Les vieux
L'institut se dressait face à la prairie verte
La France découpait au lointain l'horizon
On devinait le soir, derrière les fenêtres,
Des visages ridés aux grands yeux sans passion.
Ils se tenaient tapis, les mains sur les genoux,
Ils regardaient la nuit, son ombre évanescente
S'étendre lentement comme un charme trop doux
Noyant la vie qui fuit dans la Source Puissante.
Les regards se perdaient vers l'Infini des jours,
Les têtes s'inclinaient, alourdies vers la terre,
Des souvenirs sans fin, des rêves, des amours,
Dissolvaient les vieux coeurs en ondes éphémères.
Il ne restait pour eux que la Grande Patience,
Les heures se traînaient, interminablement.
Ils attendaient sans peur l'Ultime Délivrance
Les mains sur les genoux, silencieusement.
© Rolande Quivron
Extrait du recueil "Intégrales"
"La pensée Universelle" 1983
Commentaires
Non ma douce Rolande amie de cœur, tu n'es pas trop idéaliste, tu aimes (trop) les gens, peut-être leur accordes tu trop de crédit. Mais en fait n'est ce pas mieux ainsi.? Je pense sincèrement que oui !
Quand aux vieux en général dans notre société, ils font tous partie d'une même classe sociale, celle des vieux !*Des vieux un peu "oublié" par leur famille, un peu "sollicité" quand un problème survient, qu'on va embrasser quand des fêtes sont là!
Alors ces vieux là cultivent la "patience", sans cesse ils travaillent silencieusement souvent, ils tracent leur chemin vers le passage de la "grande délivrance", cette "rivière" ou coulent les prières des vivants et qui cache à leurs yeux, les jardins de repos et de l'infini bonheur.
Chers Robert et Claude,
Merci pour vos commentaires. C'est très aimable à vous.
Cher Robert mon ami, Jacques Brel était loin de mes pensées lorsque j'ai écrit ce poème. En mieux ? Disons que ce sont deux univers différents. Peu comparables je crois. Les vieux de Jacques Brel sont encore chez eux et, certainement, font partie d'un autre milieu social.
Les vieux de mon poème ressemblent encore très fort à ceux que l'on rencontre actuellement dans les pays du Sud. Ils font partie intégrante des villages. Du moins j'ose l'espérer. Et, en principe sont écoutés, respectés et aimés.
Ou alors, je me montre, une fois de plus, trop idéaliste ??
Très bonne journée et bisous bisous. Rolande
On dirait du Jacques Brell, mais en mieux.
j'aime beaucoup; tu vas à l'essentiel!
Tristesse et douceur... une autre définition pour la patience...
ou le lâcher prise!
Très beau texte Chère Rolande et belle soirée à toi
Amicalement
Jacqueline
Bonsoir Rolande.
J'ai difficile à commenter ce superbe poème : il me rappelle ma mère partie l'an dernier. Les heures qui se traînent, la tête alourdie. Elle n'attendait plus que ça de la vie, dans ses moments de lucidité : l'ultime délivrance.
Merci beaucoup chère Rolande, pour ce triste et doux moment poétique.
Je te souhaite une bonne soirée.
Bisous, Claudine.
Merci à vous mes amis et amies pour vos commentaires si justes.
Je suis encore très émue à l'évocation de cet Institut que j'ai très bien connu et souvent visité.
Au tout début, il s'agissait d'un Hospice pour les vieux du village.
Repris ensuite par une Communauté Religieuse, il s'est considérablement développé par la suite.
Quelques "vieux" restaient chez eux et je les revois comme si c'était hier, prendre le soleil sur le pas de la porte.
Certains d'entre eux étaient fortement handicapés mais la cohésion sociale était forte et l'entraide également.
Nous avons appris à les respecter et à les aimer. Ils ne nous faisaient pas peur et nous acceptions l'idée de terminer notre vie une fois le terme arrivé. Dans la sérénité.
C'était la vie, tout simplement. Au temps où la mort faisait partie d'elle.
La Sagesse quoi !!
Très bonne méditation et super bonne fin de semaine. Bisous. Rolande.
Un regard tendre et précis, on les sent là assis près de nous sur un banc à égrener les souvenirs doux et amers.
Poignant et... terriblement réaliste !! Merci, Rolande, du partage de ces lignes emplies d'humanité ...
Puissions-nous avoir , tous, pleine conscience de ce qu'ils vivent , là, et tout faire pour que chemine en nous la volonté de davantage d'écoute, de dignite et de respect pour nos Aînés...
Douce journée à vous , Nicole