Le 5 septembre, le Théâtre rénové de la Monnaie rouvrait enfin ses portes. Et que pouvait-il y avoir de mieux et de plus symbolique qu’une création du compositeur belge Philippe Boesmans, son septième opéra pour la Monnaie? Associé au metteur en scène et écrivain de théâtre Joël Pommerat, ils se sont inspirés de Pinocchio, l’immortel héros de bois du conte pour enfants de Carlo Collodi, pour en distiller une leçon à laquelle les « grands » ne seront pas moins sensibles. Parce que la route de la petite marionnette vers la sagesse n’est jamais achevée et qu’elle ne cesse de résonner dans le dur monde des adultes.
Pinocchio a été créé en juillet durant le Festival d’Aix-en-Provence. La direction musicale de l’Orchestre symphonique de la Monnaie a été confiée à Patrick Davin. Joël Pommerat est accompagné, pour la mise en scène, de son vieux complice Eric Soyer pour les décors et éclairages, d’Isabelle Deffin pour les costumes et de Renaud Rubiano pour la vidéo.
La distribution minutieusement choisie est entièrement en langue française t dans une diction très soignée. Le découpage de l’œuvre en petites scènes, fréquent chez Joël Pommerat, a favorisé la répartition de plusieurs rôles pour chaque chanteur. Complice de longue date de la Monnaie, le baryton Stéphane Degout - directeur de la troupe / premier escroc / deuxième meurtrier / directeur de cirque – est considéré comme un des meilleurs barytons de sa génération.c’est un. Le baryton-basse Vincent Le Texier - le père / troisième meurtrier / le maître d’école - est un formidable interprète de musique contemporaine, avec de nombreuses créations à son actif.
La soprano Chloé Briot incarne le déluré petit pantin. Le ténor Yann Beuron incarne le Deuxième escroc / le directeur de cabaret / le juge / premier meurtrier / le marchand d'ânes. Deux québécoises viennent compléter cette distribution et faire leurs débuts à la Monnaie : la mezzo-soprano Julie Boulianne pour la chanteuse de cabaret / le mauvais élève - et la soprano Marie-Eve Munger pour la fée. A cela s’ajoutent les musiciens Fabrizio Cassol (saxophone et coordination de l'improvisation), Philippe Thuriot (accordéon) et Tcha Limberger (violon tzigane) qui interpréteront la musique de scène intégrée par Philippe Boesmans, comme à son habitude, à la partition de l’orchestre.
REPRÉSENTATIONS
SEPT 5, 7, 8, 12, 13, 15, 16 - 20:00
SEPT 10 - 15:00
https://www.lamonnaie.be/fr/program/422-pinocchio
Le festival inORGuration, programmé à l’occasion de la restauration de l’orgue de la salle Henri Lebœuf, accueillera le concert d’ouverture de la saison symphonique de La Monnaie sous la baguette d’Alain Altinoglu, avec l’Orchestre symphonique, le Chœur de femmes (dirigé par Martino Faggiani), et le Chœur de jeunes et l’Académie de chœur de la Monnaie (dirigés par Benoît Giaux). Accompagnés deThierry Escaich, représentant majeur de la nouvelle génération d’organistes et compositeurs français, ils nous proposeront un chatoyant programme « transatlantique ».
Le concert s’ouvrira avec les Nocturnes de Claude Debussy (1862-1918). Debussy a choisi le terme « nocturnes » pour sa capacité à évoquer des impressions et des lumières particulières : celles d’un ciel nuageux et changeant (Nuages), d’un cortège de fête (Fêtes) ou d’une mer aux vagues argentées sous la lune (Sirènes). Souvent citée pour son caractère impressionniste, cette œuvre repose avant tout sur la subtile orchestration du compositeur français, dans un jeu polyrythmique complexe et envoûtant qui en fait la richesse.
De l’autre côté de l’Atlantique, Samuel Barber (1910-1981) compose la Toccata Festiva pour l’inauguration de l’orgue de l’Academy of Music de Philadelphie. Pourtant organiste de formation, Barber n’écrira que très peu pour orgue, ce qui donne à cette partition un caractère exceptionnel. Le compositeur a cherché à mettre en valeur les possibilités techniques du nouvel orgue autant que la virtuosité de l’orchestre de Philadelphie. Cela donne une œuvre virtuose et débordante d’énergie, où fanfares éclatantes et jeux d’orgue alternent avec de plus lents et lyriques passages.
Après l’entracte, place à la dévotion paysanne, avec les Litanies à la Vierge noire de Francis Poulenc (1899-1963) qui feront vibrer le cœur de la salle. Composée en 1936 à l’occasion d’un passage à Rocamadour, c’est un hommage du compositeur français à l’humble statue qui trône dans l’église de ce petit village qui fut l’un des grands pèlerinages de la chrétienté.
Enfin, Alain Altinoglu nous fera découvrir la nouvelle œuvre du compositeur belge Benoît Mernier (1964°), Dickinson Songs. La programmation de cette création parallèlement au Pinocchio de Boesmans n’a rien de fortuit. Ancien élève de Philippe, Benoît Mernier est également l’un de ses proches compagnons de musique. Il est l’auteur pour la Monnaie de deux opéras, Frühlings Erwachen en 2007 et La Dispute en 2013.
REPRÉSENTATION
17 septembre 2017 - 20:00
PALAIS DES BEAUX-ARTS
23 Rue Ravenstein, 1000 Bruxelles
https://www.lamonnaie.be/fr/program/431-dialogues-de-l-orgue
Le deuxième concert de la saison réunira les compositeurs Philippe Boesmans et Francis Poulenc, formant ainsi un pont entre les productions d’ouverture, Pinocchio et Dialogues de l’orgue, et la grande production de décembre, Dialogues des carmélites. Ce concert sera exceptionnel car il marque les débuts à la Monnaie du chef d’orchestre américain Dennis Russell Davies, et car nous pourrons y entendre deux œuvres pour deux pianos exécutées par deux formidables pianistes français David Kadouch et Cédric Tiberghien et encore de par la présencen de la soprano italienne Anna Caterina Antonacci, l’une des voix les plus éminentes de la Monnaie qui interprétera La Voix humaine de Poulenc, un rôle dans lequel elle excelle.
La Voix humaine, tragédie lyrique composée en 1958 sur un texte de Jean Cocteau, est une œuvre de pleine maturité et d’une puissance dramatique exceptionnelle. Poulenc réussit là un tour de force théâtral et musical qu’Anna Caterina Antonacci a déjà relevé à Paris et Genève.
"Aujourd’hui, le chant français, et je ne parle pas seulement de l’opéra, mais aussi des répertoires de chambre et symphonique, fait vraiment partie de ma respiration. Je pense même pouvoir dire que je me sens de plus en plus proche de la musique française ", confiait la soprano italienne dans une interview en 2013. Cela se ressent particulièrement dans ce rôle qui exige une profonde sincérité, magnifiquement chanté par celle qui interprétait très récemment encore le rôle-titre de Pénélope de Fauré pour la Monnaie.
REPRÉSENTATION
24 septembre 2017 - 20:00
PALAIS DES BEAUX-ARTS
23 Rue Ravenstein, 1000 Bruxelles
https://www.lamonnaie.be/fr/program/432-la-voix-humaine
Enfin, la danse est aussi à l’honneur aussi avec du 23.09.2017 au 27.09.2017 la production d’ Anne Teresa De Keersmaeker, dont l’affinité particulière avec Bach n’est plus à démontrer. Elle approfondit sa quête d’une écriture chorégraphique en saisissant l’essence même du langage du compositeur. Le violoncelliste de renommée internationale Jean-Guihen Queyras, trois danseurs et deux danseuses (dont Anne Teresa De Keersmaeker elle-même) donneront vie à la partition de Bach.
REPRÉSENTATIONS
Première, 23 septembre — 20:00
26 & 27 septembre — 20:00
24 septembre — 15:00
https://www.lamonnaie.be/fr/program/446-mitten-wir-im-leben-sind
Crédit photos: Anne Van Aerschot
Après deux saisons de fermeture pour rénovation, le théâtre royal de La Monnaie en profite aussi pour proposer une balade dans ses coulisses en compagnie des techniciens de la maison le 16 septembre prochain. C’est que ces travaux de deux ans ont aussi permis d’intégrer quelques techniques parmi les plus modernes. L’occasion de découvrir la réalité du quotidien derrière la façade néo-classique.
La Monnaie, 23 rue Léopold, 1000 Bruxelles, site : lamonnaie.be. De 13h à 15h30 (de 10h à 15h30 pour les abonnés). Entrée libre.
https://www.lamonnaie.be/fr/program/644-journee-portes-ouvertes