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musique (288)

administrateur théâtres

Difficile de s’en passer…voici un festival croquignolet dirait-on dans le Routard, à propos du   Brussels Piano Festival

 

Hospitalité, cordialité et excellence sont les maître-mots de ce festival bruxellois qui se déroule chaque année dans un cadre bruxellois prestigieux, rien moins qu’une des plus belles salles de Belgique, la salle gothique de l’hôtel de ville de Bruxelles... L’initiateur de ce festival est  Marc Castelain, lauréat du Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles (classe de piano d’André Dumortier) et licencié en Musicologie (ULB) qui pourrait sûrement dire avec Leonard Bernstein « On ne vend pas la musique. On la partage. » On l’a connu et écouté avec passion sur les ondes de la RTBF (Musiq3). Il était particulièrement connu pour ses présentations d’opéra et ses émissions consacrées au piano. Cet instrument  est son porte-bonheur  et le mène aux quatre coins de la planète  pour visiter festivals et concours internationaux de piano.

C’est là qu’il repère les talents qui ne sont pas encore « phagocytés par les circuits classiques ». Chaque artiste invité est une réelle personnalité et possède ce quelque chose de particulier que les autres n’ont pas. Ainsi à l’ouverture du festival, le public a pu s’en prendre plein les oreilles avec les fulgurances pianistiques gorgées de  plaisir du jeune pianiste belge Florian Noack, remarqué comme « l’un des pianistes les plus prometteurs de la nouvelle génération ».

Florian Noack découvre le piano dès l’âge de 4 ans. Il entre  à 12 ans à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth dans le cycle pour ‘jeunes talents exceptionnels’. Il suit des master class auprès d’A.R. El Bacha, D. Bashkirov, V. Margulis et Brigitte Engerer.  Alors qu’il n’a que 14 ans, celle-ci écrivait : « J’ai été très impressionnée par sa maturité, ses grandes capacités techniques, son intelligence et sa musicalité naturelle. Pour moi, son brillant avenir de pianiste ne fait aucun doute. »

Il remporte de nombreux prix et parcourt l’Europe : passionné par les œuvres rares du répertoire romantique et post-romantique (Medtner, Liapounov, Dohnanyi…), Florian Noack est également auteur de transcriptions d’après des œuvres de Tchaïkovsky, Rachmaninov, Rimsky-Korsakov, etc. Un créatif-natif !

Il est l’invité de nombreux festivals en France, en Allemagne, en Chine, en Corée et aux Etats-Unis. La Lettre du Musicien le qualifie de « tout jeune virtuose à la sonorité éblouissante », à la suite de son récital à Lyon.

A 20 ans, il remporte le 2ème Prix et le Prix du Public au concours Rachmaninov, et, l’année suivante, le 3ème Prix au Concours International de Cologne, le 2ème au Concours International Robert Schumann et enfin, en 2013 le 1er Prix du Concours Karlrobert Kreiten.

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noack-pianiste-1300x866.jpg?itok=9EIfU2CGIl est devant nous ce soir, pour partager lors de son récital tous  les facettes généreuses de  son âme et la virtuosité de son talent.  Il a réalisé la transcription pour piano du Concerto pour quatre clavecins BWV 1065 de JS Bach, œuvre elle-même transcrite de Vivaldi. La méditation centrale est entourée de carillonnements virevoltants, c’est un festin presque jazzy, bouillonnant de couleurs. On est conquis. Ensuite viennent  les Variations sur un thème de Hüttenbrenner  D. 576.   de Schubert ciselées avec  tendresse, rondes nostalgiques, couleurs franches et sonorités flûtées, réveils de cordes qui rappellent la harpe, mais il est au piano bien sûr. Il sème à tous vents  ses accords graves vifs et claquants. Le toucher est délicat, long et caressant. Voilà la mélodie qui saute à gauche, les accords à droite ont une saveur et un art de confiseur, puis la main gauche explose de notes frappées pendant la promenade d’arpèges à droite.   Le jeu de dynamiques sautille, cabriole ! Schubert est magnifique sous le regard des statues de bois sculpté de la salle gothique  et d’un public profondément heureux.

Le charme pianistique est contagieux dans les Danses polovtsiennes de Borodin qu’il interprète dans un  arrangement personnel éblouissant. Le deus ex musica déborde d’énergie vitale et de passion bondissante. Après l’entracte il y aura les Six des Douze Etudes Transcendantes op. 11  de S. Lyapunov: Berceuse, Carillons, Tempête, Nuit d’été, Ronde des Sylphes, Lesghinka. Un déluge de puissance et de ferveur, de mystère et de bonheur que l’on peut retrouver gravé dans son dernier CD.

Ce n’est pas tout: le musicien dans l’âme et le corps offre des encore avec une pièce à la manière de Borodine de Ravel et  le Nachtbilder No.8 de Theodor Kirchner!

Notez les prochaines dates de récital du Brussels Piano Festival  Infos www.brusselspianofestival.com :

Le 11/10 : Heejae Kim (Corée), dans Chopin, Bach, Bach/Busoni et Schubert

Le 18/10 : Alberto Ferro (prix Musiq’3 du Reine Elisabeth 2016) Italie, dans Chopin, Debussy et Chostakovitch

 Le 25/10 : Tomoki Sakata, dans Mozart, Liszt, Takemitsu et Granados 

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administrateur théâtres

Du bucolique au diabolique

Image may contain: 2 people, night and indoorVoici Orphée (Papuna Tchuradze) en violoneux, mari  cavaleur et  peu argenté,  Eurydice (l'étincelante Jodie Devos)  en concierge coquine qui s’ennuie devant sa table à repasser, qui  déteste la musique et s’entiche d’un Pluton (Thomas Morris) travesti en berger vendeur de miel; voici une tonitruante opinion publique (Alexise Yerna) bon chic bon genre qui fait la morale, voici une palanquée de dieux et déesses endormis dans les tribunes d’azur du petit monde de  l’Olympe…  La  tragique histoire d’amour d’Orphée et Eurydice a décidément un sérieux coup dans l’aile. La paix des ménages et l’antiquité  sont  mangées aux mites, bonjour les mouches et autres créatures diaboliques! Quelqu’un doit avoir trop bu ! Serait-ce le dieu Bacchus en personne, in vino veritas, qui seul, pourrait prendre la relève ?  Le seul qui fasse toujours rêver, c’est Cupidon (Natacha Kowalski), et Mercure (André Gass), pareil à lui-même, filou, inventif et commercial!

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 L’air étouffe, l’atmosphère devient pesante et viciée, le matérialisme sans grandeur menace et entrave  la bonne gouvernance. A travers les dialogues  bourrés de franc-parler ou d'hexamètres enflés de ses librettistes Henri Crémieux et Ludovic Halévy, Jacques Offenbach se gausse des travers de son temps et du nôtre, par extension anachronique. Il condamne cette société bourgeoise  narcissique qui n’a qu’un but : sauver les apparences. La censure s’attaque à Flaubert et à Madame Bovary.   N’empêche,   le compositeur n’hésite pas à fustiger le pouvoir impérial de Napoléon III dans le personnage de Jupiter (Pierre Doyen), vulgairement nommé Jupin. C’est toute la mythologie antique qui dégringole : Mars (Marc Tissons), Vénus (Julie Bailly), Junon (Laura Tissons), Diane (Sarah Defrise) en bottes, cravache et sa meute de dobermans, Minerve, Cérès...  Avec son Orphée aux Enfers, créé en 1858, Jacques Offenbach connaît son premier vrai triomphe.

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                                La partition est une riposte irrévérencieuse au succès de la grande musique classique et à celui des chansons populaires des faubourgs, mais elle dresse surtout un  portrait caustique de la société de son temps tout à ses plaisirs et son autosatisfaction.

                                La mise en scène bouillante de dynamisme et de  dérision délirante de Claire Servais ( recyclée pour plus de saveur, au cœur notre époque télé-réalité) nous livre  un  foisonnement d’anachronismes joyeux et subversifs propres à  la satire.

                                Les citations affectueuses de grands airs,  comme le clin d’œil à Orfeo ed Euridice de Gluck (1774), arrivent comme des  mets de choix, comme une référence aux délices d’un âge d’or, avec des voix d’or. De  savantes allusions, pastiches de la musique du XVIII° siècle, plongent tour à tour dans la joie bucolique ou le rite sacré virtuose. Le spectateur se retrouve à plusieurs reprises, balancé dans l’émotion alors qu’il s’apprêtait rire de plus belle et à pouffer devant l’amas de bouffonneries. Mais à chaque détour de la cavalcade entre terre, ciel et enfers, il y a l’irrésistible naissance du galop, ce French cancan endiablé, ce « style Offenbach » qui est dans tous les esprits,  qui pétille et surprend comme bulles de champagne  ravageuses.

                                Émile Zola lui-même ne supporta pas cette atteinte à un patrimoine quasi-sacré. Il est offusqué par le style et profite des Rougon-Macquart pour pamphlétiser  avec Nana, déguisée en Vénus  :

« Ce Carnaval des dieux, l’Olympe traîné dans la boue,

 toute une religion, toute une poésie bafouée, semblèrent un régal exquis.

 La fièvre de l’irrévérence gagnait le monde  lettré des premières représentations ;

 on piétinait sur la légende, on cassait les antiques images. Jupiter avait une bonne tête, Mars était tapé. La royauté devenait une farce, et l’armée, une rigolade. Quand Jupiter, tout d’un coup amoureux d’une petite blanchisseuse, se mit à pincer un cancan échevelé, 

Simonne, qui jouait la blanchisseuse, lança le pied au nez du maître des dieux, 

en l’appelant si drôlement : « Mon gros père ! » qu’un rire fou secoua la salle. Pendant qu’on dansait, Phébus payait des saladiers de vin chaud à Minerve, et Neptune trônait au milieu de sept ou huit femmes, qui le régalaient de gâteaux.        On saisissait les allusions, on ajoutait des obscénités, les mots inoffensifs étaient détournés de leur sens par les exclamations de l’orchestre. Depuis longtemps,

 au théâtre,

 le public ne  s’était vautré dans de la bêtise plus irrespectueuse. Cela le reposait. » 

Image may contain: 5 people, people standingMais nous, à la veille de 2017, nous ne pouvons que nous amuser de cette relecture époustouflante et sulfureuse de l’œuvre phare de Jacques Offenbach, remaniée 20 ans après sa création, en féerie de 4 actes, 12 tableaux, 42 rôles et pléthore de danseurs et figurants.

                                 Dans cette version 'entre deux', il y a des relents du théâtre subversif d’Aristophane, des tableaux démoniaques  au  parfum de Jerôme Bosch  et des bacchanales aux couleurs de Jordaens. Il y a cet extraordinaire gardien des enfers qui se shoote à l’eau du Léthé,  John Styx (Frédéric Longbois),  à mi-chemin entre Charlot et  militant écossais anti-Brexit et  tout ce peuple de touristes de l’Olympe qui a embarqué pour faire la fête dans la chaleur de l’enfer!

                                 Un vent de fronde et un rêve de changement souffle à travers les flammes brûlantes de  cette gigantesque pantomime iconoclaste, comme à l’aube de toute décadence d’empire.

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                                 La richesse de la  distribution, les décors somptueux, les interprétations vocales méticuleuses et foisonnantes sans la moindre faiblesse et  surtout un orchestre conduit avec finesse et intelligence mutine par un vrai complice de la galéjade,  Cyril Englebert, sont là pour nous ravir et nous faire passer le cap de l’année, dans un galop d’enfer.

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Photos © Lorraine Wauters-Opéra Royal de Wallonie

Du mardi, 20/12/2016 au samedi, 31/12/2016 à Liège

Cyril Englebert MISE EN SCÈNE : Claire Servais CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : Papuna TchuradzeJodie Devos Alexise YernaPierre DoyenThomas MorrisNatacha KowalskiJulie BaillySarah DefriseFrédéric LongboisAndré GassLaura BalidemajAlexia SafferyYvette WérisSylviane BinaméChantal GlaudePalmina GrottolaMarc Tissons NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 7

 http://www.operaliege.be/fr/activites/orphee-aux-enfers

Le 7 janvier à Charleroi. 

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administrateur théâtres

« La Framboise Frivole » au théâtre des Martyrs!

Quarante plus soixante ? Ça vous fait… cent ! Cent raisons d’aller voir sans tarder le centenaire des sans en avoir l’air. Mais ils ont la chanson, la musique  la classique et la populaire – et la façon inimitable, ces deux joyeux lurons, capables d’enflammer dès les premiers accords, un public émerveillé, été comme hiver.

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Peter Hens au violoncelle et Bart Van Caenegem au piano mettent tout leur talent au service de « La Framboise Frivole » une inoubliable gourmandise, une future madeleine. Un duo de cirque musical classico-pop et pot-pourri aux mille et une subtiles effluves. Et Avec le grand Jacques, bien sûr ! Mathilde, puisque te v’là !

Tout est dans le lien futile ou frivole quasi-inexistant, disons carrément imaginaire qui naît entre les airs enchanteurs et les supercheries de chansonniers qui vous font vous tordre de rires. Courrez tous à ce non-événement car c’est Léonard de Vinci, le chef d’orchestre ! Homme d’esprit universel que l’on connait aussi par ailleurs comme peintre, inventeur, ingénieur civil et ingénieur tout court, astronome, philosophe, anatomiste, mathématicien, compositeur, sculpteur, architecte, diplomate, poète…


« La Framboise Frivole » va vous faire découvrir les influences purement inventées du génie, sur la musique des grands compositeurs. Ce peintre de la république florentine, savant prophétique mourut le 2 mai 1519, à 67 ans au Château du Clos Lucé, Amboise, au Royaume de France. Ceci vaut bien une framboise, non ?

Donc on lance les grandes orgues pour saluer Haendel, Carmina Burana, Franz Liszt, et on jubile à chaque incursion de la pop XXieme et de la belle et douce chanson française ! Toutes barrières abolies, le temps et les genres se mélangent un feu d’artifice galactique. La fusion musicale anachronique bouillonne dans le chaudron du pianiste et le plaisir de haute alchimie verbale…court sur l’archet du violoncelle en vol ! 

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Une production de Panache Diffusion et Opus 2

Avec Peter Hens (chant et violoncelle) et Bart Van Caenegem (piano et chant)

Avec la complicité de Jean-Louis Rassinfosse

Photos: https://www.facebook.com/pg/plusde500billetsdeDHL/photos/?tab=album&album_id=1095198310607368

La framboise frivole | Théâtre des Martyrs - theatre-martyrs.be

theatre-martyrs.be/...framboise-frivole/4B82A063-2185-2B90-21D8-FFC1171CB40D...
La framboise frivole fête son centenaire ! C'est de leur vivant qu'ils ont souhaité fêter cet événement. Depuis cent ans sous le nom de la « Framboise Frivole » ...
Dates
20:15 jeudi 29 décembre
20:15 vendredi 30 décembre
19:00 samedi 31 décembre
22:00 samedi 31 décembre
20:15 jeudi 5 janvier
20:15 vendredi 6 janvier
19:00 samedi 7 janvier
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administrateur théâtres
La fin de l’année, n’est-ce pas ce temps plein de fantaisie qui excite notre imagination, un temps  qui pousse à de conviviales festivités et retrouvailles ? Voilà pourquoi la Monnaie a décidé de réunir à nouveau toutes ses différentes familles de public à venir assister à une représentation du Coq d’or de Rimski-Korsakov – dirigée par notre directeur musical Alain Altinoglu et dans une mise en scène de Laurent Pelly (International Opera Award du Meilleur metteur en scène 2016)
Le mardi 20 décembre à 14h00 au Palais de la Monnaie à Tour & Taxis.
Le Coq d'or est un opéra en trois actes de Nikolai Rimski-Korsakov. Vladimir I. Bielski en a composé le livret intégral, d'après le conte en vers de Pouchkine . Wikipédia
DISTRIBUTION
 
Direction musicale - ALAIN ALTINOGLU
Mise en scène et costumes – LAURENT PELLY
Décors – BARBARA DE LIMBURG
Éclairages – JOËL ADAM
Chorégraphie – LIONEL HOCHE
Collaboration costumes – JEAN-JACQUES DELMOTTE
Chef des chœurs – MARTINO FAGGIANI
 
Tzar Dodon - PAVLO HUNKAALEXEY TIKHOMIROV°
Tzarevich Guidon - ALEXEY DOLGOV
Tzarevich Afron - KONSTANTIN SHUSHAKOV
General Polkan - ALEXANDER VASSILIEV
Amelfa - AGNES ZWIERKO
Astrologer - ALEXANDER KRAVETS
Tzaritza of Shemakha - VENERA GIMADIEVANINA MINASYAN°
Little Golden Cockerel - SHEVA TEHOVAL
 
ORCHESTRE SYMPHONIQUE  & CHŒURS DE LA MONNAIE
ACADEMIE DE CHŒUR DE LA MONNAIE s.l.d. de BENOÎT GIAUX
 
 
En tant que maison d’opéra de Bruxelles, une ville à la très grande diversité culturelle, nous souhaitons réellement donner l’occasion à tous de connaître l’art lyrique.

Le choix d’un après-midi de semaine a été pensé dans l’optique de faciliter l’accès à l’opéra aux personnes qui ont parfois des difficultés pour se rendre à la Monnaie. Aux côtés de spectateurs qui paient plein tarif, un tarif exceptionnel – 10, 15 ou 25 euros pour des places qui coûtent en général 129 ou 99 euros -  est proposé aux:
  • groupes fragilisés (associations et institutions du secteur social et les personnes bénéficiant d’une allocation sociale)
  • élèves (introduction à l’école inclue) 
  • étudiants– 30 ansartistes et professionnels du spectacle
La Monnaie défend énergiquement l’accès à la culture pour tous et lutte contre le préjugé selon lequel le monde lyrique serait uniquement réservé à une élite. L’organisation de cet après-midi à l’opéra est une affirmation de notre mission d’institution de service public et illustre les valeurs humanistes que nous tentons de pratiquer au travers de nos différents programmes pour les écoles, les jeunes, les familles et les groupes précarisés, développés depuis les années 90.
Ce n’est pas le premier Building Bridges de la Monnaie : la saison dernière, nous avions accueilli plus de 1500 spectateurs pour une représentation de L’Elisir d’amore au cours d’une exceptionnelle après-midi d’opéra au Cirque Royal.

Une expérience incroyable pour tous ceux qui l’ont vécue, comme en témoigne ce récit :
« Il est 13 heures, ce jeudi. La foule s’accumule aux portes du Cirque Royal. Ce 17 septembre, L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti est prévu en matinée. Un horaire inhabituel pour un public qui ne l’est pas moins. Résidents de homes bruxellois, bénéficiaires du CPAS, patients de maisons médicales, participants de centres de jour, de maisons de quartier ou d’alphabétisation, nombreux élèves du primaire et du secondaire, artistes et professionnels du monde du spectacle, étudiants aussi … Pour une majorité d’entre eux, venir à l’opéra constitue une première. Fien et Daphné, en 6e secondaire, ont fait la route depuis Ostende, avec leur classe de latin de l’école Onze-Lieve-Vrouw. « Notre prof est fan d’opéra, mais pour nous c’est tout nouveau », confient-elles. « Nous en avions une image un peu « old fashion », mais les films et les photos que nous avons vus ont changé notre vision des choses. » En tailleur et costume, Hélène et Pierre se sont mis sur leur 31 pour l’occasion. « Une chanteuse de la Monnaie, accompagnée d’un musicien au violoncelle sont venus à la Résidence Arcadia, à Molenbeek, il y a quelques semaines, juste pour nous ! », sourit Pierre, qui semble déjà à son aise. Un peu plus loin, ce sont onze résidents de la maison de repos Notre-Dame de Stockel qui reçoivent leur ticket d’entrée. « Mais pourquoi ne peut-on pas déjà aller s’asseoir, puisqu’on a nos places ? », relève Lucie, impatiente. « Ne t’inquiète pas, elles sont numérotées », tente de la rassurer Georges. Georges, 94 ans, était un habitué de l’Opéra de Verviers étant plus jeune. « Mon premier opéra, je m’en souviens, c’était Faust », raconte-t-il, « mais ce que je préfère, ce sont les opérettes ! Je viens d’une famille de musiciens, et la musique a toujours accompagné ma vie. La culture, c’est essentiel pour moi. Nous sommes allés à plusieurs reprises assister aux répétitions de l’Orchestre de la Monnaie. C’est une occasion de sortir un peu du home. »

 
Depuis les années 90, la Monnaie a développé toute une série de programmes avec les écoles, les jeunes, les familles et les groupes précarisés. Une vocation sociale dans laquelle s’inscrit le programme « Un pont entre deux mondes » qui propose dix-sept ateliers de chant hebdomadaires dans les maisons de repos des CPAS, à la Monnaie et dans quatreprisons, mais aussi chaque saison, quelque 5.000 places de spectacles gratuites aux institutions du secteur social. Avec une quinzaine de récitals et de concerts de musique de chambre au sein même des structures des CPAS et des établissements pénitentiaires, grâce au soutien financier de mécènes publics et privés.
 
http://www.lamonnaie.be/fr/static-pages/114-un-pont-entre-deux-mondes
INFORMATION GENERALE
REPRESENTATION
20 décembre - 14h00
 
PALAIS DE LA MONNAIE 
Chapiteau Tour & Taxis
86c Avenue du Port, 1000 Bruxelles
 
PRODUCTION De Munt / La Monnaie
COPRODUCTION Teatro Real de Madrid 2017, Opéra national de Lorraine (Nancy) 2017
 
INTRODUCTION 
Une demi-heure avant la représentation

INFO & BILLETS
+ 32 2 229 12 11
MM Tickets, 14 rue des Princes, 1000 Bruxelles www.lamonnaie.be - tickets@lamonnaie.be 

PRIX
Groupes fragilisés 
Via le secteur social: 10 € (Cat. I–II)
unpontentredeuxmondes@lamonnaie.be
+32 2 229 12 50
 
Groupes scolaires
Enseignement primaire 3e degré (workshop 1 jour à l’école inclus)
& Enseignement secondaire et supérieur (introduction à l’école incluse): 15 € (Cat I–IV) s.briard@lamonnaie.be
 
Tickets individuels 
Bénéficiaires d’une allocation sociale (CPAS, demandeurs d’emploi,…): 10 € (Cat. I–II)
-30 ans, artistes et professionnels du spectacle: 25 € (Cat. I–IV)
Tarif plein: 129 € – 10 € (Cat. I–VI)12273200273?profile=originalhttp://www.lamonnaie.be/fr/program/10-le-coq-d-or
 
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administrateur théâtres

UN SECOND HYMNE NATIONAL

... symbole de l'unité italienne. Nabucco raconte l'histoire biblique de l'exil juif à Babylone. Le souverain cruel Nabucco devient impliqué dans une lutte de pouvoir avec sa fille Abigaille, dans laquelle il sera finalement vaincu et les Juifs  pourront retrouver leur liberté. 

Le génie de Giuseppe Verdi réside dans la formidable tension dramatique qui tend ses opéras et l’irrésistible beauté de ses mélodies. Nabucco, narrant un célèbre épisode biblique, contient en son sein les revendications d’indépendance du peuple italien soumis depuis trop longtemps à la domination étrangère. Parmi les passions humaines exprimées par les superbes airs, se trouve un chœur sublime. Le peuple juif y chante la nostalgie de son pays. Va pensiero, mélodie simple et pure par excellence devient, dès la création, un symbole de l’unité du peuple italien. Aujourd'hui, ce second hymne national a franchi les frontières et exprime la douleur de toutes les oppressions.

Pour ce chef-d’œuvre qui déclencha une véritable ferveur à La Scala de Milan lors de sa création en 1841 et qui fera de Verdi le musicien le plus célèbre d’Italie, une double et prestigieuse distribution s’impose. Nous retrouverons le grand Leo Nucci qui partagera le rôle-titre avec Ionut Pascu. Abigaille sera incarnée par les deux sopranos Virginia Tola et Tatiana Melnychenko. A la direction musicale, nous retrouvons Paolo Arrivabeni pour qui ce spectacle revêtira une signification particulière puisque c’est le premier ouvrage qu’il ait dirigé à Liège.

 Nabucco est de retour dans une mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera pour une nouvelle coproduction de l’Israeli Opera de Tel Aviv et de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège.
 

Le destin  a frappé Verdi encore une fois, le 18 juin 1840: ce jour-là, sa tendre et douce Margherita est emportée par une encéphalite, à 26 ans, huit mois après le petit Icilio, deux ans après la jolie Virginia, leurs deux enfants.

Verdi est effondré, seul, au bord du suicide En panne d'inspiration, écrasé par les coups du destin - ses deux enfants puis sa femme meurent à quelques mois d'intervalle -, le compositeur est au bord du gouffre lorsqu'on lui confie le livret de ce qui va devenir... Nabucco.

C'est dans cet état d'abattement qu'il doit achever la composition de son opéra bouffe: on imagine aisément combien la verve comique est éloignée de son esprit. Il vient pourtant à bout de la partition, en homme scrupuleux envers ses engagements. Et, le 5 septembre 1840, la Scala crée cette deuxième œuvre de Verdi, Un giorno di regno, en présence du compositeur, tout de noir vêtu, le cœur brisé, l'esprit martyrisé. C'est un échec complet. L'opéra ne sera représenté qu'une seule fois, comme si son titre, Un giorno di regno, avait été prémonitoire.

L'hiver vient. Un soir de décembre, Verdi traverse comme un somnambule la grande place du Duomo de Milan. Machinalement, il essuie de la main sa courte barbe noire où le brouillard se fige en gouttes au goût de larmes. Soudain, il manque se heurter à un homme. C'est Merelli, le directeur de la Scala. Ecoutons leur dialogue.

Merelli  - Ah! Ça alors! Verdi!

Verdi  - Bonsoir, monsieur Merelli.

Merelli  - Comment allez-vous, mon cher Verdi?

Verdi  - Mal...

Merelli  - Mais non, mais non, il ne faut pas vous laisser abattre. Il faut réagir, il faut rebondir. Tous les compositeurs connaissent des fours, vous savez! C'est bien malheureux pour nous mais c'est comme ça. Mais (il sort de sa poche une liasse de feuillets) tenez, cet imbécile de Nicolaï vient de me refuser ce livret, un livret superbe pourtant...

Verdi  - Je ne composerai plus jamais!

Merelli  - Allons, ne dites pas cela! Lisez-moi ce manuscrit...

Verdi  - Non, vous dis-je, plus une note, plus jamais, rien.

Merelli  - Ne soyez pas borné, que diable! et lisez-le au moins, cela ne peut pas vous faire de mal!

Verdi  - C'est inutile, je ne veux plus composer. Plus jamais.

Merelli  - Eh bien, lisez-le au moins pour me donner votre avis sur ce livret.

Avec un geste de lassitude, Verdi fourre la liasse de feuillets dans sa poche et s'éloigne lentement.

De retour dans sa chambre grisâtre, Giuseppe jette le manuscrit sur la table et ses yeux tombent sur quelques vers au milieu des pages éparpillées: «Va, pensiero, sull'ali dorate...». Il a relu récemment ce passage de la Bible narrant les malheurs du peuple juif jeté dans l'esclavage et l'exil. Dans la froidure de la nuit, le sommeil ne vient pas. «Va, pensiero...» Il se relève, rallume sa bougie et lit, relit et relit encore le manuscrit... Au petit matin, il pose quelques notes sous un vers, en griffonne d'autres durant la journée ; un autre jour, il trace une phrase mélodique pour un chœur... et, un an plus tard, l'opéra est composé. Les épaules encore voûtées par le malheur, Verdi se fait recevoir à la Scala par Merelli, qui lit son opéra, s'enflamme, s'exclame, appelle sa chère Strepponi, à laquelle il décide de confier le rôle féminin principal. Car il va le créer, cet opéra, et au plus vite, au moment du Carnaval.

Durant les répétitions, tout le personnel de la Scala est comme électrisé, chacun perçoit que c'est un tournant de l'histoire de l'opéra qui se dessine. Seul Verdi demeure sombre, comme si l'intérieur de son corps était vidé. C'est tout de noir vêtu qu'il se rend, le 9 mars 1842, à la Scala. Et la soirée n'est qu'un long triomphe: Nabucco fait renaître Verdi, qui pleure de joie - de désespoir, aussi, en songeant à celle qui n'est plus là, la belle Margherita, à ses enfants qu'il a portés en terre. Et pourtant les bravos ne cessent pas. Il doit venir saluer sur scène et le fait gauchement. Mais ces acclamations sans fin commencent lentement à lui réchauffer le cœur.

Ce sera le même triomphe à la deuxième représentation. Puis aux suivantes. Prévu pour huit représentations, Nabucco en atteindra 57 en trois mois: record absolu, et inégalé, pour la Scala ! un événement unique dans l’histoire du théâtre milanais et franchit ensuite les Alpes : Vienne, Lisbonne, Berlin, Stuttgart, Paris, Londres et même Barcelone. «Ma carrière a vraiment commencé avec Nabucco», dira-t-il quelques années plus tard. Après le terrible fiasco d'Un jour de règne près de deux ans plus tôt, c'est un règne de près de soixante ans, jusqu'à sa mort en 1901, qui débute pour Verdi.

Le 9 mars 1842, Nabucco, le troisième opéra de Verdi, est présenté à la Scala de Milan, après seulement douze jours de répétitions. Donizetti est dans la salle. Malgré la période du carnaval – Verdi s’était montré intransigeant sur le choix de la date, voulant absolument éviter la période du carême vu le sujet –, la représentation rencontre un énorme succès. Et ce malgré les conditions vocales difficiles de Giuseppina Strepponi – elle deviendra sa deuxième femme dix-sept ans après cette malheureuse représentation – qui incarnait alors le rôle ardu d’Abigaille aux côtés du baryton donizettien Giorgio Ronconi dans le rôle du roi babylonien.

 

Aujourd’hui, Nabucco a presque la saveur d’une lutte épique entre la providence qui lui a donné à voir la page la plus célèbre de l’opéra et Verdi lui-même qui, lecteur de la Bible, mais également agnostique tourmenté, s’est retrouvé envahi par une espèce de « fureur sacrée ». C’est d’ailleurs précisément sur cette image du chant des esclaves qu’il a libéré toute sa puissance créative. Ce chœur solennel, triste, puis lumineux, Va Pensiero, est le onzième numéro de l’opéra et anticipe la prophétie de Zaccaria, avec laquelle se clôture le troisième acte. Non seulement un adieu à la liberté, mais également un adieu à la vie. Adieu à la liberté et à la vie qu’il faudrait toujours débarrasser de la rhétorique et de tout lien à des faits politiques italiens passés et contemporains – également au niveau des arrangements scéniques – et ramener à la saveur biblique, plus dense, universelle et grandiose, associée au début de la captivité de Babylone, une prière entonnée par tout le peuple, comme l’a très justement fait remarqué Rossini, qui l’a définie comme « une grande aria pour sopranos, contraltos, ténors et basses ». Qu’a donc vu cet artiste – jeune (il n’avait que vingt-huit ans à l’époque), mais déjà plein de charisme et d’une « simplicité fascinante » – dans ce peuple enchaîné chantant à la « patria belle e perduta » (belle patrie perdue) et priant pour que cette « patire » (souffrance) se transforme en « virtù » (vertu) ?

Le psaume 137 est le seul des 150 psaumes à évoquer l'exil à Babylone qui a suivi la prise de Jérusalem par le roi de Babylone Nabuchodonosor en 586 av. J.-C. Selon la tradition rabbinique, il a été écrit par le prophète Jérémie. En latin: Super flumina Babylonis.

DIRECTION MUSICALE : Paolo Arrivabeni 

 MISE EN SCÈNE : Stefano Mazzonis di Pralafera 

CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice 

ARTISTES : Leo NucciIonut PascuVirginia TolaTatiana Melnychenko,Orlin AnastassovEnrico IoriGiulio PelligraCristian MogosanNa’ama GoldmanRoger JoakimAnne Renouprez,Papuna Tchuradze 

9 DATES : Du mardi, 18/10/2016 au samedi, 29/10/2016 

http://www.operaliege.be/fr/activites/nabucco

Va, pensiero, sull’ali dorate;
Va, ti posa sui clivi, sui colli,
Ove olezzano tepide e molli
L'aure dolci del suolo natal!

Del Giordano le rive saluta,
Di Sionne le torri atterrate...
Oh mia patria sì bella e perduta!
Oh membranza sì cara e fatal!

Arpa d'or dei fatidici vati,
Perché muta dal salice pendi?
Le memorie nel petto raccendi,
Ci favella del tempo che fu!

O simile di Solima ai fati
Traggi un suono di crudo lamento,
O t'ispiri il Signore un concento
Che ne infonda al patire virtù!

Va, pensée, sur tes ailes dorées ;
Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines,
Où embaument, tièdes et suaves,
Les douces brises du sol natal !

Salue les rives du Jourdain,
Les tours abattues de Sion ...
Oh ma patrie si belle et perdue !
Ô souvenir si cher et funeste !

Harpe d'or des devins fatidiques,
Pourquoi, muette, pends-tu au saule ?
Rallume les souvenirs dans le cœur,
Parle-nous du temps passé !

Semblable au destin de Solime
Joue le son d'une cruelle lamentation
Ou bien que le Seigneur t'inspire une harmonie
Qui nous donne le courage de supporter nos souffrances !

Sources

-(Extraits choisis de l’article de Luca Pellegrini dans le numéro spécial du magazine « L’Opéra » consacré, en septembre 2016, à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège)

-Alain Duault

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nabucco

https://www.opera-online.com/items/works/nabucco-solera-verdi-1842

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administrateur théâtres

Brel is Brel

Jacques Brel, notre poète, chanteur, compositeur belge, à qui on aurait bien aimé décerner, comme à  Dylan ce jour-là, un  prix Nobel posthume bien mérité, a fait sa joyeuse entrée en fanfare au Wolubilis, à bord d’une vraie  Rolls : grâce à  la complicité du Brussels Jazz Festival  avec le chaleureux chanteur de jazz David Linx.

On a assisté à un spectacle de haute qualité, où rien n’est laissé au hasard, où rien ne manque, où tout est à emporter « sur l’île déserte », comme le disait son ami Georges.  Il s’agit d’un fervent projet sous forme de libres variations qui  rend un touchant hommage au Poète Lauréat des belges.

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 La salle  est comble. Les musiciens du bateau ivre  en costume  Navy Blue sont rangés sur des gradins, derrière leurs sages pupitres de concert classique étoilés d’une loupiote, face au public. Comme pour  une  assemblée nationale musicale, on peut compter de bas en haut : un rang de quatre saxos et bois ; puis celui des trombones et enfin les trompettes. A gauche sur le plateau, il y a  la pianiste, Nathalie Loriers, seule femme de la Big Band ; entre deux,  la contrebasse et la panoplie de vibrantes  percussions. La prestation sera inoubliable. Le jazz est là. Les  musiciens  se déplacent et viennent chacun à leur tour faire leur Java devant le micro, pendant que David Linx, se promène de long en large avant de reprendre couplets ou refrains et longues harmoniques. Un souffle épique traverse le plateau, un vent de chaleur humaine.

Le CD est sorti en juin 2015. La surprise vocale vient de la tessiture du chanteur qui manie les octaves avec une aisance  vertigineuse, et rappelle tantôt Brel, tantôt Nougaro. Mais c’est du Linx bon teint, un capitaine musical particulièrement inspiré, artiste généreux en chemise  purple red, courtois et plein d’humour qui surfe sur les paroles et la musique du grand Jacques avec respect et joyeuse liberté, et qui chante des jazzy vocals et talking-singing tongues, les yeux dans les yeux avec la pianiste! Sacré Mathilde !

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 Plusieurs des membres du BJO se sont  succédé à l’arrangement des chansons mythiques du florilège : Pierre Drevet,  La chanson des vieux amants, Mathilde ; Dieter Limbourg, Le plat pays, Amsterdam,Vesoul ; Lode Mertens, Quand on n’a que l’amour, La valse à mille temps ; Gyuri Spies, l’ingénieur du son, Ces gens-là, Isabelle, dans une superbe version anglaise ; Frank Vaganée, La ville s’endormait, Bruxelles  and last but not least, Nathalie Loriers, la pianiste,  pour  Ne me quitte pas… David Linx invoquera aussi  la figure de Toots Thielemans, une autre grande figure belge  dont on a pleuré la disparition l’été dernier.

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 Et de temps à autre, cela swingue carrément  en langue originale,  avec Amsterdam, dans  une traduction anglaise magnifique de David Bowie. C’est dire que la boucle est bouclée, le cercle  refermé. Celui des poètes disparus ? Et on pleure tous  à chaudes larmes avec le titre nostalgique  tellement bouleversant de Oh ! mon amour! 

Le plat pays, un hommage au père de Linx, évoque quant à  lui, incontestablement, avec ce solo saxo méditatif puissant, ce pays qui est « le nôtre ». C’est ce qu’ont murmuré dans un même souffle, une salle totalement conquise et l’artiste sur scène.

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http://www.wolubilis.be/index.php?page=1&id=49&pid=666&year=2016&month=10

En tournée: 

 23 nov 2016
 
 20:00

Warschau (PL)

 17 mar 2017
 
 20:30

Théâtre Chassé, Breda (NL)

 18 mar 2017
 
 20:30

Centre Culturel, Huy (B)

 24 mar 2017
 
 20:00

Centre Culturel, Soignies (B)

 30 mar 2017
 
 20:00

La Ferme du Biéreau, Louvain-la-neuve (B)

 02 mai 2017
 
 20:00

Centre Culturel, Dinant

 

 

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administrateur théâtres
Une brume d'or dans un temps de feu…
 
Entamée avec Enoch Arden, la Monnaie
poursuit son exploration de la musique de Richard Strauss avec Capriccio, opéra en un acte et son dernier, créé en 1942 à Munich.
Légère et vive, cette « conversation musicale » est un hommage crépusculaire et nostalgique à un monde disparu, et dont Stefan Zweig qui insuffla l’idée à Strauss dès 1934 est le représentant perdu. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce vieux compositeur âgé de 80 ans, retranché dans sa villa de Garmisch, fermant les yeux sur un monde à feu et à sang, tourné désespérément vers une époque depuis longtemps disparue ; et, cependant, écrivant encore et encore une musique d’où surgissent les plus belles et les plus bouleversantes émotions.

L’œuvre n’avait plus été jouée à la Monnaie depuis 1983. Son retour a été confié au chef d’orchestre allemand Lothar Koenigs à la tête de l’Orchestre symphonique de la Monnaie, et au metteur en scène David Marton. 

Le livret ne se limite pas à une mascarade amoureuse. Quel sera le genre du spectacle donné pour l'anniversaire de la Comtesse ? Un opera seria, avec des chanteurs italiens spécialisés dans le bel canto, comme le voudrait La Roche ? Un spectacle faisant la part belle à la poésie et mettant en valeur le jeu théâtral de mademoiselle Clairon, une actrice célèbre, ainsi que le voudrait Le Comte, frère de Madeleine ? « Prima la musica – dopo le parole ! », clame-t-on d'un côté. « Prima le parole – dopo la musica ! », réplique l'autre partie.

Le débat est illustré par une déclamation de sonnet par Olivier, une improvisation au clavecin de Flamand, un intermède dansé, un duo des chanteurs italiens. Le Comte met fin au débat en suggérant que soient relatées dans un opéra les aventures de la journée. La proposition est acceptée. Il est tard, les invités prennent congé. Un spectacle n'est qu'illusion, sur la scène règne l'éphémère et le rêve ne tient qu'à peu de choses. M. Taupe, le souffleur, qui s'était endormi et qu'on a oublié, le rappelle au Majordome, qui propose de le faire raccompagner à Paris. La comtesse est restée au château. Un rendez-vous a été pris avec Olivier, le lendemain à onze heures, à la bibliothèque. Le Majordome lui rappelle que Flamand l'attendra au même endroit et à la même heure. Que faire ? Lequel des deux choisir ? Doit-on d'ailleurs choisir entre la poésie et la musique ? La Comtesse se met à la harpe et s'accompagne en chantant le sonnet d'Olivier. Musique et poésie se fondent l'un dans l'autre. Madeleine est interrompue dans sa rêverie par le Majordome, qui l'invite à passer à table.


Pour David Marton, hongrois et berlinois d’adoption, les discussions menées dans la “Konversationsstück für Musik” de Strauss sont à prendre très au sérieux. Mais il constate que cette question séculaire à l’opéra de la primauté du mot ou de la musique est insoluble – du moins aussi longtemps qu’elle reste traitée en termes abstraits. En la replaçant dans le tangible d’une mise en scène particulière qui impose d’établir concrètement des priorités, le débat retrouve toute son actualité. Cette mise en scène à l’intérieur de la mise en scène place les frénétiques conversations des différents bretteurs sous un éclairage étonnant et parfois très drôle. Marton ne va jamais à l’encontre de l’esprit de l’œuvre grâce à sa manière pleine de vie d’aborder l’émotion, à une direction d’acteur tout en finesse et une utilisation intelligente du double espace théâtral.
 
La distribution rassemble une pléthore d’excellents chanteurs, à commencer par Sally Matthews qui interprétera pour la première fois le rôle de la Gräfin Madeleine. La soprano anglaise n’est plus à découvrir sur la scène belge où elle se produit régulièrement. Après avoir interprété le rôle-titre de Jenůfa, elle était une bouleversante Daphne dans l’opéra éponyme de Strauss.

Le frère, Der Graf, sera joué par le baryton allemand Dietrich Henschel. Présent à la Monnaie depuis le début du mandat de Peter de Caluwe, il y a incarné de multiples rôles, Wozzeck, Nick Shadow, Golaud et Œdipe, avant d’être un formidable Doktor Schön dans notre dernière Lulu et d’endosser le personnage de Peter dans Hänsel und Gretel (Humperdinck) en décembre 2015.

Le ténor lituanien Edgaras Montvidas incarnera le compositeur Flamand. Depuis ses débuts à la Monnaie dans le Requiem de Bruneau en 2012, il s’est produit à Glyndebourne, Berlin, Munich comme à l’Opéra Royal de Versailles.
C’était un autre habitué de la scène de la Monnaie qui devait chanter le poète Olivier mais le baryton français Stéphane Degout a malheureusement dû déclarer forfait. Son rôle est repris par le baryton estonien Lauri Vasar qui l’interprétait récemment encore à l’Opéra de Lyon. Il a interprété le personnage du Minotaure pour la création de Phaedra (Henze) en 2007, et Schaunard (La Bohème).  Il  accepté cette reprise au pied levé. 

Kristinn Sigmundsson fait ses débuts à la Monnaie dans le rôle de La Roche (Theaterdirektor). C’est un interprète très sollicité pour les grands rôles de basse, ceux de Wagner et Verdi notamment.

Charlotte Hellekant chantera Clairon (Schauspielerin). La mezzo-soprano s’est produite notamment dans deux des dernières créations de la Monnaie, Matsukaze (Murasame) qu’elle reprendra également cette saison et Au monde (la fille aînée).
Ce seront les quatre jeunes interprètes de l’Opéra de Lyon, coproducteur avec la Monnaie, qui viendront interpréter les rôles du souffleur, des chanteurs italiens et du majordome : le ténor suisse François Piolino (Monsieur Taupe) ; la soprano russe Elena Galitskaya(Italienische Sängerin) 3e Prix et Prix du public du Concours Reine Elisabeth 2011 et son compatriote le ténor Dmitry Ivanchey (Italienischer Sänger) qui font tous deux font leurs débuts à la Monnaie ; le jeune baryton Christian Oldenburg (Haushofmeister).
Parmi les huit serviteurs, nous pourrons entendre deux membres de  la MMAcademy, Pierre Derhet (MMAcademy Laureate) et Maxime Melnik (MMAcademy soloist), ainsi que Artur Rozek membre de l’International Opera Academy, aux côtés de Zeno Popescu, Nabil Suliman, Vincent Lesage, Bertrand Duby et Kris Belligh.
Agenda

03.11.2016 – 16.11.2016

Lieu

Palais de la Monnaie, Tour & Taxis

Tarifs

cat 1 - 129 € / cat 2 - 99 € 
cat 3 - 84 € / cat 4 - 59 € 
cat 5 - 34 € / cat 6 - 10 €

Présentation

Introductions une demi-heure avant les spectacles par Antonio Cuenca Ruiz (en français) & Reinder Pols (en néerlandais)

Langue

Chanté en allemand
Surtitré en français et en néerlandais

Durée

ca 2h 45’
(1h - entracte - 1h 25')

Streaming

live sur ArteConcert
10.11.2016
streaming sur lamonnaie.be
24.11 > 15.12.2016
sur Klara
03.12.2016
sur Musiq’3
03.12.2016

 

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administrateur théâtres

14695587_1445099122186137_2258976398414716966_n.jpg?oh=5598aace944035af312da142c2c70f1a&oe=58A97712Viva Nabucco ! « Sur les ruines de Sion, le roi Assyrien ne s’installera pas. Et Baal, dieu mensonger disparaîtra » 

Vole ma pensée, sur des ailes dorées;

Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines,

Où embaument, tièdes et suaves,

Les douces brises du sol natal !

 

Salue les rives du Jourdain,

Les tours abattues de Sion ...

Oh ma patrie si belle et perdue !

Ô souvenir si cher et funeste ! 

PRETENDRE que « Va, pensiero », le chant des esclaves hébreux dans Nabucco, a catapulté Giuseppe Verdi   vers les sommets de  la   renommée  universelle est loin d’être exagéré. Il reste l'un des plus grands moments de  l'opéra, et les Chœurs d'Opéra de Liège sous la direction de  Pierre Iodice  ont  exécuté ce moment tant attendu de façon remarquable  le soir de la première. Le public en était tout chaviré.  Un chant qui commence à l'unisson, devient un bouleversant gonflement nostalgique, pour s'amplifier à pleine voix et mourir dans des soupirs d’espérance. Le temps de méditer sur tout ce qui nous enchaîne ou pourrait nous asservir.  La mise en scène de Stefano Mazzonis Di Palafera de Nabucco est d’une simplicité  confondante pour un opéra de cette envergure!  La plèbe des Babyloniens et des Hébreux, dont se détachent les personnages bibliques, se meut dans de lentes  mobilités  menaçantes et font penser aux arrière-plans de grands tableaux du 17 siècle.

 

 LE DECOR lui-même est un chef-d'œuvre d’abstraction moderne, avec ce rideau d’étoiles de David censé véhiculer la Jérusalem antique - avant, pendant et après sa destruction. Au deuxième acte, la maquette aérienne couleur lapis lazzuli des jardins suspendus de Babylone faits d’escaliers, de colonnades et balcons  est  un travail d’artiste. La texture est   une dentelle d’octogones imbriqués qui symbolisent les palais splendides de la cité et le regard  des femmes à travers les moucharabiehs. Au troisième acte, les pieds des esclaves fouleront les flots du Jourdain, lieu de baptême et  de rédemption en live. L’eau lumineuse qui coule depuis  l’arrière-plan fait d’un rideau de joncs dorés par  le soleil levant, a noyé la splendeur envolée des palais babyloniens. Des décors d’une simplicité parfaite soulignés par de savants jeux de lumière plongent le spectateur dans  une rêverie intemporelle.

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LA DISTRIBUTION est bien sûr éblouissante, à la mesure de l’oeuvre avec en tête, Leo Nucci dans le rôle-titre. Le chanteur vibre d’une puissance prophétique sous ses 74 printemps. Il fait une entrée remarquée sur un fabuleux cheval de bois dont le pelage arbore des couleurs de fleurs rien moins que Chagalliennes, assorties au bleu munificent des palais. Il commettra l’irréparable péché d’orgueil qui le foudroie : « Moi qui suis Dieu, adorez-moi ! » Il deviendra dément, mais il se repentira avec ferveur et regagnera la grâce divine. Une fresque épique à lui seul. Son Dio di Giuda! arrache des clameurs à la salle!


   

 

 

 LA SOPRANO argentine Virginia Tola en tant que Abigaille, campe du haut du  majestueux cheval psychédélique, la violence, la soif de pouvoir qui s’est emparée d’elle et la destruction. Elle joue du dynamisme vocal et théâtral. Sa  voix est l’instrument  achevé de tout  pouvoir insatiable : brillante et tranchante. Mais elle est aussi capable de lamentations en présence de l’homme qu’elle désire. Elle criera « Mort aux Hébreux ! Rends-moi cette couronne ! Plutôt mourir ! »  Sa superbe s’achève après s’être discrètement empoisonnée. Un très émouvant sursaut d’humilité et de dignité survient, elle implore, vaincue,  le  pardon du Tout Puissant, trempant la main dans le fleuve Jourdain.

 

 L’EXQUISE  Nahama Goldman, pour la première fois sur la scène de l’Opéra Royal de Wallonieincarne la douce Fenena, l’otage assyrienne du grand-prêtre. Elle apparaît comme   la   noble  fleur des chants justes, souples et tristes alors qu’à tout instant, vivant symbole d’empathie ou de compassion,  elle voit sur elle le glaive de  la mort. A côté d’elle, Giulio Pelligra brille d’une belle puissance et  intensité dans le rôle d’Ismaele.

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ORLIN ANASTASSOV, superbe basse lyrique dans le rôle du grand prêtre juif Zaccaria, est une révélation. Un très magistral Vieni, o Levita! ... Il santo Codice reca! rallie l’adhésion de la salle entière après sa belle introduction aux violoncelles que l’on aurait cru plus profonde. La sagesse, l’humilité et le courage qu’il insuffle de sa voix puissante et magnifiquement posée, ont de quoi ébranler. La voix appelle à une alliance éternelle avec le Tout Puissant, loin des fausses idoles renversées.  

 

Mais bien sûr, il n’y a pas que la qualité des chanteurs ou des  40 choristes dirigés par Pierre Iodice, il y a aussi la tenue de l’orchestre par  Paolo Arrivabeni qui savoure la partition avec nuances, finesse et énergie, loin de tout fracas  prétentieux.

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NOTES:

DIRECTION MUSICALE : Paolo Arrivabeni  MISE EN SCÈNE : Stefano Mazzonis di Pralafera  CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice  ARTISTES : Leo NucciIonut PascuVirginia TolaTatiana MelnychenkoOrlin AnastassovEnrico IoriGiulio PelligraCristian MogosanNa’ama GoldmanRoger JoakimAnne RenouprezPapuna Tchuradze  

 9 DATES : Du mardi, 18/10/2016 au samedi, 29/10/2016

(Saison 2016-2017) : | Opéra Royal de Wallonie

www.operaliege.be/fr/activites
La complexité de la trame originale du Nabucco de Verdi a été ici revisitée pour en garder l'essentiel: l'amour, la quête d'indépendance, la justice et le pardon.

Le lien http://fr.allreadable.com/cb36EP9 vous permet de retrouver le texte du livret en français

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administrateur théâtres

 Un  très grand moment flambant de musique, de rencontres et d’émotions 

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Dimanche 18 septembre 2016 au Château d'Argenteuil : une découverte. C’est  Le 21e Festival Mozart. Cette année, c'est une version promenade d’un jour qui nous est offerte, avec  4 superbes concerts  d’ensembles  d’excellence. La coutume voulait que se réunissent et interagissent une  trentaine  de musiciens  talentueux  internationaux  que l’on accueillait en résidence à Waterloo  en répartissant  leurs prestations sur deux semaines de liesse musicale. Cette édition-ci est un véritable élixir.  

Small is beautiful : le public, nullement retenu par  la Journée sans voiture à Bruxelles,  a investi les salles de concert et a pu apprécier l’intensité de  cet événement ramassé sur un jour,  se délectant du  ressenti  des artistes  donné avec tant de talent et de générosité. Dès l’entrée, les participants  étaient accueillis avec le sourire de jolies élèves du Conservatoire, toutes coréennes ou japonaises, servant boissons et  collations sucrées-salées. On  a  aussi rencontré la fondatrice de l’événement, Dalia Ouziel qui a fait une visite guidée des lieux. Elle  nous confie : «  La fondation du festival, c’était il y a 21 ans dans l’église Saint-Paul de Waterloo, une initiative de mon mari  et moi,  le duo   Rubenstein-Ouziel. La liste des participants aux 20 premières années, réunissant des artistes  tous de haut vol était plus qu’impressionnante quand on y pense. Cette journée unique a été préparée avec feu par notre  fils, Daniel Rubenstein, violoniste. C’est lui  qui prend la relève et a organisé cette fête musicale  qui nous tient tant à cœur ».

Journée d’émerveillement donc. Dès 12h15 le château d'Argenteuil résonnait  de vents et  cordes  avec la complicité de  la violoniste Tatiana Samouïl, lauréate du Concours Reine Elisabeth 2001, qui jouent le Quatuor pour flûte N°3 en Ut K.285b de Mozart et le Quintette pour clarinette et cordes opus 115 de Brahms.  

C’est ensuite le Quatuor Danel qui investissait les lieux en  interprétant successivement  Dissonance, le Quatuor à cordes n ° 19 de Mozart (K. 465), puis le Quatuor N°6 en fa mineur op. 60 de Mendelssohn. Marc Danel comme à l’accoutumée, joue de son instrument avec tout son corps, comme assis sur un nuage musical dont il s’envole par moments, tordant les phrasés avec l’énergie du désespoir, tandis que le violoncelliste Yovan Markovitch lutine son instrument le sourire dans l’archet. Des quatre tailleurs de bois précieux, émergent des  figures aux visages sacrés. Le public est subjugué.  L’expression est intense, audacieuse, et vibrante. Le Mendelssohn aux sonorités étranges est puissant et galvanisé par la passion et la douleur. On est au seuil d’une musique d’épouvante.  Les musiciens ne jouent pas pour passer le temps mais pour  le cueillir, insaisissable, du bout de l’archet. L’Adagio évoque  certes des souvenirs heureux, mais que peut donc évoquer d’autre que la révolte,  la mort prématurée d’une sœur ou d’un frère? Outcry! Le pied frappe le sol pour écraser les malédictions du ciel avant les dernières mesures qui évoquent une résistance courageuse.  

 Mais le charme de la Journée opère,  et l’on se dit que cette Journée  n’est pas sans rappeler la convivialité d’un autre festival belge,  hélas aujourd’hui disparu : Les concerts à l'Orangerie du Château de Seneffe  dont la dernière édition s’est tenue en juillet 2015. En invité de choix on y rencontrait Lorenzo Gatto, Jean-Claude Vanden Eynden, Eliane Reyes, le quatuor Danel, l’altiste Vincent Hepp, la violoncelliste Sarah Dupriez… que de merveilleux souvenirs! Et  qui retrouve-t-on brusquement en train de répéter près d’une colonnade si ce n’est Vincent Hepp en  personne!

Il nous donne rendez-vous avec l’Ensemble Mendelssohn à 17h 15 à la Chapelle pour écouter  Le Sestetto concertante en mi bémol majeur K 364 (dans sa transcription de 1808) de Mozart et le Quintette à cordes N°2 en si bémol majeur op. 87 de Mendelssohn. Superbe rythmique, charme et justesse. L’alto (Vincent Hepp) produit des sonorités larges, jubilatoires. Les crescendos sont enveloppants. La musique vient à déborder comme une corne d’abondance. Le violon de Daniel Rubenstein chante avec une pureté, une lumière et une chaleur extraordinaire dans ce lieu qui rassemble les mélomanes de l’après-midi, toutes fenêtres ouvertes.    Tout se termine, trop vite,  sur un rythme Marcato, tonifiant. Le tempérament  intense, c’est la résilience. Les dernières mesures  évoquent une résistance courageuse. On quitte le concert avec une consigne : ne jamais abandonner!

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 Et  puis le soir, c’est l’apothéose,  avec Eliane Reyes et Jean-Claude Vanden Eynden. Eliane Reyes, l’élève de Jean-Claude Vanden Eynden vient de recevoir une très haute distinction. En effet, elle a reçu les insignes de Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres attribués à des personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde. Eliane Reyes est la première pianiste belge à être ainsi honorée.  Face à face, professeur et ancienne élève vont développer avec chaleur et complicité  sur deux pianos imbriqués comme le yin et le yang les magnifiques harmonies du  Concerto pour 2 pianos N°1 en mi bémol majeur K.V. 365 de Mozart. La direction de l’orchestre - une toute nouvelle aventure à suivre, celle du Nco Orchestre -  a été confiée au  jeune chef  prometteur que l’on a pu entendre diriger Mozart  au festival de Moscou l’an dernier.  Il s’agit d’Ayrton Desimpelaere.  En première partie du concert de 20h15, Ayrton Desimpelaere a dirigé la création toute récente de  Nicolas Bacri: Cosi Fanciulli, allusion au Cosi Fan Tutte de Mozart  et L’Adagio en mi majeur pour violon et orchestre K.V261 de Mozart avec Daniel Rubenstein, violon soliste.

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Une journée  enfin sous le signe de l’art de vivre : Bertolt Brecht  ne disait-il pas que  "Tous les arts contribuent au plus grand de tous les arts : l’art de vivre". Car Marie  Chimkovitch  veille avec ses pinceaux. L’artiste-peintre, une « live art performance painter », croquait  sur le vif et avec  douceur et poésie les musiciens à l’œuvre, transportant son exposition improvisée d’une salle de concert à l’autre. Ravie, elle dépose sa palette et conclut : «  La journée fut un feu d'artifice d'émotions fortes : le bonheur de peindre en musique, la musique elle-même, les musiciens, les rencontres, la gentillesse, l'amitié ... Le Festival Mozart cette année fut mini, mais quelle densité ! »

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Tableau réalisé dans le cadre du Festival Mozart 2016 : Eliane Reyes, Jean-Claude Vanden Eynden et le Namur Chamber Orchestra sous la direction d’Ayrton Desimpelaere dans le concert pour 2 pianos n°1 K365 de Mozart, huile sur toile (sur carton), 50x70cm, Château d’Argenteuil à Waterloo, le 18.09.2016.

http://www.festival-mozart.be

 

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administrateur théâtres

Après avoir dépeint le Japon dans Madame Butterfly, Giacomo Puccini met le cap sur la Chine, son dernier voyage, car il  mourra à Bruxelles,  laissant  son dernier opéra inachevé. Le compositeur parvenu au terme de sa vie déclare « Toute la musique que j’ai écrite jusqu’à présent me semble une plaisanterie en comparaison de la musique que j’écris en ce moment » Turandot a été composé entre 1921 et 1924. Toscanini en dirigea la première, en avril 1926.

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 Cet opéra est  l'un des plus  vibrants  exemples d’exotisme musical. Résolument moderne et stupéfiante, l’architecture orchestrale est particulièrement efficace  et souligne une judicieuse alternance entre l’atmosphère de conte et le drame insoutenable,  cette  marche  inexorable vers un destin fatal. Une ultime expression de souffrances  longuement tues.  Une débauche d’instruments à percussions,  une débauche de couleurs, une débauche de tableaux sonores.  Voilà ce qui nous est offert par  Paolo Arrivabeni dans la fosse  à la tête de   l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie. Les chœurs dirigés par Pierre Iodice,  sont composés de soixante chanteurs majestueusement costumés (Fernand Ruiz). Ils  sont placés de part et d’autre, dans les galeries mystérieuses qui entourent le palais de la Cité Interdite. Le luxe d’éclairages miroitants module à la perfection les mouvements sur le plateau et aux fenêtres du palais ainsi que  la débauche de sentiments exacerbés.   

  A Pékin, une princesse hautaine et cruelle, nommée Turandot,  promet d’épouser un prince qui résoudra trois énigmes. Les prétendants sont décapités s’ils échouent.

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Calaf, prince en exil rêve de reconstituer son pouvoir perdu. "Tu m’as pris mon royaume, tu nous as mis en cage mon père et moi, tu tues mon peuple, donc me voici pour te frapper en retour."  Mais il est fasciné par la princesse jusqu’au délire et veut tenter sa chance. En première partie, on la voit apparaître dans une tenue - large tunique et pantalon - d’une blancheur étincelante et glaciale. Elle est porteuse d’un sceptre qui ressemble à une faux. Comme la personnification de la mort. La mort blanche même, aussi  implacable et dévastatrice que la cocaïne ou l’héroïne. Le prince est halluciné. "Pour la dernière fois, vaincs cette fascination" supplie son père! Et les trois magnifiques mages...

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L’histoire de la femme de glace remonte à plusieurs générations. Une transmission toxique a eu lieu. Il y a des milliers d’années son aïeule a été trahie par un conquérant tartare. Après avoir mis la ville à sac, il l’emmena dans son lointain royaume  où elle mourut de chagrin. C’est pour venger cette infamie, que la princesse Turandot a imaginé l’épreuve. Elle porte avec elle le lourd fardeau d’un trauma transgénérationnel que pour rien au monde elle ne voudrait lâcher car il la protège de la capitulation face à l’homme. Et plus que tout, elle  rêve d’indépendance et craint l’amour charnel avec tout ce qu’il représente. Elle utilise le viol mythique de son aïeule pour haïr  tous les hommes…C’est un  être féroce mû par la vengeance « Je venge sur vous, cette pureté, ce cri et cette mort ! » Ironiquement,  la princesse a sauvagement  besoin de  victimes  expiatoires   pour parvenir à accepter la part féminine  d’elle-même qu’elle renie. L’interprète de Turandot est Tiziana Caruso, un rôle qu’elle maîtrise totalement.

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Le metteur en scène José Cura, incarne avec flamboyance le prince sans nom. José Cura est passé maitre à la fois dans le chant, la direction d’orchestre, la mise en scène et la scénographie.  Calaf, dont personne ne connaît l’identité, résoudra les trois énigmes mais ne veut pas forcer la glaciale beauté à qui il lance lui aussi un défi : il s’avouera vaincu et acceptera la mort si Turandot  réussit à découvrir son nom, ce dont elle ne doute nullement: elle possède toutes les armes de torture pour faire avouer le moindre de ses sujets.  Lui - péché d’orgueil ? -  ne veut recevoir la princesse que par amour. Il est sûr de sa victoire et bouillant d’impatience.  

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Une  seule personne connaît ce nom : l’esclave Liù, amoureuse de Calaf «Parce qu’un jour, dans le palais, tu m’as souri ! ».Elle est fragilité, innocence et  sincérité.  Elle se trouve dans la foule, avec son maître, un vieillard,  le roi détrôné Timur (Luca Dall’Amico), père de Calaf. Une foule bruissante comme en Chine,  qui commente, admire et  se repaît d’imprécations, comme dans la tragédie grecque.  Le  fameux air de Calaf Nessun Dorma  atteste que personne à Pékin n’est autorisé à dormir, sous peine de mort tant que le nom du prince  ne sera révélé. La tension est au maximum. Liù, la jeune esclave se sacrifie pour l’homme qu’elle aime. C’est  l’exquise Heather Engebretson,  jeune soprano américaine, diplômée de la célèbre Julliard School qui l’incarne. Liù est symbole de pureté, de bonté et de beauté morale. Archétype du sacrifice par amour. Celle par qui la malédiction familiale peut être vaincue.

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 Les magnifiques éclairages d’Olivier Wery font vivre cette cité impériale légendaire,  plantée en bord de scène,  d’enfants de notre siècle -  une quarantaine d'enfants de la Maîtrise de l'opéra-  qui construisent des maquettes, dessinent, peignent, dorment et chantent … sous le regard attendri d’un professeur-mandarin (Roger Joachim). Une façon élégante et astucieuse  de relier deux époques, de montrer que les enfants gardent cette capacité de voyager dans l’imaginaire, de  souligner  que tout ceci est un conte  mais que les contes ont toujours une morale!  La morale, c’est la jeune et bouleversante  Liù qui la détient : « Liù, bonté, pardonne et oublie ! »  Et Timur,  en habits noirs la suit dans le couloir de la mort « pour attendre à ses côtés, la nuit sans le matin. »

http://www.operaliege.be/fr/activites/turandot

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12273173699?profile=originalLe vihâra (monastère bouddhique) de Rajamaha, Dambulla

     Le bouddhisme s’est donc répandu depuis l’Inde où il est né, au troisième siècle avant Jésus-Christ, et s’est profondément enraciné au Sri Lanka.
L’art du Sri Lanka s’est donc naturellement inspiré de l’art indien. Et c’est particulièrement vrai à Sirigiya où les fresques de la fin du Ve siècle peuvent être comparées à celles d’Ajantâ, datant du Ve au VIIe siècles.
Mais à Dambulla, cet art s’est mêlé d’influences tamoules très marquées. Tamouls qui se répandirent d’Inde du Sud à l’île de Ceylan, particulièrement à l’est et au centre du pays.
D’où un style original, dit de l’ « Ecole kandyenne ».
      Dambulla est par ailleurs situé au centre géographique de l’île. Point culminant à 160m au-dessus de la plaine et rayonnant sur tout le territoire. Rangiri, le « Rocher doré », ainsi appelé dans les temps anciens pour ses statues recouvertes d’or, était le lieu tout indiqué pour porter la doctrine. Bien sûr, peintres et sculpteurs, tout à leur vénération, sont restés anonymes, suivant ainsi la voie du renoncement.

12273174667?profile=originalDambulla, peinture à la détrempe, XVIIIe siècle

Au 1er siècle avant J.-C., au temps du royaume d’Anuradhapura, les moines, qui déjà occupaient les grottes, offrirent leur protection au roi Vattagamani Abhaya en exil. En retour, rétabli sur son trône, il y fit bâtir un temple. Qui depuis ne cessa d’embellir et de rayonner.

12273175087?profile=originalBouddha, lors de ses pérégrinations, fit trois fois halte à Lanka.

Et trois fois par jour battent les tambours en l'honneur de Bouddha.

     L’art populaire s’est développé, que l’on retrouve notamment dans les danses et les masques.
Une tradition qui perdure et un rapprochement entre certaines peintures, ces masques, la danse et la musique kandyennes peut être pertinent. Ce que je vais tâcher de démontrer ici.
Avec ces figures de danseuses célestes au masque « princier »…

12273175665?profile=originalApsaras (déesses)

Les fleurs qu'elles tiennent semblent exprimer la fertilité de la terre.
Dambulla, peinture à la détrempe, XVIIIe siècle

12273176073?profile=originalDanseuse kandyenne

12273176457?profile=originalApsaras et ganharvas

L'influence tamoule s'y fait sentir.
Dambulla, peinture à la détrempe, XVIIIe siècle

     Les gandharvas, quant à eux, étaient les compagnons des apsaras, musiciens et chanteurs au paradis d’Indra, Seigneur du Ciel, dieu de la guerre et de la foudre, le Svarga. Le Svarga était situé au-dessus du mont Meru, montagne mythique dont, selon la légende, le sommet se serait détaché pour former le… Sri Lanka.


Mais permettez-moi de poursuivre mon interprétation…

12273176675?profile=originalMasque cinghalais

Si les masques sri-lankais sont généralement peints de couleurs vives, j’ai préféré photographier ces pièces brutes qui nous paraissent plus authentiques.

... Ou masques grimaçants (démons, des moines et des merveilles)…

12273177268?profile=originalL’armée de Mâra, l’esprit du Mal, et ses démons attaquant le Bouddha
Plafond de la grotte principale, Dambulla, XVIIIe siècle.

12273177658?profile=originalAsuras ou rakshasas (démons)
Masques traditionnels utilisés dans les danses de démons du sud de l’île.

N’ayez crainte, mes amis… laissez-vous entraîner sur la piste et entrez dans la transe…

« Tel un peintre que terrifie l’effroyable monstre qu’il vient de peindre,
le vulgaire est épouvanté par le samsâra* »
                                                                                                      Mahâyânavinsikâ

12273177476?profile=originalDanseur masqué (Kandy)
Le pouvoir des charmes sur l’enfer
et sur les 27 démons qui accablent l’humanité.

     Ces danses, rythmées au son des tambours et autres percussions (athrabane, pantheru, udekki), visent à s’attirer la bénédiction des divinités protectrices, tout en luttant contre les influences maléfiques.
Rites de conjuration issus d’un fonds ancien accordé aux usages bouddhiques qu’accompagne une musique aux motifs, là aussi, répétitifs, organiques, à la force hypnotique.
Instruments traditionnels, déjà présents dans les festivités de la Cour**, et danses exécutées par les hommes. Ces dernières s’ouvrent aujourd’hui aux femmes.


      Formellement, on peut m’objecter qu’un septième précepte bouddhique veut que l’on s’abstienne de danse, spectacle, musique et chant. Qu’il est donc peu probable que ceux-ci aient influencé la peinture d’un monastère. Mais, outre que je ne suis pas un spécialiste, il n’entre pas dans les cinq règles de base du bouddhisme (ne pas nuire aux êtres vivants ou tuer, ne pas prendre ce qui n’est pas donné, ne pas avoir une vie sexuelle désordonnée, ne pas mentir ou blesser, ne pas s’adonner aux drogues), strictement applicables à tous. Cette observance ne serait donc réservée qu’aux seuls bonzes. Les peintres n’étaient pas nécessairement moines, une certaine perméabilité aux empreintes extérieures induites possible (d’où un emprunt dans l’enduit !), n’empêchant pas de se conformer au canon. Et, comme aurait dit le Bouddha lui-même :


« L’enseignement est semblable à un radeau qui est fait pour traverser,
mais auquel il ne faut pas s’attacher. »

12273178079?profile=originalA 29 ans Bouddha renonça à sa vie princière pour l'ascèse.

Mais seule la "voie médiane", entre luxure et ascèse,

le recours à la méditation, lui permit de gagner l'illumination.


Fermez le ban !


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     Au final, ce sont donc cinq grottes aménagées en sanctuaires abritant 157 statues et des peintures murales sur plus de 2000m2 (dont 153 représentations du Bouddha), le tout formant le Temple d’Or de Dambulla, classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Les trois principales sont le « Temple du Roi divin » et son Bouddha couché de 14 mètres, sculpté à même le roc avec de subtils plis qui lui donnent grâce et mouvement. Le « Temple des Grands Rois » et ses 53 statues du Maître, dont là encore un Bouddha couché de 15m et des fresques du XVIIIe siècle. Le « Nouveau Grand Temple », toujours des statues et 1800m2 de fresques relatant les épisodes de la vie du Bouddha. Les deux autres grottes sentent la peinture trop fraîche, mais montrent que l’art est toujours vivant.
      Temps arrêté, peinture « tempérée » qui se déploie sur les parois ondulantes, ces fresques vous emballent de l’intérieur, vous enveloppent, déroulant les scènes de la destinée de L’Illuminé en autant de contes de l’anté-Christo (pardonnez ce vilain jeu de mots) qui s’attachent à l’esprit et l’invitent à méditer.

12273178286?profile=originalGrand Bouddha couché
dans l’attitude du parinirvâna
La quiétude de L’Eveillé dans un somptueux plissé.

12273178663?profile=originalSculptures à profusion et voute peinte dans le moindre recoin.

Envoûtant, non ?

     Alors certes le tracé est souvent un peu gauche, les couleurs trop tranchées, les thèmes récurrents, la lecture des œuvres difficile à appréhender, les repeints plus ou moins récents fréquents, mais l’effet d’ensemble est saisissant et j’espère vous avoir finalement montré combien ce peuple et cette culture étaient attachants.
Quoiqu’il en soit, de la visite de ce temple rupestre, le plus important du pays, se dégage une impression de grande sérénité.

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Vous pouvez retrouver la première partie de cet article sur :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/d-ambulations-autour-de-l-art-dambulla-sri-lanka-1-re-partie

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Ayubowan

12273179086?profile=original... Au revoir

* Samsâra : cycle sans fin des naissances et des morts, dans lequel les actes de vie antérieurs (karma) entraînent les vivants jusqu’à ce qu’ils parviennent à la délivrance finale (nirvâna). Les exégètes remarqueront par ailleurs que cette citation se rapporte au mahâyâna, le bouddhisme du « Grand Véhicule », suivi au nord et à l’ouest de l’Asie. Or le Sri Lanka embrasse l’hînayâna, la voie du « Petit Véhicule ». Mais, sans rejeter cette réfutation possible d’un revers de la main - c’est pas bien, tends-la plutôt à ton prochain -, allez trouver des citations abordant la peinture ! Qui après tout est mon sujet.


** Le dernier roi de Kandy fut déposé par les Anglais en 1815. Quant au mouvement nationaliste cinghalais, il naquit ici, à Dambulla, en 1848, un siècle avant l’indépendance du pays.


Michel Lansardière (texte et photos)

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administrateur théâtres

12273175879?profile=originalLe Lille piano(s) festival 2016 a fêté  les Boris cette année,  et un troisième homme, Lukáš Vondráček, notre lauréat du Concours Reine Elisabeth 2016…. ! Un festival sur le mode majeur, qui s’enracine sur Bach et Mozart ! 

 

         Commençons par le flamboyant Boris Berezovsky, médaille d’or du Concours International Tchaïkovski 1990 à Moscou et maintenant membre de ce Jury prestigieux. C’est lui qui débutait le concert de clôture du festival avec le Concerto pour piano n° 2 en fa mineur, Op.21 de CHOPIN sous la direction de Jean-Claude Casadesus, chef-fondateur du festival et son complice de longue date.  Le pianiste russe  y a déployé  une musicalité et un flegme fascinants qui ont captivé une salle de près de 2000 spectateurs émus et bouleversés par ce sommet de l’ivresse romantique et ce talent pianistique hors pair. Les majestueux élans passionnés ont alterné avec la poésie profonde, intime et raffinée. Boris Berezovsky, en interaction presque viscérale avec l’orchestre,  joue mais écoute les moindres frissons des violons, délicatement  inspirés par le maestro Jean-Claude Casadesus. Monstre sacré, le pianiste produit tour à tour des tornades de notes et des ruissellements emplis de grâce… on en oublie presque l’orchestre dont le déploiement de timbres a pourtant de quoi séduire. On est cloué sous le charme de l’âme slave qui exalte ou fait pleurer. Les parachèvements de  chaque veine musicale sont grandioses  dès le premier mouvement.  Dans le deuxième mouvement, après les  exquises volutes de la cadence, on croirait entendre  naître des voix de chœur d’hommes, tant les vibrations sont belles pour encadrer la souplesse et l’expressivité intense du soliste. Jean-Claude Casadesus conduit la dernière phrase de ce mouvement comme une traînée de poussière d’étoiles.  Au troisième mouvement, les archets rebondissent joyeusement comme  une volée de  chaussons de danse, le soliste taquine le clavier, les jeux de bilboquets s’amoncellent, l’orchestre est rutilant et célèbre la joie de vivre.  Cuivres et piano complices concluent cette fête dans la fête, devant un public subjugué par les  humeurs de l’âme slave et la transparence française. Et le soliste, meilleur instrumentiste de l’année 2006, livre un bis  plein de panache : la première étude de CHOPIN.


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          Mais la soirée n’est pas finie, elle se terminera de façon insolite sur une double exécution du Boléro de RAVEL. D’abord un quatre mains au piano, interprété par Wilhem Latchoumia et Marie Vermeulin au piano.  L’exécution est spectaculaire, parodique, portrait d’un monde malade,  image  d’une humanité  au bord du gouffre ? L’orchestre est figé dans le noir. Sous les lumières,  les deux pianistes semblent fabriquer  la sinistre performance d’un destin qui s’anéantit, jusqu’à utiliser des changements d’harmonie qui produisent d’étranges sons surgelés – le rire des autres planètes? Cela semble convenir parfaitement à l’expression  de leur vision  narquoise, lugubre et pessimiste.  Impassible, Wilhem Latchoumia moque sans la moindre faille l’implacable métronome du temps, tandis que Marie Vermeulin,  pourtant vêtue d’une sage tunique de dentelle et d’un pantalon noir, ne cesse de séduire par sa gestuelle gracieuse de danseuse orientale.  Puis, au cœur de la dérision,  la gestuelle se disloque comme dans un massacre surréaliste.  Et malgré le dynamisme effarant des pianistes ying et yang, l’issue  du monde semble fatale,  laissant un terrifiant goût de  crépuscule.

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          Rassurez-vous, le deuxième Boléro est  totalement solaire et inspiré,  tout autant que  l’Orchestre National de Lille sous la baguette de Jean-Claude Casadesus. La danse obsédante et aérée naît pas à pas, pupitre après pupitre, avec une divine souplesse!  Malgré l’absence de mélodie, les plans orchestraux réduits au rythme seul,  se superposent dans de  superbes sonorités, comme dans un vertigineux  château de cartes,  laissant  le tissu orchestral se déployer majestueusement dans un  long crescendo harmonieux et spectaculaire! Le public est  envoûté et heureux. Mais, Jean-Claude Casadesus, épuisé, indique par d’aimables mimes qu’il est l’heure de se restaurer et d’aller dormir…  Après  une si belle exécution, on est tous d’accord.     

          Et le deuxième Boris?  C’est Boris Giltburg et on l’a écouté au Conservatoire, la veille. Le très talentueux pianiste israélien  est né à Moscou en 1984 et a reçu le Premier Prix du Concours Reine Elisabeth à Bruxelles en 2013.  Au programme il a inscrit son arrangement du Quatuor à cordes n°8 de CHOSTAKOVITCH, suivi des Etudes-Tableaux op.33 de RACHMANINOV pour terminer avec la Sonate n°8 de PROKOFIEV.

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          Le pianiste fait une entrée discrète et secrète avec délices pour l’assistance, son élixir musical savant et précieux. Le corps plié sur le clavier, ses notes deviennent de purs parfums évanescents, le buste ondoie comme dans une nage sous-marine quand retentit la richesse des premiers accords. Il crée des explosions, des pluies d’acier, les poignets en lévitation constante, il danse des bondissements de pluie tropicale. Sa frappe est prodigieuse, les doigts sont possédés par des roucoulements ou des frissons de harpe accélérés… Visuellement, et auditivement, on est vite envoûté. Il produit des rugissements paléolithiques absolus pour passer à des flots de larmes séchées aussitôt ! La compassion est intense et les baumes, salvateurs : c’est un art de guérisseur ! Et on n’est qu’au premier mouvement  du quatuor de Chostakovitch ! Le deuxième, plonge dans une galaxie de couleurs aux lointains brumeux, ensuite dans des gouffres noirs. Les accords majestueux célèbrent le feu créateur. La puissance phénoménale de ce travail de Prométhée et la virtuosité de l’allegretto coupent le souffle.

12273177867?profile=original La sonate  n°8 de PROKOFIEV démontre la délicatesse d’alchimiste du musicien. Le corps tendu à l’extrême, il est à peine assis sur son tabouret et marche en dansant sur le bord d’un cratère. Prokofiev, c’est lui, il a rejoint l’âme du compositeur, torturée, terrifiée  et créatrice, et bientôt il valse dans l’extase ! Il semble que les archanges eux-mêmes sont au garde-à-vous de cet archi-musicien dont le piano est le véhicule, comme certains dieux indiens sauvages et rédempteurs assis sur leurs fabuleuses montures. Se gaussant du monde entier, il célèbre une beauté terrassante. Deux bis : Liebesleid de Kreisler/Rachmaninov et une Polka de Rachmaninov.   Les sonorités en cascades du génie généreux font s’effondrer des mondes de dominos, en un souffle.  Acclamé, Boris Giltburg quitte ce festival de sensibilité  mêlée d’humour sous les ovations du public.

           Et le troisième homme? Encore un phénomène musical : le Premier Prix du Concours Reine Elisabeth à Bruxelles en 2016 : Lukáš Vondráček. Son récital  nous offre les Memories opus 6 de NOVÁK suivi de la sonate en fa mineur opus 5 de BRAHMS.

12273178054?profile=originalDans la première œuvre, il travaille à l’extrême la douceur des sonorités: nous donne-t-il à entendre des infra-sons ? Volutes liquides, ralentis subits, le combat fébrile et démesuré  de titan s’oppose à la patience de chercheur d’or. Sur un fond d’inquiétude dévorante.  Dans le Brahms, il nous livre des détonations délirantes, des électrochocs, sublimes dans l’infiniment petit. Il travaille la matière musicale au ras des notes, comme de l’horlogerie fine,  ou l’entomologie du microcosmos ! L’expressivité est intense, démultipliée. Roulé sur lui-même, il livre goutte à goutte  la sève de son intériorisation. Les contrastes sont aigus, les pianissimi et les salves sonores, surhumaines. Des demi-applaudissements discrets indiquent l’enthousiasme du public après le premier mouvement. L’Andante espressivo rappelle la Bohême natale de l’artiste, pays du cristal. Le toucher fait ressortir des mosaïques de lumière. Maître des scintillements, il plonge dans l’infini de trilles fabuleuses.

12273178261?profile=originalRepos et recherche  intense de concentration dans le silence avant un Scherzo défiant l’Eternel. L’intermezzo est combatif pour se retrouver dans un bain de lumière dans le Finale. Il expose un lieu surnaturel où la douceur et la puissance se réconcilient dans un vaste bouquet de notes éblouissantes. Le son rond et puissant fait penser à l’illustre Richter qui disait de l’interprète qu’ « il ne doit pas dominer la musique, mais devrait se dissoudre en elle. » Le bis?  Une danse tchèque de Smetana.  On pouvait s'en douter!

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 A paraître,  un nouvel article : L’égérie du festival…

 

   

 

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13716208_10154384289081542_4027188396695618803_n.jpg?oh=8a98939f5adc1a83661fedf520233920&oe=581915E1Ascension: la jeune actrice provinciale (une sulfureuse Deborah De Ridder) qui est montée à Buenos Aires rencontre le colonel Juan Perón (l’excellent Philippe d’Avilla) lors d'une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les victimes du tremblement de terre  dans la région de San Juan. Chassant sa dernière  maîtresse (nommons l’exquise Maud Hanssens, la fille du metteur en scène), elle l'épouse le 21 octobre 1945. Elle contribue grandement à son élection comme président en 1946. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées et crée la Fondation Eva Perón dont le rôle est d'assister les pauvres.

Win-Win situation: nombre d'hôpitaux et d'orphelinats créés par la Fondation ont survécu à la mort prématurée d'Evita. Elle devient le centre d'un culte de la personnalité. Elle brigue  la vice-présidence en 1951, ce qui irrite vivement les  militaires haut placés qui ne souhaitaient pas voir  une  femme gagner de l'influence.  En même temps on lui connait un côté moins reluisant. Elle est celle qui, après son  « Rainbow tour » en Europe en 1947 - de l’Espagne à Zurich, hormis l’Angleterre mais en passant  longuement par  le Vatican - a  facilité l’émigration et  la fuite des Nazis et de leur or vers l’Argentine.

 La Chute: l’ambassadrice auprès des nazis transformée en Madone mourra d’un cancer à 33 ans le  26 juillet 1952. Son corps embaumé disparaîtra après le coup d’état de 1955 pendant 17 ans nous dit l’histoire, quelque part non loin du Vatican en Italie...

Et cette vertigineuse histoire d’ambition et d’adoration démesurée est contée malicieusement par le personnage rebelle du nom de Che (Steven Colombeen)  mais en vrai, Evita n’a jamais rencontré le révolutionnaire cubain.

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Très sensibles à l’interprétation magico-romantique des versions anglo-saxonnes de ce musical, et notamment le  “monumental show” selon le Sunday Express avec Madalena Alberto (2013–2014 UK Tour), nous attendions avec impatience la version française en première mondiale. Elle est signée Daniel Hanssens & Jack Cooper.  Elle est tout, sauf romantique, il y a peu ou pas de chimie amoureuse. Elle donne la preuve tangible que les mots sont menteurs.  Elle est un élixir de réveil de citoyens. Acide et caustique, elle combat la drogue du pouvoir absolu, antidote des mal-aimés, elle combat la dictature et sa haine des classes moyennes ou aisées. Elle combat à la racine  la manipulation qui siège  déjà au sein même des couples  humains. Elle expose sans concessions la mélodie du malheur quand les décisions politiques  sont motivées d’abord par des intérêts personnels. Le texte, une adaptation dramaturgique très soigneuse d’Olivier Moerens,  est chanté d’un bout à l’autre du spectacle avec beaucoup de naturel - oui, on en oublie l’anglais. La superposition est parfaite, sur le mode  James Ensor, avec tout son sarcasme. Notre interprète préféré est ce Che (Steven Colombeen), le narrateur frémissant des désillusions en série qui met à nu toutes les tactiques manipulatrices. Un travail d’orfèvre  que l’on suit avec jubilation. Est-ce à dire que l’émotion artistique n’y est pas ? Que du contraire ! L’habileté de la mise en scène (…il y a un magicien aux commandes!), les fabuleuses chorégraphies de danses argentines, les costumes et les coiffures d’époque, les chœurs, la musique - les douze musiciens sont orchestrés par Pascal Charpentier - ont tout pour séduire et enchanter. Aucune distorsion dans la sonorisation, ce qui permet de suivre le moindre détail du texte, c’est une qualité rare pour un musical ! Et le vol des perruches par-dessus les toits !

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 Foule assoiffée d’idéal, ce spectacle est pour vous. Les comédiens sont tous animés d’un enthousiasme délirant, et cela fait chaud au cœur! Ils ont, chacun à sa place, trouvé le parfait équilibre d’une production vivante et tonifiante. Daniel Hanssens explique : «  Il y a de nombreuses choses à admirer chez Eva Peron : la personne. Sa détermination à réussir malgré des obstacles presque insurmontables. Sa défense de la femme dans une société dominée par les hommes. Son soutien des classes populaires dont elle est issue, dans une société très hiérarchisée. Son courage face à la maladie et à la mort. Et non des moindres, son apparence physique. Mais il est aussi impossible de ne pas être dégoûté par de nombreux comportements péronistes dont elle était le symbole assumé : la torture, la corruption, la tromperie et la mauvaise gestion d’un pays riche. »

  On  espère pour la formidable équipe que ce spectacle tournera beaucoup et partout! Like a  Rainbow tour?

 1489073330.jpgEVITA Du 11/07 au 06/09

 Une œuvre originale d’Andrew Lloyd Webber (musique) et Tim Rice (paroles)

 en 21 scènes et 40 artistes

 DISTRIBUTION

 Deborah De Ridder (Evita)

 Steven Colombeen (Che)

 Philippe d’Avilla (le colonel Juan Perón)

 Antonio Interlandi (Magaldi)

 Maud Hanssens (maîtresse de Perón)

 Jade Monaco (l’enfant)

Ensemble de 22 danseurs/chanteurs avec Marie-Laure Coenjaerts

 

 Equipe de création :

 Mise en scène : Daniel Hanssens & Jack Cooper assistés de Simon Paco

 Dramaturgie : Olivier Moerens

 Directeur musical : Pascal Charpentier, assisté de Julie Delbart

 Coach vocal : Fabrice Pillet

 Chorégraphie : Joëlle Morane, assistée d’Alexia Cuvelier, Kyliah Campbell

 Dance Captain : Alexia Cuvelier, Kylian Campbell

 Coach Tango : Michael Guevara Era

 Scénographie : Dimitri  Shumeleinsky

 Direction technique : Yves Hauwaert

Costumière : Françoise Van Thienen, assistée de Sylvie Thévenard, Carine Duarde, Margaux Vandervelden, Annick Leroy, Anne-Marie Hubin, Laure Clerebout, Simon Paco

Création lumière : Laurent Kaye

Ingénieur du son : Marco Gudanski, assisté de Xavier Gillis

Perruques et maquillage : Véronique Lacroix

Construction des décors : Ateliers du Théâtre Royal des Galeries.

Photographe : Gregory Navarra

Superbe programme–souvenir au prix de 5€

 

AU CHATEAU DU KARREVELD

Avenue Jean de la Hoese 3 -1080

Molenbeek – Saint-Jean (Bruxelles)

Infos Réservations : 02 / 724 24 24

 

Goed om te weten: Nederlandstalige boventitels op 28 en 29 juli en 21 (avond), 22, 25, 26 Augustus. http://musicalvibes.ovh/evita/

http://www.bruxellons.be

 

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Le 30ème spectacle d'été de l'Abbaye de Villers-la-Ville, AMADEUS, de Peter Shaffer, est mis en scène par ...Alexis Goslain.13691099_1116661748421338_7257732583696250803_o.jpg  

Cloches divines et chuchotements,  génie versus talent : suspense tragique.  Antonio Salieri souffre d’un mal terrible, une souffrance hélas très humaine : un mal profond, nourri au sentiment d’injustice,  au désenchantement, au dépit, à la frustration, à la vanité et à l’envie, à l’incompréhension et finalement à la colère amplifiée de scène en scène jusqu’à l’apothéose finale. Un mal du siècle?

Cette jalousie maladive nourrit sa colère contre Dieu et la voix de son interprète, le jeune et joyeux Mozart. L’adepte malgré lui de la Médiocratie passera-t-il à l’acte? Devant la foule des « ombres du futur » il  rejoue, pas à pas, mot à mot, affect par affect, sa propre mise à mort. Il est rongé par la culpabilité. Il tente de se faire comprendre et explique pourquoi il devint l’assassin de Wolfgang Amadeus Mozart.12273175856?profile=original

 Un rôle en force, en nuances, en reliefs psychologiques intenses et noirs qui s’opposent merveilleusement au brillant personnage de Mozart, enfant gâté, génie  spirituel exhibé à travers l’Europe par son père, au rire ravageur mais vulgaire, à la limite de l’obscénité, coureur de jupons, incapable de gérer sa famille, caustique vis-à-vis de ses prédécesseurs,  cinglant en paroles, mais aussi libre et lumineux que l’autre est sombre et diabolique. L’adolescent gonflé de gloire enfantine est en effet  incapable de se prendre en charge, notamment  à cause d’un père abusif, omniprésent, régentant toute la vie de son fils jusque dans les moindres détails et vivant une célébrité factice au travers de la gloire de son fils, au moins jusqu’au mariage non autorisé avec la douce Constance Weber. Comme on le sait, son opéra Don Juan et d’autres comme Mitridate Re di Ponto témoignent de ce malaise intense et de l’absolue nécessité de la clémence. Ironie du sort, au cours de la pièce, on assiste à un développement poignant où Salieri  passe presque aux yeux de Wolfgang comme un père de substitution, sans savoir que ce dernier complote à sa perte.

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Le ballet psychologique des deux personnages principaux est un combat de héros qui ne plait   pas  seulement aux jeunes générations ! Ainsi, Didier Colfs dans le rôle de Salieri et Denis Carpentier dans celui de Mozart sont totalement gagnants dans leur interprétation masculine. Affublés de merveilleux costumes, signés Thierry Bosquet, ils virevoltent devant les décors irréels  et pourtant si  évocateurs de François Jaime Preisser, qui  emportent l’imaginaire en défilant sur la muraille de la grande scène de Villers-la-Ville. Les « Venticelli », sortes d’oiseaux de malheur,  ces espions à la solde de Salieri, forment une sorte de chœur antique  très dynamique. Le tout est cadré par un  flux d’extraits de la divine musique de Mozart, symbole de lumière parmi les ombres que nous sommes. Le décor sonore est de Laurent Beumier.     

Antonio Salieri, nanti d’un  défaut d’Hubris démesuré,  aimait tant  la musique qu’il voulait l’inscrire dans une vie consacrée à Dieu. Mais  il commit  l’erreur fatale de mettre  Dieu au défi.  Dieu ne l’entendit pas de cette oreille, on n’achète pas le Seigneur!   De plus,  il déteste les pharisiens. Donc, malgré son mode de vie chaste et exemplaire en surface,  Salieri  déploie une âme immonde. Constance Weber, la jeune épousée de Wolfgang qui s’est  résignée à venir lui demander de l’aide, en témoigne. Julie Lenain dans ce rôle est un bijou de vivacité et de féminité, elle est au mieux de sa forme.  Mais de manière  hypocrite, perfide  et insidieuse, Salieri va faire en sorte que Mozart et sa jeune famille  sombrent dans le désespoir et la déchéance. Il  rejoue devant nos yeux, nous les  « ombres du futur »,  le  crime  pervers et parfait. L’italien s’approprie la mort de Mozart à défaut d’avoir pu égaler sa musique, afin qu’à tout jamais, son nom, associé à celui de Mozart, se fraie un chemin d’éternité.

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Le spectateur se trouve comblé de toutes parts. Tout d’abord bien sûr par la beauté estivale de  l’écrin des  ruines abbatiales mais surtout  par le texte de Peter Shaffer si bien mis en scène et interprété par  une  équipe de comédiens  enthousiastes que l’on a envie d’applaudir encore et encore: Maroine Amini, Camille Pistone, Michel Poncelet, Marc Deroy, Jean-François Rossion, Lucas Tavernier en très germanique Empereur d’Autriche, et un majordome … Anthony Molina-Diaz, ravi de participer  à ce  30ème spectacle d'été de l'Abbaye de Villers-la-Ville, une production de Del Diffusion.  Vu le succès, le spectacle se prolongera jusqu’à la mi-août! 

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http://www.villers.be/fr/spectacle-amadeus

http://www.deldiffusion.be/

http://www.rtbf.be/culture/scene/theatre/detail_wolfgang-amadeus-mozart-s-invite-aux-ruines-de-l-abbaye-de-villers-la-ville?id=9354391

http://www.rtbf.be/musiq3/article/detail_amadeus-a-l-abbaye-de-villers-la-ville?id=9356579&utm_source=musiq3&utm_campaign=social_share&utm_medium=fb_share

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"La Traviata" de Verdi à L'OPERA DE LIEGE

 Dans l’immense jardin de Dieu, Violetta, la courtisane au grand cœur, devenue ange, priera pour le  destin de son aimé qu’elle supplie d’être heureux et d’épouser une  jeune élue au cœur pur! Un rôle interprété par l’exquise soprano roumaine, Mirela Gradinaru. Dernière étape étonnante d’une vie peu à peu tournée vers l’altérité, dans le plus profond oubli de soi, voilà le destin de la dame aux Camélias, Marguerite Gautier, alias Violetta chez Verdi. Le plateau étouffe sous les cœurs de roses rouges qui tapissent le décor kitsch des lieux de perdition parisiens. Elle appartient depuis le plus jeune âge au monde de la noce, du jeu, de la danse, de la musique légère et des plaisirs du palais. Libre et prisonnière à la fois.  Son univers : l’immense lit rococo peuplé de poupées où se déroulent des bacchanales, puis un lit double,  blanc comme un nuage où son amant  a rencontré le ciel « Vivo quasi in ciel », puis hélas, ce lit étroit sous une lumière de vase verte où elle est  consumée par l’immonde phtisie,  antichambre de cette grotte lumineuse de la mort prête à l’engloutir.

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Face à cette âme généreuse qui instinctivement ne vit que par l’Amour, il y a l’orgueilleux Giorgio Germont,  interprété par  Mario Cassi. C’est le père omnipotent de son amant, qui représente  l’égoïsme bourgeois et les apparences d’une société totalement irrespectueuse des vrais sentiments, moralisante à l’excès, hypocrite en diable, osant même  prendre à témoin le Dieu du jardin des âmes bienheureuses quand cela l’arrange. Ce drame de Verdi est une critique fervente de la bigoterie, du « moralisme », ancêtre du « politically correct »? « Through the keyhole », les regards épient, trahissent, accusent et condamnent. Le trou de serrure à travers lequel se joue l’action est symbolique du voyeurisme qui imprègne  la société. Si le chœur en habits noir  du 19e est parfois fort statique, coincé dans des fauteuils comme au spectacle, c’est qu’il doit remplir son rôle de voyeurs avides et malsains et nous tendre le miroir pour dénoncer le phénomène. De tous côtés, la brûlante Violetta est cernée par les regards, et sa voix, tour à tour, tendre, dramatique et héroïque ne peut que susciter des vraies larmes. La passion de la jeune Violetta est plus que douloureuse, elle est injuste et cruelle. Dès le deuxième acte elle s’est convertie à la Vie, renonçant à ses plaisirs futiles, elle est ce personnage qui a failli et qui, seule contre tous, trouve en elle la force de la rédemption! La dévoyée, la Traviata a l’envergure d’une martyre dans la forteresse de sa foi en l’amour ! Tout comme la véracité de ses sentiments, Violetta impressionne par la véracité de son jeu et souplesse de sa voix après l’échauffement du premier acte.

 La mise en scène expréssément bourgeoise de Stefano Mazzonis Di Pralafera  autorise quelques distractions, car Verdi s’amuse avec des rythmes  populaires de valses, polka, galops, une danse de gitanes, une danse de matador, et une séguedille qui allègent un peu la tension dramatique. Les costumes sont griffés Kate Tilley et son équipe. L’orchestre sous la baguette de Francesco Cilluffo épouse magistralement le drame sans sombrer dans le pathos ou l’exhibitionnisme : juste ce qu’il faut d’émotion, de  suspensions silencieuses,  de souffre et d’élégance. Le timbre irrésistible de Mario Cassi  souligne finement l’habileté manipulatoire de Giorgio Germont au deuxième acte (« Pura siccome un angelo ») et sa  belle prestance vole enfin en éclats quand  il se décide à dévoiler la promesse odieuse arrachée à Violetta.  L’amant, Alfredo, un peu effacé par rapport au père,  réjouit par son charme juvénile et sa voix solaire. Javier Tomé Fernàndes, qui se produit pour la première fois sur la scène de l’Opéra de Liège,  recueillera à la fin de la représentation  de réelles ovations aux côtés de Mario Cassi  et de Mirela Gradinaru.  Le jouvenceau est tout simplement craquant de spontanéité, même si l’autorité paternelle  fait de lui une seconde victime. Les rôles secondaires accompagnent lestement le trio principal avec une belle mention pour Anina, la femme de chambre de Violetta interprété par Laura Balidemau. Et qui d'autre pour incarner le protecteur jaloux de Violetta, sombre sire,  si ce n'est la belle voix  de Roger Joakim, un incontournable de la scène liégeoise...13260016_10209037828196731_1203132000821984079_n.jpg?oh=855d6dc2bdf987915ce05622c9e42df1&oe=579CABD4  

https://www.operaliege.be/fr/activites/la-traviata

Saison : 2015-2016 Durée : 2:50  Langue : Italien  Direction musicale : Francesco Cilluffo Mise en scène : Stefano Mazzonis di Pralafera Chef des Chœurs : Pierre Iodice Artistes : Mirela Gradinaru, Maria Teresa Leva, Javier Tomé Fernández, Davide Giusti, Mario Cassi, Ionut Pascu, Alexise Yerna, Papuna Tchuradze, Roger Joakim, Patrick Delcour, Alexei Gorbatchev, Laura Balidemaj         

9 Dates :

 Du vendredi, 13/05/2016 au dimanche, 22/05/2016

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Voilà la 13e édition de Lille Piano(s) Festival achevée depuis une bonne semaine et il nous reste de très beaux souvenirs. Si nous n’avons pas pu courir  aux quatre coins  la ville où rivalisaient claviers et autres boîtes à musique - au Forum départemental des sciences à Villeneuve-d’Ascq, à la Villa départementale Marguerite Yourcenar à Saint-Jans-Cappel, et à la Maison natale Charles de Gaulle à Lille sans oublier le Furet du Nord et la Gare Saint-Sauveur -  nous nous sommes partagés entre  le Nouveau Siècle, résidence de l’Orchestre national de Lille, et le Conservatoire. Selon les organisateurs, le  taux de fréquentation a été de  17 % supérieur à l’année dernière. Un très grand succès compte tenu de la liesse européenne  pour les heurs et malheurs du  ballon rond.

13502634_928332577293943_4494094193331760144_o.jpg?width=450Notre premier coup de cœur fut le vendredi soir à l’auditorium du Nouveau Siècle, avec la richesse pianistique du récital Alexandre Tharaud interprétant Les variations Goldberg de J.-S. Bach. Le plateau de bois blond illuminé de silence et de respect accueille un musicien aux énonciations fermes, aux cascades et ascensions vertigineuses. Les galops effrénés et les survols aériens  succèdent  aux lents enchantements. Les poignets de l’artiste semblent suspendus à quelque fil mystérieux. On ne perd pas une note des suites frissonnantes, de belles notes détachées, des éparpillements ludiques et même des pas de danse! Et l’aveu, en filigrane, de notre condition humaine éphémère, effeuillée tendrement à la manière d’un bouquet de coquelicots. Des pétales de vie lentement dispersés d’où émerge la sérénité. Soliste très réputé de sa génération,

13517458_928332050627329_5232199208256050418_o.jpgAlexandre Tharaud se produit dans les plus grands festivals à travers le monde. Il a enregistré ses variations chez ERATO.

Puis vint la rencontre avec l’égérie du festival, l’une des plus grandes personnalités du piano d’aujourd’hui, Anne Queffélec, soliste renommée,  meilleure interprète de l’année 1990, invitée à travers le monde entier.  Elle se dit attachée à la ville de Lille pour des raisons familiale et musicales. Elle est heureuse de créer du lien avec le public, elle aime l’esprit d’ouverture du festival, elle souligne la qualité des claviers offerts et la très belle organisation des répétitions et des concerts. On est dimanche à 11 heures au Conservatoire.

 13497797_928332047293996_2421304744615565636_o.jpg?width=450Le programme éclectique qu’elle propose  est une œuvre de joaillerie. Elle alterne en effet Gnossiennes et Gymnopédies d’Eric Satie, des  morceaux de  Ravel, Poulenc et Debussy  avec un florilège d’œuvres méconnues du début du 20e siècle de Déodat de Séverac, Pierre-Octave  Ferroud, Reynaldo Hahn, Florent Schmitt, Charles  Koechlin et même un certain  Gabriel Dupont, mort de tuberculose: Après-midi de Dimanche (extrait des Heures dolentes).  La salle est bondée, au parterre comme à l’étage, pour savourer les plaisirs de la musique intimiste ou bucolique. Plus qu’un récital, appelons cela une rêverie commune où se rencontrent l’œuvre, l’interprète et des auditeurs dont elle a habilement capté l’écoute profonde dès le début du concert. La pluie claque sur la coupole du Conservatoire ?  Elle en est fort aise, elle est reliée aux éléments naturels qui renforcent son propos. De la nostalgique Première Gymnopédie, nous  plongeons  dans la langueur  et les légatos lumineux et le toucher aérien de la Rêverie de Debussy. Mais voilà que  perce le spleen sous une pluie battante dans la 3e Gnossienne. Nonchalante de Ferroud est vive et syncopée, libre Esméralda qui danse sous la pluie ! On se délecte des sonorités, des arpèges rêveurs, des silences de neige, et de rythmes de tableaux d’une exposition… bien qu’ils ne soient  nulle part dans le lancinant Glas de Schmitt! Une vraie magie musicale au bout des doigts fait que  résonnent des cloches, fenêtre ouverte sur le monde qui bruisse, chantent des voix de marins (Le chant des pêcheurs de Koechlin), de la main droite miroitent fugaces, au sein de fiévreuses attentes, des nuages des feuilles et des clairs de lune (Debussy). On est sidéré par la qualité des timbres et la composition orchestrale des couleurs, et même d’habiles jeux de dissonances caverneuses, avec chaque fois un soin extrême pour les dernières mesures comme dans Hivernale de Hahn.

  C’est avec une sonate de Scarlatti qui termine ce récital de rêve une promenade en Italie offerte par l’interprète. Les  mains  se croisent à vive allure, les note se piquent de soleil, voici l’écoulement liquide de la joie dans des flots de dentelle musicale, et des roucoulements ininterrompus. Le public remercie debout cette grande dame qui l’a fait pénétrer  au cœur du mystère de la musique. Rendez-vous est pris pour le soir même à 20h, au Nouveau siècle où elle jouera le concert pour piano BWV 1055 de Bach dans un rythme envoûtant. Là encore, on avait rendez-vous avec le ravissement.

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Nous attendons avec grande impatience  sa venue au  concert d’ouverture du Festival Musiq3 à Bruxelles  les trois premiers jours de juillet. C’est  sans doute l'un des concerts les plus attendus  de ce festival,  en  voici le programme :

 

Wolfgang Amadeus Mozart, Sonate en sol majeur pour violon et piano KV 301

Maurice RavelKaddish

Fazil SayCleopatra pour violon seul, op. 34

Aram KhatchatourianGayaneh : Danse du sabre

Claude Debussy, Sonate en sol mineur pour violon et piano

Jules Massenet, La Méditation de Thaïs

 

Anne Queffélec et Tobias Feldman sont animés d’une même profondeur, à la fois sereine et lumineuse. Si Elle est une égérie du piano français, gracieuse et souriante, littéraire dans son approche du clavier, Lui est un jeune virtuose, qui a époustouflé tous les observateurs au dernier Concours Reine Elisabeth de violon.  Et nous avons hâte de les entendre ensemble ! 

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12019756_906399016074294_4613369092655572768_n.jpg?oh=3085681350455fc32d1019a53ded5130&oe=57A2FCD3Le réseau Arts et lettres a reçu un message de Jean-Claude Casadesus  et se rend au  Lille Piano(s) Festival le week-end du 18 juin 2016 

C’est autour de Bach et de Mozart, comme fils conducteurs, que se déroulera pour, je l’espère, votre plus grande joie, cette 13ème édition de notre cher Lille Piano(s) Festival. 
Pendant 3 jours non-stop, une quarantaine d’artistes, des plus jeunes lauréats de concours internationaux aux plus prestigieux de leurs aînés, vous enlèveront tel Aladin sur son tapis volant pour un voyage au cœur de l’émotion.


Toute une famille de claviers, acoustiques, électroniques, accordéons, bandonéons, vibraphones, cloches, clavecins, feront tourbillonner, autour du piano-roi, une farandole de styles et de couleurs. Plus de 30 concerts répartis dans toute la ville et au-delà, débuteront avec Fazil Say, dans le merveilleux Concerto n° 23 de Mozart et s’achèveront, avec le non moins sublime 2ème Concerto de Chopin, joué par Boris Bérézovsky, tous deux sous ma direction.


C’est à un véritable kaléidoscope musical que j’ai souhaité vous convier. Sous les doigts inspirés d’Alexandre Tharaud, Claire-Marie Le Guay, Iddo Bar-Shai, Vanessa Wagner, Cédric Tiberghien et bien d’autres amis, de grandes pages du répertoire classique côtoieront l’audace ! Je veux parler d’Amériques de Varèse avec quatre pianos sur scène ou encore des monumentales Vexations de Satie, 15 heures de piano confiées à de jeunes interprètes des conservatoires de la région. 


Et puis, je suis heureux, pour la première fois dans le festival, d’accueillir, sous la direction d’Arie van Beek, l’Orchestre de Picardie. Ils accompagneront le lumineux talent d’Anne Queffélec, et celui d’un duo incandescent, les sœurs Lidija et Sanja Bizjak, ainsi que le jeune Julian Trevelyan.


Les amoureux du jazz retrouveront nos fidèles partenaires de Jazz en Nord et également un temps fort autour de Billie Holiday. 


Enfin, un hommage particulier au tango vous permettra, je l’espère, de vibrer comme moi avec un merveilleux ensemble, le Quinteto Respiro. 


Un dernier mot pour, du fond du cœur, exprimer ma gratitude à nos partenaires grâce auxquels nous pouvons vivre cette exceptionnelle rencontre ! Un grand merci au Conseil Départemental du Nord, à la Fondation BNP Paribas, à la Région, à la MEL et à la Ville de Lille.

Et à vous tous, qui nous rejoignez, ma joie de vivre à nouveau, en partage, d’inoubliables moments de musique !

Jean-Claude Casadesus

Liens utiles: 

13e festival Lille piano(s) les 17, 18, 19 juin 2016
http://www.musicologie.org/16/13e_festival_lille_pianos.html

L'engagement de l'Orchestre National de Lille et de Jean-Claude CASADESUS depuis 1976 : Faire vivre la magie de l'émotion musicale à tous les publics. Book now! http://www.onlille.com

La billetterie pour le lille piano(s) festival est ouverte ! Rendez-vous surwww.lillepianosfestival.fr ou réservez au 03 20 12 82 40

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Magnifique récital de piano et musique en perfusion lors du concert Classic & Classic à la Galerie D’Ieteren hier soir le 22 avril 2016, jour de pleine lune. On sera sous le charme. La sonate Opus 53 Waldstein de Beethoven ouvre le concert, clin d’œil au Concours Reine Elisabeth qui va bientôt s’ouvrir et où le piano va nous faire vibrer durant plusieurs semaines ?

 Nous sommes dans le musée privé de la maison D’Ieteren. Le piano trône dans la lumière tamisée devant un parterre en éventail  bordé de très belles voitures de collection datant des débuts de l’automobile.  Il y a beaucoup de monde.  On a aperçu dans la salle Véronique Bogaerts, la souriante Muse des pensées et du cœur de Jean-Claude Vanden Eynden, sa compagne de toujours, à la scène  comme à la ville. Les mélomanes amateurs de piano que l’on retrouvait chaque année avec plaisir au chaleureux festival de musique classique en juillet  à l’Orangerie de Seneffe sont  venus au rendez-vous. Et aussi le luthier Georges Philippart, 94 printemps, qui, jeune Compagnon produisit son chef-d’œuvre dans un  même bois odorant et vibrant : deux violons, un alto et un violoncelle.  Il est entouré de Claude Yernaux, les artistes Sarah Dupriez, Vincent Hepp et d’autres belles personnalités attachées avec passion au monde musical.  Et puis l’infatigable organisatrice de ces concerts, qui loue le piano, paie les artistes, achète le délicieux champagne et illumine de son sourire éblouissant chacune des prestations dans ce lieu insolite : Patricia Raes. La passion fait la force.

Dans la sonate de Beethoven, on retrouve le style propre de Jean-Claude Vanden Eynden, 3e prix du Concours Reine Elisabeth 1964. Il  enseigne au Conservatoire Royal de Bruxelles et à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth et insatiable voyageur, se produit dans de nombreuses villes européennes. Lorsqu’il s’assied au clavier, on ne peut pas s’empêcher de voir en lui un sérieux professoral mais  le voilà soudain animé d’émotions liquides comme du mercure. Le visage concentré, il présente un sablier de notes rêveuses. Appels et échos se répondent comme des enlacements. Une innocente mélodie se transforme en transports vibrants. Il développe une vision très personnelle, très contrastée et très  cohérente  au point de vue émotionnel. Adieu le professeur, voici une volupté communicative pour finir sur une chevauchée fantastique.  Le prélude, choral et fugue de César Franck entraîne sur la gravité et l’intime dans des fondus enchaînés de beaux accords. Des accents chaloupés appellent le retour du thème souligné par une main devenue harpe. Le maître  semble heureux de son partage.  

On attend avec impatience le moment où il jouera Ravel. Le répertoire de l’artiste, extrêmement vaste, comprend un large éventail de pièces de musique de chambre ainsi que l’intégrale de l'œuvre pour piano seul de Maurice Ravel. Pour Jean-Claude Vanden Eynden, il faut jouer dans la tourmente !  « Quand je vois comment tourne le monde actuellement, je pense que seule la musique sauvera le monde ! » La valse sera très émouvante, riche de désespoirs devant notre monde cabossé, notre amoncellement de discordes. Le piano s’époumone pour rendre un peu d’espoir mais le drame n’en finit pas de nous hanter. 5 notes presque rageuses pour terminer. Puis l’ovation. 

Et il offre un premier bis déployant une grande palette de sonorités dans un extrait de Miroirs : Les oiseaux. Il joue sur des sonorités de gong asiatique  en  notes doublées et  trilles solitaires qui se dissipent dans des  bruissements assoupis accompagnant le vol d’une âme à travers la nuit. Mais il ne veut pas laisser son public sur une impression de  solitude. Il offre un second bis, une valse de Chopin, où la légèreté et la lumière d’un regard tendre se fondent dans des étourdissements extatiques, pour se rencontrer dans une phrase musicale d’une belle limpidité,  répétée par un partenaire de toujours. Et le public est comblé!

liens utiles:

L'Orangerie asbl

Contact de réservation :

Tél: 02/772.34.26

Mail: patriciaraes@scarlet.be

Adresse du concert :

D’Ieteren Gallery

Rue du Mail 50

1050  Bruxelles

(parking gratuit sur le toit)

http://www.classicclassics.sitew.be/Reservations.C.htm#Reservations.C

 

http://jeanclaudevandeneynden.com/Bienvenue.html

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«Mitridate, cérémonie politico-musicale »

13221336_10153632774056297_8540514091759340485_o.jpgNotre présent  ne se mire-t-il pas inévitablement  dans le miroir du passé, ou est-ce le passé qui n’en finit pas de nous hanter?  Nous voici en 2016, real time,  invités dans le Nymphea Building niché dans  un immense chapiteau de 40 m de haut,  sis en bordure  de Tour et Taxis, loin du Quartier européen. Première prise de conscience : sur les  murs de la salle de concert en gradins, flottent  à contre-coeur 28 drapeaux européens: ils rêveraient d’être mieux connus du public! L’accès  en esplanade au chapiteau a  quelques ressemblances avec les bâtiments du Rond-point Schuman. Mais au pied de l’escalier, voilà  des messages,  la plupart en anglais,  des bougies des gerbes de fleurs, en témoignage de deuil. « Le roi Mithridate est mort! » Aussitôt se superposent  les images de deuil  des victimes des attaques terroristes qui nous ont tous frappés, en France comme en Belgique, et aussi celles des rassemblements de l’espoir, place de la République ou place de la Bourse. Et partout le slogan : «Save Pontus, Change Europe». Une Europe, oui, mais pas celle de l’impérialisme romain! Une Europe, oui, mais pas celle d’une dictature de droite. C’est là que se glisse une malencontreuse erreur de couleurs… car  l’impact visuel du drapeau du royaume du Pont n’est pas  sans rappeler les bannières nazies de la deuxième guerre!

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Mithridate VI, roi et despote est en guerre avec la Rome antique qui veut annexer ses territoires. Il est aussi en lutte avec ses propres démons: l’orgueil du pouvoir, l’amour déçu, la jalousie et l’absence de miséricorde. Néanmoins, effet d’admiration pour le ténor, Michael Spyres, ou de compassion pour l’imperfection humaine, ce personnage est  rendu  très attachant, car il s’oppose à une  Rome impérialiste. « Ne cédons pas face au Capitole, résistons à cet orgueil qui ne connait pas la mesure, répondons toujours par la guerre, jamais par la paix au génie altier qui prétend ravir la liberté au monde entier! » chante le chœur final (Acte 3, Scène 25) après son abdication  et non sa mort.

13221278_10153632774046297_2474660340207964144_o.jpg La belle grecque Aspasia est son épouse promise. Une très royale Lenneke Ruiten.   Elle est déjà déclarée reine mais elle est amoureuse du fils cadet de Mitridate Re di Ponto, Sifare (Myrto Papatanasiu, qui recevra des tonners d’applaudissements pour sa prestation d’une sensibilité remarquable). Il partage avec  son père  la même soif d’indépendance  politique. Son frère aîné Fernace (David Hansen), est politiquement opposé à son père et, ne jurant que par Rome, complote avec Marzio, le tribun romain. Bien sûr, lui aussi est amoureux d’Aspasia. Double conflit entre frères dont  le langage corporel et vocal est particulièrement éloquent. Son style de chant est sur le fil de la parodie, versant parfois carrément dans une voix de fausset! On doit aussi souligner la très belle prestation d’Ismène (Simona Saturova) qui personnifie la raison et la tolérance. Le parallèle entre rivalité politique et amoureuse est habilement mis en valeur par Christophe Rousset et l’Orchestre de la Monnaie. L’emploi brillant des cors en dialogue avec les voix (élément neuf apporté par Mozart par rapport à l’opéra italien) donne une réelle  résonance à l’œuvre. L’interprétation chatoyante de Christophe Rousset souligne avec fougue juvénile toutes les charges émotionnelles de la partition.

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L’aspect novateur de cette production  est de rendre le spectateur partie intégrante du jeu. A lui de repérer activement la superposition voulue entre  les codes de l’opéra et ceux de la scène politique moderne.

On finit par oublier complètement que le livret est basé sur la pièce de Racine :  il y a une  nouvelle crise au sommet suite à l’annonce de la mort de Mitridate. Sur scène, on assiste aux débats d’une réunion d’urgence round the clock  qui oppose ‘The Roman Union’ et ‘The Pontus Kingdom’. Ceux-ci veulent évidemment le Brexit, tant qu’à pousser l’actualisation jusqu’à à son breaking point!

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Au public de savourer le « feel real » d’une mise en scène à l’américaine hyper détaillée. Les moindres détails y sont: les breaking news et les live de la CNN,  les journalistes qui mitraillent, qui se bousculent, brandissant leurs micros à l’arrivée des grands pontes, les intervenants filmés en close up pendant les débats autour de la table ovale où ils siègent, chacun avec sa bouteille d’eau. La mise en scène de  Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil (« le lab ») expose toute une grammaire de la mise en scène politique : les poignées de mains assassines, les sourires toutes griffes dehors, la théâtralisation intense de la chose politique.  Rien n’a finalement vraiment changé depuis le cher William: "All the world's a stage". Hopper version 21eme siècle a-t-il encore frappé ? Chaque tableau est un éclat du miroir de notre époque.

A la recherche d’une nouvelle plate-forme citoyenne européenne, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil ne cessent d’ironiser sur la Res Publica. Leur but avoué est d’éveiller la conscience de citoyen européen du spectateur, lui rappeler peut-être que c’est chacun de nous  qui détenons le vrai pouvoir. Susciter notre réflexion, quitte à aller jusqu’à  nous redonner le goût de l’action politique, en proposant une parodie chantante et musicale de ce que ne devrait pas être le pouvoir! Dans le miroir qu’ils nous tendent, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil nous soufflent : « l’Europe est complexe parce que nous, les Européens, sommes complexes ! » La recherche d’harmonie passe par la polyphonie!

  

Mozart, qui écrit ce premier opera seria à l'âge de quatorze ans en 1770, témoigne d'une maturité exceptionnelle, à la fois musicale et psychologique pour exprimer les sentiments qui animent le père et ses fils et pour explorer leurs relations «compliquées».  Mozart universel, Mozart intemporel, Mozart indispensable  nous aura une fois de plus illuminés par son inventivité inépuisable, sa grâce musicale et la clarté de son propos humaniste. Le thème de « l’oubli de la vengeance » que l’on retrouvera  plus tard dans la Clémence de Titus est déjà omniprésent. Et le compositeur a à peine 14 ans…   

DATES DE REPRÉSENTATIONS

05 mai 2016 19:00:00

08 mai 2016 15:00:00

10 mai 2016 19:00:00

12 mai 2016 19:00:00

15 mai 2016 15:00:00

17 mai 2016 19:00:00

19 mai 2016 19:00:00

DISTRIBUTION
Direction musicale : Christophe Rousset
Mise en scène et costumes : Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil
Scénographie et lumières : Rick Martin
Vidéo : Julien Roques & Jean-Baptiste Beis
Collaboration artistique : Lodie Kardouss
Michael Spyres (Mitridate), Lenneke Ruiten (Aspasia), Myrto Papatanasiu (Sifare), David Hansen (Farnace), Simona Saturova (Ismene), Sergei Romanovski (Marzio), Yves Saelens (Arbate)
Orchestre symphonique de La Monnaie

Crédit photos: ©BUhlig

PRODUCTION
La Monnaie-De Munt, avec la participation de Clarac-Deloeuil > le lab

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/578/Mitridate-Re-di-Ponto

 

Palais de la Monnaie, Tour et Taxis, du 5 au 19 mai à 19 h. A 15 h les dimanches 8 et 15 mai.

En savoir plus sur la mise en scène: L'article de Serge Martin: http://www.lesoir.be/1200985/article/culture/musiques/2016-05-04/nous-jouons-avec-codes-du-monde-politique

 

 Enregistrement Arte: http://concert.arte.tv/fr/mitridate-re-di-ponto-de-wolfgang-amadeus-mozart-au-theatre-de-la-monnaie

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« Tout ce qui ne me transporte pas me tue. Tout ce qui n’est pas l’amour se passe pour moi dans un autre monde, le monde des fantômes. Tout ce qui n’est pas l’amour se passe pour moi en rêve, et dans un rêve hideux. Entre une heure d’amour, et une autre heure d’amour, je fais celui qui vit, je m’avance comme un spectre, si on ne me soutenait pas je tomberais. Je ne redeviens homme que lorsque des bras me serrent ; lorsqu’ils se desserrent je me fais spectre à nouveau. »

La Mort qui fait le trottoir (Don Juan), Acte II, scène 4

Henry de Montherlant


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Un concert dans un auditoire ? Mais oui, cela nous parle et nous rajeunit!  Le concert « A Musical Feast » à l’auditoire des sciences de Louvain-La -Neuve est sold out, une assistance impatiente attend  que la fête musico-nomique  commence. Les papilles d’écoute se pourlèchent déjà même si les sièges sont un peu durs et les tablettes sans syllabus. Le programme conçu par Daniel Lipnik est une entreprise audacieuse. Il nous présente dans son splendide florilège, un périple  à travers les  correspondances : tout, pourvu que l’étreinte de la musique et de la poésie nous fasse oublier notre statut de mortels.  Ce programme regorge de poésie, d’humanité et de feu prométhéen. Les jeux de lumière pendant le concert et les applaudissements de  salle comblée en témoignent.

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 Des rubans de choristes  se placent sur le plateau exigu déjà occupé par les musiciens, enfin le chef d’orchestre, Daniel Lipnik, le sourire musical aux lèvres salue brièvement avant de lever sa baguette pour entraîner l’effectif très imposant du chœur, de l’orchestre et des solistes! Les premier rangs sont dans la proximité immédiate de la Res Musica, comme on ne l’a jamais été, les derniers rangs jouissent d’une vue de théâtre antique. Chaque pupitre est bien visible, les bois sont vifs et charmeurs, les violons enjoués et plein de bravoure dans une salle dont l’acoustique musicale n’est pas la raison première,  l’orchestration très contrastée, cohérente, ferme et joliment expressive. Les choristes déploient toute leur noblesse vocale dans leur voyage de l'ombre à la lumière.

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La pente des gradins est forte et le regard que l’on a sur les musiciens et les choristes donne déjà un certain vertige. Il y a aussi le vertige inhérent au programme qui promène l’auditeur de Virgile à Mozart, en passant par Purcell, Haendel, Gluck, Montherlant, Rimbaud : « Ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient… »  . L’antiquité et ses mythes tissent des liens indestructibles avec les grandes figures de la musique classique. Quatre solistes  de tout premier plan ont lié leur art musical avec ceux-ci - une histoire d’amour, finalement.

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 Daniel Lipnik, qui dirige depuis  plus de trente ans  La Badinerie, le chœur mixte de 90 choristes à Louvain-la-Neuve, s’est adjoint  le très beau timbre et la  voix  vertigineuse et fraîche  d’Aurélie Moreels, soprano. Remarquable dans la Reine de la Nuit! Elève de Marcel Vanaud, nous l’avions applaudie en jolie veuve de 20 ans dans  l’Amant jaloux de Grétry en 2013.  Elle chante sous la direction de Guy van Waas, Parick Davin et dans des salles prestigieuses : au palais des Beaux-Arts de Bruxelles, au théâtre  des Champs-Elysées, à l’Opéra Royal de Wallonie…

 La prestation de la  mezzo-soprano Anaïs Brullez a elle aussi, été remarquable et largement applaudie. C’est elle, le courageux Orphée et son lumineux désespoir,  dans  « Che faro senza Euridice ? » Elle se produit avec l’Opéra Royal de Wallonie, De Munt, le Chœur de Chambre de Namur, le Grand-Théâtre de Verviers, la Chapelle des Minimes, Le Petit Sablon Consort, le Festival de Wallonie, le Grand-Théâtre du Luxembourg…

L’humour s’est invité en force, avec le Baryton, Kris Belligh flanqué par un ténor malicieux, Michiel Haspeslagh. Son expérience en récital et oratorio comprend les Passions et la Messe en si de Bach, Le Messie, les Requiems de Mozart, Fauré et Brahms, le Stabat Mater et la Petite Messe Solennelle de Rossini, La Création de Haydn, Italienisches Liederbuch et Winterreise. Lors de cette soirée  à Louvain-La-Neuve, c’est sans doute son interprétation du Génie du froid dans le « King Arthur » de Purcell et son duo avec Aurélie Moreels « Al fin siam liberti, la ci darem la mano » du « Don Giovani » de Mozart qui auront été les plus acclamées. 

La Badinerie a enfin démontré ses grandes qualités musicales dans  son interprétation du « Dixit Dominus » de Haendel. Dans le « Kyrie » extrait du « Requiem » de Mozart, même les instrumentistes, pris par le vertige de la prestation et la profondeur de l’intériorité, et en particulier, Bernard Guiot au clavier,  accompagnaient de leur voix  dans un même élan de ferveur solidaire.

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Liens utiles:

http://www.labadinerie.be/

http://gdegives.wix.com/eclecticsingers#!mezzo-sopranes/cknc

  

     

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