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« Faust » de Gounod à la cité ardente (ORWL) jusqu’au 2 février 2019

Pertinent et spectaculaire: « Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate » Comme dans l’Enfer de Dante, le vieux docteur Faust a tout perdu : amour, espoir et foi.  Sa vie consacrée à l’étude et à la recherche n’a pas réussi à révéler le sens profond de l’existence humaine et il est sur le point de boire une  coupe de poison, appelant la mort à l’aide. « Maudit soit tout ce qui nous leurre ! » Là-dessus, Méphistophélès apparaît « Me voici ! »


On découvre les gémissements de l’alchimiste au pied d’un tas de décombres, une montagne de livres et de documents sertis comme dans un bijou brisé, un immense anneau domine la scène et  nous rappelle l’histoire terrifiante du pendule d’Edgar Poe. Le cercle de fer est gigantesque et se  meut sur lui-même comme une malédiction, il s’ouvre comme une gueule béante,  se relève et redescend changeant de perspective tout au long du spectacle. Est-ce l’un des cercles de l’enfer de Dante ? Le décor est tout sauf de la bouffonnerie. Ceux qui considèrent le Faust de Gounod comme une histoire d’amour bourgeoise inintéressante ou un divertissement comique auront tort. L’ensemble de la production est conçu comme une puissante peinture des vanités.

Accueillir Stefano Poda dans la maison liégeoise  avec sa mise en scène totalement polysémique a été un pari réussi. C’est un alchimiste ! Tout est synonyme de recherche esthétique. Poda recherche la perfection et la pureté comme dans une  fabrication d’Ikebana.

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Surtout quand l’anneau est rempli de deux structures arborescentes blanches qui ne se touchent jamais.  Son art de la mise en scène est  abstrait, philosophique et transcendantal.  Poda déborde d’un symbolisme visuel saisissant. L’image du cercle peut nous rappeler le cercle de la vie,  la notion circulaire du temps, les saisons, le mouvement des étoiles et des planètes, mais aussi l’esclavage humain ou les prisonniers enchaînés avec les fers au col et aux jambes, ou un anneau qui scelle entre deux êtres un pacte comme  les  liens du mariage, préfiguration de celui avec Dieu. A tout prendre, on choisit plutôt le Créateur pour l'alliance,  que  le Diable.

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 La mise en scène, l’interprétation et l’implication du public sont fortes. Le Faust de Gounod désire par dessous tout la jeunesse car  elle englobe tout : la richesse, la gloire, le pouvoir.  « Je veux un trésor qui les contient tous ! » Méphistophélès convainc Faust de signer son contrat en ne lui montrant qu’un mirage de beauté, de grâce et de jeunesse : Marguerite. La fleur même qui symbolise les « Je t’aime »  que l’on effeuille légèrement.

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D’abord séduite par les fleurs de  Siébel, l’attention de Marguerite sera vite  détournée par le coffret à bijoux.  L’humble et naïve jeune femme sera séduite, abandonnée et tuera ensuite  l’enfant à qui elle a donné naissance faisant d’elle une infanticide condamnable à l’échafaud. La société bourgeoise de l’époque de Gounod méprisait les enfants nés  hors  du mariage, et un terrible opprobre pesait sur toutes les filles-mères, qui ne pouvaient  continuer à vivre avec leur famille, ce qui signifie qu’elles  finissaient par se prostituer.  « Ne donne un baiser, ma mie, Que la bague au doigt !…. » Aujourd’hui, nous ne sommes plus d’accord avec des approches aussi sombres et malveillantes, mais  nous connaissons  des endroits dans le monde  où l’on condamne  les filles  apparaissant en public non voilées…

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Stefano Poda dirige tout : la mise en scène, les décors, les costumes, la chorégraphie et l’éclairage, ce qui donne un sentiment d’unité captivante.  Les mouvements de masse  sont construits en lignes d’une fluidité extraordinaire, même si chaque individu dansant est pris de mouvements saccadés, presque  névrotiques, articulés  en  gestes déconnectés qui  rendent palpable  l’image  d’une  société robotisée. On croit voir à travers tout cela, les anneaux d’un immense serpent, ce lui qui présidait à la tentation originelle.


  L’orchestration fougueuse et romantique de Patrick Davin  s’avère  très pittoresque et efficace, menée avec beaucoup d’assurance et d’attention aux détails, avec une vivacité frénétique pour correspondre aux mouvements de masse et aux scènes chorales comme la Kermesse ou la Valse du second acte. Il dépeint avec flamboyance les démons déchaînés  qui assaillent Marguerite alors qu’elle va prier dans l’acte IV, et cisèle comme un orfèvre le magnifique ballet de la Nuit Walpurgis.


Le chant guerrier « Gloire immortelle de nos aïeux »  est franchement  cynique, avec des soldats lourds de souvenirs sanglants,  revenant de la guerre mais disparaissant les uns après les autres! Et puis la musique devient une déferlante  sarcastique qui accompagne un cercle de femmes enceintes tenant des ballons noirs flottants pendant que Méphistophélès leur rend  une diabolique visite ! Mais il met aussi très  habilement en valeur les magnifiques voix  qui soutiennent le chef-d’œuvre.


Le  Faust de Marc Laho, est une voix forte et déterminée avec un timbre clair  et sonore surtout lorsque le diable l’a « rajeuni !». Il chante avec une aisance et un style parfaits et une diction impeccable. A ses côtés,  Anne-Catherine Gillet chante d’abord  comme une sylphide évanescente. Elle rayonne de jeunesse, de joie, d’amour, de passion  mais  devient redoutable de puissance quand elle est cernée par le  désespoir. Ce n’est plus Faust, mais Marguerite qui est devenue le personnage bouleversant de cet opéra. Son dernier souffle la conduit par  escalades vocales vertigineuses  vers le ciel où elle est accueillie en héroïne tragique par les anges et les séraphins dans des sonorités d’orgues de cathédrale La diction de Méphistophélès n’est certainement pas parfaite, mais le très apprécié et brillant  Ildebrando D’Arcangelo   puise sa  force  au  cœur des ténèbres, et de sa superbe voix de basse, il projette de façon stupéfiante  l’aridité d’un esprit manipulateur passionné.  Il joue de l’ironie: «  Si le bouquet l’emporte sur l’écrin, je consens à perdre mon pouvoir ! » Et Marguerite revêtira donc le manteau de diamants et de miroirs!   Valentin s’avère être un autre rôle intense. Il est chanté par Lionel Lhote, qui,  parti à la guerre, laisse sa sœur sous  la garde de l’adorable Siébel, chanté avec ferveur amoureuse, presque angélique  par Na’ama Goldman. A son retour,  pris d’une rage aveugle inspirée par le Démon, il défiera Faust en duel, pour avoir mis sa sœur enceinte et mourra au premier coup de pistolet.


La  truculente femme fatale,  Dame Marthe est endossée par Angélique Noldus, qui joue désespérément les coquettes avec le diable qui la rejette, mais nous ramène par petites touches à la vie nocturne illicite  des bourgeois du  temps de Gounod. Kamil Ben Hsaïn Lachiri dans le rôle de Wagner. Pierre Iodice: chef des Choeurs de l'Opéra royal de Liège. 


Dominique-Hélène Lemaire 

Du 23 janvier au 02 février 2019 à l’ Opéra Royal de Wallonie-Liège, et  le 8 février à Charleroi

Durée 210 minutes (entractes compris)

Opéra en cinq actes
Musique de Charles Gounod (1818-1893)
Livret de Jules Barbier & Michel Carré
D’après le poème de Goethe
Créé à Paris, Théâtre Lyrique, le 19 mars 1859

Direction musicale: Patrick Davin
Chef des choeurs: Pierre Iodice
Mise en scène, Décors, Costumes, Chorégraphie et Lumières: Stefano Poda
Assistant Mise en scène, Décors, Costumes, Chorégraphie et Lumières Paolo GianiCei

Avec
Anne-Catherine Gillet/ Marguerite
Na’ama Goldman / Siébel
 Angélique Noldus/ Marthe
Marc Laho/ Faust
Ildebrando D’Arcangelo/ Méphistophélès
Lionel Lhote / Valentin
Kamil Ben Hsain Lachiri / Wagner

Production :
Fondazione Teatro Regio de Turin
Opéra de Lausanne
New Israeli Opera de Tel Aviv 

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Commentaires

  • administrateur théâtres

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  • administrateur théâtres

    Faust (Stefano Poda, Turin 2015) DVD

    9

    Charles Gounod

    Opéra

    En publiant en Blu-ray et DVD une production de Faust qui fit beaucoup de bruit à Turin en 2015, l'éditeur C Major donne une légitime visibilité à l'art singulier de Stefano Poda, metteur en scène italien œuvrant en démiurge depuis 2008. Les troupes turinoises sont dirigées par Gianandrea Noseda tandis qu'une distribution formée de chanteurs des plus cosmopolites - Charles Castronovo, Ildar Abdrazakov et Irina Lungu - affronte l'opéra de Gounod, soit un des opéras français parmi les plus célèbres au monde.

     

    Maquette de Stefano Poda pour <i>Faust</i> de Gounod. © Stefano Poda

    Maquette de Stefano Poda pour Faust de Gounod. © Stefano Poda

     

    Le Faust de Gounod a tout à gagner d'un salutaire rafraîchissement dépoussiérant. La vision décapante et si intelligente de Jorge Lavelli qui fit tant couler d'encre à l'ère Liebermann est aujourd'hui la référence de nos mémoires. Elle parvenait, dans l'optique d'une translation temporelle du XVIe siècle originel à l'époque de la création de l'opéra, à arracher à une tradition bien établie des personnages engoncés dans les tournures d'un livret un brin suranné. On perdait "la plume au chapeau", mais l' "Ange pur et radieux" de Marguerite voyait l'indulgence de notre sourire remplacée par une empathie totale envers le martyre de la jeune femme abandonnée jusqu'à la folie par les hommes. Comme elle était loin, alors, la Castafiore de l'Air des bijoux !

     

    Irina Lungu (Marguerite) et Charles Castronovo (Faust) dans <i>Faust</i> de Gounod. © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    Irina Lungu (Marguerite) et Charles Castronovo (Faust) dans Faust de Gounod. © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

     

    Lorsque le rideau se lève sur la transposition de 2015, cette fois intemporelle, signée Stefano Poda, on se dit que l'on tient, 40 ans plus tard, un autre Faust idéal. Le choc esthétique est total devant cet anneau incliné qui émerge de la pénombre d'une boîte minérale aux murs de pierre claire et au noir plafond à coulisse. On se demande un instant si on ne s'est pas trompé d'opéra tant ce décor pourrait assurément s'adapter à la Tétralogie. 

    Ildar Abdrazakov (Méphistophélès), Charles Castronovo (Faust) et Irina Lungu (Marguerite). © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    Ildar Abdrazakov (Méphistophélès), Charles Castronovo (Faust) et Irina Lungu (Marguerite). © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    C'est dire le sérieux avec lequel Poda s'attaque à ce Faust qui fit vibrer nos aïeuls lors de tant de matinées dominicales. Sous l'anneau gigantesque, symbole de l'enfermement, mais avant tout du cycle du temps, de l'éternel recommencement, un Faust au torse nu, entouré d'une pléiade de sabliers, est crucifié au sol, au pied d'un amoncellement de livres. Le plateau tournant est constitué de cercles blancs concentriques recouverts d'inscriptions qui confirment la volonté de Stefano Poda de revenir aux origines du mythe en affiliant le Faust de Gounod au Faust de Goethe : "Im Anfang war die Tat!"*,… Rendre à Goethe ce qui fut d'abord à Goethe. Le Faust de Gounod quittant le théâtre lyrique pour le cosmos, l'on est, bien sûr, très preneur.
    * "Au commencement était l'acte !"

    Dans des éclairages de toute beauté, également conçus par le metteur en scène, les positions de l'anneau seront déclinées de toutes les façons imaginables : du statut de commode paravent pour entrées et sorties, il se fait mur pour la kermesse du deuxième acte, maison de Marguerite envahie par le végétal, chambre des suppliciés à Walpurgis, trouée sur l'infini de la rédemption…

    Cet univers forcément sublime et hypnotisant pour l'œil est peuplé de créatures habillées avec une imagination costumière qui confine au défilé de mode ultra-branché, là encore sorti de l'imagination graphique de Stefano Poda : même l'accorte Marthe n'est plus "la voisine un peu mûre" méchamment croquée par Méphisto, mais une femme des plus sexy. Les fleurs de Siébel deviennent un très beau manteau que Marguerite portera comme une tunique de Nessus lorsqu'elles faneront : très belle idée, à l'instar des couronnes d'épines ceignant les fronts des soldats sur "Gloire immortelle de nos aïeux", d'un spectacle capable aussi d'en accoucher d'autres plus contestables telle celle où Méphisto crève les ventres de femmes enceintes portant ballons noirs au bout d'un fil.

     

    Chœurs du Teatro Regio de Turin dans <i>Faust</i> mis en scène par Stefano Poda. © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    Chœurs du Teatro Regio de Turin dans Faust mis en scène par Stefano Poda. © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

     

    Les chœurs sont mis à contribution pour des chorégraphies originales, même si souvent très mécaniques, qui nous vengent de tant de mises en scène au premier degré, mais qui ne sont pas toujours lisibles : la Valse de l'Acte II est remplacée par une impro géante hyper-contrôlée sur le thème du trouble obsessionnel du comportement… On s'y prend le bras, certes, mais pour accoucher de serpents censés évoquer peut-être la composante maléfique à l'œuvre, voire pour signifier que l'Enfer est déjà sur Terre… Si la Nuit de Walpurgis commence assez bien avec la vision de mains sortant de l'anneau devenu chaudron de l'Enfer, la suite, très esthétiquement dénudée, se réduit trop à un exercice de gymnastique un peu vain où erre en touriste un Faust peu concerné. C'est d'ailleurs l'impression qui gagne peu à peu l'esprit lorsque l'œil dessillé parvient à sortir du sortilège visuel : les solistes se meuvent assez traditionnellement, voire maladroitement - apparitions de Marguerite, déambulations lentes de choristes - au sein d'un univers sublime mais au sens plus incertain. À la fin, des sabliers sont remis à Faust ainsi qu'à Méphisto : les deux hommes ne semblent savoir qu'en faire, tout comme le spectateur. De même, Marguerite semble hésiter à diriger son regard vers le second anneau apparu dans la trouée du fond de scène ou vers le spectateur auquel elle adresse le passage de relais d'un "regard caméra". À ce stade, nous quittons un spectacle certes magnifique mais en léger déficit de sens général.

     

    <i>Faust</i> de Gounod mis en scène par Stefano Poda à Turin en 2015. © Stefano Poda

    Faust de Gounod mis en scène par Stefano Poda à Turin en 2015. © Stefano Poda

     

    <i>Faust</i>, Scène de l'église, avec Ildar Abdrazakov (Méphistophélès) et Irina Lungu (Marguerite). © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    Faust, Scène de l'église, avec Ildar Abdrazakov (Méphistophélès) et Irina Lungu (Marguerite). © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    La baguette de Gianandrea Noseda emporte l'Orchestre du Teatro Regio de Turin avec un allant aux antipodes de l'impressionnante direction de Colin Davis dans son enregistrement Philips, qu'on aurait vu plus en phase encore avec la cérémonie visionnaire de Poda. Forcés de faire le deuil d'une prononciation française idoine, les plaisirs que génère une distribution convaincante sont nombreux. Irina Lungu, la plus audible, est une Marguerite vaillante et musicale, à peine plus corsée que ses devancières, se consumant dans un final irrésistible. Physiquement le charme est indéniable, la chanteuse formant avec Charles Castronovo un couple assez glamour. Le ténor américain vainc les périls d'un rôle ardu, séduisant par un engagement vocal plus intérieur que véritablement flamboyant, ce qui s'avère payant dans un tel environnement scénique. Ildar Abdrazakov est un Méphisto de belle prestance, ne forçant jamais sur la caricature noircie : une voix policée qui évoque une manière de René Pape russe. Si le Valentin solide de Vasilij Ladjuk se débat davantage avec ses voyelles que ses partenaires, le travesti ultra-crédible du Siébel confié à la voix chaleureuse de la chanteuse géorgienne Ketevan Kemoklidze, aussi bonne chanteuse que bonne comédienne, est des plus touchants. Samantha Korbey est, en accord avec la production, une Dame Marthe éloignée de toute caricature tandis que Paolo Maria Orecchia sait mettre à profit les quelques interventions de Wagner pour imposer la noirceur de son timbre. Les chœurs du Teatro Regio, une fois passée la périlleuse kermesse, sont à la hauteur de l'enjeu. 
    La captation de Tiziano Mancini, très satisfaisante dans l'ensemble, rate hélas la scène de l'église où les plans serrés nous privent par trop de la transformation spectaculaire du décor.

     

    Charles Castronovo chante le rôle-titre du <i>Faust</i> de Gounod à Turin. © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

    Charles Castronovo chante le rôle-titre du Faust de Gounod à Turin. © Ramella & Giannese/Teatro Regio Torino

     

    L'on aura compris, le spectacle de Stefano Poda, qui gagne certainement à être vu de loin, nous impressionne davantage par son esthétisme que par sa direction d'acteurs, deux principes suprêmes de la mise en scène qu'un Carsen, par exemple, maîtrise en général admirablement. Une corde qui manque peut-être encore à l'arc déjà très fourni d'un metteur en scène capable déjà de signer le décor, les costumes, les lumières et même les chorégraphies de ce Faust très recommandable…



    À noter : Les Actes I, II et III sont proposés sur le DVD 1 (102’36) ; les Actes IV et V sur le DVD 2 (77’18).

    Lire le test du Blu-ray Faust mis en scène par Stefano Poda à Turin…

    Retrouvez la biographie de Charles Gounod sur le site de notre partenaire Symphozik.info

  • administrateur théâtres

    Car on n'en a pas assez dit sur Wagner... 

    " Quelques extraits de critiques de presse suite aux premières représentations de notre Faust ! Je ne résiste pas à l'envie de vous en partager quelques unes ! Utile de vous dire que je suis sur un nuage depuis mercredi ? 

    "La distribution réserve quelques surprises, à commencer par le Wagner de Kamil Ben Hsaïn Lachiri qui, en quelques répliques et une amorce d’air (la chanson du Rat), parvient à faire valoir une voix de belle étoffe, bien projetée, et une diction soignée (de quoi donner envie de l’entendre dans des rôles plus conséquents)." (S.Lelièvre sur Olyrix)

    https://www.olyrix.com/articles/production/2730/faust-gounod-opera-...

    "Et la forte contribution dans une courte apparition du très jeune baryton Kamil Ben Hsain Lachiri en Wagner est frappante." (S.Broeckaert sur Klara)

    https://klara.be/faust-van-charles-gounod-luik-regisseur-stefano-po...

    "Et dans le plus petit rôle de Wagner, on découvrira le tout jeune baryton Kamil Ben Hsain Lachiri qui a une superbe voix et dont on n'a pas fini de parler." (P.Davin répondant aux questions de S.Martin dans Le Soir)

    https://plus.lesoir.be/201871/article/2019-01-21/patrick-davin-goun...

    "Il faut aussi mentionner le baryton Kamil Ben Hsaïn Lachiri qui parvient à s’imposer dans les quelques répliques de Wagner, ce qui n’est pas si facile." (E.Andrieu sur Opera-Online)

    https://www.opera-online.com/fr/columns/manu34000/reprise-de-lenigm...

    Il y a des rêves desquels il est parfois difficile d'émerger, et j'aimerais que celui là dure toujours 

    Merci à vous tous pour votre soutien absolument toujours infaillible et pour vos ondes positives. J'ai énormément de chance et cela me rend très heureux ! 

    Un immense bravo également à mes collègues surdoués tous, unanimement, salués par la presse. Quelle équipe!"

    Signé: 

    Kamil Ben Hsaïn Lachiri 

  • administrateur théâtres

    Reprise de l'énigmatique Faust de Stefano Poda à l'Opéra Royal de Wallonie

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    Après avoir fasciné les spectateurs du Teatro Regio de Turin, de l’Opéra de Lausanne et du New Israeli Operade Tel Aviv (les trois maisons coproductrices du spectacle), c’est à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège qu’est actuellement montée l’énigmatique production de Faust imaginée par le talentueux homme de théâtre italien Stefano Poda. Nous avions déjà vu le spectacle lors de sa reprise lausannoise, et avouons que le charme a encore mieux opéré à Liège grâce à sa plus grande largeur de scène, l’imposante scénographie basée sur le mystérieux anneau respirant ici bien mieux que dans la petite salle des bords du Léman…

    Stefano Mazzonis Di Pralafera met en valeur le chant wallon dès qu’il le peut. Pour un ouvrage comme Faust, il a simplement réuni les trois meilleurs éléments actuels dans leur tessiture respective : Marc Lahodans le rôle-titre, Anne-Catherine Gillet dans celui de Marguerite et Lionel Lhote en Valentin, le rôle de Méphisto étant échu à la célèbre basse italienne Ildebrando D’ArcangeloLe premier offre son habituel chant racé, infiniment musical et à la diction parfaite. Mais pourquoi diable a-t-il tenu à délivrer le dernier aigu de son grand air « Salut ! Demeure chaste et pure » à plein poumon - et donc en voix de poitrine -, quand tous ses collègues (ou presque) le chantent piano en voix de tête ?... Las, la voix a lâché puis est partie en tous sens, suscitant clameur et même malaise parmi le public. Dommage car la prestation de l’artiste remplit par ailleurs toutes les cases du beau chant. Sa Marguerite trouve en Anne-Catherine Gillet une artiste se situant sur les plus hautes marches du domaine lyrique, en incarnant la plus touchante, la plus bouleversante des Marguerite. De fait, elle passe avec aisance et naturel des émois de la jeune fille timide aux élans de la femme passionnée dans la scène de la chambre, pour finir en héroïne tragique dans la celle de l’église puis de la prison. Elle assure crânement ce rôle vocalement périlleux et ses (désormais) moyens de lirico font mouche dans ces deux scènes si vocalement palpitantes. Et malgré l’élargissement de l’instrument, elle n’en négocie pas moins bien les brillantes vocalises du célèbre air des bijoux après avoir ciselé - telle une véritable orfèvre - la superbe ballade du roi de Thulé.

    Ildebrando D’Arcangelo, courtisé par les plus grandes scènes internationales, triomphe également grâce à sa classe d’interprète, la sobriété de son chant et son timbre caverneux. Son diable sournois, plein d’humour grinçant, ne bascule jamais cependant dans la caricature, soutenu par un chant noble et contrôlé, et une diction - en dépit de son accent italien - quasi impeccable. De son côté, Lionel Lhote confirme qu’il est l’un des (si ce n’est le…) meilleurs Valentin du moment, et offre un portrait plein de caractère de ce personnage complexe, avec un matériau vocal saisissant de maturité et d’aisance. Dame Marthe est bien croquée par la mezzo belge Angélique Noldus, à la fois pleine d’humour et très musicale, tandis que sa consœur israélienne Na’ama Goldman incarne un Siébel attendrissant et volontaire à la fois. Il faut aussi mentionner le baryton Kamil Ben Hsaïn Lachiri qui parvient à s’imposer dans les quelques répliques de Wagner, ce qui n’est pas si facile.

    Enfin, en maître de cérémonie (et dernier wallon de la troupe !), Patrick Davin impose une lecture fiévreuse et vivante de la merveilleuse partition de Charles Gounod, avec des moments particulièrement inspirés, comme dans la scène de la prison ou la fameuse Nuit de Walpurgis. Quant au Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie, admirable de cohésion et de vaillance, il mérite également les plus vives louanges. Un grand bravo à Pierre Iodice qui le prépare depuis de longues années maintenant. La longue ovation qui termine la soirée est une reconnaissance amplement méritée pour l’ensemble des artistes réunis sur scène au moment des saluts !

    Emmanuel Andrieu

    Faust de Charles Gounod à l’Opéra Royal de Wallonie (du 23 janvier au 2 février 2019)

    Crédit photographique © Opéra Royal de Wallonie-Liège

     

     

  • administrateur théâtres

    A Lausanne, Stefano Poda livre un Faust diabolique

    L’opéra de Gounod est servi par un OCL des grands moments et des chanteurs convaincants, dans un environnement spectaculaire

    Il y a, chez Stefano Poda, un besoin viscéral de symboles. Dans sa récente Ariodante, sa mise en scène et son décor soulevaient la trame des complots et des manipulations avec des mains gigantesques. Un mois après l’ouvrage remarqué de Haendel, l’Opéra de Lausanne fait appel une seconde fois au metteur en scène italien, qui signe aussi les costumes, la lumière, les décors et la chorégraphie du Faust de Gounod. Ce doublé lyrique marquant donne à la dernière production de la maison des airs de bouquet final. Le public l’a signifié dans son accueil enthousiaste à la première dimanche.

    Quelle raison à une telle ferveur? Le traitement visuel, de toute évidence, qui ne donne pas dans l’ellipse. Pourtant, Stefano Poda conclut sa note d’intention par une forme de conseil: «… le spectateur devrait s’asseoir devant le rideau fermé et se débarrasser de toutes ses connaissances et lectures. Se fier seulement au mystère de l’émotion plus qu’au contenu de la narration…» On en est très loin.

    L’immense anneau granitique qui tourne, s’élève et s’incline sur une action emprisonnée par des sortilèges diaboliques figure l’écrasement et l’impossible évasion. L’esthétique éblouissante de l’imposant dispositif et de ses déclinaisons surligne une dramaturgie très forte. Carcasses d’arbres, croix, sabliers, câbles, entassement de chaussures féminines et livres abandonnés racontent l’histoire de l’Homme et de son rapport pervers à la vie. C’est ainsi avec puissance que s’impose le parti pris méphistophélique de la production venue de Turin. Un choix impressionnant par sa lecture noire et grinçante, illuminé par des éclairages somptueux.

    Mais dans cette débauche d’intentions marquées au sceau du nihilisme, les grâces et les voluptés de la partition peinent parfois à s’envoler. Et on regrette que les dimensions de la scène lausannoise étouffent le décor précédemment accueilli à Turin dans un espace plus généreux. Quant aux costumes très stylés, décoratifs et hautement graphiques, ils figent l’action de certains passages.

    Malgré tout, la musique prend souffle en fosse grâce à un OCL des grands moments. Concentré, charnel et lyrique. Jean-Yves Ossonce surfe sur la vague romantique avec aisance. L’esprit clair pour souligner et mettre en valeur le texte, les couleurs sonores exhaussées pour exprimer l’intensité des sentiments et la beauté de la partition.

    Car Gounod livre dans son Faust un patchwork musical contrasté, entre grands airs et tournures orchestrales mâtinées de religieux, populaire, militaire, pompier ou intimisme. Fusionner l’ensemble sans tomber dans le flou, la rupture, la banalité ou le sentimentalisme n’est pas évident. Chef et orchestre évitent l’écueil en tenant toujours le cap vers le drame et la passion.

    Sur le plateau, l’équipe est à saluer, des chœurs, intenses et tranchants, aux seconds rôles de belle tenue. La sensibilité de Carine Séchaye (Siebel), l’élégance de Marina Viotti (Marthe) et la meilleure prononciation à décerner à Benoît Capt (Wagner) composent trois solides piliers de la distribution sur lesquels les rôles principaux peuvent aussi s’appuyer.

    Pour ses débuts lausannois, le ténor Paolo Fanale aborde vaillamment le rôle-titre. Son timbre un peu aigre au début du spectacle, s’arrondit au fil de la soirée. Et son chant se libère peu à peu pour offrir de belles envolées dans ses airs, «Salut chaste demeure» en tête.

    Le jeu impliqué et la voix heureuse du baryton Régis Mengus (Valentin) le promettent à de grandes scènes, tout comme Kenneth Kellogg. Basse cuivrée, digne et ferme, d’une belle envergure, son Méphisto séduisant domine la scène. Quant à Maria Katzarava, sa Maguerite livre un combat remarquable entre les forces de l’amour et du mal.

    Très incarnée, les aigus rayonnants et conquérants, la présence tendue entre pureté enfantine et générosité féminine, la soprano mexicaine campe une héroïne aussi attachante qu’exemplaire. Si ses médiums et ses graves ont moins d’éclat et sa diction mériterait plus de précision en français, le charme de son chant et l’impétuosité de son jeu en font une interprète de choix.

    https://www.letemps.ch/culture/lausanne-stefano-poda-livre-un-faust...

  • administrateur théâtres

    À TURIN, ADMIRABLE FAUST VISIONNAIRE DE STEFANO PODA

    La Scène, Opéra, Opéras

    Turin. Teatro Regio. 7-VI-2015. Charles Gounod (1818-1893) : Faust, opéra en cinq actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après le poème éponyme de Johann Wolfgang von Goethe. Mise en scène, décors, costumes et lumières : Stefano Poda. Avec : Charles Castronovo, Le Docteur Faust ; Ildar Abdrazakov, Mephistofélès ; Vasilij Ladjuk, Valentin ; Irina Lungu, Marguerite ; Samantha Korbey, Marthe ; Paolo Maria Orecchia, Wagner ; Ketevan Kermoklidze, Siebel. Chœur et orchestre du Teatro Regio (chef de chœur : Claudio Fenoglio). Direction musicale : Gianandrea Noseda.

    FAUST.01Une interminable ovation salue un Faust sublimé par une lecture théâtrale chargée de symboles dévoilés dans un écrin scénique somptueux et par la formidable densité musicale d’un Gianandrea Noseda, artiste d’exception.

    Depuis bientôt quarante ans que votre serviteur assiste à des spectacles d’opéra, jamais son souvenir ne lui a fait connaître telle ovation à l’endroit d’un metteur en scène. Certains spectacles sont applaudis pour leur pertinence ou pour leur beauté esthétique. Parfois pour les deux mêmes. Mais à chaque fois, il se trouve quelques personnes n’embrassant pas l’univers du metteur en scène. Les plus dérangeants de ceux-ci suscitent des vagues de protestations englouties dans les quelques bravos de spectateurs criant au génie. Ici, le metteur en scène italien fait l’unanimité. Dans cette fresque du Faust de Goethe, il brosse un Faust se débattant dans une vision du concret et de l’infini. Oscillant entre le sacré et le profane, le religieux et l’athéisme, le portrait et la caricature, avec force images symboliques, en visionnaire, le metteur en scène italien Stefano Poda nous transporte dans le mythe du réel.

    Ainsi, son Méphistofélès devient-il le spectateur influent de l’amour de Marguerite pour Faust. Peut-être même que le Malin est-il le génie malfaisant de l’idéal amoureux d’aujourd’hui. Pour circonscrire son dessein, Méphistofélès l’enserre dans le décor clos de murs de pierres noires au centre desquels trône un anneau tournant sur lui-même, s’ouvrant au spirituel ou se refermant sur le monde matériel de Faust et de Marguerite. Alors, c’est le Docteur Faust au milieu d’une impressionnante montagne de livres dont il n’a plus l’intérêt, ou Marguerite devant la malle pleine de bijoux et la housse porte-habits renfermant un manteau couvert de diamants.

    Cet anneau d’où sortiront, dans l’extraordinaire tableau de la nuit de Walpurgis, les trépassés, formidables danseurs et figurants, nus, corps grisâtres, sorte de vermine s’agglutinant bientôt à Faust pour l’emporter aux enfers, victime de Méphistofélès, pendant que Marguerite marche vers sa rédemption dans l’ouverture soudainement lumineuse du décor.

    Symbolisme encore, ce magnifique manteau de fleurs éclatantes que revêt la candide Marguerite contre celui de fleurs fanées qu’elle portera après son infanticide. Symbolisme toujours, Méphistofélès élevé au-dessus des gens, juché sur un plateau soutenu par ses sbires, haranguant la foule avec « Le Veau d’Or est toujours debout ! » Images fortes, lorsqu’il crève le ventre gonflé de femmes enceintes en chantant « Vous qui faites l’endormie.. ». Et que dire encore du symbole osé de ce retour de l’armée, pauvres soldats désarmés, en guenilles, la tête ceinte de couronnes d’épines ? Dans un délire de costumes magnifiquement conçus, d’éclairages aux contrastes saisissants, de direction des masses chorales incroyablement vivantes, le spectacle de Stefano Poda est un enchantement continuel. Il tient en haleine son public pendant les près de quatre heures de ce spectacle total.

    FAUST.02Dans la fosse, Gianandrea Noseda, sans doute happé par l’exubérance scénique, tire de son orchestre et du chœur du Teatro Regio une énergie créatrice d’exception. Jamais on aura pu entendre la valse « Ainsi que la brise légère » avec une telle force doublée de tant de légèreté. Certainement l’un des plus grands chefs d’orchestre du moment (et pas seulement pour l’opéra !), Noseda s’immerge dans la musique de Gounod. Transfiguré dès qu’il prend la baguette, tout son corps et tout son visage participent à l’expression musicale. Il entraîne tout sur son passage. L’orchestre du Regio n’est jamais aussi bon que sous sa direction et le chœur, même admirablement préparé, semble se surpasser sous le regard du chef. Un chœur qu’il faut admirer, non seulement pour sa vocalité extraordinaire, mais aussi pour sa capacité théâtrale. Les exigences particulières de la mise en scène le propulse en véritable acteur lui imposant une gestuelle plus individuelle que collective.

    Du côté des solistes, la distribution turinoise est de premier ordre même si l’on peut regretter que la plupart des interprètes ont une diction de la langue française trop approximative. Disons d’emblée que seule la soprano Irina Lungu(Marguerite), par ailleurs splendide vocalement, possède une diction compréhensible de la langue française.

    Dans le rôle titre, quand le ténor new-yorkais Charles Castronovo (Faust) chante un sublime « O Merveille ! », lancé lorsqu’il découvre Marguerite, il laisse espérer une interprétation artistiquement enthousiasmante. Elle ne fut qu’honnête par un certain manque d’engagement tant théâtral que vocal. A ses côtés, le baryton Vasilij Ladjuk(Valentin) même s’il possède une voix très claire dans le registre aigu manque d’homogénéité vocale et offre un « Avant de quitter ces lieux » quelque peu décevant.

    FAUST.03Sans doute la meilleure interprète du plateau, la soprano russe Irina Lungu (Marguerite) campe un personnage d’une candeur vocalement admirable. Sans excès, le charme de la voix claire d’Irina Lungu illumine son interprétation. Dans « L’air des bijoux », si souvent caricaturé, la soprano s’en empare dans une totale simplicité donnant à cette page une parfaite noblesse d’étonnement juvénile. Cette apparente légèreté de ton n’empêche pas Irina Lungu d’aborder la mort de Marguerite avec le tragique de circonstance.

    Si la basse russe Ildar Abdrazakov (Mephistofélès) se montre à la hauteur du « vilain », c’est grâce à sa voix ample, solide et d’une grande homogénéité. En Don Juan de l’Enfer, usant de sa belle prestance, il ensorcelle les protagonistes de l’intrigue. Tout au plus aurait-on aimé qu’il soigne mieux sa diction française et qu’il ajoute un peu de noirceur vocale à son interprétation. La ruse de Satan ne peut cacher son dégoût des hommes.

    Un triomphe donc pour cette production (dont aucun moyen de réussite n’a été épargné), qui restera dans les annales de ce théâtre comme l’une de ses plus brillantes prestations. Non seulement pour ce théâtre, comme nous le disions plus haut, mais dans l’absolu des théâtres lyriques actuels. La présence de nombreuses caméras laisse à penser qu’un jour prochain, nous pourrons voir cet extraordinaire spectacle.

    Crédits photographiques: (c) Teatro Regio Torino

  • administrateur théâtres

    A Faust between sulphur and damnation at Teatro Regio in Turin

    Stefano Poda’s deeply intellectual mis-en-scène for the Teatro Regio's production of Gounod's Faust immersed the bourgeois love affair between Marguerite and the title character in an abstract and transcendental tangle of philosophical, existential and liturgical motifs. However, overflowing symbolism sometimes made it too academic, and the visual effects were suggestive if not properly enchanting.

    Charles Castronovo (Faust) © Ramella & Giannese | Teatro Regio di Torino
    Charles Castronovo (Faust)
    © Ramella & Giannese | Teatro Regio di Torino

    Charles Gounod and his librettists Jules Barbier and Michel Carré did not simply try to convert Goethe’s colossal and magnificently multifarious Weltanschauung into music: they focused instead on the levity of Marguerite’s and Faust’s troubled relationship. Goethe’s Faust is mostly a man struggling to exceed his own limits: he needs to know more and more. He looks for a pattern in the universe, for the ultimate principles of everything, to the point where is willing to deal with the demonic Méphistophélès to achieve this. Gounod’s Faust is an old man (the libretto puts no emphasis on the fact the he is a scientist) who desires youth once more. Not by accident, Méphistophélès convinces Faust to sign his deal showing him only a mirage of beauty, grace, and youth: Marguerite. The die is cast. The humble and naive young woman will be seduced, abandoned and then will kill the son to whom she gave birth.

    Gounod’s Faust constantly insists on the simplicity of Marguerite, on her ingenuity (she will abandon herself to Faust also for the fascination of the rich jewels she has received). Furthermore, the bourgeois milieu of the opera stands out in its constantly indulging on religiosity: the chorus at the city gates during Act II, when Méphistophélès demonstrates his infernal power for the first time and all the students sing: “Regarde!/C’est une croix, qui de l’enfer/Nous garde!”, clearly reminds one of a liturgical chant. And at the end of Act V, when Méphistophélès curses Marguerite, the angels’ voices that welcome Marguerite into heaven produce a music that closely echoes the sound of an organ (Gounod was indeed deeply religious and fond of Bach’s music).

    Ildar Abdrazakov (Méphistophélès) © Ramella & Giannese | Teatro Regio di Torino
    Ildar Abdrazakov (Méphistophélès)
    © Ramella & Giannese | Teatro Regio di Torino

    Poda’s mis-en-scène (in co-production with Israeli Opera and Opéra de Lausanne) realised a unique scene dominated by a central giant ring. As an arcane monolith or an occult stele, it is transfixing throughout the work, slowly rising or falling, scattering a sacred allure and solemnity. On one level, the symbolic ring might allude to the life cycle, to the circularity to which human life is condemned: to live and to die, without the chance to exceed the close circle, to grasp something higher. Later, the same ring will be filled with a white tree, to underline (perhaps with some redundancy) the metaphor of life, but will also collapse around Marguerite (as anticipation of her unfortunate fate of abandonment, imprisonment and madness).

    The waltz at the end of Act II was a neurotic dance articulated in disconnected gestures; captivating choreography, which did not have anything of the waltz about it. It seemed an allusion to the only possible dance and interaction in modernity? A gloomy waltz of broken movements and repetitive crazy actions?

    Charles Castronovo (Faust) and Irina Lungu (Marguerite) © Ramella & Giannese | Teatro Regio di Torino
    Charles Castronovo (Faust) and Irina Lungu (Marguerite)
    © Ramella & Giannese | Teatro Regio di Torino
    Walpurgis Night was a splendid moment of palpable and demonic frenzy: a great bacchanale of sordid mimes completely covered with mud, amongst the sulphurous smokes of Méphistophélès’ kingdom. Similarly, the prison scene was intense with all the bars represented by filaments which extend themselves throughout, clasping Marguerite and the same Faust in Méphistophélès’ diabolic net.

    Conductor Gianandrea Noseda, working with Gounod’s intimate score for the first time, was magnificent in underlining the arcane and diabolic passages of the score, with the solemnity and the fury of Verdi’s Dies irae, but also in depicting with morbidity and the grace of the brief love idyll between Marguerite and Faust.

    Irina Lungu interpreted a fragile and intense Marguerite, thanks to a captivating presence on stage, a fine technique and a crystalline timbre. Charles Castronovo was a vigorous Faust, full of sonority (showing his sinewy chest register from the first scene, when he was supposed to be an old disillusioned doctor). Ildar Abdrazakov was a towering and treacherous Méphistophélès, with a solid voice. The rest of the cast was fine, ranging from the impassioned Valentin of Vasilij Ladjuk to the unexpectedly sensual Marthe of Samantha Korbey.

    Two performances are still left: lovers of aesthetic and symbolic productions should not miss them.

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