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mythologie (12)

12273300852?profile=originalFrida Kahlo

Les deux Frida, 1939

Corps corseté, âme libre d’oiseau blessé, Frida

« dont les visions sont à la fois précises et hallucinantes. »,

   Octavio Paz

 

      On dépeint volontiers le Mexicain comme macho, il en serait même le stéréotype. Et l’on n’a pas nécessairement tort, ne serait-ce qu’en pensant au comportement de Diego Rivera à l’égard de sa compagne, Frida Kahlo. Pourtant sous le soleil du Mexique, des femmes se sont épanouies et ont montré un talent singulier, dans leurs toiles aussi bien que dans leurs photographies. Ainsi, à leur manière, elles ont marqué leur siècle et leur pays. Ce que nous allons montrer ici.

 

12273301455?profile=originalAutoportrait

Huile sur métal, 28/07/1938

 

A commencer par Frida Kahlo (Coyoacán, 1907-1954), Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderόn pour l’état civil, née d’un père allemand et d’une mère mexicaine.

« Un ruban autour d’une bombe », selon le mot d’André Breton, poupée désarticulée à la Hans Bellmer. 

 

12273302256?profile=originalThe frame-Autoportrait

 Huile sur aluminium sous verre, 1938

 

      On ne la présente plus depuis l’immense succès international du biopic Frida de Julie Taymor en 2002, la poliomyélite qui la diminue, son accident de bus en 1925, sa rencontre avec Diego Rivera (1886-1957), leurs amours, leurs amis (Trotski, Breton… Quoique, concernant ce dernier, Frida soit plus réservée : « El seňor Breton se prend trop au sérieux. »), ses emmerdes… Aussi faisons place à sa peinture.

Il faut admettre qu’elle s’est beaucoup représentée, de sa mise au monde à sa mise en tombe, femme brisée au miroir.

 

12273302488?profile=originalAutoportrait à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis

Huile sur métal, 1932

Carmen Rivera depuis son mariage avec Diego Rivera en 1929.

Ecartelée entre racines et modernité.

Fumée des usines Ford à Detroit élevées au dieu-argent,

pyramides du Soleil et de la Lune aux dieux de son pays où la nature est reine.

Organisation scientifique du travail et créativité spontanée.

Prospérité et froideur des gringos, pauvreté et chaleur des compañeros.

La nostalgie gagnait…

 

Sans cesse elle s’interroge, elle ou son image, sa confidente, sa déchirure,

cet abîme à sonder, toujours entre deux amours, deux civilisations, dis-moi

« Où pourrais-je diriger mon regard ? Si immense, si profond ! »

 

12273302879?profile=originalPortrait aux cheveux coupés

Huile sur toile, 1940

A quoi tient l’amour ou la considération ?...

« Regarde, si je t’ai aimé, ce fut pour ta chevelure,

Maintenant que tu es tondue, je ne t’aime plus. »

lit-on en bandeau (en-haut, absent de ma photo).

Une émancipation que démentira la Libération…

Frida, l’eau et le feu, l’Ange et la Mort, yin et yang.

Ou plutôt Ollin, le protecteur du jour,

et son pendant, Xolotl*, l’Etoile du Soir,

l’incarnation même de son pays et de sa dualité.

 

      Souvent qualifiée de surréaliste car, comme disait Magritte, « Est surréaliste ce qui paraît convenir à Breton. » Elle, tempérament plus orageux, le traita plus simplement d’ « hijo de p… » Respectueuse, certes, mais franche et directe la pétroleuse épistolière, c’est dire si ses relations pouvaient être compliquées. Langage fleuri qui contraste avec celle qui signait parfois Xochitl, première femme mortelle apparue sur terre dans la mythologie aztèque (ou Xochiquetzal, « belle fleur », déesse de l’amour et de la beauté entourée de papillons et d’oiseaux. Et Frida s’y connaissait en noms d’oiseaux, comme un vrai pistolero).

Alors surréaliste ou pas, quoi qu’il en soit elle est plus dans la recherche de sa vérité, à reconstruire le puzzle de sa vie, ou l’autoanalyse de sa réalité si l’on veut, que dans le songe ou l’illusion. Sa lucidité est sa liberté.

      Abrupte peut-être Frida quand elle méprisait les surréalistes, un cénacle d’intellectuels rabougris, prenant maîtresses ou souvent mariés à des artistes de premier plan (Dorothea Tanning et Max Ernst, Remedios Varo et Benjamin Péret, Greta Knutson et Tristan Tzara, Kay Sage et Yves Tanguy, Leonora Carrington…), qui, tout en célébrant leur beauté, les cantonnaient dans un rôle de muse, de faire-valoir, obscurs objets du désir. Critiques serviles et beaux-esprits virils souvent les mésestimèrent, reléguant leurs œuvres au rang de simples curiosités. On vénère les uns, premiers de cordée, on ignore leurs moitiés, grillons du foyer.

      Elle leur reprocha également leur manque de vision politique ou leur passivité à l’heure de la montée du fascisme. Oisifs discourant sans fin, vanité et mots oiseux.

      Certes dans l’antilogie, Frida ferma souvent les yeux sur les égarements de son muraliste réaliste et rigoriste, quand il n’était pas volage, de mari. Et fut même généralement suiviste (Diego est exclu du Parti communiste mexicain en 1929, elle rompt dans la foulée), voire récidiviste (elle divorce de Diego en décembre 1938, elle se remarie deux ans plus tard avec lui). Toujours ils se rabibocheront. Le cœur a ses raisons.

Surréaliste ou pas, en tout cas son œuvre ne se résume pas à cela. L’artiste est complexe et tourmentée, force obscure aux tonalités flamboyantes.

 

12273303863?profile=originalVue de Central Park

Crayon et aquarelle, 1932

De 1930 à 1933, Frida séjourne aux Etats-Unis avec son mari. Elle souhaite ardemment être mère mais ne connait que des fausses couches.


12273304073?profile=originalSans espoir

Huile sur masonite, 1945

(museo Dolores Olmedo, photo captée sur le net)

Soleil et Lune, impossible rendez-vous…

 

12273303690?profile=originalEnfant tehucana, Lucha Maria

ou Soleil et Lune

Huile sur masonite, 1942

L’antique cité de Teotihuacán abrita jusqu’à 200 000 âmes au VIIe siècle.

Elle est dominée par la pyramide du Soleil (la 3e au monde par sa taille)

et la pyramide de la Lune que relie entre elles la chaussée des Morts.

Les nuages s’accumulaient, le temps des sacrifices était revenu, les dieux de la guerre l’exigeaient si l’on voulait que le soleil brille encore.  

Toujours dans l’action politique Frida, pourtant militante de la paix (elle signe parfois Frieda, de l’allemand frieden, paix), souhaite que son pays s’engage face à l’emprise étouffante des forces de l’Axe. Le 2 juin 1942, le Mexique rejoindra les Alliés contre l’Allemagne nazie (les Etats-Unis étant entrés en guerre le 8 décembre 1941, au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor).

L’enfant alors pourra peut-être paraître apaisée.

 

La lune est araignée d’argent

qui tisse sa toile

dans la rivière qui la révèle

José Juan Tablada (1871-1945)

 

12273304498?profile=originalNature morte avec perruche et drapeau

Huile sur masonite (détail), 1951

 

      Rien de tout cela, peut-être, sans quelques autres femmes d’influence qui soutinrent les jeunes pousses prometteuses de la nation. Ainsi Dolores Olmedo qui collectionna activement les œuvres de Rivera et de Kahlo pour les offrir au peuple mexicain dans sa fondation. Ou María Asúnsolo, muse et mécène, déjà remarquée pour ses deux portraits réalisés par David Alfaro Siqueiros (https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/david-alfaro-siqueiros-los-tres-grandes-4e-partie), que l’on dévoile ici sous le pinceau du peintre brésilien Emiliano Augusto Cavalcanti de Albuquerque e Melo dit Di Cavalcanti (1897-1976).

 

12273305293?profile=originalEmiliano di Cavalcanti

Rio de Janeiro, 1897-1976

Portrait de María Asúnsolo

(huile sur toile, 1942)

 

A suivre… María, Olga, Rosa et quelques autres…

 

12273305486?profile=originalFrancisco Zúňiga Chavarria

Snan José, Costa Rica, 1912-Tlalpan, Mexique, 1998

Groupe de femmes

(bronze, 1974)

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

* Xolotl était le jumeau de Quetzalcóatl, le Serpent à Plumes, le dieu de l’intelligence de la mythologie aztèque. Diego Rivera a représenté Frida Kahlo au centre de sa fresque Songe d’un dimanche après-midi à l’Alameda (4,8 x 15m, 1948) tenant le symbole du yin et du yang au côté de la Mort avec un médaillon de ceinturon orné du glyphe Ollin le tenant lui enfant par la main droite et bras dessus bras dessous avec José Gualalupe Posada (1852-1913), surtout connu comme graveur et précurseur d’un art populaire proprement mexicain. La mort, aboutissement et complément de la vie, arbore aussi autour du cou un serpent à plumes comme la Grande Zoa portait le boa. Tandis que Frida, légèrement en retrait, veille sur Diego. Voir aussi Nahui Ollin au deuxième volet consacré aux femmes peintres mexicaines…

12273306468?profile=originalL’étreinte amoureuse de l’univers

La terre, Moi, Diego et Monsieur Xolotl, 1949

Xolotl, dieu cynocéphale passeur du soleil et des morts dans l’inframonde,

associé aux jumeaux, c’était aussi le nom du chien de Frida.

(photo captée sur le net)

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Vénus ou l'écume de nos nuits (Aphrodite, 6/7)

12273259456?profile=original Aphrodite

Pensive, elle est lascive, en décolleté de marbre.

(musée archéologique de Rhodes)

 

« Vénus… Ô Déesse…

Tant épris de ton charme, chacun brûle de te suivre où tu veux l’entraîner. »,

Lucrèce (ca 94-54 av. J.-C.)

 

12273259496?profile=originalAphrodite de la Mer

Sans bras, mais pas sans appas.

(IIIe siècle av. J.-C., 1,94m, marbre, musée archéologique de Rhodes)

Polie par le temps et par la vague. Née deux fois de l’écume*1, la pélagienne a en effet été retrouvée par un pécheur au large du port de Rhodes, en 1929, à la hauteur du quartier de Nichorion.

Du type aidoumene, pudique, cachant sa poitrine de son bras droit, tandis que du gauche elle essaie, en vain, de retenir sa si fluide tunique.

 Aguicheuse comme une effeuilleuse ou une publicité fallacieuse, elle semble dire :

« Demain j’enlève le bas »

C’est probablement cette statue cultuelle qui ornait le temple d’Aphrodite.

12273259887?profile=originalTemple d’Aphrodite à Rhodes

(IIIe siècle av. J.-C.)

 

Que fit la polis de Rhodes ? La cité chargea la poliade, divinité protectrice, de veiller sur la ville, Aphrodite sur le port, Apollon au point culminant, l’Acropolis*2. Adieu.

 

12273259675?profile=originalAphrodite sandalizomene (ôtant sa sandale)

(copie romaine d’un original grec du IIe s. av. J.-C. ;

palais des Grands Maîtres de Rhodes)

On connait le groupe Aphrodite, Pan et Eros du musée national d’Athènes,

 où la déesse brandit sa sandale, plus provocante que menaçante,

 face au dieu des campagnes, mi-homme, mi-bouc, qui peut bien lui jouer de la flûte tandis qu’Eros taquine la badine et le bandit bandant,

qui aimait tant semer la panique et faire l’amour comme un odieux.

Plus gracieuse ici, elle s’attire dieux et hommes, mi-ange, mi-démon, semailles et moissons, moins prompte au scandale. 

Le petit personnage qui l’accompagne est ici son fils Priape,

 dieu de la fertilité, représenté en nain. Et jamais un coup de pompe !

 

12273260290?profile=original Vénus

« La pudeur ajoute encore à la beauté. », Ovide (Les Amours)

Collection Borghèse

(marbre, IIe/IIIe s. ap. J.-C. ; musée du Louvre, Paris)

Quoique « La véritable pudeur doit se cacher elle-même avec autant de soins que le reste. La main qui ramène un pli de la robe fait plus rêver à ce qu'elle veut cacher, qu'à la honte vertueuse qui le lui fait cacher. »

« Douce pudeur, suprême volupté de l'amour, que de charmes perd une femme au moment qu'elle renonce à toi ! Combien, si elle connaissait ton empire, elle mettrait de soin à te conserver, sinon par honnêteté,

du moins par coquetterie ! »*3

 

 

      Une fille perdue de notre déesse pourrait aussi nous troubler. D’Adonis en effet, Aphrodite aurait eu une fille Béroé*4. Béroé, l’Accomplie, dont Dionysos (Bacchus) s’éprit, ainsi aiguillonné par Eros, son roué coursier, à qui  Nonnos*5 prête ces paroles :

« Bacchus met le trouble chez les humains,

Ma flamme sait troubler Bacchus lui-même. »

      J’espère que cette série vous a plu. Il me reste malgré tout un regret, celui de ne pas entièrement posséder mon sujet. Mais j’ai encore un ou deux numéros inscrits sur mon mémento pour, sur un quiproquo, conclure. Pour peu qu’au clair de la lune mon ami Ovide me prête sa plume pour écrire un dernier mot.

 

12273259700?profile=originalOvide reçoit de notre muse favorite une plume

 qu’elle vient d’arracher d’une des ailes de l’Amour.

(gravure Noël Le Mire, d’après Charles Eisen)

 

D’ici là, vous pouvez retrouver ici les précédents numéros :

1.     A Paphos, l’effrontée Aphrodite fût :

  https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-paphos-l-effront-e-a...

2.    A la poursuite d’Aphrodite la dorée :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-la-poursuite-d-aphro...

3.    Toujours fondu d’Aphrodite ?

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/toujours-fondu-d-aphro...

4.     Dans le miroir de Vénus :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/dans-le-miroir-de-v-nu...

5.     Rhodos, Salmacis et Hermaphrodite :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/recherche-aphrodite-perdument-aphrodite-5-7?xg_source=activity

 

A suivre…

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 L’ « écume de mer », un silicate de magnésium hydraté, est un minéral tendre, blanc et léger. Elle flotte sur l’eau de mer et on la croyait faite d’écume pétrifiée. Son nom scientifique est sépiolite, du grec sêpion, ‘os de seiche’, à rapprocher du latin sepia, que les artistes connaissent bien. Cette précieuse matière réfractaire sert à fabriquer des têtes de pipes. Vienne en était, pour la qualité artistique de ses fourneaux sculptés, le centre le plus réputé. On trouve cette pierre essentiellement à Eskisehir en Anatolie (Turquie). En France (Gard), elle est la « terre de Sommières », aux vertus dégraissantes et détachantes. Au Maroc, c’est le « savon de Fez », qui servait à la toilette de Vénus. Un minéral trouvé à Långbanshyttan (Vårmland, Suède), très proche chimiquement, est localement nommé… Aphrodite.

Nom d’une pipe !

12273260682?profile=original Aphrodite de Rhodes

Na ! Na !

*2 Charès de Lindos (IVe s. av. J.-C.), disciple de Lysippe, y érigea le célèbre Colosse incarnant Hélios. Sur l’acropole (mont Smith) Zeus, maître du Ciel, et Athéna, protectrice des Arts et Lettres, étaient également vénérés. On y trouvait aussi un sanctuaire dédié aux Nymphes. Je suis bien sûr allé siffler là-haut sur la colline… Athéna, Minerve, Aphrodite… je vénère en vain. Nul et non à Vénus.

*3 Citations d’Alphonse Karr (1808-1890) et de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), respectivement et respectueusement.

*4 C’est aussi le nom d’une des trois mille Océanides, filles d’Océan et de Téthys.

*5 Nonnos, né à Panopolis (cité de Pan, aujourd’hui Akhmîn, en Egypte), est un poète grec du Ve siècle, à qui on doit les Dionysiaques. C’est le seul auteur sur lequel je sois tombé qui mentionne cette fille d’Aphrodite. Je vous en laisse les vers à ronger et en extraire la substantifique moelle.

12273261263?profile=originalUn halo de mystère l’enveloppe encore,
qu’il faudra bien dissiper…

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Dans le miroir de Vénus (Aphrodite, 4/7)

12273249659?profile=originalVénus Pudique

Quoique, méfiez-vous, elle sort tout juste de sa réserve…

(marbre ; musée du Louvre, Paris)

« Ha que plût aux Dieux que je fusse !

Ton miroir, à la fin que je pusse,

Te mirant dedans moi, te voir. »,

Anacréon (ca - 560, - 478 av. J.-C.) *1

 

      Archétype de la beauté, mythe absolu, déification de l’éternel féminin, finalement elle réconcilie les Anciens et les Modernes.

      Déjà, dans le monde gréco-romain, en Egypte et en Syrie, on a trouvé des figures de la déesse aux multiples attributs polythéistes (le gouvernail de la Fortune et la corne d’abondance, le casque de Minerve ceint du diadème de Cybèle, l’emblème d’Isis). C’est l’Aphrodite Panthée, protectrice de l’épousée, dans la lignée d’Isis-Hathor-Astarté, unies-vers-elle la panthéiste.

Produite en série (on la retrouve au Louvre, à Vienne… A Myrina, en Asie mineure, par exemple, on déclinait beaucoup de Vénus accroupie en terre cuite dans l’Antiquité), elle a continué de ravir et d’inspirer nombre d’artistes de la Renaissance aux plus contemporains. Rodin, Maillol, Bourdelle, Redon…

« Exquise vérité des formes, en sorte qu’on aurait pu les croire moulées sur nature,

si la nature produisait d’aussi parfaits modèles. »

Prosper Mérimée (La Vénus d’Ille)

 

12273250063?profile=original Vénus de Vienne

Sainte-Colombe à sa toilette.

(Ier-IIe s. ; marbre de Paros ; musée du Louvre, Paris)

Rappelons ici que Prosper Mérimée (1803-1870) fut inspecteur général des Monuments historiques. En tant que tel, il visita en 1835 le « Palais du Miroir » à coté de Vienne en Isère. Ce qui amena la découverte, deux ans plus tard, de la Vénus de Vienne dans le frigidarium des thermes de Saint-Romain-en-Gal. Une copie romaine de l’Aphrodite accroupie de Doidalsas de Bithynie, « une Vénus nue, supérieure encore à celle de Praxitèle » pour Pline l’Ancien.

 

      Rodin, ou avant lui Michel-Ange, rejoignaient Lysippe qui, tel que Pline le rapporte, « déclarait volontiers que les Anciens représentaient les hommes tels qu’ils les voyaient, et lui, tels qu’ils lui donnaient l’impression d’être. »

Ce sculpteur grec du IVe siècle avant notre ère dont « on dit qu’il contribua largement au progrès de la statuaire par le rendu minutieux de la chevelure et la modification des proportions du corps : les têtes étant plus petites, les corps plus minces et nerveux, la taille des statues semblait plus élancée. »

… Dali, Arp, Zadkine, Arman ou Andy Warhol…

Un thème universel qui défie le temps.

      Attractive, elle séduit toujours et fait vendre des produits en tout genre, les marchands se saisissant de  cette image qui capte immédiatement le regard du chaland. Un visuel parfait au fort pouvoir vendeur. Je me souviens que l’on avait même tenté de commercialiser les œufs d’escargot au prix exorbitant d’un « caviar blanc » sous l’alléchante appellation de « Perles d’Aphrodite » !

Oh je sais que d’Hermès, Aphrodite conçut Hermaphrodite, mais ce n’est que de son union avec Salmacis qu’il devint tel un petit hélix.

Et qu’Hésiode a traité Aphrodite - ah ! c’est pas joli… ah ! c’est pas gentil… c’est même retors - d’hélicoblépharos, la « paupière en vrille » !

 

12273250485?profile=originalEn flânant, serein, devant les devantures de magasins,

une Aphrodite Mélaenis, Noire, maîtresse de la nuit, nous retient.

(copie d’une céramique dans le style attique à figures noires)

 

Je ne vais pas vous faire l’article… En boutique, on la vante extra vierge ! Organic (biologique) ! Magnétique !!! C’est la mercatique qui veut cela…

 

Et elle ne ferait plus recette ? c’est pourtant une huile !

12273250679?profile=originalA écouter les sirènes de la publicité, la consommation serait l’alpha et l’oméga 3 de l’existence !

 

Et ici, notre « Aphrodite de la Mer » rhabillée en magnet !

12273251467?profile=original (je vous livrerai la vraie, bien plus aimante et dans son plus simple appareil, dans le prochain numéro)

 

Quelle enseigne tout de même !

 

12273251490?profile=originalDans un jardin de Rhodes

Même mille fois déclinée avec tant de produits dérivés,

Jamais quelconque dans sa conque.

 

Surtout elle stimule la créativité des artisans qui perpétuent la tradition de la céramique, dans la copie ou son interprétation.

 

12273251289?profile=originalCéramique de Faros (Rhodes)

Enjôleuse et vendeuse, non ?

 

Aphrodite nous dicte toujours sa loi, elle qui bohème n’en connut guère. Car elle en impose encore notre déesse.

 

      12273252088?profile=originalVénus au miroir

Elle aimait le reflet de sa beauté, coquette au sortir du bain

ou conquérante dans le bouclier de Mars, fatale toujours.

(Copenhague, glyptothèque Carlsberg)

 

      Mais les attributs de la vénusté seraient-ils soumis aujourd’hui à un coefficient de vétusté ? 

La taille… plus fine ! Les jambes… plus longues ! Les seins… en obus de canon !!! Ainsi, par les vertus d’un traitement numérique, ou pis, par la chirurgie esthétique, notre almée à l’envoûtant déhanchement en serait-elle réduite à se conformer aux nouveaux diktats de la mode pour défiler sur les podiums ? Mincir pour entrer dans les normes, quel paradoxe ce paradigme !

« Son ventre splendide, large comme la mer. »,

Auguste Rodin, à propos de la Vénus de Milo

Quels que soient les commandements de la modernité, je ne cesserai de tourner autour de ces rondes-bosses…

 

12273252264?profile=original Vénus accroupie ou Vénus à la toilette

« Une fleur de vie, forme qui me réjouit. »,

Auguste Rodin

D’après un original de Doidalsas de Bithynie

(musée national, Rome)

 

… autant que de la contempler  accrochée aux cimaises me remplit d’aise.

 

12273251888?profile=originalLa toilette de Vénus (ou l’Air)

L’Albane  (Francesco Albani, dit ; 1578-1660)

(musée du Louvre, Paris)

 

Et se livrer avec Aphrodite aux délices de Capoue*2

 

12273252287?profile=original Toutes veulent être Vénus...

Cette belle romaine arbore une coiffure en vogue au 1er siècle

(Marcia Furnilla, seconde épouse de l’empereur Titus ?)

(Copenhague, glyptothèque Carlsberg)

 

Pas sûr toutefois que toutes puissent soutenir…

 

12273253471?profile=originalLa comparaison

Jean-Frédéric Schall (1752-1825)

« Jouissez amants, la fleur de jeunesse vous rit au visage. »,

Gioachino Rossini (1792-1868)

(musée du Louvre, Paris)

 

« Il avait à Syracuse un couple surnommé Belles Fesses. », raconte Cercidas de Megalopolis deux siècles avant notre ère. Voici l’histoire…

Deux sœurs s’interrogeaient, et la question était grave. A savoir laquelle avait le plus joli postérieur. Il fallait bien trancher, bien que le partage fût déjà très équitable. Un joli cœur s’en vint par là. « Il est bon de savoir qui de nous a le plus beau. » Bien qu’il y eût à hésiter, il devait en juger, il opta pour l’ainée. Et, bon gars, pour ne pas peiner la cadette, manda de ce pas son frère afin qu’il puisse plaider aussi son cas. Ce dernier lui trouva de sérieux atouts et, ma foi, fort à son goût. Tous se marièrent et firent ériger une statue à Aphrodite, callipyge comme il se doit pour rendre hommage à tant de grâces. On comprend mieux maintenant le motif*3 de ce tableautin libertin et pourquoi tant de messieurs aimeraient tant voir Syracuse avant que leur jeunesse s’use.

 

« Des jeunes cœurs c’est le suprême bien :

Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien. »,

La Fontaine

 

Les anciens Grecs déjà prisaient fort les jeux de hasard. Aux dés la combinaison gagnante était le « coup d’Aphrodite » (3 fois 6). Victoire assurée… Sinon un « coup de chien » (3 fois 1), sinon l’apocalypse cette bête, était mauvais signe néanmoins. Heureux au jeu… Le perdant pouvait se consoler en se disant qu’aux jeux de l’amour il avait peut-être évité un « coup de pied d’Aphrodite », maladie vénérienne de ceux qui sacrifient trop à Vénus au hasard de rencontres douteuses. « Amour, Amour, quand tu nous tiens

On peut bien dire : « Adieu prudence. », La Fontaine (Le lion amoureux), autant :

« J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,

La ville et la campagne, enfin tout ; il n’est rien

Qui me soit souverain bien,

Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. »,

Id., Les Amours de Psyché et de Cupidon

 

      Par-delà la légende, Chypre, l’île d’Aphrodite, toujours très sismique, est née de la mer au crétacé, il y a environ 90 millions d’années, d’une surrection du plancher océanique, un choc titanesque entre les plaques anatolienne et africaine. Puis l’île s’est surélevée au pléistocène, il y a environ 1,8 millions d’années, pour dominer à 1952m dans le massif du Troodos au mont Olympe (qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme, siège des dieux de la mythologie grecque).

 

12273253854?profile=originalAu printemps de quoi rêvais-tu Sandro ?

A la naissance de Vénus ?

(musées capitolins, Rome)

Tête dite d’Amazone blessée du type Capitole-Sôsiclès. Copie romaine d’un original grec du Ve s. av. J.-C. La statue aurait été créée par Crésilas pour un concours l’opposant ainsi à Polyclète, Phidias, Phradmon et Cydon. Elle était destinée au temple d’Artémis à Ephèse et serait arrivée en troisième position après celles de Polyclète et Phidias, devançant celles de Cydon et Phradon.

N’est-elle pas confondante cette beauté canonique ? Eternelle korê (jeune fille) qui semble bien avoir inspiré Botticelli pour sa Naissance de Vénus*4, en tout cas cela m’a frappé lorsque je l’ai photographiée. Ou, plus sûrement encore, un dessin à la mine de plomb de Gustave Moreau.

 

A suivre…

Car l’amour renait sans cesse.

Vous aurez peut-être plaisir à retrouver ici les trois premiers épisodes de ce feuilleton avant son épilogue prochain :

1.  A Paphos, l’effrontée Aphrodite fût :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-paphos-l-effront-e-aphrodite-f-t-aphrodite-1-5

2.  

1.    A la poursuite d’Aphrodite la dorée :


 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-la-poursuite-d-aphrodite-la-dor-e-aphrodite-2-5

1.  Toujours fondu d’Aphrodite ?

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/toujours-fondu-d-aphrodite-aphrodite-3-6

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 Anacréon, poète lyrique grec, adapté pour l’occasion par Rémi Belleau (1528-1577). Sous la plume de Pierre de Ronsard (1524-1585) les vers d’Anacréon deviendront :

« Mais je voudrais être miroir

Afin que toujours tu me visses. »

Un autre de leur contemporain, Olivier de Magny (1529-1561), donna :

« Je voudrais être le miroir

Où vous vous ébattez à voir

Les beautés de votre visage. »

Au XVIIIe siècle, par le truchement de Louis Poinsinet de Sivry (1733-1804), on obtint :

« Que n’est-il en mon pouvoir

D’être cette glace heureuse,

Où vous aimez à vous voir ? »

Enfin, de la réflexion de Charles-Marie Lecomte de Lisle (1818-1894) :

« Pour moi, que ne suis-je, ô chère maîtresse,

Le miroir heureux de te contempler. »

Quant à la statue, exposée depuis peu au public et ici donnée en illustration, elle est du type genitrix (mère ; Vénus, déesse de la fécondité ; cf. A la poursuite d’Aphrodite, 2/7).

A remarquer également, l’hydrie (aiguière), rappelant le bain lustral. L’eau-mère associée à sa naissance, à l’abondance qu’elle génère.

*2 Les « délices de Capoue » font référence à Hannibal et son armée qui prirent Capoue (Santa Maria Capua Vetere de nos jours) aux Romains en – 215. Au lieu de repartir en campagne, ils y firent relâche, attendant des renforts, et cédèrent à la tentation. Après la débauche, les Romains n’eurent plus qu’à faire main basse sur la ville, en – 211, et rafler la mise. Hannibal était défait. Anachronisme, me direz-vous. Pas tant que ça, je fais ici allusion à l’Aphrodite de Capoue du musée archéologique de Naples, attribuée à Lysippe ou à Scopas selon les auteurs, et comparable à la Vénus de Milo. De même l’Aphrodite Landolina du musée de Syracuse avec son drapé qui s’ouvre telle une conque pour révéler les jambes splendides de la déesse.

Un peu plus loin encore (aux jeux de l’amour et du hasard) les époques se carambolent (si le « coup d’Aphrodite » est bien une expression grecque, les autres termes sont nettement postérieurs), autres temps ne signifiant pas nécessairement autres mœurs. Aussi me suis-je accordé quelque licence… littéraire.

*3 Complétons la légende. Sous la Régence, il y avait aussi une « fraternité des Aphrodites ». Ses membres, qui se faisaient aussi appeler Morosophes, aimaient se réunir du côté de Montmorency, au nord de Paris, pour de petites sauteries entre amis amateurs d’académies. Cet « ordre » fut dissout en 1791. Et Schall, qui vivait à Paris, aimait les sujets légers.

*4 Même si on dit souvent que c’est Simonetta Vespucci, « la sans pareille », qui, bien que morte depuis plusieurs années, lui aurait prêté ses traits. Ou, plus osé encore, Alessandra Lippi, sa filleule et fille de son maître Fra Filippo Lippi. Mon hypothèse après tout n’est guère plus risquée et, au moins, l’Amazone de Crésilas de la Vénus de Botticelli a la lippe. Une vraie renaissance de l’idéal antique.

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12273242698?profile=originalAphrodite de Rhodes (parfois attribuée à Doidalsas de Bithynie)

Sous le ciseau du sculpteur elle s’humanise.

Plus de 2000 ans et pas une ride,

pour 49 cm de grâce absolue.

(III? ou Ier siècle av. J.-C., marbre de Paros, musée archéologique de Rhodes)

« A l’eau de la claire fontaine,

Elle se baignait toute nue. »,

 Georges Brassens

Cette petite est comme l'eau vive... je cours suivre son fil.

 

      Il pourrait tout aussi bien s’agir d’une Nymphe. Une Naïade, fille d’Océan, veillant sur une source sacrée, un fleuve ou une rivière. La tradition orale a en effet ici mémoire fort longue (et ce billet est mis en ligne un vendredi, jour de Vénus). Je n’en donnerais que quelques exemples.

      Rhodos*1, fille de Poséidon et d’Aphrodite, eût de sa passion avec Hélios (le dieu Soleil, dieu tutélaire de Rhodes) de nombreux fils. Trois d’entre eux laissèrent leurs noms aux trois premières cités de l’île de Rhodes, Ialysos, Camiros et Lindos. Si les deux premières sont en ruines, le village de Lindos est toujours prospère notamment grâce aux  touristes qui s’y rendent tant pour la beauté du site, ses maisons blanches que pour son acropole.

Et la rivière Nymphi alimente toujours en eau vive la ville de Rhodes, qui fut créée par les habitants des villes précédemment citées.

 

12273243071?profile=originalAphrodite ou Nymphe (selon le cartouche du

musée archéologique de Rhodes ; fin IIIe s./début IIe s. av. J.-C.)

Aphrodite Nymphia, toi qui facilitais les fiançailles et accordais ta bénédiction nuptiale, pourquoi ne pouvais-tu protéger l’union de ton fils et de Salmacis ?

Et mettre ainsi tout le monde d’accord…

 

      Soyons plus encore précis, ce pourrait même être la Nymphe Salmacis*2. Hardi petit, étayons cette hypothèse, après tout j’ai été nourri au lait de Genesis.

Je m’appuierai sur Ovide, je ne saurai mieux dire.

      Hermaphrodite, jeune pâtre, encore « un enfant, né des amours d’Hermès et d’Aphrodite (il était facile à reconnaître, à ses traits, les auteurs de ses jours, qui lui donnèrent son nom), se plut à errer dans des lieux inconnus. Il trouva un lac dont le cristal laissait voir la terre au fond de ses eaux. »

 

12273243696?profile=originalHermaphrodite endormi

(marbre, IIe s., musée national, Rome)

Près d’un lac, il s’était endormi. Quand soudain, venant de nulle part, surgit…

 

Salmacis qui « tantôt baigne dans l’onde pure ses membres gracieux, tantôt, avec le buis de Cytore, démêle ses cheveux et consulte le miroir des eaux sur ses atours. »

« En le voyant, elle désira le posséder. Avant de s’approcher de lui, malgré toute son impatience, elle dispose avec art sa parure, en examine l’arrangement d’un regard attentif et compose les traits de son visage : enfin elle peut paraître belle. Alors elle s’écrie : ’’Enfant, tu mérites d’être pris pour un dieu.’’ »

Et ajoute : « Heureuse celle qui est ta compagne, ou pour qui tu allumeras le feu de l’hyménée. Si tu la choisis, accorde-moi pourtant un bonheur furtif ; si ton choix n’est pas fait, puissé-je le fixer et partager ta couche ! »

« Une rougeur pudique couvre les traits du jeune berger, qui ne connaît pas encore l’amour ; des grâces nouvelles naissent de cette rougeur. »

La Nymphe n’y tient plus ! « Déjà ses mains allaient saisir le cou d’albâtre d’Hermaphrodite :

’’ Cesses ou je fuis, dit-il, et je te laisse seule en ces lieux.’’ 

Elle jette de nouveau ses regards vers lui, se cache au fond des broussailles, fléchit le genou et s’arrête. »

« L’enfant, avec toute l’agilité de son âge, persuadé qu’aucun œil ne l’observe en ces lieux solitaires, va et revient, plonge dans l’eau transparente la plante de ses pieds et les baigne jusqu’au talon. Bientôt séduit par la douce chaleur de l’onde, il dépouille le fin tissu qui enveloppe ses membres délicats. Salmacis tombe en extase. » « Elle veut être dans ses bras ; déjà elle ne maîtrise plus son délire. Hermaphrodite de ses mains frappe légèrement ses membres et se précipite au sein des flots. »

« Je triomphe ; il est à moi », s’écrie la Naïade.

 

12273245068?profile=original Salmacis et Hermaphrodite

« L’amour est fait d’une seule âme habitant deux corps. »,

Aristote (384-322 av. J.-C.)

Fontaine, boirais-je pour cela de ton eau ?

Jean-François de Troy (1679-1752)

(musée Bossuet, Meaux)

 

« Elle se jette au milieu des flots, saisit Hermaphrodite qui résiste, et, malgré ses efforts lui ravit des baisers : ses mains jouent autour de sa poitrine qu’il cherche en vain à lui dérober, elle l’enchaîne dans ses bras. Il a beau lutter pour se soustraire à ses embrassements, elle l’enlace comme le serpent. »

Mais il se cabre le bel enfant lorsqu’une ronde lui revient aux oreilles…

« Y’en a des belles à regarder

Y’en a qui sont à éviter. »*3

… et « refuse à la Nymphe le bonheur qu’elle attend. »

Hélas, là est l’os, il était sans malice.

Alors, «  Elle le presse de tous ses membres ; et, dans la plus vive étreinte, à son cou suspendue, elle s’écrie :

’’Tu résistes en vain, cruel, tu ne m’échapperas pas.

Dieux, ordonnez que jamais rien ne puis le séparer de moi,

ni me séparer de lui.’’

Cette prière est exaucée : leurs corps s’unissent et se confondent. »

(j’abonde et m’embrase, j’adore les histoires d’O.)

« Hermaphrodite et la Nymphe, étroitement unis par leurs embrassements, ne sont plus deux corps distincts ; ils ont une double forme, mais on ne peut les ranger ni parmi les femmes ni parmi les hommes : sans être d’aucun sexe, ils semblent les avoir tous les deux. »

(qui trop l’embrasse… mâle éteint)

Alors, une dernière fois ; Hermaphrodite clame d’une voix qui n’est déjà plus virile :

« Accordez une grâce à votre fils, qui tire son nom de vous deux,

ô mon père ! ô ma mère !

Que tout homme, après s’être baigné dans ces eaux, n’ait,

quand il en sortira, que la moitié de son sexe :

puissent-t-elles en le touchant, lui ravir soudain sa vigueur ! »

Les auteurs de ses jours furent sensibles à ce vœu et donnèrent à cette fontaine une vertu mystérieuse.

Une explication qui semblerait couler de source.

Admettez que la description que fait Ovide de notre Naïade est souvent confondante de ressemblance.

 

12273246063?profile=original « C’est des profondeurs de la mer que jaillit Rhodos,

enfant d’Aphrodite, déesse de l’Amour,

afin qu’elle devint l’épouse d’Hélios. »,

Pindare (518-438 av. J.-C.)

 

      Cela étant, Aphrodite élit résidence à Rhodes tandis qu’Arès partait pour la Thrace. Et il suffisait qu’une déesse se baignât là pour qu’on y bâtisse un édifice cultuel. Si la divinité y agréait, on délimitait alors un espace sacré, le téménos, pour les célébrations rituelles. Le temple était alors agrandi pour abriter statues et ex-voto, rien n’était trop beau.

A suivre...

Voici, pour patienter, les liens permettant de retrouver les précédents épisodes de cette série consacrée à l’égérie :

1.     A Paphos, l’effrontée Aphrodite fût :

  https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-paphos-l-effront-e-a...

2.    

A lA la poursuite d’Aphrodite la dorée :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-la-poursuite-d-aphro...

3.     Toujours fondu d’Aphrodite ?

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/toujours-fondu-d-aphro...

4.     Dans le miroir de Vénus :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/dans-le-miroir-de-v-nus-aphrodite-4-7-1

A suivre…

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 Aphrodite la dorée, Rhodos la rose. Une racine que l’on retrouve, en minéralogie, dans la rhodonite, un silicate de manganèse, ou la rhodochrosite, un carbonate de manganèse, de couleur rose. La ville de Rhodes, placée sous le haut patronage du soleil (Hélios), a pour emblème la rose. Par contre, si j’ai une inclination pour les roses et les minéraux, j’aime pas les rhododendrons ! Ce serait par contre pécher de ne pas goûter aux tétons de Vénus, cette délicieuse variété de pêche (c'est aussi le nom d'une tomate et d'un mont du Cantal).

*2 Salmacis donna son nom à une source. Cette source se situerait en Carie (région d’Halicarnasse, aujourd’hui Bodrum, en Turquie, que seul un isthme sépare de Rhodes). Détestée, on lui prêtait la faculté d’amollir et de rendre efféminés ceux qui s’y baignaient ou en buvaient. Cytore était une montagne de Paphlagonie (région de Turquie bordant la Mer Noire) abondante en buis selon Virgile. Hermaphrodite aurait été berger sur le mont Ida en Phrygie (actuel Kaz Dag, en Turquie toujours) avant de se rendre en Lycie et en Carie, où il rencontra Salmacis pour son malheur. Le groupe Genesis a tiré de cette histoire un magnifique titre : « The fountain of Salmacis », en 1971. Lien ci-après :

 https://artsrtlettres.ning.com/video/genesis-fountain-of-salmacis-nursery-cryme-1971

12273246275?profile=original

Aphrodite ou Nymphe, toujours selon le cartouche (et je suis très à cheval sur l’étiquette) du musée archéologique de Rhodes.

Ces deux statues, un peu figées, stéréotypées, sont de la même période que celle présentée plus haut.

12273247266?profile=original

*3 Les Frères Jacques, « Les fesses. ». Allez voir la vidéo séance tenante, ce séant devrait vous seoir.

Lire la suite...

Toujours fondu d'Aphrodite ? (Aphrodite, 3/7)

Continuons d’éclairer notre lanterne en examinant au plus près notre sujet...

12273231675?profile=original Deux jeunes gens étudiant une statue de Vénus

 à la lueur d’une lampe

Godfried Schalcken (1643-1706)

(huile sur toile ; collection Leiden, New York)

En matière de clair-obscur, Aphrodite est un oxymore à elle seule comme nous allons le voir. Contradiction toute féminine ?

Il faut cependant remarquer que si Aphrodite était libre, la société athénienne n’était guère égalitaire. Les femmes passaient leur vie au gynécée où elles tissaient et filaient doux. Hors les processions rituelles point de sorties. A Sparte, si elles pratiquaient l’éducation physique et se montraient au palestre, pour l’éducation intellectuelle elles pouvaient repasser !

 

12273232465?profile=originalQuand l’ordinaire se réduisait aux tâches ménagères.

Comment dès lors ne pas idéaliser pour les unes,

 fantasmer pour les autres ?

A Tamassos, d’où provient cette statuette, Aphrodite eût bien sûr son temple.

(terre cuite, VIe s. av. J.-C. ; musée archéologique de Nicosie, Chypre)

       Tous les ans à Chypre, ses fidèles, couverts de myrte, affluaient dans son sanctuaire à Palaia Paphos (l’ancienne Paphos, aujourd’hui Kouklia) où, ne songeant plus qu’aux douces joies des hyménées et à leurs mystères après avoir reçu un phallus et du sel (j’en ai un grain aussi), ils se livraient à des fêtes orgiaques.

« Viens, Cypris, offre-nous tes couronnes,

Et dans les coupes d’or, gracieusement,

Verse comme un vin ton nectar

Mêlé de joies. »,

Sappho, qui pour l’Aphrodite a dédaigné l’Eros.

      Sans verser dans les excès, ne cédons pas aux divagations de Pierre-Joseph Proudhon qui en la matière pousse un peu loin le bouchon lorsqu’il écrit « Le culte multiplié d’Astarté, Aphrodite ou Vénus ; les fêtes orgiaques, dionysiaques ou bacchanales ; les lamentations sur la mort d’Adonis, les jeux floraux, les prostitutions sacrées, le priapisme universel, les poésies érotiques, l’amour vulgivague, omnigame en sont les monuments. Ajoutons encore les théâtres, les danses, le vin, la bonne chère. Ainsi tout se tient : le raffinement des arts amène la corruption. » Ne pas se courber certes, mais voir dans l’art la racine de toutes les dépravations, il y a là un pas que je ne franchirai pas. Des spartiates il n’est dans ce domaine effectivement rien resté, plus laconique il faut parfois demeurer.

 

12273233260?profile=originalOffrandes à Aphrodite-Astarté

Figurines de terre cuite (VIe s. av. J.-C.), aèdes, chanteurs et musiciens.

Petits présents faits à Aphrodite, rustiques mais touchants,

lors des processions et célébrations données en son honneur

 au temple de Kition (Larnaca).

Que la fête commence !

(musée archéologique de Nicosie, Chypre)

Chœur des Bacchantes :

« Chypre ! C’est l’île d’Aphrodite

Où nichent les Amours ensorceleurs

Ils font venir une âme aux mortels… »

Euripide (480-406 av. J.-C.)

Evohé !

 

       A Rhodes, le temple d’Aphrodite était situé à l’entrée de la ville antique, au niveau de l’ancien port de Mandraki, mais de là à penser qu’elle n’est qu’une hétaïre, voire pire une vile femme à marins ! Une poule à facettes pour nightclubbers en goguette !

Toujours est-il qu’avec le prompt renfort de croisiéristes, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. Et que sous la canicule nous constatâmes que Vénus est bien la plus chaude*1 du système solaire !

 

12273233674?profile=original Ruines du temple d’Aphrodite à Rhodes

(IIIe siècle av. J.-C.)

 

      A mélanger ainsi les genres et si on remonte plus loin dans le temps, avec « la déesse aux serpents » minoenne, Astarté, la « reine de lumière » babylonienne et Ishtar, la « donneuse de lumière » cananéenne, déesses du croissant fertile, Inanna pour les Sumériens, ou encore Hathor l’Egyptienne, que l’on peut toutes à raison assimiler à Aphrodite ; ou que l’on porte le regard tout au nord avec la Freyja scandinave par exemple, partout on retrouve des déesses de l’Amour et de la Fécondité, à la sexualité certes débridée.

D’accord, à Babylone, Ishtar ou, à Sumer, Inanna avaient leurs praticiennes, grandes prêtresses de l’amour sensuel. Certes, comme le chantait Ferré, avec

« La ‘the nana’, c’est comme un ange qu’aurait pas d’ailes.

La ‘the nana’, au septième ciel tu fais tes malles. »

Vrai toujours que Vénus libentina avait la libido exaltée. Voluptueuse et légère comme susurrait Farmer « petite bulle d’écume, poussée par le vent. » Qu’Aphrodite Porné était invoquée par les courtisanes en tant que divinité de l’amour vénal. Que plus d’un mâle a succombé sous leurs charmes, au point que notre déité était surnommée Androphonos, la tueuse d’hommes ! Et Vénus Libitina, par une malencontreuse euphonie*2,  veillait aux cérémonies funèbres…

Eros et Thanatos.

« Mourir sans mourir est cette frénésie qui se nomme amour. »,

Métastase*3

Souvent libertine, parfois même catin vouée aux enfers.

      Mais faire d’Aphrodite ou de ses avatars la mère de tous les vices et de l’art son vecteur le plus propice ! Dans cette conation camarade Pierre-Joseph, je te le dis tout net, tu attiges !

« Les bains, le vin et Vénus usent nos corps.

Mais les bains, le vin et Vénus font la vie. »,

Proverbe latin.

Toutefois rappelons-nous cette maxime de Cléobule de Lindos, un des Sept sages de l’Antiquité,

« La modération est le plus grand bien »,

conservons un calme olympien, et reprenons. 

 

12273233885?profile=originalFreyja ou Frigg ?

Vendredi pour Vénus, friday pour Freyja !

Chaudron de Gundestrup (détail)

(âge du fer celtique, ca 500 av. J.-C., argent. Musée national, Copenhague)

 

Quoi qu’il en soit, des temples un peu partout, en Grèce, en Crète, en Asie mineure surtout, révèrent Aphrodite.

 

12273234480?profile=originalFigure d’Aphrodite dans le style de l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle.

Quelle femme d’épithètes !

Des yeux comme mouillés qui arracheraient des larmes à un cœur de pierre.

(fin de la période hellénistique ; palais des Grands Maîtres de Rhodes)

 

        J’en rêve encore… Car elle mérite tous les qualificatifs, est dotée de bien des attributs, et suscite toujours l’admiration.

 

12273234674?profile=originalVénus du Belvédère

(musées du Vatican)

« Rien de plus suave, de plus voluptueux que ses contours. »

Quoique « Dédain, ironie, cruauté,

se lisaient sur ce visage d’une incroyable beauté cependant.

… Sentiment pénible qu’une si merveilleuse beauté

pût s’allier à l’absence de toute sensibilité. »,

Prosper Mérimée

 

12273235292?profile=originalStatue d’Aphrodite dite Vénus de l’Esquilin

Marbre d’après l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle.

Serait-elle devenue pudique ?

On disait déjà qu’au sortir de l’eau-mère à Paphos elle se cacha derrière un buisson de myrte, plante qui depuis symbolise charme et jeunesse.

Elle semble dire et médire, à la manière de Musset :

« Le marbre me va mieux que l’impure Phryné

Chez qui les affamés vont chercher leur pâture,

Qui fait passer la rue au milieu de son lit,

Et qui n’a que le temps de nouer sa ceinture

Entre l’amant du jour et celui de la nuit. »

(marbre, 1er siècle apr. J.-C., musées capitolins, Rome)

 

Praxitèle avait il est vrai, en la personne de sa maîtresse, Phryné, un modèle parfait. Quoique hétaïre, à ce que l’on disait une pouliche d'Aphrodite, il était difficile de la haïr tant sa beauté resplendissait. Et bien qu’on l’appelât « le Crible », passant tout petit ami au sas de ses envies, ôtant ses dessous le laissant sans le sou.

 

« Elle mérite l’admiration sous toutes ses faces.

On raconte qu’un homme en tomba amoureux et que, s’étant caché une nuit, il fit l’amour avec la statue :

 Des taches sur le marbre gardent, dit-on, la trace de sa concupiscence. »,

Pline l’Ancien, à propos de Praxitèle et de sa Vénus de Cnide.

 

12273235890?profile=originalAphrodite de Menophantos

Ménauphantos, sculpteur grec du 1er s. av. J.-C. (?)

(musée national, Rome)

 

      Si Praxitèle créa le prototype du nu féminin avec l’Aphrodite de Cnide, souvent décliné, on doit à un autre sculpteur grec de génie, Doidalsas de Bithynie, le modèle de l’Aphrodite accroupie. Il faut aussi citer Scopas de Paros, proche de Praxitèle, pour sa Vénus pudique ou alors, plus explicite, chevauchant un bouc, Epitragia, l’Aphrodite Pandemos. Phidias pour sa céleste Aphrodite Ourania, Callimaque et son Aphrodite Genetrix, Alcamène, Agoracrite…

 

12273236268?profile=originalVénus Cesi

Une plastique parfaite à vous faire perdre la tête.

C’est l’effet que fit Phryné, née à Thespies, où on vouait un culte à Eros.

Copie romaine du Ier ou IIe s. d’après l’Aphrodite de Thespies de Praxitèle.

(musée du Louvre, Paris)

12273237258?profile=originalVénus de Praxitèle

Collection Richelieu

 (marbre, IIe s., restaurée au XVIIe ; musée du Louvre, Paris)

A noter que si une gravure sur la plinthe l’attribue à Praxitèle celui-ci vécut au IVe s. av. J.-C. A ce propos, je relève cette remarque de Phèdre, l’affranchi d’Auguste : « Certains ouvriers de ce siècle ]… Le fabuliste vécut de - 14 à + 50 ap. J.-C. environ[ augmentent de beaucoup l’estime et le prix de leurs ouvrage en gravant sur une nouvelle statue de marbre le nom de Praxitèle ]…[ : car l’envie, qui cherche toujours à mordre, est beaucoup plus favorable au mérite des anciens, qu’aux gens de bien qui vivent aujourd’hui. »

 

Ou le peintre Apelle de Cos pour sa Vénus Anadyomène.

Selon Pline l’Ancien, « Certains pensent qu’elle (Pancaspé, la maîtresse préférée d’Alexandre, qui en fit « don » à l’artiste touché par charis, la grâce) posa pour la Vénus Anadyomène. »

 

12273237289?profile=original Aphrodite anadyomene

Au bain et sans grand frais de toilette.

(Ier ou IIIe s. av. J.-C. ; palais des Grands Maîtres de Rhodes)

 

 Un tableau*4 si saisissant que plus tard « le divin Auguste dédia dans le sanctuaire de son père adoptif César. » Par malheur l’œuvre rapidement se détériora et « Apelle avait commencé une seconde Vénus de Cos, où il se proposait de surpasser en beauté la première. Mais la mort lui refusa le temps nécessaire à la finir. » Un Apelle entendu à la Renaissance par Botticelli, Giorgione, Bellini, Titien, Véronèse, Tintoret, puis, avec leurs Vénus plus baroques et opulentes, par Bronzino, Giordano, Carrache, Le Guerchin, Rubens, Vélasquez… Quelle cohorte de prétendants.

 

12273237872?profile=originalAphrodite accroupie de Doidalsas de Bithynie

Copie romaine en marbre de l’époque d’Hadrien

d’un original en bronze du IIIe s. av. J.-C.

(musée national, Rome)

 

A suivre…

 

Si vous avez raté les deux précédents numéros de la série, vous trouverez là une session de rattrapage :

1.     A Paphos, l’effrontée Aphrodite fût :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-paphos-l-effront-e-aphrodite-f-t-aphrodite-1-5

2.     A la poursuite d’Aphrodite la dorée :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-la-poursuite-d-aphrodite-la-dor-e-aphrodite-2-5

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 Mercure, la planète la plus proche du soleil, est à une température moyenne de 420°C, alors que Vénus, à l’atmosphère chargée en soufre provoquant un violent effet de serre, est à 460°C. Brûlante ! mais, gare, elle sent le soufre.

*2 Malheureux glissement sémantique qui va de libentina à libitina car c’est Perséphone, Proserpine à Rome, qui était la reine en titre des Enfers.

*3 Authentique ! Pierre Métastase (Pietro Trapassi dit Metastasio, 1698-1782), poète et librettiste, notamment pour Pergolèse ou Mozart (La clémence de Titus).

*4 Pinax. Pinakès que les Grecs disposent dans des pinacothèques.

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12273230275?profile=originalAphrodite Niképhoros de la villa de Thésée,
Nea Paphos, marbre, 2e/3e s. av. J.-C.
(musée de Chypre, Nicosie)

 

      Et là sur cette plage d’Achni qui vit émerger Aphrodite, au Rocher du Grec, les Achéens s’en revinrent de Troie et débarquèrent. La boucle était bouclée.

Ou presque… Permettez encore que je file la métaphore tant la légende est belle.

 

12273229880?profile=originalAphrodite

(marbre du 1er siècle découvert à Soli, musée de Chypre, Nicosie)

Aphrodite la dorée, qui fait naitre l’amour

Et met en émoi la création entière.

Dorée comme un Titien, une certaine morgue aux lèvres.

Son galbe est parfait, mais ne lui dites pas qu’elle est la plus belle hellène, irascible, elle pourrait se méprendre et vous poursuivre de sa vindicte.

 

      A Chypre toujours, un jeune sculpteur pétri de talent, Pygmalion,  se prit à créer une statue qu’il voulut divine. Chaque jour il passait et repassait son ciseau jusqu’à atteindre la forme suprême de l’art, l’art vivant qui fait oublier le geste, qui fait oublier le reste. Tant et si bien qu’il s’éprit de sa création, d’un amour sans retour.

Aphrodite s’en émut. Et la statue ne demeura pas de marbre, ou d’ivoire, ni sans défense.

« De son sein il approche une amoureuse main…  Pygmalion sent des veines tressaillir… Alors, transporté d’allégresse, il rend grâces » à la déesse*1. 

Il appelle l’œuvre de chair Galatée, qu’il étreint aussitôt.  

N’y voyant pas offense,

« La vierge sent ses baisers et rougit, elle ouvre à la lumière un œil craintif, et voit à la fois le ciel et son amant. »

12273230896?profile=originalPygmalion et Galatée, 1819

Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson (1767-1824)

« Elle rougit parfois, parfois baisse la vue ;

Rougit, autant que peut rougir une statue. »,

La Fontaine

(musée du Louvre, Paris)

Là, la voyez-vous frémir ?

Mais je dois à la décence ne pas en dire plus.

Toutefois « quand la lune eut vu neuf fois son croissant se remplir, Paphos naquit », qui donna son nom à la cité qui chaque année célèbre Aphrodite.

      Cypris est d’ailleurs le nom souvent donné à Aphrodite par les Cypriotes.

A Chypre où, comme à Rhodes ou Cythère (Cythérée), elle comptait ses plus fervents adeptes.

Cypris voyant Cypris à Cnide s’écria

Hélas, hélas ! Où Praxitèle m’a-t-il vue nue ?

Epigramme de l’Anthologie grecque

       Consacrés à Aphrodite, les poissons rouges (le cyprin doré) étaient élevés en son honneur à Athènes. Quant aux disciples d’Hippocrate, drôles de carabins, ils ont donné à une sécrétion, manifestation du désir sexuel, le nom de cyprine. J’en rougis comme cuivre, mais tout de même, tout ce que l’on apprend sans jamais oser le demander*2 ! Comme aurait dit Freud, je prends sur moi, « Ҫa laisse sans bras ! » 

 

12273231298?profile=originalCyprin doré dans un bassin du musée archéologique de Rhodes

12273231901?profile=originalVénus en armes

Collection Borghèse

(marbre, IIe siècle, complétée au XVIe ; musée du Louvre, Paris)

 

      Ah, elle en fit tomber des chefs notre Aphrodite Niképhoros, « porteuse de victoires », la Vénus Victrix des Romains ! Car même si d’Arès (Mars) elle accoucha d’Harmonie, je crois que jusqu’à Vercingétorix on en paya le prix, que toujours, n’en déplaise à Brennus, Vénus commande aux choses de la chair que malignement elle mêle à l’esprit.

 12273232486?profile=originalVénus d’Arles

Découverte en 1651 à Arles, copie romaine d’après Praxitèle,

 restaurée par Girardon.

Elle tient la pomme de Pâris, tout en réfléchissant face à sa psyché.

L’entendez-vous fredonner cette lointaine mélopée :

« Au-delà des mers, là-bas sous le ciel clair… mon pays et Pâris

… pour eux toujours mon cœur est ravi… »

(musée du Louvre, Paris)

 

Jules César lui-même, par l’entremise de sa tante Julia, qui eût Anchise comme aïeul, se prétendit parent d’Aphrodite.

Aphrodite, en effet, d’Anchise, jeune et beau berger apparenté à la famille royale de Troie, enfanta Enée*3. Enée, fuyant Troie saccagée par les Grecs, revenu des Enfers, finit par s’installer dans le Latium, devenant l’ancêtre de Romulus et Remus, fondateurs de Rome. Enée, dont descendent les Julii, la gens Julia. C’est ainsi que se bâtissent les empires. Et qu’Aphrodite est au fondement de notre civilisation.

12273234057?profile=originalTous enfants d’Aphrodite !

La Mère de l’eau (Vandmoderen)

Kai Nielsen (1882-1924)

(Copenhague, glyptothèque Carlsberg)

 

Quelle lignée tout de même que celle de notre Vénus Genetrix !

Une mère figurée dans un drapé moulant et suggestif. Tentatrice, elle nous apostrophe.

M’imagine-t-on en nourrice ? au gynécée…

En effet on ne la voit guère au foyer, vaquant aux tâches ménagères, la marmaille sur les bras. Portant un enfant, c’est pourtant ainsi que se présente l’Aphrodite courotrophe.

Rare et sage image d’une déesse-mère, car ce n’était pas l’instinct maternel qui prédominait chez elle, trop mariolle pour s’encombrer d’une progéniture certes pléthorique. Famille nombreuse, famille heureuse, peut-être, mais seul son petit Eros préféré savait lui procurer toute la félicité.

Bien plus que deux amours, elle avait cependant deux vertus. Celle que l’on prêtait à Aphrodite Apostrophia de faire oublier les amours contrariés. De changer les cœurs et de vous purifier, un don d’Aphrodite Verticordia que l’on invoquait.

« Dis à ta déesse qui tu veux que sa force plie à ton amour. »,

Sappho (ca 630-580 av. J.-C.)

 

12273234270?profile=original Vénus Genitrix

Copie romaine d’après un bronze de Callimaque.

Callimaque était surnommé le catatexitechnos, le « trop minutieux ». 

 Mais comment lui reprocher, et ne pas frémir devant ce drapé « mouillé », être tenté par cette pomme à croquer ?

(marbre de Paros ; musée du Louvre, Paris)

 

Nous suivrons encore la versatile, les poètes ne me contrediront pas, la matière est fertile.

 12273234660?profile=originalAphrodite du type du Capitole

avec Eros monté sur un dauphin.

(copie romaine d’après Praxitèle ; marbre ; musée du Louvre, Paris)

 

Et nous accompagnerons encore, par parenthèses, sa parentèle.

 

12273235485?profile=original Eros (Cupidon)

« Celui qui est touché par l’Amour ne marche jamais dans l’ombre. »,

Platon (ca - 427/- 348)

Attention toutefois au fripon Cupidon car « son jeu est cruel.

Son cœur est méchant mais sa langue est de miel. 

Ne touche pas aux traîtres dons du plus beau des dieux immortels.

Son trait est petit, mais il atteint le ciel. »

(IIe s. ap. J.-C., marbre, musée du Louvre, Paris)

 

12273235071?profile=originalTorse d’Aphrodite du type de la Vénus d’Arles

(Ecole de Praxitèle ; musée archéologique de Rhodes)

 

A suivre…

En attendant, vous aimerez peut-être retrouver ici la première partie de ce billet :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-paphos-l-effront-e-aphrodite-f-t-aphrodite-1-5?xg_source=activity

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 Que le poète latin Ovide, à qui l’on doit ces citations, nomme bien sûr Vénus.

*2 Cyprine… En conchyliologie, c’est aussi le nom donné à un coquillage, du genre vénus évidemment ; en minéralogie à une variété cuprifère de vésuvianite (ou idocrase) utilisée comme pierre fine. Quant aux « cheveux de Vénus », ce sont des cristaux aciculaires de dioxyde de titane, une forme de rutile donc, que l’on trouve en inclusions dans le quartz. Cette dernière appellation est aussi donnée, en botanique, à la nigelle de Damas.Sabot de Vénus étant une petite orchidée poussant dans nos Alpes.

*3 Curieuse analogie, Enée, Æneas en latin, signifiant de cuivre (ou d’airain, bronze). Chypre tient également son nom du cuivre natif, cyprium, dont elle détenait de fabuleux gisements, que l’on trouve mentionnés dans des inscriptions mésopotamiennes du IIe millénaire évoquant le cuivre d’Alasia (aujourd’hui Enkomi, ou Tuzla pour les Turcs). Par contre, pas de marbre à Paphos comme sur le reste de l’île, il venait donc de Paros. Et Cypris est un autre nom d’Aphrodite, j’y reviendrai…

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12273226268?profile=originalNaissance de Vénus, 1863
Alexandre Cabanel (1823-1889)
(musée d’Orsay, Paris)

       Au commencement, si l’on en croit la Théogonie d’Hésiode, furent d’abord créés Chaos, Gæa (le Terre) et Eros (l’Amour, force primitive)…

Gæa engendra le Ciel, Ouranos, les montagnes, Ori, et la mer, Pontos.

Puis, avec un sens de la famille qui force le respect, Gæa s’unit à Ouranos et ils donnèrent ainsi naissance aux Titans, aux Cyclopes et aux Géants. Sacrée filiation.

      Ouranos était un dieu fort sourcilleux. Il craignait que ses enfants ne lui ravissent le pouvoir, aussi, afin de contrer leurs noirs desseins, les enferma-t-il dans le ventre de Gæa, devenue son épouse. Elle en prit ombrage et ourdit un plan avec son fils Cronos, le plus jeunes des Titans…

Alors qu’Ouranos gagnait sa couche, toujours prêt à honorer sa moitié, Cronos, s’approchant en tapinois, trancha net les parties viriles de son père dépité.

 

12273226862?profile=originalOuranos dépité, la lippe pendante...

Mais... c'est une fille... bah, appelons-la Aphrodite Ourania

(falaise proche de Pétra to Romiou, Paphos, Chypre)

 

Et le sang*1 s’épandit dans la mer…

 

12273227253?profile=originalVénus anadyomène

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867)

(musée Condé, Chantilly)

 

De l’écume (aphros) se forma, d’où surgit Aphrodite Anadyomène (« sortie de la mer »). A Cythère précisément, une île grecque entre la Crète et le Péloponnèse, et, de là, portée par le doux Zéphyre, gagna Chypre, l’île d’Aphrodite.

 

12273226679?profile=originalPétra tou Romiou

« Le souffle du vent d’ouest l’a portée

De l’écume jaillissante et par-dessus la mer profonde

Jusqu’à Chypre, son île, aux rivages frangés de vagues. »,

Homère (VIIIe s. av. J.-C.)

 

Là, exactement, sur la plage d’Achni, à Pétra tou Romiou, le rocher d’Aphrodite, près de Paphos. Elle prit ainsi le nom de Kyprogéneia, « née à Chypre » (il est vrai qu’à Cythère, de mauvais esprits sans doute, la disent Kythéreia, née là-bas !).

« Tous furent émerveillés à la vue de Cythérée

Aux cheveux ceints de violettes. », id.

Dont elle n’avait ni la discrétion ni la pudeur, nous le verrons.

Et l’onde de choc se propagea…

 

12273227471?profile=originalVénus à Paphos (ca 1852)

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867)

(musée d’Orsay, Paris)

 

Dire qu’elle était parfaite…

Que la colombe était son emblème.

 

12273227095?profile=originalAphrodite, « radieuse déesse dorée »,

ointe qu’elle fut d’huile immortelle à sa sortie de l’onde par les Charités.

Elle reprend ici le modèle créé par Praxitèle à Cnide,

qui vaut mieux que les vertus aphrodisiaques prêtées à la cantharide.

(marbre, 1er siècle av. J.-C., musée de Chypre, Nicosie)

Blanche comme l’écume, dure comme le marbre, aux proportions idéales, telle le nombre d’or. Un canon vous dis-je, la callipyge. Et ardente avec ça, voire impertinente, l’innocente !

 

12273228088?profile=originalAphrodite callipyge (« aux belles fesses »)

(marbre, début XIXe, d’après l’antique.  

Parc du château de Chantilly.

Original conservé au musée archéologique de Naples)

 

Dessous le nom de Vénus belle-fesse ;
Je ne sais pas à quelle intention ;

Mais c’eût été le temple de la Grèce

Pour qui j’eusse eu le plus de dévotion.

Que jamais l’art abstrait qui sévit maintenant

N’enlève à vos attraits ce volume étonnant.

(La Fontaine, pour les quatre premiers vers, Brassens pour les deux suivants. Nos deux poètes auraient, n’en doutons pas, apprécié ce partage)

 

Qui vous embarque pour ses fêtes galantes.

Laissez-vous donc emporter par ce tourbillon…

      Aphrodite, déesse de l’Amour, préside au bonheur et à la fidélité des couples… Pourtant, de son temps, la déesse de la Volupté, mit plus que de raison le feu au panthéon, multipliant les accrocs, déclenchant les passions.

      Elle se maria à Héphaïstos, maître du feu, patron des forgerons, difforme il est vrai, mais qui ne portait alors de cornes !

 12273227868?profile=originalNaissance de Vénus, 1879

William Bougereau (1825-1905)

(musée d’Orsay, Paris)

 

A Chypre même, elle recueillit Adonis bébé, qu’elle confia à Perséphone, reine des Enfers. Toutes deux s’enamourèrent du bel adolescent qu’il était devenu. Zeus intervint avant que l’orage ne gronde et ne devint tempête. Il demanda à sa fille Calliope, une des Muses inspiratrices des Arts et Lettres, de trancher le différend. La messagère partagea équitablement le temps entre les deux rivales, tout en laissant quatre mois l’an à la guise d’Adonis.

      D’une liaison avec Arès, dieu de la guerre et son propre beau-frère, Aphrodite eut quatre enfants, dont un petit Eros, enfant charmant certes, ailé et joufflu, mais archer maladroit ou facétieux, c’est selon. Et qu’il ne faut pas confondre avec le dieu primitif de l’Amour. Car il pouvait taper sur la mandoline, bambino !

       Ce qui n’empêchait pas Aphrodite d’être toujours éprise d’Adonis qui, pour se distraire, partit à la chasse. Arès, éternel tempérament orageux, de l’éphèbe envieux, se changea en sanglier et chargea mortellement l’impudent imprudent qui saigna abondamment. A tire-d’aile la déesse en détresse « sur son char traîné par des cygnes, s’élance dans les plaines éthérées. », Ovide. Elle « ne touchait pas encore au rivage de Chypre, mais elle reconnait de loin les gémissements d’Adonis mourant. » D’une flaque répandue elle fit éclore l’anémone, d’une goutte naquit l’adonide goutte-de-sang. Une épine au pied piqua la déesse et que croyez-vous qu’il advint ? une rose blanche pour la jolie maman se mua en rose rouge. Si ce n’est pas du charme, je rends les armes!

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Vénus conduite par l’Amour auprès d’Adonis mort

Bertoja (Jacopo Zanguidi, dit ; 1544-1573)

(musée du Louvre, Paris)

Funeste destin et gros chagrin pour notre héroïne après ce coup de boutoir. Elle obtint de Perséphone qu’il revint la moitié de l’année au Royaume des vivants.

 

12273228856?profile=originalVénus et l’Amour

(Ecole française, XVIe s ; musée Condé, Chantilly)

 

De Poséidon (Neptune), qui préside aux profondeurs marines, et sacré « ébranleur de la terre », deux enfants naquirent, dont une fille, Rhodos, dont l’île de Rhodes tient son nom.

De Dionysos, né de la cuisse de Jupiter (Zeus), dieu de l’ivresse et de la transe - enfin elle le prétendit, il était en voyage… mais Adonis passait par là – elle accoucha de Priape, dieu de la fécondité, pas vraiment attirant mais au naturel si érectile…

Tandis que d’Hermès (Mercure), un dieu très leste et remuant, elle aurait eu Hermaphrodite, au caractère ambivalent hérité de ses parents.

      Et lorsqu’elle ne séduisait pas le tout Olympe, elle semait la zizanie dans les couples les plus unis !

Belle d’entre les belles. Les têtes tournaient, la jalousie rongeait les cœurs les plus endurcis…

 

12273228879?profile=originalAphrodite et Eros, dite Vénus Felix

Alors, heureuse ?

Epoque romaine impériale,

d’après l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle

(musée Pio Clemento, Vatican)

 

      Au mariage de Pelée, roi d’Egine, et de Thétis, la splendide Néréide, Eris, la déesse de la discorde ne fut pas de la noce. Lors du repas, elle lança « à la plus belle » une pomme d’or cueillie au jardin des Hespérides. Héra, Athéna, Aphrodite se reconnurent dans l’invective. Chacune voulut donc, à juste titre, gouter à cette golden et la défendre de la convoitise des deux autres.

12273228676?profile=originalLe jugement de Pâris, 1562

Léonard Limosin (ca 1505-1576)

Email de Limoges ; d’après une gravure de Marc-Antoine Raimondi

exécutée d’après un tableau perdu de Raphaël.

(Musée national de la Renaissance, Ecouen)

Pâris, le petit berger, simple mortel, quoique fils de Priam, roi de Troie, à la demande de Zeus, dut trancher le différend. Aphrodite lui promit alors la Belle Hélène et, Pâris ainsi tenté élit Aphrodite évidemment. Pomme de discorde qui déclencha la guerre de Troie… Le ver était dans le fruit.

 

12273227695?profile=originalMars et Vénus

Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588)

Taquin, Cupidon (Eros) badine avec un chien, symbole de fidélité, tandis que Mars (Arès) se désarme devant Vénus (Aphrodite) qui s’amuse d’une girouette. Au moulin elle batifole, au four Vulcain (Héphaïstos) forge sa vengeance.

(musée Condé, Chantilly)

      Couchée dans le foin, le Soleil fut témoin, selon Ovide, « du commerce adultère de Vénus et de Mars » et celui-ci livra « au fils de Junon (Vulcain-Héphaïstos) les infidélités et l’asile qui en est le théâtre. » Alerté, Vulcain les surprend « réunis dans la même couche ]…[ et les enchaîne au milieu de leurs embrasements. » Il fit alors entrer les dieux de l’Olympe ; à la vue de ce spectacle « les Immortels éclatèrent de rire, et cette aventure servit longtemps d’entretien à la céleste cour. »

Vulcain, à la demande expresse de Neptune, libère pourtant les amants de leurs liens. Ce qui ne suffit pas à calmer l’ire de la déesse.

« La déesse de Cythère tire de cette révélation une mémorable vengeance ; elle veut qu’à son tour celui qui a trahi ses mystérieux amours soit trahi dans des amours semblables. Que peuvent, ô fils d’Hypérion (le Soleil, que les Romains assimilèrent à Apollon), ta beauté, ta chaleur, et l’éclat de tes rayons ? » Elle frappe le Soleil d’un désir ardent pour Leucothoé, un feu irréfléchi. N’ayant plus d’yeux que pour cette vierge, il délaisse ses amours passés, Rhodos, Clyméné et Clytie.

Pour la séduire et l’abuser, il prend la forme de sa mère, Eurynome. Clytie, folle de jalousie, dénonce le subterfuge au père, Orchamus. Scandale dans la famille, ce dernier, implacable, fait enterrer sa fille vivante. Le Soleil, n’y pouvant mais, répand sur le corps de Leucothoé un nectar odorant. Et la Nymphe, trempée de l’essence divine, devint encens (boswellia).

Eplorée, Clytie se tourna vers le Soleil, changée en héliotrope (ou en tournesol*2 dans une version courante de la légende). Depuis elle suit éternellement sa course.

 

 

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La métamorphose de Clytie en tournesol

Un… De… Troy… Soleil !

Jean-François de Troy (1679-1752)

(musée Bossuet, Meaux)

 

Honteuse malgré tout des conséquences de son effroyable courroux, Vénus partit se rafraîchir les idées dans sa retraite de Paphos, tandis que Mars battait la campagne en Thrace.

Ah l’Amour !

Et vous, sacrifierez-vous à son culte ?

A suivre…

 

Michel Lansardière (texte et photos)

*1 De ce sang primordial et de la divine semence naîtront également des Géants et les Erinyes (Furies), dont la charmante Mégère. Quelle engeance !

*2 Le tournesol, ou girasol ou soleil, de nos campagnes aurait été introduit en Europe par les conquistadors au XVIe siècle… alors que l’héliotrope d’Europe était répandu dans tout le bassin méditerranéen. L’héliotrope, ou jaspe sanguin, est aussi une variété de calcédoine verte mouchetée de rouge évoquant des taches de sang. Taches que l’on observera plus aisément en mouillant la pierre et en la tournant vers le soleil avant de la sculpter (« pierre des martyrs ») et de la polir. Tandis qu’en peinture l’héliotrope est une nuance de violet. Le girasol également est une variété d’opale ou de quartz chatoyants qui accrochent les rayons du soleil.

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administrateur théâtres

Exposition d’illustrations contemporaines chinoises, entre mythes et modernité

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Du 5 au 23 mai 2017, le Centre Culturel de Chine à Bruxelles accueille une exposition inédite :

plus d’une soixantaine de dessins et de peintures illustrant les origines de la civilisation chinoise ainsi que les aventures de ses héros mythiques sont mis en lumière à Bruxelles sous le nom « Where the dream begins : Creating the World » (« Là où le rêve commence : la création du monde »).

Quatre des artistes exposés ainsi que des représentants de la Shanghai Chinese Painting Academy – maître d’œuvre de l’exposition –  se sont rendus  tout spécialement à Bruxelles pour  le vernissage de l'exposition. 

Une diversité des styles et des techniques

Au total, pas moins de 68 illustrations classées en 17 collections composent l’exposition. Chacune de ces collections mettra en image des styles chinois très distincts grâce à l’identité artistique marquée de chacun des artistes exposés.

Le visiteur est confronté avec une grande diversité des styles et des techniques utilisées : encre de Chine, peinture à l’huile, peintures traditionnelles chinoise, pastels et même images digitales figurent au programme.

Un nouveau souffle pour l’illustration et la bande dessinée chinoise

Cette exposition se veut moderne et contemporaine, toutes les œuvres exposées ayant été réalisées en 2016. Elle s’attache surtout à faire connaître l’Histoire de la civilisation chinoise au travers de sa thématique. La richesse culturelle de la Chine s’y ressent également : les artistes exposés sont de tous âges et proviennent des quatre coins de la Chine. Spécialistes de l’illustration et de la bande dessinée chinoise, ceux-ci partagent le même souhait : en prenant part au projet, ils espèrent apporter un nouveau souffle à la créativité chinoise et offrir des œuvres inédites au grand public. Ce  large projet de la Ville de Shanghai, berceau de la bande dessinée,  vise à illustrer l'histoire de la civilisation chinoise par le biais de réalisations d'artistes contemporains et "représente le fruit d'un travail récent de recherche sur les mythologies chinoises, très populaires en Chine, qui se transmettent tant à l'oral qu'à l'écrit", explique Jianjun Tan, vice-directeur de la Shanghai Chinese Painting Academy, maître d'œuvre de l'exposition. "Nous sommes ravis de voir que cette exposition permettra d'ouvrir un dialogue entre la Chine et l'Occident".

Les bandes dessinées de poche, ou lianhuanhua, ont été publiées pour la première fois dans les années 1920 et étaient une source majeure de divertissement public. Dans les années 1950 et 1960, ils ont même été utilisés pour faire connaître les politiques gouvernementales, en particulier pour les personnes qui ne pouvaient pas lire.  Les premières bandes dessinées présentaient des légendes folkloriques et des personnages d'opéra. Des illustrateurs notés ont été rédigés pour le travail. L'apogée des bandes dessinées a pris fin pendant la «révolution culturelle» (1966-76), mais ils ont commencé à revenir à la fin des années 1970 jusqu'au milieu des années 1980.  Les bandes dessinées étaient généralement vendues dans des kiosques à Shanghai, mais l'ère numérique rapide a détourné l'attention de nombreux jeunes lecteurs du genre.  "Nous espérons que cette série de plus de 30 œuvres basée sur des mythes chinois va relancer les bandes dessinées dans un cadre contemporain"

 

020170428201508.bmp“Pangu Creates the New World” by Feng Yuan part of the project “Creating the World — Literary and Artistic Works on Chinese Creation Myths.”

Axing Xi est un peintre au style unique adepte de l’art folklorique chinois, travaillant tout en nuances et avec une  inclination marquée pour le  mystère. Une des légendes contées en image est  celle de la création des humains par Fuxi et Nuwa.* 

Les deux divinités mythiques Fuxi et Nuwa  quittent en volant  les montagnes de Kunlun  pour aller vers l'ouest,  région désolée et désertique  à l’époque. Nuwa pense que ce serait merveilleux s'il y avait des humains  à son image  dans ce monde. Elle  ramasse alors  de la boue  de ses mains fait une copie d'elle-même,  d’après son reflet dans un ruisseau. Miraculeusement, une  figure de d’argile  apparaît. Nuwa  prend alors  une branche de rotin vert, la plonge dans la boue et agite la branche. Des milliers de gouttes de boue  sont projetées  dans toutes les directions à travers les airs. Nuwa tenant  le bras de Fuxi  vole dans le ciel. Comme l'air dans leur sillage est tombé sur les gouttes de boue, chacune est  immédiatement transformée en être humain. Tous les humains descendent alors au sol et se dispersent dans toutes les directions pour constituer  les premiers ancêtres de différentes tribus  humaines.

 Ici la légende de la princesse Leizu qui enseigna le tissage de la soie.

Image associée Xiaofang Ding peintre créatif s’attache lui à apporter une touche de modernité à la peinture traditionnelle chinoise.

 du 5 au 23 mai, être visitée en famille

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ils ont intérêt à amener leur carnet de dessin car ils peuvent sûrement  y puiser de l'inspiration pour leurs  propres œuvres picturales! 

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https://matricien.org/patriarcat/mythologie/nuwa/

China Cultural Center in Brussels

Adresse : Rue Philippe Le Bon 2, 1000 Bruxelles
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Vie, Force, Santé (Hapi new year).

12273063665?profile=originalAu fil du Nil, au fil du temps...

Assis au bord du Nil (Hapi), Thot, caressant sa lyre, musait.

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Trois cordes pour chanter la division tripartite de l'an.

Ainsi s'égrenaient le temps et les notes. L'aigu pour rendre la chaleur, le médium l'atmosphère tempérée et le grave pour le froid.

Mais Thot manquait-il de cordes à sa lyre ?

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Malin comme un singe, Thot a plus d'un tour dans son sac, d'une corde à sa lyre, il préside au comptage du temps.

Aux premiers temps des dieux, l'année égyptienne comportait 360 jours. Trente-six décans de dix jours, trois décans forment un mois et quatre mois déterminent une saison, chacune rythmant les activités agricoles correspondant à la crue du Nil, aux semailles et aux récoltes (Akhet, Peret, Chemou).

L'année débute avec le lever héliaque* de l'étoile Sothis (ou Sopdet, personnification de l'étoile Sirius) de la constellation du Chien (Sirius, la Sopdet égyptienne), qui coïncide avec le déclenchement de la crue du Nil, soit vers le 19 juillet de notre calendrier

Quand Thot le magicien, qui préside au calendrier, créa l'année lunaire de 365 jours... Le sort et la ruse l'amenant à ajouter 5 jours supplémentaires.

Comment ?

Geb, la Terre, et sa soeur Nout, le Ciel, se querellaient sans cesse.

Excédé, leur père Shou, l'Air, les sépara. Ils se rejoignirent cependant en secret, et Nout, se retrouva enceinte... Ce qui mit Rê, le Soleil, dans une colère de dieu !

Elle ne pourrait accoucher aucun jour de l'année !

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Désespérée, Nout demanda alors à Thot de l'aider...

Ce dernier proposa à la Lune de jouer... et, pour intéresser la partie, de miser des heures...

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Thot prit l'ascendant, jusqu'à gagner du temps... 5 jours pour être exact !

Que Nout pourra mettre à profit pour accoucher. Le premier jour elle mit au monde Osiris, le second Horus, le troisième Seth, qui déjà mauvaise tête déchira le ventre de sa mère, le quatrième Isis et le cinquième Nephtys... sans désobéir à Rê ! et en enrichissant le panthéon de cinq nouveaux dieux et déesses !

Et quels dieux ! Un squelette d'argent pour un corps d'or et une chevelure en lapis-lazuli ! Chic, non ?

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Bonne année à vous ! Qu'elle vous comble 365 jours durant*...

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... d'or, d'argent, de lapis...

ou mieux...

"Ankh, Oudjat, Seneb" : Vie, Force, Santé à tous !

Don't worry, be Hapi !

Michel Lansardière (texte et photos).

* Malgré tout, le cycle du soleil étant de 365 jours un quart, l'année prenait un jour de retard tous les quatre ans... qui finissait par vous chambouler le calendrier !

Eratosthène y remédia en instituant l'année bissextile, un 6e jour de fête en l'honneur des dieux bienfaiteurs tous les quatre ans !

Ce qui n'est pas à négliger !

Quant à moi, si une bonne étoile m'éclaire, j'aurais encore bien des Sothis à vous raconter...

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administrateur théâtres

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Ulysse attaché au mât du navire, d'après l'Odyssée d'Homère. Vase à figures rouges de Vulci, Ve s. av. J.-C. British Museum, Londres (Ph. Coll. Archives Larbor)

Mais qu’est - ce qui déchaîne cet automne à Bruxelles des tempêtes de rires ou d'applaudissements ? Le dieu Eole ? Un vent de joie, d’humanité et d’esprit en tous cas.  Une production visuellement magnifique, mais ce n'est pas que cela!  Cela se passe au théâtre Royal du ParcThierry Debroux s’est décidé de présenter la chère Odyssée sans son Iliade,  un mythe qui a bercé nos parents, nos grands-parents et on l’espère fortement, les générations à venir. Il célèbre notre appartenance aux racines méditerranéennes, la liaison directe de notre langue au monde antique grec, avec sa pléthore de savants, philosophes et dramaturges qui ont tissé notre culture occidentale. On ne sait si l’objectif premier de Thierry Debroux fut de rafraîchir ces profondes racines, et de raviver l’intérêt des jeunes  pour la culture classique mais ce spectacle sera un fameux  atout pour qui  se mêle d’éducation humaniste.

12273041685?profile=originalUlysse (Laurent Bonnet) est un  personnage d’une attraction  fascinante. Etre complexe, c’est un homme vaillant, rusé, curieux de tout, capable de supporter mille épreuves, patient, endurant, doté d’une intelligence exceptionnelle. Pour peu on en tomberait soi-même amoureux, comme le fait  la merveilleuse Nausicaa, Pascaline Crêvecoeur,  à qui  Thierry Debroux a offert le rôle magnifique.  Mais Ulysse, c’est  surtout un homme qui refuse l’immortalité  promise par  la magicienne Circé (Babetida Sadjo) qui vit sur une île où le temps n’existe pas,  pour rentrer chez lui, trouver les siens  et assumer  pleinement sa condition humaine.  Cela lui permet de sortir grandi des épreuves, d’accepter courageusement sa finitude et d’assurer son libre-arbitre.

Thierry Debroux, responsable du texte et de la mise en scène,  brosse dès le début des tableaux hilarants et moqueurs de la condition divine. Le personnage d’Hermès, bouffon fulgurant aux magnifiques pieds ailés est un « sur mesures » créé de toutes pièces avec comme modèle le  comédien Othomane Moumen engagé dans les premiers, avec le splendide Eole (Yannick Vanhemelryk), sans doute. Ecrire le texte, ayant en tête les comédiens qui recevront les rôles est sans doute d’une  grande saveur pour l’auteur et  cela mène  à une réussite éblouissante, côté spectateurs. Le même « sur mesures » vaut pour l’inoubliable personnage  d’Athéna à la voix si  autoritaire (Karen De Paduwa) et vaut sans doute  pour bien d’autres membres de ce casting extraordinaire.

12273041660?profile=original Le jeu presque cinématographique d’Antinoos (Lotfi Yahya) et ses compagnons  met en lumière  la  brutalité et la décadence morale d’une  société privée de valeurs et de sagesse. Sandrine Laroche dans  le rôle de Pénélope est tout  en finesse, sensibilité,  bonté et tendre émotion.  Télémaque (Gabriel Almaer) est un jeune homme attachant, un personnage  très  bien campé  safe_image.php?d=AQA5FjZWriS6ouVc&w=470&h=246&url=http%3A%2F%2Fwww.theatreduparc.be%2Fuploads%2Fimages%2FGallery%2FODYSSEE%2FODYSSEE2.jpg&cfs=1&upscale=1&sx=0&sy=0&sw=800&sh=419&width=320...tout  comme l’imposante mère d’Ulysse, Anticlée qui  tremble de colère : « Sacrifier les bœufs, les moutons, les chèvres grasses, festoyer, boire follement le vin qui flamboie…épuiser cette maison… C’est donc ce que vous appelez le courage ? J’ai perdu un fils qui autrefois veillait sur vous, bienveillant comme un père. Est-ce votre façon de servir sa mémoire ? » (Jo Deseure)

 12273042473?profile=originalL’imaginaire bat son plein avec la conception du navire, avec  le personnage du cyclope (Ronald Beurms qui joue aussi Poséidon), un  gigantesque monstre à l’œil unique,  aux airs de robot qui se nourrit de chair humaine. Avec les sirènes, avec les pourceaux de  la belle Circé  en son palais tropical, avec le saisissant le séjour des morts, dans  la formidable tempête, dans les scènes de beuveries  et de complots des prétendants au palais d’Ithaque et dans  la bataille finale. Les astuces visuelles  et lumineuses sont cause  d’émerveillement en continu. La  scénographie, les masques,  les costumes, les  bijoux et maquillages font partie intégrante de la beauté visuelle qui captive le spectateur, et vont à l’essentiel. Les tableaux se tiennent les uns aux autres dans une grande harmonie, comme des fondus enchaînés  tandis que  le spectateur flotte au bord de ses propres rêves. 12273043055?profile=original12273039697?profile=original Mais le verbe veille: c’est un savant dosage de phrases tragiques, de poésie et d’humour débridés , d’affects à vif que l’on boit comme un philtre d’amour. « O mon aimé… tu sais combien de fois par jour je les répète ces mots… Mon aimé, mon aimé… Ton palais est pillé mais ta femme est intacte. O vous, dieux qui l’aviez soutenu lorsqu’il assiégeait Troie, je ne vous reproche pas son absence. Faites seulement, lorsqu’il abordera à nouveau ces rivages, faites qu’il me trouve belle encore…  et désirable. » Cela vibre de déclarations passionnées, cela pétille de parodies, cela miroite de joutes verbales et d’anachronismes: la vivacité, la vie… quoi !  Qui oserait jeter maintenant les Anciens aux orties après un tel spectacle? Thierry Debroux fait flèche de tout bois et transforme même Homère en rappeur méditerranéen, là il en fait peut-être un peu trop.    

12273040862?profile=originalEt revenons à Ulysse qui, loin d’apparaître comme un héros surnaturel, est homme sensible  et touchant avec ses faiblesses et ses pertes de mémoire. Il est émouvant, incapable de résister aux femmes  mais  surtout, comme tant d’autres, incapable de résister au péché d’orgueil. C’est le péché le plus grave chez les Anciens Grecs, celui qui génère invariablement  de  terribles catastrophes.  De leur côté, ses chers compagnons ne peuvent résister à la folle cupidité, une tentation peut-être encore plus délétère. Mais c’est en songeant douloureusement à sa patrie, à son épouse et à son fils qu’Ulysse se reconstruit. Une  patrie qu’il a ardemment souhaité retrouver mais qui  le plonge à son retour dans  une  nostalgie redoublée. Il ne peut supprimer la violence que par la violence. Il est terriblement humain.

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Deashelle Nomdeplume's photo. Crédit photos: Isabelle De Beir

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La mythologie grecque et l'opéra baroque


George Petrou direction - Myrsini Margariti soprano - Mary-Ellen Nesi mezzo - Irini Karaianni mezzo - Armonia Atenea


Georg Friedrich Händel Ouverture (Alessandro, HWV 21), Aria "Se nel bosco" (Arianna in Creta, HWV 32), Recitativo & aria "Dove son - qui ti sfido" (Arianna in Creta, HWV 32)
Johann Adolf Hasse, Sinfonia (Artemisia)
Christoph Willibald von Gluck Aria "Non so frenare il pianto" (Antigono), Dance of the blessed spirits - Dance of the furies (Orphée), Recitativo & aria "Ma fille, Jupiter" (Iphigénie en Aulide)
Giovanni Paisiello Recitativo & duet "E mi lasci cosi ? Ne giorni tuoi felici" (L'Olimpiade), Terzetto "Sciogli oh Dio le sue catene" (L'Olimpiade)
Jean-Baptiste Lully, Suite (Phaeton)
Antonio Vivaldi Aria "Vedro con mio diletto" (Il Giustino, RV 717), Aria "Siam navi" (L'Olimpiade, RV 725)

La musique, source d’émerveillement ? La culture, message d’apaisement ! Voici un orchestre que l’on a très  envie de revoir sur nos scènes de Belgique et qui  a eu le privilège d’inaugurer la nouvelle présidence de l’Union Européenne ce 14 janvier dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Il s’agit de l’ Armonia Atenea dirigé par un fougueux chef qui adore les périodes baroques, classiques et romantiques et dont la discographie est saluée par la critique internationale, George Petrou. L'orchestre a été fondé en 1991 par les Amis de la Société de musique d'Athènes avec l'inauguration du Megaron, la salle de concert d'Athènes. Orchestre résident du Megaron, il se partage depuis 2011 entre le Centre culturel Onassis et Megaron d'Athènes.
Ses anciens directeurs artistiques sont des figures prestigieuses : Neville Marriner, Christopher Warren-Green et Alexander Myrat.
L'orchestre parcourt l’Europe du  Musikverein au Théâtre des Champs - Elysées , à l'Opéra Royal de Versailles, au Concertgebouw, à la Salle Pleyel…
L'orchestre a une longue liste de cd enregistrés chez DECCA, SONY CLASSICAL, EMI Classics, MD G ou ECM Records et  a reçu de nombreuses distinctions internationales («Diapason 5», BBC musique «enregistrement du mois» et l'Opéra- «Découverte»). Les parutions récentes comprennent les premiers enregistrements mondiaux de Alessandro Severo de Haendel et Il Trionfo di Clelia de Gluck (OMD).

Le concert de ce soir va mettre en lumière la mythologie grecque à travers les siècles et particulièrement au 18e. Tout d’abord avec l’ouverture d’ «Alessandro » de Haendel (HWV21 (1726) où l’illustre génie guerrier d’Alexandre est remplacé par un personnage plutôt comique, mégalomane et naïf…L’ouverture est énergique, sous-tendue par une armée de cordes, un théorbe et deux flûtes aux modulations magiques. On entendra aussi un clavecin dans la suite joyeuse du Phaëton applaudir en cours de route pour son charme et sa grâce brillante.

 

On a tout de suite  craqué pour la voix exquise de Myrsini Margariti  la soprano  de l’aria « se nel bosco resta solo » de l’Arianna in Creta de Haendel.  Une belle voix douce, juvénile et claire qui  jette des frissons dans les violons qui l’accompagnent. Sa maîtrise de la diction est impeccable et précise et les notes élevées sont d’une fluidité extraordinaire : de subtiles  caresses lyriques qu’elle accompagne  de gestes gracieux des mains. Mais elle est aussi capable de registres dramatiques très toniques. Une voix qui enivre comme un parfum de figues. Ses harmonies semblent gorgées de soleil alors qu’elle porte une robe bleu nuit à bustier imprégné d’étoiles.  La mezzo soprano Mary-Ellen Nesi lui donne une réplique passionnée dans une belle voix expressive, faite pour la chaleur et la volupté de la nuit. Elle a endossé une robe turquoise évoquant la mer à midi.  La musique de Haendel palpite  sous les  très beaux légatos et écume de colère et d’indignation dans le récitatif et l’air : « Qui ti sfido, o monstro infame ! » C’est un Poséidon  furieux au féminin.  Le son coule, débordant de puissance, d’humanité et de présence musicale. Les cordes soulignent le drame de façon précipitée.  

Irini Karaianni, dans une somptueuse robe aux reflets orientaux mordorés va interpréter Antigone dans  un extrait de l’opéra de Gluck (1756) « Non so frenate il pianto ». Elle va interpréter la révolte et les lamentations d’Antigone avec beaucoup d’adresse, sans être aussi convaincante que les deux premières dont le  duo (un extrait de Olimpiade (1786) de Paisiello) est le moment phare du concert. Les deux chanteuses complices font surgir dans l’imaginaire tout un chœur de femmes qui oscillent entre raison et sentiment, orgueil et volupté. Dans les extraits de  Vivaldi, la mezzo expose son allure noble, offre sa voix souple qui témoigne d’une grande sensibilité, les modulations de l’orchestre simulent des vagues de désir. On croit voir Nausicaa à l’œuvre avec Ulysse! Puis c’est au tour de Myrsini Margariti d’offrir à nouveau ses vocalises vertigineuses, son souffle inépuisable qui couvre trois octaves. L’atmosphère est lourde et menaçante dans Iphigénie en Aulide  de Gluck (1774), les cors lancinants suggèrent les ténèbres et les prémices du sacrifice. Un trio final  «Sciogli of Dio le sue catene » (Giovanni Paisiello, le compositeur préféré de Napoléon Bonaparte) rassemble les trois chanteuses applaudies avec force par une communauté de spectateurs ravis et un chef d’orchestre rayonnant.  Ah le soleil de Grèce, et la fascination de  ses mythes immortels qui ont façonné le capital culturel européen!  

Le lien de ce concert: http://www.bozar.be/activity.php?id=14292&selectiondate=2014-01-14

Notre prochain rendez-vous:

http://www.bozar.be/activity.php?id=13432

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 L’Inde célèbre Diwali !

La fête de la lumière, de la prospérité et de l’espoir.

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Diwali est l’une des fêtes principales de l’hindouisme et elle est célébrée par tous les Indiens. Souvent appelée fête de la lumière, Diwali est dédiée à Maha Lakshmi, déesse de la lumière, de la fortune, de la chance, de la sagesse et de la prospérité. Dans et autour des maisons, les dyias, petites coupoles en terre cuite remplies de ghī (beurre clarifié) illuminent la profonde nuit de la nouvelle lune et éclairent jusqu’à l’âme de tous ceux qui participent à la fête. C’est un moment de renouveau, proche en signification de la nouvelle année, avec les bonnes résolutions qui l’accompagnent.

12272963460?profile=originalLa fête de Diwali célèbre la victoire du bien sur le mal: de la lumière sur l’obscurité, du chaud sur le froid, de la vérité sur le mensonge et de la pureté sur la souillure. Diwali est l’occasion d’un grand nettoyage au sens propre comme au figuré : les maisons sont nettoyées de fond en comble et les hindous ne consomment ni viande ni alcool pendant une semaine afin de se purifier de l’intérieur.

Divālī fait appel à de nombreux mythes et légendes de l'hindouisme, se rapportant principalement à Vishnu et à son épouse Lakshmi:

...comme Brahmā, dieu de la création, et Shiva, dieu de la destruction, Vishnu, dieu de la préservation, fait partie de la Trimūrti la trinité de l'hindouisme qui a peu à peu remplacé dans la ferveur populaire la trinité védique que constituent Agni (le feu), Vāyu (le vent) et Sūrya (le soleil). Chacune de ces trois divinités est accompagnée de sa parèdre (sa shakti), c'est à dire  la déesse puisssante  qui lui est associée. Ainsi, l'épouse de Brahmā est Sarasvatī, déesse du savoir, celle de Shiva est Pārvatī (qui peut revêtir les formes terribles que sont Durga et Kālī), et enfin, celle de Vishnu est Lakshmi, qui personnifie la richesse intérieure, naturellement associée à la préservation.

Vishnu est d'autre part très populaire au travers de ses dix avatars, ses incarnations sous différentes formes, dont les plus connues sont Rāma, le roi mythique héros du Rāmāyana, la grande épopée hindoue, Krishna, le séduisant et divin berger, qui symbolise l'amour divin inhérent chez l'humain, voire quelques autres comme Narasimha, l'homme-lion.

Outre Lakshmi, et les deux avatars de Vishnu que sont Krishna et Rāma, Divālī met également Ganesh à l'honneur. Ganesh, le dieu à tête d'éléphant, fils de Shiva et de Parvati, est une divinité majeure, bénéfique car il est « celui qui écarte les obstacles de l'égo ».

Avant tout, Divālī célèbre le retour dans sa capitale, Ayodhya, de Rāma avec son épouse Sītā, qu'il a reconquise de haute lutte sur le démon Rāvana, comme le conte le Rāmāyana. Le nom Divālī (ou Dīpāvali), dont le sens est « rangée de lumières », rappelle en effet le chemin de lampes fait à Rāma par les habitants d'Ayodhya pour éclairer son retour.

Les rangoli (photo ci-dessous) sont les décorations qui, lors de la fête, ornent les maisons, les cours, les sanctuaires et même les salles à manger.

Destinées à témoigner d'une chaleureuse hospitalité - car lors du troisième jour, Lakshmi, selon la croyance populaire, vient elle-même visiter les maisons - les rangoli sont dessinées sur le sol avec de la farine de riz en signe d'accueil et pour repousser les mauvais esprits. Des poudres de couleur sont aussi utilisées, afin de former des dessins de formes géométriques. Cette décoration se complète avec des feuilles de manguier et des guirlandes de soucis.

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Ce dimanche 3 novembre, les 100 premiers visiteurs ayant acheté un ticket combi (Body et Indomania) pour les deux expos du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles recevront une statuette à l’effigie de Ganesh pour célébrer la fête indienne de la lumière.

Corps de l'Inde & Indomania

Yoga, ayurveda ou kamasutra - la manière dont la civilisation indienne aborde le corps est l’une des plus fascinantes qui soit. Cette exposition propose un voyage inoubliable de la mort à la renaissance, des forces maîtrisant le destin au pouvoir de l’action humaine, du désir et de la séduction à la conquête du corps par le biais de l’ascétisme. Venez découvrir d’envoûtants chefs d’oeuvre de l’art indien -jamais encore exposés pour certains-, issus de temples anciens, de musées provinciaux oubliés, de collections royales et du Musée National de l’Inde.

Indomania: De Rembrandt aux Beatles

Splendeur des moghols et maharadjas, spiritualité, lumière et couleurs mais aussi pauvreté ou système des castes …  Autant d’aspect de l’Inde qui ont frappé de tout temps les voyageurs partis à sa découverte. Mais comment les artistes occidentaux  envisagent-ils l’Inde ? Et comment évolue leur regard au fil du temps ? Indomania nous contera la passion commune de nombreux artistes pour l’Inde. Peintres, sculpteurs, photographes, auteurs, cinéastes et musiciens avec une admiration esthétique et une curiosité intellectuelle pour ce pays. Pour la première fois, les œuvres de ces artistes seront réunies : de Rembrandt à Rauschenberg, en passant par Rodin, Cartier-Bresson et Pasolini. Quelques artistes contemporains se rendront également en Inde à la demande d’Europalia, afin de s’imprégner du pays et de créer une œuvre qui sera exposée dans le parcours.
Environ 250 objets: peintures, sculptures, textiles, bijoux, objets d’art, films, photographies ; d’Alexandre le Grand à nos jours.
Quelques grands maîtres: Rembrandt,  Gustave Moreau, Auguste Rodin, Pier Paolo Pasolini, Roberto Rossellini, Henri Cartier-Bresson,… Artistes commissionnés par Europalia pour une résidence en Inde : Hans Op de Beeck, Max Pinckers,…
Collections majeures: British Museum, British Library, Victoria & Albert Museum, Musée du Louvre, Musée Guimet, Musée Rodin, Centre Pompidou, Fondation Custodia…

NB Les statuettes seront remises sur présentation du ticket combi au point info d’europalia.india, Rue Ravenstein 79 à 1000 Bruxelles (en face de l’entrée du Palais des Beaux-Arts).

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Du 4 octobre 2013 au 26 janvier 2014, europalia.india dévoile la richesse culturelle de l’Inde à travers 26 expositions et plus de 400 concerts, spectacles, films, conférences et ateliers dans toute la Belgique.

RETROUVEZ TOUT LE PROGRAMME SUR WWW.EUROPALIA.EU

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