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théâtre (449)

administrateur théâtres

La Thébaïde est considérée comme une oeuvre de jeunesse, mais la beauté et la force des vers de Racine sont déjà là. Le sous-titre de cette tragédie, "Les frères ennemis", désigne Etéocle et Polynice, qui se battent pour le trône de Thèbes sous le regard éploré de leur mère Jocaste. Antigone n'occupe pas le premier plan, mais n'en demeure pas moins un personnage marquant. Quand les vertus de la réconciliation  sont ...bafouées. Présenté au Théâtre des Martyrs.

Première pièce de Jean Racine représentée et publiée en 1664, il a alors 24 ans et marche contre la guerre. Dans son introduction, Racine écrit : « La catastrophe de ma pièce est peut-être un peu trop sanglante. En effet, il n’y paraît presque pas un acteur qui ne meure à la fin. Mais aussi c’est la Thébaïde, c’est-à-dire le sujet le plus tragique de l’antiquité. »

Il explique aussi que l’amour, qui d’ordinaire prend tant de place dans les tragédies, n’en a que très peu dans la sienne et touche plutôt des personnages secondaires. Ce qui l’occupe c’est bien la haine viscérale profonde que se vouent les deux frères ennemis, Etéocle et Polynice condamnés par un destin implacable, à s'entre-tuer.

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« De tous les criminels, vous serez les plus grands –Silence– »

Les personnages:

ÉTÉOCLE, roi de Thèbes.

POLYNICE, frère d’Étéocle.

JOCASTE, mère de ces deux princes et d’Antigone.

ANTIGONE, sœur d’Étéocle et de Polynice.

CRÉON, oncle des princes et de la princesse.

HÉMON, fils de Créon, amant d’Antigone.

OLYMPE, confidente de Jocaste.

ATTALE, confident de Créon.

UN SOLDAT de l’armée de Polynice.

Gardes. 

La scène est à Thèbes, dans une salle du palais royal.

Cédric Dorier, le metteur en scène ne ménage pas son public. Point de toges antiques, de gracieuses couronnes, de colonnades dorées par le soleil au milieu de champs couvert de coquelicots rappelant pourtant le sang des Atrides sous l’immensité bleue d’un ciel d’Attique… Non, nous sommes conviés aux premières loges d’un huis-clos dont les couleurs glauques sont habitées par l’esprit de 1984, Ninety-eighty Four, la tragédie humaine la plus noire que l’on puisse lire, inventée par George Orwell en 1948. Et dont, jour après jour nous voyons les sombres prédictions se réaliser. Tout autour de ce QG militaire, où règne encore le bon sens de la très attachante Jocaste, on perçoit les bruits du monde dominés par la guerre. A chaque ligne du texte, Jocaste, aidée d’Antigone se dépense corps et âme pour sauver la paix avec une volonté farouche et un instinct de vie incandescent. Saurons-nous écouter ses prières et ses imprécations ? Le texte est envoûtant. Le rythme en alexandrins est un berceau où le verbe fait tout pour sauver du glissement vers les Enfers. Le verbe peut-il sauver ? Les mots feront-ils la différence ? Les femmes, en évoquant l’amour et l’innocence, réussiront-elles à inverser le sort, à juguler la trinité de mal représentée pat Créon, Etéocle et Polynice, tous habités par la haine et la vengeance? 

Le duo des frères ennemis est incarné par Romain Mathelart et Cédric Cerbara qui jouent la mise à mort comme des gladiateurs de théâtre romain, tant dans le verbe et le discours que dans l’affrontement physique. Une scène totalement inoubliable, surtout pour le public scolaire invité. Julie Lenain, en Antigone, Sylvie Perederejew en Olympe, complètent agréablement le trio du Bien et de la lumière.

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Jocaste (IV,3) 
« Ne vous lassez-vous point de cette affreuse guerre ?
Voulez-vous sans pitié désoler cette terre ?
Détruire cet empire afin de le gagner ?
Est-ce donc sur des morts que vous voulez régner ? »

La soif de puissance de Créon, doublée d’immense fourberie et de manipulation machiavélique est chez Racine effrénée et absolument abominable. Elle dénonce le totalitarisme rampant de nos sociétés.  Brillant comédien, Stéphane Ledune met la puissance d’évocation à son comble. L’orgueil du personnage est un sommet rarement atteint. Même au bord de son dernier geste fatal, Créon menace encore! Que n’écoutons-nous la sagesse grecque antique, pour qui l’hubris est la pire des choses aux yeux des Dieux. Cette mise en scène fait penser que notre monde en serait peut-être à Minuit moins deux minutes sur l’horloge de la fin du monde. En effet, depuis le 25 janvier 2018, l’horloge affiche minuit moins deux minutes (23 h 58) en raison de l’« incapacité des dirigeants mondiaux à faire face aux menaces imminentes d’une guerre nucléaire et du changement climatique ». Si Cédric Dorier voulait par sa mise en scène, dépeindre un enchaînement apocalyptique de rebondissements tous plus destructeurs les uns que les autres, il y parvient pleinement.

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Non seulement le texte est porteur – bien que souvent, hélas peu audible, passé le troisième rang, et …qu’entendre, au fond de la salle ? – mais la modernité, les jeux de lumière, de musique et l’appropriation chorégraphique de l’espace se font de manière magistrale pour épouser le propos de manière organique.

Dommage tout de même, que l’on n’ait pas pu disposer, comme à l’opéra, d’un dispositif défilant le texte. Cela aurait particulièrement aidé les jours où, Hélène Theunissen que l’on adore, jouait en dépit d’une laryngite aiguë. Il est apparu, néanmoins qu’elle n’était pas la seule à capter le dépit, le désespoir ou la colère dans le registre des murmures les plus inaudibles… Ceux-ci font sans doute partie d’un parti pris esthétique et émotionnel très conscient du metteur en scène, mais que l’on a du mal à admettre quand on a résolument pris rendez-vous avec la si belle langue d’un auteur du 17e siècle, surtout lorsqu’il s’agit de chants si désespérés et si beaux!. Ou bien, faut-il avoir relu la pièce avant la représentation ?

Mais, grâce aux vertus cathartiques de la tragédie, il est certain que l’ on est amené, une fois le rideau tombé à questionner notre monde et à repousser ses pulsions mortifères par la raison et le questionnement lucide. Une production brillante et ...désespérante à la fois.

MISE EN SCÈNE
Cédric Dorier
COPRODUCTION Les Célébrants (Lausanne, Suisse), Théâtre en Liberté

JEU Cédric CerbaraStéphane LeduneJulie LenainRomain Mathelart, Sylvie PerederejewHélène TheunissenLaurent TisseyreAurélien Vandenbeyvanghe 

Photos : Isabelle De Beir

RÉSERVER
UNE
PLACE

Grande salle

08.11 > 30.11.18

INFOS & RÉSERVATIONS
02 223 32 08 - http://theatre-martyrs.be/

Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

« Les poissons vert pâle » est un spectacle absolument croquignolet comme se plaît à dire le Routard, alors qu’il est supposé décrire les pires affres  de la vie familiale quand tout bascule… Envoyez musique et paroles! L’écriture théâtrale de Valéry Bendjilali,  riche, enlevée, joyeuse et intense se  greffe sur la nouvelle éponyme de Katherine Kreszmann Taylor qui fait partie de son opus « Ainsi mentent les hommes » (1953). On connait surtout cette auteure américaine, première femme nommée professeur titulaire à L’université de Gettysburg (Pennsylvanie)  par son premier roman : «  Inconnu à cette adresse » (1938), un récit de portée universelle.

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes souriantes, personnes debout et plein air

L’image contient peut-être : 1 personne, chaussures et intérieurIl s’agit d’une famille très ordinaire. L’envoi est donné le jour des funérailles de la mère du narrateur (un exquis Valéry Bendjilali) , lorsqu’il  met en pratique une expérience proustienne,  où le goût acidulé d’une tarte aux cerises réveille tout à coup  dans  le cœur de l’adulte de quarante ans, une foule de souvenirs familiaux enfouis dans sa mémoire émotionnelle. Ces souvenirs éclatent comme des bulles de réminiscences douces-amères,  au fil de la remémoration de la jeunesse révolue et des occasions d’aimer évanouies dans le fleuve de la vie.  Le spectateur est franchement ébloui par l’immense justesse des perceptions, la grande pudeur des propos rassemblés dans une histoire sans doute filtrée à  travers le prisme d’une certaine idéalisation du passé. Boris Cyrulnik n’a pas tort quand il dit que l’on finit par caraméliser le passé pour  en contenir et exorciser les souffrances. Cette écriture engage le spectateur à réfléchir à la beauté véritable du pardon, à la vertu de la communication, à l’observation bienveillante du monde. Des vertus en fait instillée par sa mère adorée… une source inépuisable d’amour.

42045305_1991075590935866_8699165600431210496_n.jpg?_nc_cat=108&oh=a61e55fb3530af9abcc4b523f1efcdd2&oe=5C1632A0&width=400  La mise en scène perfectionniste de Patrice Mincke  (Le Noël de Monsieur Scrooge, L’Avare, Le portrait de Dorian Gray pour n’en citer que trois) fait évoluer deux  merveilleux musiciens de jazz ( Nicholas Yates et Antoine Marcel) et leur moelleuse contrebasse et leur émouvante trompette  aux côtés des trois comédiens : Valéry Bendjilali, Bénédicte Chabot, Benoît Verhaert pour en faire un quintet d’une belle complicité qui cisèle les sentiments  avec  délicatesse pour aboutir à un bijou de théâtre intimiste et raffiné dans lequel le rire est loin d’être absent, malgré la violence de toutes les  blessures familiales perpétrées souvent par pure maladresse et  inconsciemment.

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Bénédicte Chabot interprète  le tendre  personnage de la mère qui porte en elle la lumière  et le charme des reflets  nacrés de la perle, liés à  une féminité et une humilité souriante et apaisante d’une autre époque. Avec ses robes  signées  National Geographic années 50, elle fait preuve de douceur angélique et d’indulgence  face à Charles, ardent commis voyageur, distributeur de frigidaires,   admirablement joué par Benoit Verhaert. C’est un être violent, insatisfait,  durci par les déceptions de la vie, un  mari bourru, occupé uniquement de lui-même, ancré  dans ses urgences et ses visées matérielles, injuste dans ses relations avec ses deux fils Gordon et Ricky - qu’il s’évertue à appeler Dick par mépris -  et qu’il se plaît à mettre sans cesse en compétition, semant allègrement  autour de lui  les graines de l’envie et de la jalousie. Le héros de l’histoire -  ah!  la  terrible quête de reconnaissance et de fierté paternelle! -  fuira le milieu devenu toxique, malgré la douleur qu’il inflige à la personne au monde qu’il aime le plus… Nombre de  problèmes familiaux ne  se rapportent-ils pas au besoin d’être reconnu, d’être aimé ? Cela vaut pour tout le monde dans cette famille...

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes assises

Ainsi valsent au gré de l’histoire, les sous-entendus, les petites phrases assassines, les non-dits, les charges émotionnelles, les explosions de colère, les silences révélateurs, et finalement, la fuite salvatrice, la culpabilité. Chacun peut repérer dans le miroir de la représentation  telle ou telle bribe de vérité qui percute notre histoire personnelle. L'empathie du public s’installe tellement fortement au cours du spectacle, l’onde de transmission est tellement puissante, l’imaginaire est tellement bien sollicité par la conjonction des tableaux et de la musique, que l'on en vient à  faire émerger en soi,  des choses que la mise en scène n'y avait sans doute  pas mises intentionnellement! C’est dire la richesse et la magie  de la mise en  œuvre du très poétique texte original.

Et finalement, cette constatation heureuse et universelle que oui, la beauté et l'amour de la nature peuvent nous sauver… Y compris la beauté de l’écriture du jeune Valéry Bendjilali.  

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 © Isabelle De Beir

Louvain-La-Neuve, Théâtre Blocry, jusqu’au 6/10. Infos et rés.  : 0800.25.325. - www.atjv.be.

 Au  Théâtre de la Vie à Bruxelles du 9 au 20/10 Infos et rés.  : 02.219.60.06. – www.theatredelavie.be   

 

 d'après Kathrine Kressmann Taylor

Adaptation Valéry Bendjilali

Mise en scène Patrice Mincke

Avec: Valéry Bendjilali, Bénédicte Chabot, Benoît Verhaert

Musiciens Antoine Marcel, Nicholas Yates

Décors et costumes Anne Guilleray

Lumières Philippe Catalano

Coach vocal Daphné D'Heur

Assistante à la mise en scène Sandrine Bonjean

Une coproduction de L’Autre Production, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar, du Théâtre de la Vie et de DC&J Création. 

https://www.atjv.be/Les-Poissons-vert-pale

https://www.theatrezmoi.be/les-poissons-vert-pale

http://www.theatredelavie.be/spectacle.asp?id=%7B4812DD46-9B36-462C-959B-331C6F0553D3%7D

 

 

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administrateur théâtres

Pharisiens ou patriciens ?  ... Peu de différence!

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Quand on a 18 ans, on  se sent  un héros. Aveuglé par l’amour, on ne supporte pas le monde tel qu’il est, on se révolte contre la mort, on est prêt à faire tout seul la révolution contre tous les jougs. On se sent gonflé de la puissance quasi divine, prêt  à faire tabula rasa de tout le passé, de toutes les hypocrisies de tous les mensonges et on est prêt à tous les crimes de lèse-majesté, quelle que soit la chute. On se sent libre, lucide, logique. On a des ailes. On crache sur les dieux qui autorisent la souffrance. On veut la Lune. Le rêve de l’impossible. Mais quand Caligula enclenche sa logique, c’est sa propre mort qu’il signe.

Il est jeune, il est beau, il est éphémère... comme Gérard Philippe en 1948. Il est humain, il est exalté et charismatique,  il va jusqu’au bout de la folie, comme Itsik Elbaz, en 2018. Le jeu est mené de main de maître-tailleur de pièces iconoclastes, par Georges Lini. Le spectacle?  Une machine infernale. « Il s’adressera aux gens d’aujourd’hui avec les moyens d’aujourd’hui, dans une scénographie qui sera une machine à jouer, de manière à ramener le propos de Camus à la lumière et exposer sa richesse contemporaine. « L’insécurité ! Voilà ce qui fait penser ! »  Je vais faire tomber quelques gouttes de poison dans l'intimité de chaque spectateur et faire en sorte qu'il assume entièrement ce poison.   C’est  l'expérience de la tragédie moderne, à laquelle toute l’équipe vous convie. »  La distribution de "Belle de nuit", la compagnie de Georges Lini est éblouissante. La scénographie, les costumes (Renata Gorka), résolument modernes se trouvent sous la houlette de  Patrick de Longrée. 

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 « Reconnaissons au moins que cet homme exerce une indéniable influence. Il force à penser. Il force tout le monde à penser. L'insécurité, voilà ce qui fait penser. Et c'est pourquoi tant de haines le poursuivent

La pièce s’ouvre sur le  mot « rien » (nihil). On ne peut esquiver la vérité essentielle que l’on va tous mourir. Avec la mort de sa sœur, le jeune Caligula  prend conscience de  cette finitude, de la condition mortelle de l’homme promis au néant. Les dieux sont morts. Le ciel est vide.   Crise existentielle : le bonheur est impossible quand on est conscient de cette finitude.  Dans  un accès de lucidité mélancolique, la lune devient pour lui le symbole de l’immortalité et du bonheur. « J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément, peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde… »  Qu’on la lui apporte ou l’on sera châtié !  Innocent condamné à mort, il se révolte. « Rien ne va plus. Honnêteté, respectabilité, qu'en dira-t-on, sagesse des nations, rien ne veut plus rien dire.»  Il se sent libre  au point de verser dans  une  paranoïa hallucinante. Ultra-moderne dérive: provocation, démesure, cruauté.    

L’œuvre contient à la fois l’impossible rêve de l’impossible, et les très réels bruits de bottes redoutés par Albert Camus lors de son écriture de la pièce en 1938. Le public à la fois spectateur et acteur parmi la foule, stupide, docile, lâche et manipulée, se cabre d’horreur devant les épouvantables meurtres en série décidés par le pouvoir absolu. La spirale de violence est alors sans fin et jusqu’à la nausée. L’image sanglante de la fin rappelle les derniers mots de George Orwell dans « Animal Farm » …en bien plus tragique encore.   

Caligula-05-DEL-Diffusion-Abbaye-Villers-la-Ville.jpg?width=430  Le choix de Georges Lini de présenter l’œuvre iconoclaste au cœur des pierres de l’Abbaye de Villers-la-Ville dans le silence des ruines n’est pas fortuit. Pour mieux prouver les silences de Dieu ? Le malaise est palpable. Pour mieux  souligner le  constat désenchanté et angoissant de l'absurde?   Pour mieux confondre le joug de la tyrannie et confondre ceux qui, de nos jours, usent et abusent, au mépris de tous les honnêtes gens? Pour stigmatiser tous azimuts le pouvoir absolu ?  L’actualité du propos fait mouche.  Le personnage de Caligula porte à la fois la semence du rêve  et sa contradiction qui  va du meurtre au suicide consenti. Certes, les patriciens sont … tout sauf des poètes. comme le chante Jacques Brel,« Ces gens-là, ne pensent pas » le poète  doit être  exécuté !  Certes, le monde a besoin de se réveiller mais, condition humaine oblige, Caligula n’échappe pas à son destin comme dans les grandes tragédies grecques. Par sa folie meurtrière il se condamne sciemment. Il sombre consciemment quand la folie du pouvoir s’empare de lui, au mépris de tout ce qui n’est pas lui. 

  Et Itsik Elbaz fait merveilles dans l’interprétation magistrale et  saisissante de dignité du  personnage de Caligula. Mais il n’y a pas que lui dans l’équipe de Belle de Nuit. France Bastoen,   fulgurante complice,  joue  Caesonia, le pôle féminin de Caligula, rôle qu’elle interprète avec passion, dévotion et  immense justesse, à la façon de l’Ismène d’Antigone, mais parée de la violence radicale de notre époque. A l’instar de Caligula elle ironise sans cesse, tout en invoquant la foi en l’amour et l’espoir de voir son amant guérir de son cynisme. Le Scipion de Damien De Dobbeleer est tout aussi juste. Bien que Caligula ait fait mourir son père, le jeune poète comprend trop bien Caligula pour le haïr et ose lui dire les choses en face. Il lui présente un miroir sans concessions. Stéphane Fenocchi en Hélicon, ancien esclave affranchi par Caligula, et son serviteur le plus dévoué est  particulièrement convainquant et splendidement campé. Il se dit ironiquement « trop intelligent pour penser »… mais vomit, comme Caligula, la lâcheté et l’hypocrisie des patriciens. Didier Colfs fait le poids en jouant Cherea, prodigieux personnage, cultivé et intelligent,  qui tutoie Caligula,  et ne désespère pas de le ramener à l’humanisme…au nom des autres et en homme soucieux de l’avenir de Rome. S’il prend la direction du complot, ce n’est pas pour venger les petites humiliations de patriciens vexés c’est pour le bien commun, en homme intègre qui refuse de rentrer dans la logique nuisible de Caligula. « Il faut que tu disparaisses. D’autres que moi me remplaceront et je ne sais pas mentir ! » :  la voix d’Albert Camus ?  Thierry Janssen se plait à interpréter un Lepidus angoissé, pathétique, plus vrai que nature. La scène du poison jouée par Jean-François Rossion en Mereia est un moment dramatique qui atteint des sommets de théâtralité et d’intensité. Tout bascule.  L’absurdité vous saisit à la gorge.  Michel Gautier et la danseuse  Hélène Perrot à la limite de la transe,  qui jouent  le couple Mucius, complètent remarquablement ce jeu de massacres, teinté en continu par  le soutien musical dynamisant ou nostalgique de François Sauveur et Pierre Constant  à la guitare électrique. A  eux seuls, un chœur antique?  

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Mise en scène : GEORGES LINI

Costumes : RENATA GORKA
Scénographie : PATRICK de LONGRÉE
Création musicale : FRANÇOIS SAUVEUR et PIERRE CONSTANT
Éclairages : CHRISTIAN STENUIT
Assistante à la mise en scène : NARGIS BENAMOR

Avec


ITSIK ELBAZ (Caligula) – FRANCE BASTOEN – DIDIER COLFS – DAMIEN DE DOBBELEER – STÉPHANE FENOCCHI – MICHEL GAUTIER – THIERRY JANSSEN – HÉLÈNE PERROT – JEAN-FRANÇOIS ROSSION – LUC VAN GRUNDERBEECK – FRANCOIS SAUVEUR

Produit par RINUS VANELSLANDER et PATRICK de LONGRÉE

ABBAYE DE VILLERS-LA-VILLE

http://www.deldiffusion.be/prochaine-production

 

Liens utiles: 

https://www.rtbf.be/info/regions/detail_un-caligula-tres-contemporain-au-coeur-des-ruines-de-villers-la-ville?id=9974555

http://www.levif.be/actualite/magazine/tous-les-chemins-menent-a-villers/article-normal-865341.html

 

 

 

 

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administrateur théâtres

LE ROI PERCHE est  un drame historique en 3 actes,  librement inspiré de la vie de Louis II de Bavière écrit par Olivier Schmidt12273280080?profile=original

Les PERSONNAGES: 

LUDWIG

Connu sous le nom de Louis II de Bavière

RICHARD WAGNER

Compositeur

ELISABETH « SISSI »

Impératrice d’Autriche

SOPHIE CHARLOTTE DE BAVIERE

Première épouse de Ludwig

RICHARD HORNIG

Ecuyer et amant de Ludwig

BERNHARD VON GUDDEN

Psychiatre

MARIE DE HOZENZOLLERN

Mère de Ludwig

OTTO

Frère de Ludwig

Et LES AMANTS DE LUDWIG ,  Page… Ecuyer…

 

 

                                                                              « Ludwig » :

                                    Spectacle éligible aux P'tits Molières 2018  joué à la Clarencière

                                                   Les vendredi 2 et samedi 3 mars 2018 à 20h30

                                         Ecriture et mise en scène de Olivier Schmidt
                                                                                 Sur une idée originale de Kevin Maille 
                                  Par : Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Olivier Schmidt et Séverine Wolff

 

 Regarder: 

12273280680?profile=originalUn fils rebelle à l’emprise  d’une mère castratrice ? Un homme faible et enfermé dans ses chimères? Un jeune homme lunaire, exalté et romantique dont on contrarie les pulsions « malsaines » vis-à-vis de ses nombreux écuyers  et que l’on veut faire épouser par une cousine, …à effet thérapeutique ?   Louis Il de Bavière fut  surnommé le roi perché pour le nombre de ses châteaux fantastiques exaltant l'éthique de la chevalerie médiévale et le génie de la France du Grand Siècle. Inspiré par les travaux de Violette le Duc, Louis II  fit construire de  superbes châteaux de style  romantique flamboyant dont  le plus célèbre est le Neuschwanstein.  Il  sauva de la faillite Richard Wagner,  avec qui il éprouvait en plus de l’admiration sans bornes,  une attirance sexuelle non déguisée, mais à sens unique, selon ce que nous raconte Olivier Schmidt, l’écrivain et le metteur en scène. Victime de son homosexualité le révulsait et défrayait la chronique.  Mécène du musicien visionnaire, il dépensa des sommes démesurées pour lui, finançant, contre l’avis du conseil d’état, la construction du Palais des festivals de Bayreuth. Il imposa  l’œuvre  de Wagner mais fut  finalement contraint de l’exiler en raison de son comportement totalement intéressé. Il fut  aussi l'étrange confident et protégé de sa belle cousine, la célèbre Sissi, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, la seule qui échappa à sa solitude, sa misanthropie et sa  misogynie chroniques.  Il guerroya néanmoins  pour défendre l'identité de son royaume,  au sein de  l'Empire allemand. Accablé par l'effondrement français en 1870, il se réfugia dans ses montagnes, construisant ses fascinants palais  de légendes et s'isolant dans un monde que personne ne pourrait atteindre ni détruire… Comme le héros wagnérien, Tannhäuser, Louis II  était à la recherche de l'impossible rédemption. Destitué pour " aliénation mentale » et enfermé au château de Berg, il trouva la mort, à l'âge de quarante et un ans, dans le lac de Starnberg dans des circonstances énigmatiques. Accident? Suicide? Assassinat?12273281265?profile=original

Ecouter:

Sur le plateau tourbillonnent seulement cinq comédiens, que l’on croirait  bien plus nombreux, tant le rythme des entrées et des sorties et des jeux de miroir de l’histoire est intense. Ils  jouent une bonne dizaine de personnages historiques… les costumes  uniquement noir et blanc au début sont rutilants, le charme des deux comédiennes, une souvenir de Romy Schneider.   Et tous  sont   taillés dans la beauté, sombre, sauvage,  lisse ou élastique d’êtres en pleine exaltation. Ils projettent  leurs  répliques à la diction parfaite  avec une splendide justesse de ton: Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Séverine Wolff, Olivier Schmidt  manient la palette théâtrale des mouvements  avec une aisance tout aussi parfaite, malgré … ou à cause peut-être de l’exiguïté des lieux. La mise en scène se doit d’être millimétrée. On a droit à un concentré  de pureté d’expression comme si le jeu théâtral devenait l’objet d’une mystérieuse alchimie. Le texte, écrit  un peu à la  manière de Jean Teulé  est bourré de vivacité, de surprises,  de belles phrases bien balancées ; on tombe très rapidement  amoureux, non des pulsions avérées du roi « fou » mais de cette langue belle et rythmée qui fouille les tréfonds de l’âme, et de la construction de l'intrigue tendue  et en forme de  crescendo infernal et inéluctable.12273281684?profile=original

 

Méditer:

Les thèmes développés nous concernent et nous touchent au plus près, qu’il s’agisse de l'intégrité de la personne, de liberté, de tolérance et de respect de l’autre pour un être « borderline »  comme l’était Louis II de Bavière  ou  qu'il s'agisse de la quête du bonheur versus les contraintes d’une société avide de formatage, ... Et de la Mort, bien sûr. En un mot : c’est émouvant et  brillant, à tout point de vue!

apprécier:  

https://www.theatrelacroiseedeschemins.com/ludwig

 

 

voyager: 

http://www.liberation.fr/voyages/2014/08/01/louis-ii-le-roi-perche_1074218

http://programme-tv.nouvelobs.com/magazine/secrets-d-histoire-s4185/louis-ii-de-baviere-le-roi-perche-1238004/

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administrateur théâtres

Donné à La Clarencière, en route vers Avignon, 2018

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"La Grande Veuve", un spectacle minéral: dur et  brillant. Rien à voir avec la Guillotine ou une cuvée de champagne. C'est ainsi que  Thomas Mann appelait  Alma Mahler, née Schindler à Vienne le 31 août 1879 et morte à New York le 11 décembre 1964. Une artiste peintre et  compositrice surnomée « La Fiancée du vent» par Kokoshka ! Sans doute pas celle d’une  brise légère  mais celle d’un vent de rafales amoureuses violentes et passionnelles. Elle est AEIOU ... Ambitieuse, Égocentrique, Insoumise, Orgueilleuse, Utile… à la cause des femmes  mais décrite par ses contemporains avec une bonne dose de fiel.

Sculpturale, intelligente, indépendante d'esprit, Alma est courtisée  par le  Tout-Vienne et  devient successivement l'épouse du compositeur Gustav Mahler, de l'architecte Walter Gropius et du romancier Franz Werfel. Ses relations de couple sont truffées d’infidélités conjugales tumultueuses qui  lui donnent l’espoir de compenser ses propres aspirations artistiques en musique et en peinture qu’elle  s’est vue  forcée d’abandonner  en vertu du mariage. Alcoolique en plus ! Pour faire « homme ? » Comme  Georges Sand et  son cigare ? L’époque nie la femme et négocie la féminité comme valeur marchande mais Alma est ravageuse.

En 2018, c’est un homme - Jean-Claude Humbert -  qui la joue, ainsi que la valse des noms prestigieux de ses amants:   Gustav Klimt, Kokoschka… dont elles aime les étreintes et la soumission.  Signe des temps ? C’est un homme encore, le même Jean-Claude Humbert, qui a écrit et composé cette biographie passionnée de "La Grande Veuve". Signe de nouvelle sensibilité?  Signe que les rôles deviennent interchangeables? Que l’art est le ferment qui change les époques?

 Et la voix, qui chante les lieder qui interceptent les maux et la couleur des mots, c’est celle de la  mezzo  Sophie de Tillesse en robe de paillettes noires et les yeux en étoiles, très présente, douée d'une remarquable diction et  dotée d'  belle puissance vocale. Tour à tour, bucolique, romantique, ingénue bien sûr,  et aussi impressionnante avec sa tessiture large et impérialement gérée, qu’ait pu l’être le personnage d’Alma Mahler,  la croqueuse  d’hommes à qui on a intimé de privilégier sa « vie sociale » et au diable « la compositrice »! Parfois, réfugiée dans ses fantasmes ou  fascinée, le regard tourné vers l’intérieur des douleurs.

Bref, la théâtralité et la connivence bien réglée  des deux comédiens  ont de quoi épater. Comédiens?  puisque le masculin que l'on prétend neutre l’emporte, ainsi le veut la grammaire!    Le spectacle bien ficelé invite au voyage dans  univers de la musique et du romantisme allemand et appelle  à la rencontre des artistes  d'une époque bouleversante de créativité et de changements, mais révolue. Éprouve-ton une certaine noces-talgie  pour le  Sehnsucht allemand, un creuset infaillible d'émotions? Sûrement.  … Face à  notre époque délirante de consommation sans transmission… voici une belle ivresse où  la musique  et les  planches font excellent ménage.

Mise en scène : Daniela de La Hoz Production : Théâtre Hall - Genève.

Texte original: Jean-Claude Humbert 

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administrateur théâtres
Le sacre et l'éveil? Une révélation, ce spectacle ! Il est  poétique, musical et si chorégraphique! Bravo à Dominique Serron,  entourée d’un cast de  comédiens exaltants : Paul-Henry Crutzen, Abdel El Asri, Florence Guillaume, Vincent Huertas, Luc Van Grunderbeeck, Félix Vannoorenberghe, Laure Voglaire, Line Adam, Renata Gorka, Nadia Benzekri, Xavier Lauwers et toute l'équipe de L' Infini Théâtre.

« Beau comme un opéra »: c’est  la rumeur qui a circulé comme une traînée de poudre le soir de la fabuleuse première à la Comédie Claude Volter   le 18 avril 2018.   « l’Eveil du printemps »  ,une pièce de l’auteur allemand Wedekind (1881),  a été  croisée avec une mise en page émouvante d’extraits  du « Sacre du Printemps » d'Igor Stravinsky (1913). Le résultat est convaincant. Dans cette  toute nouvelle perspective,  la  mise en scène est franchement  créative et engagée. Dominique Serron évoque avec tact … infini et écoute profonde, les échos du « cimetière de la jeunesse »  de ce héros, Melchior, revenu des années plus tard,  sur les lieux du crime …collectif, n'est-ce pas?

 

  Le   métissage littéraire et musical de la « Kindertragödie » se transforme  en même temps, en  un  manifeste moderne,  qui dénonce les maltraitances rampantes que peuvent parfois infliger des  parents en mal de communication avec leurs enfants. Les raisons abondent: dans  une société brutale, formatée et imperméable aux sentiments, sont-ils victimes de leur époque? Eux-mêmes, sont-ils trop jeunes pour assumer ou répètent-ils des comportements qui ont traversé plusieurs générations sans remise en question?  Sont-ils frustrés par des peurs et des souffrances indicibles?  Enivrés de pouvoir parental? Bloqués pour mille et une autres raisons honorables - ils en ont sans doute de très bonnes - comme de ne jamais avoir lu Françoise Dolto, et  se trouvent  dans l'impossibilité chronique  de gérer les  premiers émois amoureux  de leur progéniture, ou même, de leur expliquer sereinement et ouvertement « les choses de la vie ». Mais l’époque de  l’Allemagne de Bismarck est-elle pour autant révolue? 

 

 Par souci de multiplicité esthétique, le travail de création de Dominique Serron associe  un troisième volet. Il a été  élaboré  au sein de diverses écoles bruxelloises,  par de jeunes adolescents et adolescentes. Ce sont  des capsules vidéo de lyrisme muet, réalisées in situ ou dans les environs immédiats de l’école …y compris le cimetière d’Uccle. Il suffit d'observer: chaque mouvement des personnages  filmés colle impeccablement au tempo de la musique! C’est prodigieux. Les jeunes, confrontés au texte et à la musique  sont devenus acteurs, au propre et au figuré, au lieu d’être de simples récepteurs. Bel objectif éducatif s'il en est!  Ils se sont mis à  rêver l’action, ils ont réagi avec authenticité et dansé leur ressenti  aigu et spontané face au suicide, face à la violence parentale, à la pression scolaire, à la castration du désir, à une société blessante et inhumaine. Leurs regards, leurs visages, et leurs postures sont bouillants d’interrogation et aussi d’accusation silencieuse. Chacun d'eux porte les marques  de l’intensité vibrante de leur implication dans le projet. Ces  séquences  filmées rythment le spectacle comme une respiration inédite entre chaque scène. Les chorégraphies émouvantes, nées  à la croisée de la théâtralité et de la musique,  ont l’avantage de pouvoir  faire  apprécier la contemporanéité du propos.  L’ensemble devient  un tout admirablement monté,  fruit d’un travail de création original et audacieux, dans le droit fil de  ceux auxquels  nous a habitués la pétulante et infatigable  metteuse en scène pour qui,  le travail corporel des comédiens se doit d’être  toujours avant-coureur du  verbe, ce qui donne un relief extraordinaire au propos...

 A chaque spectateur de relever des détails poignants qui le touchent personnellement… La liste sera longue. Juste quelques exemples… Le bruit des parapluies refermés avec brutalité sue le bord de la tombe, une fois les « formalités accomplies »…  Ce décor unique et polyvalent, mais essentiel : un immense comptoir bourré de tiroirs. Ceux d’une morgue ? Ceux de  notre société cloisonnée faite de trappes et de placards? Posés sur un immense buffet de cuisine,  de furtifs souvenirs de Dead Poets Society ou ceux de James Dean (A Rebel Without a Cause) ?  Cette idée effrayante que le jeune Moritz s’est tué « par amour pour ses parents »? Ce geste désespéré de mère impuissante qui donne sa médaille à son fils à défaut de pouvoir  le défendre contre un père tyrannique… Ces chaussures abandonnées que l'on ramasse, l'air de rien. L'ignoble phrase entendue: «Cet enfant n'était pas de moi! » Cette citation glaçante d'Othello: «As-tu fait ta prière, Desdémone?»  Ce sac d’où émergent des aiguilles à tricoter, qui font froid dans le dos! …Et surtout le talent fou et l'énergie débordante de toute la production!

 

Texte original : Frank WEDEKIND

Musique originale : Igor STRAVINSKY

Traduction : Jacques de DECKER

Conception, Adaptation & Mise en Scène : Dominique SERRON

Adaptation musicale & création sonore : Line ADAM

Ingénieur son : Colin BURTON

Scénographie & Costumes : Renata GORKA

Création vidéos : Nadia BENZEKRI

Création lumière : Xavier LAUWERS

Crédits photos :  Pierre Bolle

...Hélas, seulement jusqu'au 6 mai 2018, précipitez-vous pour réserver!

Du 18 avril au 6 mai à la Comédie Claude Volter. Informations et réservation: www.comedievolter.be ou 02 762 09 63

En octobre 2018 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar  

https://artsrtlettres.ning.com/events/le-sacre-et-l-eveil

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administrateur théâtres

Chanter et raconter, s’indigner et rire, jouer et dire, écrire et danser to the end of Love,  c’est  transmettre : une idée fixe chez Thierry Debroux  à chaque fois qu’il signe le miracle de la mise en  scène d’une nouvelle adaptation scénique dont il a le secret. Celles-ci  ne cessent d’émerveiller tous les âges,  du plus innocent au plus endurci et   on   finit par  prédire que chacun de ses  spectacles sera un nouveau couronnement.

Avec l’adaptation du Livre de la Jungle, de Kipling (1894-1895)  et non  de Walt Disney, il s’agit ici d’un hommage particulier, dédié à son institutrice de maternelle, Madame Christine qui fut, grâce à cette histoire de Mowgly,  l’instigatrice de toute sa carrière théâtrale, alors qu’il était haut comme trois pommes. Thierry Debroux, en homme reconnaissant,  pose publiquement  un acte de gratitude vis-à-vis d’une femme qui a su lui insuffler la passion qui a conduit toute sa vie… C’est quelque chose de rare dans notre monde pressé d’en finir ou  de courir après chimères et  idoles…sans jamais jeter un regard en arrière.   

Dans cette adaptation scénique irradiante, il jongle avec les mises en abîme  en réveillant ses souvenirs des personnages les plus intenses de Kipling,  tout en  évoquant  ses souvenirs d’enfance. Madame Christine  resurgit à tout moment,  du début à la fin …comme quelqu’un qu’il a vraiment aimée.

 

31 représentations de rêve, du 19 avril au 19 mai 2018

Et un retour prévu en décembre 2018...

Au cœur du récit, il y a  Mowgly, l’enfant loup  recueilli par la forêt  et une  mère humaine affolée  par sa disparition. Au travers du conte musical initiatique, on suit toutes les questions existentielles de l’enfant qui grandit, le questionnement de son appartenance au clan malgré sa différence,   le  respect ou non des  loi, la liberté de choix, le rôle parental… et l’incroyable volonté de pouvoir de  ceux qui se rêvent puissants…

Pour la forme, il y a l’écriture tellement truffée d’allusions humoristiques ou culturelles, des images fugaces des périls de  notre société, captés dans un jeu savant de sonorités et de bulles poétiques. Et des compositions musicales signées Philippe Tasquin  accessibles  sur  CD vendu à l’entracte ou après le « pestacle ».    

Les décors graphiquement parfaits tiennent de l’épure et reviennent comme des leit motivs. De la mise en scène émane un récit percutant. La « forêt qui soigne » se superpose aux palmes tropicales, les arbres bougent comme dans Shakespeare, le rocher de consultation populaire est une pyramide faite d’alvéoles comme la ruche des abeilles. L’île aux plaisirs, pardon, le repère des singes profiteurs est un nid de décadence. L’image contient peut-être : une personne ou plus A bons entendeurs, salut!   Le village lui-même voyage à travers le monde.  Ne se  retrouve-t-on pas soudain carrément  chez les Indiens d’Amérique, à voir le costume de la chef de village ? Clin d’œil du jeune Thierry Debroux à Kipling voyageur qui  lui aussi parcourut, étant jeune homme,  les terres d’Amérique?

Les  enfants frappants de dynamisme et de vitalité qui interprètent Mowgly font du jeune héros un personnage attachant et intelligent comme le veut Kipling. Les trois enfants qui se relaient,  Andrei Costa, Dario Delbushaye et Issaïah Fiszman semblent décoder par leurs fines postures et leur regard intense   les moindres arnaques, les hypocrisies et la violence du monde qui les entoure… On se réjouit de la fraîcheur de leur « sagesse innée» et leurs très belles voix qui émeuvent aux larmes portent des chansons bouleversantes. En miroir, les personnages mi-humains, mi-animaux,  entretiennent continuellement la dualité  de Mowgly et ses interrogations.  Les yeux des spectateurs se posent sur des masques qui semblent respirer et dire chaque réplique comme s’ils étaient vivants. Un tour de force et un art consommé des comédiens. Daphné D’Heur campe une séduisante  Bagheera et Messua, la villageoise éplorée devant la disparition de son enfant tandis que la deuxième très belle  voix féminine appartient à Rashka, une  mère-louve pleine d’empathie et de noblesse de cœur jouée avec brio par Jolijn Antonissen aux côtés d’un Akela très digne: Gaétan Wenders. Aucun texte alternatif disponible. Baloo joué par Emmanuel Dell'erba séduit par son entrain et sa … légèreté. Très farceur et transposé dans un mode plutôt comique, Kaa (Philippe Taskin) semble avoir été créé avec jubilation par l’adaptateur du récit,  qui n’a vraiment que faire de l’anathème jeté sur son engeance. Réhabilité comme un serpent sympathique, il ne lui manque que les bras pour qu’on l’aime vraiment. Le duo de mauvais bougres est maléfique à souhait, c’est Pierre Bodson pour Shere Kahn et Fabian Finkels – who else ? - pour le jeune loup aux dents longues.  Le narrateur, Gaëtan Wenders donne la réplique à Madame Christine (Anne-Marie Cappeliez).

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Photos : ZVONOCK

Avec : Jolijn ANTONISSEN,
Pierre BODSON,
Anne-Marie CAPPELIEZ, 
Didier COLFS ,
Emmanuel DELL’ERBA ,
Daphné D’HEUR ,
Fabian FINKELS,
Antoine GUILLAUME ,
Philippe TASQUIN ,
Gaëtan WENDERS. 
Mowgli, en alternance : Andrei COSTA, Dario DELBUSHAYE, Issaïah FISZMAN. 
Les petits Loups, en alternance : Alexandre ANDERSEN , Baptiste BLANPAIN , Ava DEBROUX ,
Arthur FRABONI , Martin GEORGES, Laetitia JOUS ,
Julia ORENBACH, Andrea SCHMITZ, Ethan VERHEYDEN. 

Durée : 
2h entracte compris 

THEATRE ROYAL DU PARCRue de la Loi, 3, 1000 BRUXELLES   Billetterie : 02/505.30.30 

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« Ils prennent le thé en face sans nappe ! » Théâtre tentation et amour du théâtre. A La Clarencière. What else ? Voici réunis sous le titre « Moulin à paroles », trois femmes de noir vêtues, jouées avec feu  par

la pétillante  comédienne Ariane Thymour Smith dans une mise en scène de Carole Baillien. Elle explore tour à tour  la folie de la solitude, le voyeurisme,  la vengeance,  les pulsions criminelles, la sensualité tantôt brimée ou tantôt explosive, à travers trois destins  de femmes  tout aussi noirs que l’anthracite que l’on s’épuisait  encore à arracher  manuellement de la terre à cette époque … Elles appartiennent au répertoire anglais. Le dramaturge, romancier, scénariste, réalisateur et acteur Alan Benett a écrit une première  série de « Talking heads » pour la BBC dans les années 80. Humour anglais omniprésent, sens aigu de la nouvelle incisive et bien construite, petits bijoux d’écriture dans la lignée de Roald Dahl.

Mon premier a comme titre original : "A Lady of Letters". Le premier tableau met en scène Irene
Ruddock, une femme
célibataire vivant près de Bradford qui n'a pas sa langue
dans sa poche et passe sa vie à écrire des lettres vindicatives
à son député,
à la police, au pharmacien , à tout le monde
pour remédier aux maux sociaux qu'elle dénonce sans ambages.

Après un trop grand nombre d'accusations qui frisent la calomnie, Irene se
retrouve en prison - où, pour la première fois de sa vie, ironiquement, elle se sent
vraiment …Vous verrez bien quoi!

Mon second"Her Big Chance" est farci d’humour de style libertin, autant que les

sketches de Nabila/Stéphane Degroodt! Lesley est une actrice en herbe, qui,
après une série de rôles secondaires à la télé peu prometteurs,s’imagine
qu’elle va enfin « percer » grâce à la
rencontre de l'aventureux Travis dans un nouveau film pour le marché du soft porn
ouest-allemand. Tongue twisters à l’appui, on n’en dira pas plus,
censuré pour les mois de 12 ans!

 

Mon troisième a pour titre original :"Bed Among the Lentils". Le troisième tableau
transforme la pimpante pipelette en femme de pasteur de caractère. Susan est alcoolique
et doit se rendre à Leeds pour faire ses secrètes provisions de liqueur à cause des dettes
contractées avec le commerçant local. Elle se détourne insensiblement de son raide et ambitieux
et mari encensé par ses ouailles
et noue une voluptueuse affaire extra-maritale avec un épicier indien Ramesh Ramesh.
Some like it hot !
Va-elle découvrir quelque chose à propos de Dieu ou se convertir
aux Alcooliques anonymes? Love me do… The Beatles

Mon tout est une soirée récréative, plaisante et distrayante, ponctuée
de jolis souvenirs des Beatles ou de Mrs. Robinson
que l'on écoute dans le noir.Toute une époque !
Nostalgie, quand tu nous tiens!





La Clarencière Du 19 au 21 avril 2018
Rue du Belvédère, 20 1050 IxellesContacthttp://www.laclarenciere.be
fabienne.govaerts@skynet.be
02/640.46.76

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administrateur théâtres

 UN AMOUR QUI NE FINIT PAS. Comédie d'André Roussin (1911-1987)  Du 3 au 22 mars 2018

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Par la Comédie de Bruxelles

Avec Laure Godisiabois, Christel Pedrinelli, Pierre Pigeolet, Daniel Hanssens. Mise en scène : Daniel Hanssens

 

C’était les années 60-70 !  « Au théâtre ce soir », qui se souvient ? La dynamique, ravissante et élégante Juliette reçoit des lettres d’amour  flamboyantes et savoureuses d’un quidam rencontré lors d’une cure à Divonne-les-Bains.  Bien sûr, Roger,  son mari grille de jalousie devant le charme désuet et romantique des propos fleuris qu’il a découverts !  Pour protéger l’honneur de sa femme, il  s’en  ira porter lui-même le paquet litigieux à son expéditeur dès qu’on aura élucidé l’adresse. Pierre Pigeolet pousse le rôle sanguin  jusqu’au burlesque.  

 Jean est le mari coupable qui est allé innocemment en cure et a rencontré …une jeune-fille ? Sa mère ?  Une femme ? Un rêve, qui lui a fait passer 12 jours délicieux, loin de sa femme Germaine une dame de fer  plutôt castratrice qui est passée maître des  interrogatoires serrés et infantilisants. Jouée à merveille par  Laure Godisiabois,  A chacun de leurs échanges, on déterre la hache des dialogues de sourds : du comique verbal  de très  haut vol,  qui n’est pas sans rappeler l’humour de Raymond Devos  dans  sa logique implacable!  De véritables  morceaux d’anthologie ! S’il ne veut pas particulièrement mentir à sa femme, il ment mal! Avec une intuition toute féminine et un raisonnement implacable, elle a tôt fait de  reconstituer les pièces manquantes au scénario et peut se faire une idée assez précise de la traîtrise en cours, qui n’a rien à voir avec les incartades habituelles du mari et lui paraît d’autant plus dangereuse!  Tout se corse, bien sûr,  quand les deux jaloux, Germaine et Roger font alliance!

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Du côté Juliette-Roger, c’est Juliette :  Christel Pedrinelli, éblouissante de charme  et  d’effervescence qui,  sertie dans des robes de rêve,  crie au scandale, puisque son mari semble ne plus avoir confiance en elle ! Or, elle n’a strictement rien fait de mal ! « On verra plus tard pour la paix ! », lance-t-elle, piquée au sang !  La voilà qui entend avoir voix au chapitre, et  qui sait,  changer le cours des choses! On vous laisse évidemment déguster la suite de l’histoire…

L’ironie et les sarcasmes déferlent dans le salon Jean-Germaine, mais aussi la confession émouvante et lumineuse de Jean /  Daniel Hanssens qui  hisse celui-ci,  au-delà de la comédie, lorsqu’il évoque l’Amour hors gabarit. Humainement,  il réclame cette part secrète indispensable, ce jardin virtuel extraordinaire  où se cultiverait l’amour qui ne finit pas. Un amour  qui ne nécessite pas de  composantes sexuelles, qui vit de son contenu poétique et exalté. Celui qui échappe à la routine, aux contingences, aux frictions, aux désaccords,  où l’explosion verbale devient bouquet de caresses, où il  appelle « son infante et sa principessa »  une belle inconnue qui ne lui doit rien! Dans une adresse à Juliette, un nom  dont la connotation n’échappe à personne, il ose clamer que l’amour est « la fantaisie de Dieu».  Il prétend avec humour  « ne pas permettre à son mari de lutter avec Dieu, sur ce chapitre ! » … tandis que Germaine, prénom bien choisi  lui aussi, croira élaborer un plan infaillible avec Roger pour « tuer le bonheur  dans l’œuf !» et assouvir leurs  secrets rêves de pouvoir.

Dans la mise en scène, on passe d’un salon à l’autre. Aux murs, de tendres couleurs pastel lilas, champagne et tilleul mettent en valeur de hautes fenêtres lumineuses.  Chez Germaine, des meubles genre Roche Bobois et un bouddha qui ne la décoince pas, chez Juliette, des meubles de style, plus collet monté  et un téléphone qui sonne régulièrement pour les amoureux des belles lettres. Au fond,  chacun sa radio 'TSF' vintage, question d'époque! 

Image associée

Ni Jean, ni Juliette n’ont besoin de « protection » lointaine ou rapprochée. Ils ont besoin de respirer…  Ils ne supportent pas l’amour prédateur qui finit par étouffer. Il y a  ces deux monologues parallèles  bouleversants où chacun réclame seulement le droit de rêver. Jean  rêve d’un «  Un bonheur qui ne blesse personne, qui donne au  lieu de recevoir, qui vénère au lieu de séduire… » Ce sont ces moments précieux qui font dire à André Roussin que la bonne comédie est très proche du drame.

Paul Léautaud  ne donnait-il pas comme définition du bon théâtre : « C’est le rire, la fantaisie, l’imagination, la répartie vive, le trait prompt et pénétrant, tout à la fois l’irréel et la vérité, l’observation qui se répand en traits comiques, le mouvement, la farce, au besoin même la bouffonnerie…» Tout y est !  Amateurs de bon théâtre et de langue grisante, réjouissez-vous ! Ce spectacle pétillant qui tourne autour de l’Amour tout court,  est franchement bien joué de façon virtuose et  récréative, et dévoile  des profondeurs  inattendues, même si la fin laisse un goût de nostalgie!

We loved it!  

Crédits photos © Gregory Navarra

         

 Après le Centre Culturel d'Auderghem, plus que quelques jours au Centre Culturel d'Uccle  

 

 

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administrateur théâtres

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Un an sépare le petit Marcel né en 1871 du petit Paul né 1872 ! Proust et Léautaud ? Un même amour absolu pour la mère, mais la comparaison s’arrête là ! Firmin Léautaud, son père (1834-1903), est issu d’une famille de paysans des Alpes-de-Haute-Provence et s’est installé très jeune à Paris suivant des cours de comédie pour entrer à la Comédie-Française et faire une carrière de souffleur. Firmin a été en ménage avec Fanny Forestier, la sœur aînée de Jeanne qui met au monde le petit Paul. Elle reprend son métier de chanteuse d’opéra tout de suite après la naissance de Paul et partira dans des tournées. L’enfant est mis en nourrice jusqu’à l’âge de 2 ans…Tout se joue avant deux ans ? Ensuite, une vieille bonne, Marie Pezé s’occupe de l’enfant pendant une dizaine d’années. Il a l’occasion d’entrevoir sa mère une petite dizaine de fois avant qu’elle n’aille s’installer à Genève, épousant en 1895 un médecin avec qui elle aura deux enfants. Elle ne retrouvera son fils que vingt ans plus tard, à l’occasion de la mort de sa sœur Fanny, à Calais, en 1901. S’ensuit une correspondance émouvante entre la mère et le fils (publiée par le Mercure de France en 1956, Lettres à ma mère) qui dure 6 mois, puis les lettres de Paul restent mystérieusement sans réponse, jusqu’à l’annonce de la mort de la mère. Histoire cruelle et vraie !

« Une mère absente est aussi dangereuse qu’une mère trop présente. Elle laisse dans le cœur de son petit un vide, que rien ne pourra combler. Elle lui ôte la mémoire, tu vois ? Il ne se souvient que d’elle ! »

Les lettres sont la matière de cette production théâtrale éblouissante de vérité de sentiments, de chassés croisés d’amour et de désamour, d’attentes insensées de reproches de pardons et de tendres consolations, le tout machiavéliquement ourlé des deux côtés d’intentions moins nobles, à ce qu’il semble. Serait-on devant de sordides intérêts, captations d’argent ou d’héritages ? Par le jeu d’ombres et de lumière, la dualité des sentiments s’installe, le poison infuse et le rêve de la pureté de sentiments s’estompe progressivement de part et d’autres, même si à chaque instant, on ne cesse de tomber sous le charme de l’un et de l’autre.
Brodé sur un savant travail sur la mémoire affective des protagonistes, s’installe progressivement le doute sur les intentions réelles de chacun. Est-on au cœur d’un roman réaliste comme dans Le père Goriot ?

Terriblement humain. Chaque lettre est un torrent verbal presque sans pause, un geyser d’affects admirablement interprétés par les deux comédiens dans une recherche perpétuelle de qualité de ton. Nicolas Poels et Florence Hebbelynck disent chaque lettre, comme une confession verbale où les mots prisonniers du temps déferleraient vers la liberté absolue. Le jeu silencieux des corps fait le reste. On ressent au plus profond, l’assaut désespéré de l’espace sentimental de la mère, jeune et coquette qui se refuse à ce fils exalté devenu homme qui se damnerait pour obtenir quelques bribes d’amour, à l’instar d’un tout petit enfant. Plus si affinités ! Tous deux sont pris dans la toile d’un rêve qui les dépasse. Tous deux sont pris dans des événements cruels dont ils sont les victimes. Tous deux saisis de désirs égoïstes, dominateurs et excessifs. On finit par envisager que Mère et fils sont finalement génétiquement identiques dans leur besoin de manipulation. C’est d’ailleurs ainsi que l’un et l’autre ont réussi à survivre. C’est ainsi également que le rêve se froisse et que le miroir étincelant se brouille et s’obscurcit. Les deux comédiens jouent leur vie sur le fil, avec sensibilité et maîtrise extrême, tout-à-fait conscient de l’éclat de leur propre jeu et du jeu de l’autre.

Et le jeu des acteurs fait tout, car la simple lecture des textes, s’avère … poussiéreuse ? Tandis que la mise en scène ? Géniale ! Signée Bruno Emsens. Les deux acteurs ont donc mis au point un ballet sans faille, sans cesse renouvelé et inventé. C’est tout juste si on n’imaginerait pas ces lettres chantées, comme à l’opéra, tant l’intensité des sentiments et des couleurs est omniprésente. Le jeu corporel est captivant, les regards et les gestes charmeurs ou ravageurs, palpitants. Body language speaks millions… Les deux protagonistes, rient, pleurent, mordent, et se câlinent comme des chats sauvages. Ils sont beaux, magnifiques d’énergie et bouleversants de vérité au milieu du champ maléfique, représenté par les secrets bien gardés de la grand-mère (Céline Péret) , où peu à peu on est contraint de défricher leurs mensonges.

Et cela se passe au BOSON 

C’est l’histoire d’un homme qui ne s’est pas conformé,
D’un homme jeune et authentique.
C’est l’histoire d’un homme qui aime les femmes libres,
vraiment libres.
C’est l’histoire d’un homme abandonné par sa mère à
8 jours
Et qui la retrouve après 20 ans d’absence.
C’est l’histoire de l’amour hors du commun de cet homme
pour cette femme inconnue,
Et de sa rupture définitive.
Une histoire de liens donc,
Ceux qui relient et ceux qui entravent,
Ceux qui tissent un amour véritable,
Entremêlant attachement indestructible et liberté absolue...

http://www.leboson.be/fr/

Nous ouvrons les portes et le bar à 19h30, le spectacle commence à 20h15.

Chaussée de Boondael, 361
1050 Bruxelles - Belgique
 

Tél: +32 (0)471.32.86.87 | Contactez-nous


AMOUR(S)

Avec Florence Hebbelynck, Céline Peret et Nicolas Poels


27 février > 17 mars

D’après les "Lettres à ma mère" de Paul Léautaud
(Ed. Mercure de France)  – avec Florence Hebbelynck etNicolas Poels


Adaptation et mise en scène /  Bruno Emsens
Avec:  Florence Hebbelynck, Céline Peret et Nicolas Poels
Scénographie  / Vincent Bresmal
Chorégraphie  / Camille Raséra
Création lumières /  Gaëtan van den Berg
Création sonore  / Thomas Raa
Costumes /  Elise Abraham, en collaboration avec le costumier Maghet
Coiffure / Thierry Pommerell
Maquillage /  Marie Messian
Régie / Showup!

Crédit photos © Alice Piemme

Une production de la Compagnie des Bosons! 

Reservations@leboson.be

0471 32 86 87

LE METTEUR EN SCÈNE
Après un début de carrière au C.E.R.N. (Genève) comme chercheur en
physique des particules, Bruno Emsens revient en
Belgique où il travaille comme journaliste scientifique
au Vif/L’Express et comme critique cinéma pour le
magazine Première. Entre 1993 et 2008, il réalise
des courts-métrages souvent primés : Le Concert,
Ombres et lumières... En 1996, il crée la société
Blue In Green Productions qui se consacre au
développement et à la production de ses projets de
fiction: La bague, Pantone 549 et de documentaires
de création : Dernière nuit au Travers, Chercheurs entre rêve et réalité, Les
ateliers d’Orphée.
En parallèle à l’univers cinématographique, il ouvre la Brussels Playhouse
dans le quartier universitaire de l’ULB. Ce lieu est dédié aux acteurs et
au jeu. Il y organise des laboratoires, des trainings et des masterclasses.
Il s’associe avec l’acteur et metteur en scène américain Larry Silverberg
et fonde le True Acting Institute Europe, antenne européenne de l’institut
américain dédié à l’approche Meisner du jeu. En 2012, il fonde le Théâtre
des Bosons (devenu entre-temps «le boson») et met en scène sa première
création : Trahisons de Harold Pinter. Il monte ensuite L’aide-mémoire de
Jean-Claude Carrière avec Michel Scotto di Carlo et Florence Hebbelynck
(nommée Meilleure Comédienne aux Prix de la Critique 2014) ; Pour un
oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, avec Benoît Verhaert et Patrice
Mincke ; L’homme du hasard de Yasmina Reza, avec Jo Deseure et Christian
Crahay ; Trois Ruptures de Rémi de Vos, avec Catherine Salée (Nominée
aux Prix de la Critique 2016 dans la catégorie Meilleure Comédienne) et
Benoît Van Dorslaer ; et enfin Les Dactylos et Le Tigre de Murray Schisgal
en octobre 2016, avec Julie Duroisin et Nicolas Luçon.
Amour(s) est sa première adaptation à partir d’un texte non-théâtral.

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administrateur théâtres

Les souffrances du jeune Gauthier, exorcisme de la douleur...

....Gauthier est un clown sans frontières. Sambuca est son ange triangulaire... Face aux victimes de la guerre, de la misère ou de l'exclusion, aujourd'hui, il perd le sens de sa vie à un point qui pourrait lui être fatal.....

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Attendu que la mort  de la chanteuse Amy Winehouse ( 27 ans) dans son appartement de Londres est restée inexplicable (Back to Black!) ;

Que Gauthier est né sans le vouloir ;

Que sa générosité  naturelle et sans limite l’a mené des Philippines au Liban, en passant par un an cœur du  Cambodge, pour faire renaître le sourire  dans le cœur et les yeux d’enfants orphelins, déshérités, enfermés dans des camps ;

Qu'il s’est inondé  pendant dix ans de toute la misère du monde et n’a plus un coin sec où pleurer ;

Que son ange triangulaire - que certains nommeront conscience, psy, meilleur ami imaginaire ou non - va faire tout pour lui faire retrouver le goût de vivre et la flamme rayonnante indispensable à tout être humain, selon la formule bien connue de « rise and shine ! » ou de « this little light of mine ! » ;

Que nous assistons à une authentique séance de shamanisme pour chasser les fantômes malfaisants et trompeurs, volutes de fumée  lumineuse et transes garanties ;

Que l’on touche de près  à l'absurdité de la souffrance, aux questionnements, et  à certains souvenirs personnels, de part et d'autre de la frontière entre la scène et le public, mais où est passée la frontière?  

Que Gauthier a livré toute son histoire à Pietro ;

 Et...

Pas n’importe lequel: Pietro Pizzuti, en personne et que celui-ci, l’a recueillie, comme il recueille les migrants du Parc Maximilien  et  a construit au milieu du délire,  un personnage fulgurant, chasseur de tous les faux-semblants et de toutes les impostures ;

Que sieur Alain Eloi, véritable caméléon ensorceleur, spécialiste du changement de  peaux et de mots, n’est pas le flic des ONG, mais fait résonner la sagesse au milieu de la catastrophe et a été présent aux côtés de Gauthier depuis  le jour de sa naissance ;

Que la richesse intérieure de Gauthier - Clown et Comédien - est aussi inépuisable que ses bulles ;

Que la colère et le doute animent le jeu, dès les premières répliques ;

Que le décor est un chaos  poétique et surréaliste savamment  organisé ; 

Que l’association Clown sans frontières Belgique qui part régulièrement aux quatre coins du monde et en Belgique est une organisation solidaire qui ne table que sur le pur bénévolat, et sur le  timide soutien d’un public  heureusement révolté par la souffrance qu’endurent des millions d’enfants  en  situation de guerre, d'abandon ou de famine ;

Que ce sont la guerre et la violence qui n’ont pas de frontières ;  

Qu'en définitive le jeu  des deux acteurs est magnifique et palpitant d’un bout à l’autre ;

Que Gauthier est prêt à  arrêter les pilules qui le maintiennent en vie pour oublier l’horreur vécue au coeur  des ténèbres,  et qu’il a vu qui étaient les vrais salauds…rapport aux gosses, et rapport à Amy Winehouse…sans doute ;  

Qu’il ne voit même plus  ce qu’est devenue son âme, qu’il a perdu sa liberté de penser, d’agir, que rien ne va plus… tant il a  côtoyé l’innommable ;

À quoi bon faire rire ces enfants?

Mais que l’Ange l’a sommé de CONTINUER,

Et que  l'aube s'est levée quand Gauthier a promis de TRANSMETTRE,

 

Pour toutes ces raisons aussi futiles qu'inimaginables,  il faut se précipiter voir cette pièce qui n’est pas une pièce, ni une pièce de musée mais une pièce d’artillerie contre l’injustice, la haine, le pourrissement. Une pièce à conviction, car elle redonne le souffle vital, le bon sens, et plus généralement le rire aux lèvres, grâce aux sortilèges des nez rouges et leur armée de pitreries, 

Et puis, c’est tellement dense, qu’il vous faudra un temps d’arrêt pour ressentir profondément ce que cela fait, et comment gérer vos nouvelles émotions, et comprendre qu’il en faut peu pour être heureux et se mettre à rayonner chacun avec ses propres talents…

 

Et surtout, l’écriture explosive et onirique de la mise en scène porte la belle signature de Christine Delmotte, véritable révélatrice d’humanité! Sorcière si éprise de liberté qu'elle puise  le pouvoir de ses philtres magiques  dans les plis de son âme, de ses racines, de sa capacité à aimer, de ses rages et de ses  failles où  transparaît  la LUMIERE! 

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http://www.atjv.be/Qui-a-tue-Amy-Winehouse

                                                Qui a tué Amy Winehouse ?

                                                              De Pietro Pizzuti, mise en scène de Christine Delmotte avec Gauthier Jansen et                                                                Alain Eloy. Du 17 janvier au 3 février 2018 à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean                                                                      Vilar et du 28 février au 31 mars 2018 auThéâtre des Martyrs.

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administrateur théâtres


Ce « Double bill » comme on l’appelle à New-York, surnommé "CavPag"  par certains spécialistes,  est une nouvelle perle  au diadème du répertoire de la Monnaie. Il présente donc deux opéras  "Cavalleria rusticana" et "Pagliacci"  écrits par deux compositeurs italiens différents et  qui se connaissaient à peine mais dont la parenté littéraire est évidente.  Héritières de Verdi,  les deux  œuvres  qui traitent le même thème, se trouvent aujourd’hui liées pour l’éternité dans l’histoire de l’opéra et annoncent déjà Puccini.  Le drame en un acte de Verga « Cavalleria rusticana »,   a inspiré Mascagni et  a permis au souffle vériste de se propager dans le monde de l'art lyrique. La première de l'œuvre eut lieu à Rome en 1890 et  aété pendant deux décennies, la figure de proue de l'opéra italien. « Pagliacci » l’opéra en deux actes de Ruggero Leoncavallo, fut créé le 21 mai 1892 au Teatro Dal Verme à Milan.

A la fin du XIXe,  Pietro Mascagni et Ruggiero Leoncavallo sont les deux porte-étendards  du mouvement vériste qui se greffe sur  l'œuvre littéraire d'Émile Zola (1840-1902)  illustrant  par le nouveau genre de  ses romans réalistes,  la vie  précaire réservée aux couches modestes de la société et aux opprimés.  Ces  deux opéras véristes parlent un langage ordinaire, vivent  humblement par opposition aux figures sublimes qui peuplent les opéras italiens classiques  et mettent en scène des personnages de la vie de tous les jours, aux comportements peu  édifiant et aux réactions spontanées parfois très dévastatrices. En n’excluant pas la violence domestique…et le meurtre passionnel.

Cavalleria rusticana 

 Veristissimo bouleversant ! Tragique destin de deux tranches de vie dépeignant l’amour entre  simples gens du peuple qui,  hantés  par la jalousie,  ne voient comme issue, que la mort.   Mais avant cela, que d’intensité dans l’exposition des deux mélodrames aux contours hyper réalistes! 

Cavalleria rusticana

Créativité intense dans la recherche du sens : la mise en scène de Damiano Michieletto est très adroite  car elle réussit à imbriquer les deux œuvres l’une dans l’autre, en travaillant notamment  sur  des incursions des personnages d’un drame  vers l’autre.  On peut observer soit des signes annonciateurs,  soit des  flashbacks émouvants qui font référence à  l'histoire d'à côté…  En effet Silvio et Nedda apparaissent dans l’intermezzo de la première histoire, tandis que  Santuzza  se retrouve dans les bras de Mamma Lucia dans  la deuxième.  La force  destructive de la jalousie est le point commun des deux œuvres et la confusion entre réalité et fiction est clairement le pivot de «  Pagliacci ». Quant à la jalousie, n’est-elle pas  elle aussi le fruit toxique d’un imaginaire qui prend ses doutes et ses craintes pour de la réalité? Pour couronner le tout, le temps de Pâques et  de l’Assomption se font la révérence, abolissant le temps  et le délires humains, en un clin d’œil farceur…

Cavalleria rusticana

 Créativité intense dans la recherche de l’esthétique : le plateau tournant permet l’utilisation de différents lieux du drame, en variant la profondeur de l’approche, comme une caméra de cinéma italien des années 50. Les moments « d’entre-deux » où l’on peut contempler en même temps la scène qui s’éloigne et  la suivante qui  est en train de surgir  se parent d’émotion presque métaphysique,  car  le spectateur cesse brutalement  de  participer directement  au drame pour accéder à une approche omniscient de l’action.  Esthétiquement, les différents moments de chaque tableau pourraient  chacun constituer des  tableaux très plastiques de la vie simple des petites gens. Pour exemple ces images captant la vie qui palpite dans l’atelier de pâtisserie où la pâte  généreuse se pétrit, la farine vole et les fours s’allument   et celle qui frémit dans la loge de théâtre et dans la salle de spectacles de "Pagliacci".  Les décors, c’est du Hopper live ! ...On est comblé. De très beaux mouvements de foule contribuent aussi  à lisser  le dénominateur commun des deux actions et de fondre  les deux œuvres l’une dans l’autre. 

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Interprétation primordiale : Dans ce genre d’opéra, en dehors des couleurs totalement pittoresques portées par un orchestre sous la baguette narrative d' Evelino Pido, l’interprétation est primordiale et le défi de chanter, jouer et convaincre est pleinement réussi dans cette extraordinaire  production de la Monnaie.   Pour les voix, nous avons été bouleversés par Mamma Lucia, plus vraie que tout, d'une cuisante d’humanité, incarnée à la perfection par Elena Zilio. Chacune de ses paroles, chacun de ses gestes pèse un million  d’affects et de justesse de sentiments. La jeune excommuniée, Santuzza (Eva-Maria Westbroek) aux abois est en tout point plus vraie que nature…et surtout stupéfiante dans ses côtés sombres. Elle est très convaincante aussi  dans ses échanges désespérés avec Turridu (Teodor Ilincai)   qui brandit de  très beaux vibratos. Le ténor projette avec éclat le machisme made in Italy et une violence qui n’a rien de larvé.  L’immense Sylvio, symbole du pouvoir et de la frime est joué par un formidable Dimitri Platanias, baryton plein de panache qui s’alimente  au monstre aux yeux verts de Shakespeare, mais n’aura jamais l’occasion de regretter son geste.

Pagliacci

Dans "Pagliacci", franchement plus manichéen, on retrouve une  très habile mise en abîme de scènes naïves de la Passion rappelant le temps de Pâques,  -  anges y compris - …alors  que les pittoresques processions mariales du 15 août que l'on a pu admirer dans le premier opéra devraient battre leur plein devant la salle des fêtes où se jouera le drame à 23 heures… Le personnage de Canio (Carlo Ventre) très attendu  et brillant dans son « Recitar ! - Vesti la giubba », impressionne tandis que le jeune couple Nedda-Silvio, joue l’amour innocent,  léger et bucolique. On est  franchement gâtés par les duos  de Simona Mihai et de Gabriele NaniEt Tonio (Scott Hendricks) s’avère bien  lourd, harcelant et écœurant, après un prologue pourtant très  "matter-of-fact" ... mais cela, c’est sans doute la faute au vérisme!  

Pagliacci

https://www.lamonnaie.be/fr/program/427-cavalleria-rusticana-pagliacci

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administrateur théâtres

PATER aux Riches Claires jusqu'au 10 février!

L’image contient peut-être : 1 personneThe House is on fire! On ne peut pas dire  que la jeune femme  vive de souvenirs, elle n’en n’a plus. Ni de  même de photos.  Par contre, sa sensibilité artistique lui fait  rapporter son histoire personnelle à celle de ... la Sainte Barbe, décrite par Cranach l’Ancien! Comme dans une affaire  criminelle, elle met sur pied un patient travail de reconstitution, elle veut savoir pourquoi « il » est parti, « ille » est parti, laissant tout derrière lui : sa femme et ses deux filles. Lui le père Absent.

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Roleplaying. Elle  fait comme si elle  rejouait  à la poupée. Cela lui permet de  prendre enfin les commandes de sa vie, en sculptant ses fantasmes sur une victime consentante. Pour combler l’absence, elle choisit   un  nouveau père, partenaire de chaque soir. Le dernier en date? Un pur marollien se prête au jeu. Louis a 78 ans, plein de mansuétude. Il est impeccablement habillé et véhicule un sourire … de bouddha. Lèvres serrées porteuses d’un éternel sourire, regard amusé,  il se laisse aller au jeu de la belle avec une sorte de bienveillance de bon papa ! Réussira-t-il à la reconstruire? Et pour ce père partenaire d’un soir, que d’émotions, de se retrouver, après avoir parcouru la partition l’après-midi  et à peine répété, devant un public. D’un côté  comme de l’autre des feux de la rampe, personne ne sait ce qui l’attend. Et la belle de se calibrer en justesse de ton, à chaque aventure.

In charge! Elle dirige les mises en scène avec une douce fermeté, ses  gestes ont la précision de ceux d’une infirmière.  Ses  images paternelles, elle les veut vivantes pour mieux les … mon enfant !   Elle parcourt invariablement les différents stades de son scénario. Elle se risque à les approcher pour ressentir la chaleur oubliée, perdue. La chaleur tout court. Le bonheur. Le dernier stade, c’est la Rédemption. Arrivée au village de l’enfance révolue près de Valenciennes, elle ira jusque devant la porte close, mais tirera-t-elle la sonnette? Osera-elle cette confrontation longuement fantasmée avec A comme Absent ou Ailleurs,  A comme …?  Ou recommencera-t-elle  inlassablement chaque soir et en boucle  à gravir les étapes  des impossibles retrouvailles?  Peut-être, qu’à force, l’expérience renouvelée chaque soir la rendra capable de se réconcilier avec elle-même d’abord, d’envisager de faire enfin son deuil et ne plus se laisser tenailler par le manque cruel?

La méthode de mise en scène se fonde sur un éventail de techniques très heureuses.  A travers la danse, les changements de costume, les bulles de rire,  les fragments de journal intime, le voyage,  la comédienne dissèque sa douleur et tisse une belle connivence avec le public. Les pensées de la jeune femme s’impriment  silencieusement en temps réel sur un écran. On est dans ses doigts, avide de deviner le mot qui  va se profiler  sur l’écran.  Il y a ce brillant  extrait de visite guidée de l’expo de maître Cranach à Bozar (2010)  qui  s’arrête sur le « Martyrdom of Saint Barbara, ca. 1510, Lucas Cranach the Elder », qui dépeint   les souffrances  de Sainte Barbe, martyrisée par un père jaloux. Un prénom, on l’avouera,  beaucoup plus joli en version anglaise,  ou …en chanson française !  Toutes deux, la sainte et Elle, Barbara,  partagent le mal du père… plus que celui de de la mer !  Il y a  aussi ces jeux avec le rétroprojecteur… au propre et au figuré!  Les crépitements de l’incendie de la maison natale… que l’on est impuissant à éteindre. Tandis que les  ravages de l’incendie se fondent avec l’œuvre de  l’artiste du 16e siècle, l’écho poétique de la voix de la comédienne brûle en volutes qui ensorcellent l’âme du spectateur. Il aura reçu en partage intime, l’authentique autobiographie  de Barbara Sylvain.  

https://lesrichesclaires.be/evenement/pater/ 

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administrateur théâtres

« Métamorphoses » d’après Ovide 

Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont.

Edmond Rostand, Chantecler Acte I, scène 2

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                                                       Le rideau rigide et noir se lève sur un paysage désolé d’arbres en postfabriqué,  ou en contre-plaqué, qui ressemblent  à de tristes poteaux télégraphiques… Mais…surprise!  Les voilà qui  communiquent encore! La preuve : cette séance d’extase  osmotique où  les neuf comédiens se sentiront tout à coup, partie de la vie secrète de l’arbre et de son flux vital. L’arbre est à jamais principe vital d’énergie et rêve collectif.  Pourtant,  les hommes ont détruit leur milieu naturel et des rescapés émergent d’un méchant abri, une bicoque bien top étroite pour tant de monde. Un  personnage se met à déchiffrer des pages d’un livre tombé du ciel.  Ce sont les premières  pages des « Métamorphoses » d’Ovide, livre fondateur. Elles sont lues avec chaleur respectueuse par  Laurent Tisseyre.  Le précieux  papier n’est-il pas métamorphose industrielle d’un arbre vivant et bruissant d’oiseaux désormais disparus?   Il n'y a plus que le verbe et les étreintes furtives pour relier puissamment les vivants. Il fera éclore des textes associés,  plantés comme des fleurs sur les lèvres des comédiens.

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                                                               La pièce  se fait foisonnement d’échos proches ou lointains, qui remue les cendres de mondes disparus pour en  recueillir les dernières germinations. De précieuses boutures dans des pots de fleurs  portent chacune  les prénoms des comédiens (Maxime (Anselin), François (Badoud), Dolorès (Delahaut), Stéphanie (Goemaere), Thierry (Lefèvre), Sylvie (Perederejew)Camille (Raséra), Hélène (Theunissen), Laurent (Tisseyre). Elles semblent  la seule richesse  qui a réussi à conserver la saveur du vivant. Elles reçoivent de tendres caresses et  des soins jaloux.   C’est au tour de Sylvie Perederejew d’entonner le chant du monde: « Tout change, rien ne périt ; le souffle vital circule, il va de-ci de-là et il prend possession à son gré des créatures les plus différentes ; des corps des bêtes il passe dans celui des hommes, du nôtre dans celui des bêtes ; mais il ne meurt jamais. »

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                                                         C’est ensuite au tour du petit cahier de Kinji Imanishi de prendre son envol. Verba volant… scripta manent ! Années 30,  la  jeune écologue japonaise, craint de voir ses recherches interrompues par l'entrée en guerre du Japon. Elle a consigné dans un cahier d'école les principes et les intuitions qui ont guidé son travail sur le vivant. Tout n’est pas que concurrence et la sélection naturelle, elle propose une  sagesse et une vision nouvelle du tableau de la nature. Tous les organismes sont en relation.  Et ainsi de suite, la mosaïque de sagesses diverses se compose et s’enchaîne sous la direction de Pascal Crochet,  transformé en prophète. Sachez-le : selon Ovide, Pythagore, le premier,  fit grief aux hommes de servir sur les tables la chair des animaux mais  ne fut pas écouté… « Que votre bouche ne touche qu'à des aliments obtenus sans violence ! »  On  frissonne en écoutant la belle histoire d’amour de  Philemon et Baucis, ce vieux couple pieux fidèle et si hospitalier transformé en chêne et en tilleul à un seul tronc par les dieux Zeus et Hermes. 

                                                        Le spectacle bourgeonne sur plusieurs plans: non seulement à travers le florilège mais aussi à travers les chorégraphies, les jeux de lumières,  et le jeu théâtral et sur  différents niveaux, comme à l’opéra. Il y a notamment un  lieu d’ablutions lumineuses, où semblent  se jouer de multiples métamorphoses. Le rêve ?

                                                        Certains spectateurs ressortiront affectés, pour qui découvre l’urgence des soins que l’on doit apporter au chevet d’une nature moribonde, d’autres, déjà très sensibilisés  par la problématique ressortirons encore plus angoissés que nature, tant le message est pétri d’urgence. On constate que les comédiens ont  dû longuement travailler ensemble pour mettre au point ce  plaidoyer vibrant pour la survie du vivant. Comment ne pas adhérer à leur discours solidaire et généreux, artistique et poétique, où le plaidoyer pour l’arbre est intimement lié à celui de l’homme, comme le prouve le discours de Francis Hallé, une autre pépite générée par le brassage des Métamorphoses. C’est  véritablement  l’amplification théâtrale et les racines adventives du propos qui  importent.  Et le tout semble s’écouler,  comme  l’inéluctable fleuve du « panta rhei » du cher Héraclite.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes sur scène

                                                        Enfin, une pensée finira par ne plus pouvoir nous quitter: « Il m’apparaît de plus en plus clairement que nous sommes en train de créer les conditions de notre propre perdition… que nous nous autorisons toutes les bonnes choses dont nous jouissons aujourd’hui au détriment du futur. Nous n’avons pas le droit d’hypothéquer l’existence des générations futures à cause de notre simple laisser-aller. Nous devons nous poser la question, et c’est un commandement moral : qu’avons-nous le droit de faire ou de ne pas faire ? On ne devrait plus s’interroger sur ce que l’homme peut découvrir et développer, mais plutôt se demander ce que la nature est encore capable de supporter. Notre appétit de consommation ne doit pas constamment croître comme ce fût le cas jusqu’à présent. Nous sommes dans une situation clinique, au chevet d’un malade. Et nous sommes ici simultanément les patients et les médecins. Si nous ne sommes pas prêts au sacrifice, il n’y a guère d’espoir. »  

                                                       La salle, remplie de jeunes des écoles médusés,  écoute le message polysémique. Les uns avec consternation,  d’autres, bouleversés jusqu’aux larmes devant la neige noire qui tombe sur la cabane, alors que des voix étranges aux messages incompréhensibles  investissent les « arbres ». Cependant que  les comédiens,  tels les  bourgeois de Calais marchant au supplice, regardent le corps nu d’une femme se fondre et s’unir à la terre… Voilà donc une épopée philosophique grand format assez effrayante,  mais qui remet la sacralité de la vie et la renaissance au premier plan!

http://theatre-martyrs.be/saison/metamorphoses/1D4EF2AE-01CE-0DBF-02AB-BE93A00D9A03/

 

JEU Maxime AnselinFrançois BadoudDolorès DelahautStéphanie Goemaere, Thierry Lefèvre, Sylvie PerederejewCamille RaséraHélène TheunissenLaurent Tisseyre
SCÉNOGRAPHIE & COSTUMES Satu Peltoniemi
TRAVAIL DU MOUVEMENT Anne-Rose Goyet
COSTUMES Anne Compère
CRÉATION SONORE Raymond Delepierre & Pascal Crochet
CRÉATION LUMIÈRES Florence Richard
RÉGIE Nicola Pavoni & Justine Hautenauve
DIRECTION TECHNIQUE / CONSTRUCTION DU DÉCOR Stéphane Ledune, Frédéric Nicaise & Simon Detienne
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Boriana Todorova
CONCEPTION & MISE EN SCÈNE Pascal Crochet

PRODUCTION Théâtre en Liberté
COPRODUCTION La Coop asbl
Avec l’aide de Distinguo et le soutien du Centre Des Arts Scéniques.
Avec le soutien de Shelterprod, Taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.

Photos : Isabelle De Beir

 

On en parle dans la presse :

 http://www.lalibre.be/culture/scenes/metamorphoses-sculpturales-aux-martyrs-5a57c982cd7083db8b82f592

http://www.lesuricate.org/metamorphoses-dovide-theatre-martyrs/

http://focus.levif.be/culture/scenes/critique-theatre-ovide-au-camping/article-normal-785519.html

Dossier pédagogique: http://theatre-martyrs.be/wp-content/uploads/2017/12/TMADOSPED-M%C3%A9tamorphoses.pdf

 

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administrateur théâtres

Chronique de chronique !

 Le monde selon Gardner

Vivre ! Face aux tragédies de  leur histoire,  les juifs proposent un mécanisme de défense : l'humour juif, un rire  qui est à prendre au sérieux et est une formidable réponse à l'antisémitisme.  Le «Maître» étalon moderne de cet humour étant  Woody Allen. Dans« Conversations avec mon père » comédie dramatique de Herb Gardner, (New York 1992) on peut observer une peinture éclatée  de l’Amérique juive new-yorkaise de 1936 à 1976. L’avènement de la parole  joue dans cette pièce un rôle  crucial.

17-conversations-lancon4.jpgThe American Dream: you’re most welcome in the Melting Pot! A quel prix ?  La reconstitution de la saga familiale explosée en  avalanches de flashbacks en présence d’un témoin contemporain (Charlie, Axel De Booseré)  expose  de façon lucide et jubilatoire la  question  de l’exil, des souvenirs du pays d’origine, de l’intégration du migrant dans la communauté,  du  douloureux abandon ou non  de la culture propre,  au profit d’un métissage avec la culture d’adoption. Les ravages de l’antisémitisme. Sur le plan universel,  que transmet-on à nos enfants, de générations entre générations, quelle est la définition d’un bon père, d’une bonne mère, d’enfants heureux ? La complexité des rapports familiaux et-elle la même à travers toutes les cultures, Quel rapport a-t-on, ou pas, avec la religion officielle du groupe?  Bref, qu’est-ce qu’une culture?  Tout au long de cette épopée familiale, on prend  conscience de façon de plus en plus  émouvante de la difficulté d’être. Un thème shakespearien.

La mise  en scène parfaitement scandée et éclairée est signée Jean-Claude Berutti.  La figure paternelle indestructible  du jeune Charles et de son frère, n’est autre qu’Itsik Elbaz, un personnage bourré de contradictions et qui s’avère de plus en plus incandescent au fur et à mesure que la pièce s'enflamme. Itsik Elbaz jouait l’an dernier dans « Pour en finir avec la question juive » au théâtre le Public.    Le reste des 11 comédiens est une formidable palette d’artistes qui partagent visiblement leur  félicité théâtrale autant  sur  la scène qu’avec le public. Rien n’étant plus important dans la culture juive que les noms,  citons-les gaiement: François Bertrand, William Clobus, Axel De Booseré, Ferdinand DespyItsik Elbaz, Antoine Herbulot, Clément Papachristou, Bernadette Riga, Marvin Schlick, Lotfi Yahya Jedidi, Aylin Yay

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 Patron du café couleur tabac,  rebaptisé de façon caustique The Flamingo, Itzhak Goldberg, nouvellement dénommé Eddie Ross,  cherche à  faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Son esprit lucratif naturel va-t-il aller jusqu’aux compromissions ? Sacrifiera-t-il sa liberté ou gardera-t-il sa dignité? Gusta-Gloria, la mère, marquée par le Shtetl natal  vestale de lointains souvenirs, reste étrangère et est la plupart du temps hors-jeu. Elle cuisine, elle chante des berceuses, elle veille sur les lanternes rouges disposées sur les tables du café,  refuse de parler autre chose que du yiddish.  La comédienne  se nomme Aylin Yay.    Charlie, le fils cadet refuse tout bonnement de parler… avant trois ans, comme Einstein? Il se réfugie dans l’écriture. Il  deviendra une plume d’or.  Le frère, Joey se fait malmener pour ses origines  par les boys de l’école et des quartiers avoisinants. La guerre des gangs en miniature. Le harcèlement en grand format! Il recevra les plus hautes marques d’honneur militaire américain. Le père, ancien boxeur, veut être américain à tout prix.  Il sait ce que la différence implique en termes de rejet et fait l’impossible pari de s’assimiler. Il verra sa parole abolie.   Les tranches de vie se déroulent sous le  regard  placide d’une tête de bison et  l’impénétrable sourire du président Roosevelt accroché à un mur du café. Zaretsky, le locataire, un vieil acteur magnifiquement joué par l’innénarrable Lotfi Yahya Jedidi,  fulmine contre la mauvaise bonne idée du patron. Il proclame : « Moi au moins, je reste  moi ».  Leur disputes sont homériques, le public savoure.  Le pittoresque ravit. Les rires alternent avec les pleurs. La question de l’Absolu interpelle.  S’il y a un bémol, c’est celui de la projection des voix, qui pour cause de mise en scène, ne font souvent pas face au public. Évitez donc les bas-côtés de la salle!

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Le spectateur est  emportés dans l’océan de sentiments exacerbés et profondément humains comme dans le ‘Fiddler on the Roof’ et traverse avec délices les murs du non-dit grâce au talent conjugué de cette bande de saltimbanques  si différents et si attachants. Notamment  les jeunes William Clobus et Antoine Herbulot.  Ils ont l’art de dire, de conter et de jouer bonheurs, souffrances et déchirements  qui surnagent  inévitablement après la violence infligée aux Juifs lors des pogroms en Russie et  celle des persécutions de la barbarie nazie. Des souffrances qui habitent encore en 1976, ce café de Canal street, à New-York.

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http://www.atjv.be/Conversations-avec-mon-pere

Toute la distribution

Auteur Herb Gardner-Version française Jean-Claude Grumberg-Mise en scène Jean-Claude Berutti-AvecFrançois Bertrand (Nick), William Clobus (Charlie à 12 ans), Axel De Booseré (Charlie), Ferdinand Despy (Sammy / Monsieur Bleu), Itsik Elbaz (Eddie), Antoine Herbulot (Joey à 12 ans / Finney), Clément Papachristou (Joey), Bernadette Riga (Hannah), Marvin Schlick (Jimmy Scalso), Lotfi Yahya Jedidi (Zaretsky), Aylin Yay (Gusta)-Assistant à la mise en scène François Bertrand-Scénographie Rudy Sabounghi-Costumes Colette Huchard-Maquillages et coiffures Rebecca Flores-Lumières Christophe Forey-Réalisation des décors et des costumes Ateliers du Théâtre de Liège-Création son Pierre Dodinval

mardi 30 janvier20h30
mercredi 31 janvier20h30
jeudi 01 février19h30
vendredi 02 février20h30
samedi 03 février20h30
dimanche 04 février16h00
mardi 06 février20h30
mercredi 07 février20h30
jeudi 08 février19h30Rencontre avec les artistes
vendredi 09 février20h30

 

Liens utiles :

Note d'intention

 http://arts-sceniques.be/rencontre/conversations-avec-mon-pere/

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administrateur théâtres

                                                     Tout fout le camp ! Même les contes pour enfants! 

Si vous pensez que Blanche-Neige et les 7 nains parle du harcèlement sexuel par des nains à genoux sur mineure réduite à l’esclavage domestique sur fond de misère sociale urbaine, que Pinocchio évoque la  pédophilie sur garçon appareillé par personne dépositaire de l’autorité parentale, associée à des actes de zoophilie sur le pauvre criquet qui tente de donner son avis, que  Fantasia est le symbole d’une grossophobie revendiquée  qui force des hippopotames à faire des demi-pointes en tutu rose bonbon, c’est que votre Waltophobie moderniste est mûre et  impatiente d'être partagée! Et vous adorerez ce spectacle!

Vous clamez qu'un syndrome de Walt avéré fait immanquablement confondre rêve et réalité, ce qui témoignage d’un âge mental voisinant les quatre ans.  C'est oublier au passage,  que vous-même bénéficiez de ces  mythes fondateurs  qui dans votre enfance ont pu vous conduire vers la bénéfique séparation du bien et du mal, celle du vrai et de l’imaginaire, et vers l’accession à la liberté de l’âge adulte. Et si ce n'est chose faite,  voilà qu'on incrimine,  pour les quarantenaires et les plus jeunes, l’emprise de l'image cinématographique, qui, bien moins que la tradition orale ou la lecture, permet à l’imagination de prendre son envol. Triste réalité!  Adieu donc: rêves, poésie, distanciation et humour! Et bonjour la loufoquerie et le délire stérile! 

Ah! Le monde passionnant!  

Régulièrement envoyé sur la piste des élucubrations psycho-sociales du spectacle, le psy de service qui  gère les différents cas clinique, n’est pas sûr de soigner sa patientèle victime  de Walt car lui-même - Shocking, isn't it? - est un prédateur sexuel!  Lui  non plus,  ne peut résister devant une femme endormie...  C’est l’occasion de rappeler la réalité. Celle de la récente révolte d’une mère de famille anglaise, avocate de surcroît*, qui brexite à mort  pour que les contes, qui  ont fait jusqu' aujourd’hui  les fondements de notre subconscient - lisez à ce propos l’ouvrage bien connu de Bruno Bettelheim «La psychologie des contes de fées » - , soient enfin détachés de leur contenu ouvertement machiste! En clair pour cette éminente dame, le baiser du prince donné à  la Belle au Bois dormant, c’est  carrément l’apologie de l'agression sexuelle! On le constate, celle qui fait la une des journaux, est bien atteinte, à contre sens, par ce fameux Syndrome de Walt, et s'avère sans doute incurable!

Mais revenons sur les planches! Si les trois comédiens dévoués ont  dépensé une  énergie fantastique  pour faire de leur spectacle un grand moment de divertissement  délirant, les tranches d’humour noir truffé de rose  bébé,  apparaissent de moins en moins  délectables. Mais c'est la deuxième saison,  ils cartonnent et on se réjouit.  La salle bien bondée rit, s’esclaffe,  et une critique quidam au fond de la salle, qui rêvait de féerie et de chansons waldisniaques sans mélange des genres, parodiées avec humour certes, mais avec l’élégance poétique requise, fut sur le coup, finalement passablement déçue.

L’idée de départ était pourtant excellente. Ils  eussent pu jouer haut et sans filets! Tant qu’à faire, un souffle iconoclaste moins dispersé, moins de demi-teintes et de vagabondages sociologiques et plus de férocité eussent sans doute mieux emporté le morceau. S’il faut renverser les idoles - d’où qu’elles viennent - et savourer la griserie de la moquerie, que celle-ci soit alors vraiment  pure et dure, et crue à souhait! Que l’on ricane alors franchement! 

Rester dans l’entre-deux hybride mi-figue mi-raisin,  déforce l’entreprise et  a engendré  le désintérêt  progressif de la spectatrice peu convaincue.  Comment, dès lors, ne pas se contenter de se  gausser du maniérisme sociologique politically correct  ambiant et  de  compatir muettement avec le regard de gosses de 8/12 ans partant baillant derrière leurs parents en traînant les pieds?

https://lesrichesclaires.be/evenement/le-syndrome-de-walt-2/

https://lesrichesclaires.be/fiche-descriptive-syndrome-de-walt/

Distribution

Texte DE

Cécile Delberghe et Eric De Staercke

MISE EN SCÈNE

Eric De Staercke, assisté de Joséphine de Renesse

AVEC

Cécile Delberghe , Simon Hommé et Benjamin Torrini

MUSIQUE

Eloi Baudimont

COSTUMES

Raphaëlle Debattice

DÉCORS

Benoît Cogels

CRÉATION LUMIÈRES

Frédéric Delhaye et Benoît Guilbert

Du 14 au 31 décembre 2017

Les Riches-Claires
Rue des Riches Claires, 24 1000 

http://www.lesrichesclaires.be 
accueil@lesrichesclaires.be 
02-548.25.80

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administrateur théâtres

Le titre est franchement plus sarcastique en anglais : How the Other Half Loves… Mais la référence,  coup de griffe à l’œuvre proustienne, ne manque certes pas de sel…   La  pièce (1969) a lancé le succès fulgurant de l’auteur dramatique anglais Alan Ayckbourn, probablement le dramaturge anglais  le plus joué après Shakespeare, avec plus de 80 pièces. Il  fut anobli par la Reine Elizabeth II en 1997  "pour services rendus au théâtre".

Daniel Hanssens  en signe la mise en scène et l’adaptation.    Laure Godisiabois, Frédéric Nyssen, Catherine Decrolier, Pierre Poucet, Amélie Saye, Thomas Demarez sont les joyeux lurons qui feront de cette œuvre un festival d’humour burlesque féroce et se partagent le carnage domestique. Le réalisateur, producteur Francis Veber, auteur du « Dîner de cons »  en fit la première adaptation pour le théâtre de la Madeleine à Paris en 1971.  

L’image contient peut-être : 1 personne, assis et intérieur

Il y a deux couples voisins : Frank et Fiona Foster, couple distant  bon chic bon genre,  vs Bob et Terry Phillips, plutôt peuple, orageux et déjanté!  On découvre la   relation adultère entre un homme marié (Bob) et la femme de son patron (Fiona)  et leurs tentatives  pour couvrir leurs traces en  utilisant un troisième couple, William  et Mary Featherstone qui doit être leur alibi.  Une série de malentendus, de conflits et de révélations ne manque pas d’éclore à chaque pas. Le terrain est miné et  fait trembler le plateau divisé en deux appart’ début des années 70dans les chaudes couleurs orange. Ils sont  tellement  identiques qu’ils se confondent et partagent la même table de cuisine ou de salle à manger, avec une même nappe, à  part sa couleur! All on the same boat ! Costumes d’époque.  L’effet de théâtre absurde bien inventé dure à souhait, conforté par  une  même sonnerie de téléphones fantômes. Les couples se frôlent sans se voir ni se cogner, se parlent sans savoir que les autres sont là! Sacré vertige pour le spectateur admis dans le secret des dieux!  C’est notre partie préférée.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout, table et intérieur

 On peut aussi pointer le contraste intéressant entre la nature des relations entre Fosters et Phillips  qui est  accentué par la différence visuelle dans leurs espaces de vie et leurs meubles respectifs, tout en coexistant dans le même espace  scénique. Jolie entourloupe : lorsqu'on leur a demandé où ils se trouvaient, Bob et Fiona mentent chacun à leur conjoint, prétendant avoir dû réconforter, respectivement, William et Mary Featherstone. Encore un couple très bien campé. Mary va-elle prendre sa revanche sur un mari qui la contrôle, et l’intimide à mort? Le conflit de Teresa et Bob culmine quant à lui lorsqu’ils s’arrachent sur une progéniture envahissante et intempestive qui enchaîne les bêtises. L’action burlesque violente sur scène  culmine autour de la table d’invités,  remettra-t-elle tous les compteurs à zéro ? La  sauvagerie comique délirante est grinçante à souhait.  Poivrez  le tout cela d’appels téléphoniques fantômes,  et vous aurez la recette d’une comédie pathétique et  désopilante, signée par notre amoureux des lettres anglaises, Daniel Hanssens et qui vous promène dans les mécaniques boulevardières  avec le plus grand sérieux sarcastique.  

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout et intérieur

« Du côté de chez l'autre »
d'Alan Ayckbourn

Crédit photos : Grégory Navarra

 

Du 5 au 9 décembre au Centre Culturel d'Auderghem – CCA

Spectacle des fêtes 

 


Du 15 au 31 décembre au Centre Culturel d'Uccle

Infos & Réservations : 02/560.21.21 ou comediedebruxelles.be

L’image contient peut-être : 6 personnes, personnes debout

 

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administrateur théâtres

Une mise en scène de Nele Paxinou, et le texte de François Ost (editions Lansman)

Camille

François Ost

Adaptation François Ost, Nele Paxinou
Mise en scène Nele Paxinou
Avec Marie Avril, Virgile Magniette, Bernard Sens
Danseurs Robin Capelle, Juliette Colmant, Caroline Givron

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De quoi ça parle?
 

 Qui ne connaît pas le  destin tragique de Camille Claudel, sœur de l’éminent poète  chrétien et diplomate français Paul Claudel? On se souvient au moins du film Camille Claudel de Bruno Nuytten dans lequel Isabelle Adjani incarnait Camille et Gérard Depardieu Rodin. Le film  fut couronné cinq fois aux César du cinéma 1989 et nommé aux Oscars. Auguste Rodin, impressionné par le caractère innovant et  la solidité de son travail, fait entrer  la jeune Camille, comme praticienne à son atelier de la rue de l'Université en 1885 et c'est ainsi qu'elle collabora à l'exécution des « Portes de l'Enfer » et au monument des « Bourgeois de Calais ». Ayant quitté sa famille pour l'amour de Rodin, elle travaille plusieurs années  à son service, négligeant sa propre création.  Qui de l’élève ou du maître inspire  ou copie l'autre ? L'amour ne distingue pas.  Mais considérée par sa famille comme une dévergondée, elle est rejetée brutalement.  Rodin ne peut se résoudre à quitter Rose Beuret, sa compagne dévouée… pour l’épouser.   La rupture définitive est consommée en 1898.  Camille s’installe alors 19 quai Bourbon et poursuit sa quête artistique dans  la plus grande solitude, malgré l’appui de  quelques critiques. Camille craint à tout moment que Rodin n’envoie des inconnus pour lui dérober ses œuvres. Elle vit  dans une grande détresse physique et morale, ne se nourrissant plus et se méfiant de tous. Son père, son soutien de toujours,  mourra le 3 mars 1913. Pourvue d’une  mère, incapable d’amour vis-à-vis de sa fille  elle  sera internée le 10 mars à Ville-Evrard puis transférée, à cause de la guerre, à Villeneuve-lès-Avignon Elle  y végétera et y mourra trente ans plus tard, le 19 octobre 1943, privée de tout contact avec sa famille et ses amis.  Un destin que l’on  peut comparer à celui de Zelda,  la femme de  Francis Scott Fitzgerald, l’auteur de « Gastby le magnifique » ,une autre femme subissant  l’injuste condition de la femme à la fin du XIXe siècle et le plagiat artistique.  

Et alors?camille-claudel-valse-figurine-sculpture.jpg

L'idée de débuter la pièce par l’internement psychiatrique et la fin de vie de Camille Claudel, permet de  prendre de plein fouet  l’injustice faite à cette femme qui eut le tort de se vouloir, libre, amoureuse et artiste et qui sombrera, privée de tout,  lâchée par tous, dans la déchéance absolue. C’est l’idée de l’auteur, suivie d’ailleurs par la metteuse en scène, Nele Paxinou,  qui a su ressusciter par la puissance de sa théâtralité le conflit des énergies,  et donner aux personnages des contours absolument poignants nimbés dans la poésie et l’humanité propres aux œuvres de Camille! On apprécie particulièrement  la présence très vivante de deux danseurs, un  homme une femme qui,  tout au long de la représentation, soulignent  les dialogues par de  précieuses chorégraphies très bien pensées. Leurs visages restent immuablement neutres mais leurs corps  semblent répéter en  variations  mobiles  toutes les émotions des comédiens.  Les deux figures de sable ou de glaise, dont la nudité semble surgir de la terre, dorée par les jeux de lumière sont là pour évoquer de façon fascinante les émouvantes sculptures de l’artiste et la force de ses créations. La musique est celle d’impressionnistes français, en hommage à Debussy. Il faut  bien cela pour supporter la tension du texte de François Ost,  qui déroule les épisodes de la vie antérieure de la jeune femme, avant son internement infâmant et permet d’exploiter tout le potentiel du rêve artistique de la jeune femme! Face à  l’amant, sculpteur prométhéen, génie du feu, et le frère, poète mystique, génie aérien, elle incarne la fertilité et l’énergie de  la terre .  Tandis que  le texte  célèbre la liberté  de la Chèvre de Monsieur Seguin, celle-ci est victime d’une mort pernicieuse programmée par le génie masculin.

 

Et le casting? 

Irréprochable ! Une rage, « Evidemment, je lui faisais de l’ombre. Mère de son enfant, je n’étais plus la gentille-jolie élève, je devenais Madame Rodin ! La maternité, c’est pour Rose ; les cours particuliers, c’est pour Camille ; chaque chose à sa place, un temps pour tout. Surtout ne pas troubler le confort du Maître ! Ah tu ne veux pas vivre avec moi, et bien ta fille tu ne la verras jamais ! Envolée, délivrée, Galatée ! »  Un génie à l’œuvre « Regarde, la roche devient luisante, elle me sourit. Elle brille comme un miroir. Et elle rend un autre son, sous les coups de ciseau. Ah, Camille Claudel, SCULPTEUR !» Enfin, la fureur de création, tout est magnifiquement emmené et campé par la comédienne Marie Avril, dont la voix, la diction et le timbre sont un délice  pour l’oreille ! Paul Claudel/ Virgile Magniette, le frère  apparaît sans caricature, décapé du lustre dont il se pare, car on ne voit plus que son âme grise. Parfait ! Et Rodin, …est d’une  savante justesse théâtrale.  Bernard Sens

 

Que demander de plus?  

La Note de la metteuse en scène: 
Avec passion, j’ai voué ma vie au théâtre. J’ai fondé en 1980 Les Baladins du Miroir, théâtre itinérant
sous chapiteau, théâtre total mêlant le jeu de l’acteur à la musique et à l’acrobatie. Aujourd’hui, j’ai
atteint mon objectif : partager la culture en faisant découvrir nos grands auteurs (Molière, Shakespeare,
Ghelderode, Cervantès, Voltaire,..etc.) à un très large public. La renommée des Baladins du
Miroir a traversé les frontières et nous avons jusqu’ici touché quelque 700.000 spectateurs.
Lorsque j’ai remis les rênes de la compagnie à Gaspar Leclère, j’ai décidé de prendre un nouveau
départ en créant la société Vitaly Production qui s’est assigné une mission vitale : mettre en valeur
des artistes d’aujourd’hui qui nous interpellent.
Ma rencontre avec François Ost répond à cette attente. Il nous propose dans un très beau texte –
nominé au prix littéraire du Parlement de la Communauté Wallonie Bruxelles 2014 – un nouvel éclairage
sur l’œuvre et le personnage de Camille Claudel.
Femme et sculpteur de génie, elle a réussi à imposer son art dans un monde d’hommes et dans une
société bien-pensante où la femme restait vouée au sexe et à la maternité.
Camille revendique une vie libre. Elle vit une passion amoureuse avec Auguste Rodin. Bientôt bafouée
par son amant et maintenue enfermée ensuite dans un asile par la lâcheté d’un autre homme, son
frère Paul Claudel, elle revendique pleinement une place vouée à la création.
Je voudrais accompagner, faire résonner encore son geste créateur, célébrer sa mémoire, bien audelà
de l’anecdote, en la conduisant là où elle nous attend : le moment précis où LA VIE SURGIT DE
LA PIERRE.


Nele Paxinou

http://www.atjv.be/Camille

L’image contient peut-être : 1 personne, barbe, texte qui dit ’CAMILLE Centre culturel de Nivelles Jeudi 5 mars 2020 à 20h’

  

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administrateur théâtres

Second Degré

...comme on les aime !

Déflagration : entre fable d’histoire naturelle et scalpel qui dépiaute les maladies de la société, Geneviève Damas se livre, sur papier et sur le plateau, au propre et au figuré, sans réserves comme si l’urgence était de sauver une espèce en voie de disparition, celle de la femme vivante, animale, animée de désir, prête à risque tout pour vivre sa vie de chèvre de Monsieur Seguin : enfin libre d’ « être », même au risque de se faite dévorer. Plutôt que de se sentir la corde au cou, corvéable à merci et d’être rangée parmi les robots nés pour servir les hommes. C’est dit. Bien qu’à demi-mots. Car la peine profonde reste toujours très silencieuse si pas muette.

LaSolitudeDuMammouth-DominiqueBreda5 Bérénice est une femme parfaite, comme dans American Beauty. Elle fait tout, contrôle tout, jusqu’au moindre brin d’herbe du gazon, jusqu’au nombre de pommes du pommier qui trône dans son paradis sur terre. Mais elle se meurt aux côtés de son professeur de mari, qui ne rêve qu’à ses palmes académiques. Sauf que, lorsque son mec, met les bouts avec une jeune et ravissante monture pour ses ébats amoureux, elle s’écroule d’abord, et croque ensuite avec délices, question de se relever, la pomme de la vengeance. Plus la violence est dissimulée, plus elle la galvanise. Elle perd tout principe moral, toute notion de civilisation et renoue dans un crescendo renversant, avec la sauvagerie originelle. Là est la fable. Le rire salvateur est au rendez-vous, il fuse à chaque ligne du monologue. Le jeu théâtral et la mise en scène sont succulents. On ressort rincé et rafraîchi par ce déluge de fantasmes qui déboulent sur scène et dans le texte, au rythme d’une révolution cosmique. Bousculant tous les codes, retournant toutes les médailles, faisant feu de la moindre convention, l’écriture est incisive et tranchante. Le texte se dévide, implacable. La mise en scène des frustrations et des désillusions sonne on ne peut plus juste …et la vengeance sophiste sur l’estrade sera caricaturale. Une fausse justice fait écho à une cause désespérée !

Geneviève Damas pendant une répétition de "La Solitude du Mammouth"

Grande habileté artistique due à la connivence des artistes, Emmanuel Dekoninck, le metteur en scène, joue un duo parfait de ce texte bourré de dynamite, avec la romancière et la comédienne, Geneviève Damas. L’action se précise au rythme corrosif d’un succulent thriller, qui n’est pas sans rappeler des nouvelles de Roald Dahl ou des romans de Barbara Abel.

25158013_1895501763798032_8434870910700125811_n.png?oh=c64d9c143c839e2fe8e7164aced5fcf8&oe=5A88EF33Aussi désillusionnée qu’une Madame Bovary, Bérénice déclare la guerre à qui lui a ravi son désir, rendu la vie étriquée, mis les sentiments aux abonnés absents …. Comme Médée, cette Bérénice a deux enfants. Ils sont invisibles, Rufus et Paëlla. Elle les laisse sans vergogne aux soins de la voisine. Qui sait, une chance pour eux ? Au passage, quelle preuve de désamour que ces noms-là ! Et comme la Médée antique, elle découvre la cruauté sans limites, se servant de la vengeance pour combler son abandon et y survivre. La loi sauvage du plus fort prévaudra. C’est comme cela, en histoire naturelle. La caricature est diablement efficace. Il n’y a rien d’innocent dans la démarche. Et il y a des plumes à perdre pour certains adeptes des robots féminins living in a Perfect World !

http://theatre-martyrs.be/saison/la-solitude-du-mammouth/8FE8AF55-D332-B17E-18F4-9A1A90CD7F22/

La solitude du mammouth

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administrateur théâtres

LES FAUX BRITISH

De Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields


Mise en scène : Gwen Aduh. Avec (en alternance) : Baptiste Blampain, Benjamin Boutboul, Bénédicte Chabot, Laure Chartier, Damien De Dobbeleer, Laure Godisiabois, Michel Kacenelenbogen, Cachou Kirsch, David Leclercq, Gaëtan Lejeune, Bruno Mullenaerts, Thibaut Nève, Simon Paco et Simon Wauters.

DU 18/10/17 AU 31/12/17

Annoncé comme génial, subtil et drôle, ce spectacle met en scène une bande d’artistes professionnels très généreux que l’on adore, surtout Laure G., qui en profitent pour s’éclater cul par-dessus tête dans les situations totalement absurdes. Grand bien leur fasse!  Une belle façon d’envoyer en l’air une année couverte de bleus et de blessures, d’envoyer paître tracas, flétrissures et pollution de la planète. Certes, ceux qui adorent les cascades à répétition, trouvent drôle le principe de la chute à répétions, de l’accident basé sur le même  modèle, de la catastrophe érigée en crédo,  ils riront aux éclats et mettront fort mal à l’aise les rares spectateurs qui ne partagent pas cet humour de bandes dessinées abrupt, intempestif, convulsif et ricanant.

A première vue, c’est donc drôle. Et il y a des étudiants que cela amuse vraiment de rendre feuille blanche!  Mis à part le décor qui lui s’applique à faire  un copié collé des pièces d’AGATHA  CHRISTIE, tout sonne profondément creux.  Malgré les murs en lambris de vieux chêne assortis à l’auguste horloge qui n’avance pas d’une seconde, la cheminée où flambe le charbon, la peau de tigre transformée en carpette en mouton, la desserte pour le whisky étiqueté façon ammoniac ou arsenic, et le sofa vert façon "couch",  d’où l’on contemple portraits d’ancêtres - bêtes ou gens ? -  ainsi que trophées de chasse qui ne cessent de s’effondrer, ...il n’y a rien d’anglais dans cette représentation. Donc pour être faux, c’est complètement faux. Les auteurs ont  bien raison, en ce qui concerne le titre.

Et pour preuve aussi,  la surabondance de l’excitation hystérique, de la cacophonie, l’absence totale de retenue, l’absence complète d’humour dit "anglais" flanqué de ses  savoureux  "understatements" tellement dévastateurs et efficaces, et que l’on attend toujours. Waiting for Godot!

On cherche en vain la parodie, car parodie se concocte dans les  ressemblances! Tout  au contraire, on se trouve à l’autre extrême, dans le bruit et  la férocité, les hurlements tous azimuts,  les embrouilles  d’une action qui n’existe pas, d’un texte non abouti, de répliques non connues, d’improvisations factices, de bout de textes tâtonnés, juste bons à jeter que l'on se plait même à répéter trois fois... à cours de mots ou d'inspiration ou parce que le disque est rayé? Le comique de situation est supposé faire tout!   Bref voilà un vaudeville policier totalement latin et déjanté, si c'est cela que l'on aime.

Ah! ils voulaient faire du Magritte, me direz-vous? Puisqu’on fête l’anniversaire de sa mort! Déstructurer et découvrir une réalité surréaliste!  Ceci est un trousseau de clefs dit-il en saisissant le vase chinois…  Bien vu !  Sauf que ce qui s’applique au vrai théâtre de l’absurde, version anglaise ou française avec des noms tels que  Beckett, Ionesco ou leurs héritiers Pinter, Arrabal, ou Tom Stoppard … ne s’applique vraiment pas à ce trio d’auteurs sortis d’on en sait zou ni à un texte démuni de  la moindre charge dramatique! On ne peut même pas dire que c’est « du vent ! » car dans le vent, il y a tant d’esprit ! Du vide sans doute, pathétique et désespérant. Alors, nous, les dindons de la farce, on ne rit pas!  Sorry guys, not my cup of tea! Mais notre avis importe peu puisque tous les billets sont achetés et qu’on en redemande. Las, pour nous, sapiosensuels que nous sommes,  un roi nu est bien nu!

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http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=506

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