Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Publications de Deashelle (912)

Trier par
administrateur théâtres

They did it! A la Comédie de Bruxelles

En tournée.... 

                        Titulaire du prestigieux Prix Maeterlinck de la Critique, Daniel Hanssens, sacré roi de l’humour, a tout fait  : cinéma, enseignement, comédies musicales. Qu’il soit comédien, metteur en scène, réalisateur… ce qui lui importe depuis quarante ans, c’est le public. Et dernièrement, du 12 au 17 mars 2024 au Centre culturel d’Auderghem avec sa création de "Ladies Night", il a fait un vrai tabac devant public joyeux et  sans complexe, ravi de jouer  le jeu par un accueil délirant.

                        Cette pièce qui se termine par un effeuillage intégral pourrait sembler un brin racoleuse, mais non! Qu’il pleuve ou qu’il vente, Daniel Hanssens sait prendre des risques et doit avoir une bonne étoile. On sent qu'il a comme impératif la flamme de la création, surtout si ça sert l’humain, l'humour et la bienveillance.  Ainsi,  cette pièce montée avec brio est une vraie partie de plaisir.   Voilà une  adaptation belge très réussie  de l’une des meilleures comédies britanniques des années 1990 “The Full Monty” ( traduire “ Le grand Jeu”) de Terrence McNally et David Yazbek, film inspiré  lui-même, de la pièce de théatre LADIES NIGHT écrite en 1987 par Anthony McCarten et Stephen Sinclair.

                       Le pitch: les usines ont fermé et des hommes désemparés et au chômage se retrouvent au café du coin. L’homme contre la machine, vous connaissez? Humiliés et  confrontés au manque d’argent, ils broient du noir. Le hasard leur fait soudain un monumental clin d’œil et voilà l’un d’eux prend les devants et veut convaincre les copains de monter un spectacle de strip-tease masculin pour gagner de l’argent et se refaire une dignité. Le feront-ils ou pas? That’s the question ! Valse hésitation, réticences, peur du regard des autres… estime de soi à zéro, on n’en aura jamais fini avec la misère et l’exploitation des petites gens :  le tenancier du bistrot, un black, un meneur, un rondouillard, un timide, une grande gueule, et un rocker. Mais ils  finiront par sortir le grand jeu, et se prouver qu'ils existent malgré leur détresse sociale, familiale et morale.  Sept hommes ... et une femme! 

                       Tous les genres de comique y passent, le public rit de bon cœur devant les situations les plus scabreuses, le vocabulaire et les postures osées.  Côté public, on se livre avec délices à une vraie conjuration du rire. Daniel Hanssens  rappelle que la nudité n’est pas le propos. «Ce sont avant tout des paumés qui veulent s’en sortir. Ils sont à bout, ne savent plus payer leurs traites, craignent que leur femme les quitte. Se mettre à nu sera pour eux comme une nouvelle naissance, une manière de se refaire une place dans la société. A l’heure où le taux de chômage ne cesse de grimper, cette pièce est terriblement actuelle. »

                        Après  une semaine de succès ininterrompu au Centre Culturel d'Audergem, si vous ne les avez pas vus,  foncez  les voir au Centre Culturel d'Uccle ! 

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour Arts et Lettres

 

429803065_10232745347433016_5352461623332673299_n.jpg?_nc_cat=111&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=7ZXD2wIt4AcAX_FgWWE&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfBXNZIYgXCrDpj4CN5jUqEMhNtblqYM7sW-Bo6jcoeqIQ&oe=66064C73&profile=RESIZE_584x

Mise en scène de  Daniel Hanssens, Assistant à la mise en scène Victor Scheffer

Avec;  Philippe Résimont, Eric de Staercke, Michel Hinderyckx, Pierre Pigeolet, Frédérik Haugness, Georges Lini, Bruce Ellison et Rosalia Cuevas

Décor Francesco Déleo

 Aux Lumières: Laurent Kaye

 Une Production de  la Comédie de Bruxelles qui fête ses 20 ans

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Pour la troisième fois au Théâtre Royal du Parc, et avec le succès que l’on sait, Patrice Mincke s'empare de l'un des textes les plus célèbres du répertoire de Molière : «  Le Misanthrope ». Foin cette fois, de sujets d’ordre domestique où sont  livrées à notre risée des études de caractère cinglantes qui suscitent les bienfaits du rire.

431172660_732589865680280_6861265195818780589_n.jpg?_nc_cat=100&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=HCKAkly6p3kAX8A7vdM&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfDJjEOL8cWqxaip-JlAeAOVKwvcv1VCHwbtkPieWqlGOg&oe=65F5DE50&profile=RESIZE_584x

Ici s’engage un délicat débat de société: Philinte ou Alceste?

Dixit La Bruyère : « Ne nous emportons point contre les hommes en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice, leur fierté, l’amour d’eux-mêmes et leur oubli des autres: ils sont ainsi faits, c’est leur nature: c’est pouvoir supporter que la pierre tombe ou que le feu s'élève » ( De L’homme)

Philinte, pour sa part est … catégorique «  Et mon esprit n’est pas plus offensé de voir un homme fourbe, injuste, intéressé que de voir des vautours affamés de carnage, des singes malfaisants et des loups pleins de rage. »

Ce nouveau «Misanthrope» millésimé 2024 donné au Théâtre Royal du Parc est une splendeur d’interprétation et de jeu théâtral. Acrobatiques, les comédiens jouent tous « haut et sans filets » avec l’énergie  de la jouvence et du renouveau théâtral éternels. Ici, on est au sommet de l’art, dans un gratte-ciel de la ville moderne, avec les nuages pour témoins… Et l’herbe tendre pour la tentation. Femmes et marquis  s’ébattent dans de superbes liaisons dangereuses.  Pas moins de 1.808 alexandrins volent avec  saveur  exquise et modernité,  La troupe  est  éblouissante, jetant à tout moment des brassées de rires  parmi les spectateurs. Que du bonheur. 

 431167434_732589872346946_4890768175112322783_n.jpg?_nc_cat=110&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=gffXYcfb1roAX_v6-8W&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfAXfsUt8klTSSDDhTnW1E-SD3Wr_MnACxfgIxeIfqNSRg&oe=65F58273&profile=RESIZE_584x

Touché coulé: Alceste, le super-héros de la rumination atrabilaire a une faiblesse. Il a sans le moindre scrupule déclaré la guerre à  Philinte, son meilleur ami,  l’accusant  de comportements hypocrites avec de vains quidams, au nom de la politesse. Mais en même temps,  le voilà paradoxalement envahi par un brûlant désir de reconnaissance et d’intimité avec sa jeune maîtresse, une glamour girl frivole qui manipule ses courtisans avec une adresse aussi féroce qu’ingénue. Solaire, sulfureuse, pleine de verve, la Gossip Girl occupe la scène avec une énergie démentielle. Mais que donc est venu faire Alceste dans cette galère?

Dès la première scène  il enrage : « Je ne trouve partout que lâche flatterie, / Qu'injustice, intérêt, trahison, fourberie ».  O n penche bien sûr aussitôt pour Alceste, nous qui vivons dans un monde en plein dérèglement planétaire, nous  qui sommes glacés d’effroi devant l’effondrement de nos modes de vie, de nos valeurs. Ne sommes-nous pas assaillis de sujets qui fâchent, comme jamais on aurait pu être fâché? Même l’essence de notre pensée humaine semble être en danger…

Mais, voyez, vigoureuse à jamais, malgré tous ses défauts et les accusations graves qui l’accablent et la confondent, Célimène,  intrépide Pauline Desmet, ne baissera pas la tête et voguera sur les vagues de la modernité. N’ayez aucune crainte pour elle!

« Moi, renoncer au monde avant que de vieillir, / Et dans votre désert aller m’ensevelir ! »

Peut être une image de 3 personnes et texte qui dit ’Be the One’

Majestueux, les colosses de l'économie numérique GAFA  président à  la mise-en-scène et  la scénographie.  Ce miroir nous force à regarder en face le monde qui change. À nous, cependant, les aînés  ...et les suivants,  de continuer à transmettre perles et joyaux  du passé, comme ces  illustres textes du patrimoine culturel français,  mais, …se mettre en travers? Alceste souffre-t-il d’un défaut d’hubris doublé d’un douloureux aveu d’échec devant le monde en marche? Or, qui a jamais pu entraver l’évolution?

Bref, notre Alceste est un formidable paquet d’humanité, et c’est pour cela qu’on l’aime, lui et son merveilleux interprète, nul autre qu’Itsik Elbaz avec à ses côtés, un être d’une tout aussi belle tranche, d’une rare sensibilité  pour incarner la sagesse et la modération de Philinte: Stéphane Fenocchi. Quant à, Molière  il est tour à tour les deux, non ?  

Et vous, qu’en penserez-vous?

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour Arts et Lettres

 

 

"Le Misanthrope" de Molière, au Parc, du 7/03 au 6/04/2024

A vos réservations 🎫 https://bit.ly/TRP-BILLETERIE 💕

Crédit Photos:  Aude Vanlathem

 

 Distribution:  Julien Besure (Clitandre), Denis Carpentier (Acaste), Bénédicte Chabot (Eliante), Damien De Dobbeleer (Oronte) , Pauline Desmet  Célimène), Itsik Elbaz (Alceste), Stéphane Fenocchi (Philinte) , Benjamin Van Belleghem (garde / valet d'Alceste,  Anouchka Vingtier (Arsinoé ) .

 Dans une mise  en scène de  Patrice Mincke, Assistanat: Sandrine Bonjean

 La Scénographie de  Vincent Bresmal, Matthieu Delcourt,

 Les Costumes de  Chandra Vellut et Cécile Manokoune

 Aux Lumières :  Alain Collet

Création musicale :  Daphné D’Heur

 Maquillage et coiffures  de Tiuku Deplus et Florence Jasselette

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Une charpente pour ma maison…

 

A vos agendas: Le 23 mars 2024:  - Soirée caritative au profit de Nefer !


Interprétation : Mathieu Moreau / 
Production : Théâtre de la Clarencière

 

Pourquoi Nefer?  Pourquoi Mademoiselle Luna?  Pourquoi les femmes? Pourquoi le cancer du sein métastatique?

 

418810302_10228257325072013_4230057764628592635_n.jpg?_nc_cat=107&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=N4xxI06PQc4AX_Iye-T&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfC5ficNBAiZGrygqrR8qjj465pH7-1ke3Z_u4wEpjimJw&oe=65F29A1A&profile=RESIZE_400xÊtre atteinte d’un cancer du sein est bouleversant, peu importe le stade mais une patiente atteinte d’un cancer du sein stade 4 ne reçoit pas les mêmes traitements, et ne vit pas la même réalité que les autres suite à leur diagnostic. L’anxiété et la dépression sont fréquents en plus des malaises, de la fatigue, des nausées, des difficultés digestives et parfois cognitives dues à la prise de médicaments, et bien sûr de la perte inévitable de l’intégrité physique.

En outre, il y a tant de deuils à faire quand il s’agit d’une jeune femme. Elle doit faire face face à des défis et des besoins particuliers si elle a une relation de couple, de jeunes enfants, une vie de famille en pleine construction.

Les difficultés vécues proviennent notamment des sentiments de peur non seulement devant l’issue fatale du diagnostic, mais surtout de l’après, pour ses proches. En plus, il faut pouvoir gérer la colère, le désespoir et autres émotions associées au diagnostic. Vivre le chamboulement des routines quotidiennes, l’isolement accru par le retrait de la vie sociale, les nouvelles pressions financières face aux traitements onéreux de la maladie. 

À cela s’ajoutent parfois par pure malchance, des défis financiers insurmontables. Et c’est en effet le cas de Nefer Ti, une jeune femme pleine d’avenir et de bonheur foudroyée par le diagnostic impitoyable.

 

 Historique:

Voici maintenant 2 ans, Nefer et son compagnon sont en passe de pouvoir acheter leur maison familiale dans une petite ville du Namurois.

Une semaine après que l'offre ait été acceptée, le premier diagnostic de cancer du sein tombe. À l’évidence, ils ne peuvent bénéficier d'une assurance vie, mais signent courageusement les actes, pensant que ce projet leur permettraient de construire un futur paisible à la campagne avec leurs 3 jeunes enfants. C’est d’ailleurs grâce aux difficultés d’allaitement du petit dernier, que l’investigation oncologique a pu être menée…

 Mais le projet tourne rapidement au cauchemar car cette maison vétuste est bourrée de vices cachés dont il faut s’occuper d’urgence. La facture des travaux indispensables grimpe aux alentours de 120 000€. Impossible de se retourner contre les anciens propriétaires qui sont insolvables. Celui qui a construit la maison doit lui-même de l'argent à de nombreux créanciers. Et puis, en novembre 2023 le jeune couple apprend que le cancer est devenu métastatique.

 Ils aimeraient profiter du reste de la vie ensemble avec plus de légèreté. Ils aimeraient réparer leur maison sans être surendettés, et pouvoir préparer la vie d’après. Un certain optimisme ne les abandonne pourtant pas. Ils écrivaient il y a peu:

 

                                                    "Nous avons la chance d'être bien entourés, d'avoir une famille et des amis formidables. 

Nous avons la chance d'avoir de auoi manger et nous chauffer pour cet hiver, une voiture pour nous déplacer et des emplois stables.

Malgré tout, nous vivons dans la pression et nous ignorons combien de temps nous allons pouvoir tenir financièrement face à toutes ces factures liées à la rénovation.

Nous n'avons pas beaucoup d'énergie à offrir pour l'instant et nous ne pourrons certainement jamais rembourser les dons reçus.

Malgré tout, nous avons à cœur de retourner à la collectivité la solidarité que nous recevrons, d'une manière ou d'une autre, mais certainement par notre engagement dans des actions liées à la lutte contre le cancer. 

Nous espérons également être un jour plus à l'aise financièrement pour soutenir la recherche contre le cancer du sein.

Si vous avez l'occasion de nous soutenir d'une manière ou d'une autre, dans cette période difficile, nous vous en serons très reconnaissants."

 

 

 

Peut être une image de 14 personnesTouchée en plein cœur par ce témoignage, Fabienne Govaerts, directrice du Théâtre de la Clarencière organise ce 23 mars 2024 une soirée caritative à l’intention de cette famille dont le courage ne faiblit pas alors que la situation est désespérée. " Elle nous conte sa passionnante empathie pour cette femme, Nefer Ti, jeune et belle, mère de trois joyeux bambins qui se voit à 36 ans  au  stade final, désormais sans sa resplendissante chevelure blonde, les yeux brillant d’amour, implacablement dévorée, non pas par le fatidique nénuphar de Chloé, mais par un ours encore pire que le crabe, comme elle le nomme. Ce mal incurable qui l’assaille.

Comme journaliste culturelle bénévole pour le Réseau Arts et Lettres depuis 15 ans… je me joins à son appel à l’aide pour cette famille déjà endeuillée… et je vous remercie de m’avoir lue. 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pourArts et Lettres

 

417507747_10228257325192016_2454199868008021661_n.jpg?_nc_cat=105&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=RmfaC3rtJZAAX-80mas&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfDoMUTDtE3USpzBdI0KiqkKS3vH53LfodgIwaZ2CwRfUg&oe=65F241D7&profile=RESIZE_584x 

Ballade galante en compagnie de Mathieu Moreau 

Balladez-vous dans quelques morceaux choisis de la littérature du 18ème au 21ème siècle et,
laissez-vous saisir d'émoi à l'écoute de passages intenses... 
De la passionnelle relation de George Sand et Alfred de Musset, à la Fontaine, Voltaire, Corneille, Baudelaire en passant par Apollinaire, 
Marceline Desbordes-Valmor, Ovide, l'abbé de Latteignant et plus proche de nous Hippolyte Wouters, 
vos oreilles s'offriront le bonheur de textes délicats et parfumés distillés par la voix chaude de l'artiste pour cette unique soirée dédiée à l'Amour.

♥♥♥ Un moment délicat à s'offrir seul ou en couple !!♥♥♥

 

Tout public :

Samedi 23 mars à 20h30 - SOIREE CARITATIVE EN FAVEUR DE NEFER TI

*** 
NEFER, sa chevelure d'or et son ours affamé ...***

Ce pourrait être le titre d’un conte mais c’est malheureusement la définition de la vie brisée d’une jeune femme solaire et généreuse, maman, de 3 enfants en bas âge Tom, Zoe et Valentin le petit dernier.


♥♥♥ P.A.F.: 25 € TARIF GENERAL (cliquer sur tarif étudiant via le site) - 
50 € TARIF DE SOUTIEN A NEFER ♥♥♥
Réservation souhaitée


INTERVIEW RADIO JUDAICA : lien : https://youtu.be/TEldmhGDiB8



 

Fabienne Govaerts, directrice artistique
Co-Présidente Fédération Théâtres Indépendants d'Avignon (F.T.I.A.) - www.ftia.fr
Théâtre littéraire de la Clarencière - Bruxelles - www.laclarenciere.be
Théâtre littéraire Le Verbe Fou - Avignon - www.leverbefou.fr

Tél. : 0032(2)640 46 70 du mardi au samedi, de 11H00 à 18H00
Tél. : 0033 490 85 29 90

Lire la suite...
administrateur théâtres

 @Flagey en Février

CONCERTS

A l’An Prochain? @Flagey

 

Las… ils sont derrière nous, Les Flagey Piano Days. Véritable ode à la musique et à l’art, ils transcendaient les frontières du temps et de la culture pour offrir une expérience inoubliable à un public chaleureux et enthousiaste.

 Ils fêtaient l’inauguration du nouveau piano Steinway acquis tout récemment à Hambourg et étaient pour la première fois guidées par une célèbre et fringante pianiste, Anna Vinnitskaya. De quoi aimanter des spectateurs curieux et passionnés par l’excellence musicale. Ainsi, au deuxième jour, il nous a été donné d’écouter dans une salle pleine comme un œuf, trois œuvres moins connues.

Tout d’abord, La suite instrumentale  Kijé Op.60 de Sergei Prokofiev écrite à l’origine sous forme de musique d’un  film éponyme, produit par les studios de cinéma Belgoskino de Leningrad et sorti en mars 1934. Il s’agissait de la première tentative de Prokofiev en matière de musique de film et de sa première commande. Une œuvre qui balance entre   satire politique  et  épopée.

Histoire réelle, Kijé est un  personnage fictif * qui  fut tenu pour réel par l’administration russe, une histoire pleine d’absurdité !  Ceci  entraîna d’ailleurs une multitude de quiproquos très réels et parfois douloureux pour ceux qui en furent victimes . La nouvelle dont Prokofiev s’inspire fait partie d’ un recueil d’anecdotes paru en 1901 sous la plume de l’auteur Tynianov. Il s’agit, on s’en doute, d’une satire de la bureaucratie russe et l’empereur, irascible et capricieux, comme un évident portrait de …Staline. Au cours de la suite  on assiste ironiquement  à la naissance claironnante d’un petit fifre, suivie d’une Romance mélancolique ourlée des sanglots d’une colombe grise et triste. On assiste à un mariage villageois  ample et pompeux, sachant que tout est ridicule puisque le personnage soi-disant réel n’existe pas. Mais on verse avec bonheur dans la neige délicate, l’espace de vitesse et de liberté, d’une course vertigineuse en Troïka. La poésie est mariée aux instruments de musique: fifres et archets puis, la vie part en fumée, et nous quitte comme elle est arrivée, dans un enterrement ironique…

Un sublime et peu joué   Premier Concerto pour piano de Sergueï Rachmaninov, composé à l’âge de 18 ans prend la suite, porté par  l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et Anna Vinnitskaya, lauréate du Concours Reine Elisabeth 2007. Beaucoup de peps juvénile, après une ouverture spectaculaire qui vous frappe de plein fouet. Des cuivres éclatants des percussions de tonnerre et enfin le toucher magique de la pianiste de rêve pour réveiller l’âme de la musique.  Tantôt cajolerie tendre, tantôt abandon, et dans le sourire de la  pianiste, la secrète joie d’avoir ouvert les portes du cœur. Anna Vinnitskaya  en féé musicale, préside à un entrelac de sentiments sublimes comme sur une tapisserie précieuse. De magnifiques soli instrumentaux conversent avec  elle en toute fluidité.  La matière musicale est contrôlée, précise et suave, le regard suspendu aux mains du chef d’orchestre, Samuel Jean.  Tout aussi lyrique et passionnant se révèle pour finir la soirée sous la baguette de Samuel Jean « Aladdin »une musique de scène   faisant  revivre la magie des Mille et une nuits, créée par le danois Carl Nielsen pour accompagner une reprise de l’Aladdin du dramaturge  Adam Oehlenschläger au Théâtre Royal Danois en février  1919.

 Autant dire que Les Piano Days à Flagey sont chaque hiver un  événement d’exception  qui  réunit un bouquet d’artistes confirmés , chacun porteur d’une vision unique et d’indiscutable énergie artistique. Lors de cette édition 2024, avec des noms d’affiche  tels que  De Spartak Margaryan et Levi Stechtmann, en passant par les prodigieux frères Arthur et Lucas Jussen, les concerts ont fait fleurir virtuosité et authenticité devant des publics conquis.

La fusion d’influences et de styles a mis en avant la vitalité et de la créativité de ce festival bruxellois dont les divers concerts étaient souvent sold out.

Mais les Flagey Piano Days ne se contentent pas de ravir les amateurs de musique classique, ils célèbrent  chaque année également le jazz dans toute sa splendeur, grâce à des virtuoses tels que Yaron Herman et Stefano Bollani. Et avec la présence envoûtante du compositeur et pianiste australien Zubin Kanga, l’événement devient une exploration captivante des sonorités ultra-contemporaines.

En tant que lieu de rencontre entre les générations d’artistes et de passionnés, les Flagey Piano Days incarnent effectivement l’esprit de découverte et de renouveau. Ils nous invitent à nous immerger dans un univers où la musique, année après année, nous enivre et nous transporte, réchauffant nos cœurs au cœur de l’hiver, y semant le vif espoir du printemps. A l’an prochain ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

info: https://www.flagey.be/fr/activity/10393-anna-vinnitskaya-oprl

*Ainsi, par un caprice phonétique de la langue russe  sous le règne de Paul Ier prend naissance un être fictif dont l’entourage de l’empereur n’osera jamais révéler l’inexistence. On en profite aussitôt pour attribuer à Kijé une faute que personne ne voulait endosser, une fausse alerte qui avait réveillé Sa Majesté. L’empereur ordonne l’exil de Kijé en Sibérie. L’institution militaire russe, respectant l’ordre à la lettre, envoie donc vers la Sibérie une escorte sans prisonnier. Par la suite, Paul Ier, sujet à des crises d’angoisse, se méfiant de son entourage, cherche à promouvoir des officiers non issus de la noblesse. Kijé, en tant que militaire modèle aux états de service parfaits, sans attaches ni « piston » d’aristocrates ou de personnages haut placés, est d’abord gracié, puis nommé capitaine, enfin colonel chef de régiment. Une maison lui est attribuée, ainsi que des serviteurs!

Lire la suite...
administrateur théâtres

A quoi pensent les étoiles

SPECTACLES

Colin et Chloé

Conjoncture des étoiles : il n’y a pas de  hasard. Que Bernard Damien, en personne, vienne du fin fond de sa France étoilée, déposer aujourd’hui précisément, au théâtre de la Clarencière à Bruxelles, le cadeau formidable d’un texte qui l’a occupé presque toute une vie : «  L‘écume des jours de Boris Vian », c’est bouleversant.

 Michèle Friche, journaliste  au Soir,  ne parlait-elle pas de lui à l’époque,   comme « d’un homme libre en colère, directeur de compagnie, metteur en scène, comédien, aussi fou de littérature que de lumière provençale. En colère contre l’humanité,  se battant sur tous les fronts de la passion, … tout comme Boris. »  Boris et Bernard ? Une filiation fidèle et poignante, éternelle?

Ce  bouillant professeur d’art dramatique qui  a pris aujourd’hui ses quartiers dans le Sud de la France,  mit en effet « L’écume des jours »   en scène   pour l’avènement de l’an 2000, au théâtre du Rideau, avec des grands noms de notre scène belge : Nathalie HaninGérald Wauthia ,Patrick BrüllEmmanuel DekoninckSteve DriesenMicheline GoethalsIsabelle De BeirValérie MarchantIsabelle De HertoghNicolas Ossowski… C’est tout dire.

Cette fois, devant un public médusé, il  endosse tout seul les rôles de ce conte poétique et c’est  d’une densité dramatique à couper le souffle.  A ses côtés, à l’autre bout de la scène il y a  le musicien au visage impassible de pianiste de jazz qui égrène les bruitages, les atmosphères, l’orchestre de  jazz, les émotions, comme   une riche bande son d’un film en salle de  cinéma. Au milieu, règne, tenez-vous bien,  l’intelligence artificielle qui défile sur un écran beau comme un tableau de maître,  de somptueuses  images oniriques et réalistes à la fois, à chaque changement de lieu. Quel exploit, Hopper doit être jaloux !   Ces compositions lumineuses surgissent, inexorables et fascinantes, à chaque pas de l’histoire qui court vers son tragique dénouement.  Presque sans pause, dans l’urgence,  la  sublime voix humaine du metteur en vie  transmet le  texte inoubliable, faisant frémir le cœur et les souvenirs.

Or, presque 25 ans se sont écoulés entre la création de l’adaptation  de l’œuvre pour  le théâtre par Bernard Damien en 1999,  et cette inoubliable soirée à la Clarencière. Peut-être que les mots vivent d’immortalité. Et non, Colin et Chloé ne sont pas morts ! Ni l’adorable souris, ni le chat compatissant, ni le formidable cuisinier de Colin, l’obséquieux Nicolas, collectionneur d’aventures, mais  aveugle face à l’amour d’Isis. Et bien sûr, le pauvre ingénieur désargenté, Chick…le double inversé de Colin, rendu fou à lier par son fétichisme  pour les objets et productions de Jean-Paul Partre…   Est-ce la fantaisie, le surréalisme et les créations lexicales abracadabrantes de ce  poète qui crache sur les tombes, qui porteraient une œuvre hors des griffes du temps?    Quitte à faire au passage le procès de la violence, de la  maladie, de la guerre, du travail et  des religieux. Et de l’argent.

 Et puis il y a soudain, flottant dans l’air scintillant des émotions artistiques, une autre histoire, toute aussi vraie qui se déroule hic et nunc, sous l’œil attentif la directrice des lieux. Elle nous conte sa passionnante empathie pour cette femme, Nefer Ti, jeune et belle, mère de trois joyeux bambins qui se voit à 36 ans  au  stade final, désormais sans sa resplendissante chevelure blonde, les yeux brillant d’amour, implacablement dévorée, non pas par le fatidique nénuphar de Chloé, mais par un ours encore pire que le crabe, comme elle le nomme. Ce mal incurable qui l’assaille.

Il a suffi  donc de cette concomitance extraordinaire des étoiles,  pour que Fabienne Govaerts mette sur pied dans  son petit théâtre, – prenez vos billets pour  le 23 mars 2024  – un  extraordinaire projet caritatif pour aider matériellement  ladite jeune famille vivant à la campagne,  et hélas  sans plus  le moindre doublezon, pour passer  leurs  derniers jours  de bonheur ensemble.  Accablés par le destin. Mais, la poésie sauvera le monde :   Bernard et Boris, unis dans la magie des mots font oeuvre de liberté et d’amour. Et nous, et vous … peut-être.  

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

 au théâtre littéraire de la Clarencière, 20 rue du Belvédère à Ixelles

 

Direction artistique
02/640 46 70 du mardi au vendredi de 11h00 à 17h00
Fabienne Govaerts

fabienne.govaerts@skynet.be

Elle revient donc, cette soirée dédiée à l'Amour en compagnie de Mathieu Moreau *** Le samedi 23 mars à 20h30 - SOIREE CARITATIVE EN FAVEUR DE NEFER TI *** au théâtre littéraire de la Clarencière, 20 rue du Belvédère à Ixelles

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Histoire de plumes et de déjeuner sur l'herbe

 

Où? Quand? ...Comment, un nouveau « Déjeuner sur l’herbe » ?Cela manquait à mon tableau de chasse… Après plus de 900 billets culturels pour le Réseau Arts et Lettres

...dont un gastronomique,  à propos d’un  délicieux petit restaurant vietnamien aujourd'hui disparu, à deux pas d’une célèbre Galerie d’art

...où veilla pendant des années un galant homme de lettres, qui, manquant d’espace, finit par établir son quartier général, loin de la mythique rue Lesbroussart :  A L’Espace Art Gallery  rue de Laeken, 1000 Bruxelles, nouveau lieu de rencontres dirigé par  l’aimable Jerry Delfosse.

Et voici que, la semaine dernière dans ce  poétique quartier des étangs d'Ixelles,

mais en plein milieu de chaotiques ravalements de trottoirs,

de monceaux de nouveaux pavés dans la mare,

à une encablure d’un parking souterrain qui affiche régulièrement « complet sauf aux abonnés » et « fermé » dès que tombe la neige ou la pluie...

A un saut de puce, vous dis-je, du parvis d’une sainte église de la Croix,

au confluent du paquebot Flagey où viennent de voguer en février  les somptueux Piano Days - on vous en a soufflé mot -

voici, pour les lecteurs qui n’ont pas perdu patience, un billet à plumes.

Ne vous en déplaise, un billet de derrière les fagots, à propos d’un événement propre à briser les ailes d’anges de tous les puritains et puritaines  qui s'offusquent du plaisir.

Le spectacle se nomme le " Sassy "   du  nom d’un cabaret qui n’a pas froid aux yeux, ni au cœur ni aux corps. 

       Chut! Il se déroule au théâtre de al Clarencière! 428675019_10228169089226172_2545816023300005545_n.jpg?stp=cp6_dst-jpg&_nc_cat=110&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=vgLlD0enCAcAX-uThTS&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfAZKClAbZrjhVUIDMjZwYHZqVmLvS-5JLaVTPL8NqrFrQ&oe=65F4780D&profile=RESIZE_400x

 

 Elles sont cinq complices fabuleuses, qui content la vie avec le corps, et murmurent les temps qui courent. Dès l’entrée de jeu,

voilà trois Grâces à peine vêtues de déshabillés de soie et portant des maquillages à faire frémir Cléopâtre de jalousie.

C’est elles qui donneront le  ‘ la’  à un spectacle plein de surprises. Chacune évoluant dans ce premier numéro,  sur une chaise

pure et dure. Envoyez la musique. Un petit  avant-goût éloquent avant que la présentatrice, œuvrant avec charme comme

 master of ceremonies,  ne prévienne l’assistance du bien-fondé de la poésie et de l’érotisme ou, vice versa. Personne ne quitte

les lieux, subjugué.

 Un envoûtement préparé avec soin?  Oui,  l’humour bien placé vous guette à chaque tournant de cette vertigineuse odyssée

intime. C’est léger et profond à la fois, comme la légèreté de l’être, c’est tantôt, volcanique,  battant d’érotisme, tantôt parfumé

d’onirisme, tantôt convaincant de vérité, nue, bien sûr. Pour la jeune génération, c’est bruyant à souhait pour cacher les

vulnérabilités. C’est tourneboulant, savamment proposé, intelligemment articulé. Aussi, le public s’affole et siffle de ravissement

tout au  long  de l’exercice de style.  Raymond Queneau où es-tu?  De fait, on se retrouve sans voix devant l’audace, le fond la

forme la puissance et l’énergie gymnaste des demoiselles. Pardon, on a sorti ce terme de la langue française... Elles manient

 aussi, avec brio, la parodie d'une humanité en proie au cynisme le plus effrayant,  et si tragique.

 

Courrez-y, l’an prochain, on vous le conseille, cela se passe chaque année au théâtre littéraire de la Clarencière, 20 rue du Réverbère… Pardon, du Belvédère. À Ixelles. What else? Garanti sans vannes graveleuses.

Bons baisers de la rédaction. 

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

Lire la suite...
administrateur théâtres

Ballades en sous-sol à La Clarencière

SPECTACLES

25ème saison du théâtre de la Clarencière

 

Ballade Galante de morceaux choisis

Au clair de la lune… mon ami Mathieu… entre d’emblée

…en conversation avec son public, avant de lui envoyer, tels des avions en papier, tant il s’amuse, des volées de billets poétiques amoureux et enflammés : des épigrammes en veux-tu en voilà, des joyaux à la manière courte et ludique, des tirades sous forme de vers, envers et contre tous, des mots anciens qui fleurent les études classiques, le tout, lesté d’accents spirituels, et surtout, en n’ayant pas peur des mots.

Rythme, textes familiers et lointains, avec ses ruptures de ton passionnées, il a tous les atouts, l’artiste ! Le geste, la physionomie, mais surtout bien sûr, la voix…

Cette voix humaine…qui n’a pas froid aux yeux.

Et de la dentelle aux manches pour signifier son amour de Molière et la magie de la scène. Ravi par le verbe, il joue au pastoureau qui rassemble sans lyre ni flutiau. À chacun il parle son langage favori : docte, ironique, candide, amoureux, rabelaisien, ronsardien, grivois parfois le jour de la Saint Valentin, complice, en cent rimes ou raison, pour allumer l’olympique flamme de l’amour toujours…celui qui sauvera le monde.

C’était au théâtre littéraire de la Clarencière, à Ixelles, le soir de la Saint Valentin, avec des textes d’éternité et d’autres, mutins. Le nom de l’artiste : Mathieu, maître en diction poétique.

428691659_10228169088106144_3833282390613066062_n.jpg?_nc_cat=109&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=JK9GOI3keXoAX_P8Ni2&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfA2jKfOQe7ucdBM6XO77J1NPMnQA6RDra0uE8521N9GeA&oe=65F102A9&profile=RESIZE_400x

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

 

 

 » En compagnie de Mathieu Moreau, balladez-vous dans quelques morceaux choisis de la littérature du 18ème au 21ème siècle et,laissez-vous saisir d’émoi à l’écoute de passages intenses…
De la passionnelle relation de George Sand et Alfred de Musset, à la Fontaine, Voltaire, Corneille, Baudelaire en passant par Apollinaire, Marceline Desbordes-Valmor, Ovide, l’abbé de Latteignant et plus proche de nous, Hippolyte Wouters … et alii  »

 


Elle revient, cette soirée dédiée à l’Amour *** Le samedi 23 mars à 20h30 – SOIREE CARITATIVE EN FAVEUR DE NEFER TI ***

Théâtre La Clarencière Rue du Belvédère 20 à 1050 Bruxelles Réservations www.laclarenciere.be

FEEL FREE TO SHARE THIS POST
Lire la suite...
administrateur théâtres

In Memoriam

12378693501?profile=RESIZE_710xLest We Forget...

Le 17 février  2022 nous assistions aux obsèques  de Monsieur Robert Paul, fondateur de notre magnifique Réseau Arts et Lettres

 

Il aurait eu 80 ans ce 19 février 2024

J’écrivais…« Affreuse nouvelle! Je suis bouleversée. Chemin obligé à tous, on croit désespérément à la vie, on pense que l’on peut sans cesse aller plus loin. Ensemble. Solidaires.

Fin érudit, Robert a soutenu ce Réseau magnifique jusqu'à son dernier souffle, avec un soin jaloux, un amour de la culture et un dévouement absolu.Comme il nous manque, maintenant que nous savons pourquoi, ces derniers jours, il s’était fait… discret.

Le pire nous avait effleuré l’esprit, nous n’osions envisager cette éventualité. Il a rejoint les meilleures âmes, le creuset de l’humanisme intemporel, le royaume de la Bienveillance.

Son passage sur terre a été l’image que l’on garde de la Voie lactée, quand, loin des préoccupations matérielles, on prend le temps de la contempler. Lui, c’est une figure de proue, un artiste des artistes que l’on n’oubliera jamais.

Une des plus belles personnes que la vie nous a donné de rencontrer et qui restera à jamais fichée dans notre cœur et que l’on regardera avec une certaine ferveur et pour toujours une immense gratitude.

Aussi, nous voulons envoyer pour lui, vers le mystère de l’univers, toute musique, toute harmonie de couleurs ou de formes, toute poésie , toute écriture, humble et crépitante, comme pétales de la Marguerite des morts …et l’inscrire à jamais, dans le panthéon des personnes qui nous manquent. »

Jamais son trou ne se refermera dans l’océan de nos pensées…

Lire la suite...
administrateur théâtres

L'imprésario de Smyrne au Théâtre Royal du Parc

« Scènes de la vie d'opéra »

de Carlo Goldoni , L’imprésario de Smyrne 1759 :

 

19.01 > 17.02.2024

 

Avec une distribution éblouissante de vitalité et de férocité devant une salle comble au théâtre du Parc, cette pièce sans concessions de Carlo Goldoni jouée à L'Aula Magna de Louvain-la-Neuve en septembre dernier a recueilli des applaudissements   passionnés.  Dans cette pièce du 18e siècle, Goldoni déterre les racines du théâtre comique et met à jour les travers de l’homme et de la société.  Il faut saluer l’adresse et l’intelligence de ce dramaturge subversif qui continue à plaire jusqu’à nos jours, dans son jeu fatal et splendide d’inexorables touchés-coulés.

 

C’est que le Molière italien se moque du tout Venise, des grands, des puissants, des hypocrites et des gens sans cœur.  Ainsi le metteur en scène travaille à coups de masques blancs brossés au plâtre sur des visages aux bouches de clowns. Comédiens, chanteuses lyriques et ensemble baroque sont tous, de noir habillé pour faire une fois pour toutes le deuil du bon, du beau et du vrai en Majuscules. Ni couleurs, ni nuances, l’image que nous recevons du monde des grands interprètes de l’opéra est celle d’une bande de fausses divas insatiables, qu’ils soient hommes ou femmes, tous, gredins avides et sans conscience. Peu importe le genre ou le sexe, orgueilleux en diable, ils sont pris d’une incroyable frénésie de survie dans leur course au cachet. Car c'est par-dessus tout, l'argent qu'ils convoitent et accessoirement, la renommée. S'ils avaient du cœur, le voilà désormais fibre inutile et desséchée.

 

Goldoni mène dans un rythme affolant une descente aux enfers où l’autre n’existe pas. C’est intense et - en version comique - aussi dur que celle de l’auteur américain… dans « They shoot horses, don’t they ? » Le marathon est désespéré et iconoclaste. Furieusement théâtral.

%C2%A9Dominique-Breda-3-scaled.jpeg?profile=RESIZE_584x

 

Laurent Pelly, metteur en scène de théâtre et d’opéra sert au public interloqué, un chef-d’œuvre d’hypocrisie, de trahisons, d’égoïsmes suraigus, bref, une entretuerie sans merci, dans un monde qui chavire avec ce plateau désertique et son cadre doré de guingois. On est bien sûr aux antipodes de la solidarité, plongés dans l’horreur du sauve qui peut. Les bêtes d’opéra sont prises comme dans un laboratoire qui semble dire que tous les milieux se prêteraient bien à l’exercice ! C’est brillant, incisif, divertissant et amer. Parfait pour les amateurs de roquette : vivifiant et vitaminé, question de réveiller les esprits endormis par la routine et le confort.

 

Bien sûr dans cette course haletante pas la moindre paillette de bonheur, ni de rêves poétiques, encore moins d’amour, mais une vision du monde acéré de Darwin : « Eat or be eaten » Mensonge, perfidie, tout est bon aux arrivistes qui veulent percer dans ce monde travesti. On assiste à une amplification particulièrement satirique et grinçante de la phrase de Shakespeare : « the world is a stage ». Et c’est tellement drôle !

 Par ailleurs, on pourrait se demander si les dieux s’amusent là-haut des travers humains ou si c’est le Dieu Argent lui-même qui est descendu sur le plateau blanc, glissant et bancal pour procéder à son savant jeu de massacres. Dans cette Venise fière, riche et tourbillonnante mais en perdition, chaque humain semble perdre pied pour être pris inexorablement dans la plus dangereuse des danses macabres.

 

Alors, on se laisse très vite gagner par la magie théâtrale du grand guignol mondain si bien mené. C’est la jubilation devant le jeu impeccable des comédiens, le mystère des gondoles invisibles qui débarquent un à un les protagonistes dans l’enfer blanc du plateau, et ces les voix admirables des chanteurs lyriques. Bref, la communion avec les artistes vivants s’installe, et le rire, baume universel des plaies du monde. Et puis la grâce est là, avec ce magnifique trio de musiciens, presque caché aux yeux du public , qui soutient sans relâche les pages du drame cruel avec une ferveur obstinée. Avec la célèbre soprano Natalie Dessay, on gardait ceci pour la fin.

 L’harmonie retrouvée ? Un ressourcement infini : la Musique.

 

Dominique-Hélène Lemaire,Deashelle pour Arts et Lettres

%C2%A9Dominique-Breda-4-scaled.jpeg?profile=RESIZE_584x

Au Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi 3,
1000 Bruxelles
+32 2 505 30 30

 

*crédit photos: Dominique Breda

A partir de L’Impresario de Smyrne (1759) et du Théâtre Comique (1750) de Carlo GOLDONI.


Par l’un des plus talentueux metteurs en scène de sa génération, Laurent Pelly.

Avec la grande chanteuse d’opéra et comédienne Natalie Dessay

Distribution :
Natalie Dessay : Tognina, chanteuse vénitienne
Julie Mossay : Annina, chanteuse bolognaise
Eddy Letexier : Ali, marchand de Smyrne et Nibio, impresario
Thomas Condemine : Carluccio, ténor
Cyril Collet : Le Comte Lasca, ami des chanteuses
Antoine Minne : Maccario, pauvre et mauvais poète dramatique
Jeanne Piponnier : Lucrezia, chanteuse bolognaise
En alternance Raphaël Bremard et Damien Bigourdan : Pasqualino, ténor
Musiciens : Louise Acabo (clavecin), Octavie Dostaler-Lalonde et Arthur Cambreling en alternance (violoncelle), Ugo Gianotti et Paul Monteiro en alternance (violon)

Mise en scène et costumes Laurent Pelly
Traduction et adaptation Agathe Mélinand
Scénographie Laurent Pelly et Matthieu Delcourt
Création lumière Michel Le Borgne
Assistanat à la mise en scène Laurie Degand
Création sonore Aline Loustalot
Réalisation costumes Julie Nowak, assistée de Manon Bruffaerts, Jeanne Dussenne et de l’atelier du Théâtre de Liège
La pièce est publiée dans la traduction française d’Agathe Mélinand par L’Avant-scène théâtre.

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

 

 

L’Orfeo, Opéra en cinq actes de Claudio Monteverdi sur un livret d’Alessandro Striggio (fils) par la Cappella Mediterranea et le Chœur de chambre de Namur, à la  direction musicale, clavecin et orgue : Leonardo García Alarcón

 

Un reflet de la Lyre céleste? Une soirée  en tous cas, extraordinaire

 

L'argentin Leonardo García Alarcón,  créateur de l'ensemble Cappella Mediterranea, ...explorateur passionné de la musique baroque tourne ce soir le dos au public, assis devant le clavecin pour diriger l'œuvre fondamentale du genre opéra : « L'Orfeo » de Monteverdi, dont il fera un pur élixir de musique et de théâtre. Tandis que sur scène retentissent les sonorités printanières de la harpe, flûtiaux, cordes et basse continue, dans une allée de lumière, s’avancent gravement   une procession de cuivres somptueux. Première surprise, le ton est donné pour un spectacle imaginatif et chatoyant. Du pur cinéma au sens étymologique du terme. Une fonte harmonieuse des habits, des lumières, des mouvements, et  des voix.

Telle une reine d'Égypte parée d'un fourreau étincelant couleur chair, c’est la Musique en personne qui apparaît.  Celle dont les doux accents « Calme, les âmes troublées et enflamme la passion ou la colère. » C’est la brillante Mariana Flores.  Elle aussi prendra le rôle délicat d’Eurydice, l’innocente femme d'Orphée, morte sur le coup pour avoir été mordue par une vipère cachée dans l'herbe le jour même de son mariage. Mais l'amour doit triompher de la mort. Et Orphée bravera les Enfers. Mais auparavant, l’ensemble célèbre la joie de vivre, le bonheur bucolique des bergers et bergères couronnées de fleurs pour célébrer l’hyménée du demi-dieu et de la nymphe.

Le Chœur qui a fait son entrée encercle l'orchestre comme un lever de soleil, appelle à la prière pour que le ciel veille sur l'amour dans un credo, intense fuse qui fuse vers Apollon. « Après les aurores qui accablent le monde, revient la lumière. Après la froidure, les fleurs du printemps. » Tandis que le rythme de talons fougueux martèle la joie sur l'herbe fleurie le violon principal et son archet bondit en danse et bienheureuses cabrioles.  Est-ce même Chagall qui revient de l'au-delà ?  Tout, mystère, grâce, fluidité et douceur, Orphée interprété par Valerio Contaldo, exulte. Son timbre est chatoyant et la chaleur de son interprétation est enchanteresse. Il donnera tour à tour chair et vérité à la joie de l'amour absolu et à la douleur inconsolable de sa perte.

424812780_10228048113561856_5215626055559520121_n.jpg?stp=cp6_dst-jpg&_nc_cat=104&ccb=1-7&_nc_sid=a73e89&_nc_ohc=IuRduu5_sRIAX99qjkm&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfD9BtUzoQlp48Z2dyQujVUMJxbKB_xu-zyf0X_ToWGviQ&oe=65D56A0F&profile=RESIZE_584x

 « Rosa del ciel » est la plus belle de toutes les déclarations d'amour. Mais le destin en décide autrement, la joie est hélas passagère. Et après la funeste annonce de la mort d’Eurydice par une Messagère éplorée, la musique s'éteint subitement sous les doigts du chef d’orchestre. La colère bout dans le sang des bergers. Et Orphée est prostré.  Il regrette : « Tu es morte et je respire ». Bouleversant les limites de la condition humaine, Orphée, jure descendre aux Enfers. « Ou je la ramènerai auprès de des étoiles, ou je resterai auprès d'elle au séjour des morts. »  Et la Messagère, incarnée par la mezzo-soprano, Giuseppina Bridelli, se morfond dans une page poignante de culpabilité pour avoir terni le merveilleux bonheur du demi-dieu.

Toujours dans la foulée d’une magnifique chorégraphie, le chœur quitte la scène à pas lents dans une émouvante marche funèbre, au fur et à mesure que baisse la lumière. Celle-ci vient ensuite inonder le plateau de rouge :  le feu de l’Espérance, « l’unique bien des mortels » sous les traits d’Anna Reinhold (à la fois Proserpine). Par deux fois, Orphée sera abandonné : par la mort d’Eurydice et par celle de l’Espérance qui guidait ses pas jusqu’aux Enfers. « Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir » chante l’illustre poète Dante.  A l’autre balcon, surgit alors la voix saisissante de la basse, Alex Rosen qui incarne l’implacable Charon. Aussitôt, l’ensemble se ligue pour plaider la cause d’Orphée :  avec le jeu insistant des violons, les voix féminines, le cornettiste, armé de cette longue flûte qui n’est pas sans rappeler un serpent endormi, et la harpe frissonnante soutiennent la voix d’Orphée saccadée par les sanglots. Il y a cette certitude d’Orphée, « Là où se trouve une telle beauté, e s t le paradis !»

La lumineuse musique d'Orphée finit par ensorceler le gardien des enfers qui s’est laissé attendrir.  Les pas d'Orphée vers sa compagne sont couverts par la puissance des chœurs d'homme passés à l'avant-scène sous la force des percussions. Ils entonnent un credo de foi en l'homme, vainqueur de la nature. Cuivres et percussions célèbrent l’audace de l’homme dans cette sublime œuvre d’éternité.

 Et puis, un nouveau climax prend le public à la gorge : il y a ce tragique retournement quand le doute saisit le demi-dieu sur le chemin du retour avec son Eurydice, « Je chante, mais qui me dit qu’elle me suit ? » interrogation fatale. « Don’t fear ! »  Il a été saisi par la peur. Il a bravé sans le vouloir l’interdit de Pluton (Andreas Wolf), et  son monde s’écroule. Il est inexorablement happé par la lumière, loin de son épouse. Le chœur  se mute alors en chœur antique, dans une ode à la vertu et au sacrifice. Il souligne qu’Orphée a vaincu l’Enfer, mais a été vaincu par sa passion. Sur quoi, quittant les lieux  au cours de la conclusion orchestrale, toute la salle verse dans de chaleureux applaudissements très inattendus pour le chef argentin.

Imperturbable, Leonardo García Alarcón relance le thème initial comme un leitmotiv chantant le retour d’une belle saison.  Il reste un cinquième acte ! Celui, où Orphée, fou de douleur s’en prend aux femmes qu’il trouve impitoyables et perfides, clamant son attachement inaliénable à sa compagne. Apollon, alors,  sous les traits d’Alessandro Giangrande,  prend pitié de son fils et l’invite à rejoindre le ciel où vit le Bien. La vertu n’est pas dans les extrêmes, sagesse grecque… Et toutes les mains, certaines munies de tambourins, célèbrent les couleurs miroitantes de La Vie.

423863731_10228048112241823_3862268617939925921_n.jpg?stp=cp6_dst-jpg&_nc_cat=106&ccb=1-7&_nc_sid=a73e89&_nc_ohc=QjlcaWCJUaoAX9loxf1&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfCqC-JoypNZD118o8oxv4d-OBroJoICpim2s09ey8Rjxw&oe=65D589C9&profile=RESIZE_584x

      

 Les Interprètes : 

 

*Valerio Contaldo,

Orfeo (ténor)

*Mariana Flores,

La Musica & Euridice (soprano)

*Giuseppina Bridelli,

La Messagiera (mezzo-soprano)

*Anna Reinhold,

Proserpina & Speranza (mezzo-soprano)

*Andreas Wolf,

Plutone (baryton-basse)

*Alex Rosen,

Caronte (basse)

*Alessandro Giangrande,

Pastore & Apollo (ténor)

*Leandro Marziotte,

Pastore (alto)

*Pierre-Antoine Chaumien,

Pastore, Spirito & Eco (ténor)

*Matteo Bellotto,

Pastore (basse)

*Estelle Lefort,

Ninfa (soprano)

*Philippe Favette

Spirito (basse)

 

Bozar / Palais Des Beaux Arts. le 24 janvier '24

CONCERT // L'Orfeo
📆 24 janvier 2024 - Bozar
📆 9 mars 2024 - La Cité Bleue Genève

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

 

Sasha, sache qu'ici reste de toi comme une empreinte indélébile …

 

Le chagrin est incommensurable, mais la rencontre est inoubliable. A deux pas du rond-point de L’Etoile à Ixelles, tout en haut de l'immeuble ancien, dans un appartement d’artiste, voici parmi les amis d'Eliane Reyes, toute l’émotion d'un piano miroir, qui dit la peine immense d’une artiste frappée le 13 mai dernier par le décès brutal à 43 ans de l’homme de sa vie. Ce 13 mai, Sasha mourait dans la journée, des suites d'un choc septique foudroyant.

 

Nous sommes le 13 septembre 2023, deuxième journée mondiale consacrée à la septicémie, une inflammation généralisée de l'organisme par des toxines mortifères entraînant la nécrose des tissus. Cette maladie va causer la défaillance d'un organe vital qui faute de pouvoir être corrigée à temps, entraînera le décès. D’après l’OMS, 11 millions de personnes dans le monde, décéderaient chaque année d’une septicémie, soit 1 décès sur 5. En France, plus de 250 000 cas de sepsis sont recensés tous les ans, avec une mortalité de plus de 25%. À cause du vieillissement de la population, les cas pourraient doubler d’ici cinquante ans. On ne dispose pas actuellement de médicaments qui pourraient bloquer le développement irréversible des toxines.

 

Malgré le magnifique élan de solidarité qui imprègne cette soirée, les amis de la pianiste se sentent impuissants, démunis, révoltés devant cette brutale fatalité qui a ravi à la jeune famille la lumière de leur amour. Comme si le destin avait mis par mégarde un bémol à la tragédie, et pour garder à tout jamais le souvenir d'Aleksandr, pour transmettre son talent à ceux qui l'ont apprécié, écouté et pour tous ceux qui pourront le découvrir dans le futur, les derniers enregistrements de studio, de concerts, prestations de jeunesse ou récentes, … ont été remasterisés et édités sur un coffret sous le label Etcetera. L'album CD "Aleksander Khramouchin & Eliane Reyes - Music for Cello & piano" contient en effet leurs ultimes prestations ensemble, ...si providentiellement enregistrées. Le violoncelliste possède pleinement la sonorité poétique d'un instrument dont il a une maîtrise absolue. Sa brillante virtuosité renforce une expressivité généreuse, tantôt délicate, tantôt flamboyante, tout en transmettant à chaque instant, la profondeur et le mystère de l'émotion dans les moindres détails. 81 minutes 13 secondes de bonheur partagé.

 

 

En hommage, voix (Olga Kharchenko), piano (Eliane) et violoncelle s'unissent ce soir pour dire les souvenirs éternels, et pour souffler à tout jamais à la jeune Adèle Khramouchin, âgée seulement de18 mois, des mots d’amour et de tendresse pour deux. Les derniers feux du soleil couchant parlaient aussi pour lui ce soir-là. Sasha, le compagnon et le père adorés. Ils disaient le bonheur perdu, il chantaient le couple et l'immense tendresse du père et de sa fille.  La  création vidéo de Valentine Jongen a bouleversé les invités d'Eliane Reyes.

 

Si Vocalise op.3 no 34 de Rachmanivov est notre préféré, l'album débute avec la touchante iuntériorité des Fantasiestücke op.73 de Robert Schumann et se poursuit avec des oeuvres de Prokofjev, Eugène Ysaÿe, Michel Lysight, Gabriel Fauré, Claude Debussy et l'intense solennelité de la Sarabande suite no.3 en do majeur BWV1009 de Jean-Sébastien Bach. Le magnifique coffret se termine par "Le Cygne", pièce très émouvante de Camille Saint-Saëns. "After silence, that which comes nearest to expressing the inexpressible .. is Music." Aldous Huxley.

 

Musicien dans l'âme depuis sa plus tendre enfance, Aleksander Khramouchin ( Minsk 1979 - Bruxelles 2023) a débarqué en Belgique à l'âge de 13 ans en 1992, pour poursuivre ses études ses études au Conservatoire Royal d’Anvers. Il a été lauréat de nombreux concours internationaux et finaliste du XIIe Concours international Tchaïkovski de Moscou en 2002. Il s'est produit en concert et réalisé des enregistrements solo qui ont remporté de nombreux prix pour la radio et la télévision aux États-Unis, au Canada, au Japon, en Chine, en Russie et dans toute l'Europe.

 

En soliste et en musique de chambre, Aleksandr Khramouchin s'est produit dans des salles de concert telles que Bozar ou La Monnaie à Bruxelles, à la Salle Gaveau de Paris, au Concertgebouw d'Amsterdam, à Francfort, Berlin et Cologne, au Rudolfinum de Prague, au Wigmore Hall à Londres et au Victoria Hall à Genève. Il va de soi, aussi  au Tchaïkovski Hall à Moscou. Très éclectique dans son répertoire, il a été premier violoncelle solo pour la Philarmonie de Luxembourg avec Emmanuel Krivine. Pendant 11 ans, il a été professeur de violoncelle à L'école internationale de Musica Mundi, une fabuleuse pépinière de jeunes talents internationaux, qui fêtait cette année ses 25 ans d'existence. Ce sont la violoncelliste Thaïs Defoort, ancienne élève d'Aleksandr Khramouchin, et le pianiste Simon Adda-Reyss  qui ont offert le bouleversant moment musical de cette soirée organisée par Elisabeth Jongen que nous remercions vivement. Sasha will be forever missed…

 

 

https://www.musicamundi.org/

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

De part en part, un combat résolument moderne

image-2.png?w=1024&profile=RESIZE_710x

  L’excellent Guy Pion dans une antique école des femmes? Un poids plume peut-être, mais qui fait pourtant vraiment le poids face à  Lysistrata, la très brillante Anoushka Vingtier et ses huit filles extraordinairement vaillantes. Car les voilà de plus en plus convaincues et résolues à changer le monde pour rétablir enfin la paix.  En effet, la triste et sanglante guerre du Péloponnèse  dure depuis vingt ans entre la démocratie d’Athènes, grande puissance maritime et la ligue du Péloponnèse, menée par la très oligarchique et jalouse Sparte. Celle-ci n’hésitera d’ailleurs pas à s’allier avec Les Perses, ennemis jurés des grecs, pour signer la chute définitive de la Grèce antique de Périclès. Ainsi, Athènes ne sortira finalement  du feu et de la folie  qu’en 404 avant notre ère, vaincue et humiliée.

  Gravité et sérieux animent donc cette belle comédie d’Aristophane, produite en 411 avant notre ère, en signe de courageuse opposition aux  va-t-en-guerre. Cette oeuvre du grand comique est bourrée bien sûr de jokes  d’humour sauvage et licencieux typique de l’auteur antique.  Faisant quelque peu le ménage dans les allusions phalliques, l’adaptation parfaitement inspirée de Thierry Debroux est succulente d’esprit, regorge de savoureux anachronismes et  apparaît néanmoins pleine de consistance. Telle sa version vraiment frappante du mythe de la caverne de Platon qui commence ,en citant …Socrate. En joue, au-delà de la guerre : la corruption, ces politiciens véreux qui profitent de la guerre, le patriarcat égoïste plein de superbe, la soumission silencieuse des femmes, le triste statut des esclaves, les oubliés de la société. On retiendra la magnifique Keisha, cette merveilleuse servante  intelligente jouée par Alex Lobo.

En hommage? A la lutte viscérale des femmes pour la paix, au retour de la vie et de l’harmonie.  Même si, dit le texte, « le pire ennemi de la femme, c’est la femme! » Courez  donc voir ce magnifique spectacle, vous comprendrez!

image-1.png?w=1024&profile=RESIZE_710x

  Le pitch:  « Lysistrata », un nom qui signifie  en grec ancien « je défais les armées », dépeint la prise par les femmes de la cité de l’Acropole et du trésor d’Athènes gardé par un magistrat  bien heureux dans sa fonction: notre fameux Guy Pion.  À l’instigation de Lysistrata, voilà même les athéniennes unies aux femmes de Sparte, ô les traitresses,  pour interdire toute relation sexuelle avec leurs époux, jusqu’à ce qu’ils se décident à mettre fin à l’innommable guerre.  C’est cela ou la mort de la société!  Non contentes de  passer leur vie à la tenue du foyer, les femmes tiennent bon, réclament leur participation à la vie de la cité, jusqu’à ce que leurs partenaires, désespérés arrangent la paix.  Ainsi, hommes et femmes seront alors réunis.  La grève du sexe aura porté ses fruits!  Le bouquet, c’est ce chœur final d’une beauté bouleversante.  Surtout quand on s’aperçoit qu’il s’agit de l’ode à la Liberté dans  l’émouvante chanson Baraye, écrite pour dénoncer une affligeante réalité de notre monde: l’assassinat en Iran de #MahsaAmini, âgée de  22 ans  à peine, le 16 septembre 2022.

image.png?w=1024&profile=RESIZE_710x

  Guy Pion et Béatrix Ferauge Photo Aude Vanlathem

Aspasie, la femme du magistrat, cet homme comblé, est audacieuse au lit et totalement soumise à son mari.  Jouée à la perfection par Béatrix Ferauge, elle évolue néanmoins à vue d’œil et rejoint  sans tarder les vaillantes amazones. Toutes : étincelantes de vigueur, de beauté et  de cœur au ventre : Margaux Frichet, Océa Ghonel, Charlotte de Halleux, Tiphanie Lefrançois, Noémie Maton, en fabuleuse Hécate, l’intrigante déesse lunaire et  Emma Seine. Un décor unique: une élégante rotonde de colonnes doriques, bruisse de chants d’oiseaux et de couleurs…  Une  allusion à la tholos de Delphes qui marque l’entrée du sanctuaire d’Appolon et dédiée à Athéna?   De  savants jeux de lumières y reflètent les différentes humeurs depuis l'horrueur de la guerre jusqu’à  la couleur de la cigüe …  Avec cela, des costumes, des maquillages et des coiffures haut de gamme. A la vidéo: Allan Beurms. Et la somptueuse voix de Bernard Yerlès…

  Ce spectacle est donc d’une richesse extraordinaire. La dynamique des combats et chorégraphies  scande le texte sans lasser, ne laissant aucun moment de répit devant le cri  éternel et désespéré des femmes:  il faut sauver le monde du tourment de la guerre!

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

Au Théâtre du Parc à Bruxelles – jusqu’au 14 octobre 2023

Avec Béatrix Ferauge, Margaux Frichet, Océa Gonel, Charlotte De Halleux, Noémie Maton, Tiphanie Lefrançois, Alex Lobo, Guy Pion, Emma Seine, Anouchka Vingtier.

Mise en scène Thierry Debroux Assistanat Catherine Couchard
Costumes Béa Pendesini Lumières Xavier Lauwers
Décor sonore Loïc Magotteaux Maquillage et coiffures Florence Jasselette
Composition des chœurs chantés et coaching vocal Camélia Clair et Daphné D’Heur
Chorégraphie des danses
 Emmanuelle Lamberts Chorégraphie des combats Émilie Guillaume
Vidéos Allan Beurms

 Réserver ma place

Photos Aude Vanlathem

Lire la suite...
administrateur théâtres

" Contente-toi de savoir que tout est mystère :

la création du monde et la tienne,

la destinée du monde et la tienne.

Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais..."

( in 'Rubaiyat', par Omar Khayyãm, algébriste, astronome, philosophe et... libertin (Perse, Xe siècle)

Babakar Samb, issu d’une famille d’artistes de père en fils, musicien, danseur, chorégraphe et jeune dévoreur de feu  a enflammé récemment  les planches du théâtre de la Clarencière à Bruxelles avant d’aller s’éclater au  17e festival du Verbe Fou  à Avignon cet été. Une coproduction avec L'Arbre à Palabres - Sénégal

Artiste international, Babakar s’est produit en Suisse, au Maroc, en Tunisie où il a donné de nombreuses master class.
Lors du festival , il interprétera sa nouvelle création avec la danseuse française Sabine Resenterra éprise de danse traditionnelle sénégalaise. Il pratique autant la danse contemporaine, que spirituelle ou traditionnelle sénégalaise. Il vient d’atterrir du Sénégal où il opère d’hôtels en hôtels avec une troupe passionnée de griots. Rien à voir avec nos cerises bien sûr, mais avec une très ancienne caste de bardes africains, nantis d’une mystérieuse aura de culture orale séculaire et  interdits de mariage avec les autres membres de la communauté du village. Chants, danses, percussions  sonores et fracassantes  se déploient, exprimant tous les états d'âmes,  de la berceuse à la chanson de geste. Ils accompagnent toute célébration du village, des fêtes de mariage aux  joyeux rites funéraires  empreints d'animisme où le culte  de l'hommage, du souvenir, de la transmission et  l'envoi  du défunt ... dans la Vie, sont absolument  primordiaux.

BBF%20face%20djembe.jpg?profile=RESIZE_710x

Le Sabar est un tambour sénégalais. Musiques et danses du Sabar ont rythmé  la  vie de Babakar depuis sa plus tendre enfance. Son incontournable  trio : Danser, taper, chanter est son mode d 'expression  par excellence,  il se greffe sur  l'art  de  la communication ancestrale. En dépit de notre ultramoderne solitude technologique, faisant  fi des téléphones portables, le jeune artiste  défend des pieds, des mains et de la voix la tradition et le patrimoine Wolof contre les assauts de la modernité. Et  le tout en français  dans le texte écrit par Fabienne Govaerts, puisque c’est  dans la  lingua franca qu’il  se raconte.

Il est vrai qu’au Sénégal, c’est surtout la musique qui fait le lien, célébrant  par le langage du  corps et de la sensualité  la trilogie emblématique du lion d’Afrique, du baobab et de l’oiseau mythique, la spatule africaine. Du temps des royautés africaines, le lion était l'animal symbolique du pouvoir puisque le roi était  roi-lion-soleil-dieu. L’extraordinaire baobab, énorme et majestueux est encore lieu de réunion et de parole dans les villages, le marabout interdit  d'ailleurs de le couper. Néanmoins, depuis  Léopold Senghor il ne sert heureusement  plus d’isoloir funéraire  pour  la caste des griots, considérée alors  comme inférieure, ce que le poète président, en plus des dangers d’épidémies … tenait fermement  à abolir. 

Babakar séduit et étonne avec sa danse fulgurante, très verticale, d’une incroyable souplesse et d’une énergie physique et émotionnelle qui mettent en lumière toute la persistance de la gestuelle africaine traditionnelle. L’histoire contée, est celle d'une rencontre surprenante. Elle est  conte de fées et  histoire vraie, une étonnante communion d’esprit et de cœurs. Une aventure humaine qui tient du sacré.

L’homme grand, mince et svelte, en transes sous ses cotonnades africaines, se métamorphose au fur et à mesure du spectacle. Le corps vêtu de coquillages et de grains de café porte-bonheur intrigue et bouleverse comme un arbre musclé indéracinable. Il développe une énergie fabuleuse, touche au sommet de  la vitalité. Rubans et tresses brûlent la scène en un feu d’artifice corporel  éblouissant: c’est le Mystère. Et puis soudain, c'est la nuit qui tombe, sur ce voyage extraordinaire.

En juillet 2023, à 
Avignon au théâtre Le Verbe Fou pour un 17ème festival !

17ème Anniversaire

Je choisis mon fauteuil et je réserve en 1 clic sur
www.leverbefou.fr

***** Au programme *****

Lire la suite...
administrateur théâtres

Le dernier amour d’Arsène est une improbable jeune normande, fine comme une aiguille, vêtue d’une tenue bien sage de jeune fille rangée, telle une ménagère soumise des années 50! Par ailleurs, elle est la fille du baron d’Etigues qui vit loin des fastes de la Vile-Lumière, au fin fond de la province  normande pluvieuse et monotone, qui en prend vraiment pour son grade, de Honfleur à Etretat.

Néanmoins, preuve qu’Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur est toujours vivant, et même franchement immortel, toutes les adaptations, chansons et séries phénomène produites depuis l’an 2000 ne cessent d’engager les spectateurs à relire l’œuvre originale.

Ce Robin des Bois du pavé parisien est en effet né de la plume fertile de Maurice Leblanc, entre 1907 et 1923 avec un total impressionnant de 17 romans et 39 nouvelles, publiées dans la revue « Je sais tout ». Les nouveaux auteurs belges de l’adaptation contemporaine, Othmane Moumen et Thibaut Nève, situent l’action au tournant des années 1920. Et Arsène va désormais s’appeler Raoul!

L’idée est que Lupin s’est subitement arrêté, tel une montre ancienne, sans raison. Il a quarante ans et l’aventure est finie pour lui, au grand damn de ses anciens complices et de ses multiples poursuivants, tous soudain privés de leur véritable raison de vivre.

Erreur ! Ce nouveau tournant d’Arsène, sous les traits d’un assureur normand marié avec ses contrats, conformiste au plus haut point, démarre cependant  une nouvelle aventure. Car les auteurs sont très décidés  à piéger  ce jeune pépère en charentaises,  à la faveur de mille tentations surprenantes et étincelantes pour le forcer à retourner à sa vie passionnante d’avant. Celle où le héros défiait avec panache toutes poursuites policières, changeait sans cesse de domicile, de costume, de tête et d’écriture, maître de tous les passages secrets et métamorphoses, prenant chaque fois poliment rendez-vous avec ses victimes,  avant de les cambrioler et de signer ensuite son passage par des traits d’humour irrésistible.En effet,  le héros possède cette réputation mystérieuse et élégante du gentleman aventurier et voleur que l’on retrouve plus tard dans les histoires de The Saint dans les années 50-60, personnage incarné par Simon Templar. « Brillant comme un diamant, le roi des tombeurs, rapide comme le vent…» nous chante Dutronc. Mais c’est maintenant au tour de l’anti héros d’opérer. 

Méconnaissable, cet Arsène dont l’écriture est complexe, assez dispersée, même disparate, pleine de chausse-trappes qui finissent par perdre le plus bienveillant des spectateurs. Tenez vous bien, la future belle-mère de Raoul est une ardente suffragette qui ne rêve que de briser la relation romantique entre Raoul et sa fille et veut la faire  monter au créneau lorsque les premières suffragettes descendront dans la rue à Paris. C’est l’occasion rêvée pour les auteurs de mettre en scène une saga des débuts du féminisme qui éclôt justement lors des années 20 du 20e siècle. Le vrai propos de la pièce? Ou bien, peut-on y voir une lecture au second degré qui stigmatiserait l’ensemble de nos litanies néoféministes qui peuplent notre nouveau siècle? 

Si ce n’est pas le cas… c’est finalement un peu lourd de s’appesantir autant sur le nouveau politically correct propre à notre époque et de geindre en chœurs sur la persistance de la suprématie masculine  et des œuvres toxiques de séducteurs sans scrupules.  Il semble en outre que nous sommes en pleine lessive - et à juste titre - des méfaits de la ségrégation raciale, de l’impérialisme occidental et des problèmes de genre. Or, pour être crédible, point trop n’en faut, n’est-ce pas? 

Après, prétendre  que c’est un spectacle familial est un peu exagéré… De six à 16 ans, nos petits auraient été  rapidement largués, même sous le couvert d’animations musclées, de changements de décor étourdissants, de chorégraphies très réussies, de combats corps à corps mais aussi de scènes de violence quand même outrancières. Tandis que,  d’un bout à l’autre, les voix de tous les personnages, sauf la voix off, s’égosillent sans penser à nos oreilles sensibles. Soulignons d’ailleurs une élocution ultra-moderne, rapide et peu articulée,  même difficile à suivre pour des spectateurs non francophones.  Mais serions-nous par chance une nouvelle fois, enrobés par l’ambiguïté du fameux second degré? En revanche, la représentation est  bouillante d’action, de punch, au propre comme au figuré, et le jeu de tous les comédiens est absolument impeccable.

Ce que nous avons préféré: le long medley de chansons romantiques à la fin de la première partie. … Même si, à moins de constituer une reposante digression, ce ravissant intermède est probablement destiné à faire le ménage des princesses et princes charmants. Et ce qui est sûr,  c’est que par dessus tout, nous avons adoré la présence sculpturale et musicale de Joséphine Baker sous les traits de l’excellente Olivia Harkay.

Arsène Lupin

Jusqu’au 3 juin 2023 au théâtre royal du Parc

Une Création de Thibaut Nève et Othmane Moumen, d’après l’œuvre de Maurice Leblanc

Avec Julie Dacquin, Christian Dalimier, Damien De Dobbeleer, Anton Drutskoy Sokolinsky, Manon Hanseeuw, Olivia Harkay, Sarah Lefèvre, Othmane Moumen, Thibault Packeu, Bernard Sens, Laurence Warin

Mise en scène de  Thibaut Nève 

Scénographie de Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt 

Costumes de Anne Guilleray 

Lumières Xavier Lauwers 

Chorégraphies Natasha Henry  et Maïté Gheur 

Chorégraphie des combats Emilie Guillaume 

Création sonore Ségolène Neyroud  et Agathe Regnier 

Maquillages et coiffures Valérie Locatelli

Lire la suite...
administrateur théâtres

Ramsès II, une pièce de Sébastien Thiery

SPECTACLES

Un boulevard original, d’une étrange cruauté

Dès la première, public ravi dans une salle comble. Mais quelle drôle de pièce … pourtant, tout aussi drôle que le film de Tatie Danielle avec son humour corrosif et débridé. Sauf que plane au fur et à mesure, une incroyable menace comme dans les films d’Hitchcock. Rien ne laisse présager  la fin, le suspense durera en effet jusqu’à la dernière réplique.


On peut dire aussi, qu’à certains égards, cette pièce renoue carrément avec le malaise existentiel du théâtre de l’absurde. Ionesco es-tu là? Au début de chaque acte, on assiste à  un étrange retour de situations et de répliques identiques qui apparaissent comme autant de sourds avertissements du Destin.

Dans ce cycle infernal, où est le réel? Où commence le cauchemar? Le déjà vu, de plus en plus aigu et oppressant vous prend à la gorge! Le personnage  central, père de famille en chaise roulante admirablement joué par Daniel Hanssens,  se retrouve coincé dans un effroyable huis clos remarquablement étouffant. Effet thriller garanti: le spectateur est pris lui aussi dans ce glaçant cauchemar de plus en plus … réel?

Le Goliath du rire à la voix stentorienne va-t-il se laisser terrasser par un  jeune Daniel (Clément Manuel) impassible et … pervers? Il s’appelle Matthieu, cet incompréhensible beau-fils qui a débarqué chez ses beaux-parents après un voyage en Egypte, mais sans sa femme Bénédicte. Est-il finalement fou à lier ou passible de poursuites judiciaires? Qui sont ses complices?

L’auteur semble en outre procéder à une froide analyse de la haine gratuite, puisque sous des dehors de comédie bourgeoise lestée de codes actuels, se déploie le plan maléfique de ce Mathieu, personnage hautement manipulateur et forcément haïssable. Celui-ci pratique-t-il le mal pour le mal? Pour quelle offense se livre-t-il à une incompréhensible vengeance ? Quelle force guide sa main? En effet, on ne cesse de s’interroger sur ses mobiles d’acharnement. Et il n’y a pas de réponse.

Critique acerbe de la manipulation de la réalité – toujours une source d’angoisse profonde – cette pièce est une condamnation implicite d’une société basée sur le mensonge et totalement dénuée d’humanité. Et pourtant les rires fusent dans la salle. C’est tout l’art de l’auteur. Est-ce par pur cynisme que les aînés sont poussés en dehors des derniers joyeux sentiers de la vie pour finir reclus et abandonnés loin de leurs repères et de leur famille? Inès Dubuisson, au jeu très sûr incarne parfaitement l’attitude passive et égarée de la femme de ce chef de famille, certes un peu caractériel, mais qui aurait eu droit à plus d’égards, non? Enfin, ce spectacle étrange illustre bien l’égoïsme foncier de notre société où tout est bon à jeter.

 Pire que tout, la mystérieuse Bénédicte (la fille adorée du couple interprétée par une brillante Marie-Hélène Remacle), porte vraiment mal son nom puisque l’on découvre dans un rythme haletant qu’elle fait partie du plan iconoclaste de l’insatiable Mathieu.

L’ensemble est mené de main de maître, les situations absurdes et comiques s’égrènent avec brio sur un canevas d’enfer. Et c’est le Goliath vaincu qui recueille toute notre sympathie devant l’horreur de la machine infernale en branle. Edgar Poe n’est pas loin. La dernière phrase de cette comédie est un sommet de désespoir.

Jack Nicholson, où es-tu?


Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

https://comediedebruxelles.be/

Distribution : Marie-Hélène Remacle, Inès Dubuisson, Clément Manuel et Daniel Hanssens 

Mise en scène : Daniel Hanssens
Assistanat : Victor Scheffer

Scénographie : Francesco Deleo

Lumières : Laurent Kaye

Billetterie : ici

La tournée s’est arrêtée Au Centre Culturel d’Auderghem :

Du mardi 4 au samedi 8 avril à 20h00 et le dimanche 9 avril à 15h00

Autres dates:

Dinant : le mardi 11 avril

Ottignies : le mercredi 12 avril

Huy : le vendredi 14 avril

Au Centre Culturel d’Uccle :

Du mardi 18 au samedi 22 avril à 20h15 et le dimanche 23 avril à 15h00

Lire la suite...
administrateur théâtres

Avoue! Lorca!

SPECTACLES

Du 23 mars 23 au 1er avril : LE PROCES EN HERESIE DE GARCIA LORCA

Un festival de flamenco est une injure à l’autorité de Dieu! C’est du lourd, mais du vrai, des émotions à fleur de peau.  Des souffrances humaines, des artistes bafoués, la parole confisquée. La révolte qui gronde?

De tous temps, la procédure de l’Inquisition est invariable de par le monde, comme dans la célèbre fable du Loup et de l’Agneau. C’est la loi du plus fort qui prévaut. Non celle de la raison, encore moins celle du cœur. Le texte de José Perez fourmille de rancœurs contre le pouvoir absolu des usurpateurs de tous horizons, en particulier celui bien sûr, de Francisco Franco dont le régime antidémocratique a perduré jusqu’à sa mort, en 1975. En outre, José Perez stigmatise le despotisme d’une église hypocrite, cupide et corrompue qui traitait les femmes comme des esclaves soumises au pouvoir de l’homme. Dénuées du droit à la parole, comment exister? L’église de l’Inquisition a le plus grand mépris pour la femme tentatrice bien sûr inspirée par Lucifer en personne. Et même si les temps bibliques ne sont plus les nôtres, l’autorité religieuse n’hésite pas à manipuler les écrits du grand Saint Paul qui ont vraiment bon dos, pour asséner sa vérité!

Le Grand Inquisiteur qui instruit le « procès en hérésie «  refuse de voir que les femmes célèbrent la vie et la donnent. Santa María llena eres de gracia! Alors que les graines qu’elles sèment sont justement celles de la dignité humaine et de la joie de vivre. C’est leur voix qui chante l’espoir des idées nouvelles. Parce qu’il faut bien qu’elles se battent pour exister.  » Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère »

garcia-lorca-2.jpg?w=1024&profile=RESIZE_710x

Le poète maudit Federico del Sagrado Corazón de Jesús García Lorca a pris le parti de soutenir la vie, la musique, la danse, le chant de la la terre, la joie, la magie de la poésie, contre le mensonge et la prédation institutionnalisés. Il préfère la vérité de la vigne à celle du calice… dont, comble de l’imposture, même son éminence Le Grand Inquisiteur se gausse avec mépris. Sous nos yeux, le poète a le ventre noué par la peur, et ne peut s’en remettre quà Dieu pour sa défense.

Ainsi, José Perez rebat les cartes, prend appui sur l’injustice profonde infligée à son modèle culturel, Garcia Lorca qui tomba sous les balles dans sa ville natale de Grenade le 19 août 1936, en pleine guerre civile espagnole, pour ses idées de gauche. A lui d’instruire un juste procès … des noires années du franquisme!

Pour interpréter son texte, l’auteur s’est entouré d’une équipe de choc: des femmes. Toutes vêtues de redingotes et pantalons noirs qui incarnent surtout des hommes, pour chanter ce procès factice qui broie tout notre sens de la Justice. Dès le premier tableau, elles apparaissent toutes comme des cariatides marquées par la vie, fichées droites contre un mur, prêtes elles aussi, à être fusillées?

Elles émeuvent, par leur jeu précis, leurs regards de souffrance muette, leurs visages aux traits et cheveux tirés, sans l’ombre d’un maquillage, pour dire leur vérité et celle du poète mythique de l’Espagne en colère. 

Car Garcia Lorca veut célébrer le bonheur et l’émerveillement de la vie ici bas et refuse de se soumettre à la peur. Les promesses de l’au-delà qu’il refuse catégoriquement n’ont aucune prise sur lui. Un monde où se lève la menace du fachisme partout en Europe est une menace pour l’intégrité de tous.

garcia-lorca.jpg?w=768&profile=RESIZE_710x

Le travail au cordeau de Denis Gayzal, le metteur en scène est efficace et bouleversant. Les chants du terroir hispaniques de vous nouent le ventre tandis que la guitare sonne le glas. La troupe de comédiennes joue avec conviction la Comédie humaine. Toutes sont attachantes et par bonheur, il n’y en n’a que l’une d’elles, celle qui joue le rôle du Grand Inquisiteur, pour incarner le Mal absolu d’un procès sans espoir de défense. Lorsque L’arbitraire règne en maître, il faut se battre.

garcia-lorca-1.jpg?w=1024&profile=RESIZE_710x

Extrait:

Le Grand inquisiteur: Silence! Recroqueville-toi Lorca! Abjure! Prosterne-toi! Et unis-toi à l’ Eternel, fût-ce dans des noces de sang!

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

De José Perez

Mise en scène : Denis Gayzal

Avec Florine Elslande, Myriam Kaminski, Cecil Rgt , Sylvie Rigot et Jocelyne Sadis

Théâtre La Clarencière Rue du Belvédère 20 à 1050 Bruxelles Réservations www.laclarenciere.be

Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

Des gens de l’Art au théâtre du Parc pour jouer Pinocchio


Comédien auteur, metteur en scène, Thierry Janssen  nous  livre  au théâtre du Parc une adaptation originale du conte moralisateur italien bien connu  de  Carlo Collodi (1883).  Dans ce spectacle savoureux et  grisant, tant pour les adultes que pour les enfants,  l’auteur  déploie habilement  un  fantastique  arsenal théâtral fait de textes subversifs et drôles, pimentés d’une dose bien rafraîchissante d’italien. Un arsenal fait d’espaces bien construits, de corps  brûlants  de dynamisme, de  sons  et lumières qui n’ont rien à envier au cinéma. La brillante mise en scène ne manque pas d’humour et  est signée Maggy Jacot et Axel de Booseré. Les enfants adorent ! Les comédiens Aurélien Dubreuil-Lachaud et Mireille Bailly se partagent astucieusement  les rôles de Lino, le chat, Arlequin et Colombine, le renard et Vanda. L’ambiance est celle de la Commedia dell’arte, les enfants jubilent.


Julien Besure, Fabian Finkels Photo Aude Vanlathem

Lorsque le tissu est à l’endroit,  on croit voir ce que l’on attend, à savoir  la reconstitution subtile et resserrée  des tribulations du jeune pantin de bois  à travers  l’évocation de ses multiples métamorphoses dans un univers de magie et de rêve. Puisque c'est là  que  se trame de fil en aiguille  un  parcours complexe vers la découverte de son humanité, ciselée avec ferveur par l’amour de  Gepetto,  son génial créateur.

Mais, première surprise, le Pinocchio que l’on a devant les yeux est d’emblée  un vif  jeune homme, en chair et en os sous les traits du  pétillant Julien Besure,   en comédien tête d'affiche d’une tournée théâtrale  du spectacle « Le avventure di Pinocchio ». Place au mystère du théâtre dans le théâtre. Les enfants sont éblouis.   Et dès l’entrée de jeu, l'extraordinaire vedette du théâtre du Parc,  Fabian Finkels, dans le rôle du directeur  de la troupe prévient :  l’histoire  sera extraordinaire : vraie ou pas, c’est aux spectateurs d’en décider. Vrai ou faux ?  Il promet de ne jamais mentir, de parler vrai. Mais, qu’est-ce que parler vrai ?  Doit-on le croire ?  Faut-il croire les deux gredins escrocs et séducteurs  en carricatures de renard et de chat ? Doit-on croire la pauvresse Fée Dora dont la blessure est une morsure de chien pour avoir volé un pain? Comment fait-elle pour devenir une vraie féé bleue ? Peut-on en tomber amoureux ?


Mireille Bailly, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Karen De Paduwa, Fabian Finkels, Julien Besure, Thierry Janssen, Elsa Tarlton Photo Aude Vanlathem

C’est alors qu’ à l’envers du tissu, on  découvre une toute autre histoire. Eternelle ou anecdotique? Certes, misérable et merveilleuse. Emouvante, donc.  Celle d’une résistante communiste indigente (Elsa Tartlon)  poursuivie par les forces de l’ordre.  Celle  de Sofia – le nom est bien choisi – joué par  une éblouissante Karen de Padoua.  La régisseuse codirectrice est  rebelle aux bruits de bottes qui déferle sur l’Italie. A l’occasion, elle  se montre même à cheval sur  la question de l’orthographe,  question de  préserver la complexité de la langue, partant, celle de la pensée. Pressent-elle que Joseph Goebbels, quelques années plus tard,  dira  « Nous voulons convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées » ? Elle est  bouillante et prête à la révolte  et bataille avec le direttore  en refusant d’aller se produire devant un public de fachistes en marche sur Rome et  rassemblés  à Santa Marinella.    Puisqu’en effet,  tout se passe il y a cent ans, en octobre 1922,  alors que  fermente la grogne  des Italiens après  un  traité de Versailles qui les a  bernés, alors que sévissent la faim et la misère dans les villages toscans, une réalité sociologique qui n’épargne ni les ouvriers ni les paysans. Peut-être même que cela se passe  autour du  31 octobre… ce jour de 1922 où un certain Benito Mussolini  s’approprie la présidence  du Conseil du Royaume d’Italie.

Très prosaïquement, toute la question pour la troupe de forains n’est-elle pas de trouver de l’argent coûte que coûte,  simplement  pour ne pas mourir de faim? Alors, aller jouer devant les troupes du Duce…c’est un moindre mal !  Avanti ! tranche le direttore.

En  filigrane, on voit aussi apparaitre un autre thème.  Celui d’une société de loisirs et de consommation souvent abêtissante,  où l’on fuit l’effort et les contraintes pour de vains plaisirs. …  ce qui arrange bien sûr les profiteurs et les  dictateurs de tout poil.  Le très crédule Pinocchio n’est-il pas  prêt à enterrer son argent dans un champ pour s’enrichir   heureux de  se vanter de ses vaines prouesses? Et puis, Qui est-il ? Est-il capable de se changer et de devenir autre chose que ce qu’il est, un vulgaire morceau de bois? Que reste-t-il des souvenirs du brave Gepetto qui semble avoir perdu la mémoire ? Il est  interprété avec chaleur par Thierry Janssen, lui-même.  Dire qu’au plus profonde de la misère, il  échange son manteau pour un livre d’école destiné à son fils!  Et ce fils, doit il se soumettre aux règles de l’ordre établi ou y a-t-il  quelque place pour la liberté de devenir soi?   On est au cœur de la fonction du théâtre : se poser des questions, chercher le sens de la vie, douter, alimenter la réflexion.  Et tant pis pour le criquet moralisateur ! Pardon, c’est un grillon!

Avec ces gens de l’Art, on est à cent lieues du Walt Disney bienpensant de 1940.


Julien Besure, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Mireille Bailly. Photo Aude Vanlathem

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres


Au Théâtre Royal du Parc | Rue de la Loi, 3 – 1000 Bruxelles Du 18/03/2023 au 08/04/2023

billetterie@theatreduparc.be - 02/505.30.30



Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

« Enchantées » Christel Pourchet et Barbara Castin

Un court métrage sur les planches

On en a plein la vue. C’est le duel d’une jeune blonde et mince et d’une belle et brune Dulcinée, vrai délire de féminité, qui se déploie dans la chaleureuse proximité de la scène du Théâtre de la Clarencière à Bruxelles.  

C’est la blonde, Cristel  POURCHET, le capitaine en pantalon à pont et chemisier froufrou qui a écrit le texte et les chansons. Dans ses débuts, la jolie brune, Barbara CASTIN interprétait ses premiers rôles dans « Le Sexe faible » d’E. Bourdet et « On ne Badine pas avec l’amour » de Musset. La voici en adorable jupe paysanne rose frais et pull à manches courtes de jersey blanc. Elle porte des incroyables chaussures de dame couleur chair qui se confondent avec le galbe de la jambe. En coiffure d’époque Parapluies de Cherbourg ou Demoiselles de Rochefort, elle arbore une série d’accessoires ultra féminins, du rouge Saint-Valentin aux diamants de Marilyn. En plus, elle est folle du réalisateur, scénariste, dialoguiste, parolier, producteur et acteur Jacques Demy qu’elle croit toujours vivant. 

Le pitch. Toutes deux, avec le charme de gentlemen cambrioleurs, sont prêtes à  oser des  crimes en mode Agatha Christie pour amasser assez d’argent pour partir outre Atlantique et faire carrière à Hollywood. Enfin, Vivre la grande vie? En Minuscule ou majuscule? Enchanteuses de toutes façons.

Elles livrent d’ailleurs un avant goût très étudié de la culture des chorégraphies classiques américaines. Leurs voix nettes et claires sont assurées et leurs pastiches très réussis. Le texte? Un peu un flou artistique mais finalement assez secondaire devant ce duo de talents scéniques offert aux  yeux éblouis des spectateurs. Mais, ne manquerait-il pas dans ce casting, juste un homme, pour faire bonne mesure? 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

Et voilà qu’on s’en souvient: la même Christel au Théâtre de la Clarencière, il n’y a pas si longtemps.

Tout public :
Les 
jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 mars 2023 à 20h30

P.A.F. : 20 € - étudiant : 15 € -

Contacts

Direction artistique
02/640 46 70 du mardi au vendredi de 11h00 à 17h00
Fabienne Govaerts

fabienne.govaerts@skynet.be

Régie technique
Geoffrey Dressen
Réservations
02/640 46 76 Répondeur téléphonique
Mode de paiement
Par compte à l'asbl du Théâtre de la Clarencière
ING BE91 310 1228398 76
Ou par Paypal (mode sécurisé)
Adresse
20 rue du Belvédère - 1050 Bruxelles
Situation géographique
près de la Place Flagey et de l'Eglise Sainte-Croix, dans la petite rue parallèle arrière à l'ancien bâtiment de l'I.N.R. devenu aujourd'hui Radio Flagey.
Accès
bus 38/59/60/71/366 Trams : 81
Foyer et jardin
ouverts 30 minutes avant le spectacle, soit 20h00 ou 15h30

Son : Augustin Pitrebois Chorégraphie : Theodora Valente

Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

« Beau-Papa » de François Dumortier

Du 15 févr. 2023 – au 26 févr. 2023

Succulente Première mondiale à la Comédie Royale Claude Volter dans une mise en scène fulgurante. Écrite par François DUMORTIER, la pièce « Beau-Papa » est une comédie de mœurs bruxelloise rafraîchissante qui détrône avec verve  et belle impertinence le règne de l’argent et le mythe de la réussite sociale. Un délice pour ceux qui ont le cœur à rire…ou à pleurer. Beau-Papa, Belle-Maman, des vocables euphémiques pour conjurer l’intrusion! Sans doute, un spectacle plein d’avenir.

On est à Bruxelles, avec l’accent de RTL. Le jeune Simon (Alexis Goslain) travaille surtout la nuit. Il est illustrateur d’albums jeunesse au pays de la BD. Personnage principal: une Libellule qui s’appelle Hercule. Drôle de nom pour un insecte aussi léger et gracieux! Aucune crainte du ridicule. C’est la création qui compte, n’est-ce pas? 

Il vit avec sa compagne Margot (Laure Chartier) dans un appartement exigu où ils accueillent régulièrement un alter ego, Jeff, qui a largué toute velléité d’embourgeoisement en devenant chômeur par prédilection, pressé de se déboulonner des obligation liées au monde du travail, jetant aux orties avec une désinvolture incroyable la quête du profit pour celle des cool délices de l’amitié  et de la vie Bohême. On n’est pas loin du boulevard Montgom’ tout de même…avec l’étincelant  Jean-François Brauer.

Alors que Simon doit terminer son quatrième projet, Margot lui annonce que René, son paternel qui vit en France, est sur le point de débarquer en visite chez eux dans le Norrrrd! Le beau-père, avec ses airs de Bernard Blier,  est interprété avec brio par un fabuleux Joël  Riguelle. Il a toujours été très critique vis-à-vis de la relation sans le sous de sa fille. Aussi, pour l paix des ménages, ‘inventive Margot – un prénom à la Georges Brassens -, a déjà préparé le terrain, elle a fait le lit d’un énorme mensonge qui devrait permettre aux chatouilleux père et beau-fils de se rapprocher enfin. 

En résulte toute une gastronomie de boulevard pleine de vivacité qui n’a rien à envier aux modèles du genre.  Le Vaudeville moderne tout à fait hilarant monte comme des œufs en neige. Tous les codes y sont, en version 21e siècle. Les tranches de vie s’embrouillent… les méprises et les quiproquos fleurissent. Le langage est vif, les inventions les plus abracadabrantes jouent à cache-cache avec la cruauté du réel. On assiste à des sommets d’ invraisemblance, sous des dehors, ma foi, fort plausibles. C’est d’ailleurs tout l’art. Le rire, attisé en continu par chacun des personnages si attachants fait … qu’on se délecte devant l’ incessant chassé croisé des squatteurs. 

Alors, le  fleuve de mensonges débite à toute allure. Dans un rythme endiablé, ça défile, ça déroule, et ça vous enroule  dans des cascades de rire. Que de plaisir et au tournant, des coups d’œil moqueurs sur la vie d’artiste, la vie rangée des voitures,  le mythe du fonctionnaire ou  plutôt, celui du banquier ou du grand patron en vacances aux Maldives. Les discussions vont donc bon train dans l’appart modeste et banal du jeune couple sans enfant. ILs auront dû accueillir, non seulement ledit  Beau-Papa   – mais aussi sa délirante jeune et sauvage nana toute blonde, avèèè un délicieux acceng du Midi. C’est la coach sportive du monsieur, …. Tiens donc! Rôle endossé par l’exquise Bénédicte Philippon. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

Lire la suite...
administrateur théâtres

Vu au au théâtre de la Clarencière

SPECTACLES

L’imagination au pouvoir à la Clarencière

L’imagination au pouvoir

L’excellent Bernard Damien, ambassadeur des étoiles qui illuminent la Provence, revient sous le ciel de Bruxelles, au théâtre de la Clarencière pour un spectacle inédit qui …déménage et se savoure à petites gorgées, tant il est émouvant. 

Le joli titre «  Aux petits bonheurs … la chance »   est vêtu de pluriels, comme  les petits bonheurs de Maeterlinck dans L’oiseau bleu. Aussi, couronné de  points de suspension,  ce titre ne peut que séduire et interroger.  Ce pluriel est-il un vocatif, qui nous invite à saisir nos rêves et cheminer sur la Voie lactée ou à l’assaut de l’inaccessible Étoile? Dulcinea, es-tu là? Ou bien confirme-t-il la force des petits bonheurs que l’on a souvent tendance à oublier ?

image-3.png?w=720&profile=RESIZE_710x

Petits… ? S’agit-il vraiment de petite taille, ou est-ce une manière populaire de conjurer le mauvais sort, quand chance et destin se mélangent? Attendez une petite minute… vous prendrez bien un petit verre… Car, en définitive ce spectacle ne met-il pas en scène les coups du sort, et ne démontre-t-il pas qu’il n’y a finalement pas de hasard.  Et on remercie cette Providence qui ne cesse de protéger Robinson Crusoë, ce hasard qui  danse avec la Chance.

Le texte  fourmille de références, d’allusions plaisantes, d’analogies pas du tout fortuites qui réveillent les papilles de notre mémoire littéraire et artistique. Depuis le Graal des troubadours, on est fasciné par  La Quête, celle qui nous ouvre de surprenants chemins de traverse, délicieux et peu fréquentés sauf par les cœurs battants.  On se passionne aussi très vite  pour une sorte  chasse au trésor au cœur de mystérieuses boîtes de déménagement sorties d’un grenier imaginaire.

Ainsi, au gré  de la parole et du jeu théâtral se développe  une histoire magique d’heurs et malheurs, toutes ces choses de la vie qui sculptent nos âmes et font palpiter le cœur. Un quantique des cantiques chanté par un homme-orchestre bourré de talent,  d’intelligence, de générosité et de douceur.

Sieur Bernard Damien livre des tourbillons de souvenirs bouleversants, des rêves effilochés, un journal intime extraordinaire, des étymologies surprenantes, des aventures parfois tragiques, classées soigneusement dans ces coffres de plastique qui jonchent le plateau, au fur et à mesure. Le poète, l’artiste, le professeur d’art dramatique, le metteur en scène, le déménageur en salopette et le lecteur amoureux du souffle démêle les émotions avec passion et fait vibrer une salle conquise. Le verbe, l’esprit, le souffle. Tout ne réside-t-il pas dans le souffle? La vie ne tient-elle pas dans le souffle?  

Devant vos yeux ébahis,  tout ce  travail de mémoire ne parvient pas à émouvoir  le regard impassible d’une reine qui a perdu tout souvenir. Présente et totalement absente à la fois, royale, distante, figée comme sur les timbres muet de la reine d’Angleterre, elle ne dit mot. On attend le cœur battant, qu’elle s’exprime, que la vie lui revienne… grâce à la magie du déménageur à la voix d’or,  en salopette bleu roi et coiffé d’un simple  béret de laine. 

Un spectacle qui a du souffle et mérite certes … plein d’étoiles. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

                               

                                  Aux P’Tits Bonheurs … La Chance
                                           de et par Bernard Damien


                                              Avec l’aimable participation de Anne-Marie Cappeliez
                                             Coproduction Le Théâtre sous les Etoiles de Provence 
                                                    en coproduction avec 
Le Théâtre du Grand Midi

Direction artistique
02/640 46 70 du mardi au vendredi de 11h00 à 17h00
Fabienne Govaerts

fabienne.govaerts@skynet.be Régie technique:  Geoffrey Dressen Réservations : 02/640 46 76  Répondeur téléphonique Mode de paiement par compte à l’asbl du Théâtre de la Clarencière 
ING BE91 310 1228398 76


Ou par Paypal (mode sécurisé)
 Adresse : 20 rue du Belvédère – 1050 Bruxelles Situation géographique : près de la Place Flagey et de l’Eglise Sainte-Croix, dans la petite rue parallèle arrière à l’ancien bâtiment de l’I.N.R. devenu aujourd’hui Radio Flagey. Accès bus 38/59/60/71/366 Trams : 81 Foyer et jardin ouverts 30 minutes avant le spectacle, soit 20h00 ou 15h30

             Le Prochain spectacle:

Un théâtre, deux jeunes ouvreuses qui rêvent de conquérir Broadway et Diva,
l’incontournable étoile du music’hall à l’affiche tous les soirs. 

Mais comment devenir une vedette quand un vieux patron un peu baveux nous met des bâtons dans les roues ?
Comment s’envoler pour Hollywood quand on a donné son cœur au beau livreur d’esquimaux glacés ?
Et surtout, comment devenir Diva à la place de Diva quand on a vu tous les Hitchcock et que le patron est en vacances ?… 


Tout public :
Les 
jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 mars 2023 à 20h30
P.A.F. : 20 € – étudiant : 15 € –
 
 
Lire la suite...