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classique (213)

administrateur théâtres

12273060870?profile=original12273060700?profile=originalMusic, a second home ! Hier soir, à la salle M du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, c’était la fête de l’amitié, de la joie et de l’espoir. Trois valeurs magnifiquement véhiculées par  un jeune  ensemble musical  exceptionnel, en provenance de Jérusalem, accueilli avec chaleur par le directeur général de Bozar,  Paul Dujardin, lui-même. Marc Weisser, président  d’honneur de la Maison de la Culture Juive à Bruxelles et l’instigateur de ce concert, avait rencontré ce petit groupe à Londres il y a un peu plus d’un an. Il fut frappé par leur humanité, leur qualité musicale et leur sens aigu de la  poursuite de l’excellence.  Ils ont de …13 à 19 ans, et ont été sélectionnés par leur école - unique au monde - Le Conservatoire Hassadna de Jérusalem.

 

 

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Cette institution scolaire de 650  enfants et jeunes adultes dirigée par l’extraordinaire musicienne Lena Nemirovsky entourée d’une équipe de 100 professeurs éminents, dont certains sont de renommée internationale, possède un merveilleux projet pédagogique et artistique.  Le Conservatoire Hassadna de Jérusalem fut fondé il y a 40 ans par le musicien et pianiste Amalia Reuel, qui professait l’idée généreuse que tout enfant, indépendamment de la capacité physique ou mentale, le niveau socio-économique, l'origine ethnique ou l'appartenance religieuse, devrait pouvoir avoir l'occasion de faire l'expérience d’une éducation musicale haute gamme. Il leur est courant d’intégrer des enfants présentant des handicaps moteurs ou mentaux et d’offrir des bourses pour aider les plus démunis. Ainsi,  ce qui caractérise le plus cette école unique au monde, ce sont les principes d’égalité et d'intégration qui sont les valeurs fondamentales de cette institution. Elle est ouverte aux enfants motivés qui veulent se consacrer à l’art musical et prêts à y consacrer tout leur énergie. Ils bénéficient alors d’un enseignement hautement individualisé et sont plongés dans un milieu largement ouvert et pluraliste qui veut transcender les différences et refléter toute  la mosaïque humaine. Les programmes d'éducation sont  stimulants et équilibrés, mettant en œuvre des méthodes pédagogiques de pointe, dans un esprit  innovant et créatif, maximisant le  meilleur développement artistique et personnel de chaque enfant. Prenons la peine de citer Jacques Revah, ambassadeur d’Israël en Belgique et au Luxembourg : «  une chose est certaine : Hassadna contribue depuis des décennies non seulement au rapprochement le plus inattendu entre les membres de la société en général, mais aussi dans une mesure non négligeable à l’esprit de paix tant attendue dans la Ville de la Paix.»

 

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Au programme éclectique et joyeux de cette soirée entièrement tournée vers l’humanisme et l’universalisme de la musique,  il y avait Bach, Philippe Gaubert, Ysaye, Edward Elgar, Mendelssohn, Fritz Kreisler, Carl Maria Von Weber, Ernest Bloch, Alexandre Scriabin, Chopin et Brahms.  Des instruments phares : violon, piano, basson et flûte traversière et l’impression sur scène d’une  fabuleuse connivence et d’un festival de bonheur car la musique crée des liens extraordinaires et indéfectibles.   

 

Une mention spéciale va tout de suite au jeune violoniste éthiopien de 15 ans, Avraham Terifa qui a ravi tous les cœurs,  revenant jouer de nombreux morceaux et acclamé par un public enthousiaste. On se souvient de la finesse et la fragilité émouvante de ses notes aigues, la profonde maîtrise de l’instrument, la plénitude  des sonorités et des couleurs, et surtout son visage empli de grave sérénité quelle que soit la complexité de l’architecture musicale.  En particulier dans son Concerto pour violon en mi mineur de Mendelsohn, ses filaments de notes aigues captives de tempi échevelés  avaient  la brillance de l’or musical. Et il nous a comblés avec son interprétation de « Nigun » d’ Ernest Bloch.

 

images?q=tbn:ANd9GcRgq14utuA9KxcAyVUZBIBMfIXdLRZtZfYabGwQ-cA-TiEZesQlHQ La flûte traversière, un fleuve d’émotions diverses : brillantes, voluptueuses, bucoliques et sombres parfois, revenait à Schmouel Allouche, 17ans. Il a joué en soliste avec l’Orchestre de  Chambre d’Israël, et en concert  à Toronto en 2009 et à Londres en 2010. Le basson était dans les mains du talentueux Ziv Wainer, 16 ans,  premier basson solo dans l’Orchestre à Vents de Hassadna qui a remporté le Premier Prix au Festival des Orchestres à Vent au Carnegie Hall de New York en 2014. De l’humour, de la verve musicale et de l’ampleur.  

 

Venons-en à deux autres artistes en herbe, l’une très jeune (13 ans), Alex Pirsky qui fut choisie pour jouer en duo lors du 90ème anniversaire du Président Shimon Peres, en présence de Bill Clinton et de Tony Blair, et l’autre, Rinat Erlichman (18 ans), une des jeunes violonistes les plus prometteuses d’Israël, premier violon dans le Quatuor à cordes du Conservatoire ainsi que de l’Orchestre de Chambre et qui participa à un concert privé, en 2012, chez Murray Perahia. Leur performance lors de cette soirée au palais des Beaux-Arts de Bruxelles a été un sommet de concentration et de virtuosité. Deux jeunes prodigues, à l’avenir certainement fort prometteur.

 

 images?q=tbn:ANd9GcRrH5xjZK1NzCrncqQCgJPhLdsayoek8Xti5r5lSA9NRo9Oz5fgEt pour terminer, quelques mots élogieux  pour la jeune pianiste Karin Yusim,  qui a séduit le public par sa technique rigoureuse et son charisme. Son  jeu très sûr  dégage des émotions pleines et crée un climat où domine la  confiance en la Vie. Particulièrement dans son interprétation sans failles des 5 préludes op 11 de Scriabin. Sous la houlette de leur incomparable égérie, la musicienne Lena Némirovsky, qui  les accompagne au clavier comme dans la vie, tous ces jeunes prodiges extrêmement doués  ont donc  donné le meilleur d’eux-mêmes: une musique dansante pour l’âme.

Le Programme:
Johann Sebastian Bach – Concerto pour deux violons en ré mineur BWV 1043 (premier mouvement)
Philippe Gaubert – Nocturne et Allegro Scherzando
Ernest Bloch – ‘Nigun‘ extrait de “Baal Shem”
Sergei Prokofiev – Sonate n° 3 en la mineur, op. 28
Ysaye/Saint-Saëns – Etude en forme de valse op. 52 n° 6

Entracte:
Carl Maria von Weber – Trio en sol mineur, op. 63, allegro moderato
Felix Mendelssohn – On Wings of Song
Edward Elgar – Romance op. 62
Felix Mendelssohn – Concerto pour violon en mi mineur
Johannes Brahms – Scherzo en do mineur

 

 

liens utiles:

http://fetedesmusiquesjuives.wordpress.com/

http://maisondelaculturejuive.be

http://www.cclj.be/

http://www.bozar.be/activity.php?id=15530&selectiondate=2014-11-19

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administrateur théâtres

Mahler Chamber Orchestra Beethoven Journey 3

Leif Ove Andsnes piano - Mahler Chamber Orchestra , Koor van de Vlaamse Opera
Igor Stravinsky, Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur
Ludwig van Beethoven Fantaisie pour piano, choeur et orchestre, op. 80, Concerto pour piano et orchestre n° 5, op. 73, "L'Empereur"

Jeudi 04.12.2014 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

prev_pfile256203_activity14407.jpgQuel bonheur d’aller écouter le Mahler Chamber Orchestra à "Bozar", comme on dit, même si on en préfère la dénomination longue. Il nous a offert un programme capiteux, avec Leif Ove Andsnes comme échanson au piano. Une soirée sous le signe du champagne musical car ce concert restera à jamais gravé dans la mémoire! 

Une œuvre de Stravinsky pour débuter : son Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur, composé en 1946. Les cordes sont au grand complet, les  violonistes jouent debout, déployant joyeusement une vaillance amusée. L’écriture en spiccato et pizzicato souligne les parties lyriques qui oscillent entre des accents plaintifs et le  charme jazzy. On se laisse prendre à de lointains  rythmes de valse repris plusieurs  fois. Il y a de la couleur, de l’énergie vitale et de drôles d’éclats de voix syncopés. A noter, le superbe commentaire bougon de la contrebasse  en fin de partie. Et pas de chef d’orchestre ! 

Les musiciens reviennent, en costume-cravate, les dames en élégance. Mais voici venir le chef d’orchestre norvégien, Leif Ove Andsnes qui s’installe au clavier. Il dirige la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre de Ludwig van Beethoven en do mineur, opus 80, avec les chœurs de l’Opéra des Flandres. Dès les premières notes de la cadence initiale, le public sait que ce concert sera admirable, son niveau d’attention est au comble.  Les premiers arpèges puissants alternent avec un jeu intimiste et des sautillements de jeu de marelle. Les crescendos d’accords sont rutilants, l’orchestre silencieux est aux aguets, les trilles et les double notes farceuses jouent au coucou  d’une forêt musicale généreuse. Puis chaque pupitre s’ébranle, la musique se sculpte sous nos yeux et pour le plus grand plaisir de l’oreille. Chaque rencontre d’instrument est une rencontre artistique nouvelle. La flûte et le hautbois  s’invitent, accompagnés par le piano, puis les tutti exultent dans la joie complice de  l’orchestration. Leif Ove Andsnes traite son piano comme une harpe. Le thème joyeux qui préfigure l’ode à la joie de la  9e symphonie, est répété en échos bondissants. Le soliste gazouille des trémolos et sa longue mélodie rêveuse  est scandée avec tendresse par les cuivres. L’orchestre tout entier est bientôt dans un rythme de chasse à courre qui finit pianissimo. C’est alors que le chœur se lève et livre une interprétation sublime du poème de Christopher Kuffner « Fried und Freude gleiten freundlich der Wellen Wechselspiel… » Voici un miroir où se réverbère la foi et la confiance en l’humanité, la  célébration de l’amitié  à travers les arts, tout y est dans ce merveilleux dialogue entre le soliste, l’orchestre et le chœur. Le refrain explosif construit en interminable crescendo  donne une impression de vertige et ce sont des tonnerres d’applaudissements qui terminent la première partie de ce concert. 

thmb_13193_img1.jpgEn deuxième partie c’est sans doute la meilleure interprétation du Concerto de l’empereur N°5 qu’il nous ait été donné d’entendre. La direction est d’une extrême délicatesse, les parties solistes au piano sont de vraies éclosions florales. Elégance, moelleux, jeu solaire. Le pianiste qui dirige rayonne d’un intense charisme, il symbolise à lui seul à la fois l’humilité extrême et la grandeur de l’homme. Fluidité, contrôle, équilibre parfait. Son toucher de clavier tient  à la fois de l’ange et de l’humain, dans sa fermeté et sa noblesse. La virtuosité se répand dans sa cadence comme des vagues de lumière aussitôt transmises par les mains devenues muettes aux violons dans le deuxième mouvement. L’orchestre est à l’écoute presque religieuse du soliste et le soutient par un tapis de notes caressantes. Les pizzicati des contrebasses donnent de l’ampleur et de la profondeur tandis que la mélodie appartient désormais aux vents. Les sonorités de velours du piano, les cascades de trilles versent dans le sublime. Souffle-t-il les notes sur le clavier au lieu de les toucher? C'est une âme qui s'est engouffrée dans le merveilleux et y entraîne tout l'orchestre. La jubilation solaire du dernier rondo est une véritable apothéose et le public se lance dans des ovations enthousiastes. Leif Ove Andsnes revient pour un bis, une Bagatelle, bien sûr!

Photos: Mahler Chamber Orchestra & Leif Ove Andsnes © Holger Talinski/Leif Ove Andsnes © Özgür Albayrak

http://www.bozar.be/activity.php?id=14407&selectiondate=2014-12-04

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administrateur théâtres

L a    p a i x  d e s   c h a n t s 
 
Au début étaient des champs, et au milieu : un moulin à vents. Dans la campagne verdoyante était un village rural, Ganshoren qui fournissait in illo tempore les marchés de la ville en légumes et les brasseries en houblon. La première pierre de la future Basilique Nationale du Sacré Cœur était posée le 12 octobre 1905 par le Roi Léopold II. Aujourd’hui la Basilique de Koekelberg est une œuvre composite et inachevée, posée sur ce plateau jadis agreste. Elle a accueilli ce 9 novembre 2014, date anniversaire de la chute du Mur, des chants sublimes au service de la paix. Un océan de voix pour la Paix. "1000 Voices for Peace", c’est un projet élaboré par le Festival de Flandres-Bruxelles pour commémorer la Grande Guerre. 39 ensembles de choristes, c’est-à-dire 22 chorales belges et 17 chorales issues de pays impliqués dans le premier conflit mondial se sont unis par la voix, le chant et la musique pour adresser au monde un plaidoyer ardent en faveur de la paix.
 
  La soirée du samedi 9 novembre 2014 à la Basilique, liturgie musicale grandiose, a clôturé en beauté une semaine intense de rencontres et de travail musical. Sous la direction d’Andres Mustonen, nous aurons entendu des œuvres du compositeur chinois réputé, Tan Dun, du norvégien Ola Gjeilo, de Sofia Gubaidulina, compositrice russe de tout premier plan et du belge André Devaere, jeune compositeur et musicien tombé au champ d’honneur en 1914. Les concerts étaient ponctués de récitations d’œuvres poétiques universelles et d’extraits de journaux intimes datant de la Première Guerre mondiale. On retiendra en particulier la performance de la récitante au profil inoubliable: Isnelle Da Silveira.
 
Profitant de sa connexion en temps réel avec la station spatiale internationale ISS, le Festival de Flandres-Bruxelles a voulu démontrer qu’il se tournait résolument vers l’avenir. Par l’intermédiaire d’écrans disposés partout dans une basilique « full house » nous avons capté un message de paix envoyé par les astronautes Alexander Gerst, Max Surayev et Reid Wiseman du European Space Agency (ESA). Un clin d’œil de l’espace pour souligner l’urgence de la démarche, alors que les convulsions des crises économiques et sociales du monde se font aujourd’hui tellement douloureuses!

Herman Van Rompuy lui-même a pris la parole devant Sa Majesté le Roi Philippe et la Reine Mathilde pour réitérer les principes d’une paix durable auxquels il n’a jamais cessé de souscrire durant sa Présidence européenne depuis 5 ans. L’Union Européenne n’a-t-elle pas reçu un très bel encouragement avec le Prix Nobel de la Paix 2012 « pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe», les pays membres renonçant sincèrement à leurs hostilités passées. Profitons pour rappeler haut et fort que la cheville ouvrière de la paix, c’est avant tout l’Art et la Culture.

L’œuvre maîtresse de ce concert est le "Dies Illa" de Krzysztof Penderecki - en première mondiale et joué en présence du compositeur. Elle a été choisie pour symboliser haut et fort le message d’ESPOIR collectif de « 1000 Voices for Peace ». Cet espoir est indispensable si nous entendons bâtir la paix et œuvrer à un savoir-vivre ensemble pacifique. L’art n’est-il pas un rempart contre la guerre et la violence?  Penderecki dédie son œuvre à toutes les victimes de la Première Guerre mondiale. Il souligne que cette musique inhabituelle et fantastique a un pied dans la musique classique et un autre dans la musique contemporaine. « La voix humaine est sollicitée d’une manière très particulière. Cela va des sonorités écrasantes et massives aux murmures à peine audibles, au brouhaha, aux bavardages… » Des instruments tels que tuba phone, glockenspiel, xylophone, vibraphone, cloche tubulaire complétaient les pupitres habituels de l’orchestre. Dans l’enceinte de cette basilique, pleine à craquer, qui pourtant est réputée pour une acoustique très médiocre, le résultat phonique était hallucinant. Pour qui eu la chance ce vivre cet événement exceptionnel... le souvenir ne s'effacera pas de si tôt et en se promenant sur les ondes radiophoniques  flamandes le  mardi 11 novembre dans la soirée, on aura revécu cet immense événement avec le même bouleversement. 
 
 

La direction musicale (choeurs et orchestre) revenait au violoniste estonien Andres Mustonen. L’Orchestre, le Brussels Philharmonic, occupait la croisée surélevée de la Basilique, les groupes de chanteurs disposés jusqu’au fond du Chœur et apparaissant en finale aussi à tous les balcons des étages. Le tout épicé par les articulations caméras gourmandes des chaînes de télévision, ce spectacle inédit avait quelque chose d’extra-terrestre. Savants jeux de lumière, solennité et fracas symbolisant la paix et la guerre, le spectateur est ressorti de cette expérience inoubliable, totalement abasourdi par l’ampleur et la qualité de l’entreprise. On a remis les pieds sur terre en rencontrant la très charmante musicienne et musicologue Cindy Castillo qui tenait les orgues! Les différents participants ont tous répété chez eux avant de participer aux deux seules répétions générales qui ont eu lieu la semaine dernière, nous a confirmé Michel Jakobiec chef de l’ensemble vocal du Conservatoire de Tournai.


 
 
Solistes: Agnieszka Rehlis, Johanna Rusanen, Nikolay Didenko
Actrice: Isnelle Da Silveira
Organiste: Cindy Castillo
Violoncelliste: Luc Tooten
Recorder solist: Felix Casaer
Étudiante Colom: Clélia Twagirayesu
Présentateur: Laurent Graulus

LE PROGRAMME:


Tan Dun, Hero Concerto, VIII “Sorrow in the Desert”
Ola Gjeilo, Sunrise Mass III “The City”

Hymne Catalan, El cant dell Ocells
Sofie Gubaidulina, The rider on the white horse

Andre Devaere, Preludium en fugue, preludium
Krzysztof Penderecki, Dies Illa pour 3 solistes, 3 chorales mixte et orchestre.
Une commande du Festival de Flandre Bruxelles, avec le soutien de l’Institut Polonais à Bruxelles (service culturel de l’ambassade de la République de Pologne à Bruxelles).


LES  39 CHORALES:
Chœur de l’Université Gand, Chœur féminin Makeblijde (Zele), In Dulci Jubilo (Saint-Nicolas), Chœur de chambre Furiant (Gent), Ensemble vocal féminin Arabesk (Gand), Con Cuore (Waregem), Chœur de chambre yprois (Ypres), Cantores (Bruges), Chorale universitaire de Louvain (Leuven), Chœur de chambre Octopus (Anvers), Chœur de jeunes Villanella (Laakdal), Helicon (Lierre), Chorale Don Bosco (Hoboken), Chœur de la cathédrale de Hasselt, Ensemble Mantelius (Kuringen), Amabile (Neerpelt), Sing-in BOZAR (Bruxelles), Colom (Chœur d’Athénée Royal de Koekelberg), Café Latte (Chœur VUB), La Villanelle (Waterloo), Ensemble vocal du Conservatoire de Tournai (Tournai).


Brighton Secondary School Vocal Ensemble (Australie), Hart House Chorus (Canada), Treenighedskirkens Drengekor (Danemark), Junges Vokalensemble Hannover (Allemagne), Voces Musicales (Estonie), BA Voice Choir and Dance, University of Limerick (Irlande), Zvjezdice (Croatie), Choeur féminin BALTA (Lettonie), Suanplu Chorus (Thaïlande), Lautitia (Hongrie), Amadeus Chamber Choir (Malte), Medici Cantantes (Pologne), Canzona Neosolium (Slovaquie), Chœur d’étudiants d’Amsterdam (Pays Bas), Senior Chamber Choir of Hereford Cathedral School(UK), Lycée Aline Mayrisch Choir (Luxembourg) Nagaland Singing Ambassadors (Inde).

http://www.ganshorenmonvillage.org/
http://www.brusselsphilharmonic.be/orkest/over-het-orkest/
http://www.1000voices.be/nl/de-artiesten/

Pour réécouter ce concert:

CANVAS: 11/11/2014 - 15:00 | 15/11/2014 - 14:00 |
16/11/2014: 13:45

KLARA: 11/11/2014 - 20/00

MUSIQ'3: 20/11/2014 - 19:00

- - - LES PHOTOS  utilisées dans cet article sont le crédit de  Sander Buyck  que nous prenons la peine de remercier très chaleureusement. - - -

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administrateur théâtres

Luisa Miller de Verdi

Avec Patrizia Ciofi, Gregory Kunde et Nicola Alaimo
Du 26 novembre au 7 décembre

l_m_12.jpg?width=420L’histoire est poignante et romantique à souhait: deux amoureux candides s’aiment passionnément dans le Tyrol du XVIIe siècle…. Ou sur le bord de la côte Amalfitaine, autour la deuxième guerre mondiale ?  Luisa refuse le parti que lui propose son père, un certain Wurm. Quand le comte Walter apprend  l’idylle que son fils Rodolfo entretient avec la jeune paysanne, alors qu’il le destinait à sa cousine, la duchesse Frederica, il fait enfermer Luisa et son père. Pour le libérer, la jeune fille accepte un odieux chantage qui lui fait écrire une lettre où elle renie son amour pour Rodolfo, avoue qu’elle ne le courtisait que par ambition et accepte l’horrible Wurm comme mari. Lorsque Rodolfo prend connaissance de la lettre, il est effondré. Le jour  de ses noces forcées avec la duchesse, il retrouve Luisa et la force à partager avec lui une coupe de poison...pour s’apercevoir ensuite que la  jeune fille est pure et innocente.

Au lever du rideau, un paysage lumineux aussi radieux que le cœur de la jeune Luisa s’offre au spectateur. Lorsque le plan incliné se replie, on se trouve enfermé dans les murailles d’un sombre château aux allures de cachot. Lorsque le paysage revient, des arbres gracieux vont et viennent jusqu’à ce que deux d’entre eux se retrouvent tristement abattus dans le dernier tableau.  La scénographie aérée et lumineuse, fait une très belle place aux âmes chantantes du chœur, au chant des solistes et à l’expression des corps. Le chœur est une sympathique foule de villageois et villageoises idéalisés, quatre jeunes enfants en tête, symbolisant la lumière et la vie, qui  inonde régulièrement  le plateau de bonheur musical. On les voit sans cesse se retirer avec effroi, hors champ pour échappe à l’arbitraire et à la méchante humeur des puissants. Marcel Seminara leur a donné des couleurs diaphanes, légères et aériennes.

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C’est  au chef d’orchestre Massimo Zanetti, que nous devons le souffle orchestral sublime de la soirée. Sa  direction musicale est extrêmement raffinée et sensible. Des rubatos gorgés d’émotion, d’une délicatesse inouïe, fusent de toutes parts,  que  soit de la part des instrumentistes ou de celle des chanteurs. De notre place, au premier balcon on pouvait suivre aisément sa gestuelle qui faisant de lui un véritable danseur sur le fil de l’âme de la musique. Il  jongle avec les rythmes, ménageant de profonds silences, faisant la part belle aux ensembles a capella et recueillant avec piété leur dernière note avant de la passer à un orchestre totalement complice.

l_m_04.jpg?width=420Cet opéra est construit sur plusieurs axes. Une histoire d’amours contrariées qui se termine de façon tragique, une analyse sans concessions  des sentiments paternels et filiaux, et un axe de critique politique et sociale en filigrane qui appelle à  la rébellion contre le despotisme et les oppresseurs. La reine du spectacle est évidemment Patrizia Ciofi, une soprano lyrique léger très convaincante. Un petit bout de femme bien frêle à côté de son imposant père incarné par l’attachant baryton Nicola Alaimo. Celui-ci est bouleversant dans les pressentiments tragiques qui l’assaillent. Patrizia Ciofi réussit à dégager une image d’innocence et de pureté de madone merveilleuse. De façon déchirante, elle sacrifie son amour pour sauver la vie de son père et se retrouve le conduisant comme une Antigone moderne au bras d’un  Œdipe aveuglé de larmes. Ils fuiront, l’aube venue, mais ensemble!  Mais ses derniers pas seront ceux qui la conduisent elle et son amoureux moribond vers le bonheur éternel de l’au-delà, sous le regard éploré du père. La voix n’est jamais forcée.  Une voix qui paraît presque avoir une vie propre, tantôt une onde de bonheur radieux, tantôt des vagues de chagrins indicibles. Elle lâche des constellations de vocalises et des cascades d’émotions à vif avec une fluidité extraordinaire. Parallèlement,  le jeu théâtral de la chanteuse est d’une richesse étonnante et d’une grande crédibilité dans la scène bouleversante où elle s’est laissée mourir de faim !

Les rôles masculins qui l’encadrent n’ont rien à lui envier. Rodolfo interprété par le très subtil Grégory Kunde, un remarquable ténor américain d’une très belle carrure, est une révélation de la soirée. Son sens aigu du drame et des climax de l’œuvre rend son interprétation passionnante, tantôt solaire, tantôt ténébreuse. Les très belles basses du Comte Walter (Luciano Montanaro) et  du perfide Wurm (Balint Melis) soulignent à merveilles la noirceur des machinations, de la haine et de la soif de pouvoir, cette peste universelle.

 

Retransmission sur Culturebox jeudi, 4 décembre 2014

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/luisa-miller

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administrateur théâtres

12273041288?profile=original Alas, the  SINGING BRUSSELS CELEBRATION WEEKEND is over !

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BOZAR   a donc démarré sa nouvelle saison en  C H A N S O  N S !  De  tous les coins de la Belgique, des groupes d’amateurs sont venus se produire pendant tout un week-end dans le dédale des lieux mythiques du palais des Beaux-Arts de Bruxelles les 12, 13 et 14 septembre derniers. Une palette impressionnante de styles: des chœurs professionnels dont la réputation n’est plus à faire, dont Voces 8 et The Tallis Scholars, mais aussi, et surtout, plus de 50 chœurs amateurs venus de  partout en Belgique.

 Entre les concerts, des musiciens professionnels  ont animé des ateliers de chant pour petits et grands.  Au programme,  Le projet Equinox sous la direction artistique de Maria Jao  Pires et le soutien de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, pour des enfants en situation difficile. Mais le clou de la participation des visiteurs, c’était le dimanche à 13 heures dans la grande Salle Henry Le Bœuf où  un des « Top of the Charts anglais » – les Voces 8 – dévoilaient à un public d’amateurs pendant une bonne heure les mécanismes de base de leurs compositions extraordinaires. Ils organisent d’ailleurs des semaines entières de stage sur le sol anglais! Si le cœur vous en dit…  Après une demie heure d’échauffement et d’exercices variés et ludiques  toute  l’assemblée chantait  « Skyfall » (le dernier James Bond) avec la soliste. Une expérience inoubliable!

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La vénérable institution des Beaux-Arts de Bruxelles a donc secoué les esprits et les c(h)œurs…A tous les étages et dans tous les recoins, malgré les travaux en cours, pendant trois jours,  c’était un joyeux festival qui avait encore des airs d’été alors que c’est bel et bien la rentrée ! Parmi les joyaux de ces vendanges d’automne en dehors du splendide concert de Voces 8 donné le samedi soir devant une salle  Henri le Bœuf délirante de bonheur, citons le très sympathique ensemble de Namur ( Voix-ci Voix-là, Arianne Plangar)  qui a transformé le Hall Horta en salle bourdonnante de plaisir, chacun  fort tenté de muser des tubes de la musique française en même temps que les 80 choristes.  On ne peut bien sûr,  ni  citer  toutes les formations musicales, ni les avoir toutes écoutées !

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 Mais le dimanche après-midi, la salle Henry Le Boeuf était particulièrement fertile en crus musicaux de haute voltige, tous d'origine flamande. Tout d’abord, «  Just for Fun » un groupe de Malines noir blanc rouge,  dirigé de main de maître par Johan De Lombaert.  Après leur « Sweedish tune: ‘Balambam… douja la Bamba, badadua Wap…’ chanté a capella, suivaient de près, Duke Ellington, Pink Panther, I can’t get the melody out of my mind. Ils sont venus en train avec leur chef, Johan De Lombaert, “Tchou,tchouoû! Aussi «The Earthsong » de Michael Jackson pour faire plaisir aux choristes et aux spectateurs, dit-il.

12273043300?profile=originalPlace  ensuite à Musa Horti, un ensemble vocal de toute beauté qui vient d’éditer un superbe album « AUS DER TIEFE ». Fondé en 1989, leur point d’attache est l’abbaye du parc d’Heverlee. Ils portent le coquelicot des Flanders Fields à la boutonnière. Cet ensemble est constitué d’une trentaine de choristes très engagés. Le thème de leur album est « guerre et paix » et nous avons pu faire un parcours plus que lumineux avec eux en écoutant de nombreux extraits tels que « Wie liegt die stadt so wüst » de Rudolf Mauersberger , « Warum ist dans Licht gegeben dem Mühseligen » de Johannes Brahms, « How they so softly rest » de Healey Willan et « Lux aeterna » de Edwar Elgar.

 12273043683?profile=originalLe chœur mixte De Vedel  de Turnhout est d’un tout autre style… Sous la baguette d’Els Germonpré ils ont participé au Cobra’s Classic battle et ont reçu une distinction spéciale du jury, tout comme le Brussels Chamber Choir. C’est l’humour, la diversité  et le dynamisme qui président  décidément à leur programme. « Avond geluiden » sur un texte de Paul van Ostaaijen mais aussi un hilarant  « Old Mc Donald had a farm » et un pot-pourri « Name the tune » de Grayston Ives encore plus jubilatoire!

12273044665?profile=original12273045259?profile=originalLe Waelrant Kinder en Jeugdkoor terminera cette après-midi très éclectique. Il s’agit d’une formidable entreprise pédagogique qui rassemble 120 jeunes âgés de 8 à 25ans et qui ont remporté le Cobra’s Classic Battle avec à leur tête Marleen De Boo , une femme passionnée, formée à l'institut Lemmens.  Leur bastion est Borgerhout et  ils ouvrent leur enseignement aux enfants dès l’âge de 5 ans. Avec six chœurs,  des jeux de couleurs musicales, une belle variété des pupitres et des chorégraphies et des mouvements réglés au millimètre, leur représentation regorgeait d’inventivité et de musicalité, mêlant la culture flamande aux musiques du monde.  

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Haut les chœurs! De la musique classique et chansons de la Renaissance jusqu’aux Gospels, pop, jazz et musiques du monde, nous avons été émus de voir que notre capitale,  toutes les catégories d’âges et  de sensibilités confondues,   pouvait vibrer avec une telle intensité lors  de ce  premier Singing Brussels Celebration Weekend*. Les musiques du monde étaient aussi très présentes avec des chœurs marocains, turcs, africains, latino-américains... Cet événement unique et que l’on espère beaucoup voir se réitérer l’an prochain, nous rappelle  que la pratique du chant est la forme d’expression collective la plus ancienne et la plus universelle qu’il soit, mais surtout qu’elle est là pour enchanter tant le public que les choristes.

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« *BOZAR n’est pas seulement destiné à l’artiste professionnel, mais veut aussi accueillir les arts amateurs, synonymes d’engagement et d’énergie. L’art amateur représente un riche bouillon de culture et donne de l’oxygène au secteur professionnel. Et n’oublions pas que tous les grands musiciens ont commencé en tant qu’amateurs… » Paul Dujardin, CEO et directeur artistique du Palais des Beaux-Arts.

 Nous apprenons aujourd'hui qu'à l’occasion de sa rentrée académique, l’ULB honore deux personnalités belges, Paul Dujardin (directeur du Palais des Beaux-Arts) et Peter de Caluwe (directeur de la Monnaie) qui recevront les insignes de Docteur honoris causa, en hommage à leur action culturelle et aux institutions qu’ils dirigent. La séance académique se déroule le vendredi 19 septembre à 16h45 (Amphithéâtre Henri Lafontaine – campus Solbosch)

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Ulysse attaché au mât du navire, d'après l'Odyssée d'Homère. Vase à figures rouges de Vulci, Ve s. av. J.-C. British Museum, Londres (Ph. Coll. Archives Larbor)

Mais qu’est - ce qui déchaîne cet automne à Bruxelles des tempêtes de rires ou d'applaudissements ? Le dieu Eole ? Un vent de joie, d’humanité et d’esprit en tous cas.  Une production visuellement magnifique, mais ce n'est pas que cela!  Cela se passe au théâtre Royal du ParcThierry Debroux s’est décidé de présenter la chère Odyssée sans son Iliade,  un mythe qui a bercé nos parents, nos grands-parents et on l’espère fortement, les générations à venir. Il célèbre notre appartenance aux racines méditerranéennes, la liaison directe de notre langue au monde antique grec, avec sa pléthore de savants, philosophes et dramaturges qui ont tissé notre culture occidentale. On ne sait si l’objectif premier de Thierry Debroux fut de rafraîchir ces profondes racines, et de raviver l’intérêt des jeunes  pour la culture classique mais ce spectacle sera un fameux  atout pour qui  se mêle d’éducation humaniste.

12273041685?profile=originalUlysse (Laurent Bonnet) est un  personnage d’une attraction  fascinante. Etre complexe, c’est un homme vaillant, rusé, curieux de tout, capable de supporter mille épreuves, patient, endurant, doté d’une intelligence exceptionnelle. Pour peu on en tomberait soi-même amoureux, comme le fait  la merveilleuse Nausicaa, Pascaline Crêvecoeur,  à qui  Thierry Debroux a offert le rôle magnifique.  Mais Ulysse, c’est  surtout un homme qui refuse l’immortalité  promise par  la magicienne Circé (Babetida Sadjo) qui vit sur une île où le temps n’existe pas,  pour rentrer chez lui, trouver les siens  et assumer  pleinement sa condition humaine.  Cela lui permet de sortir grandi des épreuves, d’accepter courageusement sa finitude et d’assurer son libre-arbitre.

Thierry Debroux, responsable du texte et de la mise en scène,  brosse dès le début des tableaux hilarants et moqueurs de la condition divine. Le personnage d’Hermès, bouffon fulgurant aux magnifiques pieds ailés est un « sur mesures » créé de toutes pièces avec comme modèle le  comédien Othomane Moumen engagé dans les premiers, avec le splendide Eole (Yannick Vanhemelryk), sans doute. Ecrire le texte, ayant en tête les comédiens qui recevront les rôles est sans doute d’une  grande saveur pour l’auteur et  cela mène  à une réussite éblouissante, côté spectateurs. Le même « sur mesures » vaut pour l’inoubliable personnage  d’Athéna à la voix si  autoritaire (Karen De Paduwa) et vaut sans doute  pour bien d’autres membres de ce casting extraordinaire.

12273041660?profile=original Le jeu presque cinématographique d’Antinoos (Lotfi Yahya) et ses compagnons  met en lumière  la  brutalité et la décadence morale d’une  société privée de valeurs et de sagesse. Sandrine Laroche dans  le rôle de Pénélope est tout  en finesse, sensibilité,  bonté et tendre émotion.  Télémaque (Gabriel Almaer) est un jeune homme attachant, un personnage  très  bien campé  safe_image.php?d=AQA5FjZWriS6ouVc&w=470&h=246&url=http%3A%2F%2Fwww.theatreduparc.be%2Fuploads%2Fimages%2FGallery%2FODYSSEE%2FODYSSEE2.jpg&cfs=1&upscale=1&sx=0&sy=0&sw=800&sh=419&width=320...tout  comme l’imposante mère d’Ulysse, Anticlée qui  tremble de colère : « Sacrifier les bœufs, les moutons, les chèvres grasses, festoyer, boire follement le vin qui flamboie…épuiser cette maison… C’est donc ce que vous appelez le courage ? J’ai perdu un fils qui autrefois veillait sur vous, bienveillant comme un père. Est-ce votre façon de servir sa mémoire ? » (Jo Deseure)

 12273042473?profile=originalL’imaginaire bat son plein avec la conception du navire, avec  le personnage du cyclope (Ronald Beurms qui joue aussi Poséidon), un  gigantesque monstre à l’œil unique,  aux airs de robot qui se nourrit de chair humaine. Avec les sirènes, avec les pourceaux de  la belle Circé  en son palais tropical, avec le saisissant le séjour des morts, dans  la formidable tempête, dans les scènes de beuveries  et de complots des prétendants au palais d’Ithaque et dans  la bataille finale. Les astuces visuelles  et lumineuses sont cause  d’émerveillement en continu. La  scénographie, les masques,  les costumes, les  bijoux et maquillages font partie intégrante de la beauté visuelle qui captive le spectateur, et vont à l’essentiel. Les tableaux se tiennent les uns aux autres dans une grande harmonie, comme des fondus enchaînés  tandis que  le spectateur flotte au bord de ses propres rêves. 12273043055?profile=original12273039697?profile=original Mais le verbe veille: c’est un savant dosage de phrases tragiques, de poésie et d’humour débridés , d’affects à vif que l’on boit comme un philtre d’amour. « O mon aimé… tu sais combien de fois par jour je les répète ces mots… Mon aimé, mon aimé… Ton palais est pillé mais ta femme est intacte. O vous, dieux qui l’aviez soutenu lorsqu’il assiégeait Troie, je ne vous reproche pas son absence. Faites seulement, lorsqu’il abordera à nouveau ces rivages, faites qu’il me trouve belle encore…  et désirable. » Cela vibre de déclarations passionnées, cela pétille de parodies, cela miroite de joutes verbales et d’anachronismes: la vivacité, la vie… quoi !  Qui oserait jeter maintenant les Anciens aux orties après un tel spectacle? Thierry Debroux fait flèche de tout bois et transforme même Homère en rappeur méditerranéen, là il en fait peut-être un peu trop.    

12273040862?profile=originalEt revenons à Ulysse qui, loin d’apparaître comme un héros surnaturel, est homme sensible  et touchant avec ses faiblesses et ses pertes de mémoire. Il est émouvant, incapable de résister aux femmes  mais  surtout, comme tant d’autres, incapable de résister au péché d’orgueil. C’est le péché le plus grave chez les Anciens Grecs, celui qui génère invariablement  de  terribles catastrophes.  De leur côté, ses chers compagnons ne peuvent résister à la folle cupidité, une tentation peut-être encore plus délétère. Mais c’est en songeant douloureusement à sa patrie, à son épouse et à son fils qu’Ulysse se reconstruit. Une  patrie qu’il a ardemment souhaité retrouver mais qui  le plonge à son retour dans  une  nostalgie redoublée. Il ne peut supprimer la violence que par la violence. Il est terriblement humain.

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Deashelle Nomdeplume's photo. Crédit photos: Isabelle De Beir

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12273029281?profile=original12273030058?profile=original                             Surprise : grande réunion de famille à Lille le week-end dernier et plus de 15.000 visiteurs...

 

Quelle fête pour ses cent ans !  La  nouvelle édition du Lille pianos(s) festival fêtait ce  14 juin 2014 l’anniversaire d’une grande dame, Gisèle Casadesus, comédienne décorée  de prestigieuses  distinctions honorifiques qui, le matin  même du festival, recevait  la médaille d’or de la ville de Lille, capitale européenne en 2004. Elle est aussi la mère de quatre enfants. Son fils aîné est le chef d’Orchestre Jean-Claude Casadesus, nommé en 1976 directeur de l'Orchestre National de Lille (ONL) auquel il a consacré jusqu’à maintenant  l'essentiel de sa vie. 12273031692?profile=originalCette élégante dame a été suivie avec admiration à chaque étape du festival et  applaudie avec ferveur par une salle comble avec le bis offert par son fils - un vibrant Happy Birthday - lors du concert de 18 h le samedi 14 après la splendide et tragique interprétation par Abdel Rahman El Bacha de Gaspard de la nuit et  du  Concerto pour la main gauche de Ravel! Elle vient de publier ses souvenirs dans un livre intitulé « Cent ans c'est passé si vite ». « Revisitant les événements d’un siècle, des deux guerres mondiales aux nombreux bouleversements de société, cet abécédaire personnel raconte la comédie humaine et les coulisses de la scène, comme le destin d’une grande famille d’artistes. Sans jamais se départir d’un humour subtil, Gisèle Casadesus y dévoile son amour de la vie et de la famille, sa foi profonde et sa curiosité insatiable du monde. » Cheers!

 

Il faut rassurer les routards de la musique, la salle de concerts de l’Orchestre National de Lille, Le Nouveau Siècle, a ré-ouvert ses portes début janvier 2013, ayant été  intégralement rénovée afin d’offrir à son public une acoustique d’excellence internationale et une réverbération de qualité exceptionnelle.

 L’Orchestre national de Lille proposait cette année en commémoration de la Première Guerre Mondiale, un festival développant le thème de la "musique et guerre(s)". C’était l’occasion pour les visiteurs  d’aller écouter des œuvres  de compositeurs marqués par la guerre. Ainsi plusieurs concertos  écrits pour la main gauche pour le mécène Paul Wittgenstein, pianiste autrichien qui perdit son bras droit lors de la Première Guerre, ont été joués de manière particulièrement bouleversante. En plus du concerto pour la main gauche de Ravel, nous avons entendu deux œuvres fortes et expressives, les lumineuses  « Diversions » de Benjamin Britten  lors du concert d’ouverture et  celui de  l’américain Korngold lors du concert de clôture sous les doigts de Nicolas Stavy, chaque fois  sous la direction éclairée du très fédérateur chef américain Paul Polivnick. Le Concerto pour piano de Viktor Ullmann (mort gazé le 18 octobre 1944 à Auschwitz-Birkenau) joué  par une sulfureuse Nathalia Romanenko « con fuoco » 12273030858?profile=originalet l'opéra pour enfants Brundibar de Hans Krasa  ont rejoint comme bien d'autre pièces évoquant le même thème tragique. 

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Et tout au long du festival des œuvres phares du répertoire pianistique de Debussy, Prokofiev, Rachmaninov, Chopin, Beethoven, Bach... soulignent bien  la diversité du répertoire pianistique  programmé lors de ce festival.  Plus de 60 artistes dont 45 pianistes dans 13 lieux ces 13, 14 et 15 juin 2014 ont donc enthousiasmé un public  conquis qui eut bien du mal à choisir entre les pianos, concertos et artistes de renom comme Abdel Rahman El Bacha, on ne présente plus.   Entre autres : Marie Vermeulin jouait Aaron Copland et Olivier Messiaen, Jean-Philippe Collard Chopin, Florent Boffard combinait les grammaires musicales de Bach et Schönberg et l’ardent François-Frédéric Guy revisitait Le Livre 2 des  Préludes de Debussy et la Sonate opus 111 de  Beethoven.

On gardera du  magnifique récital de ce Frédéric Guy le souvenir phosphorescent de ses fées, d’Ondine fragile et exaltée et de  son feu d’artifice  ainsi que celui de son regard transfiguré par l’émotion et concentré à l’extrême dans la sonate de Beethoven avec des jeux de clairs obscurs extraordinaires d’humilité. Voilà un homme qui construit des digues pour cultiver la musique. Chaque note semble être recueillie comme une eau précieuse, avec une reconnaissance infinie, comme si derrière il y avait une présence infinie. Le temps et ralenti et savouré, la salle est complètement absorbée et entraînée dans l’amplification progressive du dernier mouvement.  

 

Dans un tout autre registre, très ludique et populaire, voici un festival d’improvisation  et un  pari réussi pour l’aventure de la Battle musique sans battle-dress en 12 rounds  des pianistes Auxane Cartigny et Simon Fache où des milliers d’internautes commentaient en direct le concert à coup de tweets.  Amusez-vous : on peut revoir la performance en streaming sur www.onlille-playagain.org. 

 

Un parcours trop rapide  de découverte du Vieux Lille nous  a menés le  samedi matin à notre premier rendez-vous dès 10 h avec le très intéressant récital commenté de Florent Boffard  au Conservatoire de Lille, 12273029856?profile=original 12273029483?profile=originalenchaîné aussitôt après avec « les sonates de guerre » du pianiste ukrainien,  Igor

Tchetuev au  Théâtre du Nord.  Ce dernier nous a interprété la Sonate n°12 « Marche

funèbre » de  Beethoven, la Barcarolle en fa dièse majeur de  Chopin et la Sonate n°9 de 

Prokofiev que l’on dirait du cru du pianiste tant elle est convainquante et richement élaborée.  Là

aussi l’émotion  est forte et la qualité musicale hors pair au rendez-vous. 12273030083?profile=original

Sandwich en main, les mélophiles se seront précipités à partir de midi pour entendre les cartes blanches de jeunes pianistes à la gare Saint-Sauveur à moins qu’ils n’aient préféré les Archives Départementales inaugurées la veille.  Au Nouveau Siècle,  c’est le  spectacle jeune public (Brundibar) qui a battu son plein dans l’auditorium après la  très émouvante conférence sur  «  La musique contre la barbarie » de  Marek Halter à la salle Québec consacrée à Terezin le  camp "modèle" organisé par les nazis afin de tromper les observateurs de la croix Rouge et dont les occupants furent envoyés à Auschwitz  à l’arrivée des gardes rouges. 12273030458?profile=original On se souvient tout à coup avec effroi de la pièce de l’auteur espagnol Juan Mayorga  Himmelweg ou le chemin du ciel, du nom que l'on donnait aux rampes menant des trains aux fours crématoires. Marek Halter  est l’auteur de « La mémoire d’Abraham » (Laffont) un livre qui retrace l’histoire de sa famille et celle d’un peuple débutant en l’an 70 jusqu’à nos jours… Il n’a pas manqué d’évoquer lors de sa conférence le récent massacre du Musée Juif à Bruxelles.

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Le dimanche matin a rassemblé une foule heureuse de parents et d’enfants amoureux de Pierre et le loup, un Prokofiev  revisité par The Amazing Keystone Big Band avec  Denis

Podalydès et Leslie Menu, les récitants enjoués. 12273029701?profile=original

...Imaginez l’oiseau en flûte traversière et trompette avec sourdine, le canard en saxo-soprano, le chat en saxo ténor, le grand-père en saxo baryton, le loup en trombones et tuba. Pierre est à la fois claviers, basse et guitare et les chasseurs,  l’orchestre Big Band. Ah on oubliait les fusils, la batterie bien sûr ! Orchestre et public scandent régulièrement avec les mains. Atmosphère de liesse.  C’est brillant, chaleureux, pulpeux et triomphant. Le canard encore vivant dans le ventre du loup glousse dans une lumière jaune citron. Et la foule quitte le grand auditorium à regret.  12273030690?profile=original

 

 Après la performance de François-Frédéric Guy  en tout début d’après-midi, à l’heure de la sieste dominicale, c’est la vibrante passion incantatoire du pianiste français originaire de La Martinique Wilhem Latchoumia qui a réveillé les esprits dans la salle Québec.12273030285?profile=original Son programme  caressant et drôle consacré à Debussy, Monpou, Satie et De Falla a subjugué les auditeurs. Souplesse et générosité. Des doigts impressionnants d’élasticité et de puissance. Un géant qui tour à tour titille les touches d’ivoire suggérant des traces ondoyantes de lumière ou leur livre une implacable bataille de frappe décidée. Le De Falla est une pièce pleine de blessures vives que le pianiste s’empresse de panser. Il joue à l’urgentiste et réveillerait des morts puis propose comme bis « La poupée de biscuit » rythmée et changeante de Villa Lobos.   On le retrouvera bientôt à Bruxelles lors du festival Musiq 3 où il a concocté un programme empreint de spiritualité avec Liszt, Bartók et Ligeti (Flagey, Studio 1 vendredi 27-06, 22h).

Soulignons ici la remarquable organisation sans fausses notes  de ce festival qui ne devient jamais un marathon épuisant mais une partie de plaisir aérée, où l’on a le temps d’applaudir et d’ovationner les artistes qui prennent le temps d’offrir de beaux bis très appréciés. On ne vit pas sous la crainte de se voir refuser l’entrée au concert suivant… Un livret-programme très détaillé et facile à consulter et le déroulement logistique impeccable du festival  –  as smooth as silk – contribuent au bonheur des visiteurs.  

 Le récital de Cyprien Katsaris dans le grand auditorium  a été un autre point fort du festival par son originalité et sa densité. Au cours de son voyage insolite dans le temps, il allie le brio pianistique à l’élégance et au souci de la transmission.  Lui aussi bientôt à Bruxelles…. Son coup d’envoi est une série de thèmes classiques dans la tradition de l’improvisation chère à Liszt ou à Chopin dans les concerts de salon.  Pour suivre : le Klavierstück n°2 de Schubert, l’une de ses pièces favorites. On balance entre nostalgie et vie vécue en accéléré… pour se retrouver à Thalès, dans l’antiquité grecque devant l’épitaphe de Dame Euterpe où se trouve gravée la plus ancienne mélodie occidentale … qu’il relie au premier prélude de JS Bach. L’être est musique rappelle-t-il, et la musique est une multiplicité d’inspirations de la Muse. Il la relie à la théorie des pythagoriciens qui considèrent que chaque corps céleste émet un son et l’ensemble constitue l’harmonie des sphères. Nous voilà projetés dans l’univers. La sublime berceuse de Chopin jouée peu avant sa mort est relayée par une pièce de Max Reger « Träume am Kamin » constituée elle aussi d’une basse obstinée et d’arabesques à la main droite d’une rare sérénité pour le contexte guerrier de l’époque… « Lament » de Frank Bridge complète l’image de l’impuissance civile en temps de guerre… Il s’agit d’une pièce dédiée à une petite fille, Catherine, qui voyageait sur le Lusitania torpillé  le 7 mai 1915… Poignant dans sa simplicité!  Puis voici St-Saëns avec « La Française » et  le prélude n°12 de Vierne : « Seul ». La finale de ce magnifique récital où chacun se trouve engagé dans un climat d’écoute attentive est son arrangement remarquable pour piano seul du dernier mouvement de l’Empereur de Beethoven. C’est un message d’optimisme qui transparaît, celui-ci peut sauver le monde. Il faut cueillir les petits bonheurs et les moments de grâce où l’harmonie existe et vibre, appelant l’homme à retrouver le divin en lui.

12273032293?profile=originalLa soirée de clôture voit Le Nouveau Siècle bondé,  pour se laisser guider une fois encore par  Paul Polvnick  pour découvrir  le robuste Concerto pour piano de Korngold  avec un

Nicolas Stavy passionnel et héroïque, ahurissant de bravoure 12273033866?profile=original...et vivre la magie du  Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov sous les doigts très inspirés

d’Andrei Korobeinikov au piano  avec  à nouveau   le mythique démiurge Jean-Claude

Casadesus à la direction. Cohésion, élégance, raffinement, précision. Et de toutes parts :  une  générosité parfaite pour célébrer le  langage commun à tous les peuples. 

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Un concert tout simplement  fabuleux, dans l’écrin de la salle Argentine du Château du Lac, sous les auspices du 16ème festival de Musica Mundi. Tout avait commencé cette année avec Boris Giltburg premier prix du Concours Reine Élisabeth 2013  (26/7),  puis Maxim Vengerov et Itamar Golan (19/7), ensuite  le Quatuor Szymanowski (22/7) et le Stotijn Trio (23/7) et encore le pianiste Alexander Gavrylyuk (27/7)  lors du  concert de clôture de cette prestigieuse Académie. Pour rien au monde on n’aurait voulu manquer une telle rencontre avec la fine fleur musicale rassemblée chaque année sous la houlette de Hagit Kerbel pendant le stage d’été de Musica Mundi.  Pas moins de 69 jeunes talents de 9 à 18 ans,  venant  d’une trentaine de pays et  d’origines sociales très diverses, se sont produits ce soir-là dans une merveilleuse communion d’esprit, partageant avec effusion leur idéal de beauté et de paix au terme de deux semaines de travail assidu avec les plus grands artistes en résidence.

 10482247_10201985311866703_5985189978314873960_n.jpg?width=335Avant de les accueillir pour le stage, Hagit et Léonid  Kerbel ont  dû procéder à une sélection des  stagiaires - tâche parfois très difficile - sur base de plus de 250 vidéos reçues.  Ces jeunes  ont reçu ensuite le programme à préparer avant leur arrivée en Belgique puis ont travaillé sans relâche  pour aboutir à  cette soirée fabuleuse, sans aucun autre équivalent.  La plupart boursiers, ces jeunes très prometteurs ont été  logés à l’hôtel Lido à titre gracieux. En effet John Martin est depuis le début très impliqué dans le projet, comme tant d’autres aimables  mécènes. On parle aussi de faire aboutir un autre rêve : la création d’une école primaire et secondaire internationale centrée sur l’apprentissage de la musique…  Quelle leçon d’humanité  en ces temps troublés de l’année 2014!

 Un cadran de douze fleurons de la musique classique, a choyé nos oreilles. Comme douze heures précieuses égrenées dès 19 heures et jusqu’aux aux alentours de minuit. Le programme éclectique  balançait entre les concerts de rêve: Astor Piazzolla (1921 -1992), extraits des  «Quatre Saisons de Buenos Aires» ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Concerto en si bémol majeur pour harpe et orchestre HWV 294 ; Antonio Vivaldi (1678-1741), Concerto RV531 en sol mineur pour deux violoncelles et orchestre ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756 -1791), Concertone en ut majeur, K.190/186E pour 2 violons et orchestre ; Astor Piazzolla (1921 -1992), Histoire du Tango (Night Club), arrangement pour ensemble de clarinettes ; Johannes Brahms (1833-1897), Scherzo de la FAE Sonata ; David Popper (1843-1913), Requiem, op.66 pour 3 violoncelles et orchestre ;  Aram Ilitch Khatchatourian (1903-1978), Adagio du ballet Spartacus (Suite n ° 2) ; Max Bruch (1838 -1920), Concerto pour deux pianos et orchestre, op. 88a ; Claude Debussy (1862-1918), Rhapsodie pour saxophone alto et orchestre L. 98 ; George Gershwin (1898 -1937), Rhapsody in Blue ; and  last but not least : Alexandre Borodine (1833-1887), Les Danses polovtsiennes de l’Opéra Prince Igor! Jamais sur une soirée il nous a été donné de faire une telle promenade musicale, dans le temps et dans l’espace sans se déplacer et restant assis sur une chaise dorée!

Plusieurs jours après cette soirée hors du commun on se souvient encore. On se souvient de Catherine Michel, une des meilleurs harpistes du monde qui avec Léonid Kerbel à la baguette effeuillait l’or d’Haendel.  On se souvient de Richard (Allemagne), Yan et Mariamma, tout juste 12 ans baignant dans le bonheur de se produire devant un public conquis par Vivaldi.

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Les 15 ans ne sont pas en reste.Le  prodigieux Natan (Israël) et l’exquise Roberta (Allemagne) pour qui la précision et la pureté de sons mozartiens n’ont plus de secrets, échangent des sourires ravis puisés au cœur de l’émotion musicale. Avec la  pianiste Maria Tarasewicz (Pologne/ Ukraine) qui  joue les berceuses voici une trilogie de bonheur musical applaudie avec fracas. Les violons font éclore leurs rêves dans un monde mû par l’harmonie, malgré la grande complexité de motifs. C’est le mariage réussi de l’intellect et du cœur.

L’ensemble  de clarinettes est saisissant de beauté. Jorge Levin emmène Nicolas, Pongwisit, Alina, Iseliana, Kevin et Carmen dans une chevauchée brillante et il y a le sourire joyeux de la jeune musicienne  en robe de soie bleu ciel, signée Vélasquez ?

  10361493_785036248202146_3548698796733681223_n.jpg?oh=bcb10a62f905f4398f75447043edcc55&oe=544B1C25&width=480Il y a une résidente fidèle du stage, Kristina Georgieva (Bulgarie 13 ans), chaque fois ovationnée par le public, cette fois en duo avec Alexander Zakharov au violon (Russie, 14 ans). Qui ne serait transporté par leur supplément d’âme qui plonge au cœur de l’identité slave ? Elle joue les yeux fermés, tout à tour avec l’énergie d’un geyser musical et la flamboyance du plus pur romantisme. Le jeune homme qui l’accompagne assure avec la plus grande maîtrise.

 Le Requiem de Popper est un bain de douceur. Micha, Liav et Thapelo sont au diapason et tous les trois portés par un souffle puissant. Thapelo étire des soupirs qui vous plongent dans un océan de compassion pour le monde… Liav et Micha ajoutent dans leur interprétation le lien joyeux qui les unit dans une amitié palpable. L’unisson vibrant de la fin lent à souhait débouche  sur un véritable état de grâce.

La deuxième partie de la soirée est encore plus extraordinaire. On a demandé de ne pas applaudir les huit pianistes extraordinaires  qui se relayent  entre les quatre  mouvements du concerto de Max Bruch pour deux pianos. Un nouveau duo pour chaque mouvement!

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Le plateau déborde de musiciens. On y a ajouté cette année la participation de 21 étudiants du Royal College of Music de Londres : vents et cuivres. Le feu d’artifice musical couve et s’enfle avec les deux rhapsodies. Celle  de Debussy avec le jeune saxophoniste Matvey Sherling (Russie, 14 ans), un musicien exceptionnel et celle de Gershwin avec - Alexandre Gravrylyuk au clavier – un artiste hautement renommé dont on vante la virtuosité confondante, la profonde musicalité, l’intuition, l’intelligence et la finesse aristocratique. Le bouquet explose littéralement avec Les danses Polovstiennes de Borodine sous une pluie  de paillettes, d’applaudissements et de vivats qui inonde la salle Argentine. Hagit Kerbel - she is the glamourous  master of ceremony - et Leonid son mari, l’infatigable Maestro, ami et professeur, sont  sûrement, tout comme le public,  transportés de  bonheur.

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Footnote : "Not many things in this world can unite people – no form of diplomacy could ever do that.  I think that music comes the furthest in revealing that perhaps on a deeper level we are all quite similar: when the audience reacts in one wave of emotion that to me is the most incredible and inspiring thing." Alexander Gavrylyuk

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http://www.musicamundi.org/fr/concerts.htm

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1920px-Spb_06-2012_English_Embankment_01.jpgAtmosphère vraiment magique  à Saint-Pétersbourg, la métropole la plus septentrionale au monde. Chaque année de fin mai à début juillet, la nuit ne tombe jamais totalement sur l'ancienne capitale des tsars. Pendant tout le mois, des concerts et des spectacles illuminent les nuits de la ville de Pierre le Grand. Les nuits blanches culminent au moment du solstice d'été le 21 juin, lorsque le soleil à minuit ne descend que de 6° sous l’horizon. Le festival des Nuits blanches est l’occasion pour le théâtre Mariinsky de donner chaque jour des concerts différents et parfois, à toute heure du « jour ».  Depuis 1993, Valery Gergiev,  le directeur du théâtre est aussi le directeur artistique de l’International Stars of the White Nights, festival  annuel  de Saint-Petersbourg.

 1280px-%D0%92%D1%85%D0%BE%D0%B4_%D0%B2_%D0%9B%D0%B5%D1%82%D0%BD%D0%B8%D0%B9_%D1%81%D0%B0%D0%B4.jpgLors d’un voyage culturel Clio, nous avons eu le privilège d’assister le 17 juillet dernier à la production du Prince Igor de Borodine, l'auteur de l'opéra Le Prince Igor et de ses célèbres Danses polovtsiennes. Une salle comble, dont le public principalement pétersbourgeois  a été séduit dès le lever de rideau. Voici des  chanteurs généreux, dont la qualité d'artistes réside pour chacun d’eux  en leur capacité magique d'émouvoir et de toucher, sans parler de la qualité technique parfaite des interprétations.

Une distribution brillante avec dans le rôle du prince Igor  le baryton Nikolai Putilin, la star du théâtre  qui tourne régulièrement avec la Compagnie d'opéra Mariinsky et indépendamment  en Allemagne, France, Espagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Finlande, Grande-Bretagne, Japon, les Etats-Unis… et  bien d’autres ! Il  s’est produit  au Metropolitan Opera et au Lyric Opera de Chicago, au  Royal Opera House, Covent Garden, à la  Scala… enregistrant The Queen of Spades, Sadko, Iolanta, La forza del destino, Mazepa, Prince Igor et Boris Godounov avec le Mariinsky Opera Company sous le label Philips Classics et NHK. 

La soprano Irina Vasilieva, tout aussi légendaire, est elle aussi à la tête d’une impressionnante liste de rôles lyriques et interprétait l’exquise Yaroslavna, la femme du Prince Igor, abandonnée au palais pendant que celui-ci s’en va combattre les Polovstviens, nomades d'Asie centrale en 1185. Elle joue le rôle des pénélopes à merveille, avec une fermeté de sentiments admirable. On a devant soi une icône musicale rayonnante. Sa lamentation, accompagnée de sa suivante  sur les les remparts déserts,  est bouleversante!

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   Mais parlons du décor ! Pour le spectateur occidental il semblera à première vue d’une lourdeur presque …mérovingienne, l’an 800 chez nous !  Mais si on a suivi quelque peu l’histoire des villes Rus’ au 12e siècle, les tableaux successifs sont très  justement évoqués : Une place dans l'ancienne ville russe de Putivl, une soirée dans  le  camp Polovtsien, les murs de la ville de Putivl, une salle du palais avec le prince usurpateur Vladimir Galitsky et ses acolytes, la  chambre de Yaroslavna…   Ils rejoignent  même le décor imaginé pour cette légende épique (poème épique médiéval Le Dit de la campagne d'Igor) par Bilibin  en 1930.

 

Quant aux costumes, on est  hypnotisé par leur splendeur, leur nombre et leur richesse. Du jamais vu, en Europe Occidentale. Des manteaux d’apparat, des coiffes, des brocarts, des bijoux,  des armures, des étendards, des chevaux vivants  qui traversent la scène, des ballets de guerriers russes et d’esclaves orientales. Celui qui n’aimerait pas la musique est comblé visuellement, c’est du grand art de mise en scène et une  chorégraphie grand spectacle. Les accents contrastés de douleur et d’amour  de l'âme slave  sont  déployés avec émotion et panache par l’Orchestre et des Chœurs sublimes.

On garde aussi à l’esprit le magnifique duo passionné de Stanislav Leontiev jouant  Vladimir (le jeune fils d’Igor) épris de  Konchakovna (Zlata Bulycheva),  la fille du Khan  Konchak, l’ennemi juré au cœur immense,  et l’aria fabuleux de celui-ci à l’acte 2. Une basse impressionnante par sa clarté, la puissance et la résonance de sa voix, interprétée avec effusion par un Askar Abdrazakov  inondé ensuite  de bravos et d’applaudissements.

 

1.1297000967.1_mariinsky-theatre-st-petersburg.jpg?width=450Il faut dire que l’acoustique de ce splendide théâtre qu’est le Mariinsky contribue grandement à l’émotion musicale. Le premier pas dans le parterre restera gravé dans nos mémoires. Le décor d'un luxe inouï commandé par la grande Catherine II de Russie nous a immédiatement projetés dans  l’époque fastueuse où Borodine créait son opéra. Hélas il mourut avant  que celui-ci  ne  fût achevé et  représenté dans ce théâtre mythique de pur style Rococo en 1790, trois ans après sa mort. La version représentée en ce mois de juillet 2014 s’est limitée aux  deux  premiers actes de la partition de Borodine,  pourtant complétée pour sa finition, son édition et orchestration  par ses amis Rimski-Korsakov et Glazounov… Et il faut l’avouer, nous avons été un peu pris de court par la fin abrupte de l’œuvre inachevée…où le prince Igor surgit d’on ne sait  où et se joint discrètement au chœur final. Nous avons en effet  pu entendre récemment une autre version de l’œuvre reconstruite dans son entièreté après un long  travail musicologique au  MET  de New York, une production diffusée mondialement.

En revanche, malgré la surprise de la fin,  l’orchestre est d’une vitalité légendaire. Il est dirigé par Pavel Smelkov incarnant lui-même un océan bouillonnant de souffle épique, mêlant lyrisme, humour et valeurs nobles aux accents rutilants de l’interprétation. Le talent et l’enthousiasme volcanique du chef d’orchestre  ont su provoquer chez le public une joie intense, née du  bonheur évident du partage de la musique qui ne connait pas de frontières. 

 

http://www.mariinsky.ru/en/playbill/playbill/2014/7/17/1_1900/

 

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Festival Musiq 3 2014: « Reed Quintet Calefax »

12273027681?profile=originalAmazing « Reed Quintet Calefax » Qualified!

Dès quatre ans, les enfants ont adoré le concert mimé du « Reed Quintet Calefax », un ensemble Hollandais qui parcourt le monde, présenté  le samedi matin  du Festival Musiq 3 2014.  Un joyeux téléscopage du public et des artistes s’est produit tout de suite après leur fabuleux spectacle en bord de scène,  pour saisir au plus vite  le CD* à 10 euros qui avait capté des vestiges musicaux  de leur immense magie scénique.

En effet la mise en scène est tout de suite évocatrice. Le Studio 4 a été  transformé en usine à musique lestée de 5 souffleurs de son et d’imaginaire en blouses grises. Les consciencieux ouvriers  siffloteurs fabriquent des instruments insolites : jumelles, périscopes ou télescopes? Le chef de la « Music Factory » reçoit un pneumatique (évidemment) et décrit la fabrication du dernier gadget en la mimant à ses acolytes installés à la chaîne de montage. Bang-bangs  et percussions musicales au passage, leur travail parfaitement coordonné est  déjà une vraie partition musicale. Comme il se doit, lorsque la sirène de midi se déclenche, tout s’arrête pour le déjeuner tartines. Ensuite ? « Music while you work » sans doute  mais les disputes mesquines éclatent.  Diversion : chacun se met à souffler dans les  tubes… pour rire et soudainement, tout s’adoucit. Place à l’harmonie, le miracle de la musique opère.  Et on voit bientôt  sur scène la naissance, minute par minute, de véritables  instruments de musique. Les habits d’ouvriers sont jetés prestement. Voilà les complices transfigurés par la musique qui se muent en un genre nouveau : le Quintette de bois.  Pour le coup d’œil, les  cinq  artistes  accomplis sont même déguisés en notes musicales ! La magie des métamorphoses, un régal pour les enfants. Mais une querelle pour le pouvoir intervient… Après tout, ce ne sont que des hommes quand même, pas des anges ! D’un commun accord, on vire celui qui  voulait jouer à l’important. En musique, pas de dictature, on fait les choses ensemble! Non ?  Comme  la construction de cette tour de Babel musicale… entendez : un instrument démesuré et ahurissant dont la sonorité est surréaliste et pour lequel on devrait chausser des échasses !

Les enfants gloussent de plaisir. Ils ont recueilli en passant plein de bijoux musicaux à accrocher à  leurs jeunes oreilles. Du Bach, du Mozart, du Debussy, du Rameau… L’ensemble « Reed Quintet Calefax » fait feu de tout bois. Ils sont d’une telle inventivité et distillent un humour si pétillant que l’on sent flotter une tension joyeuse dans toute la salle. Ils transforment les enchevêtrements complexes des mains sur clavier en bulles transparentes de souffles savoureux.  Les enfants sont émerveillés par les jongleries musicales. Etonnés qu’ils comprennent autant de choses de l’histoire  contée sans la moindre parole.  Musiques et rires  jaillissent  dans le studio 4 et on garde un souvenir ébloui de toute cette musique brillamment menée et mimée, jouée avec tant de  souplesse, dans des tubes totalement farceurs. Qui peut dire après une séance d’une telle créativité  que la musique classique est  vieux jeu? Calefax-05.jpg?width=351Olivier Boekhoorn est au haubois, Ivar Berix à la clarinette, Raaf Hekkema aux saxos, Jelte Althuis à la clarinette basse, et Alban Wesly au basson. Quod erat demonstrandum!

  • * 1. To work! /Mozart: Allegro, KV 375, 2. Giving instructions, 3. Tube blowing/ Beethoven: Romance, 4. Giving more instructions, 5. Blowing down telescopes/ Byrd: Agnus Dei, 6. Building the instruments/ Wesly: Assemble,7. The concert outfits are revealed/Hindemith: Interludium, 8. Jelte has a mind of his own Jelte/Debussy: Jimbo’s lullaby, 9. Undressing Jelte/Prokofiev: Feroce, 10. Snatching the lead / Prokofiev: Ridicolosamente, 11. The giant clarinet/ Bach/Gounod: Ave Maria, 12. The photo shoot/Shostakovich: Fugue 5 from Fugue, op.87, 13. Raaf wants to be in the picture/Hindemith: Fugue 9, 14. Raaf excluded/Scarlatti: Sonata in f minor, 15. Raaf is serenading/Debussy: Syrinx, 16. The fight/ Bach: Goldberg variations, variation 1, 17. Teenie weenie saxophone /Mozart/Althuis: Altijd is kortjak, 18. Sorry /Rameau: Gavotte from Les Boréades, 19. Raaf is re-invited:Bach: Goldberg Variations, variation 19, 20. Rejoining the music /Bach: Goldberg Variations, variation 4, 21. All together/Mozart: Allegro, KV 375, 22. The CD burner/Ter Doest: Mars

http://www.flagey.be/en/calendar/2014/06/28

http://www.festivaldewallonie.be/2014/fr/Bruxelles/programme/8_-_For_Kids___Music_Factory/594/

http://www.bach-cantatas.com/Bio/Calefax.htm

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PhotoFestival Musiq 3 dimanche 29.06 - 11:00 - Studio 4

#24 Opera for kids: Brundibár

 

 

Un top ce matin  à 11 heures! le Studio 4 accueille une foule nombreuse de jeunes familles qui viennent écouter l’opéra pour enfants « Brundibar ». Créé en 1938 par le compositeur tchèque Hans Krasa pour survivre en temps de guerre et joué pour la première fois en 1943 dans le camp de concentration de Terezin, cette œuvre  célèbre le pouvoir de la musique comme outil de résistance  et chante les vertus de  la solidarité et de la générosité. Aninka et Pépicek, orphelins de père d'une famille pauvre, tentent de porter secours à leur mère malade en lui trouvant du lait. Ils s’aperçoivent que sans argent, jamais ils ne pourront se procurer le précieux aliment. Ils rêvent aussi de tous les délices dont ils sont privés !  L’imagination aidant, ils décident de chanter dans les rues de leur quartier pour trouver l'argent qui leur manque. Cependant, ils se voient bientôt menacés et chassés par Brundibar, un terrible musicien affublé d’un ridicule orgue de barbarie qui ne tolère en rien cette  innocente concurrence. Une discrète allusion au dictateur de l'Allemagne nazie.  Trois animaux magiques, Le Chien, le Chat et le Moineau, amis des deux malheureux, font appel aux enfants du voisinage. « Droit et justice nous allons défendre ! » Ils se rassemblent et renversent  le tyran « avide de gloire et d’argent »  grâce à la  puissance de leur chant collectif.

 Au Steinway, à l’accordéon et à la direction d’orchestre, l’excellent Patrick Leterme, entouré par un jeune orchestre raffiné de musiciens adultes très prometteurs. Ils joueront  discrètement dans l’ombre à gauche pendant que le plateau s’éclaire pour accueillir les  protagonistes.  Une petite vingtaine d’enfants entre huit et quinze ans surgit. Ils  sont vêtus pauvrement,  à l’ancienne, façon village. Les filles, la plupart  sagement coiffées en tresses, les garçons …un peu gavroches. Les costumes témoignent d’une grande inventivité, bien que tous déclinés dans  les mêmes  tons feuilles mortes. Des caisses de bois d’antiques déménagements  sont les  seuls accessoires dont ils disposent. Qu’importe ! Ils chantent, jouent, se meuvent sur le grand plateau du Studio 4 avec une aisance surprenante. Ils sont extraordinaires, ces mômes de rêve qui connaissent intégralement leurs partitions et dont la diction est impeccable, élégante et claire. Ils sont reliés entre eux par une étrange connivence, une force secrète qui exclut la moindre distraction. Une telle  simplicité naturelle est belle à regarder et fait plaisir à entendre. Les timbres s’harmonisent à la perfection et leurs chorégraphies ne sont pas en reste, elles sont  réglées au millimètre. Les  changements de scènes sont exécutés avec une  rare précision, apparemment sans la moindre surveillance extérieure. De la graine de professionnels?

 Voilà  donc une heure de spectacle musical très abouti qui cache sans doute un grand  nombre d’heures de répétitions  intensives et dont on ressort captivés et admiratifs, touchés par le message de l’œuvre qu’ils ont si bien comprise et mise en scène avec une telle conviction. Leur hymne final rassure sur la nature humaine  et  exhorte à l’espérance. Et il reste à l’oreille, en plus des chants des enfants ce motif  lumineux et entraînant joué à la flûte et à la clarinette…comme une ode à la vie!

L’opéra pour survivre en temps de guerre

Choeur d'enfants | Patrick Leterme, direction, piano, accordéon | Vincent Goffin, mise en scène | Héloïse Mathieu, costumes | Quentin Debroeyer, violon | Laure Bardet, violon | Sofia Costantinidis, violon | Cyril Simon, violoncelle | Natacha Save, contrebasse | Gilles Bréda, flûte | Andrés Pueyo López, clarinette | Roeland Henkens, trompette | François Couvreur, guitare | Simon Drachman, percussions | Elèna Lavrenov, violon | Aubin Denimal, violoncelle | Claire Ringlet, production 

Vous les retrouverez en tournée en Wallonie, (www.festivaldewallonie.be) pendant tout le festival et  lors d’une dernière à Flagey le 23 novembre 2014.  

http://www.flagey.be/fr/programme/15492/-24-opera-for-kids-brundibar

 

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« Chiangia dolce moi Dio l’arco dell’Ira in Iride paciera ! »

 

Il Diluvio Universale: une œuvre courte et nue, sans bavardages, mais nimbée de grâce et de résonnance. Une divine allégorie à sens universel. Pas étonnant, nous sommes au cœur de l’église Saint-Loup à Namur et nous fêtons l’ouverture du Festival de Namur et ses 50 ans d’existence. Pas étonnant non plus, car nous sommes sous la houlette du jeune chef argentin   totalement inspiré: Leonardo Garcia Alarcon à la tête de sa Cappella Mediterranea et du fidèle Chœur de Chambre de Namur.

 

Il a exhumé un œuvre sicilienne, - partition oubliée, trésor englouti - d’un certain Michelangelo Falvetti. On sait  que celui-ci est né en 1642 dans la Calabre tout proche. Fort d'une excellente formation musicale et des nouveautés montéverdiennes, il connaît le style de Carissimi. Il est nommé Maître de Chapelle à la Cathédrale de Palerme, où il bénéficie du mécénat du vice-roi espagnol. Mais cinq ans avant la première exécution d' « Il Diluvio  Universale », la ville de Messine  est le centre d'une forte révolte fortement réprimée par le pouvoir central: suppression des droits et privilèges acquis de longue date, destructions des édifices publics, etc... Le retour à la paix est donc bienvenu après une pénible mise en quarantaine. On peut se douter que les thèmes de désobéissance, de punition divine et de rédemption, contés en musique devaient captiver l’auditoire. En effet Michelangelo Falvetti est devenu maître de chapelle à la Cathédrale de Messine où il décédera 10 ans plus tard, en 1692.

 

Le  mythe  du Déluge est universel et appartient à nombre de civilisations.  Dans la foi chrétienne, la  vengeance divine est toujours tempérée par une renaissance possible. L’eau comme le feu en sont les instruments ravageurs mais il y a toujours la promesse d’une nouvelle éclosion (Isaïe 6-13). Le titre de l’œuvre fera frémir certains, sensibles aux catastrophes écologiques annoncées. Il est vrai que cette notion de cataclysme global donne encore plus de force au message musical.  

 

Il Diluvio  n'est pas un oratorio – quoiqu'il en soit proche – ni un drame sacré. Il tient des deux. Falvetti l'a d'ailleurs nommé lui-même « dialogue ». Un dialogue entre Dieu et vous… Entre la partition d’un compositeur oublié et un directeur musical contemporain passionné de renaissances, entre un chœur de Namur sublime et des concertistes et solistes passionnés par l’aventure.  L’exquise Mariana Flores incarne Rad, l’épouse de Noé. Un dialogue à cinq voix entre Dame Nature, l’émouvante  Nature humaine (Caroline Weynants), Noé et Rad la famille rescapée de la colère divine, la Mort et Dieu. Et l’on tremble devant la musicalité et  la force créatrice de la composition, devant la théâtralité de la mise en scène, la sublime beauté des voix, la finesse des pupitres anciens (théorbes, harpe, violes de gambes, violoncelle, cornets, sacqueboutes et orgue) et surtout, l’humour et l’empathie des percussions.

 « No temo morte » assure Rad, la femme de Noé - elle a tout compris. Et le percussionniste livre un commentaire  émouvant, à la façon d’un chœur antique dans le chœur, des sons frappés ou humblement étouffés sur ce qui ressemble à une jarre de terre. Tout un mystérieux langage de signes. Remarquable aussi, cette prière duelle de confiance à Dieu chantée par le couple uni par l’amour. Le chœur se lève et répète la prière indéfiniment jusqu’à ce que Dieu parle, à la  tribune, une voix puissante venue d’en haut. C’est renversant.  Le duo enlacé de Noé et Rad confirme « temo ed adoro ». La voix d’or de  Fernando Guimares symbolise intensément à la fois la force et la fragilité humaine.  Il tenait le rôle de l’Orfeo au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en automne dernier.

 L’arrivée triomphale de la Mort (Matteo Belotto) ravie de la destruction de l’humanité  n’est pas moins impressionnante. Le déguisement, le maquillage, le sarcastique et les imprécations qui manient tous les registres vocaux font d’elle un personnage signé James Ensor. Dans l’église, tout le monde retient sa respiration après la tempête d’instruments qui s’arrête soudainement au bord du néant. Les tableaux musicaux d’une extrême richesse n’ont pas fini de se succéder. On retient particulièrement cette Nature humaine affligée (Caroline Weynants) qui soudain relève la tête et dont le chant est recueilli et encensé par un subtil jeu de tambourin virtuose* sans doute improvisé. La Sicile  a toujours été à la croisée des cultures.

Pour enchaîner, il y a  ces superbes modulations nostalgiques des cinq choristes qui semblent glisser en échos perpétuels pleurant « la Natura estinta ». On en a les larmes aux yeux. Séchons-les vite, car Noé et Rad supplient « Placati Dio di bonta…» L’Arc en Ciel soudain paraît, une œuvre de la Lumière Divine entonnée par  les voix féminines liquides de bonheur, répétées par les vents, enfin par  le chœur des hommes tout entier animé de feu céleste. C’est simplement prodigieux. Et le chœur final exulte ! Dans  son premier Bis Leonardo Garcia Alarcon  accompagnera le chœur en chantant lui-même les paroles magiques du glorieux : « Ecco L’Iride paciera ! ». Que chaque âme fidèle cueille les fruits de la Vie sur les belles branches de la paix ! Bouleversée, la salle entière est debout pour acclamer les artistes qui ont tout donné sous ces voûtes de pierres sacrées.

« Tutto nel mondo è burla » extrait de Fallstaff, dernier opéra de Verdi est le mot de la fin, un deuxième bis frénétique  en forme de tornade musicale  frénétiquement applaudie !

*Keyvan Chemirani, oudou, zarb et daf


 Mariana Flores, soprano – Rad, Fernando Guimares, ténor – Noé, Evelyn Ramirez Numoz, mezzo soprano - La Giustizia Divina, Fabian Schofrin, contre-ténor - La Morte, Matteo Belotto, basse – Dio, Amélie Renglet, soprano - L’Acqua, Caroline Weynants, soprano - La Natura Humana, Thibaut Lenaerts, ténor, Sergio Ladu basse 
 
 
 
 
 
 
 
Choeur de Chambre de Namur
Cappella Mediterranea
Leonardo García Alarcón, direction

Photos: courtesy of Stephane Dado (and Geneviève Gilson)

  

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12273023481?profile=original12273023069?profile=original12273023893?profile=original Opéra de Liège: La Gazzetta de Rossini,

 

Jan Schultsz, direction musicale
Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène
Cinzia Forte, Enrico Marabelli, Laurent Kubla, Edgardo Rocha, Julie Bailly …

 

Pour clôturer la saison  2013-2014 dans la bonne humeur et saluer le début de l’été et ses festivals, cinq petits jours de très belle représentation lyrique. Rien de mieux que de se rendre dans la Cité Ardente au magnifique Opéra de Liège et applaudir un conte d’été, une farce désopilante de Rossini, ayant pour titre « La Gazzetta », une oeuvre méconnue dont on vient de retrouver en 2012 à Palerme le quintet manquant. Vous entendrez  donc de surcroît, une première mondiale !  Cette œuvre allie la  pétillance et la drôlerie de l’opéra bouffe et  un propos nettement satyrique. En effet le directeur de l’Opéra royal de Wallonie, Stefano Mazzonis di Pralafera est soucieux de redécouvertes et d’inédits qu’il inscrit  au programme de sa saison lyrique.

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 Un Don Pomponio très pittoresque  (Enrico Marabelli*) et Anselmo (Jacques Catalayud)  sont descendus dans une auberge parisienne avec leurs deux filles, Lisetta (Cinzia Forte) et l’exquise Doralice (Julie Bailly). Pomponio passe une annonce dans une gazette pour marier Lisetta avec un parti bien nanti, mais  la coquine  entretient déjà  une idylle avec l’aubergiste Filippo (le baryton Laurent Kubla). De son côté, Doralice est courtisée par le beau Traversen (Roger Joachim*), mais préfère convoler avec Alberto ( le ténor Edgardo Rocha) très doué en lamentations et qui parcourt le monde à la recherche de l’épouse idéale, « une Mademoiselle ».


Midsummer Night’s Dream à l’italienne:  une avalanche de quiproquos très déconcertants jouant sur l’échange d’identités  affole Pomponio,  le pauvre père qui se rendre compte qu’il n’est  même plus capable de reconnaître sa propre fille déguisée dans une habile scène de turqueries. Confondu et vaincu, il se rendra finalement aux arguments de la belle la laissera épouser qui elle veut.

 Les deux jeunes filles pleines d’esprit, de bagou et de beauté ravageuse rivalisent d’astuces pour détourner leurs pères de leurs desseins matrimoniaux et exploitent toutes leurs ressources expressives et vocales pour convaincre les récalcitrants. Les jeunes amants sont émouvants, romantiques et tendres comme on les rêve !  Belle fusion, sur scène de la musique du verbe, du chant et du geste. Le chef des chœurs est Seminara.

 L’ORW nous offre un spectacle de qualité dont la badinerie amoureuse séduit  mais aussi le contenu satyrique à propos des mariages arrangés ou des nouveaux modes de rencontres matrimoniales en vigueur  à notre époque sur internet. Un décor entre balai de paille et smartphone dernier cri. Laurent Kubla, Lilo Farrauto, Enrico Marabelli et Edgardo Rocha sont Filippo, Tommasino, Don Pomponio et Alberto   Mais un décor peut en cacher un autre,  derrière la façade d'époque de l'hôtel L'Aquila, se cache un décor résolument 20è siècle  où défilent même des images de la CNN en continu! La surprise surréaliste – les décors sont de Jean-Guy Lecat – c’est de relier La Gazzetta aux médias actuels qui en prennent pour leur grade avec légèreté et comique délectables. Sur scène une troupe bigarrée d’artistes et des solistes au mieux de leur voix.  Chaque costume est une œuvre d’art. Ils sont signés Fernand Ruiz.   On hésite entre le carnaval de Venise et les super héros des années 80 ou qui sait, l’imaginaire de Lewis Caroll !

A tout prendre, rien que Cinzia Forte vaut le déplacement, Elle a des airs de Madona et une voix enchanteresse qui domine les chœurs avec grande fraîcheur.  Suave plaisir des yeux et des oreilles. Imaginez une blonde  ultra-sexy, moulée dans une  robe rouge et talons aiguilles assortis, affublée d’une valise Barbie… qui débarque en touriste à Paris au début du siècle (lequel ?)  …et qui chante son bonheur à gorge déployée ! On est remué par son  duo d’amour dans les ascenseurs avec Laurent Kubla. Un marivaudage très étudié et saisissant de vérité. Je t’aime… moi non plus, façon 19/21ème, chacun dans sa bulle avec un point de rencontre très touchant. Amis de l'opéra, vous retrouverez Laurent Kubla** lors du festival Opéra en plein air cet été dans La Bohême dans une distribution talentueuse avec  Albert-André Lheureux pour la mise en scène et Elvis Pompilio aux costumes.

 

Et qu’on se le dise, La  Gazzetta, cette nouvelle production chatoyante de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège durera un peu plus que ce que durent les roses puisque vous pourrez regarder et écouter la dernière retransmission en direct  de la saison sur le web dès le 26 juin à 20h sur le site de l’Opéra royal de Wallonie ORW à Liège.

 

 

* que l’on aura l’immense plaisir de retrouver la saison prochaine dans le spectacle d’ouverture de la saison «  La Cenerentola »

** dernièrement à l’OPRLW dans « La grande Duchesse de Gerolstein »

 Et Laurent Kubla ?  Cet été, au Palais des Princes-Evêques à Liège ou aux Châteaux de Bois-Seigneur-Isaac et Ooidonk ! ici :  http://www.070.be/opera/Jury/laurent-kubla-marcello/

Opéra de Liège: La Gazzetta de Rossini, Direct live le 26 juin 2014

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12273017465?profile=original12273018657?profile=original An American Dream

 

Ce soir le Brussels Philharmonic est dans ses murs. Il réside  en effet à Bruxelles dans le Studio 4 du bâtiment Flagey, très réputé pour son acoustique.  Le tout commence par une joyeuse mise en époque : celle des Années Folles. Voici Ragtime de Stravinsky «Le jazz me donne de l’appétit » disait le compositeur.  « Une œuvre que j'avais composée immédiatement après avoir composé ma partition du soldat et qui, bien que de dimensions modestes, est significative par l'appétit que me donnait alors le jazz, jailli d'une façon si éclatante aussitôt la guerre finie. Sur ma demande, on m'avait envoyé toute une pile de cette musique qui m'enchanta par son côté réellement populaire et par la fraîcheur et la coupe encore inconnue de son mètre, langage musical révélant ostensiblement sa source nègre. Ces impressions me suggérèrent l'idée de tracer un portrait-type de cette nouvelle musique de danse et de lui donner l'importance d'un morceau de concert, comme autrefois les contemporains l'avaient fait pour le menuet, la valse, la mazurka, etc. Voilà ce qui me fit composer mon Ragtime pour onze instruments : instruments à vent, à cordes, percussion et un cymbalum hongrois » C’est l’époque du « Great Gatsby » où l’on souhaitait célébrer le retour de la prospérité après le carnage de la première guerre mondiale et oser le rêve de tous les possibles. Le rêve américain, en somme. Cette musique a un goût de fraîcheur et de spontanéité, les harmonies qui fusent déjà de l’orchestre sous la baguette de  Michel Tabachnik sont une promesse  du caractère rutilant  de la suite du concert.

Rhapsody_in_Blue_cover.jpg?width=276Gershwin va suivre avec la splendide Rhapsodie in Blue que nous n’avions jamais entendue si modelée, si chatoyante. Une nonagénaire au teint bien juvénile.  Michel Tabachnik nous baigne dans une énergie et une vitalité qui tranchent sérieusement avec notre morosité post-moderne. Dès les premières mesures le spectateur européen ne peut que se mettre à rêver de grand large et même de la statue de la liberté qui se présente à l’aurore aux yeux éberlués d’un voyageur transatlantique. Magie de l’interprétation de Jean-Yves Thibaudet. Le dialogue du pianiste et de l’orchestre célèbre la liberté, la fantaisie et le génie du moment. La musique  semble composée sur place alors que tout le monde  en connait la mélodie, si pas les replis secrets. Des flots d’émotions joyeuses contrastent avec un climat de pure nostalgie, d’attachement à la nature, lieu privilégié de ressourcement. Il y a ce grand souffle orchestral qui paraît inépuisable, des appels de cuivres vibrants, des solos de violon en fusion - tantôt rires tantôt larmes -  et un pianiste passionné qui lâche ses inventives cadences, ses  trilles et pulsions avant que l’orchestre ne renchérisse de façon étincelante. Le tout, paré de sonorités majestueuses.

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Michel Tabachnik interrompt  les applaudissements pour son retour après la pause  et emmène  public et musiciens dans la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Gestes larges et généreux. Ampleur.  C’est à nouveau l’appel nostalgique de la nature ou la nostalgie de la terre natale qui alterne avec des accords de choc pour le Nouveau Monde. Il vit sa partition intensément, enchaînant révérences, caresses souples de la pointe de la baguette, doigt paternel sentencieux,  balancements dansés, chuchotements complices… Voilà l’immense versatilité des atmosphères  créées par le chef d’orchestre, depuis la férocité jusqu’au clin d’œil  bienveillant  au piccolo. On ne peut pas détacher son regard du sculpteur musical  à l’œuvre. Il vagabonde entre les crescendos paroxystiques et les pianissimos de velours avec une maîtrise et une définition absolues.  Michel Tabachnik projette la partition en mille éclats comme s’il ne faisait que partager avec les musiciens les dons et l’inspiration d’un homme -orchestre. Dans un passage  particulièrement fort en impact dramatique, le visage du maître de musique est abîmé d’émotion et on s’imagine percevoir des voix graves de chœurs d’hommes sourdre parmi les musiciens. 

Encore un mouvement également inspiré du poème de Longfellow. Dvořák veut nous faire percevoir une « fête dans la forêt », avec une danse des Peaux-Rouges.

Mais des souvenirs de danses villageoises du Far East européen ont ressurgi sur des rythmes de presque valse. La jubilation refait surface, voilà  l’ensemble musical à l’assaut du ciel, Michel Tabachnik piétine et fait éclore les talents  et la créativité de chaque pupitre à chaque nouveau motif. C’est l’éloge de la confiance dans l’homme sage et honnête. L’âme des violons chante sa réussite avec émotion, suivie par les violoncelles et les flûtes. C’est harmonieux, et tout en équilibre. Aucune faute d’hubris et les musiciens et leur chef peuvent être fiers d’une performance qui sillonne  avec tant de bonheur un  tel continent d'expressivité. Cela ne  peut se terminer que par un vibrant bis, lui aussi très  acclamé. Car le bonheur flotte dans la salle. Et  aussi dans les sourires épanouis  des musiciens du Brussels Philharmonic.  How about a European Dream?

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http://www.flagey.be/fr/programme/14120/brussels-philharmonic-an-american-dream-symfomania-workshop-kids-10-/michel-tabachnik

 

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Festival Musiq'3


du 26 au 29 juin 2014, à Flagey et environs


http://www.festivaldewallonie.be/2014/fr/Bruxelles/




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Danube-19-Chateau-Devin-LO-2-2.jpgFestival Musical de Namur
02 > 12.07.2014
50e anniversaire

 


  

12273015476?profile=originalEn 2014, le Festival Musical de Namur fête ses 50 ans ! Du 2 au 12 juillet, cap sur la vallée du Danube et les Balkans avec une programmation diversifiée, allant du récital au concert symphonique et explorant des répertoires vivants et colorés, souvent en lien avec les thèmes et les instruments populaires. Tout au long de ce voyage du Danube à La Meuse, le festival investira cette année encore le Théâtre Royal de Namur et l’Eglise Saint-Loup.

Depuis toujours à l’écoute des jeunes talents, le Festival Musical de Namur débutera son voyage avec l’Orchestre Symphonique du Conservatoire Royal de Liège qui, sous la direction de Patrick Baton, enchantera les oreilles du public avec des féeries symphoniques d’Europe centrale. Le festival sera aussi l’occasion de faire découvrir le cymbalum, instrument emblématique de la culture tzigane et de la musique klezmer (musiciens juifs d’Europe centrale) à l’occasion du concert de Cyril Dupuy. Le voyage dans les Balkans continuera plus au nord avec la balade tchèque à 4 mains du Duo Solot. Une rencontre avec les Nymphes du Rhin, de la Seine et du Danube est aussi prévue avec les 2 violes de gambe de François Joubert-Caillet et de Wieland Kuijken dans les profondeurs de ces grands fleuves. Les mélomanes pourront également apprécier de la musique pop a cappella grâce aux 5 voix des Witloof Bay, soutenues par un beatboxer.

En milieu de parcours, le Festival Musical de Namur fera également une halte en Méditerranée, le temps d’un mini festival autour de Leonardo García-Alarcón et du Chœur de Chambre de Namur. L’occasion de revivre Il Diluvio Universale de Michelangelo Falvetti (en compagnie de la Cappella Mediterranea), et de découvrir une partition inédite de Bonaventura Rubino : Requiem Siciliano.

A l’occasion de ses 50 ans, le Festival Musical de Namur passera par Vienne. Guy van Waas et ses Agrémens célébreront la capitale autrichienne en compagnie de la jeune soprano Jodie Devos (finaliste du CMIREB Chant 2014) et du trompettiste Jean-François Madeuf, dans un programme offrant ce que la Vienne musicale de Joseph II avait de plus précieux (Joseh Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, et Henri Joseph de Croes).

Comme chaque année, les projets « transversaux » du Festival de Wallonie seront également bien présents au Festival Musical de Namur ! D’une part le projet
Brundibár destiné aux familles fera découvrir un opéra de Hans Krása joué par et pour les enfants, une parabole balkanique célébrant le courage, la bonté et l’amitié entre les peuples, capables de vaincre méchanceté et égoïsme quand ils sont solidaires.                             
D’autre part, le Festival de Namur célèbrera le 200e anniversaire d’Adolphe Sax et proposera deux concerts qui mettront à l’honneur le saxophone: Nihil Obstat dans des airs de danse balkanique tandis qu’Aka Moon (avec Fabrizio Cassol, invité d’honneur du Festival de Wallonie) et Tcha Limberger présenteront un savoureux mélange de musique tzigane et de musique jazz contemporaine.

Le Danube sera ainsi en crue et ses eaux rejoindront celles, certes moins sauvages, de la Meuse namuroise !
12273015476?profile=originalLe CONCERT D'OUVERTURE du FESTIVAL DE WALLONIE a lieu le   07.06 2014
Pitié ! Une Passion selon Saint-Mathieu de J.S. Bach
Le 7 juin à 20h au Théâtre de Liège
(Place du 20-Août, 16 - 4000 Liège)

Laura Claycomb, soprano
Serge Kakudji, contre-ténor
Magic Malik, voix et flûte
Cristina Zavalloni, mezzo
Aka Moon : Fabrizio Cassol, saxophone et invité d’honneur,
Stéphane Galland, batterie,
Michel 
Hatzigeorgiou, basse

Airelle Besson, trompette
Tcha Limberger,violon
Philippe Thuriot, accordéon
Lode Vercampt, violoncelle


Pitié! s’inspire d’un monument de la musique baroque, La Passion selon Saint Mathieu de J.S. Bach. Une relecture étonnante de Fabrizio Cassol, mêlant influences jazz, manouches, maliennes et blues, présenté pour la première fois à Liège dans sa version orchestrale.

http://www.festivaldewallonie.be/2014/

12273015476?profile=original La septième édition, le Royal Juillet Musical de Saint-Hubert propose du 27 juin au 27 juillet un voyage à travers les siècles, au fil du Danube et de ses musiques savantes et populaires, depuis les contreforts des Alpes bavaroises jusqu’aux portes de l’Orient, en passant par l’élégante Vienne. Le Royal Juillet Musical de Saint-Hubert 2014 se veut le reflet de ce kaléidoscope de couleurs et de vibrations, incarné par quelques compositeurs et interprètes de référence. 

Un fleuve au si long cours rencontre un grand nombre de peuples et de traditions populaires. Autant de parfums et de couleurs que les compositeurs ont su capter à travers les siècles, de l’Autriche renaissante à la Bavière romantique, en passant par la Tchéquie et la Hongrie baroques. Les meilleurs interprètes en proposeront une sélection des plus éloquentes : expérience mystique des plus belles polyphonies de la Renaissance, danses hongroises au tempérament de feu, concertos baroques oscillant délicieusement entre suavité vénitienne et excentricité bohémienne,…

Dans ce voyage, Vienne occupe bien entendu une place de choix. La capitale autrichienne au temps de Mozart et de Beethoven, qui donne le ton à l’Europe entière par sa rare capacité à traduire la puissance des sentiments humains. La Vienne romantique, qui va chercher chez Schubert une précieuse et subtile fusion entre poésie et musique. La Vienne impériale, enfin, qui s’amuse et danse au son des opérettes de la famille Strauss.

Ce kaléidoscope musical ne pouvait être complet sans évoquer l’anniversaire d’Adolphe Sax, et donc de son invention majeure, celle d’un instrument qui a révolutionné l’univers musical du 20e siècle. Le Royal Juillet Musical de Saint-Hubert le fête de manière particulièrement originale, en associant un quatuor de saxophones au piano et au violon virtuose de József Lendvay. Le saxophone est aussi l’instrument de prédilection de Fabrizio Cassol, l’invité d’honneur du Festival de Wallonie 2014. En sa compagnie, c’est un autre saxophone que le public pourra découvrir, mis au service d’une musique à nulle autre pareille, ouverte sur la mosaïque des peuples des Balkans avec une spontanéité véritablement réjouissante.

Impossible également de ne pas faire référence cette année aux horreurs de la guerre. Si le festival le fait, c’est sur le ton de l’espoir et de la pédagogie. En accueillant le spectacle pour enfants Brundibár, le festival place le débat sous l’angle de l’étonnante capacité de l’être humain à transcender les circonstances les plus dramatiques pour créer de la beauté et du rêve. Une leçon de vie, au plein sens du terme.
12273015476?profile=originalAnd last but not least,  à Bruxelles la quatrième édition du  

Festival Musiq'3

du 26 au 29 juin 2014, à Flagey et environs

http://www.festivaldewallonie.be/2014/fr/Bruxelles/


  

Jodie Devos Soprano a gagné le 2e prix  du Concours  “Queen Elisabeth International Music Competition of Belgium” et chantera pour le  Festival Musiq'3 - RTBF  le 29 juin.

Tickets & info: http://bit.ly/jodiedevos

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administrateur théâtres

75 ans

La Chapelle musicale Reine Elisabeth fut inaugurée en 1939 par la Reine Elisabeth et cette année fête ses 75 ans à travers une série de concerts avec ses jeunes solistes et leurs  très illustres maîtres. Le 28 janvier dernier, nous assistions à un prestigieux Concert de Gala au Palais des Beaux- Arts de Bruxelles qui nous offrait le Concerto en sol mineur pour deux violoncelles de Vivaldi avec Lidy Blijdorp et Julie Sevilla-Fraysse sous la conduite d’Augustin Dumay et l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie. Ensuite l’Aria ″Ch'io mi scordi di te″ de Wolfgang Amadeus Mozart, avec un émouvant Julien Brocal au piano et Aleksandra Orlowska, soprano. Ce fut ensuite un 4 mains rayonnant au piano avec Maria Joan Pires et le jeune Julien Libeer : la Fantaisie pour piano à 4 mains en Fa mineur de Franz Schubert. Dans une entente parfaite de la conduite de la musique au masculin et féminin, la pianiste mythique et son brûlant élève ont  conquis le public par  l’atmosphère intimiste  envoûtante qu’ils ont  créée. Ensuite, ravis de l’accueil du public, ils ont donné un bis à trois: les deux jeunes pianistes Julien Brocal et Julien Libeer égrenant  entre leurs doigts des vagues de douceur et de tendresse et des  fourmillements de poésie  avec leur égérie musicale, Maria Joan Pires. Après la pause, Lya Petrova et Hrachya Avanesyan  ont joint leurs violons dans le poème Amitié d’E. Ysaÿe. Puis ce fut le tour de Deborah Pae au violoncelle pour des variations op 33 de Tchaïkowski et enfin Esther Yoo, la star du dernier concours Reine Elisabeth de violon, dont chaque note est une nuance, chaque frémissement, un summum de concentration et de musicalité éclatante. Une musicienne qui peut tout exprimer  et qui maîtrise  à la perfection toutes les harmoniques, défiant son instrument magique comme un être vivant, le poussant  à tout moment dans ses ultimes retranchements. Elle jouait la Carmen fantaisie de Franz Waxman….  

C’est dire si ce deuxième concert de la Chapelle musicale, intitulé  « José van Dam and YOU » du 11 mars allait attirer du monde et  rassembler  à nouveau la fine fleur des artistes de cette école internationale d’excellence et leurs nombreux fans. Toujours le même lieu : le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Avec, quelques temps auparavant, un flash mob dans la Galerie de la Reine où soudain paraissait au balcon une chanteuse polonaise de rêve,  un piano à ses pieds, sous le regard ému de José van Dam et d’autres musiciens triés sur le volet. Pour Kinga Borowska qui présente sa candidature au Concours Reine Elisabeth d’art lyrique cette année, l’opéra c’est vivant, c’est sexy, c’est beau.  

On a vécu cette soirée du 11 mars comme un véritable prélude printanier, une fête explosive de l’art lyrique. L’Orchestre National de Belgique était sous la direction de Patrick Fournillier, un chef d’orchestre prestidigitateur qui convoquait dans chaque court extrait musical tout l’esprit de MOZART, ROSSINI, TCHAÏKOWSKI, DEBUSSY, BIZET, MASSENET, OFFENBACH ET VERDI.  Quel exploit. Il offrait un nouveau  visage transcendé à ses musiciens à chaque  nouveau morceau, comme si c’était le fruit d’un long processus d’immersion dans l’œuvre  choisie. Le spectateur pouvait  en plus observer le maître de musique à la fois  de dos et de face, sur grand écran car le concert était enregistré en live  par MUSIQ 3 et diffusé en streaming. Les solistes et les musiciens, pris de près,  livraient toute l’intimité de leur émotion musicale. Pas de doute que l’investissement musical de chaque chanteur était total dans ces instants de partage qui frisaient  l’extase. Ces jeunes talents extraordinaires viennent de multiples horizons, lointains parfois et  ont souvent depuis leur plus jeune âge tout sacrifié à l’art musical. Quelle leçon pour notre société souvent rebutée par l’effort et peu attirée par le mérite!  Armés d’une détermination passionnelle on perçoit qu’ils ont consenti à un investissement sans limite, chacun   donnant le meilleur de soi-même. La puissance et l’émotion pure semblent surgir chaque fois  d’un alliage pénétrant qui  fuse quelque part au cœur  de l’orchestre et y est en même temps parfaitement incorporé. La magie de l’art et celle de la jeunesse intrépide ont  suscité des  salves d’applaudissements et de clameurs enthousiastes dans une salle en adoration et pleine à craquer. Citons avec joie les héros de la fête orchestrée par le jeune metteur en scène français Julien Fišera membre actif d’ENOA  (European Network of Opera Academies). La scène du Palais des Beaux-Arts était habillée par le jeune éclairagiste Arnaud Lhoute. Et sous les feux de la rampe on a applaudi et scandé  la musique de tout cœur:

 

José van Dam, baritone
Amalia Avilán
, soprano
Diana Gouglina
, soprano
Aleksandra Orlowska
, soprano
Kinga Borowska
, mezzo-soprano
Sarah Laulan
, mezzo-soprano
Yu Shao
, tenor
Charles Dekeyser
, bass

 

Le programme complet,  ici : http://www.bozar.be/activity.php?id=14575

 

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administrateur théâtres

12272995485?profile=originalLa fée Musique avait  sûrement touché le calendrier jeudi soir lors des “Flagey Piano Days” qui accueillaient  jeudi soir dans son magnifique Studio 4 un programme rutilant, triste et beau à mourir, interprété par  la crème de la crème des artistes.  

Paul Dukas, L' Apprenti sorcier
Edward Elgar, Concerto pour violoncelle en mi mineur, op. 85
Maurice Ravel, Concerto pour piano en sol majeur 
Maurice Ravel, Daphnis et Chloé

Par le Brussels Philharmonic, Michel Tabachnik, Steven Isserlis, Boris Giltburg

http://www.flagey.be/fr/program/14113/brussels-philharmonic-symfomania-workshop-kids-10-/michel-tabachnik-steven-isserlis-boris-giltburg

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 Quelques propos de Boris, le superbe et l’infiniment humble artiste devant la fée Musique :

 Avant le concert : «  Me voilà de retour dans la grande salle de Flagey (où les éliminatoires et les  demi-finales du Concours Reine Elisabeth ont eu lieu en mai dernier). Que de souvenirs!  Tout de suite deux choses  - la salle paraît toute petite à côté du souvenir que j’en garde et  il me  semble mille fois plus agréable  d’y jouer aujourd’hui! Conclusion : ne  jamais  baser ses impressions d'une salle sur les souvenirs d'une activité qui a nécessité une très, très haute tension psychologique!


Je vais y jouer dans le cadre des Journées Piano Flagey le Concerto en sol de Ravel avec le Philarmonic de Bruxelles et Michel Tabachnik. Nous avons eu notre première répétition aujourd'hui et je suis très impatient en attendant la répétition générale avant le concert de demain soir.   Le programme est superbe : L'Apprenti Sorcier de Dukas, et le concerto pour violoncelle  d'Elgar ( joué par Steven Isserlis, que j'ai eu le plaisir de rencontrer aujourd'hui et que je vais enfin entendre en direct demain), et Daphnis et Chloé pour terminer en beauté.»

                                                                                    +++        

Après le concert : « Quelle bonne surprise hier soir à Flagey ! L’accompagnement  et le jeu superbe du Brussels Philharmonic, une salle qui joue à guichets fermés, la musique de Ravel, un piano de rêve - tout s'est bien passé et ce fut une sacrée expérience. Je ne me suis plus senti aussi vivant depuis  longtemps ! Le Ravel était pour moi l'équivalent musical d'une boisson énergétique (ou  de dix, si vous voulez !) C'était bouillonnant et pétillant, effervescent même, tellement vivifiant ! Et puis, bien sûr, le deuxième mouvement, avec son interminablement triste, douce et  belle mélodie ! ...  Comme mon Ravel était dans la seconde moitié du concert,  je n’ai malheureusement pas pu  suivre la performance de Steven Isserlis du concerto d'Elgar, mais je l'ai écouté à la répétition générale - un récit très personnel, profondément touchant. Steven a une sorte de simplicité affectée dans son phrasé qui m'a touché très fortement, sans parler de ses sonorités ! Qu’est-ce que cela devait être le soir du concert! Inouï!  Nous avons fait une interview conjointe sur FM Brussel ( http://bit.ly/1f2dgaY ). Et aussi   une très belle interview sur TV Brussel ( http://bit.ly/1f2e0gt ). C’est  juste dommage qu’ils m’ont interviewé avant ma première répétition à Flagey, j’aurais montré beaucoup plus d’enthousiasme pour cette magnifique salle!  C’est ma deuxième merveilleuse rencontre avec Bruxelles. Demain, je pars au Japon, allant d'abord à Nagoya, pour interpréter le 2e concerto de Brahms que j’adore. Sous la direction de Martyn Brabbins avec le Nagoya Philarmonic.»

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Tout commence  donc avec la  musique inoubliable  de l’Apprenti-sorcier de Paul Dukas construite en crescendo fantastique avec le côté répétitif et obsessionnel du Boléro de Ravel. Un morceau d’orfèvrerie musicale sous la baguette inspirée de  qui brille de tous ses feux. C’est la fête des flûtes enchanteresses qui soulèvent les voiles du mystère, celle des cuivres et des percussions qui déchaînent le paroxysme organisé. Tabachnik confère une puissance inégalée au morceau d’à peine 11 minutes, fait fuser des sonorités de haute définition dans tous les registres, belles à couper le souffle malgré l’atmosphère apocalyptique. Les accents épiques de l’orchestre sont impressionnants et la finale suscite des applaudissements de fin de soirée alors que l’on n’en est seulement qu’aux débuts.  

12272996259?profile=originalLe Concerto pour violoncelle en mi mineur, op. 85  d’Edward Elgar clôture la première partie du concert. En T shirt noir - il  dit avoir oublié sa veste - Steven Isserlis s’excuse. Mais c’est une star d’envergure mondiale. Si la célèbre Jacqueline Du Pré  fut l’interprète privilégiée et la plus sensible de cette œuvre nostalgique et poignante, Steven Isserlis n’a rien à lui envier. Sa musicalité est intense, empreinte de ferveur et de dévotion  brûlante. On le suit avec émotion dans toutes ses fluctuations de tempo et de couleur de ton. Il transforme son violoncelle en harpe, lui inflige de violents pizzicati, produit des accélérations fulgurantes, débordantes de chagrin et tantôt des sonorités délicates de chants d’oiseaux.  Dans l’Adagio, il exprime toute la langueur du compositeur Edward Elgar et  son désir d’infini et de paix. L’orchestre joue à la façon d’un chœur antique, répétant les phrases du discours héroïque et le ponctuant de notes syncopées  et de son acquiescement symbolique, signe d’une profonde et mutuelle compréhension. On acclame Tabachnik et son imposant orchestre débordant presque sur les escaliers latéraux, et surtout, l’illustre artiste qu’est Steven Isserlis dont on adore la profondeur et la simplicité.

Puis voici notre autre orfèvre et alchimiste musical dont la passion ferait presque exploser le clavier. Boris Giltburg dans le Concerto pour piano en sol majeur de Maurice Ravel.  Il  manie les trilles affolants, les frémissements de harpe, passe de la présence ludique à la concentration méditative. Particulièrement dans sa cadence qui met les larmes aux yeux lorsqu’il diffuse l’élixir mystérieux de sa profonde communion avec la musique. Il sculpte le noyau profond de son être sur son Steinway et fait jaillir de généreuses  galaxies de notes à clarté  stellaire. Le public s’abandonne devant une telle magie et fixe avec passion un clavier effervescent  qu’il sculpte comme un corps vivant. Il incarne aussi le feu de Prométhée, la griffe du diable et de l’esprit malicieux. Il écoute et transfigure sur son clavier le génie accompagnateur d’un orchestre que l’on ne regarde plus, tant le pianiste fascine... C’est lui, le grand cœur  palpitant de l’être vivant que constitue cette musique fabuleuse de Ravel. De prodigieuses acclamations le saluent et il nous offre en bis, l’une des 2 valses pour Piano en Do majeur de Gershwin. Nous avons reçu ce soir de ce jeune artiste,  une rivière de diamants.  

Non moins étincelante, la dernière œuvre jouée sur le mode fantastique : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel. Du ravissement sonore chuchoté des flûtes au tapis de scintillements à la surface de la mer - Egée sans doute - Tabachnik soulève les respirations marines. Et parfois une vague qui semble atteindre le ciel. Les flûtes et cors ont trouvé leur point d’union charnelle. L’orchestre célèbre la fête romantique avec un  premier violon très lyrique et deux harpes vibrant à l’identique. Mais l’orchestre entre dans un rythme infernal, joue  l’évanouissement des illusions, du bonheur ? C’est la mise à mort implacable et brutale par des percussions qui ont pris le pouvoir. Voici les grondements de tonnerre et une nouvelle fin du monde.  Des citations de Shéhérazade de Rimsky Korsakov semblent flotter dans les archets, c’est l’apparition d’êtres fantastiques ahurissants, tapis dans l’ombre ou fracassants ? Une œuvre peu bucolique et forte d’émotion qui renoue presque avec l’effroi  suscité par l’œuvre de Dukas du début du programme !  Qui, d’un bout à l’autre, a été un vrai feu d’artifice.

Samedi, toujours au Studio 4 rendez-vous avec:

Flagey Piano Days

Anna Vinnitskaya étonne par sa poésie et joue la carte d'une sensualité virtuose et puissante. Le feu qui l'anime s'associe à merveille avec le romantisme à fleur de peau des ballades de Chopin, contrebalancées par l'équilibre construit, plus sophistiqué des rapsodies brahmsiennes.

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Flagey Piano Days
En voilà deux qui aiment se retrouver ensemble sur scène, et une association qui marche, pour le plus grand plaisir du public. Entre Frank Braley et Gautier Capuçon, deux musiciens incontournables, c’est la rencontre de l’intériorité presque débordante du premier et de la fougue du second, dans un dialogue toujours souverain.
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Pianodays @ Flagey 19 > 23.02 2014

Flagey Piano Days 

FLAGEY PIANO DAYS 19 > 23.02

 

 Les Piano Days du mois des amoureux est le nouveau festival concocté par le  pôle musical  Flagey.  Les amateurs de musique classique seront comblés par  une concentration exceptionnelle de talentueux pianistes avec des musiciens de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth ( dont on fête cette année le 75ème anniversaire),  Boris Giltburg,  premier lauréat du Concours Reine Elisabeth 2013, Jean-Philippe Collard et pour le marathon du samedi, Jean-Frédéric Neuburger, Anna Vinnitskaya et Frank Braley. Le dimanche, ce sera au tour de Rémi Geniet, le jeune pianiste français, deuxième lauréat du Concours Reine Elisabeth 2013, de renouer avec le podium du Studio 4.

 

Les festivités se sont ouvertes hier soir dans une atmosphère chaleureuse offrant un programme exceptionnellement vivant, brillant et pétillant.

Frank Braley ouvrait ces  cinq jours de liesse musicale en dirigeant et en interprétant au piano une œuvre (inachevée) de Mozart qu’il a en même temps dirigée : Le Concerto pour piano et violon en ré majeur, KV. Anh. 56 (Mannheim,1778).Un festival de légèreté orphique. On perd un peu de la sonorité du piano qui est sans couvercle, tandis que Frank Braley dirige et joue, dos au public. Par contre, les envols gracieux de la  soliste violoniste en dialogue avec le clavier sont empreints d’énergie solaire. A la fin du premier mouvement, il y a cette note belle comme le premier perce-neige, qui annonce la lumineuse brillance du final. Le deuxième mouvement est serti par le toucher de plume du pianiste qui souligne les splendides legatos des violons. De cristallines, les notes du clavier deviennent farceuses. Cela scintille. Le troisième mouvement  vit la joie dansante des cuivres complices, soulignant la virtuosité aérienne des solistes. Un très beau ralenti,  bien amené avant le final. Elina Bushka,  l'exquise violoniste lituanienne de 23 ans, est vigoureusement applaudie et par le public, et par son chef d’orchestre. Depuis septembre 2011, elle étudie à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth sous la direction d'Augustin Dumay.  Elle a su créer une atmosphère d’ivresse musicale avec un orchestre de Chambre de Wallonie très en forme. L’ORCW est le complice régulier du Concours Musical International Reine Elisabeth. 

Mais la révélation de la soirée nous est venue avec ce jeune pianiste, Julien Brocal.  Il a débuté l’apprentissage du piano dès l’âge de 5 ans et montait deux ans plus tard seulement, sur la scène de la salle Cortot à Paris. Formé l’Ecole Normale de Musique de Paris Alfred Cortot, il  a décroché le prestigieux diplôme de concertiste, à l’unanimité. A la Chapelle Musicale Reine Elisabeth il devient l’élève de Maria-Joao Pires, une grande dame qui lui ouvre les portes de l’imaginaire musical. Les sonorités qu’il tire de son instrument  dans le Concerto pour piano en do majeur n° 21, KV. 467 sont parfaites, fruitées et lumineuses, d’une intime sensibilité.  Le jeune musicien vit sa musique intensément, il est raffiné dans les nuances, son ravissement musical est très communicatif et l’orchestre à l’écoute est prêt à bondir à ses moindres suggestions. La matière qu’il offre est palpitante, depuis les tendres épanchements jusqu’aux bouillonnements de plaisir. Le corps orchestral l’écoute, subjugué, dans ses splendides cadences. Un moment passionnel le décolle du tabouret pour finir le premier mouvement, sage et mesuré. Frank Braley imprime douceur et majesté au deuxième mouvement: voici les souffles profonds des cuivres langoureux. Le monde est dans la main gauche de Frank, le pianiste se baigne dans la lumière orchestrale.  Le thème revient à l’unisson avec les cors avec l’intensité d’une prière ou d’une  insistante supplique. Le doux tangage des pizzicati berce l’ensemble. La croisière musicale s’achève dans un final royal. Le concerto a été pétillant d’un bout à l’autre et on  a pu en a savourer les moindres bulles.  

 

C’est toujours sans podium et  avec merveilleuse simplicité que Frank Braley dirigera la deuxième partie du concert : La Symphonie n° 5 en si bémol majeur, D. 485 de Franz Schubert. Vivacité et élégance sont au rendez-vous. Il traque l’énergie de toutes parts. Le premier mouvement s’achève sur deux beaux crescendos, pleins de panache. Le deuxième mouvement ressemble furieusement à du Mozart. Le chef d’orchestre porte l’orchestre avec souplesse. Des flûtes  fuse l'émotion rare, et on pénètre dans les méandres de l’intériorité avant la reprise  joyeuse du thème principal.  L’orchestre est tellement enthousiaste que le chef doit calmer les  pupitres. Une belle phrase emphatique  et puissante, très contrastée,  rappelle une certaine gravité dans tout ce bonheur  rêvé et  revient identique mais jamais la même, après chaque reprise du thème. Une musique qui scintille, qui respire et resplendit.  

 

frankbraley_-c-_king_records.jpg?width=240Mercredi 19.02 | 20:15

Orchestre Royal de Chambre de Wallonie

Frank Braley, direction, piano

Julien Brocal, piano

Elina Bushka, violon

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Concerto pour piano en do majeur n° 21, KV. 467

Concerto pour piano et violon en ré majeur, KV. Anh. 56

Franz Schubert (1797-1828) Symphonie n° 5 en si bémol majeur, D. 485

 

Le programme complet de ces rendez-vous prestigieux se trouve ici :  

http://www.flagey.be/fr/programme/genre/musique/piano-days

Le site de Julien Brocal: http://www.julienbrocal.com

 A ce soir?  avec Boris Giltburg!

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04f06818d335b3dd653907b83d52fce8.png?1310493152Dès les premières mesures, le chef d’orchestre Paolo Arrivabeni  - une première pour le maestro- convoque l’atmosphère. On sait que ce sera musicalement superbe. Intensité dramatique croissante : les contours angoissants de la sinistre prison emplissent l’imaginaire engouffré dans les replis de la musique et accroché à l’ombre portée  des barreaux sur le rideau. Où se trouve donc le prisonnier enfermé pour dissidence?

C’est alors qu’une très instinctive Cinzia Forte donne vie à la jeune Marzelline, la fille du geôlier de la prison d’état et ne se laisse pas faire par Jaquino (Yuri Gorodetski) qui a décidé de l’épouser, per amore o per forza ! Heureusement que le père a du bon sens et ne veut pas livrer sa fille au premier venu ! « Quand on n’a pas d’or on ne peut pas être heureux ! » Morale bourgeoise ? Mais là n’est pas le propos !

_dsf6838__b_.jpgFidelio, le seul et pour cela très unique opéra de Beethoven, raconte le sauvetage du prisonnier politique Florestan par son épouse Léonore. Léonore habillée en garçon, Fidelio, obtient un emploi avec le directeur de la prison, Rocco. Elle persuade Rocco de laisser les prisonniers respirer au grand jour quelques moments, en espérant que cela offrira à Florestan une petite chance d'évasion. Mais à son insu, le gouverneur tyrannique Don Pizzaro prévoit de le tuer puisque Rocco s’y refuse ( « Das Leben nehmen ist nicht meine Pflicht »), afin de ne pas être découvert et confondu par les autorités pour ses agissements. Léonore fera tout, y compris creuser de ses mains la tombe de son mari pour lui venir en aide et lui faire retrouver la liberté.

La dualité obscurité / lumière oriente le texte, la musique, les voix et la mise-en scène. A chaque niveau on perçoit une nette (r)évolution de l’une vers l’autre. A tout moment l’auguste épouse est une femme debout qui se bat impitoyablement contre la dictature, l’oppression et la haine. Le ton se situe  entre le conte fées et un jeu qui rappelle Bertold Brecht. La musique oscille dans le premier acte entre des réminiscences lumineuses d’Haydn ou de Mozart, tandis que dans la deuxième partie les couleurs complexes et sombres  du romantisme se développent et parallèlement, l’idéalisme humaniste de Beethoven. Cette musique exemplaire devient exemple de moralité. Une moralité constamment rappelée par un Rocco diablement  humain et sympathique. Lui et sa fille ne vivent-ils pas dans une prison, la condition humaine? Une superbe voix de baryton: Franz Hawlata. Osmin dans « L’enlèvement au sérail » dernièrement sur la même scène et L’esprit du lac dans « Rusalka ».  

Dans son air sublime, Léonore, la merveilleuse soprano américaine Jennifer Wilson,"l'une des plus grandes sopranos dramatiques du monde",  s’exclame en deux montées l’une chromatique et l’autre diatonique sur le si aigu pour cueillir le mot magique « ERREICHEN ». Oui, elle entrevoit l’issue heureuse de son entreprise ! Trois cors, symboles de l’espoir, l’accompagnent et annoncent la promesse de la victoire. Dans le récitatif qui précède, l’orchestre et les timbales ont annoncé le danger qui guette le prisonnier et donnent à entendre son cœur qui bat. « Fidelio, ich habe Mut ! » L’amour peut supporter les pires souffrances. Le dictateur a beau mugir avec extase ses envies de vengeance meurtrières : «  Triumph, Der Sieg ist mein ! » C’est bien la lumière et l’amour qui seront victorieux. Don Pizzaro est interprété avec énormément de conviction par Thomas Gazheli.  

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La scène où les prisonniers retrouvent l’air et la lumière est particulièrement bouleversante : « O Welche Lust in freien Luft den Atem zu nehmen ! »  Fidelio en pleure. Alors que les chuchotements des prisonniers (« Sprecht leiser ! ») annoncent déjà leur adieu à la chaude lumière. Une splendide chorégraphie de Marcel Seminara. Les gardes mettent en joue les prisonniers.

Au deuxième acte, la sombre introduction avec cuivres lugubres et timbales fatidiques laisse filtrer un bruissement de flûtes et l’espoir renaît. La voix solitaire du prisonnier fuse : « O grauenvolle Stille ! O schwere Prüfung , doch gerecht ist Gottes Wille ! »  Zoran Todorovich a la voix de ténor idéale pour ce rôle, glissant légèrement entre  les ombres de la souffrance et la lumière.  Il se soumet aux desseins de Dieu, bercé par les violons ; il a dit la vérité et le cachot est sa récompense.  De sa voix claire et souple « Gott ! Welch Dunkel hier ! »  Florestan chante tour à tour sa souffrance et son espoir en la liberté. Il a soudain perçu une lueur féerique et senti la voix de sa femme? Magie musicale et affective s’emmêlent, on est en plein conte de fées !  Les voilà qui chantent à trois l’espoir radieux retrouvé !  Léonore a offert du pain au prisonnier qui ne l’a pas encore reconnue sous son lourd manteau. Lorsque Pizarro descend pour le tuer, Léonore dévoile son identité de femme, s’interpose et le menace de son pistolet.

 

_dsf6888__b_.jpgLe bon ministre Don Fernando (Laurent Kubla) est arrivé, Pizzaro emmené par des gardes. C’est Leonore qui libèrera son mari des entraves. « O Gott, welch ein Augenblick ! » « Liebend ist es mir gelungen, dich aus Ketten zu befrei´n».  La lumière emplit l’espace et inonde le plateau qui avait pris l’apparence d’un pénitencier moderne. Dans le final  resplendissant qui  s’apparente à la thématique de l’Hymne à la joie - long moment inoubliable - toutes les femmes suivent l’exemple de Léonore et enlèvent les fers des pieds de leur mari, les jetant avec dégoût au bord de la scène. On est très loin de la moralité bourgeoise! Il s'agit plutôt d'une morale héroïque.  On ressort du spectacle, l’amour de la liberté fiché dans le cœur. On a entendu un émouvant manifeste pour l’amour conjugal, dans sa profondeur et sa vérité, l’accomplissement du devoir moral et l’affranchissement de toute dictature.

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Fidelio

Direction musicale :  Paolo Arrivabeni
Mise en scène :  Mario Martone
Chef des Chœurs :  Marcel Seminara
Artistes :  Jennifer Wilson, Zoran Todorovich, Franz Hawlata, Cinzia Forte, Yuri Gorodetski, Thomas Gazheli, Laurent Kubla
Du vendredi, 31/01/2014 au mardi, 11/02/2014
http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/fidelio
Opéra Royal de Wallonie
Place de l'Opéra
4000 Liège - Cité
Téléphone +32 (0)4221 47 22
location@orw.be
www.operaliege.be

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Richard III au théâtre Royal du Parc

12272989285?profile=originalRichard III (Shakespeare)

 

« Me voilà entré si avant dans le sang, qu'il faut qu'un crime chasse l'autre… »

 L’histoire: le duc de Gloucester est un York, le frère du roi Edouard IV qui  a détrôné le dernier des Lancastre, Henry VI, en 1471. Il souffre haineusement de disgrâces physiques et est dévoré par l’ambition. Il fait arrêter son demi-frère, George, duc de Clarence, qui est mené à la Tour de Londres pour y être noyé. Il parvient à obtenir la main de Lady Anne dont il a tué le mari,  le  prince de Galles (fils de Henry VI). Il s’arrange pour qu’Edouard IV meure aussi. Devenu régent, il fait disparaître à la Tour de Londres ses propres neveux, le jeune héritier de douze ans, Édouard V et son frère. Les femmes de la cour sont incapables d’empêcher ces meurtres programmés. Il fait courir le bruit que  Lady Anne est atteinte d’une maladie incurable… Il  se fait proclamer roi sous le nom de Richard III et il obtient la main de sa jeune nièce Élisabeth. Les femmes sont toujours aussi impuissantes à arrêter son appétit dévorant. L'usurpateur règne par la terreur. Le comte de Richmond, leur unique allié,  prend la tête d’une rébellion qui conteste la légitimité de Richard et ses abus de pouvoir. Nous voilà  la nuit de la bataille de Bosworth, en 1485. Le roi Richard est  hanté par les spectres de ses victimes. Il est réduit à combattre à pied, lançant son exclamation célèbre : «Un cheval ! un cheval ! Mon royaume pour un cheval !» (V, 4). Il est vaincu bien que ses troupes soient bien  plus nombreuses que celles de Richmond et trouve la mort. Le  comte de Richmond (Lancastre par sa mère) est proclamé roi sous le nom de Henry VII. Il épouse  Élisabeth d'York, jeune veuve de Richard III. La réconciliation des deux familles signe la fin de la guerre fratricide des Deux Roses et instaure la nouvelle dynastie des Tudor. La paix au doux visage et la riante  prospérité sont enfin possibles!  Ils auront beaucoup d’enfants, dont le futur Henry VIII! Et les photographes de Paris Match  de crépiter! Oui! Car la mise en scène d' Isabelle Pousseur  est  résolument moderne!

Dans son hypocrite voyage vers  la sauvagerie du  pouvoir absolu, le duc de Gloucester, futur Richard III sous les traits de Guy Pion ne connait ni lois divines, ni lois humaines. Il est un  monstre de fourberie, de manipulation meurtrière et de  méchanceté. Pas une valeur humaine ne trouve grâce à ses yeux, il n’a pas une once de pitié et n’éprouve aucun respect  pour  la vie : pour la femme, qu’elle soit  mère, épouse, sœur,  nièce, ou pour l’enfant. Il incarne  l’image démoniaque de la  crapule totale, privée de tout scrupule, de tout sentiment hormis  son amour immodéré de lui-même. Il évolue à la façon d’une machine impitoyable dont  l’ingéniosité diabolique se plaît à prendre le public à témoin et pratique autour de lui un interminable jeu de massacres, singeant la puissance de Dieu en personne. 

La deuxième partie de la pièce démontre enfin que cet être qui se croit illimité est totalement enfermé et prisonnier de  lui-même. La scène où il est hanté par les ombres blanches de ses victimes est sublime. Cette scène qui précède la bataille est d’une plasticité remarquable. Elle  est enfin chargée d’humanité et cela fait du bien!  Chorégraphie et texte épousent finement l’âme torturée du conspirateur avant sa chute.  C’est le cœur de la pièce dont le climat  hallucinant  fait enfin oublier la présence sur scène de cet inutile travesti sorti des années folles qui avait hanté  le plateau au début. Il a fallu  pas mal temps avant de comprendre que ce personnage en perruque et en fourreau à paillettes n’était pas une prémonition de la mort omniprésente mais  la putain d’un des autres ducs, assassiné lui aussi.   

 

Néanmoins on ne comprend pas comment un personnage aussi noir et aussi méprisable que ce mielleux duc de Gloucester réussisse à gagner le cœur de la pauvre Lady Ann qui se lamente au bord de la tombe de son mari tué par le monstre. La scène de sa séduction n’est pas fort convaincante. A moins qu' Isabelle Pousseur,  la metteuse en scène n’ait décidé de mettre  en scène la douloureuse tentation de la collaboration avec l’ennemi. Quand c’est une question de vie ou de mort, il faut beaucoup de courage pour résister. La reddition de Lady Anne est un peu trop brusque, pas vraiment explicable.  Une scène qui fait  froid dans le dos, surtout au vu des costumes choisis, qui rappellent fortement la deuxième guerre mondiale.  L’autre scène très accablante est celle où Gloucester convainc cyniquement sa mère de lui donner la main de sa nièce, la jeune Elisabeth pour  légitimer son nouveau pouvoir.

Le texte a été contracté pour que le spectacle ne dure que 2h 45 entracte compris. Képis, galons et costumes militaires gris ou kaki font partie de cette mise en scène moderne. Le plateau est vide à part une sorte de large  colonne de fin voilages dorés dans laquelle on voit jouer des personnages par transparence avec de splendides effets de lumière. Ce lieu de prédilection pour tous les moments forts de la pièce représente La Tour de Londres,   les  appartements royaux, la salle du conseil du palais où  le perfide Gloucester se fait longuement prier avant « d’accepter » le couronnement. Un micro amplifie ici et là les appels à la sagesse shakespearienne. Pas une goutte de sang, juste une cagoule noire passée sur la tête de la victime qui rappelle le capuchon de la fauconnerie. Il y a ce grand escalier que Richard III monte en conquérant, vêtu d’habits royaux criards avant de le redescendre pour mourir plus tard, seul et abandonné, ayant même fait assassiner Buckingham le fidèle comparse  de ses infamies.

12272989868?profile=originalEn dehors des prestations impeccables de Guy Pion (Gloucester)  et de Simon Duprez (Buckingham), les personnages féminins sont particulièrement bien étudiés et remarquablement  interprétés. Anouchka Vingtier (Lady Ann),  Beatrix Ferauge (Lady Gloucester), Brigitte Dedry (Lady Elisabeth) sont, toutes, admirables. Et le reste de la distribution, à l'avenant!

 Au Théâtre royal du Parc, jusqu’au 15 février, à 20h15 (dimanche à 15h). Infos & rés. : 02.505.30.30, www.theatreduparc.be

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