Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

classique (213)

administrateur théâtres

Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013

12272909472?profile=original

Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013

L’une des plus belles œuvres de musique de chambre, le quintette  en Ut majeur de Schubert a été composé peu après sa dernière symphonie durant l'été 1828, deux mois avant la mort du musicien. Il a été créé bien plus tard, en 1850, au Musikverein de Vienne et publié en 1853. Il nous a été servi comme une  7e merveille de la musique par l’émouvant Quatuor Alfama au Conservatoire Royal de Bruxelles, lors d’un de ces midi-minimes inoubliables de la cuvée 2013. On y a couru à cause de Camille Thomas, rencontrée au festival Musiq 3 2013 et on y a découvert une violoniste exquise: Elsa De Lacerda Setas.  On reste longtemps sous l’impression d’avoir voyagé au cœur d’un rare cristal musical hier midi! Une merveille!

Dès les premières notes on est happé par un long appel strident  joué par le Violon ensuite repris par le timbre profond du premier Violoncelle. Si le premier mouvement évolue longuement  dans les contrastes de registres aigus et sombres, on arrive vite dans une explosion de mouvements impétueux,  dont la puissance est garantie par la voix chaleureuse des deux violoncelles unis. Cascades émouvantes du Violon vers les graves, déferlement avant une gamme ascendante  qui s’élance à l’assaut du bonheur. Mélodie en duo des deux Violoncelles qui s’entrelacent: serait-on au paradis ? Au cœur d’un cristal musical où les pans sonores miroitent de tous leurs feux. 

 Et voici que vient la beauté surnaturelle dans ce chef d’œuvre de l’humain : l’Adagio.  Au recueillement en  volutes pointées  du Violoncelle, répond en échos attentifs  la voix du  sublime Violon par des pizzicati  délicats du même registre. Le jeu de l’écoute est passionnant, comme si les doigts du Créateur tendaient la main à l’homme de la Chapelle Sixtine.  Il est Petit mais à l’image de Dieu. Les grondements des autres cordes tissent une mélodie tragique cueillie par les accords graves du Violoncelle. Les vagues sombres semblent être soulignées par le passage de nuages par-dessus la verrière du Conservatoire. Des silences haletants ponctuent de  longs accords et redonnent la vie au jeune Violon qui ose fleurir sur un terroir de tristesse. On se berce dans la pureté de son de l’instrument, qui ressemble beaucoup à la respiration vivante d’une extase. La douceur atteint des summums avant le retour des pizzicati du début, sous la conduite du Violon cette fois. La lumière musicale et apollinienne inondent l’assemblée qui entoure les musiciens ; un  ultime crescendo souple et poignant soutient l’émotion jusqu’à la dernière note, tenue avec immense respect. Le sentiment  nostalgique d’un  dernier rayon de l’astre solaire vous étreint brièvement avant de plonger dans le troisième mouvement.

Le scherzo sera sautillant ! Back to Earth ! Le Violoncelle prend des allures de grand seigneur qui tournoie joyeusement… Réapparaissent les notes sombres de la perte de la joie. Les larmes perlent sous l’archet de la violoncelliste Le mal à l’âme se déplie et atteint tous les instruments mais une extrême douceur subsiste au cœur de la gravité. Retour versatile à la volubilité intense du début, et touches délicates encadrées d’appels que l’on imagine ceux de cors au fond des bois. Des appels, encore, de nature royale !

Applaudissements intempestifs, tellement la plastique de l’œuvre est intense et superbe. L’ensemble musical peu surpris  en profite pour se réaccorder et lance l’Allegretto jubilatoire, toute peine bue. Effeuillée la tristesse, restent les pétales joyeux,  un calice aux vertus musicales, à boire ad libitum. Des pieds légers et juvéniles touchent à peine le sol à moins que ce ne soient ces mystérieux papillons qui accompagnent souvent l’âme dans son élévation. Peut-être comme semble dire la musique, qu’ils retombent  en longs poudroiements fertiles et sans cesse renaissants.  

Ovation (f)estivale pour ce quatuor Alfama et ses jeunes  instrumentistes extraordinaires.

 

Atmosphère: cliquez ici: http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a63304e444d7a4d6a453d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

« D’année en année, les artistes des Midis-Minimes forment une communauté plus large et plus créative, où les personnes se rencontrent, où les genres se décloisonnent, où les croisements s’opèrent. Grâce à la confiance établie avec le festival, ceux qu’on a entendus en quatuor, se retrouvent à l’opéra, le théorbiste a fondé son ensemble, la lauréate du concours Reine Elisabeth a troqué son archet contre la baguette, le hautboïste tâte du doudouk, tous poursuivent, en solitaire ou en bande, leur recherche du bel et insaisissable objet musical, rejoints par d’autres musiciens où l’on notera, cet été, de nouveaux et brillants internationaux. 
Le moteur de cette effervescence et de ces audaces ? L’écoute ! Votre écoute, celle d’un public incroyablement ouvert, concerné, actif, authentique partenaire artistique du concert. Merci à vous.»
 Besoin d’un petit coup de pouce à votre curiosité ? Voici le lien pour aller glaner un programme qui vous plaît  et vivre l’été autrement cette année : http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier.php

Lire la suite...
administrateur théâtres

 

Une Orangerie d’un autre siècle… celui de Mozart, nul doute. Un short d’argent  galbé sur cuisses parfaites s’assied sans façons sur la pelouse, une gracieuse silhouette japonaise erre dans les allées à la recherche de parfums surannés et prend en photo  le pommeau antique d’une canne et le regard d’un homme rajeuni par l’attente de la musique. Il est luthier de son métier, ancien compagnon qui produisit son chef-d’œuvre dans un  même bois odorant et vibrant : deux violons, un alto et un violoncelle. Sort-il du livre de Gilles Laporte, Fleurs à l’encre violette ? On pourrait l’imaginer. Son atelier existe toujours et il connait Véronique Bogaerts depuis son enfance.  Ses enfants l’ont mené au concert que pour rien au monde il ne voudrait manquer ! Le public nombreux se masse aux portes de l’Orangerie de Seneffe un 18 juillet pour la dix-huitième année consécutive. Ce soir, on vient écouter  Mozart.  De la musique de chambre, presqu’en plein air, avec les effluves de l’été et l’heureux  ventelet qui rafraîchit la salle pleine à craquer. « Que du bonheur », dit-on maintenant.

 

Cela commence avec une rencontre au cœur de  l’Adagio et Fugue pour cordes en ut mineur KV 546. Le jeudi 18  juillet ouvre le festival avec Mozart. Ton solennel et grave… mais à la fin du jeu après les échos qui ricochent dévalant des collines imaginaires, on surprend le sourire de la violoncelliste, Sarah  Dupriez, 28 ans,  fille de la violoniste, Véronique Bogaerts l’âme du festival. Et pour une violoniste, rien de plus important que l’âme du violon !   Elle fut formée par Carlo Van Neste, grand violoniste belge de réputation internationale et grand pédagogue. A son tour de siéger dans le jury du concours reine Elisabeth et d’être le professeur … de Lorenzo Gatto, de sa  propre fille  et de  son beau-fils Vincent Hepp qui  est  ce soir à l’alto. L’esprit de famille préside à ces concerts de l’Orangerie de Seneffe. Simplicité, rigueur et chaleur humaine très sensible. Quoi de plus vrai et de plus (im)portant? On sort revigorés par la convivialité, dopée par les vagues musicales. L’allégresse amicale de cette foule de spectateurs qui se rencontrent chaque année dans ce lieu tranquille, témoigne pour l’enchantement de la vie musicale. « Jusqu’il y a peu, il était courant de se retrouver en famille, ou entre amis, pour faire de la musique et lire les symphonies des grands maîtres… » (Sarah Dupriez)

Le concerto K 449 pour piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse réunit un sextuor complice avec au clavier l’ami Jean-Claude Vanden Eynden qui s’immiscera bientôt dans le jeu des cordes joyeuses. Le babillage s’installe. Retour au thème, souligné de filets de cordes ( Elisabeth Wybou, Diederik Suys). Une tapisserie musicale aux fils d’argent. Mais voilà que contrebasse  (Bruno Suys)  et violoncelle attaquent, ensuite le piano enlève une cadence aux accords frappés d’allégresse estivale. A la clôture du 1er mouvement, le regard vert (ou bleu?) de la violoncelliste  (Sarah Dupriez) est toujours aussi concentré.  A la houle tranquille des cordes répond la sérénité du clavier. Le vent joue dans les haubans, croisière musicale? On se laisse bercer par l’onde puissante. Le piano, seul à la barre, est repris en chœur par la mélodie  que chantent les violons. Contrebasse et violoncelle entretiennent fidèlement la pulsation. Dans le dernier mouvement, Véronique Bogaerts mène l’allure.  Voici une longue note tenue avant un dernier rire musical. Des trilles au bout des doigts, Jean-Claude Vanden Eynden évoque  toute la beauté d’un coucher de soleil et la conviction intime que tout est fait pour  toujours recommencer, inlassablement. Que du bonheur !

La grande symphonie concertante de Mozart remaniée pour orchestre de chambre par un contemporain de Mozart est faite pour ce sextuor chaleureux qui joue sous l’aile vivifiante de Véronique Bogaerts. L’ensemble respire une même inspiration, solidaire et puissante. Un modèle de lien et d’harmonie enviable ? Voici un aparté des deux violons et de la violoncelliste, un bonheur italien est dans l’air ! On ne se détache pas du regard persistant de la jeune femme à la fin de l’envoy! Sorte de message muet qui fait partie de l’intimité  de la musique. Le dernier mouvement se jette le thème de mains en mains, jeu de passes ou de cache-cache, entrain virevoltant. Ce sextuor d’un soir diffuse de la beauté et de la passion qui n’ont rien d’éphémère.

Pour le Bis, une surprise: du Mozart  encore. Un arrangement du Concerto pour piano et Clarinette sans clarinette mais avec sa virtualité.  Et toujours ce regard  intense de Sarah  Dupriez  qui voyage  de la partition à la violoniste  assise à l’autre extrémité du plateau et  rassemble l’essence du mystère musical à chaque battement de paupière qui peuple ses silences. 

Des photos? http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a637a4f4455784e44493d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

 

 

Le lendemain, il faudra débrancher toute velléité  masculine et faire place à la douceur, la profondeur et la puissance féminine. Nous entendrons des pièces écrites exclusivement par des femmes et jouées par des femmes. Il n’y a que les bulles, servies à la fin du concert qui conserveront leur nom masculin  bien frappé : Bernard Massard. Cette soirée est un hommage pétri de pensées et de prières    pour que partout dans le monde cesse  la  claustration féminine sous le joug masculin quelle que soit sa forme,  son absence d’éducation et sa  parole interdite.  Une très belle programmation nous fait connaître des œuvres de Lili Boulanger, Fanny Mendelssohn, Clara Wieck- Schumann, et après la pause, découvrir Maria-Teresa von Paradies et apprécier une des premières  œuvres (1957) de Sofia Goubaïdulina. Née en 1931 en  République socialiste soviétique autonome de Tatarie, aujourd'hui Tatarstan, elle commença l'étude du piano à l'âge de cinq ans et récolta les commentaires les plus élogieux, sauf d’un de ses « juges » pour l’obtention de son diplôme, Chostakovitch qui lui conseilla de « progresser le long de son chemin d'erreur…» Jamais programmée, sauf en Europe occidentale, non éditée, elle n'en persiste pas moins jusqu’à la soixantaine à composer en solitaire des œuvres qui ne pouvaient qu'irriter les tenants de la musique officielle  des temps soviétiques.

Ce soir, c’est Dominique Cornil et  l'exquise Eliane Reyes qui s’installent au clavier. Gayané Grigorian et  Thérèse-Marie Gilissen sont aux archets pour entourer Véronique Bogaerts et sa fille Sarah Dupriez au violoncelle.  

Le trio en sol mineur pour violon, violoncelle et piano op.17 de Clara Schumann écrit en 1846   est en tout point porteur de contenu et d’atmosphère poétique. Si le premier mouvement s’embarque dans un jeu subtil et profond  de la violoncelliste qui semble boire des yeux tout à la fois sa partition et sa partenaire violoniste, le piano offre des fragments de mélodie lunaire et évoque la liberté de muses dans les bois. Le troisième mouvement a semblé évoquer une vision fugace de l’Adrienne de  Gérard de Nerval, à s’y méprendre.  « A mesure qu'elle chantait, l'ombre descendait des grands arbres, et le clair de lune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle attentif. − Elle se tut, et personne n'osa rompre le silence. La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis. » Il y a cette voix commune  profonde qui porte les douleurs éparpillées du piano. Le quatrième mouvement, un Andante, semble réunir résolument  les forces complémentaires des instruments. Le thème est repris avec ténacité et vigueur, passe à l’assaut de gorges rocheuses et s’éclate en tourbillons liquides et écumants. Les tourbillons de la VIE ? L’Allegretto conclut en trois principes fondamentaux. Vous trouverez  bien lesquels. …Ceux qui offrent la lumière à tous.

La soirée se clôture dans la créativité avec l’œuvre fascinante de Sofia Goubaïdulina dont nous découvrons avec curiosité l’atmosphère presque hitckockienne du Quintette. Thème obsessionnel, répétition d’une note hallucinante. La part belle au Cello (toujours l’irrésistible Sarah Dupriez)  qui se fraie un passage dans la palette tentaculaire de l’angoisse. Au deuxième mouvement l’alto se décide à narrer un conte sautillant, pas loin du rythme de Pierre et le loup, à moins que cela ne soit une chevauchée de musiciens de Brême. Tous les possibles de la Musique! Un  rythme de marche décidée. Mais le monde musical se mute soudain en monde d’automates. Le piano veut ralentir la cadence par trois accords colériques. Le thème reprend avec joie, mais est avalé par la nuit. Une fleur au fusil, coupée comme une vulgaire fleur des champs ? Le troisième mouvement fait une place de rêve à la vie. De vraies respirations ramènent à la vraie nature de chacun d’entre nous.  Le Cello  émet des pizzicati effarants joints à des cris aigus et pincés du violon. La pianiste veille, retrouve des rives hospitalières et insuffle l’écoute mutuelle. Une nouvelle ère se prépare sous l’archet de la violoniste joyeuse mais les automates ont doublé de grandeur, de force et de vitesse, plus unis que jamais. La sage révolte expire sous forme de trilles désespérées. Eminemment moderne et indigné. Applaudissement fracassants.

L’inimitable Quatuor Danel,  éblouissant contraste masculin  qui se chauffe à la dynamite, conclura la fête le dimanche  historique du 21 juillet 2013  à 17 heures. Avec une œuvre infinie, que tout violoncelliste porte en lui ou en elle, toute sa vie durant : la jeune fille et la mort de Franz Schubert.

D’aucuns auraient attendu une Brabançonne jouée par ces messieurs Danel  venus du Nord de la France et installés à Bruxelles depuis de nombreuses années, mais Patricia Raes, organisatrice des festivités n’a pas manqué de rendre hommage aux deux souverains Belges, Albert II  et Philippe I en début de concert.  L’organisation impeccable du festival est due à ses  talents et à sa présence et l’on souhaite sûrement  la sacrer ici  comme Amie de la Musique.

Le programme complet des festivités se trouve sur l'agenda  d'Arts et Lettres: https://artsrtlettres.ning.com/events/orangerie-du-ch-teau-de-seneffe

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Sangyoung Kim (Corée, 29 ans)  &   David Fung (Australie/Chine 30 ans)

 


12272905088?profile=originalSangyoung Kim (Corée, 29 ans)  Pianiste depuis l’âge de 4 ans Sangyoung Kim commence sa formation à l’Université Nationale des Arts de Corée et la poursuit au New England Conservatory de Boston. Lauréate de très nombreux concours nationaux et internationaux, elle a entre autres remporté les 1ers Prix aux concours USASU Bösendorfer, en Arizona (2008) et Heida Hermanns, à Westport (2006).

Concerto n. 23 en la majeur KV 488 (Wolfgang Amadeus Mozart). Sang Young Kim vêtue d’une robe grise à capeline retombant sur les épaules s’imprègne du bonheur de l’introduction orchestrale et entre dans la danse. Les sonorités sont bien détachées, la main gauche bourdonne. Abeille musicale ou artisane d’échelles de soie musicale vertigineuses ? Tout glisse comme le temps dans un sablier de lumière pétillante. Sa cadence très musicienne se termine et elle redonne la main à l’orchestre avec panache ! Le changement de climat dans l’Adagio en fa dièse mineur est dramatique, les violons osent à peine se saisir de leur archet pour souligner le thème, une atmosphère de Stabat Mater déchirant se répand dans la salle muette d’émotion. Changement de programme saisissant, l’Allegro final renoue avec le mode  en la majeur, l’heure est à la jubilation. La pianiste bat la mesure avec ses épaules, les avant-bras font des pas de deux  gracieux par-dessus le clavier. Ah si Chagall la voyait, il l’emmènerait par-dessus les toits comme elle nous emmène dans l’émotion. Des flots de notes rondes roulent comme des billes de bonheur et elle salue.

Un  charisme bienveillant enveloppe son récital du vendredi soir. Elle aborde le Skriabiyn avec charme puis fonce avec courage dans l’univers halluciné du compositeur. Loin du genre épique, elle émerge comme une trépidante danseuse de l’intime, séduisant par son côté artiste et sa sensibilité à fleur de doigts. Elle sait aussi piquer des notes au marteau et plaquer des accords d’acier.  Elle module tout et son contraire pour terminer par une éruption volcanique. Dream est joué de façon presque taquine, à la façon d’un jeu de cache-cache avec humour dans les basses, pétulance dans les notes hautes, résonance dans les notes uniques, des pépites musicales qu’elle a su trouver! 

Ses Variations Eroïca en mi bémol majeur op. 35 (Ludwig van Beethoven) déconcertent le public averti qui attendait la férocité, la puissance, la brutalité du tragique. Il semble qu’elle ait pris le contre-pied et le  parti de jouer la parodie sous forme de mille et un mimes évocateurs. Elle muse même…  Elle travaille tous les styles, de façon surréaliste avec grande expressivité. Militaire, moqueuse, grand siècle, menaçante, enjôleuse, sifflotant… savez-vous danser la Polka ? C’est personnel, bouffon, on dirait une chansonnière de Beethoven. Soudain elle se transforme en cigale musicienne, reine des dissonances voulues et la mélancolie palpitante Beethovienne est bien là, un vase empli de larmes. Une douleur poignante que Baudelaire même ne pourrait faire taire. Le dernier mouvement danse sur la joie chantée à tue-tête par une fine mélodie agreste. Résilience triomphante du bouchon de liège qui surnage  dans un majestueux feu d’artifice.

http://www.cmireb.be/cgi?usr=6gs2jw2rxa&lg=en&pag=1996&tab=102&rec=1858&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6857&flux=1260982

 David Fung (Australie/Chine 30 ans) 

A 19 ans David Fung reçoit le prix de l' ABC Symphony Australia Young Performers Awards, après quatre tournées éblouissantes en Australie dont le point culminant est son interprétation de la Rhapsodie sur un thème de Paganini avec l'orchestre symphonique de Sidney. Il vise l'Amérique et  entame ses études au Conservatoire de Colburn (Los Angeles) dans la classe de John Perry. De 2009 à 2012, il se perfectionne à la Yale School of Music, auprès de Peter Frankl. Il travaille aussi avec Claude Frank. Il a reçu plusieurs bourses et prix, dont le 4e Prix au Concours International Rubinstein (Tel Aviv, 2008), et un prix spécial au Concours de l’International Concert Artists Guild (New York, 2011).Il vit à New York. 

12272905276?profile=originalIl suit tout de suite  Sangyung Kim dans son récital et attaque la pièce imposée, Dream (Frederic Rzewski) avec sourire, à défaut de sagesse. Totalement cabotin, il  ose livrer des pitreries musicales bondissantes. Il s’amuse visiblement en pratiquant des électro-chocs subversifs, fait sauter ses mains à la hauteur des épaules, passe par tous les états : liquide, rocailleux, brumeux, cinglant ! Le rêve s’est effiloché sur quatre notes feutrées, en suspension… On range la partition et la  Sonate en ré mineur K 32 (Domenico Scarlatti) démarre avec grande fraîcheur, couleur et expressivité. Les sonorités sont limpides. La nuque très mobile suit les mains comme un danseur de ballet classique. Il joue deux voix en écho, comme une Tarentelle et verse avec plaisir évident  dans la vivacité du bonheur tzigane avec des triples croches virtuoses. Il se saisit ensuite du  Prélude en si mineur op. 32/10 (Sergey Rachmaninov) pour  jouer les contrastes d’atmosphères : accords profonds,  amples crescendos qui parcourent le clavier d’un être inconsolable, sentiment d’abandon palpable, voire de trahison, aspiré par la dernière mesure. C’est à Beethoven que le pianiste médiatique se livre ensuite, corps et âme. La  Sonate n. 31 en la bémol majeur op. 110 (Ludwig van Beethoven) lui donne l’occasion de briller dans des sonorités bien timbrées qui dévalent comme des cascades d’eau pure. Le drame et le désespoir se font vibrants de vérité. Mais, construisant patiemment son propos il se pique de faire naître un  monde nouveau, harmonieux ? On se laisse  emmener dans la volupté des hautes sphères. Un pianiste radieux célèbre la liberté et la joie de l’émerveillement, pour terminer sur un sourire éblouissant qui est pour lui une façon de vivre.

Et son Mozart ? Des sonorités princières, des pianissimos envoûtants qui gardent bien le timbre, des accords qui claquent avec l’orchestre marquent son très élégant Concerto n. 21 en ut majeur KV 467 (Wolfgang Amadeus Mozart). Une virtuosité explosive, un solo qu’il savoure en rondeurs, un très beau toucher. Les notes défilent avec précision sur la crête orchestrale. Le capitaine du voilier tient à l’œil les cordes et les cuivres  qui jouent le jeu de très bonne grâce. Il est époustouflant de vivacité, une bonne façon d’occulter la pression qu’impose une telle épreuve. Il pourrait se passer de chef d’orchestre, Ascendance chinoise ou italienne ? Australienne! 

 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=6gs2jw2rxa&lg=fr&pag=2427&tab=146&rec=19407&frm=0&par=secorig2016&id=5447&flux=1302473

Lire la suite...
administrateur théâtres

 

Yuntian Liu (Chine, 23 ans)  &  Andrew Tyson (USA, 26 ans)

 

Yuntian Liu (Chine, 23 ans)

Après avoir étudié au Conservatoire de Musique de Xinghai, Yuntian Liu poursuit sa formation aux États-Unis. Il s’est produit dans plusieurs villes américaines, chinoises et européennes, en récital ou en soliste. Premier lauréat du Concours International de Wiesbaden, en 2004, il est également lauréat du Concours National Golden Bell, en Chine (Médaille d’or, 2004) et du Concours International Horowitz pour jeunes pianistes, en Ukraine (2e Prix, 2007).

Le malicieux Yuntian Liu révèle une intériorité poétique marquée dès son entrée dans  les Sonetto 123 del Petrarca (Franz Liszt). A la surprise de l’audience, il n’hésite pas à muser la mélodie et convoque sous ses doigts une douceur de sonorités très colorées. Il plonge dans le romantisme  qu’il semble savourer avec bonheur. Moelleux, souplesse de la rêverie musicale.   On croit dès lors 12272904672?profile=originalque toute l’exécution de son récital sera caractérisée par le raffinement des sonorités et portée par une exaltation profonde.

 Il enchaîne tout de suite  son  Dream (Frederic Rzewski), connu par cœur,  une perle d’exécution pianistique. Il fabrique les trilles les plus impérieuses de tous les candidats. Elles  jettent l’auditeur dans les tensions intenses des différentes facettes du ying et du yang.  Des forces sombres et claires s’opposent avec énergie au sein de  l’immensité poétique.  Devinez quelles seront ses 4 dernières notes suspendues à mi-course du rêve  et qui se brisent soudain sans prévenir ?  Quatre délicates notes de yang, sans nul doute!

Crescendo dans l’audace et la construction de son programme, Liu laisse là la poésie pour tâter du chaos, de l’inquiétude et de la guerre.  Sa Sonate n. 6 en la majeur op. 82 (Sergey Prokofiev) explose de sensations fortes et fracassantes. De la matière musicale  veloutée surnage ici et là dans les éclaircies lyriques, mais très vite les accents parfois jazzy se mutent en notes piquées brutales, en accords abyssaux. La frappe de l’Orlando furioso chinois devient acharnée, les triolets rapides lancinants se culbutent  avant d’aller sonner le glas à la main gauche. Chevauchée ardente et  déferlements d’octaves envahissent le clavier, c’est incandescent, méphistophélique et sarcastique. Yuntian Liu a le sens de la narration…  Passent des pantins désarticulés. Le pianiste fait des moulinets avec sa main droite avant de lancer les derniers cataclysmes. On ne peut s’empêcher de penser à du Stockhausen!

 

 Son Concerto n. 17 en sol majeur KV 453 (Wolfgang Amadeus Mozart) d’une précision absolue, superbement charpenté et mélodique présenté  le premier jour  des demi-finales semble bien loin de ce récital trépidant. Tout le monde se souvient encore de sa très belle expressivité et de la beauté de ses timbres. Le jury sans doute aussi!

 

 http://www.cmireb.be/cgi?usr=2q26nk7khv&lg=fr&pag=2427&tab=146&rec=19356&frm=0&par=secorig2016&id=5390&flux=85268548

 

12272904467?profile=originalAndrew Tyson (USA, 26 ans)

Ses parents adorent la musique mais ne sont pas musiciens. Le jeune pianiste débute sa carrière concertante à 15 ans à New York. Elève de Robert Mc Donald à la Juilliard School, il remporte le cinquième prix au Concours de Leeds en 2012. Il écume les plus prestigieuses salles de concert américaines mais donne aussi des concerts chez lui. Il voyage  en Europe (Suisse, Portugal, Pologne), au Mexique ou en Nouvelle-Zélande, tant en soliste avec différents orchestres américains qu’en musicien de chambre, avec des partenaires comme R. Díaz, R. Kirshbaum, J. Silverstein, Ray Chen.

Son Concerto n. 21 en ut majeur KV 467 (Wolfgang Amadeus Mozart), présenté dès le premier soir de la demi-finale a séduit d’emblée, quelle classe ! De l’émotion  juvénile véritable couplée à une virtuosité impeccable. Sa cadence très personnelle, intense et lumineuse, éclairée par le sourire intérieur le place tout de suite au rang des pianistes que l’on rêve de  suivre jusqu’au bout. Qu’à cela ne tienne, puisqu’il nous emmène avec tant d’intelligence et de goût.  Il est à l’écoute de l’orchestre, jetant souvent des regards furtifs vers les violons alto et semble éprouver du plaisir. Son récital sera étincelant.

 Après un Dream (Frederic Rzewski) hiératique en hommage à la musique contemporaine, il convoque avec autorité naturelle  tout l’esprit du compositeur dans La Partita n. 1 en si bémol majeur BWV 825 (Johann Sebastian Bach). ll égrène  de ses longs doigts des nuances généreuses. La main gauche se prend pour un violoncelle et la main droite est aérienne. Mais voici Le jeu des contraires (Henri Dutilleux) où il s’élance avec jouissance. Il crée des sonorités vibrantes, jouant par à-coups d’inspiration lumineuse. Il nous plonge avec audace dans l’envers des choses, s’aventure dans des sentiers inconnus, émiette des bulles de cristal, gronde des rages contre le monde, court-circuite les émotions et captive l’audience par ses fulgurances.La Sonate n. 3 en fa dièse mineur op. 23 (Aleksandr Skryabin) fait preuve de dramaturgie puissante. Il cerne les soubresauts et les tortures de l’âme avec conviction. Peu à peu émergent des débris de valse. On assiste à une débandade sonique, les doigts pirouettent dans les gerbes d’accords sombres. L’esquisse de bonheurs tranquilles affleure en fondus enchaînés. Devant la fonte des sentiments et la fuite du temps, seule la musique sans doute est divine et consolatrice. Le pianiste s’en prend à la réalité dure et rebelle, la saisit par les cheveux et lui fait courber la tête avant de se fondre dans les bras de la mélodie retrouvée. On reste pétrifié devant tant de talent naturel. 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=2q26nk7khv&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2687&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6803&flux=85275870   

Lire la suite...
administrateur théâtres

La proclamation des finalistes du  CONCOURS REINE ELISABETH 2013,  a eu lieu ce samedi 18 mai après minuit trente. 

En ordre alphabétique, les 12 finalistes sont : Mateusz Borowiak,   Tatiana Chernichka,   David Fung,   Rémi Geniet,   Boris Giltburg,   Roope Gröndahl,   Sean Kennard,   Stanislav Khristenko,   Sangyoung Kim,   Yuntian Liu,   Andrew Tyson,    Zhang Zuo.


Ils se produiront du 27 mai au 1er juin au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Ils seront accompagnés par l'Orchestre National de Belgique, dirigé par Marin Alsop. Des places sont toujours en vente au +32 2 507 82 00 et sur www.bozar.be(prix et plus d'information).

12272903885?profile=original

Grâce à Belgacom, la finale pourra être suivie en direct sur le site internet du Cmireb. Toutes les prestations seront disponibles en VOD, sur  le site et sur Belgacom TV. Réécoutez les prestations des candidats dans la médiathèque  du Cmireb.

vous pouvez suivre  la diffusion du Concours sur les chaînes et sites internet de la RTBF et de la VRT.

 

L'ordre de leurs prestations en finale est le suivant : 

Lundi ▪  27/05 [20:00]

Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans) | pause| Zhang Zuo (Chine, 23 ans)

Mardi ▪ 28/05 [20:00]

Rémi Geniet (France, 20 ans) | pause |  Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)

Mercredi ▪ 29/05 [20:00]

Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans) |pause | Boris Giltburg (Israël, 28 ans)

Jeudi ▪ 30/05 [20:00]

Yuntian Liu (Chine, 23 ans) | pause | Andrew Tyson (USA, 26 ans)

Vendredi ▪  [20:00]

Sangyoung Kim (Corée, 29 ans) | pause | David Fung (Australie/Chine 30 ans)

Samedi ▪ 01/06 [20:00]

Sean Kennard (USA, 29 ans) | pause | Mateusz Borowiak (Grande-Bretagne, 24 ans)

 avec l’ Orchestre national de Belgique sous la baguette  de  Marin ALSOP

Retrouvez en vidéo les prestations des candidats de ce samedi 17/05

Durant les demi-finales, chaque candidat s'est produit deux fois (en concerto avec l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie placé sous la direction du chef allemand Michael Hofstetter. Ils ont  tous joué  l’œuvre imposée, "Dream" de Frederic Rzewski dans leur proposition de récital  choisie par le jury. 

Revivez toutes les prestations des demi-finales en vidéo 

Les finalistes suivent à présent une semaine de masterclass à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Les  12 finalistes présenteront une sonate (de Haydn, Mozart, Beethoven ou Schubert), suivie de l’œuvre imposée inédite et d’un concerto au choix. Les candidats seront accompagnés par l’Orchestre National de Belgique sous la direction de la chef américaine Marin Alsop. Le classement des finalistes sera dévoilé par le président du jury, le samedi 1er juin en fin de soirée.

Pour la 1ère fois cette année, la couverture de la semaine de finale est commune aux trois média (radio, télévision et web). Les six soirées de finales sont ainsi diffusées en direct dès 19h50 sur La Trois (en TV), Musiq’3 (en radio) et sur les sites www.musiq’3.be, ARTE-Liveweb, le site du Concours Reine Elisabeth et Cobra.be. Toutes les prestations sont également rediffusées chaque soir en différé sur ARTE Belgique. 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Sean Kennard (USA, 29 ans)  &  Mateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans)


12272904259?profile=originalSean Kennard (USA, 29 ans) Sean Kennard commence à étudier le piano à 10 ans à Hawaii avec Ellen Mazaki. A 13 ans il joue les 24 Etudes de Chopin à l’ Academy of Arts d’Honolulu. A 14 ans il entame sa formation au Curtis Institute of Music in Philadelphia, et la poursuit au College of Charleston, avec Enrique Graf, avant de se perfectionner à la Juilliard School, auprès de Jerome Lowenthal et Robert McDonald. Il travaille actuellement avec Richard Goode. Parcours impressionnant, il a remporté plusieurs prix internationaux (Vendome, Sendai, Hilton Head), dont le 1er Prix au Concours International Luis Sigall à Viña del Mar (Chili, 2007).

Le pianiste ne quitte pas son clavier des yeux. Son  Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart) se place sous le signe d’une mathématique rigoureuse et du contrôle digital. La vitesse lumineuse du pianiste débouche sur de larges clairières d’intériorité. Trilles et humour discret se conjuguent pour vous embarquer dans un message de compassion presque christique dans l’Andantino …. La misère de l’autre est œuvre de rencontre, l’orchestre est envoûté par son soliste. Le thème se porte comme un chœur antique qui souligne la sagesse du propos, il est aussi réactif que dans une tragédie grecque. Les  cors donnent toute  leur puissance, la grande intériorité conduit au ravissement. Les musiciens écoutent son troisième mouvement, médusés puis complices. Est-ce un concours, répéteront-ils le thème avec autant de virtuosité ? C’est un climat de confiance absolue, de fraîcheur  et de simplicité de citoyen du Ciel qui enveloppe l’auditeur dans le Rondo et le Presto. Décapons l’homme de tout ce qui ne fait pas de lui un enfant. L’enfant est joie et liberté. That’s it !

La consécration du pianiste aura lieu le dernier soir de la demi-finale. A commencer par une mise en musique délicieuse avec l'Impromptu en sol bémol majeur D 899/3 (Franz Schubert) qui emmène directement dans l’imaginaire musical. Douceur, rêverie  habitée de la nostalgie à la lumière. Soudain c’est la Ballade n. 1 en sol mineur op. 23 (Fryderyk Chopin), ample, brillante, inspirée sans aucune grandiloquence, on écouterait cette beauté fracassante jusqu’au lendemain ! Il propose un  Dream (Frederic Rzewski) complètement sous contrôle pour produire des effets sonores totalement inédits dans  les 3 mouvements de Petrouchka (Igor Stravinsky).  Férocité nerveuse, déflagrations court-circuitent de fabuleux tremblements telluriques. Les voix s’entremêlent de hululements magiques, d’échos bruissants vers l’évanouissement progressif . Au retour de l’envolée épique, ce sont plusieurs pianos qui ont l’air de jouer ensemble et clôturent cette œuvre qui donne le vertige.  Après le merveilleux récital de Sean Kennard nous écouterons ensuite Mateusz Boriwiak.

http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=1834&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6840&flux=20289071

12272903286?profile=originalMateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans) Mateusz Borowiak a étudié le piano et la composition à la Guildhall School of Music and Drama Junior School. Actuellement, il poursuit ses études de piano avec Andrzej Jasinski à l’Académie Karol Szymanowski, en Pologne. En 2010, il remporte le 1er Prix au Concours International Rina Sala Gallo (Monza), puis, en 2011, les 1ers Prix au Concours International Maria Canals (Barcelone), au Concours International de Cleveland, et au Concours européen de la Fondation Yamaha (Pologne). Il s’est produit dans de prestigieuses salles en Europe (Salle Cortot à Paris) et plus particulièrement au Royaume-Uni (Barbican Hall, St Martin-in-the-Fields, St James’s Piccadilly). Il a joué avec des orchestres comme le Royal Philharmonic, les London Mozart Players, le Sinfonietta Cracovia, le Bilbao Orkestra Sinfonikoa. Encore un parcours totalement extraordinaire.

 

Sourire, cheveux bouclés, petites lunettes rondes, doigté de rêve, Mateusz Borowiak va subjuger avec son interprétation puissante de la Partita n. 2 en ut mineur BWV 826 (Johann Sebastian Bach), un choix fait dans la subtilité et la force tranquille.  Fluidité, sonorités pleines, distinctes qui perlent sur une charpente magnifiquement orchestrée, souffle musical : a-t-on besoin de plus, pour le ranger dans les finalistes?  Dream (Frederic Rzewski) est à la fois sérieux et ludique. Le jeu est sensible et complexe.  On peut observer pendant l’exécution millimétrée et cohérente le sourire du compositeur de l'oeuvre, qui est présent dans la salle ce soir-là. Les trilles inventives rappellent un orchestre de verre. Les pianissimos pénètrent l’imaginaire et les basses le font trembler. Des éclaboussures musicales viennent de l’au-delà. Un tremblement imperceptible dans la dernière note…   L’atmosphère onirique continue de plus belle avec Gaspard de la nuit (Maurice Ravel). Le pianiste jongle avec les sonorités et les cascades de notes joyeuses. Bruits d’étoiles. Il y a cette vibration continue à la main gauche et les gouttes musicales transparentes à droite. Il envoie des escalades vers l’infini, apprivoisant et taquinant  les touches avec sensibilité. Son jeu est caressant et profondément respectueux ; un dernier  des tapis roulants d’arpèges dévale sur le  clavier et le voilà qui  redépose les mains, au ralenti : il a chevauché l’infini.  Le destin a rendez-vous avec le pianiste dans le morceau suivant. L’atmosphère est pesante, les arpèges descendent dans l’abîme d’un puits insondable. Que va-t-on y trouver ? La dernière note est en forme de point d’interrogation. Scarbo propulse des  trilles médianes angoissantes et des accords de  sombre solitude. La mélodie se débat dans un vertige ascensionnel, sauvage et passionnante. C’est saccadé, mordant, cuisant, frissonnant d’épouvante. La mélodie est là, sublime comme la condition humaine.  Une réponse semble fuser du ciel. Poussière d’étoiles , de sonorités rares, l’univers chanterait-il ? C’est cela la question.   Une étoile rit.

 Et son Mozart ?

Le même que Sean Kennard, en complètement différent. Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart). Mateusz Borowiak a l’amour du Here and Now. Les phrasés prennent le temps de se vêtir de belles nuances et de style. Pas de recherche de supplément d’âme, l’agilité des doigts reste terrestre et palpitante de beauté. La cadence est une nef de recueillement et d’intense tendresse humaine. Il ressort une atmosphère d’aisance, de sérénité que le Rondo final pare de bonheur. Le pianiste joue divinement bien son Mozart, tranquille et parfaitement accompli. 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2700&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6833&flux=20289071

Lire la suite...
administrateur théâtres
  • 9:51 AM
  • 12272903091?profile=originalMoi

    une nuit où l'on se couche tard, pour ceux qui ont l'âme... à la musique! Ne vous fatiguez pas trop pendant la journée!

  • 12:58 PM
  • 12272903091?profile=originalMoi

    https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/les-billets-du-concours-musical-reine-elisabeth-2013-session

  • 1:00 PM
  • 12272903091?profile=originalMoi

    Les deux derniers candidats vont dynamiter les pronostics!

  • https://artsrtlettres.ning.com/group/groupemusiqueclassique

  •   Voici les deux derniers concurrents: 

    Sean Kennard (USA, 29 ans)  &  Mateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans)


    12272904053?profile=originalSean Kennard (USA, 29 ans) Sean Kennard commence à étudier le piano à 10 ans à Hawaii avec Ellen Mazaki. A 13 ans il joue les 24 Etudes de Chopin à l’ Academy of Arts d’Honolulu. A 14 ans il entame sa formation au Curtis Institute of Music in Philadelphia, et la poursuit au College of Charleston, avec Enrique Graf, avant de se perfectionner à la Juilliard School, auprès de Jerome Lowenthal et Robert McDonald. Il travaille actuellement avec Richard Goode. Parcours impressionnant, il a remporté plusieurs prix internationaux (Vendome, Sendai, Hilton Head), dont le 1er Prix au Concours International Luis Sigall à Viña del Mar (Chili, 2007).

    Le pianiste ne quitte pas son clavier des yeux. Son  Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart) se place sous le signe d’une mathématique rigoureuse et du contrôle digital. La vitesse lumineuse du pianiste débouche sur de larges clairières d’intériorité. Trilles et humour discret se conjuguent pour vous embarquer dans un message de compassion presque christique dans l’Andantino …. La misère de l’autre est œuvre de rencontre, l’orchestre est envoûté par son soliste. Le thème se porte comme un chœur antique qui souligne la sagesse du propos, il est aussi réactif que dans une tragédie grecque. Les  cors donnent toute  leur puissance, la grande intériorité conduit au ravissement. Les musiciens écoutent son troisième mouvement, médusés puis complices. Est-ce un concours, répéteront-ils le thème avec autant de virtuosité ? C’est un climat de confiance absolue, de fraîcheur  et de simplicité de citoyen du Ciel qui enveloppe l’auditeur dans le Rondo et le Presto. Décapons l’homme de tout ce qui ne fait pas de lui un enfant. L’enfant est joie et liberté. That’s it !

    La consécration du pianiste aura lieu le dernier soir de la demi-finale. A commencer par une mise en musique délicieuse avec l'Impromptu en sol bémol majeur D 899/3 (Franz Schubert) qui emmène directement dans l’imaginaire musical. Douceur, rêverie  habitée de la nostalgie à la lumière. Soudain c’est la Ballade n. 1 en sol mineur op. 23 (Fryderyk Chopin), ample, brillante, inspirée sans aucune grandiloquence, on écouterait cette beauté fracassante jusqu’au lendemain ! Il propose un  Dream (Frederic Rzewski) complètement sous contrôle pour produire des effets sonores totalement inédits dans  les 3 mouvements de Petrouchka (Igor Stravinsky).  Férocité nerveuse, déflagrations court-circuitent de fabuleux tremblements telluriques. Les voix s’entremêlent de hululements magiques, d’échos bruissants vers l’évanouissement progressif . Au retour de l’envolée épique, ce sont plusieurs pianos qui ont l’air de jouer ensemble et clôturent cette œuvre qui donne le vertige.  Après le merveilleux récital de Sean Kennard nous écouterons ensuite Mateusz Boriwiak.

    http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&...

    12272903286?profile=originalMateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans) Mateusz Borowiak a étudié le piano et la composition à la Guildhall School of Music and Drama Junior School. Actuellement, il poursuit ses études de piano avec Andrzej Jasinski à l’Académie Karol Szymanowski, en Pologne. En 2010, il remporte le 1er Prix au Concours International Rina Sala Gallo (Monza), puis, en 2011, les 1ers Prix au Concours International Maria Canals (Barcelone), au Concours International de Cleveland, et au Concours européen de la Fondation Yamaha (Pologne). Il s’est produit dans de prestigieuses salles en Europe (Salle Cortot à Paris) et plus particulièrement au Royaume-Uni (Barbican Hall, St Martin-in-the-Fields, St James’s Piccadilly). Il a joué avec des orchestres comme le Royal Philharmonic, les London Mozart Players, le Sinfonietta Cracovia, le Bilbao Orkestra Sinfonikoa. Encore un parcours totalement extraordinaire.

     

    Sourire, cheveux bouclés, petites lunettes rondes, doigté de rêve, Mateusz Borowiak va subjuger avec son interprétation puissante de la Partita n. 2 en ut mineur BWV 826 (Johann Sebastian Bach), un choix fait dans la subtilité et la force tranquille.  Fluidité, sonorités pleines, distinctes qui perlent sur une charpente magnifiquement orchestrée, souffle musical : a-t-on besoin de plus, pour le ranger dans les finalistes?  Dream (Frederic Rzewski) est à la fois sérieux et ludique. Le jeu est sensible et complexe.  On peut observer pendant l’exécution millimétrée et cohérente le sourire du compositeur de l'oeuvre, qui est présent dans la salle ce soir-là. Les trilles inventives rappellent un orchestre de verre. Les pianissimos pénètrent l’imaginaire et les basses le font trembler. Des éclaboussures musicales viennent de l’au-delà. Un tremblement imperceptible dans la dernière note…   L’atmosphère onirique continue de plus belle avec Gaspard de la nuit (Maurice Ravel). Le pianiste jongle avec les sonorités et les cascades de notes joyeuses. Bruits d’étoiles. Il y a cette vibration continue à la main gauche et les gouttes musicales transparentes à droite. Il envoie des escalades vers l’infini, apprivoisant et taquinant  les touches avec sensibilité. Son jeu est caressant et profondément respectueux ; un dernier  des tapis roulants d’arpèges dévale sur le  clavier et le voilà qui  redépose les mains, au ralenti : il a chevauché l’infini.  Le destin a rendez-vous avec le pianiste dans le morceau suivant. L’atmosphère est pesante, les arpèges descendent dans l’abîme d’un puits insondable. Que va-t-on y trouver ? La dernière note est en forme de point d’interrogation. Scarbo propulse des  trilles médianes angoissantes et des accords de  sombre solitude. La mélodie se débat dans un vertige ascensionnel, sauvage et passionnante. C’est saccadé, mordant, cuisant, frissonnant d’épouvante. La mélodie est là, sublime comme la condition humaine.  Une réponse semble fuser du ciel. Poussière d’étoiles , de sonorités rares, l’univers chanterait-il ? C’est cela la question.   Une étoile rit.

     Et son Mozart ?

    Le même que Sean Kennard, en complètement différent. Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart). Mateusz Borowiak a l’amour du Here and Now. Les phrasés prennent le temps de se vêtir de belles nuances et de style. Pas de recherche de supplément d’âme, l’agilité des doigts reste terrestre et palpitante de beauté. La cadence est une nef de recueillement et d’intense tendresse humaine. Il ressort une atmosphère d’aisance, de sérénité que le Rondo final pare de bonheur. Le pianiste joue divinement bien son Mozart, tranquille et parfaitement accompli. 

    http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&...

http://www.rtbf.be/musiq3/article_votez-pour-le-prix-musiq-3?id=800...

L'ancien Prix Jacques Stehman, renommé Prix Musiq'3 en 2009, sera déterminé ce samedi 1er juin à l'issue du dernier concert du Concours Reine Élisabeth 2013 session piano. Un prix décerné par le public qui pourra alors voter dans l'heure par sms ou sur musiq3.be.

Voici l'ordre des candidats :

  1. Tatiana Chernichka
  2. Zhang Zuo
  3. Rémi Geniet
  4. Roope Gröndahl
  5. Stanislav Khristenko
  6. Boris Giltburg
  7. Yuntian Liu
  8. Andrew Tyson
  9. Sangyoung Kim
  10. David Fung
  11. Sean Kennard
  12. Mateusz Borowiak

 

Frank Braley, Lorenzo Gatto, Denis Kozhukhin... Autant de personnalités qui firent leurs premiers pas dans le cadre du Concours Reine Elisabeth. Autant d'artistes célébrés par les mélomanes de Belgique francophone qui leur décernèrent le Prix Musiq'3 et dont la reconnaissance traverse aujourd'hui les nations. Cette année encore, la RTBF donne au public la chance d'élire son favori et ceci dès que s'éteindra la dernière note du concours. Par SMS pour les téléspectateurs ou les auditeurs de radio mais aussi sur musiq3.be pour les internautes : le Prix Musiq'3,c'est ce samedi soir.

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272899069?profile=original12272898495?profile=original

© Bruno VESSIÉ

                                                 

                                                  ...C’est  le bouleversant pianiste Mateusz Borowiak (Grande-Bretagne-Pologne) qui clôturait le prestigieux Concours, samedi soir avec un 3e concerto en Ré mineur de Rachmaninov, unheard of ! Tout y était : la fluidité, la souplesse, la musique lumineuse et la conduite entraînante. Un sillage spirituel dans la tempête dans laquelle le musicien, tel un albatros joue et ne chavire jamais. Maitre du vent, il se repose sur les nuages et dirige l’espace. Ses retours sur les espaces de paix profonde sont des livres de sonorités précieuses. L’émotion est à son comble dans le dernier crescendo, somptueux et rutilant après avoir fait trembler l’instrument dans un credo enflammé pour le processus créatif. Vous pourrez le retrouver en concert lors du Festival Musiq’3, le samedi 29 juin à 19h au Studio 4 de Flagey.

Au terme d’une semaine de Finale très intense, les lauréats ont été proclamés dans l’allégresse d’un public très  attaché à la tradition de cet événement musical légendaire et subjugué une nouvelle fois par la qualité  exceptionnelle de tous les jeunes finalistes.

12272900266?profile=original© Bruno VESSIÉ

C'est finalement l'Israélien Boris Giltburg qui remporte le Premier Prix, suivi par le français Rémi Geniet (Deuxième Prix) et Mateusz Borowiak (Troisième prix).

Cover Photo

4e Prix - Prix des Gouvernements Communautaires de Belgique, offert cette année par le Gouvernement de la Communauté flamande  Stanislav Khristenko, Russie, 25/05/84

5e Prix - Prix de la Région de Bruxelles-Capitale Zhang Zuo, Chine, 10/10/89

6e Prix - Prix de la Ville de Bruxelles Andrew Tyson, États-Unis d'Amérique, 19/12/86

Photo: Boris Giltburg has won the 2013 piano competition. The International Queen Elisabeth Grand Prize - Queen Fabiola Prize receives 25.000 eur and numerous concerts in Belgium and abroad. Rémi Geniet is second laureate and Mateusz Borowiak is third laureate. Fourth laureate is Stanislav Khristenko, fifth laureate Zhang Zuo, and Andrew Tyson sixth laureate. The six unranked laureates, in alphabetical order : Tatiana Chernichka, David Fung, Roope Gröndahl, Sean Kennard, Sangyoung Kim & Yuntian Liu. Overview of the Prizes: BORIS GILTBURG INTERNATIONAL QUEEN ELISABETH GRAND PRIZE Queen Fabiola Prize 25,000 EUR - concert proposals Rémi Geniet BELGIAN FEDERAL GOVERNMENT PRIZE, 'ARTHUR DE GREEF' PRIZE 20,000 EUR - concert proposals Mateusz BOROWIAK COUNT DE LAUNOIT PRIZE 17,000 EUR - concert proposals Stanislav Khristenko PRIZE OF THE GOVERNMENTS OF THE BELGIAN COMMUNITIES 12,500 EUR - concert proposals Zhang Zuo BRUSSELS CAPITAL REGION PRIZE 10,000 EUR - concert proposals Andrew Tyson CITY OF BRUSSELS PRIZE 7,000 EUR - concert proposals Unranked: Tatiana Chernichka, David Fung, Roope Gröndahl, Sean Kennard, Sangyoung Kim & Yuntian Liu. SUMS DONATED BY THE NATIONAL LOTTERY 4.000 EUR - recital <a href=

 

Lauréats non classés par ordre alphabétique: 

Tatiana Chernichka, Russie, David Fung, Australie, Roope Gröndahl, Finlande, Sean Kennard, États-Unis d'Amérique, Sangyoung Kim, Corée, Yuntian Liu, Chine,

 

 

Et l’Evénement musical international est loin de se terminer ! Durant tout le mois de juin, les Lauréats du concours de piano 2013 se produiront en concert et en récital, en Belgique et à l'étranger.

Voici Les Prochains Rendez-vous :

images?q=tbn:ANd9GcRMtF2Nc7MzN3V71a4DkOC328gpCWEG1WIDg3q_futXvvbVflBZtw&width=50      Les six Lauréats non-classés donneront un récital à La Monnaie, du 5 au 7 juin et du 12 au 14 juin lors des Concertini de 12H30..

images?q=tbn:ANd9GcRMtF2Nc7MzN3V71a4DkOC328gpCWEG1WIDg3q_futXvvbVflBZtw&width=50 Le jeudi 13 juin 2013 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles pour le concert des 4e, 5e et 6e lauréats.  Stanislav Khristenko, Zhang Zuo et Andrew Tyson 

              seront accompagnés par l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, sous la direction de P.Davin                                     

images?q=tbn:ANd9GcRMtF2Nc7MzN3V71a4DkOC328gpCWEG1WIDg3q_futXvvbVflBZtw&width=50      Vous aurez également l'occasion de les écouter à Lille (France - 14/06) et Mons (16/06). Le concert du 13 juin est diffusé en direct sur Musiq’3 et Klara.

images?q=tbn:ANd9GcRMtF2Nc7MzN3V71a4DkOC328gpCWEG1WIDg3q_futXvvbVflBZtw&width=50    Le lundi 17 juin les trois premiers lauréats,  Boris Giltburg, Rémi Geniet et Mateusz Borowiak se produiront au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, avec de Filharmonie sous la direction d’Edo de Waart. Le concert de clôture sera diffusé en direct sur Musiq’3, Klara et dans 9 salles de Kinepolis ! En différé, vous retrouverez les lauréats sur La Trois le soir même à 21:05 et sur Canvas, le dimanche 23/06 à 12:00. Les trois premiers lauréats joueront également à Hasselt (13/06), Roulers (14/06), Anvers (15/06 & 21/06), Louvain (18/06), Gand (20/06) et Bruges (22/06).


Liste complète des concerts des lauréats en Belgique et à l’étranger

http://www.concours-reine-elisabeth.be/cgi?usr=qa6cm6qa4y&lg=fr...

Lire la suite...
administrateur théâtres

Rémi Geniet (France, 20 ans)  &   Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)

12272898687?profile=original

Rémi Geniet (France, 20 ans) 

Commençons par saluer son parcours hors du commun et sa filiation avec la très renommée Brigitte Engerer, pianiste française, 3e lauréate au concours Elisabeth en 1978. Le tout jeune  Remi Geniet est dès la première épreuve un favori du public. En 2010, Rémi a été lauréat des concours Adilia Alieva à Gaillard près de Genève et du prestigieux concours Horowitz à Kiev. Il y a en particulier reçu le prix spécial d'interprétation Horowitz. Tout y est chez lui : le style, le phrasé, la sensibilité artistique. Il se démarque par la richesse de sa musique et une attitude  réservée. Serait-il joueur d’échecs à ses heures ? S’il lui en reste… car le mental et la concentration sont ses atouts majeurs. Il semble pousser très loin la mathématique musicale, mettant naturellement en évidence  toutes les articulations de l’œuvre jouée.  Pour preuve, le fait d’avoir choisi délibérément dans son récital la  Partita n. 4 en ré majeur BWV 828 (Johann Sebastian Bach). C’est ciselé, les notes sont luisantes, le rythme précis, le phrasé a l’air intuitif alors que tout est maîtrisé par le virtuose. Il possède une façon lumineuse de  galber les contours de la musique.  Sa palette de colorations décline tout en camaïeux, le toucher est cristallin. La Sonate n. 4 en ut mineur op. 29 (Sergey Prokofiev) le fera sculpter la polyphonie. Quelques allusions jazzy et le voilà qui crève la toile, il joue comme un peintre passionné. Il est de ces variations à peine perceptibles, des mouvements enflammés, des élans chromatiques, de la danse macabre déguisée.  Quant à son interprétation de  Dream (Frederic Rzewski) elle  laisse songeur. Aura-t-il décrit un monde gelé pris par la solitude et le vide effrayant, ses sonorités semblent appartenir à un univers de cauchemar glacé.

 

C’est dans le  Concerto n. 20 en ré mineur KV 466 (Wolfgang Amadeus Mozart) qu’il se révèle totalement le vendredi soir. Son magnifique toucher fait vibrer la musique. Il extrait des perles de son instrument, se passionne avec une volubilité moelleuse, affirme les basses avec vigueur. Sa musique a une source intérieure, c’est sûr ! Son engagement total galvanise l’orchestre qu’il mange d’ailleurs des yeux.  Dans le deuxième mouvement sa puissance devient solaire. Il construit tout de façon méticuleuse, ne laissant rien au hasard. Il possède une sève musicale qui vient des racines même de la musique. Son dernier duo avec les flûtes dans le Rondo final est passionnant : il  renoue avec humour avec l’esprit de compétition entre musiciens. Le voilà soudain méditant, les notes graves déclenchent une envolée de clarté carillonnante, et le cor siffle d’admiration. Pour le public, c’est un triomphe.

http://www.cmireb.be/cgi?usr=gm8m4ke4nm&lg=en&pag=1996&tab=102&rec=2688&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6839&flux=76522223

 

 

 

 Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)

mini_GrondahlRoope19083.jpg  Après avoir étudié à l’Académie Sibelius d’Helsinki, ce jeune pianiste finlandais vit à Londres, étudiant à la Royal Academy of Music. Son récital n’a peut-être pas impressionné par sa clarté mais les œuvres choisies étaient elle-même très complexes: Brahms et Skryabin…. Il semble affectionner la musique moderne, ne ménageant pas ses coups de coude sur le piano dans  Dream (Frederic Rzewski). Il donne une qualité surnaturelle aux sonorités et ne donne pas l’impression d’une œuvre où sont pourtant rassemblées toues les embûches possibles pour un pianiste. Son exécution semble démontrer que tout est possible, … dans le rêve.

Dans les 8 Klavierstücke op. 76 (Johannes Brahms), une œuvre touffue,  l’introduction avec son déferlement de doubles croches ascendantes séduit. Le pianiste lutine son clavier, son visage semble pris d’illumination céleste, infusant la rêverie et les lignes chromatiques syncopées, variant les cadences. Une belle complainte populaire rassure… oui, mais, on aimerait plus de corps à la musique. Un peu plus de tonus et netteté, peut-être moins d’abstraction. cette partition convient sans doute très bien à une  personnalité complexe et intériorisée.  Sa  Sonate n. 10 op. 70 (Aleksandr Skryabin) est plus fougueuse et enflammée. Le pianiste ménage des scènes mouvementées intéressantes et dégage quelques passages plutôt moqueurs. N’empêche, une certaine froideur intellectuelle ressort encore. Parfois c’est comme si la musique parvenait d’une  tour d’ivoire. Un public aime être emmené quelque part dans l’imaginaire musical et ce musicien fait un peu peur avec cette blancheur de vibrations.  Mais voici un bijou : Droit comme le i de inspiré, son Concerto n. 27 en si bémol majeur KV 595 (Wolfgang Amadeus Mozart) a une belle assise et des sonorités claires et agréables. Le musicien tourne presque le dos au public tant il aspire à la communion avec l’orchestre. La musique semble lui tomber du ciel : " demande et il te sera donné !" . Le Larghetto est lent et profond, prenant tout son temps pour ciseler sa mélodie à la manière  d’un conteur. Et l' Allegro final du concerto bouscule les cœurs, tant la joie exulte ! 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=jx88mdasc2&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2698&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6845&flux=76748652

Lire la suite...
administrateur théâtres


12272897465?profile=originalLe réseau Arts et Lettres tient à rendre un hommage particulier à cette merveilleuse institution artistique   qu'est notre Concours  Musical International Reine Elisabeth. Il fêtait ses 75 ans d'existence l'année dernière. La Reine Fabiola continue de lui assurer son soutien royal  indéfectible.  Nous tenons à attirer l'attention de nos membres sur la qualité extraordinaire de tous les candidats qui ont eu la chance d'être retenus. Ils ont fait preuve d'endurance tout au cours de  leurs études musicales dans leur pays qu'ils ont  souvent dû quitter pour se former ailleurs, auprès de professeurs étrangers de haute  de renommée. ... Et cela a un coût. Les familles ont dû souvent se  sacrifier  pour l'avenir du jeune artiste.  Tous se sont  déjà produits régulièrement dans de  prestigieuses salles  de concerts internationales. 

Grâce à Musiq 3 en particulier, vous pouvez suivre ces concerts prodigieux et émouvants en direct. Très émouvants en effet, s'il on se souvient que les candidats ont tous moins de 30 ans qu'ils ont produit de par le monde un énorme travail de préparation et consenti des efforts quotidiens exemplaires pour atteindre l'Excellence en  y consacrant  des heures de travail dont nos jeunes n'ont absolument pas idée,  C'est certainement un exemple à nos yeux pour réveiller l'apathie générale de nos adolescents hélas souvent pris en otage par notre monde consumériste,  souvent  sollicités comme objets mêmes de consommation plus que comme acteurs indépendants, intelligents et capables  d'un avenir  construit.  C'est donc chaque fois avec grande émotion que l'on voit monter sur scène ces êtres bouillonnants de talent et d'espoir. 

On pense aussi à l'institution même du Concours qui sait fédérer autour d'elle tant de familles d'accueil bénévoles qui mettent au service des jeunes élus leur maison, leur piano,  les entourent de tous leurs soins, les soutiennent jour après jour dans les préparation fabuleuse des éliminatoires et les consolent quand malheureusement, malgré leur investissement très sérieux ils n'ont pas été sélectionnés. Le public a toujours quelque regret pour ces artistes qui ont joué, l'émotion à fleur de peau ou insufflant une esthétique particulière à l' oeuvre jouée ...mais qui,  ayant fait des fautes techniques ou de mémoire  ne seront pas retenus par le jury. On espère juste que leur désir de  carrière musicale ne s'en ressentira pas trop! Et puis ... certains, parfois jugés trop juvéniles, n'ayant pas encore acquis "la maturité musicale" reviendront à la charge trois ans après... 

Flagey, Studio 4. À chaque séance, qui comprend deux parties, le public entendra quatre demi-finalistes différents. Chaque demi-finaliste se produira deux fois, sur deux jours différents. 

Chaque jour, quatre candidats:

Les deux premiers candidats interpréteront un concerto de Mozart accompagné par l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, dirigé par Michael Hofstetter. Le concerto sera sélectionné parmi les concerti KV271 (n. 9 en mi bémol majeur), KV450 (n. 15 en si bémol majeur), KV453 (n. 17 en sol majeur), KV459 (n. 19 en fa majeur), KV466 (n. 20 en ré mineur), KV467 (n. 21 en ut majeur), KV488 (n. 23 en la majeur), KV491 (n. 24 en ut mineur) et KV595 (n. 27 en si bémol majeur).
Les deux autres candidats présenteront leur récital ainsi que l’œuvre inédite imposée,
écrite par Frederic Rzewski : DreamChaque candidat aura préparé deux programmes de récital, et le jury en choisira l’un des deux.

Proclamation des 12 finalistes le samedi 18 mai en fin de soirée.

Voici l'ordre de passage des candidats de la demi-finale:

Lundi ▪  13 mai ▪
15:00 CONCERTO : Yuntian Liu (p. 111) – Samson Tsoy (p. 125)

                   RECITAL : Yannick Van de Velde (p. 127) – Mikhail Berestnev (p. 72)

20:00 CONCERTO : Andrew Tyson (p.126) – Yedam Kim (p. 103) 

                  RECITAL : Joo Hyeon Park (p. 117) – Lu Shen (p. 123)


Mardi ▪ 14 mai ▪ 
15:00 CONCERTO : Jianing Kong (p. 105) – Stephanie Proot (p. 118)

                 RECITAL : Tatiana Chernichka (p. 76) – Zhang Zuo (p. 138)

20:00 CONCERTO : Sangyoung Kim (p. 101) – David Fung (p. 80)

                 RECITAL : Joon Kim (p. 99) – Rémi Geniet (p. 81)

12272898087?profile=originalMercredi ▪  15 mai 

15:00 CONCERTO : Yejin Noh (p. 113) – Kana Okada (p.114)

                RECITAL : Roope Gröndahl (p. 84) – Sasha Grynyuk (p. 85) 

20:00 CONCERTO : Sean Kennard (p. 94) – Mateusz Borowiak (p. 73)

                RECITAL : Stanislav Khristenko (p. 96) – Boris Giltburg (p. 82)


Jeudi ▪  16 mai 
15:00 CONCERTO : Yannick Van de Velde (p. 127) – Mikhail Berestnev (p. 72)

                RECITAL : Yuntian Liu (p. 111) – Samson Tsoy (p. 125)


20:00 CONCERTO : Joo Hyeon Park (p. 117) – Lu Shen (p. 123)

                RECITAL : Andrew Tyson (p.126) – Yedam Kim (p. 103)


Vendredi ▪  17 mai 
15:00 CONCERTO : Tatiana Chernichka (p. 76) – Zhang Zuo (p. 138)

            RECITAL : Jianing Kong (p. 105) – Stephanie Proot (p. 118) 

20:00 CONCERTO : Joon Kim (p. 99) – Rémi Geniet (p. 81) 

            RECITAL : Sangyoung Kim (p. 101) – David Fung (p. 80)


Samedi ▪ 18 mai ▪ 
15:00 CONCERTO : Roope Gröndahl (p. 84) – Sasha Grynyuk (p. 85)

           RECITAL : Yejin Noh (p. 113) – Kana Okada (p.114)

20:00 CONCERTO : Stanislav Khristenko (p. 96) – Boris Giltburg (p. 82) 

           RECITAL : Sean Kennard (p. 94) – Mateusz Borowiak (p. 73)

 photo de Michael Hofstetter© Bruno Vessiez

A défaut d'écouter en direct, visitez le très beau site néerlandophone présentant la biographie complète de chaque candidat et l'enregistrement video complet de chaque prestation. http://www.cobra.be/cm/cobra

Lire la suite...
administrateur théâtres

Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans)  & Boris Giltburg (Israël, 28 ans)

12272897698?profile=originalStanislav Khristenko (Russie, 28 ans)

Diplômé du Cleveland Institute en 2010, Stanislav Khristenko a commencé ses études au Conservatoire Tchaikovsky de Moscou. Deuxième prix au Concours de Pretoria en 2012, il vient de remporter le Concours International Maria Canals à Barcelone. Ses concerts le mènent à travers les cinq continents. Dès le début des épreuves éliminatoires il a étonné le public par sa stature hors du commun : un alliage étonnant de bienfaisant colosse et de poète fluet dont la patte est d’une efficacité extraordinaire. Un régal d’écoute ! Il n’est pas étonnant qu’il ait choisi la Sonate n. 2 en ré mineur op. 14 (Sergey Prokofiev)  pour débuter son récital. C’est tout lui : une attaque en force qui fait chanter l’instrument et débouche sur de délicates pirouettes. Son jeu vivant et fascinant sonne viril et décidé, le   phrasé est d'une clarté exemplaire, la palette dynamique. Une grande variété de styles anime son interprétation. Hiératique ou trempé de sueur par la transe musicale il agit en véritable force de la Nature tout en maniant le rubato avec délices.  Dream (Frederic Rzewski), joué de mémoire bien sûr,  lui permet des gestes brusques et des grands contrastes. Virtuosité dans les aiguës lâchées par poignées, il égrène des cailloux chargés de mystère dans l’oreille de l’auditeur.  C’est surréaliste et hallucinatoire. Sa Rhapsodie espagnole (Franz Liszt) est un mythe vivant, un pot-pourri d’humeurs ibériques, parsemé de poudre musicale; le pianiste russe imaginatif ne boude nullement son plaisir de jouer et il n’abrite rien moins que la Musique !

 

Une Musique qu’il hume longtemps les yeux fermés, avant de commencer son Concerto n. 23 en la majeur KV 488 (Wolfgang Amadeus Mozart). Le visage est entre la torture et la félicité. Le colosse délivre ses notes comme si elles étaient un peuple de lilliputiens. Mais c’est aussi un géant de la compassion lorsqu’il distille la musique, fondu avec l’orchestre. Après la majesté musicale de l’Allegro, le sublime Adagio en fa dièse mineur dépose des larmes sur le clavier dans un recueillement intense et le sens inné du drame. Déconcertant dans son troisième mouvement très brillant, on croit entendre un jeu ludique et même légèrement swingué ! Il est en finale le commandant d’une armée de doigts qui répondent …au doigt et à l’œil !

http://www.cmireb.be/cgi?usr=cp2agd8snf&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2711&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6867&flux=79324460

 

12272898274?profile=originalBoris Giltburg (Israël, 28 ans)

Il est attendu avec passion par les auditeurs qui ont découvert chez lui une sensibilité extraordinaire. Né dans une famille de pianistes, Boris Giltburg commence sa formation avec sa mère, puis il devient l’élève d’Arie Vardi. Il est lauréat de nombreux Concours Internationaux : de Santander (2002), de Lisbonne (1er Prix en 2003), et de Tel Aviv (Rubinstein, 2e Prix en 2011). Il joue régulièrement en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie, et en Israël. Dream (Frederic Rzewski) débute son récital après le passage de Stanislav Khristenko.  La lumière se tamise progressivement et voici une musique nerveuse, sérieuse, funèbre presque. Ses trilles chantent à l’infini et une note seule vaut mille tocsins en dépit des explosions macabres de la composition. Boris verse dans les quatre dernières mesures quatre gouttes de perfusion vitale. C’est magnifique. Dans l’Etude-tableau in C minor op. 39/7 (Sergey Rachmaninov)  le pianiste se ramasse sur lui-même, crée comme à son habitude des sonorités rares. Il possède une technique fascinante et use d’une dynamique impressionnante. Sa Sonate in B minor (Franz Liszt) sera spectaculaire de romantisme. Il libères ses doigts d’acier trempés dans la passion, opère des crescendos magistraux, fait pleuvoir des étoiles, donne de l’espace à l’infinie petitesse et à la solitude humaine. Nous avons là un hymne à l’intelligence et à la finesse. Ses développements sont intimistes, des pétales de fleurs tournent à la bourrasque. Non ! au bouillonnement intérieur … maîtrisé. Son introspection minutieuse fouille les tréfonds de l’âme : fragilité et grandeur.

 Il jouera le Concerto n. 15 en si bémol majeur KV 450 (Wolfgang Amadeus Mozart).  Il entre en scène après qu' Arie Van Liesbeth, président du jury, a rendu hommage à l'Orchestre royal de chambre de Wallonie qui a, sous la baguette calibrée et nuancée  de Michael Hofstetter, soutenu avec passion les 24 finalistes. Le pianiste écoule ses sonorités splendides si particulières, cela coule en vagues, cela sonne en carillons, cela explose en pastilles sonores. Le tout coiffé de rideaux de perles musicales et de rythmes éblouissants. C’est lui qui semble donner le tempo à l’orchestre tant il est dans le jeu musical. Puis tout d’un coup, il s’égare, on en pleurerait !... et reprend avec une maîtrise de soi inouïe. Il joue maintenant suspendu aux mains de Michael Hofstetter, un quatre-mains émouvant ! Le pianiste  de génie a retrouvé toute son énergie et ses timbres lumineux dans le troisième mouvement, gracieux, élégant, assumé, spirituel ! Le jury ne tiendra pas compte de ce passage hors du temps.   

 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=j4k4rzdma4&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2668&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6845&flux=79255984

 

 

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Samedi 11 mai, 23h.

En attendant le verdict du jury, les spectateurs restés dans la salle ont eu l’honneur d’assister à un Bord de Scène inédit. C’est la  Reine Fabiola en personne qui préside. Tout sourires, galvanisée par la rencontre musicale des six derniers candidats de la DERNIERE SOIREE DE LA PREMIERE EPREUVE du CONCOURS REINE ELISABETH 2013, elle a quitté sa place au premier rang où elle était assise aux côtés de Jean-Pierre de Launoit et s’installe très décontractée, appuyée sur le bord de scène pour  échanger ses impressions et discuter avec les membres du jury.

Vers minuit, le jury monte sur scène pour proclamer les demi-finalistes. Le président s’adresse à la Reine pour la remercier de la fidélité de son  soutien bienveillant et salue l’ensemble des  63  jeunes candidats (au départ ils étaient 283 de 18 nationalités différentes à avoir envoyé leur DVD) qui ont fait preuve de qualités artistiques exceptionnelles et  dont il faut saluer à la fois, le courage, l’endurance et  l’excellence.

Les demi-finalistes sont cités dans l’ordre de leurs prestations du lundi après-midi au samedi soir:

Zhang Zuo (Chine, 23 ans)
Yannick Van de Velde (Belgique, 23 ans)
Mikhail Berestnev (Russie, 25 ans)
Joo Hyeon Park (Corée, 24 ans)
Lu Shen (Chine, 27 ans)
Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans)
Joon Kim (Corée, 30 ans)
Rémi Geniet (France, 20 ans)
Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)
Sasha Grynyuk (Ukraine, 30 ans)
Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans)
Boris Giltburg (Israël, 28 ans)
Yuntian Liu (Chine, 23 ans)
Andrew Tyson (USA, 26 ans)
Yedam Kim (Corée, 25 ans)
Jianing Kong (Chine, 27 ans)
Stephanie Proot (Belgique, 25 ans)
Sangyoung Kil (Corée, 29 ans)
David Fung (Australie/Chine 30 ans)
Yejin Noh (Corée, 27 ans)
Kana Okada (Japon, 22 ans)
Sean Kennard (USA, 29 ans)
Mateusz Borowiak (Grande-Bretagne, 24 ans)
Samson Tsoy (Russie/Corée, 24 ans)

 

Order of appearance in the semi-final (piano 2013)

N’ayant pas pu assister à toutes les épreuves de la semaine, nous ne pourrons pas commenter tous les concurrents mais voici les très nombreux coups de cœur!

A commencer par Yannick Van de Velde (Belgique, 23 ans) un musicien dans l’âme au parcours déjà illustre, car il compose également. Ils sont 4 jeunes frères, tous musiciens. Il est coaché de près par son maître, Jean-Claude Vanden Eynden qui depuis son dernier concert (dans le cadre des concerts de l’Orangerie de Seneffe) à la D’Ieteren Gallery , l’a encore fait évoluer de façon spectaculaire. Une autre compatriote belge a elle aussi été sélectionnée : Stephanie Proot (Belgique, 25 ans). Titulaire du 1er Prix, Grand Prix International André Dumortier, elle a le sens de la musique et  un sens dramatique émouvant. Traversée par l’inspiration, armée d’une technique infaillible, elle joue pour elle-même et pour sa rencontre avec le compositeur, juchée sur sa propre chaise de laque noire  Le Choral et Variations de Dutilleux est une merveille d’atmosphères évocatrices. Gloussement, pépiements, trilles, bavardages des marais, le piano joue la célébration du monde vivant et de l’univers poétique. Le paysage sonore tonitruant se pare de grands frissons ou évoque subitement le miroitement des derniers feux du soleil! Elle a su entraîner le spectateur dans un sillage musical grandiose. « Oh temps suspends ton vol ! » loin de l’hostilité du monde réel.

Mikhail Berestnev (Russie, 25 ans) a surpris par son approche à la fois tendre et  vigoureuse du  Prélude et Fugue de Bach (n°20/BWV 889) qu’il a sculpté avec force. Sturm und Drang, il est  une vraie force de la nature dans l’étude (Wilde Jagd) de Liszt où l’on a retrouvé pathos et beauté de la souffrance dans un tempo intense aux dimensions fantastiques. Le musicien a tout donné ! Y compris une exultation solaire à la fin de la Troisième Sonate de Prokofiev.

Mateusz Borowiak (Grande Bretagne-Pologne, 24 ans) a terminé une prestation fougueuse, tonique et sonore  par une splendide interprétation de l’étude op.18/1 de Béla Bartok avec une rythmique accentuée, puissante et diabolique  ... après avoir séduit par un Prélude et fugue (BWV 885) de Bach aux sonorités claquantes et très bien construit.

Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans) a opéré une vraie mise à feu (!) avec son entrée en matière hitchcockienne et sa puissante maîtrise dans l’œuvre de Rodion Shchedrin, Basso Ostinato. C’est de la sorcellerie pure, le nez sur le clavier, c’est une poseuse de bombes ! Un docteur Jekyll et Mister Hyde qui présente un nouveau visage fait d’intériorité et de musicalité investie, elle offre une finale éblouissante à son récital en jouant l’étude d’exécution transcendante n°10 de Liszt. Une interprétation enflammée au phrasé impeccable, le visage tendu, impassible et des mains de magie noire qui ne semblent pas appartenir au visage de madone.

David Fung (Australie-Hong Kong 30 ans) , un joyeux compère,  a fait son entrée avec un sourire éblouissant. Son Prélude et fugue (BWV 884) est enlevé avec couleurs à l’appui,  musical et beau.  Le Molto moderato e cantabile de la Sonate op.78 de Schubert a ce qu’il faut de désespérance, de légèreté et de violence et fait penser à un  Sonnenuntergang  spectaculaire et poétique. Couleurs dramatiques qui s’évanouissent dans un silence. Son étude de concert Waldesrauschen de Liszt convoque tous les murmures de la forêt et la sève mélodique  dans une atmosphère fantasmagorique et créative.

Boris Giltburg (Israël, 28 ans) aborde le Prélude et Fugue n°22 de Bach (BWV867) avec une attitude solennelle et déférente. Il y insuffle toute sa sensibilité utilisant un tempo majestueux qui invite à la contemplation.. La Sonate n°32 opus 111 de Beethoven évoque une tendre berceuse  et  l’étude n°5 opus 25 de Chopin caracole entre galops légers et panache, la dernière phrase noble comme une salutation au soleil.  Mais c’est dans la dernière œuvre proposée que le musicien se singularise particulièrement : tel un artisan de génie courbé sur une sculpture difficile, il extrait une série de sons inimitables de son instrument. Ainsi, l’étude-tableau n°6 opus 39 de Rachmaninov  laisse les spectateurs suspendus à  une sorte de halo musical unique en son genre.

Sean Kennard (USA, 29 ans) joue devant la reine Fabiola, le dernier soir. Ses Feux-follets de Liszt résonnant de gloussements, gargouillis et contrastes farceurs sont inimitables. La virtuosité permet à peine de distinguer le ruissellement des notes, à la fin, la fuite des esprits se transforme en pure évanescence. On reste médusé par la technique et le rendu poétique. Mais c’est surtout la Danse macabre d’après Saint-Saëns transcrite par Horowitz qui a emporté l’adhésion du public. L’exécution sérieuse souligne l’aspect sarcastique de l’œuvre. Des mains ensorcelées rivalisent de vitesse et de puissance, les ruptures de tempo renforcent la démence avant un final rugissant mais tellement maîtrisé.  

Stanislav Khristenko (Russie-Ukraine, 28 ans) a débuté le concert de mercredi soir par le Prélude et Fugue n°2 de Bach (BWV847) interprété avec puissance et robustesse … très slave. Son plaisir de jouer est évident et communicatif. La Fantaisie opus 28 de Scriabin termine un récital brillant, intelligent et bien composé.

Kim Joon (Corée, 30 ans) nous a offert un des moments musicaux les plus intenses du mardi soir. A la suite de la fougueuse Tatiana Chernichka, il n’a pas déçu  avec la mise en scène d’une véritable chevauchée de souffrance dans son étude d’exécution transcendante n° 8 de Liszt, Wilde Jagd. Mais il a surtout  acquis le public avec ses très belles variations sur un thème de Paganini de Brahms. Le musicien Coréen dont on aurait pu penser que le Bach était un peu trop maniéré a fait chanter son instrument et fait palpiter l’imaginaire musical du public.

Kim Sangyoug (Corée, 29 ans) La pianiste coréenne du vendredi soir fut applaudie avec véhémence. Le  Prélude et fugue (BWV 892) de  Bach est joué sur une vague ininterrompue d’allégresse. Elle savoure sa musique, insuffle une rythme dansant, joue avec les pianissimos et construit des fils de lumière auxquelles elle accroche des sonorités cristallines. Cela  touche au sublime. Elle pourrait déjà arrêter là. Son étude en sol dièse mineur de Chopin lui met la tête dans les étoiles et elle nous emmène ainsi dans un  firmament où vibrent des hululements intersidéraux… Virtuosité, élasticité, rayonnement, on a baigné dans un univers de nuances et de  douceur.

Kim Yedam (Corée 25 ans) se produisait le jeudi soir commençant son récital par la sonate de Mozart K. 311, un jeu vivant et (vite) enlevé! Ensuite, place au sacré avec le Prélude et Fugue en si bémol mineur ( BWV 867) de Bach. Les bras en arabesques arrondies au-dessus du clavier elle joue l’étude pour arpèges composés de Claude Debussy. Pittoresque et coloré. Les Tierces de Chopin (Etude en sol dièse mineur op. 25 n°6) ne sont que volées inoubliables de pétales de fleurs. Joyeusement spirituelle et passionnée elle se glisse avec feu ibérique  dans un morceau de bravoure espagnol : Triana,  extrait de Iberia II d’Isaac Albeniz. Le public est heureux.  

Lui Yuntian (Chine 26 ans) un des pianistes du mercredi soir. Il joue son Bach (Prélude et Fugue n°3 BWV848) d’un air décidé. Sa brillante virtuosité semble toute naturelle. Il produit des notes claquantes et lumineuses. Ce sera encore gagné ! Une muse imaginaire avec qui il semble converser veille-t-elle sur le musicien chinois? C’est l’impression qu’il donne en jouant l’allegro moderato de la sonate en la majeur de Schubert. La muse disparue dans la dernière mesure, il enchaîne  aussitôt avec quelques mesures d’un Chopin bouillonnant. D’un ton moqueur, c’est Claude Debussy qu’il interprète avec vivacité et grands contrastes de toucher. De l’effleurement au pédalage,  c’est une chevauchée fantastique qui s’élance dans la salle. William Bolcom ( Un Rag infernal)  clôture le concert,  un véritable élixir de malice musicale.

 

Noh Yejin (Corée, 27 ans)  s’empare du Prélude et fugue (BWV 880) dans un  pur esprit de béatitude. Elle jouera, courbée sur le clavier comme si elle attisait patiemment un feu. Magnifique timbre et petit salut discret de remerciement à l’instrument  au dernier accord. La musique est Grâce et Joie. L’artiste écoute les sonorités avec respect. Après la fraîcheur de son Mozart elle s’attaque à Scarbo, Gaspar de la nuit de Ravel  où elle exploite de ses mains vertigineuses les sonorités lugubres, les mugissements en crescendo et lâche un  pied de nez final spirituel. La pianiste termine sur Chopin, radieuse, expansive et généreuse.

Okada Kana (Japon, 22 ans). Une pianiste au jeu félin qui passe de l’esprit baroque du Bach à un Joseph Haydn coulé et guilleret.  L’exécution de  l’étude Feux-Follets de Liszt est ludique et intense. Le tempo tourbillonne et éblouit. Revoilà  le Scarbo de Maurice Ravel paré de touches  spirituelles. A gauche il y a le savant modelage des basses et à droite les notes hautes pulvérisent les aigües. De quoi soulever le samedi après-midi,  la salle de bonheur.

Park Joo Hyeon (Corée, 24 ans) Le sourire du pianiste semble tout de suite habité par la musique du prélude et fugue n. 2 de Bach. Il présente ensuite  le largo de la sonate n. 17 de  Beethoven avec finesse et intelligence, alternant l’aspect méditatif et la passion. On est sous le charme d’accords fermes et cuivrés de chapelets de notes claires et  pour finir de belles notes amorties. Le Coréen se transforme en mousquetaire du piano dans l’étude Paganini n.6 de Liszt. Bravado, coups de chapeau, révérences, jeu scintillant et crépitant, trilles angéliques et final royal! Ce n’est pas fini !  La sonate tragique de Nikolai Medtner nous plonge dans un maelström d’émotions contradictoires évoluant vers un climax enivré de sonorités. Bonheur et souffrance tout à la fois! Impressionnant!

Shen Lu (Chine, 27 ans) nous  a aussi fort impressionnés. Une construction souple et moelleuse de son prélude et fugue n.7 de Bach le conduit vers le ciselage ouvragé du modérato de la sonate en mi majeur de Haydn. Des notes claires, presque transparentes,  une simplicité toute  apparente  et une très belle construction musicale. La pièce de clôture est saisissante.  Il s’agit de  la sonate Choral et Variation de Dutilleux. Une entrée en matière Forte qui enchaîne ensuite évanescence, déferlantes, amoncellements spirituels, arpèges, vocalises et accords fracassants. Quelle résonnance ! une harpe était cachée dans le piano!

Et pour terminer cette promenade avec ces jeunes talents débordants de génie musical, voici le  tout dernier candidat sélectionné pour les demi-finales. Encore une belle révélation parmi  les jeunes candidats qui se sont présentés lors de cette première épreuve. Il s’agit de  

Samson Tsoy (Russie-Corée, 24 ans) C’est l’émotion vive dès ses première pages. Un silence profond unit la salle. Il a choisi  de débuter son récital  avec la Fantaisie op. 77 de Beethoven. Il y module joie et narration, joue avec les mélodies, pique les notes avec humour et grâce. Dans le Joseph Haydn, (L’Allegro moderato de la Sonate Hob XVI :46  ) les sonorités bondissent, les gammes sont étincelantes et volubiles. Tout est coloré, bien charpenté,   tenu et ardent. La finesse de l’architecture musicale n’a d’égale que l’élégance aérienne de l’interprétation. Son  Bach est foisonnant et carillonne. Son Lizst est généreux, large, splendide, … océanique. L’étude en ut mineur de Chopin marque la fin d’une semaine fabuleuse avec des concurrents tous plus engagés les uns que les autres.

 

 Concours Musical International Reine Elisabeth

mini_cmireb_2013_24demi_finalistes19339.jpg

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272892462?profile=original

L'Amant jaloux ou les Fausses Apparences, créé à Versailles en 1778

Un véritable bijou musical et scénique

Gee! Gluck, Gounod, Gossec … et notre compatriote liégeois André-Modeste Grétry, écrivirent tous  des opéras-comiques. Genre lyrique nouveau au 18e siècle, l’opéra-comique est issu  des vaudevilles donnés sur les tréteaux des foires parisiennes de Saint-Germain et de Saint-Laurent et influencé par la comédie-italienne. Il traite de thèmes légers,  de  la vie domestique, alterne le chant et la comédie… souvent ironico-sentimentale. Le raffinement est à son comble avec les œuvres du compositeur Grétry  qui devint rapidement le musicien le plus en vogue de la France prérévolutionnaire. Il sait capter l’atmosphère tour à tour charmante, joyeuse et désenchantée d’une époque où fermentent de grands changements. Tout comme le grand maître Antoine Watteau,  mort très jeune au début du siècle des lumières, qui laissa derrière lui de magnifiques tableaux de scènes de genre.   

12272892877?profile=originalEst-ce de Watteau que s’inspire Thierry Bosquet pour la composition des décors? Il y a beaucoup à parier que ce peintre mythique  qui croque la musique autant que la soie et les taffetas rutilants que portent les dames, les pas de  danse, les feuillages, les cascades et les bruissements de la vie a peut-être influencé notre  metteur en scène. Il a fait de ce spectacle un véritable bijou musical et scénique.   Tout séduit au premier regard  et on n’en finit pas de rêver, comme face aux toiles de Watteau. Au fond  de la composition, trône un paysage grandiose de parc fait d’arbres majestueux indiquant la toute-puissance de la nature. On entrevoit au pied de ce décor somptueux les  musiciens en habits d’époque et leur  chef d’orchestre Bernard Delire. Le gracieux quatuor à cordes Alfama, l’ensemble à vents Quartz, Natacha Save à la contrebasse et Yuko Fujikura à la mandoline sont les musiciens complices de l’action dramatique,  installés comme au salon, entre les plans mobiles du décor.  Leur jeu vif et  mélodieux fait saisir le caractère éphémère de l’amour et de la musique.  Le regard s’arrête ensuite sur les pans harmonieux d’une riche demeure  en style rococo parée d’azulejos bleu-et-blancs,  jusqu’à la moindre chaise ou tabouret.  Une impression de balcons, fontaines, colonnades, œil- de-bœuf, toitures, tout y est sans y être, car l’imagination a donné la main au   talentueux scénographe.   Et puis ces personnages de fêtes galantes d’antan débarquent, d’abord muets,  en jolis souliers orientaux, en robes de comtesses à manches bouffantes serties de rubans. Un bal sans doute, des poursuites amoureuses frivoles,  des sourcils froncés, qui sait ? Un soufflet bien appliqué?

Il suffit de retourner le mouvant décor sur roulettes pour se retrouver dans les allées du jardin fermé par une grille invisible et plonger dans l’intimité des personnages.  Le père de la jeune veuve Léonore (la basse-baryton Marco Zelaya)  est partout et tonne son autorité en chantant. Il est  jaloux de sa cassette qu’il a juré de ne point partager avec aucun nouveau prétendant. Que sa fille de 20 ans  à peine (Aurélie Moreels) végète enfermée à double tour, peu lui chaut!   Voici Isabelle (Rita matos Alves)  la piquante amie de Léonore  et son  ombrageux frère Don Alonze  (le puissant ténor Xavier Flabat),  le noble espagnol secrètement amoureux de Léonore oui, mais au caractère détestablement jaloux !  Le  brave Chevalier de Florival ( Geoffrey Degives), officier bleu-blanc-rouge qui  a sauvé Isabelle de lâches assauts le matin même… fera les frais de la susceptibilité du sieur espagnol. Ah! l’exquise et tendre sérénade  « tandis que tout sommeille… » Une voix de velours dans une lumière tamisée!

 

 Les passionnés de costumes d’époque seront charmés par l’inventivité des costumes de  Thierry Bosquet car son défilé d’habits est d’une richesse et d’une beauté captivante. La chorégraphie et la succession rapide des scènes dialoguées  est aussi  tourbillonnante et variée que la musique. Ici une mandoline, là un ensemble de vents qui surgit de l’horizon. Là un amoureux qui s’esquive dans un pavillon dérobé, là une plainte de contrebasse, ou des violons avant-coureurs du drame.  Le duo de Léonore et d’Alonze presque réconciliés, sur une couche princière est d’une harmonie palpitante  de rouges et d’or. Costumes et voix.  La robe d’une coudée plus courte de la servante avisée, Jacinte (une exquise Pauline Claes, mezzo-soprano) devient  un lieu de stupeur et tremblements pour le vieux barbon de père couvert de sequins bruissant au moindre de ses gestes! Une justesse de ton et une sublime fraîcheur de voix. Grétry, l’ami de Voltaire et  Jean-Jacques Rousseau observe avec finesse  les passions et les caractères de son temps et nous promène dans les  ravissantes mélodies des ariettes, couplets malicieux  et autre sérénades faites pour séduire l’oreille. Pour peu on se mettrait à fredonner joliment, comme sans doute nos arrière-grand-mères : « Moments plein de charmes! Après tant d’alarmes ! Mais pour les goûter d’avantage, ne soyez jamais volage, ne soyez jamais jaloux! » Ah, le joyeux sextuor du final ! 

12272893282?profile=original


12272894067?profile=original12272894482?profile=original

12272894496?profile=original12272894666?profile=original12272894890?profile=original

Note :

Du 18 mai au 17 novembre 2013 à Montmorency : exposition Grétry (1741-1813). De l'Opéra-Comique à l'Ermitage de Jean-Jacques Rousseau au musée Jean-Jacques Rousseau.

 

On fête cette année le bicentenaire de la mort du compositeur André Ernest Modeste GRETRY survenue le 24 septembre 1813 à Montmorency, et c’est  l'occasion de retracer sa destinée exceptionnelle. Né à Liège, dans une famille de musiciens, Grétry s'intéresse très vite à la composition musicale et se rend à Rome pour parfaire sa formation. Marqué, comme nombre de ses contemporains par les idées philosophiques et musicales de Jean-Jacques Rousseau, il admire  la comédie italienne. Lors d'un séjour à Genève il assiste à des opéras-comiques, un genre qui présente la particularité d'être chanté en français et qui triomphe à Paris depuis les  années 1760. Dès lors, Grétry choisit sa voie : il sera compositeur d'opéras comiques. Il gagne Paris et dès 1768 connaît la célébrité.  Adulé sous l'Ancien Régime, respecté pendant la Révolution française, et décoré de la légion d'honneur par Bonaparte le 19 mai 1802, il traverse tous les régimes politiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle.

Une terrible tragédie familiale va l'affecter durablement dans la dernière partie de sa vie et infléchir le cours de son existence.

En 1798, il acquiert l'Ermitage où avait vécu Jean-Jacques Rousseau et se plonge dans l'écriture autobiographique.  Ses œuvres De la Vérité. Ce que nous fûmes, ce que nous sommes, ce que nous devrions être et les Réflexions d'un solitaire sont un écho vibrant au Citoyen de Genève auquel il voue une profonde admiration.

Cette exposition présente des œuvres issues des collections du musée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency ainsi que des prêts de la Bibliothèque nationale de France, du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, du Musée de la Musique, de la Fondation Royaumont et de l'Abbaye royale de Chaalis.

 

Extraits au concert d'ouverture des Midis-Minimes 2013, ce 1er juillet 2013 : 

http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier-detail.php?ID=1

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272887474?profile=originalLes deux gentilshommes de Vérone de W. Shakespeare au théâtre le Public

 

Fraîcheur In Tenebris, avec délices. Les ténèbres du temps ou  les ténèbres de l’époque, c’est selon. Un bord de scène  vaste et ensablé comme un bord de mer, protégé par la rampe d’une digue, et des vagues  qui mugissent dans la belle lumière méridionale. Serait-on dans une Bruges-la-morte italienne ? Ou « seulement » dans l’imaginaire fantaisiste du jeune Shakespeare ?  Au bord de la plage surréaliste,  rien d’autre qu’un lit en fer forgé pour représenter  trois lieux : Vérone, Milan et les bois de limitrophes de Mantoue entouré de vagues.  La mer, la plage sont le creuset naturel de l’éclosion des sentiments d’amour chez les  jeunes adolescents …et les jeunes comédiens que l’on croirait à peine sortis du Conservatoire s’y ébattront  devant nos yeux étoilés, avec  délices.

Les comédiens promènent leurs allures  désinvoltes et enjouées de  jeunesse éternelle. Eternelle surtout dans le sens où, que ce soit le XVIème siècle ou le nôtre,  toutes les marques de  vitalité, de  sensualité et d’ingéniosité et de frivolité adolescente sont présentes. Voici un spectacle efficace, dynamique et assumé. On semblait au début  flotter agréablement  dans le rêve de bonheur,  une sorte d’âge d’or, de paradis, où l’amour est loi et où la trahison n’a jamais lieu.  Sauf que - c’est SHAKESPEARE qui nous le dit -  : le ver est dans le bouton de rose, et rien n’y fait, c’est le lot de la condition humaine.  C’est aussi sans compter avec l’inconstance masculine.  L’exquise Julia, délaissée par Proteo son amoureux parti rejoindre son ami Valentin (Julien Vargas) à la découverte du monde et des richesses à Milan, devra se déguiser en page et tenter avec retenue et sagesse, de renouer l’amour perdu. Un thème qui peut sembler familier à beaucoup.   Détail piquant que celui de la jeune femme débordante de féminité qui doit s’habiller en homme. C’est une  première dans le théâtre Elisabéthain. Et quel bout de femme direz-vous ! C’est la même comédienne éblouissante que l’on a vu jouer récemment dans « l’Eveil du printemps » au théâtre le Public sous la direction de Jasmina Douieb. Sherine Seyad explose de vie, d’enthousiasme et de générosité.  « Croquez la Vie  à belles dents ! » semble-t-elle dire en vous regardant! Dans le texte, elle s’exclame sans honte : « Il est bien moins honteux pour une femme de changer d'habit, qu'il ne l'est pour un homme de changer d’âme ». Et elle a raison. La tendresse vivifiante a raison. Elle a raison, de préférer le pardon aux invectives délétères.

Mais il y a toute une bande de jeunes fauves aussi craquants et butineurs autour de Julia et de sa servante sulfureuse (Aurélie Trivillin). A commencer par le Proteo (Baptiste Blampain) qui rejoint son ami Valentin au palais du duc et  tombe éperdument amoureux de Silvia. L’amour est aveugle, il va tenter sans vergogne de l’enlever à ses deux admirateurs : Valentin (qui avait pourtant juré de ne jamais tomber amoureux) et Thurio   le galant un peu idiot et de triste compagnie choisi par le père un peu guindé (Philippe Vuilleumier). Le prétendant grotesque  est admirablement campé par l’excellent Vincent Sauvagnac. Et il y a l’impayable  couple de serviteurs bouffons des deux gentlemen, Launce et Speed. Speed : on ne peut pas faire plus moderne (Alexis Julemont). Launce (Real Siellez)  est le maître humoristique absolu - pecking order oblige !-  d’un chien mal léché et malappris qui moque à grands renforts de pitreries  les grands de ce monde. Des moments où la salle entière bouillonne de vagues de  rires. Il y a des brigands masqués et il y a la grande Sylvia (Jeanne Kacenelenbogen), décidément une grande dame : « Pourquoi n'aimez-vous point celle qui vous aime? Repense à ta Julia ! Tu lui dois mille serments. Tu n’as plus de parole, à moins que tu n'en aies deux, ce qui est pire que de ne pas en avoir. Quand la foi est double, il y en a une de trop. N'as-tu pas trahi ton meilleur ami? » Le texte modernisé au passage, garde quelques succulents subjonctifs imparfaits et reste jubilatoire comme il se doit. La comédie bat son plein. On repart de là ayant fait le plein d’un lavis intense de  bonheur de jeu  et d’accords de guitare.  

Robert Bouvier est le metteur en scène passionné, aidé de la très belle  distribution suivante :

Baptiste Blampain | Protée

Mirko Dallacasagrande | Le musicien

Alexis Julemont | Speed, Eglamour, brigand Mario

Jeanne Kacenelenbogen | Silvia

Gilles Masson | Le musicien, brigand Beppe, Pantino

 Vincent Sauvagnac | Thurio, Pantino

Sherine Seyad | Julia

Real Siellez | Launce, brigand Lino

Aurélie Trivillin | Lucette, Gina, brigand Moïse

Julien Vargas | Valentin

 Philippe Vuilleumier | Duc de Milan, Antonio

Scénographie, costumes Cécile Balate, Delphine Coërs, Lumières Jonas Bühler, 

Musique Mirko Dallacasagrande, Aureliano Marin, Stéphane Roethlisberger,

Univers sonore Julien Baillod

Coproduction Compagnie du Passage – Neuchâtel / Théâtre Le Public – Bruxelles

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=323&type=1

Lire la suite...
administrateur théâtres

le jeudi 28 mars 2013

Les Arts Florissants

Le Jardin des Voix

William Christie direction - Daniela Skorka soprano - Emilie Renard mezzo - Benedetta Mazzucato contralto - Zachary Wilder ténor - Victor Sicard baryton-basse - Cyril Costanzo basse -  Les Arts Florissants , Solistes du Jardin des Voix
Michel Pignolet de Monteclair, œuvres de Jean-Philippe Rameau, Œuvres de Antoine Dauvergne, Oeuvres de Nicolas Racot de Grandval, Oeuvres de Christoph Willibald Gluck, Œuvres de André Campra, Œuvres de
William Christie achève sa résidence bruxelloise avec son Jardin des voix, et nous présente en primeur les talents de demain. Pour sa sixième édition, cette véritable pépinière d’artistes fait escale au Palais et nous promet un moment de musique chatoyant et raffiné. Le maestro franco-américain a en effet l’art de débusquer les jeunes chanteurs les plus doués et de les mettre en valeur par un répertoire sur mesure, pour la plus grande joie des mélomanes curieux.

 

 

 

Quand les muses se donnent la main, bel exemple d'harmonie...

Jour pour jour, du 28 janvier au 28 mars 2013, il s’est passé trois mois  qui ont  fait vivre le Palais des Beaux- Arts de Bruxelles à l’heure du Peintre  Antoine Watteau (1684-1721). Que Monsieur William Christie, le grand horloger de l’exposition et le maître de musique soit chaleureusement remercié ici.

 

Ce soir, il emmenait joyeusement  sur la scène de la salle Henry Le Bœuf les Arts Florissants, la compagnie qu’il dirige,  dédiée à la jeunesse et à son amour de la musique ancienne et ainsi  clôturait brillamment  le cycle de concert associés à l’exposition. Quelle connivence avec ses artistes ! Tout   comme s’il recevait  lui-même dans le salon de Pierre Crozat ! L’avant-scène très dégagée permettait aux six jeunes chanteurs d’évoluer gravement, de parader pour l’amour, de faire des révérences grand siècle, et de s’affaler voluptueusement près du clavecin d’époque dans des divans imaginaires, la mélodie toujours aux lèvres.

« Watteau, peintre idéal de la fête jolie, ton art léger fut tendre et doux comme un soupir, Et tu donnas une âme inconnue au désir, en l’asseyant aux pieds de la mélancolie. Tes bergers fins avaient la canne d’or au doigt ; Tes bergères, non sans quelques façons hautaines, promenaient, sous l’ombrage où chantaient les fontaines, Leurs robes qu’effilait derrière un grand pli droit... » Ces mots du poète Albert Samain disent bien cette atmosphère 18e qui a su faire fondre  un public  engoncé dans l’hiver et la morosité du jour. Car c’est tout l’art de vivre à la française qui a déferlé sur le plateau, sublimé par la musique orchestrale raffinée  et les chants. Le libertinage d’un Silvandre rêveur (le baryton Victor Sicard et ses sortilèges), le marivaudage de dames éprises de l’amour plus que de leur amant, la célébration du plaisir se sont glissés sous la peau radieuse des six jeunes chanteurs enthousiastes, madame de Staël en témoignerait !  La basse, Cyril Costanzo émeut. Foin des meubles précieux, des grands lustres royaux,  et des étoffes rutilantes et soyeuses : les souvenirs des peintures de Watteau sont suffisamment dans notre imaginaire pour compléter le tableau joyeux présenté par ces artistes du 21e siècle en  simples habits de soirée.

Ils sont six seulement mais font flamboyer le lieu du concert en accordant leurs voix et leurs mimes, et en s’occupant du gigantesque jardin à la française de Rameau, de l’Arcadie mythique et des contemporains Rameau qui participèrent à une fête aux allures presque estudiantines. Histoires de bergers : le ténor Zachary Wilder  chante avec ferveur : «  Et l’amour avec la houlette marqua la cadence à la voix ..!»   (Rires)  Benedetta Mazzucato, la mezzo dans sa robe bleu symbolique, lâche son émotion par la chaleur de sa voix et ses mélodies empreintes de nostalgie : « En vain, d’aimables sons font retentir les airs,  je n’ai que  soupirs   pour répondre aux concerts dont ces lieux enchantés viennent m’offrir les charmes ! »

  Tout un  florilège étincelant façon pot-pourri nous ravit le cœur car les morceaux de compositeurs différents s’enfilent adroitement  comme s’il s’agissait d’une guirlande de fleurs, galantes et harmonieuses il va de soi ! Entre deux rires et bulles musicales imitatives des oiseaux, rivières, troubles, tremblements et  bourrasques de toute sorte,  on tombe d’un compositeur à un autre, comme dans  carnaval de musique pour raconter les rêves de l’amour et la déception chronique du peintre.  Là est bien la question : la volatilité de l’amour…  « Monstre affreux ( …à vous de choisir lequel ! ) Monstre redoutable, ah l’amour est encore plus terrible que vous ! »  Le cri du cœur du peintre désabusé !

 

  Levez donc  le masque : Qui êtes-vous ? Antoine Dauvergne ?  Michel Pignolet  de Mont Clair ?  Christoph Willibald Gluck ? Nicolas Racot de Grandval ? Parodique parfois : « Vois ces jeunes tourterelles se baiser sous les ormeaux, le battement de leurs ailes en agitant les rameaux ! .. » L’irrésistible  chanteuse Emilie Renard en fourreau noir bordé de dentelles,  plus cabotine que jamais,  prend le public à témoin et corrige immédiatement : «   le jardin de Rameau, bien sûr ! » Rires.  Levez ce masque André Campra, L’Europe galante 1697 ! Mais qui donc va pouvoir dominer l’Europe ? (rires)  La poésie ?  La danse ? La musique ? Comment s’entendre ? Choisissons donc un canon a capella (que murmure le chef d’orchestre, incapable de se taire car soit il s’amuse, soit  il taquine…)   « Réveillez-vous, dormeur sans fin ! » Rameau (1722).

 

Revoici Rameau, prémonitoire et inquiet : « Fuis fier Aquilon, ton bruit, ton horrible ravage cause trop de frayeurs sur ce rivage. Fuis, laisse-nous goûter après l’orage, d’un calme heureux les flatteuses douceurs ! »  Un appel indigné et une lueur d’espérance.   Mais voici les conseils de Vénus en personne ( la belle et lumineuse Daniela Skorka  dans sa très féminine robe rouge ), une icône de bonheur : « Riez, riez sans cesse, pendant la jeunesse ; que la raison attende sa saison ! » une jeune devise,  donnée en « bis de bis » gracieux,  radieuse, comme il convient.

Après Bruxelles ce concert s'embarque pour ... Paris, salle Pleyel, puis Metz et enfin New York. Et de faire un vrai travail d’ambassadeur d’une France éternelle. Qu’ils nous reviennent, vite, pour partager leur vivacité ! Car l‘empire de la beauté désarme la fierté et triomphe de la gloire.   

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272866490?profile=originalCollegium Vocale Gent

Philippe Herreweghe direction - Dorothee Mields soprano - Damien Guillon alto - Thomas Hobbs ténor - Peter Kooij basse - Collegium Vocale Gent

Johann Sebastian Bach Cantate BWV73, Cantate "Herr, wie du willt, so schicks mit mir",  Johann Schelle “Komm, Jesu, Komm”,  Cantate BWV 44  "Sie werden euch in den Bann tun", Cantate BWV 48  "Ich elender Mensch, wer wird mich erlösen",  Cantate BWV 109 "Ich glaube, lieber Herr, hilf meinem Unglauben"

Dès son entrée en fonction à Leipzig en 1723, Bach se lance dans sa tâche principale : fournir pour chaque dimanche et jours de fête une cantate…c’est-à-dire environ 300 œuvres dont à peine 200 nous sont parvenues. Les œuvres vocales programmées pour ce concert datent de son entrée en fonction. Bach parvient toujours à combiner sa virtuosité d’écriture à une richesse de couleur instrumentale. Pur, beau, envoûtant !

 Après  l’Oratorio de Noël au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles qui avait soulevé l’enthousiasme ce 20 décembre dernier, voici que  le Collegium Vocale Gent toujours dirigé par Philippe Herreweghe  est de retour sur la scène de la salle Henry le Bœuf. Douze solistes entremêlent leur voix pour interpréter quatre cantates de Bach et un motet de Johann Schelle.  Les quatre  solistes principaux sont  prestigieux et viennent des quatre coins de l’Europe. Dorothée Mields, la soprano allemande spécialisée dans la musique du 17 et 18e siècle, nous revient avec une voix aussi radieuse que juvénile. Un timbre inoubliable et une émotion transparente animent chaque cantate du programme. C’est aussi Damien Guillon, un des contre-ténors les plus talentueux de notre époque, qui apporte sa palette particulière pour transmettre l’esprit de la musique baroque. Il a débuté son apprentissage musical en 1989 à la Maîtrise de Bretagne.  Nourri très jeune du travail qui a été fait par William Christie et Philippe Herreweghe sur la musique ancienne, il nous apporte  la fraîcheur de  sa voix et sa technique musicale affirmée.  Il est par ailleurs aussi organiste, claveciniste et chef d’orchestre… La voix de ténor est celle de Thomas Hobbs, une voix fluide, forte, aux accents de miel qui mobilise le spectateur. Il est né à Exeter. Enfin le conservatoire d’Utrecht et le Conservatorium d’Amsterdam ont formé le talent de Peter Kooij (basse) qui fera une fois de plus merveille  dans ce programme dédié à Bach. Il a l’art d’investir les textes avec ardeur et passion,  la qualité de sa voix faisant vibrer les âmes et les coeurs : « Du bist mein Helfer, Trost und Hort…» (cantate BWV 73)

 

Ces cantates écrites par JS Bach entre 1723 et 1724  présentent une méditation personnelle sur la confiance que le chrétien met dans le Christ qui le met à l’abri de tout danger. La musique est faite pour soutenir un texte spirituel engagé. Textes éphémères qui durent le temps d’un dimanche, mais qui sont nourriture vivante et écho mélodieux dans le cœur de l’homme.   On y retrouve  la piété mystique et  la douceur du fidèle qui s’entretient directement avec Dieu, lui confiant le mal-être qui s’enracine dans ses doutes et lui demandant la grâce d’être sauvé par l’indulgence divine.

Ainsi la cantate BWV 48 se termine par un choral d’une incroyable sérénité : « Dein bleib und will ich bleiben ! »

Seigneur Jésus Christ, ô mon seul réconfort,
Je me tourne vers Toi;
Tu connais bien mon affliction,
Tu peux y mettre un terme, oui, tu y mettras fin.
Qu'il en advienne suivant Ta volonté;
Tien je suis et tien je veux demeurer.

Au centre de l’écrin formé par les 4 cantates de Bach, il y a ce bijou absolu que nous propose Philippe Herreweghe et ses chanteurs : un œuvre délicieuse à 5 voix de Johann Schelle, un prédécesseur de Bach « Komm, Jesu, Komm ». Un coin de paradis.  C’est une  sorte d’a capella, faisceau de sonorités exquises, à peine soutenu par l’orgue seul qui égrène une mélodie pure, légère et gracieuse sur une vérité spirituelle  évidente: «  Weil Jesu ist und bleibt der Wahre Weg zum leben ». Musique lumineuse et victorieuse comme une source d’eau vive.

Mais Philippe Herreweghe se penche sur l’humain, avant toute chose. Ainsi il  n’hésitera pas à redonner en « bis » la phrase poignante au rythme pesant qui décrit la détresse humaine et sert d’ouverture à la splendide cantate BWV 48. Une plainte multiple et entrecroisée des douze choristes exprime tour à tour l’émoi devant « le corps de la mort » qui s’avance, inexorable … et la victoire de l’âme, pourvu que Dieu y mette sa grâce, « Ich, elender Mensch, Wer wird mich erlösen vom Leibe dieses Todes ? » Question rhétorique on le suppose,  puisqu’après tout, Jésus est la réponse.

La cantate BWV 109 concluant le concert était jubilatoire. Elle débutait par un feuilleté lumineux et complexe de toutes les voix qui annoncent le thème : «  Ich glaube, lieber Herr, Hilf meinem Unglauben ! »  Le festin de voix répétait comme une multitude assoiffée de vérité  l’incantation très touchante, jusqu’à ce que l’orchestre prenne la relève. Parfois, les mots viennent à manquer… Les violons seront brûlants d’énergie dans le récitatif. Puis   l’aria du ténor appuyée par le dynamisme passionné des violons exprime toute l’angoisse humaine « Wie wanket mein geägnstigt Herz ! »  Mais la conclusion du choral est joyeuse et festive et les bois exultent. Tout comme le public,  totalement conquis.

http://www.collegiumvocale.com/fr

http://www.bozar.be/activity.php?id=12070&selectiondate=2013-01-29

Lire la suite...
administrateur théâtres

 

Run!

Plus que quelques jours,  au Théâtre Royal du Parc : Oedipe, revisité par un auteur canadien Olivier Kemeid, à ne manquer sous aucun prétexte!

 

Mise en scène éblouissante: jeux de clair-obscurs et  corps à corps bouleversants, voici le texte mythique de l’Œdipe de Sophocle replacé de façon résolument moderne dans la réalité mouvante  de la caverne du  21e siècle.

 Des écrans transparents glissent pour évoquer la prison de verre qui enferme chaque personnage. Des écrans translucides s’allument et s’éteignent comme dans le théâtre d’ombres asiatique. Approche globale oblige.  Ces parois s’animent de fondus éclatés sur des rythmes de musique explosive, et crèvent  comme la succession de jours et de nuits. Mais où donc est passée la lumière? La succession du  Noir et  du Blanc est tranchante et menaçante comme un tribunal. Et comment reconnaître le vrai du faux ? La rumeur de la vérité ?

Ce sera la tâche que se donne Œdipe : sauver la ville par la raison. Retrouver les meurtriers de son père  qui ont attiré la colère des dieux et la malédiction qui s’est abattue sur la ville de Thèbes.  Qui a tué Laios ? C’et Œdipe lui-même qui se charge de l’enquête. A la façon d’une intrigue policière il veut que le coupable soir jugé devant Créon, chef du tribunal.  Dans  un décor stylisé et dépouillé à l’extrême Œdipe ne cesse de se cogner à la réalité.  Jocaste, elle, sait tout. Elle est seule contre l’ombre machiste de son défunt mari. Elle personnifie toutes les femmes : les mères, les sœurs, les amantes, les filles de joie…les consolatrices, toutes aussi impuissantes devant la folie humaine.  Omnisciente car elle a la clé du mystère, elle va s’immoler, sacrifice ultime.

  Voici Œdipe en corps à corps poignant avec celle qui  lui a donné quatre enfants mais qui tait jusqu’au bout qu’elle est aussi sa mère.   Des jeux d’ombre et de lumière projettent la narration de l’histoire que Jocaste révèle. Car c’est à elle, que l’auteur, Olivier Kemeid, rend justice, il lui donne enfin la parole. Elle a été la victime de Laios qui ne la respectait pas, elle a été saoulée et abusée et ainsi est né le malheureux Œdipe. Elle a supplié de pouvoir garder son fils, il lui a été arraché. On connait la suite de l’histoire. La tension dramatique devient aveuglante et  incandescente, jusqu’à ce qu’Œdipe désespéré, abusé lui aussi, se fasse justice.

 L’émoi de la ville est palpable et revient hanter le plateau à chaque découpage de scène. Il est  représenté par cinq danseurs qui personnifient la violence du populisme sous tous ses aspects. Depuis la rumeur pernicieuse et la dénonciation jusqu’à la mise à mort, l’exclusion et l’épuration ethnique. La ville ne souffre pas seulement  de famine, d’infertilité et de la peste ou le choléra mais aussi de la peur chronique de l’autre. La sphynge mordorée est revenue, seule couleur au tableau, sorte de peste brune qui à peine disparue revient encore plus pernicieuse. La  foule a besoin de bouc émissaire, elle est toujours  friande de drame.Elle aime se repaître des malheurs des autres, se poser en accusatrice ou en justicière.  Les profils mouvants des cinq jeunes  danseurs la représentent, cette  « turba » dénoncée par les Anciens, ou cette « mob » haineuse, justement vilipendée par Shakespeare dans son Jules César. Musique, mouvement et murmures accusateurs se combinent pour forcer le trait et ouvrir les yeux du spectateur. La vérité sera aveuglante.

 Œdipe, comme chez Sophocle est profondément humain. Gauthier Jansen, pour ne nommer que lui parmi les excellents comédiens, interprète magnifiquement le personnage. Son cœur bat généreusement et luttant pour la justice,  il veut établir le règne de la paix. Il est courageux, il va jusqu'au bout, au risque de se détruire. Il est inscrit en chacun de nous,  se révolte contre la folie de la malédiction divine. Il ne peut pas  croire à sa culpabilité, sorte de péché originel qu’il ne peut laver que par l’exil et la cécité. Il représente toute notre souffrance humaine.

La qualité irréprochable des comédiens et des danseurs, le dynamisme extraordinaire du spectacle, la sobriété des textes mettent en scène la profondeur du drame de l’homme toujours seul devant son destin. Une pièce  dense, extraordinaire de modernité et d’intensité. Lors du salut final, on découvre enfin  la texture des costumes  tous entre gris clair et gris foncé,  les artistes nous lancent un ultime message… Rien n’est jamais blanc ou noir.  Never forget !

 

Chorégraphe - Mise en scène: José BESPROSVANY
12272860459?profile=original

Avec:
Gauthier JANSEN
(OEDIPE)
Isabelle ROELANDT (JOCASTE)
Georges SIATIDIS (CREON)
Julien  ROY (THIRESIAS + divers)
Georges SIATIDIS (CREON)
Toussaint COLOMBANI (LE
JEUNE HOMME)
Fernando MARTIN (Danseur)
Yann-Gaël MONFORT (Danseur)
François PRODHOMME (Danseur)

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_003

http://www.mrifce.gouv.qc.ca/portail/_scripts/ViewEvent.asp?EventID=12397&lang=fr&strIdSite=BEL

Lire la suite...
administrateur théâtres

Mysterium 2012. On les retrouvera à la Collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles le 21 décembre 2012. 12272852465?profile=original

 Une affiche de rêve réunissait hier soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles de jeunes talents exceptionnels autour d’un joyeux mage de la musique : Daniel Lipnik, un esprit engagé, créatif, optimiste et bourré d’inventivité et de chaleur humaine.  C’et l’animus de MusikAnima. Le concert, nommé Mysterium, présentait un triptyque de musique de rêve et d’exultation produite par des compositeurs célèbres : Charpentier, Mozart et Bach.

La messe de Minuit pour Noël de Marc-Antoine Charpentier commence par un léger carillon angélique et se poursuit dans le feu de  l’allégresse des jeunes solistes qui se saisissent de phrases latines avec dévotion et vitalité.  Comme à l’église, la première phrase de chaque chant semble être psalmodiée  pour ensuite  exploser en mille éclats de voix, toutes animées de puissance  et de la  richesse de l’espoir.  Le chœur s’impose, profond et chatoyant. « Homo factus est » est infiniment mystérieux. Les hommes chantent avec émotion  la passion du Christ puis la résurrection triomphale. Les femmes interprètent l’ascension céleste. Le spectateur retient son souffle devant tant de beauté et de joie sincère. Le chef d’orchestre danse presque sur son podium, il quitte le sol, Amen! Les artistes lui répondent avec allant et bienveillance. Bien des  spectateurs ne pourront pas se retenir d’applaudir le Sanctus qui se conclut par une page instrumentale vibrante de confiance. L’Agnus, très scandé par les tambours,  rappelle les musiques au charme naïf de nos campagnes et la foi absolue du berger. La scène  des Beaux-Arts est presque trop petite pour accueillir ce somptueux ensemble de la Badinerie et les artistes et musiciens  de Music for Pleasure dirigés par Daniel Lipnik en personne. …Il faudrait les appeler Dream  Music for Pleasure car un rêve de beauté  musicale a surgi  ce soir dans la salle Henry le Bœuf et a séduit le public de façon inconditionnelle.

Changement de ton : voici l’ouverture des Noces de Figaro. Un clin d’œil à la musique sacrée.  Explosion musicale qui n’en finit pas de pétiller. Daniel Lipnik, ensorcelé par la musique, est  à la fois délicat et énergique en diable, brillant, fougueux et d’une précision extraordinaire. Il convoque chaque groupe d’instrument comme s’il devait faire de chacun des solistes. Le percussionniste est passionné et cela s’achève dans un sourire solaire.

12272852494?profile=original

Le concert n’a pas fini de nous captiver. Entre en scène le tout jeune espoir belge Florian NOACK (22 ans) qui va exécuter une interprétation fastueuse du Concerto n° 21 de Mozart avec un lyrisme et une maîtrise étonnants. Tout commence sans lui : rondeur, légèreté  et distinction des vents. Le percussionniste est toujours aussi auguste. On se prend à rêver aux très beaux timbres, purs, exquis …quand voilà que le pianiste a déjà infusé dans l’orchestre ses premières volées de notes sans que l’on s’en aperçoive! C’est cela être sous le charme ! Il prend son clavier pour une harpe avec des trilles qui tiennent de la magie. Grâce, fluidité, tout y est, le son est parfait dans les oppositions  successives de caresses et d’accords vibrants de vie. Son premier solo sera fracassant, pour se perdre dans la tendresse puis déboucher dans la passion. L’orchestre reprend le thème à la seconde près,  avec une cohésion harmonique spectaculaire. Le deuxième mouvement s’engage après le clin d’œil du dirigeant complice. C’est rutilant et plein de connivence musicale. Les cuivres s’amusent à ponctuer, les cordes donnent le ton badin et juvénile. Le pianiste doit presque tempérer l’élan passionné qui lui échappe des doigts. Ce concerto a l’allure d’un joyau qui brille de mille éclats. Le jeune virtuose offre candidement deux transcriptions de musique romantique en  bis passionnés, for love and pleasure.      

Du rêve musical et du rêve de terrain. C’est le projet MusikAnima et Louvain Coopération (cause El Alto-Bolivie) qui présentait ce concert de solidarité. Le rêve au carré!

Back to reality. Extrait du programme : « Cette soirée a été organisée sans aucune aide de subsides ni de sponsors. Aucun de nos nombreux dossiers n’a rencontré un écho positif ! Il en sera ainsi sans doute encore pendant quelques années pour tous les organisateurs de projets qualifiés de « facultatifs » par les éminences de la culture. L’art et la condition humaine ne font pas partie des dossiers intéressants…semble-t-il.» En tant qu’artistes –producteurs nous sommes confrontés à la loi du « struggle for life » et réduits à une sorte de survie désappointée La belle phrase de Dostoïevski « Et si la beauté pouvait sauver le monde ! » devient imprécatoire par les temps moroses qui courent.12272853466?profile=original

C’est pourquoi ce concert se termine par l’éblouissant Magnificat de Bach. Dernière explosion de la soirée pour la joie humaine, le bonheur mystique et la gratitude. « Freut euch und jubiliert » : c’est dit en langue du peuple. Les Béatitudes rassurent les humbles et les petits et le Gloria final est de toute beauté, une vague de fond, « sicut erat in principio ». Beauté ou Amour ? Ou les deux… Ce qui sauvera le monde.  

Lire la suite...
administrateur théâtres

Hommage à René Jacobs pour son concert « La Flûte Enchantée » de Mozart aux Beaux-Arts de Bruxelles le 19 novembre dernier

 

René Jacobs dirige régulièrement au festival d’Aix-en-Provence depuis 1998, à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées et à la Salle Pleyel, ainsi qu’à Vienne au Theater-an-der-Wien. Il a été distingué de nombreuses fois par la critique musicale en Europe et aussi aux Etats-Unis, où son enregistrement des Nozze di Figaro de Mozart a reçu un Grammy Award en 2005. Le mensuel Classica l'a élu Artiste de l'année 2009 pour ses enregistrements de la Brockes-Passion de Telemann, d'Idomeneo de Mozart et de La Création de Haydn.

C’est sans compter son superbe enregistrement en 2010 de  La flûte enchantée à la manière  d'un grand spectacle radiophonique parlé et (en)chanté. Une œuvre couronnée CD des Jahres (Opernwelt), Preis der Deutschen Schallplattenkritik, Choc de l'année 2010, BBC Music Magazine Award.

 

 Ce soir-là, aux Beaux-Arts de Bruxelles, tous étaient présents pour nous entraîner dans l’imaginaire avec leurs voix de rêve. Miah Persson, Pamina, Topi Lehtipuu,Tamino, Marcos Fink, Zarastro, Burçu Uyar, la reine de la Nuit, Daniel Schmurtzhard, Papageno,  Sunhae Im, Papagena  et tous les autres… autour de la fabuleuse Akademie für Alte Musik Berlin et le  RIAS Kammerchor.   Un spectacle vivant, rythmé, varié au possible,   presque un ballet en costumes éblouissants, envahissait donc  la scène des Beaux-Arts en live, ce  qui devait ravir autant les mélomanes avertis  que le  public profane. La vérité des personnages et de la musique sur le plateau, se présenta devant quatre mille yeux ébahis d’une salle comble,  riant et applaudissant spontanément tout au long du spectacle la tension narrative. Il y a cet épisode  cocasse où Papageno qui a rêvé de femmes de bonne chère  et de bon vin tout au long de ses épreuves initiatiques reçoit des mains de René Jacobs la bouteille de vin dont il a tant rêvé. C’est Mozart en personne qui la lui offre ! Interpénétration subtile des réalités.

 

Le regard de Mozart  est sur l’homme et la recherche de la perfection. On goute  la présence de la comédie, l’humour des personnages, les fracas des orages, le ruissellement de la pluie,  on imagine les palais enchanteurs, et on est pris par le rire heureux. C’est du théâtre sonore palpitant. On craque dès l’apparition « des trois jeunes  hommes », des  tout jeunes chanteurs d’une fraîcheur inouïe…  On est fouetté par la sagesse des citations franc-maçonnes. « Ce qu’on recherche » avant tout « c’est la vérité et la lumière.» « Celui qui empruntera cette voie pleine d’embûches sera purifié par le feu, l’eau, l’air et la terre, surmontant la crainte de la mort, il trouvera la lumière…» L’Ave Verum, écrit aussi  en 1791, ne dit-il pas  «  Sois pour nous un réconfort à l’heure de notre mort… »  Un  chant triomphal identique  exulte dans  la Flûte Enchantée : « O Isis et Osiris, quelle joie, la sombre nuit est chassée par un soleil radieux…!  Bientôt ce jeune homme naîtra à une vie nouvelle : son esprit est hardi, son cœur est pur…  » Tamino est l’enfant généreux, l’humaniste, l’homme tolérant. Quoi de plus enchanteur ? La salle entière vogue dans un rêve qui passionne et qui éblouit.

 

 René Jacobs  a voulu dépoussiérer l’œuvre de toutes ses interprétations postérieures à 1791, date de création par Mozart, pour retrouver la vérité de l’œuvre et nous la faire entendre. Il a réintroduit des dialogues parlés du Singspiel, ce qui fit encore mieux ressortir les interventions du chœur et des parties instrumentales. La salle pleine à craquer a battu de tous ses cœurs, saluant les artistes par  des applaudissements frénétiques  avant qu’ils ne disparaissent dans les coulisses. Et l’on garde le message : « si l’on clouait le bec aux menteurs au lieu de calomnie, haine et rancœur, règneraient amour et fraternité ! » L’évidence même. « La flûte magique vaut mieux qu’or et couronnes car elle augmente la joie des hommes ! » Rien de plus vrai.

 

Voir en plein écran

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Die_Zauberfl%C3%B6te

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Collegium Vocale Gent

Weihnachtsoratorium - L'Oratorio de NOËL de JS Bach

Philippe Herreweghe direction - Dorothee Mields soprano - Damien Guillon alto - Thomas Hobbs ténor - Peter Kooij basse - Collegium Vocale Gent

Johann Sebastian Bach, Weihnachtsoratorium, BWV 248

En cette période festive, Philippe Herreweghe nous offre sa version de l’Oratorio de Noël. Qui aurait cru il y a trois siècles que les cantates écrites par Johann Sebastian Bach pour les offices de Noël à l’Épiphanie seraient un jour interprétées d’un seul tenant pour évoquer le récit de la Nativité ? Sur scène, le chef s’entoure comme à son habitude de solistes hors pair qui maîtrisent sur le bout des doigts la musique du Cantor.

La musique placée au centre du discours, comme langage émotionnel universel

Partition sacrée considérable du répertoire de JS Bach, l’Oratorio de Noël constitue un ensemble cohérent en six parties. D’une durée de près de deux heures et demie cette fresque couvre l’espace des six jours les plus importants de la période de Noël à L’Epiphanie. Les textes sont principalement tirés des évangiles de Saint Luc (Cantates I à IV) et Saint Mathieu (Cantates V et VI). Le récit de l’Evangéliste (Thomas Hobbs) s’accompagne de chorals (chants d’assemblée, selon la tradition luthérienne) et de textes de libre inspiration que constituent les arias, duos et autres formes libres qui commentent l’action. Le lieu de prédilection de la célébration musicale d’un opéra sacré est bien sûr l’église ou la cathédrale. Cela a sa raison d’être. Ce soir, c’est aux Beaux-arts de Bruxelles devant une salle comble que cela se passe. Pour Luther, « la musique seule mérite d’être célébrée après la parole de Dieu. […] Que l’on veuille réconforter ceux qui sont tristes ou bien effrayer ceux qui sont joyeux, rendre courage aux désespérés, fléchir les orgueilleux, apaiser les amoureux, adoucir ceux qui haïssent, […] que pourrait-on trouver de mieux que la musique ? » A méditer.

Philippe van Herreweghe et le Collegium Vocale Gent ont en effet magnifiquement tenu ce rôle. Ensemble, chef d’orchestre, chœur et orchestre, mus par le feu sacré, ont eu à cœur de faire croire au message de l’Oratorio de Noël. Ce, en dépit des réactions très frustrantes d’un public sans-gêne, atteint sans doute de toutes les maladies respiratoires possibles et profitant de la moindre pause pour s’exprimer bruyamment sous forme de raclements et autres quintes fort peu musicales. Pour se faire entendre dans l’enregistrement de Klara? Le silence aurait été pourtant plus propice à la belle méditation musicale mise en scène par Philippe Herreweghe.

Et comment ne pas être comblé par le haut niveau de virtuosité de ce concert, son intonation parfaite et sa simplicité apparente. Philippe Van Herreweghe nous a offert la limpidité du message, en toute discrétion. Il dirige en effet du bout des doigts et des yeux, avec des gestes à peine amorcés, saisi lui-même d’humilité, devant la musique de Bach. C’est cela le mystère.  Et si le rôle d’acteur de la foi était au centre des préoccupations de Bach, Philippe Van Herreweghe  en joue admirablement le jeu. L’agencement sonore qu’il suscite entre le texte et la musique est un mystère en soi. Et le mystère interpelle, sans rien d’orgueilleux ou de fracassant, c’est ce qui peut-être a manqué aux agités de la toux compulsive.

Dans les arias sublimes et certains duos, on est au cœur de l’intériorité. Avec la basse (Peter Kooij ) « Herr, dein Mitleid, dein Erbarmen tröstet uns  und macht uns frei ! » On plonge dans l’intime et profonde piété individuelle. La soprane Dorothee Mields , dont le visage et la voix sont illuminés de vérité en est un exemple frappant. La légèreté de l’être ? La profondeur de la foi ? Soulignée par la violoncelliste omniprésente  touchée par la joie. Mais aussi Damien Guillon, l’alto qui égrène ses accents magiques au gré des récitatifs et des arias. Il y a ce passage d’émotion pure dans un aria de la Soprane  où l’être humain oscille entre le « nein » et le « ja » de façon étonnamment poétique et convaincante. On ne sait d’ailleurs plus très bien où est la voix humaine et celle du hautbois. Il y a comme un jeu d’échos surnaturels… Le texte de l’Evangéliste (Thomas Hobbs) s’écoute avec un intérêt croissant, les airs sont répétés deux fois avec bien souvent comme noyau central une méditation instrumentale appropriée. Tour à tour c’est l’orchestre au complet, les flûtes, les trompettes, les hautbois, des violons en duo enjoué, les cors qui inspirent le recueillement et provoquent la surprise et l’enchantement musical. Le discours et l’émotion suscitée par la musique adhèrent toujours parfaitement l’un à l’autre. Le contrepoint convoque l’harmonie. On est en présence de la perfection.

Cette prestation épurée, aux forces vocales et instrumentales peu tapageuses, a mis en lumière des prouesses vocales qui semblaient naturelles et des solos instrumentaux qui ont fait jaillir la lumière faite musique, pour les dieux et les hommes. La fraîcheur authentique était le commun dénominateur des solistes et du chœur. Un chœur vibrant et clair qui évoque l’enthousiasme des bergers, la douceur de Marie, le nom de « Jesulein Immanuel », la glorieuse quête des rois mages, la haine hypocrite et sanguinaire d’Hérode, la conquête de la Mort. Tout est là, ciselé pour longtemps dans le cœur du spectateur qui veut lui aussi jouer le jeu. Pourvu qu’il réponde à l’invitation au questionnement personnel, au voyage spirituel et à l’appel de la musique sacrée.

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles