DÉCÈS DE BERTRAND BLIER
Bertrand Blier, fils du célèbre comédien Bernard Blier, s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus singuliers du cinéma français. Avec son ton provocateur, son humour grinçant et sa vision acerbe des relations humaines, il a marqué des générations de spectateurs et a influencé nombre de cinéastes. Dès ses débuts, il a imposé un style reconnaissable. Les Valseuses (1974), film culte qui révéla Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou, a choqué autant qu'il a séduit. Véritable ode à l'insouciance et à l'anticonformisme, ce road-movie anarchique est devenu un phénomène social, même s'il a suscité des controverses pour son audace et ses thèmes dérangeants. Bertrand Blier a poursuivi sa croisade contre tous les pisse-froid avec Calmos (1975), histoire misogyne en pleine année de la femme, lui-même suivi par Préparez vos mouchoirs (1978), qui lui a permis de renouer avec le duo masculin de Les valseuses et de révéler au public le tout adolescent Riton Liebman. L’année suivante, il a accouché de Buffet froid (1979), une œuvre d’un humour noir glaçant, qui explore l'absurdité de l'existence et les zones d’ombre de ses contemporains. Ce film lui a valu le César du meilleur scénario, récompensant son écriture subtile, même si déroutante pour une partie du public. Que dire de Beau-père (1981), long métrage dans lequel Patrick Dewaere s’amourache de la toute jeune Ariel Besse et que personne n’oserait produire aujourd’hui ? Jamais à court de provocation, il a opposé Isabelle Huppert à Coluche dans La femme de mon pote (1983), fait jouer à Alain Delon le rôle d’un alcoolique invétéré dans Notre histoire (1984) et a imposé Josiane Balasko en maîtresse de Gérard Depardieu au grand dam de Carole Bouquet dans Trop belle pour toi (1989). Même si le rythme n’a plus été aussi soutenu, les titres ont continué à s’enchaîner, avec toujours une verve acide et des sujets qui font hurler les âmes prudes. Avec Tenue de soirée (1986), il a signé son grand retour en allongeant dans le même lit Michel Blanc et Gérard Depardieu, laissant végéter Miou-Miou dans le corridor. Les années 90 et la première décennie des années 2000 l’ont impacté, au point de l’amener à diluer le vinaigre de sa plume dans beaucoup d’eau. Les mœurs ont évolué et certains thèmes ne sont plus tolérés. On en est arrivé même à lui reprocher plusieurs séquences de Les valseuses, l’incriminant d’incitation au viol et aux gestes déplacés à l’encontre de la gent féminine. Loin de se repentir, Bertrand Blier a continué de filmer, sachant fort bien qu’une page venait de se tourner. Sa carrière se jalonne d’œuvres où le verbe se dresse tel un poing. Servi par un ton grinçant et paradoxalement poétique, il n’a jamais cessé d’explorer des sujets comme la sexualité, la solitude, la stupidité, la vanité et la violence. Bertrand Blier portait également sur ses épaules la réputation d’un formidable directeur d’acteurs. Il avait permis à des comédiens comme Alain Delon, Jean-Pierre Marielle, Brigitte Fossey, Carole Bouquet ou, encore, Anouk Grinberg des prestations mémorables, souvent à contre-emploi. Si certains critiques le fustigent toujours pour son style provocateur et parfois hermétique, ses fans saluent son audace créatrice et sa capacité à mêler profondeur philosophique et comédie subversive. Peu de réalisateurs osent, comme lui, bousculer les conventions et affronter les contradictions de la nature humaine avec pareille sincérité. Son décès survenu le 20 janvier dernier laisse la sphère cinématographique dans un désarroi complet. Il avait quatre-vingt-cinq ans !
Daniel Bastié
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Pierre MERTENS, homme de Lettres, homme de l’être
Publié(e) par Espace Art Gallery le 9 février 2025 à 4:26
Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter le reportage photos de son vernissage du 06 février 2025.
Publié(e) par Espace Art Gallery le 9 février 2025 à 4:29
Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
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