Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

moderne (41)

administrateur théâtres

 

Un très beau travail d' interprétation  pour  ce  quintet théâtral dédié à l' hyperréalisme:  Luc Brumagne, Nicolas Buysse, Kim Leleux, Cécile Van Snick et Camille Voglaire sont partis pour interpréter un opus sur la difficulté du dire.

Si la critique anglo-saxonne est  unanimement dithyrambique, parlons du projet tel qu’il nous est apparu, avec nos failles et nos propres filtres.  Des acteurs amateurs  suivent un cours de théâtre: peut-être bien que oui, peut-être bien que non! Vu du côté spectateurs, cela a tout l’air d’un groupe de parole thérapeutique pour des individus venant d'un monde malade dont on observe les séances, en temps réel. Un temps qui semble souvent grossi à la loupe tellement les bâillements vous guettent.  La coach est sévère, condescendante, omnisciente, et même hypocrite, jusqu’à ce qu’elle craque ? Elle aussi. Ce qui  rend compte de la  fragilité humaine, mais celle-ci est-elle encore à démontrer? Ou est-ce  faire œuvre indispensable, charitable et urgente  en outre-Atlantique? Coup de griffe  au passage  pour tous les coach  vivant de recettes charlatanes et de la crédulité publique. Pour certaines féministes?   

La technique intéressante est que tous les  participants, dont une seule d’ailleurs semble clairement avoir des ambitions de  future comédienne, et la plus vulnérable de la bande,  ont  pour consigne de prendre la vie de l’autre en main et  raconter dans le cercle,  ce qu’ils ont retenu de la bio parlée de l’autre. Technique épuisante pour le spectateur qui se trouve physiquement hors-jeu, confiné  dans son rôle de  spectateur, pris en otage dans un chapelet de redites. Lassé par une langue populaire traduite maladroitement parfois, versant souvent  dans la platitude avérée. Toute parole ne fait pas œuvre de théâtre même si la recherche de la vérité se love dans les craquelures de l'image. On vous conseille la patience si l'empathie vous manque! 

Résultat de recherche d'images pour "cercle miroir transformation"   

L’intrigue de la pièce est quasi invisible. Qu’est-ce qui émeut, qu’est-ce qui touche, qu’est-ce qui est racontable? Dans le rôle-playing, chacun y va de son effet miroir. Chacun se livre docilement aux exercices de grammaire des groupes de théâtres, dont l’un revient régulièrement comme un motif - lancinant pour le spectateur -  expérience humaine bouleversante pour l’acteur pour ceux Qui en ont déjà fait l’expérience. Ils sont tous couchés sur le tapis de jeu absorbant les affects et doivent à tour de rôle sans pouvoir voir les participants  dire un chiffre  de la série de 1 à 10 sans  voler la parole à l’autre. Expérience très difficile si on n’est pas entièrement à l’écoute de l’autre et capable de respecter le moment où il va dire  le chiffre qu’il se sent prêt à dire!  Exercice fort insipide pour celui qui regarde. Difficile de taire une certaine déception…

Les histoires racontées ? Rien que des banalités car le secret de chacun mettra une éternité à se dire. Les scènes se succèdent, minutées et coupées au moment où quelque chose d’important allait se dire. Très frustrant. Les pauses-récréation-déglutition (chips, pomme verte, nouilles asiatiques…)  entre les séances en disent un peu plus sur les rêves et  la vie charnelle de chaque participant. La solitude, les ruptures, les cassures, la communication ratée ont brisé chacun, vont-ils savoir se reconstruire grâce à la mise en commun?

Résultat de recherche d'images pour "cercle miroir transformation"

info utile:

De Annie Baker

Traduction : Patricia Morejón et Nick Millett

Mise en scène : Nick Millett

Avec Luc Brumagne, Nicolas Buysse, Kim Leleux, Cécile Van Snick et Camille Voglaire 

Un spectacle coproduit par l’Atelier Théâtre Jean Vilar, le Théâtre de Liège et le Théâtre Le Public en partenariat avec la Compagnie Elapse. Avec la participation du Centre des Arts scéniques.

  

"Les participants d'un atelier de théâtre révèlent leurs rêves, leurs faiblesses et se transforment au fil des séances. Cinq comédiens pour un moment bouleversant de théâtre vérité qui tutoie le rire et les larmes. Une pièce déjà primée et jouée à maintes reprises, créée pour la première fois en Belgique !"

http://www.atjv.be/Cercle-miroir-transformation

Rés. au 0800/25 325.

Du 8 au 17 février et 7 au 11 mars 2017 - Théâtre Jean Vilar

Vendredi 10/3 : mise en bouche à 19h45 au bar (brève introduction au spectacle).

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

cover.asp?id=108Passé constitutif, présent douloureux, futur absent.

 

Ils sont vêtus de la  couleur des oiseaux du ciel. L’une sobre et sombre, l’autre en livrée colorée. Ils sont en proie à la roucoulade finale. Ce dont se passent les oiseaux véritables.   

"Davantage de lumière"! aurait dit Goethe à l'instant où il a glissé dans la mort. Une demande permanente pour une humanité en proie aux délires de l'obscurantisme et de l'obscurité. Mais une demande essentielle que nous seuls pouvons satisfaire en allumant tous les feux que l'amour est capable de faire briller… Mais Stan n’y croit plus. Y a-t-il jamais cru?

Plus de doute possible, il s’est engagé dans une certitude mortifère. Le défi  orgueilleux de cet homme est d’éteindre le soleil. Et c’est lui qui  éteindra la lumière en sortant. Dont acte. Il joue au loup troublé par l’eau que l’on boit  six pieds  au-dessous de lui. Il simule une péroraison assassine, muni de mots qui cognent, armé d’une baïonnette. Il dévore et  lape maladroitement  le  corps et l' âme de sa compagne mise à nu. Quelle arrogance, celle qui lui fit dire: « Tu dois envisager que tu n’es plus aimée par moi ! » Les messages « tu » tuent.    

Stan a tout misé sur le désir, hors celui-ci , pour lui, il n’y a absolument  rien. En lui, il n’y a plus rien. Lumière éteinte, que sera-t-il? Il ne sera plus prisonnier!  Il rêve d’une autre peau, d’une autre bouche, d’autres bras… Il ose proférer ces paroles  et s’effondre dans son néant. La chute d’Icare. Magnifiquement incarnée par Pietro Pizzuti.

Face à lui: Audrey,  la force perplexe du silence.  La force de l’écoute absolue, avec le yoga des yeux, les respirations profondes, la télépathie, l’immobilité, les soupirs involontaires, le regard éperdu de la victime qui absorbe sans broncher.  Elle a le corps de l’enfant que les parents condamnent et qui n’ose répondre, celui de la domestique renvoyée comme une malpropre, celui de  la  sorcière condamnée d’avance, celui de la collaboratrice mise en jugement devant un conseil d’administration… Sandrine Laroche est extraordinaire dans son silence prolongé. Elle dit plus dans son silence résigné,  que son compagnon qui cherche ses mots et n’arrive pas à dire ni la rupture, ni la condamnation de l’amour puéril et éternel. Elle est prostrée, la tête droite, le dos au mur, les yeux pleins de larmes.    

Il lui a interdit de l'interrompre. Elle a été héroïque. Enfin vient son tour. La femme peut enfin s’exprimer. Elle  reprend méthodiquement chacun des arguments qu'il lui a servi et les réfute avec une puissance ou une impuissance tranquille. Maintenant que la parole est à la défense, Stan  entend  ses propres mots qui meurent dans des flaques de sang. Il voudrait se fondre dans les murs. Il ne peut la regarder en face, il a  le dos tourné,  les bras ballants, les yeux sur les chaussures, bientôt le visage rentré en position fœtale, vidé de toute substance.

Elle conclut que s'il affirme avoir tout perdu, elle gardera tout : le 1er, le 2e le 3e enfant, et son absence, et tous ces moments « que tu veux oublier » ! Elle part la première, sublime et digne, emportant avec elle la richesse de sa vie intérieure qui ne l'a jamais quittée. Dans un dernier geste muet, il éteint la lumière.

La mise en scène est syncopée, abrupte, rude et glacée. Les murs du Théâtre de la Vie vibrent sous  la  violence  textuelle. Le chaos affectif résonne sur un  plateau  vide de tout accessoire. Un pilier ou un banc pour se rattraper, un escalier de fer pour s’évader.   Le combat  singulier lexical  et sexuel est une joute de haute voltige, incarnée par un comédien et une comédienne exceptionnels,  tous deux aussi malheureux, l’un que l’autre.  Stan se compare à Zeus sans doute, puisque Audrey est Héra…  L’Olympe, comme le monde des hommes,  est  pris dans les glaces de la non-communication. Le désamour est inexorable et la question de l'auteur se retrouve au fond du filet: « Mais au fond qui aime t-on quand on aime?» 

Au Théâtre de la Vie 
Rue Traversière 45, 1210 Saint-Josse-ten-Noode
  • CLÔTURE DE L'AMOUR
  • SANDRO MABELLINI / PASCAL RAMBERT
  • création

 

Un homme prend la parole longuement pour expliquer à sa compagne qu'il la quitte. Il évoque leur séparation parle de l’avant et du maintenant. Celle-ci se tait. Elle attend muette la fin de ce monologue qui semble progressivement tout détruire sur son passage. Et puis, elle s'exprime. Enfin.


Deux regards, deux silences, deux paroles pour dire la violence d'un amour qui meurt.


Sandro Mabellini vit et travaille entre la Belgique et l’Italie depuis 2012. Il a développé sa recherche théâtrale sur les dramaturges contemporains. Avec le texte de Rambert, il nous plonge dans ce fleuve ininterrompu des mots, des questions-réponses qu'on enchaîne, la respiration bloquée, dans une sorte de marathon entre peur et libération. Au cœur de ce moment douloureux, comment dire une histoire qui mène inexorablement à la rupture et, peut-être, à l'aventure d'une autre vie.

 

Vidéo de présentation



Interprétation : Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti (www.pietropizzuti.be) / Mise en scène : Sandro Mabellini / Assistanat à la mise en scène : Serena Galante / Texte : Pascal Rambert / Création lumière : Nicolas Marty

 


Une création de Inoutput asbl en coproduction avec le Théâtre de la Vie.


 

 


Rencontre après-spectacle avec l’équipe de création le 09 décembre.

 

Durée du spectacle : 1h45

Lire la suite...
administrateur théâtres

 L'amour relève-t-il d'un processus chimique ou d'un miracle spirituel?

Une écriture, deux comédiens : L’auteur Eric-Emmanuel Schmitt  et la danseuse-étoile Marie-Claude Pietragalla  sont réunis pour la première fois sur scène pour jouer la comédie, dirigée par Steve Suissa. La salle du Centre Culturel d'Auderghem est sold out. 

C’est l’histoire d’une séparation après 5 ans de passion très puissante.  Adam et Louise ne sont séparés que par l’océan car ils s’écrivent presque tous les jours des  messages introspectifs tendus. Sur tablette et IPhone, 21e siècle oblige. Heureux qui communique dans l’instant. L’éphémère est captif de l’écran. Défense d’effacer. L’exercice de style dissèque les cœurs avec lucidité, jusqu’à ce que la carte du tendre soit brouillée.  

 Louise vit maintenant à Montréal, Adam est resté à Paris. Leur relation épistolaire semble avoir sauvé l’amitié : « Seule la peau sépare l’amour de l’amitié, c’est pas grand-chose ! » Louise se cabre et lui répond « c’est une muraille » ! Ils ne supportent plus de vivre en semble mais peuvent-ils se passer l’un de l’autre ?  Elle a le goût de l’absolu. Il a tué l’amour par ses frasques  ostensibles avec d’autres femmes, sans lui laisser le moindre doute. Elle crâne « Enfin seule et heureuse ! » Quelle est la bonne distance? 

 Il se souvient de leur rencontre romantique à L’Opéra de la mise à feu de leur amour, porté par l’élixir de Donizetti. Ce qui les conduit à la question : existe-t-il un moyen infaillible de rendre l’autre amoureux? Par courrier, ils se lancent un défi : provoquer l’amour à coup sûr.   Adam pense avoir trouvé et va mettre en application, comme un grand scientifique de psychanalyste qu’il est.  Gare ! : Qui manipule qui est toute la question ! Pendant que Louis raconte son expérience parisienne avec une collègue de Louise  «  corps de déesse et yeux myosotis », Louise, forte et ardente lui  évoque sa rencontre avec un Brice jeune sportif amateur de hockey. Il est libre, divorcé et sérieux. Le jeu du carré se raconte à deux voix concurrentes. Tous deux flirtent avec les mots.  Les aphorismes cyniques pleuvent en crescendo comme dans un spectacle de boulevard, côté parisien.  Sic «L'amour cultive la connaissance, le désir vénère l'inconnu.» « On peut refouler l'amour, refuser qu'il nous emporte dans ses flots torrentiels. Notre seul pouvoir: rater le rendez-vous que nous donne le bonheur » «Le bonheur ne chausse que les bottes du provisoire »  etc. La retenue, le mystère, l’élégance des sentiments et une voix presque trop discrète, côté canadien. Les mots de chaque côté de l’océan  rebâtissent la réalité de l’amour. Château de sable battu par la routine?

Adam, dont la voix rugit dans les airs, appuyant sur des ‘r’ emphatiques,  a trouvé le moyen infaillible de séduire sa nouvelle partenaire, Lily.   Mais Il utilise   à son insu le même moyen pour atteindre la personne qui (ou qu'il?) n’est pas parvenue à l’oublier.  Le fil de  l’écriture  fait des miracles, c’est avéré. Aimer vraiment et lucidement la personne dans sa réalité, voilà toute la question, même si le désir vient à disparaître. Et encore…

Le tout est porté dès l’ouverture par l'élixir impalpable de la musique : Piazolla, Donizetti, Wagner qui sont de la partie, dans ce jeu de cache-cache et de voix off. On entend  Même l’Aigle noir fredonné quelque part.   Se retrouver, au singulier comme au pluriel, c’est cesser d’être malheureux. La partenaire canadienne n’aime pas la conquête, elle aime la durée.  L’écriture est forcément moderne,  syncopée par la forme électronique, mais les juteuses missives ne manquent pas de sel ni d’esprit. Les colères sont palpables, les éclats de jalousie très audibles, le langage corporel éloquent de part et d'autre. Les fragilités de  chacun émeuvent et la recherche de l’harmonie du monde réuni comédiens et spectateurs heureux. On danse?

 ERIC-EMMANUEL SCHMITT : "L’élixir d’amour"

Éditeur : Albin Michel (Editions)

  • Parution : 30 avril 2014
  • Prix editeur : 15€00
  • Pages : 120
  • Isbn : 9782226256195

http://www.theatre-rive-gauche.com/elixir-amour-piece-eric-emmanuel-schmitt.html

http://www.ccauderghem.be/contact/contactez-nous.html

Lire la suite...
administrateur théâtres

"Les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles menacent de l'être." F. Paravidino 12695022_1280754108620584_7894048889330654528_o.jpgComédie douce-amère, bijou de vaudeville moderne, marivaudages existentiels de teenagers égoïstes et attardés ? Le tout, magnifiquement joué.  « Exit » est le dernier ouvrage de l'auteur-réalisateur-acteur Fausto Paravidino, l'un des auteurs les plus importants et les plus brillants du théâtre italien contemporain. C’est Pietro Pizzuti qui fait office de traducteur virtuose et s’est chargé de nous transmettre toute l’effervescence du texte. Un texte cruel, réaliste, kafkaïen, fait de phrasés percutants et sobres qui ne sont pas sans rappeler le théâtre d’Harold Pinter. Quand le quotidien  tourne au surréalisme.

12716336_1283316098364385_4780191193275941406_o.jpg

"C'est toujours dans les moments les plus tristes que reviennent à l'esprit les plus gais et c'est ce qui rend les plus tristes encore plus tristes." Exit - F.P. 

Quatre excellents acteurs, Dominique Rongvaux, Christel Pedrinelli, Leone François Janssens et Jef Rossion, se partagent les exercices d’extraversion sur le plateau dirigé avec intense finesse et belle  énergie  par Fabrice Gardin. L’absence flagrante de comique est remplacée par le rire salvateur qui guérit des cauchemars trop horribles ou trop réels. Dans la course d’obstacles, le choix est cornélien entre haine des moments perdus et l’horreur des conséquences présentes.

 Le décor représente-t-il un réseau ?  Un engrenage ?  Le labyrinthe en trois dimensions de nos liens qui nous emprisonnent à perte de vue et à perte de coeur? Voyez ces déclinaisons de cadres en L faits de tubes d’acier qui se projettent à leur tour sur un écran de bleu infini. Comme si,  d’une  petite ville italienne, à New York ou à Toronto, tout était tragiquement pareil.  Les palmes de l’éclairage subtil  reviennent à  Félicien Van Kriekinge qui joue avec doigté sur les costumes particulièrement celui de  la dame en bleu Chagall des pieds à la tête …et  ceux, mordorés, de l’homme caramel et de l’homme chocolat. Un choix de quelques  pictogrammes évanescents aussi fluides que l’idéal donne une touche 21e siècle pleine d’humour, comme si on  s’invitait dans une maison futuriste où règne en maître l’imaginaire. Merci, Ronald Beurms! 

Part 1 : Le jeune couple virevolte, emprisonné dans les racines urticantes du désamour. Les choses qui énervent, qui irritent font casser le lien sacré : la banalité de la  routine quotidienne, la politique, le sexe, la nostalgie des premières années, les fautes de goût, l’image de l’autre que l’on s’est fabriquée et qui ne colle plus à la personne. Aussi, l’absence d’enfant qui pour l’un et pour l’autre n’est pas la même!

  Part 2 : La rupture,  la jeune femme, par amour quand même, prend le mauvais rôle  car elle n’a jamais cru aux poses-réflexion!  Lui est perdu et se retrouve  embringué avec  une demoiselle en mal de solitude mais qui veut assumer  son solo! Mensonges de part et d’autre des  lignes de démarcation.  Celle qui a osé la rupture rencontre un charitable «deus ex machina » qui semble avoir passé l’âge des chamailleries.

 Part 3 : Reconstruction ?  De l’utilisation d’un manuel de psychologie américaine pour recoller les morceaux en 10 points. Les personnages ne portent pas de prénom, on se trouve au cœur d’un raisonnement analogique à quatre termes A B C D. On découvre dans ce carré parfait que l’inconfort est le lieu  géométrique des personnages. Comment être soi-même? Comment se séparer avec délicatesse?  « Tout ce cinéma pour affirmer nos, vos, leurs personnalités ? » c’est le cri du coeur de l’auteur ! Où est passée la générosité ?  Une « belle personne » « un vrai ami de l’autre sexe » ça existe?  Et l’Enfant, là-dedans, on lui dira quoi?

 12697022_1281324698563525_7888388363787150962_o.jpg

"Nous avons continué à rigoler et à dire des bêtises pendant un bout de temps. La drogue parfois ça aide. C'est pour ça que les gens en prennent. Lui ça l'aidait à être différent de lui-même. Comme ça, il arrivait à ne pas comparer son attitude envers moi à celle qu'il avait envers sa femme." Exit - F. Paravidino

Si le sujet de la pièce ne rend pas heureux, le traitement policé de celui-ci apaise. Ce spectacle est raffiné et  touchant  par sa  modernité et son approche intelligente, on appréciera incontestablement  la vérité de son interprétation.  

http://www.trg.be/saison-2015-2016/exit/en-quelques-lignes__6112

 

Mise en scène

Fabrice Gardin

Décor et costumes

Ronald Beurms

Création lumières

Félicien van Kriekinge

Décor sonore

Laurent Beumier

- - -

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.

www.arche-editeur.com

 

 

Galerie du Roi 32 - 1000 Bruxelles.
02 / 512 04 07, de 11h à 18h, du mardi au samedi.

Lire la suite...
administrateur théâtres

Après « Le Roi se meurt » donné l’année dernière au Théâtre des Martyrs, Pietro Pizzuti nous a replongés avec «Rhinocéros » dans l'univers surréaliste et prémonitoire d’Ionesco. Un texte qui pourrait paraître obsolète mais qui semble avoir hélas gagné beaucoup, en pertinence.

Avec la mise en scène fulgurante de Christine Delmotte, une experte de l’imaginaire, Pietro Pizzuti nous livre avec la compagnie Biloxi 48 une sublime interprétation du personnage de Bérenger cet homme très ordinaire qui aime boire un coup de trop. Sans cris, sans violence, avec une retenue étonnante, alors qu’à l’intérieur la révolte de l’acteur fait rage.


Le texte est prémonitoire car dans notre monde qui avait tellement juré d’être meilleur, l’uniformisation des consciences ne cesse de progresser insidieusement : on pense, on parle, on s’habille, on rêve tout pareil. Et l’artiste, le seul à avoir encore quelque velléité de révolte - en vrai comme sur scène - se retrouve seul, devant une armée menaçante de rhinocéros. Et il ne se résigne pas!

Rhinocéros3-CréditNathalieBorlée.jpeg


Car cette pièce dénonce l'hystérie collective des foules. L’action se déroule dans une petite ville de province soudainement touchée par une épidémie étrange et inquiétante de rhinocérite : les habitants commencent un à un à se transformer en rhinocéros, « cette bête immonde » ! Un phénomène de métamorphose qui avait déjà affecté les malheureux compagnons d’Ulysse soumis au pouvoir de Circé. Si vous y réfléchissez un peu, le discours politique se rhinocérise à vue d’œil, il perd la tête et se répand avec bonheur au cœur d’une jungle moderne investie par la finance. D’ailleurs vous voyez encore des épiceries quelque part?

Rhinocéros2-créditNathalieBorlée.jpeg


Ionesco en profite pour couper court aux syllogismes et démontrer en passant que la logique est dangereuse et permet d'énoncer des vérités incohérentes telles que "Socrate est un chat". Rires. Une scène percutante et un  admirable morceau de raillerie!  Tragique et absurde font  excellent ménage. M.Papillon, Mme Boeuf, M.Dudard ne sont-ils pas déjà au bord de l’animalité? Exquises interprétation des comédiens alertes et bien vivants ...jusqu’à leur petite mort!


 safe_image.php?d=AQCwzPJxtCaSZfqM&w=300&h=300&url=http%3A%2F%2Fm.cafebabel.com%2Fcache%2F8f%2Fd4%2F8fd481ec48a6b9d112cad9f5e4f92e36.jpg%3Fcache%3D1280x500&cfs=1&ext=png2jpgContemplez l'allégorie: voilà les valeurs humanistes, si  péniblement accréditées,  piétinées par mille pachydermes en folie. Feu l’honnête homme, l’être pensant et aimant est en train de fondre et de se retrouver ligoté dans une armure de cuir vert-de-gris, le dos courbé comme un ouvrier de la mine, le regard égaré dans le sol au lieu de le tourner vers le ciel!  C’est l’érosion de l’être, que Pietro Pizzuti combat pied à pied, avec conviction,  par le jeu du corps et du verbe, dans un crescendo dramatique très bien dosé.

Ami, entends-tu...?  

Avec Christophe DESTEXHE(Dudard et le serveur), Fabrice RODRIGUEZ (Jean) , Aurélie FRENNET ( L’épicière et Madame Bœuf) , Gauthier JANSEN (Le logicien et Botard), Julia LE FAOU (La ménagère et la femme de Monsieur Jean) , Camille PISTONE ( L’épicier, le pompier et Monsieur Jean) , Laurent TISSEYRE (Le vieux monsieur et Monsieur Papillon)

Lumières : Nathalie BORLEE

Mise en scène et scénographie de Christine DELMOTTE

un spectacle de Cie Biloxi 48

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece4.html

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273122298?profile=original

2050 Une brève histoire de l'avenir

Exposition

11.09.2015 > 24.01.2016

12273122855?profile=originalExercice de futurologie, « Une brève histoire de l’avenir » (Fayard, 2006) est l’ouvrage prémonitoire de l'économiste, écrivain - auteur de 65 romans et essais - et haut fonctionnaire français Jacques Attali qui déroule au fil de ses 400 pages, une histoire télescopée du monde et imagine ce que seront nos années à venir et notre rapport au monde, d’ici 2050.  Ce livre a  servi de base à une  ambitieuse double  exposition d’un style inédit, qui s’ouvre quasi simultanément à Bruxelles et à Paris, à  la date anniversaire  tristement  historique du 11 septembre.

 Deux expositions, indépendantes mais simultanées et complémentaires, s'articulent autour  du questionnement de notre avenir.  Des artistes se sont  engagés dans l’analyse des grandes dynamiques qui traversent et animent notre monde moderne.

L’objectif déclaré des commissaires et de toute l’équipe organisatrice est l’éveil. De la méditation à l’action ou à la réaction. Pour Jacques Attali, une exposition est une autre façon de frapper à la porte des consciences des citoyens. Il faut  dépasser le constat et l’observation du monde  généralement prônée par les artistes contemporains et  chercher à réinstaurer l’utopie grâce à la dimension altruiste de l’art.  

L’exposition « 2050 Une brève histoire de l'avenir » aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,  débute par La Vénus de Galgenberg une figurine paléolithique féminine  en serpentine datée de plus de 30.000 ans, mesurant  7,20 cm et  pesant à peine 10 g …d’éternité? Elle est mise en miroir ave une œuvre de Louise Bourgeois, Fragile Goddess, 2002. Elle nous renvoie à la fragilité de notre patrimoine et à l’importance de sa sauvegarde, ainsi que de celle de la connaissance. Nous avons tous en mémoire la tragédie du récent drame de Palmyre, berceau mésopotamien de notre civilisation. Par ailleurs, un partenariat inédit a été développé entre le Musée Numérique (MRBAB), le Naturhistorisches Museum de Vienne et la firme Trideus et Alph Studios). Avec la numérisation 3D de la Vénus de Galgenberg, les MRBAB remettent en question les techniques modernes de reproduction et le rôle à venir des musées.

lachapelle_gas_shell_2012_large@2x.jpg?width=450David Lachapelle Gas Shell 2012

 Les œuvres choisies sont celles d’artistes qui   pratiquent ce qu'André Breton disait de Giorgio De Chirico : « L'artiste, cette sentinelle sur le sentier, a à perte de vue des qui-vive. » Pour faire de cette exposition un lieu où l’on pense le futur, cette exposition se veut  être une boîte à alertes qui nous rend conscients de ce que nous sommes et de ce que l’on peut devenir.

45bstelarc_ear_on_arm_large@2x.jpg?width=450

Le rythme de l’accrochage  alterne peintures, sculptures, photographies, vidéos, installations et arts numériques : plus de 70 oeuvres d’art contemporain qui peuvent éclairer notre regard sur des thématiques urgentes telles que l'éclatement de l'empire américain, la surconsommation, les conflits mondiaux, l'épuisement des ressources naturelles, les inégalités sociales et économiques, la mutation de l’être humain, l'utopie d'un autre monde possible. À ces thèmes complexes viennent se greffer des visions positives et constructives, parfois même teintées d’humour. Des artistes belges et internationaux comme Sugimoto, Boetti, Kingelez, Warhol, LaChapelle, Gursky, Op de Beeck, Burtynsky, Yongliang, Turk, Alÿs, Hatoum,… nous invitent ainsi à réfléchir à l’avenir.

http://www.fine-arts-museum.be/fr/expositions/2050

 

L’exposition  éponyme du Musée du Louvre  qui ouvre bientôt à Paris  ( 24.09.2015 > 04.01.2016) se projette elle aussi dans le futur en se fondant sur une lecture subjective du passé, imaginée et portée par la création artistique des millénaires précédents, mais aussi par quinze œuvres d’artistes contemporains du monde entier. http://www.louvre.fr/expositions/une-breve-histoire-de-l-avenir

 

La date d’ouverture de l’exposition à Bruxelles, capitale de l’EUROPE – 11 septembre 2015 – renvoie aux événements du World Trade Center qui ont ouvert le nouveau millénaire et bousculé l’ordre du monde. Cette symbolique est importante dans le storytelling de l’exposition, notamment avec les œuvres de Wolfgang Staehle et Hiroshi Sugimoto, qui évoquent le déclin de l’empire américain.

BurdenMetropolisII450.jpg?width=450                                                    Chris Burden Metropolis II 2011 

12273123065?profile=originalq                                         Charles Csuri et James Sheffer, Random War 1967

12273123455?profile=original                                   John Isaacs The matrix of Amnesia (Fat man) 1997

12273123480?profile=original                                            Olga Kisseleva La conquête de l'Arctique 2011

12273123886?profile=original                                      Maarten Vanden Eynde Plastic Reef, 2005-2012

12273123280?profile=original                                      Arman (Armand Pierre Fernadez) Drogues 1960-62

12273124694?profile=original                                   Michael Wolf Tokyo Compression Multiple, Horizontal, 2009

55ddb5fc3570b546538105c9.gif?width=500                                       HeHe (Helen Evans et Heiko Hansen) Fleur de Lys 2009

12273124495?profile=original

11270528_832935970125178_6783624071953329115_o.jpg?width=550

Très impressionnante est cette œuvre de Jake et Dinos Chapman (deux frères artistes plasticiens britanniques) intitulée The tower of Babble dont voici un détail. C'est en fait une immense maquette- parodie de celles des musées de sciences naturelles - illustrant une  apocalypse surpeuplée en trois D, digne  de Jérôme Bosch. 

12273124455?profile=original

 La série des reliquaires d’AL Farrow Mausoleum I (1943) est tout aussi poignante car d’une tragique actualité. Synagogue, chapelle et mosquée sont intégralement fabriquées à l’aide d’armes récupérée. Mais la religion n’est-elle pas  elle aussi une arme redoutable ? Et que le contraste est grand entre le principe de recueillement que le lieu est supposé inspirer et l’histoire violente qui a toujours accompagné l’expansion des religions. All you need is love (2010), une œuvre signée Eugenio Merino.

Eugenio Merino, All You Need is Love, 2010, books.

Epinglons également – non « Le meilleur des mondes » - mais Le rêve d’un monde meilleur (2011) de Gonçalo Mabunda, né au Mozambique qui a vécu enfant les horreurs de la guerre civile. 

6eb52133bce383f2dc163600d245f246.jpgL’interactivité est très souhaitée: chacune des huit sections est présentée sur  des feuillets détachables que le visiteur peut arracher à sa guise et emporter. Le bruit de la page que l’on arrache avant de l’archiver dans une plaquette  fait déjà frémir : Introduction, Los Angeles et la suprématie américaine, Déclin de la puissance américaine - vers une nouvelle géopolitique, Une planète menacée - du constat à l’engagement, Surconsommation – consommer … oublier, L’empire du marché : it’s a Rich Man’s World, Le temps : une denrée rare, l’art de l’immortalité, Hyperconflits : des guerres d’un genre nouveau, Utopies : let the future tell the truth.

12273125669?profile=originalDe nouvelles technologies encouragent les visiteurs à commenter et partager leur propre perspective avant, pendant et après l’exposition. Un photomaton permettra aux visiteurs d’envoyer un « gif » (photo animée) accompagné d’un message tourné vers le futur.

Un social wall projettera, en temps réel, les interactions #expo2050 sur les réseaux sociaux. Les expositions de Bruxelles et Paris dialogueront donc avec le reste du monde. Le tout est aussi à suivre en direct sur le site web de l’exposition  www.expo-2050.be  – qui propose également des vidéos (teasers, interviews et timelapses).

Une application pour smartphone et tablettes est proposée gratuitement (en FR, NL et EN). Remplaçant l’audioguide, elle raconte l’exposition à travers des interviews, vidéos, photos, images d’archives, articles,... L’utilisateur peut donc tant préparer sa venue au musée qu’élargir sa réflexion sur les oeuvres et sujets abordés. Trace virtuelle et qualitative de l’exposition, l’application « Fine Arts Belgium » fournit un contenu supplémentaire (vidéo) au catalogue.

De nombreuses activités sont organisées en marge de l’exposition (conférences, colloques, ateliers créatifs, visites guidées, visites « sur mesure », etc.).Le public pourra également participer aux « meet the artist », des rencontres exclusives avec les grands noms de l’art contemporain (Olga Kisseleva, Thu Van Tran, Maarten Vanden Eynde, Hans Op de Beeck, David Altmejd,…).

12273126453?profile=originalDe l’horreur au miracle, notre dernier regard se porte sur une fantastique maquette de ville imaginaire tentaculaire mais accueillante, imaginée par l’artiste congolais Bodys Izek Kingelz, décédé cette année.

 

Vous pouvez écouter Jacques Attali ici : http://www.rtbf.be/radio/player/lapremiere?id=2042259&e=

 

INFORMATIONS PRATIQUES

BRUXELLES

11.09.2015 > 24.01.2016

www.expo-2050.be

Horaires

mardi > vendredi | 10:00 > 17:00

samedi > dimanche | 11:00 > 18:00

Tarifs

€ 14,50 adulte € 12,50 senior (+65 ans),

€ 8 jeune (6>25 ans), enseignant, personne

souffrant d’un handicap et leur accompagnateur

€ 10,5 groupe adulte € 3,5 groupe scolaire

€ 0 Ami des MRBAB, membre ICOM, enfant (-6ans)

Ticketing online : https://onlineticketing.fine-arts-museum.be

Une application multimédia et un guide

du visiteur (papier) gratuits sont disponibles.

Catalogue : coéd. Snoeck/MRBAB, 224 p., € 32

(également disponible en e-book)

Commissariat de l’exposition

Jennifer BEAULOYE, docteur en histoire de l’art et

chercheur post-doctoral en muséologie et

nouvelles technologies | Pierre-Yves DESAIVE,

responsable médias numériques & art contemporain |

Jean DE LOISY, conseiller scientifique | Jacques ATTALI,

conseiller scientifique

 

PARIS

24.09.2015 > 04.01.2016

www.louvre.fr

Horaires

Tous les jours de 09 :00 à 17:30, sauf le mardi.

Nocturnes les mercredis et vendredis jusqu’à 21 :30.

Tarifs

Tarif unique d’entrée au musée : € 15.

Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de

26 ans résidents de l’U.E., les enseignants

titulaires du pass éducation, les demandeurs

d’emploi, les adhérents des cartes Louvre

familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels

et Amis du Louvre, ainsi que le premier

dimanche des mois de septembre à mars.

Catalogue : coéd. Hazan/Louvre, 384 p., € 45

Commissariat de l’exposition

Dominique DE FONT-REAULX, conservateur

général au musée du Louvre, directrice du musée

national Eugène-Delacroix | Jean DE LOISY,

président du Palais de Tokyo | Jacques ATTALI,

conseiller scientifique | avec la collaboration de

Sandra ADAM-COURALET

Lire la suite...
administrateur théâtres

Bouquet infernal et grandiose

 

Pour ne rien vous cacher, nous avons vu ce spectacle deux fois : la première … à la première, avec une incomparable Jo Deseure,  cette  grande artiste qui a osé plonger dans le rôle à la dernière minute et dont on a tait le nom jusqu’au tomber du rideau. Elle  n’avait eu qu’une répétition, la veille de la première, pour capter avec talent le ballet des entrée et des sorties et jouer de façon époustouflante un rôle dont elle ne connaissait pas le texte! Exercice digne d’un examen final de conservatoire, qu’elle a maîtrisé avec une stupéfiante adresse. Elle remplaçait donc  au pied levé l’immense Jacqueline Bir, pour qui la pièce avait été écrite, interdite de planches par la Faculté. En duo  verbal avec José Van Dam elle interprétait sans faiblir le rôle principal de  la nouvelle création de Thierry Debroux intitulée « Vampires ». Elle fut saluée par un  tonnerre d’applaudissements.

Quant à José Van Dam, il  n’a pas eu froid aux yeux d’accepter de jouer avec une parfaite inconnue, se privant de l’appui de sa partenaire  habituelle  aux répétitions.  Le plus étonnant c’est que Jo Deseure, à s’y méprendre donnait l’impression par moments d’incarner vraiment l’absente du bouquet infernal. Présence scénique ahurissante, un modèle d’interprétation improvisée, tout en gardant un contact oculaire discret avec le texte diffusé sur des écrans aux premières loges de chaque côté de la scène.

 

Pour le fond, Thierry Debroux s’est emparé du mythe des vampires, mélange de roman historique et de science-fiction qui ne cesse de nous fasciner, que ce soit en littérature ou au cinéma. Tout le monde a lu « Dracula » de Bram Stoker en édition simplifiée lors des premiers cours d’anglais, et d’autres auront exploré la jouissance littéraire des  passionnantes « Vampire Chronicles » d’Anne Rice et le fameux « Interview with a vampire » avec Tom Cruise et Brad Pitt.  D’aucuns se souviendront du « Bal de vampires », le film de Polanski sorti en 1967. Le thème de l’immortalité est l’un des favoris de Jacqueline Bir, aussi  ceux de la beauté, de la jalousie, de  l’amour impossible, de la sensualité et de la mort. Son interprétation de ces thèmes était certes beaucoup plus forte et poignante  dans « Sarah et le  cri de la langouste » où elle incarnait Sarah Bernard, mais il y a ici une sérénité indiscutable, un lâcher-prise et une sensibilité pleine d’humour et d’humanité. On reconnait les morsures de Thierry Debroux qui s’attaque avec malice aux maux du Temps : le bruit dévastateur de paysages du TGV, la manie des téléphones portables, la toute-puissance du Saint-Dicat, le diktat du Buzz à tout prix, l’envoûtement de Facebook,  nos nourritures terrestres frelatées, si pas carrément empoisonnées et en passant, quelques coups de griffe aux Bobos Bio! Côté nourritures célestes, on mélange allègrement Ronsard et Corneille(s)… Le texte de cette comédie moderne est donc très plaisant, bien bâti, bien rythmé.

Mais la part du lion va à la critique acerbe du show business, via le personnage déjanté du bouffon parfait, un créateur de comédie musicale (seul genre littéraire et musical subsistant apparemment en 2015).  Ce carnassier moderne a jeté son dévolu sur le manoir où  se sont  soudainement réveillés Isadora (roulez le r) et Aménothep après 102 ans d’hibernation. Véritablement gondolant dans son rôle, au propre comme au figuré,  le metteur en scène fou croasse à merveilles et  excelle dans sa manière de vampiriser les vampires. Peinture de notre monde?  C'est le délectable comédien Angelo Bison qui est à l'œuvre. Il  les entraînera dans des répétitions délirantes, créant musique et texte au fur et à mesure des malentendus et des sinistres rebondissements. Aurelia Bonta, sa très appétissante assistante en talons aiguilles  rouges incarne la victime de toutes les peurs et angoisses. Elle se débat dans le cauchemar avec la dernière énergie vocale et corporelle. Il y a aussi Maurice (ou Serge), l’ineffable maître d’hôtel, qui participe avec grande finesse à ce vaudeville très particulier. Bruno Georis est impeccable dans l'humour et les gestes, une perle de sang-froid si l’on peut dire ! 

Théâtre Royal du Parc's photo.

 Même la deuxième fois où l’on voit le spectacle, cette fois avec l’illustre Jacqueline revenue de ses maux de gorge incapacitants, on rit  de bon cœur aux plaisanteries taquines d’un texte qui continue à amuser franchement. La reine de la nuit rouge a une allure folle sous  un maquillage, des coiffures et des costumes parfaits. Rien à voir avec l'affiche du spectacle, passablement horrible.  Isadora est une vampire attachante aux tendresses inattendues malgré  les chamailleries internes au couple. Elle éprouve des réticences très humaines devant la mort violente par balles… et se fabrique finalement des noces de cendre grandioses avec son compagnon de toujours.  Son interprétation est, on s’en doutait, totalement convaincante aux côtés d’Aménothep-José Van Dam, très joli cœur, qui parfois pousse la chansonnette en l’honneur de Mozart.  

 

 

Au théâtre Royal du Parc, du 23 avril au 23 mai 2015.

CRÉATION MONDIALE.

« VAMPIRES »

de Thierry DEBROUX.

Avec:

Jacqueline BIR, José van DAM, Bruno GEORIS, Angelo BISON, Aurélia BONTA

Mise en scène : Monique LENOBLE

Assistanat : Catherine COUCHARD

Décor et costumes : Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Lumières : ZVONOCK

Maquillages : BOUZOUK

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/57/21.html

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Quand une leçon de musique classique se termine à la guitare électrique !

https://www.youtube.com/watch?v=VqYqWsG4Ad4

 

 

Dominique Jonckheere, à la tête  de l’Orchestre de Chambre Oratorio qu’il dirige depuis 1989 et que nous avons rencontré plusieurs fois au Théâtre Royal du Parc, nous gratifie chaque année de  nouvelles  croisières musicales,  enrubannées d’érudition relative à certains aspects de l’histoire de la Musique ou de la Musicologie. L’innovation c’est d’en faire chaque fois un feu d’artifice musical de tous bords, où il assassine le temps et où il mêle les observations savantes avec un humour fait pour les rois. « Tongue in cheek », il semble vouloir prouver chaque année par de nouvelles approches que la musique classique est  T o u t  sauf ennuyeuse.

Lui-même fait plaisir à regarder, tant son enthousiasme débordant est communicatif. Et ses comparses du sourire sont tous aussi malicieux et artistes. Trouver des places pour son spectacle pratiquement Sold Out relève du parcours du fan convaincu. Dominique Jonckheere  est ingénieur dans la vie civile et nous apparaît sous les traits d’un génie musical avéré dès qu’il monte sur les planches.

Son dernier spectacle excelle à nouveau dans les liaisons dangereuses. Avec un art consommé des mariages,  l’homme en costard-chemise et baskets blanches  construit un spectacle soufflant, bluffant d’inventivité, bâti sur les analogies musicales les plus improbables. En vrac : Bach, Purcell, Vivaldi, Haendel, Mozart, Beethoven, Chostakovitch, côtoient avec grâce et bonne humeur Amazing grace, Boris Vian, I’m singing in the rain, Eleonor Rigby, What a day for a daydreamer, La vie en rose, Let the sky fall (James Bond)  et tant d’autres  chansons populaires élevées sur le socle de la gamme pentatonique, apprend-on!  

 Dominique Jonckheere, l’homme-orchestre conteur et ensorceleur, se dépense comme un ado. Il est secondé par la voix chaude et cuivrée de  Sarah Letor qui chante du bout des doigts avec des gestes de chanteuse balinaise en duo avec Hervé Letor. Il s’entoure d’élégants musiciens, fascinants par la perfection de leur technique  artistique et la sonorité moelleuse de leur interprétation. Voici le palmarès : Citons  Nicolas de Harven (violon, chant),  Hervé Letor ( guitare, chant) , Sarah Letor (chanteuse), Véronique Lierneux (violon , piano, chœur), Eric Mathot (contrebasse), Ariane Plumerel (violon, chœur), Ana Spanu (violon , chœur), Sébastien Taminiau (violon , guitare, contrebasse), Edouard Thise (alto, trompette, chœur) Sigrid Vandenbogaerde (violoncelle , chœur), Charlie Wieder (violon, guitare).  

 

Avec finesse et doigté de virtuose, le maître de musique  nous embarque sur son fabuleux radeau musical, toutes époques confondues, avec comme point  de ralliement  l’effet de surprise musicale et des élucubrations auxquelles il manque juste les cheveux longs. L’esprit, lui,  frappe toujours juste et le tempo échevelé du spectacle rattrape le temps dans sa fuite!  Ce bonheur est trop éphémère, mais il y a des  CD qui vont avec : God save the music!

 

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/la-querelle-des-bouffons-dominique-jonckeere-au-th-tre-royal-du

http://www.oratorio.be/bachtorock3.htm

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Un triomphe pour une pièce sublime, « L’affrontement » joué  au Centre Culturel d’Auderghem avec un duo de choc : Francis Huster et Davy Sardou ! Où C C C ne veut pas dire Cellules Communistes Combattantes mais Crises du Catholicisme Contemporain. Le pitch : « Comment Choisir entre la liturgie et le  MUSIC-Hall » Et dans ce débat ardent, ce sont évidemment les questions qui vont au-delà  du catholicisme et concernent directement  le cœur de l'être humain, qui donnent à cette œuvre une valeur universelle.

Tim Farley, celui que l’on doit appeler « mon père » (Francis Huster)  a  recours à la flatterie de  ses paroissiens et les divertit avec des sermons qui contournent les problèmes inquiétants afin de protéger sa Mercedes, ses voyages  en Uruguay et l'offre généreuse de vins fins qui ornent  le double fond de sa bibliothèque. Son monde bien ordonné est perturbé par l'arrivée de Mark Dolson (Davy Sardou), un jeune séminariste intense et idéaliste que le Père  accepte à contre cœur de prendre sous son aile. Il y a un conflit immédiat entre les deux,  alors que  le jeune homme remet en question le mode de vie luxueux du prêtre âgé, celui-ci  est consterné par la confession de Mark qui a mené une vie de promiscuité  bisexuelle avant de choisir la prêtrise.

Le drame psychologique oppose deux sortes de sacerdoce. D’une part celui du vieux curé irlandais, retraité de la foi,  installé confortablement dans une paroisse riche et prospère, un homme qui ne veut pas de vagues et dispense un discours de guimauve, se soumet hypocritement à l’autorité hiérarchique et aux  compromissions, un homme  qui  frémit de déplaire à  une congrégation docile et béate  mais fort loin des béatitudes chrétiennes.  De l’autre, celui du jeune séminariste, une âme perdue et retrouvée, courageuse, ferme et déterminée qui a connu les citadines, les citadins et même le trottoir pour survivre, dès l’âge de 17 ans. Cela a des vibrants accents de Gilbert Cesbron…

en-tournee-francis-huster-et-davy-sardou-joueront-quot-l-affrontement-quot-mardi-3-mars-a-l-opera-theatre.jpg?width=500 Le débat  récurrent remet en question l’accession des femmes au sacerdoce toujours refusée dans l’Eglise Romaine.  Rien non plus, selon Mark Dolson, n’interdit à deux hommes de s’aimer! Débats à l’évidence  toujours d’actualité, alors que la pièce « Mass Appeal » de Bill C. Davis avait été écrite en 1981 et fut traduite et jouée par  Jean Piat et Francis Lalanne en 1996, une version tragique, provocatrice et sulfureuse. Si le fond de la pièce n’a pas changé, l’attitude du public du XXIe siècle  a évolué. On accepte désormais de nouveaux codes et le rire dénonciateur est devenu un Credo omniprésent, ressenti comme la meilleure parade aux tentatives totalitaires ou intégristes.  

 

En effet, 20 ans après, la nouvelle version qui déferle sur les planches du CCA est une nouvelle adaptation signée par Jean Piat et sa fille Dominique Piat. Elle est bourrée d’humour explosif. C’est une mise en scène  de Steve Suissa. Le  décor dynamique de Stéfanie Jarre permet le passage habile de la chaire au  presbytère. Les jeux d’ombre et de lumières  évocateurs sont  signés Jacques Rouveyrollis et les costumes, Edith Vesperini. Steve Suissa a ourlé son travail de chansons d'amour émouvantes -  américaines pour la plupart - qui séparent chaque scène, faisant chaque fois accéder à plus de bonheur spirituel et plus d’amitié, ce qui est un autre thème puissant développé avec grande intelligence tout au long de la pièce. La musique ne facilite-t-elle pas l’accession à ce monde invisible par lequel on existe ? Le jeune-homme bourré d’insolence et de sincérité veut que l’église se remette en question, remettant au centre de ses préoccupations la seule chose importante, l’amour et sa variante: l’amitié. Et son rire, joint au nôtre, remet les choses en perspective.

 Notre siècle ne  permet-il pas à présent de rire de tout ?  Le rire ouvre à  la réflexion, y compris celle qui demande pourquoi on se pose telle ou telle question. C’est la  liberté de parole plus vivante que jamais, qui  creuse le sillon de l’humain. L’affrontement des deux hommes les met face à face avec  eux-mêmes. Chacun finit par devenir ce qu’il est, et la question Shakespearienne de « to be or not to be »  prend toute sa pertinence. Les deux rôles collent littéralement à la peau des deux comédiens et les spectateurs - pris pour des paroissiens - eux aussi, se transforment et tentent de trouver leur propre vérité avec eux-mêmes.  La magie théâtrale  a sondé l’humain avec une profondeur et une habileté qui met les larmes aux yeux.   Et qui n’a pas eu envie d’entonner Alleluia, Alleluia… en fin de spectacle, au nom de la vérité de chacun?   

Au cœur de sa programmation, la saison Paris-Théâtr...e présente le meilleur du théâtre français en général et parisien en particulier. 7 pièces à ne pas manquer, faisant passer le public du rire aux larmes et où l’émotion et la surprise sont toujours au rendez-vous. Une saison basée sur le divertissement, les coups de cœurs et la diversité !

http://www.cc-auderghem.be/index.php/component/redevent/details/270.html

Réservez

Dates
24.02.2015 - 01.03.2015 20.30 h - 15.00 h

Lire la suite...
administrateur théâtres
Michael%20Borremans_Conman%20Part%20II_2002_website.jpg?width=295
images?q=tbn:ANd9GcSEika10HME1k5VFQt2cR66jrKBU7DVYLZOM235NW2Jm88Ypwr1&width=317
 

A l’âge relativement tardif de trente-trois ans, Michaël Borremans se met à peindre, et ce n’est qu’en 2000, à trente-sept ans, qu’il présente sa première exposition individuelle réunissant des tableaux et des dessins au S.M.A.K., à Gand. Suivent ensuite des expositions significatives à la galerie Zeno X à Anvers et l’année suivante, à la galerie David Zwirner à New York.  Borremans semble émerger immédiatement  en tant qu’artiste pleinement abouti sans aucune  gaucherie expérimentale ou débuts maladroits. Dès le début, ses séries d’œuvres évocatrices — tableaux, dessins, films — fascinent le spectateur qu’elles immergent dans des situations à la fois curieusement familière mais subtilement illogique procurant un certain vertige. Caractérisée par un sens ineffable de la dislocation son œuvre disparate inclut différents  médias et est unifiée par une syntaxe visuelle qui saisit les sujets de l’artiste dans des états interpelant le spectateur. L’œuvre parait explorer des conditions psychologiques complexes qui perturbent la simple logique. L’artiste déploie des signifiants qui se heurtent dans des espaces ambigus et crée une atmosphère troublante hors du temps, un espace où le temps semble avoir été annulé.  L’angoisse envahit ces œuvres énigmatiques comme par exemple cette piscine où des êtres lilliputiens s’ébattent tranquillement tandis qu’une image menaçante surplombe l’ensemble.  C’est l'image d'un homme sur le torse duquel  est écrit "People must be punished" et on voit quatre trous noirs  autour des deux mamelons.  De nombreuses personnalités du Dallas Museum of Art ont contribué  à la réalisation  de  l’exposition « As sweet as it gets » , une coproduction qui vient d’ouvrir au Palais des Beaux-Arts de  Bruxelles.


images?q=tbn:ANd9GcRjexDQJioricHokeX4mBjOshBCq_-1KjAal4UvoHGnZ8PfzIctuw  « As sweet as it gets » est  un titre  humoristique et ouvert, mais  recèle aussi des intentions  potentiellement sombres. L’expression « as sweet as it gets » véhicule  certes un sentiment de contentement absolu, de satiété, une sensation que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Parallèlement, cette phrase simple,  familière et intentionnellement vague, soulève des interrogations.  Souvent tout est dans la connotation et le sens provient de l’inflexion utilisée. Comme le prouve la façon de dire par exemple  « good for you  » qui peut exprimer, selon la tonalité employée, l’enthousiasme sincère ou un profond mépris. « As sweet as it gets » peut suggérer à la fois la vision d’un présent rayonnant ou l’acceptation résignée lorsque les choses ont touché le fond. Cette ambiguïté crispée constitue une métaphore  éclairante de l’œuvre de Michaël Borremans. Il effectue des symétries frappantes entre beauté stupéfiante et abjection dérangeante, humour et désespoir, force et fragilité, vie et mort. Tapie  dans l’ombre de son acception ensoleillée, l’expression «  as sweet as it gets » comporte un sous-entendu évident d’amertume qui vient jeter le doute sur l’apparente beauté plastique et le rendu très habile des textures et reliefs.


images?q=tbn:ANd9GcTKun8HIiGoWB2i5qQ2fs7eETqSb5WQZvZXi1eYHEEpau_nm2dd La question que Borremans pourrait alors poser est la suivante : Quant au monde où nous évoluons, est-il aussi  innocent qu’il y paraît et quelles perspectives nous offre-t-il ? La représentation du conflit entre deux réalités est bien le propos de cet artiste déroutant qui chérit les effets contradictoires en stimulant notre imaginaire de façon provocante. L’humour malicieux fait vite place à la critique cinglante.


Formé initialement à l’art de la gravure et au dessin, Borremans les a longtemps enseignés. A la fin des années 1990, il se mit à pratiquer une production artistique indépendante. Des œuvres réalisées méticuleusement à l’encre, vernis et gouache, ou crayon noir. Elles foisonnent de signes mystérieux et de symboles hallucinatoires, qu’il faudrait pouvoir scruter à la loupe, tantôt éclairants tantôt mystificateurs. On ressent derrière ces productions un besoin  très net de subversion. Les commentaires sociopolitiques humoristiques qui s’adressent à l’indifférence collective de notre société contemporaine rappellent parfois l’esprit roboratif d’un James Ensor. Borremans fait usage de différents niveaux de réalité en mélangeant à dessein les échelles, pour créer des assemblages impossibles ou des relations illogiques  comme dans  The Good Ingredients  et Le Sculpteur de Beurre.


images?q=tbn:ANd9GcTvst8Co0XX0sf460XggNftjTSc0__3MEGqDrskUPDf-iuzQpg0Og Ses protagonistes sont représentés en gros plan ou à distance, isolés sur fond d’architectures ambiguës, éclairés par une lumière pâle ou estompés par  des ombres  menaçantes. Cela fait aussi penser aux personnages solitaires et pensifs, plongés dans des états de semi-conscience de Thomas Beckett. Des figures solitaires ou en groupe semblent émerger de surfaces improbables ou être posées sur elles à la manière de figurines sur un échiquier flottant. The Apron,  Terror Watch, et Four Fairies. Toute une symbolique du mal-être, du malaise et de la difficulté de  la communication, comme dans le théâtre surréaliste. Les regards sont tournés vers l’intérieur, absents ou fuyants.   


images?q=tbn:ANd9GcRhWN3bWEH8YzaQk2wPhQecsFqXnXzrK3UCKey8Z0T8l92Ao198 Un thème récurrent dans l’œuvre de Borremans est la mélancolie et la  tristesse insondable qui peuvent se dégager des états physiques blessés ou délabrés ou de lieux abjects dans lesquels se retrouvent ses sujets. Ceux-ci sont souvent croqués dans des situations de soumission, d’altération, de manipulation, de complaisance forcée, victimes d’un pouvoir invisible et implicite. Ces sujets sont ou victimes de l’oppression institutionnelle ou de leur propre aveuglement. Le tout souvent accompagné de  titres ou commentaires caustiques et absurdes.  Le 1984 de George Orwell a laissé des traces certaines dans notre appréhension du monde et sûrement dans celle de cet artiste flamand que d’aucuns comparent à Luc Tuymans. 

Samedi 22.02 > Dimanche 03.08.2014

https://www.bozar.be/activity.php?id=13204

VMB2005_01a.jpg?width=295
Lire la suite...
administrateur théâtres

play_349_closer-2707_-_copie.jpg?width=563             « Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir.» Louis Jouvet

 

 « Closer » est une comédie incandescente, mêlant de façon surprenante sentiments, érotisme et humour mordant. Un chassé-croisé amoureux où le sexe, la séduction, la jalousie et le mensonge composent une carte du Tendre  fort amère. À l’instar du roman de Milan Kundera, « L’Insoutenable légèreté de l’être », cette pièce évoque à la fois le plaisir et la douleur d’aimer. Créée au National Theatre de Londres en 1997, puis à Broadway, la pièce  de Patrick Marber est rapidement devenue un succès international joué dans le monde entier. Elle obtint le Laurence Olivier Award, le Critic’s Circle Award, le Evening Standard Award et le Time Out Award. Suivra un film en 2004, dont Patrick Marber signera le scénario. Le théâtre Le Public accueille ce soir de 2014 la splendide production du POCHE GENÈVE sous l’intelligente direction de Françoise Courvoisier.

 

Dans un rythme très tranchant, fait d’éblouissements et de noirs profonds, le miroir de notre société a volé en éclats. Françoise Courvoisier signe une mise en scène élégante et clinique, construite en forme de staccatos en crescendo, comme une formidable partition musicale sans aucune fausse note, terminée par  le point d’orgue d’une danse macabre.   Douze débris de miroir et de temps différents  qu’il va falloir réassembler pour comprendre l’histoire complexe des chassés croisés de ce quatuor  de jeunes trentenaires-quarantenaires insupportables.  Ils ont tous un  esprit caustique et une  force de jeu très précise et expressive, époustouflante de vérité et de modernité. Square-dance d’un type particulier, les quatre personnages se poursuivent  dans une complexité d’émotions haute gamme. Si le langage fort branché est parfois très explicite, la charge émotionnelle inouïe qui siège derrière chaque phrase courte et vive du texte comme un galet brûlant, empêche la vulgarité.  On oscille entre  la subtilité des « Liaisons dangereuses », version moderne, et  celles du « Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux.

play_349_closer-2685_-_copie.jpg?width=150Dan, un écrivain raté, journaliste nécrologique, a sauvé d’un grave accident sur la chaussée, la jeune et séduisante Alice dont  il tombe amoureux dans la salle d’attente de l’hôpital où travaille Larry, le beau mâle. Quelques mois plus tard, une séance de photos avec la photographe d’art Anna (divorcée et dépressive) relance chez Dan une série d’irrésistibles vibrations sexuelles alors qu’il vit avec Alice et en a fait son héroïne de roman. Entre-temps, rejeté par Anna et se faisant passer pour une femme, Dan se lance dans une séance de chat amoureux torride sur internet  avec le beau docteur Larry, dermatologue et caïd sexuel, à qui il donne rendez-vous à « l’Aquarium » le lendemain. C’est Anna qui arrive au rendez-vous et, se remettant rapidement de la méprise, elle lui tombe dans les bras. Le square-dance infernal peut commencer.

 Patrick Marber semble être désenchanté par l’amour et ne croire qu’à la luxure et à  la volatilité de la relation. Il met  imperturbablement en scène la rencontre, la crise et l’inévitable rupture. Dans la pièce il confronte même deux scènes de ruptures  concomitantes! C’est admirablement joué et interprété par ce quadrille de comédiens totalement investis dans leurs rôles.  Une merveilleuse et très convaincante  PATRICIA MOLLET-MERCIER joue la jeune Alice, à la fois oiseau libre et creuset de souffrance et de charme  entre VINCENT BONILLO et JUAN ANTONIO CRESPILLO. Blackbird Fly! A la dernière semaine de répétitions, notre comédienne belge,  FRANCE BASTOEN a accepté de  remplacer au pied levé le rôle d’Anna. Un rôle qu’elle épouse avec une présence et  une sincérité extraordinaires. play_349_closer8523.jpg?width=260

 

« Honesty’s the best policy ? »  De trahisons, en  abandons, en  revirements, la vérité est  tour à tour une arme et une preuve d’amour, et le plus souvent, un besoin compulsif de demande ou d’octroi de pardon.

DAN.- Je l’aime.

LARRY.- Hé oh, moi aussi.

Ce n’est pas Anna que vous aimez, c’est vous.

DAN.- Vous vous trompez, je ne m’aime pas.

LARRY.- Mais si, et je vais vous dire quelque chose : c’est vous, les égoïstes, qui avez raison, vous êtes les plus forts et le monde est à vous.

Elle est revenue vers vous parce qu’elle ne peut pas supporter de vous voir souffrir, vous le savez. Et ne me parlez pas d’égoïsme, ce n’est pas Anna que vous voulez. Vous voulez votre revanche.

DAN.- Vous lui ferez du mal. Vous ne lui pardonnerez jamais.

LARRY.- Mais si je lui pardonnerai ; je lui ai déjà pardonné. Sans pardon, on est des sauvages.

 On est néanmoins dans des rapports de force, au lieu de ceux de l’amour. Larry-the-winner-takes-it-all a un penchant effréné d’exigence de vérité qu’il habille des traits de l’amour.Tandis que Dan, le loser, genre anti-héros de Woody Allen, frustré et pénible, a du mal à comprendre qu’il faut parfois pardonner sans vouloir fouiller dans des explications qui font mal. Les deux mâles, mus par un égoïsme également affirmé, veulent surtout garder le contrôle à tout moment, quels que soient leurs « sentiments ».

play_349_closer-7024_-_copie.jpg?width=250Le talent de chacun des partenaires pour attirer l'autre n’est dépassé que par leur besoin de posséder ceux qu'ils prétendent aimer. Dans la quête de l’autre il y a un net  penchant pour l’appropriation, … à cause du dépit de ne pas fort s’aimer soi-même, sans doute. Quelle comédie humaine !  Devant la jalousie et le  furieux besoin « d’avoir », la confiance joue les abonnés absents entre victimes ou bourreaux consentants. Portrait incisif d’une société basée sur le défi et le mensonge. "Love and sex are like politics: it's not what you say that matters, still less what you mean, but what you do."

CLOSER

http://www.lepoche.ch/upload/cms/dp_closer.pdf

CLOSER

de PATRICK MARBER. Adaptation Pierre Laville
Mise en scène: Françoise Courvoisier Avec: Vincent Bonillo, Juan Antonio Crespillo, Patricia Mollet-Mercier et France Bastoen.

DU 25/02/14 AU 05/04/14

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=349&type=1

Lire la suite...
administrateur théâtres

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

               Nautilus. Navigating Greece  24.01 > 27.04.2014 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

12272991896?profile=originalDepuis quelques années le bassin méditerranéen constitue  le centre d’intérêt de plusieurs expositions initiées par BOZAR. En 2012, Mapping Cyprus. Crusaders, Traders and Explorers faisait la lumière sur le royaume franc des Lusignan. À l’automne 2014, l’exposition Storie di Siena portera sur l’influence de la peinture byzantine sur l’école siennoise de peinture. En ce début d’année 2014, le Palais des Beaux-Arts organise un programme pluridisciplinaire axé sur la Grèce, à l’occasion de la Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne.

La nouvelle exposition qui s’est ouverte le 24 janvier 2014 au  Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, rassemble une centaine d’œuvres et d’objets historiques, esquissant la culture et la civilisation grecques à travers les siècles. Une exposition, réalisée en collaboration avec les ministères grecs des Affaires intérieures, de la Culture et du Sport.

À cette collection exceptionnelle, dont bon nombre d’objets n’ont jamais quitté la Grèce, s’ajoutent 23 œuvres d’art contemporain, toutes liées au thème de la mer. L’historien français Fernand Braudel a décrit de manière  très vivante la diversité incroyable et la vitalité de la mer Méditerranée :

12272992255?profile=originalLa Méditerranée est mille choses en même temps. Pas seulement un paysage, mais d’innombrables paysages. Elle n’est pas juste une mer, mais une chaine de mers. Pas seulement une civilisation, mais plusieurs civilisations ... La Méditerranée est un carrefour séculaire. Pendant des milliers d’années, tout a convergé sur cette mer, troublant et enrichissant son histoire.

 

Lors de ce  dialogue poétique entre le patrimoine culturel et la création contemporaine sept thèmes sont abordés et font voyager le visiteur à travers les siècles  pour renouer avec la riche civilisation hellénique, berceau de  notre civilisation européenne. L'exposition illustre l'interaction entre la nature, la culture, l'identité, l'aventure, le commerce, l’immigration, la politique, la religion et la mobilité sous toutes ses formes. Elle comprend une petite centaine d’œuvres et d’objets historiques (sculptures en bronze et en marbre, poteries…) provenant de 29 musées grecs et  datant de l’art cycladique (3 000 av. J.-C.) jusqu’à l’époque gréco-romaine, en passant par les périodes minoenne, mycénienne, archaïque et classique.

Rencontre de l’antiquité et de la modernité : 20 artistes grecs contemporains (Nikos Alexiou, Alexandra Athanasiadis, Lizzy Calliga, Vlassis Caniaris, Giorgis Gerolympos, Stratos Kalafatis, Katerina Kaloudi, Afroditi Liti, Nikos Markou, Sokratis Mavrommatis, Aemilia Papafilippou, Rena Papaspyrou, Eftichis Patsourakis, Mary Schina, Marios Spiliopoulos, Spyros Staveris, Leonidas Toumpanos, Stratis Vogiatzis, Manolis Zacharioudakis et Opi Zouni) ajoutent leur perception de la culture grecque aux pièces historiques exposées.   

org_14253_img1.jpg Clay rhyton (ritual vessel) from the Palace of Phaistos, 1500-1450 B.C., Archaeological Museum of Herakleion (Inv. P 5832). Courtesy: Hellenic Ministry of Culture and Sports/General Directorate of Antiquities and Cultural Heritage/Archaeological Museum of Herakleion

 

Un voyage à travers le temps

On circule lentement dans cette exposition faite d’étroits corridors comme si la scénographie voulait rappeler le labyrinthe légendaire du roi Minos construit par l’architecte Dédale. « La recherche du Minotaure au fond du labyrinthe  est une épreuve initiatique visant à détruire le monstre bestial qui se cache en chacun de nous? » Cette exposition va-t-elle déboucher  sur une réflexion amenant tolérance, ouverture d’esprit et curiosité de la part des visiteurs ? On ressent en filigrane que la rencontre entre les peuples est indispensable et que l’unité européenne trouve son fondement dans la diversité. On ressent aussi peut-être chez tous ces jeunes artistes grecs la hantise d’un Minotaure néolibéral qui servirait "l'abolition de l'État, le démantèlement des structures sociales", tandis qu’ils essaient, chacun à leur niveau, de tracer un nouveau chemin  vers la reprise économique et la reconstruction d’une société florissante.

images?q=tbn:ANd9GcTe-Mz2Fm1cDamnuBDJLXBdgIqDwWkhAfos3pViT6qmD5WTtj5B4w La première salle s’appelle « Genèse » et comporte  une subtile installation d’Aemilia Papafilippou qui met en scène un utérus mystérieux  représentant l’origine de la vie :  "Sea Testament - Chess Continuum ". La disposition singulière de fils lumineux fait penser inévitablement au fil  conducteur d’Ariane qui, à travers la fluidité perpétuelle, serait comme un acte créatif éternel…une chaîne chromosomique?

 L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

Ensuite, le thème de l’écologie est détaillé et l’accent est mis sur l’interaction entre l’homme et l’environnement, illustrée par des œuvres de l’époque cycladique et par celle de Katerina Kaloudi. Eprise de son pays, l’artiste voyage dans les Îles Cyclades et y photographie des détails de rochers et de pierres. Ses agrandissements, qui font penser à des forêts fossilisées, interrogent la relation complexe entre l’homme et la nature. 

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

 Une salle intitulée «Routes maritimes » plonge le visiteur dans l’époque minoenne et mycénienne. La mobilité des populations, des produits et des idées grâce aux routes maritimes y est centrale. C’est une problématique dont Stratis Vogiatzis est très proche. Ces quatre dernières années, il a voyagé en Grèce et à travers la Méditerranée en photographiant le monde dans lequel vivent les pêcheurs. Il y a découvert un univers particulier, où les hommes tentent de dompter la mer et où « les gens de la mer », comme disait Proust, tentent d’aller au-delà de leurs faiblesses.  

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

La période archaïque est représentée par le mythe naval de l’Odyssée. La volonté d’explorer les mers, de trouver un nouveau monde et de commencer une nouvelle vie est née il y a des millénaires, mais les photos de Leonidas Toumpanos démontrent qu’elle est toujours d’actualité. Toumpanos a ainsi photographié, dans l’aéroport d’Athènes, des immigrés originaires du Pakistan, du Bangladesh et du Maroc  résolus à abandonner leur vie en Grèce et à s’envoler pour le retour au pays natal.  La légendaire Athènes, source de pouvoir et de richesse, est confrontée aux sculptures d’Alexandra Athanasiadis  qui a travaillé des morceaux de bois, récupérés de naufrages et rongés par le sel, contrastant avec les torses en marbre de jadis. Ah les beaux chevaux!

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

 Après le thème de « l’Hégémonie », celui de l’intégration politique et culturelle, la salle « Ecumène », est consacrée à la Macédoine et Alexandre le Grand. L’une des œuvres les plus frappantes est sans doute celle d’ Eftichis Patsourakis. L’artiste recrée l’image du monde en juxtaposant des paysages marins de peintres anonymes et en constituant ainsi un seul horizon. Sa création est une réflexion sur les concepts du collectivisme et du mélange interculturel.  Dans l’Antiquité, les Grecs considéraient la Méditerranée comme un pont entre les peuples qui vivent sur son pourtour.  A chaque escale, les artistes contemporains de cette exposition viennent compléter les perspectives historiques, jeter eux aussi un pont vers un passé commun que l’on tend de plus en plus à ignorer. Les thèmes tels que la mobilité, la migration, la communication et l’écologie  sont omniprésents. Nikos Markou braque son objectif sur le navire échoué au large d’Eleusis.

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

Enfin, le visiteur retrouve toutes les périodes confondues dans la salle dédiée à la religion, aux rites et aux mythologies maritimes. Marios Spiliopoulos donne une version moderne des croyances des marins de Syros qui écrivaient des  prières et des vœux dédiés au panthéon maritime  sur les rochers de l’île avant de monter à bord. L’œuvre de Spiliopoulos mélange des inscriptions antiques avec des inscriptions byzantines du 13ème siècle reprenant différentes façons de nommer Dieu devant l’image de l’infinité de la mer lorsqu’il contemple le Divin.

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

12272991296?profile=originalA l’heure de l’asphyxie lente mais inexorable de la culture humaniste et gréco-romaine  dans les écoles de nos pays, il est fort utile d’aller se plonger dans cette exposition qui exalte ces pépites précieuses de notre civilisation parées d'un parfum d’éternité tandis que des artistes modernes courageux offrent leur sensibilité et jettent une lumière à la fois  nostalgique et heureuse sur une culture qui a fait la nôtre. L'héritage gréco-romain est la matrice de toutes les langues et littératures de nos contrées européennes. Retour à la salle 1, nommée « Genèse ».

12272992087?profile=originalLe 14 janvier 2014, la Présidence hellénique était officiellement inaugurée avec Armonia Atenea, un concert sous la direction de George Petrou. Cette fois un pont était jeté entre des œuvres de  musique baroque sur des thèmes mythologiques par des artistes extraordinairement brillants et juvéniles. Le message du  ministre grec de la culture Panos Panagiotopoulos « La crise économique et tout ce qui s’est passé et continue de se passer nous fait nous sentir plus Grecs, plus Européens et finalement plus citoyens du monde » traduit certes la nécessité d’un esprit de solidarité globale.

Ce programme de musique autour du XVIIIe européen mêlant Händel, Hasse, Gluck et Vivaldi  a été pris en charge par un ensemble athénien fondé en 1991, Armonia Atenea, reconnu sur la scène internationale depuis de nombreuses années pour sa virtuosité et ses couleurs exceptionnelles. À sa tête, le jeune chef grec, George Petrou, considéré comme l’un des plus grands chefs händéliens. Une découverte !

 

Armonia Atenea

George Petrou direction

Myrsini Margariti soprano

Mary-Ellen Nesi mezzo

Irini Karaianni mezzo

Georg Friedrich Händel Ouverture (Alessandro, HWV 21), Aria "Se nel bosco" (Arianna in Creta, HWV 32), Recitativo & aria "Dove son - qui ti sfido" (Arianna in Creta, HWV 32)

Johann Adolf Hasse Sinfonia (Artemisia)

Johann Christian Bach Aria "Ch'io parta" (Temisctocle)

Giovanni Paisiello Recitativo & duet "E mi lasci cosi ? Ne giorni tuoi felici" (L'Olimpiade), Terzetto "Sciogli oh Dio le sue catene" (L'Olimpiade)

Jean-Baptiste Lully Suite (Phaeton)

Antonio Vivaldi Aria "Vedro con mio diletto" (Il Giustino, RV 717), Aria "Siam navi" (L'Olimpiade, RV 725)

Christoph Willibald von Gluck Dance of the blessed spirits - Dance of the furies (Orphée), Recitativo & aria "Ma fille, Jupiter" (Iphigénie en Aulide)

http://www.bozar.be/activity.php?id=14292&selectiondate=2014-01-14

L%2525E2%252580%252599exposition%252520rassemble%252520une%252520centaine%252520d%2525E2%252580%252599%2525C5%252593uvres%252520et%252520d%2525E2%252580%252599objets%252520historiques%25252C%252520accompagn%2525C3%2525A9s%252520de%25252023%252520%2525C5%252593uvres%252520d%2525E2%252580%252599art%252520contemporain%25252C%252520esquissant%252520la%252520culture%252520et%252520la%252520civilisation%252520grecques%252520%2525C3%2525A0%252520travers%252520les%252520si%2525C3%2525A8cles%25252C%252520sur%252520le%252520th%2525C3%2525A8me%252520de%252520la%252520mer..jpg

https://www.rtbf.be/culture/galeries/detail_rtbfculture_expos_nautilus?albumId=19114

http://www.bozar.be/activity.php?id=14253&lng=fr

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272976692?profile=original12272977453?profile=original12272979888?profile=original12272980084?profile=originalLe  nouveau Musée de Bruxelles :  le « Musée Le Fin-de-Siècle Museum »

Après l'inauguration en 2009 du « Musée Magritte»,  dont les recettes témoignent de l’excellente santé touristique, voici  enfin inauguré depuis le 6 décembre 213, le « Musée Le Fin-de-Siècle Museum ».

Il fait partie des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).   Il a pris ses quartiers dans les salles de l'ancien Musée d'Art moderne qui n'avaient plus été rénové depuis 1989 et fut  fermé depuis février 2011. De nombreuses plaintes se sont succédées, estimant que Bruxelles, capitale de l’Europe, se devait de  posséder un musée d’Art moderne digne de ce nom.

12272978275?profile=originalCONSTANT MONTALD, Nymphes dansant, v. 1898, huile et détrempe sur toile.

 Enfin !  Plus de 400 œuvres allant de 1865 (date de la fondation du  cercle artistique la Société libre des Beaux-Arts) à 1914  sont désormais exposées sur quatre niveaux et  un espace de 4.500 mètres carrés. Nous  ne possédons pas comme en France  la verrière lumineuse  d’une  gare d’Orsay pour accueillir les merveilles de nos années 1900 mais vous viendrez  néanmoins admirer des  artistes comme Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, James Ensor, Fernand Khnopff et son célèbre tableau énigmatique « Les caresses », Léon Spilliaert, Victor Horta, Octave Maus, Henri Van de Velde, Maurice Kufferath, Guillaume Lekeu... Vous découvrirez les instants fugitifs et grandioses des marines de Louis Artan.  De belles  confluences se retrouvent avec des œuvres d’artistes étrangers tels que  Paul Gauguin, Auguste Rodin, Georges Seurat ou Pierre Bonnard.

12272980893?profile=originalPierre Bonnard : « Nu à contre-jour », ca. 1908

Cette  nouvelle institution culturelle belge met en évidence une  Belgique des plus rayonnantes sur le plan culturel à cette brillante époque et se veut très éclectique. Une des  salles est aussi  prévue pour des expositions  temporaires. Cette salle accueille dès aujourd’hui la dernière (26e) exposition à ouvrir ses portes  dans le cadre d’Europalia. Une exposition consacrée à  des photographes d’époque qui ont rapporté vers l’Occident les premières photos du Taj Mahal et de la vie quotidienne en Inde  en 1900.

Une section entière de cette entité muséale est consacrée à 230 œuvres Art-déco issues de la collection cédée par la famille Gillion Crowet  qui seront exposées en permanence dans ce nouveau musée : vaisselle, mobilier, vases d’une incomparable beauté. Cet ancien ensemble privé regroupe plus de 100 verreries (Gallé, Decorchemont, Daum, Val Saint-Lambert), des pièces d’orfèvreries (Wolfers), de mobilier (Majorelle, Gallé et Horta) et de nombreux tableaux (Khnopff, Mellery, Carlos Schwabe, Mossa et Delville). Un don d'un million d'euros a permis de dessiner l'architecture de la salle et la collection est estimée à 20 millions d'euros. Une salle entière est consacrée à James Ensor. Une autre à Spilliaert.

 Le caractère pluridisciplinaire est évident. C’est ce qui attire  en particulier le visiteur étranger.  La Monnaie a prêté des enregistrements et des maquettes sur l’opéra de l’époque. Le musée du Cinquantenaire prête une partie de sa collection de photographies anciennes. La Bibliothèque Royale expose de précieux documents littéraires. La Cinematek projette de petits films du début du 20e siècle. Des écrans tactiles permettent d’explorer des édifices Art-Nouveau caractéristiques de la Fin-de-Siècle dont la bourgeoisie florissante de l’époque s’enorgueillit et se passionne.

12272977488?profile=originalEugène LAERMANS (1864 - 1940), Les émigrants, 1894, Huile sur toile, 150 x 211

De l’impressionnisme au  réalisme social de Constantin Meunier et d’Eugène Laermans ou de Léon Frédéric, au post-impressionnisme, partout souffle l’esprit d’avant-garde de l’époque. Tandis que l’onirisme des  nymphes gracieuses du peintre symboliste  Constant Montald  fait rêver et songer à ce que peut être un âge d’or. « Age éblouissant mêlant décadence et espoir, splendeur et mélancolie, l’art «fin-de-siècle» rassemble un grand nombre de chefs-d'œuvre de la création belge et européenne entre 1880 et 1914, dans les différentes disciplines artistiques (la peinture, l’architecture, la photographie, les arts décoratifs, la littérature, l’opéra et la musique). » L’objectif  a été  de redéployer les collections fédérales en unités muséales précise Michel Draguet, directeur général des Musées Royaux des Beaux-Arts et de présenter Bruxelles au visiteur  comme le carrefour  de l’effervescence créative  de l’Europe. Le salon des XX (1883-1894) et La Libre esthétique (1894-1914) des courants particulièrement ouverts sur les artistes étrangers.

12272978071?profile=original

Fernand KHNOPFF (1858 - 1921), Des caresses, 1896, Huile sur toile, 50.5 x151

La réorganisation des collections publiques se poursuivra avec l'inauguration en 2016 d'un nouveau musée consacré aux œuvres postérieures à 1914, a assuré Michel Draguet. Cela étant, de nombreuses instances culturelles continuent à  déplorer le manque de moyens financiers et humains  mis à la disposition des musées pour entretenir les trésors inestimables  que recèlent leurs caves, où la conservation même des œuvres devient un sérieux problème. Les infrastructures ouvertes au public sont elles aussi menacées par la vétusté  … ou les  infiltrations d’eau. On est encore sous le coup de la fermeture de la splendide exposition L'HERITAGE de Rogier van der Weyden  qu’il a fallu fermer précipitamment  après quelques semaines à peine  d’ouverture,  pour cause d’insalubrité pour les œuvres exposées.  L'œuvre d'une vie de deux chercheuses émérites, le Dr Véronique Bücken et le Dr Griet Steyaert.   Hélas, on ne peut imputer ces situations dramatiques  qu’à  à la  complexité  du système de gestion mais surtout à  un manque chronique d’intérêt de la part des instances politiques.  

 12272979296?profile=original

Paul Gauguin, Le calvaire breton, Le Christ vert, 1889

Huile sur toile, 92 x 73,5 cm © MRBAB, SABAM 2011, [Photo d'art Speltdoorn & Fils]

 

http://www.fine-arts-museum.be/fr/les-musees/musee-fin-de-siecle-museum

Musée Fin-de-Siècle Museum

rue de la Régence, 3
1000 Bruxelles
+32 (0)2 508 32 11
http://www.fin-de-siecle-museum.be
info@fine-arts-museum.be
Itinéraire

http://visitbrussels.be/bitc/static/front/img/db/ContentArticle_408/img_6882.pdf

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272955668?profile=originalOn est au cinéma! Et quatre personnages vont crever l’écran, en live ! Ils jouent la Chose debout contre la toile et parfois, juchés sur des tabourets. C’est leur âme et leur sensualité qui feront le reste! Pas le moindre artifice ou accessoire, juste des jeux d'ombres et de lumière très parlants. L’essentiel : un lent crescendo vers un aveu difficile pour les femmes et encore plus pour les hommes. Les deux jeunes couples sont craquants de sincérité et … de mauvaise foi. Ils sont tous amoureux à leur façon, là n’est pas la question, leur intention à chacun  est de faire plaisir à l’autre,  mais il y a un hic : leur plaisir à chacun  est … mitigé. Culpabilité à la clé.

12272955487?profile=originalLa société accommode le sexe, sujet rabattu, à toutes les sauces. De la publicité à l’art de vivre, le sexe est omniprésent et une réalité qui touche de plus en plus jeune. Mais quoi ? Il reste un vrai mystère. Il fallait oser le dire. C’est le parti qu’a pris Susann Heenen-Wolff, docteur en philosophie et psychanalyste clinicienne en écrivant cette pièce de théâtre pour disséquer adroitement ce sujet encore fort tabou malgré son étalage médiatique. Ce qu’on connait ne fait-il pas moins peur, c’est sans doute le mobile qui a poussé la psychanalyste à prendre la plume ?  Une écriture très humoristique et à la fois très  pédagogique, documentée, truffée de citations éclairantes qui passent très bien la rampe. Elle explique : «  Depuis longtemps, on parle dans les revues conçues pour femmes de leurs difficultés spécifiques à atteindre l’orgasme par la seule pénétration. Mais on a beau expliquer les raisons de ce « trouble », on a beau proposer des « traitements » pour y remédier ( cure psychanalytique , thérapie sexologique , thérapies d’inspiration féministe), il semble que cette difficulté reste bien présente et soit plutôt structurelle : il ne s’agit donc pas d’un « trouble » qui relève d’une histoire individuelle, mais qui se niche dans la nature même de la sexualité de la femme... »

 « Tout le monde ment. Bien mentir, voilà ce qu'il faut. » dirait Albert Camus.  On se ment à soi-même pour se consoler et  à l’autre, pour faire plaisir! Mais l’auteur s’en abstient. Au contraire, vous reconnaitrez dans les dialogues la vérité du vécu,  la petite phrase anodine qui pourrait être prononcée par n’importe qui, homme ou femme… « Dommage que tu veuilles toujours dominer… » Elle ne croit pas si bien dire l’importance du verbe, l’importance de l’imagination, d’autres approches. Face au noir ou blanc, il y a la recherche de toutes les nuances de gris…. Celles que l’on retrouve dans les marbres miroitants du Taj  Mahal…12272956081?profile=originalpour ne pas rester de marbre ! Comme en politique, chaque mot a son importance.

Sur scène, on revoit avec un plaisir immodéré   Stéphanie Van Vyve dans le rôle de Charlotte. Elle fut Fantine dans les Misérables joués au pied de la butte du Lion de Waterloo. Elle a mis en scène et joué Diotime et les lions d’Henry Bauchau. On retrouve avec émotion le très nervalien (El Desdichado ?) Fabrice Rodriguez (applaudi dans Hammelin). Ils sont tous  deux ici des comédiens merveilleusement complémentaires. L’autre couple composé de Mathilde Rault et de Quentin Minon, n’ont rien à leur envier. La connivence du quatuor est si évidente que l’on pourrait croire qu’ils improvisent sur scène. Voilà donc  un travail d’équipe exemplaire.  

12272956279?profile=originalEn dehors de l’excellence absolue de son casting, la metteuse en scène, Christine Delmotte a plus d’une corde à son arc. Qu’on se souvienne avec délices de plusieurs de ses productions comme  Le sabotage amoureux ou  La comédie des illusions.  Elle rentre dans l’abîme du sujet par la lecture de citations très instructives d’une masse d’auteurs qui se sont intéressés à « la Chose ». Lunettes au bout du nez, Sandrine, l’un des personnages,  fait doctement la lecture aux autres sur sa main, à la façon d’enfants qui jouent… « Sandrine prend son carnet dans son sac » : en effet,  les notations scéniques – les didascalies - sont récitées face au public comme si cela pouvait aider le spectateur à se distancier un peu du sujet brûlant.  Car tout le reste est d’une intimité brûlante. Les supports musicaux sont d’une actualité  flagrante mais on ne vous dévoilera rien !

Vous voulez une phrase de mecs ? « On ne peut pas parler d’autre chose ? » Et vous aurez tout compris !  Les personnages s’animent et se figent quand la tension devient trop forte, gelés ou bouillants de l’envie de comprendre et de savoir, mais jamais ils ne quittent vraiment la scène. Adultes, ils égrènent (face au public encore) tout ce qui se dit et se fait  dans la vie sociale codifiée bon chic bon genre. Authentiques,  ils  se dévoilent avec tendresse retrouvée  lorsqu’ils jouent entre eux l’intimité souvent tue par dérision. Vous l’aurez compris, ce spectacle fourmille de nuances. Il est enraciné dans le bon goût et la recherche généreuse du bonheur de l’autre. Et les joueurs de bridge seront aux anges. Car le but de ce jeu n’es-il pas de jouer le plus intelligemment possible avec le jeu qui vous est donné, sans faire confiance au hasard ou à la chance ?  Un jeu où l’on peut gagner, sans avoir toujours  les meilleures cartes ?

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece1.html 

&

http://www.biloxi48.be/spectacle_Je_mens_tu_mens.php 


"Je mens, tu mens!" Crédit photo Anna Giolo
        Du 25/09 au 26/10/2013

Les mardi et le samedi 19/10 à 19h
Du mercredi au samedi à 20h15
Dimanches 29/09 et 13/10 à 16h

12272956869?profile=originalAu Théâtre de la place des Martyrs
22, place des Martyrs
1000 Bruxelles

Lire la suite...
administrateur théâtres

Victor Hugo écrivit "Ruy Blas" en 1838 pour dénoncer l’emprise des nantis sur les biens d’État, et en fit un spectacle intense de  théâtre engagé qui condamne la corruption de la classe dominante. En même temps, Victor Hugo rompait avec toute la tradition du classicisme, jetant aux orties les notions d’unité de temps, d’espace, et de lieu et jetant sur les planches toute la dynamique flamboyante du romanesque. La mise en scène de Frédéric Dussenne rétablit ces mêmes notions d’unité, de temps d’espace et de lieu, empêchant toute évasion hors de son terrible huis-clos.

"Ô Ministres Intègres"  de Frédéric Dussenne est un élixir puissant et étourdissant qui se révèle être une psalmodie brutale et rude  de l’indignation que l’on peut sentir monter du monde  à chaque siècle, au sein des classes défavorisées. Le romanesque n’a plus lieu.  Supprimée la cour d’Espagne et ses fastes, pas le moindre ruban ou costume d’époque, aucune trace de la comédie hugolienne, même le découpage dramaturgique en 5 actes s’est évanoui. Réduction pour quatre personnages: Don Salluste, Ruy Blas, Don César, La Reine.

 

12272955057?profile=originalLe public est assis sur des chaises pliantes  au milieu de l’arène où tournent inlassablement les quatre personnages survivants du Ruy Blas de Victor Hugo et leurs flots de paroles envenimées. La scansion classique et l’alexandrin se mêle au Rap moderne… L’effet est saisissant. Le plaisir d’écoute est  un peu éborgné vu la vitesse du débit incessant. Les personnages marchent en rondes énervées parmi des spectateurs inquiets. La parole déferle, comme si elle avait été longtemps bridée. Il manque sans doute des respirations, des pauses, de la comédie. Où que l’on porte les yeux, le regard bute sur l’emprisonnement des murs austères de brique nue, sans la moindre fenêtre sur le ciel. C’est l’unique décor.

  Mais ce tribunal ambulant jette une lumière  aveuglante sur la bassesse de la vengeance personnelle de Don Salluste,  un « grand » disgracié par la Reine. Il est manipulateur,  faussement cordial et fait preuve d’égoïsme totalement malfaisant. Par contraste, le personnage de Ruy Blas (Saïd Jaafari) est émouvant. Lui, le consolateur bohême, amoureux de la reine et de ses bontés pour le menu peuple; complice malgré lui de ce Don Salluste (Jérémie Siska),  qui est  passé maître en corruption et  le symbole parfait de l’ignominie d’une classe dominante dénuée de  scrupules. Ruy Blas est  le symbole des sentiments purs et du désir égalitaire. « Oui je le sais, la faim est une porte basse / Et par nécessité lorsqu’il faut qu’il y passe, / Le plus grand est celui qui se courbe le plus. » soupire Don César, (Juan Martinez)  qui refuse d’aider Don Salluste dans son complot destructeur contre la Reine.

 

 Lorsque la Reine (Louise Manteau), victime, en jeans et en chemise comme les autres, apparaît dans le tableau tourbillonnant, on croirait qu’elle vient de déguster une quiche salade de l’autre côté de la paroi invisible qui sépare le théâtre, de la vie. Ses paroles immatérielles jaillissent aussi de son regard bleu et  fixe parfois, comme une eau qui désespérément cherche à se frayer un chemin loin de la méchanceté, vers la lumière. Elle n’est pas coiffée et ne porte aucun maquillage. Elle superpose le théâtre et la vie sans la moindre retouche. Et le quatuor de tournoyer comme une montre ancienne que l’on remonte à vide. Reste le goût persistant du fiel de la colère du monde en trois approches complémentaires: le drame (Don Salluste), la comédie (Don César) et la tragédie (Ruy Blas). Trois modes de réflexion: l’action, l’humain et le philosophique. Et une femme, victime d’un ignoble chantage. La vie?

02 219 11 86

Description : cid:image001.jpg@01CE77DF.91EA3220
rue traversière 45
1210 Bruxelles

www.theatredelavie.be

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272887474?profile=originalLes deux gentilshommes de Vérone de W. Shakespeare au théâtre le Public

 

Fraîcheur In Tenebris, avec délices. Les ténèbres du temps ou  les ténèbres de l’époque, c’est selon. Un bord de scène  vaste et ensablé comme un bord de mer, protégé par la rampe d’une digue, et des vagues  qui mugissent dans la belle lumière méridionale. Serait-on dans une Bruges-la-morte italienne ? Ou « seulement » dans l’imaginaire fantaisiste du jeune Shakespeare ?  Au bord de la plage surréaliste,  rien d’autre qu’un lit en fer forgé pour représenter  trois lieux : Vérone, Milan et les bois de limitrophes de Mantoue entouré de vagues.  La mer, la plage sont le creuset naturel de l’éclosion des sentiments d’amour chez les  jeunes adolescents …et les jeunes comédiens que l’on croirait à peine sortis du Conservatoire s’y ébattront  devant nos yeux étoilés, avec  délices.

Les comédiens promènent leurs allures  désinvoltes et enjouées de  jeunesse éternelle. Eternelle surtout dans le sens où, que ce soit le XVIème siècle ou le nôtre,  toutes les marques de  vitalité, de  sensualité et d’ingéniosité et de frivolité adolescente sont présentes. Voici un spectacle efficace, dynamique et assumé. On semblait au début  flotter agréablement  dans le rêve de bonheur,  une sorte d’âge d’or, de paradis, où l’amour est loi et où la trahison n’a jamais lieu.  Sauf que - c’est SHAKESPEARE qui nous le dit -  : le ver est dans le bouton de rose, et rien n’y fait, c’est le lot de la condition humaine.  C’est aussi sans compter avec l’inconstance masculine.  L’exquise Julia, délaissée par Proteo son amoureux parti rejoindre son ami Valentin (Julien Vargas) à la découverte du monde et des richesses à Milan, devra se déguiser en page et tenter avec retenue et sagesse, de renouer l’amour perdu. Un thème qui peut sembler familier à beaucoup.   Détail piquant que celui de la jeune femme débordante de féminité qui doit s’habiller en homme. C’est une  première dans le théâtre Elisabéthain. Et quel bout de femme direz-vous ! C’est la même comédienne éblouissante que l’on a vu jouer récemment dans « l’Eveil du printemps » au théâtre le Public sous la direction de Jasmina Douieb. Sherine Seyad explose de vie, d’enthousiasme et de générosité.  « Croquez la Vie  à belles dents ! » semble-t-elle dire en vous regardant! Dans le texte, elle s’exclame sans honte : « Il est bien moins honteux pour une femme de changer d'habit, qu'il ne l'est pour un homme de changer d’âme ». Et elle a raison. La tendresse vivifiante a raison. Elle a raison, de préférer le pardon aux invectives délétères.

Mais il y a toute une bande de jeunes fauves aussi craquants et butineurs autour de Julia et de sa servante sulfureuse (Aurélie Trivillin). A commencer par le Proteo (Baptiste Blampain) qui rejoint son ami Valentin au palais du duc et  tombe éperdument amoureux de Silvia. L’amour est aveugle, il va tenter sans vergogne de l’enlever à ses deux admirateurs : Valentin (qui avait pourtant juré de ne jamais tomber amoureux) et Thurio   le galant un peu idiot et de triste compagnie choisi par le père un peu guindé (Philippe Vuilleumier). Le prétendant grotesque  est admirablement campé par l’excellent Vincent Sauvagnac. Et il y a l’impayable  couple de serviteurs bouffons des deux gentlemen, Launce et Speed. Speed : on ne peut pas faire plus moderne (Alexis Julemont). Launce (Real Siellez)  est le maître humoristique absolu - pecking order oblige !-  d’un chien mal léché et malappris qui moque à grands renforts de pitreries  les grands de ce monde. Des moments où la salle entière bouillonne de vagues de  rires. Il y a des brigands masqués et il y a la grande Sylvia (Jeanne Kacenelenbogen), décidément une grande dame : « Pourquoi n'aimez-vous point celle qui vous aime? Repense à ta Julia ! Tu lui dois mille serments. Tu n’as plus de parole, à moins que tu n'en aies deux, ce qui est pire que de ne pas en avoir. Quand la foi est double, il y en a une de trop. N'as-tu pas trahi ton meilleur ami? » Le texte modernisé au passage, garde quelques succulents subjonctifs imparfaits et reste jubilatoire comme il se doit. La comédie bat son plein. On repart de là ayant fait le plein d’un lavis intense de  bonheur de jeu  et d’accords de guitare.  

Robert Bouvier est le metteur en scène passionné, aidé de la très belle  distribution suivante :

Baptiste Blampain | Protée

Mirko Dallacasagrande | Le musicien

Alexis Julemont | Speed, Eglamour, brigand Mario

Jeanne Kacenelenbogen | Silvia

Gilles Masson | Le musicien, brigand Beppe, Pantino

 Vincent Sauvagnac | Thurio, Pantino

Sherine Seyad | Julia

Real Siellez | Launce, brigand Lino

Aurélie Trivillin | Lucette, Gina, brigand Moïse

Julien Vargas | Valentin

 Philippe Vuilleumier | Duc de Milan, Antonio

Scénographie, costumes Cécile Balate, Delphine Coërs, Lumières Jonas Bühler, 

Musique Mirko Dallacasagrande, Aureliano Marin, Stéphane Roethlisberger,

Univers sonore Julien Baillod

Coproduction Compagnie du Passage – Neuchâtel / Théâtre Le Public – Bruxelles

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=323&type=1

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272874699?profile=original

KANDINSKY & RUSSIA, Du 8 mars au 30 juin 2013 aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

 

Scène russe, Dimanche (Vieille Russie), 1903 - 1904 Tempera sur carton, 23 x 54,7 cm Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris Legs Nina Kandinsky, 1981© Adagp, Paris

 

C’est la première fois que cette collection de 150 œuvres sera montrée en Belgique. Elle témoigne de la complexité d’un artiste habité à la fois par le courant symboliste russe, la culture grecque, la métaphysique allemande, la spiritualité orthodoxe et l’ésotérisme.

De double ascendance mongole et slave, Kandinsky  est né à Moscou en 1866 et passe son enfance au sein d’une  une famille aisée à Odessa. Il suit des cours de musique, d’allemand, achète ses premières couleurs…voyage.  En 1886 il choisit  des études de droit et d’économie politique. En  1889, il participe à un voyage d’étude dans la province de Vologda, à 500 Km de Moscou, pour étudier les coutumes relatives au droit paysan. C’est là qu’il a  son premier éblouissement  artistique en visitant une isba

 

« Jamais dans ma mémoire je n’oublierai les grandes isbas de bois à deux étages avec leur samovar brillant à la fenêtre… »

Kandinsky évoquera ce voyage plus tard dans ses Rückblicke (Regards sur le passé): « Je n’oublierai jamais les grandes maisons de bois couvertes de sculptures. […] Elles m’apprirent à me mouvoir au sein même du tableau, à vivre dans le tableau. Je me souviens encore qu’entrant pour la première fois dans la salle, je restais figé sur place devant un tableau aussi inattendu. La table, les coffres, le grand poêle, qui tiennent une place importante dans la maison du paysan russe, les armoires, chaque objet, étaient peints d’ornements bariolés étalés à grands traits. Sur les murs, des images populaires, les représentations symboliques d’un héros, une bataille, l’illustration d’un chant populaire. […] Lorsqu’enfin j’entrai dans la pièce, je me sentis environné de tous côtés par la peinture dans laquelle j’avais pénétré. […] C’est à travers ces impressions vraisemblablement, et non autrement, que prit corps en moi ce que je souhaitais, le but que je fixai pour mon art personnel. »

Il a  pu contempler en face le miracle de la spiritualité qui émerge de la vision qu’il a eue. Le coin rouge  dont le nom signifie  en russe « bel angle rouge » était rempli d' icônes, d’images accrochées peintes ou imprimées. Une petite lampe rouge brillant fidèlement pour le recueillement.  Il décide alors que ses tableaux devront recréer la même impression magique qu’il a ressentie dans l’isba  le jour de cette visite mythique. Un vibrant appel spirituel semble fuser des icônes à fond doré qui peuplent sa vie intérieure. Il s’agit d’un regard vivant qui semble être enchâssé dans la forme.

En 1896 il refuse une chaire de droit en Russie et commence  des études de peinture à l’âge de 30 ans à Munich où il étudie à l’Académie des Beaux-Arts.

 Pendant l'été 1911, Kandinsky a l'idée de constituer un recueil de textes sur l'art moderne avec ses amis artistes à Munich. Avec Franz Marc  il choisit le titre : Der blaue Reiter. En effet  les deux artistes adorent  le bleu. C’est la masculinité, et la spiritualité. Tous deux sont à la recherche de l’être absolu.  Marc aimait les chevaux, et lui les cavaliers. Kandinsky aimait beaucoup la figure du chevalier et en particulier celle de Saint-Georges terrassant le dragon, héritage du Saint-Empire romain germanique. Pour Wassily, le cavalier représente  l’artiste libéré du passé et du carcan des traditions. Le cheval représente le talent de l’artiste. Il porte le cavalier avec impétuosité et vitesse, mais  c’est au cavalier de guider sa monture.  L'artiste doit apprendre à connaître de mieux en mieux ses compétences et repousser ses limites  comme le cavalier le fait avec son cheval. Ces artistes voudraient imaginer un art qui ne connaîtrait « ni peuple, ni frontière, mais la seule humanité.»

12272875273?profile=original

 C’est en 1911 que Kandinsky peint « Tableau avec cercle » (Bild mit Kreiss) un tableau  en provenance du Musée des Beaux-arts de Tbilissi en  Géorgie. Un cas isolé dans la production d’alors mais néanmoins la première peinture à l’huile abstraite de l’art européen.  L’œuvre porte au dos  l’inscription « première peinture non objective ». Kandinsky est mal à l’aise avec cette œuvre qui rompt avec toute forme et n’est que jaillissement de mouvements et de couleurs. L'avènement d'un nouvel âge, celui de l'esprit pur? Sorte d'apocalypse joyeuse qui transformerait l'ensemble de l'Univers.  Une expérience de l’artiste initié proche de l’expérience du shamanisme. L’objectif de l’art est d’avoir une compréhension élargie du monde où nous vivons.  

12272875298?profile=originalLa toile « Saint Georges II » (1911) s’inscrit dans les débuts de la période abstraite, au moment de la création simultanée des « Improvisations » et des « Compositions ». L’Improvisation trouve ses sources dans des souvenirs épars, des impressions de la « nature intérieure », c’est-à dire inconsciente et spontanée. L’Impression trouve son origine dans l’impression directe de la nature et la Composition est une création consciente souvent précédée de nombreuses études. L’artiste rompt totalement avec la représentation mimétique des objets. Explosions de formes, contrastes éclatants de couleurs, arcs puissants, énergie impétueuse. Dissonances presque musicales, à l'instar de celles de Schönberg.   Dans  son manifeste « Du spirituel dans l’art » Kandinsky comparait «  l’état d’âme en train de s’éveiller à  un point de lumière qu’elle entrevoit dans un immense cercle noir. »

Ci-dessous, « Improvisation 11 » 1910

12272875673?profile=original

L’exposition rassemble environ cinquante « œuvres perdues », provenant du Musée d’Etat de Saint-Pétersbourg, de musées  provinciaux russes et de collections privées ainsi que du Centre Pompidou. Elle recouvre la période comprise entre les années 1901 et 1922, quand Kandinsky quitte définitivement la Russie Soviétique après avoir été un partisan dans les premières années de la révolution. L’ombre totalitaire plane sur les artistes et son rêve de fraternisation s'écroule car il appartient à une bourgeoisie en voie d'éradication. De cette époque (1918) datent quelques  ravissantes peintures sur verre,  illustrant des contes et légendes.  Des petits bijoux romantiques au charme désuet de style Biedermeier: « Nuage blanc», « Amazone dans la montagne », « Nuage doré »  sont en provenance du Musée Russe de Saint-Pétersbourg.   Il se trouve en porte à faux avec les révolutionnaires, alors qu'il est commis à la réorganisation des musées. Il accepte donc  la charge qui lui est offerte en Allemagne par Walter Gropius: enseigner au Bauhaus aux côtés de Paul Klee. A la fermeture du Bauhaus, taxé « d’art dégénéré »  par les nazis en 1933, il émigre alors en France et y vit le reste de sa vie, acquérant la nationalité française en 1939. Il s'éteint à Neuilly-sur-Seine en 1944, laissant derrière lui une œuvre fantastique.12272875476?profile=original

12272875878?profile=original

L'exposition consacre une section fascinante aux racines visuelles et conceptuelles qui forment la base de l'œuvre de Kandinsky, l’univers des objets du folklore scythe, l’univers des contes (animaux mythiques, sorcières chevaliers et princesses) et de la musique russe (Rimsky Korsakov). Kandinsky est intimement attaché à la tradition culturelle russe et l’intériorise particulièrement lors de son exil définitif. L’orthodoxie de l’icône chevauche la fiction littéraire des contes et légendes de la grande Russie et constituent la fabrique de son imaginaire.   Cette section   regorge d'objets rares appartenant au shaman ou à la vie paysanne.

En conclusion, l’exposition retrace tout  le cheminement artistique de Kandinsky avec comme point de départ les peintures conçues dans l’ambiance symboliste et poursuit avec celles de la période de Murnau (Munich)… Ci- dessous deux : « Murnau, Paysage d'été » , 190912272876899?profile=original

12272876688?profile=originalavant l’explosion de l’abstraction.  Sont exposées également des œuvres de Gabriele Munter, Alex Jawlensky, Marianne Werefkin et Arnold Schönberg). Sans oublier d’autres compatriotes russes comme Mikhail Larionov, Natalia Gontcharova, Kazimir Malevitch, Nicholas Roerich, Mikhail Vroubel et Ivan Bilibine. Une mine d’or de L’ART RUSSE  et une  large main tendue vers L’EUROPE.

12272877477?profile=originalAnonyme, « Icône du Mandylion »  (Sainte Face) XVIe siècle12272878299?profile=original

« Composition sur fond blanc » 1920

Pour finir, Les Musées royaux des Beaux-Arts n’oublient pas leur public jeunesse. Les trente premiers numéros de l’audioguide sont destinés aux enfants de 6 à 12 ans (et plus, pour ceux qui ont gardé leur âme d’enfant!) afin de mieux apprécier les œuvres ...exposées à leur hauteur ! De la musique russe de l’époque de Kandinsky et des contes merveilleux y ont été intégrés avec bonheur.  On vous recommande l'histoire du Tsar Saltan. Le magnifique catalogue, très attrayant et informatif est un outil précieux à celui qui veut se plonger dans les racines de l’art abstrait en Europe.

Détails utiles : 02 508 32 11 – www.fine-arts-www.museum.be

  • lieu: 3 rue de la Régence - 1000 Bruxelles
  • dates et heures: Du 8 mars au 30 juin 2013 (fermeture  le 1er mai)
  • Du mardi au dimanche de 10h à 18h30  (dernière entrée à 17h), avec des nocturnes les mercredis de 18h30 à 20h (dernière entrée à 18h30)

et aussi

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20130308_002  où vous pouvez trouver une  charmante vidéo faite le jour de la conférence de presse par un jeune  journaliste canadien.  

 


 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272775258?profile=originalTo the ones I love

Sept notes? Noires, blanches?  Voilà tout ce qu’il faut pour fabriquer l’harmonie la plus pure, la plus austère et la plus éblouissante , cette musique  de Jean-Sébastien Bach, maître du recueillement. Premier cadeau de la soirée, on écoutera les yeux grands ouverts, un merveilleux florilège de ses plus beaux morceaux.

Les yeux grands ouverts, car voici une constellation de neuf notes noires en torse nus et pantalon gris perle qui voltigeront sur portées blanches, ces caissons aux arêtes vives dont la blancheur glisse sans aucun  bruit, sur un plateau éblouissant. Une page blanche, illimitée.

Au début, un premier danseur déploie un premier solo sur caisson. Surprise des figures félines effectuées dans une lenteur coulée et harmonieuse. A travers le décor sonore, Bach paraît, éteignant les bruits du monde.  La proposition est belle comme une cantate jouée dans la jungle. Salutations au soleil, esquisses guerrières, rêves de chasseurs, révoltes d’esclaves ?  Les autres danseurs réarrangent les longues banquettes et s’asseyent un à un dans une invitation à la sérénité, leurs dos magnifiques tournés vers le public, eux faisant  face à l’immensité bleue de l’écran. Cela a la beauté d’une prière. Le métissage des carnations est un appel d’émotion.   Rien que ce premier tableau est saisissant.

Magiques, trois T-Shirts rouges apparaissent sur les dos musclés, brillants d’humanité,  sculptés par des heures de danse et d’hymne à la beauté. Cependant que les autres danseurs, catapultés des quatre coins du monde,  semblent se reposer nonchalamment sur les bancs improvisés, en quête d’inspiration, de rebondissement. C’est ainsi que s’enchaînent toutes ces propositions chorégraphiques : avec spontanéité apparente et vérité profonde. Chaque danseur semble suivre une trajectoire propre et nous offrir ses rencontres éphémères et éblouissantes. Bruits du monde dans les interstices musicaux. Miroitements de couleurs de peau et de couleurs d’arc-en-ciel.

Loin de s’essayer à l’assaut du ciel,  - on a Jean-Sébastien Bach pour cela - on assiste à une communion joyeuse avec le socle de la  terre, le monde qui les entoure. Ils enlacent tour à tour la nature et leur être profond. Tout cela dans une fluidité aérienne ou liquide, un dynamisme et une précision extrêmes. Les regards intérieurs sont étincelants.  Pour le spectateur-auditeur c’est se laisser entraîner dans une authentique aventure. C’est  labourer le sol, remuer la glaise de la création, vibrer dans le plaisir du jeu des collisions souples, des  esquives, des passes esthétiques et du sourire généreux. Beauté des trios.

On se souviendra de  cette longue chaîne de bras incrustés les uns aux autres, qui évoque la solidarité. Miracle, voilà les danseurs subitement vêtus de jaune d’or, déclinés en nuances toutes différentes. Les hommes sont-ils de nouveaux insectes aux élytres d’or crépitant à la vie ? Frottements, glissements, rassemblements, la lumière blanche décroît et deux danseurs s’élancent dans une nouvelle proposition. Ces improvisations de passion, de tendresse et de charme sont méticuleusement préparées et ordonnées comme autant de fugues glissant autour des  socles de blancheur.

Et voilà les mêmes hommes soudain en T-SHIRT verts, out of the Blue, de l’olive profond au sapin,  tilleul ou menthe. L’écran lui-même devient vert. Le dernier danseur a rangé les lignes de sucre en digue continue. A perfect catwalk.  La pesanteur se fait légèreté extrême. Icare a perdu son  orgueil démesuré.  Le danseur virtuose labourera cet espace de son corps parfait comme s’il voletait à la surface de l’eau. Nul ne sait d’où vient l’esprit, si présent. La finale est un mouvement d’ensemble  parfait des neuf danseurs, un avènement, une harmonie nouvelle qui occupe tout le plateau.

Des noces terrestres ou célestes ? Nul ne sait. Les noces de la beauté musicale et de l’esthétique du corps humain en mouvement.  Hommes et femmes spectateurs sont emportés par la beauté et la vitalité du spectacle « To the ones I love ».

 

extraits:

http://www.thor.be/fr/parcours/to-the-ones-i-love-dp1

 

 Jusqu'au 22/12, 20h30 (sauf me. 19h30). Théâtre Varia, rue du Sceptre 78, 1040 Bruxelles. www.varia.be

Lire la suite...
administrateur théâtres

Marc Chagall, le Maître du Rêve (Malmundarium)

«Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir.» Marc Chagall 

12272757872?profile=original

  L'exposition Marc Chagall, le Maître du Rêve rassemble sous les blondes charpentes 18e  des  combles de l’ancien monastère de Malmédy une cinquantaine d'estampes originales éditées par Aimé Maeght. Celui-ci accueillit dès le début de sa galerie parisienne des noms prestigieux tels que Matisse, Miro, Chagall. La fondation Maeght, un ensemble architectural entièrement conçu et financé par Aimé et Marguerite Maeght pour présenter l'art moderne et contemporain rassemble des collections d’art, parmi les plus riches d’Europe. Cette Fondation, inaugurée le 28 juillet 1964 par André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles,  est un véritable  écrin de verdure célèbre pour son architecture et ses jardins, situé à Saint-Paul-de-Vence où ce peintre inclassable s’éteignit à 98 ans. 

  Et voici Chagall à Malmédy.  Jean-Christophe Hubert, diplômé en Philosophie et Lettres et Histoire de l’Art et Archéologie de l’Ulg,   jeune commissaire de l'exposition Marc Chagall, le Maître du Rêve,  souligne qu’il s’agit d'une collection privée française jamais montrée au public jusqu'ici. Elle rassemble des lithos, photos et lettres de l’artiste très précieuses. Le parcours reflète tout  l’art de la muséologie  contemporaine, tant par  les éclairages, l’accrochage que par  les explications claires et détaillées. C’est en effet un art en soi que la mise-en scène d’une expo pour permettre un parcours à la fois  agréable et initiatique.

 

 12272758263?profile=original

 

 L’exposition part des  différentes thématiques chères au peintre. Le rêve tout d’abord et bien sûr,  l’amour,  le coq, la tour Eiffel, Notre Dame de Paris, la crucifixion, l’envol ,le ciel, la maternité,  les traditions et la nostalgie de son pays d’origine et de son enfance…et la mystique.   Selon le commissaire, l’inspiration de Chagall est purement hassidique. Dans cette tradition juive, tout le monde participe au sacré, même les animaux, les monstres, les êtres hybrides. On retrouve aussi cette notion de fête rêvée permanente, l'importance portée à la musique et aux musiciens.

 12272758087?profile=original

 

 

Marc Chagall, naquit le 7 juillet 1887 à Liozno dans la banlieue de Vitebsk, en Biélorussie, qui appartenait alors à la Russie tsariste. En 1910, il partit étudier à Paris auprès de Léon Bakst afin d’y parfaire ses connaissances des arts plastiques. Il exposera ses premières œuvres en 1914. Ses œuvres ne se rattachent à aucune école mais présente un élan d’amour universel inégalé,  l’éclat et la pureté  des couleurs fauvistes, la liberté  et le rêve des surréalistes, la déconstruction et la fragmentation typique des cubistes. Il sera  de retour à Vitebsk  en 1914 pour une courte durée, mais l’éclatement du premier conflit mondial empêchera son retour à Paris. Pendant cette période Chagall peindra surtout la vie de la communauté juive. C’est ainsi que pétri de mysticisme, il explore « l’état d’âme » car Dieu se révèle dans toutes  les merveilles du monde. Les images bibliques, les souvenirs folkloriques, se mêlent à  des personnages du cirque et des contes, des objets de la vie quotidienne et de l’imaginaire, fuyant la misère du monde et l’horreur de deux guerres mondiales.

 12272759074?profile=original

 

Quand il peint son couple survolant sa ville natale, il enlace le rêve, et dévoile  un esprit  bohême, détaché de la réalité. Rêve et amour ne font qu’un.  Les objets, les animaux, la musique flottent par-dessus les toits. Les maisons se retrouvent à l’envers.  Une sorte de Jacques Prévert de la peinture…  Main dans la main avec Vera, Bella ou Vava  il exprime alors un amour cosmique et un regard bienveillant sur le monde.

12272759466?profile=original

 

« La jeunesse, l'amour, la hauteur des sentiments, le feu de l'imagination - tout cela est associé durant toute la vie du peintre à une seule image, tendre et chère - sa bien-aimée, son ange - gardien et la muse qui l'inspirait pour des vols au-dessus de l'existence terrestre, banale et ordinaire. Elle s'appelait Bella (Berthe), une création tendre, fragile, presque céleste, avec qui il était tellement facile de planer dans le ciel au-dessus des toits de la ville natale. »

 «  Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière »

 

 

 http://www.televesdre.eu/site/malmedy_des_oeuvres_de_marc_chagall_exposees_au_malmundarium_-6773-999-89.html

Marc Chagall, «  Le Maître du Rêve » au Malmundarium , 9, place du Châtelet, 4960-Malmedy, jusqu'au 25 septembre. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h, fermé le lundi (sauf vacances scolaires) Info :  080-685.536.

N .B.  Un parcours  très didactique a été prévu spécialement pour les plus jeunes. Dossier jeu et dossier pédagogique sur demande.

www.malmundarium.be

Lire la suite...
administrateur théâtres

                                                                    " The Power of Fantasy "

Modern and Contemporary Art from Poland dans le cadre du programme culturel accompagnant

la Présidence polonaise

du Conseil de l’Union européenne

 

Vendredi 24.06 > Dimanche 18.09.2011 au Palais des Beaux-Arts

 12272744268?profile=original 

La Fiat polonaise du plasticien Maciej Kurak, posée sur le toit est branchée à une machine à coudre… Il fallait dix ans pour en recevoir une, promesse de Staline aux bons camarades, mais quand elle arrivait il n’y avait déjà plus de pièces de rechange. L’âme polonaise a l’imagination fertile et pourquoi ne pas utiliser l’insecte de tôle inutile pour animer la machine à coudre ? Métamorphose.  Métaphore. Celles-ci  sont pléthores à travers cette exposition qui en découd, qui décoiffe, qui interroge, qui convoque.

Cette installation montre bien combien la nouvelle Pologne veut utiliser l’imagination pour RÉ-IMAGINER UN NOUVEAU MONDE, loin des maux du communisme, loin des maux du capitalisme, alors qu’elle va prendre la présidence de l’Europe dans quelques jours à peine.

«  A must in Brussels this summer », visitez cette immense exposition très étrange à propos d’un peuple qui est au cœur de l’Europe, à la confluence de l’occidental  et de l’oriental et qui désire se distancier des mille et un stéréotypes dont on le couvre.

 

Divisée au XIXe siècle, occupée pendant la Seconde Guerre mondiale pour ensuite subir le joug soviétique, la Pologne accède en 1989 à la démocratie. À l’image d’une nation meurtrie, victime d’oppressions consécutives, se superpose celle d’une culture florissante, témoignant, au fil des siècles, d’un esprit réfractaire à tout ordre imposé de l’extérieur. Usant de l’absurde et du fantastique, les artistes polonais ont répondu au chaos du réel par des actes empreints de résistance, non pour le fuir mais pour le reconstruire. Découvrez-y le travail d’artistes contemporains de renommée internationale, dont Miroslaw Balka, Monika Sosnowska et Wilhem Sasnal. Leur production dialogue avec des œuvres phares de l’art polonais des XIXe et XXe siècles.  Exploration du fantastique et de l’irrationnel polonais.

 

12272744892?profile=original

 Olaf Brzeski Dream - Spontaneous Combustion, 2008, resin and soot, c. 175 cm high Czarna Gallery, Warsaw

 

...L’événement nous dépasse, se retourne contre nous, peut nous détruire inexorablement,  vient de nulle part, souligne notre solitude et notre impuissance. La science aussi  est impuissante à prévenir l’accident.

 
En parcourant l’exposition on observe le lien entre l’art moderne polonais du XXe siècle et la pratique des artistes contemporains depuis 1989. L'exposition fait cohabiter des oeuvres contemporaines et des chefs-d’oeuvre emblématiques de célèbres artistes comme Tadeusz Kantor, Magdalena Abakanowicz et Bruno Schulz.

 

12272745291?profile=original

 Katarzyna Józefowicz, Cities 1989-92, sculpture © Collection privée

 

 12272745096?profile=original

 

Josej Mehoffer, 1903 Strange Garden

 

Au total, The Power of Fantasy réunit ainsi près de 200 oeuvres, dont certaines ont été spécialement commandées pour cette exposition. C’est notamment le cas d’un projet mural réalisé sur site par l’artiste de rue Mariusz Waras. Son immense fresque claustrophobique  dénonce l’aliénation des deux systèmes politiques poussés à leur extrême : communisme et capitalisme. Usines, fumée, tanks dévastateurs, véhicules renversés, aucune place pour l’homme ni la nature.

 

  D’autres œuvres majeures sont exposées pour la première fois en dehors de la Pologne. The Power of Fantasy est l’exposition d’art polonais contemporain la plus complète depuis la fin du communisme. Sans suivre un ordre chronologique, les œuvres sont organisées en divers chapitres, de manière thématique. Parmi les thèmes clés, nous retiendrons l'absurdité du quotidien ; l'histoire et la mémoire ; l’image du héros ; la folie et l’absurde ; les paysages surréalistes ; l’imagination militante ET L’ART DE DIRE NON.

 12272745500?profile=original

 

Non à la guerre :  J.J Ziolkowski The Great Battle under the Table 2006

 

 

 

LES ARTISTES DANS L’EXPOSITION

 12272745675?profile=original

 

Sofia Kulik, Splendour of myself, 1997

 

Fantasmes et imagination revêtent les formes les plus diverses. Dans les œuvres du peintre néo-surréaliste Julian Jakub Ziółkowski et dans les mises en scène baroques de Katarzyna Kozyra, l'excès et la fièvre sont au premier plan. Chez d’autres, c’est l’ancien environnement socialiste – très déprécié dans l’imaginaire populaire – qui stimule l’imagination. À l’instar de l’art, les villes et les rues ordinaires peuvent se transformer en un monde magique au  potentiel encore inexploité.

 

12272746093?profile=original

 

 

 Dans l’œuvre de Monika Sosnowska, Julita Wójcik et Jarosław Kozakiewicz, ce sont des blocs de béton et des édifices publics qui se font les terrains de jeu de l’imagination. Wavy Block 2005-2006 (Julita Wójcik) :  La femme polonaise crochète  en rose et blanc son bâtiment gris,  d’une banalité affolante, un bloc qui suit les vagues de la mer sur 800 mètres et abrite 6.000 personnes,  symbole de l’étroitesse de cette vie imposée qui est encore le lot de la vie au quotidien de nombreux polonais.                                  

 

 

Pour cette génération d’artistes comme pour d’autres avant eux, L’IMAGINATION N’EST PAS UN MOYEN D’ÉCHAPPER À LA RÉALITÉ MAIS BIEN DE LA DÉFIER. Nés pour la plupart à la fin des années 1960 et dans les années 1970, ils ont traversé deux mondes, vivant leur enfance et leur jeunesse en République populaire de Pologne mais faisant carrière dans une Pologne démocratique. Leur œuvre est influencée par un contrarianisme qui remet ces deux systèmes en question. Des artistes comme Artur Zmijewski et Zbigniew Libera poursuivent ainsi une tradition de RÉFLEXION DISSIDENTE et critique, profondément enracinée dans la culture polonaise.

Les artistes polonais s’intéressent beaucoup à la façon dont l’histoire s’articule dans le  présent. « DOM », cette œuvre emblématique de Robert Kusmirowski, représente un cimetière du XIXe siècle.

 12272746468?profile=original12272746271?profile=original 

 

  D.O.M :  Deo Omnipotent Misericordia, au Dieu dont la miséricorde est infinie ! Aussi, étrangement, le nom en polonais pour « la maison. »

 

 Voici, en polonais et en français, un petit poème écrit par  le poète SARBIEWSKI

TESKNOTA DO OJCZYZNY BLEKITNEJ

Tesknie za Toba, kraju z blekitow i zlota,
kedy dniem jasne slonce wesolo migota,
a noca srebrne gwiazdy i swiatlosc
ksiezyca oczy zachwyca.
Jakze czas na tej ziemi okrutnie sie dluzy…
Kiedzys nadjdzie dla mnie blogi dzien
poderozy,
gdy wroce do slonecznych, usmiechnietych
wlosci pelen radosci…
O, wonczas, skoro szczesna godzina wybije,
grob moj ubierzcie w zielen i sniezne lilije.
Cialo sie w proch rozleci – a duch utesknion
wleci w niebieskie strony…

NOSTALGIE DE MA BELLE PATRIE

Je me languis de toi, pays de beauté et d’or,
lorsque le jour , un clair soleil scintille joyeusement
et la nuit les étoiles argentées et la lumière
de la lune ravissent les yeux.
Comme le temps, sur cette terre se traîne…
Lorsque viendra pour moi l’heureux jour
du voyage,
quand je reviendrai vers mes terres ensoleillées souriantes
plein de joie…
Oh, alors, bientôt l’heure heureuse sonnera,
Habillez ma tombe de verdure et de lys de neige.
Mon corps se décomposera en poussière – mon esprit nostalgique
entrera dans les lieux célestes.

 

Le culte des héros et des morts est omniprésent, comme en témoigna par exemple l’ampleur des  funérailles nationales organisées après le crash de l’avion de Smolensk  transportant le président polonais  Lech Kaczynski sans laisser  aucun survivant parmi les 96 personnes à bord. La délégation polonaise venait se recueillir à Katyn pour commémorer le massacre, dont c'était le 70e anniversaire.  

  

 Une pièce est également consacrée aux  œuvres de Wihelm Sasnal – un des grands peintres polonais de notre époque – autour de la figure du héros.

 

Mais le fantastique peut aussi naître de l’ordinaire. Les privations, la bureaucratie et la censure n’ont pas été uniquement des expériences négatives pour la Pologne, du moins dans le sens où elles ont stimulé une remarquable créativité au sein de la nation. Les Polonais ont l’art de faire beaucoup avec rien. Dans les années 1950, Leopold Tymrand donnait à cette faculté le nom de « Fantaisie appliquée ». Et aujourd’hui encore, les artistes continuent d’exploiter cette ingéniosité : le sculpteur Paweł Althamer travaille avec des aînés du quartier et des copains adolescents de Bródno, une banlieue défavorisée de Varsovie afin de créer de l’art ou, comme il le dit lui-même un wspólna sprawa (« projet commun »). Pour preuve, l’ autoportrait collectif monumental et sculptural, « Bródno People », réalisé par Althamer et ses voisins.

 12272746691?profile=original

image © designboom

Nouvelle version des Bourgeois de Calais  de Rodin. Quand les corps et les âmes sont soumis à des conditions extrêmes.

 

12272746481?profile=original

 image © designboom



 

D’autres jeunes artistes font également preuve d’une ingéniosité extraordinaire, voire perverse. Ainsi, Jan Simon associe des approches technologiques à la manière d’un artisan, et réalise des objets électroniques sortant véritablement du néant. Revenons à Maciek Kurak qui évoque aussi  l’art de la « fantaisie appliquée » dans cette sculpture baptisée « Fifty-Fifty » dans laquelle la FIAT polonaise – reposant sur son toit – semble actionner une machine à coudre…  

 

L’exposition s'accompagne d'un très bel ouvrage richement illustré de 160 pages BOZAR BOOKS & Prestel. http://www.bozar.be/activity.php?id=10343

 

 

 

 

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles