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Publications de Deashelle (912)

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SPECTACLES

Le pouvoir de dire Non, La " Cerise sur le ghetto" par Sam Touzani

LE POUVOIR DE DIRE NON

 «Cerise sur le ghetto » est un spectacle magnifiquement engagé et passionnant, mais surtout qui vous émouvra aux larmes. Bourré d’humour berbère,  islandais,  ashkénaze,  arabe, sicilien, turc, grec, français, italien, espagnol, belge,  – c’est vous qui choisissez –  il  forme un bouquet d’humanité et invite à une réflexion généreuse et bienveillante sur nos relations avec les autres!  

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Sam Touzani, à la fois auteur et  joueur… et prophète d’humanité,  libère la parole et  se raconte pour survivre à l’innommable.  Dans un spectacle de feu, il propose une série de flashbacks pittoresques et émouvants sur  son histoire  familiale, tour à tour  faite du  sel des larmes et des épices du cœur. Il parcourt  passionnément   trois générations emblématiques qui bordent la Grande Histoire avec les accents poignants du réel.

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 « 1943-1945 Les maigres pâturages ont depuis longtemps disparu, et les Nomades ont reflué vers les oasis. Mais les cultivateurs des ksour n’ont pas eu de récolte/ … /. La recherche de l’eau et de « quelque chose à manger » a entraîné vers le Nord un vaste exode de bêtes et de gens, d’abord lent et sporadique, puis massif comme une avalanche. Des scènes navrantes surexcitent la sensibilité des Européens, témoins impuissants ; des êtres humains décharnés, au dernier degré de la misère physiologique, recourent, pour tromper la faim, à toutes les pratiques qu’on lit dans les descriptions anciennes. »

  Tout débute donc dans les  montagnes du Rif marocain, où la famine et la  misère  sont  si écrasantes que même des enfants prennent, même seuls, le chemin de l’exode. C’est le cas du grand-père de Sam, qui a douze ans.    Sam, le petit fils,  verra le jour dans un deux-pièces chauffé au charbon à Molenbeek en 1968. Ado en 1989, il mangera un jour innocemment  des cerises en plein Ramadan. Opprobre général.  Il reçoit en plein visage alors la haine de sa communauté contre l’Occident,  son inconcevable obsession de sacralisation de la pureté… le mépris des femmes,  et de tout ce qui n’est pas musulman. La mosquée veut lui imposer le rêve toxique d’un djihad mal compris. Heureusement la Belgique veille.

 Dès lors, riche d’expériences cinglantes, Sam, le fils d’immigrés, l’artiste, le comédien plein de verve, le danseur souple, rassemble ses forces pour combattre le communautarisme dans un questionnement sincère, entre la culture d’origine  de sa famille héroïque et celle du pays qui l’a adopté. Il refuse le marquage identitaire.  Il va réussir à   relier les rives souterraines de ses multiples identités sans les réduire à une seule… Et cela jette des larmes de bonheur dans un public conquis.


Irrévérencieux, habile, convainquant,  il débusque dans une langue savoureuse,  le  cercle infernal de la culpabilité  qui ronge tous ceux qui quittent leurs terres, leurs parents, leur langue pour partir loin, très loin, là où poindra l’aurore de l’espoir, la lumière de jours nouveaux… Il réhabilite la femme, l’épouse, la mère, qui on retrouvé la grâce et la dignité de dire NON !

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Merci à lui et son comparse, le musicien génial, Mathieu Gabriel, qui de son corps et de sa bouche convoque mille et une atmosphères de légende humaine.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres


Texte : Sam Touzani | Jeu : Sam Touzani | Musicien : Mathieu Gabriel | Dramaturgie & Mise en scène : Gennaro Pitisci assisté de Maïté Renson| Régie : Josse Derbaix, David Vernaillen & Simon Benita | Vidéos : Guillaume Nolevaux.

Coproduction : Brocoli Théâtre, Les Temps d’Art, Espace Magh, Central et Atelier Théâtre Jean Vilar.
Le Brocoli théâtre bénéficie de l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Administration générale de la Culture, Service du Théâtre et est soutenu par la COCOF.



REPRÉSENTATIONS POUR LES ÉCOLES & ASSOCIATIONS : MA 3/3, JE 5/3 VE 6/3 | 13H30 | GRATUIT
Infos et réservations pour ces représentations destinées aux écoles & associations : Brocoli Théâtre 0496 50 43 27 brocoli@skynet.be

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SPECTACLES

Un fracassant « tramway nommé Désir » à l'Atelier Jean Vilar


Ah! Les beaux jours? …Par Tennessee Williams.

Presque un spectacle fleuve que le metteur en scène, Salvatore Calcagno, transpose au cœur d’un été torride en Sicile. Le spectateur est pris dans un filet de résonances étonnantes qui ne cessent de se croiser. Salvatore Calcagno conçoit la scène contemporaine comme une rencontre quasi sensuelle de différents langages artistiques : musical d’abord, ah! L’extraordinaire pianiste, le jeune Meraviglioso Lorenzo Bagnati qui crée un mystérieux   dialogue harmonique avec Blanche et son Gaspar de la nuit! Plastique, ah!  Bastien Poncelet, ce danseur éphèbe  énigmatique et  fascinant. Cinématographique: des clips on ne peut plus chauds signés Zeno Graton. Enfin chorégraphique, l’Afrique du Nord ou l’Asie Mineure au rendez-vous avec la voluptueuse Rehab Mehal? Ajoutez à cela les jeux de lumière d’Amélie Géhin  et les maquillages très élaborés d’Edwina Calgagno… Ce qui est sûr c’est que le  metteur en scène décidément très créatif  serre  néanmoins au plus près le contexte américain qui a finalement très peu changé, où l’origine socio-économique ou géographique peut conditionner le destin de façon déterminante.

Résidence symbolique, parée de hautes colonnes, “Belle Reve” est le nom de l’ancienne plantation où Stella (Marie Bos) et Blanche (Sophia Leboutte) ont grandi dans la splendeur fanée après la guerre de Sécession. Un « bon temps » destructeur qui empêche Blanche d’affronter toute réalité. L’alcool, le sexe et la fumée lui servent d’écran. Les mensonges aussi.


À la fin poignante d’ « Un tramway nommé Désir » Blanche, telle une star omniprésente et intense,  n’est plus la femme coquette qui a tout perdu et s’est vue forcée de se jeter dans la promiscuité pour rassasier sa quête désespérée d’amour et d’argent. Pathétique et plus démunie que tout, elle brandit désespérément  son dernier  rêve puéril de rejoindre un hypothétique “beau” qui refera d’elle une princesse. Hélas, le superbe porteur de fleurs androgyne (Bastien Poncelet) annoncera la victoire de la Mort sur l’emblème de sa Vie, le tramway fracassant du Désir.


Ironiquement, l’appartement minable de Stanley et Stella où accoste Blanche à La Nouvelle Orléans, se compose d’une cuisine, d’une chambre et d’une salle de bains. Des fausses perles comme cloisons. C’est tout sauf un paradis, un lieu où, une à une, toutes les illusions  de Blanche fondront dans une atmosphère suffocante malgré le nom prestigieux et symbolique de l’adresse : “Elysium Fields”.

À la fin, Stella ne sera  plus la jeune femme amoureuse de son mari “parfait”. Stanley. Lucas Meister, très physique, est un beau gosse qui bouge comme un mannequin. Craquant physiquement, mais entier et immuable dans ses jugements. On peut dire qu’il reste le même jeune prolétaire arrogant et buté qu’il était au début. D’un bout à l’autre, il reste bloqué, humilié et  outré par la discrimination et le mépris que lui impose Blanche. Exaspérée par son machisme et son manque d’éducation, elle le traite de Pollack, terme  hautement dénigrant. Campant sur ses positions, il est incapable d’identifier ses propres lacunes et à les changer pour sa femme et son enfant. Sa nature statique et phallocratique est mise en lumière par les jeux de poker bien arrosés avec ses amis qui soulignent  par contraste l’évolution psychologique et dramatique de Stella et de Blanche. On retrouve  Tibo Vandeborre dans le rôle ténébreux de Mitch.

Stella qui au début avait accueilli sa sœur dans son foyer avec la plus grande bienveillance ne peut pas croire que Stanley ait finalement abusé de Blanche et laisse les médecins emporter sa sœur ravagée par l’alcool et les désillusions vers l’hôpital psychiatrique. Ceci nous ramène à une image du profond malaise et de l’isolement dont souffrait Tennessee Williams, vivant difficilement son homosexualité dans le contexte d’exclusion toxique de l’époque.

Dominique-Hélène Lemaire  

Un tramway nommé Désir

Tennessee Williams

Traduction inédite Isabelle Famchon
Direction artistique et mise en scène Salvatore Calcagno
Avec Lorenzo Bagnati, Marie Bos, Salvatore Calcagno, Sophia Leboutte, Réhab Mehal, Lucas Meister, Pablo-Antoine Neufmars, Bastien Poncelet, Tibo Vandenborre

Créé au Théâtre de Liège

Lieux et dates :

Du 28 Janvier au 1er Février Jean Vilar à Louvain-la-Neuve
11 au 13 Mars à Mons
15 Février Marche-en-Famenne
21 au 30 Avril Théâtre Varia à Bruxelles
5 au 9 Mai Théâtre de Namur

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"Les émotifs anonymes" au théâtre le Public

SPECTACLES

Comédie caramel beurre salé! "Les émotifs anonymes"

Surmonter la timidité paralysante, combattre la solitude, voilà le défi des hyperémotifs. Aux rendez-vous des angoissés, Angélique, chocolatière talentueuse, est morte de trac. Tout lui fait peur, elle s’est inscrite aux émotifs anonymes, un groupe de parole, pour faire fondre son malaise. Jean-René, patron d’une chocolaterie en faillite, a des phobies sociales et voit un psy. Le portier d’hôtel a bien raison « Etre seul, il n’y a rien de pire ! ». C’est le chocolat et son désir qui les conduira aux plaisirs de l’amour salvateur. A un train d’escargots… faut-il le dire, et c’est très bien !


Nos deux émotifs sont animés par la même passion : le chocolat. – ©Frédéric Sablon

Une comédie caramel beurre salé, faite pour les 14 février, fébrile, touchante, captivante. La fable drôle et tendre issue du film éponyme, est de Jean-Pierre Améris et Philippe Blasband, l’auteur de « Tuyauterie », jouée sur la même scène où se distinguait déjà le couple mythique : Charlie (Dupont) et Tania (Garbaski), un duo sur scène et à la ville. Arthur Jugnot signe une mise en scène en proximité, car la salle des voûtes du théâtre le Public, s’y prête merveilleusement. Au bout d’un moment, ce que l’on a failli prendre pour des poubelles sélectives, s’avère être l’intérieur d’un coffret de chocolats, design pralines Marcolini, et se transforme en salle de réunion, table de restaurant, lit double dans une chambre d’hôtel, salon, canapé de psy, hall d’accueil de la chocolaterie qui retombe sur ses pattes !… Et vive le langage des fleurs et du chocolat !

Car malgré leur timidité compulsive, les deux émotifs tombent amoureux l’un de l’autre, ce qui génère nombre de quiproquos, malentendus et situations cocasses. Ils font tout pour se défiler, puis se culpabilisent, jusqu’à ce que les cloches victorieuses de l’église annoncent enfin la marche nuptiale. Les deux protagonistes sont adroitement épaulés de deux comédiens agiles mais parfois un fifrelin envahissants : Ayline Yay et Nicolas Buysse qui interprètent les six autres personnages.


Allons, du courage, chers anonymes fragiles ! « Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint », disait l’admirable Montaigne. Et vous, qu’est-ce qui vous paralyse ?

Dominique-Hélène Lemaire ( pour Arts et Lettres)

LES ÉMOTIFS ANONYMES


07/01 > 22/02/20 1H15 CRÉATION SALLE DES VOÛTES À VOIR EN FAMILLE DÈS 10 ANS au théâtre le Public

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SPECTACLES

Les Atrides saison 2019-2020 au théâtre du Parc

Quel luxe, face à la vulgarité qui nous entoure!

Un spectacle  grandiose, de par ses références à la culture grecque ancienne, pilier fondateur de notre culture européenne, et pour  sa  charge émotionnelle surprenante de modernité, son envergure d’humanité profonde et son intelligence extrême. Un travail d’adaptation ultra moderne des oeuvres d’ Eschyle, Sophocle, Euripide et Sénèque sur fond de musique pop-rock et un plateau de lumière éblouissante. Une banquise prête à fondre à cause de la folie humaine?


Un spectacle qui puise sa lumière autant dans les doigts roses de l’aube nouvelle, que dans l’amour de la lumière dans l’Attique baignée du sang des Atrides. Les champs de coquelicots sous le ciel bleu et les ruines de la Grèce antique n’en témoignent-ils pas?   Faut-il d’ailleurs dans le cas présent  dire Atrides ou Astrides? Car la formidable équipe artistique choisie par Georges Lini, Directeur artistique de la Compagnie Belle de Nuit,  n’est rien moins qu’étincelante et forme une constellation dramatique d’une force lumineuse incroyable autour de la tragique  légende antique.

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LE CYCLE DE LA HAINE
COMME PIÈGE ÉTERNEL
DE L’HUMANITÉ.

Georges Lini et son équipe pose sa fabuleuse production sur les planches de l’un des plus beaux théâtres que nous connaissions: le théâtre du Parc. Mais bien sûr, l’écrin de choix s’envole aux premières paroles, et le texte qui se déploie nous renvoie aux images de la Grèce éternelle et aux questions essentielles de l’homme en quête existentielle.

L’image contient peut-être : 9 personnes, dont Inès Dubuisson, texte qui dit ’Daphné d'Heur Clytemnestre Itsik Itsik Elbaz Agamemnon Inès Inès Dubuisson Electre Félix Félix Vannoorenberghe Oreste Wendy Piette Iphigénie Stéphane Fenocchi Léopold Terlinden Egisthe Pylade François Sauveur /musicien Pierre Constant /musicien’

Tous les comédiens présentent un corps à corps charnel avec l’histoire antique, révélant avec poésie, tout le tissu des émotions intimes de chacun des membres de cette famille frappée de malédiction divine et dont Euripide,  en particulier,   contait l’aventure humaine avec tant de compassion. Inès DUBUISSON dans le rôle d’Electre et  Félix VANNOORENBERGHE, son frère Oreste. Le formidable  Itsik ELBAZ qui, sur les mêmes planches avait incarné Hamlet et Macbeth, se glisse cette fois dans la peau d’Agamemnon. Face à lui, Daphné D’HEUR, sensuelle, juste jusqu’au bout des cheveux,  est cette Clytemnestre blessée et révoltée qui n’accepte pas la décision de de sacrifier leur fille pour s’attirer les vents favorables afin de reconquérir l’Hélène  de Ménélas. En fin de compte une situation terriblement banale… Vaut-elle une guerre impitoyable qui dura dix ans ?  La folie du monde a de tout temps été universelle.  Elle se décline avec les mots d’orgueil, de violence et de vengeance. La banalité du mal.


Faire du neuf avec ce qui ne l’est pas

C’est la force du texte remanié par Georges Lini conjuguée avec celle de l’interprétation, qui engage le spectateur dans une intensité d’affects et  une recherche  incessante  de sens car, à la manière de l’illustre Pasolini, dont les paroles ouvrent et referment le texte,  il s’emploie à la découverte méthodique  des zones cachées de l’histoire en sa version officielle. Georges Lini décape la tradition pour faire ressortir des questions que l’on ne se posait pas. Va-t-il réussir à réhabiliter une Clytemnestre pétrie d’humanité? Pari tenu, grâce à son adaptation moderne des textes antiques et grâce à la personnalité généreuse de la comédienne artiste qui incarne avec volupté la mère protectrice d’Iphigénie (exquise Wendy PIETTE) , l’épouse abandonnée d’Agamemnon, l’amante désillusionnée  d’Egyste (un extraordinaire Stéphane FENOCCHI) , la gouvernante du palais en l’absence du maître. Et l’incomparable Itsik ELBAZ.

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La femme serait-elle la mesure de toute chose, l’antidote de l’absurdité de la guerre, de l’orgueil démesuré, des passions dévastatrices? Le grain de vie? La petite sœur d’Electre, Chrysothémis en témoigne. Son  absolu désir de vivre nous vrille le cœur ! Aussi convainquante qu’Ismène, sœur d’Antigone chez Jean  Anouilh. Jouée aussi par Wendy PIETTE.   Choose life !  Inutile de dire que ce spectacle est un haut lieu de réflexion, d’émotion et de beauté de mise en scène. A classer  parmi  les incomparables!

Dominique-Hélène Lemaire

« Les Atrides » au Théâtre Royal du Parc à Bruxelles du 16 janvier au 15 février 2020.

Avec Pierre CONSTANT, Daphné D’HEUR, Inès DUBUISSON, Itsik ELBAZ, Stéphane FENOCCHI, Wendy PIETTE, François SAUVEUR, Léopold TERLINDEN et Félix VANNOORENBERGHE

Mise en scène et adaptation Georges LINI

Assistanat Xavier Mailleux

Scénographie et costumes Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Lumières Jérôme DEJEAN

Musique Pierre CONSTANT et François SAUVEUR

Vidéo Sébastien FERNANDEZ / Copyright photos: Sébastien Fernandez

Photos :  Jérôme DEJEAN

20:15
15:00 LES DIMANCHES
15:00 LE SAMEDI 15 FÉVRIER 2020
RELÂCHE LES LUNDIS

DURÉE : 1h45 (pas d’entracte)

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Une force virulente? « Angels in America »

La pièce a été écrite en 1991. Il y a près de trente ans déjà que la pièce-fleuve de l’américain Tony Kushner recevait le prestigieux prix Pulizer. L’ épopée intime et politique est ramassée ici sur deux heures trente. « Angels in America » confronte deux mondes qui se cognent : l’immobilisme, le rejet de l’Autre versus l’ouverture et le progrès de l’humanité au sein d’un universalisme de bon aloi. Elle met en scène l’histoire parallèle et turbulente de deux couples en difficulté, un homosexuel et un hétéro : Louis Ironson et son amant Prior Walter, et l’avocat mormon Joe Pitt et son épouse Harper. Après les funérailles de la grand-mère de Louis, Prior lui apprend qu’il a contracté le syndrome de Kaposi, autrement dit, le Sida et Louis panique. Le début d’une apocalypse ?

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Joe Pitt, mormon bon teint, qui doit négocier avec sa femme ses tendances homosexuelles, travaille pour Roy Cohn, personnage réel ancien avocat de Trump au service de Reagan qui se découvre atteint par le sida également. Coup d’éclairage sur quelques turpitudes. Valse des téléphones, présence obsédante de l’univers médical, de lits en bataille, les couples se désagrègent, le chaos du millénium approche, ce sera la fin du monde, prédit l’aigle ou l’ange rétrograde et vengeur ! Tandis qu’à Salt Lake City, la vie continue. Le monde se remplit d’hallucinations, symboles tangibles des craintes les plus irrationnelles. Nous voilà même en bord de banquise en déroute. C’est glaçant ! Mais après le cataclysme, dans la deuxième partie de la pièce, de nouveaux liens se créent, la compassion et le pardon prennent presque imperceptiblement le dessus, la vie renaît. Une rédemption. Le principal fléau à combattre n’est-il pas tout d’abord, celui de la peur de l’autre ? 

Philippe Saire 
souligne dans sa note d’intention que même si le Sida se soigne aujourd’hui, que s’il est devenu « moins grave » qu’auparavant, et que l’homosexualité commence à être chose acquise et banalisée… le vivre ensemble reste une question cruciale qui nous sauvera ou nous condamnera sans appel. Il n’y a qu’à voir combien ce qui nous est étranger continue à créer des réactions de rejet, dans tous les domaines. Le choix de telle ou telle société se pose aujourd’hui intensément, au niveau planétaire. Voulons-nous voir nos enfants et nos petits-enfants vivre dans un monde de cauchemar ? Le risque c’est de voir disparaître tout ce qui donne un sens à notre aventure humaine. Le risque c’est le repli sur soi et la férocité destructrice du suprématisme. Par aveuglement et irresponsabilité. Nous sommes ici au cœur d’une actualité virulente qui décidera ou non du naufrage de notre civilisation qu’aucune main magique ne viendra sauver, si ce n’est la nôtre.

Voilà donc pour les thèmes et les idées. Mais la manière dont cette vibrante épopée est chantée, vaut une note artistique 10/10. Philippe Saire est tout d’abord un chorégraphe d’une remarquable limpidité et fluidité lorsqu’il nous emmène dans la réflexion par le mouvement des corps. Il a dans sa fabuleuse équipe trois de ses élèves de l’école de Lausanne, et un belge, gentil comme un ange, Jonathan Axel Gomiz ! Le metteur en scène nous explique que la genèse de sa création a commencé par l’interprétation purement physique des histoires qui se chevauchent, se croisent et se complètent. A la façon d’une « bande dansée ? » le texte semble superposé par la suite à la vérité des corps et des tableaux vivants, ce qui rend le verbe d’autant plus percutant. Le spectateur est happé par les mouvements et se sent danser sur scène, cependant que l’esprit est à l’écoute intense du texte et analyse. Le jeu des voix se permet l’utilisation artistique de l’amplification et la fresque n’en est que plus fascinante. Le liant entre texte et corps c’est l’humour, tantôt bienveillant, tantôt sarcastique, tout comme dans les fabliaux d’antan, une sorte d’état de grâce qui permet à l’homme de ne pas tomber au fond de la disgrâce moderne. On constate donc que ce spectacle est monté avec un soin immense, sans la moindre faute de goût. Tout est beau à regarder, à la façon d’une ode humaniste généreuse qui se doit de nous donner la force d’âme, à chacun selon ses moyens, de redresser le cap d’une civilisation en dérive.

Du 06 au 14 décembre 2019 … seulement !

Dominique-Hélène Lemaire

 INFOS & RÉSERVATIONS
02 223 32 08 – http://theatre-martyrs.be/

 Philippe Weissbrodt

Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, le dimanche 08.12 à 15h00. Bord de scène mardi 10.12.

GÉNÉRIQUE DU SPECTACLE :

JEU Adrien Barazzone, Valeria Bertolotto, Pierre-Antoine Dubey, Joelle Fontannaz, Roland Gervet, Jonathan Axel Gomis, Baptiste Morisod CHORÉGRAPHIE & MISE EN SCÈNE Philippe Saire ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Chady Abu-Nijmeh DRAMATURGIE Carine Corajoud LUMIÈRES Eric Soyer CRÉATION SONORE Jérémy Conne SCÉNOGRAPHIE Claire Peverelli COSTUMES Isa Boucharlat PRODUCTION Compagnie Philippe Saire COPRODUCTION Arsenic (Lausanne), Comédie de Genève, Théâtre des Martyrs.

La Compagnie est au bénéfice d’une convention de soutien conjoint avec la Ville de Lausanne, le Canton de Vaud et Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture. Le spectacle est lauréat du concours Label + romand – arts de la scène, et soutenu par la Loterie Romande et de Sandoz – Fondation de famille. La Cie Philippe Saire est compagnie résidente au Théâtre Sévelin 36, Lausanne.

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SPECTACLES

Au théâtre des Martyrs: "L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non écourtée de Boby Lapointe"

Salade russe, avec ou sans Mayo ?

Debout les crabes, la marée monte ! Bobby Lapointe l’alliterophile absolu de la chanson française, le prince de l’imagination, se réveille ce soir, sous le jeu vivant et bon enfant de trois mauvaises herbes poussant d’ordinaire leur spectacle de par les rues ensoleillées du royaume de Belgique. Mais c’est bientôt l’hiver, et les manteaux, écharpes et parapluies ont envahi les rues, les gens se pressent pour échapper aux morsures de la froidure, et les baladins cherchent des murs…La bise venue, rien ne valait donc mieux pour les artistes batteurs de pavés, que l’accueillante fourmilière du Théâtre des Martyrs. Un lieu sûr pour ces saltimbanques chercheurs d’abri côtiers, rêveurs d’été, enchanteurs de plages, capteurs de sirènes et de pirates en goguette, et enfileurs de tableaux historiques à l’envers.

Ils sont 5 vaillants bricoleurs, unis comme les doigts de la main, mais on n’en voit que trois. Leur mission est de promouvoir notre belle langue française, affirment-ils, sans toutefois vouloir brandir haut et fort le flambeau du lexique ni celui de l’ami Grévisse. L’orthographe – on le sent, on le redoute – ils la traitent …par dessus la jambe. Comme dans Boby!

Mais qu’importe, s’il ne s’agit que réveiller les voix des géants endormis de notre chanson française ! Ceux qui ont tissé l’enfance des Boomers de tout poil. Georges Brassens, et sa moustache bien peignée, la pipe en coing (pour l’asseng) , une guitare ou une femme sur les genoux…et son parent pauvre : Sieur Bobby Lapointe. les artistes en culottes courtes veulent nous faire rire à coups répétés d’anti-héros chansonniers, ou de chansonniers anti héros. …Ce n’est pas la même chose, figurez-vous ! Mais pas mal de coups d’épée dans l’eau. Toute monde ne s’improvise pas Don Quichotte.

Mais soyez sans crainte : les reprises des tubes de Bobby se font à la bonne franquette, même si la mise en œuvre musicale est un peu légère. On avait adoré à la Samaritaine, Dieu ait son « æme », le trio féminin Tibidi , qui interprétait Boby Lapointe. Elles étaient absolument craquantes dans le genre : charme fou, diction parfaite, harmonie des voix, chorégraphie…


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Ces messieurs s’adonnent aux plaisirs des rimes et des clowns sur scène, mais la mayo prend-elle pour autant ? Pour que le rire joyeux fuse, il ne suffit pas de malmener la chronologie, jouer l’absurdie, Merci Lydie, ou de contrepéter à tire l’harigot, il faut que le grain de folie intoxique… On leur souhaite donc un peu plus d’arsenic ou de digitaline ou quelques graines d’hellébore, pour que le feu ne reste pas celui d’un déjeuner de soleil ou celui de quelques brindilles en fumeroles … Debout les fourmis ! Ou les cigales, c’est comme vous l’entendrez !

Au gré de leurs moultes prestations en places publiques, les artistes ont rassemblé assez d’éléments épars de la vie du bonhomme Lapointe que quitta sa Katy pour l’éternité, pour en faire un spectacle grand format, sous chapiteau permadur et qui tienne la route en hiver. Keep trying !

Dominique-Hélène Lemaire 

 THEATRE DES MARTYRS

 Petite salle - 27.11 > 14.12.19 - 1h15 - sans entracte

Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, les dimanches 01 & 08.12 à 15h00.
Bord de scène vendredi 06.12 animé par Michael Delaunoy.

JEU Valentin Demarcin, Benoit Janssens, Virgile Magniette
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
REGARD EXTÉRIEUR & RÉGIE Axel Cornil & Allan Bertin
CRÉATION COLLEXTIVE Les compagnons pointent
PRODUCTION Les compagnons pointent

RÉSERVATIONS
par téléphone +32 2 223 32 08 ou via le site http://theatre-martyrs.be/

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Art digital: Monet, Monet!

20 mille lieues sous la peinture…

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Quand on parle d’héritage culturel, on pense transmission, éducation artistique, racines et révolutions… Mais aussi plaisir.  

L’événement artistique proposé par « Monet, the immersive experience  » plonge dans le plaisir visuel grand format et haute définition, et vous enveloppe comme un manteau miroitant de bienveillance. Les ancêtres des pixels sont à la fête! Ce sont les innombrables coups de pinceau du maître de l’impressionnisme, Claude Monet (Paris, 1840 – Giverny, 1926) qui sont en cause. Ce peintre emblématique  a su observer et représenter la réalité de manière révolutionnaire après l’apparition de la photographie. Lors de cette expérience immersive, vous pénétrez dans le mystère d’une luminothèque extraordinaire, prêt à voyager de tableau en tableau avec l’impression d’y pénétrer corps et âme. Façon Alice au pays des merveilles, en vrai, tout en poursuivant le parcours anecdotique très intéressant de la longue vie de l’artiste. Dans un environnement aussi mystérieux qu’un kaléidoscope mais sans son aspect un peu figé, ici tout semble prendre vie dans une magie visuelle et récréative. Tour à tour, les champs de coquelicots, la pie dans la neige, les falaises d’Etretat, la cathédrale de Rouen, les meules de foin, les bords de la Tamise, vous captent sous leur charme enchanteur.

L’art et la paix, ou la paix de l’art? C’est l’occasion de réfléchir. Les nymphéas de Monet n’étaient-ils pas une commande de son ami Clemenceau pour rendre honneur à la paix après les déflagrations de la grande guerre? La paix, ce bonheur insigne que nous avons la chance de connaître en Europe depuis de nombreuses décennies et dont nous ne mesurons pas toujours la chance. Et oui, vous rencontrerez une carpe multicolore aux couleurs de paradis frétillant entre les nénuphars…
Oui,vous serez à la Gare Montparnasse, tapant du pied pour vous réchauffer, en plein cœur des années de la révolution industrielle, dans le bruit fracassant d’une locomotive à vapeur! Rêves d’antan et femmes en crinolines…

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Ainsi donc, si les amusement Parks ont la côte et attirent des millions de visiteurs, grands et petits, on passe ici à l’amusement gallery, et l’éducation y trouve son compte. C’est peut-être pour certains un premier pas posé vers l’univers culturel si riche de notre vieille Europe, vers laquelle tant de regards étrangers se tournent, avec passion jalouse parfois.

Sous les projecteurs anciens et modernes, voici donc Monet, la tête de file des peintres impressionnistes qui fait partie de ce capital culturel intangible qui nous a formés depuis l’école et a éduqué notre curiosité artistique, notre sens du beau, du bon, du vrai.

L’image contient peut-être : salon et intérieur

Bien sûr il y a une différence intrinsèque et fondamentalement entre les inestimables œuvres originales que l’on retrouve dans les musées, les collections privées et les livres d’art et leurs clones audio-visuels composés avec soin au cœur de studios d’images de synthèse. Mais cette approche ludique de l’art vaut aussi le détour… Il y a de beaux précédents, avec d’autres peintres comme van Gogh ou Breughel qui ont attiré des foules de visiteurs. Cet événement a rencontré déjà un vif succès à Barcelone.

Les plus jeunes générations qui sont bombardées d’ « edutainment« , entendez de l’éducation par l’amusement, à l’école comme à la maison, adorent ces nouveaux styles d’apprentissage ludique via écrans, jeux vidéos et autres interactivités immersives. Ils seront ravis de découvrir à travers les oeuvres pixellisées, les œuvres de l’artiste en format géant, ses voyages successifs de la Normandie à Venise en passant par Londres et la Norvège, sa vie passionnante et rebelle en pleine révolution photographique, les amours de sa vie… et Gyverny, sa dernière halte. Le balayage de presque un siècle, sous forme d’ « entercation »! A chacun ses néologismes!

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C’est donc l’occasion rêvée de plonger dans les pigments si bien juxtaposés par l’artiste, qu’ils vous donnent l’impression nager dans un univers de relief, de mouvement et de profondeur, un monde transcrit sur la toile en vibrations lumineuses. Ne manquerait-il que les parfums puisque même les sons vous rejoignent…? C’est l’occasion unique de s’attarder sur des détails célébrant la Nature et la lumière si bien mises en scène par l’artiste, la beauté, transformée en idée, merci Platon. C’est un moment précieux où l’on apprécie l’urgence que Monet avait de peindre l‘éphémère que l’on voit se démultiplier tout autour de soi… Et l’on se recueille, plein de gratitude, devant l’énergie sublime des coups de pinceau du grand maître.

Dominique-Hélène Lemaire

Dès le 30 novembre 2019, et jusque fin avril 2020 à Bruxelles.

*Une réalisation d’ Exihibition Hub, PME bruxelloise, qui allie technologie et sens artistique

*A 200 m de la Grand place, au pied de l’hôtel Novotel, dans une galerie privatisée pour l’occasion, la galerie Horta  moins connue que sa petite soeur marchande, la galerie Agora, mais que vous serez sûrement ravis de découvrir!

Adresse: Rue du Marché Aux Herbes 116, 1000 Bruxelles

Horaire

Lundi : de 10h à 18h
Mardi : fermé
Mercredi : de 10h à 18h
Jeudi : de 10h à 23h
Vendredi : de 10h à 18h
Samedi : de 10h à 18h
Dimanche : de 10h à 18h

Dernier accès 1h av

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administrateur théâtres

SPECTACLES

« River » Dreams On ! Au théâtre des Martyrs

River

De quoi sont faits nos souvenirs ? Traces du passé ? Traces rêvées ? Et dans ces parties lointaines de notre mémoire quels secrets y avons nous enfoui ? Et nos amours perdues ? Aussi entêtantes que la mélodie d’une chanson ? Qu’en reste-t-il en nous ? La blessure est-elle devenue superficielle ? Et les enfants qui partent loin de notre nid ? Que faire quand l’oubli efface tout et qu’on ne reconnaît plus l’autre…

Et les au revoir quand on s’accroche à un hypothétique espoir.
Et les adieux, quand il ne nous restera plus que le souvenir, peut-être une caresse ou une odeur, quand on parlera à l’absente ou à l’absent.

À partir des champs de l’intime et des deuils qu’il nous faut faire, la chorégraphe Michèle-Anne De Mey bâtit une fiction dansée. Elle rassemble huit personnages, danseurs, acteurs, musiciens, circassiens et un chien, qui raconteront, à travers gestes et paroles, ce qu’on abandonne et ce qui nous suit quand on quitte une maison : les souvenirs communs et les souvenirs secrets. De la chambre, du salon, du jardin, et de la rivière.

Distribution

Un spectacle de Michèle Anne De Mey créé pour et en collaboration avec Charlotte Avias, Didier De Neck, Gaspard Pauwels, Fatou Traoré, Alexandre Trocki, Violette Wanty, Nino Wassmer, Zaza le chien • chorégraphie Michele Anne De Mey assistée de Fatou Traoré • textes Thomas Gunzig en collaboration avec Didier De Neck et Alexandre Trocki Du 12 au 23 novembre. Grande salle

Au gré de vos …harmonies


Un bouquet d’harmonies… et quelques clefs

« RIVER » vous offre un extrait du concerto pour piano No. 1 de Tchaikovsky, de nombreux extraits de Franz Schubert, les parfums de George Gershwin, l’Andante sostenuto de Franz Schubert, extrait de la 21e Sonate pour piano en si bémol majeur, D. 960, son ultime sonate , achevée le 26 septembre 1828, plusieurs arrangements pittoresques de « Die Moldau » de Smetana, le rêve en liberté, de sublimes « Summertime » chantés et dansés, et l’évidence même dans ce programme : « La jeune fille et la mort », exaltante et hypnotique. La dernière clef c’est « Memories of the Silver Screen » de Laurel & Hardy… Entrez et laissez vous emmener ! Au gré de vos propres harmonies.

Interactif

Et le spectateur, touché par la musique et le jeu sur le plateau, les ronds dans l’eau, de rebondir sur le champ et de partir lui-même à la recherche de ses harmonies. Viennent à l’esprit les premiers vers de « Correspondances » de Baudelaire,

«  La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. »

Mais La première chose qui m’ait envahi le coeur est la musique de “The River of no return” la seconde, un inexplicable souvenir de :”Madison Bridge”, la troisième plongeait dans le fleuve Léthé celui de l’oubli où les âmes deviennent bienheureuses. Le bonheur retrouvé des études classiques, les rives où Orphée perd Eurydice.

Sur le plateau

Car par devant soi il y a des jeux de transparence et de lumière, comme pour visiter l’âme, les voiles de la mort, une armoire magique à double fond tapissée avec la robe d’une des femmes, des danseuses par trois, comme celles qui vous imposent un impossible choix et un vieil homme assis dans un fauteuil qui fait tourner une boîte à musique avec sa danseuse hypnotique. Un chien, ce meilleur ami. Bien bien vivant, celui-là ! Ou non, c’est selon. Demandez à la rivière.

 Les souvenirs de l’homme eux sont exposés, radiographiés, photographiés, filmés, pris sur le vif, agrandis… joués, mimés, symbolisés, dans des tableaux qui ne cessent de s’évanouir et de se renouveler. Cependant que l’homme est en proie à la litanie des choses de sa vie. Il tient les rênes, il ne lâche pas un fil. Tout y passe, de la moindre fourchette à poisson, au sécateur grippé ou la housse de couette à fleurs rapiécée. Une mémoire qui frise l’obsession. « Ma tante part en voyage avec… « 

Cherchez l’intrus ! Il n’y en a pas. Sauf l’infinie solitude, la nostalgie, le temps en marche égrené par des musiques sublimes. Et la proche séparation d’avec sa maison qui a tout vu, tout en tendu, tout vécu. « Summertime », bonheur opiniâtre, pour réveiller l’été de l’âme, pour d’ultimes étreintes et se souvenir.

Aux pinceaux

La fresque poétique de l’A Dieu régie par Michèle Anne De Mey (Kiss and Cry) s’appuie sur ses huit piliers : les artistes qui fonctionnent comme un seul être, un organisme vivant qui résiste au temps et refuse de mourir. Les armes de la mise en scène : la présence, le verbe dépouillé, le corps et le mouvement exaltés. Notre espoir contre la perte et le noir complet. Une harmonie retrouvée ? Signée Charlotte Avias, Didier De Neck, Gaspard Pauwels, Fatou Traoré, Alexandre Trocki, Violette Wanty, Nino Wassmer, et Zaza le chien Boris Cekevda, au mixage sons…


Echo

Et voici celle que j’aime, l’harmonie qui répond pour moi au spectacle, en écho lumineux :

« J’ai essayé, dit-il, de me faire une compagnie avec toutes les choses qui ne comptent pas d’habitude. Je vais vous paraître un peu fou et je dois être un peu fou. Je me suis fait doucement compagnie de tout ce qui accepte amitié. Je n’ai jamais rien demandé à personne parce que j’ai toujours peur qu’on accepte pas, et parce que je crains les affronts. Je ne suis rien, vous comprenez ?
Mais j’ai beaucoup demandé à des choses auxquelles on ne pense pas d’habitude, auxquelles on pense, demoiselle, quand vraiment on est tout seul. Je veux dire aux étoiles, par exemple, aux arbres, aux petites bêtes, à de toutes petites bêtes, si petites qu’elles peuvent se promener pendant des heures sur la pointe de mon doigt. Vous voyez ?
A des fleurs, à des pays avec tout ce qu’il y a dessus.
Enfin à tout, sauf aux autres hommes, parce qu’à la longue, quand on prend cette habitude de parler au reste du monde, on a une voix un tout petit peu incompréhensible. »

Jean Giono, Que ma joie demeure.

Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

Bizet à Liège en Novembre 2019, des perles fabuleuses!

Une perle d’opéra!


« Les Pêcheurs de perles » à l’Opéra  de Liège

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Nous attendions beaucoup des « Les Pêcheurs de perles » à l’Opéra  de Liège puisque, c’est la deuxième fois que nous assistons à cette production,  dans la mise en scène sobre et poétique du nippon Yoshi Oïda et les décors de Tom Schenk.   La mise en scène  de 2015  n’a pas pris une ride, car elle touche l’universel.   Il s’agit du premier opéra que Bizet composa à 24 ans. Il était  pour l’époque, d’un exotisme délirant dans la partition et le livret, la référence à la mer et  aux pêcheurs de la  côte étant omniprésente. L’opéra se déroulait dans l’île de Ceylan,  ce qui est maintenant devenu le Sri Lanka depuis 1972.  Mais le metteur en scène, Yoshi Oïda,  désireux de nous transporter dans un ailleurs mythique et imaginaire, semble s’être inspiré soit de la culture  matriarcale des plongeuses  japonaises « ama »,  une coutume  vieille de  quatre mille ans en ce qui concerne le culte de la mer,  ou de celle de « noros », ces femmes  chamanes de l’ancien royaume du royaume des Ryûkyû, Okinawa, un archipel  japonais en forme de Dragon, aux portes de Taiwan, un centre du monde habité par les dieux.  Vestales japonaises, ces femmes  sont toujours là à entretenir une communication sacrée avec les forces divines de la nature, et à un degré supérieur, celles de l’univers. La crainte qu’inspirent  les dangers des  flots marins, engageait naturellement  sur les chemins du sacré. Le sensuel et le spirituel se rejoignant.

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 Et voici une nouvelle  distribution, très solide, combinée à une très belle performance musicale sous la direction de  Michel Plasson, 86 ans,   qui connaît  si intimement  cette œuvre  de Bizet. Les costumes dessinés par Richard Hudson sont  des variations du bleu ardoise  de  « Ce toit tranquille, où marchent les colombes », déclinés en turbans, écharpes, chemises frustes, et vêtements de travailleurs de la mer, bleu de Gênes. Un contraste saisissant avec les voiles éclatants de blancheur de la déesse vierge.   Lumières subtiles et ouvragées de Fabrice Kebour qui fait coïncider le soleil levant meurtrier  avec les cuivres orchestraux des premiers rayons d’une aube incandescente.   Pierre Iodice,  fidèle commandeur  des chœurs de la maison liégeoise,  assurait aux choristes  une fluidité de flots marins, ménageant des moments de frissons poétiques et célestes!   Ainsi,  au tomber du rideau, la salle comble  a   offert  une nouvelle fois – à juste titre – une ovation debout, pleine d’enthousiasme associée à un tonnerre d’applaudissements pour cette œuvre dont le foisonnement des joyaux mélodiques regorge  de morceaux pleins de feux et d’un riche coloris selon  les dires de Berlioz. 

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Le livret se déroule comme un long  flashback nostalgique et tragique de solitude héroïque bercée par le roulis de la vague marine.  Zurga et Nadir, deux hommes tombés amoureux de Leïla dans leur jeunesse ne veulent pas risquer leur amitié et  font le serment de  ne pas répondre à leurs sentiments pour elle. Mais plusieurs années plus tard, il semble que l’amour pour  cette femme idéalisée ne  se soit   jamais éteint. « À aucun autre moment le sensuel n’est aussi chargé d’âme et la part d’âme aussi sensuelle que dans la rencontre. Tout est alors possible, tout est en mouvement, tout est dissous. Il y a là une attirance réciproque, vierge encore de convoitise, mélange naïf de confiance et de crainte. Il y a là quelque chose de la biche, de l’oiseau, … pureté angélique, présence du divin… Ce quelque part, cet incertain pourtant animé par la force du désir… La rencontre promet davantage que ne peut tenir l’étreinte. On dirait, si je peux m’exprimer ainsi, qu’elle ressortit à un ordre supérieur des choses, cet ordre qui fait se mouvoir les étoiles et féconde les pensées… »
Hugo von Hofmannsthal, Chemins et rencontres.

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Et bien que la jeune et fougueuse Leïla ait juré  à Zurga  devenu roi, et au reste du village de  rester  la très chaste et pure gardienne du  rocher qui surplombe la mer, et dont la tâche est de repousser les mauvais esprits qui emportent les pêcheurs dans les abysses,   son désir la porte  toujours vers Nadir, le coureur des bois. Cyrille Dubois chante un héros élégiaque, plein  de charme, au timbre galbé et chaleureux et charismatique, porté par un souffle puissant.   Annick Massis développe habilement le rôle féminin de cet opéra, commençant par celui d’une femme  innocente et docile et concluant celui-ci dans  une apogée  d’amour passionné, cueillant à chaque pas de fulgurantes vocalises.  Elle  a promis par trois fois de « vivre sans ami, sans amour, sans amant ! » Malheur à elle si elle succombe !    Le lien qui l’unit  mystérieusement à Zurga est de l’avoir sauvé dans sa jeunesse, lorsqu’il était un pêcheur rescapé, accueilli sous le toit familial. Elle a gardé de lui, un collier de perles.    Intense, impulsive, très passionnée, elle forme avec Nadir  un duo  pris par l’élixir de  la musique et qui chante l’ élévation  vertigineuse es sentiments . Tous deux  atteignent les profondeurs du cœur. C’est ce qui bouleverse le public.  Bien sûr, la chute est imminente. Et lui, flotte dans le ravissement ! « Oui, c‘est elle! C‘est la déesse. Plus charmante et plus belle. Oui, c‘est elle. C‘est la déesse qui descend parmi nous. Son voile se soulève et la foule est à genoux. »  Passent les pêcheurs et leurs nasses d’osier «Je crois entendre encore, Caché sous les palmiers, Sa voix tendre et sonore Comme un chant de ramiers. Ô, nuit enchanteresse, Divin ravissement, Ô, souvenir charmant, Folle ivresse, doux rêve! Aux clartés des étoiles, Je crois encore la voir Entrouvrir ses longs voiles Aux vents tièdes du soir. Ô, nuit enchanteresse, Divin ravissement, Ô, souvenir charmant, Folle ivresse, doux rêve » ponctués par des violoncelles en voix  presqu’humaines.

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L’orchestre construira l’angoisse et le silence, les présages de mort et d’épouvante et leurs chasubles blanches, leurs torches hostiles,  les barques agitées par les flots. Le chœur est rempli d’effroi «  Un  étranger s’est introduit parmi nous ! »Tout est dit ! La vindicte de la foule se lève comme une effroyable tempête. Le quatuor d’interprètes a été complété par le brutal et revêche  Nourabad de Patrick Delcour. Brutalité et cruauté sont les maîtres mots qui enclenchent tout de même le remords chez Zurga. Les erreurs humaines sont sources de larmes, Leila  dans des accents qui font penser à  Norma, agile et palpitante, victime de sa fonction de prêtresse, plaide la cause de Nadir, il est innocent : «  Accorde-moi sa vie, pour m’aider à mourir » : c’est alors que déferle la rage de la jalousie qui rend le roi  Zurga aveugle, barbare et cruel.  Ce rôle est tenu par le baryton belge  Pierre Doyen, au timbre brillant,  qui  retrouve,  après avoir sombré dans la sauvagerie de la jalousie,  une ligne de chant ferme, noble et élégante.   Au bord du trépas romantique, les amants se  fondent  déjà dans l’amplitude de l’éternité lumineuse, dans une ivresse mystique, auprès d’un dieu salvateur.  Mais ils ne mourront pas car Zurga, ayant reconnu le collier donné à la jeune-fille d’antan,  leur ouvre les chemins de  l’exil,  après avoir mis le feu au camp pour brouiller les pistes. Est-ce à dire, que jamais les liens entre  les personnes ne se rompent, ni ici, ni ailleurs? Le couteau est inutile et vain.

Dominique-Hélène Lemaire

«  Les Pêcheurs de perles » à l’Opéra  de Liège      

Du 08 au 16 novembre 2019

Photos © Opéra Royal Wallonie-Liège

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administrateur théâtres

                                   Jeanne est d’abord un être humain que je veux libérer du poids des clichés.
                                                                                   Romeo Castellucci

Cet automne, La Monnaie  programme  du 5 au 12 novembre, l'opéra "Jeanne d'Arc au bûcher", oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un livret de Paul Claudel. La mise en scène est signée Romeo Castellucci dont on se souvient lorsque l’an dernier il produisait une mise-en-scène très controversée de « la Flûte Enchantée » de Mozart, dans la même maison. Est-ce sur cette  base,  que les esprits se sont tout de suite échauffés, pour brûler une nouvelle proie, criant  à l’obscénité majeure, pour quelques photos  considérées comme choquantes, et sans avoir  même réellement assisté au spectacle?  Sic  la Fédération Pro Europa Christiana, qui promeut les "valeurs chrétiennes à travers l'Europe" et sa pétition qui a recueilli avant la première du 5 novembre plus de 10.300 signatures. Bon, la tolérance  ne fait-elle pas  partie de nos valeurs chrétiennes, et «Tu ne jugeras point » pareillement ?  

Consentir au souffle clair et aux gestes de sable

S’ils avaient été voir ce spectacle, leur âme aurait été emplie de bonheur, naturel et surnaturel tellement la musique d’Honneger fleurait le bienfait rafraîchissant et l'épopée humaine. Un élixir de joie et d’amour.  Les chœurs  omniprésents étaient installés dans le colombier diffusant leur musique enivrante comme les parfums d’un encensoir diffusant  paix,  beauté et grâce. Des voix tantôt profondes comme racines de la terre, et tantôt angéliques et inouïes comme in Paradisum. Un enchantement et un mystère qui vous tombe sur les épaules comme un manteau bienfaisant  de la Saint-Martin !   

Les derniers moments de la pucelle d'Orléans

Et sur scène on assiste à un seul en scène,  une traversée du désert en 11 flashbacks, à la recherche de l’amour, terrifiée à l’idée de son supplice.  C'est Jeanne (Audrey Bonnet), sorie du monde de silence,   qui occupe tout l’espace, seule, avec ses voix. On  sympathise au sens propre du terme, avec  une lente  épure mystique qui délivre Jeanne de son histoire d’héroïne de la France, qui lui ôte sa cuirasse de guerrière, la décape de tous les poncifs historiques qui entourent le personnage. Elle est peu à peu mise à nu, elle se dépouille de tout ce qui lui a été toxique.  C’est  toujours mieux que d’être mise à mort… Elle perd d’un coup de balai,la détestable image d’idole récupérée  par des partis politiques très peu recommandables. Elle  retrouve  toute sa  chevelure de femme, sa force, sa lumière, son corps virginal tout de blanc poudrée.  Elle est sortie d’un accès de folie  du cerveau d’un concierge d’école. La voilà, naissant du ventre de l’ombre,  ressuscitée d’entre les chaises d’une classe de village. Elle creuse le sol, déterre son passé,  fouille les souvenirs, retrouve le glaive de saint-Michel et le cheval de bataille, le roi de France, l’amour de la patrie. Elle est cet amour qui réunit les communautés, remembre l’unité, réconcilie les extrêmes, fabrique un corps social unifié! Et ainsi elle atteint l’humus sous le plancher qu’ lance autour d’elle comme pour exalter son humanité et retrouver le sein de la terre féconde. Elle renoue ainsi  avec son humilité, sa condition de femme éperdue d’amour, sa nature profonde. C’est une  folie  sauvage, libre  et authentique qui s’attendrit devant les fleurs de pommiers roses de Normandie, qui est bouleversée par un chant de rouge-gorge, - de quoi fondre en larmes -  qui tente d’expliquer ce qu’est l’amour à un frère Dominique enfermé dans une cuirasse de bure inexpugnable, incapable de sentir. Cet oratorio est un choc spirituel  que d’aucuns voulaient livrer aux flammes… « Comburatur igne ! » ( Le Chœur).   Les persécuteurs ont souvent eu bonne presse auprès des foules avides d' événementiel, or il faut toujours revenir à l’essentiel qui fait notre lumière. Ce qu’a voulu chanter, danser et jouer Romeo Castellucci. A tout hasardLa Monnaie a assuré qu'elle prendrait des "mesures de sécurité appropriées afin que les spectateurs puissent profiter des représentations sans dérangement".

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Une lecture dramatiquement magistrale, radicalement dépouillée

Dans un rêve fébrile de chants, de textes dits et de musique, cette œuvre d’une extrême originalité nous entraîne à travers quelques passages-clés de la vie de Jeanne d’Arc au moment où, toute seule, à l’approche de la mort, il lui faut faire face à elle-même et à sa France. Qui d’autre que Romeo Castellucci  pouvait  transposer les visions mystiques et les conflits intérieurs de cette jeune femme en théâtre sublimé ? L’artiste total italien  s’est associé à  l’ancien directeur musical de  la Monnaie, Kazushi Ono, qui s’est retrouvé à nouveau dans la fosse d’orchestre de la Monnaie, dix ans après l’avoir quittée.  Le chef nippon nous a livré la fresque musicale dans  un chatoiement de timbre et d’effets acoustiques stupéfiants.   Ce spectacle  est l’œuvre d’une coproduction de la Monnaie, du Theater Basel, du Perm State Opera and Ballet Theatre et de l’Opéra de Lyon, où a eu lieu la création en 2017. Pour nous ce fut un émerveillement philosophique. Bien sûr on pourrait reprocher qu’aucune voix entourant Jeanne ne se trouve réellement  présente sur le plateau, mais n’est-ce pas le propre des voix… d’être invisibles?

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Visionnaire, prégnant, ambigu : le mystère lyrique d’Honegger 

Arthur Honegger (1895-1955)  tomba d’emblée sous le charme du texte de  Paul Claudel (1868-1955)  et de sa musicalité poétique. La musique d’Honegger ne reflète pas seulement les différents registres stylistiques du livret, mais également l’esprit turbulent et survolté des années 20 et 30. Des chants spirituels austères qui rappellent Bach alternent avec de la musique contemporaine française, des comptines hors d’âge, des ritournelles de  pastoureaux, des blocs de sons cubistes et même une ligne subversive de jazz et de music-hall. Sorte de théâtre musical, les personnages principaux ont des rôles parlés. L’orchestration fait penser à une tragédie antique ou à un mystère médiéval, mais avec un langage musical chromatique et polytonal extrêmement varié. 

 Les chœurs  ont été renforcés pour l’occasion par les chœurs d’enfants et de jeunes et par l’Académie des chœurs de la Monnaie – tous deux sous la direction de Benoît Giaux. Kazushi Ono avait  déjà dirigé cette production avec beaucoup de succès à Lyon  aux côtés de Romeo Castellucci  et ses collaboratrices attitrées, les dramaturges Piersandra Di Matteo et Silvia Costa. L’actrice française Audrey Bonnet interprétait Jeanne d’Arc et occupait la scène quasi seule pendant près d’une heure  et demie. Elle était  accompagnée sur scène par  Sébastien Dutrieux, dans le rôle du Frère Dominique.

Dominique-Hélène Lemaire
DISTRIBUTION

Direction musicaleKAZUSHI ONO
Mise en scène, décors, costumes et éclairagesROMEO CASTELLUCCI
Dramaturgie : PIERSANDRA DI MATTEO
Collaboratrice artistique : SILVIA COSTA
Collaboration aux éclairages : MARCO GIUSTI
Chef des chœurs : CHRISTOPHE TALMONT

Jeanne d’Arc : AUDREY BONNET
Frère Dominique : SÉBASTIEN DUTRIEUX
La Vierge : ILSE EERENS
Marguerite : TINEKE VAN INGELGEM
Catherine : AUDE EXTRÉMO
Une Voix, Porcus, Héraut I, Le Clerc :JEAN-NOËL BRIEND
Une Voix, Héraut II, Paysan : JÉRÔME VARNIER
Héraut III, L'Ane, Bedford, Jean de Luxembourg, Un paysan : LOUKA PETIT-TABORELLI
L'Appariteur, Regnault de Chartres, Guillaume de Flavy, Perrot, Un prêtre  GEOFFREY BOISSY
Soprano Solo : GWENDOLINE BLONDEEL
Une Voix d'Enfant : SIOBHAN MATHIAK

Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie
Chœurs d’enfants et de jeunes et Académie des chœurs de la Monnaie s.l.d. de Benoît Giaux

CoproductionLA MONNAIE / DE MUNT, OPÉRA NATIONAL DE LYON, PERM STATE OPERA AND BALLET THEATRE, THEATER BASEL

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Production créée à l’Opéra National de Lyon, 21.1.2017

 

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administrateur théâtres

L'HOMME DE LA MANCHA DE JACQUES BREL par Filip Jordens

Ecoute-moi
Pauvre monde, insupportable monde
C'en est trop, tu es tombé trop bas
Tu es trop gris, tu es trop laid
Abominable monde
Écoute-moi
Un Chevalier te défie
Oui c'est moi, Don Quichotte
Seigneur de la Mancha…

L’Homme de la Mancha 2018, c’était une splendide  production du KVS en coproduction avec Le théâtre de la Monnaie l’an dernier. Un spectacle remonté cette année pour Aula Magna avec le théâtre Jean Vilar, et plus une place disponible. Un spectacle qui a voyagé en en mai 2019 à Madrid, en août 2019 à Montevideo, Urugay. Un  spectacle délirant,  en phase avec l’Eloge de la folie  d’Erasme, et tout le monde rit et s’égosille, s'épuisant  en bravos ininterrompus. Le livret est de Dale Wasserman, la musique, de Mitch Leigh et la création originale date de 1965 à Broadway. La traduction et adaptation en français ? Signée par notre immense Jacques Brel, pour la Monnaie en octobre 1968, et c’est lui qui endosse le rôle. Pourquoi ? Pour créer à terme un monde meilleur et pas le meilleur des mondes !  La chanson de l’impossible rêve revient comme un refrain insistant tout au long du spectacle, une ritournelle de l’espoir? Dix ans plus tard, le 9 octobre 1978, le célèbre chanteur belge s'éteignait.

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Energie, générosité

Cinquante ans plus tard, C’est donc  Filip Jordens qui promène le personnage mythique de Miguel de  Cervantes, de par le monde en hommage à Jacques Brel, dans la comédie musicale emblématique ressuscitée  sous la direction des metteurs en scène Michael De Cock, directeur artistique du KVS, et Junior Mthombeni.

Miguel de Cervantes, poète-donc-coupable, attend son exécution dans les geôles de l’Inquisition. Manuscrit de son roman Don Quichotte sous le bras, il interprète avec ses codétenus, c'est toute l'astuce,  les aventures de l’hidalgo errant, flanqué de son fidèle écuyer Sancho Panza. L’auteur et son chevalier fantasque humaniste envoient à leurs persécuteurs un message miséricordieux et idéaliste. « Rêver un impossible rêve... Suivre l'étoile... »

L’homme est le bourreau de l’homme. Le procès du gentilhomme s’ouvre : «  accusé d’être idéaliste, poète et honnête homme » Va-t-il plaider coupable ? S’habillant en Don Quichotte, il déclare «  J’ai l’honneur d’être moi ! » « Et moi, Sancho, son frère ! » lui vouera un attachement imprescriptible. Superbe rôle joué parle très picaresque  Junior Akwety, pas trop pressé de rencontrer l’ennemi : il est urgent de savoir attendre! C’est la magie théâtrale qui fleurit sur le plateau où l’on ne croyait voir que des figurants, chacun reçoit  un rôle, on assiste à une genèse virtuose du spectacle,  la danse et les chœurs font le reste. Et l'amour de Dulcinée.  Un chef-d’œuvre de mises en mouvement et en abîmes tous azimuts.  Dans le groupe d’artistes  qui se pressent autour de  Filip Jordens,  il y a la soprano Ana Naqe ( Dulcinée) , le comédien François Beukelaers (chef de l’Inquisition), le chanteur de soul et de hip-hop Junior Akwety (Sancho Panza) , l’ éblouissante artiste de slam Nadine Baboy (Maria, la femme de l’aubergiste), Gwnedoline Blondeel, ( la gouvernante), Geffrey Degives (le padre à qui on donnerait le bon Dieu sans confession), Bertrand  Duby (l’aubergiste), Christophe Herrada (le médecin) Chaib Idrissi (Anselmo) et les muletiers de tout poil.  Cette équipe crépitante contribue   à une réhabilitation opiniâtre des idéaux chevaleresques : l’or de l’amour, la grâce, la beauté,  le respect,  l’honneur. Et Dieu dans tout ça ? « Pour moi, Dieu ce sont les hommes et, un jour, ils le sauront. » dirait  Jacques Brel

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 « Par son talent, sa voix, son corps, avec la complicité de ses musiciens, Filip Jordens nous convie à retrouver le grand Jacques. C'est la puissance, la force, la rage, l'ironie, la tendresse de Brel qui soudain éclatent de nouveau. Grâce à cet interprète hors pair qu'est Filip Jordens, on peut alors mesurer combien l'œuvre de Brel non seulement est toujours vivante, mais aussi combien elle est singulière et actuelle. Brel poète, Brel visionnaire, Brel musicien, Brel comédien, Brel satiriste, Brel profondément humain. Un maître, en somme. Un classique, servi par un Filip Jordens habité et éblouissant»  écrit Philippe Claudel, écrivain et cinéaste, docteur honoris causa de l'Université catholique de Leuven en février 2015.

Et sur scène Antonia, chantée par Raphaëlle Green de donner  le ton et ses clef du bonheur : former un foyer, chanter, monter sur scène joindre les talents pour sauver la planète et oser un monde meilleur. L’arrière-plan montre des vidéos de déshérités, de démolitions, de visages meurtris par la misère… « La folie suprême n’est-elle pas de voir la vie telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être ? » Notre capitale actuelle et future est façonnée par les mondes différents qui y cohabitent. Appréhender l’altérité avec la foi en un rêve et la candeur de l’espoir,  n'est-ce pas  atteindre l’inaccessible étoile? 

«Tout le monde est Don Quichotte, je crois. Tout le monde a ce côté-là quand même. Enfin, je le souhaite... J’en suis certain. Tout le monde a un certain nombre de rêves.» Jacques Brel

Se battre sans cesse contre la résignation, voilà le programme! 

Dans leur note d’intention, Michael De Cock et Junior Mthombeni,  les metteurs en scène  renchérissent :   « Cette comédie musicale traite de la menace qui pèse sur les gens en quête de sensibilité et d’imagination. Tout le monde s’acharne à crier qu’il faut penser de manière originale, non conformiste, « out of the box » et chercher des solutions créatives, innovantes, mais cela aussi est de plus en plus instrumentalisé, comme s’il s’agissait d’une recette à suivre !  En réalité, il n’y a plus beaucoup d’espace de liberté. L’art comporte par essence une dose de donquichottisme. Si l’on veut être visionnaire et changer quelque chose, il faut continuer à poursuivre cet impossible rêve. »

Dominique-Hélène Lemaire

 crédits photos:  La Monnaie/KVS    lien Detrogh/KVS

L’Homme de La Mancha

Dale Wasserman, Mitch Leigh, Joe Darion, Jacques Brel 

Comédie musicale. Un hommage à Brel, à Bruxelles, et à l’imagination !
Spectacle en français, surtitré en anglais

Mise en scène Michael De Cock, Junior Mthombeni
Avec Junior Akwety, Nadine Baboy, François Beukelaers, Gwendoline Blondeel, Geoffrey Degives, Bertrand Duby, Raphaële Green, Christophe Herrada, Chaib Idrissi, Filip Jordens, Ana Naqe, Enrique Kike Noviell

 

  • 22 au 25 octobre 2019
  • Aula Magna
  • Durée : 2h20 sans entracte
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administrateur théâtres

Orphée et Eurydice à l'Opéra Royal de Liège


Une production spectaculaire tout en français! 

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En déployant les couleurs les plus variées des sentiments  d’amour, d’espoir, de chagrin et de détresse, Varduhi Abrahamyan nous a donné une interprétation passionnée du rôle principal dans l’opéra de Gluck arrangé par Berlioz. En 1859, Berlioz arrangea l'opéra de Gluck afin qu'Orphée puisse être chanté par la grande mezzo-soprano Pauline Viardot, avec laquelle il travaillait en étroite collaboration. Il modifia la structure formelle  de l'opéra, l en divisant l'œuvre en quatre actes au lieu de trois et plaça les scènes chez Hadès et aux Champs Élysées dans des actes séparés. Il  modifia également  certaines parties d’Orphée, principalement dans les récitatifs,  tout en reprenant la majeure partie de l’orchestration de Gluck.  L'Orphée de Varduhi Abrahamyan affiche une ligne solide, étendue et puissante tout au long de son voyage amoureux dans le  séjour des morts. Permettant de franchir les portes de l'enfer et de braver ses féroces gardiens, la beauté de sa musique a fait oeuvre de magie. Varduhi Abrahamyan a plongé les spectateurs dans  les brumes bleues du mystère. Le décor très  onirique conçu par Pierre Dequivre est décliné en cinquante nuances de bleu. Cependant, la prononciation plutôt médiocre du chanteur en français nous a poussés à utiliser les sous-titres plus d'une fois, ce qui était en quelque sorte agaçant. Néanmoins, vocalisant aisément à travers la vaste gamme de matière  vocale,  la voix superbe  de Varduhi Abrahamyan se frayait un chemin à travers les flots d'émotions, soulignant à la fois  le pouvoir de guérison inhérent à  la  musique, en tant qu’art suprême. En quête de la note bleue?  Il demande  à Eurydice de l'écouter… Ce qu'elle  fait, même si elle ne souffrait plus de la moindre douleur, un fois échouée dans la paix du royaume des morts.  En accord avec  la vision paisible de Socrate! 

                               « Cet asile aimable et tranquille par le bonheur est habité. Nul objet ici n’enflamme l’âme; une douce ivresse laisse un calme heureux dans tous les sens. Et la sombre tristesse cesse dans ces lieux innocents. C’est le riant séjour de la félicité. » L’image contient peut-être : nuit


 Les débuts de Melissa Petit dans le rôle d’Eurydice à l’Opéra Royal de Wallonie  ont été lumineux et applaudis avec entrain, dès la chute du rideau. Née à Saint-Raphaël dans le sud de la France, Melissa Petit a commencé à étudier le chant à 14 ans à l'École de musique de Saint-Raphaël. En 2009, elle a fréquenté l'Université de musicologie de Nice et a travaillé comme soliste avec l'orchestre de chambre de Saint-Raphaël. La même année, elle remporte le 2e prix du concours international «Concorso Musica Sacra di Roma» et plus tard, récolte  le 1er prix du concours national de chant à Béziers en France. Inutile de dire que sa prononciation  aux impeccables sonorités était  du pur bonheur et impeccables sonorités à l'oreille française. Sa performance cristalline semblait appeler la célèbre étoile inaccessible, celle décrite par Jacques Brel, celle qui symbolise un amour et un désir inaccessibles. Rappelée à la vie par l’art de son amant, Eurydice supplie Orphée de lui parler ... Ce qu’il ne  fait pas,  parce que les Dieux le lui ont interdit. Donc,  le voilà pris dans une double impasse! Entraîné dans  des souffrances insurmontables et, bien sûr, comme il ne pouvait s'empêcher de  lui jeter un regard, voilà Eurydice ravalée par la tombe, pour la deuxième fois! 

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La délicieuse soprano belge Julie Gebhart a chanté le troisième  grand rôle:  celui de l'Amour, l'allégorie utilisée comme tiers dans l'opéra de Berlioz. Amour ou destin?

                                   « Apprends la volonté des dieux: sur cette amante adorée garde-toi de porter un regard curieux, ou de toi pour jamais, tu la vois séparée. Tels sont de Jupiter les suprêmes décrets; rends toi digne de ses bienfaits. »

Son engagement scénique  très admiré, toujours en phase parfaite avec les gracieuses modulations de son chant. Quel talent! 

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D'ailleurs, selon Gluck, «l'opéra et le théâtre vont de pair et doivent être unis jusqu'à la fusion pour exprimer la quintessence du drame». C'est le défi qu'Aurélien Bory a relevé dans  une  mise en scène à couper le souffle. Il a tout d'abord évoqué un tableau extrêmement bucolique «Orphée ramenant Eurydice des Enfers» de Camille Corot (Musée des beaux-arts de Houston, 1867).  Celui-ci capture l'instant même où Orphée est sur le point de se tourner vers Eurydice… Cette image  gigantesque de L'Arcadie se reflétait ensuite dans un dispositif constitué d'un immense miroir pivotant, qui au départ faisait plutôt penser au couvercle d'une boîte de Pandore. Diverses positions d' écrans dévoilaient également une suite de  passages secrets vers  des réalités mystérieuses. Quoi qu'il en soit, les choeurs vibrants  de Pierre Iodice se sont  finalement  installés dans un cercle lumineux au centre du plateau, de même que les six danseurs qui  tissaient  l'histoire sans relâche, bercés par l'opulente matière orchestrale dirigée avec une  énergie de feu  par l'admirable maître de musique,  Guy Van Waas, homme d'une rare sensibilité. Les  chœurs et les danseurs s'unissaient pour soutenir corporellement  la moindre phrase musicale,  fabriquant au fur et à mesure  une sorte de   tapisserie vivante bouleversante.  La matière de rêves ?   Orphée et Eurydice, contrairement au reste des artistes  se mouvaient peu et lentement,  comme s'ils étaient  englués dans la toile de la destinée.  Le déploiement  sonore  était également accompagné de  mouvement fluides de voiles balayant le sol, prêts à emporter les protagonistes impuissants.  Ce spectacle  a donc témoigné  d'une créativité visuelle particulièrement  hypnotisante,  mêlant rêve et imagination, et faite pour  souligner  de visu, les performances vocales  parfaites des chœurs et des solistes au service de la musique de Berlioz. Au final,  un  spectacle d' une modernité absolue, consacrant une histoire légendaire immortelle et bouleversante. Opéra Royal de Wallonie-Liège, de Orphée et Eurydice

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres  

L'article en anglais :ici

LIVRET DE PIERRE-LOUIS MOLINE

Nouvelle production

  • Opéra Royal de Wallonie-Liège
  • Opéra Comique
  • Opéra de Lausanne
  • Théâtre de Caen
  • Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
  • Opéra Royal-Château de Versailles Spectacles
  • Croatian National Theater in Zagreb
  • Beijing Music Festival    

crédits photos: OPRLW

Prochain spectacle à L'opéra royal de LiègeVe. 08 Novembre 2019

 https://www.operaliege.be/spectacle/les-pecheurs-de-perles-2019/

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administrateur théâtres

Help! A l'aide! Billet urgent!

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  • 12271920090?profile=originalMoi

    Bonjour tout le monde! L'année dernière Arts et Lettres a été censuré par Facebook et jamais les liens hyper texte n'ont été réactivés. Aujourd'hui, jour pour jour , c'est mon blog www.deashelle.com qui assure le lien entre Facebook et notre réseau qui est victime d'un blocage. Tous mes articles

  • 7:02 PM
  • 12271920090?profile=originalMoi

    et mes photos ont disparu de toutes les pages, groupes et profiles de mes correspondants et des miens. J'ai trouvé un lien où vous seriez très aimable de signifier votre plainte et demander que ce lien soir sorti de la liste rouge et réactivé. Pour le bien de la journaliste bénévole et celui des artistes qu'elle soutient depuis dix ans plus un !  

  • 7:03 PM
  • 12271920090?profile=originalMoi

    Il faut écrire votre réclamation dans la rubrique " Veuillez nous en Informer " sur le lien suivant : https://developers.facebook.com/tools/debug/sharing/?q=https%3A%2F%2Fwww.deashelle.com%2F&hc_location=ufi

  • Merci de tout coeur à tous ceux qui prendront la peine de me venir en aide.... Deashelle

URGENT! 

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administrateur théâtres

Salvador Dalí et René Magritte : deux icônes du surréalisme en dialogue

Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique consacrent une exposition exceptionnelle à Salvador Dalí et René Magritte. Pour la toute première fois, les rapports et influences entre les deux plus grandes icônes du surréalisme sont étudiés et  mis en lumière. Il en ressort un authentique dialogue de potaches métissé de  compétition artistique. 

90 ans après leur rencontre...

Plus de 40 musées internationaux et collections privées ont prêté leurs œuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).Tous deux, Dalí et Magritte s’attachent à défier le réel, à questionner notre regard et à bousculer nos certitudes. L’exposition révèle leurs liens personnels mais aussi leurs approches philosophiques et esthétiques à travers plus de 100 peintures, sculptures, dessins et photographies...

La visite commence par une expérience immersive, la tête dans les nuages. La célèbre œuvre "Le temps menaçant" de Magritte étant absente de l'exposition, les organisateurs, quelque peu déçus, ont décidé de la recréer en images de synthèse, explique Michel Draguet, commissaire de l'exposition. Il s'agit d'une peinture que Magritte a réalisée lors de son séjour en août 1929 en Espagne, à Cadaqués, le port d'attache de Salvador Dali. Un été qui verra entrer la Méditerranée dans l'œuvre du Belge et se révélera décisif pour lui.

Tout au long du parcours, les deux icônes du surréalisme interagissent autour de thématiques qui les unissent, telles que "le rêve et l'hallucination", "les portraits", "les paysages", "dedans >< au-delà", ... Ce "dialogue de tableau à tableau témoigne d'une fabuleuse proximité dans la différence", souligne Michel Draguet. "La relation qui unit Magritte à Dali et Dali à Magritte est sans doute l'une des plus fécondes" de ce mouvement artistique.

Notez que  cette exposition se veut aussi accessible aux personnes aveugles ou malvoyantes, grâce notamment à quatre postes tactiles qui décrivent en braille des œuvres significatives des artistes, reproduites en relief. Plusieurs activités seront aussi organisées dans le cadre de l’événement.

Plus d'info | Billets

Espaces créatifs Accessibles en permanence  et gratuits. Co-créez avec Dalí et Magritte dans 4 espaces d’expérimentations artistiques, didactiques, et ludiques. Dormez les yeux ouverts! Traversez les  90 ans après leur rencontre. Plus de 40 musées internationaux et collections privées ont prêté leurs œuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).paysages infinis : dedans et au-delà! Jouez avec les mots, les images et les illusions! Créez, superposez, en un mot, « anamorphosez »! Daliriant ou Dalirant?  

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Anniversaire des dix ans du Musée Magritte :  le 24 novembre 2019

24.11 2019

Journée festive!  Save the date! Visitez gratuitement la plus grande collection d’œuvres du célèbre surréaliste belge et découvrez la nouvelle sélection du Musée. Visites contées, ateliers d’écriture, workshops,  "Take the pose" et pleins d’autres activités attendent petits et grands!

Plus d'infos

Intro Expo 12.10 | 9.11 | 7.12 | 18.1 | 8.2

En 30 minutes, le conférencier de ce bref exposé déploie l’essentiel des faits, références et analyses qui vous permettent de savourer pleinement l’exposition Dalí & Magritte. Familiarisé avec l’univers des deux artistes, vous abordez le parcours de l’exposition à votre rythme et selon vos envies…

Plus d'infos

Image result for daliVisite-lectures:  qu’a dit Dali ?

20.10 |10.11 | 12.01 | 09.02

Visite-lectures dans l’exposition, par un trio de guide-lecteurs native-speakers : Inès della Calle, Jack Ghosez & Myriam Dom. Des extraits choisis dans les biographies de Dali et dans ses écrits, La vie secrète de Salvador Dali, Visages cachés, seront lus en français et en espagnol et agrémentés de commentaires, dans des mises en scène aussi daliniennes que magritiennes !

Plus d'infos

Visites en famille

20.10 | 22.12 | 28.12

Venez découvrir en famille l’exposition consacrée à deux icônes du surréalisme.
Pour la toute première fois, les rapports et influences entre les deux plus grandes icônes du surréalisme sont mis en lumière. L’exposition révèle leurs liens personnels mais aussi philosophiques et esthétiques à travers plus de 80 peintures, sculptures, photographies, dessins, films et pièces d'archives.

Plus d'infos

Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
3 rue de la Régence - 1000 Bruxelles
Tél.: +32 (0)2 508 32 11
Fax: +32 (0)2 508 32 32


 

 

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administrateur théâtres

Fugueuses, ces gueuses… au théâtre Le Public

Vieille prune et jeune pêche, comment faire bon ménage. Sans rire… Faites gaffe à vos mères et grand-mères… Ne les jetez ni aux orties ni aux glaïeuls ! Offrez-leur plutôt des roses…

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Jusqu’au 22 juin le spectacle affichait complet, et du 6 septembre au 12 octobre 2019 la salle du Théâtre Le Public, n’a pas désempli. Vous avez vos couvertures ? La salle des voûtes souterraines est pleine. Deux axes de gradins NS et EW se croisent, question de ne pas perdre le Nord, et au centre, un plateau circulaire mobile, – ciment ou bitume ? – attend l’action. Avec un art consommé de la mise en scène, Michel Kacenelbogen et son assistante à la mise en scène, Hélène Catsaras, exploitent dans un esprit d’école buissonnière, la partition comique des « FUGUEUSES » de Pierre Palmade et Christophe Duthuron. Cette comédie bourrée de verve a été jouée de multiples fois, par d’illustres duos, de Line Renaud et Muriel Robin (2007) à nos jours, partout en royaume …de France et de Navarre.

Aucune fausse note. Ces fugueuses, de vraies gueuses ! L’élégance contrastée des actrices Martine Willequet et Nicole Olivier font en tous cas la joie du spectateur. On adore le regard immensément pétillant de l’une sous ses lunettes de directrice d’école, intrépide et égoïste, et le collier de perles bon chic bon genre de la jeune bourgeoise sans la moindre faute de goût, dont pas une mèche ne dépasse de sa sage barrette. Par monts et par vaux elles gardent une pêche d’enfer, malgré les vicissitudes. Pièce culte féministe ? Le texte rythmé et enlevé, toujours aussi convainquant après tant d’interprétations, fait rire de bonheur.

Le bonheur de la libération et de la joie d’exister. Spinoza ?

Peu d’accessoires à part les vielles casseroles à abandonner, et de lourdes valises de souvenirs pour la jeune échappée et un sac-à dos ulta-léger pour celle qui a fui dans sa chemise de nuit, les Glaïeuls, home sweet home ! Les voilà en pleine nuit sur la route, inconscientes, comme deux fugueuses ado, prêtes à repartir à zéro. C’est là que les vieilles valeurs en prennent un coup et basculent tout à coup puisque c’est l’instinct de survie qui prend les commandes. Finalement, pas besoin de couvertures, la chaleur humaine est là, malgré les innombrables chamailleries des nouvelles copines.

Ce spectacle revêt une drôlerie non envahissante, a une saveur d’air frais et de cavale bien improvisée. Chaque scène est un bouquet d’affects bien dosés, ponctués par la musique joyeuse années 80 de Pascal Charpentier. La scénographie de Noémie Vanheste fait la part belle aux décors sonores : le stop sur la nationale, la forêt profonde, la ferme, l’eau du pont, en un mot, l’aventure …

Pour mémoire : Antagonistes, Margot a tout juste 40 ans et Claude, prénom épicène, fait le double. L’une fuit la condition de femme de.., mère de …, et autres servitudes, l’autre a tâté du demi-mouroir organisé appelé « les Glaïeuls » où ses enfants l’ont fourrée. La suite, c’est le voyage… Vous voudriez quoi ?

Dominique-Hélène Lemaire

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FUGUEUSES

De Pierre Palmade et Christophe Duthuron.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Nicole Oliver et Martine Willequet.

Assistante à la mise en scène : Hélène Catsaras / Scénographie et costumes : Noémie Vanheste / Décoratrice : Eugénie Obolensky / Lumière : Alain Collet / Musique originale : Pascal Charpentier


 Réservations : 0800 944 44 ou http://bit.ly/FugueusesS26
 Gregory Navarra

DU 06/09/19 AU 12/10/19

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administrateur théâtres

Cette année, nous célébrons les 450 ans de la mort de Bruegel. Avec Jan van Eyck et Paul Rubens, Pieter Brueghel est considéré comme l'un des tout grands maîtres de la peinture flamande du XVIe siècle. Membre de la Guilde de Saint-Luc d'Anvers, Brueghel s'est rendu en Italie et a été exposé à la culture humaniste. Le nom de la  guilde rapelle celui de  l'évangéliste Saint-Luc, patron des artistes, identifié par Jean de Damas comme ayant peint le portrait de la Vierge. En 1563, Bruegel s'installa à Bruxelles pour se rapprocher du centre  financier, du pouvoir et des clients potentiels. C'était une plaque tournante pour les artistes et la nouvelle noblesse urbaine. La même année, il épouse Mayken Coecke, fille de Pieter Coecke et Mayken Verhulst, à l'église Notre-Dame de la Chapelle de Bruxelles, et habite à proximité, au 132 de la  rue Haute, dans les Marolles, où il peint ses tableaux les plus célèbres, des  chefs-d'œuvre tels que Paysage d'hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux ou La Danse des paysans.   Au XVIe siècle, ce quartier était particulièrement prospère et se trouvait non loin de la résidence principale de Charles Quint au palais du Coudenberg, au Mont des Arts. Le peintre  a été  enseveli en 1569 dans la même église Notre-Dame de la Chapelle, l'endroit même où le concert: "Bruegel l'humaniste espiègle, un décor musical" s'est tenu le 3 octobre  dernier. 

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***"BREUGHEL (Pierre), ou BRUEGHEL le vieux, dit le Paysan, le Drôle, ou le vieux Breughel, peintre de paysage, de scènes burlesques, de diableries, d’histoire en petit, etc., et graveur sur bois, à l’eau-forte et au burin, né à Breughel, village près de Breda, on ne sait au juste en quelle année; d’après les uns en 1510, d’après les autres en 1530. Le nom de famille de cette belle lignée artistique n’a jamais été connu. Pierre Brenghel, souche de tous ces vaillants peintres, prit le nom de son village et n’en signa jamais d’autre. Et même celui-ci est orthographié de deux manières, Brueghel et Breughel. La première manière est la version primitive, celle que les peintres de ce nom ont adoptée pour signature; la seconde a pourtant prévalu dans l’orthographe moderne. Breughel était né paysan et fils de paysan; mais la nature en le créant artiste, lui avait donne un esprit inventif, curieux, gai et fort original. Sa vocation ne fut pas contrariée. On le plaça chez un homme célèbre, peintre, architecte, géomètre, Pierre Coecke, d’Alost. Il demeura dans la maison de celui-ci et porta plus d’une fois dans ses bras, dit Van Mander, la petite fille de son maître, sans se douter que cette petite fille serait un jour sa femme.." 

Avec la collaboration du KCB, ce concert-spectacle était basé sur l’idée d’illustrer certaines des peintures de Brueghel projetées sur écran avec des chansons et des musiques contemporaines du peintre. Le concert a été présenté sur des instruments anciens de la Renaissance, réunissant l'ensemble Les Sonadori, la mezzo-soprano Elisabeth Colson et l'organiste Fabien Moulaert, sous la direction d'Alain Gervaux, dans une coproduction de Voce et Organo - le département de recherche du Koniklijk Conservatorium Brussel - et Les Sonadori. Un programme détaillé expliquait chaque morceau de musique en parallèle avec la peinture de Brueghel ou des images d’objets illustrant son époque.Le programme est construit en cinq parties décrivant "amour et séduction", "jeux et danses", "histoire des Pays-Bas", "morale et dérision avec le personnage du Fou" et "piété" avec des œuvres de Clemens non papa, Thomas Crequillon, Pierre de la Rue, Lupus Episcopius, Benedictus Appenzeller ... publiées par Tielman Susato et Pierre Phalèse à Anvers au XVIe siècle. Ce programme sera également donné  au festival de Besançon-Montfaucon, au festival Mars en Baroque à Marseille et à La Courroie près d'Avignon.

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Quand  les musiciens de Brueghel  ont  débuté leur concert  par une procession, c’était comme si nous avions été projetés jadis, à l’époque des troubadours, des banquets et des danses de village. Leur riche répertoire et leur sonorités envoûtantes ont soudainement pris vie dans le sombre silence de l'Église, pour charmer un public tout de suite  conquis.  Des thèmes éternels  ont été chantés, joués et exposés avec  grand  amour de l'art: l'amour,  la gaudriole, la folie, la  guerre, la mort et les psaumes religieux. Nous avons  écouté avec ravissement  des chants plus cristallins que l'eau de Spa bleue, soutenus par des instruments anciens, flûtes et cordes, immensément  dynamiques, rappelant les paysages séculaires décrits par Brueghel. Des hivers, comme on en fait plus.. Voce et Organo et Les Sonadori ont tous contribué à mettre l'accent sur  l'humanité profonde  du peintre, pour qui sans doute jouer et peindre  était devenu une bénédiction de type  presque  sensuel. Lorsque la vibration de la musique correspond aux couleurs vibrantes et à l'humour vif de Brueghel, observateur sans concession de son temps, nous plongeons dans une  Renaissance qui ressemble  un peu à notre monde. Ou l'on pense immanquablement au poème des Correspondances de Baudelaire. Quand l'art devient une force motrice et donne un sentiment d'intemporalité, le spectateur est saisi d'un  mystérieux sentiment d'appartenance. Quand la musique devient le lien d'amour entre les gens et  que les peintures incarnent la beauté et les  angoisses humaines, on est comblé. 

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Une fois le concert terminé,  si vous visitez cette même  église de jour, vous pourrez peut-être aussi partir à la chasse d'esprits «échappés» de diverses peintures de Bruegel : La grande Evasion. Ils sont  cachés partout dans l’église, à vous de les découvrir!  Ils sont là pour célébrer la vie et l’œuvre du peintre  humaniste. En effet, diverses figures des peintures du maître flamand se sont échappées des  tableaux du maître pour s'accrocher ici et là. quittant pour la première fois  leur cadre  et  leur monde à deux dimensions pour se transformer en personnages réels. Ils se réunissent pour rendre hommage à l’homme qui les a peints et titiller l’imagination des visiteurs à l'esprit curieux. Ils y  resteront jusqu'à la fin  2019.

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A visiter également: l'exposition "Beyond Bruegel" qui rend hommage à l'artiste dans le majestueux Palais de la Dynastie, près de la KBR, la Bibliothèque nationale de Belgique, au Mont des Arts.

L'expérience artistique novatrice au Palais de la dynastie présente des projections immersives qui magnifient les œuvres de Brueghel et mettent en valeur des détails exquis. En tant que visiteur, vous pouvez comprendre le style et l'oeuvre du peintre dans divers espaces. Vous serez ensuite émerveillés par la  vision à 360 degrés qui illustre le monde fantasmé de Brueghel, à la fois si  terre-à-terre et si  imaginaire. Vous  foulerez des paysages où l'on rencontre  Dulle Griet ( La Folie) et une  armée de fantassins. Sur le bateau, au pied de la tour de Babel, vous irez à la rencontre des personnages uniques issus de l'imagination débordante de l'artiste. On peut suivre la projection en trois langues; anglais, français et néerlandais. Mais, les véritables peintures, ne sont pas loin, à quelques pâtés de maisons seulement:  passez au Musée juste à côté! Les amateurs de Brueghel qui visitent le"Beyond Breugel" expo  sont  aussi attendus pour saliver devant  la  carte et déguster ensuite une série de petits mets de choix au "Plein Publiek", un concept de cuisine hyper-créatif lié à l'exposition et conçu par le très talentueux ex Top chef Paul Delrez.

- "Beyond Bruegel" au "Palais de la Dynastie" au Mont des Arts à Bruxelles.
6 avril 2019 - 31 janvier 2020 www.beyondbruegel.be

- MUSEES ROYAUX DES BEAUX ARTS DE BELGIQUE

Bruegel. The Originals Les chefs-d'œuvre de Pieter Bruegel l’Ancien aux MRBAB

> 15.09.2020


Rue de la Régence / Regentschapsstraat 3
1000 Bruxelles

La version anglaise de cet article: Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

             Vous avez bien vu: deux spectacles le même jour! Et une tournée jusque fin 2020! 

Emotions, au Centre Culturel d’Auderghem,  une généreuse  ouverture  de saison !

A l’endroit, le collège et ses misères, à l’envers, l’héroïque mousquetaire qui parle en taisant ses sentiments, se déclare en écrivant, se bat contre moulins à vent, cueille  des étoiles, élégant, courtois et  libre, tutoyant  la lune comme nul ne sait le faire. Un tissu de bonheur.

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Merveilleux  spectacle de rentrée pour tous ces jeunes qui passent la grande porte de  l’adolescence. Nouveaux dans la nouvelle école,  le collège ou le lycée, se reconnaîtront-ils dans Colin, Maxence, Adélaïde, Benoît  et les autres ? Tous nés après 2000…les voilà obligés de se découvrir,  devant une prof de français charismatique, fou de  théâtre  et qui leur sert du Cyrano sur un plateau qu’ils se  devront de conquérir. Le goût du sublime, le rêve de l’amour, la langue riche et raffinée, sont autant de mets qu’ils vont dévorer à belles dents sous la houlette bienveillante  du prof, un authentique passeur de culture, version française du grand Keating. La mort de la société des poètes disparus  en moins.   Pourtant  le jeune Colin a la mort de son père sur l’estomac, il a perdu tous ses moyens, rentre les épaules, redoute qu’on lui parle, veut se faire invisible et communique de façon à peine audible, redoublant la moindre syllabe. Va-t-il  réussir à renaître, se transformer, s’envoler enfin ?

Mais la  magie du texte de Cyrano veille. Les adolescents sont éblouis et se jettent corps et âme dans le feu des planches. Même Colin, statufié par la peur de l’autre, finit par se dégeler. Surprise: on comprend que Colin, dans le secret de sa chambre,  retrouve ses moyens grâce à sa guitare et chante  l’amour en pensant à son père disparu. Foin des logopèdes et autres psy, le sentiment d’amour ne demande   donc bien sûr qu’à s’envoler… Le prof génial l’a  bien compris, et fait éclore la personnalité blessée du jeune Colin, ravi de s’envoler, puisqu’il adore les papillons et la plus jolie fille du collège. « …Quels mots me direz-vous ? »

Fascinante magie de Nicolas. L’incipit  en voix off  intrigue : « Une histoire, c’est des personnages, et croire à une histoire, c’est faire une pause de soi et laisser la place à l’autre personnage…» Toute une philosophie. A chaque jeu d’épaule, de regard, ou de posture,  le comédien au port de danseur fait surgir des fragments de personnages qui ont le temps de lâcher leurs répliques dans un flux d’énergie virevoltante. Durée : 1 h 15. Mines, mimiques, bruitages, humour, compassion se disputent avec un verbe qui déferle de toutes parts, comme l’émotion. Comment fait-il ? Le décor est inutile : le noir complet,  une chaise d’école et un projecteur, cela suffit. Il a la comédie dans la peau!

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Nicolas Devort, auteur et comédien virtuose, en est à son 780e spectacle depuis le off d’ Avignon qui  l’encensa pendant 7 ans consécutifs! Il est seul  en scène devant un parterre bruyant de jeunes super excités de se retrouver, parfois pour la première fois,  au théâtre. On leur parle, ils trépignent. On joue, ils chuchotent, on termine, ils en voudraient encore, tant le talent de Nicolas les a séduits. Ils se précipiteront pour acheter son livre, un viatique pour certains? Ce prodigieux défilé tableaux de leurs congénères  et des adultes qui gardent leur porte fermée est si habilement troussé, qu’il a emporté leur adhésion inconditionnelle. Et puis, le charme personnel, avouons-le!

Dominique-Hélène Lemaire, Arts et Lettres

Dans la peau de Cyrano, de et par Nicolas Devort. Lumières : Jim Gavroy et Philippe Sourdive Le jeudi 26 septembre 2019 à 20h30 Au Centre Culturel d’Auderghem

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administrateur théâtres

"Le roman d'Antoine Doinel" au théâtre Grand Varia

Urgence! Nous courons lâcher notre article !...

...Par monts et par vaux

Nous courons lâcher notre article ! Ah ! si les ballons pouvaient partir à l’assaut du ciel pour faire l’article de cette rare pépite trouvée au Grand Varia, hier soir ! On en a plein les yeux, plein les oreilles, ce spectacle enchaîne les vibrations : du son à la lumière, jouant sur le mouvement, le corps et la sonorité du  verbe, évitant comme la peste les astuces de la technologie moderne. Bon débarras !

Tout se passe de planches en planches, comme par magie, dans un vagabondage temporel ultra-savoureux. Le téléphone a retrouvé sa cabine et son fil, le pneumatique renaît, on se sent libéré, l’énergie circule, libre comme l’air du temps. On respire, on hume la présence théâtrale, et c’est le cinéma qui revient ! Le ballet des sentiments est incessant. Mais le seul qui vaille la peine, palpitant comme l’oiseau, c’est l’amour, des griffonnages d’écolier élevé par sa grand-mère, aux baisers volés, au temps dilapidé. Un ravissement.

On craignait la lourdeur encyclopédique de l’entreprise … on est séduit par son absolue légèreté. On savoure l’enchevêtrement malicieux de centaines d’instants sublimes, tous croqués avec délices comme dans un jardin défendu.

Que de pétillements d’époque joyeuse nimbent l’enfance triste du poète cinéaste. Son credo, c’est l’art de la rencontre, celui de la séduction, celui de la recherche de l’absolu. Une jeunesse éternelle l’habite. Une jeunesse oubliée nous caresse l’âme, incognito. Un vent vivifiant a donc balayé les planches du Grand Varia au soir du 27 septembre, fête romane, par excellence. On revient le cœur habillé de bonheur.

Poétique, Insolite, Festif, Jubilatoire, Bondissant, Créatif, ce spectacle inédit nous invite à Sortir du Temps. A rejoindre dare-dare les Enfants Terribles. D’ailleurs, si l’on faisant comme si on était à l’opéra… personne ne trouverait le temps long ! Entrons donc de plein pied dans la vie de celui dont l’imaginaire était peuplé d’histoires qui le racontaient en mille bouts de pellicule, en centaines de répliques d’anthologie crépitantes. De plein pied, puisque les spectateurs sont assis en groupes comme dans un immense café-théâtre qui arborerait une demi-douzaine de plateaux communiquants. Les chaises pivotent, comme pour mieux embrasser le spectacle, pour mieux profiter des 360 degrés à la ronde. Et les surprises d’après l’entracte... abondent  d'amour et de fleurs. Et pas seulement d’anthologie.

1959-1979. Sachez seulement que ce sont pas moins de cinq œuvres de François Truffaut qui communiquent entre elles et s’interpénètrent pour livrer une immense fresque du jeune 20e siècle délivré enfin de l’horreur de la guerre mondiale, ravi de découvrir le cinoche, le Coca-Cola et la vie estudiantine amoureuse et libre. C’est leur vertu et le génie kaléidoscopique du metteur en scène, Antoine Laubin qui composent par touches ultra-sensible l’attachant personnage d’ Antoine Doinel, alias François Truffaut ! A en tomber ! Un merci infini aux comédiens qui de la tête aux pieds - ah ! les merveilleuses chaussures et les  mèches folles  - se sont investis corps et âme dans l’aventure : Valérie Bauchau, Caroline Berliner, Coraline Clément, Adrien Drumel, Philippe Jeusette, Sarah Lefèvre, Jérôme Nayer, Renaud Van Camp, Adeline Vesse. En cohésion parfaite. 

La suite ? In situ !

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Du 24 septembre au 12 octobre 2019 Théâtre Varia
Rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles  http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50  

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administrateur théâtres

« Villa dolorosa » Genre : chronique intemporelle

Sur les planches du Théâtre des Martyrs, dans une agréable scénographie et des costumes signés Renata Gorka voici un partage  généreux et désespéré!

Oh le beau Samovar !   C’est le  cadeau  d’anniversaire détesté dans «  Villa dolorosa » (2009), une  comédie dramatique de l’auteur allemande Rebekka Kricheldorf qui met en scène une génération Y résignée, en panne d’inspiration devant la déliquescence du monde et l’absurdité du quotidien. Érosion des valeurs: les cadres aux murs sont intégralement vides. Pourtant les parents défunts ont abreuvé leur descendance de culture et l’on projetée dans ce que l’on appelle l’élite intellectuelle.  Las, les  jeunes  Freudenbach  sont totalement désœuvrés et pétris de mal-être. Ils n’ont aucune prise sur le présent. Soit ils batifolent dans le passé, soit, ils errent comme des âmes en peine dans un  improbable futur.   Les dessertes croulent sous la valse des bouteilles, l’alcool coule à flots. Le spleen est devenu du cuivre en fusion dont les reflets nimbent tous les costumes. Malgré la musique, l’enfer est proche.

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Et pourtant la villa est si belle, avec son vieux Chesterfield si accueillant, sa splendide verrière donnant sur un jardin plein d’exotisme, et le saule imaginaire est …tellement pleureur. Mais sous le tapis, la pourriture gagne, ni poudre de Perse ni naphtaline n’en viendront à bout. Et les filles dont le patronyme signifie « Rivière de joie »,  s’ébattent dans le grand espace vide, dans un rythme endiablé,  se mettant à nu comment si elles étaient à la plage. Se coupant la parole, gloussant, pleurant, se saoulant,  dysfontionctionnant à qui mieux mieux, liées par le sang, les désillusions, et les désirs excentriques, dans un jeu vertigineux et sans merci semé de rires et de pardons mutuels. Mais la fête d’anniversaire  est chaque fois  un  bien triste simulacre.  Où il apparaît que peut-être l’homme n’est pas doué pour le bonheur. Surtout si le bonheur, c’est l’utopie travail et celle des enfants heureux.   

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Dans ce huis-clos déboussolé et délirant, le monde est  vide et désenchanté, à la manière de celui des « Trois sœurs » de Tchékhov. C’est le nôtre. En plus grave encore?  Olga dans son tailleur de prof ( ah! l’admirable France Bastoen!) est toujours cette femme fidèle à elle-même, qui, bien que névrosée, tente de tenir l’équilibre familial à bout de bras, Irina ( Anne-Pascale Clairembourg) à elle toute seule un symbole d’une jeunesse en mal d’avenir, Macha ( Isabelle Defossé, plus tragique que jamais), cette amoureuse tourmentée, mal mariée avec Fiodor alias Martin qui habite l’appart d’en face. Compliqué ! Quand, toute jeune, elle est partie avec lui,  «C’étaient les hormones ! » avoue-t-elle.  Maintenant elle meurt de désir pour le ténébreux et placide Georg ( Nicolas Luçon), marié par ailleurs, avec une neurasthénique sans cesse au bord du suicide.

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Quand à la Natalia, la fiancée pétulante, celle-ci est ramassée dans un parc, puis devient la compagne d’Andreï ( incarné par le très charnel Thierry Hellin), leur frère à toutes, en constant  mal d’écriture, et à court d’argent. Elle s’appelle très prosaïquement Janine. Une « pauvre » lance-t-il en s’excusant. Certainement la plus craquante et la plus galvanisante de la bande. Elle affiche une tendresse inconditionnelle pour son loser de  mari, pour ses adorables enfants à la santé fragile, pour cette maison qui se lézarde.  Mais qui sait ? Peut-être est-elle la plus riche de toutes? Celle qui fuit le privilège de glandouiller, réfléchir,  être en dépression. Celle qui n’a renié ni le travail, ni les enfants.

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La cruauté et le désespoir ont  même envahi la langue. Un parler piquant, syncopé, brut, ivre,  désillusionné, fait de bombes et de propos cinglants. Ultra modernes, comme la solitude du même nom. Tout le monde parle en même temps, comme si la « vita dolorosa »,  devait être expulsée au plus vite  de leur être martyrisé.  Mais quand s’écoutent-ils vraiment? Le public, lui, est toute oreille, devant ce déferlement d’affects si magnifiquement interprétés. La luxuriance des mouvements  du corps et des postures fascine par leur modernité et leur présence. Cette pièce flirte avec   l’intensité d’un thriller fracassant : le dehors fait peur, la villa les protège, mais elle s’avère de plus en plus fragile. Seul leur lien familial les console, ou les airs d’opéra, une chance !  Le jeu partagé est extraordinaire et longtemps on pensera à la voix, à la silhouette, aux postures de  l’intrépide Janine ( l’exquise Deborah Rouach, on l’adore!), alerte et brillante,  qui refuse de frire dans le chaudron du temps immobile.

La pièce 4 étoiles de la semaine: «Villa Dolorosa», une découverte jouissive

Georges Lini dirige avec brio les désirs inassouvis de sa brochette de comédiens si bien choisis. Solistes émouvants,  les orphelins de la vie  vibrent à l’unisson dans cette épopée moderne du désenchantement. C’est magnifique et foisonnant.  

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Et si le paradis perdu était tout simplement de recommencer à travailler et à aimer? Champagne… ou vodka?

Mise en scène Georges Lini

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

De Rebekka Kricheldorf « VILLA DOLOROSA » Théâtre des Martyrs Bruxelles – 20.09 > 06.10.  Trois anniversaires ratés Librement inspiré des “Trois sœurs” de Tchekhov

Personnages:

« La famille » : Irina Freudenbach, 28 ans Olga Freudenbach, 37 ans Mascha Klepstedt-Freudenbach, 25 ans Andrej Freudenbach, 38 ans

Les « outsiders » rebaptisés Georg, 45 ans et  Janine, 20 ans

Compagnie Belle de Nuit

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administrateur théâtres

Les parfums de fleurs de couteau. Rite funéraire. Sous le chapiteau,  toute la Méditerranée en pleurs. Mantilles noires,  mains jointes, les visages chantent un Kyrie Eleison bouleversant. Lux perpetua luceat eis. Pour qui ?  On entoure la veuve.  Le fils voudrait que la mère lui rende son couteau. Tout est là : le désir, la terre et le sang. On plonge d’un coup dans l’univers de Garcia Lorca. Derrière les bribes de mélopée  qui vous prennent  au ventre, surgit le fil rouge,  l’instituteur rouge et libre penseur, ami du poète qui égrènera  son hommage tout au long du spectacle. Cela aussi c’est un rite funéraire.

Le décor est fait d’une roulotte, un fois le voile noir levé,  d’un plateau circulaire de bois blond sur lequel les chaises s’envolent comme des brassées de feuilles mortes.   Décidément, Dominique Serron adore cela! C’est beau, on attend le développement. C’est alors que l’on est pris  par la  bourrasque théâtrale. Le parcours  prend le rythme d’une  traque. Le spectateur s’accroche aux racines pour ne pas tomber.  Il est hors d’haleine, il vient de comprendre que trois histoires  différentes s’entremêlent comme des battements de cœur régulier, pour souligner les thèmes favoris du poète espagnol. C’est ingénieux, parfois dur à suivre, mais tellement palpitant. Il va de soi que les dix-sept  comédiens -danseurs,-chanteurs  changent de peau et d’histoire à chaque tournant… L’inventive Dominique Serron à la mise en scène s’amuse et se repaît des apparences, des visions fugaces, fouaillant toujours  pour atteindre le drame pur. Les yeux des spectateurs sont éblouis par les scènes de village, les chiens, la pleine lune,les malédictions,  la discussion des brodeuses, le deuil omniprésent, le rêve de vie encore plus tenace, la campagne crucifiée par la sécheresse, les préparatifs de noces, le rapport fétide filles-mère, les personnages déchaînés,  la folie, le mal, les danses, les ensembles vocaux. Le corps à corps des amants  ennemis, un paroxysme de tension dramatique,  est un sommet de la  mise en scène. Béjart en aurait fait tout un spectacle.

 Cette trilogie rurale de Lorca qui regorge de mauvais présages: « Les noces de sang », « La maison de Bernarda Alba » et « Yerma » se trouve  ainsi déclinée en musiques chorales, danses et textes  si brûlants de non-dits palpables qu'ils  émeuvent au plus  intime. Cette trilogie  devient une bacchanale envoûtante. Utile de souligner  combien Garcia Lorca  a été  un poète  de la libération féminine, lui qui est tombé sous les balles des phalangistes, quelques mois après l’écriture de ces  trois chef d’œuvres qui dépeignent  l’âme féminine et l’Andalousie profonde. 

Chapiteau Des Baladins du Miroir
Boulevard Baudouin Ier
1340 Louvain-La-Neuve
Téléphone :
0800/25 325 - Réservation préférable
Tarif :
10 à 22€
Public :
à partir de 12 ans
Internet :
https://atjv.be/Desir-Terre-et-Sang

D’après l'œuvre de Federico Garcia Lorca - Adaptation et mise en scène : Dominique Serron - Avec (en alternance) : Irène Berruyer / Léonard Berthet-Rivière / Andréas Christou / Stéphanie Coppé / Elfée Dursen / Monique Gelders / Aurélie Goudaer / Florence Guillaume / François Houart / Geneviève Knoops / Sophie Lajoie / Léa Le Fell / Gaspar Leclère / Diego Lopez Saez / David Matarasso / Virginie Pierre / Géraldine Schalenborgh / Léopold Terlinden / Juliette Tracewski / Julien Vanbreuseghem / Coline Zimmer (Sous réserve de modification. Voir www.atjv.be

Du 19 septembre au 1er octobre 2019

 

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