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pouvoir (33)

administrateur théâtres

Tapie dans l’ombre...

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Tsunami sur les planches…et cartes sur table. Il faut que les artistes fassent bouger les lignes. La première représentation de la pièce de théâtre "Gun Factory" par la Compagnie Point Zéro / Jean-Michel d’Hoop a eu lieu au Théâtre National dans le cadre du Festival pour la Liberté. Le théâtre de la Comédie Claude Volter a accueilli ensuite ce spectacle d’une brutalité inouïe, pendant près de deux semaines, avec un extraordinaire succès.

Le commerce des armes ? C’est le mal absolu ! On le sait et que fait-on ? On ajuste les législations ? La croissance des armes est exponentielle. Il est bien loin le temps des marches pour la paix ! Ainsi, dans la ferveur du principe du colibri, l’équipe résolument engagée de la Compagnie Point Zéro expose inexorablement les faits, de manière clinique et détachée, comme si notre monde n’était qu’un grand corps malade. Des chiffres astronomiques nous font savoir que la terre se transforme inexorablement en une poudrière de plus en plus explosive et que les bénéficiaires de ce trafic immonde ne sont nullement prêts à abandonner la partie. C’est dans ce commerce que les ploutocrates invétérés trouvent les profits les plus juteux.

C’est froid, laconique, cynique. Les faits sont palpables, étourdissants, presque inconcevables, dénoncés grâce à un arsenal théâtral à couper le souffle : tant par la puissance de l’imagination collective de cette équipe que par la présence physique tranchante et le jeu ajusté des comédiens en scène. On se doit de souligner avec force le travail fulgurant du vidéaste et des lumières. On est saisi à la gorge par la multiplicité de tableaux qui se bousculent et tuent à bout portant, et une multiplicité de points de vue qui contribuent à une construction intelligente et objective du propos. 

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L’analyse se concentre sur La Belgique, en particulier en Wallonie, au milieu de la problématique européenne. Les armes belges se retrouvent partout dans les mains de criminels de guerre des quatre coins de la planète. Il ressort que ce sont les pays de l’hémisphère Nord plus le Brésil qui sont le creuset du trafic de la mort sous les douilles. Parmi ceux-ci, la Belgique peut s’enorgueillir d’être l’un des plus petits pays du monde mais qui possède une des plus prolifiques multinationales d’armes légères au monde, la FN d’Herstal. Les pièces à conviction sont des dossiers scrupuleusement documentés, des écrits, des ouvrages, des interviews, des images volées de reportages de guerre, des sons, des armes et des munitions. Rien que du réel. Aveuglant et totalement insoutenable. La problématique de l’emploi dans de telles fabriques de mort  est développée en détails, avec finesse, clarté et honnêteté intellectuelle. Celle du respect des lois également.

Un Adieu aux larmes… Un Adieu aux armes…utopique hélas, mais bouleversant. Car si on avait proposé aux spectateurs de signer une pétition à la sortie, pas un spectateur n’aurait refusé, tant la qualité du spectacle et l’urgence du message était percutante ! Et sachez que tout ce qui a été dit ne concernait que les armes légères… En Belgique. Seulement.

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Cette production théâtrale qui n’a rien du divertissement ne donne de leçons à personne. Elle possède une lourdeur de plomb qui laissera dans les esprits des traces inoubliables. Ce spectacle peut faire peur, c’est dit dans l’introduction. L’arrivée des mercenaires (SMP ou  Sociétés Militaires Privées) signe le déclin de notre société. Soit. Mais il reste la parole de résistance, le respect de la légitimé. On ne doit pas se réfugier dans le silence ou chercher des coupables ou des victimes expiatoires. Comprendre aussi, que si on se laisse guider par la peur, on s’empêche de résister tandis que la ruine totalitaire, tapie dans l’ombre, veille, inexorablement. 

Mise en scène et écriture : Jean-Michel d'Hoop • Avec : Léone François Janssens, Léa Lefell, Héloïse Meire, Benjamin Torrini, Corentin Skwara • Marionettes: Natacha Belova • Videos : Yoann Stehr • Musique : Pierre Jacqmin • Marionettes: Natacha Belova  •Régie: Sébstien Couchard / Loïc Lefol  •  Scénographie : Noémie Vanheste • Assistants à la mise en scène : François Regout, Lucille Vignoles • Production : Catherine Hansay | Co-production : Compagnie Point Zéro, Comédie Claude Volter.

En partenariat avec Amnesty International Belgique

Du Mercredi 9 au Dimanche 20 novembre 2016

Comédie Claude Volter 
98 avenue des frères Legrain
1150 Woluwé St Pierre
02/762 09 63

 Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque 

 Quelques extraits du programme: 

Jean-Michel d’Hoop : Jamais la compagnie Point Zéro n’avait abordé si frontalement un sujet aussi politique ! Si nous voulons informer et poser des questions qui dérangent, cela ne se fera pas pour autant au détriment de ce qui fait l’essence de notre démarche artistique : l’Humour et la Poésie. Dans cette production, il y a de la musique, du cinéma d’animation et des images projetées, des marionnettes et des acteurs prêts à tout pour bousculer les codes de la représentation, faire rire et réfléchir, émouvoir certainement.

GUNFACTORY est une création qu’on pourrait qualifier de « zap théâtre » : un récit composé de fragments divers et variés offrant une vision kaléidoscopique du sujet, passant volontairement rapidement d’un univers à l’autre pour créer du sens, et déclinant plusieurs situations en parallèle, qui trouvent leur résolution en fin de spectacle.Loin de tout récit linéaire, l’écriture scénique est là pour créer des contrastes et provoquer une réflexion.

 

Jean-Michel d'Hoop: Nous avons approché ce thème par un travail d’Enquête. Nous avons, nous acteurs, artistes du spectacle, techniciens et administratifs réunis, plongés dans les méandres de ce gigantesque trafic pour tenter d’y voir plus clair. La tâche était (est toujours) énorme ; les informations multiples et contradictoires.

Nous avons travaillé avec un principe de laboratoire de recherches et le travail a commencé il y a un an déjà. Deux laboratoires de recherches sur le sujet nous ont confortés dans la nécessité de porter aujourd’hui et maintenant cette parole sur le plateau.

Nous avons rencontré des personnes ressources qui travaillent dans plusieurs secteurs liés de près ou de loin à tout ce qui touche les armes, leur production et leur commerce : des chercheurs du GRIP, le directeur d’Amnesty International Belgique, des représentants de la délégation FGTB au sein de la FN de Herstal, un ingénieur concepteur de machines à munitions, un ex-membre de la commission d’exportation des armes pour la région wallonne, des professeurs et chercheurs Science Po, des responsables d’associations pacifistes, etc.

Nous avons même poussé les portes de l’usine de la FN et avons eu la possibilité de nous entretenir avec des ouvriers et de tester le savoir-faire wallon...

De ces rencontres, nous en avons tiré l’essence pour les scénariser dans des séquences théâtrales, pour multiplier les points de vue et dépasser le simple retour d’interview. Pour étoffer notre propos, nous avons également puisé sur le net toutes sortes de documents :

La presse belge et étrangère sur le commerce des armes - reportages et documentaires autour de l’armement en général - salons de vente d’armes, - sites de vente d’armes en ligne plus ou moins légaux - Deep WEB, ou tout ce que l’on peut trouver dans ce réseau parallèle d’internet échappant à toute espèce de législation - Forums de joueurs spécialisés en jeux de guerre - Forums de clubs de tirs - chroniques France Inter - débats et interviews de personnalités politiques belges et étrangères.

Approche créative...

Jean-Michel d’Hoop : Depuis quelques années, mon travail avec l’équipe , s’oriente plus particulièrement sur    « l’animé et l’inanimé ».

Par le truchement de pantins, nous explorons une relation singulière qui peut se nouer entre un acteur et un double. Nous revendiquons un théâtre pour un large public, tout en étant moderne et innovateur. Nous parions sur l’alliage possible entre une démarche scénique audacieuse et un divertissement intelligent basé sur le plaisir immédiat de la rencontre entre l’acteur et le spectateur.

Chaque minute est une arme qui tue « Je condamne l'ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J'ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l'éducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des études de base, très simples, où l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu'il dépend de l'air, de l'eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tués dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil.» Marguerite Yourcenar

 Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange - Chaque minute est une arme qui tue ! Une vérité qui dérange: 1.566.845.000.000 € pour les dépenses militaires mondiales en 2015

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Après avoir dépeint le Japon dans Madame Butterfly, Giacomo Puccini met le cap sur la Chine, son dernier voyage, car il  mourra à Bruxelles,  laissant  son dernier opéra inachevé. Le compositeur parvenu au terme de sa vie déclare « Toute la musique que j’ai écrite jusqu’à présent me semble une plaisanterie en comparaison de la musique que j’écris en ce moment » Turandot a été composé entre 1921 et 1924. Toscanini en dirigea la première, en avril 1926.

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 Cet opéra est  l'un des plus  vibrants  exemples d’exotisme musical. Résolument moderne et stupéfiante, l’architecture orchestrale est particulièrement efficace  et souligne une judicieuse alternance entre l’atmosphère de conte et le drame insoutenable,  cette  marche  inexorable vers un destin fatal. Une ultime expression de souffrances  longuement tues.  Une débauche d’instruments à percussions,  une débauche de couleurs, une débauche de tableaux sonores.  Voilà ce qui nous est offert par  Paolo Arrivabeni dans la fosse  à la tête de   l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie. Les chœurs dirigés par Pierre Iodice,  sont composés de soixante chanteurs majestueusement costumés (Fernand Ruiz). Ils  sont placés de part et d’autre, dans les galeries mystérieuses qui entourent le palais de la Cité Interdite. Le luxe d’éclairages miroitants module à la perfection les mouvements sur le plateau et aux fenêtres du palais ainsi que  la débauche de sentiments exacerbés.   

  A Pékin, une princesse hautaine et cruelle, nommée Turandot,  promet d’épouser un prince qui résoudra trois énigmes. Les prétendants sont décapités s’ils échouent.

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Calaf, prince en exil rêve de reconstituer son pouvoir perdu. "Tu m’as pris mon royaume, tu nous as mis en cage mon père et moi, tu tues mon peuple, donc me voici pour te frapper en retour."  Mais il est fasciné par la princesse jusqu’au délire et veut tenter sa chance. En première partie, on la voit apparaître dans une tenue - large tunique et pantalon - d’une blancheur étincelante et glaciale. Elle est porteuse d’un sceptre qui ressemble à une faux. Comme la personnification de la mort. La mort blanche même, aussi  implacable et dévastatrice que la cocaïne ou l’héroïne. Le prince est halluciné. "Pour la dernière fois, vaincs cette fascination" supplie son père! Et les trois magnifiques mages...

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L’histoire de la femme de glace remonte à plusieurs générations. Une transmission toxique a eu lieu. Il y a des milliers d’années son aïeule a été trahie par un conquérant tartare. Après avoir mis la ville à sac, il l’emmena dans son lointain royaume  où elle mourut de chagrin. C’est pour venger cette infamie, que la princesse Turandot a imaginé l’épreuve. Elle porte avec elle le lourd fardeau d’un trauma transgénérationnel que pour rien au monde elle ne voudrait lâcher car il la protège de la capitulation face à l’homme. Et plus que tout, elle  rêve d’indépendance et craint l’amour charnel avec tout ce qu’il représente. Elle utilise le viol mythique de son aïeule pour haïr  tous les hommes…C’est un  être féroce mû par la vengeance « Je venge sur vous, cette pureté, ce cri et cette mort ! » Ironiquement,  la princesse a sauvagement  besoin de  victimes  expiatoires   pour parvenir à accepter la part féminine  d’elle-même qu’elle renie. L’interprète de Turandot est Tiziana Caruso, un rôle qu’elle maîtrise totalement.

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Le metteur en scène José Cura, incarne avec flamboyance le prince sans nom. José Cura est passé maitre à la fois dans le chant, la direction d’orchestre, la mise en scène et la scénographie.  Calaf, dont personne ne connaît l’identité, résoudra les trois énigmes mais ne veut pas forcer la glaciale beauté à qui il lance lui aussi un défi : il s’avouera vaincu et acceptera la mort si Turandot  réussit à découvrir son nom, ce dont elle ne doute nullement: elle possède toutes les armes de torture pour faire avouer le moindre de ses sujets.  Lui - péché d’orgueil ? -  ne veut recevoir la princesse que par amour. Il est sûr de sa victoire et bouillant d’impatience.  

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Une  seule personne connaît ce nom : l’esclave Liù, amoureuse de Calaf «Parce qu’un jour, dans le palais, tu m’as souri ! ».Elle est fragilité, innocence et  sincérité.  Elle se trouve dans la foule, avec son maître, un vieillard,  le roi détrôné Timur (Luca Dall’Amico), père de Calaf. Une foule bruissante comme en Chine,  qui commente, admire et  se repaît d’imprécations, comme dans la tragédie grecque.  Le  fameux air de Calaf Nessun Dorma  atteste que personne à Pékin n’est autorisé à dormir, sous peine de mort tant que le nom du prince  ne sera révélé. La tension est au maximum. Liù, la jeune esclave se sacrifie pour l’homme qu’elle aime. C’est  l’exquise Heather Engebretson,  jeune soprano américaine, diplômée de la célèbre Julliard School qui l’incarne. Liù est symbole de pureté, de bonté et de beauté morale. Archétype du sacrifice par amour. Celle par qui la malédiction familiale peut être vaincue.

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 Les magnifiques éclairages d’Olivier Wery font vivre cette cité impériale légendaire,  plantée en bord de scène,  d’enfants de notre siècle -  une quarantaine d'enfants de la Maîtrise de l'opéra-  qui construisent des maquettes, dessinent, peignent, dorment et chantent … sous le regard attendri d’un professeur-mandarin (Roger Joachim). Une façon élégante et astucieuse  de relier deux époques, de montrer que les enfants gardent cette capacité de voyager dans l’imaginaire, de  souligner  que tout ceci est un conte  mais que les contes ont toujours une morale!  La morale, c’est la jeune et bouleversante  Liù qui la détient : « Liù, bonté, pardonne et oublie ! »  Et Timur,  en habits noirs la suit dans le couloir de la mort « pour attendre à ses côtés, la nuit sans le matin. »

http://www.operaliege.be/fr/activites/turandot

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Fifties, Sixties,  Seventies…

"Ces années-là"  ont été le terreau de notre société actuelle ! 

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 Mais voilà,  égarée parmi les hommes, la femme en fichu (noué sur chignon monté en banane) sanglée dans un  imper bleu pétrole rencontre Jean-Pierre Fleurimont, le chef de gare. On lui a fait entendre que l’audimat est sacré et  qu’il n’y a vraiment  pas loin  du Capitole à la roche tarpéienne.    Il faut qu’elle  innove encore, qu’elle utilise ce citoyen lambda, curieux naïf et serviable pour fabriquer  des émissions encore plus vivantes et captivantes. Le  texte  au passage en profite pour balayer de  coups de projecteurs  mi-amusés, mi désabusés  les grands tournants d'une époque  qui avance à grands pas (Perette es-tu là ?) tandis que  le pouvoir des médias infiltre toutes les strates de la société de consommation.

 

 Reconstitution d’une époque révolue, ce spectacle est une parodie la société contemporaine sous forme de sociologie souriante.  Le  duo absurde  fait nettement  référence à Jacques Tati, Pierre Etaix ou Marabout Flash, vous vous souvenez?   Des petits livres format carré: «  Savoir recevoir », «  Vacances sous la tente », « J’apprends toutes les langues », « Savoir acheter », «En pleine forme », « Réussir dans la vie »… Et les cadeaux Bonux, la famille Duraton, "Bonne nuit, les petits!" les golden sixties avec les transistors et tourne-disques, Salut- les-copains et les  yéyé! Toute une époque se trouve cristallisée dans ce spectacle vif, enlevé et drôle. Du sucre d’orge ! Un peu plus d’une heure passe dans une curiosité grandissante et sans la moindre sensation d’ennui. Au contraire, le plaisir évident  et la connivence dans la salle font bourdonner les rires. Et la fin poétique et profonde de la fin de la pièce laisse une empreinte  de dimension  universelle. Car  Marie-Christine Baeyens et  Luc Van Grunderbeeck alias Claire et Jean Pierre jouent, mine de rien,  une comédie de plus en plus sérieuse et poignante. 

http://lesrichesclaires.be/evenement/le-cha-cha-cha-du-chef-de-gare/

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administrateur théâtres

13716208_10154384289081542_4027188396695618803_n.jpg?oh=8a98939f5adc1a83661fedf520233920&oe=581915E1Ascension: la jeune actrice provinciale (une sulfureuse Deborah De Ridder) qui est montée à Buenos Aires rencontre le colonel Juan Perón (l’excellent Philippe d’Avilla) lors d'une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les victimes du tremblement de terre  dans la région de San Juan. Chassant sa dernière  maîtresse (nommons l’exquise Maud Hanssens, la fille du metteur en scène), elle l'épouse le 21 octobre 1945. Elle contribue grandement à son élection comme président en 1946. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées et crée la Fondation Eva Perón dont le rôle est d'assister les pauvres.

Win-Win situation: nombre d'hôpitaux et d'orphelinats créés par la Fondation ont survécu à la mort prématurée d'Evita. Elle devient le centre d'un culte de la personnalité. Elle brigue  la vice-présidence en 1951, ce qui irrite vivement les  militaires haut placés qui ne souhaitaient pas voir  une  femme gagner de l'influence.  En même temps on lui connait un côté moins reluisant. Elle est celle qui, après son  « Rainbow tour » en Europe en 1947 - de l’Espagne à Zurich, hormis l’Angleterre mais en passant  longuement par  le Vatican - a  facilité l’émigration et  la fuite des Nazis et de leur or vers l’Argentine.

 La Chute: l’ambassadrice auprès des nazis transformée en Madone mourra d’un cancer à 33 ans le  26 juillet 1952. Son corps embaumé disparaîtra après le coup d’état de 1955 pendant 17 ans nous dit l’histoire, quelque part non loin du Vatican en Italie...

Et cette vertigineuse histoire d’ambition et d’adoration démesurée est contée malicieusement par le personnage rebelle du nom de Che (Steven Colombeen)  mais en vrai, Evita n’a jamais rencontré le révolutionnaire cubain.

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Très sensibles à l’interprétation magico-romantique des versions anglo-saxonnes de ce musical, et notamment le  “monumental show” selon le Sunday Express avec Madalena Alberto (2013–2014 UK Tour), nous attendions avec impatience la version française en première mondiale. Elle est signée Daniel Hanssens & Jack Cooper.  Elle est tout, sauf romantique, il y a peu ou pas de chimie amoureuse. Elle donne la preuve tangible que les mots sont menteurs.  Elle est un élixir de réveil de citoyens. Acide et caustique, elle combat la drogue du pouvoir absolu, antidote des mal-aimés, elle combat la dictature et sa haine des classes moyennes ou aisées. Elle combat à la racine  la manipulation qui siège  déjà au sein même des couples  humains. Elle expose sans concessions la mélodie du malheur quand les décisions politiques  sont motivées d’abord par des intérêts personnels. Le texte, une adaptation dramaturgique très soigneuse d’Olivier Moerens,  est chanté d’un bout à l’autre du spectacle avec beaucoup de naturel - oui, on en oublie l’anglais. La superposition est parfaite, sur le mode  James Ensor, avec tout son sarcasme. Notre interprète préféré est ce Che (Steven Colombeen), le narrateur frémissant des désillusions en série qui met à nu toutes les tactiques manipulatrices. Un travail d’orfèvre  que l’on suit avec jubilation. Est-ce à dire que l’émotion artistique n’y est pas ? Que du contraire ! L’habileté de la mise en scène (…il y a un magicien aux commandes!), les fabuleuses chorégraphies de danses argentines, les costumes et les coiffures d’époque, les chœurs, la musique - les douze musiciens sont orchestrés par Pascal Charpentier - ont tout pour séduire et enchanter. Aucune distorsion dans la sonorisation, ce qui permet de suivre le moindre détail du texte, c’est une qualité rare pour un musical ! Et le vol des perruches par-dessus les toits !

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 Foule assoiffée d’idéal, ce spectacle est pour vous. Les comédiens sont tous animés d’un enthousiasme délirant, et cela fait chaud au cœur! Ils ont, chacun à sa place, trouvé le parfait équilibre d’une production vivante et tonifiante. Daniel Hanssens explique : «  Il y a de nombreuses choses à admirer chez Eva Peron : la personne. Sa détermination à réussir malgré des obstacles presque insurmontables. Sa défense de la femme dans une société dominée par les hommes. Son soutien des classes populaires dont elle est issue, dans une société très hiérarchisée. Son courage face à la maladie et à la mort. Et non des moindres, son apparence physique. Mais il est aussi impossible de ne pas être dégoûté par de nombreux comportements péronistes dont elle était le symbole assumé : la torture, la corruption, la tromperie et la mauvaise gestion d’un pays riche. »

  On  espère pour la formidable équipe que ce spectacle tournera beaucoup et partout! Like a  Rainbow tour?

 1489073330.jpgEVITA Du 11/07 au 06/09

 Une œuvre originale d’Andrew Lloyd Webber (musique) et Tim Rice (paroles)

 en 21 scènes et 40 artistes

 DISTRIBUTION

 Deborah De Ridder (Evita)

 Steven Colombeen (Che)

 Philippe d’Avilla (le colonel Juan Perón)

 Antonio Interlandi (Magaldi)

 Maud Hanssens (maîtresse de Perón)

 Jade Monaco (l’enfant)

Ensemble de 22 danseurs/chanteurs avec Marie-Laure Coenjaerts

 

 Equipe de création :

 Mise en scène : Daniel Hanssens & Jack Cooper assistés de Simon Paco

 Dramaturgie : Olivier Moerens

 Directeur musical : Pascal Charpentier, assisté de Julie Delbart

 Coach vocal : Fabrice Pillet

 Chorégraphie : Joëlle Morane, assistée d’Alexia Cuvelier, Kyliah Campbell

 Dance Captain : Alexia Cuvelier, Kylian Campbell

 Coach Tango : Michael Guevara Era

 Scénographie : Dimitri  Shumeleinsky

 Direction technique : Yves Hauwaert

Costumière : Françoise Van Thienen, assistée de Sylvie Thévenard, Carine Duarde, Margaux Vandervelden, Annick Leroy, Anne-Marie Hubin, Laure Clerebout, Simon Paco

Création lumière : Laurent Kaye

Ingénieur du son : Marco Gudanski, assisté de Xavier Gillis

Perruques et maquillage : Véronique Lacroix

Construction des décors : Ateliers du Théâtre Royal des Galeries.

Photographe : Gregory Navarra

Superbe programme–souvenir au prix de 5€

 

AU CHATEAU DU KARREVELD

Avenue Jean de la Hoese 3 -1080

Molenbeek – Saint-Jean (Bruxelles)

Infos Réservations : 02 / 724 24 24

 

Goed om te weten: Nederlandstalige boventitels op 28 en 29 juli en 21 (avond), 22, 25, 26 Augustus. http://musicalvibes.ovh/evita/

http://www.bruxellons.be

 

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 12998379_1332253040137357_8503468296642361_o.jpgLe sujet ne vieillit pas. Créée le 17 septembre 1980 au théâtre Antoine, Potiche, une  comédie sociale hilarante en deux actes  de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy mettait en scène Jacqueline Maillan puis  Danielle Darrieux dans le rôle de Suzanne et Anne-Marie Carrière pour la tournée de 1982. La pièce fut diffusée dans la célèbre émission Au théâtre ce soir en 1983, avec sa distribution originale. Ensuite vint le film en 2010, entièrement tourné en Belgique, réalisé par François Ozon (réalisateur entres autres de Sous le sable, Swimming Pool, 8 femmes) avec Catherine Deneuve dans le rôle principal, Gérard Depardieu, Maurice Babin, le député-maire communiste, et Fabrice Luchini, Robert Pujol, le mari de Suzanne et directeur despotique de l'usine de parapluies, reçue dans la corbeille de mariage.

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L'histoire commence  à la mi-août 1977 dans une ville du « Norrr ». La maison cossue et lumineuse où habite la famille est décorée de  notes orange appuyées. Les costumes et les coiffures - de Bardot à Fabiola - sont … paléolythiques. Le texte qui ne lésine pas sur les anachronismes politiques (Casse-toi, pauv' con !), est délirant. Robert Pujol est un mari autoritaire et impossible, un patron cynique et tyrannique, un père absent, un être hurleur, méprisant et désagréable. Admirable interprétation de Bruno Georis qui perd son sang-froid et  dont on avait savouré le jeu particulièrement  tonique et pince-sans-rire dans L’invité, Crime et châtiment, Vampires…à la Comédie Claude Volter et au théâtre du Parc.

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 C’est une Marie-Paule Kumps rayonnante et splendide d'ironie qui joue  Suzanne, la fille Michonneau devenue Madame Pujol. Une femme d’intérieur exemplaire, très décorative, mère aimante et jeune grand-mère qui survit grâce à la culture de ses quelques jardins secrets. Elle est nantie d’un fils adorable (William Clobus) - look John Lennon - qui fait tout pour ne pas ressembler à son père, il a choisi des études de langues orientales à Paris, question de s’éloigner du climat volcanique de la famille! Craquant au possible!  Joëlle, la fille (Marie Braam) est une superbe Poupée Barbie Blonde au rire totalement agaçant et ridicule et le portrait de son père! Le monde va basculer le jour de l’anniversaire de la belle dame (Marie-Paule Kumps) que le de mari a bien sûr oublié, tout à ses frasques avec sa sulfureuse secrétaire Nadège (Cécile Florin) et ses interminables réunions de travail qui durent jusque 4 h du mat’. 13062418_1167943473225458_747597708573084816_n.jpg?oh=34ab5804a8e75149278138576d9b4ffc&oe=57AF4EFB

La rogne ressentie par les ouvriers exploités de l’usine va mettre le feu aux poudres et mettre sens dessus dessous l’équilibre domestique. Ils séquestrent le détestable patron qui fait la sourde oreille à leurs revendications, et c’est Suzanne qui reprend la main, aidée par  le député-maire, ennemi juré de Robert Pujol.  Renversement : le monde d’avant explose dans une drôlerie irrésistible. On assiste à la transformation  magistrale de  presque tous les protagonistes, mais c’est Suzanne qui mène désormais le jeu : « Potiche, oui, mais pas cruche! » La pimpante Marie-Paul Kumps campe un personnage éblouissant qui fait flèche de tout bois. Et on assiste à la naissance d’une vraie amazone au deuxième acte. Son changement de personnalité se retrouve à tous les coins du décor : joli jeu de piste pour le spectateur, s’il arrive à se détacher des dialogues explosifs. Ayant pratiqué la révolution domestique, en femme accomplie des années 2020,  la belle Suzanne est prête au défi: après avoir relevé l’usine paternelle, si elle s’attaquait à l’économie française et pourquoi pas, à celle de l’Europe  actuelle ? The sky is the limit !

La mise en scène soignée, pétillante d’inventivité de Nathalie Uffner ne faiblit pas, elle souligne l'intelligence des dialogues et le jeu parfait des acteurs  qui s’en donnent à cœur joie! Le vase de cristal a remplacé la potiche et l’image de la fille dépasse celle du père.  La galerie de portraits est cousue d’ironie, le rythme est frénétique. La pièce n’exclut pas quelques notes romantiques, ni quelques savoureux quiproquos d’identité. On vous promet une soirée de délires!  

POTICHE jusqu'au 15 mai, infos et réservations:

Théâtre des Galeries www.trg.be 02 / 512 04 07   

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administrateur théâtres

Une CRÉATION MONDIALE -  « KENNEDY » de Thierry Debroux,

 Le 5ème spectacle de la saison du Théâtre Royal du Parc :

Trois dates:       

Du 14 avril au 14 mai 2016 :– Bruxelles - création

Les 2 et 3 juin 2016 : Théâtre Montansier – Versailles

Juillet 2016 : Festival Off d’Avignon - Théâtre du Chêne Noir


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En quelques mots…

La pièce nous fait entrer dans l’intimité du président des États-Unis lors de cette fameuse soirée au Madison. Marilyn Monroe vient de susurrer «Happy Birthday». John (Jack pour les intimes) et Bobby règlent leurs comptes dans une chambre d’hôtel sous le regard d’une mystérieuse inconnue qui semble tout connaître des deux frères. Un suspense psychologique mis en scène par Ladislas Chollat dont le spectacle Le Père a triomphé à Paris et remporté plusieurs Molières dont celui du «Meilleur spectacle». Il a travaillé avec Fabrice Lucchini, Line Renaud, Robert Hirsch, Dominique Pinon  Créateur d’une sorte de bombe psychologique méticuleusement documentée  et truffée d’irrationnel,  Thierry Debroux est l’auteur du texte dense et percutant.

 

  Est-ce un fantasme ? La femme est-elle l’avenir de l’homme ? C’est ce que semble suggérer  cette femme multiple et  déstabilisante qui hante les rêves des deux frères Kennedy sous les traits séduisants d’Anouchka Vingtier, resplendissante de féminité dans chacune de ses apparitions. Dans chaque éclat du miroir qu'elle tend aux deux frères, chacun  peut tour à tour  y contempler le doute, la conscience, la destinée, le libre-arbitre, le souvenir, la mort ? Ou bien l’égérie,  la muse,  la libératrice, la   consolatrice, l’amour, peut-être ?  A chaque fois, la beauté de l’ange, qui vous tient la main et voudrait vous aider à changer votre destin.  Elle l’avoue elle-même : « Ich bin eine « Mystère » … » Pendant  parodique d’ « Ich bin ein Berliner ? » Tour à tour, un ying et un yang splendidement incarnés qui ne fascinent pas que le président.  Entendez-la :

Jack : Qui êtes-vous ?

La femme : C’est un prénom que tu veux ? De toute façon, tu ne te souviens jamais des prénoms. C’est dommage que tu sois cloué là...La vue est sublime d’ici.

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Jack : Comment savez-vous que j’allais occuper cette suite ? Je ne le savais pas moi-même...

La femme : Ich bin eine «  Mystère » !

Jack : Bon, ça suffit. J’appelle la sécurité...

La femme : Tu veux que j’approche le téléphone ? C’est le corset qui te gêne ? L’homme le plus puissant du monde porte un corset à cause de son mal de dos tout cassé. Je trouve ça plutôt mignon. Mais attention, ce corset pourrait te jouer des tours... 

  Personnages et décor hyper-réaliste font tout de suite penser aux tableaux d’Edward Hopper. Les admirables costumes de Jackye … Fauconnier et les décors de Geneviève Périat  prolongent avec  humour l’illusion artistique. Les vidéos d'époque coulent comme un immuable sablier sur l'action psychologique. Elle se situe le 19 mai 1962 dans une suite luxueuse d’un hôtel de New York.

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  Alain Leempoel (JFK), Dominique Rongvaux (Bobby) et Anouchka Vingtier composent  le trio d’enfer qui va rejouer comme un thriller, l’Histoire qui s’arrêtera le 22 novembre 1963 à Dallas.  L’action plonge  dans la souffrance abyssale du président : il a le dos qui part en miettes. Il fait le point avec son frère Bobby et  confie par bribes, les relations difficiles du clan avec le père qui, grâce à l’argent, l’a fait élire président. Le texte pointe les manipulations,  l’absence d’amour de Rose, sa mère, le mariage malheureux avec Jackie, l’hypocrisie des apparences.  Sa relation  avec Marilyn fait voir à JFK combien en fait,  ils se ressemblent.  Au passage, le texte détrousse les dossiers compromettants avec les caïds de la Maffia, la pègre de Chicago, les  rouages cachés de la famille Kennedy et les  malédictions qui la rongent. Est-ce ainsi que nous ignorons tout des puissants qui nous dirigent? Est-ce ainsi que nous aimons parfois dans nos familles ?

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  Le mythique JFK est un infirme qui pourrait hurler de douleur et cache sous son bronzage légendaire et son sourire de héros,  un immense mal-être physique et moral. Il ne sait pas combien de temps il pourra cacher au monde ses infirmités. « Un président infirme ne fait pas rêver, alors je dissimule ! » articule-t-il. Se présenter aux  yeux du monde, lui aussi, en chaise roulante, lui fait horreur. « Plutôt crever ! »  Son monde intime est un cauchemar, il avoue ne pouvoir se supporter que grâce aux drogues et au sexe. Cerné par ses hallucinantes rencontres avec la Femme-miroir, il attend désespérément les injections de procaïne  du docteur Feelgood  et parle vraiment pour la première fois avec son frère Bobby tandis que La Femme-miroir décortique sans relâche, chacun des deux frères, à la façon d’une entomologiste pour percer leur vérité.

  La mise en scène dynamique  de Ladislas Chollat s’emploie à maintenir brillamment le rythme soutenu d’un roman d’espionnage. On assiste, le souffle coupé,  à de violentes chevauchées d’amour dans une sorte de course constante contre la mort! Le jeu scénique intense du trio est impeccable et  millimétré mais le Temps gagne toujours.  Humilité: « Si toi qui portes le monde sur les épaules, tu n’es pas maître de ton destin, qui pourra se vanter de l’être… ? »

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 http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/36.html

KENNEDY
de Thierry Debroux.

Du jeudi 14 avril au samedi 14 mai

Avec : 
Alain Leempoel
Dominique Rongvaux 

Anouchka Vingtier

Mise en scène : Ladislas Chollat 
Assistanat: Catherine Couchard
Scénographie : Emmanuelle Roy
Lumières : Alban Sauvé
Costumes : Jackye Fauconnier
Création make up et coiffure : Bouzouk 
Musique : Frédéric Norel
Durée : 1h30 sans entracte

Avec l’aide de Panache Diffusion et de la Compagnie Nationale 12.

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administrateur théâtres

Drame. Hermione (Anne-Pascale Clairembourg) est reine de Sicile, la belle épouse du roi Leontes et la mère aimante de Mammilius, un jeune garçon espiègle qui adore sa mère et « les histoires tristes que l’on raconte en hiver ».

12273148898?profile=original Injustement accusée de tromper son mari avec son meilleur ami Polixène, roi de Bohême, elle est jetée en prison, où elle donne naissance prématurément à une fille (Perdita) que le tyran Leontes fait disparaître dans un désert lointain. Une scène d’une violence inoubliable. On fait à l’épouse un simulacre de procès pour adultère et haute trahison. …Qu’on la lapide, non ? Version blonde de la Reine Margot d’Isabelle Adjani, elle reste d’une dignité inébranlable devant son accusateur assoiffé de vengeance. On nous dit qu'elle mourra de chagrin après l’annonce du décès de son fils chéri, Mammilius, à qui on a interdit de la revoir. Seize ans plus tard, cependant, elle sera "ressuscitée" et réunie avec sa famille dans l'une des scènes les plus étonnantes de Shakespeare, revisité avec éclat par l’inventivité de Georges Lini.

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Difficile de décider laquelle des trois femmes on préfère. Perdita ? Héroïne de conte de fées, façon Marylin Monroe, qui croit très peu aux princes charmants et est transformée en « daffodil virevoltant » par une exquise et solide Sarah Messens flanquée d’un pétulant Julien Bezure. Ou sa mère Hermione ? Noble victime expiatoire de la folie du soupçon. Ou l’intrépide suivante, Paulina, qui ose confondre et pourfendre le tyran? Va ! Pour la pure jouissance physique verbale et vocale, la palme de l’interprétation féminine va à Daphné D’Heur qui incontestablement dicte le rythme de l’affaire et préside à l’accouchement systématique des idées merveilleusement subversives. En s’opposant avec une vigueur vivifiante aux diktats mortifères du Tyran, on assiste à la démolition méticuleuse et sans appel de l’échafaudage insensé de ses arguments. Cette femme est une reine dans son impeccable rhétorique cinglante et juste.

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Face à elle, le tyran est un comédien flamboyant, ruisselant de vérité dans sa folie meurtrière. Itsik Elbaz, pour tout dire. Son jeu témoigne d’une urgence, d’un dynamisme rebondissant. Entêté comme un cabri, les accès de rage et de mauvaise foi de l’enfant gâté et mal élevé se cognent, impuissants, aux réalités. Pathétique, il tente même à plusieurs reprises de séduire le public dans des apartés charmeurs et de l’engager dans la complicité de ses crimes. Il finit aliéné et seul, confondu par l’oracle de Delphes qui le condamne irrémédiablement. Ou presque. Une phrase sibylline laisse entrevoir un espoir.


Car cette tragi-comédie se veut un vrai conte d’hiver. De bon ou mauvais augure? Est-ce une prédiction sinistre qui affirme que « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument... » ? Ou l’aveu optimiste que la pureté de la neige peut nous mettre sur la voie du pardon et peut effacer les blessures et rendre la dignité à l’humanité ? Miracle : la magie hivernale aura fait tomber la première neige dehors, dès la fin du spectacle. De quoi prolonger durablement la magie du texte. A moins que cela ne soit un clin d’œil en personne, de l’illustre dramaturge élisabéthain, touché par l’époustouflante mise en scène, les décors et les costumes résolument avant-gardistes de Georges Lini. Celui-ci utilise en effet la transparence d’une cage de verre qu’il manipule comme un diamant pour faire apparaître nombre de réalités, pas toujours bonnes à voir! Mais vous, spectateur heureux, malgré quelques soucis de sonorisation propres à une première sans doute, vous repartirez comblés par l’adresse, la finesse et la profondeur de l’interprétation de ce texte fabuleux dont les fibres poétiques jusqu’aux moindres fleurs sont littéralement mises à nu.

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Royale est la distribution. Le fidèle Camillo, vaillant creuset où siège la raison, c’est un Luc Van Grunderbeeck, au mieux de sa forme. L’autre roi, joué par Didier Colfs, n’est pas en reste car sa prestation très authentique de terrorisme familial au quatrième acte, scène 4, vaut vraiment le détour. Vous avez aussi ce capitaine Haddock devenu Berger sous les traits de Michel de Warzée, qui donne avec son comparse (Thierry Janssen) l’indispensable dose d’humaine bouffonerie propre au théâtre de Shakespeare. Et pour finir, l’exquise métamorphose du jeune enfant et du Temps - celui qui annonce, celui qui sait et qui raconte - un diamant vert planté sur la poitrine, c’est encore, Louise Jacob.

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/32.html

Crédit photos: Sébastien Fernandez

Un spectacle de la Compagnie Belle de Nuit, en coproduction avec le Théâtre Royal du Parc et l’Atelier Théâtre Jean Vilar

  • Création
  • 16 au 28 février 2016
  •  Au Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve
  • Durée : 2h25 entracte compris

http://www.atjv.be/Un-Conte-d-hiver

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administrateur théâtres

...La réponse à l'énigme? c’est l’Homme! 

La tragédie du savoir et de la fatalité commence lorsqu’Œdipe apprend que la peste qui sévit dans la ville de Thèbes cessera dès que la mort de Laïos sera vengée. Œdipe a été recueilli par un berger et confié à Polybe roi de Corinthe et sa femme Mérope. Mais à l'âge adulte, ignorant de sa véritable naissance, lors d'une rixe, il apprend qu'il est un enfant trouvé. L'oracle de Delphes lui révèle alors qu'il tuera son père et couchera avec sa mère. Craignant pour les siens, il ne rentre pas à Corinthe et c'est sur le chemin de Thèbes qu'il rencontre Laïos, qu'il tue suite à une violente querelle. Œdipe sauve alors la ville de Thèbes de la voracité du Sphinx en répondant à sa fameuse énigme. Les Thébains reconnaissants donnent en mariage à Œdipe la veuve de Laïos et Œdipe devient roi, Turannos en grec ancien. Mais  voilà que la peste ravage la cité. Œdipe, à la fois juge et coupable,  décide de tout faire pour sauver son peuple et punir  le meurtrier. Cela passera par son sacrifice car le destin est inexorable. Ainsi que le chante le chœur, « le Temps qui voit tout, malgré toi t'a découvert!». Tout est joué d’avance. Merveilleusement, par le Théâtre en Liberté.  

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Œdipe est le lieu de recoupement entre grandeur et misère, image de notre condition humaine, une condition tragique. C’est  dès la première scène déchirante, un homme de compassion, mais le héros n’a aucune prise sur le Destin scellé par les Dieux. Il souffre avec majesté, stoïquement courageux et désespéré devant les malheurs et les révélations qui s’accumulent. Thèbes est l’image pour Sophocle (411 av. JC) de sa ville d’Athènes profondément divisée contre elle-même, en proie aux guerres, victime de scandales et procès avant-coureurs de catastrophes, en butte à a crise morale et politique d’une démocratie décadente. Qu’ajouter de plus ? Ceci ne vous fait-il pas penser à notre Europe ?

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Et la force théâtrale extraordinaire de la juste mais inutile colère d’Œdipe est là pour nous émouvoir au plus profond de nous- même, en tant qu’individus et en tant que citoyens. Daniel Scahaise, dont c’est la dernière mise en scène pour le Théâtre des Martyrs, à l’issue d’une formidable carrière,  est passé maître dans l’adaptation du théâtre antique à la scène contemporaine. Fluidité, fidélité au texte, humour, humanité, respiration tragique, tout y est. « Œdipe, C’est l’homme par excellence, celui qui se heurte au chaos de la vie et qui tombe le plus bas. Comme Antigone, il représente le parcours du combattant humain. Ils font tout pour trouver un chemin lumineux, et ils se ramassent tous les embruns, tous les écueils, mais ils se relèvent, ils font front. » On est devant une fête spirituelle de l’humanisme.

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Le contexte rituel et la présence du chœur, regard et parole  publique démultipliée,  renouent avec les sources du théâtre antique et celles de notre civilisation. Le jeu des lumières, les chants, les percussions, les voix, la flûtiste,  donnent  un  frisson lyrique au drame.  Un rideau transparent balayé par de belles projections poétiques  évoquant le voyage initiatique d’Œdipe, sépare l’espace de l’action et celui de la réflexion. La scène est un espace incandescent, brûlé par une lumière aveuglante parsemée de roches qui évoquent des cités en ruines. Quelques chaises éparses. Au centre un somptueux olivier vivant, lieu de pouvoir, de justice et de sagesse devant lequel s’affrontent les passions et la raison humaines. 

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D’une puissance dramatique extraordinaire,  Créon (Stéphane Ledune), le frère de Jocaste, Œdipe (Christophe Destexhe), Jocaste (Hélène Theunissen), Tirésias (Bernard Marbaix) fonctionnent comme les engrenages d’une machine infernale - selon les mots de Cocteau - dont les tensions et la vérité psychologique ne cessent de monter en crescendo. Brûlante fresque qui marque durablement et profondément. Le couronnement d’une carrière théâtrale de quelqu’un à qui  Jacques De Decker, Secrétaire perpétuel à l’Académie Royale de Langue et de Littérature Française,  voue non seulement de l’amitié mais une  « gigantesque admiration. » ...qui est la nôtre aussi: hommage et Respect.    

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Crédit photos Isabelle De Beir

Du 18 septembre au 31 octobre 2015

Mardi à 19h - du mercredi. au samedi à 20h15 - Samedi 17.10 à 19h - Di 11 & 25.10 à 16h

Avec Maxime Anselin, Barbara Borguet, Isabelle De Beir, Jaoued Deggouj, Daniel Dejean,  

Dolorès Delahaut, Angelo Dello Spedale Catalano, Christophe Destexhe (Œdipe),

Laurine Dombret, Nadège du Bled, Bernard Gahide, Stéphane Ledune, Bernard Marbaix,

Denise Meyskens, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Emma Van Wetter, Gérard Vivane

et Antoine Dandoy (Percussions), Christophe Delrée, Jérémy Grynberg, Renata Kambarova (Flûte),

Denis Marcelle, Anthony Molina-Diaz (Elèves du Conservatoire Royal de Bruxelles)

Traduction Bernard Chartreux   Mise en scène et scénographie Daniel Scahaise

Assistanat à la mise en scène Julie Lenain   Musique Originale Daniel Dejean   Création vidéo Vincent Pinckaers

Costumes Anne Compère   Coiffures Laetitia Doffagne   Régie/Lumières Bruno Smit

Un spectacle en collaboration avec la FPGL (Fédération des Professeurs de Grec et de Latin)

Soirée de Gala Œdipe Tyran – Mercredi 30 septembre à 20h15

Participons ensemble au rayonnement de la culture grecque

  

Nous vous proposons une soirée dédiée à la Grèce : Introduction au spectacle par le metteur en scène, représentation d’Œdipe Tyran, dégustation de spécialités grecques, concert de PassaTempo Rebetiko et rencontre avec les comédiens.

25 Eur par personne - Les bénéfices de la soirée serviront à la création d'une bourse d'aide à l'écriture pour un jeune auteur grec. En collaboration avec l'Hellenic Circle de Bruxelles et Free Thinking zone à Athènes.

 Avec le soutien du bureau de l’éducation de l’Ambassade de Grèce en Belgique,

de l’Association des Epirotes de Belgique du Restaurant Strofilia et de Canette Brussels - Greek quality wines.

Réservations sur theatredesmartyrs.be... et au 02 223 32 08

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administrateur théâtres

2549246019.jpgLe théâtre des Martyrs a inauguré sa saison 2014-2015 avec une première performance  du Théâtre en Liberté dirigé par Daniel Scahaise, un spectacle foudroyant de cruauté  qui montre les limites à ne pas enfreindre au risque de payer le prix fort. Difficile de s’en remettre.  L’interprétation est fort traditionnelle comparée à celle de Tom Lannoye dans sa « Mamma Medea » qui était d’une inventivité étourdissante. Ici nous allons patauger dans le drame immonde des protagonistes, faisant face à des remparts de ville méditerranéenne au pied desquels s’affairent des humbles gens des années 30-40. Chapeaux à voilettes, châles. Les tableaux sont particulièrement pittoresques. De jolies jeunes  villageoises en habits noirs pour la plupart. On tresse des fleurs, on brode des paillettes sur des voiles, on plie du linge, des hommes silencieux regardent. Voilà le chœur planté. Il sculptera avec grande fluidité toute la tragédie, faisant émerger une sagesse qui ne peut se nourrir des passions extravagantes. Ah ! Que l’on aime tout ce petit peuple de figurants (élèves du Conservatoire Royal de Bruxelles)!

1550198084.jpgSurvient la Folie personnifiée. Hélène Theunissen, une comédienne chevronnée l’incarne, avec toute la violence dramatique dont elle est capable. La  Médée d'Euripide est déchirée entre son amour pour Jason et sa colère d'être  remplacée par une autre femme. Ses imprécations sont des explosions de rage et de  douleur incontrôlables. Elle renverse échelles et guirlandes. Elle se lamente sur la problématique de l’étranger qui doit faire beaucoup de concessions pour être accepté par la cité où il vit. Thématique qui traverse les siècles. Aussi la magicienne trahie choisira d'accomplir un acte odieux pour toucher Jason au plus profond de son être… Médée, une  terroriste, quoi ! Dont on dira que, bien que  mère criminelle, elle est  une femme courageuse qui s'élève seule contre le pouvoir des hommes. Elle est habile, pleine de mauvaise foi, profite de la moindre occasion pour mettre en œuvre ses sombres desseins, endort les soupçons, ironise, manipule à mort.

3869623297.jpgLes discours  maladroits du  très lâche Jason (un très convaincant Stéphane Ledune) sont  mielleux à souhait et ne manquent pas d’habile hypocrisie. S’il se remarie, c’est… pour protéger ses enfants, dit-il! Pathétique et humain!  Et le chœur de commenter que si Jason a été injuste, nul malheur n’est plus grand que d’être loin du sol natal ! On oublie de dire que la noble  Corinthe a accueilli des fuyards criminels…  

2649291396.jpgMais ce qui passe le moins dans le texte lourd comme du plomb fondu, c’est que la vengeance personnelle prend le pas sur l’amour des enfants. « Tuer les enfants, rien ne ravagera plus mon mari !» Euripide décrit une folie destructrice que tous les Grecs craignaient le plus au monde : la vengeance.  La folie frôle de près le culte de la mort et on revient de ce spectacle fort meurtri. « La passion a eu raison de ma raison » dit-elle en lavant une dernière fois ses enfants aux portes de la ville ! Le feu empoisonné de la vengeance de l’exil et de l’adultère consumera le roi et sa fille. Le peuple en habits de fêtes nuptiales déplore : « Le sort favorise celui-ci, celui-là mais qui est heureux? Personne. Zeus dans l’Olympe organise bien des choses, à l’inattendu, les dieux livrent passage… » Ouf ! La distribution inclut quelques-uns de nos comédiens préférés : Jaoued Deggouj, Bernard Marbaix, Sylvie Perederejew ,Dolores Delahaut. Seul le petit peuple fait un peu de bien dans cette sombre tragédie où les protagonistes, hommes  et femmes  donnent une piètre image de notre condition humaine!

Le mot de la fin revient évidemment au metteur en scène : Nous voudrions, toute l’équipe et moi, que le spectateur suive la représentation comme un acte de foi, qu’il soit aussi inquiet, aussi envoûté, aussi fixé sur l’évènement qu’on lui propose que s’il assistait à un sacrifice. Nous aimerions que le spectateur ne se reconnaisse que dans les sentiments extrêmes, hors de toute contingence quotidienne,  qu’il soit pris dans un kaléidoscope de sentiments violents, comme dans un rituel, à travers les sens, la sensibilité et la disponibilité spirituelle. MEDEE est pour nous, non seulement la tragédie de la vengeance et de l’exil, mais un véritable sacrifice rituel. La cérémonie de la passion déchaînée dans toute sa splendeur. Son horreur absolue.

http://www.theatredesmartyrs.be/index2.html  Jusqu'au 24 octobre

 

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administrateur théâtres

12273036695?profile=originalSans avoir à traverser la mer ou l’océan…

 

Superbe divertissement musical et grand spectacle, la comédie musicale « Evita » qui tourne de par le monde depuis de nombreuses années, tout comme « Cats », « Les Misérables », « The Phantom of the Opera » ou « Jesus Christ Superstar » est arrivée en Belgique. C’est une production en version originale anglaise  de Bill Kenwright , “a monumental show” selon le Sunday Express, dont le  West End attend  la première avec impatience. Une sacrée valeur touristique donc pour le Kursaal  d’Ostende,  du 29 juillet au 10 août 2014.

 On connaît bien sûr  le film d’Alan Parker (1996) croulant sous les récompenses,  qui a ému aux larmes, avec Madonna et Antonio Banderas dans les rôles principaux et  qui remporta  l’Oscar de la meilleure chanson originale. Sans parler du record battu par Madonna pour les changements de costumes dans le Guinness ! On s’est donc  précipité pour réentendre les succès musicaux emblématiques du film: ”Don't Cry For Me Argentina”, “On This Night of a Thousand Stars” , “You Must Love Me”  et “Another Suitcase in Another Hall” sans savoir d’ailleurs que la comédie musicale précédait le film.

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Celle-ci a gagné des tas de prix dont un Grammy pour l’enregistrement du disque avec les artistes de Broadway, le Society of West End Theater Award pour la meilleure comédie musicale en 1978 et meilleur script et meilleure musique. La combinaison des partitions d’Andrew Lloyd-Webber  et les textes sulfureux de Tim Rice forment un ensemble élégant et intelligent. Un savant mélange de glamour et de critique acerbe du pouvoir, surtout  grâce au  narrateur : un rebelle aux allures de Che qui voit tout et ne se lasse pas d’interpeller la femme aux origines simples qui a conquis les cœurs et  joue de son pouvoir d’opérette pour devenir l’icône du petit peuple argentin.

(photo: credit of Robert Genicot)

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C’est la  chanteuse  portugaise Madalena Alberto qui incarne la belle Evita, « The greatest social climber  since Cinderella », et  à qui l’artifice de la  blondeur sied si bien. Un port et des tenues de reine, un très bel éventail de tessitures, un dynamisme de feu, une façon de jouer à la Liz Taylor dans « The Taming of the Shrew » ! Elle balance entre sainteté et manipulation pour accéder au pouvoir suprême.   Elle séduit par la voix et la parole ...et par les aumônes de 100 pesetas qu’elle distribue  aux enfants pauvres sans compter. Un  vrai personnage  de contes, presque codifié. Glissons dans l’histoire…

 Evita-Lowry-Theatrew-216x300.jpg?width=216Ascension: la jeune actrice provinciale qui est montée à Buenos Aires rencontre le colonel Juan Perón ( Andrew C. Wadsworth) lors d'une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les victimes du tremblement de terre  dans la région de San Juan. Chassant sa dernière  maîtresse, elle l'épouse le 21 octobre 1945. Elle contribue grandement à son élection comme président en 1946. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées et crée la Fondation Eva Perón dont le rôle est d'assister les pauvres. Win-win situation : nombre d'hôpitaux ou d'orphelinats créés par la Fondation ont survécu à la mort prématurée d'Evita. Elle devient le centre d'un culte de la personnalité. Elle brigue  la vice-présidence en 1951, ce qui irrite vivement les  militaires haut placés qui ne souhaitaient pas voir  une  femme gagner de l'influence.  En même temps on lui connait un côté moins reluisant. Elle est celle qui, après son  « Rainbow tour » en Europe en 1947 - de l’Espagne à Zurich, hormis l’Angleterre mais en passant  longuement par  le Vatican - a  facilité l’émigration et  la fuite des Nazis et de leur or vers l’Argentine. Chute, l’ambassadrice auprès des nazis transformée en Madone mourra d’un cancer à 33 ans le  26 juillet 1952. Son corps embaumé disparaîtra après le coup d’état de 1955 pendant 17 ans nous dit l’histoire, quelque part non loin du Vatican en Italie...

Et toute cette histoire d’ambition et adoration démesurées est conté malicieusement par le personnage rebelle du nom de Che (Mark Powell) car en vrai, Evita n’a jamais rencontré le révolutionnaire cubain.  

Manchesters-Finest_Mark-Powell-as-Che-2.jpg?width=262Revenons à l’interprétation de Mark Powell.  Le "Che" est un chanteur nerveux, à la voix versatile, au timbre lustré avec une présence théâtrale constante, surgissant à chaque instant là où on l’attend le moins. Un chanteur de talent aux accents de vérité tant il semble improviser. Volerait-il la vedette à l’excellente Madalena  Alberto dont les accents de sincérité ne font vraiment surface que dans la deuxième partie.   On voudrait retenir plus longtemps dans sa fuite la voix pure et  délicieuse  de Sarah McNicholas (la jeune maîtresse évincée) qui parvient à faire de “Another Suitcase in Another Hall” un moment musical  aux harmonies éthérées très émouvant. Et celle de la jeune enfant (dix ans au plus) qui entonne « Santa Evita» d’une voix assurée et lumineuse…  

De splendides motifs musicaux relient les tableaux, le tango est omniprésent parmi les nombreux figurants, danseurs et chanteurs de l’ensemble. Il fallait souvent se faire violence pour  quitter les solistes des yeux  et se concentrer sur la chorégraphie parfaite et très dynamique de Bill Deamer. L’impression de sentir le temps fuir et même accélérer  comme une rivière qui emporte tout, décors et danseurs…Le vertige de la chute ? A l’instar de la figure principale, le décor évoque  inflexiblement le  motif  de l’ascension : escaliers, marches et  balcons mouvants, changeants et fluides.  A stairway to heaven? Le jour de la première, un accroc dans la machinerie  informatique a causé un arrêt de 20 minutes du spectacle car la colonnade palatiale était restée soudain suspendue entre ciel et terre! Ni morts ni blessés… le spectacle a repris ensuite dans la bonne humeur et a été abondamment applaudi!

12273034679?profile=original12273035653?profile=original12273035464?profile=original12273035886?profile=originalhttp://www.kursaaloostende.be/events/detail/326

 

 

 

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administrateur théâtres

12272847069?profile=originalAntigone est  une héroïne extraordinaire d’énergie juvénile, de volonté, de fidélité aux engagements, de fidélité aux lois divines qui sont au-dessus de celles des hommes. Elle symbolise la  lutte ouverte contre la dictature et la manipulation. C’est cela, l’Antigone de Sophocle, avec un chœur compatissant, ému aux larmes par le courage héroïque de la fille d’Œdipe qui voit disparaître pour toujours la lumière du jour qu'elle adore.

Jean Anouilh transforme la pièce de Sophocle. D’abord Créon superbement  incarné par Bernard Sens  expose un argumentaire détaillé des raisons pour lesquelles  il obéit à son destin  de chef d’un peuple de Thèbes ravagé par les guerres fratricides. Il a décidé d’exercer le pouvoir par esprit de service, de « faire son devoir »  et  de ramener un peu de paix à la cité. Le jeu de la folie d'Antigone par Wendy Piette  est si efficace que l’on se met à croire à la sagesse de Créon et à ses bonnes intentions. On se met, avec lui, à taxer Antigone d’égoïste et d’orgueilleuse. L'Ubris, c'est l’offense la  plus terrible chez les Grecs!   Dans des duos poignants, sa sœur Ismène (Manon Hanseeuw) qu’elle aime tendrement et plus tard son oncle, finissent par la traiter plusieurs fois de folle. C’est alors que l’on est le plus dérangé, car ils n’ont pas forcément tort.12272846896?profile=original12272847086?profile=original

Mais… la pièce fut écrite par Jean Anouilh pour réagir à l’affichage à Paris et dans tous les villages de France des « petites affiches rouges », des affiches immondes de la Propagande fustigeant les Résistants et assimilant à des terroristes dix d’entre eux  accusés d’attentats. Ils  furent  exécutés le 21 février 1944. Une rue porte leur nom à Paris: rue du Groupe Manouchian. On ressort donc de cette soirée, perplexe, dérangé, ouvert aux terroristes en herbe ?

Ou penchant vers le respect de la loi ? Même si c’est la loi de Créon, créée pour  manipuler la foule, lui donner un bouc émissaire et surtout lui donner un cadre de vie où le bonheur existe. Créon, un despote éclairé ? « La loi est d’abord pour les filles de roi ! Tu penses que tu es au-dessus des lois? »  Presque convaincue par les arguments de bon sens de Créon et l’amour qu’il éprouve pour elle, « Je t’aime bien Antigone, même avec ton sale caractère!»  Antigone a failli retourner à sa chambre et taire le crime qu’elle venait de perpétrer en ensevelissant son frère, contre la volonté de Créon. Créon veut la sauver, il est prêt à faire disparaître les témoins gênants par amour pour elle et pour son fils Hémon (Nicolas d’Oultremont), le fiancé d’Antigone. Il lui a démontré l’hypocrisie des prêtres : « Tu risques la mort pour une pantomime de prêtres ? C’est absurde ! » Il lui a révélé l’indignité écœurante  des frères ennemis qui valent moins que rien.  Mais non, tout d’un coup, elle se ressaisit et hurle qu’elle crache sur le petit bonheur sale et  sur l’espoir qu'elle trouve encore plus sale.  Cynisme héroïque et orgueilleux qui sèmera la mort autour d’elle ou résistance glorieuse par amour de la liberté ?

12272846695?profile=originalCette pièce est bouleversante comme son  décor, sorte de centrale électrique impressionante, et sa distribution magistrale.  Elle reste longtemps à flotter dans l’esprit du spectateur qui n’en finit pas de s’interroger. Le questionnement nuancé, subtil  et complexe empêche de prendre parti de façon manichéenne. Il invite tout simplement à la réflexion. D’autres éléments de la mise en scène sont très interpellants. Notamment la mosaïque de films de violence urbaine ou guerrière,  les tableaux inoubliables du reporter (Benoît Verhaert) qui va désabusé comme un  chœur omniscient et qui filme les scènes avec délectation.  De même, le tableau des foules aveugles friandes de sang et de « justice ». Et les misérables gardes auxiliaires de la « justice » … veules à souhait. Tout vous donne la nausée. Alors, tout d’un coup, d’aucuns pencheront pour Antigone!

http://www.trg.be/Public/Spectacle.php?ID=3784&saison=3772

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