Le nouveau Musée de Bruxelles : le « Musée Le Fin-de-Siècle Museum »
Après l'inauguration en 2009 du « Musée Magritte», dont les recettes témoignent de l’excellente santé touristique, voici enfin inauguré depuis le 6 décembre 213, le « Musée Le Fin-de-Siècle Museum ».
Il fait partie des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB). Il a pris ses quartiers dans les salles de l'ancien Musée d'Art moderne qui n'avaient plus été rénové depuis 1989 et fut fermé depuis février 2011. De nombreuses plaintes se sont succédées, estimant que Bruxelles, capitale de l’Europe, se devait de posséder un musée d’Art moderne digne de ce nom.
CONSTANT MONTALD, Nymphes dansant, v. 1898, huile et détrempe sur toile.
Enfin ! Plus de 400 œuvres allant de 1865 (date de la fondation du cercle artistique la Société libre des Beaux-Arts) à 1914 sont désormais exposées sur quatre niveaux et un espace de 4.500 mètres carrés. Nous ne possédons pas comme en France la verrière lumineuse d’une gare d’Orsay pour accueillir les merveilles de nos années 1900 mais vous viendrez néanmoins admirer des artistes comme Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, James Ensor, Fernand Khnopff et son célèbre tableau énigmatique « Les caresses », Léon Spilliaert, Victor Horta, Octave Maus, Henri Van de Velde, Maurice Kufferath, Guillaume Lekeu... Vous découvrirez les instants fugitifs et grandioses des marines de Louis Artan. De belles confluences se retrouvent avec des œuvres d’artistes étrangers tels que Paul Gauguin, Auguste Rodin, Georges Seurat ou Pierre Bonnard.
Pierre Bonnard : « Nu à contre-jour », ca. 1908
Cette nouvelle institution culturelle belge met en évidence une Belgique des plus rayonnantes sur le plan culturel à cette brillante époque et se veut très éclectique. Une des salles est aussi prévue pour des expositions temporaires. Cette salle accueille dès aujourd’hui la dernière (26e) exposition à ouvrir ses portes dans le cadre d’Europalia. Une exposition consacrée à des photographes d’époque qui ont rapporté vers l’Occident les premières photos du Taj Mahal et de la vie quotidienne en Inde en 1900.
Une section entière de cette entité muséale est consacrée à 230 œuvres Art-déco issues de la collection cédée par la famille Gillion Crowet qui seront exposées en permanence dans ce nouveau musée : vaisselle, mobilier, vases d’une incomparable beauté. Cet ancien ensemble privé regroupe plus de 100 verreries (Gallé, Decorchemont, Daum, Val Saint-Lambert), des pièces d’orfèvreries (Wolfers), de mobilier (Majorelle, Gallé et Horta) et de nombreux tableaux (Khnopff, Mellery, Carlos Schwabe, Mossa et Delville). Un don d'un million d'euros a permis de dessiner l'architecture de la salle et la collection est estimée à 20 millions d'euros. Une salle entière est consacrée à James Ensor. Une autre à Spilliaert.
Le caractère pluridisciplinaire est évident. C’est ce qui attire en particulier le visiteur étranger. La Monnaie a prêté des enregistrements et des maquettes sur l’opéra de l’époque. Le musée du Cinquantenaire prête une partie de sa collection de photographies anciennes. La Bibliothèque Royale expose de précieux documents littéraires. La Cinematek projette de petits films du début du 20e siècle. Des écrans tactiles permettent d’explorer des édifices Art-Nouveau caractéristiques de la Fin-de-Siècle dont la bourgeoisie florissante de l’époque s’enorgueillit et se passionne.
Eugène LAERMANS (1864 - 1940), Les émigrants, 1894, Huile sur toile, 150 x 211
De l’impressionnisme au réalisme social de Constantin Meunier et d’Eugène Laermans ou de Léon Frédéric, au post-impressionnisme, partout souffle l’esprit d’avant-garde de l’époque. Tandis que l’onirisme des nymphes gracieuses du peintre symboliste Constant Montald fait rêver et songer à ce que peut être un âge d’or. « Age éblouissant mêlant décadence et espoir, splendeur et mélancolie, l’art «fin-de-siècle» rassemble un grand nombre de chefs-d'œuvre de la création belge et européenne entre 1880 et 1914, dans les différentes disciplines artistiques (la peinture, l’architecture, la photographie, les arts décoratifs, la littérature, l’opéra et la musique). » L’objectif a été de redéployer les collections fédérales en unités muséales précise Michel Draguet, directeur général des Musées Royaux des Beaux-Arts et de présenter Bruxelles au visiteur comme le carrefour de l’effervescence créative de l’Europe. Le salon des XX (1883-1894) et La Libre esthétique (1894-1914) des courants particulièrement ouverts sur les artistes étrangers.
Fernand KHNOPFF (1858 - 1921), Des caresses, 1896, Huile sur toile, 50.5 x151
La réorganisation des collections publiques se poursuivra avec l'inauguration en 2016 d'un nouveau musée consacré aux œuvres postérieures à 1914, a assuré Michel Draguet. Cela étant, de nombreuses instances culturelles continuent à déplorer le manque de moyens financiers et humains mis à la disposition des musées pour entretenir les trésors inestimables que recèlent leurs caves, où la conservation même des œuvres devient un sérieux problème. Les infrastructures ouvertes au public sont elles aussi menacées par la vétusté … ou les infiltrations d’eau. On est encore sous le coup de la fermeture de la splendide exposition L'HERITAGE de Rogier van der Weyden qu’il a fallu fermer précipitamment après quelques semaines à peine d’ouverture, pour cause d’insalubrité pour les œuvres exposées. L'œuvre d'une vie de deux chercheuses émérites, le Dr Véronique Bücken et le Dr Griet Steyaert. Hélas, on ne peut imputer ces situations dramatiques qu’à à la complexité du système de gestion mais surtout à un manque chronique d’intérêt de la part des instances politiques.
Paul Gauguin, Le calvaire breton, Le Christ vert, 1889
Huile sur toile, 92 x 73,5 cm © MRBAB, SABAM 2011, [Photo d'art Speltdoorn & Fils]
http://www.fine-arts-museum.be/fr/les-musees/musee-fin-de-siecle-museum
rue de la Régence, 3
1000 Bruxelles
+32 (0)2 508 32 11
http://www.fin-de-siecle-museum.be
info@fine-arts-museum.be
Itinéraire
http://visitbrussels.be/bitc/static/front/img/db/ContentArticle_408/img_6882.pdf