Interview d'un Poète que j'ai découvert il y a peu.
Très pertinent.
http://www.passion-creatrice.com/article-yannick-torlini-59005677.html
Interview d'un Poète que j'ai découvert il y a peu.
Très pertinent.
http://www.passion-creatrice.com/article-yannick-torlini-59005677.html
L’OREE DU BOIS
Tu me dis que tu aimes le mot ronce,
Et j’ai là l’occasion de te parler,
Sentant revivre en toi sans que tu le saches
Encore, cette ardeur qui fut toute ma vie.
Mais je ne peux rien te répondre : car les mots
Ont ceci de cruel qu’ils se refusent
A ceux qui les respectent et les aiment
Pour ce qu’ils pourraient être, non ce qu’ils sont.
Et ne me restent donc que des images
Soit, presque, des énigmes, qui feraient
Que se détournerait, triste soudain,
Ton regard qui ne sait que l’évidence.
C’est comme quand il pleut le matin, vois-tu,
Et qu’on va soulever l’étoffe de l’eau
Pour se risquer plus loin que la couleur
Dans l’inconnu des flaques et des ombres.
Yves Bonnefoy
(Ce qui fut sans lumière - Mercure de France 1987)
Animation : Marie-Clotilde Roose
En savoir plus:
La Poésie, ne serait-ce pas …?
Privilégier le vécu à toute abstraction lyrique, métaphysique, linguistique ou sémiologique.
Concevoir une expérimentation poétique qui ne se réduit pas à une expérimentation sur le langage.
Dynamiter les oppositions de principe entre le réel, la langue et le sujet. Faire du poème le point équidistant de ces trois composantes.
Songer que la révolution de la langue ne suppose pas un abandon du sens, et que le souci de la forme ne se résume pas à un jeu de miroir dans lequel le texte renvoie à son processus de production.
Se rappeler, à l'inverse, que la poésie n'est pas la seule expression d'une émotion, mais également un art du langage.
Ajouter une pointe d'humour, d'ironie et de fantaisie. Refuser la gravité affectée, la religiosité, la pompe, l'emphase d'une part, et le fabriqué, le calculé, le programmé d'autre part.
Elaborer une écriture qui prend en compte les contradictions du monde et de l'écriture même. Tenter d'organiser dans le poème le chaos ambiant.
Exprimer sa sensibilité. Faire parler les voix qui s'expriment en nous, familières et/ ou littéraires, voix dont nous sommes les dépositaires.
Abolir les frontières: le réel est moins réel qu'il n'y paraît, l'imaginaire moins imaginaire qu'il ne pourrait le laisser croire.
Ecrire pour garder ou découvrir des sensations, images réelles ou rêvées. Ecrire pour vivre pleinement chaque instant de l'existence.
S'attacher à dire l'envers de la réalité, à retranscrire une réalité fantasmatique.
Arracher les masques des tenants de l'ordre poétique. Pourfendre l'esbroufe esthétique, le prêt-à-penser, la littérature industrielle.
Rejeter la pseudo-fatalité et la pseudo-liberté actuelles, qui
consistent avant tout à exploiter la faiblesse et la bêtise humaines.
Etre attentif à l'écriture des autres.
Garder son indépendance et défier les possibles en avançant par amalgame et par synthèse.
Romain Fustier
xxxx
Au fil des ans par les différents genres qu’il aborde Matthieu Baumier crée le « poème de la pensée ». Philosophe mais surtout écrivain il descend au plus profond de l‘aventure poétique-existentielle. Elle peut se résumer dans quatre vers majeurs du « Silence des pierres » :
« Je retiens ceci :
Le Poème est rouge du sang de la neige.
Il est encore temps de proclamer
La solution finale du problème de la prose.
La « vidange » de la prose passe désormais par la force de l’appel, de l’adresse inclus dans ce texte. Baumier y évoque une pensée de l’essence, de l’essentialisme par delà même l’éthique et le sacré. Certes tout semble se pétrifier dans le silence. Mais l’irruption poétique peut embraser jusqu’aux pierres dans une conversation ininterrompue avec les terres obscurcies de l’être et du monde. Tout passe par le refus – et c’est l’essentiel – de la parole qui se rompt. Baumier croit en effet en la langue. Elle seule permet d’atteindre
« Les signes évidents et absurdes
De l’Ile silence
Où nous renaîtront à la racine des eaux ».
Le poème redevient une odyssée première vers l’île inconnue où « l’aucun J’étais » cherche ses morceaux séparés ainsi que ceux du monde.
La gravité du chant est impressionnante. Elle surgit dans le geste « absurde » et parfois dénoncé comme tel mais geste concerté de la poésie. Elle devient l’exhortation, permet de sortir de l’enlisement. « Le silence des pierres » est le réveil lucide de la conscience loin de toute candeur. Il progresse dans des franges d’écumes noires contre la mort que l’on se donne et qui nous est donnée. Renonçant aux songes dévastés, aux étendues nocturnes Matthieu Baumier tourne le dos au somnambulisme qui transforme le poétique en un territoire où la détresse rougeoie au dessus des cendres. A l’inverse, et face à la nuit de l’être l’auteur n’oublie pas les dieux qui l’habitent. Il cherche la voix obscure qui parle dans le sujet afin de la porter à la résonnance. La poésie entre ainsi dans le corps de l’être et celui de la langue. Elle n’évite pas le trouble, le doute mais elle met le maximum d’être dans le langage. Elle est à sa manière dans l’écho qu’elle propose la plus parfaite contre-hystérie. Au lieu de fixer la perte, de caresser le « rien » dont se satisfont trop de poètes, sa folie est bonne dans sa « coulée saillante ». En se moquant au besoin des métrages l’émotion s’y déverse de manière tumultueuse. Mais la réflexion n’est pas absente. Le tempo des syllabes, leurs scansions suffisent parfois au logos qui trouve là un autre côté du langage et une pensée « sauvage ».
« Le silence des pierres » est à ce titre une célébration de la poésie. Elle devient aussi l’approfondissement de son oralité. Ce n’est peut être pas le but premier recherché par l’auteur. Mais il n’empêche : passer ce texte à l’épreuve de ce que Hugo nommait le « gueuloir » permet de comprendre la puissance d’une œuvre qui tord le cou aux adorateurs du blanc et aux farceurs qui klaxonnent leur « mourir d’amour ». Pour Baumier la poésie n’est pas une affaire de géométrie dans l’espace ou d’émotions à deux balles mais de problème poétique. La pensée bouge ici en osant lesaut dans le tumulte de l’être et de la langue, dans les mots noirs d’une chair ou d’une âme exilée. L’auteur ouvre à une sorte de syncrétisme afin de rassembler le moi perdu, le je éclaté. Ecrire reste l’exploration de la propre étrangeté de l’être. Baumier devient dans son texte la voix de son autre («Un de l’autre côté» de Jabès) et l’autre côté du discours là où ça ne parle pas encore – ou trop confusément.
Ce qui jusque là avait attendu de sortir surgit soudain. Et la poésie semble sinon sauver du moins indiquer une voie. Cela est rare. Après Char, Juarroz et Jabès mais par d’autres voies et à côté d’un Zéno Bianu, Baumier est un des seuls poètes du temps à la porter si haut. Cherchant l’autre côté des apparences l’auteur est resté totalement dans la poésie. .Philosophie et spiritualité ne l’écrasent pas, elles sont soulevées par le langage en sa quête organique. A ce titre il rappelle ce queGamoneda définissait comme seule poésie :
« elle retentit dans mon ventre
tant de jours en moi jusqu’à connaître la peur;
tant d’heures en toi
jusqu’à connaître ta peur».
Pour autant Baumier ne s’arrête pas dans un tel enfermement. Sa poésie se fait verticale. L’auteur se dégage de cette peur afin d’atteindre une forme d’aurore au sein d’un combat poétique et vital. Il fait parler le silence afin qu’une fois en mots l’être chargé de ses origines et de son universalité puisse s’exprimer le plus près possible de son intégralité
© Jean-Paul GAVARD-PERRET
Née en 1995, la revue Conférence a maintenant près de vingt ans d’existence. En sa forme, sa taille, son volume, sa beauté, elle est toujours aussi extraordinaire, une sorte d’ovni dans le monde éditorial contemporain. En son développement aussi, puisqu’au fil du temps la revue est devenue maison d’édition, publiant des poètes tels que Pascal Riou ou Pierre-Alain Tâche, des ouvrages inclassables, des essais, en particulier et récemment ceux de Salvatore Satta ou Giuseppe Capograssi. Des auteurs souvent préalablement publiés par une revue qui, entre autres, mais c’est une de ses particularités, tourne nos regards trop souvent franco-centrés vers la péninsule italienne. Ce qui, sous la houlette de Christophe Carraud, directeur de la publication, également fréquent traducteur donne à penser depuis un ailleurs (proche) salutaire. Ne nous mentons pas : ouvrir l’œil loin de Paris réveille les esprits et les sens. Les âmes, aussi. C’est vraiment de toute beauté.
Matthieu Baumier
http://www.revue-conference.com/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=14&Itemid=4
Rencontre du Cercle de la Rotonde,
le vendredi 22 février 2013
à 18h
à la Bibliothèque de Tournai (Auditorium)
Entretien avec Isabelle Bielecki, Emmanuelle Ménard, Claude Miseur et Françoise Pirart
(18h)
Sur le thème : écrire et lire, fils conducteurs des émotions
Animation : Marie-Clotilde Roose
La présentation dʼIsabelle Bielecki, reportée du 30 novembre dernier, se trouve en ligne sur notre
site à cette date. Pour rappel, son recueil Le Labyrinthe de Papier (Ed. Le Coudrier, 2010), traite
de la mémoire et du témoignage quʼest lʼécriture : Parfois un mot téméraire / Surgit tout nu / Par
bravade / Mais il tremble quand même / Lʼinsolence lui tient lieu de chaleur. Son livre Petite
musique pour cent interprètes ou comment devenir poète, présente des textes dʼun genre
nouveau : chaque ʻstichouʼ, humoristique ou réflexif, veut ouvrir le quotidien à la poésie,
accompagné des encres subtiles de Suzanne Arhex. La passion amoureuse dessine lʼautre versant
de son écriture, à travers pièces de théâtre et recueils (nouvelles, poésie). Isabelle Bielecki anime
plusieurs lieux de rencontres littéraires, dont le Grenier Jane Tony.
Emmanuelle Ménard y a publié dans la revue « Les Elytres du hanneton », et en 2012, fait paraître
son premier recueil de poésie, Impressions new-yorkaises, aux éd. Le Coudrier avec quatre
illustrations de ses peintures, et une préface du poète Jean-Michel Aubevert : « elle ne procède pas
par petites touches nuancées mais par lʼapposition de couleurs opposées ». Ce contraste opère
aussi bien dans les tours sinueuses peintes par lʼauteure, comme serpents se hissant sur leur
queue, que dans les poèmes courts : Délit de vitesse / je prends / les ascenseurs du ciel / et monte
le vertige / qui me retient en bas. Ce recueil, en bien des aspects, fait écho à son livre Deux jours
comme lʼhiver, édité chez LʼHarmattan ; un premier roman sollicité par Erik Orsenna pour le prix
Orange. Le titre résume la durée dʼun monologue, muet de désespoir : François, quitté par sa
compagne, se remémore le passé, lʼintense bonheur comme les arêtes et les chutes. Son errance
dans Paris est lʼoccasion de réflexions âpres sur la vie moderne, jusquʼà ce que la fatigue et une
sorte de folie lʼemmènent au bout de lui-même.
Claude Miseur, baigné dans la poésie depuis lʼenfance, est resté longtemps discret sur ses
propres écrits, remarqués par Pierre Seghers dès 1975 : « Langage limpide pour une extrême
exigence ; cela coule de source. » Publiant sur son blog http://www.123website.be/Claude-Miseur,
et en quelques revues comme « Traversées », il vient de sortir son premier recueil Variations et
Sortilèges aux éd. Novelas, avec des encres légères, enlevées, de Patrick De Meulenaere. Echos
à la nature, entrelacs dʼémotions et dʼimages raffinées, ces poèmes ouvrent de vrais espaces où se
rafraîchir : Une source impatience / pousse un sang de vanille / vers le puits de lumière / jusquʼau
duvet moussu / de nos métamorphoses. Ce mince recueil offre quelques poèmes brillant de
simplicité et de grâce ; invitant à découvrir lʼoeuvre dʼun orfèvre de la parole, infiniment patient.
Françoise Pirart, romancière et nouvelliste réputée, également biographe et animatrice dʼateliers
dʼécriture, a publié chez Luce Wilquin son dixième roman, Sans nul espoir de vous revoir, dont
lʼinspiration lui est venue dʼun récit authentique, quʼelle a traduit avec Pierre Maury : un voyage à
pied à travers lʼempire russe, rédigé par un militaire britannique, John Dundas Cochrane, de 1820 à
1823. Y greffant une relation sentimentale entre un jeune homme promis à une brillante carrière de
ténor, et la belle Elisabeth dʼAncourt, de vingt ans son aînée, ce récit palpitant atteste dʼune grande
intelligence de la construction narratrice et des ressorts intimes de lʼâme. Entre échanges
épistolaires et récit haletant dʼun périple vers les grands espaces sauvages et glacés, le lecteur
sʼattend à toutes les dérives. Mais ce serait sans compter sur la grande rigueur qui anime le héros,
rivé au travail dʼobservation des peuplades rencontrées. Un itinéraire à couper le souffle.
Marie-Clotilde Roose
Lieu de la rencontre :
BIBLIOTHEQUE DE TOURNAI
Maison de la Culture, 2 Boulevard des Frères Rimbaut, 7500 Tournai.
Infos :
Le Cercle de la Rotonde, 8 rue du Touquet, B-7522 Blandain.
Tel/fax : 069.23.68.93 rotonde@scarlet.be
Site : www.lecercledelarotonde.be
Entrée libre.
Avec lʼaide du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles
MIROIRS DE FERNANDO PESSOA
Pessoa est une mauvaise conscience plurielle et monstrueuse : la vôtre, la nôtre. Pessoa est un cri de douleur et un bêlement, un chant très pur et une grimace, un ongle qui raye le tableau où un bon professeur voulait inscrire la sécurisante démonstration de son théorème.
« Une dramaturgie s’efforçant de rendre compte de l’univers de Pessoa se doit de donner une place essentielle à la multiplication du poète en ses principaux hétéronymes. Le sujet est éminemment théâtral, nous place au coeur de l’oeuvre et permet d’en faire miroiter les diverses facettes.
Mais, pour ne pas nous limiter à un simple montage de fragments venus des diverses voix pessoennes, nous avons inventé une articulation narrative qui organise quelque peu le jeu d’échos, de mises en parallèle et mises en opposition qu’il est passionnant de dresser entre Pessoa, Caeiro, Reis, de Campos, Soares, Quaresma, et aussi les grands personnages comme Faust ou le Banquier anarchiste. Cette articulation, nous nous proposons de l’organiser à partir d’une sorte d’enquête, aux aspects ludiques, bien entendu, menée par celui des hétéronymes qui paraît tout désigné à cet effet : le docteur Quaresma, déchiffreur d’intrigues ; car c’est bien à une énigme des plus étranges qu’aura affaire ici ce personnage voué à la rationalité et à l’esprit de déduction : qui est ce singulier Fernando Pessoa qui se fragmente de la sorte en des doubles à la fois si semblables et si différents ?
Et qui, en fin de compte, est-il lui-même, Abilio Quaresma, sinon, comme il le découvrira au terme de son enquête, un double supplémentaire et une créature de Fernando Pessoa ? Entre un Pessoa perdu dans son rêve et Quaresma cherchant à comprendre le pourquoi et le comment du fonctionnement poétique de son interlocuteur se développe ainsi à intervalles réguliers un jeu de questions-réponses et de réparties dessinant peu à peu quelques contours thématiques de cet univers magnifique et si complexe.
Alternent avec cette confrontation, pour prolonger et concrétiser en différents échos ce qui s’y dira, l’apparition des autres hétéronymes, de brefs débats entre eux, ainsi que nombre d’extraits de prose et de poésie, tant des hétéronymes que de Pessoa lui-même : il y avait tant et tant de passages à faire entendre que le choix n’a pu être que douloureux… »
Paul Emond
Miroirs de Fernando Pessoa de Paul Emond
Un spectacle du THEATRE DU SYGNE
au théâtre des Martyrs jusqu'au 9 février
Du 15 janvier au 9 février 2013 Dim 27/01 et 03/02 Je ne suis personne
Je ne peux être personne car je porte tous les rêves du monde « Je ne suis personne » confie Pessoa. Intuition essentielle qui l'amène à écrire sous l'effet « incontrôlable » de multiples dédoublements de sa personnalité (certains spécialistes de l'œuvre en ont compté jusqu'à cent vingt). A plusieurs de ces hétéronymes, il ira jusqu'à attribuer une véritable biographie et fera même de l'un d'entre eux celui qu'il appelle son maître. Ainsi s'organise un formidable théâtre mental où la fiction de ces personnages écrivains devient réalité, tandis que l'auteur Pessoa lui-même se glisse dans l'évanescence d'une vie rêvée (« Je suis, dit-il encore, le personnage d'un roman qui reste à écrire. ») Tout cela se passe à Lisbonne, que le poète a chanté comme nul autre et dont l'évocation constitue souvent le décor imagé du spectacle.
Mise en scène : Elvire Brison Texte : (adaptation d'après l'oeuvre de Pessoa) Paul Emond Distribution: John Dobrynine, Emmanuel Dekoninck, Itsik Elbaz, Idwig Stephane Guitare : Renaud Dardenne Décor : Philippe Hekkers Costumes : Myriam Deldime
« J'estime qu'on peut définir la poésie da la façon la plus spécifique et fondamentale comme un ressouvenir, dans le discours, de la présence même que ce discours abolit. »
Yves Bonnefoy - L'enjeu occidental de la poésie.
Superbe soirée à Virton vendredi soir. La revue Traversées fêtait ses auteurs venus pour certains de fort loin. La foi en la Poésie était palpable. Merci à Patrice Breno et à toute son équipe pour cette belle réussite !!
Camille De Taeye (Uccle 1938) débute sa carrière dans les années ’60. à l’Institut Supérieur Saint-Luc de Bruxelles (1958-1962), il suit notamment l’enseignement de Jean Giraud et de Gaston Bertrand. Dans les années ’50, son œuvre reste un certain temps abstraite avant d’évoluer vers son propre style indéniablement influencé par le réalisme magique, le symbolisme (Khnopff, Ensor, Rops) et le surréalisme. Assister à une exposition de Camille De Taeye ébranlera toujours votre ego. Vous vous retrouvez un instant dans le brouillard complet avant de revenir à vous. Vous éprouvez une sensation d’aliénation, de détachement de la réalité. Vous échouez dans un monde de révolte et d’absurdités, de combinaisons impossibles et d’associations libres. Un univers étrange et surprenant, à la fois sensuel, cruel et éphémère, à la fois poétique et d’une insolence choquante, à la fois monstrueux et ludique.L’œuvre de Camille De Taeye baigne dans une perversion générale (références phalliques et vulvaires constantes) où l’idée de la mort est très présente (faux, scies, scies circulaires, hachettes, ciseaux ou rasoirs à main, etc. comme motifs de destruction). Des fragments hybrides de corps humains ou des membres masculins ou féminins sont associés à des paysages à première vue étranges (une alternance de pics rocheux et de profonds abîmes, de vallées verdoyantes, de chutes d’eau, de vastes étangs et lacs), des objets tels que les fruits (bananes, pommes), les légumes (choux-fleurs, concombres, asperges, carottes, chicons, poireaux, etc.), des animaux (chiens terrifiants, serpents, crocodiles, girafes, chevaux, cerfs), des souches d’arbres coupées, des têtes d’animaux, des crânes, des squelettes, des boules de billard, des balles de tennis, des plumes douces et des arums, etc. En d’autres termes, son œuvre sème un chaos permanent dans l’ordre public. Il crée un monde parsemé de dangers, où le calme et la menace mortelle s’affrontent en un contraste continu. La vanité occupe une place centrale dans l’univers mental de De Taeye, où la prétention humaine est par définition immédiatement étouffée. Toile après toile, Camille De Taeye recherche le drame et la tragédie dans un paysage à l’apparence paisible. Son œuvre se révèle finalement un grand cauchemar.Au cours des dernières décennies, Camille De Taeye a obtenu la reconnaissance qu’il mérite sous la forme de quelques grandes rétrospectives : en 1987 au Musée d’Ixelles, en 2009 au Botanique à Bruxelles, en 2012 au Rouge-Cloître d’Auderghem. En 2012, il a reçu le 1er Prix de la Fondation Gaston Bertrand. Son œuvre figure dans les grandes collections publiques telles les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, le Musée communal d’Ixelles, le Musée de Louvain-la-Neuve. Il a également réalisé une toile monumentale installée dans la station Eddy Merckx du métro bruxellois.
Un très beau choix d'auteurs ! Merci à Traversées !!
Abonnement: 4 numéros (Belgique) : 22,00 € (Etranger : 25,00 €)
1 numéro (Belgique) : 7,00 € (Etranger : 8,00 €)
à verser au compte bancaire n° 088.2136790.69 de Traversées, Faubourg d’Arival, 43 à 6760 VIRTON (Belgique)
(CODE IBAN : BE71 0882 1367 9069 – CODE BIC : GKCCBEBB)
Pour la France, il est préférable que vous envoyiez un chèque à l’adresse ci-dessous libellé au nom de “Colette HERMAN”.
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Ne pas oublier de mentionner : « TRAVERSEES A PARTIR DU N°… »