La mythologie grecque et l'opéra baroque
George Petrou direction - Myrsini Margariti soprano - Mary-Ellen Nesi mezzo - Irini Karaianni mezzo - Armonia Atenea
Georg Friedrich Händel Ouverture (Alessandro, HWV 21), Aria "Se nel bosco" (Arianna in Creta, HWV 32), Recitativo & aria "Dove son - qui ti sfido" (Arianna in Creta, HWV 32)
Johann Adolf Hasse, Sinfonia (Artemisia)
Christoph Willibald von Gluck Aria "Non so frenare il pianto" (Antigono), Dance of the blessed spirits - Dance of the furies (Orphée), Recitativo & aria "Ma fille, Jupiter" (Iphigénie en Aulide)
Giovanni Paisiello Recitativo & duet "E mi lasci cosi ? Ne giorni tuoi felici" (L'Olimpiade), Terzetto "Sciogli oh Dio le sue catene" (L'Olimpiade)
Jean-Baptiste Lully, Suite (Phaeton)
Antonio Vivaldi Aria "Vedro con mio diletto" (Il Giustino, RV 717), Aria "Siam navi" (L'Olimpiade, RV 725)
La musique, source d’émerveillement ? La culture, message d’apaisement ! Voici un orchestre que l’on a très envie de revoir sur nos scènes de Belgique et qui a eu le privilège d’inaugurer la nouvelle présidence de l’Union Européenne ce 14 janvier dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Il s’agit de l’ Armonia Atenea dirigé par un fougueux chef qui adore les périodes baroques, classiques et romantiques et dont la discographie est saluée par la critique internationale, George Petrou. L'orchestre a été fondé en 1991 par les Amis de la Société de musique d'Athènes avec l'inauguration du Megaron, la salle de concert d'Athènes. Orchestre résident du Megaron, il se partage depuis 2011 entre le Centre culturel Onassis et Megaron d'Athènes.
Ses anciens directeurs artistiques sont des figures prestigieuses : Neville Marriner, Christopher Warren-Green et Alexander Myrat.
L'orchestre parcourt l’Europe du Musikverein au Théâtre des Champs - Elysées , à l'Opéra Royal de Versailles, au Concertgebouw, à la Salle Pleyel…
L'orchestre a une longue liste de cd enregistrés chez DECCA, SONY CLASSICAL, EMI Classics, MD G ou ECM Records et a reçu de nombreuses distinctions internationales («Diapason 5», BBC musique «enregistrement du mois» et l'Opéra- «Découverte»). Les parutions récentes comprennent les premiers enregistrements mondiaux de Alessandro Severo de Haendel et Il Trionfo di Clelia de Gluck (OMD).
Le concert de ce soir va mettre en lumière la mythologie grecque à travers les siècles et particulièrement au 18e. Tout d’abord avec l’ouverture d’ «Alessandro » de Haendel (HWV21 (1726) où l’illustre génie guerrier d’Alexandre est remplacé par un personnage plutôt comique, mégalomane et naïf…L’ouverture est énergique, sous-tendue par une armée de cordes, un théorbe et deux flûtes aux modulations magiques. On entendra aussi un clavecin dans la suite joyeuse du Phaëton applaudir en cours de route pour son charme et sa grâce brillante.
On a tout de suite craqué pour la voix exquise de Myrsini Margariti la soprano de l’aria « se nel bosco resta solo » de l’Arianna in Creta de Haendel. Une belle voix douce, juvénile et claire qui jette des frissons dans les violons qui l’accompagnent. Sa maîtrise de la diction est impeccable et précise et les notes élevées sont d’une fluidité extraordinaire : de subtiles caresses lyriques qu’elle accompagne de gestes gracieux des mains. Mais elle est aussi capable de registres dramatiques très toniques. Une voix qui enivre comme un parfum de figues. Ses harmonies semblent gorgées de soleil alors qu’elle porte une robe bleu nuit à bustier imprégné d’étoiles. La mezzo soprano Mary-Ellen Nesi lui donne une réplique passionnée dans une belle voix expressive, faite pour la chaleur et la volupté de la nuit. Elle a endossé une robe turquoise évoquant la mer à midi. La musique de Haendel palpite sous les très beaux légatos et écume de colère et d’indignation dans le récitatif et l’air : « Qui ti sfido, o monstro infame ! » C’est un Poséidon furieux au féminin. Le son coule, débordant de puissance, d’humanité et de présence musicale. Les cordes soulignent le drame de façon précipitée.
Irini Karaianni, dans une somptueuse robe aux reflets orientaux mordorés va interpréter Antigone dans un extrait de l’opéra de Gluck (1756) « Non so frenate il pianto ». Elle va interpréter la révolte et les lamentations d’Antigone avec beaucoup d’adresse, sans être aussi convaincante que les deux premières dont le duo (un extrait de Olimpiade (1786) de Paisiello) est le moment phare du concert. Les deux chanteuses complices font surgir dans l’imaginaire tout un chœur de femmes qui oscillent entre raison et sentiment, orgueil et volupté. Dans les extraits de Vivaldi, la mezzo expose son allure noble, offre sa voix souple qui témoigne d’une grande sensibilité, les modulations de l’orchestre simulent des vagues de désir. On croit voir Nausicaa à l’œuvre avec Ulysse! Puis c’est au tour de Myrsini Margariti d’offrir à nouveau ses vocalises vertigineuses, son souffle inépuisable qui couvre trois octaves. L’atmosphère est lourde et menaçante dans Iphigénie en Aulide de Gluck (1774), les cors lancinants suggèrent les ténèbres et les prémices du sacrifice. Un trio final «Sciogli of Dio le sue catene » (Giovanni Paisiello, le compositeur préféré de Napoléon Bonaparte) rassemble les trois chanteuses applaudies avec force par une communauté de spectateurs ravis et un chef d’orchestre rayonnant. Ah le soleil de Grèce, et la fascination de ses mythes immortels qui ont façonné le capital culturel européen!
Le lien de ce concert: http://www.bozar.be/activity.php?id=14292&selectiondate=2014-01-14
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