et de beauté dont on ressort émerveillés, et si reconnaissants…

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Avant le début de la représentation de Didon et Enée, on écoutera à rideau fermé, la Suite d’Abdelazer or the Moor’s revenge d’Henry Purcell (1695), pièce orchestrale en 9 mouvements, question de se familiariser l'oreille aux instruments anciens et à une musique baroque rarement jouée dans ce temple de l'opéra italien... 

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Didon et Enée

C’est une romance apocalyptique, mais quelle savoureuse féerie baroque! Voici la Méditerranée, la grande bleue de notre tendre enfance, pavée d’enfer et lieu absolu du chaos des destinée! Imaginaire anglais :  les flots  d’azur renferment d’affreuses sorcières ricanantes et des  esprits maléfiques dont le but unique est de répandre le mal.

 Image clé de cette nouvelle production de l’Opéra de Liège, il faut pour le lecteur, se situer face à un rivage désert de mer du sud au crépuscule,  devant des vagues qui déferlent voluptueusement  au balancement  de la musique. Mais en même temps, on se croit plus au nord,  côté Manche,  avec les noirs  Idle Rocks des Cornouailles qui évoquent  la ville de Carthage, ville nouvellement  créée par des réfugiés de Tyr. Comme dans les féeries de Shakespeare, voici un libre cocktail élisabéthain d’époques et de lieux,  fait pour  enchanter l’imaginaire. Le public sera pris d’un bout à l’autre du récit par la virtuosité exceptionnelle de la mise en scène et des chorégraphies qui évoquent le monde sous-marin et ses monstres, les  métaphores du Mal. Les douces ondulations des flots bleus peuvent se transformer en terribles tempêtes, bruitage Purcellien à l’appui ! Cet unique opéra d'Henry Purcell, dont aucune partition originale n’a été conservée, a été composé pour les jeunes filles d’un pensionnat aristocratique,  sur un livret de Nahum Tate, d'après le livre IV de l'Énéide. Il  est fait d’un prologue et de trois actes.

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   D'après l'Enéide de Virgile, la vaillante veuve Elissa originaire de Tyr, qui porte le nom latin de Didon, reine de Carthage,  accueillit Enée  et en tomba amoureuse. Au cours d'une partie de chasse alors qu'un violent orage les a réunis dans une grotte, ils deviennent amants. Mais Virgile veut donner des origines mythiques à Rome et faire du héros troyen et de son fils Ascagne, les fondateurs de  la ville. Virgile  se sert des dieux  pour empêcher l’union  de Didon et Enée. Poussé par ceux-ci, Enée  décide de répondre à son destin et reprendre la mer pour fonder la nouvelle Troie. La magicienne et ses sorcières se réjouissent de la détresse de la reine car pour elles,  seul importe que Didon soit privée de gloire, d’amour et de paix.  Didon ordonne de construire un bûcher afin qu’Enée voie de son navire  qu’elle s’est suicidée.  Elle se poignarde de dépit,  ayant  renvoyé Enée (le bariton Benoit Arnould) alors  que celui-ci était finalement prêt à braver les dieux et à leur désobéir pour elle.   

Recitatif
Thy hand, Belinda, darkness shades me,
On thy bosom let me rest,
More I would, but Death invades me;
Death is now a welcome guest.

Aria
When I am laid, am laid in earth, May my wrongs create
No trouble, no trouble in thy breast ;
Remember me, remember me, but ah! Forget my fate.
Remember me, but ah! Forget my fate.

Roberta Invernizzi joue ici une Didon parfaitement tragique et émouvante. Son lamento final quelle adresse à sa sœur Belinda (Katherine Crompton) est inoubliable pour les yeux, comme pour les oreilles et a contraint le public à un silence absolu tant la conjonction de l’orchestre et des chœurs  semblant rendre les derniers soupirs,  la chorégraphie de  son ensevelissement maritime et le chant de la soliste qui n’en finit pas de mourir d’amour, avaient atteint des sommets de  beauté.

 Dido and Aeneas op het netvlies gebrand en in het oor geknoopt

Ne jouant pas vraiment de rôle actif dans l’histoire mais plutôt un rôle de commentateur comme dans la tragédie grecque, Le Choeur de Chambre de Namur est debout dans la fosse avec l’ensemble orchestral Les Agrémens. Musiciens et choristes sont tous debout pendant la prestation, pour mieux projeter l’énergie musicale de chaque artiste, nous confie, Guy Van Waas le chef d’orchestre, qui de son côté, accomplira un vivant travail de joaillerie dans l’interprétation de ce chef d’œuvre de musique baroque, balançant adroitement entre humour et larmes, et serrant au plus près l’esprit de la musique baroque, y compris dans les postures. Le fait que toute la production de l’Opéra de Liège est en ce moment à Oman avec « Les Pêcheurs de perles », laissait en effet le champ libre pour accueillir pour une fois  un spectacle de musique baroque. Quelle magnifique occasion de pouvoir écouter Guy Van Waas et Les Agrémens jouant sur instruments d’époque : violons I et violons II, altos, violoncelle, viole de gambe et un théorbe. Guy Van Waas, lui-même au clavecin, dirige chœurs et orchestre! On ne peut que saluer leur travail musical exemplaire avec les chœurs de Namur, qui, pendant un long moment semblent s’être carrément dédoublés en deux chœurs distincts, l’un proche et l’autre distant et pourtant les mêmes!

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Très parlante et mystérieuse surtout, cette mise en scène inventive sur fond de Bleu Chagall de Cécile Roussat et Julien Lubek. Elle est à la fois aquatique et aérienne, utilisant des costumes symboliques féeriques comme pour les deux sorcières-ondines Jenny Daviet et Caroline Meng, des antres et des rochers qui rappellent la  caverne de Polyphème, des acrobates musicaux qui flottent en rythme dans les airs, un coquillage alla Botticelli où naît l’amour, des marins qui se transforment en monstres et cette ahurissante sorcière-poulpe (Carlo Allemano), mi-homme mi-femme qu’Homère aurait bien ajoutée dans son Odyssée…!

De peur de casser la bulle réunissant tant d’imaginaires, il y eut, au tomber du rideau, un grand silence avant le tonnerre d’applaudissements et les salves de bravi!

Du mardi, 09/05/2017 au dimanche, 14/05/2017

http://www.operaliege.be/fr/activites/dido-and-aeneas

 crédit photos: © Lorraine Wauters – Opéra Royal de Wallonie

 

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Hommage à Philippe Herreweghe

 

02.05.2017 — 20:00
La Grande Salle Henry Le Bœuf accueille la célébration
des 70 ans de Philippe Herreweghe,
une toute grande
figure de notre scène musicale belge.
 
Le Collegium Vocale Gent, l’Anvers Symphony Orchestra, Bozar,
deSingel AMUZ et Outhere Musique:
avec qui ce prince de la musique a toujours eu une relation étroite et privilégiée
ont uni leurs  talents pour mettre sur pied ce soir, en son honneur,
un festival d'un soir, plein d’humour et de poésie...

 

 Les artistes :

Christoph Prégardien direction & chant
Collegium Vocale Gent  choeur
Patricia Kopatchinskaja violon
Steven Isserlis  violoncelle
Marie-Elisabeth Hecker  violoncelle
Andreas Brantelid  violoncelle 
Damien Guffroy contrebasse ​
Martin Helmchen piano

Edding Quartet
Christoph Schnackertz 
piano 


Le programme
Bartok (1881-1945) Sonate pour violon seul Sz. 117, BB 124, ∙ extrait (1944)  
Schumann (1810-1856) Fantasiestücke, op. 73 
Ravel (1875-1937) Sonate pour violon et violoncelle, ∙ extrait (1922)
Schubert (1797-1828) Lieder ∙ sur des poèmes de Johann Wolfgang Goethe Schubert Quintette à cordes, en ut majeur, D. 956, ∙ extrait (1828)  
Dvořák (1841-1904) Ze Šumavy, op. 68
Schubert An die Sonne D 439 ∙ sur un poème de Johann Peter Uz (1816)
Mendelssohn-Bartholdy(1809-1847) Psalm 'Warum toben die Heiden' 
Schubert Die Geselligkeit 'Lebenslust'

Ce sont  tous de jeunes instrumentistes, chanteurs et chef d’orchestre  qui  sont là pour  rendre à  Philippe Herreweghe un hommage musical particulièrement  vivant et chaleureux. En effet, la violoniste Patricia Kopatchinskaja et le pianiste Martin Helmchen ont tous deux signé des enregistrements à ses côtés. La jeune violoncelliste au toucher délicat, Marie-Elisabeth Hecker, s’est également illustrée sous sa baguette, de même que le contrebassiste Damien Guffroy, membre de l’Orchestre des Champs Elysées. Steven Isserlis, violoncelliste proche du Gantois, partage avec ce dernier une véritable passion pour Schumann. L’Edding Quartet a enregistré deux albums pour le label Phi ; il se joint à Andreas Brantelid dans le très touchant Quintette de Schubert, pièce maîtresse de ce concert, très émouvante dans ses timbres et ses couleurs. Merveilleuse institution de Herreweghe, le Collegium Vocale Gent est aussi présent et se place pour chanter, en cette occasion si particulière, sous la direction de Christoph Prégardien, avec Christoph Schnackertz au piano  une partition surprise. Il s’agit du  Happy Birthday pour piano, cordes et voix d’Arnold Bretagne (1976) un ensemble humoristique de variations sur le thème bien connu. La salle entière ne se fera pas prier pour participer et ensuite acclamer Philippe Herreweghe qui n’a pas pu résister à sauter sur scène pour remercier l’assemblée, égrenant en quatre langues quelques historiettes savoureuses sur le temps qui passe sans rider l’âme ni le coeur…

 
En 1970 Philippe Herreweghe, encore étudiant, fondait le chœur du Collegium Vocale Gent. Ce fut le début d'un itinéraire fascinant  pour le chef et son ensemble acquérant une renommée mondiale et  exerçaient une  de nouvelles approches par  leurs interprétations de Bach. Herreweghe a fondé ensuite d'autres ensembles, tels que  la Chapelle Royale de Paris (1977) et l'Orchestre des Champs-Élysées (1992). Il est aussi la cheville ouvrière de divers festivals de  musique, comme  celui de Saintes en France et le  Collegium Vocale Crete Senesi en Italie. Depuis 1997, Philippe Herreweghe a joué un rôle actif à  l’Antwerp Symphony Orchestra en tant que chef d'orchestre invité principal. Herreweghe est maintenant considéré comme l'un des plus grands chefs de sa génération. Il a maintes fois été  convié comme Chef d'orchestre invité à l’étranger pour des formations prestigieuses telles que  le Concertgebouw d'Amsterdam, l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ou même l'Orchestre de chambre Mahler.

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Un très beau livre-programme a été édité à  l’occasion des 70 ans de l’artiste.
Et les fans du compositeur et chef d’orchestre, se hâteront de se procurer le tout nouveau coffret de 5 CD label φ
(PHI) qui revient sur la magnifique carrière du gantois. La compilation de 5 CD est constituée d’extraits des plus
grands compositeurs tels que Lassus, Schein, Bach, Beethoven, Mahler, Dvořak ou Stravinsky. Philippe Herreweghe
y livre ses réflexions musicales et personnelles à travers une série d’entretiens réalisés par Camille De Rijck,
regroupés dans le livre-CD. Une iconographie d’archives à découvrir pour le plaisir des yeux et une biographie
réactualisée. En effet, au fil des ans Philippe Herreweghe a construit une importante discographie de plus de 100
enregistrements commencée en 2010 avec son propre label φ (PHI) pour préserver toute sa liberté artistique
au travers d’un catalogue riche et varié.
 

Cette soirée du 2 mai 2017 à Bozar ouvrait  par la même occasion le festival Bach Heritage, dont le commissaire n’est autre que... Philippe Herreweghe. Des musiciens de talent, parmi lesquels Herbert Schuch et Jean Rondeau, et des ensembles renommés se succèderont pour célébrer le Cantor de Leipzig et son immense contribution à l’histoire de la musique. Magnifique programme en perspective, le dimanche 7 mai à 20h, on retrouvera Philippe Herreweghe en compagnie de l'Orchestre des Champs Elysées retransmis en direct depuis la salle Henry Le Boeuf de Bozar, avec Christine Gyselings  qui commentera ce concert, intitulé "L'art de la fugue".  À l’occasion de ce festival,

                                                            (02 MAI ’17 — 21 MAI ’17)

 BOZAR LITTERATURE a demandé à quelques poètes d'écrire un poème portant sur Bach pour la publication "Thirteen Ways of Looking at J.S. Bach".

 

http://www.bozar.be/fr/activities/108706-bach-heritage-festival

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administrateur théâtres

Au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, grande salle Henry Le Bœuf, une  oeuvre a  publiée par Beethoven seulement deux ans avant sa mort.  Dans un chœur à cœurs fabuleux, l'édifice puissant de la Missa Solemnis opus 123 de Beethoven nous a été présenté dans un exécution sans failles par la Brussels Choral Society (BCS), un ensemble international fondé en 1979, qui compte une centaine de membres représentant plus de 20 nationalités différentes…La paix et la lumière par l'exercice de la Musique. 

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Un festival de sonorités de timbres et de couleurs chaleureuses, des qualités vocales sublimes. A cette occasion, le chœur était élargi par la présence de la Guilford Choral Society. L’Ensemble orchestral de Bruxelles était sous la direction d’Eric Delson, directeur musical de la Brussels Choral Society depuis plus de 25 ans. Il est également actuellement le directeur passionné du Performing Art Department de L’ISB, International School Brussels.

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Les solistes, tous sans faiblesses, donneront une admirable prestation en union parfaite avec le chœur et l’orchestre, chantant avec urgence et conviction une messe porteuse d’espoir, qui incarne le dépassement humain et la soif de liberté. Il s’agit de la Soprano Agnieszka Slawinska, la chaleureuse Mezzo-Soprano Inez Carsauw, le Ténor Markus Brutscher et la Basse-baryton, Norman D. Patzke.

Eric Delson a conféré une magnifique cohérence globale à l’ensemble, évitant tout bombardement musical, mettant en valeur les quatre glorieux solistes, tout de suite en action sur un tapis de murmures respectueux dans le Kyrie, ample et mesuré. Dans le Christe Eleison on reçoit quatre voix passionnées, en croix spectaculaire, soutenue par l’or des cuivres. Le final sera d’une urgence déchirante. Quand les solistes se rassoient, c’est le chœur qui achève les dernières vagues de supplications de l’humanité en détresse.

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Le Gloria sort-il du Livre de l’Apocalypse ? Les partitions semblent prendre feu, le rouge vermillon flamboie dans les voix et sur les tubes de l’orgue. Les solistes font toujours le poids avec un chœur enflammé dans le Qui tollis peccata mundi. L’orchestre ramène le calme. Le Quoniam par le chœur seul est palpitant, la conclusion chorale est vigoureuse.

Il y a beaucoup à admirer dans l'échelle et l'ampleur des idées. Le Credo est envoûtant et presque caressant, les quatre solistes se lèvent sur l’Incarnatus est… Un tracé délicat des bois se tisse autour du quatuor solo, puis de toutes parts résonne le Cruxifixus est, comme la répétition éternelle du drame absolu. Les crescendos et diminuendos sont saisissants pour qu’enfin exulte le Et ascendit porté par les cuivres étincelants. Le Cujus regni non erit finis erre sur des cercles de bonheur. Les voix sont des fusées d’émerveillement qui coupent le souffle de l'assistance. Les notes piquées envahissent les innombrables Amen. Les violons aux archets acérés sont tout aussi haletants jusqu’à ce que, seuls les quatre solistes émergent, tels quatre évangélistes au diapason. Ils incarnent une ascension vers la lumière divine appuyée par la flûte. Les derniers A-men sont de véritables coups de canons mais c’est la voix radieuse d’Agnieszka Slawinska qui semble conclure toute seule.

L'ouverture orchestrale du Sanctus commence avec les textures transparentes et vitreuses des cordes sans vibrato, puis le quatuor solo dessine délicatement l’esprit saint et le choeur attend religieusement. Après l’explosion des trombones, c’est l’explosion des chœurs : des nuées de voix ailées. Elles se posent sur le silence et l’orchestre dispense un velours panoramique sur tapis de cordes plaintives, les affres du doute… Un touchant solo du violon et flûte emmène l’assistance jusqu’aux douceurs du Benedictus. Le Saint-Esprit descendu sur terre? 

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Et en plein cœur de L’Agnus Dei qui débute comme un chant funéraire, il y aura cette blessure immonde et soudaine des résonances de la terreur de la guerre avec trompettes et tambours allegro assai, projecteur sur la misère de notre monde…! Dona nobis pacem ! L’orchestre  insiste pour réverbérer  l'urgence universelle avant le retour dramatique des voix dans un paroxysme de supplications. Pacem x3 x3 x3...  la joie a repris le dessus. Une messe est une oeuvre d'élévation, que les timbales de la guerre se taisent!  Mais le plaidoyer dramatique et plein de colère contre la guerre n'est passé nullement inaperçu et le vœu grandiose de Beethoven est un pacte avec la liberté.

...Nous aurons ces grands États-Unis d’Europe, qui couronneront le vieux monde comme les États-Unis d’Amérique couronnent le nouveau. Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu de la fraternité féroce des empereurs ; nous aurons la patrie sans la frontière, le budget sans le parasitisme, le commerce sans la douane, la circulation sans la barrière, l’éducation sans l’abrutissement, la jeunesse sans la caserne, le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud, la vie sans le meurtre, la forêt sans le tigre, la charrue sans le glaive, la parole sans le bâillon, la conscience sans le joug, la vérité sans le dogme, Dieu sans le prêtre, le ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine. L’effroyable ligature de la civilisation sera défaite ; l’isthme affreux qui sépare ces deux mers, Humanité et Félicité, sera coupé. Il y aura sur le monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est la liberté. Et qu’est-ce que c’est que toute cette liberté ? C’est la paix.

Victor Hugo,20 septembre 1872

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http://www.brusselschoralsociety.com/

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Stabat Mater dolorosa, 
La mère douloureuse se tenait debout

juxta crucem lacrimosa, 
Au pied de la croix en larmes. 

dum pendebat filius 
Tandis qu’on y suspendait son Fils. 

Cujus animan gementem, 
Dont l’âme gémissante 

contristatam ac dolentem, 
désolée et dolente

per transivit gladius 
fut transpercée par le glaive

O quam tristis et afflicta, 
O Combien triste et déchirée

fuit illa benedicta 
fut cette âme bénie

Mater Unigeniti
de la Mère du Fils unique 


Quae mœrebat et dolebat, 
Elle gémissait se désolait

et tremebat dum videbat 
et tremblait à la vue 

nati pœnas incliti 
des angoisses de son Fils divin 

Quis est homo qui non fleret, 
Quel homme n’aurait pleuré

Christi Matrem si videret, 
en voyant la Mère du Christ

in tanto supplicio 
subissant un tel supplice. 

Quis non posset contristari 
Qui aurait pu sans être consterné

Christi Matrem contemplari 
contempler la Mère du Christ

dolentem cum Filio ? 
gémissant avec son Fils ?

Pro peccatis suæ gentis, 
Pour les péchés de la race humaine

vidit Jesum in tormentis 
elle vit Jésus dans les tourments 

et flagellis subditum 
subissant la flagellation 

Vidit suum dulcem natum 
Elle vit son doux enfant 

Morientem desolatum 
dans la désolation 

dum emisit spiritum 
à l’heure où il rendit l’esprit 

Eia mater, fons amoris, 
Mère source d’amour,

me sentire vim doloris 
fais que je partage ta douleur

Fac ut tecum lugeam 
et tes pleurs 

Fac ut ardeat cormeum, 
Fais que mon cœur s’enflamme

in amando Christum Deum 
pour l’amour du Christ-Dieu

Ut sibi complaceam 
afin que je lui complaise 

Sancta Mater, istud agas, 
Sainte Mère, fais aussi 

Crucifix fue plagas, 
que mon cœur s’unisse

cordi meo valide 
aux souffrances du Crucifié 

Tui nati vulnerari,
A ton enfant meurtri

Tam dignati pro me pati,
que je suis digne de m’unir

Poenas mecum divude 
afin qu’il partage avec moi ses peines

Fac me vere tecum flere 
Permets qu’avec toi je pleure

Crucifixo condolere 
pour souffrir avec le Crucifié

Donec ego vixero
et cela tant que je vivrai.

Juxta crucem tecum stare 
Permets qu’au pied de la Croix près de toi

te libenter sociare
je m’associe à toi

in planctu desidero 
au plus fort de ta douleur. 

Virgo virginum prœclara
Vierge entre toutes choisie

mihi jam non sis amara 
qu’à moi jamais douleur aussi amère 

Quis non posset contristari 
ne me soient infligée près de toi. 

Fac ut partem Christi mortem 
Fais que je porte en moi la mort du Christ

passionis fac consortem 
qu’associé à sa passion 

et plagas recolere 
je revive ses souffrances

Fac me plagis vulnerari
Fais que blessé de ses blessures 

Cruce hac inebriari
je sois enivré de sa croix 

Et cruore Filii 
et du sang versé par ton Fils 

Inflammatus et accensus
Pour que je ne brûle point des flammes éternelles

Per te,Virgo, sim defensus 
ô vierge protégé,

in die judicii par toi, 
je sois au jour du jugement 

Fac me cruce custodiri 
Christ lorsqu’il me faudra sortir de ce monde 

Morte Christi prœmuniri
permets que conduit par ta mère j’accède

Confoveri gratia 
à la palme de la victoire 

Quando corpus morietur 
Quand mon corps mourra

Fac ut animae donetur 
fais que soit donné à mon âme

Paradisi gloria 
la gloire du Paradis.

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Le Stabat Mater de Pergolesi, part à la rencontre de cette méditation extraordinaire sur la douleur de Marie devant le supplice et la mort de son fils, composée par le moine franciscain Jacopone da Todi au XIIIe siècle. Cette œuvre ne cesse de vous mettre encore et toujours les larmes aux yeux… huit siècles plus tard. Dans sa mise en musique, J.B Pergolesi nous donne à scruter nos consciences et à envisager toute chose qui dépasse l’humain et le délivre de son orgueil insensé. C’est en 1736, à l’âge de 26 ans et tuberculeux que Pergolesi composa cette dernière œuvre dans un monastère près de Naples, avant d’y mourir.

 Quis est homo qui non fleret,

Matrem Christi si videret

in tanto supplicio?

Quel homme sans verser de pleurs

Verrait la Mère du Seigneur

Endurer si grand supplice ?

Un texte et une musique poignants mis délicatement en chant choral par Anthony Vigneron avec ses solistes professionnels qui composent l’Ensemble Vocal de l’abbaye de la Cambre. Des voix délicieuses... Julie CalbeteCoenjaerts Marie-Laure Gilles Thomas et Anne Hélène Moens que nous avons découverte à l'occasion de ce concert, puisqu'elle y tenait le rôle de soliste principale.

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L’orchestre nous est venu de Budapest: le Concerto Armonico.  Ce sont de jeunes étudiants, qui jouent sur instruments d’époque et qui n’hésitent pas à démontrer par mille œillades de connivence, qu’ils s’amusent franchement lorsqu’ils jouent ensemble. Une très bonne chose d'ordinaire, mais là, l'allégresse n'avait rien de spirituel. Il semblait que le premier violon était particulièrement porté sur la badinerie avec des comparses dans la salle … Une hilarité tout de même assez dérangeante devant la douleur humaine qu’exprime cette belle œuvre de Pergolesi. Il en était de même -  et de façon encore plus évidente -  hors de la surveillance d’Anthony Vigneron, lors les deux cantates de Bach qui ont précédé le Stabat Mater: "Ich habe genug" BWV 52 et" Non sa che sia dolore" BWV 209.  Celles-ci illustraient bien  la joie intense de cette victoire éclatante sur la mort qui imprègne l’antienne du Laetare de l’office du dimanche précédent, ainsi que l'avait souligné le père Tanguy en début de concert. Ce qui n’est quand même pas une raison suffisante pour …presque chahuter en jouant de vos violons, chers musiciens de Budapest !

Tout comme le Stabat Mater, le texte de Bach est lui aussi empli de profondeur: "Aber dort, werd ich schauen süssen Friede, stille Ruhe!" "Da entkomm ich aller Not, die mich noch auf der Welt gebunden". Le texte italien n'est pas moins poignant: "Non sa che sia dolore chi dall' amico suo parte e non more. "

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Soulignons tout de même l’admirable et exquise exécution à la flûte de Jean Michel Tanguy, élève de Jean Pierre Rampal, lauréat de Genève, ancien soliste de l’Orchestre National de Belgique et professeur à la Hochschule de Mannheim, qu’il nous a été donné d’écouter aux côtés du claveciniste très inventif …Miklos Spanijl qui dirigeait l’orchestre pendant ces très belles cantates de Bach.

520498981.jpg?width=300Un événement exceptionnel avec l'orchestre Concerto Armonico Budapest et l'Ensemble Vocal de l'Abbaye de la Cambre sous la direction d'Anthony Vigneron Au programme: Stabat Mater Œuvre musicale de Giovanni Battista Pergolesi Cantates de J.S Bach Ich habe genug BWV 82 Non sa che sia dolore BWV 209

Les photos d'Arts et Lettres:

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Jérusalem, fresque épique qui retrace les chemins de l’amour sur fond de première croisade, est une refonte en français  par Verdi en 1847 d'I Lombardi alla prima crocciata, pour l’Opéra Français : musique de circonstance,  grandes scènes dramatiques, incontournable ballet réclamés par le genre, et de nombreux airs à cabalette… Durée 3heures 30! Mais pas une seconde d’ennui dans la  rare et magistrale exécution entendue à l'Opéra Royal de Wallonie.

 

 La mise en scène de Stefano Mazzonis Di Pralafera, les décors à la fois sobres et  captivants de Jean-Guy Lecat, les costumes tantôt rutilants, tantôt manteaux de déserts de Fernand Ruiz et les  éclairages recherchés de Franco Marri auront tout  fait  pour séduire l’imaginaire dans cette fresque guerrière qui sert de toile de fond à l’amour face au destin, à la  vengeance des clans, à la guerre des religions, à la justice et à la réconciliation. C’est grandiose et dépouillé à la fois. Pour exemple: cette réponse  muette du ciel à la prière de l’héroïne, magnifique morceau d’interprétation orchestrale sous la baguette de la fougueuse Speranza Scappucci, semble parvenir d’une immense flaque  de ciel bleu au centre des palais lombards vide de toute âme… Le contraste entre les foules et la solitude des personnages est admirablement rendu, que l’on soit en Lombardie, dans le désert ou dans la ville sainte où Godefroid de Bouillon reconquiert le Saint-Sepulcre.  La direction musicale de Speranza Scappucci  serre la partition au plus près  et conduit l'orchestre dans des accents prémonitoires, des envolées tragiques, des sonorités raffinées et de puissants effets symboliques aux larges phrasés, très inspirés. Les  nombreuses interventions des choeurs dirigés par Pierre Iodice ne sont pas sans rappeler les choeurs de Nabucco et la scansion du texte français particulièrement harmonieux est  chaque fois un  réel plaisir  pour l’oreille. Ajoutons à cela des solistes de tout premier rang : Eliane Alvarez,  Natacha Kowalski, Isaure,  la gracieuse confidente d'Hélène,  Marc Laho, Roberto Scandiuzzi et Ivan Thirion flanqué de son fidèle écuyer (le charmant ténor Pietro Picone) qui font de cette œuvre une complète réussite !

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Solaire dans les aigus acrobatiques, la prononciation  de la diva dans le rôle d’Hélène est parfois déconcertante. La puissance d’Eliane Alvarez, donne parfois l’impression d’une certaine lourdeur, surtout dans ses chagrins, où elle fait un usage intensif de sombres vibratos particulièrement dans les solos. En revanche,  les mouvements d’ensemble où elle règne en maître  sont absolument majestueux et on finit  même par aimer Roger (Roberto SCANDIUZZI ), cet oncle maléfique et incestueux, tant sa voix est belle, sculptée, épanouie et profonde. Marc LAHO, très lyrique  dans le rôle de  Gaston, Vicomte de Béarn, séduit par la largeur de sa voix,  sa noblesse, la hauteur de ses sentiments, aussi bien dans l’amour qu’il éprouve pour Hélène que  dans sa ferme volonté de réconciliation des deux familles ennemies et sa soif désespérée de justice. Il est un vibrant appel à la compassion car il est le jouet de l’injustice, accusé à tort de meurtre parricide. Il est victime de cet oncle  coupable, qui s’est lui-même exilé vers la ville sainte, dans l’espoir de faire pénitence et  d’obtenir sa rédemption pour un crime fratricide qu’il pense avoir commis.

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Le comte de Toulouse, le père d’Hélène, qui n’est -contre toute attente- finalement pas mort, est  interprété par  le vibrant baryton Ivan THIRION.  Sa  très belle stature de  redoutable pater omnipotens est fort intéressante, partagé entre l’amour pour sa fille et  l’idée qu’il  se fait  de la justice : celle de venger par le sang la tentative de meurtre.   La scène de la désacralisation des armes du chevalier et de sa terrible dégradation lors le jugement inique, est, pour le noble chevalier Gaston, pire supplice que l’imminence de sa mise à mort physique. « Barons et chevaliers, je proteste… » ll y a aussi cette  poignante marche funèbre…  Patrick DELCOUR interprète le  légat du pape Urbain VII, Adhémar de Monteil. Il est brillant  et net comme un joyau, mélange de rubis  dans un ciboire précieux. On frissonne avec le souvenir des larmes du Christ dans le jardin des oliviers chanté par les chœurs. L'émir de Ramla (Alexei GORBATCHEV) est captivant par  son étrange sagesse, sa grandeur et sa sérénité. C’est lui qui fait appel à l’ermite pour absoudre le « coupable »… « Pour te bénir, je suis hélas trop coupable ! »  se lamente Roger devant l’ironie du destin! Personne que lui, ne sait mieux l’innocence du valeureux Gaston!   

Une belle surprise attend le spectateur à la fin de l’opéra, où l’œuvre de rédemption et de pardon prend toutes sa signification grâce à un  subtil et fabuleux  jeu d’écharpes, tandis que s’élève le chant des pèlerins à la gloire de Dieu…

Et on ne se lasse pas des  innombrables retours sur scène de cette très glorieuse distribution qui irradie la joie et la victoire. On ne se lasse pas d’apprécier en pleine lumière les somptueux costumes de la foule de figurants et des solistes.

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Gaston: Marc LAHO
Hélène: Elaine ALVAREZ
Roger: Roberto SCANDIUZZI *
Comte de Toulouse: Ivan THIRION
Raymond, l’écuyer de Gaston: Pietro PICONE
Isaure: Natacha KOWALSKI
Adémar de Montheil, légat papal: Patrick DELCOUR
Un Soldat: Victor COUSU
Un Héraut: Benoît DELVAUX
Émir de Ramla: Alexei GORBATCHEV
Un officier: Xavier PETITHAN

Nouvelle coproduction : Opéra Royal de Wallonie / Fondazione Teatro Regio de Turin
Avec la collaboration de l’Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie de Namur (IMEP)

Dates: 

Du vendredi, 17/03/2017 au samedi, 25/03/2017

http://www.operaliege.be/fr/activites/jerusalem

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FÉV 8 20:00  RÉCITAL  de STÉPHANE DEGOUT
CHANSONS MADECASSES
Mélodies de Francis Poulenc & Maurice Ravel CONSERVATOIRE ROYAL DE BRUXELLES
“Degout, a wonderfully patrician singer with a handsome, ringing tone, has an innate charm that can turn to menace in a flash: it’s a superbly accomplished characterisation.”
(
The Guardian)
 
Avec les Chansons madécasses de Maurice Ravel (1875-1937), écrites entre 1925 et 1926, Stéphane Degout nous fait entrer dans le monde exotique des îles de l’Océan indien du XVIIIe siècle, revu par un compositeur français du XIXe.
Le poète et voyageur Évariste de Parny avait publié en 1787 un recueil de textes en prose tirés de chansons malgaches. Bien qu’il ne connût pas l’île de Madagascar, il en donna une vision simple et aimable, dénonçant sévèrement les méfaits de la colonisation. Maurice Ravel en sélectionna trois sur lesquels il composa une musique extrêmement dépouillée pour baryton, flûte, violoncelle et piano. « C’est une sorte de quatuor où la voix joue le rôle d’instrument principal. La simplicité y domine. » écrivit-il dans son Esquisse biographique.
Nahandove et Il est doux sont des mélodies délicates, sensuelles et érotiques, Aoua une vigoureuse dénonciation de l’exploitation et de l’esclavage. Il affirma dans une interview tardive que ces trois chansons étaient parmi ses favorites.
Sur le même principe, Ravel mit en musique les petites Histoires Naturelles de Jules Renard en 1906. Ces scénettes à l’humour quelque peu étrange et à la prosodie volontairement simpliste avaient provoqué une certaine désapprobation le jour de leur création. Pourtant, cette faune si familière – Le Paon, Le Grillon, Le Cygne, Le Martin-pêcheur, La Pintade – prend des allures de fantastique basse-cour émouvante et fragile que la musique sait merveilleusement poétiser. « Mon dessein n'était pas d'y ajouter, mais d'interpréter » aurait dit le compositeur.
Des propos que l’on peut prêter tout aussi bien à Francis Poulenc (1899-1963) lorsqu’il entreprend en 1919 de composer son propre Bestiaire sur des poèmes de Guillaume Apollinaire. Là encore, il s’agit d’animaux – Le Dromadaire, La Chèvre du Thibet, La Sauterelle, Le Dauphin, L’Écrevisse, La Carpe – dont la banalité est transfigurée par la poésie des mots et des notes. Ces petits textes charmants et ironiques offrent à Poulenc l’occasion d’un exercice musical où s’exprime sa profonde tendresse pour la vie et ses aléas. L’accompagnement originellement prévu se composait d’une flûte, d’une clarinette, d’un basson et d’un quatuor à cordes.
Apollinaire fut une source d’inspiration inépuisable pour Poulenc qui mit en musique nombre de ses poèmes. Le poète français reste le fil rouge des mélodies qui composent la suite du programme avec Calligrammes (L’Espionne ; Mutation ; Vers le Sud ; Il pleut ; La Grâce exilée ; Aussi bien que les cigales ; Voyage) daté de 1948, les Quatre poèmes (L’Anguille ; Carte-Postale ; Avant le Cinéma ; 1904) datés de 1931, Banalités (Chanson d’Orkenise ; Hôtel ; Fagnes de Wallonie ; Voyage à Paris ; Sanglots) daté de 1940, ainsi que Montparnasse et Hyde Park composés en 1945.La langue d'Appolinaire trouve avec Poulenc un interprète en parfaite synergie avec cette ironie aux accents faussement naïfs et voilée de nostalgie caractéristique du poète. Des mélodies qui, pour Poulenc, devaient parler pour elles-mêmes et être chantées sans emphase.
Viendra s’adjoindre à ce programme le trio de Kaija SaariahoCendres, pour flûte, violoncelle et piano, qui lui fut inspiré par son double concerto …à la fumée et qui vient apporter une note plus grave à ce joli moment de plaisir fantasque.

 

S’il est un artiste dont le parcours révèle toute l’exigence de qualité, c’est bien Stéphane Degout qui était récemment l'invité de La Monnaie à Flagey pour un splendide récital* et une remarquable interprétation du Poème de l’amour et de la mer de Chausson. Ce chanteur et acteur d’exception, qui n’est jamais si à l’aise que sur une scène, a déjà treize rôles à son actif à la Monnaie où son talent dramatique et l’opulence de son timbre lui ont permis toutes les audaces.
Cela n’exclut pas pour autant le plaisir du récital chez ce grand mélodiste, qui, confronté à l’intimité du genre, sait parfaitement se mettre au service de la musique et de l’expression des sentiments, et transmettre avec une finesse remarquable la poésie de la langue et son alliance parfaite avec la mélodie. Des qualités qui devraient faire des étincelles dans ce nouveau récital dédié aux mélodies de Maurice Ravel et Francis Poulenc, que le baryton français présentera le 8 février au Conservatoire Royal de Bruxelles.

Avec la complicité de trois musiciens de grand talent, le pianiste Cédric Tiberghien, le violoncelliste Alexis Descharmes et le flûtiste Matteo Cesari, il a composé un ensemble très significatif de ces deux compositeurs qui se défiaient de tout romantisme et se dissimulaient souvent derrière l’humour et la légèreté.  

Cédric Tiberghien se produira également à Flagey dans le cadre du Flagey Piano Days du 9 au 12 février 2017

 


*Alain Altinoglu Requiem & Poèmes: Debussy, Chausson, Fauré Nov 26th 2016 Concert La Monnaie De Munt

 

Baritono - STÉPHANE DEGOUT
Piano - CÉDRIC TIBERGHIEN
Violoncelle - ALEXIS DESCHARMES
Flûte - MATTEO CESARI
 

 PROGRAMME
 
Francis Poulenc (poèmes de Guillaume Apollinaire)
Le Bestiaire
(Le Dromadaire ; La Chèvre du Thibet ; La Sauterelle ; Le Dauphin ; L’Ecrevisse ; La Carpe)(1948)
Montparnasse (1945)
Hyde Park (1945)
Calligrammes (L’Espionne ; Mutation ; Vers le Sud ; Il pleut ; La Grâce exilée ; Aussi bien que les cigales ; Voyage) (1948)
Quatre poèmes (L’Anguille ; Carte-Postale ; Avant le Cinéma ; 1904) (1931)
Banalités (Chanson d’Orkenise ; Hôtel ; Fagnes de Wallonie ; Voyage à Paris ; Sanglots) (1940)

Kaija Saariaho
Cendres (Trio pour flûte, violoncelle et piano) (1998)

Maurice Ravel
Chansons Madécasses (poèmes d’Évariste Parny) (1925-26)
 ( « Nahandove, ô belle Nahandove » ,« Il est doux de se coucher »
 ; Aoua )
Histoires Naturelles (textes de Jules Renard)
 (Le Paon ; Le Grillon ; Le Cygne : Le Martin-pêcheur ; La Pintade) (1906)
INFORMATION GENERALE
REPRÉSENTATION 
8 février 2017 - 20:00
 
CONSERVATOIRE ROYAL DE BRUXELLES
30, Rue de la Régence – 1000 Bruxelles
 

PRODUCTION De Munt / La Monnaie
COPRÉSENTATION Bozar Music
INFO & BILLETS
+ 32 2 229 12 11
MM Tickets, 14 rue des Princes, 1000 Bruxelles
www.lamonnaie.be - tickets@lamonnaie.be
 
PRIX
10 € à 44 €

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C’est une légende dramatique en quatre tableaux à propos d’un personnage qui a réellement existé. Mais nul ne peut dire avec certitude ce que son âme est devenue! Encore moins si Berlioz, le compositeur torturé par les échecs de la vie, le poète maudit, l’artiste romantique a souffert des mêmes affres que le célèbre médecin astrologue du XVe siècle. Nul ne peut dire si,  malgré l’aspect positif de l’appétit de Faust insatiable de connaissances et de jouissance, Berlioz ne le condamne pas au feu éternel, par pur dépit.

Premier tableau. Le ténor Paul Groves embrasse avec ardeur et immense talent le rôle de Faust dans une superbe diction. L’hiver a fait place au printemps…Faust est perdu dans la contemplation d’un paysage de campagne, jouissant pleinement de sa solitude, il assiste au lever du soleil sur les champs. Il se laisse envahir par les chants d’oiseaux que prolongent des chansons joyeuses de paysans. « De leurs plaisirs, ma misère et jalouse ! »  Une armée passe, au son d’une marche hongroise devenue très célèbre  grâce à  l’art cinématographique français. Se déploie une fresque d’images du feu et des atrocités de  la guerre. « Son cœur reste froid, insensible à la gloire ! »   

Deuxième tableau « Sans regrets, j’ai quitté les riantes campagnes où m’a suivi l’ennui ! »  Faust est  seul dans son cabinet de travail et donne  libre cours à sa souffrance  profonde. « La nuit sans étoiles ajoute encore à ses sombres douleurs. » Dans sa sensibilité exacerbée, il est envahi de désirs inassouvis et sombres et le  spleen du poète maudit l’incite à vouloir boire une coupe de poison. Il perçoit, venant d’une église voisine, un  chant de Pâques entonné par le chœur des fidèles. Il se sent touché par une foi ancienne. C’est le moment que choisit Méphisto, « l’esprit qui console »,  pour l’inviter à le suivre vers d’autres plaisirs. Le baryton-basse italien Ildebrabdo D’arcangelo  incarnera tous ses maléfices. Première station dans un cabaret de Leipzig où un groupe de buveurs entonne l’éloge du vin. L’un d’entre eux, Brander, complètement bituré, raconte l’histoire  délirante d’un rat brûlé par l’amour. C’est notre délicieux Laurent Kubla.

Requiescat in pace, Méphisto raille l’Amen parodique chanté par les buveurs et se pique d’une histoire de puce. Faust est peu enthousiaste devant les scènes de beuverie et se retrouve emmené sur les rives de l’Elbe et ses flots d’argent. Il sombre dans un sommeil envahi par les gnomes et les sylphes. Ceux-ci lui font apparaître en songe Marguerite, image parfaite de l’amour. A son réveil, Faust n’a plus qu’une pensée : la retrouver. Il entre dans la ville en même temps que des étudiants et une bruyante soldatesque. Il est au pied d’une demeure entourée d’hortensias.

Troisième tableau. « Merci, doux crépuscule, c’est l’amour que j’espère ! » Faust, seul, découvre la chambre de Marguerite et  sent naître son bonheur. « Seigneur, après ce long martyre, que de bonheur ! » Méphisto le poste en observation,  derrière un rideau. Amoureuse de l’amour, Marguerite est songeuse et envahie par les images d’un rêve où  lui apparaît son futur amant. Pendant qu’elle tresse ses cheveux, elle chante, mélancolique, une chanson gothique, celle  d’un roi, Theulé, qui,  sentant sa mort prochaine,  distribua toutes ses richesses,  sauf une coupe lui rappelant sa défunte femme. Cette coupe se brise. C’est la voix magnifique  de la divine soprano géorgienne Nino Surguladze qui symbolise toutes les langueurs, les attentes et les élans de l’amour.

« Mes follets et moi allons lui chanter un bel épithalame ! »  Méphisto va  souffler son plan d’action à l’oreille de la belle alanguie. Pour mieux l’étourdir, la sérénade ensorcelante est accompagnée du chœur et des danses des follets. Mais voilà que Marguerite aperçoit Faust, l’amant de son rêve. Faust lui avoue sa passion, les deux amants s’étreignent sur l’amoncellement de coussins apportés par les follets et le regard voyeur du maître du jeu. Soudain, Méphisto interrompt leurs ébats et ébruite que les voisins sont en train de prévenir la mère de Marguerite qu’un homme est chez  sa fille. Les deux amants se séparent, espérant se retrouver le lendemain. Méphisto tient maintenant en son pouvoir l’âme de sa victime.

Quatrième  tableau. Marguerite se lamente, possédée par l’amour de celui qui n’est jamais revenu. Elle entend des bribes de  chants de soldats et d’étudiants qui lui rappellent cette première nuit si courte et si fragile. Seul aussi, face à une nature avec laquelle il souhaiterait  se fondre, Faust ne pense plus qu’à Marguerite. Il erre, prisonnier de sa tour d’enfer. Méphisto surgit et  lui apprend que Marguerite est condamnée à mort pour  matricide, car chaque nuit où elle attendait son amant, elle l’endormait avec un  poison qui a finalement eu raison  de sa santé. Ainsi l’heure fatidique du pacte est arrivée : Méphisto est prêt à sauver Marguerite si Faust s’engage à le servir « à l’avenir ». Le parchemin est signé par-dessus le vide. Sancta Maria ora pro nobis ! Sancta Marguerita… Sur deux chevaux noirs, Faust et Méphisto s’engagent dans une cavalcade infernale vers ce  que Faust  croit être la  maison de Marguerite. Rythmée par le chœur des paysans et les angoisses de Faust, la course à l’abîme, s’achève en enfer. Le Prince des ténèbres se vante de sa victoire. Faust, sans jamais perdre sa prestance,  est  enfin précipité dans les flammes sous  les hurlements infernaux du chœur des damné(e)s, des démons et des macabres squelettes. Puis, le calme revenu sur terre, c’est une véritable apothéose: le chœur des esprits célestes appelle la vertueuse Marguerite - sauvée par l’amour inconditionnel de son amant - à monter au ciel.

Quel écho peut donc avoir une telle œuvre  avec notre perception moderne?  L’histoire nous touche-t-elle vraiment? Sombrera-t-on avec ce Faust désespéré  dans l’inanité de l’existence de l’esprit positif ? Ou simplement, nous laisserons nous emporter par le vertige de la découverte de l’œuvre de Berlioz ?  Allons-nous nous laisser devenir  captifs de l’esprit insatiable qu’il symbolise ?  Serons-nous séduits par le génie d’un compositeur qui osa faire tabula rasa  de toutes les tendances de son époque et des précédentes? Certes, la magie musicale opère grâce à la qualité et la perfection d’interprétation musicale du chef d’orchestre,  Patrick Davin. Véritable maître du jeu, il s’emploie avec passion à  ressusciter une œuvre totalement innovante. Il déclenche notre admiration pour une partition  constituée d’immenses pages orchestrales d’une richesse inouïe,   dont on se demande parfois si on ne préférerait pas les écouter les yeux fermés pour en retirer toute  leur saveur. On sait  que dans sa nouvelle création, en 1846, Berlioz ne prend  même pas la peine de composer une ouverture, qu’il juge inutile, car il démontre que la musique peut tout exprimer et sait jouer le parfait mimétisme, fond/ forme! Ainsi, à quoi d’ailleurs pourraient bien servir des décors? Même les plus précieux, comme ceux élaborés par Eugène Frey (1860-1930), ces fameux tableaux transparents avec rétroprojection dont s’est inspiré le metteur en scène de cette production,  Ruggero Raimondi. Derrière les voiles reproduisant les tableaux successifs, a-t-il conçu  la carcasse  de fer comme une  sorte de tour de Babel  qui rappellerait celle de Breughel ? Ou pensait-il à la tour d’ivoire du poète? Une vision de  gazomètre en déshérence ?  Cette structure évoque une prison de fer et d’enfer pour la condition humaine dont l’homme ne peut s’échapper que par le ciel ou la géhenne.

L’enfermement est donc omniprésent : même lorsque les voiles sont supposés cacher cette tour,  ou du moins en partie, elle reste perceptible à tout moment. Le regard, lui-même est prisonnier. Au travers de lumières soit  trop tamisées soit trop distrayantes,  on perce  parfois difficilement les visages. La texture et les formes des costumes du peuple  infernal sont  très originales pourtant, et les évolutions ou les chants des nombreux figurants gagneraient à être mieux mis en lumière. L’enfermement circulaire, fait d’échafaudages est certainement très pratique pour une mise en scène verticale des protagonistes, mais tout le monde ne sera pas sensible à cette vision esthétique plutôt accablante pour ceux qui ne rêvent que de liberté !

Du mercredi, 25/01/2017 au dimanche, 05/02/2017

DIRECTION MUSICALE : Patrick Davin MISE EN SCÈNE : Ruggero Raimondi CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : Paul GrovesNino SurguladzeIldebrando D’ArcangeloLaurent Kubla 

https://www.operaliege.be/en/shows/season/2016-2017/

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Tragédie du choc des cultures Est-Ouest. Le choc de l’amour vrai et de l’éphémère, de l’orgueil et de l’humilité. Le choc du rêve et de la réalité. Et une sérieuse critique de la façon outrecuidante dont l’Occident traite l’Orient.

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Une toiture de pagode est posée sur le vide.  A Nagasaki, au Japon, Benjamin Franklin Pinkerton (Leonardo Caimi), jeune lieutenant de la marine  américain a recours à l’entremetteur Goro (Riccardo Botta) pour se procurer les services d’une jeune geisha de 15 ans Cio-Cio-San, alias Butterfly en anglais. Il a acheté une maison locale sur une colline. « Ce petit papillon voltige et se pose avec une telle grâce silencieuse, qu'une fureur de le poursuivre m'assaille, dussé-je lui briser les ailes ».  Son ami, le consul américain Sharpless (Aris Argiris)  l'avertit que le mariage sera pris au  très sérieux par la  jeune-fille et déplore  sa désinvoture. « Ce serait grand péché que de lui arracher les ailes et de désespérer peut-être, son cœur confiant ».   Mais l’insouciant et arrogant  Pinkerton porte déjà un toast à son vrai mariage, quand il épousera une  américaine. Les lois japonaises l'autorisent à signer un acte de mariage pour 999 ans mais  il peut le rompre chaque mois, s'il le souhaite. Dès le début, on sait que l’histoire tournera au drame.

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Arrive la jeune Cio-Cio-San,  annoncée par un chœur de joyeux gazouillis de jeunes- filles. Elle est  heureuse et amoureuse de son fiancé, entourée de parents et d'amis, soulagée de pouvoir quitter son état de geisha. Impressionnée par l’étranger, elle charme  Pinketon, qui reste cependant  insensible devant le déballage de ses innocents trésors :   de menus objets féminins et les ottokés, des statuettes symbolisant l'âme de ses ancêtres  ainsi que  le précieux  poignard avec lequel son très honorable père s'est suicidé en se faisant hara-kiri. Soumise, elle  va jusqu’à promettre d’oublier les dieux de sa famille et d’aller prier le Jésus américain. Après un simulacre de cérémonie vite expédiée, la  fête de famille est interrompue par  le terrifiant oncle Bonze (Mikhail Kolelishvili)  que l’on n’a pas invité et qui la maudit  pour avoir renié la religion de ses ancêtres.

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Pinkerton  chasse les intrus avec hauteur et enfin seuls, les deux époux chantent leur l'amour mutuel. Sombre prémonition de Cio-Cio-San:  « On m'a dit qu'au-delà des mers, s'il tombe entre les mains de l'homme, le papillon sera percé d'une épingle et fixé sur une planche ! » Fin de l’acte I.

Trois ans plus tard, Madame Butterfly, reniée par sa famille  est seule et abandonnée. La  fidèle Suzuki (Qiu Lin Zhang) prie les dieux  pour sa maîtresse qui survit grâce à une illusion : « Ô Butterfly, petite épouse, je reviendrai avec les roses à la belle saison quand le rouge-gorge fait son nid. »  Suzuki  essaie de lui ouvrit les yeux mais  elle est  persuadée que Pinkerton reviendra comme il l'a promis « Un bel di vedremo ». L’entremetteur Goro se présente avec un  riche prétendant, le prince Yamadori, aux allures de magnifique paon blanc paradant sous les lumières, mais  elle  lui répond qu'elle est déjà mariée. Le consul Sharpless, dont le rôle développe de plus en plus d’humanité,  arrive pour tenter de  lui lire lettre de rupture de Pinkerton, à laquelle dans son aveuglement, elle  refuse catégoriquement de croire. La très belle voix de baryton riche et sonore se fait de plus en plus resplendissante. Elle  lui oppose qu'elle se tuera si son mari ne revient pas tout en dévoilant qu'un enfant est né de leur union. Un formidable  coup de canon annonce l'arrivée du navire de Pinkerton. Folle de joie elle décore la maison de fleurs et revêt son habit de noces pour l’accueillir.  Suzuki et l'enfant s'endorment avec le « Coro A Bocca Chiusa ».  Elle n’a pas  fermé l’œil. A l'aube,  Suzuki la convainc de prendre du repos. C'est alors que Kate, l'épouse américaine de Pinkerton apparaît et demande à Suzuki de convaincre  sa maîtresse de lui confier cet enfant dont ils ont appris l’existence et à qui ils assureront un avenir. Suzuki est  suffoquée. Sharpless rappelle à Pinkerton ses mises en garde, mais celui-ci, ne supporte pas d’être confronté, avoue sa lâcheté et s’enfuit.  Lorsque Cio-Cio-San comprend la vérité, elle accepte, par  ultime obéissance à son « mari », de confier son enfant au couple, à condition que Pinkerton vienne le chercher lui-même ! Mais une fois seule,  ayant éloigné l’enfant, elle  se donne la mort avec le  couteau de son père.

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Voilà une histoire qui ne manque pas de nous faire réfléchir sur les relations de pouvoir entre occupant et occupé, entre prédateur et victime, entre  âge mûr et jeunesse,   entre pauvres et riches, capables de tout se procurer, quels que soient les enjeux humains. Voilà une femme abandonnée qui n’a plus de subsistance.  Voilà une fille-mère aux abois qui, plutôt que voir son enfant la regretter ou la rechercher  un jour, préfère se donner la mort! C’est d’une violence glaçante. Une histoire écrite en 1898 par un anglais, John Luther Long.  Une histoire qui n’a, en outre, pas fini d’exister deux siècles plus tard, époque où nous sommes prêts à tout vendre et à brader.

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C’est néanmoins dans l’histoire du  théâtre japonais traditionnel et les rythmes de la cérémonie du thé que la metteuse en scène danoise Kirsten Dehlholm (Hotel Pro Forma)  a choisi de nous plonger. Elle veut gommer  par ses installations scéniques toute notion de réalisme ou d’anecdote. Elle choisit d’utiliser l’histoire au profit de l’innovation d’une forme  créative  de portée universelle.  Saisissant l’occasion  que les suicidés japonais continuent à hanter la terre sous forme de fantômes condamnés à raconter sans relâche leur histoire, elle poste donc en bord de scène  une Butterfly méconnaissable sous sa perruque grise – les fantômes vieillisent-ils donc ? – mais oh combien retentissantes d’émotions depuis la naissance de l’amour, à ses élans,  jusqu’à la douleur qui conduit à la mort. Le 3 février, c’était Amanda Echalaz qui assurait ce rôle d’une  rare exigence et d’une rare beauté.  En parallèle, Kirsten Dehlholm  fait jouer  sur scène une admirable poupée de porcelaine réalisée par des artistes japonais (Ulrike Quade Company) guidée par un trio de marionnettistes d’une souplesse fabuleuse. La ressemblance est telle avec ce que l’on imagine de la jeune geisha, qu’à plusieurs reprises on la voit vivante!  Cette technique ne peut que  renforcer bien sûr le propos de Pinkerton qui  considère la jeune épousée comme un pur jouet éphémère de ses désirs. Ainsi le double portait de Butterfly volette : prisonnier de son dédoublement, prisonnier de la tradition,  prisonnier de son destin fatal, prisonnier du silence de la poupée aux gestes  parlants, prisonnier d’une douleur  rendue muette par la mort. On pense à Liu de Turandot. Le public est contraint de mélanger sans cesse les deux propositions, visuelle et auditive,  dans un effort d’accommodation comme pour mieux souligner l’absurdité  de la douleur… sauf à se laisser entièrement emporter par  la qualité extraordinaire de l’orchestration sous la baguette de Roberto Rizzi-Brignou. Et c’est ce qui arrive.

 Par son  lyrisme,  ses nuances,  la musicalité de ses timbres,  le déferlement romantique, la dramaturgie musicale est  bouleversante.   On sent poindre les harmonies chatoyantes de Debussy, on sent virevolter le papillon et les humeurs changeantes, les espoirs et les inquiétudes.  Au sein du foisonnement de couleurs orchestrales, la tension dramatique s’amplifie  jusqu'au bout, jusqu’à atteindre le cœur de la douleur.  Au cours de l’ivresse  du voyage musical, on reconnait des thèmes populaires japonais  alternés avec le début de la mélodie de l’hymne américain, le Star Spangled Banner,  de quoi  soulager un peu  de la tension des sentiments exacerbés! 

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Mais ce sont surtout les tableaux de la nature des sentiments  qui sont saisissants de beauté ou … glaçants d’effroi comme les thèmes de la malédiction, du désespoir, de la mort et du suicide. Côté décor, s’embrasent de fabuleux jeux de lumières sur les créations en origami rendues vivantes. Jamais on n’oubliera les barreaux de dentelle de la cage qui se referme sur la jeune fille.  Les personnages déambulent à petits pas, tous les gestes se fondent dans la proposition  théâtrale délibérée de lenteur extrême orientale. L’air du cerisier est suivi d’un fabuleux cortège de  fleurs d’hibiscus multicolores et lumineuses, assoiffées d’amour, une  dernière parade amoureuse extraordinaire, hélas solitaire et inutile.

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Toutefois d’autres choix de la mise en scène sont beaucoup moins enchanteurs, à chaque fois que l’esprit parodique s’en mêle. Comme de remplacer la frégate guerrière par un  bâtiment de croisière  géant, à faire frémir tout Venise.  Comme cette nuée de rouges-gorges morts dans l’explosion des canons du navire de guerre qui marque la fin des illusions de Cio-Cio-San. Comme cet enfant-roi  hypertrophié en matière plastique gonflable qui surgit, comme une aberration dans le dernier tableau. Il semble alors que la mise-en scène ait pleinement réussi  son pari d’accentuer la  grossièreté  occidentale face à la beauté d’une héroïne victime de son innocence, de sa fragilité, de sa sensibilité et de ses traditions.

Agenda:  

http://www.lamonnaie.be/fr/program/17-madama-butterfly

Direction musicale : ROBERTO RIZZI BRIGNOLI
BASSEM AKIKI (10, 12 & 14/2)

Mise en scène : KIRSTEN DEHLHOLM (HOTEL PRO FORMA)
Co-mise en scène :  JON R. SKULBERG
Collaboratrice à la mise en scène :  MARIE LAMBERT
Décors :  MAJA ZISKA
Costumes :  HENRIK VIBSKOV
Éclairages JESPER KONGSHAUG
Dramaturgie :  KRYSTIAN LADA
Collaboration à la chorégraphieKENZO KUSUDA
Collaboration pour la marionnette : ULRIKE QUADE
Chef des chœurs : MARTINO FAGGIANI

Distribution

Cio-Cio-San : ALEXIA VOULGARIDOU
AMANDA ECHALAZ (1, 3, 7, 9, 12/2)
Suzuki : NING LIANG
QIULIN ZHANG (1, 3, 7, 9, 12/2)

Kate Pinkerton : MARTA BERETTA
F. B. Pinkerton : MARCELO PUENTE
LEONARDO CAIMI (1, 3, 7, 9, 12/2)
SharplessARIS ARGIRIS
Goro : RICCARDO BOTTA
Il Principe Yamadori : ALDO HEO
Lo zio Bonzo : MIKHAIL KOLELISHVILI
Il commisario / L’ufficiale : WIARD WITHOLT
Yakuside : RENÉ LARYEA
Madre di Cio-Cio-San : BIRGITTE BØNDING
Zia di Cio-Cio-San : ROSA BRANDAO
Cugina di Cio-Cio-San : ADRIENNE VISSER
Marionnettistes : TIM HAMMER, JORIS DE JONG, RUBEN MARDULIER, SUZE VAN MILTENBURG

Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie

PRODUCTION : La Monnaie / De Munt
COPRODUCTION : Ulrike Quade Company

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administrateur théâtres

12273202671?profile=originalC’est sous la conduite impeccable de David Navarro Turres que le Brussels Philarmonic Orchestra accompagnait  les chœurs de La Brussels Choral Society ce samedi  10 décembre 2016 dans la salle Henri-Le Bœuf,  au palais des Beaux-Arts de Bruxelles.   Après une entrée en scène bien réglée, les choristes  constituent une masse visuelle compacte d’envergure  imposante, qui surplombe sur quatre rangs le plateau où fusent les instrumentistes. Au premier rang, sur l’avant-scène, en livrées princières de grandes fêtes, siègent les solistes. L’ensemble convoque une atmosphère de solennité, impression renforcée par les austères tenues noires des chanteurs munis de leurs livrets couleur bordeaux.  Un défi à relever: col hors catégories, ce  Dixit Dominus, le chef-d’œuvre  que le  jeune Haendel  composa en Italie à l’âge de 24 ans. Fiat Musica !  La symbiose  existera à chaque instant entre les solistes, les chœurs et l’orchestre.  La tension est immense.  Le feu divin est là, crépitant, la réserve de puissance est inépuisable, on est guidé du début jusqu’à la fin, de l’alpha  à l’oméga  à travers le  plus beau morceau de musique chorale débordant d’énergie et de force que puisse interpréter un chœur.  La conduite harmonique est absolument  sans faille avec des legatos puisés dans le sens du divin. La déclamation dramatique ouvre de nombreux espaces pour les splendides lignes dramatiques confiées aux solistes : Iris Hendricks, Julie Prayez sopranos, la  mezzo-soprano Pauline Claes, Joris Bosman, tenor, et Matthew Zadow, Basse.  Impériaux et déchirants.  Tout y est : grandeur, intensité expressive, la pureté des élans chez les sopranos, la ferveur et la solidité du ténor et basse. Le flux  musical peut couler à profusion, le public s’en abreuve en s’empêchant de respirer. « De torrente in via bibet, propterea exaltabit caput » Si Dieu fit l’homme à son image…quelle leçon de courage!  

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Une luxueuse lecture de la 94e symphonie de Haydn prend place sous la même baguette  preste et ardente de David Navarro Turres, après le départ du chœur symphonique. Les cuivres sont  fermes et sûrs, les bois sont agiles et les cordes  se parent de chatoyantes sonorités. L’entrée délicate mais vive du  deuxième mouvement  évoque une marche gracieuse et chantante. Les variations ludiques en notes pointées s’accumulent entre sautillements d’elfes et pas de géants. Est-ce la grâce d’un sylphe au travers de l’élégance de la flûte ? L’impression de danse rustique, presque une valse aux chevilles et jupons ensorcelés, se termine par  l’allégresse, des cors lumineux, des contrebasses aux pizzicati pulsés, le tout très inspiré et dans une belle élasticité de rythme brillant.

Quand le chœur réapparaît en deuxième partie du programme, c’est pour se lover dans la douceur du Kyrie de la messe n° 5 en La majeur de Franz Schubert, que le chef dirige avec une vision très nuancée. La soprane et l’alto ajoutent des vagues de vivante mélancolie. Le Gloria sera passionné et nerveux,  dont l’Agnus Dei est magnifiquement souligné par les voix masculines. Une vague de fond des choristes « Tu solus altissimus » balaie la salle comblée et émue. Les différents pupitres des instrumentalistes allègent par leur transparence musicale la scansion presque guerrière du chant. L’Amen final est foisonnant, et retombe sur la salle comme  une pluie d’étoiles qui donnent le frisson. Ce sont les cuivres qui donnent le ton pour un début du Credo in unum deum, chanté a capella. L’ensemble, solistes, instruments, et choristes  fait preuve d’un sens aigu du drame et très haute complicité. L’ « incarnatus est » est majestueux et le poignant  « immolatus » touche à l’infini de la douleur. Les  silences sont palpitants d’émotion comme pour reculer  l’annonce du martyre dans toute son ampleur suivie  de la  spirale infinie la glorieuse rédemption. Le Sanctus fuse de tous les instruments comme une alerte insistante faite de deux notes répétitives. Les « Hosanas » sont piqués comme  des fleurs sur l’ample robe du Benedictus, sorte de berceuse cosmique aux arpèges haletants. On retient  l’Agnus Dei avec ses déflagrations de miserere où le mot « p a c e m »  fait œuvre de relique sacrée et confirme que la prière sera exaucée. Il  sera offert  humblement en bis par le chef d’orchestre ravi et plein de gratitude pour  la qualité de son radieux ensemble et l’accueil chaleureux du public.  La détermination musclée et vaillante du chœur et son lyrisme  n’auront pas faibli tout au long de cette soirée et leur dernier souffle se sera confondu avec l’immense  sourire de la salle entière.

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Brussels Choral Society
Brussels Philharmonic Orchestra

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Iris Hendrickx – soprano
Julie Prayez – soprano
Pauline Claes – alto
Joris Bosman – ténor 
Matthew Zadow – basse

Chef d’orchestre : David Navarro Turres

https://www.mixcloud.com/discover/brussels-choral-society/

 

Coming next: 

Ludwig van Beethoven
Missa Solemnis (Op. 123)

Brussels Choral Society
Guildford Choral Society
Ensemble Orchestral de Bruxelles

Conductor: Eric Delson

 

Saturday 29 April, 2017

Palais des Beaux-Arts
Brussels

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