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classique (213)

administrateur théâtres

12272986495?profile=original12272987082?profile=original12272987684?profile=originalLes bavards


Le public et les amis du Lions Club en tenues de soirée et tenues de ville, se sont pressés dans la salle du Centre Culturel de Woluwe Saint-Pierre le 18 janvier dernier pour applaudir un spectacle débordant de bonne humeur et de vitalité. En effet le spectacle de Gala de la section 112C célébrant le jumelage avec la section du Lions de Paris présentait  le charmant opéra bouffe « Les bavards » de Jacques Offenbach.


 Une soirée placée bien évidemment  sous le signe de la générosité puisque les bénéfices vont intégralement  à Cap 48 que le Lions Club soutient depuis maintenant 9 ans. « Les bavards », un petit chef-d’œuvre musical aux accents mozartiens fut créé aux Bouffes Parisiennes en 1862. Il fut  écrit pour le théâtre à Bad Ems, une station estivale à la mode, où les riches touristes côtoyaient la  noblesse lors de leurs séjours aux sources thermales.  Offenbach lui-même y cherchait la guérison ou le soulagement  de ses accès de goutte chronique. Lors de ses séjours, ce toxicomane de la roulette a également  perdu plusieurs fortunes sur les tables de jeu de ce charmant lieu de villégiature.

 L'action des  « Bavards »  met en scène un jeune poète noble mais impécunieux, amoureux bien sûr  et  que la volubilité de  parole hautement vertigineuse servira  pour le rhabiller de pied en cape, lui faire gagner un pari et remettre ses finances à flot. En prime, une façon élégante de s’introduire chez la belle à l’insu de son oncle Sarmiento. Il a  promis à celui-ci de réussir à  faire taire l’irrépressible  bavardage de  sa femme Beatrix (une impérieuse Pati Helen-Kent).  Et voilà le vieux barbon (joué brillamment par  le  très réputé Chris De Moor)  affublé de deux bavards invétérés dans sa maison! Qu’importe, après une série d’intrigues et une scène de silence extravagante où la salle entière n’en peut plus de rire, Roland sera enfin récompensé par le tuteur et une fois réargenté (!) obtiendra la main de la jeune fille!

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Cette œuvre musicale se doit d’être jouée avec brio, élégance et vivacité. Le tout jeune chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere a saisi la balle au bond et nous a conçu une mise en musique limpide et élégante. Il allie un grand sérieux et une connivence naturelle  avec les solistes et le chœur. Tout est joué avec précision extrême et justesse de ton : du lyrique au comique  il y a ce qu’il faut d’humour pour les scènes où le ridicule fait rire le spectateur aux éclats. Usant d’une gestique sobre, il souligne  avec délicatesse les tranches de bavardage, le bruit argentin des sous, les coups de théâtre et la  vie passionnée de Christobal, l’alcade de la ville et  de son greffier.  L’aspect farce  satirique  n’empêche pas une exquise légèreté.  Et, sensualité parfois.   Ce jeune chef  en herbe d’à peine 23 ans  réussit à donner une très belle musicalité dans une salle habillée de  moquette qui pourrait en assourdir les sonorités.  L’œuvre musicale est prise à bras le corps, les dialogues avec les comédiens-chanteurs sont subtils et finement ciselés.  C’est le plus souvent la richesse des mélodies qui séduit et le rythme enjoué de l’ensemble. Malgré la légèreté du propos, pas l’ombre d’un ennui ou d’un bâillement devant cette œuvre qui pourrait nous sembler dater quelque peu par les accents misogynes d’une autre époque. La fraicheur extrême de l’interprétation a séduit et a fait de cette petite fantaisie théâtrale une source d’émerveillement moderne. La comparaison des époques étant déjà en soi une source naturelle d’hilarité! 


Le décor et la mise en scène sont aussi responsables du succès du spectacle: ils sont  aussi volubiles et pittoresques que le texte. On a devant les yeux le bouillant folklore de la rue animée, le palais orgueilleux et tous les accessoires de la chaude Espagne passionnelle. Il y a la grande richesse scénique d’un opéra où le chœur très présent évolue selon une chorégraphie bien huilée et où des danses de  flamencos torrides virevoltent sur les parties instrumentales. La distribution étincelante est dirigée par la chorégraphe, danseuse, chanteuse, professeur de danse et metteuse en scène : Maria Angela Gonzales Sanchez. Elle a signé la chorégraphie de la « Mélodie du bonheur » avec Ars Lyrica au PBA de Charleroi, Bruxelles, Cirque Royal et Forum de Liège.

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Lionel Couchard a interprété le rôle de Roland, le jouvenceau, avec beaucoup d’à-propos et d’intelligence. Sa voix chaude, son énergie primesautière et sa présence scénique donnent une réelle envergure à l’ensemble. On le retrouvera dans le rôle-titre de « Orphée aux enfers » d’Offenbach présenté en février 2014 pour la ville de Neuilly.  Cécile Lastchenko est également passionnée par le chant lyrique et se produit régulièrement à L’opéra  Royal de Wallonie. Nous l’avons applaudie dans le rôle de Susanna dans « les noces de Figaro «  de Mozart au théâtre royal du Parc. Le rôle d’Ines qu’elle interprète dans « Les bavards » est  pure gourmandise. Malicieuse comme chez Molière, elle conquiert le public dès la première scène galante avec Roland. Elle traite sa tante et son oncle avec une savoureuse dose d’humour et d’impertinence. On sait tout de suite que la jeunesse et la joie de vivre auront le dernier mot.  Mais la plus belle voix est  sûrement celle du greffier qui flanque le seigneur de la ville. Elle épouse avec éclat  leurs ardents ébats amoureux aussi drôles qu’emphatiques. Il s’agit de  Joanne Deom, soprano  vive,  puissante et sensuelle qui donne une réplique sidérante  à Cristobal, l’excellent  baryton Marco Zelaya. … C’était Lopez de la Plata dans l’opéra « L’amant Jaloux » de Grétry l’été dernier, un rôle qui lui allait aussi à ravir! Bref un spectacle de Gala qui regorge de vitalité et de fraîcheur fort bienvenues.


L’ensemble Pizzicato dirigé par Ayrton Desimpelaere est un orchestre de 13 musiciens pétulants issus des Conservatoires royaux de Belgique. La première représentation des « Bavards » a eu lieu au château de Marcilly sur Maulne en juillet 2013. Une pépite à haut potentiel?

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www.crescendo-magazine.be/author/adsimpelaere/

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La mythologie grecque et l'opéra baroque


George Petrou direction - Myrsini Margariti soprano - Mary-Ellen Nesi mezzo - Irini Karaianni mezzo - Armonia Atenea


Georg Friedrich Händel Ouverture (Alessandro, HWV 21), Aria "Se nel bosco" (Arianna in Creta, HWV 32), Recitativo & aria "Dove son - qui ti sfido" (Arianna in Creta, HWV 32)
Johann Adolf Hasse, Sinfonia (Artemisia)
Christoph Willibald von Gluck Aria "Non so frenare il pianto" (Antigono), Dance of the blessed spirits - Dance of the furies (Orphée), Recitativo & aria "Ma fille, Jupiter" (Iphigénie en Aulide)
Giovanni Paisiello Recitativo & duet "E mi lasci cosi ? Ne giorni tuoi felici" (L'Olimpiade), Terzetto "Sciogli oh Dio le sue catene" (L'Olimpiade)
Jean-Baptiste Lully, Suite (Phaeton)
Antonio Vivaldi Aria "Vedro con mio diletto" (Il Giustino, RV 717), Aria "Siam navi" (L'Olimpiade, RV 725)

La musique, source d’émerveillement ? La culture, message d’apaisement ! Voici un orchestre que l’on a très  envie de revoir sur nos scènes de Belgique et qui  a eu le privilège d’inaugurer la nouvelle présidence de l’Union Européenne ce 14 janvier dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Il s’agit de l’ Armonia Atenea dirigé par un fougueux chef qui adore les périodes baroques, classiques et romantiques et dont la discographie est saluée par la critique internationale, George Petrou. L'orchestre a été fondé en 1991 par les Amis de la Société de musique d'Athènes avec l'inauguration du Megaron, la salle de concert d'Athènes. Orchestre résident du Megaron, il se partage depuis 2011 entre le Centre culturel Onassis et Megaron d'Athènes.
Ses anciens directeurs artistiques sont des figures prestigieuses : Neville Marriner, Christopher Warren-Green et Alexander Myrat.
L'orchestre parcourt l’Europe du  Musikverein au Théâtre des Champs - Elysées , à l'Opéra Royal de Versailles, au Concertgebouw, à la Salle Pleyel…
L'orchestre a une longue liste de cd enregistrés chez DECCA, SONY CLASSICAL, EMI Classics, MD G ou ECM Records et  a reçu de nombreuses distinctions internationales («Diapason 5», BBC musique «enregistrement du mois» et l'Opéra- «Découverte»). Les parutions récentes comprennent les premiers enregistrements mondiaux de Alessandro Severo de Haendel et Il Trionfo di Clelia de Gluck (OMD).

Le concert de ce soir va mettre en lumière la mythologie grecque à travers les siècles et particulièrement au 18e. Tout d’abord avec l’ouverture d’ «Alessandro » de Haendel (HWV21 (1726) où l’illustre génie guerrier d’Alexandre est remplacé par un personnage plutôt comique, mégalomane et naïf…L’ouverture est énergique, sous-tendue par une armée de cordes, un théorbe et deux flûtes aux modulations magiques. On entendra aussi un clavecin dans la suite joyeuse du Phaëton applaudir en cours de route pour son charme et sa grâce brillante.

 

On a tout de suite  craqué pour la voix exquise de Myrsini Margariti  la soprano  de l’aria « se nel bosco resta solo » de l’Arianna in Creta de Haendel.  Une belle voix douce, juvénile et claire qui  jette des frissons dans les violons qui l’accompagnent. Sa maîtrise de la diction est impeccable et précise et les notes élevées sont d’une fluidité extraordinaire : de subtiles  caresses lyriques qu’elle accompagne  de gestes gracieux des mains. Mais elle est aussi capable de registres dramatiques très toniques. Une voix qui enivre comme un parfum de figues. Ses harmonies semblent gorgées de soleil alors qu’elle porte une robe bleu nuit à bustier imprégné d’étoiles.  La mezzo soprano Mary-Ellen Nesi lui donne une réplique passionnée dans une belle voix expressive, faite pour la chaleur et la volupté de la nuit. Elle a endossé une robe turquoise évoquant la mer à midi.  La musique de Haendel palpite  sous les  très beaux légatos et écume de colère et d’indignation dans le récitatif et l’air : « Qui ti sfido, o monstro infame ! » C’est un Poséidon  furieux au féminin.  Le son coule, débordant de puissance, d’humanité et de présence musicale. Les cordes soulignent le drame de façon précipitée.  

Irini Karaianni, dans une somptueuse robe aux reflets orientaux mordorés va interpréter Antigone dans  un extrait de l’opéra de Gluck (1756) « Non so frenate il pianto ». Elle va interpréter la révolte et les lamentations d’Antigone avec beaucoup d’adresse, sans être aussi convaincante que les deux premières dont le  duo (un extrait de Olimpiade (1786) de Paisiello) est le moment phare du concert. Les deux chanteuses complices font surgir dans l’imaginaire tout un chœur de femmes qui oscillent entre raison et sentiment, orgueil et volupté. Dans les extraits de  Vivaldi, la mezzo expose son allure noble, offre sa voix souple qui témoigne d’une grande sensibilité, les modulations de l’orchestre simulent des vagues de désir. On croit voir Nausicaa à l’œuvre avec Ulysse! Puis c’est au tour de Myrsini Margariti d’offrir à nouveau ses vocalises vertigineuses, son souffle inépuisable qui couvre trois octaves. L’atmosphère est lourde et menaçante dans Iphigénie en Aulide  de Gluck (1774), les cors lancinants suggèrent les ténèbres et les prémices du sacrifice. Un trio final  «Sciogli of Dio le sue catene » (Giovanni Paisiello, le compositeur préféré de Napoléon Bonaparte) rassemble les trois chanteuses applaudies avec force par une communauté de spectateurs ravis et un chef d’orchestre rayonnant.  Ah le soleil de Grèce, et la fascination de  ses mythes immortels qui ont façonné le capital culturel européen!  

Le lien de ce concert: http://www.bozar.be/activity.php?id=14292&selectiondate=2014-01-14

Notre prochain rendez-vous:

http://www.bozar.be/activity.php?id=13432

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 LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera
Ou comment sabrer le champagne avec panache!

A la guerre comme à la guerre! Bruxellois, si vous voulez un dépaysement courrez à Liège, à pied, à cheval ou en voiture, en train pourquoi pas (ils font une offre à 5 euros aller-retour pour les fêtes, renseignez-vous à la SNCB!) Pas de traîneaux, y pas de neige! C’est à deux pas de la place de la République ou de la rue Joffre, des noms qui ont des airs de France, on s’y croirait déjà ! Où donc? Mais à l’Opéra, c’est là où l’on fête avec brio liégeois, l’Esprit Français. On y mange aussi, et délicieusement de surcroît, dans un valeureux décor fraîchement rénové digne des salles Viennoises, pour un prix très doux.

12272980299?profile=originalChorégraphies aux reflets passé-présent, musique des folies parisiennes, parole franche et légère, parodie au premier et au second degré sont au rendez-vous. En effet le directeur général de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège qui est aussi metteur en scène, remet l’œuvre au goût du jour, Frères Taloche  à l’appui pour la mise en abyme, ou abîme, comme vous voudrez, (on accepte les deux orthographes…) Quoi ? Un vieil opéra bouffe du Sieur Offenbach qui signa en 1866 un œuvre sulfureuse à propos de la hiérarchie dictatoriale et de l’esprit belliqueux des va-t’en guerre de l’époque, dans la plus pure tradition de l’opéra-comique. Il veut retrouver le genre primitif et vrai d’une grande musique qui amuse et qui émeut, où c’est le public raillé qui le louange ! « Napoléon III et l’impératrice Eugénie, le tsar Alexandre II, le prince Bismarck, les rois du Portugal et de Suède, le vice-roi d’Egypte ou le prince de Galles se pressent aux premières représentations de cet opéra-bouffe! Et pourtant à l’époque nul ne sera dupe: ils sont la cible d’Offenbach. Lui seul pouvait réussir le tour de force d’être adulé par ceux dont il s’inspirait si cyniquement! »

Stefano Mazzonis di Pralafera a décidé de monter une « Grande-Duchesse de Gérolstein » (1867) revisitée, en réécrivant le texte dans le style de la téléréalité culinaire (si cela vous dit quelque chose, sinon, allez juger sur pièce !) Après la mise en bouche succulente des frères Talochenous pénétrons dans les grandes cuisines de la duchesse avec moultes tables roulantes et fourneaux étincelants, un âtre dans lequel rôtit un agneau, des serveuses en noir et blanc, des poêlons de cuivre, des bacs de bière sur roulettes. « Dansons, dansons, c’est la danse du cuistot » chante une joyeuse foule de bon-vivants à cœurs déployés. Décors astucieux de Jean-Guy Lecat. Parfois, oui on chante, on boit et on danse par nostalgie de la fin-de-siècle ou pour des années folles à venir! Pour conjurer la guerre! Quand tout est perdu, il vaut mieux… rire!

act_1_3.jpg?width=452Le chef Boum (un  Lionel Lhote très  convaincant) se rengorge: « Qu’il est bon d’être MOI! » Tout un programme ! Mais pour le plongeur Fritz (Sébastien Broy, pour la première fois sur la scène de l’OPRLW) et sa chère Wanda (qui n’a rien d’un poisson, l’exquise Sophie Junker) : « Au diable la consigne et vive l’amour !». La Dame duchesse est bien en émoi, car elle veut son Fritz ! En tailleur de brocard jaune la dame au p’tit chien promène son Pékinois ou ce qui en tient lieu avec des airs de Madonna. Patricia Fernandez est débordante d’« esprit » regorgeant de lascivité et de sensualité. Son désir rime avec empire, sa dictature élève et abaisse ses serviteurs, la loi est au fond de la voix. « Ah que j’aime les militaires! » entonne-t-elle avec légèreté ! On est à deux pas de la guerre de 1870. Et nous « fêtons » bientôt le centenaire de 14-18… cette guerre qui a changé définitivement la face du monde! Et nous regardons impuissants, les images de conflits qui sévissent d’un bout à l’autre de la planète…

Même si la duchesse peut tout acheter selon son bon plaisir, cette jeune domestique, la petite Wanda, lui porte vraiment sur les nerfs! Mais c’est l’histoire du Sabre qui soudain fait resurgir la voix de nos aïeuls dont l’enfance a été bercée par ces musique de la Belle Epoque « Voici le sabre ; voici le sabre tu vas le mettre à ton côté ! » Tout-à-fait ce que chantait mon grand-père s’exclame une sexagénaire, pendant la pause, il m’en souvient encore! Ici la parodie de la parodie rend le spectacle encore plus pétillant qu’au temps des crinolines! La maîtresse de la chorégraphie est Laurence Fanon qui valse spirituellement entre jeux d’amour et de massacre…   

12272981885?profile=original La réécriture est très adroite, entre sabre, plumeaux, panache, cocarde, toque et tire-bouchon. On est franchement menés joyeusement en bateau! Le vocabulaire culinaire et militaire filent le parfait amour ! Immanquablement il y aura une histoire de vengeance, puisque dame Jalousie se cache dans tous les couloirs! Mais sur le ton de la fantaisie,  précise la Grande Dame ! « Il faut qu'il tombe, sous nos coups! » rugissent les conjurés déconfits (Paul, Puck et Redbul)! Ah la perte de pouvoir, quel détestable affront! Il y a ce superbe ballet de préparation de la chambre nuptiale du jeune couple  avec une troupe de danseurs fascinants. La chambre des mariés sera tour à tour envahie par les vœux de bonheur nuptial de l'armée de danseurs et par les cris d’une foule guerrière : « Au fourneau, au fourneau ! Il faut aller vaincre ou mourir ! »

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  Il y a cette longue scène d’aveu pathétique où la duchesse s’adresse à Fritz pris au piège de son glorieux palace, et le supplie en cachant son identité : « Ah dites-lui que je l’aime et que je suis belle » ! Un air de nos aïeules ? Il y a les costumes inventifs de Jérôme Bourdin… Il y a cette finale de réalisme matérialiste : le bonheur est peut-être là, « quand on n’a pas ce que l’on aime, on aime ce que l’on a ! » Sagesse populaire, conclue par des folies bergères de Moulin ...Liégeois, tailles et couleurs de guêpes courte vêtues, très toniques qui vous donneront la frite! Il n’y a plus qu’à sabrer le champagne! Et joyeux centenaire à tous!

12272981283?profile=original(©Croisier)

LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera

Ou comment sabrer le champagne avec panache !

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              "Roméo et Juliette" de  Charles Gounod à l'Opéra Royal de Liège. Roméo et Juliette, Opéra en un prologue et cinq actes, Livret de Jules Barbier et Michel Carré d'après Shakespeare,  créé à Paris au Théâtre-Lyrique le 27 avril 1867

la-coupole.jpg?width=250Mise en scène
Arnaud Bernard
Décors et Costumes
Bruno Schwengl
Lumières
Patrick Méeüs
Maître d'armes
André Fridenbergs

Juliette
Annick Massis
Roméo
Aquiles Machado
Stephano / Benvolio
Maire-Laure Coenjaerts
Frère Laurent
Patrick Bolleire
Tybalt
Xavier Rouillon
Mercutio
Pierre Doyen
Le comte Capuletopera-royal-de-liege.jpg?width=250
Laurent Kubla
Gertrude
Christine Solhosse
Gregorio
Roger Joachim
Le Duc de Vérone
Patrick Delcourt
Le comte Pâris
Benoît Delvaux
  
Orchestre et Chœurs de L'Opéra Royal de Wallonie
Chef des chœurs
Marcel Seminara
Direction musicale
Patrick Davin

 Dans le silence pacifique d’un immense écran bleu, deux amoureux se dévorent de désir cependant que rugissent des batailles  de rues  de jeunes jouvenceaux armés d’épées, une victime est déjà au sol. L’Amour et la Haine sont en présence. Le prologue commence. Le très sensible Patrick Davin,  à la direction musicale de l’orchestre, préfigure déjà avec grande finesse toute la dramaturgie  de Roméo et Juliette, où se mêlent l’amour désarmant et pur, la sensualité, le tragique et les féroces rivalités ancestrales avides de sang.  Les combats reprennent de plus belle. Cymbales, cuivres tragiques, cris, il y a maintenant six victimes et la septième s’écroule sans vie tuée par un mort vivant. Le chœur bordé des pleurs de harpe soupire comme dans les tragédies antiques : «  Vérone vit jadis deux familles rivales, Les Montaigus, les Capulets, De leurs guerres sans fin, à toutes deux fatales, Ensanglanter le seuil de ses palais. »

On sait que le livret de Gounod est au plus proche de la pièce de Shakespeare, et cela fait grand plaisir. Les personnages auront une profonde authenticité sans aucun chiqué, Ils sont fabriqués avec le tissu même de la réalité et des émotions humaines. Dès son apparition, Juliette est flamboyante, spontanée et gaie comme la jeune Juliette adolescente. « Tout un monde enchanté semble naître à mes yeux! Tout me fête et m'enivre! Et mon âme ravie S'élance dans la vie Comme l'oiseau s'envole aux cieux! » Juliette vocalise sur la harpe comme un oiseau posé sur la branche. Son ariette joyeuse émeut : « Je veux vivre, Cette ivresse De jeunesse Ne dure, hélas! qu'un jour! Puis vient l'heure Où l'on pleure, Le cœur cède à l'amour Et le bonheur fuit sans retour. Ah! - Je veux vivre! » Elle respire longtemps la rose dans une dernière vocalise.  La voix parfaite d’Annick Massis rayonne d’amour et de douceur.   Après la tendre scène du balcon où elle envoie son mouchoir à Roméo, la scène  de la bénédiction nuptiale par  le frère Laurent émeut profondément par l’espoir infini et insensé qu’elle inspire et par sa  profonde simplicité.  Une scène qui revêt les  qualités du sacré : c’est le recueillement absolu. Le frère Laurent, notre préféré, Patrick Bolleire,  en impose par  une  voix fabuleusement grave,  des gestes et  une  stature paternelles. Au quatrième acte  Juliette est devenue une  femme déterminée et profonde et sa voix s’élargit, s’assombrit et intensifie ses aigus puissants.  

Le personnage de Roméo (Aquiles Machado) se montre jovial et naturel et ne sombre jamais dans le mélodrame à défaut d’incarner  physiquement un jeune  jouvenceau.  Heureux caractère, il reste   candidement  illuminé par l’amour  et en oublie de répondre aux insultes de Tybalt (un excellent Xavier Rouillon). Ce n’est que lorsque Mercutio (Pierre Doyen) expire et que le silence de mort se fait que Roméo ose laisser libre cours à sa colère, suite à  un prélude orchestral  particulièrement lugubre.  « Remonte au ciel, prudence infâme, Tybalt il n’est ici d’autre lâche que toi !»  C’est un  amoureux plein de lyrisme que nous  voyons  dans la scène du balcon « De grâce demeurez ! Effacez l’indigne trace de la main par un baiser!»  et il est très  touchant lorsqu’il tombe à genoux en chantant « laisse-moi renaître un autre que moi! » Deux très beaux  rôles principaux émergent également, celui de la nurse et celui du père de Juliette, sa mère ayant été passée aux oubliettes par Gounod.  Une truculente Gertrude incarnée par Christine Solhosse et le père par Laurent Kubla.   

La poésie du livret touche autant que la musique qui oscille entre drame et lyrisme. La mise en scène contribue beaucoup à un sentiment d’harmonie et d’équilibre entre l’intime et les scènes  spectaculaires épaulées par la présence dramatique des chœurs.  Hommes et femmes de la maison Capulet  soulignent de façon très vivante et graphique  toutes les scènes de violence. Les scènes de combat mortel et de double mise à mort dans une lumière incandescente semblent réglées par le destin lui-même. La scène où le duc (un auguste Patrick Delcour) rend justice est aussi très impressionnante.  

 Les costumes sont d’époque, le faste des palais de Vérone  est bien esquissé mais de façon très aérienne et sobre. La cellule de Frère Laurent est un  laboratoire d’alchimie  perdu dans l’immensité bleue. La chambre de Juliette qui accueille la nuit d’amour est à la fois  épurée et symbolique: la couche d’un blanc immaculé est entourée d’un lys dans un grand vase à gauche et un cierge à droite. Leur duo bouleversant (Nuit d’hyménée, douce nuit d’amour) se conclut par la phrase désespérée «Non ce n’est pas l’alouette, c’est le doux rossignol, confident de l’amour! » La scène de l’union de Juliette au comte Pâris devant les prêtres est aussi un tableau inoubliable. Cette scène ménage un lent et douloureux suspense  lorsque  les innocentes  petites demoiselles d’honneur déroulent le   triste voile nuptial  dans la magnificence dorée  de la  musique jouée  à l’orgue. « Une haine  est  le berceau de cet amour fatal, que le cercueil  soit mon lit nuptial. » chante Juliette avant de s’écrouler, une phrase  prémonitoire et déchirante qu’elle avait déjà chanté au début.  Et dans la lueur des bougies autour du tombeau qui a remplacé la couche de Juliette, c’est le souvenir poignant  de leur nuit d’amour qui les réunit dans la mort « non ce n’est pas l’alouette, c’est le doux rossignol … Seigneur, pardonne-nous! » Ils ont fui hors du monde. Hors d’atteinte de la haine.

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Regardez les photos: http://www.operaliege.be/fr/photos/romeo-et-juliette-acte-ii-0

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12272802088?profile=original            L'ORCHESTRE NATIONAL DE BELGIQUE 

DIMANCHE 20.10.2013 15: 00

Andrey Boreyko direction - Mateusz Borowiak piano - Orchestre National de Belgique
Alexandre Tansman, Stèle in memoriam Igor Stravinsky
Franz Liszt, Concerto pour piano et orchestre n° 2, S. 125 
 Igor Stravinsky, L'oiseau de feu, suite (1945)

L’Orchestre National de Belgique sous la baguette lyrique d’Andrey Boreyko va nous faire découvrir ce soir le monde mystérieux de la musique d’ALEXANDRE TANSMAN  avec Stèle IN MEMORIAM IGOR STRAVINSKY, une musique composée à l’annonce de  la disparition de son fidèle ami. On se sent particulièrement plongés dans la tristesse et le recueillement  lors des deux mouvements lents qui encadrent la séquence rapide Studio ritmico. On croirait même entendre flotter dans la mémoire des  lignes mélodiques qui ressemblent au Sacre du Printemps dans l’Elégie et  le Lamento final. Après des gémissements plaintifs  et le hoquet très perceptible à travers des larmes difficilement contenues du premier mouvement, la stèle centrale  très rythmée par une armée de percussions semble traduire la révolte devant la mort. C’est un déchaînement de colère, l’émergence d’un piccolo guerrier, l’angoisse d’une chute sans fin au fond d’un gouffre désastreux et le Silence. Le Lamento met en lumière des cuivres pacifiés, une flûte traversière sur fond de pizzicati, les perles sonores du celesta et les longs bercements sur une mesure invariable de tutti. Apaisement ou résignation? Un très bel A Dieu.

 


Et voici le très attendu Mateusz Borowiak, le troisième lauréat du Concours Reine Elisabeth  qui nous a tant séduits par sa maîtrise, son élégance, sa finesse d’interprétation et sa créativité. Il va jouer  le CONCERTO POUR PIANO ET ORCHESTRE N°2 DE LISZT.  Les sons fruités des bois sont repris immédiatement avec grand respect  par le pianiste, l’âme au bout des doigts. Rupture de rythme, et le voilà qui plonge dans le plaisir pianistique. C’est ce qu’on aime : ce transfert impalpable d’enthousiasme. Andrei Boreyko le suit dans sa manière d’embrocher le drame lourdement scandé par les contrebasses. L’orchestre reflète une angoisse paroxystique ? Le pianiste en rajoute puis se confond en extrême délicatesse. Des bruits d’eau, l’orchestre répond en vagues. S’en suit un dialogue émouvant avec le violoncelle qui flirte avec l’angélisme. La cadence rassemble tout ce qui peut traduire les douleurs de la condition humaine. Mais une victoire sur les angoisses semble poindre à grand renfort de trompettes lumineuses. Le piano : un orchestre dans l’orchestre ? A nouveau il est la proie de frayeurs imaginaires très communicatives. Il revient sur le thème chargé de l’imperfection humaine, livre une ritournelle de détresse qui se noie dans le chant des cordes. Mais la fin, neverending story, est la victoire sur l’obscur. L’éclatement des maillets, des archets, des cuivres et du clavier frénétique en témoignent.  Acclamé, il offre un bis  empreint d’élégance. (On le savait !) Ludique et changeant comme un ciel d’avril. C’est une valse de Chopin, his homeland.

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« Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler » (René Char) Cet « oiseau libre aux ailes légères et bienveillantes » est celui de la poésie. On le retrouve en  dernière partie du concert avec LA SUITE DE 1945 DE L’OISEAU DE FEU d’ IGOR  STRAVINSKY. Andrei Boreyko nous gratifie ici d’une lecture très lumineuse de l’œuvre et d’une  direction fluide et précise. Sa mobilité et la précision de sa gestique sont fascinantes, il est totalement maître de l’instantané et du fantastique qui semble ruisseler de toutes parts. Chaque pupitre se détache avec précision : le  cor (le prince Ivan Tsarévitch),  la flûte traversière,  la harpe, le violon sont  une féerie ininterrompue de dynamiques très contrastées. Le mouvement évoque la danse et ses voiles de princesses. Le pas de deux, un bijou étincelant  d’harmonie magique.  L’influence de Rimsky Korsakov et  de son folklore russe  sur le compositeur est bien savoureuse à goûter. Le maléfique et le lumineux s’opposent dans les chromatismes. Le chef d’orchestre dégage une netteté de haute définition et une force redoutable dans la danse infernale du roi Kachteï. C’est incisif, irrégulier et fracassant. Puis le chant du basson émeut profondément ainsi que les longs frémissements de la harpe, du hautbois et de l'alto: on baigne dans une atmosphère lyrique qui a pour but d’endormir les monstres qui voulaient détruire Ivan Tsarévitch. Mission accomplie, l’hymne final chante les fiançailles des amoureux réunis, de l’amour et de l’allégresse d’une Russie joyeuse.

" Et dans mes rêves je me vois chevauchant un loup
Le long d'un sentier dans une forêt,
Parti combattre un tsar sorcier
Dans ce pays où une princesse captive
Se lamente derrière des murs épais.
Au milieu d'un jardin merveilleux s'élève un palais de verre,
Et un oiseau de feu y chante toute la nuit
Becquetant sur un arbre des fruits dorés". Iakov Polonski (1819-1898)

12272971286?profile=originalhttp://www.bozar.be/activity.php?id=13149&selectiondate=2013-10-20

http://www.artrusse.ca/contes/l'oiseau-de-feu.htm

 

 

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Igor Stravinsky - Concerto "Dumbarton Oaks" et Septuor - et Beethoven - Concertos pour piano n ° 2 et n ° 4 - avec Leif Ove Andsnes  au piano et à la direction d’orchestre

images?q=tbn:ANd9GcQUN8BkzUxBWHgDlcQ7aQIWQUButaGnKe9NWEqDQTuVtAKz-RThNw&width=264« Pour le New York Times, Leif Ove Andsnes est « un pianiste d’une élégance, d’une puissance et d’une intelligence exceptionnelles ». Avec sa technique magistrale et ses interprétations pénétrantes, le célèbre pianiste norvégien triomphe dans le monde entier, considéré comme « l’un des musiciens les plus doués de sa génération » par le Wall Street Journal. Il donne des récitals et joue des concertos dans les plus grandes salles de concert au monde, avec les plus prestigieux orchestres. »  Hier soir,  la collaboration du norvégien Leif Ove Andsnes avec le Mahler Chamber Orchestra lors du concert  donné au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles  était  du véritable or musical. Jeune et enthousiaste,  Leif Ove Andsnes est en train d’éditer l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven dans  un cycle intitulé « Le Voyage Beethoven ». L’œuvre  de sa vie?  Joués au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en novembre dernier les Concertos n° 1 et 3 sont déjà  édités chez Sony, loués par la critique et récompensés par le prix Caecilia de l’Union de la presse musicale belge 2012. « La musique de Beethoven est pour moi la musique la plus humaine et la plus spirituelle qui soit. Beethoven pensait que changer le monde est possible et que la musique est vérité. Cela me touche profondément. »

 Le silence qui précède les premières notes du concerto pour piano N°2 est éloquent. Le Mahler Chamber Orchestra est tout de suite  envoûtant par sa présence musicale   et   Andsnes fascine par la façon souple et onctueuse qu’il a de diriger depuis son clavier dont il a orienté la face avant vers  le public. Le couvercle s’est évidemment envolé.  Il s’agit d’une vraie cérémonie musicale élégante et fluide qui fait jaillir l’harmonie du cœur de l’homme et de son instrument et vient envahir les auditeurs de  bonheur. L’alternance  du jeu pianistique et de la   gestuelle de direction d’une délicate précision est une source ininterrompue de découvertes. On est pris dans une sorte de spirale musicale fascinante. Gestes  ou clavier? On s’empresse de ne jamais quitter l’artiste des yeux bien qu’il tourne le dos. On est suspendus dans les aller-retours passionnés entre les deux instruments : l’orchestre et le clavier. Il manie les deux, les  mariant sans relâche à la manière d’un magicien.  De plus,  l’accord entre le pianiste et les différents pupitres a quelque chose de  sacré: on ressent un réel flux musical.  Leur  fascination mutuelle est  surprenante  et engendre l’élan musical inédit qui fait vivre la musique de Beethoven.

 Comment l’orchestre fait-il pour rebondir avec tant de moelleux, en ce qui semble  une seule note, lorsqu’il qui semble cueillir au vol les phrases émouvantes du pianiste dans le concerto pour piano N° 4 ? Dans  le premier mouvement, le pianiste  a plongé  tout de suite dans la romance la plus  tendre puis le  thème a été repris joyeusement par  l’orchestre. On respire la pureté de vents, le souffle et la puissance de l’orchestre, la largeur des champs musicaux et on se fait effleurer par des chutes de pétales de fleurs légères dont on ne sait d’où elles viennent. Émotions en cascades : les cadences de l’interprète  sont  autant de  concerts en soi. L’orchestre  cloué par l’émotion ne semble pas décidé à reprendre l’archet, tant c’est intense et beau. Puis c’est la reprise de parfums voluptueux. Le pianiste joue sur les sommets de la virtuosité sans perdre la moindre plume… de cygne, tant c’est à la fois léger et palpable en même temps. On découvre des scintillements aquatiques, des miroitements et la propagation de l’onde en larges cercles autour du piano. On vit ce concert de manière presque physique. Les mains du pianiste n’arrêtent pas de jouer même lorsque le piano se tait. Leif Ove Andsnes entretient toutes les fulgurances, les violoncelles passionnés, les vents plein de caractère dans les duos de hautbois et de bassons,  l’ambre des altos et les percussions triomphales.  Dans le finale, c’est le triomphe de la beauté de l’émotion humaine.

Ainsi, Beethoven semble avoir pris le dessus dans le cœur des spectateurs lors de ce concert inoubliable. Mais les œuvres de Stravinsky,  le Concerto "Dumbarton Oaks" pour orchestre de chambre en mi bémol majeur et le   Septuor ont produit un paysage musical très évocateur. La taille de l’orchestre réduite, comme elle devait l’être dans la splendide propriété de Dumbarton Oaks (Washington DC)  aux Etats-Unis  en 1938 a permis de singulariser la beauté de chaque instrument, comme si tout à coup un dieu se penchait sur les musiciens qui jouent debout et les observait à la loupe! On pense … à Jean-Sébastien Bach pour la partie fuguée. Ce concerto fut commandé par un couple de mécènes, Mildred and Robert Wood Bliss pour leur trentième anniversaire de mariage. De l’aveu même du compositeur : « c’est un petit concerto dans le style Brandebourgeois! » qui, ruisselant de sonorités farceuses, se termine par une sorte de marche nuptiale pleine de sève musicale célébrant les bonheurs infiniment petits.  Le  plaisir musical et la curiosité étaient aussi bien au rendez-vous dans le Septuor aux sonorités de flammes dansantes (créé en 1954, chez les mêmes mécènes). Mais c'est Beethoven qui  a ravi les auditeurs, eux  qui croyaient connaitre  tous ses concertos par cœur!

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Jérôme Correas direction - Salomé Haller soprano - Mélodie Ruvio mezzo - Jean-François Lombard ténor - Thibaut Lenaerts ténor - Jean-Christophe Fillol baryton - Les Paladins , Chœur de Chambre de Namur

Georg Friedrich Händel  Ouverture "Il pastor fido", Ode for the birthday of Queen Anne, HWV 74, Te Deum, "Utrecht", HWV 278, Jubilate, HWV 279

En 1713 prenait fin la guerre de succession d’Espagne, avec la signature du célèbre Traité d’Utrecht. Pour la première fois en Europe, un conflit s’achève à une table de négociations et non sur un champ de bataille ! Créé en juillet de la même année à la Cathédrale Saint-Paul de Londres, le Te Deum de Händel est une œuvre festive destinée à célébrer l’événement. Le Chœur de Chambre de Namur et Les Paladins de Jérôme Correas se donnent rendez-vous sur la scène du conservatoire pour lui rendre vie.

Fondé en 1987, le Chœur de Chambre de Namur est maintenant l’un des chœurs européens de référence.  Sur 25 ans, celui-ci a eu l’occasion de tisser de nombreuses collaborations internationales et d’éditer de nombreux enregistrements. Des directeurs artistiques de très grande qualité - Pierre Cao, Jean Tubéry, Leonardo García Alarcón - se sont succédés à la direction artistique de cet ensemble qui fête cette année ses 25 ans d’existence. C’est dans le cadre, hélas vétuste du Conservatoire Royal de Belgique, que nous avons pu les écouter en live ce 25 septembre dernier. 

12272965479?profile=originalLa soirée débute sous les meilleurs auspices avec l’ouverture de « l pastor Fido » HWV8 composée en 1712, deuxième opéra composé par Haendel à l'intention du public britannique, alors qu’il avait moins de trente ans. Une ouverture à six voix, où  le clavecin cède la place à l’orgue … qui met en place  prestance et lumière. L’aréopage des cordes se fait discret pour mieux mettre en valeur les flûtes joyeuses. La direction d’orchestre est assumée, directe et généreuse. Voilà le décor bien  planté par un homme, Leonardo Garcia Alarcon que la musique d’Haendel inspire.

12272965671?profile=originalVient ensuite l’ «  Ode  for the Birthday of Queen Anne » HWV 74, écrit l’année suivante pour célébrer l’anniversaire de la reine l’année de  la paix d’Utrecht  (1713), une paix négociée mettant fin à la guerre de succession d’Espagne. « Eternal » long et appuyé dans  « Eternal Source of Light Divine »  invite dans l’espace divin….  Celui d’une reine adorée qui a octroyé à Haendel un accueil et un soutien chaleureux. La voix de Jean-François LOMBARD, contre-ténor séduit d’emblée, à la fois aérienne et résonnante. Cette voix a ce qu’il faut d’humour et la diction est impeccable. Elle affirmera tout au long du concert,  la puissance  de son inspiration et le naturel de son phrasé. Thibaut LENAERTS , le ténor séduit lui aussi par ses timbres justes et corsés, juste ce qu’il faut.  Dans le numéro 7  de l’œuvre, on croit reconnaître un numéro qui se glissera quelque part dans le Messie, l’un des « réemplois habituels » à cette époque où l’on pratiquait largement l’autocitation. Le chœur déploie dès le début une belle vigueur alors qu’il est réduit à un très petit nombre de choristes. A continuer le voyage, on  pourrait se sentir transporté à une Candlemass dans une cathédrale, et  pourquoi pas dans un autre siècle à St Paul’s, pour écouter une musique fastueuse. Mais ici on a l’avantage de profiter  d’une palette de couleurs très  diversifiées ne négligeant aucune nuance.  La soprano, Salomé HALLER chanteuse d'opéras et d'oratorios française est peut-être un peu mois convaincante par son timbre légèrement aigre. Elle compense par une posture royale et un sourire mi-enjôleur, mi-altier. On lui préfère dans son  duet par exemple, la contre-alto Mélodie RUVIO,   qui  fournit  des  tonalités moins superficielles. Mélodie Ruvio ne cherche pas à briller mais  ses couleurs  discrètes sont  bien définies. Quant à  l’intervention de Jean - Christophe FILLOL, elle rallie entièrement le spectateur au mystère de Haendel. De puissantes vocalises sur les sons « a » profonds de l’anglais ont tout pour plaire. Il y a de l’intensité émotionnelle, un timbre glorieux et engagé, une richesse et une diversité.

12272965891?profile=originalLa programmation de la soirée est bâtie en  crescendo pour culminer dans le « Jubilate »  et cela aide progressivement  au lâcher-prise et à l’union avec la musique. Dès que l’on se trouve dans le « Te Deum d’Utrecht »  HWV 278, tout concourt à faire monter les larmes aux yeux. Il y a cette qualité spirituelle qui a envahi le Conservatoire, effacé les murs et les craquelures et invite au mystère. C’est le temps d’une synthèse intime de l’être  avec une aspiration spirituelle vers ce qui  gouverne notre univers. On est dans cet espace qui relie la terre et le ciel, un espace de lumière sonore, multiple et mystérieuse. Ce que l’on pourrait nommer la vérité d’Haendel. Hasard ou foi ? On ne sait, mais c’est très émouvant, très humain  et sublime à la fois.  Le Numéro 6 « Oh Lord, Save thy people » est d’une humilité  immense avec des pianissimos extrêmes contrastant avec le « Day by day, we magnify thee ! » victorieux et étincelant. La prière finale est palpitante. Les choristes sont partis se rassoir, le visage auréolé d’émotion profonde. Ce sont  les rayons mordorés des violons et violoncelles qui ferment la marche.

12272966697?profile=originalDans le « Jubilate » HWV 279 les instrumentistes affichent  un plaisir évident de jouer et  la première violoniste boit le chef d’orchestre des yeux. Il conduit avec sérénité et souplesse, jette les trompettes dans la joie, cisèle chaque pupitre qui vibre comme s’ils étaient cent. Les changements de solistes se font avec douceur feutrée et la musique est enveloppante. Le chœur a des interventions précises et naturelles, chaque pupitre instrumental prend la parole et le clavecin cède la place à l’orgue pour soutenir les voix. On est presque devant un ballet d’ondes musicales à la recherche de l’harmonie. Celle-ci éclate majestueusement dans les mots « from generation to generation.» Les violons jouent aux échos et les sonorités rejoignent  l’infiniment petit. La construction de la finale met en vedette le chœur, les trompettes exultent. Des accords vibrants de violoncelles et contrebasses se mêlent à l’orgue pour souligner la fidélité profonde au Créateur. C’est très beau et sculptural. Esprit divin  et Passion humaine semblent s’être rejoints. Les spectateurs s’empressent d’applaudir cet ensemble qui s’est donné avec tant de sincérité musicale et s’est retrouvé à la fête en offrant au public  un ultime bis jubilatoire.

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                                                                                      Les Paladins

 

Jérôme Correas, direction

&

Le Choeur de Chambre de Namur

Leonardo Garcia Alarcon, direction

Solistes

Salomé HALLER, soprano

Mélodie RUVIO, contralto

Jean - François LOMBARD, ténor

Thibaut LENAERTS, ténor

Jean - Christophe FILLOL, baryton

Orchestre

Juliette ROUMAILHAC, violon solo

Juliana VELASCO,

Jonathan NUBEL,

Diana LEE PLANES, violons 1

Marion KORKMAZ,

Charles - Etienne MARCHAND,

Patrick OLIVA,

Clara MÜHLETHALER, violons 2

Sylvestre VERGEZ,

Benoît BURSZTEJN,

Diane DUBON, altos

Nicolas CRNJANSKI,

Julien HAINSWORTH,

Pascale CLEMENT, violoncelles

Franck RATAJCZYK, contrebasse

Adrien MABIRE,

Alejandro SANDLER, trompettes

Timothée OUDINOT,

Nathalie PETIBON, hautbois

Nicolas POUYANNE, basson

Brice SAILLY, clavecin & orgue

Jérôme CORREAS, direction

http://www.bozar.be/activity.php?id=13245

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administrateur théâtres
De la  lumineuse intériorité et de l’amour de la liberté.... 
En 1670, pour la première représentation devant le roi du "Bourgeois Gentilhomme",Lully composait avec Molière une comédie-ballet incluant une cérémonie turque avec les Récits  du Muphti, son Dialogue du Muphti et des Turcs, son Chœur des Turcs, des airs  pour donner le turban, pour les coups de sabre, et celui pour les coups de bâton... Cette démarche permettait de donner cours aux  fantasmes et craintes mêlées d’admiration pour un Orient imaginaire  mais surtout de critiquer indirectement la cour de Versailles.  Dans les "Fourberies de Scapin" (1671), Molière fait inventer par le rusé valet, afin de soutirer 1 500 écus à un  Géronte borné et avare - une histoire de rançon et d'enlèvement sur une  galère turque ... l'une des grandes frayeurs du voyageur européen en Méditerranée! "Mais que diable allait-il faire à cette galère ! Ah ! maudite galère ! Traître de Turc !"  Les Turqueries ? Au XVIIIe siècle  avec la publication des «Lettres persannes» par Montesquieu en 1721, cette mode fait toujours fureur en Europe. Jouée pour la première fois en 1782 au Burgtheater de Vienne, voici une "Turquerie" magnifique mise en musique par un jeune Mozart de 26 ans sur un  livret de J. Gottlieb Stéphanie d’après la pièce de Christoph Friederich Bretzner.  
 
C’est le  premier opéra allemand. Six personnages. Konstanze, Blondchen, Belmonte et Pedrillo font naufrage sur les côtes de Turquie. Face à eux, Osmin, terrible et cruel qui voulait :" ...faire griller les chiens qui nous ont indignement trompés. ...d'abord décapités, puis pendus, puis empalés, sur un pieu brûlant, puis brûlés, ensuite attachés et noyés; enfin écorchés." (Rires intérieurs !) Mais il y a aussi Bassa Selim, magnanime, refusant la vengeance et donnant ainsi une grande leçon de tolérance tant revendiquée par l'Europe du XVIIIème, et dont Mozart prend un turc comme symbole!
 

 Basé sur un fait divers réel, l’affaire de «L’enlèvement du sérail » aurait été un complot artistique et musical commandé au jeune Mozart par Joseph II. La culture au service de la politique … rien de nouveau! Le personnage turc devait avoir une image de souverain magnanime… L’empereur très  mélomane souhaitait que l’œuvre parvienne aux oreilles du grand Calife et ainsi endormir sa méfiance par la flatterie.   De son côté, en s’alliant avec la Russie, Joseph II  rêvait  de démembrer l’Empire Ottoman… De plus, cette œuvre devait encourager l’identité nationale par la création d’un opéra allemand à côté de l’omniprésence italienne. « Die Entführung aus dem Serail » est en effet  le premier opéra en langue allemande, dans l’esprit du singspiel, une forme nouvellement créée alternant les  parties chantées et parlées. Le rôle du Pacha Selim est d’ailleurs exclusivement parlé. Mais Mozart, uni à  Joseph II par l’idéal éclairé, voyait en ce personnage le prototype de l’homme des lumières. Lorsque Selim (Markus Merz) personnage de grande densité humaine voit son autorité s’écrouler devant la force de ses sentiments, il devient capable de dominer sa colère et  capable d’offrir le pardon, libérant sa belle captive et renvoyant chez eux le couple d’amoureux. Il donne une leçon de morale très forte : « Ainsi pourras-tu dire que réparer par des bienfaits une injustice subie est une joie bien plus grande que de rendre le mal pour le mal ».  Ainsi, quand on aime, le bonheur de l’autre n’est-il pas le plus important ?

A notre époque,  cette œuvre présentée  à l’Opéra de Liège en 2013 est encore toujours aussi fraîche même si les turqueries n’ont plus le même attrait. Ici c’est l’intemporalité du propos qui prime.  Les  magnifiques héros mozartiens Konstanze et Selim  donnent tous deux  à réfléchir sur  la figure  de l’homme idéal, sa morale et  sur sa place dans  le monde. Mais le ton est léger: l’amusement et le comique sont omniprésents dans le personnage d’Osmin. Les péripéties sont nombreuses et font alterner scènes comiques,  déclarations de tendresse, passages où la jalousie jette son ombre orageuse et coup de théâtre.  On se laisse gagner par la connivence  entre  maître et valet, entre la  dame et sa suivante, l’amour bon teint entre Pedrillo et  Blondchen. On voyage avec délices dans  les détours  imaginaires  du sérail et ceux de la  psychologie raffinée des personnages. L’étude psychologique des deux femmes  est particulièrement intéressante et fine.  Séparée de son fiancé par la mer, seule et désespérée, Kontanze chante sa douleur mélancolique. Oppressée par les insistances du Pacha elle se pose en vierge martyre prête à défier la mort si elle est forcée de se plier à son bon plaisir. Amoureuse, elle l’est,  de son fiancé mais cela n’exclut pas  une admiration croissante pour  la beauté de l’esprit et l’amour passionné et désintéressé  de son geôlier… Sous les yeux ahuris du gardien Osmin dont le monde est en train de s’écrouler, on découvre aussi une approche féministe naissante où s’oppose  la femme sous ses voiles devant obéissance absolue à son seigneur et maître et la femme libérée anglaise représentée par Blondchen qui ne ménage ni ses paroles ni son jeu théâtral. Maria Grazia Schiavo dans le rôle de Konstanze et Elizabeth Bailey (Blondchen), regorgent toutes deux  de talent pour escalader les aigus escarpés, plonger dans les sentiments profonds, faire chavirer le spectateur dans l’émotion et assurer une continuité dramatique à peine interrompue par les applaudissements des spectateurs.  

La direction musicale est assurée par Christophe Rousset, fondateur de l’ensemble Les talens lyriques jouant sur instruments d’époque et claveciniste de renommée internationale. Chef d’orchestre très  inspiré il nous  a offert une présentation aérienne et authentique de l’œuvre avec des pupitres bien campés, des allusions orientales bien marquées, non dénuées d’humour. Mais à tout moment les voix chantées étaient soulignées merveilleusement par un orchestre très complice, faisant jaillir le trouble des  sentiments des personnages et la sagesse lumineuse envisagée par Mozart.

 Alfredo Arias signe une mise en scène intense et poétique visant l’essentiel. Celle de l’intériorité des personnages, un palais renversé où flottent les sentiments. Mais aussi des bassins où la main de Konstanze joue avec l’eau. Le metteur en scène fait jouer devant et derrière un rideau de tempête marine et sentimentale, fait passer un navire mythique lumineux porteur de l’espoir et de son évanouissement. Il travaille l’endroit, l’envers et le renversement du décor. Une porte à gauche et une à droite permettent les entrées sur scène mais le reste c’est le passage récurrent entre le réel et l’imaginaire.   Il est en cela fort aidé par les décors de Roberto Platé qui donnent l’impression par le plongeon du décor inversé que c’est l’œil de Dieu qui considère les ébats des hommes sur terre. Et le spectateur est invité à la même lorgnette divine. De face on contemple le ciel et sa lumière capturés dans un  immense tableau de maître. Des costumes fluides qui épousent les moindres émotions et un magnifique chœur juvénile qui bouge  avec lenteur dans une très belle chorégraphie pacifique  sous la direction de Marcel Seminara. Ils sont tous  vêtus de noirs habits de cérémonie et  représentent la fidélité des  janissaires à leur souverain calife. Pour en revenir aux voix masculines, le rude Osmin (Franz Hawlata) et le romantique Belmonte (Wesley Rogers, loué dans la presse pour l’excellence ses personnages mozartiens)  déclenchent  des applaudissements frénétiques à la tombée du rideau. On retrouvera Franz Hawlata en janvier sur la même scène dans « Fidelio ». Avant de rejoindre la France, ce spectacle féerique passe le dimanche 10 novembre (16h) par le Palais des Beaux-Arts de Charleroi. Il a été enregisté par Culturebox le 31 octobre 2013.

 

Voici le lien pour revoir l'intégralité du spectacle: http://culturebox.francetvinfo.fr/lenlevement-au-serail-de-mozart-a-lopera-royal-de-wallonie-143447 

 Metteur en scène : Alfredo Arias, Orchestre et Choeurs de l’Opéra Royal de Wallonie        Konstanze : Maria Grazia Schiavo | Belmonte : Wesley Rogers | Osmin : Franz Hawlata   | Blondchen : Elizabeth Bailey |  Pedrillo : Jeff Martin | Bassa Selim : Markus Merz     Production: Oxymore / Jim & Jules / Opéra Royal de Wallonie Coproduction : Opéra royal de Wallonie / Opéra de Montpellier / Angers Nantes Lumières: Jacques Rouveyrollis Costumes: Adeline André  Direction musicale: Christophe Rousset Chef des choeurs: Marcel Seminara

 http://www.operaliege.be/fr

  http://www.pba.be/

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administrateur théâtres

Koninklijk Concertgebouworkest direction Daniel Harding
Soprano: Emily Magee

Anton Webern, Sechs Stücke, op. 6
Richard Strauss, Vier letzte Lieder
Robert Schumann, Symphonie n° 2, op. 61

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L’Orchestre royal du Concertgebouw qui fête cette année ses 25 ans est régulièrement cité comme l'un des meilleurs du monde. Une foule enthousiaste se pressait donc aux portes des Beaux-Arts ce soir pour entendre cet orchestre prestigieux conduit depuis de nombreuses années  par son jeune chef invité,  Daniel Harding. Il est anglais et  n’a que 38 ans. Les sonorités subtiles des  Six Pièces pour orchestre, op 6 (1909, révisé en 1928) d’Anton Webern commencent par des vents très harmonieux, des frémissements de cordes et les stridences dynamiques des cuivres et percussions. Une musique aux couleurs extraordinaires.  Le chef soudain dirige quelque chose de presque inaudible… le presque silence! Seule la gestique se remarque.  Surgissent alors les très beaux timbres des flûtes, hautbois et clarinettes aux teintes lugubres. Une flûte presque macabre se détache sur un fond de cors qui jouent les gongs chinois. Et encore ces silences ombrés de tremblements furtifs. Par contre, les notes lancinantes des trombones, le grésillement des timbales débouchent sur des percussions effarantes. Célesta, cloches-plaques concertent parmi des bois très fruités et un piccolo charmeur.  Chaque instrument se livre à des Om̐s puissants qui se terminent en murmures, chacun selon sa couleur. Puis des duos de notes fusent de tous les pupitres avant que le premier violon ne lâche un ultime arpège descendant.  Les trompettes étouffées égrènent les quelques pulsations d’un cœur à son dernier soupir. La salle rendue muette d’admiration.  
 
Etait-ce le lien voulu pour créer une atmosphère de concentration et d’ouverture sur l’imaginaire ?  Voici la soprano américaine Emily Magee sur scène. Un port de reine, une  somptueuse entrée en matière : ondoyante, la cantatrice fixe un horizon lointain au-delà de la salle et semble boire une coupe de tristesse. Elle chantera les Vier letzte Lieder de Richard Strauss (1948).  Früling, un poème de Joseph von Eichendorff surprend  peut-être par sa robustesse, puis on se laisse porter par September, un poème de Herman Hesse. C’est l’adéquation parfaite du chant et des paroles : « Langsam tut er die grossen müdgewordenen Auuuuugen zu ». Cette tendre et puissante  berceuse  est soulignée à la fin  par les  bassons et cordes qui dessinent le calme d’un  repos tranquille. « Beim Schlafengehen » est introduit par des contrebasses voluptueuses. Au centre de la pièce: un splendide solo du violon qui fuse parmi les cordes et à la fin, de purs accents poétiques qui achèvent le lied comme la queue d’une comète. Adéquation parfaite du chant et de l’orchestre. Entre ses fulgurances automnales et ses ombres enveloppantes, Emily Magee est tout un orchestre à elle seule.  Dans Im Abendrot, toujours de Herman Hesse, on voir surgir  deux  frêles alouettes, dans le mystère de l’immensité «  Es dunkelt schon die Luft, zwei Lerchen nur noch steigen, nachträumend in den Duft ». C’est l’ultime et poignant Adieu à la vie. « Wie sind wir wandermüde… quelle allitération ! Ist dies, orchestre, etwa, orchestre, die Tod ? » La chanteuse se laisse porter par la musique finissante comme une jonque qui disparaîtrait dans la nuit. Encore quelques gouttes lumineuses très tenues des cuivres et des larmes de picolo. On ne s’attendait pas à une telle archéologie de sentiments. C’est l’amour qui revient en bis avec  le profond ravissement de «Und morgen wird die Sonne wieder scheinen», brodé par  la  harpe et  Liviu Prunaru, le merveilleux violoniste.  12272960859?profile=original

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Après la pause  c’est au tour de  la Deuxième Symphonie en do majeur op 61 de Schumann (1845-1846) d’achever de nous séduire. Schumann a composé sa Deuxième Symphonie, tandis qu'il connaissait des problèmes nerveux, et décrit le travail comme un souvenir d'une période sombre de sa vie. Il dit lui-même que le spectateur pourra ressentir sa remontée vers la lumière.   La souffrance est  sublimée par des sonorités qui cueillent à la fois  les pulsions destructrices  et  le retour triomphant  à la vie.  On retient l’incandescence des hautbois et clarinettes qui ont rejoint les violons dans l’Adagio espressivo,  les sonneries des cuivres,  des percussions craquantes. Les tempi soulignent avec grande justesse les bourrasques des fanfares et la lente introduction méditative du départ répétée après le scherzo puis au dernier mouvement. Les volutes émouvantes des bassons sont-elle une recherche de bonheur ?  C’est un temps suspendu qui plane dans l’œuvre avec  ce mystérieux  choral piqué comme une fleur à la boutonnière. Des ondes de douceur viennent mourir avant l’attaque fulgurante du dernier mouvement.   L’enthousiasme musical de l’orchestre  est tel que la prestation se passerait presque de chef.  Celui-ci est ardent, peu démonstratif mais partout à la fois, créant un bel équilibre des plans,  diffusant  une dynamique exceptionnelle.  Si l’œuvre sonne  aussi merveilleusement, est-ce par la diversité de ses climats,  par  la concentration extrême, les gestes élastiques, vifs et précis du dirigeant  ou le jeu inspiré et aéré des instrumentistes? L’ensemble donne en tout cas un sentiment d’apothéose après des souffrances profondes.

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http://www.bozar.be/activity.php?id=13116&selectiondate=2013-10-19

 

 

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Critique littéraire reçue sur toutelaculture.com :

Ce recueil de poésie aborde des thèmes très variés: voyage, famille, temps, mort, musique, fêtes, engagements sur le ton de la confidence. Les sentiments de l’auteur se dévoilent en douceur dans ses textes tout comme dans sa peinture de couverture.

Hélène Rollinde de Beaumont est une artiste peintre et auteur passionnée, si passionnée même qu’elle crée sa propre maison d’édition en février 2012 pour mieux concrétiser ses rêves. Les Plumes d’Ocris comptent déjà un nombre d’ouvrages conséquent: 22 livres en quelques mois dans les domaines de la poésie, du conte, de la nouvelle et du roman. Illustratrice et peintre féerique, éditrice engagée, Hélène Rollinde de Beaumont nous offre aussi avec ce beau recueil une poésie vivante, sensible et évocatrice de multiples images, qui ne laissera personne indifférent. Le poème « Toi et moi’, texte primé dans la section poésie classique, a reçu le prix littéraire Albert Barbeaux Charles Bourgeois 2012.

La plupart des auteurs contemporains s’expriment en vers libres, c’est avec liberté qu’Hélène Rollinde de Beaumont a choisi le registre classique, pratiquant l’alexandrin avec une aisance déconcertante. De belles expressions comme « tombeau d’or et de lumière » restent en mémoire après la lecture. C’est avec délices que nous plongeons dans ces textes pleins de beauté et de simplicité, nous immergeant dans le monde de l’auteur qui nous fait partager ses émotions. Une ode à l’amour, à la joie de vivre quelles que soient les épreuves. A découvrir aussi Eclats d’âmes, l’autre recueil de poésie de l’auteur publié aux Plumes d’Ocris. De la poésie accessible à tous les lecteurs enfin.

Pour se procurer l'ouvrage : http://www.editionsplumesdocris.fr/Pages-auteurs/helene-de-beaumont-2.html

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administrateur théâtres

Orchestra Mozart: fabulous concert @Bozar (29/09/2013)

 

Bernard Haitink conductor - Maria João Pires piano -  Orchestra Mozart
Ludwig van Beethoven Leonore II, Ouvertüre, Concerto for piano and orchestra no. 2, op. 19, Symphony no. 4, op. 60

Est-ce la déception de ne pas avoir pu écouter le chef italien mythique Claudio Abbado qui nous a retenus pour ne pas commenter  dès le lendemain ce très beau concert donné le  29 septembre dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles?  Certes non, c’est la beauté du concert qui a comme suspendu le temps. 

 12272955859?profile=originalQuittant la vision d’un ciel enluminé de rose flirtant encore avec l’été, on se précipitait ce jour-là dans une salle Henry le Bœuf très remplie. Claudio Abbado, le prestigieux chef italien qui vient de fêter ses 80 ans,  fit ses débuts en 1960 à la Scala de Milan, avant de devenir son directeur musical de 1968 à 1986. De 1986 à 1991, il fut le directeur musical du Staatsoper de Vienne, devenant en 1987 Generalmusikdirektor de la ville de Vienne. La liste des orchestres qu’il a créés est longue : l’European Community Youth Orchestra, le Chamber Orchestra of Europe, l’Orchestra Filarmonica della Scala, le Gustav Mahler Jugendorchester, le Mahler Chamber Orchestra, son orchestre d’élite pour le Lucerne Festival, et  comme petit dernier, l’Orchestra Mozart de Bologne (2004).  Ce soir c’est sous la direction de Bernard Haitkin, le vénérable maître de musique néerlandais de 84 ans que nous nous laisserons enchanter par l’Orchestre Mozart qui va jouer Beethoven.

 

Il y a plusieurs versions de l’Ouverture de l’unique  opéra « Fidelio » de Beethoven. Celle que nous sommes sur le point d’écouter est l’ouverture nº 2 de Leonore (ou ouverture Leonore II). Il s’agit d’une vaste page symphonique présentant tout le mouvement de l’opéra.  Les thèmes chers au compositeur sont la dénonciation de l’arbitraire, incarné par le gouverneur de la prison, l’appel à la liberté, et l’amour conjugal qui pousse Leonore, déguisée en homme, à risquer sa vie pour libérer son époux Florestan.12272955886?profile=original

Un immense épanchement de tendresse se meut rapidement en atmosphère lourde et sombre. Nous sommes dans une prison espagnole : le caractère dramatique de l’action s’affirme. Cors et vents se déchaînent, les violoncelles produisent des pizzicati mystérieux et sombres, les altos musent el les violons se gonflent de sonorités colorées. L’espoir ? Les rafales puissantes et accentuées se répandent, soutenues par quatre contrebasses. Le solo du cor est émouvant et l’univers musical semble lui répondre sur la pointe des pieds. A la fin ce sont les violons qui mèneront une danse joyeuse. Une entrée en matière très colorée pour accueillir la pianiste portugaise Maria Joan Pires, une femme habitée par une dynamique musicale on ne peut plus créative et qui a accepté de remplacer au pied levé Martha Argerich, prévue elle aussi,  initialement dans la programmation.12272957053?profile=original 

Son Concerto N°2 en si bémol de Beethoven débute dans l’élégance de la première page  et la  grâce enjouée de la suite. Les bois pulpent le premier motif. Le premier violon se révèle intense et incisif. La pianiste dépose des fleurs de rêve sur le clavier. Mais elle sait aussi être ferme et entêtée. Ses notes piquées concentrent le bonheur sous ses doigts. Voici une cadence modulée, ondoyante. Ensuite son  dialogue avec chaque instrument a quelque chose de lancinant. Du grondement de l’orchestre s’échappe le thème. Des arpèges descendants et  effleurés répondent, laissant bientôt la place à un jeu de  ricochets sur la surface d’une eau tranquille. Cette virtuose a la passion du naturel. Sous ses doigts la musique s’écoule en vagues lissées, ondulée de contrastes dynamiques très évocateurs.  Grâce et douceur alternent avec une frappe puissante et la virtuosité avec l’apaisement. A la fin du premier mouvement, le chef d’orchestre s’arrête de conduire pour écouter la pianiste qui dispense alors un jeu presque syncopé, une gamme faite de vertiges et trois grands accords pour conclure dans la passion.

12272957266?profile=originalSi l’entrée dans l’Adagio est un peu pompeuse, la pianiste tient bientôt sous ses doigts un bouquet d’émotions lyriques. On ferme vite les yeux pour être mieux pénétré de la magie beethovienne dans le duo de solistes sur fond de pizzicati. Il y a ce jeu de respirations profondes entre le piano et les violons. Cela tangue dans le cœur et cela bruisse dans l’âme. Après des trilles qui exultent voici la main droite qui, de deux  notes en deux notes, décrit tout un univers de mystère : l’amour humain transcendé dans l’amour divin ? Le Rondo final voyage dans tous les registres lumineux de la joie avec des pointes d’humour tant le plaisir de jouer est présent.  Le maître de musique néerlandais fait chanter autour de la pianiste toute la masse orchestrale, en bougeant à peine, c’est de la magie ! Une direction purement mentale ? Un pur esprit ?  Une énorme connivence  dans la maîtrise stylistique et une cohésion totale entre la pianiste et son chef.12272957852?profile=original

Vient après la pause la quatrième symphonie N° 4 en si bémol majeur jouée avec une acuité musicale incroyable et un  Adagio aux reliefs impressionnants. Les copeaux du ciselage du chef d’orchestre (sans  la partition devant les yeux !) ont l’air de voler partout! Il en sort une sculpture musicale vivante, palpitante et jeune comme un éphèbe. Les flûtes émettent des rubans de phrases, les pianissimos rendent les  violons presque muets d’émotion. Les  sublimes soupirs de violoncelles font ensuite place à la pugnacité juvénile  des cordes. Une texture musicale inouïe: semailles légères  de fragments mélodiques, arpèges pizzicato aux violons  et accords fantastiques ou à peine murmurés.  Après une très courte pause pour que le chef d’orchestre tue dans l’œuf les habituels accès de toux, voici  le deuxième mouvement. L’ Adagio immensément tendre et désolé semble  chercher la lumière. Le regard scrute les brumes mystérieuses de la vallée. Un violon fuse, d’une fraîcheur presque enfantine et pure. Tous se calibrent sur lui. Vient une descente abyssale, mais on fond il y a la sérénité, portée par la mélodie des violons. Les cuivres reprennent la phrase anodine. Ecoutez la dentelle sonore aérée chantée par les bois! L’altiste Wolfram Christ égrène à nouveau ses arpèges délicats. Entre des arabesques joyeuses de tutti,  les violons taquinent toujours  la mélodie.  Les vagues accentuées de la dynamique font roucouler les vents et les violons, de jouer maintenant au loup. On disait: juvénilité !  Bernard Haitkin a déjà levé le bras pour lancer les violons de l’Allegro vivace mais doit recommencer à cause de la salle. La conduite des voix est manifestement très individualisée. Cet homme possède un ascendant extraordinaire sur l’orchestre.  Le tempo est très rapide, les  percussions éclatent, foudroyantes, sans empêcher le bavardage intense des violons. Et voilà que  le seigneur de la musique imprime toute sa vigueur, sa fermeté et son affectivité pour la musique  sur  l’ensemble des pupitres. Puissance de suggestion: on aboutit dans l’univers sonore du Finale où se cachent, lumineuse, une jeune insouciance enthousiaste et inattendue et d’ultimes éblouissements.

12272956491?profile=originalUn dernier cadeau - il est de taille -  et offert à l’assistance  par Bernard Haitkin:  revoici Beethoven encore, avec  la splendeur de l’ouverture d’Egmont et son vertigineux mouvement ascensionnel. Dramatique à souhait,  cuivres et timbales solaires. Jubilatoire. Le palais des Beaux-Arts explose sous les ovations.

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administrateur théâtres

Boris Giltburg : retour gagnant

Le 10 octobre 2013 par François Mardirossian

© Chris Gloag

© Chris Gloag

Rachmaninov : Préludes opus 23 – Prokofiev : Sonate en si bémol majeur opus 84 – Ravel : La Valse

Le retour de Boris Giltburg était très attendu. Le dernier vainqueur du Concours Reine Elisabeth a choisi de revenir avec un programme très exigeant. On le sait depuis la finale du concours, Boris Giltburg a une conception très personnelle de la musique de Serge Rachmaninov. Loin des visions de certains pianistes russes. Comme à son habitude, il arrive sur scène avec un grand sourire à demi gêné, vêtu de cette chemise qu’il portait lors du concours. Hommage ou fétichisme ? Peu importe. L’envie de jouer est là et se ressent bien avant qu’il n’ait commencé. Dès les premières notes du premier Prélude on se souvient pourquoi ce pianiste israélien a gagné le Concours Reine Elisabeth en mai dernier. Boris Giltburg est un immense musicien, ultra-sensible avec une façon de jouer qui lui est propre et qui sort de l’ordinaire. Ce pianiste n’est pas un simple broyeur d’ivoire infaillible et sûr de lui, c’est un poète avec ses forces et ses faiblesses et c’est avant tout un grand communicateur. On a tous en tête les fameuses versions de Vladimir Ashkenazy, Nikolaï Lugansky, Grigory Sokolov ou même d’Alexis Weissenberg dans les Préludes opus 23 de Rachmaninov. Hier soir, rien à voir. Giltburg nous a donné la définition du mot interprète. L’interprète est là pour nous transmettre un texte qu’il  aime, s’approprie et comprend. C’est ce qu’a fait le pianiste. Sur les 10 Préludes, pas un seul ne fut raté, esquivé ou non approprié. Le jeu de ce jeune pianiste est très particulier ; on pourrait parfois attendre un son plus puissant au vu de l’énergie qu’il dépense et les geste si amples qu’il déploie, mais force est de constater qu’il n’a pas la carrure d’un Sokolov ou d’un Volodos. Non pas qu’il n’ait pas de présence sonore mais l’habitude d’entendre la musique de Rachmaninov jouée de manière plus « musclée » et puissante fait que la remarque s’impose. Par contre, Boris Giltburg a certaines qualités qui font de lui un des meilleurs pianistes de sa génération. Enfin un pianiste qui ose prendre son temps, respirer et projeter le son dans une salle. Ces Préludes possèdent leur propre univers et Giltburg l’a bien saisi : entre chaque Prélude il n’a pas besoin de prendre son temps pour installer une nouvelle ambiance, il enchaîne et ceci fait qu’une fois le cycle terminé, on n’a pas eu l’impression d’entendre une succession de petites pièces virtuoses mais un ensemble cohérent de poèmes musicaux. Il est à noter également que ce pianiste a une technique à toute épreuve ; à aucun moment on ne l’a senti débordé ou à la limite de ses capacités. Boris Giltburg sait où il va, il y va et nous entraîne sans difficulté. La deuxième partie du récital a débuté avec la trop peu jouée et complexe Huitième Sonate de Prokofiev et a enchaîné avec la transcription de la Valse de Ravel. Autant on pouvait peut-être reprocher (si on cherche à être tatillon) un léger manque de puissance dans certains Préludes et une certaine prudence durant la première partie du concert autant la deuxième fut une preuve que ce pianiste a plus de réserve que l’on croit. Son interprétation de la Huitième Sonate fut sidérante, d’une puissance inouïe et d’une rare sensibilité. On sait qu’il a déjà enregistré les trois Sonates de guerre du compositeur mais pouvoir ressortir en concert une exécution pareille relève de l’exploit et d’une grande maîtrise. Oui car c’est bien un « maître » qu’on a entendu dans cette oeuvre. Tout les plans sonores sont là, tous les thèmes sont chantés, tout le caractère est là et à aucun moment son énergie ne s’épuise. Bien au contraire, c’est dans les moments techniquement les plus exigeants qu’il nous montre qu’il a encore plein de ressources. Le son n’est jamais dur ou artificiel et c’est dans l’oeuvre de Ravel qu’il fît montre de toute sa science des couleurs. Il traite son piano en véritable orchestre ; toute la difficulté de cette pièce est là : ne pas en faire une pièce de démonstration mais une véritable transcription d’une pièce orchestrale au piano. Énergie, couleurs, fulgurance et un bon zeste de folie firent de cette Valse de Ravel une véritable merveille. Généreux jusque dans ses bis. Une belle transcription de la Valse Triste de Sibelius, quelques restes d’une Étude-Tableau de Rachmaninov jouée lors des éliminatoires du Concours Reine Elisabeth, le fameux Prélude en do dièse mineur du même compositeur et pour finir un extrait des Davidsbundlertanze de Schumann. Infatigable et toujours affable. Pour son retour à Bruxelles, Boris Giltburg n’a fait que confirmer le choix des jurés en mai dernier : il a ce je-ne-sais-quoi en plus qui fait qu’il ne pouvait que gagner.

François Mardirossian Bruxelles, Grande Salle du Conservatoire, le 9 octobre 2013

 

 

Qu'ajouter de plus?  Fervente lectrice du Crescendo magazine, je tenais à partager avec vous cete belle critique musicale de François Mardirossian. Notre pianiste préféré s'est fait interviewer par Xavier Flament à l'issue du concert. 12272953665?profile=original

 

12272955061?profile=originalhttp://www.bozar.be/activity.php?id=13199&selectiondate=2013-10-09

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administrateur théâtres

Cette année marque la commémoration de la mort du plus illustre enfant de Liège : André GRETRY.  Le concert d’ouverture de la saison de l’OPRL commence par une longue suite d’extraits de son opéra « la Caravane du Caire ».  Le soliste, Marc Bouchkov,  prévu pour ce concert , n’a pas pu pour des raisons de santé, jouer le Concerto n° 5 de Vieuxtemps, autre valeureux compositeur liégeois qui était au programme Par chance, le célèbre violoniste Boris Belkin, fidèle ami de l’Orchestre, a accepté de prêter son archet en dernière minute  pour remplacer  le violoniste, moyennant un changement de concerto, compte tenu de l’urgence. Boris Belkin se retrouve donc ce soir aux côtés de Christian Arming et de l’OPRL, pour nous interpréter  le 1er concerto pour violon de Max BRUCH. C’est la Symphonie héroïque de Beethoven qui clôturera ce splendide concert.

 

12272947277?profile=originalEntrons donc par l’imaginaire...

...dans  cette nouvelle saison 2013-14 qui s’annonce très orientale, avec des extraits de la Caravane du Caire. L’accueil des hautbois est particulièrement festif. Et tout de suite le spectateur entre dans le jeu de Christian Arming, jeune chef d’orchestre pétulant à l’extrême. Quand on dit s’identifier aux personnages d’un roman, cela semble une banalité et on imagine peu que l’on puisse s’identifier à un chef d’orchestre! Mais c’est le cas pour ce concert.   Christian Arming aurait-il fait un détour par l’Actors Studio, que l’on n’en serait nullement surpris car il tire avantage d’une identification physique, affective et psychologique totale au personnage, pardon, à la musique !  Folâtre, il  caresse tour à tour la vaillance, l’humour et la légèreté. Ses tranches de musiques sont impétueuses, presque au bord du pastiche de la musique de cour, tous siècles confondus. On accueille tantôt le pittoresque de danses villageoises tambourins à l’appui, tantôt la gravité et la solennité d’une procession envoyée  par les percussions mêlées aux vents et aux cuivres secs. C’est le désert et les caravanes, n’oublions pas! Le chef d’orchestre conduit la Caravane de l’arrondi des poignets, aux pointes des genoux. Un long crescendo orchestral  très bien amplifié s’arrêtera brusquement. Juste encore quelques accords joyeux pour l’arrivée au point d’orgue.

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Boris Belkin nous plonge dans un romantisme mordoré aux accents slaves. Son premier solo est repris avec une puissance dramatique exceptionnelle par l’orchestre  (percussions, cors majestueux, hululement des bassons) dont on oublie le chef pendant de longues minutes, tant Boris mobilise l’attention. Le violon seul respire l’émotion et palpite de virtuosité. L’orchestre ondoie sous les rubatos. Détresse humaine, sanglots sont soudainement éteints par quelques coups de maillets, de la douceur du duvet. Mais l’orchestre reprend. Le sentiment débouche sur la passion et  on n’a toujours d’yeux que pour le violoniste. Ses notes aiguës : plus pures que le cristal ? Non ! Des jets de lumière. Aux longs murmures de l’orchestre succède le thème, à son apogée. Le sourire du violoniste flotte sur l’amplitude de l’Adagio incandescent. Le chef d’orchestre a quitté une conduite que l’on croyait sage. C’est le déchaînement.  Il cueille au sol les arabesques et courbes musicales et  le reste n’est que flamboiements.

 

Dans  la Symphonie héroïque de Beethoven, la conduite de Chris Arming se fait  féline et athlétique. Il y a des effets grandioses et des retenues délicates et frêles. Il mélange Vulcain à sa forge et la grâce du troubadour. Il dessine avec intelligence un réseau de dynamiques complexes. Des grésillements secs de violons sculptent le silence entre chaque envolée lyrique. Les cuivres séducteurs s’interposent entre les coups du Destin et les avalanches de cordes. Une mélodie presque tendre s’échappe de l’ensemble guerrier. La première violon est la passion personnifiée et le reste de l’orchestre est rutilant comme l’armure homérique d’un guerrier grec. Dire que ce n’était que le premier mouvement ! La vision lugubre de champs de bataille envahit le deuxième mouvement. Chris Arming  par  mimiques labiales, provoque tour à tour le fracas puis le fait  taire. Les violons esquissent un tempo de valse, des larmes plein les archets. Les cymbales sonnent des avertissements mais les violons retrouvent leur motif encore plus adouci et immatériel. Les cors tiennent de  longues notes comme si des  vies étaient  en train de s’échapper à regret. Christian Arming conduit devant et  derrière lui, de face et de côté. Son expressivité est exceptionnelle, sa coiffure sage d’English schoolboy virevolte au vent musical.  Le thème revient dix fois, en échos dansants comme un fil d’or précieusement retrouvé. Des violons magiques fleurissent autour de ce fil ténu: celui de la vie, celui de la liberté ? Cela se métamorphose en chant victorieux et ovations enthousiastes du public.  

 

Christian Arming direction - Boris Belkin violon -  Orchestre Philharmonique Royal de Liège
André-Modeste Grétry, La caravane du Caire, extraits Max Bruch, Concerto pour violon et orchestre n° 1, op. 26 Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 3, op. 55, "Eroica"

 http://www.bozar.be/activity.php?id=13165&selectiondate=2013-09-26 

 

 

Ce vendredi 27 septembre à 20h, à l'occasion des Fêtes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Musiq'3 a diffusé en direct ce concert d'ouverture de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège.

 Vous pouvez donc réécouter ce concert! Ici: http://www.rtbf.be/radio/player/musiq3?id=1856832

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administrateur théâtres

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deFilharmonie

Philippe Herreweghe direction - Martin Helmchen piano - deFilharmonie

Felix Mendelssohn-Bartholdy Capriccio brillant, op. 22, Concerto pour piano et orchestre n° 1, op. 25
Franz Schubert, Symphonie n° 6, D 589

Que savons-nous des symphonies de Franz Schubert ? Que l’une est Inachevée et qu’une autre est Grande car elle rivalise avec Beethoven. Et pour le reste ? Avec deFilharmonie, Philippe Herreweghe remonte le temps et nous offre la kaléidoscopique Sixième Symphonie de Schubert

 

 deFilharmonie, l’orchestre royal philarmonique de  Flandre, ouvrait sa saison musicale sous la houlette de Philippe Herreweghe ce 18 septembre dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.  Le public des Beaux-Arts n’était hélas pas très nombreux, mais il remplaça le nombre par la chaleur de ses applaudissements.

 Un programme résolument germanique, à la confluence de deux univers esthétiques : Felix Mendelssohn (1809-1847) et Franz Schubert (1797- 1828). Nous avons eu à cette occasion le plaisir de découvrir un très brillant pianiste : Martin Helmchen dont la virtuosité virevoltante et le style naturel très expressif vous font  vite chavirer.

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Son Capriccio brillant en si mineur miroitait de couleurs intenses. Sa première page musicale anime les pizzicati de la marée de cordes présentes sur la scène. De la rêverie il passe à la fougue juvénile et l’orchestre emballé enchaîne à la fois dans la délicatesse et la magnificence sous la conduite d’un chef d’orchestre invisible, car il dirige caché au public par la levée du couvercle du piano.  Vigueur et vitalité concluent le premier mouvement. Un thème romantique fleurant jardins et cascades revient et l’instrument reçoit les assauts de la passion, puis les caresses du cœur du pianiste dansant de joie. C’est l’orchestre seul qui fait briller les derniers feux du bouquet final.

 

 12272944086?profile=originalLe concerto pour piano N°1 en sol mineur démarre presque aussitôt par une ouverture spectaculaire. De la dynamite …avant de sonder la profondeur du sentiment. Le pianiste semble envoûté par sa partition et gazouille avec les cuivres. L’armée de cordes violoncelles et basses à gauche du public,  trace des routes aériennes  en forme d’arcs vibrants et sonores. Le pianiste n’est plus envoûté, il est possédé par sa musique. Ses accords vigoureux ont la chaleur de matière en fusion. Mas à l’appel des cuivres, le pianiste se transforme en figure angélique. L’ange aux boucles châtain ferme les yeux et inonde son visage et ses mains de grâce musicale. Un très beau moment. Les sonorités de l’instrument oscillent entre des discrétions de velours à peine murmurées et  de larges pans de passion très palpables.  On retient sa respiration. C’est la paix du monde qui respire. Dans le dernier mouvement, Molto allegro e vivace, le virtuose semble faire perler les notes sous ses doigts comme s’il s’ébrouait dans l’eau. Le voilà qui s’arrête, il a touché le cœur du mystère, s’illumine et signe sa victoire de manière scintillante. Son bis ? Un prélude de Bach. Les visages des instrumentistes sont nimbés de lumière et d’admiration pensive avant que ne recommencent les applaudissements.12272942701?profile=original

 

Photo deFilharmonie & Philippe Herreweghe © Bert Hulselmans

La symphonie n°6 de Schubert dont Philippe Herreweghe tient magistralement les rênes ne décevra pas même si elle se passe de pianiste ! Tapi comme un jaguar, Philippe Herreweghe continue son minutieux travail de ciselage, si efficace dans la première partie du concert. Allégresse, précision des traits, fluidité et netteté des dialogues soulignent l’élégance de la musique et célèbrent la fête de l’ascensionnel et du spirituel. Une fête sylvestre pour l’œil ou l’oreille avertie ? Des rythmes de jeux qui fusent  de toute parts avant le  dévoilement nostalgique dans l’Andante. Dans le dernier mouvement, la part est belle aux percussions et aux cors qui se saisissent de notes lancinantes doublées par les  bois et autres flûtes claironnant à qui mieux mieux. Le chef d’orchestre invite des guirlandes musicales, allume des feux, éteint des incandescences, organise son petit peuple musical avec le charme et la légèreté d’un farfadet bondissant.  On est loin de la mélancolie dans ce final Allegro moderato enjoué.12272944489?profile=original Après des rappels nombreux, les spectateurs quittent la salle en déplorant qu’elle ne fût pas mieux remplie! Quelques heures de très grand bonheur… que l’ensemble ira porter deux jours plus tard à la cathédrale de Laon pour l’ouverture de  leur 25e festival de musique. Encore des spectateurs heureux en perspective…

 

 

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administrateur théâtres

                     

12272941281?profile=originalEt si… au loin on voyait surgir un château ?

Reconnaissez-vous cette drève ?

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Stambruges, drève de la "Mer de sable" ou du Grippet – (aquarelle par Paul Mayeur)

Nous y sommes :

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Beloeil (aquarelle par Paul Mayeur)

Vous l’aurez deviné : nos pas nous ont menés au CHÂTEAU DE BELOEIL pour les 25e rencontres musicales, année 2013. Les portes s’ouvrent dès midi. L’école du cirque de Bruxelles vole presque la vedette à la musique  en attirant les enfants curieux à la Petite école de Cirque et de Musique  sur la scène du Vivier aux Poissons Rouges. Il y a aussi  pour les jeunes festivaliers,  la production phare du festival de Wallonie : « Petit poucet, la belle, la Bête et Cie » (Marie Hallynck et compagnie.. ), un voyage musical autour de Ma Mère l’Oye de Ravel présenté au festival Musiq 3, à Flagey, en juin dernier. Atmosphère : les badauds photographient six funambules traversant le grand canal, entraînés par des flûtes qui roucoulent dans une barque paresseuse.  

 Cette année le festival est placé sous le signe de l’amour, thème développé par le festival de Wallonie. Il a été honorée par la présence princière de Son altesse royale, la Princesse Astrid et le Prince Lorenz. La couleur du bouquet offert à la princesse est dans les tons du festival: entièrement paré de rose.12272943052?profile=original

Caché dans la verdure, voici notre Quatuor préféré (mais il y en a d’autres), Alfama et Camille Thomas (violoncelle). Nous avons encore été ravis d’écouter  la même œuvre que nous avines entendue au festival des Minimes cet été à Bruxelles, l’une des plus belles œuvres de musique de chambre, le quintette en Ut majeur de Schubert.

12272942690?profile=original Le romantisme est communicatif dans ce cadre bucolique. Une corde se casse mais la pétulante violoniste Elsa de Lacerda  n’est pas en reste, souriante, elle répare en un éclair et reprend le mouvement, sans lever un sourcil. Pourtant le cadre a de quoi distraire… la présence de la princesse royale, des cris joyeux d’enfants, quelques passages d’avion, une sirène,  des échos lointains de contes de fées, quelques trémolos puissants de chanteuse enivrée de musique. Rien ne les trouble et ils nous offrent la sérénité profonde de la musique.

Cette année la programmation est étincelante, quoique plus aérée. Il n’y a que 10 groupes d’artistes contre 14 l’année dernière et ils ne se produisent qu’au maximum deux fois sur la journée, ce qui fruste quand même les plus mélomanes qui auraient aimé jouer les hirondelles et se gaver de vagabondage musical.

 Mais une vigoureuse lumière de 15 août inonde ce rendez-vous champêtre et musical exceptionnel, baigné de l’ivresse de l’amour. Couples enlacés, familles adeptes du déjeuner sur l’herbe, enfants modèles… tout a un air désuet et actuel à la fois. Intemporel ?

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 A 16h 30 on a (tous) un rendez-vous de taille. Avec l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, basé à Mons. On découvre dans la bonne humeur un jeune talent  belge du Conservatoire Royal de Mons (ARTS2), c’est la jeune accordéoniste Laetitia Herreman qui inaugure le concert. « L'amour, c'est quand l'envie vous prend qu'on ait envie de vous. » (Henri de Toulouse-Lautrec).  Elle est prête à tout donner d’elle-même. En double, car la musique double (sa) la vie. 12272943490?profile=original

Fraîcheur, bonne humeur teintée parfois de nostalgie et de la virtuosité à revendre. La deuxième partie du concert consacre encore de jeunes talents belges à qui le projet de la province du Hainaut  (« les  premières scènes d’été ») permet de se produire devant un très large  public. C’est ensuite au tour de très belles voix juvéniles mais très matures  de démontrer leur talent face à un  public, à l’écoute sur les chaises de concert et  celui, plus bavard, qui a étendu son plaid jusqu’au bord du bassin. Ambiance d’été: les senteurs de gazon coupé se mutent en odeurs de blés fraîchement rentrés.

   On découvre ainsi  les  Chants d'Amour par Julie Mossay, soprano, Marc Laho, ténor et Sébastien Parotte, baryton dans des œuvres de Lehar, Offenbach, Lopez, Strauss, Simons et Messager. Des voix fluides, pétillantes  et câlines.   Rossignol de mes amours… repris en chœur par un  public 2013 : étonnant!12272943669?profile=original

 

Ce qui plait  tant dans cette manifestation annuelle bienheureuse et décontractée, c’est la proximité avec les artistes, que l’on découvrira sous un berceau de feuillages, à la croisée de sentiers fraîchement taillés qui conduisent à une pièce d’eau. Et là, vous découvrez la musique moelleuse et caressante du pianiste Abdel Rhaman El Bacha qui interprète Schubert - encore - décidément, et Chopin. Il émane de son jeu une tendre douceur de vivre, une sorte de parfum musical entêtant. Le rythme, ce sont les battements de cœur que l’on peur imaginer à l’unisson dans cet endroit magique où coule, silencieuse et enchanteresse, la sève des arbres et de l’amour. Abdel Rhaman El Bacha se passe d’effets spectaculaires. Tout est dans la légèreté et l’impression d’improvisation. Un couple de canards survole la croisée des énergies à la recherche des derniers rayons du jour. La vitalité musicale est intense chez le pianiste et  celui qui l’écoute est bercé dans le velours. Nous n’avons malheureusement pas pu écouter l’autre pianiste, François Dumont dans ce lieu superbe qu’est le Bassin des dames. Ni non plus écouter en live Steve Houben 4tet ou  Robby Lakatos et ses compagnons … dont on garde le souvenir sur le CD d’accompagnement du programme.

 

Mais le plaisir intense nous attend  assurément  au concert de 20 heures  où sont conviés tous les spectateurs et où l’Orchestre national de Lille va jouer pour fêter les 25 ans d’existence des musicales de Beloeil. Jean-Claude Casadesus tient brillamment les rênes de  cet orchestre imposant pour interpréter, face au château des Princes de Ligne, un programme prestigieux. D’abord  une ouverture de Weber, ensuite  Tchaikowski -  le Concerto pour violon -  avec notre toute jeune soliste d’origine coréenne (Esther Yoo, 17 ans), 4e lauréate du concours Reine Elisabeth 2012. Elle livre de façon ingénue une musique qui caracole avec humour et générosité. Son jeu est impérial, maîtrisé, ondulé, frémissant, sans cesse renouvelé. La musique pétille entre ciel et terre, libre. Devient geyser ou Stromboli, au comble de la joie ou de l’amour.  eP4U57qkvj7W5E_9hsKdITl72eJkfbmt4t8yenImKBVaiQDB_Rd1H6kmuBWtceBJ?width=455

Pour conclure : Le Sacre du printemps  de Stravinski. Un sacre comme jamais on n’a pu l’entendre. Modulé, expressif, passionnant, au découpage millimétré. Hululements, trilles, murmures, voiles, danses orgiaques ou lascives, feu d’artifice sur le néant, grand silence blanc, force tellurique, marche pharaonique et ricanements, tout le mystère de l’œuvre est dévoilé en éclosions successives et jamais on n’a vu des percussions se lâcher ainsi  au cœur de la nuit. Une femme était aux maillets.   Les mains se joignent pour applaudir, mais rien en comparaison de la puissance de l’œuvre qui nous a été offerte par l’artiste hors pairs qu’est Jean-Claude Casadesus. On commence à être engourdis par la fraîcheur nocturne de septembre, et on reste, une bière bienfaisante à la main,  car voici le feu d’artifice qui dessine des cœurs et des bouquets étoilés dans le ciel wallon. Une très belle tradition.

 

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KLARAFESTIVAL à FLAGEY  et autres lieux– DU 1/9 AU 13/9

 « Go Crystal Tears » (une allusion non dissimulée à l’exquise composition mélancolique de John Dowland, compositeur du 17e siècle) désigne le dernier volet du KlaraFestival 2013 pour couronner son triptyque consacré à la condition humaine. Après l’Utopie (2011) et la Spiritualité (2012), c’est la Mélancolie (2013) qui constitue cette année le fil conducteur de l’ensemble des spectacles internationaux et multidisciplinaires proposés : concerts,  théâtre musical,  danse ou  cinéma. Comme le dit Saint-Ex dans Citadelle, à propos de la mélancolie : « Que regretterais-je ? J’ai le souvenir d’un bras valide et d’une jambe valide.  Mais toute la vie est naissance.  Et l’on s’adopte tel que l’on est.  As-tu jamais regretté ton âge mûr, tes quinze ans ou ta première enfance ? Ce sont là regrets de mauvais poète. Il n’est point-là, regret, mais douceur de la mélancolie, laquelle n’est point souffrance, mais parfum dans le vase d’une liqueur évaporée. »  La mélancolie peut donc être considérée comme une sorte de supplément d’âme.

L’un des axes principaux du festival est la résidence du prestigieux Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Teodor Currentzis, consacrée à la musique de Dmitri Chostakovitch et Benjamin Britten. Ces deux compositeurs étaient non seulement collègues, mais nourrissaient une sincère admiration l’un pour l’autre. La visite du compositeur russe à Londres en 1960 pour assister à la première britannique de son Premier Concerto pour violoncelle donnée par Rostropovitch allait marquer le début d’une belle amitié entre les deux hommes.

12272938467?profile=original Hier soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles s’ouvrait le premier concert de la trilogie Chostakovitch –Britten interprétée par le  Mahler Chamber Orchestra. Tout d’abord avec la Sérénade pour ténor, cor et cordes,  de Benjamin Britten, une composition qui met en musique 7 poèmes sélectionnés par le compositeur dans quatre siècles  d’histoire de la littérature anglaise. Autant de variations sur le thème de la nature, du soir qui descend, de la fragilité du bonheur humain et de la loi du temps.  L’hymne à Artémis, déesse de la Lune, de Ben Jonson redonne quelque espoir  et le dernier poème de John Keats, chante le sommeil comme réconfort.

Teodor Currentzis dit rechercher la beauté de la pierre brute. Il semble en tous cas la transformer en or ou en essences divines. Sa connivence avec l’étonnant ténor Ian 12272938661?profile=originalBostridge  en témoigne. Tous deux fabriquent ici dans une alchimie commune un voyage dans les émotions graves. C’est lugubre à souhait: « if meat or drink thou never gave’st nane, every night and alle, the fire will burn thee to the bare bane…»  un texte édifiant du 15e siècle promettant l’enfer à ceux qui manquent de compassion. L’humeur est sombre. « Answer, echoe , answer, dying, dying ,dying…. »  d'Alfred Tennyson, connu pour ses  messages subtils sur les horreurs de la guerre, résonne longuement dans la bouche du ténor comme un dernier filet de vie…  La vue du  chef d’orchestre est hélas cachée par l’immense  couvercle du piano  et on ne  peut  saisir leur véritable et étroite connivence, qu’à la fin de l’envoi. Jose Vicente Castello Vicedo, le corniste  nous a  livré une introduction poignante avec un mystérieux cor aux harmoniques naturelles. Une mise en condition saisissante  de la  grande désolation  diffusée par  cette œuvre écrite par  Britten en pleine deuxième guerre mondiale. ( En hommage d’ailleurs au jeu de Dennis Brain, corniste soliste de l’orchestre de la RAF). A peine perceptible, l’épilogue vibre en  un long  solo  douloureux   joué par l’instrumentiste  dans le lointain… et les musiciens écoutent, les yeux fermés.

La suite du concert fait place à l’exubérance. Il arrivait à  Chostakovitch de composer des oeuvres d’une grande fraîcheur, très peu conformes au caractère monumental et torturé de tant de ses compositions. Ainsi, Teodor Currentzis nous a présenté le Deuxième Concerto pour piano, écrit en 1967 pour les dix-neuf ans de son fils Maxime. « L’œuvre, gaie et enjouée dans ses mouvements extérieurs, n’aurait pas laissé de grandes traces dans l’histoire de la musique n’était l’exquis et touchant Andante central. » Après une mêlée faite d’attaques crépitantes, de roucoulements ouatés, de sonorités sèches et rugueuses, voici les violons grisés de mélancolie et la voix abyssale des violoncelles. Alexander Melnikov, le 12272938867?profile=originalpianiste  fait naître la mélodie en une lente éclosion. Pianiste et chef d’orchestre font danser leurs mains de concert. Les sonorités romantiques sont belles comme le sommeil d’un enfant. Des arpèges fondus et enchaînés évoquent des oiseaux fuyant le froid… Puis c’est le retour de la vivacité ludique, le plaisir de la répétition du thème, façon variations de boléro. Les altos se prennent au jeu, cela évolue en salves puissantes et foisonnantes. Les deux artistes  passionnés s’embrassent chaleureusement, un sourire aux lèvres, c’est gagné !  Entendez les  hurlements de bonheur dans une salle surchauffée !

Pour finir, la Symphonie n° 9 en mi bémol majeur opus 70. Elle fait partie de la trilogie des symphonies de guerre. Une œuvre étonnamment légère et ironique, qui fut même frappée d’interdiction par la censure soviétique entre 1948 et 1955. On a rangé le piano et  on verra enfin le chef d’orchestre. C’est bien ce que l’on pensait: voici un danseur échappé du ballet du 20e siècle. Il est fascinant dans la conduite de sa musique d’une expressivité fulgurante. La gestuelle saute de l’humour à l’irritation feinte, à l’impatience, aux trépignements, à l’apaisement. Il bat le sol des deux pieds et termine comme un joueur de golf. Voilà le premier mouvement envolé. Le deuxième mouvement est un délice pour les bois et les cuivres. Quelle souplesse de jeu, le chef d’orchestre égrène les notes  du bout de ses doigts effilés. Des poignets aux épaules, il répand dans l’orchestre de profonds souffles mugissants. Les violons se joignent mollement aux crescendos. Le chef d’orchestre extrait des renouveaux d' enthousiasme à l'orchestre qui simule l’engourdissement. Cuivres et basson ses répondent majestueusement dans le mouvement suivant, le spleen est à nouveau très  présent tandis que l’histoire se modifie déjà, retrouvant gaieté, esprit farceur, liberté ? Le corps de Teodor Currentzis joue mille instruments à la fois et prend des airs d’hidalgo. Le don Quichotte de la musique décoiffe tous les moulins à vent en quelques coups de rapière. Voici les chuchotements d’une attaque nocturne sans lune et la finale pétrie par l’esprit de victoire n’a duré que quelques mesures! Consécration: les musiciens s’embrassent tous ! Nostalgie étincelante de beauté.

 

Retrouvez tout le programme du Klara festival  sur www.flagey.be

T : +32 (0)2 641 10 20  ou http://www.klarafestival.be/fr

 

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administrateur théâtres

12272926064?profile=originalVous y étiez?

 

Etre l’un des dix mille spectateurs de la douzième  Nuit Musicale du château de Seneffe et quelques jours après, être encore sous le charme d’une mise en espace musical prestigieuse et … gourmande. En effet le programme célébrait les joies de la gastronomie et des plaisirs de la table.  Au hasard de la fourchette, mêlée au diapason bien sûr, si on vous dit « Musique et Pain d’épice… »  que me répondriez-vous ? Hansel et Gretel de E. Humperdinck, bien sûr ! L’ensemble Quartz, réunissant des diplômés des conservatoires belges et étrangers, en donnait à tous vents une exquise adaptation en français pour septuor à vents et trois chanteurs au bord du Grand Bassin, côté jardin.

12272926471?profile=originalVous préférez du salé ? Courez au Jardin du théâtre et pendez-vous aux lèvres salaces de Francis Perrin (comédien-bouffon) et son complice de toujours, le  pianiste-ménestrel Patrice Peyriéras. Le parterre est comble. On croit voir une crinoline, on aperçoit un Monsieur en habits. Après avoir tâté au repas gargantuesque du Roi Soleil sur musique de Lully,  on prend le thé avec Offenbach, on part avec lui à Philadelphie, on se marre avec une soupe aux choux sûrement grivoise. God save the king ? on finit par en connaître la fine origine…! Historiettes savoureuses, et recette des tartelettes amandines… C’est la  fête des papilles et des ouïes. Tu l’as dit, bouffi !

 12272926270?profile=originalNous avons cherché en vain l’apéritif espagnol qui nous aurait transportés dans le pays de la danse, des tapas et des olives. Tant pis pour le duo violon piano  Manuel de Falla ses chansons et la Danza de la vida breva. La vie est trop brève en effet pour s’en inquiéter et nous avons viré vers l’île aux plaisirs orientaux où nous attendaient  les sept musiciens du  groupe «Les mésopotamiens ». Leur  caravane des arômes portait de magnifiques sonorités sous le ciel étoilé dans la partie du parc laissée libre aux herbes folles. La  direction du groupe est assurée par Wessam 12272927467?profile=originalAyoub Al-Azzawy, l’un des plus grands connaisseurs du maqam irakien et le plus grand joueur de santur d’Irak.  Saveurs du monde, donc, nos préférées, bordées par les flammes dansantes de milliers de petits flambeaux au sol qui guident vos pas pendant cette nuit de senteurs. Santur? Un instrument à cordes frappées, voisin du cymbalum aux sonorités brillantes, qui donne l’impression d’un chœur de cordes vibrantes et produit des harmonies capiteuses. L’assemblée est fascinée… des instruments tapés, soufflés, frottés  d’ail et de piment royal de l’antique Bagdad.  Une richesse sonore de musique traditionnelle irakienne qui remue tous les sens et chatouille la curiosité et l’imaginaire.

 On revient sur ses pas, vers le château  et l’on perçoit au fil de la promenade de larges effluves des Carmina Burana chantés par le Chœur de Clerlande qui livre tout au long de la soirée  une  prestation à la hauteur de leur réputation. Leur inspiration  dans leur choix musicaux démontre  leur attachement à la diffusion de la musique classique. Leur devise est peut-être celle de la semeuse du petit Larousse : « je sème à tous vents ! » symbole de semence, de germe, de fructification par l'instruction! Vive la réunion et le partage ! L’oreille accroche ci et là quelques bonbons viennois, des  airs de valses  et extraits d’opérettes : la brasserie est en fête !

12272927492?profile=originalTrop tard hélas, pour la revue de Cuisine H. 161 de Bohuslav Martinu avec l’excellent ensemble Khéops, dont Marie Hallynck au violoncelle et Muhiddin Dürrüoglu au piano. Ce sont des instrumentistes bien connus du Festival de musique de chambre de l’Orangerie de Seneffe qui se tient chaque année entre le 14 et le 21 juillet. Par contre, le trio à clavier « à l’Archiduc » N° 7 opus 97 de Beethoven allait nous ravir dans sa simplicité, son enthousiasme musical et la beauté des variations. Au piano on découvre Aveline Gram, au violoncelle  c'est Sarah Dupriez et au violon Gayané Grigoryan ,12272927701?profile=original trois jeunes sylphides pétulantes dans leurs robes de satin, belles comme de grands rivages… de la dune jusqu’au bord de l’eau, à marée basse! Beauté musicale complice, jolis contours mélodiques et harmoniques,  le piano tressaute sous l’abondance de pizzicati des cordes radieuses. La vie est une truite bondissante dynamique et enjouée, des sonorités princières fusent du Grand bassin, car le Quintette 114 D667 de Schubert a enchaîné avec en plus Pierrre Boigelot à la contrebasse et Vincent Hepp comme altiste. Ils se sont regroupés spécialement pour la Nuit musicale sous le nom de Brussels Chamber Artists. Encore du beau monde rencontré  au festival de L’Orangerie. Le scherzo est pétaradant, on croirait entendre une phrase humoristique du Roi Dagobert, qui aurait perdu son sabre de fer. « C’est vrai lui dit le roi : Qu’on me donne un sabre de bois! » On les quitte à regrets.  Ils nous ont offert des effets acoustiques virevoltants,  leur jeunesse et leur passion véritable pour la musique, ils ont mêlé l’onde sonore et l’onde fluviale de la vie joyeuse, étincelante de vitalité. Une rasade de bonheur qui nous change des discours blasés et de l’angoisse qui imprègne l’avenir du monde.

Auriez-vous par hasard eu  cette belle page de « La maison de Claudine »  de Colette en dictée dans votre jeunesse? La revoici : « On vous conté que l’araignée de Pellisson fut mélomane ? Ce n’est pas moi qui m’en ébahirai. Mais je verserai ma mince contribution au trésor des connaissances humaines, en mentionnant l’araignée que ma mère avait – comme disait papa – dans son plafond, cette même année qui fêta mon seizième printemps. Une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d’ail, barré d’une croix historiée. Elle dormait ou chassait, le jour, sur sa toile au plafond de la chambre à coucher. La nuit, vers trois heures, au moment où l’insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre de chevet de ma mère, la grosse araignée s’éveillait aussi, prenait ses mesures d’arpenteur et quittait le plafond au bout d’un fil, droit au-dessus de la veilleuse à huile où tiédissait, toute la nuit, un bol de chocolat. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, se penchait tête première, et buvait jusqu’à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu’impose un ventre trop chargé, et reprenait sa place au centre de son gréement de soie. »12272928492?profile=original  Jacques Mercier et Daniel Blumenthal nous ont donné rendez-vous à la volière pour quelques ...frugalités et nous dire tout le bien du chocolat, la nourriture des dieux, selon le naturaliste suédois Carl von Linné, tentation diabolique, d’après Madame de Sévigné. Le chocolat est souvent associé à la volupté. Casanova ou Madame du Barry, la favorite de Louis XV lui prêtaient volontiers des vertus aphrodisiaques. Et notre farceur n’hésite pas à proclamer que l’amour est un substitut du chocolat et non le contraire. Cum grano salis… Gioachino Rossini, compositeur et gastronome, a intitulé le volume IV de ses Péchés de vieillesse, œuvres pour piano, Quatre mendiants et quatre hors d'œuvres. Il a titré les quatre premières parties les figues sèches, en ré majeur, les amandes, en sol majeur, les raisins, en do majeur et les noisettes, en si mineur et majeur. Les quatre mendiants font partie de la composition des treize desserts en Provence. En rappel des robes de bure des quatre principaux ordres mendiants, ces fruits secs représentent les différents ordres religieux ayant fait vœux de pauvreté, noix ou noisettes pour les Augustins, figues sèches pour les Franciscains, amandes pour les Carmes et raisins secs pour les Dominicains.  Et si la musique était du chocolat ?

La soirée se termine sans que l’on ait pu goûter à tous les plats dont le programme regorge.  La nuit musicale va se clore sous  une pièce montée de pyrotechnique qui embrase le ciel.  Le feu d’artifice minutieusement dessiné par Stéphane Dirickx est fait de haute voltige lumineuse, de gerbes inédites et de parapluies d’étoiles qui se dissipent en farine lumineuse. On a sans doute oublié la musique pour ne contempler que les salves de lumière fracassante sur le grand plan d’eau.  Un huitième art qui conclut ce rendez-vous d’été gastronomique et musical… car nombreux sont ceux qui se sont inscrits au panier gourmand, savoureux péché mignon,  qui pouvait accompagner la promenade vespérale au cœur du domaine du château.

12272748692?profile=originalhttp://www.chateaudeseneffe.be/FR/evenement.php?id=36

http://www.070.be/lanuitmusicale/le-domaine/presentation/

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12272921300?profile=originalPetit concert croquignolet  comme dirait le Routard, organisé l’autre soir au Musée du Transport Urbain Bruxellois… Nous l’avions annoncé dans le groupe Musique d’Arts et Lettres. Les jeunes et talentueux interprètes  (Thomas Maillet et  Gayané Grigoryan), nous les avions rencontrés au Festival de musique de Chambre de l’Orangerie de Seneffe la semaine précédente.

Une heure de très  belle musique joyeuse précédée par une fort intéressante visite muséale par Jean-Louis Mottet, aimable bénévole du musée. Ils sont tous prêts à recommencer vers septembre octobre, car la formule et le programme sont bien au point. 12272921488?profile=original  

Les deux musiciens ont le sens du merveilleux et de la douceur. Paganini souvent évoqué comme étant le plus grand violoniste jamais connu,  avait un grand amour pour la guitare. Sa grande symphonie concertante fut jouée par le compositeur en joute musicale, activité très courante à l’époque, en 1816.  Thomas Maillet à la guitare et Gayané Grigoryan au violon se partagent le duo romantique très réussi. Les accords sont nets, le rythme entraînant, le dialogue enjoué. Aux sonorités  très profondes de la guitare, correspond la pureté du violon de Gayané Grigoryan. Les derniers accords pleins de moelleux de la guitare traversent le rythme bourdonnant du violon cependant que, silencieuse, glisse la vie de l’autre côté des petits carreaux des baies de l’entrepôt. Vient ensuite  un émouvant Adagio et une ronde de conciliabules. Le violon guilleret est repris une octave plus bas par les pétales de la guitare et cela se termine par un joyeux effeuillement de la musique applaudi avec chaleur par un public peu nombreux mais enchanté.12272922091?profile=original

Les œuvres choisies dans le répertoire de Manuel de Falla ont été transcrites pour la guitare par Thomas Maillet. L’une est issue de  son opéra « la vie brève » et l’autre de « l’amour sorcier » , une gitanerie. Une joute musicale pour évoquer le folklore espagnol mais dont on ne sait si c’est Thomas ou Gayané qui sort vainqueur.

Des deux côtés un jeu incisif, dense et subtil où les instrumentistes se livrent à un concours d’aiguës entre virtuosité et insouciance.

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Ils termineront par les œuvres de Piazzola, bourrées de variations, de tendresse langoureuse, de jeux de camaïeux et de dégradés sonores. Le morceau intitulé « Café 1930 » devient une danse lascive où les deux instruments sont liés intimement dans une étreinte vivante. Le bis est un air populaire du Brésil, chantant et joyeux.

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Concerts au 15ème festival de musique de chambre de Musica Mundi 2013

Hagit et Leonid Kerbel, fondateurs de Musica Mundi, respirent le bonheur ! Ce 15 juillet dernier, ils ouvraient le traditionnel festival Musica Mundi  pour la quinzième fois, dans la salle Argentine du Château du lac, à Genval. Musica Mundi a reçu le haut patronage de la princesse Mathilde, maintenant Reine des Belges.  Parmi le public bourdonnant d’excitation, il y a, à droite de la scène, les partenaires et  les généreux mécènes du stage, l’ensemble des  nombreux sponsors, tous, «amis de la famille de Musica Mundi », à gauche toute la classe 2013 de plus de 60 élèves qui s’installent par ordre de taille, et aussi les parents de jeunes élèves de toutes nationalités, et de nombreux amis fidèles de la musique et des jeunes talents. Un public branché, chaleureux et enthousiaste, qui croit fermement au fier concept européen « United in diversity »… In varietate concordia, souligne Hagit, l’impeccable organisatrice de ce festival. Mais bien sûr, c’est  le stage de musique de chambre - réservé aux musiciens en herbe,  entre 10 et 18 ans –  qui est le cœur de cet événement estival belge et international. Il est associé à une série de concerts tantôt prestigieux, tantôt teintés d’humour, de musiques passionnées aux accents tziganes  et à la virtuosité enflammée, mais toujours de grande sensibilité.  Des artistes de réputation internationale comme l’ardent Vladimir Perlin, l’Orchestre symphonique de Biélorussie, le Trio Maisky, le Quatuor Danel, ou l’exceptionnel pianiste tranquille Rudolf Buchbinder, ont été cette année les grandes rencontres qui nous ont embrasé le cœur et charmé l’oreille lors de fougueux récitals. A la fin de chaque concert, beaucoup participent à la réception où l’on se parle, se photographie et se fabrique des souvenirs inoubliables. Un lieu où se tisse le lien inaltérable du bonheur musical. Où l’on côtoie le comte Jean-Pierre de Launoit, le violoniste israélien Ivry Gitlis…. et  Stéphanie, la fille de Martha Argerich et son petit-fils. On chuchote que Maxime Vengerov sera l’ambassadeur d’un projet  de qualité : la  création d’une école primaire et secondaire pour jeunes musiciens... le rêve !

 

12272748692?profile=originalChaque année,  les concerts se donnent aussi au Concert Noble à Bruxelles. C’est là que nous avons entendu le Quatuor Danel qui faisait partie de l’équipe en résidence cette année. A l’entracte, il y a toujours des récitals de jeunes prodiges musicaux qui arrêtent vos pas vers les rafraîchissements du bar. Des minutes  de pure émotion, ces grappes de notes savoureuses, ces bouillonnements  de sève musicale juvénile quand on voit la candeur et la talentueuse interprétation des jeunes instrumentistes en route vers un avenir prometteur. Revenons quelques instants au quatuor Danel.  Basés à Bruxelles, français d’origine sauf, Vlad Bogdanas,  l’altiste né à Bucarest,  conquérants certainement,  ces quatre jeunes instrumentistes surréalistes parcourent l’Europe et le monde dans tous les sens et sont particulièrement friands des nuits blanches de la Finlande. Et ils enseignent.  Ce ne sont pas des musiciens de salon, ils ont du caractère et une forme d’enfer. Passionnés ou espiègles, Ils font preuve d’une force expressive stupéfiante, d’un humour au vitriol, d’une fonte habile et soudée des instruments,  raffolent des touches fauves, des sonorités rutilantes,  des silences à mystères,  des coups de couteau et des plages de flegme apparent. Ils créent une musique pleine de substance  mais le  travail semble se faire dans l’apesanteur !

Dans « the Joke » de Haydn, Marc Danel se détache presque de son tabouret, levant presque en même temps les pieds au ciel. L’expressivité est intense et torturée tandis que le deuxième violoniste, Gilles Millet joue dans la zenitude. Contraste farceur s’il en est ! Quant au violoncelliste, Guy Danel, il est  totalement pince sans rire, …not a Joke ! C’est fini ? Non on reprend par blague,  la première phrase de l’œuvre qui risque de ne pas s’éteindre, comme une bougie magique. Leur quatuor N° 30 de Tchaïkovski et son funèbre Andante sera démonstratif. Le buste entier de Marc Danel se retrouve face au public dans un accès de vaste douleur. Les mouvements paroxystiques démesurés s’opposent aux jeux de sourdine absolue. Fermez les yeux, vous entendez quelque chose ? Et la réponse est affirmative, un filet de vie, un filet d’âme répond dans un dernier souffle au miroir ! La fin se caractérise par  un jeu pétaradant de bacchanale violonistique, les quatre monstres sacrés se sont égayés entre les colonnades de l’auguste tapisserie à l’arrière-plan, parmi les divinités gréco-romaines. Les augustes feuillages en tremblent. Pomone et Flore ont couru se cacher!

Le bis est un des favoris du Quatuor Danel qui a publié l’intégrale des 17 quatuors de  Mieczyslaw Weinberg, compositeur russe d'origine juive polonaise, contemporain de Chostakovitch, mis à l’index sous Staline, et dont le  nom a presque disparu des concerts et des enregistrements.  C’est le troisième mouvement du 5e quatuor du compositeur  qui a donné une ambiance du feu de Dieu au Concert Noble car la classe entière des jeunes prodigues de Hagit et Léonid s’est soulevée  pour relancer une ovation générale.    

 

Ce soir, la soirée de Gala clôturait le festival! Une immense bouffée de bonheur comme celle qui vous vient lors des feux d’artifices.   Grandiose et émouvante, tant la fraîcheur et la sensibilité des jeunes artistes mêlées aux grands virtuoses d’envergure internationale sont touchantes. Le point culminant de cette odyssée musicale, s’il faut en choisir un dans cette longue soirée commencée à 19 heures, est certes l’interprétation palpitante d’une  œuvre de R. Vaughan Williamstous les musiciens du stage, du plus petit - ils sont 12 cette année, à avoir moins de douze ans - au plus grand (devinez qui…) ont uni leur musicalité sous la direction de Leonid Kerbel, le véritable animus de la soirée.

 

Ambiance : un océan de cordes, le souffle d’un Poséidon possédé par la musique et l’amour de ses élèves conduit les flots, vole la vedette à Eole et calme les vents. Tout tremble et vibre comme un gigantesque orgue marin. Mugissements salés, l’esprit du large envahit les musiciens et une audience muette d’attention. Beaucoup de musiciens jouent et écoutent les yeux fermés. Naissance marine : la premier violon inondée de grâce est souple comme des voiles de soie. Réponse empathique et lyrique de la deuxième violon et duo plein de profondeur  recueilli par un violoncelle attentif. Les harmoniques merveilleuses sont lâchées,  la baguette de Leonid Kerbel écoute et esquisse des gestes tendres d’une douceur infinie. On prie pour que la grâce musicale ne quitte jamais ces êtres dévoués au langage universel. Le flot musical enfle, remplit la salle Argentine de confiance et d’amour. Quel modèle de respect et d’écoute mutuelle créatrice d’harmonie absolue. On rêve… « Quand le pouvoir de l’amour sera plus fort que l’amour du pouvoir, le monde… » . Suivent  deux,  trois, quatre accords vibrants qui lancent de longs frissons, viennent de sombres et profonds pizzicati et voici les violons qui chevauchent une mélodie remplie d’espoir. On flotte en apesanteur. Le cœur bat plus vite et voici enfin le retour de la vague de fond qui porte sur sa crête les violons vainqueurs ! Rien n’est plus fort que l’amour.

Au Château du Lac (Genval), à l’Hôtel Le Lido et au Château de La Hulpe. Du 15 au 28 juillet. Infos : 02.652.01.01 ou 0495.200.595 ou www.musicamundi.org

 

 Ayez la patience de regarder le diaporama jusqu'au bout! il y a une surprise!

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administrateur théâtres

Coup d’Envoy prestigieux :

L’apassionata (L’art des passions baroques), @Festival de Wallonie 2013, festival de Namur

                L’imposante église Saint-Loup  à Namur ouvrait ses portes le soir du jeudi 4 juillet pour accueillir un programme musical consacré à Haendel, Vivaldi et Haydn sous la baguette joyeuse de Guy Van Waas et les Agrémens. C’est dire si le Festival de Wallonie 2013 a su  inviter de prestigieux fleurons de la musique ancienne pour lancer son  concert inaugural d’été. Et quel séducteur, Guy Van Waas ! Il prend la parole en début de soirée musicale et introduit la manifestation, sans façons. Il rend aussi hommage au musicien et ancien directeur du conservatoire de Liège, Bernard Dekaize, décédé cet hiver à 62 ans. Sur une note plus légère … ou espérons-le, prophétique,  il en profite pour dire que le festival deviendra « Royal » en 2014, fêtant l’année prochaine ses 50 ans d’existence. Il ajoute  que ce festival est une véritable fête qui a rassemblé un florilège de chouchous du public, en commençant ce soir par un catalogue baroque des passions humaines. Rassurant : si le thème  en filigrane est l’amour et la passion, voire l’érotisme et l’esprit licencieux… aucun carré blanc ne sera appliqué au Festival car Amour sincère ne porte pas de carré blanc, mais un cœur battant.

                Lorsque le chef d’orchestre ouvre la fête avec Haendel, C’est Royal ! En veste de soie chinoise damassée de roses il jette les musiciens à l’assaut des voûtes dont l’acoustique est… envoûtante. Une impression de liberté d’expression, de légèreté inonde l’espace. Sa gestuelle généreuse disperse des brassées de fleurs, son regard fleurte malicieusement avec les violonistes. Voici une musique débordante de fraîcheur et de spontanéité. Cela a l’apparence (trompeuse) du Ready, Steady, Play!

                 «A mio Cor ! » Une voix féminine chaleureuse et palpitante (Pauline Yarak) s’élève dans l’église. Quelle différence avec une salle de concert. Il y a ce supplément d’âme et de sonorités très palpables ! «Perché, perché t’amo tanto ? » Cette magnifique chanson de rupture vit, tremble sous vos yeux. Le chant s’envole dans les voûtes néo-baroques illuminées, se loge dans les moindres moulures, anime la volupté du cœur. La voix se fait caresses charnelles et partage la douleur intense : «  lascarmi sola in pianto ».

                « Piangero », extrait de Julio Caesare rend compte de la vulnérabilité humaine surtout dans ce décor  si riche et quelque peu écrasant. Encore, des sinuosités mystérieuses et de l’émotion palpable dans les mélodies chantées par la soprano Manon Poskin en somptueuse robe Empire rouge feu.

                Ces jeunes talents vocaux sont  issus de l’IMEP (Institut de Musique et Pédagogie de Namur). Le  contre-ténor Guillaume Houcke nous livre  une prestation pleine de maturité baignée d’authentique enchantement. Une diction impeccable, aucune afféterie, de la sincérité dans l’expression  très nuancée des sentiments aussi bien  dans le « Di speranza un bel raggio » et l’air « Venti Turbini » de Haendel que dans l’air « Sposa son disprezzata » extrait de  Bajazet de Vivaldi. Il plaît tout de suite par la subtilité de son jeu et sa maîtrise technique sans failles dans les vocalises virtuoses!  Cet homme jeune et dynamique a la tête qui bourdonne de musique fertile, respire, frémit, module et inspire son public. Et toujours rien à voir avec l’atmosphère d’une salle de concert ! Ces trois jeunes gens ont su créer tout de suite passion et enthousiasme.


                   Guy Van Waas, se penche amoureusement sur l’orgue avant l’extrait du Concerto Grosso  op.3 N°6 de Haendel. Des flûtes fruitées et savoureuses fredonnent, contrebasse et basson frappant du pied, façon nuit de la Saint-Jean. Les solos de l’orgue semblent pratiquer une pesée précise et minutieuse de la pharmacopée musicale … Guy Van Waas nous prépare-t-il des philtres d’amour éternel ? On le voudrait, officiant au  doux recueillement d’une messe de mariage ! Il y a tant d’équilibre et de fluidité sereine avec l’orchestre ! L’émotion est grande dans le public.

 

                 Une exaltante  symphonie n°59 en la majeur « Feuersymphonie » de Joseph Haydn clôture la soirée. Guy Van Waas est revenu sur scène sur la pointe des pieds pour attiser violons et passion. Le visage est animé par le plaisir. Des sourires d’entente fusent entre violonistes.  Le cor est princier, soutenu par de légers frémissements de clavecin et la dévotion inconditionnelle du basson. Les phrasés ensorceleurs des violons jouent le thème accroche-cœur. Le cor se libère et devient de plus en plus sensuel pendant que les violons prennent le menuet en main, en de nombreux allers-retours. Dernier mouvement, les vents s’amusent de l’écho. Rythme de sarabande, stupeur et tremblements, des vibrations s’élancent à l’assaut des épais piliers de l’église comme une vivante conquête végétale…ou musicale.

                «  Pas de bis ! Revenez nombreux  à l’assaut des concerts, par pure curiosité, la plus belle de toutes les qualités d’auditeurs, » nous souffle Guy Van Waas en congédiant un orchestre ravi et  acclamé de tout cœur.

 

 

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