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ballet (4)

administrateur théâtres

" La meilleure musique est celle qui est capable de procurer la plus grande somme de bonheur. "

 En effet hier soir nous clôturions la journée internationale du bonheur avec la joie de venir écouter Les Talens lyriques de Christophe Rousset et s’émouvoir devant  la compagnie des Fêtes Galantes dirigée par Béatrice Massin,  chorégraphe.

Les Talens Lyriques & les Fêtes galantes

Terpsichore

Christophe Rousset direction - Béatrice Massin chorégraphie - Eugénie Warnier Erato (soprano) - Marianne Beate Kielland Apollon (alto) - Paul Crémazy ténor - Jussi Lehtipuu basse -  Les Talens Lyriques , Les Fêtes galantes
Jean-Fery Rebel La Terpsicore (1720), Les plaisirs champêtres (1734), Les Eléments, extr. Georg Friedrich Händel, Opéra-ballet Terpsichore - Acte de ballet (1734)
Le Palais des Beaux-Arts accueille Christophe Rousset et Béatrice Massin pour un spectacle de danse unique en son genre. Le point commun entre le ballet Terpsichore de Händel et Les plaisirs champêtres de Rebel ? C’est la figure emblématique de Marie Sallé, la plus célèbre et plus talentueuse danseuse française de son temps. Séjournant à Londres en 1734, elle y acclimate les ballets de Rebel et y éblouit le maître saxon...

Une première sur la scène de la salle Henry Le Bœuf que de jucher l’orchestre et les solistes munis de petites veilleuses en haut d’une série de gradins au pied de l’orgue et de garder tout le plateau libre pour les évolutions de six danseurs.  Les talens Lyriques nous ont livré des sonorités sculptées, bondissantes,  des rythmes enjoués ou graves mais surtout des solistes exceptionnels  à la voix d’une pureté inouïe. Une Musique d’excellence qui contente l’âme et le cœur, et y installe, pour une petite heure, l’allégresse de l’harmonie.  

Ce spectacle est un hommage  non déguisé à la  danseuse  rebelle du temps de Haendel. En effet Marie Sallé est française. Elle est née vers 1707  et fait ses premiers pas à 14 ans à l’Académie royale de musique. Lorsqu’elle s’en va danser à Londres en 1725 elle est fort remarquée par Haendel. Jusqu’à sa retraite en 1740, elle obtiendra plusieurs congés pour se produire régulièrement à Londres. Surnommée « la Vestale » en raison de ses mœurs irréprochables, elle développe une danse gracieuse, expressive et ciselée. Tout le propos de Béatrice Massin est d’utiliser les matériaux baroques pour réaliser un spectacle contemporain. Marie Sallé fut la première danseuse dans l’histoire de la danse qui dansa  costume de ville et sans masque, révolutionnant la pratique traditionnelle. Ses idées furent accueillies avec chaleur de l’autre côté de la Manche où elle osa paraître « sans panier, sans jupe, échevelée et sans aucun ornement sur la tête; elle n’était vêtue, avec son corset et un jupon, que d’une simple robe de mousseline tournée en draperie, et ajustée sur le modèle d’une statue grecque ! ».

                                La chorégraphe nous a dit avoir voulu se relier à la superbe exposition Watteau actuellement en cours aux Beaux-Arts de Bruxelles et souligner par la danse et la musique le parallèle avec les peintures du grand maître. En effet, le vide des grandes scènes pastorales invitant au rêve est ourlé de grandes draperies noires simulant les arbres la nuit.Il est symbolisé par un écran de lumière où se projettent les ombres des danseurs. La musique jouée par l’orchestre est aussi ciselée et détaillée que les instruments de musique omniprésents dans les toiles de Watteau.

Le ballet s’est  déroulé en deux phases.Deux phases identiques à  la technique employée par le peintre, à savoir faire d’abord une esquisse croquée sur le vif à la mine qu’il reproduit ensuite sur la toile avec l’ajout de couleurs chatoyantes et de tissus aux textures les plus sensuelles. Le même procédé préside au ballet. En effet les tailleurs bleutés bien  cintrés et surpiquées d’un trait bordeaux feront place au cours du concert à des sortes de  menuets  de danseurs déguisés en  fleurs printanières aux tons éclatants. Gravité et codification des mouvements, comme dans un salon. Mais les couleurs éclatantes de la jacinthe, de primevère et de la tulipe rendent hommage à la vie et soulignent  les correspondances  étroites entre les muses. Voyez ce couple idyllique qui a mis tant de temps à se chercher et à se trouver : La muse de la danse porte … une simple robe de mousseline couleur jonquille tourné en draperie et ajustée sur le modèle d’une statue grecque ». ...Retour à la case départ: Marie Sallé, la muse de la danse au 18e siècle.

La musique et le mouvement forment un alliage naturel. Le geste du danseur amplifie la théâtralité du propos. Si la pastorale antique et mythologique n’offrent  pas beaucoup d’intérêt à des spectateurs actuels,  le rapport entre le 18ème siècle et le 21ème semble  être un point d'ancrage intéressant. Une vérité nourrie de nostalgie et de beauté semble jaillir du ballet.  Notre imaginaire  peut  ainsi  se figurer la fluidité et le caractère éphémère des choses mais aussi la solitude des scènes galantes de Watteau.  Les danseurs épousent la musique avec des gestes arrondis, se frôlent de loin sans oser se toucher ni se regarder. Les femmes et les hommes sont perdus dans leur rêverie,  chacun sur leur orbite. Le regard presque vide ou tourné vers l’intérieur tandis que la musique tourbillonne.  Le douloureux ego  est sanglé dans le costume, malgré le désir de fête.  Il faut attendre la sarabande pour qu’enfin des mains se nouent, par derrière le dos, et que les esquisses d’approches se concluent par un regard.

 

 

 

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administrateur théâtres

 Création : "L’encrier a disparu"de Daniil Harms

 Cela se passe dans la salle des voûtes du théâtre le Public.  La mise en scène est délirante : un mur de boîtes de déménagement, des  chausse-trappes, des couloirs, un labyrinthe kafkaïen en trois D. Une bande de personnages hétéroclites explose de cet Univers chaotique et changeant où il est difficile de trouver des repères, de vivre, de  se cacher de l’ire du groupe ou de  celle de l’autorité qui vous poursuit à chaque instant. Repli fœtal, chutes bruyantes, glissades vertigineuses, scènes de pauvreté et de misère sur fond d’atmosphère fantastique. Voilà l’univers brutal, oppressant  et morcelé de Daniil Harms qui déboule sur scène avec  Bernard Cogniaux comme maître d’œuvre.

Il faut accepter de ne rien comprendre à l’intrigue. Y en a-t-il une ? Se laisser happer par la libre dynamique du spectacle qui ressemble plus à un ballet qu’à une comédie, même grinçante. Une danse macabre au style décalé en diable qui piétine le système. Une mosaïque d’histoires cyniques, farfelues et inachevées défile sous nos yeux comme emportées par un fleuve immense. Celui de l’histoire sombre de la Russie de Staline ?

Panta Rei. Tout coule, fort heureusement, comme l'encre quand elle est là, c’est le seul espoir pour des temps meilleurs. Il faut sans doute s’accrocher à la moindre planche de salut, survivre, muselé, avec ou sans encrier, tout en dénonçant de façon insidieuse les abus, les incohérences du régime, les injustices flagrantes. C’est ce que font muettement ou à force de cris les six comédiens survoltés dans leur pantomime acérée et féroce. Sans cesse broyés, ils se démènent et changent  de costume à une vitesse fulgurante, au nez et à la barbe d’une carpe d’or géante qui jamais ne se laisse prendre. Le bonheur est difficile dans la Russie des Tsars à nos jours ! Carpe Diem, est-ce possible ?  

Le monde de Harms est imprévisible et désordonné, ses personnages répétant sans fin les mêmes actions ou se comportant de façon irrationnelle, des histoires linéaires commençant à se développer étant brutalement interrompues par des incidents qui les font rebondir dans des directions totalement inattendues.

Son travail doit être replacé dans le contexte de l'Oberiou (Association pour l'Art réel), un courant littéraire et philosophique du modernisme russe dont il a été l'un des fondateurs. « Harms et d'autres écrivains ont fondé le mouvement OBÉRIOU œuvrant, comme le dadaïsme ou le surréalisme, à la recherche de formes artistiques entièrement nouvelles et libérées des anciennes conventions. Ce mouvement aux aspirations progressistes et anticonformistes fut violemment réprimé par la montée du stalinisme. Harms laisse une œuvre encore et toujours audacieuse, non conformiste, légère et libre, absolument! Un spectacle de bruits et de fureur pour tous les fous de la vie. »12272856057?profile=original12272856289?profile=original

Il fut accusé d'activités anti-soviétiques et exilé à Koursk en 1931. Il fut arrêté à nouveau pendant le siège de Leningrad le 23 août 1941 et interné en asile psychiatrique où il mourut, à 36 ans. Considéré comme un ennemi du régime stalinien, Harms ne put publier de son vivant que deux textes[: l'essentiel de son œuvre fut diffusée clandestinement. Il fut réhabilité en 1956, mais longtemps, seules ses poésies pour enfants furent republiées en URSS, à partir de 1962[. Son œuvre est aujourd'hui appréciée en Russie et a été traduite en de nombreuses langues. (source : Wikipedia)

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=318&type=1

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Azal Belkadi, voix lyrique kabyle, qui  à bien des égards n’est pas sans rappeler les meilleurs barytons Corses était présent ce mardi 24 avril à 20h00 au Cirque royal de  Bruxelles dans le cadre de la tournée internationale  du « Boléro de Ravel pour Tahar et les Hommes libres ». Les Etoiles de légende (Danse classique et contemporaine) se sont surpassées dans une  fabuleuse  chorégraphie de NIKOLAÏ ANDROSOV. Le célébrissime Boléro de Ravel, au centre de ce spectacle  est encastré dans un florilège de danses et musiques inoubliables : de Tangos à Paris sous le regard d’un tableau de Renoir, en passant par le suicide d’Ophélie, les Coolies des ports de Boston, rythme Noir,  le Lac des cygnes, le Sacre du printemps et  « Chaud » de  Carmen. On a vu tout un siècle de danse passé en revue : beauté graphique et costumes extraordinaires, corps humains en mouvement idéal.  On a été fascinés par les paysages et les tribus  de Kabylie et le message de paix entre les hommes : « les voiles se déchirent quand les cœurs se regardent en face ». Ce spectacle  dansé  dans des couleurs berbères célèbre l’amitié entre Tahar et Michel le français. L'amitié plus forte que la guerre.  Bruxelles était la dernière étape d’une tournée internationale éblouissante.  Après les salves d’ applaudissements enthousiastes,  ne sachant à qui crier leur bonheur, les  trente danseurs démaquillés sont revenus sur scène et ont offert en prime une gerbe de « danse pour le plaisir » autour d’un balai (vous lisez bien !) après le spectacle pour les happy fews qui, encore sous le charme,  ne s’étaient pas précipités vers leur véhicule, leur taxi ou leur métro. Les artistes, fiers et ravis de cette dernière étape de tournée s’éclatent sur la scène, dans la salle presque vide, sur une musique de fête nocturne moderne avec une jubilation rarement partagée. Le public  médusé scande le happening  en tapant dans les mains tant il est bon de rencontrer autant d’énergie et de vérité artistique.

 

12272802263?profile=originalARTISTES & EQUIPE DU BOLERO

LES ETOILES Farukh Ruzimatov – Danseur Etoile du Marinskii – Kirov
Maria Allash – Danseuse Etoile du Bolshoi Theatre
Anna Antonicheva – Danseuse Etoile du Bolshoi Theatre
Pierre Alain Perez
– Danseur Etoile, Soliste International       Azal Belkadi – La voix Trésor de Kabylie
Pierre Richard - Comédien
CHOREGRAPHIE   Nikolaï Androsov

http://www.myspace.com/azalbelkadi/music           http://www.balletbolero.com/bolero/

 

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12272775258?profile=originalTo the ones I love

Sept notes? Noires, blanches?  Voilà tout ce qu’il faut pour fabriquer l’harmonie la plus pure, la plus austère et la plus éblouissante , cette musique  de Jean-Sébastien Bach, maître du recueillement. Premier cadeau de la soirée, on écoutera les yeux grands ouverts, un merveilleux florilège de ses plus beaux morceaux.

Les yeux grands ouverts, car voici une constellation de neuf notes noires en torse nus et pantalon gris perle qui voltigeront sur portées blanches, ces caissons aux arêtes vives dont la blancheur glisse sans aucun  bruit, sur un plateau éblouissant. Une page blanche, illimitée.

Au début, un premier danseur déploie un premier solo sur caisson. Surprise des figures félines effectuées dans une lenteur coulée et harmonieuse. A travers le décor sonore, Bach paraît, éteignant les bruits du monde.  La proposition est belle comme une cantate jouée dans la jungle. Salutations au soleil, esquisses guerrières, rêves de chasseurs, révoltes d’esclaves ?  Les autres danseurs réarrangent les longues banquettes et s’asseyent un à un dans une invitation à la sérénité, leurs dos magnifiques tournés vers le public, eux faisant  face à l’immensité bleue de l’écran. Cela a la beauté d’une prière. Le métissage des carnations est un appel d’émotion.   Rien que ce premier tableau est saisissant.

Magiques, trois T-Shirts rouges apparaissent sur les dos musclés, brillants d’humanité,  sculptés par des heures de danse et d’hymne à la beauté. Cependant que les autres danseurs, catapultés des quatre coins du monde,  semblent se reposer nonchalamment sur les bancs improvisés, en quête d’inspiration, de rebondissement. C’est ainsi que s’enchaînent toutes ces propositions chorégraphiques : avec spontanéité apparente et vérité profonde. Chaque danseur semble suivre une trajectoire propre et nous offrir ses rencontres éphémères et éblouissantes. Bruits du monde dans les interstices musicaux. Miroitements de couleurs de peau et de couleurs d’arc-en-ciel.

Loin de s’essayer à l’assaut du ciel,  - on a Jean-Sébastien Bach pour cela - on assiste à une communion joyeuse avec le socle de la  terre, le monde qui les entoure. Ils enlacent tour à tour la nature et leur être profond. Tout cela dans une fluidité aérienne ou liquide, un dynamisme et une précision extrêmes. Les regards intérieurs sont étincelants.  Pour le spectateur-auditeur c’est se laisser entraîner dans une authentique aventure. C’est  labourer le sol, remuer la glaise de la création, vibrer dans le plaisir du jeu des collisions souples, des  esquives, des passes esthétiques et du sourire généreux. Beauté des trios.

On se souviendra de  cette longue chaîne de bras incrustés les uns aux autres, qui évoque la solidarité. Miracle, voilà les danseurs subitement vêtus de jaune d’or, déclinés en nuances toutes différentes. Les hommes sont-ils de nouveaux insectes aux élytres d’or crépitant à la vie ? Frottements, glissements, rassemblements, la lumière blanche décroît et deux danseurs s’élancent dans une nouvelle proposition. Ces improvisations de passion, de tendresse et de charme sont méticuleusement préparées et ordonnées comme autant de fugues glissant autour des  socles de blancheur.

Et voilà les mêmes hommes soudain en T-SHIRT verts, out of the Blue, de l’olive profond au sapin,  tilleul ou menthe. L’écran lui-même devient vert. Le dernier danseur a rangé les lignes de sucre en digue continue. A perfect catwalk.  La pesanteur se fait légèreté extrême. Icare a perdu son  orgueil démesuré.  Le danseur virtuose labourera cet espace de son corps parfait comme s’il voletait à la surface de l’eau. Nul ne sait d’où vient l’esprit, si présent. La finale est un mouvement d’ensemble  parfait des neuf danseurs, un avènement, une harmonie nouvelle qui occupe tout le plateau.

Des noces terrestres ou célestes ? Nul ne sait. Les noces de la beauté musicale et de l’esthétique du corps humain en mouvement.  Hommes et femmes spectateurs sont emportés par la beauté et la vitalité du spectacle « To the ones I love ».

 

extraits:

http://www.thor.be/fr/parcours/to-the-ones-i-love-dp1

 

 Jusqu'au 22/12, 20h30 (sauf me. 19h30). Théâtre Varia, rue du Sceptre 78, 1040 Bruxelles. www.varia.be

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