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Boris Giltburg revient à Flagey!

C’est Beau au carré, Boris Giltburg et Beethoven. C’est qu’il a présenté un cycle des sonates du compositeur dont on fêtera le bicentenaire en 2027. Lors de deux concerts d’une intensité rare, où l’audace rencontre …la grâce. Sa vision est toute personnelle, vivante et profondément sincère.

Jamais démonstrative, toujours pensée, nourrie d’une conversation intérieure intime avec le maître, son interprétation cisèle véritablement toutes les émotions.

Sa virtuosité est à la fois extraordinaire et immensément raffinée. Par l’âme et le corps le musicien sculpte chaque nuance, fait naître des éventails de timbres et de couleurs d’une beauté renversante. Et c’est à croire qu’ils se répandent presque librement sur son clavier. Là est la magie. Les registres se répondent, se fondent, s’illuminent avec immense naturel …tout comme les fameuses correspondances de Baudelaire.

 Devant : l’odeur du jour neuf. Ainsi naissent les mondes souterrains et insoupçonnés de Beethoven : une rage où tout brûle, des chapelets de drames, des joies rustiques, des épures où tout est lumière, la poésie où tout est suspendu. L’humain et le divin se côtoient dans l’harmonie et le temps se fige. Quelle architecture si purement romantique …. Et à la fois, totalement cérébrale.

À travers ce cycle, Giltburg souligne l’audace révolutionnaire des sonates de Beethoven qui traverse le classicisme pour ouvrir la porte au romantisme, bouleverser les formes, et inventer un nouveau langage. …Sacré ?

La saveur du bonheur. Le spectateur vit un perpétuel renouvellement de communion entre le compositeur et l’interprète. Quelle impressionnante trilogie ! Et quel miracle de la rencontre !

Hier soir, à Flagey, on ne les connaissait peut-être pas toutes, ces sonates… mais qu’importe.  Dans une salle tamisée comme tenue à la chandelle, le public écoute, souffle coupé, happé par une interprétation de ces qualités extrêmement rares. Le chant épique s’élève, la musique circule, respire, s’élève, telle une liturgie laïque, …à deux pas de Noël.

Lorsque retentissent les salves de joyeux applaudissements, Giltburg sourit, s’incline, offre un bis. Une simple offrande, humble et pudique. Rien de triomphal : juste l’âme nue de Beethoven, cette essence que Purcell célébrait déjà dans son Ode à Sainte Cécile, « la musique, fille du ciel ».

Avec ce projet titanesque, partagé sur deux soirées mémorables à Flagey, Boris Giltburg a offert une plongée au cœur d’un patrimoine que l’on croyait connaître et qu’il sut révéler sous un jour vraiment nouveau. Et, notre cher Wilhelm Kempf doit se réjouir, tout là-haut ! Qu’en pensez-vous ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

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administrateur théâtres

Fantôme au théâtre du Parc ? OUI!

Il est des soirs où le théâtre se fait sortilège et vous ne pourrez qu’être carrément « chamboulés ». Coups de tonnerre, le rideau se lève sur une musique inquiétante, dirigée par un maître de musique presque invisible, dont on aperçoit néanmoins la gestique, juché là-haut, au sommet du théâtre.  La scène baigne « dans un halo de fumée », et déjà la voix s’élève, mystérieuse, profonde, aérienne, frémissante : Christine, Christine… chante pour moi !

Le Théâtre Royal du Parc bruisse d’attente, et la légende du célèbre Palais Garnier à Paris s’éveille sous nos yeux pour constituer une fresque humaine somptueuse, autour de cette seule loge numéro 5.  C’est d’ailleurs avec une réelle économie de personnages que la fastueuse Belle Epoque reprend vie. Une histoire qui se déroule en 1881, alors que des événements tragiques hantent l’opéra avec l’effondrement du grand lustre et la mort d’un machiniste. 

Romancée par Gaston Leroux en 1910, l’histoire évoque un personnage mystérieux connu sous le nom de Fantôme qui hante l’Opéra Garnier, mêlant horreur, obsession et passion amoureuse avec toute sa jalousie destructrice. Elle se concentre sur la vie de Christine Daaé, une jeune soprano orpheline talentueuse et deux hommes captivés par elle : le Fantôme de l’opéra, cette présence inquiétante cachée sous un masque dissimulant un visage ravagé par des brûlures et le jeune et fier aristocrate Raoul de Chagny poursuivant désespérément son amour d’enfance. Un pétulant Jérémy Vliegen. Voilà pour le triangle passionnel mené avec feu par l’immense Cyril Collet, en fantôme omniprésent.

La scénographie de Saïd Abitartour à tour baroque et mouvante, révèle les profondeurs secrètes des coulisses de l’Opéra Garnier, lieu de splendeur et de damnation. Avec une loge n° 5 chaque fois plus… parlante !   Avec des costumes créés par Anne Guilleret  qui épousent à merveille toute la dynamique des personnages.

L’écriture captivante de Thierry Debroux et la mise en scène frémissante de Daphné D’Heur créent un Fantôme de l’Opéra terriblement humain, à la fois classique et contemporain, totalement bouleversant dans sa quête d’identité. Revenons à la source : « Sous ce masque, il y a un visage et derrière ce visage, un cœur. » Un cœur torturé par la passion, dans ce qu’elle a de plus sublime et de plus dévastateur.  Le cœur d’un personnage enfermé dans la solitude, abandonné depuis l’enfance, sevré de toute relation d’amour. Alors, La Musique… est cette fée invisible qui panse les douleurs les plus profondes et vient naturellement au secours de l’humain. The language of the heart.  Jusqu’à écrire un opéra pour la femme qui est tout son horizon ! « Ah ! Ne tarde pas… »   D’ailleurs, Cyril Collet n’est-il pas   « Comédien, fraichement diplômé, rêve de puissance, de cris, de larmes et de feu? » 

La mise en scène vertigineuse de Daphné D’Heur est ciselée dans les jeux de lumière de Philippe Catalanodans les airs et dans l’abîme inquiétant d’un lac souterrain, – Ah ce bruit retentissant de gouttes qui fait frémir le spectateur… À croire que l’on navigue dans l’univers de E.A. Poe.  Cette mise en scène nous entraîne dans un imaginaire fantastique, jouant des ombres et des miroirs en feu, pour faire vibrer peurs et sentiments extrêmes. Car derrière la beauté du chant, la jalousie veille, le désir dévore, et la musique devient une arme. L’amour y frôle la folie, et le Fantôme, déchiré, semble pourtant murmurer à l’infini : « Sens-tu comme nos deux âmes se rejoignent quand tu chantes ? » Ce puissant fantôme a un nom : Erik. Un être qui appelle à la fois à la compassion et au rejet.

 Mais soufflons un peu.  En contrepoint, il y a ces scènes tellement drôles de tractations mercantiles entre deux directeurs de théâtre – l’ancien et le nouveau – qui développent leurs palabres commerciaux avec belle fulgurance.  Un délice ! Des rôles tenus avec ardeur par Emmanuel Dell’Erba en Moncharmin et Antoine Guillaume en Firmin. Irrésistibles.   Il y a aussi cette formidable concierge, Madame Giry, adorable dans ses généreux élans protecteurs, horriblement désolée de voir poindre l ‘heure du départ de son directeur de théâtre préféré… Elle est jouée par Claudine Gourdin. Solaire.

Place aux vocalises. De L’air des bijoux… au Duo des fleurs. Les deux voix de soprano qui pourraient franchement vous faire prendre la production pour un vrai opéra, vous embarquent sur leur vaisseau musical qui n’a rien d’un fantôme. Héloise Pouleten prima donna vertigineuse – La Carlotta – porte à son bord des airs qui réveillent le plaisir des grandes maisons d’opéra, mais la mise en scène poivre tout de même ses prestations de malicieuses pointes d’humour. Cela soulage agréablement de toute la tension scénique.   L’autre voix, d’une fraîcheur et d’une tendresse exquises, a trouvé dans la Musique – comme par enchantement – un havre de bonheur et l’expression de ses sentiments les plus intimes. C’est que l’Ange de la Musique, veille bien sûr sur elle et ne cesse de l’inspirer. Tantôt visible, tantôt invisible. Aussi, l’esprit d’un père violoniste, hélas disparu.  Romina Palmeri, est cette Christine au chant lumineux, suspendue entre innocence, ingénuité, et féminité assumée.  

Mais tout le magnétisme et le ravissement nous vient aussi d’autre part. Dans le rôle de la prima ballerina La Sorelli, il y a Colette Coenraets, en professeure de danse sur scène. Telle une sévère institutrice guindée, du temps passé, elle dirige d’une main de fer les quatre très jeunes danseuses classiques, qui émaillent précieusement le spectacle de leurs rondes ingénues. Elles avalent littéralement tout l’espace scénique. Ce ravissant quatuor enchanteur change à chaque apparition, et de costume et de style. Un régal. Leur kaléidoscope de gestes gracieux, de mouvements d’ensemble charmants estompe chaque fois le décor qui disparaît dans leurs merveilleux sourires et leurs regards pétillants de malice. Cette magie de la Danse fascine, volant presque la vedette à la Musique. Ces jeunes danseuses du Centre Choréartsont là pour incarner la grâce innocente des petits rats de l’Opéra et  diffuser toutes sortes d’états d’âme. Elles évoluent sur une bande sonore signée Dario Delbushayecelui qui a tissé un fil d’or entre Purcell, Gounod et ses créations originales. Oui, Daphne et Dario, mère et fils se retrouvent ici réunis dans un très touchant duo artistique…

 En définitive, on participe à un grand frisson d’art total :  théâtre, musique, chant, danse et lumière traversent cette création. Il y aura même la surprise d’un jeu de cape et épée avec un retentissant duel chorégraphié par l’incontournable Jacques Cappelle.  Le Théâtre du Parcavec son ADN fait de flamboyance, de précision et de rêve nous a offert lors de cette splendide première, un hymne vibrant à la beauté et à la démesure, celle de la passion ?  

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Crédit Photos Aude Vanlathem

En savoir plus ?

La légende du fantôme de l’opéra prend sa source dans plusieurs événements qui ont eu lieu au XIXe siècle. En 1863, une danseuse de l’opéra meurt brûlée lors d’une répétition. Elle laisse un fils, nommé Ernest, qui devient un pianiste talentueux en grandissant. Plus tard, le jeune homme se fiance avec une ballerine. Malheureusement, cette dernière meurt dans l’incendie de l’opéra Le Peletier. Inconsolable, Ernest se réfugie dans les souterrains de l’opéra Garnier pour se consacrer à la composition d’une œuvre dédiée à sa bien-aimée. On ne le reverra plus jamais. Néanmoins, on raconte que le fantôme d’Ernest continue de hanter l’opéra. En effet, machinistes, comédiens et régisseurs sont témoins d’étranges phénomènes : le son du piano qui résonne la nuit, des partitions corrigées par une main inconnue, des voix dans la loge numéro 5…

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administrateur théâtres

Haendel for ever @ Grand Manège Namur

C’était sa première œuvre en anglais. Tirée des Métamorphoses d’Ovide, Acis et Galatea de Georg Friedrich Haendel (1731) nous parvient en belle langue de Shakespeare. Happy We !

Aussi, La Cappella Mediterranea fête ses 20 ans cette année et la joie respire dans les cordes, les flutiaux et les vents. Le 10 octobre, au Grand Manège de Namur, une trentaine de musiciens passionnés, sous la direction exquise de l’argentin Leonardo García-Alarcón, ont su créer un écrin de couleurs vibrantes pour les 4 magnifiques solistes qui ont interprété cette œuvre pleine de sensualité, de tendresse et de beauté. Oui Haendel, contre vents et marées, fait toujours frissonner et nous indique le chemin du bonheur.

Notre maître d’œuvre, Leonardo García-Alarcón, a-t-il quatre mains ? Deux pour son soutien au double clavecin et deux pour sa direction magique d’orchestre et de chœur : fluide, bondissante, aérienne. Exaltée.

 

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La joyeuse pastorale de ce soir comporte une exquise collection d’aria da Capo, et une puissante contribution des Chœurs, jouant à cache-cache entre la scène, les étages et le public, sous de très beaux jeux de lumières intimistes.

En effet, la direction très inventive de l’Argentin, a l’art de créer où qu’il soit, une mise en espace pleine de surprises. Ce soir, nous sommes en Arcadie.Terre idyllique, symbole de l’âge d’or, où vivent des bergers, des nymphes et le dieu Pan.

Dès l’ouverture printanière, la Cappella Mediterranea explore des rythmes contrastés, des tons fruités, des envolées espiègles, des paysages champêtres remplis de bonheur. Mais le gazouillis des oiseaux énerve la nymphe Galatea, privée de son Acis, et c’est toute la campagne anglaise qui retentit de ses plaintes. La soprano Charlotte Bowden, lumineuse, au timbre juvénile, semble glisser sur les vagues d’un amour éperdu, et deviendra  une fée bleue décidée à transformer la douleur en grâce.

Leonardo García-Alarcón, avec sa vivacité et sa mobilité de tous les instants, affûte les instruments, prépare les assauts et joue la profondeur des silences, pour sculpter l’émotion. Il est partout à la fois.

Qui a vu la nymphe, s’inquiète Acis à son tour ? Le ténor  Guy Cutting incarne cet amant ardent, d’une diction impeccable, énonçant chaque mot comme des aveux d’inaltérable passion.

Mais un berger le conjure de ne pas poursuivre ses projets, ajoutant à son chant moultes mimiques fort convaincantes, la force de violons appelés en renfort par le chef claveciniste. C’est Le  ténor Valerio Contaldo  berger plein de verve et de panache, qui tempère l’élan amoureux d’Acis, de sa douce sagesse rustique.

N’importe, Acis distille son amour pour Galatea : « l’amour brille sur ses lèvres et soupire sur sa voix » confie-t-il tout en faisant le tour de la salle. L’orchestre réverbère l’ampleur du sentiment et fait résonner l’écho sublime de l’éloge amoureux.

Tandis que le chef œuvre à la fois sur le double clavecin sans la moindre partition, le couple s’est retrouvé enfin, et c’est l’instant de l’inoubliable duo Happy, Happy We ! Du bonheur d’une légèreté absolue, de caresses et de sourires confondus.

Cordes soyeuses des violons en liesse, les robes des choristes ajoutant la touche d’émeraude à l’opulence des violoncelle et contrebasses. Les parfums, les couleurs et les sons ne se répondent-ils pas ? Certes, on y trouve le parfum de l’éternité dans le jeu du théorbe dans cette œuvre rayonnante qui honore magistralement l’amour désintéressé.

Or, dans un dramatique changement de lumière et de ton, le chœur se fait tragique. « Behold ! » Voilà un géant irascible et jaloux qui entre en scène à grands pas, et déjà ridicule. Chaque siècle connaît ce genre de phénomène aveuglé par un ego démesuré lové entre bêtise, soif de pouvoir, jalousie et esprit de vengeance.

Oui, si l’affreux monstre Polyphème incarné par la magnifique basse Staffan Liljas, ourlé de couleurs infernales, répand l’épouvante et terrorise l’assemblée, Galatea refuse courageusement ses avances, et la voix du géant se perd dans l’orchestration malicieuse et légère de la Capella Mediterranea. L’humour en réponse à la violence. Et les flûtes de siffloter !

Du fond de la scène, à bout d’arguments pour convaincre de sa force et de son pouvoir, l’horrible géant condamnera Acis. « Die ! » hurle-t-il, en précipitant un rocher sur le malheureux berger.

Imaginez alors le chœur sur les bas-côtés de la salle rendue muette d’émotion, et le chef d’orchestre tourné vers le public pour diriger le chant funèbre presque a capella. Galatea en larmes au pied de la victime. Mais les mains magiques du chef d’orchestre vont jouer la résurrection de l’orchestre et le retour à la vie.

« Sois immortel, même si ce n’est pas pour moi ! »  Lance Galatea, convaincue soudainement de ses pouvoirs surnaturels, par les bergers et les conseils musclés du chœur en colère.

La gracieuse soprano Charlotte Bowden est cette fée aux pouvoirs célestes, capable de préférer rendre la vie à son aimé, quitte à se priver à jamais de sa présence. Voilà Acis transformé à jamais en source d’eau pure et cristalline dévalant les collines en un ruisseau éternel. Cette eau qui use les rochers les plus durs…

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Merveilles que les plaisirs de l’ère baroqu! Et Heureux qui comme nous, avons fait ce voyage en Arcadie, éperdument heureux.

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

Charlotte Bowden - Galatea

Guy Cutting – Acis

Staffan Liljas – Polyphemus

Valerio Contaldo – Damon et Coridon

 

- Leonardo García-Alarcón - Musical Director

- Namur Chamber Choir (dir. Thibaut Lenaerts) 

- Cappella Mediterranea Grand Manège - Namur Concert Hall

 

 Grand Manège - Namur Concert Hall

 

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C’était un 23 septembre aux couleurs de la Saint-Michel, l'illustre Archange qui pourfend le dragon et qui inspire notre courage…

 

7Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, 8mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. (Apoc 12 ;7)

 

 Ainsi donc la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles se mit à résonner sous le brillant souffle musical de Georg Friedrich Haendel. Au fait, à choisir, entre Bach et Haendel, vous prenez quoi ? Sous les voûtes gothiques où la lumière se faisait économe, un programme rutilant et porteur prenait place, avec des interprètes inspirés mais vivant leur musique dans la simplicité.

 

 

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À ses côtés, les voix limpides du chœur Voces Desuper, enracinées dans la tradition grégorienne de la cathédrale, s’ouvrent au compositeur baroque avec souplesse et heureuse connivence. Leur dialogue avec l’ensemble La Penserosa, créé en 2022 par Maïa Silberstein, démontre une entente chaleureuse pour souligner que la musique parle là où les mots ne suffisent pas.

 

Et puis, il y a l’incontournable majesté des orgues !  Sans lâcher des yeux les Trois majestueux buffets, une Trinité musicale, on découvre l'organiste en action. Bart Jacobs, aux commandes.  Mains et pieds dansant avec grâce sur 4 claviers et pédales, portés par la caméra qui projette leur virtuosité en grand écran. Les concertos pour orgue, tantôt méditatifs, tantôt enjoués, semblent des mosaïques de lumière : Bach semblant souffler au-dessus de Haendel, pour faire de la cathédrale un théâtre céleste.

 

Quelle belle cour de créations ! On a vu défiler Water Music, Athalia, Jephta, Theodora, An Occasional Oratorio… Chaque air jouant les contrastes. Chaque texte, scrupuleusement articulé.  Tour à tour, supplique fervente, méditation sur l’exil, ode à la paix, perles de jubilation, élans de foi et de confiance. La sincérité du texte et la limpidité des voix rendent sensible l’espérance baroque : même dans la douleur, la musique ouvre au ciel.

 

Et bien sûr, le feu d’artifice attendu à détonné comme une bombe d’amour : L'« Hallelujah » final du Messiah, devenu liturgie populaire, remplit l’assemblée de cette fameuse Joie… Béthovienne! King of Kings, and lord of lords...  Soutenus par les deux orgues,  en plus, l'orgue positif de l'organiste titulaire,  Xavier Duprez sur le podium, chœur et musiciens vibraient presque comme un très antique gospel sous le regard rayonnant de la chef. Laquelle ? Toutes deux, Sophie et Maïa, unies dans la magie musicale avec le glorieux créateur de l’œuvre et les auditeurs émus. Devant cette proclamation de joie universelle :  And  HE shall reign for ever and eee eeever...  Un souffle de beauté, qu’il convient de garder au fond du cœur, que l'on essaie de coucher sur papier, pour le retenir quelque peu.  En partant, n'éteignez surtout pas la lumière !

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

https://cathedralisbruxellensis.be/

Culture et Tourisme

Téléphone+32 (0)4 95530614

Email arsincathedrali@gmail.com

 

 

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administrateur théâtres

La vie, l'amour, etc...

Michel Fugain  ✨, la joie de vivre en partage,  au ✨Whall de Woluwe-Saint-Pierre

 

Il fallait être là, hier soir, dans la confortable salle du Whall à Woluwe-Saint-Pierre, où chaque spectateur bénéficie d’une vue impeccable sur le spectacle. Pendant deux heures, Michel Fugain, 83 ans, a offert à Bruxelles une leçon de vitalité, de résilience et de bonheur de vivre. Un régal !

 

Il célèbre le succès ininterrompu du "Big Bazar" jusqu'en 1977 grâce à ses chansons :  Une belle histoire, Attention mesdames et messieurs, Fais comme l’oiseau, Chante… Comme si tu devais mourir demain, La Fête, Bravo Monsieur le monde, Les Acadiens et Le Printemps, rien que des hymnes d'amour, de bonheur, de liberté et de paix.

 Vent debout, généreux et chaleureux, entouré de musiciens complices, il a donné un concert vibrant d’énergie, où la lumière sculpte chaque chanson comme un tableau. Tout au long du spectacle on valse entre chansons, mots d’esprit, verve parisienne, ses précieux souvenirs, les escaliers de la Butte, le temps des cerises, qu’il chante lui aussi. Comme des dizaines d’autres grands artistes avant lui… il s’y frotte avec émotion, et entraîne un public ému qui entonne, a capella. Il évoque bien sûr la genèse de ce Big Bazar ; c’est l’histoire de nos jeunes années, disons… les 50 dernières ! On retrouve à chaque tournant le peps inimitable d’un artiste qui a traversé les tempêtes de la vie – les deuils, les blessures intimes, les épreuves de santé – sans jamais cesser de croire à la force des chansons partagées. Le spectacle fait une boucle avec au début et à la fin « Chante, la vie chante… » un baume contre le découragement. Mieux que le baume du tigre contre les piqûres de moustiques.

 

 Comme il le confiait récemment : « J’ai su garder mon innocence ». C’est sans doute là son secret, cette fraîcheur qui irrigue encore sa musique et son regard. Et puis, il a gardé toute la chaleur vibrante de sa voix.

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✨ Un concert cousu main avec le fil d’or de sa relation avec Sanda, 22 ans plus jeune, son épouse depuis dix ans. Fière de ses boucles couleur Marilyn, elle est la fille d’un écrivain dissident roumain ayant fui le régime de Ceaucescu. Elle-même, une artiste célébrée en Roumanie avant de croiser le chemin de Michel Fugain, dans un piano-bar corse.  La Corse, un havre de paix, où la montagne tombe dans la mer. Il a d’ailleurs choisi l’île de Beauté pour y finir ses jours. Sanda incarne à ses côtés la force bienveillante et l’ancrage amoureux. « Un amour qui peut changer le plomb en or ; avec un peu d’alchimie, il suffit d’un sourire ! » Leur connivence discrète sur scène, parfois esquissée d’un simple regard, fait scintiller le spectacle.✨

 

Ce qui frappe aussi, c’est la gratitude que Michel Fugain ne cesse d’exprimer vis à vis de tous les artistes et paroliers qu’il a rencontrés. … les Copains d’abord ! Comme Brassens, non ? Et puis la chanson n’est-elle pas d’abord un acte de communion ? En plus, il préfère, dit-il, les petites salles. Cela gomme un peu l’aspect commercial des grand-messes tonitruantes et rapproche le chanteur de son public. À Woluwe, chaque spectateur a le sentiment d’être convié à une fête insouciante où l’optimisme est une barricade contre le malheur. Fais comme l’oiseau !

 

Tout cela ne l’empêche pas de distribuer quelques sérieux coups de griffes aux réseaux sociaux, au platistes, aux bourrins, aux influençeu.r.se. s de tout poil. « De l’air, de l’air, donnez-nous de l’air !» Un truc dont les Roumains semblent raffoler !

 

À travers quelques inconnues, les succès revisités, les rythmes entraînants, ah ! Les Acadiens et les Acadiennes… les respirations plus intimes aussi, c’est toute une trajectoire qui se dessine : celle d’un artiste qui ne nie rien des ombres traversées divorce, maladies, deuils... En particulier l'une des pires épreuves de la vie : la perte de sa fille Laurette, morte à 22 ans en 2022 de leucémie foudroyante. Et pourtant, Michel Fugain choisit inlassablement la lumière. Comme si, à chaque note, il réaffirmait la beauté d’exister, ici et maintenant, ...auprès de sa blonde.

 

Hier soir, Michel Fugain a rappelé à Bruxelles que chanter, c’est encore et toujours une manière de dire oui à la vie. Et ce oui, dans la ferveur palpable du Whall, sonnait comme une ivresse. Un beau roman, une belle histoire...

 

Mais il n’a pas fini et vous déclare sans frémir, que la Faucheuse (ah ! L’ami Georges, encore lui !) est là ! Qu'elle le conduise,  Mais Au… père éternel, forcément ! Parole d’Auvergnat !

 

Et la salle se lève. Le couple se serre les mains sous un déluge de lumière « Viva la vida ! », De la pure magie humaine dans ce final solaire… toutes les mains rayonnent comme des étoiles. Il ajoute : … Bruno à la guitare…. etc. !

 

Au fait, c’était quoi le titre du concert ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

https://michelfugain.fr/ 

https://whalll.be/evenement/michel-fugain/

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administrateur théâtres

Quand Molière rencontre la Comédie Kapel

Avec Les Fourberies de Scapin

 Scapin : Fourbe ou redresseur de torts ? Coquin de la dernière espèce ou joyeux luron ? On penche pour les deux ! Mais dans Naples, il n’y a pas de valet qui fut plus dévoué à son maître. Scapin brille de malice et de stratagèmes pour amadouer les pères rétifs, mais aussi pour commettre des actes pendables, mais finalement se faire pardonner son credo de la transgression ! Merci Sylvestre, ce grand Saint !

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Une version ni littérale ni de pur style littéraire, mais de celle qui vous fait vous rouler dans le bonheur du partage. Le mot clé ? Une totale spontanéité des 6 artistes et une réelle adhésion populaire de l’audience. Partant, une excellente pièce de théâtre, tout de même signée Molière (1671). Résultat : une salle hilare, des applaudissements nourris et des souvenirs plein la tête.

  

Le personnage principal, le rusé Scapin oscille entre l’Arlequin italien et notre très belge Tijl Uilenspiegel. Et ce n’est pas qu’une question de chapeau. Un élément d’ailleurs très bien exploité pendant la pièce. Costumes d'époque, cela fait toujours plaisir ! 

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Les personnages féminins, rassemblés en une comédienne fulgurante jouent les heureux mélanges : La jolie Zerbinette victime d'un rapt à 4 ans, libérée des cruels Egyptiens par l'intervention de Léandre, a un caractère trempé, contrairement à la sentimentale Hyacinthe, inquiète de l'avenir de son mariage avec Octave... on adore l’Egyptienne, bohémienne, diseuse de Bonaventure, chanteuse, manipulatrice et femme fatale dans ce monde ...où les mères ont disparu. 

 

 Cette comédie farceuse du XVIIe siècle mais bourrée d'anachronismes, moque en long et en large la figure du Père, qui se voit systématiquement critiquée pour ses insatiables abus de pouvoir. Pour preuve : deux pères ridicules qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau : avares, autoritaires, égoïstes, on finirait bien par les mélanger tant Molière voudrait nous rendre odieux ces parents qui veulent marier les enfants contre leur inclination. Grimaces, postures grotesques, on se régale de voir ces « chefs de famille » se faire berner par Scapin et compagnie. L’humour est mordant, jamais méchant, et les spectateurs s’en donnent à cœur joie.

 

Quant à Sylvestre, l’autre valet, il vole presque la vedette à Scapin, car on aime sa profonde bénévolence ! Les deux compères réussissent à faire alliance malgré le côté plus maléfique de Scapin et se trouvent sacrément complices presque jusqu'à la fin !

 

Trèves de bavardage, le comique de situation bat son plein. Avec force de coups de bâton, d'humour à la louche, et d’inversions de rôles. L'intrigue est bondissante, les mélanges linguistiques et imitations d’accents sont savoureux et l’ensemble est fort réjouissant. Fun ! Bernard Lefrancq avec ses airs de de Funès ? Sans compter le plaisir partagé, de part et d’autre de la rampe en coquilles Saint-Jacques, …d’avoir pu tromper les puissants paternels, vengé les maltraitances, conspué l'avarice, et peut-être, changé l'ordre des choses.

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Un valeureux casting s’est emparé de l’aventure : Benoît Strulus, Bernard Lefrancq, Colette Sodoyez, Marc De Roy, Cédric Lombard et Bertrand Lapièce. Ils ont sillonné joyeusement les routes de Wallonie et projettent de débarquer sans doute dans les écoles. On salue bien bas cette heureuse initiative qui célèbre le verbe, le cœur et la justice. Tout cela accompagné d'une équipe fort accueillante lors du spectacle CCWO. Et Vivent ces fiers saltimbanques, venus nous ébaudir à Wezembeek Oppem  pour un heureux 27 septembre!



 

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

 

 

 Crédit photos: Aude Vanlathem

Au Centre Culturel et de Jeunesse de Wezembeek-Oppem

 Par la Comédie Kapel, troupe de théâtre professionnelle

Téléphone : 0479 /12 86 17
E-mail : comediekapel@gmail.com

 

 

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administrateur théâtres

Fugues et fougue en vogue à Rixensart

Le 25 septembre 2025, en l'Eglise Saint -Sixte, La 13e balade musicale de Rixensart a accueilli en ouverture de saison une jeunesse souriante, enthousiaste, galvanisée par sa complicité et son talent. «  Le talent, c’est l’intensité du désir» comme le dit Amélie Nothomb. Partant, une soirée exceptionnelle; de celles qui vous remontent le moral! Car des musiques sublimes rassemblent et conduisent à l’émerveillement.

 Donc, un jus musical de haute gamme et surtout, la présence de ce magnifique ensemble de cordes composé d’une bonne vingtaine de jeunes artistes: les « Young Belgian Strings» sous la direction d’un pétulant Dirk Van de Moortel. Créés en 2014 par ce très passionné Dirk Van de Moortel, Les Young Belgian Strings ne sout pas sans soutien, ils œuvrent sous le Haut Patronage de Sa Majesté la Reine.

Leur rutilant orchestre à cordes est composé de jeunes talents, diplômés ou étudiants, issus de tous les Conservatoires et Hautes Écoles de Musique de Belgique. Des francophones et des néerlandophones unis dans un bel esprit d’harmonie culturelle! C’est pour les musiciens sélectionnés l'occasion de se rencontrer, d'échanger leurs expériences, de parfaire leur apprentissage, pour se produire sur les plus prestigieuses scènes internationales. Ce travail vient en complément de la formation musicale dans leurs institutions, ce qui leur permet de se préparer à une future carrière dans de grands orchestres mondiaux.

Les YBS démontrent à l’évidence, que la musique est un langage universel sans frontière linguistique ou autre. Quel exemple! Les musiciens, dont la limite d'âge est fixée à 30 ans, sont sélectionnés lors d'auditions devant jury et restent en général 3 ans dans l'orchestre, qui se renouvelle ainsi naturellement. Le parrain? Devinez! Le très noble Lorenzo Gatto. Who else? 

Ils ouvriront la soirée avec la 13e symphonie pour orchestre à cordes de Mendessohn. Ces premières symphonies furent écrites entre 1821 et 1823, alors qu'il avait entre douze et quatorze ans. Décidément la jeunesse est à l’honneur ce soir! Et il y aura 21 facettes à ce diamant musical ce soir, de la brillance, des scintillements millimétrés, une énergie créative qui procure un incroyable un baume de jouvence. Voilà pour ce bouquet de mimosa musical au parfum envoûtant, mais où donc trouver la rose?

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 Il y avait aussi, lors de ce fabuleux concert, la présence annoncée de cette jeune personne, Mahault Ska, pianiste belge virtuose, déjà couverte de lauriers en dépit de son jeune âge, une vraie Alice au pays des oreilles… Toute sagement vêtue d’une longue robe de châtelaine d’un rose délicat et brillant, elle enchante d'emblée de sa présence presque surnaturelle. D’un autre temps? Ses longues boucles châtain coiffées en tresses moyenâgeuses accompagnent de façon muette le rythme de la fresque musicale qu’elle va donner, tandis que la magie de ses longues mains vous prendra par le cœur.

Nous voilà transportés dans le romantisme absolu de l’immense Concerto pour piano op. 54 en la mineur de Robert Schumann. Parmi le public, les yeux se cherche tant l’émerveillement est palpable! Elle nous joue cette œuvre mythique avec une force inouïe, logée on ne sait comment dans ses minces et frêles bras de jeune fille. La voilà transformée en …Clara au clavier. Sa frappe est tantôt décidée et franche; délicate aussi et par moments, faisant naître d’amples vagues déferlantes. Les cordes frissonnent. Il y a ce dialogue soutenu avec le premier violon, des promenades dansées avec l’orchestre, des allers-retours entre passion et fougue et des parenthèses poétiques intimes pleines d’émotion.

Entre les mouvements, il a le silence profond et respectueux de l’assemblée muette d'admiration. Les violoncelles et contrebasse ont leurs moments de gloire, cela pulse entre les tendres soupirs et larmes des violons. Le piano souligne les motifs et console avec ses longues phrases mélodiques. Le plaisir craquant des pizzicati marque le retour de la joie. Au point que la pianiste elle aussi, semble faire rire son clavier. Elle ose des pointes de légèreté et d’humour avant le retour de la gravité tonique et entraînante de l’œuvre. Le final est un déluge d’émotion, de joie conquérante. C’est d’une virtuosité effarante, on a le souffle coupé. Triomphe, la jeune fille n’en peut plus de saluer,  et on ne cesse de  la rappeler. 

Elle livre en cadeau les Jeux d’eau de Debussy, une mosaïque de couleur, et des séquences fracassantes dans une maîtrise parfaite et le contrôle absolu. Des trilles fulgurantes alternent avec des éclats de douceur et tout l’orchestre, subjugué, écoute debout, le ruissellement des notes de la soliste. À nouveau une salve de saluts, et elle se rassoit, pour un dernier bis qui s’échappe de ses mains et de ses doigts avec une vivacité et une agilité absolument fascinantes.

 

 «Een zalig Asturias» dirait-on sur les ondes de Klara! Le piano a disparu, place après la pause à trois œuvres espagnoles, crépitantes de vie. En commençant par l’œuvre phare et pleine de charme d’Albéniz qui a bercé tant de générations. Dirk Van de Moortel dirige avec force de gestes vifs et musclés, et ci et là, il lance des indications de légèreté destinées, on pourrait le croire, à des danseuses imaginaires dans un coucher de soleil qui n’en finit pas.

 Dans les deux œuvres suivantes, c’est l’évasion et le peps dans le rythme brûlant de danses hispaniques d'outre Atlantique. Le chef ose le déhanchement, la castagnette veille, le flamenco enivre, le tango s’invite, la joie est solaire. La gestuelle de Dirk est intense et souple, presque féline. Elle allume un sourire ébloui dans ses yeux. Les talons s’échauffent. Le rythme gagne les mains du public. Fuga con Pajarillo de Matheo Romero et Danzon de Arturo Marquès, des vocables qui vous font déjà... 

...fuguer à l’autre bout du monde.

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Liens utiles: 

ASBL Balade Musicale à Rixensart (BMR)

email : info@balademusicale-rixensart.be

Prochain concert?  NB.  les places s'envolent...

Le jeudi 23 octobre, 20:00 Au Centre Culturel, 38 Place Communale - 1332 Genval

reservation@balademusicale-rixensart.be

 

 

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administrateur théâtres

Une rentrée académique peu ordinaire à Namur!

Rentrée académique 2025-2026 de l’IMEP :

la fête des Voix et la splendeur des Tableaux

 Au grand manège de Namur

Ce 19 septembre, la rentrée académique de l’IMEP s’est ouverte sous le signe de la jeunesse, de la vitalité, de l’excellence et du généreux partage. Trois chœurs étudiants se sont relayés avec maestria avant de céder la place  au brillant orchestre symphonique de l’IMEP, dirigé pour la première fois  par un  ex élève D’AYRTON DESIMPELAERE : THIMOTHÉE GRANDJEAN.  Ce musicien talentueux  que nous avions découvert déjà aux Balades musicales de Rixensart, a offert  au public une soirée rutilante,  d’une densité musicale et émotionnelle rare, après quatre jours seulement de travail assidu avec l’ensemble de l’IMEP.  

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Après le vibrant accueil de Guido JARDON – Directeur général de l’IMEP, c’est dans un éclat de vitalité, digne du  Blaue Reiter, que le Chœur Pop de l’IMEP sous la direction de FLORENCE HUBY  a lancé la soirée. Sous sa direction enthousiaste, les voix étudiantes ont su conjuguer rigueur et énergie pour faire résonner dans l’allégresse des titres phares du cinéma musical contemporain. D’abord,  dans The Greatest Show extrait de The Greatest Showman (2017), le chœur a restitué toute la flamboyance de ce numéro d’ouverture qui célèbre la naissance mythique  de l’histoire du show-business. Dynamique, entraînant, porté par des rythmes pop parfaitement calibrés, l’ensemble a fait vibrer la salle  suspendue par une intense curiosité.  Ensuite,  I've got Faith, duo mythique de Stevie Wonder et Ariana Grande, écrit pour le film Sing (2016)! nous a fait mesurer l’aisance des étudiants à naviguer entre les styles, embrassant les sonorités soul et pop avec vivacité et naturel, sans perdre en précision vocale. L’IMEP démontre d’emblée sa force pédagogique : former des interprètes capables de briller dans des répertoires les plus variés. Car voici aussitôt l’académique. Avec Le Grand Chœur des étudiant·e·s  sous la direction DENIS SEGOND  en passe d’explorer deux univers de spiritualité et de lumière.

Chanté en latin, The Spheres, le premier mouvement de la Sunrise Mass d’Ola Gjeilo (2008), a plongé l’auditoire dans une atmosphère cosmique de sonorités a cappella éthérées d'une extrême justesse. Les voix, suspendues dans l’espace, semblaient venir d’ailleurs, comme si le Kyrie grégorien s’était dissous dans les sphères célestes. Une interprétation habitée, où la jeunesse éternelle a flirté avec l’infini. Quant au merveilleux Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, composé par un jeune homme de vingt ans encore étudiant, on l’écoutait, les yeux fermés…  Quelle maîtrise de la clarté  dans  la ligne mélodique !  Interprété avec une grande sobriété, l’œuvre s’est élevée dans une lumière douce,  tout le long de l’immense  balcon surplombant la magnifique scène du Grand Manège de Namur. Un long éblouissement dans cette salle  à la splendide acoustique.   Evoquant déjà les contours du futur Requiem, le chœur en  a donné une interprétation aérienne, nuancée, ample et tendre, alliant exigence technique et  une très belle  profondeur expressive. Quel bonheur! 

Puis, surprise, on assiste à  la joyeuse entrée  des choristes du  Chœur des étudiant·e·s sous la  direction charmeuse de BENOÎT GIAUX. Ils pénètrent suer le plateau en  dansant  les premières notes de la valse la plus célèbre du monde : An der schönen blauen Donau. Question de célébrer  au passage le bicentenaire de la naissance de Johann Strauss II ? Ils vont faire la fête!  Arrangée pour chœur et piano, la pièce a retrouvé toute sa grâce viennoise, ce balancement si particulier où le deuxième temps s’avance un peu trop tôt et le troisième s’étire langoureusement. Les étudiants ont su recréer le charme du fleuve musical de Strauss, avec élégance et précision. Ce fut un moment de fête, une invitation à la danse, qui a laissé le public le sourire aux lèvres, la joie ou les souvenirs heureux au fond du cœur. Et après ce quatuor de délicatesse, d’émotion, de tendresse et de puissance, les choristes s’échappent, … en courant ! Du jamais vu… . Le temps presse, il faut laisser la place à l’entrée de L’orchestre symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. On a viré le lutrin, Thimothée dirige… sans partitions !   Le public, déjà comblé, attend avec impatience. Les silences sont… vivants !

La soirée  va s’élever  vers la fresque symphonique. Sous la baguette claire et habitée de THIMOTHÉE GRANDJEAN, l’orchestre symphonique de l’IMEP  livre une interprétation magistrale des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, transfigurés par la palette orchestrale de Maurice Ravel.

Œuvre née en 1874 de l’émotion suscitée par la mort prématurée du peintre Victor Hartmann, la suite de Moussorgski  nous invite  à travers une série de tableaux, à  une promenade imaginaire dans une exposition. Ravel, en 1922, a donné à cette partition une vie nouvelle en l’ouvrant aux couleurs de l’orchestre. Et quelles couleurs ! Thimothée Grandjean a su rendre la richesse de cette fresque en lui donnant un incroyable souffle narratif et une puissance dramatique vibrante. Chaque tableau  prend littéralement chair. Tout d'abord,  la Promenade, noble et hésitante, fil conducteur de la soirée. Elle se heurte au grotesque et inquiétant Gnomus, avec ses percussions grinçantes mais sans aucune lourdeur. De l'humour? On oscille entre gouttes de sève vitale et explosions dignes d’un thriller. Les sonorités sont pures, fluides, vivantes… Lors d’un beau tempo lent, les yeux se chargent de larmes… le cœur saigne peut-être. Les mains fines et lumineuses du jeune chef d’orchestre ordonnent la musicalité, suspendent les silences. Est-on dans le rêve ? Certes, dans la mélancolie suspendue du Vieux Château, où le saxophone se fait troubadour. Avec quelques perles de harpe, c’est du moins ce dont on se souvient. On retient l’effervescence enfantine des Tuileries,   le pas lourd et oppressant de la charrette de Bydlo, confié au tuba?  L’humour pétillant du Ballet des poussins dans leur coque fait… glousser !  Eh oui cela caquète joyeusement… et les bois... roucoulent. 

Les soupirs longs des violons  s'éteignent avec des finales enlevées très nettes et très soignées. Il y a aussi une sorte de danse des heures, affolées… qui rappellent Berlioz et des percussions brûlantes qui vrillent le coeur. Au-delà des images de l’exposition elle-même, on ressent le destin qui s’exprime, grave, sentencieux, ample et majestueux. Un coup de gong discret remet sa roue fatidique en marche. C’est toute la texture des sonorités de cuivres qui suggère cette atmosphère grandiose. Il y a ces flûtes surexcitées, ces gazouillis, ces pizzicati pleins de peps et des couleurs exquises…  Mais bientôt les violons grésillent comme un renouveau, les harpes ponctuent et toutes les cordes vibrent sur une seule note.  Si le programme  nous  détaille précisément chaque tableau, on perd donc le fil et on se laisse emporter par les vagues et les harmonies  musicales. C’est la vie qui semble éclater dans toute sa splendeur, avec des  accents d’invulnérabilité. On est soudain comme emporté dans le vent, le désert et le sable.  Est-ce grâce à l’apothéose de La Grande Porte de Kiev, triomphe orchestral, hymne grandiose qui résonne comme une cathédrale de sons ? Tous ces jeunes musiciens ont déployé une maturité saisissante, alliant discipline et lyrisme, une voracité de vie, tout à l’écoute de leur jeune et vibrant chef capable d’insuffler tant d’ émotion et précision technique. Leur interprétation ardente a rendu hommage à l’amitié brisée qui inspira  à Moussorgski ces improbables créations musicales sur tableaux, et à la splendide flamboyance orchestrale de Ravel. Voilà, lors de cette inoubliable soirée, un formidable élan vital partagé. Quel cadeau!

 Les rentrées des classes, les rentrées académiques, que l’on soit lointain élève ou professeur chevronné, il n'y a rien à faire, on savoure, cela fait pétiller l’esprit et le cœur. Cette brillante  école, un IMEP rayonnant, nous a vraiment comblés de joie.  De la pop contemporaine aux prières intemporelles, des valses viennoises aux fresques symphoniques russes, cette extraordinaire rentrée a révélé toute la richesse d’une institution qui forme des musiciens complets, ouverts, passionnés, où il  apparaît que L’IMEP ne se contente pas de transmettre une technique : il éveille des artistes, capables de traverser les styles et les siècles, de l’intimité d’un choral à l’embrasement d’un orchestre. Bref, une  soirée  qui fut à la fois un miroir de l’exigence pédagogique et une célébration de la jeunesse en musique. Après? Champagne, non? 

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

 
 
19 septembre 2025 20h: 
Pour commencer une nouvelle année académique en beauté et en grandeur, retrouvez les trois chœurs de l’IMEP, des voix qui transcendent le temps et l’espace! En effet, vous entendrez tout d’abord le Chœur pop, le Grand Chœur, et le Chœur de chambre. Ensuite vous aurez la joie de redécouvrir l’Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. Les Tableaux d’une exposition est une œuvre pour piano composée par Moussorgski en 1872. Maurice Ravel nous offre en 1922 une version pour orchestre qui fera date. Sa magnifique orchestration permet à l’orchestre de faire voyager l’auditeur de tableau en tableau, comme dans une galerie imaginaire. C’est un moment riche en émotions et en surprises qui attend le public.

- Le Chœur pop de l’IMEP sous la direction de Florence Huby
The Greatest Show (extrait du film musical The Greatest Showman, 2017)
Faith (duo de Stevie Wonder et Ariana Grande, extrait de la B.O. Du dessin animé Sing! en 2016.)
- Le Grand Chœur des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Denis Segond
Le cantique de Jean Racine op. 11 de Gabriel Fauré
Le premier mouvement (The Spheres) de la Sunrise Mass de Ola Gjelo
- Le Chœur de Chambre des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Benoît Giaux
“An der schönen blauen Donau” op. 314 de Johann Strauss sur un texte de F. von Gernerth et un arrangement pour chœur et piano de F. Th. Cursch-Bühren
- Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean
Les Tableaux d’une exposition de M. Moussorgski (M. Ravel) 
 
Rue Rogier 82, Namur, Belgium
081 24 70 60
info@grandmanege.be
grandmanege.be

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Un géant de 2m01 qui fit trembler les certitudes de l’art John Baldessari. Sa silhouette même devint matière artistique, instrument de jeu sur l’échelle et la perspective, métaphore d’une œuvre monumentale où l’image se frotte au mot. Car au fond, l’écrivain qu’il rêvait d’être, ne disparut jamais : il s’est contenté de transformer sa plume en caméra, en pinceau, en ciseaux et collages de textes.

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Pionnier de l’art conceptuel dès les années 1960, Baldessari remit en cause les frontières de la peinture, osa le métissage des disciplines et fit exploser les codes établis. Photographies, films expérimentaux, fragments textuels, récits visuels à tiroirs : il inventa des cocktails d’Art et de Lettres qui secouèrent la scène contemporaine. « Au diable les émotions, vive la réflexion ! » aurait-il pu dire, tant sa démarche fut guidée par le désir de décaler le sens, de l’arracher à son confort. De briser les codes. 

 

Né en 1931 à National City, au sud de San Diego, au carrefour de langues et de cultures, John Baldessari grandit dans une famille d’immigrés où l’anglais, le danois, l’italien et l’espagnol s’entrechoquaient. Ce rapport vital au langage, il le transposa dans son art : pour lui, les mots étaient aussi plastiques que les images. L’équilibre subtil entre texte et représentation, il l’apprit chez Goya, maître des « caprices » et des « désastres », où gravures et titres caustiques forment un dialogue ironique. Chez Baldessari, ce dialogue devient une méthode, une poétique de l’ambiguïté. Une grammaire picturale novatrice. 

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À Bozar, l’exposition John Baldessari : "Paraboles, fables et autres salades" (jusqu’au 1er février 2026) révèle cet art de l’équilibre, cette jubilation de brouiller les pistes. Partant,  la visite est  … récréative. On y croise Ingres and Other Parables (1972), où photographies et courts textes, traduits en plusieurs langues, inventent une narration à la fois absurde et éclairante. On y découvre aussi ses relectures tardives de Goya, où titres et images se cherchent sans jamais se dominer, comme deux forces en tension qui créent une troisième voie, faite de pensée et d’humour. Ou les subtilités de l’avant-garde de la seconde moitié du xxe siècle.

 

Baldessari fut professeur, expérimentateur, passeur, inspirant plusieurs générations d’artistes. Récompensé du Lion d’or à Venise en 2009, exposé dans le monde entier, il laissa à sa mort en 2020 un héritage toujours vivace. Ses œuvres continuent de questionner, de surprendre, de « décoiffer » même, tant elles abolissent les frontières entre les arts et entre les sens. Vous écrivez cela comment ?

 

Bref, cette exposition, certes, chahutante, est une belle réalisation de Bozar, pour qui veut mesurer l’influence de ce géant conceptuel, l’un des rares à avoir su orchestrer le sens comme d’autres composent une symphonie pour une oreille tendue. Baldessari, immense par la taille et par la créativité, reste cet artiste qui nous interroge, plus qu’il ne nous raconte, mais oblige à regarder autrement, à lire entre lignes et couleurs et découvrir les interstices où se loge le sens. Intéressant.

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Crédit photos : Laurent De Meyer

 

https://www.bozar.be/fr/calendrier/john-baldessari

 

 

 

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Trois siècles de musique en une soirée à Bozar

La rentrée flamboyante de l’Orchestre National de Belgique à Bozar

 Le vendredi 12 septembre, l'Orchestre national de

Belgique faisait sa rentrée à Bozar avec un programme couvrant trois

siècles de musique. La soirée a débuté par "La Fontaine de

Jouvence" de Julia Wolfe, suivie du "Concerto pour

violon" d'Antonín Dvořák, interprété par le jeune soliste Augustin

Hadelich, puis s’est conclue avec les "Danses

symphoniques" de Sergueï Rachmaninov. L'orchestre était dirigé par le

chef hollandais d’origine Antony Hermus,

dont l'énergie débordante a enflammé et conquis

la salle entière.

Balayant trois siècles de création musicale, sous la baguette pétulante de son chef Antony Hermus, l’Orchestre National de Belgique a offert un voyage contrasté – entre incandescence contemporaine, lyrisme romantique et grandeur crépusculaire.

Le bal s’ouvrait avec Fountain of Youth (2019) de Julia Wolfe, artiste en résidence à Bozar cette saison. Depuis des millénaires, la quête de la fontaine de jouvence fascine les imaginaires : eau miraculeuse, jeunesse retrouvée, éternité rêvée…Elle existe, paraît-il en Floride, à St Augustine, depuis le début du 16e siècle.  Pour Julia Wolfe, la source n’est autre que la musique. Sa partition s’élance comme une mécanique enfiévrée, faite de roulements, de raclements, de trémolos vibrants et de percussions cliquetantes. Le magma sonore évoque tour à tour la frénésie d’insectes tropicaux et le bouillonnement intérieur de la vie. Les cuivres hurlent, percent la texture, puis un long crescendo débouche sur une aube radieuse, où tout se dilue en lumière. Jazzy, syncopée, achevée sur un double   silence abyssal, la fresque de Julia Wolfe interroge autant la vitalité du corps que l’élan de l’esprit. Une pièce puissante, qui a cueilli la salle à bras-le-corps, entre surprise, bouleversement et fascination.

Vint ensuite le Concerto pour violon en la mineur de Dvořák (1879), écrit pour Joseph Joachim et porté ce soir par l’incomparable Augustin Hadelich. L’orchestre et le soliste entrent en matière avec une fougue immédiate, puis s’ouvrent à des phrases d’un lyrisme ample, baignées d’une lumière tchèque aux sonorités folkloriques des contrées de l’Est.  Dans l’Adagio, le violon sublime devient confidence, urgence, rêverie suspendue, émotion vibrante et soutenue, si tant est que le soliste finit par   serrer l’instrument littéralement contre son cœur avant de repartir dans ses volutes. Le finale, vif et dansant, convoque toute la tradition populaire de Bohême : cascades de double notes, archet fulgurant, joie exultante. La partition exigeant une grande virtuosité ne lui aura laissé que peu de répit, et son final, un sommet de difficulté technique, est grandiose.  La salle, captivée, ne laisse pas partir l’artiste : cinq rappels, un long bis jazzy, rutilant, pétillant…d’humeurs variées au cœur même du romantisme. La salle rugit en le saluant ! L’artiste est comblé. Quel formidable adieu !  

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En seconde partie, Les Danses symphoniques (1940), ultime chef-d’œuvre orchestral de Sergueï Rachmaninov, plongent le public dans une fresque aux allures de testament. Trois mouvements comme trois moments de la journée, comme trois visages du compositeur en exil : jeunesse évanouie, nostalgie douloureuse, lutte entre ténèbres et lumière. L’ouverture mêle rythmes entraînants et éclats cuivrés posés sur un tapis de cordes bruissantes de souvenirs de jeunesse, avec la voix inattendue du saxophone alto. Le deuxième mouvement, valse fantomatique, résonne comme une danse macabre, traversée de larmes discrètes de la harpe et de regrets fatalistes de sa Russie perdue. Les douze cloches finales du dernier mouvement   matérialisent la fuite du temps et la maladie de l’artiste, mais la tension laisse place à des vagues d’espoir et de lumière car le final convoque le Dies irae et un chant orthodoxe victorieux : combat entre mort et résurrection, tension extrême avant l’apaisement lumineux. Hermus insuffle vigueur et vérité à cette marche triomphale, où l’on entend presque résonner le mot de T. S. Eliot : « Ma fin est mon commencement ». Choose life !

Voilà bien une rentrée orchestrale éclatante, où l’énergie contemporaine, le romantisme ardent et la gravité crépusculaire se sont unis dans un même jaillissement. Et où, plus que jamais, la musique s’est révélée… fontaine de jouvence sous le soleil de septembre.

 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

https://www.bozar.be/fr/calendrier/belgian-national-orchestra-hermus-hadelich

 

Pour en savoir plus sur les danses symphoniques de Rachmaninov

 

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Le Masque de fer? Rouillé? Jamais!

Rouille et or s’y entrelacent : La couleur de l’amertume devant un monde qui raconte l’apogée et le déclin ? Ou un âge d’or rêvé ?

Un Masque de fer …spectaculaire

L’histoire énigmatique de l’homme au Masque de fer, un chapitre sombre et flamboyant du Vicomte de Bragelonne, ouvre la nouvelle saison du Théâtre du Parc. Rideau levé : au centre du plateau, un immense œil, presque vivant, nous fixe. Vision inquiétante, presque biblique — on songe à Caïn dans sa tombe, scruté par un regard implacable, de la plume immortelle de Victor Hugo. Thriller immédiat : serions-nous déjà enfermés avec le prisonnier sous son masque, et sur le point de découvrir de terribles secrets du XVII e siècle, contés par Alexander Dumas ? Il faudra bien du temps pour arriver à la lumineuse rencontre. Accomplir tout un chemin avec les célèbres protagonistes, et cette fois-ci… plusieurs femmes.   

Le premier tableau frappe de plein fouet : un père et sa fille croisent joyeusement le fer pour s’exercer….  Et, soudain, un meurtre. Et la  vaillante jeune fille en larmes, devant le corps de son père rendant son dernier souffle. Le ton est donné : violence, injustice, larmes, colère. Vengeance ?

 Le spectateur sera rapidement happé dans une incroyable mosaïque de scènes très brèves, incisives comme des éclats de feu d’artifice, brillantes comme des pierreries. Le décor pourtant, est nu et fixe  mais sans cesse innovant.  Les personnages surgissent, disparaissent, le rythme donne le vertige. Celui de notre époque ?  La narration semble une fuite en avant permanente. Vers un précipice ?

Voici donc le grand retour des mousquetaires. Vieillis, cabossés, mais soudés. Athos, Porthos, Aramis, d’Artagnan — et même Planchet, valet tellement attachant et fidèle. Maroine Amini, un favori de la scène bruxelloise.  L’Hôtel Bourguignon redevient le lieu des serments. Mais Thierry Debroux nous fait une surprise de taille, celle de ressusciter la terrible Milady, vénéneuse, imprévisible, spectrale, marquée au fer de la vengeance. Anoushka Vingtier est extraordinaire dans le rôle.  Dans son ample robe guerrière, de la verte couleur de la jalousie, celle du « the green-eyed monster », elle se pose en victime mais avance en prédatrice. À ses côtés, Mordaunt (Emilie Guillaume), fils maudit, silhouette au crâne rasé, troublante, évoque le miroir sombre d’une jeunesse désenchantée et dévoyée.

Et là, au centre, Bernard Yerlès. Son d’Artagnan est à la fois usé et lumineux, père contraint, soldat loyal, ami indéfectible. L’ombre du Masque de Fer pèse sur lui : ce prisonnier au visage effacé, frère possible du roi. Un second fils ? La légende du jumeau de Louis XIV plane, et Thierry Debroux la traite comme matière dramatique. Car oui, le prisonnier masqué a existé : les registres de la Bastille en attestent. Voltaire en a parlé. Et Pagnol, même ! Tout au long de la subtile intrigue, on voyage entre mythe et vérité. De Paris à Cannes, avec grande curiosité.

 Autour de Yerlès, une troupe de près de vingt comédiens compose la vibrante fresque. Chacun trouve son éclat, entre humour, émotion et flamboyance. On rit même avec Porthos (un formidable Eric De Staercke) qui hésite entre saucisson et pâté, on frémit avec la délicieuse Clémence (Clémentine Fargéas-Sichler) qui se bat pour l’amour au cœur des ténèbres, on tremble face à Milady, la revenante qui marche au-delà du destin. On s’émeut et on soupire avec la vie secrète d’Anne d’Autriche (une inoubliable Perrine Delers). Aramis, sous les traits de Denis Carpentier, joue finement ses différentes alliances.  Le sévère mais attachant Athos et son fils Raoul sont craquants de vérité sentimentale avec le beau duo Laurent Bonnet et Julien Besure.

 La splendide dramaturgie explose dans onze combats — chacun réglé avec une précision d’orfèvre par Émilie Guillaume, cascadeuse et chorégraphe, épaulée par Felipe Salas. Du duel intime au final apocalyptique à douze, six contre six, chaque affrontement devient une pièce de théâtre en soi. La beauté des échanges fascine. Il n’y a pas un combat de trop ! Certes, les mousquetaires ont vieilli, mais chacun garde son style de lame, sa respiration, son âme. Même rouillés, ils gardent leur panache. Leur esprit légendaire. Leur devise immuable : Tous pour un, un pour tous !  Les deux rampes inspirées d’un skate-park deviennent champ de bataille, et la salle sous le choc, admire. Même le balcon étroit qui domine le plateau sert de terrain de lutte mortelle.  Tout le vertige de la spirale de la violence est là…

 Aussi, chaque vêtement épouse et vibre avec son comédien, respire ses moindres émotions. C’est du grand art.  Les costumes sont pour la plupart, de véritables armures vivantes. En tout cas, ce que chacun donne à voir : les apparences ? En tout, quarante-cinq silhouettes imaginées par Béa Pendesini et son atelier. Cuir, scuba, mesh : matières hybrides qui allient noblesse et souplesse, beauté et efficacité. Les costumes royaux, lourds de perruques et traînes, ont été conçus pour traduire qui, la majesté, qui, la folie emplumée. Tout est message et mouvement ! Et, lorsque ... le Roi danse, la salle entière se trouve coincée et muette, devant l’image du pouvoir absolu, dansé, déclaré et clamé haut et fort. Un rôle porté avec grâce par Lucas Cruz.

La scénographie de Saïd Abitar et Thierry Debroux a choisi la rouille, la corrosion, la décadence ?  Mais aussi, l’aventure, le voyage imaginaire, le rêve du Bien ? Les savants éclairages, les niveaux multiples, les projections vidéo —balayent l’espace de l’ombre à la lumière. Tous les tableaux utilisent l’œil monumental pour évoquer d’une traite le nouveau lieu d’action. Autant que lorgnette de l’histoire, cet œil est aussi l’image d’un veilleur de nuit qui veille en permanence, symbole du temps et de la conscience.

Dans ce mythe du prisonnier sans visage, muré dans le silence, on traverse une épopée de fer et de chair, une légende réinventée en 2025 avec fougue et poésie.  Thierry Debroux signe à nouveau un théâtre total, où le souffle des mousquetaires ranime les souvenirs heureux des lectures de jeunesse, et incitera sans doute, - quel bienfait - les plus jeunes à la lecture des chefs d’œuvre classiques, nous menant dans une épopée qui ne finit pas… A never ending story… ?

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

Crédit Photos Aude Vanlathem

 

🎭 Du 4 septembre au 18 octobre 2025

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#LeMasqueDeFer #ThéâtreRoyalDuParc #OnARetrouvéDArtagnan #CascadesEtSecrets #MasquesEtMiroirs #BilletsEnVue

 

 

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Andrei Irimia à l’Église Notre-Dame de Laeken : un pèlerinage sonore entre ombre et lumière

Le 22 septembre 2025, l’Église Notre-Dame de Laeken accueillera le retour à Bruxelles du pianiste et compositeur roumain Andrei Irimia, figure montante de la scène néoclassique européenne. Après un premier passage en 2024 qui avait séduit un public curieux et attentif, l’artiste propose aujourd’hui un nouveau chapitre de son itinéraire musical avec un concert intitulé Lights & Shadows. Pendant près de soixante-dix minutes sans entracte, l’auditeur est invité à se laisser guider dans un univers sonore qui marie la délicatesse du piano minimaliste, la profondeur des cordes et la subtilité des textures électroniques.

Une rébellion en douceur

Dans un monde saturé d’images, de bruit et d’agitation, Andrei Irimia choisit la voie de la retenue. Sa musique se déploie comme un espace intérieur, une respiration qui échappe aux classifications rapides. Elle est à la fois intime et universelle, puisant dans l’émotion personnelle pour créer des paysages où chacun peut se reconnaître. Cette « rébellion tranquille » contre le vacarme contemporain ne se manifeste pas par la rupture, mais par la recherche d’une beauté dépouillée, d’un équilibre fragile entre tension et apaisement.

Formé en Roumanie, Irimia a très tôt éprouvé le besoin de dépasser les frontières académiques de l’interprétation pianistique. Son langage se nourrit de la tradition classique tout en dialoguant avec les influences contemporaines, qu’il s’agisse de la musique minimaliste, des atmosphères électroniques ou de la sensibilité néoromantique. Il en résulte un style immédiatement reconnaissable, à la fois ancré dans une écriture raffinée et ouvert à l’improvisation poétique.

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Des paysages émotionnels

Le titre Lights & Shadows résume bien sa démarche : explorer les contrastes de l’âme humaine et mettre en lumière ce qui, d’ordinaire, reste enfoui. « La musique, explique-t-il, devient un instrument pour créer des paysages à partir des fragments de l’existence. Les véritables trésors ne se trouvent pas en surface, mais dans les espaces cachés que l’on découvre seulement par la contemplation. »

Sur scène, Andrei Irimia ne sera pas seul. Il partagera l’espace sonore avec deux complices de choix : le violoniste Răzvan Paun, dont la finesse de jeu illumine les lignes mélodiques, et le violoncelliste Thibault Solorzano, qui apporte à l’ensemble une profondeur chaleureuse. Ensemble, ils forment un trio où chaque timbre dialogue et se complète, créant une alchimie subtile entre l’épure du piano, la clarté du violon et la densité du violoncelle.

Une esthétique néoclassique contemporaine

Depuis une dizaine d’années, la mouvance néoclassique attire un public toujours plus large, en quête de musiques instrumentales capables de conjuguer émotion directe et sophistication formelle. Dans ce paysage, Andrei Irimia s’impose comme une voix singulière. Là où certains choisissent la répétition hypnotique ou l’effet atmosphérique, lui privilégie la construction narrative, chaque pièce étant conçue comme un itinéraire émotionnel.

Ses enregistrements récents – Anao Marva, Fragments ou encore son concert Berlin – Live témoignent de cette volonté de bâtir des œuvres qui sont moins des morceaux isolés que des fragments d’une fresque plus vaste. Son écriture, volontairement épurée, ménage des silences éloquents, comme autant d’espaces laissés à l’auditeur pour compléter l’expérience par sa propre intériorité.

Un lieu à la mesure de la musique

L’Église Notre-Dame de Laeken, chef-d’œuvre néogothique bruxellois, offre un cadre idéal à cette musique. La résonance naturelle de l’édifice sacré amplifie les harmoniques du piano et des cordes, créant un halo sonore propice à l’immersion. La solennité du lieu, associée à la densité poétique du programme, transforme le concert en véritable pèlerinage intérieur, où l’on quitte pour un instant le tumulte du quotidien.

Une invitation au voyage

En s’adressant à Bruxelles, ville cosmopolite par excellence, Andrei Irimia poursuit son ambition : toucher le plus grand nombre par la force de la musique instrumentale. Son parcours illustre la vitalité d’une génération d’artistes européens capables de réinventer les traditions et de bâtir des ponts entre les cultures. Lights & Shadows ne se contente pas d’être un concert : c’est une invitation au voyage intérieur, une expérience partagée où chacun est convié à découvrir les lumières et les ombres de sa propre sensibilité.  

crédit photo: https://andreiirimia.com/photos/

https://linktr.ee/andreiirimiamusic

 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

 


Informations pratiques

  • Concert: Lights & Shadows

  • Artistes: Andrei Irimia (piano), Răzvan Paun (violon), Thibault Solorzano (violoncelle)

  • Date : 22 septembre 2025

  • Lieu : Église Notre-Dame de Laeken, Bruxelles 18H30! 

  • Durée : 70 minutes sans entracte

  • Liens & infos : www.andreiirimia.comEPK & médias

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Un scoop à Bruxellons!: Goodbye Norma Jeane

Goodbye Norma Jeane : miroir brisé, étoile survivante

Marilyn. Norma Jeane.  Fantôme lunaire de lumière et de chair, insaisissable papillon blanc, prisonnière d’un mythe qui la dévore. On croyait tout connaître d’elle, on croyait avoir traversé ses mystères, mais le théâtre, tel un élixir révélateur, ravive l’inconnu derrière l’icône : la femme fissurée, la tragédie à fleur de peau, en fichu, lunettes de soleil et manteau de fourrure. Mutilée par les regards.

Au Festival Bruxellons ! Dans une brillante mise en scène de Simon Paco, la nouvelle comédie musicale Goodbye Norma Jeane ose l’impossible : faire revenir Marilyn Monroe d’entre les morts. Un travail au scalpel.  Non pas l’icône figée, mais Norma Jeane, démasquée, la femme survivante, retirée du monde, et toujours secrètement hantée par son propre mythe. Dualité de corps. Et d’âme.

Hello! Norma Jeane, are you there?

Léovanie Raud, chatoyante brune, incarne Norma Jeane vieillissante avec une intensité prodigieuse : féline blessée, a cat on a hot tin roof, elle vacille entre confidences et éclats de lucidité. Norma Jeane va se défaire progressivement du maquillage de son histoire, laissant peu à peu voir l’abîme, le clown triste qui ne rit plus de sa propre mascarade. Face à elle, Maud Hanssens campe une Marilyn brûlante, belle, rare et mystérieuse comme la super lune bleue. Mais la beauté parfaite devient masque cruel.  Un double éclatant qui renvoie à Norma Jeane l’image de ce qu’elle fut, ou de ce qu’on voulut qu’elle soit. Deux présences, deux visages d’un même naufrage.

L’une papillon de jour d’un blanc incandescent, l’autre grand habitant aux couleurs fauves des bibliothèques de la nuit. L’histoire du papillon blanc est tragique, irrésistiblement attiré par les lumières, assoiffé de liberté et d’amour, il se brûle à chacun de ses envols…

Le trouble s’amplifie avec l’arrivée du jeune et pétulant journaliste américain, joué par Rémi Palazy, figure à la fois candide et intrusive. Un premier de promotion ? Un groupie ? Un enquêteur ?   Il rallume en elle la peur viscérale de Norma Jeane d’être encore utilisée, encore volée, vendue comme vulgaire marchandise ?  La rencontre vire au duel : la mémoire contre l’oubli, l’icône contre la femme. France Gall, l’icône française blonde elle aussi, avait bien raison…  Résiste ! Prouve que tu existes…

La mise en lumière de Laurent Kaye et la direction musicale d’Ilse Stroobant font merveilles et sculptent l’espace huis-clos en clair-obscur, soulignant la fragilité d’un récit qui hésite entre confessions et hallucinations. Le son, signé Vincent Debongnies, distille et souligne l’étrangeté d’une parole inscrite aussi dans les partitions invisibles de ce piano blanc omniprésent, pièce maîtresse du décor. Un instrument annonciateur, consolateur, qui scande élégamment le récit, jamais musique d’ambiance. La musique enveloppe la scène d’un halo fragile, elle fait du piano blanc un personnage à part entière – témoin silencieux de la confession impossible et pièce à conviction irréfutable.

Au-delà du portrait, la pièce ose une hypothèse vertigineuse : et si la mort de Marilyn avait été arrangée ? En contrepoint du drame des « seconds violons » Ah ! Le Pauvre Bobby ! Suicide utile, maquillage pratique pour l’ordre politique, CIA en coulisses, panique en sourdine, mythe ainsi mieux géré, plutôt que de laisser vivre des vérités qui dérangent. Comment peut-on échapper à l’œil du monde ?   Le propos semble aussi glisser dans les territoires profonds de Tennessee Williams et rejoint même le vertige d’un Kean : ces artistes prisonniers de leur rôle, en déroute, suppliant d’être reconnus pour ce qu’ils sont, et de pouvoir enfin vivre hors du masque. Vivre, c’est jouer, mais à force de jouer, on se perd.

 La salle retient son souffle. Les trois comédiens chevronnés auront rejoué de manière vertigineuse toute la magie d’une vie d’équilibriste « At the top », éblouissante et nue. Mise en abyme : toute la biographie affolante de Marylin y passe, en mode ultra rapide.  Etourdissant ! Les changements costumes et de postures théâtrales, discrets mais efficaces, chatouillent l’imaginaire. Les grands noms du 20e siècle défilent. On voudrait les retenir !  La Marilyn belge a capté toutes les poses, les humeurs et les chansons de la star. Devant nos yeux éblouis, elle fait vivre avec intensité la vie de l’icône de papier glacé, nourrie de diamants, d’alcool,de cachets et de désillusions en séries… « A material girl » ? Une vie que la star a choisi de quitter… They say.

Sous la lumière crue, dans la nudité bouleversante d’une vérité arrachée à l’oubli, Norma Jeane parle, Norma Jeane tremble. Et elle existe.

Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’LA DERNIÈRE NUIT DE MARILYN MONROE AVEC MAUD HANSSENS Goodlbge, RÉMI PALAZY LÉOVANIE RAUD ILSE STROOBANT Norma UINE COMÉDIE COMÉDIEMUSICALE MUSIC ALLARD BLOM SAM VERHOEVEN Festival ηεε! MISE ASSISTANAT À PARTIR DU 24 AOOT 2025 Château du Karreveld bruxellons.be SCENE SIMON PACO DIRECTI ISE SEEN NSCENE DELPH INCENT DEBONGNIES MUSICALE ILSE STROOBANT ADAPTATION RANCAISE STEPHANE LAPORTE LAURENT KAYE PACO RRUC VERONIQUE LACROIX NE COPRODJe ΠΟΝ PRODUCTION วะ COOPE PRODUCTION P프포 beside PERI HOSTALGE by ご0’

 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

Avec Maud Hanssens, Leovanie Raud, Rémi Palazy & Ilse Stroobant, dans une mise en scène de Simon Paco.

Direction musicale et arrangements : Ilse Stroobant,

Adaptation française : Stéphane Laporte,

Assistanat à la mise en scène : Delphine Peraya,

Costumes : Simon Paco,

Lumières : Laurent Kaye,

Sound design : Vincent Debongnies,

Perruque : Véronique Lacroix, une production du Festival Bruxellons !

 

 

 

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Texte et image du jour

Cette célèbre icône russe du XVe siècle représente la Dormition (l'endormissement) de la Vierge Marie. Le Christ retire son âme pure de son corps tandis que les Apôtres se rassemblent du monde entier pour dire adieu à la vie terrestre de Marie.
Il est dit que son corps fut emporté au ciel trois jours plus tard. Le saint apôtre Thomas, absent lors des funérailles, se rendit plus tard au tombeau. Dans sa tristesse, le tombeau fut ouvert à sa demande pour qu'il puisse lui faire ses adieux tendres et respectueux, et on découvrit alors qu'il était vide. Ainsi, cette icône représetne à la fois la mort terrestre de Marie mais aussi son élévation au ciel par son fils qui vient à elle...

Le texte du jour de  ma grande  amie invisible
(mais on ne voit bien qu’avec le cœur) Isabelle Debiève, amie de feu Robert Paul

15 août 2025

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Peut être une image de la Basilique du sanctuaire national de l’Immaculée Conception et texte

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Ce 12 août,  au festival  Classissimo, le tango nuevo d’Astor Piazzolla s’est glissé entre les murs accueillants du Théâtre Royal du Parc avec "de vrais musiciens dans l’âme".

L'ensemble Astoria a fait vibrer ce lieu jusqu’aux larmes, entre étreinte et vertige, offrant un vaste bouquet de vibrations des tropiques venant d'outre-mer, un mélange de rock, latino, Groove et jazz exhalant des sonorités et des rythmes uniques et inimitables. Astoria a ainsi ouvert pour nous les portes de El Mundo de Piazzolla (1921-1992), et le bandonéon de Christophe Delporte a su trouver tout de suite le chemin de nos cœurs.

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Le programme débute avec une saison chargée de mélancolie, l’automne, Ottono porteno – Savourez ! Rien a-à voir avec Vivaldi ! Il est des concerts qui vous laissent un goût de sel sur les joues, sans que l’on sache si c’est la mer d’Argentine ou la mer intime de nos émotions qui l’y a déposé.

Astor Piazzolla, né à Mar del Plata en 1921 de parents italiens, façonné par New York, amoureux de son bandonéon et génie du tango nouveau, bouscule les frontières musicales en y mêlant le classique, le jazz, le rock et la mélodie populaire argentine. Plus on l’écoute, plus cette musique se fait intense et dramatique, elle chavire l’âme comme une étreinte soudaine et imprévue.

Astoria c'est Christophe Delporte (bandonéon, accordéon), Isabelle Chardon (violon), Dino Anglani (piano), Adrien Tyberghein (contrebasse) et ce soir, une jeune chanteuse, la soprano Fany Julien. Ensemble, ils ont incarné ce souffle musical nouveau de Buenos Aires, rarement représenté sous nos frais climats mais réchauffement bienvenu des cœurs. On se sent très vite happé par une énergie qui flirte avec des transes inconnues. C'est toute la magie du spectacle vivant !

Bien sûr il y a l’alchimie Astoria à la clef ! Depuis 2004, Astoria adapte et transcrit l’œuvre de Piazzolla en conservant ses sortilèges rythmiques et mélodiques, tout en lui donnant l’ampleur de la salle de concert. La rigueur classique se marie à l’instinct du tango : précision millimétrée, mais cœur palpitant à chaque mesure. En prime, lors du spectacle, cet humour incoercible et débordant qui anime Christophe Delaporte, le meneur de jeu, à chaque interstice du programme. Le rire généré dans le public est tellement désarmant que l’ensemble n’a plus qu’à cueillir nos âmes friandes d’émotions. Ou comment rendre une soirée inoubliable. Invierno –, encore une saison, s’est envolée avec des échos de Pachebel ! Enfin, le très attendu Libertango – (1974), dans un arrangement pour le bandonéon, emplit la salle de cette tension particulière, entre urgence et retenue. C’est beau comme une prière. Et c’est l’ovation. Et puis… Christophe Delporte enchaîne avec une surprise : Oblivion – (1984), joué de manière bouleversante sur un acordina, sorte de petit clavier dans lequel on souffle chacune de ses émotions. L'artiste à nu, a ôté ses lunettes et offre une sorte de valse lente … à pleurer. Life is short, but so beautiful!

La Voix. À chacune de ses apparitions, l’invitée, Fany Julien (jeune talent Imep), a offert sa voix, avec une sincérité presque crue, donnant à Piazzolla la présence et l’éclat d’une splendide et mystérieuse étoile. On la découvre avec Sera que estoy llorendo – et Regreso el Amor – deux chants splendides et merveilleusement habités. Et pour se remettre des émotions, pas d’entracte, bien sûr…  Il faut bien une pause : Seul tout Seul –, avec le duo Contrebasse et Accordéon. Enfin, La Milonga sin Palabras suspend véritablement le temps avec le pur ruisseau et la magnifique fraîcheur vocale de la chanteuse. Il est fait de vocalises de berceuse, de roucoulements, de presque silences, de vibratos envoûtants posés comme par un heureux hasard sur la Contrebasse et la respiration du Bandonéon.

Côté instrumental, c'est l'heure de gloire de Leonardo Anglani, l’infatigable pianiste qui explore son clavier sur toutes ses facettes. C’est brillant, vigoureux et débordant d’énergie, ponctué parfois de vertigineux coups de balayage du clavier pour la finale. Le seul à utiliser des partitions papier ?

Le violon d’Isabelle Chardon, violoniste soliste à l’Orchestre National de Belgique et chargée d'enseignement à l'Imep, s’est livré à des miaulements de toit brûlant, des plages de tendresse, de piquantes envolées expérimentales. Tantôt pleurant comme une mémoire ancienne, ou chantant comme une espérance nouvelle, Isabelle Chardon, danse sa passion sur son siège et ses ensorcellements entortillent l’oreille !

L’immense contrebasse d’Adrien Tyberghein (diplômé du prestigieux Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris et de l’école Didier Lockwood.) a déroulé des tapis de velours sombre, elle a fait bourdonner ses pizzicati tantôt farceurs, tantôt douloureux. Son archet a parcouru des mélodies du plus pur romantisme, alors que le formidable bandonéon respire tout comme une puissante et tragique voix humaine. Au fait, si Christophe joue les yeux fermés, a-t-il vraiment besoin de partitions ?

Le public se voit totalement transporté dans leur Concerto pour Quintet–, lancinant, beau et incantatoire avec ces quatre musiciens full colours ! L’ailleurs était partout sur scène, pour se fondre ensuite dans un soupir. Silence.

Mais c’est avec le tango Adiós Nonino – (1969) la composition la plus célèbre de Piazzolla que les yeux n’obéissent plus et se remplissent de larmes. Les nombreuses variations de tempo contiennent l'irréparable perte de son père lors d'un accident de bicyclette subie en 1959 et la terrible puissance du destin. Chaque note semble embrasser l’amour perdu, mais évoque aussi la fierté et la colère. Un fil invisible relie le musicien à ceux qui l’écoutent.

Des bars enfumés de la rue au théâtre, sans rien perdre, a réussi l’exploit de ne pas trahir l'âme charnelle de Buenos Aires. Chaque respiration, chaque accent, chaque silence a un poids et une raison. On voyage d’un faubourg de tango à une salle de bal rêvé, du cri du bandonéon au murmure du violon. Ce soir, Piazzolla n’est plus une légende lointaine : il était là, assis parmi nous, jouant à travers les interprètes de son œuvre et on sort de la salle émerveillée, avec l’étrange impression d’avoir été embrassée par la musique. Yo soy Maria – a conclu la chanteuse !

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 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Astoria

MARDI 12.08.25 - 20:00

El Mundo de Piazzolla

Christophe Delporte, bandonéon, accordéon

Isabelle Chardon, violon

Dino Anglani, piano

Adrien Tyberghein, contrebasse

Invitée: Fany Julien, chant (Jeune talent )

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administrateur théâtres

09 août 2025.  Avec Gluck, un invisible Victor Hugo, et Mozart réunis dans la même soirée, sans compter Schubert et Verdi, on a de quoi faire battre le cœur de n’importe quel mélomane. A night at the Opera?  Merci au maître de musique, Marc Grauwels de nous avoir concocté des rencontres musicales aussi foisonnantes et surprenantes lors du festival Classissimo.  

Silence religieux. Les Champs-Élysées de Gluck s’ouvrent sur un menuet: danse pure, aérienne, d’une flûte radieuse et de la pianiste qui l’accompagne. Chemise à fleurs (même stylisées) oblige, le flûtiste, Marc Grauwels en Gauguin de la musique, y fait flotter chaque note comme une respiration suspendue. La scène est à lui, il se balance comme roseau au vent. Comment séparer musique et danse?

Ensuite vient la plainte noble et poignante de Marie-Juliette Ghazarian, mezzo-soprano, en longue robe de soirée, vert forêt noire. Rien n’est égal à mon malheur, « J’ai perdu mon Eurydice » — un cri d’amour éperdu, soutenu par la sobre tendresse du piano de Marie Datcharry.

Aussi vêtue d’une longue robe vert pastoral, la soprano Marion Bauwens se drape dans Schubert: Der Hirt auf dem Felsen. Se déploie alors un dialogue à trois voix : soprano, clarinette et piano. La clarinette de Ronald Van Spaendonck, d’abord ombre discrète, se fait de plus en plus volubile, même, carrément dansante elle aussi. La pianiste se berce dans les accords insistants percutés avec régularité et vigueur. Un magnifique solo de la clarinette précède la joie du berger ,heureux de s’élancer vers le printemps … éternel! Quel regard sur l’infini dans les dernières notes printanières de  cette ravissante soprano!

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Et, surprise! Marc Grauwels, rompant le charme, annonce subitement une pause pour la voix! Les chanteuses ont disparu! Il explique qu’une flûte peut très bien imiter tout un orchestre ! En témoignent ces fameuses fantaisies brillantes, souvent jouées dans les salons au 19e siècle, surtout tellement prisées par ceux qui ne pouvaient pas se payer l’opéra! Ce sera un vrai défi de virtuosité et de précision pour qu’une flûte puisse imiter tout un orchestre et même une voix! Mais la maestria et l’humour font tout et le public aurait presqu’envie de … d’accompagner et de chanter La Traviata! Pendant l’exercice ! Magique, cette flûte traversière et bourrée d’esprit!

Après l’entracte, ce que les chanteuses vont faire est inouï! Nous faire imaginer un ins-tru-ment, car cette fois c’est la flûte qui est invisible!

Marion nous présente en effet  «  Une flûte invisible» ,œuvre de Camille Saint Saens pour voix, flûte et piano. Sur un poème de Victor Hugo. La soprano porte la tendresse d’un message d’amour invisible, la flûte en est l’écho invisible et mystérieux.

Une flûte invisible soupire,

Et, par instants, un chant léger

Semble, dans l’air qu’on croit respirer,

S’élever comme un vague sourire.

Ce doux charme qui vous attire

Vient-il de loin ou de si près ?

Est-ce une voix dans l’air discret,

Ou n’est-ce qu’un souffle qui expire ?

 Puis, c’est au tour de Marie-Juliette Ghazarian de flirter avec l’invisible. Sur le même poème, dans une amplification musicale d’ André Caplet, ce favori des jeunes pianistes… Le timbre est plus sombre, élégamment voilé, avec l’impression que la voix vient du lointain, comme  le parfum d’un souvenir.  

Ensuite, Marie-Juliette, toujours soutenue par la flûte traversière, bien présente celle-ci, et  la fidèle  pianiste ,enchaîne les cœurs avec « La flûte enchantée». Clin d'œil, c’est une mélodie pour voix et orchestre de Maurice Ravel sur des vers d'un artiste des années 1900, Tristan Klingsor

Enfin, le jeu des imitations instrumentales reprend. C’est au tour de la clarinette de tenter l’expérience de mimer la voix absente. Avec Louisa Miller, de Verdi.

Puis les deux compères, sans doute galvanisés par l’aventure, se piquent de remonter… Rigoletto! Rien de plus drôle cette Dona e mobile! Il y a de quoi se tordre de rire! On espère même que ce sera le Bis! Les instruments remplacent la voix lyrique. Sans paroles, mais avec phrasé et respiration, ils redonnent aux airs de Verdi toute leur vitalité dramatique. Marc Grauwels a même du taire les applaudissements pour se livrer à ce programme de haute voltige, toujours soutenu avec sourire par la fidèle Marie Datcharry au piano.

L’apothéose de la soirée? Un final Mozartien, l’accord parfait. Les deux chanteuses se réunissent en duo de sylphides en voiles verts, pour interpréter avec beaucoup d’allant deux joyaux de Mozart :  "Ah perdona al primo affetto" (La Clemenza di Tito) et "Via resti servita madama brillante" (Les Noces de Figaro)

Des dialogues vif-argent, bien joués, comme à l’opéra,  où voix et instruments se mêlent, comme pour sceller cette amitié musicale née sous la coupole du Théâtre Royal du Parc. Ce soir, Flûte et Voix se sont échangé leurs âmes devant un public à la fois médusé et heureux. Tantôt suppléantes, tantôt indissociables, elles racontaient la même vérité : que la musique est toujours une histoire d’amour.

@Festival Classissimo Du 07 au 13 août 2025

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

   

 

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administrateur théâtres

MOMO – Une farce… qui vous serre la gorge

On croyait s’installer à Genval, sur l’herbe ou dans les chaises longues sur les copeaux de bois pour une soirée légère, on est ressorti, ayant bien applaudi, le cœur partagé entre éclats de rire et pincements à l’âme.

 Momo, au Théâtre de la Toison d’Or (en collaboration avec le festival Il est temps d’en rire à Genval), c’est ce genre de pièce qui vous prend par surprise : d’abord joyeuse absurdité, explosions de rires, puis glissement insensible vers des zones plus sombres, plus poignantes.

La situation, déjà, est un bijou de surréalisme : un couple sans enfants voit débarquer chez lui un jeune homme qui parle bizarrement mais affirmant après bien des tâtonnements vocaux, être leur fils.  Il finit par annoncer qu’il va se marier, invite chez eux la petite amie pour les présentations aux « parents », à la façon d’un thriller surréaliste, tout semble concourir à prouver qu’il dit vrai. Absurde ? Oui. Mais aussi terriblement troublant. Car derrière la farce, c’est notre rapport aux liens, au sang, et même à la mémoire qui vacille.

Explosion de rires donc, grâce à des dialogues acérés et à des situations qui ne cessent de flirter avec le boulevard… mais le comique est comme une peinture posée sur une façade malade. un vernis posé sur la coque d’une barque fendue et alors apparaissent les tragédies humaines que chacun porte. Le texte de Sébastien Thiery (déjà comparé par certains à un Koltès en goguette) tisse ce trouble avec un art consommé.

Et puis, il y a l’équipe : une Hélène Theunissen magistrale, virtuose de toutes les féminités, Thibault Packeu, un Benoît Van Dorslaer absolument parfait et Aurianne Servais, tous au sommet de leur engagement de comédiens. Chacun apporte sa couleur : exubérance, tendresse, colère, comique, sérieux,  folie douce… Le metteur en scène Thibaut Neve avoue : « Il y a des textes qu’on porte en soi sans savoir pourquoi, jusqu’au jour où des comédiens vous révèlent la clarté du mystère. » On comprend mieux en voyant la précision avec laquelle il cadre l’absurde, sans jamais le laisser déborder en pur non-sens.

Si l’on devait trouver un bémol, il serait peut-être dans ce balancement : certains spectateurs voudront rester du côté du rire pur et se sentiront déstabilisés par les teintes plus graves qui s’installent. Mais c’est justement ce qui fait la force du spectacle : cette sensation d’être entré dans une comédie, et de ressortir de cette incroyable fable humaine, un peu échevelé. Fils de personne, enfant de tous, Momo nous rappelle que l’absurdité, parfois, c’est la plus belle façon de parler au cœur. Et, au diable les puristes des  filiations de sang !

 

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Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

🎭 Infos & réservations : ilesttempsdenrire.be 

 

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administrateur théâtres

En mode… ravissement molto precioso !

 

On s’est retrouvé, ce jeudi 7 août, dans la magnifique salle du Théâtre royal du Parc à Bruxelles pour l’ouverture de la 19e édition du festival Classissimo, sous la houlette de Marc Grauwels, flûtiste et directeur artistique du festival Une promesse de belle qualité… Alors, qu’en sera-t-il pour la 20e ?

 

Le festival démarre en beauté avec l’Orchestre de chambre de Waterloo, dirigé par Guy Van Waas au clavecin et à l’orgue, dans un programme sans entracte entièrement consacré à Pergolèse.  Le point d’orgue sera un Stabat Mater à couper le souffle.

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Côté voix, on découvre la jeune soprano Aline Giaux, pour la première fois aux côtés du contre-ténor d’exception Logan Lopez Gonzales. Deux voix qui se conjuguent avec grâce, se projettent et rencontrent l’âme des spectateurs.

 

Lui, en élégante tenue de soirée noire. Elle, pleine de grâce, en longues manches d'un blanc immaculé,  qui lui donnent des allures d’ange. Tous deux séduisent d’emblée, par leur image autant que par la sensibilité musicale qu’ils déploient. Pas à pas, vocalise après vocalise, ils nous entraînent dans une ascension vers une transfiguration de l’œuvre. Leur maîtrise vocale est impeccable, souple, nuancée, jamais affectée. Dans une forme de dépouillement habité, la beauté de leur timbre va droit à l’essentiel : nous inviter à la contemplation du Beau, du Bon, du Vrai. C’est tout simplement saisissant.

 

On flotte, librement, dans le courant des émotions. La jeune mère est éplorée, certes. Le monde gronde. Mais tout semble baigné de plus en plus de lumière et d’espérance. La souffrance sera dépassée. Le lien mère-fils est si fort, si absolu, qu’au 7e tableau, on croit voir apparaître un Christ jeune et resplendissant, venu rassurer sa mère sur l’éternité de l’amour partagé. Entre chaque tableau de ce chemin vers la joie, la salle retient son souffle. On écoute, en empathie profonde, cette musique qui nous touche au cœur. Car seul l’amour sauve.

 

Et ce qu’on a vécu ce soir-là ne se vit pas en écoutant un CD, même le meilleur.

 

Le concert avait débuté dans une belle cohérence, une fluidité souriante, avec l’ouverture de La Serva Padrona et le Concerto en sol pour flûte et orchestre de Pergolèse, interprété dans un tempo allegro spirituoso. Un peu de joie avant les larmes de la Vierge! La flûtiste Kalliopi Bolovinu, armée de son piccolo, nous a emmenés avec fermeté, douceur et délicatesse dans des champs et des vergers peuplés d’oiseaux ivres de bonheur.

 

C’est ça, le paradis ?

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administrateur théâtres
Y’a d’la... Y’a d’la voix !

Sachez que La v o i x va bientôt régner en majesté, au Théâtre Royal du Parc. Du  7 au 13 août, le festival de musique Classissimo revient, comme chaque année, dans son lieu de prédilection, au cœur de la ville, avec une 19e édition fort prometteuse consacrée simplement à la v o i x. Espérons qu’après l’expérience, c’est nous qui serons …sans voix !

Une thématique aussi vaste qu’intime, lors de  huit  soirées où elle se fera tour à tour prière, émotions tragiques, dramatisation, mémoire, engagement ou pure jubilation musicale et auditive. Miroir de l’âme.

Y’a d’la voix ! accueillera aussi bien des artistes chevronnés qu’une jeunesse dynamique, bâtisseuse d’avenir.

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Les programmes sont éclectiques : des pages sacrées de Pergolèse, aux polyphonies du monde, au riche répertoire lyrique, à l’engagement,  à des  œuvres de Piazzola ; le festival abolit les frontières esthétiques tout en restant fidèle à ses exigences artistiques. Et tant pis si le mot “éclectique” est devenu parfois un cliché journalistique : ici, il n’est pas galvaudé. Il est vécu avec fierté.

 Dans le large choix du florilège, voulez-vous que je vous propose trois rendez-vous majeurs à ne pas manquer ?

 Je dirais tout de suite, le Stabat Mater de Pergolèse qui ouvre le Festival le 7 août. Il s’annonce comme un sommet d’émotion et de beauté de l’époque baroque. Ce chef-d’œuvre de la musique sacrée est une méditation poignante sur la douleur de la Vierge, agenouillée au pied de la Croix, où elle voit mourir son fils. Cette œuvre sera portée par de très belles voix soprano et  contre-ténor, et un ensemble instrumental  pétillant. Une œuvre qui a « l'effusion lyrique de l'opéra et la profondeur spirituelle de l’oratorio ». Un Chemin de Croix en 12 stations bouleversantes où les spectateurs, confortablement assis dans le cadre feutré du théâtre, ne pourront que retenir leur souffle, sans aucun … bâillement !

 Autre moment fort : le concert avec de jeunes et talentueux "graduates" de l'école internationale de Musica Mundi (le 10 août), qui réunit de jeunes  musiciens  venus du monde entier, pour faire leurs études musicales dans notre pays. C’est, à l’évidence, l’esprit généreux du dialogue interculturel qui préside dans cette école. Deux de leurs lauréats, âgés d'à peine 20 ans, Ilke isi Tunker(TU)violon et Dobromir Dobrev(BU)piano  viennent de recevoir  une bourse d'étude pour la prestigieuse école supérieure de musique Royal College of Music of London. Ces jeunes talents proposeront un programme Beethoven et Ravel  avec toute la fraîcheur et l’intensité dont ils sont les garants. Heureux qui communique ! Et ce, dans le langage artistique le plus universel qui soit. Heureux ceux qui  peuvent recevoir ce cadeau ! On sera à l’affût de cette tension  encore adolescente qui, parfois, fait voler les partitions. Comme on se réjouit ! Mais ce n'est pas tout, vous irez à la rencontre de l'immense citoyenne du monde, née en Belgique, Joëlle Srauss:  à elle seule, tout un laboratoire musical! Surprise, surprise. Parole de Condor! 

 Enfin, les amoureux d’art lyrique seront comblés avec la soirée “ A Night at the Opera” (le 9 août), où de grandes voix belges et internationales se retrouveront pour interpréter des pages frissonnantes du répertoire, condensées en une soirée d’initiation pour les uns, de plaisir raffiné pour les autres, à l’écoute d’un choix d’airs célèbres et de duos emblématiques, servis par des artistes, jeunes  ou  confirmés, ..passionnés. Consultez le site pour tous les détails.

 Bref, un festival ouvert, curieux et chaleureux, mu par une ferme volonté de transmission. Un idéal de vie !

Sans compter que chaque soirée est présentée de façon vivante et enthousiaste par le flûtiste et directeur musical, Marc Grauwels.  Tantôt concert pour familles, parfois formules plus serrées et courtes, invitations au dialogue entre les genres, tout est pensé pour que chacun – mélomane aguerri ou auditeur novice – y trouve … d’la joie !  Cela s'adresse à un public, sans doute…fort éclectique, lui aussi.

En clôture de ce festival, le mercredi soir 13 août, un fantastique hommage à l'Ukraine par trois artistes, deux sopranos et un pianiste: "Ne me demande pas, pourquoi mes yeux pleurent". Accents de nostalgie, de peine amoureuse, de profond attachement à la terre natale mais aussi, force d'âme indomptable et fierté vibrante des origines. Dans un Programme varié, mêlant Haydn, Mozart des compositeurs italiens, Fauré, Bernstein et ... tout le folklore ukrainien!  

Alors, prêts à vous laisser ravir ? Le Théâtre Royal du Parc cet été ? Transformé en un véritable laboratoire vocal : un lieu où la voix, sous toutes ses formes, s’élève, émeut, bouleverse et enchante.

 

https://www.classissimo.brussels/ Accueil

 
 
 
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administrateur théâtres

Spectacles

Un beau spectacle déambulatoire et …baroque : Le Bossu de Notre-Dame

  Quatrième année. Après les succès de La Guerre des boutons – Made in BelgiumLa Belle et la Bête et Alice au pays des merveilles au Château de Rixensart, le nouveau spectacle de Damien De Dobbeleer, librement inspiré de l’œuvre de Victor Hugo, devient un conte moderne, plein de fosses et bosses, à la fois édifiant et moqueur. Une distribution pleine d’allant y croise quelques sillages inattendus d’humour belgo-belge plutôt rafraîchissant. Et bien sûr, quelques flambées d’anachronismes. Certains tableaux s’inscrivent même dans l’esprit des œuvres satiriques de James Ensor.

 

Le Bossu de Notre-Dame du 8 juillet au 9 août 2025

Trois hommes tombent donc en extase devant Esmeralda, la libre bohémienne, et c’est bien là, l’origine de leur tourment : Phoebus, prêt à renier, malgré une déclaration passionnée en langue d’Elvis, Fleur-de-Lys et ses bruyantes copines d’enterrement de vie de jeune fille. Frollo, cette figure fort trouble, juge, censeur, prêtre, assassin ? Et cet être difforme, ce Quasimodo, créature solitaire abandonnée à la naissance, qui appelle tout de suite à la compassion.

Les thèmes sont clairs : haine, vengeance, jalousie, orgueil, cruauté, mépris… mais aussi la solidarité, la compassion, l’écoute. Un véritable kaléidoscope de sentiments humains.

L’échafaudage narratif est parfois un peu branlant, mais il y a de l’audace dans la démarche, du courage dans les intentions. Les traits d’humour critiquent sans détour les dérives de notre société et frappent juste. Il y a aussi quelques lenteurs, certes, mais les messages circulent dans une atmosphère tout-à-fait bon enfant. Après tout, c’est l’été — et le public vient pour s’amuser.

 Les enfants, c’est la surprise. Ils participent au spectacle avec une énergie magistrale. Si jeunes, et déjà si déterminés : ils déclament, jouent, bondissent, s’approprient le texte avec brio et naturel. Trois jeunes rois mages ? Peut-être. Mais surtout une source de lumière, d’espoir, et de joie de vivre.

Pause. Et si…

Si ce spectacle était une nourriture ?

Ce serait une planche apéro.

Un animal ? Une fourmi.

Une musique ? Le chant des misérables.

Un pays ? Celui où l’on n’arrive jamais.

Une plante ? Les simples du cloître.

Une boisson ? Le verre d’eau rafraîchissant.

Un véhicule ? Les ailes du désir.

Une addiction ? Les champignons.

Une fleur ?  La fleur-de-lys rouge.

Une cloche ? Celle du bonheur.

Et fi donc !  des m'atuvus, des tribunaux ecclésiastiques, des policiers en mal de puissance, des surtouristes en visite guidée dans la Cathédrale, de l’anglais de bâtons de chaises du latin de cuisine ! La critique est omniprésente, et c’est tant mieux.

Continuons. Le Bossu de Notre-Dame résonne comme un hymne sincère à la différence. Merci les tambourins !

C’est aussi une fresque cruelle et sombre où la bonté est rare. Quasimodo, reclus difforme, mais au cœur immense, émeut plus qu’il ne suscite le rejet. Hélas ce n’est pas son âme que l’on juge, mais son apparence. On l’a méchamment hissé en roi grotesque, on l’a célébré comme une figure de foire en folie… avant de le rejeter comme un monstre qui dérange. Car, dès le début, ce carnaval cruel – cette inversion institutionnelle des normes – révèle avec brutalité le cœur insensible d’une société qui préfère le spectacle à la vérité, la norme à la nuance.

Et pourtant… tout au long du spectacle une main païenne ne cesse de se tendre. Celle d’Esméralda, libre et lumineuse, elle qui reconnaît en Quasimodo un frère d’exclusion et ne rêve que de Justice, condamnant avec force trucages et autres mascarades ! Marginalisée elle aussi, traquée pour ses origines, elle incarne la résistance. L’insoumise. Celle qui défie les hypocrisies.

Au diable les champignons ! Face à Frollo, incarnation glacée de l’ordre implacable, Esméralda danse et devient flamme et lumière. Elle sauve Phoebus avec ses herbes, elle ne sauve pas Quasimodo mais dans une scène inoubliable, par sa voix, son chant et sa danse, elle l’humanise, pour lui-même et aux yeux du monde. Le vrai miracle qui passe peut-être inaperçu.

En fin de compte même ce vrai roi titubant, ce maigre roi Louis XI, ce fondateur du royaume de France, haï par son propre peuple, appelle, lui aussi à notre compassion. La mise en scène souligne son air perdu et désespéré ! Quel triste sire, si fragile, sous le poids de sa gigantesque couronne ? Écrasé par sa fonction ? Qu’il est pathétique, le pouvoir en quête d’absolutisme ! Et si tristes, ses guerres ravageuses…

Mais si drôles les apparitions du piaffant cheval gris perle ! Les enfants …adorent !

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

vu le 25 juillet 2025

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INFOS PRATIQUES

Distribution

PRODUCTION, ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE : DAMIEN DE DOBBELEER
PRODUCTION ET COLLABORATION ARTISTIQUE : MELISSA LEON MARTIN
COLLABORATION DRAMATURGIE : SELMA ALAOUI
COLLABORATION ÉCRITURE : GERNOT LAMBERT
ASSISTANTE ARTISTIQUE / PRODUCTION : ROMANE GAUDRIAUX

ACTEUR.ICE.S : SARAH BER (ESMERALDA), BENJAMIN BOUTBOUL (QUASIMODO), DIDIER COLFS (FROLLO), NICOLAS KAPLYN (PHOEBUS), ERICO SALAMONE (LE ROI), AURELIE FRENNET (EDMONDE), PHILIPPE Brion, EDOUARD DIONNET, SEBASTIEN FILIPOZZI, EMILIE GRECO, RAPHAËL MEDARD, MARGAUX MONARD, MATTEO SALAMONE (JEHAN), MARIE TECK, Elise Villance

DANSEUSES : ARMELLE EYENGA, MAYLIS VITRAC
ACTEUR.ICE.S ENFANTS : ZAIA BOUTBOUL, THEA DE BOECK, OSCAR FRANEAUX-LEROY, MARGOT LARUEL-WEBER, JOANNE MARTENS, Tibère de Wilde d’Estmael

SCÉNOGRAPHIE CONCEPT : BENJAMIN MUZART, JULIA RENAUDOT
SCÉNOGRAPHIE RÉALISATION : CAROLINE LUMIA, Anatole Edelsztein, melissa Gaurat, louise Dupont

COSTUMES, MASQUES ET ACCESSOIRES : MARIA SPADA & AURÉLIE WEBER
ASSISTANT COSTUMES, MASQUES, ET TISSU SCÉNOGRAPHIE : BAPTISTE ALEXANDRE
STAGIAIRES COSTUMES : CLOVIS BRENEZ, NATHALIE VIALARION

CONSTRUCTION TECHNIQUE : PIERRE DURDUR, PHILIPPE BREMS
MAQUILLAGE : INÈS INFANTI, Florence Jasselette.
CRÉATION LUMIÈRES : JEROME DEJEAN
CRÉATION SONORE : LAURENT BEUMIER

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