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J'ai le plaisir d'y participer aux côtés de 23 artistes , de toutes techniques ! Maryse Louis en est l'invitée d'honneur .
L'expo est accessible les 23, 24 et 30 septembre et le 1 octobre , de 11 h à 18 h .
Beauté de la nature
Une aquarelle d'Adyne Gohy
Inspirée par une photo
de
Raymond Martin
a inspiré
un poème
de Raymond Martin
Calanche di Piana
Les Calanques de Piana
en Corse
Cathédrale Méditerranéenne façonnée par les âges, aux parures d’ocres de différentes facettes
Selon le bon vouloir de l’astre solaire ou du courroux sans bornes de Poséidon,
Tu nous offres, paisible, un peu des entrailles de cette sublime terre Corse.
Tes flancs exacerbés ressemblent aux jambes des Titans, dont les pieds baignent dans les reflets
D’un bleu profond de l’onde marine , calme ou intrépide de cette mer nourricière.
Onde bienfaisante calmant les esprits, face à l’ardeur du soleil à son sommet. .
Un mélange de sons se devine quand, fermant les yeux , on laisse libre cours à son âme aux
Aguets. Le dialogue du vent et de la mer cher à Debussy, se lie avec les voix venues du passé,
De Phéniciens ou de Génois ventant leurs marchandises aux autochtones, myrte et pacotille.
Peut-être aussi la voix allègre du pêcheur satisfait par ses prises de rougets et autres mérous,
Accompagnée de la douceur fruitée d’un petit rosé local , pour faire oublier la fatigue accumulée
A manœuvrer le « pointu », garant d’une pêche respectueuse du fond marin.
Nienti sta sera
nienti à punenti
nienti à l’alba
nienti
sta sera m’addurmentu in prosa
Rien ce soir
Rien au couchant
Rien à l’aube
Ce soir je m’endors en prose.
( Poème de Marianne Costa en Langue Corse )
Un partenariat d'
Arts
L' Ethique à Nicomaque." est une oeuvre philosophique en 10 livres dans laquelle Aristote de Stagire (384/3-322 av. JC.) développe sa doctrine morale dans sa forme la plus évoluée. Il existe trois autres traités de morale d'Aristote: "L'éthique à Eudème", "La grande morale", le "Traité des vertus et des vices", mais leur authenticité est contestée. Nicomaque, fils de l'auteur, qui révéla cet ouvrage, lui donna son nom.
Toute activité humaine, théorique ou pratique, a pour fin le bien. Il y a des fins vers lesquelles nous tendons en vue d'autres fins. C'est pourquoi les premières sont relatives, imparfaites et présupposent une fin absolue recherchée pour elle-même: c'est le bien suprême, dont l'étude est du ressort de la politique, prise dans le sens d'éthique collective. Tout le monde est d'accord pour reconnaître que le bien suprême est le bonheur; quant à ce dernier, les opinions sont divisées: pour certains, c'est une vie de plaisirs primaires, d'autres le placent dans la gloire, d'autres enfin dans une vie contemplative. Après avoir à ce sujet critiqué la conception platonicienne des idées, qui préconise le "bien en soi", Aristote revient au problème du bien suprême, ou bonheur, lequel ne peut être défini que par rapport à la fonction caractéristique de l'homme: or, comme celle-ci est l'activité rationnelle, il résulte que le bien parfait, ou bonheur, est, chez l'homme, "activité de l' âme selon ses penchants", conception qui contient et concilie tout à la fois les exigences spiritualistes et eudémonistes, lesquelles trouvent le bonheur, soit dans le plaisir, soit dans l'activité sociale. Délaissant la vertu purement physique de l'âme végétative, Aristote examine la vertu propre à l'être humain. Ici, se place l'importante distinction des vertus humaines en "dianoéthiques" et "éthiques"; les premières sont particulières à l'activité rationnelle et sont susceptibles d'être développées au moyen de l'enseignement; les secondes, propres aux facultés appétitives, sont engendrées par l'habitude.
Le deuxième livre est consacré à la définition de la vertu éthique: à l'encontre des choses naturelles que l'on possède d'abord et dont on use ensuite, la vertu est en acte avant d'être en puissance: on devient juste en agissant justement, d'où l'importance, pour la vie morale, d'une éducation de la jeunesse où il sera de règle de faire un bon usage du plaisir, lequel -comme on le voit- n'est pas rejeté. Que doit-on entendre par acte vertueux? La vertu n'est ni une passion, ni une faculté de l'âme, mais une habitude, et précisément, une habitude qui perfectionne à la fois l'agent et l'acte. Aristote considère donc la vertu non pas comme un "acte", mais plutôt, par une analyse empirique, comme un "fait" qui se compose de deux éléments: l'un volontaire, déterminant le but, l'autre intellectuel, qui précise les moyens pour atteindre ce but. Il arrive ainsi à la trop célèbre définition de la vertu: "La vertu est une disposition acquise volontairement par rapport à nous dans la "mesure" [le juste milieu], elle-même définie par la raison conformément à la conduite d'un homme réfléchi". Pour en venir à l'examen de la vertu en tant qu'acte, Aristote la définit comme la perfection de l'activité, le sommet de la dernière extrémité opposée au mal; mais il ne s'attarde pas à cette position de principe, il s'attache davantage au concept de "médiation" qu'il considère sous l'aspect pratique et pédagogique.
Le troisième livre est consacré à l'acte pratique en vue de définir ce qu'il y a de volontaire et d'involontaire dans l' action, et d'analyser l'intention et la délibération. Ce qui est volontaire trouve sa cause chez l'agent et dérive, soit uniquement du désir de ce dernier, soit du désir guidé par la raison, donc par un choix préférentiel ou l'intention, laquelle est "désir pour ce qui est délibéré". Par l'intention, qui suppose une simple vertu physique, -se transforme alors en vertu proprement dite, qu'il définit enfin comme "habitude conforme, voire conjointe à la juste raison". La vertu, de même que le vice, résident donc en notre pouvoir: l'homme est responsable, et la thèse selon laquelle "personne" n'est volontairement mauvais" doit être rejetée.
Il passe ensuite, dans le quatrième livre, à la description des vertus éthiques particulières: la fermeté, la tempérance, la libéralité, la magnanimité, la douceur, la franchise, l'urbanité, la pudeur, description très utile pour nous éclairer sur le climat moral particulier au peuple grec.
Un examen spécial est consacré (livre cinquième) à la justice et à l'équité: il distingue la justice distributive (à chacun selon son mérite) et la justice réparative (équilibre du profit et des pertes dans les contrats et proportionnalité entre les peines et les délits).
Comme il avait abouti plus haut à une définition de la juste raison, il se devait d'étudier (livre sixième) les vertus dianoéthiques où l'intellect fournit au désir, à la fois la fin et l'image du bien, et où la raison participe au choix des moyens par lesquels la volonté parviendra aux fins. Les vertus dianoéthiques sont au nombre de cinq: la science, l'art, la prudence, l' intellect et la sagesse. La science a pour objet ce qui est nécessaire et est "susceptible de la démonstration", laquelle s'actualise par induction et devient ainsi connaissance de l'universel, soit par le particulier, soit par syllogisme déductif partant de l'universel. L' art est défini comme "habitude de créer avec la véritable raison", et a pour but de produire des choses qui peuvent exister ou ne pas exister. La prudence ou bon sens est une "habitude pratique appliquant la véritable raison à ce qui est bien pour l'homme". l' intellect, ou intelligence, est la faculté qui recueille intuitivement, et non pas démonstrativement, les principes de toute connaissance. La sagesse, union de l'intellect et de la science, s'adresse aux choses plus élevées. Toutes ces vertus ont également de la valeur en elles-mêmes; et en particulier, la prudence, à laquelle se rattachent toutes les autres (thèse presque identique à celle de Socrate) et qui est indispensable à la vraie vertu.
Le livre septième traite de l'intempérance et du plaisir. Tentant d'expliquer pourquoi des hommes qui sont en possession d'une certaine science dans le vice, Aristote reprend en somme, malgré ses critiques, l'attitude de Socrate: il conclut, en effet, que ces hommes-là, au fond, ne connaissent pas la science. Par contre, l'étude du plaisir, qui anticipe sur celle qu'il poursuivra dans le livre dixième, est inspirée par un eudémonisme résolu, mais équilibré, qui reconnaît que le plaisir est le fondement du bonheur.
Dans les livres huitième et neuvième, il traite de l' amitié et de l' amour, désignés sous un même nom, vertu liée à la justice, fondamentale pour l'animal politique qu'est l'homme.
Dès le début du dixième livre, il reprend le problème du rapport entre le plaisir et la vertu, et conclut que le plaisir procède d'une "perfection de l'acte", non essentielle, mais qui survient "comme la beauté pour qui est dans la fleur de l'âge". Le plaisir peut accompagner n'importe quelle fonction de l'âme, même les plus élevées: c'est pour cela que la vertu et le bonheur ne sont pas séparés du plaisir. Le bonheur suprême résidera dans la pure contemplation de la vérité éternelle, activité qui, tout en nous délivrant des maux de ce monde, nous fera participer à la béatitude divine. Cette activité spéculative ne peut être continuelle chez les humains comme chez les Dieux; de là, la nécessité de l'activité éthique, modératrice des appétits, et qui a son domaine d'application spécialement dans la vie politique, laquelle, pour cette raison, doit être étudiée avec attention (voir "La politique"). Cet écrit, certainement postérieur à deux autres oeuvres de morale aristotélicienne, est une continuelle oscillation entre l'eudémonisme humaniste (vers lequel est orientée "La grande morale") et l' intellectualisme éthique qui inspire "L'éthique à Eudème". Toutefois c'est par ce caractère même que l' "Ethique à Nicomaque" demeure en substance l'ultime et la plus significative expression de la morale grecque.
LETTRE A UN FOETUS
Tu n'es pas encor né toi mon petit bébé
Il n'y a que six mois que je l'ai fécondée
Cette belle Vénus qui sera ta maman
Et pourtant tu lui causes déjà bien du tourment
Je t'en prie laisse-lui le temps de respirer
Calme-toi un instant arrête de bouger
Maintenant qu'elle dort pourrais-tu t'empêcher
Pendant une heure ou deux de donner des coups d’ pieds
Ce n'est pas aujourd'hui que tu pourras sortir
On n'est pas encor prêt on n'a pas de prénom
Ton berceau n'est pas fait dans notre cabanon
Mais dans trois mois c'est sûr on pourra t'accueillir
En attendant dis-moi ça te ferait plaisir
Que ce jour je sois là pour t'aider à sortir
Ta maman se prépare avec application
Pour que tu n'aies pas mal malgré les contractions
Tu verras mon enfant comme le monde est grand
Comme les fleurs sont belles et les oiseaux charmants
La lune toute en or et le soleil de feu
Tu verras le ciel bleu oui tu seras heureux
Tu verras plein de choses et sentiras des roses
Mais je peux te prédir' ce qu'est l'apothéose
En effet le plus beau le meilleur le plus grand
C'est tu le comprendras le cœur de ta maman
© SABAM - RICHARD Jean-Jacques
Lueurs prémonitoires du malheur qui s'annonçait.
Au retour, la maison avait pris des tons rouges, sanglants. Déjà …
Mais les Bons Pères cultivaient les roses
avec tendresse, avec amour et leur parfum sublime
envahissait la maison Cathédrale.
A cette heure du coucher les lueurs d'incendies
glissaient aussi sur elle, si belle. Bravant le fleuve !
Elles se transformaient en longues flammes pourpres
Et pourtant, les roses ne se fanaient guère !
Toujours elles renaissaient, de plus en plus belles.
Car l'Amour était leur nourriture.
http://www.theatrepoeme.be/spectacles.php?shortcut=spectacles_DEUXMOISENTIERSENCOMPAGNIEDEWILLIAMCLIFF
"Il faut viser d'autant plus juste que sont peu nombreux les éléments du
poème, en peser le poids sur des balances d'autant plus sensibles qu'ils sont
légers. Alors seulement, la cible atteinte n'est plus une cible, mais une
ouverture où la flèche se sera engouffrée ; alors seulement le coup
d'éventail imperceptible aura produit une onde capable de se propager à
l'infini".
Philippe Jaccottet
La Cathédrale aux roses
J'ai connu un pays où les roses
jamais ne se fanaient
Il hante souvent mes nuits sans sommeil
Je revois cette cour sous les Tropiques
sur la ligne d'Equateur
où régnait une chaleur moite, visqueuse.
Là, près de la Cathédrale, près du fleuve Congo
Qui lançait au loin des lueurs d'incendies
à cette heure du soir où le soleil se couchait.
Les jeunes s'égaraient sur les murs de l'école,
pour y flirter, bavarder, se nourrir de beauté.
Noirs et blancs mêlés :
promesse d'avenir
aux multiples couleurs.
Lueurs d'incendie que j'emportais chez moi
après la promenade.
Lueurs d'incendie
qui devenaient flammes réelles
dans ma tête !
Le n° 72 de la revue Traversées est sorti de presse.
Pascal RADAR
"Sculptures en bronze"
Les samedi 26 avril, dimanche 27 avril,
jeudi 1 mai, samedi 3 mai & dimanche 4 mai
de 10h30 à 18h00
Lieu d'expo : 12 rue Favarte, 7911 Frasnes-lez-Buissenal
La Côte d'Opale
d'Adyne Gohy
Inspirée du poème de Gil Def
Je t'offre mon Nord
En bleu, en vert en sang et or
Veux-tu connaître mon pays?
C'est au nord, tout en haut, ici
Je sais, on dit qu'au nord le ciel est gris
Que le plat pays se perd sous la pluie
Que les canaux se meurent d'ennui
Mais vois comme la plaine tremble le blé
Quand le vent mûrit au sud en été
Viens chez moi, mon pays va chanter
Je sais, on dit qu'au nord c'est noir charbon
Zola a pleuré la misère dans les corons
Germinal a écrit et filmé les gueules noires
Mais viens voir les terrils changer leur histoire
En sang et or des ailes à Lens y décollent
Ecoute Renaud rimer des drôles de paroles
Je sais, on dit qu'au nord c'est le brouillard
Qui noie les marais et les quais de gare
Et cache souvent le côtes d'Angleterre
On prend le tunnel si tu as le mal de mer
Mais, je préfère un car)ferry par temps clair
On part de Calais on part en croisière
Je sais, on dit aussi que la mer du Nord
En tempête hurle dans le détroit trop fort
Pourtant tu sais le vent est un vrai trésor
Fait rire les enfants avec les cerfs volants
Regarde voguer toutes les voiles du présent
Et tourner les ailes d'un nouveau temps
Je sais aussi que le nord n'a pas de montagnes
Mon horizon t'offre la mer et la campagne
De beaux clochers en mâts de cocagne
Et les Deux-Caps qui respirent le grand air
Sur des sentiers qui parlent en bleu en vert
Et retrouvent l'amitié avec des fruits de mer
Je sais, on dit qu'au nord les villes figent le temps
Un passé trop lourd pèse sur le présent
Tu sais les vieilles pierres sont la fierté des gens
Les citadelles ont résisté à tant de tourments
Le nord est bien vivant et Boulogne te surprend
Avec un cheval blanc et les trésors des océans
Je sais, on dit que les routes vont en enfer
Sur des pavés qui reviennent d'avant-guerre
Entre Paris et Roubaix on ira une année
Toucher la légende qui voit des forçats pleurer
On applaudira ces champions qui en plein effort
Au carrefour de l'arbre veulent triompher du sort
Veux-tu connaître mon pays?
C'est mon nord, tout en haut, ici
Je sais, on dit que les gens du nord
N'ont pas souvent le soleil dehors
Mais ils l'ont toujours dans le coeur
Et le public rappel le chanteur
Sens tu tous ces parfums de fleurs
De ces jardins qui ont semé le bonheur
Je sais, on dit que les filles sont plus jolies
Sous les caresses du soleil du midi
Mais au pays toutes les filles au printemps
Sourient comme Isabelle au prince charmant
Elles sont si belles un samedi pour se marier
En dentelle de Calais, je veux te voir danser
Je sais, on dit qu'au nord les années sont grises
Et que le dur labeur n'aime pas les surprises
J'ai déjà mis des croix sur notre calendrier
Des 14 juillet plusieurs fois dans l'année
Une plage de sable fin des moules frites en été
Une braderie des manèges une ducasse en juin
D'autres dates viendront écrire nos demains
Je sais, on dit qu'au nord le rire n'est pas roi
Surtout en hiver avec le vent noroit
Alors au carnaval chez Jean Bart tu seras avec moi
Dans le chahut je t'assure tu n'auras pas froid
La bière coulera en patois tu ne comprendras pas
Dans la bande ti riras et personne ne te reconnaîtra
Je sais, on dit qu'au nord la fête est triste
Depuis que le grand Jacques à quitté la piste
Et aussi Raoul après leur dernier salut d'artiste
Mais le pays des géants invite l'accordéoniste
A respirer encore et plus fort encore
Sur toutes les musiques sur tous les accords
Viens vite, je t'invite dans mon nord
Je garderai pour toi tous ces trésors
En bleu, en vert, en sang et or
Je t'attends dans mon nord
Je t'offrira mon nord
Tout là haut, chez moi
Tout en joie, pour toi
Pour toi
Gil Def
Lettres
Les vieux
L'institut se dressait face à la prairie verte
La France découpait au lointain l'horizon
On devinait le soir, derrière les fenêtres,
Des visages ridés aux grands yeux sans passion.
Ils se tenaient tapis, les mains sur les genoux,
Ils regardaient la nuit, son ombre évanescente
S'étendre lentement comme un charme trop doux
Noyant la vie qui fuit dans la Source Puissante.
Les regards se perdaient vers l'Infini des jours,
Les têtes s'inclinaient, alourdies vers la terre,
Des souvenirs sans fin, des rêves, des amours,
Dissolvaient les vieux coeurs en ondes éphémères.
Il ne restait pour eux que la Grande Patience,
Les heures se traînaient, interminablement.
Ils attendaient sans peur l'Ultime Délivrance
Les mains sur les genoux, silencieusement.
© Rolande Quivron
Extrait du recueil "Intégrales"
"La pensée Universelle" 1983
Bonjour, Je ne vous demande pas d'y croire mais de lire tout simplement les écrits qui vont suivre avec bienveillance et discernement. Eventuellement, exprimer votre opinion si tel est votre désir. Merci.
Toute enfant déjà, il m'est arrivé d'avoir ainsi d'étranges manifestations . En bref, j'en citerai deux parmi d'autres qui m'ont spécialement marquée.
J'étais en septième primaire après avoir sauté d'une classe. L'inspecteur était venu nous rendre visite.
Lorsqu'il est entré, je me trouvais face au tableau noir. Je venais d'y être envoyée pour résoudre un problème de fraction assez complexe.
Les mathématiques me passionnaient. J'adorais tout simplement.
Comme toujours lors de ces visites impromptues, l'institutrice s'est mise à rougir et je sentais bien qu'elle n'était pas vraiment à l'aise. Plutôt "dans ses petits souliers" . C'était une enseignante très exigeante, honnête, juste, le tout allié à une très forte autorité. Dans sa classe, personne n'osait lui tenir tête.
Il n'empêche, je sentais sa peur. A l'époque, c'était ainsi : tout fonctionnait dans la crainte de l'autorité.
Je suis entrée dans ce problème avec une facilité désarmante, tout en suivant les réactions de mon institutrice. Il me semblait qu'un lien invisible nous unissait : j'avais l'impression bizarre qu'elle me dictait la marche à suivre, tout en me laissant libre de mes recherches et interprétations de celles-ci. Nous nous parlions de regard à regard. Très détendues toutes les deux après les premières tensions.
Mon cerveau était léger et transparent : une bulle dans l'espace.
L'affaire a été menée avec dextérité et sans aucune faille ni hésitation jusqu'à la solution finale : un magnifique sans faute.
L'inspecteur, très satisfait, s'est tourné vers l'institutrice :"Bravo, Mademoiselle, c'est parfait. C'est la meilleure classe jamais visitée de toute ma carrière".
Et Mademoiselle de rougir, rougir rougir .... Il est vrai qu'elle rougissait facilement et, parfois de colère aussi.
Dans ces instants houleux, la classe apeurée, se tenait coite et nous n'avions nullement envie de nous montrer de vilaines petites pestes. Et puis, nous l'aimions. Pourquoi ? parce qu'elle était tout bonnement "juste". Un belle réputation, pas vrai ?
Le second épisode, parmi quelques autres, se situe lors de la dernière visite de mon père lorsqu'il rentrait du Fort de Breendonk à l'époque de son rappel sous les drapeaux en 1940.
Je vivais chez mes Grands-Parents paternels car ma mère travaillait pour nouer les deux bouts .... de ficelle des paies d'ouvrières à cette époque. La cohabitation ne comportait que des avantages et ma grand-mère était adorable et, surtout aimante.
C'était pendant les vacances de Pâques 1940, peu avant la déclaration de guerre. Comme d'habitude, je jouais passionnément avec les petites copines de notre rue.
Lors des précédentes visites de mon père, je l'embrassais gentiment et puis ....vite vite je continuais de jouer, un peu indifférente envers lui qui devait certainement en souffrir. Nous avions l'habitude des séparations puisque j'habitais chez mes grands-parents et rejoignais mes parents une fois par semaine, le samedi, lorsqu'ils n'étaient pas encore séparés par les bruits de bottes.
Et cette unique fois, je ne sais pourquoi j'ai abandonné mes jeux sous le regard ahuris des copines, pour le suivre.
La gare se trouvait assez loin et il fallait traverser le lieu dénommé "Le Pont Blanc" qui enjambait le chemin de fer.
Je l'ai suivi jusqu'à l'entrée du pont, main dans la main et je sentais la puissance d 'Amour qui nous unissait : comme une onde de bien-être, elle nous traversait.
En le quittant, je l'ai suivi du regard jusqu'à ce qu'il s'estompe sur la route au loin. Avec, dans le coeur, l'absolue certitude que je ne verrai plus.
Vous penserez sans doute :"Normal ... puisqu'il y avait des bruits de guerre".
Pas si normal que çà pourtant. A l'entrée du pont, il y avait un talus et, de ce petit promontoire, l'on voyait la France dans le lointain horizon. Je me suis tournée vers elle, avec une impression fugitive : celle d'un salut qui nous viendrait de là.
Nous avons été séparés durant cinq longues années. Mon Père s'est retrouvé pratiquement le seul Belge au milieu d'un camp de prisonniers français qui l'ont beaucoup aidé, moralement et matériellement. Lors de son retour, et par une étrange coïncidence, nous nous sommes retrouvés sur ce même pont.
Je ne l'avais pas reconnu dans cet homme chauve,vieux et fatigué, engoncé dans un uniforme sale, déguenillé.
C'est le papa de l'une de mes amies avec qui nous comptions nous rendre au cinéma qui a crié : "Mais c'est ...( les nom et prénom de mon Père)".
C'était lui en effet. Hélas pour moi, il était devenu un étranger malgré quelques photos envoyées et l'échange de lettres que je possède toujours.
Après .... la situation a été un rien embrouillée : grands-parents, famille en effervescence, retour au village où l'accueil a été des plus chaleureux avec banderoles de bienvenue et décoration de la maison.
A demain, la suite .... mais vous pouvez, déjà, vous exprimer. Merci par avance.
Rolande Quivron dont les textes sont déposés et enregistrés.
Et voici le troisième volet concernant ces témoignages. Merci à ceux qui, déjà, ont réagi..
.
Ma première NDE se situe en mars 1968. Avant les faits relatés dans le deuxième volet. De là sans aucun doute, la présence du "rayon vert" comme je l'ai baptisé ne sachant trop de quoi il s'agissait. Finalement, mon intuition était la bonne et vous comprendrez pourquoi à la toute fin de ces récits et poèmes. Un peu de patience ... Merci.
Avril 1971 :
A la fin de l'année scolaire, notre instituteur a quitté l'école pour un autre établissement. J'y travaillais depuis 1965 par là. Plus tard, ce type d'enseignement a été baptisé "A discrimination positive" ... A présent, il est question d'encore en changer la dénomination.
Notre collègue s'est marié. Ils ont adopté un enfant, la jeune femme étant stérile.
Nous ne savions plus rien d'eux. Aucune nouvelle. Et, soudain, l'horreur. Je frémis encore en écrivant l'indicible.
En cette année 1971, lors des vacances de Pâques , ils avaient loué une caravane à la mer. Hélas, un mauvais fonctionnement d'un appareil de chauffage a déclenché le drame: toute la famille y a été asphyxiée.
Je n'étais au courant de rien, mais mes collègues m'ont appris cette terrible nouvelle lors de la reprise des cours. Ils venaient d'en être avisés.
Vous pouvez imaginer l'immense malaise et tristesse dans lesquels nous nous sommes retrouvés !!
Je me suis tue, complètement anéantie. J'avais en effet préféré chasser de moi cette étrange, soyons nets, prémonition d'un malheur sans précisions des détails, vécue en 1969 sur le chemin du travail. Je pensais devenir folle tout simplement, d'autant plus qu'il m'a fallu vivre avec ce poids sans aucune possibilité de me confier ni de demander une aide quelconque. Si je l'avais fait, l'asile n'était pas loin. La NDE et .... cette histoire plus que bizarre ....Elle est folle, c'est certain.
Mais de là à devoir vivre cette nouvelle en restant muette .... Bref, l'horreur tout simplement. Vous vous imaginez les réactions si j'avais seulement prononcé, par exemple," Ah c'était donc çà" et ensuite raconter cette histoire invraisemblable ?? Déjà que le fait d'écrire des poèmes n'était pas spécialement apprécié. Jusqu'à la visite d'un inspecteur compréhensif.
Voici le poème écrit le soir de cette prémonition : 9 octobre 1969 : veuillez m'excuser de me répéter ainsi.
Il avait
Il avait épousé une femme sans âge (Ils n'étaient pas encore mariés à cette époque)
Aux yeux indéfinis, au visage trop sage
Aux longs cheveux flottant comme des algues noires (Elle était blonde)
Que soulevait le vent en ondes dérisoires
Il se sentait lié comme un boulet qu'on traîne
Enchaîné dans l'étau d'un grand cercle de haine
Et son dos se courbait sous le poids bien trop lourd
D'un épuisant voyage aux confins de l'amour.
Elle le tenait bien entre ses longs bras morts
Et ses yeux globuleux recélaient des trésors :
Deux durs diamants bleus, étranges réceptacles
D'une froide momie aux menaçants oracles!
Partout elle suivait cet étonnant fantôme
Comme une ombre de vie, l'éclairant pâle, atone
Car elle était la nuit, car elle était la mort
Qui toujours l'enlaçait, mais plus farouche encor !!
Avouez qu'il y avait de quoi se poser moultes questions et de mes angoisses vécues après "cà". J'ai tout fait pour oublier, m'enlever cette faculté ....Prier, supplier .... jusqu'à cette nouvelle atroce. Et ce n'était pas fini pour moi ....
Pour en savoir plus : NDE = Near dead experience soit expériences des états proches de la mort (prudence oblige) ou EMI =Etat de mort imminente. Vous pouvez retrouver mes deux témoignages sur ce que j'ai vécu sur le site "Notre Expérience" de mon amie Martine Oberson, une femme merveilleuse qui ne se prend pas la tête et, aussi, sur le site de La petite.rien-du-tout - Une ermite dans la ville qui, elle même, a vécu cette expérience et a écrit un très beau livre la relatant. Ses commentaires concernant ce que j'ai vécu sont très beaux.
Evidemment je ne suis pas la seule et vous pourrez en lire d'autres. Vous trouverez les miens sous le nom de Elvir. Le prénom de ma grand-mère que j'ai "vue" lors de ma seconde expérience, celle où il y a eu une distorsion du temps.
La seconde expérience de ce genre, dans le volet suivant.
Merci de me suivre. Rolande Quivron
Texte et poème déposés et enregistrés.
Pâques 1959 - Bukavu (Clinique d'Ibanda)
Entrée d'urgence en clinique le Jour de Pâques de cette année là, pour essayer d'enrayer le travail précoce d'une naissance au quatrième mois et demi de grossesse.
Je venais d'étrenner fièrement une "marinière" Un vêtement destiné aux femmes enceintes à cette époque. Une "marinière" que j'avais confectionnée avec tant de joie. Car, nous, les "coloniales" avions l'habitude des travaux d'aiguilles, comme beaucoup de femmes en ces années là.
"Coloniales", un mot que nous ne connaissions pas ... pas encore. Quand nous partions en Afrique, c'était pour faire "oeuvre civilisatrice". C'est du moins ce que l'enseignement de cette époque nous distillait et que nous appliquions avec conviction. Oui, nous étions très fiers de partager nos savoirs avec nos frères et soeurs Africains.
Dès mon arrivée à la clinique,le médecin a fait une première piqûre afin d'enrayer le "travail".
La seconde intraveineuse a été injectée le soir par la religieuse directrice de l'Hôpital.
Malheureusement, le produit est passé à côté de la veine. Je les ai petites et "difficiles"
Etrange coïncidence : en ce moment, à la télé, l'on parle justement de ce fabuleux médecin de Bukavu qui soigne les femmes violées et martyrisées !! Là où les violences sexuelles ont pris de proportions inouïes : on vient de citer le chiffre de 500.000 !!!
Des souffrances aigües ont traversé mon corps: du dimanche matin au lundi soir ... Dès mon arrivée à la clinique jusqu'à la naissance de notre petite fille "Marie". Qui m'a été enlevée sans que je puisse la voir.
J'ai fait une scène terrible jusqu'au moment où ma demande a été exaucée malgré l'avis négatif du Médecin. Je ne l'ai jamais regretté, bien au contraire.
L'enfant mort m'a traversée le 28 avril 1975, soit environ 16 ans après cette épreuve.
J'ai voulu contempler ton visage d'enfant,
Ton visage où la mort avait clos les paupières,
Mais ta peau reflétait des ondes de Lumières
Et mon corps, déchiré, refusait le néant.
Tu étais l'embryon d'un monde agonisant,
Dont le royaume d'eau, sans rives ni frontières,
S'étoilait d'un réseau de lèvres en prières,
Où se mirait l'orgueil aboli d'un vivant.
Des larmes de vermeil ont épuisé mon corps,
Je regardais le ciel à l'envers du décor
Et vouais au Seigneur les feux de mon silence.
Tu errais dans la nuit : un soleil sans pudeur
Eclairait le réveil de l'Ultime Douleur :
Mes yeux, anéantis, n'étaient plus que démence.
28 avril 1975. (Extrait du recueil "Intégrales" paru en décembre 1983 à compte d'auteurs)
En 1959, les antidouleurs n'étaient pas utilisés et il fallait souffrir en silence.
Notre petite Marie a été baptisée en urgence, car elle n'a vécu que quelques instants seulement et ce, hors de ma présence. Elle a rejoint ses trois frères ou soeurs qui l'ont précédée.
J'ai interrogé la Religieuse : "Qu'allez-vous en faire ?" Sa réponse m'a rassurée :
"Ne vous inquiétez pas, autour de la Clinique il y a un petit cimetière réservé "à ces enfants là".
Notre petite Marie dort à présent en cette Terre Africaine où le fameux Docteur Africain pour qui j'éprouve une admiration sans bornes, soigne avec tant de dévouement nos soeurs africaines si durement éprouvées.
Rolande Quivron (E.L. Quivron-Delmeira)