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administrateur théâtres
Le sacre et l'éveil? Une révélation, ce spectacle ! Il est  poétique, musical et si chorégraphique! Bravo à Dominique Serron,  entourée d’un cast de  comédiens exaltants : Paul-Henry Crutzen, Abdel El Asri, Florence Guillaume, Vincent Huertas, Luc Van Grunderbeeck, Félix Vannoorenberghe, Laure Voglaire, Line Adam, Renata Gorka, Nadia Benzekri, Xavier Lauwers et toute l'équipe de L' Infini Théâtre.

« Beau comme un opéra »: c’est  la rumeur qui a circulé comme une traînée de poudre le soir de la fabuleuse première à la Comédie Claude Volter   le 18 avril 2018.   « l’Eveil du printemps »  ,une pièce de l’auteur allemand Wedekind (1881),  a été  croisée avec une mise en page émouvante d’extraits  du « Sacre du Printemps » d'Igor Stravinsky (1913). Le résultat est convaincant. Dans cette  toute nouvelle perspective,  la  mise en scène est franchement  créative et engagée. Dominique Serron évoque avec tact … infini et écoute profonde, les échos du « cimetière de la jeunesse »  de ce héros, Melchior, revenu des années plus tard,  sur les lieux du crime …collectif, n'est-ce pas?

 

  Le   métissage littéraire et musical de la « Kindertragödie » se transforme  en même temps, en  un  manifeste moderne,  qui dénonce les maltraitances rampantes que peuvent parfois infliger des  parents en mal de communication avec leurs enfants. Les raisons abondent: dans  une société brutale, formatée et imperméable aux sentiments, sont-ils victimes de leur époque? Eux-mêmes, sont-ils trop jeunes pour assumer ou répètent-ils des comportements qui ont traversé plusieurs générations sans remise en question?  Sont-ils frustrés par des peurs et des souffrances indicibles?  Enivrés de pouvoir parental? Bloqués pour mille et une autres raisons honorables - ils en ont sans doute de très bonnes - comme de ne jamais avoir lu Françoise Dolto, et  se trouvent  dans l'impossibilité chronique  de gérer les  premiers émois amoureux  de leur progéniture, ou même, de leur expliquer sereinement et ouvertement « les choses de la vie ». Mais l’époque de  l’Allemagne de Bismarck est-elle pour autant révolue? 

 

 Par souci de multiplicité esthétique, le travail de création de Dominique Serron associe  un troisième volet. Il a été  élaboré  au sein de diverses écoles bruxelloises,  par de jeunes adolescents et adolescentes. Ce sont  des capsules vidéo de lyrisme muet, réalisées in situ ou dans les environs immédiats de l’école …y compris le cimetière d’Uccle. Il suffit d'observer: chaque mouvement des personnages  filmés colle impeccablement au tempo de la musique! C’est prodigieux. Les jeunes, confrontés au texte et à la musique  sont devenus acteurs, au propre et au figuré, au lieu d’être de simples récepteurs. Bel objectif éducatif s'il en est!  Ils se sont mis à  rêver l’action, ils ont réagi avec authenticité et dansé leur ressenti  aigu et spontané face au suicide, face à la violence parentale, à la pression scolaire, à la castration du désir, à une société blessante et inhumaine. Leurs regards, leurs visages, et leurs postures sont bouillants d’interrogation et aussi d’accusation silencieuse. Chacun d'eux porte les marques  de l’intensité vibrante de leur implication dans le projet. Ces  séquences  filmées rythment le spectacle comme une respiration inédite entre chaque scène. Les chorégraphies émouvantes, nées  à la croisée de la théâtralité et de la musique,  ont l’avantage de pouvoir  faire  apprécier la contemporanéité du propos.  L’ensemble devient  un tout admirablement monté,  fruit d’un travail de création original et audacieux, dans le droit fil de  ceux auxquels  nous a habitués la pétulante et infatigable  metteuse en scène pour qui,  le travail corporel des comédiens se doit d’être  toujours avant-coureur du  verbe, ce qui donne un relief extraordinaire au propos...

 A chaque spectateur de relever des détails poignants qui le touchent personnellement… La liste sera longue. Juste quelques exemples… Le bruit des parapluies refermés avec brutalité sue le bord de la tombe, une fois les « formalités accomplies »…  Ce décor unique et polyvalent, mais essentiel : un immense comptoir bourré de tiroirs. Ceux d’une morgue ? Ceux de  notre société cloisonnée faite de trappes et de placards? Posés sur un immense buffet de cuisine,  de furtifs souvenirs de Dead Poets Society ou ceux de James Dean (A Rebel Without a Cause) ?  Cette idée effrayante que le jeune Moritz s’est tué « par amour pour ses parents »? Ce geste désespéré de mère impuissante qui donne sa médaille à son fils à défaut de pouvoir  le défendre contre un père tyrannique… Ces chaussures abandonnées que l'on ramasse, l'air de rien. L'ignoble phrase entendue: «Cet enfant n'était pas de moi! » Cette citation glaçante d'Othello: «As-tu fait ta prière, Desdémone?»  Ce sac d’où émergent des aiguilles à tricoter, qui font froid dans le dos! …Et surtout le talent fou et l'énergie débordante de toute la production!

 

Texte original : Frank WEDEKIND

Musique originale : Igor STRAVINSKY

Traduction : Jacques de DECKER

Conception, Adaptation & Mise en Scène : Dominique SERRON

Adaptation musicale & création sonore : Line ADAM

Ingénieur son : Colin BURTON

Scénographie & Costumes : Renata GORKA

Création vidéos : Nadia BENZEKRI

Création lumière : Xavier LAUWERS

Crédits photos :  Pierre Bolle

...Hélas, seulement jusqu'au 6 mai 2018, précipitez-vous pour réserver!

Du 18 avril au 6 mai à la Comédie Claude Volter. Informations et réservation: www.comedievolter.be ou 02 762 09 63

En octobre 2018 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar  

https://artsrtlettres.ning.com/events/le-sacre-et-l-eveil

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administrateur théâtres

                                               Le dictateur romain Lucio Silla chef de file des optimates, qui s'opposent aux populares de Marius, s’est octroyé tous les pouvoirs en  écartant physiquement  ses opposants. Il les a vaincus au cours de deux guerre civiles, ayant par ailleurs récolté les lauriers d’une victoire lors d’une  expédition en Grèce contre le roi Mithridate VI. La Rome antique sert d’écran sur lequel se projettent les inquiétudes politiques du XVIII siècle.  Dans l’opéra de Mozart,  Silla, interprété dans la production du théâtre de la Monnaie par le ténor Jeremy Ovenden, a tué Mario, le père de Giunia et a exilé son bien-aimé Cecilio - le castrat original de Mozart a les traits de la soprano  Anna Bonitatibus.  Sylla exige  de Giunia qu’elle l’épouse. Incarnée par la talentueuse soprano néerlandaise Lenneke Ruiten, fidèle à la scène du Théâtre de de la Monnaie, la belle Guinia est séquestrée, elle est  au désespoir et tente de mettre fin à ses jours. Elle trouve un allié en Cinna - une sulfureuse Simona Saturová,  qui s’avère être une sorte d’agent double splendidement manipulateur, masculin ? féminin ? -, qui rêve de  faire renverser le tyran. Cecilio, qu’elle croyait mort, réapparaît dès le début de l’acte I et rend à tous, l’espoir d’un renversement proche… Les complots réussiront-ils ? Action directe, soumission, ou mort consentie? Après une analyse fouillée de l’origine  du mal, à travers les états d’âme des protagonistes et  leurs rivalités sentimentales sur fond de conflit politique, la vertu sera finalement  exaltée à  la fin du troisième acte, car Silla, coup de théâtre,  surprend la scène d’adieu des deux amoureux promis à la mort et se laisse peut-être gagner par la grâce, pardonne, renonce à ses châtiments  et, magnanime, s’élève au-dessus des conflits. Brillant !  Tout comme plus tard, dans « La clémence de Titus » (1791)  

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  Puisant l’énergie créatrice dans ses tourments d’adolescent et ses démêlés avec son père omnipotent,  Mozart compose ce drame amoureux et politique à seize ans à peine. C’est son  troisième opera seria, noble et sérieux après « Mitridate, re di ponto »(1770) et « Ascanio in Alba »( 1771) au Teatro Regio Ducal de Milan. Mais la  partition où se succèdent les airs et récitatifs habituels  innove et introduit une grande richesse orchestrale, de nombreux  duos bouleversants et  ajoute l’intervention du chœur. On est devant un joyau musical …qu’il suffirait peut-être d’entendre les yeux fermés en version concertante, tant l’œuvre semble parfaite et tant  la palette et la densité des sentiments des solistes de cette splendide production est chatoyante, expressive et variée.

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Le metteur en scène allemand Tobias Kratzer a choisi un nouvel écran sur lequel projeter les inquiétudes politiques du XXIe siècle. Il a  pris  le cadre épuré d’une  villa  hors de prix. Au milieu d’une impénétrable forêt, deux étages, en forme de cube de lumière et de ciment monté sur un podium  constituent  la retraite secrète et solitaire du dictateur. Elle est gardée par des chiens loups. …Un seul, en l’occurrence et qui ne fait pas vraiment peur, mais le symbolisme est limpide.  Signé Rainer Sellmaier, le décor (contemporain) joue continuellement sur les ombres et les lumières avec de très beaux effets de stores vénitiens et de violents jeux d’écrans. Il joue sur les tombes (romantiques) dans le parc entouré de murs et d’une grille sévère,  et  joue sur de lugubres sapins (de forêt noire)  accentuant l’impression d’enfermement. La villa est truffée de micros et de caméras de surveillance dans une approche bien Orwellienne. Le dictateur, incapable de vrais sentiments ou de quelconque empathie, vit à travers son obsession des écrans. Son pouvoir sera anéanti lors qu’il cassera brutalement sa commande à distance dans un dernier mouvement de colère.  Deux personnages secondaires exposent ses choix possibles. Les pulsions de mort : c’est Aufidio (Carlo Allemano)… sorte de spectre d’un autre âge, voire un vampire ? Ou l’ami inexistant…?  Quoi qu’il en soit, il incarne l’esprit du mal. L’autre c’est la jeune sœur  du dictateur, Celia (Ilse Eerens) qui survit grâce à sa maison de poupées et est amoureuse de Cinna. Elle  exalte  les pulsions de vie, d’espoir et de paix… Mais l’atmosphère reste macabre tout de même. Les choristes balancent et rampent entre Lumpenprolétariat et  monstres d’Halloween.  Nous voilà donc dans un opéra bien  noir qui brasse vampirisme et  pulsions de monstre machiste. Il pourrait tweeter: « Celui qui ne m’aime pas mérite tous les châtiments ! » Un enfant gâté, jamais arrivé à maturité?

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La mise en scène rappelle les thrillers gothiques ou …American Psycho. On se met à rechercher un écran contre des humeurs violentes en se recentrant sur l’orchestre ou les solistes aux voix divines.  Un antidote pendant que défilent déclarations d’amour-haine, scènes de plus en plus sanglantes, scènes  de sexe ou de mort, de cruauté, de colère, d’humiliations… de suicide ou de toute puissance ? Peut-être, mu par son envie de dénoncer les maux du siècle, Thomas Kranzer en fait-il  un peu trop. Car la dérive attend le metteur en scène quand, contre toute attente, après des vidéos de viol explicite sur grand écran, la villa se fait cerner par les forces de l’ordre et attaquer comme si l’enjeu était de traquer un vulgaire terroriste… Stupéfaction des auditeurs soudainement enlisés dans l’horreur, la danse macabre ? Agressés par un éclat de rire infernal? Dommage pour ceux qui  désiraient savourer  la joie musicale qui les reliait au génial Mozart  grâce à l’incomparable complicité du chef d’orchestre Antonello Manacorda et à la beauté du pardon.    



LUCIO SILLA  de WOLFGANG AMADEUS MOZART
Direction musicale – ANTONELLO MANACORDA
Mise en scène – TOBIAS KRATZER
Décors et costumes – RAINER SELLMAIER
Éclairages – REINHARD TRAUB
Video – MANUEL BRAUN
Dramaturgie – KRYSTIAN LADA
Chef des chœurs – MARTINO FAGGIANI
 
Lucio Silla – JEREMY OVENDEN
Giunia – LENNEKE RUITEN
Cecilio – ANNA BONITATIBUS
Lucio Cinna – SIMONA ŠATUROVÁ
Celia – ILSE EERENS
Aufidio – CARLO ALLEMANO
 
ORCHESTRE SYMPHONIQUE & CHOEURS DE LA MONNAIE


NOUVELLE PRODUCTION 

Première, 29 octobre 2017 - 15:00
31 octobre - 19:00
02, 04, 07, 09 & 15 novembre - 19:00
12 novembre - 15:00

La production sera accessible intégralement et gratuitement sur Arte Concert en live le 9 novembre et en streaming du 5 au 25 décembre sur  www.lamonnaie.be
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ESPRIT FARCEUR, ES-TU LÀ? (BLITHE SPIRIT)

Quelques mots-clés : Fantômes, mariages, séances de spiritisme,  au-delà,  mort,  sciences occultes, domesticité, médium, excentricité, épouses, Angleterre, écrivain, romancier, Blithe Spirit!

Cette authentique  comédie anglaise  se voit incarnée par une authentique comédie belge - La Comédie de Bruxelles. La ghost story  a cartonné au Centre Culturel d’Auderghem, habitué à programmer du 100% parisien. Le récit foldingue de l’improbable farce de Noël Coward y est évidemment pour quelque chose.  Brillant, intensément drôle et classique, le drame fantaisiste  « Blithe Spirit » date de 1941 et  n’a jamais cessé d’être joué dans le monde anglo-saxon depuis sa création mais ne l’avait jamais été en Belgique. 

  "I will ever be grateful for the almost psychic gift that enabled me to write Blithe Spirit in five days during one of the darkest years of the war! " - Noël Coward. 

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Cela se passe dans la très belle et opulente  maisonnée britannique  où habite le  couple Condomine, servi par une jeune domestique désopilante, Edith, un personnage complètement siphonné! De quoi introduire adroitement le spectateur dans le surréalisme et les  stéréotypes de la bourgeoisie féodale. Charles, l’écrivain en mal de plume, fait venir avec la complicité de sa femme, un médium, Madame Arcati,  pour recueillir l’inspiration  pour ce genre de personnages dans son dernier roman. Il compte observer transes, astuces et ficelles afin de les réutiliser dans ses écrits. Un couple d’amis, le Dr et Mme Bradman  est invité pour le jeu de spiritisme qui sera bien plus crédible si on est plusieurs ! L’étude de caractères n’en sera que plus riche !  

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Au fur et à mesure on  découvrira que l’arroseur est finalement arrosé. Quand la table se met à tourner… les déclencheurs de phénomènes paranormaux font d’un coup (ou de plusieurs) face à  plus surnaturel qu’ils ne peuvent maîtriser.   Sur le plateau, se déroule donc un exercice de psychologie systémique avant la lettre, car on change un élément et hop! toute la chaîne est affectée! Les relations du couple sont sans dessus dessous, des vérités fantômes  apparaissent, des vengeances et des preuves d’amour (ou  non) sèment la discorde, car la boîte de Pandore a été malencontreusement entr’ouverte!   L’épouse de Charles,  la colérique Léa, devra se faire à la présence d’un fantôme très encombrant: la belle Elvira, ou réussir à s’en débarrasser! Mais comment peut-on dématérialiser des esprits ? Les quiproquos, les exorcismes se mêlent aux  effets surnaturels visuels  qui se déchaînent, les sortilèges de docteurs et de médiums s’entrechoquent, le public rit aux larmes  tout en  dégustant la perfection de la mise en scène (Daniel Hanssens). 12273205474?profile=original

La production met en vedette une  distribution  éblouissante emmenée par son directeur Daniel Hanssens. La plus palpitante, c’est Blithe Spirit, Elvira la défunte épouse de Charles (Laurence d'Amélio), bourrée de charme et d’esprit (Logique !). La plus marrante, c’est Léa,  la grinçante épouse dominatrice de Charles (Laure Godisiabois). La plus sauvage, c’est  la voyante  qui vient à vélo (Catherine Claeys).  ... La plus inénarrable, c’est Edith, la domestique qui de confusion, avalerait bien son tablier (Christel Pedrinelli)! La plus parfaitement idiote et excitée, c’est Cécile Florin la femme du médecin (un docteur très bien campé, Victor Sheffer)! Ce Quintet féminin a du souffle, de la fantaisie, de l’inventivité et de l’à-propos. Il fait preuve d’une vivacité sans pareille, dans l’une des  comédies les plus excentriques et les plus malicieuses du patrimoine anglais moderne… ! Et le personnage  masculin principal ? Le bigame astral est incarné par l’excellent  Pascal Racan. Il s’en va, sur la pointe des pieds: "Good-bye again! Parting is such sweet sorrow!" Une habitude, chez Noël Coward, qui en profite toujours à la fin  pour libérer ses héros masculins de l'emprise féminine! Et le plus drôle? C'est le plateau qui vous le dira! 

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https://en.wikipedia.org/wiki/Blithe_Spirit_%28play%29 

 

Vous voulez lester votre  fin d’année 2016 d’une charge de fantaisie émotionnelle palpitante? Tout y est et tout  vous plaira!

COMÉDIE DE NOËL COWARD / DU 6 AU 31 DÉCEMBRE

Mise en scène et adaptation française : Daniel Hanssens

Avec Pascal Racan, Catherine Claeys, Laure Godisiabois, Laurence d'Amélio, Victor Scheffer, Cécile Florin, Christel Pedrinelli. 

© Crédit photo : Grégory Navarra

Achetez vos tickets

http://www.comediedebruxelles.com/spectacle/esprit-farceur-es-tu-la-blithe-spirit-.html

La Comédie de Bruxelles (ex-argan42) est une compagnie de théâtre créée par le comédien Daniel Hanssens  qui produit ses spectacles dans différentes salles bruxelloises. www.comediedebruxelles.be -- 02/560.21.21

 

 CENTRE CULTUREL D'AUDERGHEM

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20:30

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 CENTRE CULTUREL D'UCCLE

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TOUTES LES REPRÉSENTATIONS 

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administrateur théâtres

Philippe Sireuil   mettait  en scène  la première partie du roman-fleuve de Louis-Ferdinand Céline « Voyage au bout de la nuit » (1932) en février dernier.  La  reprise du spectacle à Bruxelles au théâtre des Martyrs,  est aujourd'hui la bienvenue dans le contexte de violences mondiales effrénées qui nous entourent. Une question se pose : il y aurait-il du courage dans la lâcheté ?

« ...Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat… 
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir. »

 L'interprétation du personnage de Bardamu par la comédienne Hélène Firla  est hypnotique. Elle prête son souffle et son  jeu magistral  à  l'un des textes les plus puissants de la littérature française du XXe. Dans un même creuset de mots en ébullition,  l’homme et la femme  se retrouvent  soudés dans le même rejet de l’innommable, à contre-courant de tout ce qui, à l’époque et à la nôtre, entraîne vers la débâcle absolue.

 Bardamu est assis sur un banc de pierre, lisse comme un autel, le visage et le corps sculptés par des jeux de lumière, fumant, crachant, narrant, soliloquant à perte de verbe sur l’horreur et l’absurdité de la Grande guerre, la souffrance de l’humanité. La voix  vient d’outre-tombe, d’un mort vivant qui s’extirpe d’un trou d’obus, qui rassemble des bribes de mémoire. A lui tout seul, le personnage assis dos au mur, homme vieilli, à lunettes, vêtu d’un complet trois pièces et chapeau melon représente des millions de voix éteintes par le sang meurtrier des champs de bataille.

A elle toute seule,  la comédienne Hélène Firla, incarne les émotions du chœur  des tragédies grecques. Et le sang coule.  Dès les premières phrases, on oublie que l’homme est interprété par une femme. Ce qui se  déroule devant nos yeux nous plonge au cœur de l’humanité et dans sa fragilité. 

Comme c'est absurde! Bardamu s’est engagé sur un coup de tête dans l’armée, séduit par la musique et  la belle allure d’une parade militaire ! Une fois au front, il est en proie à l’horreur et à l’absurdité de la guerre.

« Perdu parmi deux millions de fous héroïques et déchaînés et armés jusqu’aux cheveux ? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur motos, hurlants, en autos, sifflants, tirailleurs, comploteurs, volants, à genoux, creusant, se défilant, caracolant dans les sentiers, pétaradant, enfermés sur la terre comme dans un cabanon, pour y tout détruire, Allemagne, France et Continents, tout ce qui respire, détruire, plus enragés que les chiens, adorant leur rage (ce que les chiens ne font pas), cent, mille fois plus enragés que mille chiens et tellement plus vicieux ! Nous étions jolis ! Décidément, je le concevais, je m’étais embarqué dans une croisade apocalyptique. »

Comme c’est absurde et révoltant ! Faut-il que ce soit la guerre qui révèle les tréfonds de la nature humaine ? Faut-il que la bête resurgisse indéfiniment ?  La terrifiante volupté du sang dans chaque massacre, dans chaque hécatombe ne supprime-t-elle pas les moindres formes d’amour ou d’intelligence? Les héros ivres d'orgueil ne croient même pas à leur propre mort ! Et, devant les récits d’héroïsme, les spectateurs trépignent de joie…quelle folie! 

Louis-Ferdinand n’a que 20 ans quand il est entraîné dans le sillage du grand Carnage. Avec ce texte, nous sommes face à un véritable Guernica littéraire, une explosion de parler vrai, une dénonciation de la mort par bêtise humaine. Le délire verbal rejoint le délire sur le front. Le langage châtié croise avec l’insolence et la liberté de l'expression populaire, mais tous les humains sont otages de l’hydre de la guerre.

Dès les premières lignes,  Bardamu avoue sa peur:

« On était faits comme des rats ! »  « Moi, je leur avais rien fait aux allemands ! Une formidable erreur! »

Dès le début, il sait qu’il est lâche, qu’il n’a pas l’étoffe du héros. C’est quoi, ce patriotisme,  cette gloire,  sous le couvert d’un soit-disant altruisme ? Il est embarqué dans une croisade apocalyptique sans fuite possible, convaincu qu’il aura de moins en moins d’espérance d’en revenir.

« Quand on n’a pas d'imagination, mourir c'est peu de chose, quand on en a, mourir c'est trop ! »

lâche l’anti-héros dans un souffle, épuisé de sa lutte  frénétique contre l’obscurité bouleversante des « homicides énormes et sans nombre ».  L'anti-héros est endossé avec grandeur par  une femme, Hélène Firla qui expose devant un public cloué de stupeur, avec immense talent et dans une multitude de registres,  cette humanité bafouée au sein de la vaste farce globale qui ne rêve que de l’anéantissement de l’autre.

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http://www.theatre-martyrs.be

Contact
billetterie@theatre-martyrs.be 
02 223 32 08 

place des Martyrs, 22
1000 Bruxelles

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Tapie dans l’ombre...

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Tsunami sur les planches…et cartes sur table. Il faut que les artistes fassent bouger les lignes. La première représentation de la pièce de théâtre "Gun Factory" par la Compagnie Point Zéro / Jean-Michel d’Hoop a eu lieu au Théâtre National dans le cadre du Festival pour la Liberté. Le théâtre de la Comédie Claude Volter a accueilli ensuite ce spectacle d’une brutalité inouïe, pendant près de deux semaines, avec un extraordinaire succès.

Le commerce des armes ? C’est le mal absolu ! On le sait et que fait-on ? On ajuste les législations ? La croissance des armes est exponentielle. Il est bien loin le temps des marches pour la paix ! Ainsi, dans la ferveur du principe du colibri, l’équipe résolument engagée de la Compagnie Point Zéro expose inexorablement les faits, de manière clinique et détachée, comme si notre monde n’était qu’un grand corps malade. Des chiffres astronomiques nous font savoir que la terre se transforme inexorablement en une poudrière de plus en plus explosive et que les bénéficiaires de ce trafic immonde ne sont nullement prêts à abandonner la partie. C’est dans ce commerce que les ploutocrates invétérés trouvent les profits les plus juteux.

C’est froid, laconique, cynique. Les faits sont palpables, étourdissants, presque inconcevables, dénoncés grâce à un arsenal théâtral à couper le souffle : tant par la puissance de l’imagination collective de cette équipe que par la présence physique tranchante et le jeu ajusté des comédiens en scène. On se doit de souligner avec force le travail fulgurant du vidéaste et des lumières. On est saisi à la gorge par la multiplicité de tableaux qui se bousculent et tuent à bout portant, et une multiplicité de points de vue qui contribuent à une construction intelligente et objective du propos. 

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L’analyse se concentre sur La Belgique, en particulier en Wallonie, au milieu de la problématique européenne. Les armes belges se retrouvent partout dans les mains de criminels de guerre des quatre coins de la planète. Il ressort que ce sont les pays de l’hémisphère Nord plus le Brésil qui sont le creuset du trafic de la mort sous les douilles. Parmi ceux-ci, la Belgique peut s’enorgueillir d’être l’un des plus petits pays du monde mais qui possède une des plus prolifiques multinationales d’armes légères au monde, la FN d’Herstal. Les pièces à conviction sont des dossiers scrupuleusement documentés, des écrits, des ouvrages, des interviews, des images volées de reportages de guerre, des sons, des armes et des munitions. Rien que du réel. Aveuglant et totalement insoutenable. La problématique de l’emploi dans de telles fabriques de mort  est développée en détails, avec finesse, clarté et honnêteté intellectuelle. Celle du respect des lois également.

Un Adieu aux larmes… Un Adieu aux armes…utopique hélas, mais bouleversant. Car si on avait proposé aux spectateurs de signer une pétition à la sortie, pas un spectateur n’aurait refusé, tant la qualité du spectacle et l’urgence du message était percutante ! Et sachez que tout ce qui a été dit ne concernait que les armes légères… En Belgique. Seulement.

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Cette production théâtrale qui n’a rien du divertissement ne donne de leçons à personne. Elle possède une lourdeur de plomb qui laissera dans les esprits des traces inoubliables. Ce spectacle peut faire peur, c’est dit dans l’introduction. L’arrivée des mercenaires (SMP ou  Sociétés Militaires Privées) signe le déclin de notre société. Soit. Mais il reste la parole de résistance, le respect de la légitimé. On ne doit pas se réfugier dans le silence ou chercher des coupables ou des victimes expiatoires. Comprendre aussi, que si on se laisse guider par la peur, on s’empêche de résister tandis que la ruine totalitaire, tapie dans l’ombre, veille, inexorablement. 

Mise en scène et écriture : Jean-Michel d'Hoop • Avec : Léone François Janssens, Léa Lefell, Héloïse Meire, Benjamin Torrini, Corentin Skwara • Marionettes: Natacha Belova • Videos : Yoann Stehr • Musique : Pierre Jacqmin • Marionettes: Natacha Belova  •Régie: Sébstien Couchard / Loïc Lefol  •  Scénographie : Noémie Vanheste • Assistants à la mise en scène : François Regout, Lucille Vignoles • Production : Catherine Hansay | Co-production : Compagnie Point Zéro, Comédie Claude Volter.

En partenariat avec Amnesty International Belgique

Du Mercredi 9 au Dimanche 20 novembre 2016

Comédie Claude Volter 
98 avenue des frères Legrain
1150 Woluwé St Pierre
02/762 09 63

 Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque 

 Quelques extraits du programme: 

Jean-Michel d’Hoop : Jamais la compagnie Point Zéro n’avait abordé si frontalement un sujet aussi politique ! Si nous voulons informer et poser des questions qui dérangent, cela ne se fera pas pour autant au détriment de ce qui fait l’essence de notre démarche artistique : l’Humour et la Poésie. Dans cette production, il y a de la musique, du cinéma d’animation et des images projetées, des marionnettes et des acteurs prêts à tout pour bousculer les codes de la représentation, faire rire et réfléchir, émouvoir certainement.

GUNFACTORY est une création qu’on pourrait qualifier de « zap théâtre » : un récit composé de fragments divers et variés offrant une vision kaléidoscopique du sujet, passant volontairement rapidement d’un univers à l’autre pour créer du sens, et déclinant plusieurs situations en parallèle, qui trouvent leur résolution en fin de spectacle.Loin de tout récit linéaire, l’écriture scénique est là pour créer des contrastes et provoquer une réflexion.

 

Jean-Michel d'Hoop: Nous avons approché ce thème par un travail d’Enquête. Nous avons, nous acteurs, artistes du spectacle, techniciens et administratifs réunis, plongés dans les méandres de ce gigantesque trafic pour tenter d’y voir plus clair. La tâche était (est toujours) énorme ; les informations multiples et contradictoires.

Nous avons travaillé avec un principe de laboratoire de recherches et le travail a commencé il y a un an déjà. Deux laboratoires de recherches sur le sujet nous ont confortés dans la nécessité de porter aujourd’hui et maintenant cette parole sur le plateau.

Nous avons rencontré des personnes ressources qui travaillent dans plusieurs secteurs liés de près ou de loin à tout ce qui touche les armes, leur production et leur commerce : des chercheurs du GRIP, le directeur d’Amnesty International Belgique, des représentants de la délégation FGTB au sein de la FN de Herstal, un ingénieur concepteur de machines à munitions, un ex-membre de la commission d’exportation des armes pour la région wallonne, des professeurs et chercheurs Science Po, des responsables d’associations pacifistes, etc.

Nous avons même poussé les portes de l’usine de la FN et avons eu la possibilité de nous entretenir avec des ouvriers et de tester le savoir-faire wallon...

De ces rencontres, nous en avons tiré l’essence pour les scénariser dans des séquences théâtrales, pour multiplier les points de vue et dépasser le simple retour d’interview. Pour étoffer notre propos, nous avons également puisé sur le net toutes sortes de documents :

La presse belge et étrangère sur le commerce des armes - reportages et documentaires autour de l’armement en général - salons de vente d’armes, - sites de vente d’armes en ligne plus ou moins légaux - Deep WEB, ou tout ce que l’on peut trouver dans ce réseau parallèle d’internet échappant à toute espèce de législation - Forums de joueurs spécialisés en jeux de guerre - Forums de clubs de tirs - chroniques France Inter - débats et interviews de personnalités politiques belges et étrangères.

Approche créative...

Jean-Michel d’Hoop : Depuis quelques années, mon travail avec l’équipe , s’oriente plus particulièrement sur    « l’animé et l’inanimé ».

Par le truchement de pantins, nous explorons une relation singulière qui peut se nouer entre un acteur et un double. Nous revendiquons un théâtre pour un large public, tout en étant moderne et innovateur. Nous parions sur l’alliage possible entre une démarche scénique audacieuse et un divertissement intelligent basé sur le plaisir immédiat de la rencontre entre l’acteur et le spectateur.

Chaque minute est une arme qui tue « Je condamne l'ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J'ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l'éducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des études de base, très simples, où l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu'il dépend de l'air, de l'eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tués dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil.» Marguerite Yourcenar

 Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange: 1.566.845.000.000 € pour les dépenses militaires mondiales en 2015

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administrateur théâtres

 Nous sommes en 1942 dans la France occupée. Deux officiers allemands  ont été  abattus devant un immeuble. Dans un des appartements on fête un anniversaire. Le Commandant Kaubach - il adore Horace et Virgile - vient annoncer  poliment que deux otages devront être désignés parmi les convives… c’est son cadeau d’anniversaire ! « Si vous ne vous décidez pas, je vous fais fusiller tous les 7 !» 

Julien Sibre a eu l'idée de monter la pièce en 2001, en voyant à la télévision le film de Christian-Jaque, Le Repas des fauves, avec Claude Rich, France Anglade, Francis Blanche, Antonella Lualdi. Il contacta Vahé Katcha, l'auteur de la pièce écrite dans les années 60, pour retravailler l'adaptation avec son accord. Cinq ans de travail  assidu, avant de  monter la pièce en 2010. « Je souhaitais un point de vue un peu plus moderne, que le spectateur soit l'acteur d'une histoire à laquelle il aurait pu ou pourrait un jour être confronté. » Aux Molières 2011, le spectacle a gagné 3 récompenses : Molière de l'adaptateur, Molière du metteur en scène et Molière du théâtre privé pour cette chronique cruelle et lucide de la barbarie ordinaire.  Le spectacle a été joué à Bruxelles en 2012 au Centre Culturel d’Auderghem, récoltant un très franc succès. Déjà joué plus de 600 fois, le revoici sous la griffe d’ Alexis Goslain  au Théâtre des Galeries en 2015 en décors d’époque, avec une très brillante distribution de comédiens rôdés aux comédies de boulevard, tous des artistes sincères et généreux. Le sujet est pourtant grave. Et le défi de faire rire dans un contexte aussi tragique relève de la prouesse, car dans ce jeu difficile, la faute de goût guette chacun des gestes des acteurs, chacune de leurs intonations. Et comment rester crédible, ne pas surjouer des rôles qui frisent la caricature?  Le festin des fauves sera-t-il un dîner parfait? Un régal théâtral très applaudi dès la première, en tous cas. Avec Christel Pedrinelli, Stéphanie Van Vyve, Denis Carpentier, Marc De Roy, Dominique Rongvaux, Fabrice Taitsch, Lucas Tavernier et Michel Poncelet.

Tombe la neige!

Max ne viendra pas ce soir,

 Il est liiiibre Max!

Trève de Haiku, la question glaçante que chacun se pose en dehors de l’aveu de la lâcheté de tous en situation de danger de mort, c’est de  se demander quelle vie vaut plus que celle d’un autre ? Et qui peut oser porter ce jugement? Est-ce celle de Françoise qui a le courage de distribuer des tracts de la résistance? Celle du couple Victor et Sophie Pélissier dont on fête justement l’anniversaire et qui pourrait être enceinte? Celle du médecin grisonnant, enclin aux bassesses les plus immondes mais qui pourrait sauver la vie de tout une patientèle et rejoindre sa femme Madeleine? Celle de Vincent, électron libre qui n’a peut-être plus rien à perdre mais qui, dégoûté par la découverte de la lâcheté générale  et la férocité mutuelle des soi-disant « amis », ne se porte plus volontaire pour devenir l’un des deux otages de l’officier allemand ? Celle de Pierre, devenu aveugle au front, ayant combattu pour la France? Celle enfin de cet industriel  exécrable, Monsieur André, l’homme d’affaire bien décidé à sauver sa peau en se mettant du bon côté, en jouant la loi du plus fort et en prenant les commandes pour manipuler tout ce beau monde terrorisé, afin de mieux se protéger? Mais ils sont tous faits comme des rats. Des propos impensables d’inhumanité et de bassesse ou de mauvaise foi fusent de toutes parts  sous le regard  amusé de l’officier. Le public n’a que son rire pour se défendre. C’est un sauve-qui-peut ignoble et détestable, jusqu’au coup de théâtre final.  …Qu’ils aillent donc tous au Diable éternel, se cacher et  boire la honte de leur triste nature humaine.

Jusqu’au 15 novembre, au théâtre des Galeries

Avec : Christel Pedrinelli, Stéphanie Van Vyve, Denis Carpentier, Marc De Roy, Dominique Rongvaux, Fabrice Taitsch, Lucas Tavernier et Michel Poncelet.

Dans la mise en scène d’Alexis Goslain

Décor et costumes de Charly Kleinermann et Thibaut De Coster, les lumières sont signées Laurent Comiant

 

http://www.trg.be/saison-2015-2016/le-repas-des-fauves/en-quelques-lignes__6020

 

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administrateur théâtres

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12273129701?profile=originalVoici du  panache et  de la  flamboyance  pour ouvrir la  saison à ORW  à Liège.  Jean-Louis Grinda*est de retour avec une somptueuse mise en scène de l'Ernani de Verdi en collaboration avec l’Opéra de Monte-Carlo.   

Pour souligner l’opulence musicale  de l’œuvre, Jean-Louis Grinda choisit d’utiliser une toile de plastique tendue,  faisant miroir, inclinée en fond de scène qui dédouble les clairs-obscurs et les saisissants jeux de lumière de Laurent Castaingt de manière très  onirique. Ceux-ci jouent avec la transparence des écrans et  font surgir  la vision extraordinaire d’une reine de lumière en robe blanche  autour de laquelle surgissent  des   personnages  vêtus de brocart, figés et  muets, comme dans un cauchemar. Nous sommes dans les toutes premières mesures de l’ouverture.

Plus de 300 costumes resplendissants, d’inspiration Renaissance, signés  Teresa Acone et une  réplique stylisée  de combats équestres de Paulo Ucello contribuent à créer  l’atmosphère grisante de légende épique. L’importante distribution  glisse  sur  l’échiquier du drame romantique, fait de porphyre er de marbre noir. Les décors sont signés Isabelle Partiot-Pieri. Le mouvement entre ceux-ci simule  la main du destin, le moteur invisible de l’ouvrage. La très belle direction des choristes  evient à Pierre Iodice. Le décor au  troisième acte suggère le tombeau de Charlemagne surmonté de l’aigle impérial,  auprès duquel se fera le couronnement. Le dernier acte  s’ouvre sur  une couche nuptiale surmontée d’un  immense dais de soie blanche   parsemée  d'écussons dorés,  auquel seront  assorties les tenues de bal de la cour  pour les  épousailles princières.

Les personnages. Une femme Elvira (Elaine Alvarez), flanquée de  sa nourrice Giovanna (Alexise Yerna), face au monde guerrier des hommes : un oncle, un grand d’Espagne,  De Silva (la basse Orlin Anastassov), vieillard qu’elle déteste et qu’elle doit épouser.  Don Carlo (Lionel Lhote), le roi d’Espagne qui lui a aussi demandé sa main et  lui a même offert la couronne. Son cœur appartient à  Ernani (le ténor argentin Gustavo Porta), prince proscrit, cuirassé dans une voix forte, stable  et assurée,  poursuivi par une fatalité meurtrière, devenu bandit avide de vengeance : son père a été tué par le père de Don Carlo. Traqué par les émissaires du roi, iI s’est réfugié dans les montagnes d’Aragon.

Tout pour l’amour. Il rêve d’enlever Elvira. Le malheureux couple  se voue  en effet un amour sincère et juste, seule harmonie dans cette fresque guerrière  mue par la poudre et le glaive. Encore deux hommes de plus  au tableau : Riccardo, l’écuyer du Roi et Jago, celui de De Silva. L’amour est la valeur absolue d’Elvira et sa seule arme. Elle est prête à perdre la vie et irait jusqu’à tuer  si elle ne peut pas vivre aux côtés de son amant.  « Ernani involami » est d’une poignante beauté, brodé de belles demi-teintes fort délicates. 

 Tout pour l’honneur. La machine à broyer les hommes dans le sang - Jalousie et Vengeance - se réveille. De Silva a offert à son insu l’hospitalité à Ernani en fuite. Ernani, croyant Elvira  mariée,  lui offre sa tête en cadeau de noces, quand, enflammés par l’idée de vengeances communes, Ernani et De Silva  décident de se liguer contre le roi. Il revient à Ernani de l’abattre, pour venger la mort de son père.  Inconscient ou la proie d’une malédiction,  Ernani conclut avec De Silva un pacte fou où  il  offre à son ennemi de se supprimer par le glaive lorsque De Silva fera retentir trois fois un cor fatidique!  L’honneur est la valeur absolue d’Ernani,  et rien ne tiendra devant  ce pacte  insensé !  Aucun usage de la raison ou les supplications d’Elvira  n’arrêteront  son passage à l’acte. Pauvre folie des hommes.  Etranglé par l’orgueil de ses principes et la  spirale des vengeances en série, il s’immole aux pieds de celle qu’il peut enfin épouser sous l’œil impassible de De Silva. Quelle absurdité ! Elvira avait  fini par obtenir  la clémence du nouvel empereur du Saint Empire  grâce à  la sincérité et la pureté de ses sentiments. Victoire éphémère de l’amour.  En effet, au  troisième acte, le roi Don Carlo,  accédant au trône impérial sous le nom de Carolus Quintus,  avait su contourner la haine, trouver le chemin de la paix et  de la clémence. On est frappé par la noblesse de ton de Don Carlo, qui s’oppose à la dérisoire vendetta et l’orgueilleuse dette d’honneur!  Le goût du sang, la folie de vengeance et de  jalousie de De Silva  viennent tout ruiner. Le trio final est un hymne rutilant fait de désespoir et de malédiction.

12273129069?profile=originalTout pour la musique. L’orchestre dirigé par Paolo Arrivabeni enchaîne les airs, les chœurs chatoyants et les dialogues  avec une énergie dévorante. La constance  des différentes haines se dégage de chaque scène avec  obstination dans une atmosphère de fatalité. It’s a man’s world. Et à l’opposé, parée de tout le  mystère de féminité, des couleurs  tendres  aux plus crépusculaires, l’interprétation  vocale impérieuse d’Elaine Alvarez est royale et sereine malgré  l’intensité de sa souffrance. Elle suscitera vivats et applaudissements enthousiastes très mérités lors des nombreux rappels en scène. Tout aussi royale est l’interprétation et  la voix ronde et souple de Don Carlo. Lionel Lhote le sublime baryton qui nous a enchantés dans Les pêcheurs de perles tout dernièrement sur la même scène, et il  se surpasse encore. « O de’verd’anni miei » médite-t-il devant la tombe de Carolus Magnus, symbole de sagesse. Avec sa très belle présence scénique, c’est probablement, notre voix préférée dans ce magnifique spectacle qui ne cesse de nous rappeler de façon étonnamment vivante,  les  tableaux  de Velasquez.

ernani-c-opera-royal-de-wallonie-lorraine-wauters-27.jpg?itok=IhBFmvyR&width=452                          http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/ernani

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* Jean-Louis Grinda a dirigé l'Opéra Royal de Wallonie pendant des années, avant l'actuel directeur général et directeur artistique Stefano Mazzonis Di Pralfera  

Saison : 2015-2016

Durée : 2:40 /Langue : Italien /Direction musicale : Paolo Arrivabeni / Mise en scène : Jean-Louis Grinda/ Chef des Chœurs : Pierre Iodice/ Artistes : Gustavo Porta, Elaine Alvarez, Orlin Anastassov, Lionel Lhote, Alexise Yerna/ Nombre de représentations : 6 /

Dates : Du jeudi, 24/09/2015 au mardi, 06/10/2015   

 crédit photos: (© Opéra Royal de Wallonie - Lorraine Wauters).

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administrateur théâtres

12273128085?profile=originalHistoire vraie d’un artiste français qui adora La Vestale jusqu'à s'aller tuer pour elle, d'un balle dans la tête! Berlioz raconte: « On doit donner encore la Vestale... que je l’entende une seconde fois !.... Quelle œuvre !... comme l’amour y est peint !... et le fanatisme ! Tous ses prêtres-dogues, aboyant sur leur malheureuse victime... Quels accords dans ce finale de géant !... Quelle mélodie jusque dans les récitatifs !... Quel orchestre !... Il se meut si majestueusement... les basses ondulent comme les flots de l’Océan. Les instruments sont des acteurs dont la langue est aussi expressive que celle qui se parle sur la scène. Dérivis a été superbe dans son récitatif du second acte ; c’était le Jupiter tonnant. Madame Branchu, dans l’air : Impitoyables dieux !, m’a brisé la poitrine ; j’ai failli me trouver mal. Cette femme est le génie incarné de la tragédie lyrique ; elle me réconcilierait avec son sexe. Oh oui ! Je la verrai encore une fois, une fois... cette Vestale... production surhumaine, qui ne pouvait naître que dans un siècle de miracles comme celui de Napoléon. Je concentrerai dans trois heures toute la vitalité de vingt ans d’existence... après quoi... j’irai... ruminer mon bonheur dans l’éternité. » C’est dire si à l’époque (1807), La Vestale de Gaspare Spontini avait ravagé les cœurs!

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On la retrouve en 2015 au Cirque Royal de Bruxelles, un endroit de choix pour monter  cette œuvre méconnue dont on ne se souvient que chantée en italien par La  Callas. L’Orchestre de la Monnaie dirigé par Alessandro De Marchi œuvre à découvert, aux yeux du public dans  une  moitié de l’arène tandis que l’action se déroule en surplomb, dans l’autre moitié du cercle. Les costumes de Marguerite Bordat font plus penser  à L’Antigone de Jean Anouilh qu’au théâtre antique. La mise en scène, signée Eric Lacascade et montée l'année dernière au théâtre des Champs Elysées à Paris, est très stylisée. Epurée et classique à la fois, elle donne le ton d’un drame intemporel.

Comme dans « Les pêcheurs de perles », on retrouve l’amour en butte à la  bigoterie religieuse, le thème du bouc émissaire, mais aussi la  brûlante liberté d’esprit de la victime expiatoire.  Deux thèses en présence: « Le salut exige une victime» s’oppose à un autre camp «  Le salut des états ne demande pas de crime », c'est celui des  jeunes vestales (La Choraline, direction Benoît Giaux). On est glacé par la scène de lynchage qui s’apparente aux scènes insoutenables vécues au sortir de la deuxième guerre mondiale par ces femmes tondues, honnies et  persécutées avec hargne. On respire d’aise  et de bonheur à la fin du drame comme dans « La Clémence de Titus » que présentait La Monnaie la saison dernière.   On ressortira du spectacle avec une certaine exaltation devant  l’homogénéité de la représentation et  la poésie du texte transmise avec une très belle diction, que ce soient les chœurs ou les solistes qui mettent en valeur  la beauté  lyrique  lumineuse de l’œuvre.

12273127460?profile=originalPureté du jeu, pureté du feu,  un flambeau d’amour renaît des cendres de la haine. Le feu symbolise la régénération et la purification, par l’amour et la lumière. Alexandra Deshorties est excellente  dans le rôle de Julia et brille de noblesse naturelle. Son jeu impressionne par la vérité de ses gestes. La tessiture de la voix plonge dans les registres inférieurs de la tragédie désespérée et fuse dans les registres supérieurs du bonheur et de la tendresse charmante et juvénile. La finesse de son, loin d’être un reproche, est au diapason de la pureté des sentiments et de la pureté de la voix. On se sent à la fois envahi par l’innocence, l’illumination palpitante du désir et la rage du désespoir, deux forces qui peuvent changer le monde.

Yann Beuron,  dans le rôle de Licinus a des tempos justes et chaleureux, des phrasés éloquents, une puissance romaine naturelle  dépouillée de toute mièvrerie, une ardeur de guerrier et d’amant passionné. Il célèbre également la vraie amitié et l’amour vrai qu’il éprouve pour sa Julia : « Je vis pour défendre ses jours ! »  Il s’offre héroïquement  pour la sauver tandis qu’elle a choisi de crier en  vestale de l’amour, sa liberté dernière : celle de marcher avec fierté vers la mort et de taire le nom de celui qu’elle aime. De bouc émissaire elle devient martyre glorieuse.   Leurs duos sonnent juste et touchent  les coeurs.    La voix rayonnante du pontife (Jean Teitgen) domine,  impressionne, mais n’arrive jamais à réduire l’innocence de l’amour au silence. Il s’entoure d’une  hypocrite escadre de soutanes noires parées de longues chevelures suant la jouissance de l’anathème et s’alliant les odieux mouvements de  la foule versatile. C’est voulu et  lourd de propos.

DSC_1684press.jpg?width=750 Chargée du rôle de la grande Prêtresse, la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo est  auguste et très crédible, n’hésitant pas à laisser fondre son cœur de mère dans un duo déchirant avant que Julia ne soit enterrée vivante. Sur scène, quelques bancs, ou  longues tables mouvantes, et au centre le siège du feu sacré dans une cage qui sera celle de l’héroïne, entouré de jeunes vestales exquises vêtues de cheveux de feu et de robes blanches. La plus jeune a à peine 19 ans.  Les mouvements fascinants et le lyrisme des chœurs très nombreux utilisent plus que leur espace scénique, ils jouent d’une certaine proximité avec le spectateur, de quoi les clouer dans l’émotion.  

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Une œuvre sans aucune lenteur, des rythmes enflammés, du désespoir palpable, la flamme immortelle de l’amour omniprésente,  le tout serti dans un très beau travail de chœurs (Martino Faggiani), ne fait que contribuer à l’allégresse qui naît lorsqu'une performance est reçue  comme un cadeau.

Crédit Photos: © Clärchen und Mattias Baus 

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/

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administrateur théâtres

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« Je ne suis ni folle ni possédée ! »Suzanne Simonin

Il y a 50 ans déjà ! « La Religieuse » de Denis Diderot (1760-1781)  était adaptée au cinéma par  Jacques Rivette  et soulevait une puissante  vague d'indignation et d’appels à la censure de la part de la société bien-pensante.  La présidente de l'Union des Supérieures Majeures écrit le 12 octobre 1965 au ministre de l’information, Alain Peyrefitte et accuse la production d’être « un film blasphématoire qui déshonore les religieuses ». Le ministre, qui partage ce point de vue, lui promet qu'il fera tout en son pouvoir pour empêcher le film de nuire à l'image des religieuses. En effet, DIDEROT ne mâche pas ses mots : « Faire vœu de pauvreté, c’est s’engager par serment à être paresseux et voleur. Faire vœu de chasteté, c’est promettre à Dieu l’infraction constante de la plus sage et de la plus importante de ses lois. Faire vœu d’obéissance, c’est renoncer à la prérogative inaliénable de l’homme, la liberté. Si l’on observe ces vœux, on est criminel ; si on ne les observe pas, on est parjure. La vie claustrale est d’un fanatique ou d’un hypocrite. » Son réquisitoire contre le fanatisme est sans appel. Tout comme d’ailleurs celui de Jean-Jacques ROUSSEAU avec cette phrase célèbre extraite  "Du contrat social" en 1762 : "La terre entière regorgerait de sang et le genre humain périrait bientôt si la Philosophie et les lois ne retenaient les fureurs du fanatisme, et si la voix des hommes n'était plus forte que celle des dieux."

Une longue bataille juridique s’enflamme, la distribution et l’exportation du film interdit aux moins de 18 ans est empêchée. Il faut attendre 1975 pour la levée de censure par le Conseil d’état. Sujet toujours sensible, un nouveau film sort en 2013, avec Pauline Etienne et Isabelle Huppert.

826862457.jpg?width=450Les temps ont  certes changé depuis les années 60, mais il faut croire que la contrainte de la prise de voile imposée à une jeune ville de 16 ans menant à son enfermement à vie est un sujet qui n’a pas fini de passionner et de nous révolter. Daniel Scahaise à son tour exploite ce texte sulfureux avec  grande  empathie et justesse de ton.

Rappelons l’histoire en bref. Suzanne Simonin, enfant rejetée, née en dehors des liens du mariage, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle n’aspire qu’à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou vraiment trop caressantes…dans leurs transports interdits.  Véritable héroïne de la dignité,  loin de tout péché d’orgueil ou d’outrecuidance, la jeune fille résiste courageusement à la barbarie de l’enfermement, aux sévices corporels, aux brimades, aux privations par la PAROLE. Elle a décidé de lutter par tous les moyens pour recouvrer son identité et sa liberté d’action. Sa  seule arme est la plume…pour rédiger un mémoire à charge contre la Famille, l’Eglise et l’Etat. 

3840311950.jpg?width=450Chaque geste, chaque mouvement, chaque tressaillement  de Suzanne la mal aimée est un tableau de maître. Dolorès Delahaut qui l’incarne avec passion et raison à la fois, a des airs de Jeanne d’Arc.   Le plateau  central est  un  carré de marbre noir, traversé par les sombres forces de l’Injustice qui cerne de tous côtés  la vie palpitante qui bouillonne dans la jeune religieuse. Biche aux abois, elle  se bat avec l’énergie et la détermination de la chèvre de Monsieur Seguin, préférant au besoin, s’immoler plutôt que de renoncer à sa liberté.  Les jeux d’ombres, de lumières et de citations musicales ou sonores sont fascinants. Et la plume et l’écritoire, les seuls alliés de la jeune fille, de mener presque  une vie propre!  On croit voir le texte s’écrire en encre sympathique sur les pages de la confession de la religieuse.

 3936137295.3.jpg?width=450Le premier contact du public avec la scène est synonyme dès le départ, d'aveuglement et  de violence monastique « qui jettent l’économie animale dans un désordre dont elle ne peut sortir  ». Les chaises des spectateurs-juges sont disposées sur les quatre côtés de cet abîme qui pourrait tout aussi bien être un puits sans fond  où flotte,  retournée face contre terre, le corps sans vie de la jeune  religieuse. Morte ou vivante? Murée et enterrée vivante? Autour des spectateurs,  des parois faites  rideaux noirs tels les plis de la robe religieuse.   Deux mères supérieures impassibles  sont  assises avec vous au premier rang de part et d’autre du plateau.  Julie Lenain,  impressionnante dans son rôle de castratrice, de juge et de tortionnaire,  Hélène Theunissen  incarnant au fil de l’histoire, la souffrance physique d'un réalisme soufflant d’une infâme lubricité.  Distribution remarquable et vibrante de colère, de révolte et de violence pour interpréter un texte qui n'a pas vieilli... hélas!  La voix, la stature de Stéphane Ledune rendent le plaidoyer de Diderot pour Dieu et contre les institutions liberticides  d’une intensité stupéfiante! La fin de l’histoire, est un dernier coup de poignard d'une muflerie inouïe.

La Religieuse

Denis Diderot - Théâtre en Liberté

Du 13.01 au 14.02.2015

Réservez en ligne

 

Crédit Photos : Isabelle De Beir
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administrateur théâtres

   Dense ou Danse ?

Une « Oeuvre au Noir » lumineuse présentée comme un chant choral par un sextuor d’artistes-comédiens exaltés et totalement engagés vient d’être portée  sur la scène par  Christine Delmotte, la metteuse en scène passionnée qui a pris à bras le corps ce texte foisonnant de Marguerite Yourcenar.

Zénon chemine libre, insaisissable et plein d’esprit. Il incarne le corps et l’esprit de l’homme intègre libéré de tous les  intégrismes.   Son  mouvement perpétuel de recherche ne cesse de le métamorphoser. Il renaît devant chaque découverte qui fait avancer l’homme, fuyant l’idole de la vérité, lui préférant « les exactitudes », abhorrant par-dessus tout l’hypocrisie et la compromission. Il  nous est d’une modernité saisissante. «  Un autre m’attend ailleurs. Je vais à lui. Hic Zeno. Moi-même.» Socrate moderne, homme de bien il répand le réconfort, soigne les malades, éclaire de sa sagesse,  là où il passe -  auprès de nous, spectateurs étonnés du XXIe siècle -    faisant feu sacré de toute idée généreuse et novatrice.  Aventurier du savoir, il s’invente un art de vivre basé sur le questionnement, il ne prend jamais la grand-route, il prend les chemins de traverse. Tour à tour,  il « est », un par un, tous les aveugles de Breughel  cheminant dans la neige de la blanche certitude sous le pâle soleil nordique, il est aussi  Breughel, Paracelse, et Léonard de Vinci.  A lui tout seul  il bouillonne, tel un formidable  creuset d’alchimie humaine sublimée. Il sera aussi la victime de l’Inquisition, mais au fond de son cachot il s’autorisera à disposer de lui-même et accèdera à la sérénité dans son pèlerinage vers la mort. S’il n’a pas réussi à changer les matières vulgaires en or, il aura transformé la peur et meurt dans la lumière, n'ayant eu de cesse que de faire reculer les frontières de l'esprit. Quelle victoire sur l’obscurantisme !

  Seuls les non-dupes errent ! Le voyage est autant  intérieur que spatial et temporel. « Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? » Partagée entre le « je » et le « il »  la parole de l’humaniste du XVIe siècle nous revient dans les  éclats  de voix d’un miroir  de l’histoire patiemment reconstituée  qui nous emmène sur les pas de l’errance et du voyage. Les généreux acteurs jouent le jeu avec adresse et empathie. Ils sont pieds nus, campés dans le XXIe siècle et tour à tour ils donnent corps au personnage mythique. Le texte est dense, on voudrait s’arrêter, mais le miroir de l’histoire n’en finit pas de scintiller… comme la neige ?

Une longue table de taverne ou de cantine d’artistes, des grilles de prison qui barrent les visages, quelques œuvres de grand maîtres projetées sur un débris de mur de briques, un plan de l’ancienne ville de Bruges,  une tringle où pendent des costumes d’époque, mais l’époque a-t-elle une quelconque importance ? Seuls comptent les talents !  Et les artistes en regorgent. Dans le jeux d'ombre et de lumière, la voix est maître. Une bonne dizaine d’œuvres chantées par Soumaya Hallak fait le lien entre les scènes et les époques. Les extraits éclectiques de l’histoire de la musique permettent un temps de pause  dans la  réflexion pour se fondre dans l’émotion musicale. Cela va  de la découverte du  « Pirate's gospel » d'Alela Diane en passant par un air Gascon d'Etienne Moulinié, un « Salve Regina » de Monteverdi puis « Godi turba mortal »tiré de la Pellegrina d'Emilio de Cavalieri, un « je t'ai aimé » extrait d'une chanson en arabe de Fairouz, le « Sancta Maria » de John Rutter, « le Lamento de Didon » d’ Henry Purcell et un renversant  « Lascia ch'io Pianga » de Georg Friedrich Händel pour terminer par « Crucifixion » de Samuel Barber. Le tout en solo, sans autre instrument que la voix humaine et l’une ou l’autre percussion, devant le parterre ébahi des spectateurs conscients qu’elle recommencera 26 soirs d’affilée! La dame est chanteuse lyrique, diplômée de la chapelle Musicale Reine Elizabeth sous la houlette de José Van Dam. 

 Les cinq autres comédiens sont d’une trempe tout aussi extraordinaire. La parole danse, libre et partagée. Il y a la délicieuse Stéphanie Van Vyve que l’on court voir à chacune de ses apparitions sur scène, il y a la découverte de Stéphanie Blanchoud qui incarne avec tant de dignité et d’humanité les derniers instants de Zénon. Il y a ce duo extraordinaire des voix masculines et chaudes de Serge Demoulin et Dominique Rongvaux qui avec Nathan Michel évoquent avec profondeur cet homme beau comme une cathédrale de la condition humaine. Oui, ce spectacle est inoubliable!

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece4.html

Marguerite Yourcenar - Cie Biloxi 48

Du 14.01 au 14.02.2015

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Tu es

Tu es  

 

Tu es sèche

Tu es laide

Tu es rêche

Tu es raide

 

Tu es aimable

Tu es belle

Tu es détestable

Tu es telle

 

Tu es horrible

Tu es errante

Tu es sensible

Tu es tentante

 

Tu es vive

Tu es douteuse

Tu es agressive

Tu es douloureuse

 

Tu es douce

Tu es violente

Tu nous as tous

Tu es puissante

 

Tu es là

Tu es unique

Tu es toi

Tu es pudique

 

Tu es pénible

Tu es passante

Tu es terrible

Tu es présente

 

Tu es impulsive

Tu es majestueuse

Tu es primitive

Tu es amoureuse

TOI LA MORT !

                                           © SABAM RICHARD Jean-Jacques

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administrateur théâtres

12272970069?profile=originalRodrigue et Chimène : deux êtres épris l’un de l’autre  qui seront grillés à petit feu sur l’autel de la gloire et du devoir. Rodrigue va-t-il laver l’affront fait à son père et tuer le père de Chimène ?  Il choisit la  solution héroïque qui lui conserve l’admiration de sa Chimène mais  il s’empêche ainsi de l’épouser à jamais. La barbarie du système de l’honneur du clan force Chimène à demander vengeance et à faire  immoler le seul homme qu’elle aime. L’Infante, secrètement amoureuse de Rodrigue, elle aussi, s’est pliée à la règle des convenances et ne s’est pas autorisée à aimer plus bas qu’elle! Elle a donc « offert » Rodrigue (Laurent Capelluto) à Chimène (Laure Voglaire).  Les rebondissements imprévus rendent un espoir insensé à L’Infante (une très  impressionnante France Bastoen) qui est à nouveau tourmentée  par  la folie d’amour… jusqu’à cette scène inoubliable d’extase en solo.  En ce qui concerne Chimène - victime de  l’orgueil de son clan et de  ses principes inébranlables - elle est prisonnière de son devoir et la préservation d'une image de perfection se met en travers de l’amour avec une constance effroyable. Seul un  roi avisé pourra changer la loi, défaire les codes barbares et faire retrouver Raison … et Amour.

12272970091?profile=originalModernité. Qui  de s’échauffer, qui  de se rafraîchir, de se précipiter en retard, une rose ou un sachet de provisions à la main : dès le  début du spectacle, le spectateur se trouve confronté à un long prélude muet d’allées et venues des comédiens qui se préparent au tournoi verbal.  Dominique Serron, la metteuse en scène ne recherche nullement l’illusion théâtrale, elle  a choisi de privilégier l’énergie  créatrice de chacun, le corps et la parole pour exprimer la violence des sentiments emprisonnés dans le texte de Corneille.  Ni décor historiciste, ni  même de sage neutralité avec un plateau nu et épuré. Le pourtour du plateau est encombré par le matériel quotidien utilisé par les comédiens lors des répétititions:  de la table de repassage, à la carafe d'eau fraîche pour se désaltérer. Ils se changent, se maquillent, se sustentent, s’ébrouent, se retrouvent le texte à la main.

12272971255?profile=originalIntensité. Et puis tout d’un coup on assiste au jaillissement du jeu dramatique qui fait fuser l’émotion.  Le spectateur est auditeur libre d’une répétition,  d’une réelle séance de travail, que l'on peut imaginer évolutive. Déjà que les personnages ne sont pas interprétés par les mêmes comédiens tous les jours!    Donc le seul point d’appui  où se construit peu à peu le spectacle est cet environnement naturel dans lequel baigne le comédien, un envers de décor invisible ou imaginaire. L’énergie du texte de Corneille se libère à mesure. Comme s’il s’agissait d’un concert dont on ne possède plus les instruments anciens, les comédiens ont pour tâche de trouver au fond d’eux-mêmes l’authenticité du texte. La troupe est un faisceau d’énergies  portées par le rythme parfait de l’alexandrin. Cette  caravelle qui vous embarque dans l’ivresse de la langue. Voilà un centrage sur la parole et le corps sans aucune autre distraction.

12272971082?profile=originalAuthenticité. Alors le lyrisme devient viscéral. Les coups de talons fâchés et cadencés, les gestes ibériques millénaires se réveillent et le flamenco est au rendez-vous. Le corps prépare le jaillissement de la parole.  Ces parties dansées sont des  moments intenses de ressourcement et des  moments de concentration et  d’unisson extraordinaire, chaises à l'appui!  Comme pour reprendre après ces respirations rythmiques  le texte avec plus de vérité encore.  Il y a  ce tango particulier où chacun est face à une  chaise de bois. La dure réalité ? Le sol du plateau rugit sous le questionnement, sous la douleur de la décision impossible. C’est le drame du choix impossible. C’est un  aller-retour dans l’introspection: entre la vie et la mort, entre la vengeance et l’amour. Ainsi s’allume le feu dramatique qui dévore chacun des  personnages et qui gagne peu à peu le spectateur pris dans les flammes vives de la création artistique.

Le drame est  incandescent,  vécu par chacun avec vérité absolue. Voici le cast de comédiens  fascinants qui a fait vibrer la salle entière le mardi 12novembre, jour de la première : Laure Voglaire, Laurent Capelluto ; France Bastoen, Patrick Brüll, Daphné D’Heur, Vincent Huertas, Julien Lemonnier, Luc Van Grunderbeeck. Faut-il souligner que nous avons été charmés de retrouver le duo Laure Voglaire, Laurent Capelluto (qui jouait avec tant de sensibilité dans les "1001nuits" récemment au théâtre du Parc) et que nous avons été séduits par le jeu plein d’intelligence et de finesse de Daphné d’Heur dans le rôle d'Elvire, la suivante?

 

 

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece3.html

 Huit partitions jouées par une équipe de onze comédiens :

Rodrigue : Laurent Capelluto ou Fabrizio Rongione
Chimène 
: France Bastoen, Alexia Depicker ou Laure Voglaire
L’Infante
 : France Bastoen ou Daphné D’Heur
Le Roi
 et Don Gomès : Patrick Brüll ou François Langlois
Don Diègue
 : Luc Van Grunderbeeck
Don Sanche
 : Vincent Huertas ou Julien Lemonnier
Don Arias
 : Vincent Huertas ou Julien Lemonnier
La suivante
 : Daphné D’Heur, Alexia Depicker ou Laure Voglaire

 

En savoir beaucoup plus : http://infinitheatre.be/

 

 

 

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administrateur théâtres

 12272961256?profile=originalRoméo et Juliette  revisité par Yves  Beaunesne

 

Dans une version du « plat pays qui est le nôtre » avec une Juliette et des Capulet flamands et un Roméo et des Montaigu wallons...Yves Beaunesne explore la pièce de Shakespeare à des fins… assez ambiguës. Né d’un père flamand  et d’une mère wallonne, lui qui vit en France depuis de nombreuses années, lui qui vient d’obtenir la direction du centre dramatique de Poitou-Charentes  et qui a francisé son nom original de Boonen en Beaunesne, n’est-il pas – inconsciemment - encore toujours victime du syndrome flamand, c’est-à-dire ce besoin d’exposer,  d’exporter et de vanter  l’identité flamande (et non la belge, hélas)  à travers le monde ou  la France en tous cas ? Quel besoin a-t-il d’affirmer  qu’il était « naturel » de faire jouer les Capulets par les acteurs flamands ? « Il y a un côté "Capulet" dans la Flandre d'aujourd'hui, dominatrice, arrogante, aussi riche qu'inquiète d'une éventuelle perte de son identité. Et pourtant, il y a peut-être du "Montaigu" dans le Wallon, léger mais "empêtré dans les privilèges d'une veille aristocratie à la française" » Ne se trompe-t-il pas d’époque ? Pourquoi, au lieu de gommer les stéréotypes, les creuse-t-il encore plus et …de façon inutile?  

12272961271?profile=original« Pour les costumes, nous avons observé, avec les acteurs, comment on peut reconnaître facilement un Flamand et un francophone à ce qu’il porte. Les vêtements wallons ont un côté un peu "destroy" ! » Cela ne vous fait pas rire ?

“Tybalt:  Ik moet rustig blijven, terwijl hij mijn bloed doet koken ! Mijn vlees siddert onder deze tegenstrijdigheid. Ik smeer hem, maar deze inbreuk die nu onschuldig lijkt zal bittere gevolgen hebben. Wraak ! » Et ce texte, cela  ne vous fait-t-il pas pleurer ?

 

Si ce spectacle va sans doute  fort amuser le public français qui pourra rire de bon cœur des chamailleries belgo-belges dans un texte spécialement fait  pour la France  et où seulement un tiers se passe en néerlandais surtitré, le public belge n’est pas logé à la même enseigne :

 la musique de la langue Shakespearienne en a pris un sérieux  coup. Oyez ce mélange de style verbal très indigeste où la langue française prend des airs littéraires anciens  tandis que  la langue néerlandaise est celle d’une série télévisée flamande. Dur à avaler puisque  d’un côté on entend  du flamand gorgé de familiarités que l’on déchiffre à coups de bandes de traduction défilantes, de l’autre  on entend du français souvent horriblement maltraité dont il faut vérifier la traduction en flamand pour comprendre ! Car dans l’histoire, le clan flamand se targue de mieux parler le français et de savoir faire l’effort nécessaire vers l’autre arguant que le clan adverse ne pratique pas la langue de Vondel. Encore un beau stéréotype, qui a pourtant de moins en moins cours.  Ce que l’on réalise surtout, c’est que, même bilingue, on a du mal à comprendre et l’une et l’autre langue !  Surréalisme à la belge, certainement! 

 

12272962053?profile=originalOn ne comprend pas non plus la pieuse promesse de Yves Beaunesne qui ose faire croire que « Le texte est intégralement celui de Shakespeare, à la virgule près. »  Quand on voit les coupes sombres dans les scènes et les  répliques, la diminution du nombre de personnages, (laissant le Prince et  le Frère Laurent dans la neutralité… il reste quatre Montaigus contre sept Capulets)  on se demande si on n’a pas la berlue. Mais  le pire c’est le rabotage de la fin de la pièce avec le message essentiel de Shakespeare qui manque à l’appel.  En effet, in libro veritas, après la mort tragique des amants, le Prince, les Capulet, le vieux Montaigu se rendent au bord du tombeau. Frère Laurent leur raconte la triste histoire des "amants de Vérone" et  son propre complot pour déjouer la destinée fatale. Les deux pères accablés déplorent cette haine fratricide, cause de leurs malheurs. Ils se réconcilient sur les corps de leurs enfants et promettent de leur élever une statue d'or pur. La conclusion d’Yves Beaunesne se contente d’un tombeau ouvert avec les jeunes amants unis dans une ultime étreinte sous les yeux des autres personnages silencieux.

 

 Malgré toutes ces ambiguités, il reste néanmoins le souvenir d’un spectacle esthétiquement très abouti, qui tient plus de l’opéra parlé que du théâtre, avec un divin décor. Celui d’une immense ville encerclant une grande verrière, le toit d’un immeuble sur lequel s’affrontent  et glissent les personnages. Le thème de la chute est omniprésent. On croirait que c’est voulu…  Mais pour Roméo, naïf et oublieux des différends, le bonheur est par-dessus les toits. Roméo bondit sur la ville miniature tel les amoureux dans les tableaux de Marc Chagall, la couleur en moins.  Une superbe chorégraphie - du ballet presque - et un jeu personnel de comédiens  enthousiastes très au point, ponctué de musique pop-rock moderne  et agréable à écouter.

 

12272748692?profile=originalhttp://www.atjv.be/Romeo-et-Juliette

http://www.aulamagna.be/fr/agenda_culturel_details.asp?id=300

http://www.yvesbeaunesne-romeoetjuliette.fr/

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administrateur théâtres

A la recherche vertigineuse de l’Autre… « Je m’imaginais ce que je pourrais découvrir si tu mourais! » Ah femme curieuse, ne te suffis-tu pas de l’amour, te faut-il éternellement la connaissance?

 

C’est la nouvelle saison chez Claude Volter. Leur premier spectacle, une pièce de Florian Zeller met en scène les  trois comédiens chevronnés qui jouaient l’an dernier « Sentiments provisoires » : le   mari, la  femme et l'amant, sujet très exploité au théâtre mais dont la composition en éclats, les monologues intérieurs et la superposition des vérités avaient déjà fasciné les spectateurs par leur profondeur derrière l’apparente comédie de mœurs. Un spectacle qui déjà essayait de nous dire quelque chose de très profond, au-delà de la réalité visuelle.  Hasard ? ou suite logique d’un questionnement de l’Autre?  Ainsi, ce nouveau demi-vaudeville  plonge dans les doutes, les craintes, les phantasmes et la difficulté de percevoir la vérité. Le trio Stéphane Moriau, Jean-Claude Frison, Michel de Warzée, on l’a vu, excelle dans l’art de faire apparaître des émotions vives ou sombres dans les interstices du visible. Ils chevauchent aussi bien le comique que le tragique.  

12272952697?profile=original12272952470?profile=originalDans « Si tu mourais… »  Florian Zeller brouille les repères, emmêle  les différentes couches  de réalité ou d'imaginaire, le  moment présent et les flash-backs. Apparemment, on  se trouve  dans un appartement, …ou un autre, dans un  temps, … ou un autre, devant des faits avérés… ou des craintes imaginaires. Réalité et mensonges se superposent. Façon modules Ikea, décor de Noémie Breeus.  On voit une veuve, pas trop éplorée, quoique… Un ami Daniel très mystérieux ou amoureux ? « Vraiment, crois-moi ! » Il la ménage ou il est sincère ?  Un mari mort d’un accident de voiture mais omniprésent… A la fois mari et amant d’une autre, …ou non. Laura Dame, la sémillante  jouvencelle en shorts et bretelles, est-elle une  des   jeunes maîtresse dudit mari ? Ou la femme de l’agence immobilière ? Anne, la veuve, vient d’ouvrir une boîte de Pandore. Elle vient de découvrir des notes - un testament empoisonné -  dans les affaires de Pierre,  son mari écrivain, qui laissent à penser qu’il  menait une double vie…  Et tout porte à le croire, surtout que c’est ce que Anne a peut-être envie de croire. Pour diminuer sa peine ? Pour confirmer des soupçons inspirés par une jalousie latente ? Mais voilà l’engrenage bien réel  d’une chimère - la peur de l’abandon -  et le besoin de savoir qui la ravage. Jamais  plus elle ne pourra parler à Pierre et savoir, il a  définitivement emporté son secret avec lui.  Paranoïaque ou avisée, Anne se drape d’un imperméable de détective et débarque chez la soi-disant maîtresse, elle veut la confirmation de sa vérité.  Dérangée, Laura Dame avoue : rien ou tout. Par jeu ? Ou par dépit amoureux ? 12272953281?profile=originalUne merveilleuse Caroline Lambert  d’une fraîcheur acidulée !

 Plus l’enquête se fait pressante, plus le mystère s’épaissit.   On retrouve la même atmosphère riche de questionnements humains, un temps et un espace explosés comme dans « Sentiments provisoires » comme pour mieux cerner le désir de l’auteur de la pièce. « Mon désir,  était de raconter l’histoire d’une femme qui se perd, qui cherche une vérité qu’elle fuit en même temps et qui, à la mort de son mari, se pose cette question : Peut-on réellement connaître l’autre, ou son visage demeure-t-il toujours, tout en étant familier, un masque, une chimère, une construction ? »

12272953485?profile=originalAnne cherche Pierre partout dans ses souvenirs… il ne cesse de lui échapper. Elle doit faire son deuil, mais cela veut dire quoi ?  Apprendre à vivre sans lui ? Mais qu’est-ce qui est plus facile ? En continuant  à l’aimer avec son vrai visage  ou en froissant son souvenir devant le masque de sa trahison ?  « Tu ferais quoi à ma place ? » « Si tu mourais ? Qu’est-ce qu’il me resterait ? » Des questions poignantes.  Il ne peut plus répondre, même par ses pirouettes de mâle assoiffé  d’aventures. La mort est la seule certitude. L’énigme de la  vérité, « ce sont des mains et des yeux qui brûlent en silence », une phrase incandescente.

12272953872?profile=originalL’écriture de Florian Zeller ? Une écriture «vive et musicale, un genre qu'adorait le XVIIIe, où le mot et le sentiment se livraient à de délicieux et douloureux cache-cache dont la vérité et le mensonge étaient les enjeux favoris». La  mise en scène ? Celle de Vincent Dujardin : adroite,  malicieuse comme un jeu de colin-maillard, qui ménage des coups de théâtre et s’amuse du jeu de pistes qu’il offre au spectateur et lui fait traverser le miroir des rêves. La musique ? Le seul bémol. Elle est envahissante, lancinante et  aussi pâteuse que celle d’un orchestre fatigué au bal du rat mort à trois heures du mat. Peut-être l’effet voulu ! Qui sait ? Il y a toujours au moins deux réponses à la même question, c’est Michael Crichton, dont l’inquiétude était sans bornes, qui le disait n’est-ce pas?  

Jean-Claude Frison (Pierre, le mari d’Anne)

Michel de Warzée (Daniel, l’ami de Pierre)

Stéphanie Moriau (Anne)

Caroline Lambert (Laura Dame)

SI TU MOURAIS  de Florian ZELLER

du 2 au  26 octobre 2013

du Mardi au Samedi à 20h15, Dimanche à 16h

Réservation www.comedievolter

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administrateur théâtres

Au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le  dimanche 6 octobre 2013 à 20 heures, on écoutait avec ravissement et sans pause l'ORFEO de Monteverdi. C’est sans doute l'œuvre la plus impressionnante et la plus révélatrice du génie du compositeur. Une œuvre unique, d'une ambition esthétique sans précédent alliant poésie, chant et musique. "Poète et musicien ont dépeint les sentiments du cœur avec un talent tel qu'il aurait été impossible de mieux faire. La poésie est belle de conception, splendide de forme et la plus magnifique qui soit dans sa diction. La musique sert la poésie avec une qualité telle que rien de plus beau n'a jamais été entendu" (Lettre de Cherubino Ferrari, août 1607).

 Par ses proportions monumentales et sa construction rigoureuse, par sa justesse expressive, et surtout par sa beauté, L'Orfeo, favola in musica mérite d'être considéré comme le premier chef-d'œuvre de l'histoire du théâtre lyrique moderne. « Orphée, fable en musique », fut écrite à l'initiative du duc de Mantoue pour la saison de carnaval 1607 et représentée le 24 février devant  l'aristocratie et les érudits de la ville.  Monteverdi semble avoir mis près d'une année pour en achever la composition.  On ignore où exactement se déroula la représentation (selon la tradition à la Galleria degli Specchi ou à la Galleria dei Fiumi du palais ducal), s’il y avait des costumes et des décors. La salle  en tout cas n'autorisait pas l'emploi de machinerie  scénique utilisée dans les théâtres. Le libretto, écrit par Alessandro Striggio, fut distribué au public et le succès fut si  considérable que le Duc de Mantoue  ordonna aussitôt  une seconde représentation,  le 1er mars 1607.

Le mythe d'Orphée chanté par Ovide, très populaire au début du XVIIe siècle, est la base du  livret de Striggio où  la figure d’Orphée  prend des allures christiques. Les actes I, II et V évoquent  la pastorale tandis que les actes III et IV  sont situés aux Enfers. L'œuvre s'articule autour d'éléments purement orchestraux s'appuyant sur des rythmes de danses : la toccata initiale, les symphonies des débuts et fins d'actes, les ritournelles. Autour des parties chantées par le  chœur, on retrouve des solistes ou  des duos  rappelant la canzonetta ainsi que des  récitatifs et des arioso. La qualité expressive de la mélodie accompagnée d'instruments polyphoniques est exceptionnelle de  profondeur et d’humanité. Les visages trahissent les moindres émotions et la voix s’échappe, juste et spontanée.  La virtuosité met en lumière les passages dramatiques. La construction est très variée et équilibrée.  Monteverdi parvient à mettre dans le  drame de Striggio une charge émotionnelle très intense. En effet les  dilemmes, les joies et les peines des personnages se retrouvent comme enluminés dans l’orchestration. Différents rappels thématiques et  le choix de certaines sonorités soulignent des atmosphères et les émotions ou des changements de personnages. On entend une majorité d’instruments  nés à  Crémone mais aussi le  clavecin,  l’orgue régale, une  harpe d’or, le  luth et  les violes de gambe qui contribuent  à décrire intimement et de façon très vivante le destin de chacun des protagonistes.   

Chef en résidence au Centre culturel de rencontre d'Ambronay depuis 2010, Leonardo García Alarcón est un spécialiste de la musique de Claudio Monteverdi dont il connaît les moindres secrets et admire profondément la beauté. Il partage ce soir  la fraîcheur de son interprétation et la fougue de sa direction avec les jeunes instrumentistes et chanteurs  de la 20e académie. Le rôle de l'Orfeo a été confié au chanteur professionnel, Fernando Guimarães, ténor.  Les musiciens  de l'Académie baroque européenne d'Ambronay  jouent debout dans une lumière tamisée  une brillante Toccata tandis que le prologue  est personnalisé par l'arrivée de La Musica  interprétée par Francesca Aspromonte, soprano. Elle porte une longue robe noire très élégante et une longue queue de cheval de cheveux châtains. Avec délicatesse extrême elle  présente la fable d'Orphée qui par son chant apaise les bêtes sauvages et par ses prières soumet l'Enfer.

 

Il n’y a pas  ce soir de mise en scène particulière comme dans d’autres représentations d’opéra : prima la musica !  Mais les spectateurs ont la surprise  de découvrir les voix des solistes en de multiples  endroits de la salle Henry Le Bœuf : dans une allée, aux balcons, dans les coulisses. Le chœur, peu nombreux mais d’une présence extraordinaire, tour à tour bergers, nymphes ou esprits  se lève, bouge, sort de scène et réapparaît là où on ne l’attend pas … dans une chorégraphie sans cesse renouvelée. Jullian Millan nous offre sa très belle voix de baryton, en « pastore e spirito ». Hugo Bolivar et Alexis Knaus endossent  les voix de contre-ténor.  La mise en espace assurée par Fabien Albanese est donc très vivante. Les personnages jouent avec grande finesse un  répertoire très varié d’émotions. C’est  juste et émouvant tant cela a l’air naturel. La dynamique du  jeu des lumières -  rougeoyantes quand on est aux  Enfers, dorée pour célébrer la victoire orphique - est tout aussi soigneusement élaborée et évocatrice.

 

Pendant qu’Orphée  au son de sa lyre d’or conte son histoire d’amour (depuis le temps où Eurydice se refusait à lui et jusqu’à  maintenant où il exulte de bonheur), apparaît la Messagiera, funeste oiseau de nuit (une émouvante Angelica Monje Torrez ,mezzo-soprano).  Elle  interrompt brutalement  les festivités  des bergers et des nymphes. « La tua diletta sposa è morta » annonce la messagère avec des accents dramatiques, soutenue par de sombres accords de l’orgue.   La belle Eurydice dont on n’entend que deux brèves apparitions (Reut Ventorero, soprano) est morte, mordue par un serpent, dans un pré où elle cueillait des fleurs pour sa guirlande nuptiale. Rien n'a pu la sauver. Orphée, pétrifié de douleur  se révolte et décide de descendre aux Enfers pour l’arracher  à  Pluton grâce à la beauté de son art. S’il n’arrive pas à  la ramener sur Terre, il demeurera avec elle dans le Royaume des ombres. « Rimarro teco in copagia di morte, Adio terra, adio cielo, e sole , adio » Une plainte merveilleuse qui s’achève sur  un magnifique  duo des nymphes et les lamentations funèbres, à la fois  fortes et tendres du chœur. Dramma per musica.

 

La Speranza (Cecilia Mazzufero , soprano) conduit Orphée  armé de sa seule lyre, jusqu’aux rives  du Styx, les portes de l’enfer  où règne Pluton (l’impressionnant  Yannis François, basse). Elle le conjure de  lire la terrible inscription « Lassciate ogni speranza , voi ch’entrate »  "O vous qui entrez, abandonnez toute espérance". Charon (Yosu Yeregui, basse), le terrifiant nocher, refuse de lui faire traverser les eaux noires. Orphée parvient à le faire fléchir grâce à ses chants et l’endort. Harpe puis clavecin et violon seul soutiennent sa prière.  Deux  simfonia aèrent la tension dramatique intense de ce chant poignant, les cors ont joint leurs appels désespérés à la voix d’Orphée. Le chœur  a chaussé les masques  des esprits infernaux et commente l’action avec solennité comme dans une tragédie grecque. mais la  sinfonia renoue vivement  avec la joie.  

 Proserpine ( Claire Bournez, mezzo-soprano) est  tellement émue qu'elle supplie Pluton  de rendre Eurydice à Orphée.  Pluton, lui prenant la main, y consent par amour pour sa femme « tuo suavi parole d’amor… »  Le chœur acquiesce : «  Pietade, oggi, e Amore trionfan ne l’Inferno »  Mais  à la condition que  jamais Orphée ne  pose ses yeux sur sa femme, sinon elle  disparaîtra à jamais.  Et voici le doute qui assaille soudain  Orphée alors qu’il la conduit vers les cieux. Eurydice le suit-elle vraiment? Un bruit d’orage lui semble être les Furies s'apprêtant à lui ravir son bien. Il se retourne. Eurydice est au balcon, perdue à tout jamais, tandis qu'il est entraîné vers la lumière « dove ten vai, mia vita ? Ma moi grado me tragge e mi conduce a l’odiosa luce ! » Sinfonia et chœurs des esprits  accompagnés des vents intenses  achèvent l'acte.

L’Acte V voit  Apollon (Riccardo Pisani, ténor) descendre du ciel (balcon gauche), faire une entrée triomphale du fond de la scène. Il vient offrir à Orphée qui se tient devant lui  les yeux baissés,  secours et immortalité, car  aucune joie ne dure longtemps sur terre. « Dunque se goder brami immortal vita , vientene meco al ciel, ch’a se t’invita »  Un dénouement édifiant dans l’air du temps en ce  début de 17e siècle. « Qu’aucun mortel ne s’abandonne à un bonheur éphémère et fragile, car bientôt il s’enfuit, et même, bien souvent, bien souvent, plus haut est le sommet, plus le ravin est proche. » avait prévenu le chœur !  Dans les cieux, Orphée pourra contempler indéfiniment l'image céleste d'Eurydice. Apollon remonte la scène par la gauche, Orphée par la droite de part et d’autre du chœur. Nymphes et bergers célèbrent en chantant et dansant cet amour transcendé et impérissable. Et le premier opéra de l’histoire de la musique, commencé par une Toccata  se referme sur une Moresca. Leonardo García Alarcón rend compte de l’équilibre et  l’esthétique parfaite de l’œuvre.  Splendeur et raffinement, les  tableaux musicaux sont tous bien contrastés, l’interprétation chantée est cohérente, fluide,  généreuse et idéalement nuancée. Cherubino Ferrari, dans sa lettre du mois d' août 1607 avait bien  raison.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=13235&selectiondate=2013-10-06

 

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POURVU QUE TU RESTES!

Pourvu que tu restes !

(Quand un bonheur infime, nous parle et nous

Intime de tenir à la vie, d’y croquer à pleines dents)

 

Etrangère ! Tu le fus ;

Etrangère tu seras !

Et le peu de lumière

Que capturent tes paupières

Tu l’offres au temps qui fuit ;

Et le peu de ton souffle

Qui te hante et t’étouffe,

Vole en rêves luisants, 

Vole en vers fuyants!

 

Ainsi tu ne tiens plus !

 

Alors écoute et reste !

Prend tout ce qui me reste

De sève et de sang,

De souffle et de dons,

De rêves et d’aura,

De temps, de ton, de bras,

De bon, de bien, de draps,

Mais reste, reste là !

Mais reste avec moi !

 

Ainsi tu ne mourras plus !

 

 

J’ai besoin de tes yeux

Pour refaire le monde

Au goût de l’innocence.

J’ai besoin de tes cris

Pour tenter de construire

Un pays de cocagne.

Mes couleurs se déteignent,

Mes globules se déteignent,

La fin vient sans bruire !

 

Mais pire si tu n’y es plus !

 

Je te donnerai mon sang !

Que mes yeux se débrident,

Que mes jours se dérident,

Que mes heures se dévident !

Je ferai une étoffe,

Et la soie de tes mots,

Douceur incandescente,

Recouvrira nos os

Et que vienne la descente !

 

Trépas, je ne le crains plus !

 

Khadija, Agadir, Samedi  26/01/2013 à 19h37

© Khadija ELHAMRANI

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post mortem


  • Et voici que, ironie du sort..
    Lucian Freud se fait voler le "prime time" par un obscur Norvégien en quête absolue de célébrité.
    J'ose dire que nous serons confrontés à ce type d'événement extrême de plus en plus souvent.
    Pourquoi ? peut-être parce que la "poésie"de l'aventure humaine n'est plus suffisante pour combler certaines frustrations.
    Lucian Freud mettait dans son exercice de la chair mise en avant toute la détresse de l'être humain, détresse et fascination.
    Je pense à Monet paignant les reflets de la lividité post mortem sur le visage d'une de ses proches
    Bacon et tant d'autres ont exploré ce qui me fascine moi aussi.
    Je veux dire que l'acte de peindre et dans ce cas là aussi dans  le plaisir de faire.
    portrait-de-dieu.jpgbon-dos-de-face.jpgEtude pour un corps livide 100x80 gegout©adagp
    portrait en pied de dieu 145x110 gegout 2009©adagp
    La chair.. sublimée par notre regard sans passer par la mitraille, le carnage qui relève d'une frustration
    que les artistes peuvent contourner. Même si les pulsions sont parfois aussi fortes, 
    le fameux passage à l'acte se fera de façon détournée, pourtant la violence est là rampante..


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