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administrateur théâtres

L a    p a i x  d e s   c h a n t s 
 
Au début étaient des champs, et au milieu : un moulin à vents. Dans la campagne verdoyante était un village rural, Ganshoren qui fournissait in illo tempore les marchés de la ville en légumes et les brasseries en houblon. La première pierre de la future Basilique Nationale du Sacré Cœur était posée le 12 octobre 1905 par le Roi Léopold II. Aujourd’hui la Basilique de Koekelberg est une œuvre composite et inachevée, posée sur ce plateau jadis agreste. Elle a accueilli ce 9 novembre 2014, date anniversaire de la chute du Mur, des chants sublimes au service de la paix. Un océan de voix pour la Paix. "1000 Voices for Peace", c’est un projet élaboré par le Festival de Flandres-Bruxelles pour commémorer la Grande Guerre. 39 ensembles de choristes, c’est-à-dire 22 chorales belges et 17 chorales issues de pays impliqués dans le premier conflit mondial se sont unis par la voix, le chant et la musique pour adresser au monde un plaidoyer ardent en faveur de la paix.
 
  La soirée du samedi 9 novembre 2014 à la Basilique, liturgie musicale grandiose, a clôturé en beauté une semaine intense de rencontres et de travail musical. Sous la direction d’Andres Mustonen, nous aurons entendu des œuvres du compositeur chinois réputé, Tan Dun, du norvégien Ola Gjeilo, de Sofia Gubaidulina, compositrice russe de tout premier plan et du belge André Devaere, jeune compositeur et musicien tombé au champ d’honneur en 1914. Les concerts étaient ponctués de récitations d’œuvres poétiques universelles et d’extraits de journaux intimes datant de la Première Guerre mondiale. On retiendra en particulier la performance de la récitante au profil inoubliable: Isnelle Da Silveira.
 
Profitant de sa connexion en temps réel avec la station spatiale internationale ISS, le Festival de Flandres-Bruxelles a voulu démontrer qu’il se tournait résolument vers l’avenir. Par l’intermédiaire d’écrans disposés partout dans une basilique « full house » nous avons capté un message de paix envoyé par les astronautes Alexander Gerst, Max Surayev et Reid Wiseman du European Space Agency (ESA). Un clin d’œil de l’espace pour souligner l’urgence de la démarche, alors que les convulsions des crises économiques et sociales du monde se font aujourd’hui tellement douloureuses!

Herman Van Rompuy lui-même a pris la parole devant Sa Majesté le Roi Philippe et la Reine Mathilde pour réitérer les principes d’une paix durable auxquels il n’a jamais cessé de souscrire durant sa Présidence européenne depuis 5 ans. L’Union Européenne n’a-t-elle pas reçu un très bel encouragement avec le Prix Nobel de la Paix 2012 « pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe», les pays membres renonçant sincèrement à leurs hostilités passées. Profitons pour rappeler haut et fort que la cheville ouvrière de la paix, c’est avant tout l’Art et la Culture.

L’œuvre maîtresse de ce concert est le "Dies Illa" de Krzysztof Penderecki - en première mondiale et joué en présence du compositeur. Elle a été choisie pour symboliser haut et fort le message d’ESPOIR collectif de « 1000 Voices for Peace ». Cet espoir est indispensable si nous entendons bâtir la paix et œuvrer à un savoir-vivre ensemble pacifique. L’art n’est-il pas un rempart contre la guerre et la violence?  Penderecki dédie son œuvre à toutes les victimes de la Première Guerre mondiale. Il souligne que cette musique inhabituelle et fantastique a un pied dans la musique classique et un autre dans la musique contemporaine. « La voix humaine est sollicitée d’une manière très particulière. Cela va des sonorités écrasantes et massives aux murmures à peine audibles, au brouhaha, aux bavardages… » Des instruments tels que tuba phone, glockenspiel, xylophone, vibraphone, cloche tubulaire complétaient les pupitres habituels de l’orchestre. Dans l’enceinte de cette basilique, pleine à craquer, qui pourtant est réputée pour une acoustique très médiocre, le résultat phonique était hallucinant. Pour qui eu la chance ce vivre cet événement exceptionnel... le souvenir ne s'effacera pas de si tôt et en se promenant sur les ondes radiophoniques  flamandes le  mardi 11 novembre dans la soirée, on aura revécu cet immense événement avec le même bouleversement. 
 
 

La direction musicale (choeurs et orchestre) revenait au violoniste estonien Andres Mustonen. L’Orchestre, le Brussels Philharmonic, occupait la croisée surélevée de la Basilique, les groupes de chanteurs disposés jusqu’au fond du Chœur et apparaissant en finale aussi à tous les balcons des étages. Le tout épicé par les articulations caméras gourmandes des chaînes de télévision, ce spectacle inédit avait quelque chose d’extra-terrestre. Savants jeux de lumière, solennité et fracas symbolisant la paix et la guerre, le spectateur est ressorti de cette expérience inoubliable, totalement abasourdi par l’ampleur et la qualité de l’entreprise. On a remis les pieds sur terre en rencontrant la très charmante musicienne et musicologue Cindy Castillo qui tenait les orgues! Les différents participants ont tous répété chez eux avant de participer aux deux seules répétions générales qui ont eu lieu la semaine dernière, nous a confirmé Michel Jakobiec chef de l’ensemble vocal du Conservatoire de Tournai.


 
 
Solistes: Agnieszka Rehlis, Johanna Rusanen, Nikolay Didenko
Actrice: Isnelle Da Silveira
Organiste: Cindy Castillo
Violoncelliste: Luc Tooten
Recorder solist: Felix Casaer
Étudiante Colom: Clélia Twagirayesu
Présentateur: Laurent Graulus

LE PROGRAMME:


Tan Dun, Hero Concerto, VIII “Sorrow in the Desert”
Ola Gjeilo, Sunrise Mass III “The City”

Hymne Catalan, El cant dell Ocells
Sofie Gubaidulina, The rider on the white horse

Andre Devaere, Preludium en fugue, preludium
Krzysztof Penderecki, Dies Illa pour 3 solistes, 3 chorales mixte et orchestre.
Une commande du Festival de Flandre Bruxelles, avec le soutien de l’Institut Polonais à Bruxelles (service culturel de l’ambassade de la République de Pologne à Bruxelles).


LES  39 CHORALES:
Chœur de l’Université Gand, Chœur féminin Makeblijde (Zele), In Dulci Jubilo (Saint-Nicolas), Chœur de chambre Furiant (Gent), Ensemble vocal féminin Arabesk (Gand), Con Cuore (Waregem), Chœur de chambre yprois (Ypres), Cantores (Bruges), Chorale universitaire de Louvain (Leuven), Chœur de chambre Octopus (Anvers), Chœur de jeunes Villanella (Laakdal), Helicon (Lierre), Chorale Don Bosco (Hoboken), Chœur de la cathédrale de Hasselt, Ensemble Mantelius (Kuringen), Amabile (Neerpelt), Sing-in BOZAR (Bruxelles), Colom (Chœur d’Athénée Royal de Koekelberg), Café Latte (Chœur VUB), La Villanelle (Waterloo), Ensemble vocal du Conservatoire de Tournai (Tournai).


Brighton Secondary School Vocal Ensemble (Australie), Hart House Chorus (Canada), Treenighedskirkens Drengekor (Danemark), Junges Vokalensemble Hannover (Allemagne), Voces Musicales (Estonie), BA Voice Choir and Dance, University of Limerick (Irlande), Zvjezdice (Croatie), Choeur féminin BALTA (Lettonie), Suanplu Chorus (Thaïlande), Lautitia (Hongrie), Amadeus Chamber Choir (Malte), Medici Cantantes (Pologne), Canzona Neosolium (Slovaquie), Chœur d’étudiants d’Amsterdam (Pays Bas), Senior Chamber Choir of Hereford Cathedral School(UK), Lycée Aline Mayrisch Choir (Luxembourg) Nagaland Singing Ambassadors (Inde).

http://www.ganshorenmonvillage.org/
http://www.brusselsphilharmonic.be/orkest/over-het-orkest/
http://www.1000voices.be/nl/de-artiesten/

Pour réécouter ce concert:

CANVAS: 11/11/2014 - 15:00 | 15/11/2014 - 14:00 |
16/11/2014: 13:45

KLARA: 11/11/2014 - 20/00

MUSIQ'3: 20/11/2014 - 19:00

- - - LES PHOTOS  utilisées dans cet article sont le crédit de  Sander Buyck  que nous prenons la peine de remercier très chaleureusement. - - -

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administrateur partenariats

Partage d'un bel instant.

Une aquarelle de  Marie-Josèphe Bourgau

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Quand tu reviendras,
je serai là... à t'accueillir.
Je n'aurais pas vécu dans l'attente.
J'aurais vécu chaque jour, avec le même espoir.
J'aurais partagé des joies et des peines avec d'autres.
J'aurais connu des étés et des hivers.
Quand tu reviendras,
c'est avec toi que j'oublierai les hivers.
C'est avec toi que je partagerai les étés.
Je serai plus belle et plus forte qu'avant.
Quand tu reviendras,
je serai là... à te sourire.

Antoinette Bärfuss

Un partenariat

Arts 12272797098?profile=originalLettres

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administrateur théâtres

lecole-38-5a530-3ea21.jpg?width=101 Dix sur vingt ? Trèees Bien!

 « L’école est finie ! » c’est le titre grinçant de la pièce de Jean-Pierre Dopagne.  Le théâtre n’est jamais loin de l’école et vice-versa. Demandez à vos  ex-profs préférés ! On espère donc sincèrement, que ni l’un ni l’autre ne seront finis de sitôt. Et pourtant, la menace couve, c’est notre culture que l’on assassine, dit-on dans les journaux! Voilà donc le propos de cet opus  éblouissant qui veut mettre l’alarme au camp!

 lecole-44-087bc-a78dc.jpg?width=150 Voici en tous cas, une pièce qui sauve, un radeau solitaire sur un océan de conformité. Cette pièce bourrée de vitriol, de dynamite et de phosphore est bien sûr aux antipodes de la version   éponyme de la chanson de Sheila, où après des années de travail scolaire ardu, on sortait de l’école équipés pour la vie et rêvant à l’amour! La comédienne d’aujourd’hui, Chloé Struvay, véritable virtuose des émotions,  perce les impostures modernes  les unes après les autres, cherchant l’adhésion du spectateur  de son regard incisif  - c’est du théâtre de proximité ! - et  explose toutes les hypocrisies contemporaines  à la manière d’une kamikase, avec un sourire ravageur. Elle diffuse une énergie sans pareille et se révolte de toutes ses fibres (les siennes et  celles de l’enfant qu’elle porte),  contre les tromperies qui ont semé son jeune parcours.

lecole-60-17e46-ad297.jpg?width=150Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans)  commence d’ailleurs par un mot très fort, elle parle du « viol » originel de sa personne. Elle a conscience que la société  en la privant de sens, lui a volé son unicité, sa conscience d’être et sa raison d’être. Même régime pour les élèves dont elle aura la charge une fois devenue enseignante à son tour!  Pour elle, l’enfant est sacré, il doit être éduqué, comme le verbe « educere » latin l’indique… « conduit, guidé  hors de… ». On ne peut se contenter d’étouffer les humains à petit feu. Elle a eu la chance incroyable de  résister, de s’accrocher aux nourritures spirituelles et s’en sortir, par sa seule volonté. Grâce à sa vitalité et sa rage de vivre, mais combien d’autres seront laminés ?

lecole-63-c5978-5c893.jpg?width=101L’enseignement au 21e siècle frise l’imposture et fait de plus en plus partie intégrante de la machine économique! Qu’il est loin le temps des arts libéraux ! Qui  lit encore Victor Hugo? Elle est une Antigone de notre société nouvelle. « Antigone, une fille comme vous et moi. Qui fait la guerre à la bêtise humaine et qui franchit les interdits » Au pays du surréalisme, la fausse nouvelle  récente du journal Nordpresse n’est pas si imaginaire que cela : « Depuis l’avènement d’Internet et des jeux vidéo, le Bescherelle a essayé de maintenir une conjugaison basée sur le sens et pas sur le son. Son usage fut conseillé à chacun, mais dans son édition 2015, tout change enfin. Dans sa prochaine édition, disponible en librairie dès le mois de Janvier, le manuel désire se conformer à l’usage courant de notre jeunesse. Au lieu de se braquer sur une pratique d’un autre âge écartant de facto les bloggeurs, joueurs en ligne et autres communautés de gens privés de vie sociale, il permettra enfin à chacun de choisir l’accord qui lui plaît. » Elle se bat férocement  pour la grammaire, les accords de participes passés,  les subjonctifs imparfaits, le scintillement du vocabulaire et  une  langue de culture, bref, ce qui nous relie entre nous ! Elle conspue les grilles de toute nature… les grilles de prison, celles  de lecture, celles d’évaluation… tandis que notre  propre grille horaire s’est arrêtée pile pendant ce spectacle courageux! Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans) va-t-elle réussir à arrêter le temps ?  

 

 lecole-87.jpg?width=501Le soir de la première au théâtre du Blocry (Jean Vilar) et le lendemain, les moindres strapontins sont occupés. On sent vibrer les réactions du public qui se boursoufflent de colère partagée contre un système qui dénature l’essence même de l’enseignement. En gros, on n’apprend plus aux gosses et adolescents à grandir en faisant des efforts sur eux-mêmes. On leur donne des leçons de vide et on leur apprend à simuler.  On les anesthésie  de paroles lénifiantes et de savoirs de plus en plus allégés, du berceau à la sortie de l’université, en espérant former des foules dociles et consentantes qui nourriront  le très rentable  collimateur du consumérisme économique. Cela passe  - comme dans le 1984 du célèbre George Orwell - par la réduction du langage à un kit de vocabulaire de survie, incapable d’exprimer ou pire d’énoncer  la moindre  pensée structurée.  

 

 lecole-71.jpg Large extrait : «- Parfaitement, Mademoiselle. - C'est Bouchard qui parle. - Le citoyen d'aujourd'hui doit être un citoyen de l'univers en expansion. Et l'expansion de l'univers, aujourd'hui, c'est la production et l'intégration. Ce sont les cadres, les normes, décrets et directives, indispensables à la bonne évolution des sociétés. Le poids des volailles, le calibrage des tomates, le temps de parole au journal télé, les quotas hommes-femmes sur les listes électorales, le nombre d'actes médicaux à poser dans un hôpital... tout est encadré et scientifiquement évalué par des organismes certifiés. Aujourd'hui, même les pays, les Etats reçoivent une note et un bulletin d'évaluation. C'est le devoir de l'Ecole d'assurer à tous les élèves une formation à l'encadrement, une qualification pour leur intégration dans la vie économique. Je traduis : citoyen signifie consommateur ; expansion veut dire mondialisation ; qualification : uniformisation ; formation : soumission ou formatage ; encadrement : emprisonnement ; vie économique : lois du marché ; formation : mise à mort de la liberté. »  Tout va « trèeees bien », madame la Marquise! Bravo Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans).  

L'Ecole est finie !



Théâtre Blocry / Louvain-la-Neuve

Une production de l'Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa. Le spectacle est créé à Louvain-la-Neuve cette semaine, dans une mise en scène de Cécile Van Snick (interprétation : Chloé Struvay). Du 6 au 26 novembre.

www.atjv.be

Le livre de Jean-Pierre Dopagne (éd. Lansman) sera en vente en primeur lors des représentations.

photos © Véronique Vercheval

 




 
 
 
 
  



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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 12/11 au 30/11/2014 l’exposition  événement des artistes suivants : Claudine Celva (Be) photographies ChromaLux, Anne Parmentier (Be) céramiques, Jean-Paul Constant (Fr) sculptures, Ophira Grosfeld (Be) aquarelles, Margarita Bancells (It) sculptures et bijoux et Jade B. Rougerie (Fr) peintures.

 

Le VERNISSAGE a lieu le 12/11 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.

 

Le FINISSAGE a lieu le 29/11 de 11h 30 à 18h 30.

 

Claudine CELVA (Be) photographies ChromaLux

                   « Scientifiquement poétique » 

 

Anne PARMENTIER (Be) céramiques

                  « Quand le raku s’habille de couleurs » 

 

Jean-Paul CONSTANT (Fr) sculptures

                  « Animal » 

 

Ophira GROSFELD (Be) aquarelles

                  « Lumière – puissance émotionnelle  » 

 

Margarita BANCELLS (It) sculptures et bijoux

                  « Silence Précieux » 

                           

Collectif de la GALERIE :

 

Jade B. ROUGERIE (Fr) peintures sur les fleurs      

 

        

A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

 

Louis de VERDAL (Fr) sculpture

 

Exposition du 12 novembre au 30 novembre 2014.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 (0) 497 577 120

INFOS ARTISTES ET VISUELS SUR :

 

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

Le site de la galerie se prolonge également sur

Le réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

Voir: https://artsrtlettres.ning.com/ (Inscription gratuite)

Diaporama des plus belles expositions de l'Espace Art Gallery :  

Voir: http://ning.it/KHOXUa

Les critiques de François Speranza sur Arts et Lettres :

Voir : http://j.mp/1dDwL9m

 

 

Voici les quatre prochaines expositions :

 

-Titre : « Peintures » 

Artiste : Leonard Pervizi (peintures)

Vernissage le 03/12 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 03/12 au 28/12/2014

Finissage le 27/12/2014 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Corps et Âmes » 

Artiste : Sophie André (peintures)

Vernissage le 03/12 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 03/12 au 28/12/2014

Finissage le 27/12/2014 de 11h 30 à 18h 30.

 

 

-Titre : « Au commencement » 

Artiste : Cyril Clair (Fr) peintures

Vernissage le 07/01 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 07/01 au 25/01/2015

Finissage le 07/01/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Différents regards sur l’art » 

Artistes : Collectif d'artistes

Vernissage le 07/01 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 07/01 au 25/01/2015

Finissage le 07/01/2015 de 11h 30 à 18h 30.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

Jerry Delfosse

Espace Art Gallery

GSM: 00.32.497. 577.120

Mail de réponse eag.gallery@gmail.com

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

 

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge également sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

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AU JOUR LE JOUR...

Chaque jour est un mondeJe peux m'y égarerEt d'humeur vagabondeJ'y veux ma vie... trouver!Chaque nuit attend l'aubeEt je sais m'y tapirEt puis être en maraudePour voir le ciel rougir...Chaque demain est un leurreY serons-nous encore?Et que sonnent les heuresElles auront toujours tort!Chaque hier est partiAu point de non retour...Il n'est qu'un parti prisC'est accueillir le jour..!J.G.
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Marianne,

       

 

Ma fille est la plus superbe

des roses de cette terre bleue ;

le soleil est son châle,

son teint est la clarté,

son rire, l'averse musicienne

sur les chemins d'Ardèche.

Ma fille palpite autant

que cette terre bleue ;

ses immenses yeux verts,

à peine maquillés,

ont la profondeur, le mystère,

 d'une forêt vosgienne ;

sa voix est un éclat

 lorsque mon cœur s'attriste,

une ressource infinie,

un bijou bien vivant,

faisant chanter mon âme

en même temps que mon corps !

Ma fille est toute ma vie.

 

NINA

 

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Une randonnée pyrénéenne

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Une aquarelle d'Adyne Gohy

d'après une photo de Raymond Martin

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et inspirée par une poésie

de Raymond Martin

Terre-Montagne,Montagne-Terre

 

 

Tapis vert sur le port  jonché de rhododendrons,

Flèches des conifères perçant l’azur asséché,

Falaises granitées serpentées de sentiers,

Trotte marmotte aux cris  du  vautour fauve.

 

La senteur des genêts embaume la vallée,

Vallée frémissante sous l’ardeur du torrent.

Les taches neigeuses  animent les chemins escarpés

Cachant  quelques  Trolles  esseulés  et chétifs.

 

La gentiane jaune s’élance derrière un roc ferreux,

Fière d’indiquer au promeneur une  passe  assurée

A la rencontre d’un hêtre pétrifié par la foudre.

Les myrtilles sont  discrètes pour en faire un gâteau.

 

Des Isards occupés à brouter le lichen s’élancent  sur la pente raide du volcan

Menant au lac rafraîchissant  flanqué de tout récents  éboulis.

Ciel ! Un ptérodactyle virevolte dans l’espace du cirque ensoleillé !

Non,  seulement  un parapentiste en quête de fortes sensations.

 

La silhouette  furtive  de la soldanelle s’élance fièrement du riu  futur gave ,

Vers  le ciel pour  jouir des rais bienfaiteurs du soleil de midi.

Des volutes de fumée s’échappent de la cheminée de la bergerie,

Pendant que le Patou règle le désordre du troupeau ovin.

 

Le calme du plateau  est brisé par les cris des  grands freux   affamés

En quête de charognes  laissées  là  comme chaine alimentaire.

Les troupeaux paisibles, sans cesse, paissent à volonté le gras pâturage  verdoyant.

L’iris  des Pyrénées  souligne de  son bleuté violacé le sentier sans fin.

 

Harmonie bigarrée aux senteurs étranges, valse des fleurs, symphonie pastorale,

Des   notes sucrées miellées  des lis Martagon,  aux acidulées des mousses  fraîches,

Offrent à ceux qui le méritent, le bonheur d’un monde d’ailleurs,

Deviné  dans le  «poème des montagnes »  d’Indy.

Un partenariat
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

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administrateur théâtres

Ce Portrait de Dorian Gray est une véritable icône théâtrale. Cela commence par des personnages de roman, recréés pour le théâtre par Fabrice Gardin et Patrice Mincke; des décors  taillés comme des  bijoux qui se succèdent avec grande fluidité sur  un  plateau dont on aperçoit les cintres et les coulisses; des costumes d’époque dignes de grands couturiers ( Charly Kleinermann et Thibaut De Coster pour le décor ) et des joutes verbales de dandys  qui créent peu à peu par leur acidité sulfurique un climat de conte fantastique.

C’est ardent et contestataire, pertinent et impertinent, et surtout  très  bien joué. Révérence irrévérencieuse à la société , chaque scène est très enlevée, presque fugitive. La passion est dans la dualité, et dans  le duel peut-être aussi. Dans le combat désespéré contre la décrépitude physique et morale.  Des bas-fonds de Londres qui font penser aux lieux fétides  hantés par un certain  Dr. Jekyll and Mr. Hyde, aux nobles  cheminées de marbres victoriennes décorées de bouquets somptueux, le discours d’Oscar Wilde passionne par son cynisme, sa décontraction et son intense vérité.

Aimer une œuvre d'art, c'est courant. Mais l'aimer à la folie et nourrir une véritable passion amoureuse pour celle-ci confine au délire et  entraîne une souffrance  incommensurable. La voix off du début nous prévient : «  Il arrive qu’une personne soit, à sa façon, une véritable œuvre d’art. Avec son beau  visage et sa belle âme, Dorian Gray suscitait l’émerveillement. C’était un ravissement de l’observer. Il ressemblait à ces silhouettes gracieuses aperçues dans une fête ou sur une scène, dont les joies nous paraissent très lointaines, mais dont les souffrances excitent notre sens de la beauté. »  Cette vision romantique de la beauté ne laissera aucun repos à l’âme, jusqu’à ce qu’elle … en meure!

 Oscar Wilde a enfermé cette vision  dans  un trio subversif de relation amour/haine  qui torture les trois personnages principaux. Personne ne sortira  indemne de l’arène. Il s’agit d’une douloureuse et lente  descente aux enfers  pour ces trois mages d’un genre particulier.  Basil Hallward (Frédéric Clou) l’artiste bourré de bons sentiments et fort de son  rêve esthétique  n’y échappe pas. C’est lui qui a composé le portrait du fascinant jeune-homme dont il est amoureux en vrai et sur la toile. Il  exulte  lors du processus créateur et  souffre à la fois de sa naïve passion qu’il ne peut dissocier e son oeuvre.  Lord Henry (Benoît Verhaert) le  sinistre prédateur manipule Dorian Gray avec le plus grand  mépris et lui inflige des influences maléfiques afin de mesurer son pouvoir. Il est certes conscient de sa puissance destructive mais incapable de s’en départir.  Les deux  Pygmalions inversés sont campés. Dorian Gray (comme chacun de nous)  porte en lui le ciel et l’enfer. C’est un être dévoré par ses combats intimes et son incapacité grandissante  à proscrire le mal dans sa vie. Oscar Wilde semble  d’ailleurs être un mélange des trois personnages à la fois. Une condition humaine difficile dont  Picasso aurait pu faire une  très belle œuvre cubiste. Le metteur en scène,  Patrice Mincke, fait miroiter les facettes multiples de l’écrivain  avec une jubilation exaltante.  Et sans la moindre crainte, de son côté ! « Tout portrait peint avec sincérité est le portrait de l’artiste et non du modèle. Le modèle n’est que l’accident, l’occasion. Ce n’est pas lui qui est révélé par le peintre, c’est plutôt le peintre qui se révèle lui-même sur la toile. Si je ne veux pas exposer ce portrait, c’est que je crains d’y avoir dévoilé les secrets de mon âme. »

 Fabrice Gardin, avec grande sensibilité et pragmatisme à la fois,  traduit de façon très  subtile la jubilation que lui inspire  cette œuvre d’Oscar Wilde qui examine les relations entre l’art, la vie et la morale.  Le public à son tour est saisi par  l’intensité du questionnement. C’est du tout beau théâtre qui se joue jusqu’à la dernière ride du visage mobile et changeant du formidable acteur principal: Damien De Dobbeleer,  une gueule d'ange transformée en démon!   

Et les femmes dans la pièce ? Des oeuvres d’art, elles aussi… , comédiennes en diable,  pleines de peps de vivacité  et de  répartie qui sont loin de laisser insensible! Léone François Janssens (l’émouvante jeune comédienne Sibyl Vane, amoureuse éplorée de Dorian), Bernadette Mouzon et Myriem Akheddiou d’une féminité sans faille dans leur rôles de mère, de duchesse ou de Lady.

Théâtre Royal des Galeries's photo. 

photos de Nicolas Janssens

http://www.trg.be/saison-2014-2015/int.-patrice-mincke__5843

Le Portrait de Dorian Gray

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12273054857?profile=original12273054683?profile=originalPat-2-288x300.png?width=28812273055260?profile=original                                                            Le « Magic Land » ou « l’Esprit frappeur » ? Ce théâtre insolite perdu dans un quartier de très mauvaise réputation a de nouveau frappé. « Nuit torride à l’hospice » est une reprise d’un spectacle de , certes, mais quand le public plébiscite un spectacle, c’est qu’il y a de bonnes raisons! Imaginez donc une  compagnie d’artistes passionnés, très soudée sous la direction de Patrick Chaboud, en costumes du 18e (splendides et signés, Frédéric Neuville) et en perruques argentées, le verbe facile, singeant autant la haute société que la môme poisson, et vous avez le début du tableau.

Ajoutez des décors pittoresques sur quatre plans qui surgissent au gré du récit (Yves Goedseels), et des voix qui se joignent par le chant avec la dévotion d’une prière, voici déjà une  autre perspective. La musique est de Hughes Maréchal. Mais il y a plus de profondeur encore dans l’entreprise. Dès l’entrée dans le théâtre  chacun des spectateurs  est happé par les personnages qui vous rendent immédiatement indispensables au déroulement de leur pièce. On vous apprend les manières de marquis, on s’éclaire dans les caves voûtées du château éclairées aux chandelles tandis que dehors, résonnent les clameurs des émeutiers!

 Jouant une pièce dans la pièce qui n’en finit pas de commencer, vous êtes dans les deux cas  partie prenante et consentante de leur spectacle ! Une méthode  du type « Baladins du miroir », où le comédien est une sorte d’aimant qui ne lâche plus son spectateur de sa sphère d’influence. Ils sont deux à vous avoir saisi dans leurs filets comme lors d’une pêche miraculeuse : ce sont à la fois le personnage joué et le comédien vivant qui fascinent sous leur maquillage soigné  et leur accoutrement fantastique,  fruit d’un bel imaginaire ! De simple spectateur on passe à travers le miroir et l’on se doit de devenir acteur ! Dans la réalité surtout, espèrent-ils de tout leur cœur, ayant pris pied sur la plateforme de la solidarité humaine. Et le chapiteau… ce serait la Vie!  

12273055280?profile=originalC’est le but, me direz-vous car le propos est généreux et a l’intention de faire bouger quelque chose  au fond de  chacun de nous. Si par aventure vous vous êtes dit, « bah! Voici encore un spectacle de saltimbanques et je reste à l’écart. » Je ne fais que regarder, dites-vous ? Dites-vous  que la magie théâtrale rend cette posture totalement   intenable et le pari des comédiens est donc largement gagné! On ne peut d'ailleurs qu’être gagné par une  sympathie profonde avec  leur message. Ils ont mis en scène, un marquis et sa marquise, leur fils, leurs domestiques zêlés (Sara Amari en inénarrable soubrette), la belle-mère, Louis XVI  en personne en train de s’enfuir, un hospice, sa mère supérieure est ses nones, la rue du Temple,  un tribunal révolutionnaire, des amants qui ont le nom de Saint-Just,  Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick (call me Frritzz) et Robespierre... et la dérision en personne.  Feintes, gaudriole, jeux de mots délirants, calembours n’en finissent pas de s’égrener…dans un rythme étourdissant de liberté et la pièce n’est toujours pas commencée, disent-ils! Mais l’actualité présente n’a été à aucun moment épargnée.  Comme si les comédiens devaient chauffer la salle jusqu’à l’incandescence avant de passer leur message qui a de délicieux relents de « Mélopolis »! Les chants chorals sont applaudis avec vénération car porteurs d’une étrange harmonie, ils  ont touché au plus profond.

  Christelle Delbrouck et Stéphane Stubbe en tête, on a envie de nominer chaque artiste et de lui offrir une perruque d’or!  Cela pourrait servir pour leur prochain spectacle qu’on leur souhaite salle comble comme celui-ci. Car ils ont déchaîné en nous, le rire, la connivence et le bonheur de notre humanitude.  Voici une émouvante critique sociale, soutenue par un remarquable travail de comédiens et de leur metteur en texte et en scène, Patrick Chaboud

Avec : Sara Amari, Muriel Bersy, Loïc Comans, Christelle Delbrouck, Claire-Marie Lievens, Thomas Linckx, David Notebaert, Stéphane Stubbé et Xa

http://www.magicland-theatre.com/wordpress/nuit-torride-a-lhospice/

Du 10 au 26 octobre 2014 à 20h30, le dimanche à 15h30 : « Nuit Torride à L’Hospice »

COMPLET !

NB. Du 7 au 8 et du 13 au 15 novembre à 20h30 et les dimanches 9 et 16 novembre à 15h30, on vous attend pour "Le Magic Land règle ses Contes" ! 02/245.50.64

 

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DANS UNE JOLIE BOITE...

Dans une jolie boite aux couleurs de l'espoir

Ai déposé pêle-mêle les désirs, les envies

Je vais donc y puiser quand le ciel se fait noir

Un peu de déraison pour retrouver la vie!

Cette mémoire cuisante qui creuse le destin

Réserve inépuisable de couleurs et d'idées...

C'est le meilleur remède qu'ait trouvé mon instinct

Pour retrouver beauté, jusqu'en une fleur fanée!

J.G.

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Le voyage du bleu : la Source bleue

Lorsque je demande à l’une ou l’un de mes collègues aquarellistes pourquoi elle ou il privilégie dans sa palette telle ou telle couleur, elle ou il est souvent bien incapable de me l’expliquer : c’est me répond-on question d’habitude et de goût personnel, d’affinité particulière avec ses couleurs parce qu’on réussit mieux ses effets avec (mais sans savoir exactement pourquoi), ou même quelquefois par « effet de mode », de publicité, ou parce que son fournisseur habituel est tributaire de telle marque ou de telle autre…

Hors, la réponse à cette question est capitale si l’on veut obtenir des résultats encore meilleurs, et aborder des problématiques nouvelles aptes à élargir notre créativité, à mieux nous épanouir dans ce qui nous pousse à nous exprimer dans un domaine particulier de l’aquarelle plutôt qu’un autre (il devrait en être de même pour toutes les autres techniques artistiques utilisant la couleur) !

En réalité, il faut savoir qu’une même couleur ne réagira pas sur un papier identique d’un fabricant à l’autre, qu’une couleur bien précise du même fabriquant ne réagira pas non plus de la même façon selon la nature du papier qui la reçoit (avec une même préparation palette et une dépose papier identique), que des couleurs du même fabriquant, mais aux nuances proches dans la même gamme colorée (les bleus par exemple et bien qu’ils soient légèrement différents sur le nuancier), pourront rendre (pures ou en mélange et selon la concentration pigmentaire de leur préparation) des effets visuels ou optiques sensiblement identiques à l’œil sur des papiers différents alors qu’elles sont différentiées sur le nuancier, etc.

À cette problématique de base se rajoute celle des qualités pigmentaires des couleurs (capitales pour toute réussite en aquarelle – mais pas seulement - en termes de luminosité, de vibration et d’atmosphère) : limpidité, vivacité, fraîcheur, brillance, transparence, intensité, etc.

Aussi, avant de continuer cette approche du bleu en aquarelle, même sans aller trop loin dans nos souvenirs de physique et chimie, une petite révision théorique s’impose : nous savons que la couleur (citation Wikipédia) : « est la perception subjective par l'œil d'une ou plusieurs fréquences d'ondes lumineuses, avec une (ou des) amplitude(s) donnée(s) »

« On distingue :

  • les couleurs pigmentaires, dites chimiques, car produites par la présence dans la matière de colorants ou de pigments qui absorbent une partie de la lumière blanche et ne réfractent que certaines longueurs d'onde,
  •  
  • les couleurs structurelles, dites physiques, provoquées par des phénomènes d'interférence liés à la structure microscopique de l'objet qui diffracte la lumière reçue. Les couleurs pigmentaires sont généralement instables, tandis que les couleurs structurelles sont pérennes et iridescentes. »

Nous savons aussi que la décomposition de la lumière blanche à travers le spectre lumineux permet de visualiser toutes les couleurs perceptibles par l'œil (pensons à l’arc-en-ciel). Chaque couleur correspond donc à une longueur d’onde électromagnétique particulière exprimée en nanomètre (1 nm = 0,000 000 001 m).

Mais la plage des longueurs d’onde perceptible par l’œil humain est très réduite (situé entre 380 et 780 nanomètres), imaginiez comment serait le monde si nous arrivions à percevoir les longueurs d’onde situées en deçà et au-delà du spectre lumineux qui nous est perceptible !

Le voyage du bleu : la Source bleue

Notre perception des couleurs est de surcroît conditionnée par la lumière ambiante (directe ou indirecte), l'environnement, les interprétations de notre cerveau en fonction du contexte, et naturellement la physiologie de notre vision elle-même, ce qui nous amène à ne pas voir forcément les mêmes couleurs qu’autrui dans un même contexte.

De plus, un œil exercé maniant la couleur en permanence percevra des couleurs « invisibles » au regard du plus grand nombre (élargissant la conscience des couleurs il est très important de le savoir, j’y suis régulièrement confronté dans le cadre de mes stages ou cours : parfois je dis « mettez ici tel rose ou tel jaune dans le bleu du ciel, car sa couleur en est considérablement modifiée en cet endroit » et on me répond « - mais où vois-tu cette couleur, je ne la vois pas ? », alors qu’elle est tout à fait « visible » et évidente pour moi) ! 

Aussi, pour pouvoir parler de couleur, il est nécessaire de comprendre ce qu'est la lumière et comment notre œil fonctionne.

Il faut aussi connaître pour bien comprendre la différence entre « couleur lumière » (structurelle) et « couleur pigment », les principes simples de la synthèse additive des couleurs : composition d’une couleur par addition de lumière (faire l'exercice du lien pour bien comprendre), phénomène propre aux objets émetteurs de lumière dans le cas des couleurs structurelles.
Ainsi que celui de la synthèse soustractive, principe consistant à composer une couleur par soustraction de lumière (déplacer idem les couleurs avec la souris dans l’animation de ce lien) : le mélange des couleurs « pigments » sur la palette ou le papier en aquarelle est le résultat d'une synthèse soustractive. L’étude des couleurs à travers la rose chromatique en est l’une des plus intéressantes applications théoriques, nous l’appliquons sans en avoir toujours conscience dans chacune de nos réalisations picturales…

En résumé, pour voir les couleurs, trois éléments sont indissociables : la lumière, la matière et l’œil, mais les nombreux facteurs évoqués ci-dessus vont en faire changer la perception qui à chaque instant peut paraître différente.

Par contre, pour traduire en aquarelle un effet ou un objet coloré (particulièrement s’il est perçu en terme de lumière structurelle – donc « couleur lumière » -), nous n’avons à notre disposition que des pigments (mais qui sont « matière » tout aussi bien élaborés soient-ils).

Il nous faudra donc être très attentifs dans la composition de nos palettes aux trois principaux éléments qui définissent la couleur que nous utilisons en tant que peintres :

  • a) la tonalité (rapport à la couleur dont elle se rapproche le plus, correspondance entre le nom et numéro des couleurs sur l’étiquette et leur teinte réelle dans la palette puis sur le papier une fois sèches),
  • b) la luminosité (valeur, intensité lumineuse, liée à la transparence de la couleur, ne vous fiez pas seulement aux indices de transparence donnés par le fabricant : testez vos couleurs sur le papier !),
  • c) la saturation (plus ou moins pure, éclatante, brillante ou terne, qualité de la couleur où les notions de valeur teintante, granulométrie / précipité, etc., jouent un rôle important, particulièrement dans les mélanges)…

D’où l’importance de la nature des pigments de nos demi-godets (ou de nos tubes) qu’il nous importe d’évaluer, tester, comparer, mémoriser pour en connaître parfaitement les caractéristiques dont limpidité, vivacité, fraicheur, brillance, transparence, intensité, le pouvoir colorant, l’aptitude au précipité ou à la granulation selon les fabricants, effets des mélanges selon les types de papier (toutes ces notions ainsi que celles d’autres éléments comme la durabilité, seront développées, expliquées et mises au service de votre créativité dans les cours en ligne sur lesquels je « planche », mais vous pourrez déjà en découvrir quelques-unes des implications les plus courantes dans cette série d’articles) .

C’est à partir de ce constat que nous pouvons en déduire la suprématie de l’aquarelle légère et rapide par rapport à de nombreuses techniques d’expression artistique pour son aptitude à saisir les scènes éphémères, les ambiances fugaces, les effets de lumière (et donc de couleurs) qui changent très vite (par exemple en extérieur en fonction de la météo, de l’écoulement du temps, ou de notre propre déplacement par rapport à nos sujets de prédilection).

Pour bien traduire les couleurs subtiles et nuancées de la Source bleue (couleurs structurelles « immatérielles » de l’eau), il conviendra donc de posséder dans sa palette les couleurs « optimales » les plus aptes à permettre de réussir leurs mélanges et obtenir les effets souhaités.

Pour cela 2 solutions :

  • soit on connaît parfaitement ses couleurs et on maîtrise tous les éléments évoqués ci-dessus (auquel cas on a déjà correctement disposé sa palette avec les « bonnes couleurs » - et je ne parle pas seulement des bleus -),
  • soit on découvre l’aquarelle, on est en phase d’apprentissage ou de perfectionnement, ou on travaille par « habitude » (au « feeling » en quelque sorte sans trop se poser de questions sur l’implication des couleurs dans l’optimisation de son travail), et là, il faut procéder avec méthode pour remanier sa palette et lui donner le potentiel apte à vous faire entrer dans d’autres dimensions de la « couleur lumière »,
  • Comment ?

En effectuant des tests et essais tout simplement (ou en se fiant à mes conseils et propres expériences - mais n’oubliez pas qu’il faudra les adapter à votre sensibilité et goût personnel - comme je l’explique sommairement ci-dessous à propos de la Source bleue) !

L’idéal quand on n’a pas une palette adaptée avec des bleus permettant de retrouver rapidement ceux de son sujet est d’apporter son nuancier des bleus pour les comparer à ceux de ce sujet, puis d’extraire les plus appropriés pour les rajouter à sa palette de travail…

L’idéal quand on n’a pas une palette adaptée avec des bleus permettant de retrouver rapidement ceux de son sujet est d’apporter son nuancier des bleus pour les comparer à ceux de ce sujet, puis d’extraire les plus appropriés pour les rajouter à sa palette de travail…

Les couleurs bleues et vertes de la Source bleue sont avant tout des couleurs structurelles provoquées par la diffraction de la lumière du jour interférant avec les particules des micro-précipités que son eau contient.

Venez avec moi retrouver les bleus de la source en cliquant sur ce lien (vidéo)

Analysons notre sujet (une analyse globale, strictement picturale, simple et fonctionnelle est généralement suffisante pour la plupart des sujets, mais je ne m’intéresse ici afin de bien les comprendre qu’aux effets de lumière et de couleurs concernant le phénomène provoquant les bleus de cette source, du bleu très sombre du fond de la vasque, aux turquoises, verts et bleu gris des zones les moins profondes liées à l’étalement des eaux au départ du ruisseau) :

  1. – Analyse sommaire formelle du sujet :

À l’origine de ce phénomène physique de bleu extraordinaire dégagé par cette eau, un processus d’origine chimique lié à son caractère d'exsurgence d'eau karstique qui, après avoir traversé les calcaires des karts, s’est chargée d'ions HCO3-, et Ca++ en solution. En arrivant à la surface au niveau de la source, l’eau de la Source bleue relâche dans l'atmosphère une partie de son CO2. Cette perte de CO2 favorisée par la photosynthèse de bactéries photosynthétiques planctoniques provoque un micro-précipité de CaCO3 en suspension dans l'eau (2 HCO3- + Ca++<=> CO2 + CaCO3 + H2O).

Dans les conditions habituelles d’éclairage de la source à la lumière du jour, la configuration et la profondeur de sa vasque, les particules de ce micro-précipité ont la bonne dimension et la bonne concentration pour entraîner la diffusion de la lumière et lui donner ses exceptionnelles couleurs bleues.

Le voyage du bleu : la Source bleue

D’autres phénomènes physiques s’ajoutent aussi à ceux de la propagation de la lumière dans l’eau, de son absorption en fonction de l’indice de réfraction de cette eau, de sa profondeur, et de la nature du sable clair du fond de la vasque calcaire sur laquelle la lumière non absorbée se réfléchit.

L’intensité lumineuse diminuant avec la profondeur, les rayonnements rouges de la lumière étant d’abord absorbés avant le bleu et selon les principes de la synthèse additive des couleurs, la lumière émergente du fond de l’eau ayant perdu le rouge, on voit donc une eau de couleur cyan et verte dans les zones moins profondes, et d’un bleu plus foncé vers le fond de la vasque (au niveau de l’arrivée de la galerie noyée en forme de siphon environ 6 m de profondeur), où les rayonnements verts se sont également dispersés à leur tour (voir la vidéo d’exploration subaquatique de la Source bleue en suivant ce lien)…

Mon essai d’interprétation personnelle des effets du rayonnement de la lumière du jour dans la source bleue (si mes souvenirs scolaires de physique ne se sont pas trop évanouis…).

Mon essai d’interprétation personnelle des effets du rayonnement de la lumière du jour dans la source bleue (si mes souvenirs scolaires de physique ne se sont pas trop évanouis…).

En fait, la couleur bleue de la source qui arrive à nos yeux est le résultat de la combinaison de plusieurs des phénomènes de diffusion, transmission et réflexion sur le fond clair (la réflexion spéculaire du bleu du ciel à la surface de l’eau étant ici insignifiante à cause du couvert végétal) où la lumière du jour qui ressort en lumière diffusée est réémise dans toutes les directions après avoir suivi un trajet chaotique dans l’eau avant de ressortir dans des directions aléatoires après absorption selon la profondeur de l’eau des longueurs d’onde colorées de la gamme des jaunes aux rouges, ce qui ne nous laisse percevoir que les teintes allant du vert pâle au bleu profond.

  1. – Analyse d’interprétation picturale du sujet :

Bien que je n’aborde pas réellement ici l’analyse d’interprétation picturale de cette source (la réservant à mes cours et modules de formation en ligne ou à mes stages - mais on en a une idée à travers un passage de la vidéo -), je vais cependant en amorcer les principes, car, que cette analyse soit implicite (intuitive ou spontanée, liée à l’habitude et à l’expérience picturale du travail sur le motif) ou explicite (phases d’apprentissage ou de découverte), elle n’en est pas moins essentielle.

Les éléments qu'il est possible de prendre en compte dans l'analyse d’un motif sur le plan « pictural » sont multiples, variés et complémentaires, car ils définissent la construction même du travail à travers ses différentes étapes, et orientent l’interprétation créative du sujet.
Ce type d’analyse pour une réalisation en aquarelle ou croquis aquarellé (même rapide) doit bien évidemment être pensé en fonction des attentes espérées de ce travail.

Elle doit répondre aux questions :

  • Qu’est-ce que je vois ? – qu’est-ce que je garde et qu’est-ce que je « laisse » ? - comment je le traduis en terme de formes, de couleurs, de lumière, de graphisme, etc. ?- par quoi je commence et comment j’élabore mon motif ? – en combien de temps je pense le réaliser ? etc.

Globalement en carnet de voyage ou de terrain, ce questionnement doit tenir compte :

  1. - du contexte : tout ce qui n’est pas dans le sujet, mais qui contribue à sa perception, à son interprétation,
  2. – du réel exprimé : tout ce qu’on peut appréhender dans le sujet d’un monde absent mais qui m’est donné à voir (le référent).
  3. – des choix énonciatifs : ce qui, dans le sujet, dépend pour l’essentiel de l’acte de représentation et non du réel représenté (d’où que garde-t-on, que supprime-t-on ?).
  4. – de l’interprétation : c’est-à-dire la manière technique et créative permettant de relier les différents éléments analysés entre eux et avec la subjectivité de la perception pour donner un sens particulier à son motif.

La recherche des bleus et des verts les mieux appropriés faisant partie de cette analyse, je vais, une fois les deux ou trois bleus de ma palette des bleus sélectionnés et rajoutés à ma palette de travail, étudier avec quels jaunes (ou quelles autres couleurs pures) les mélanger pour obtenir sur le papier non seulement les couleurs se rapprochant le plus de la réalité, mais aussi celles aptes à répondre à mon intention créative (à commencer par l’atmosphère que je veux donner à cette aquarelle, aussi rapidement soit-elle réalisée).

Pour cela il n’y a pas « 36 solutions » en phase d’apprentissage, il faut faire ses essais de mélanges – échantillons des couleurs qui nous paraissent les plus correspondre à ce que je veux réaliser sur le même papier que celui de mon carnet de voyage (ou papier définitif d’exécution), voici quelques-uns de ces tests réalisés pour vous :

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’auréoline pour rechercher les verts, + l’alizarine cramoisie pour la couleur de l’eau profonde sous le fond de voûte.

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’auréoline pour rechercher les verts, + l’alizarine cramoisie pour la couleur de l’eau profonde sous le fond de voûte.

J’ai choisi comme première base de bleus : turquoise Rembrandt, outremer clair Blockx, indanthrène Rembrandt, bleu d’Anvers Winsor / Newton, bleu Winsor W-N (base ramenée après essai à 3 bleus seulement : turquoise Rembrandt, outremer clair Blockx, indanthrène Rembrandt), comme base de jaunes auréoline W-N et or vert (Winsor / Newton également), et en couleur annexe (pour réaliser le bleu très sombre sous le porche de la source), l’alizarine cramoisie W-N.

Je rappelle que pour traduire un effet de couleurs structurelles toutes ces couleurs doivent être plutôt transparentes intenses, pigments purs ne précipitant pas !

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’or vert W-N pour les zones d’eau de faible profondeur, et pour la teinte de l’eau en fond de voûte mélange outremer clair + bleu Winsor + l’alizarine cramoisie (donne « Teinte fond de voûte n°1 »)

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’or vert W-N pour les zones d’eau de faible profondeur, et pour la teinte de l’eau en fond de voûte mélange outremer clair + bleu Winsor + l’alizarine cramoisie (donne « Teinte fond de voûte n°1 »)

Au premier coup d’œil après séchage, le constat que l’on peut faire est que, même si certaines des nuances obtenues sont très proches les unes des autres dans les verts et verts / turquoises, c’est avec  l’or vert qu’elles paraissent plus nuancées, naturelles et subtiles, c’est donc cette dernière couleur que j’utiliserai pour aller des turquoises aux verts.

Il est également à remarquer si l’on compare le mélange auréoline W-N / bleu outremer clair  Blockx, que ce mélange devient vite sale et très granuleux sur papier à grain (même fin comme le Montval), alors qu’il précipite très peu en restant assez transparent et fluide sur papier satiné ou à grain très fin (donc, bien faire ses tests couleurs avec le même papier que le papier définitif !) :

Mélange bleu outremer clair Blockx + auréoline W-N sur papier Montval 300 g

Mélange bleu outremer clair Blockx + auréoline W-N sur papier Montval 300 g

Mélange identique sur papier Sennelier 180 g à grain très fin

Mélange identique sur papier Sennelier 180 g à grain très fin

Ne pas hésiter à comparer les mélanges de plusieurs couleurs proches (ou identiques) provenant de fabricants différents, cela permet de trouver le mélange le mieux adapté au papier de son carnet, exemple pour la couleur de l’eau sous le fond de voûte de la source :

Teinte de fond de voûte n°2 : le bleu de phtalo vert Sennelier donne sur mon papier Montval après mélange avec le bleu outremer clair Blockx et l’alizarine cramoisie W-N, un bleu plus profond et lumineux tout en restant aussi transparent, qu’avec le bleu Winsor (nuance verte) W-N, c’est donc le mélange que je privilégierai.

Teinte de fond de voûte n°2 : le bleu de phtalo vert Sennelier donne sur mon papier Montval après mélange avec le bleu outremer clair Blockx et l’alizarine cramoisie W-N, un bleu plus profond et lumineux tout en restant aussi transparent, qu’avec le bleu Winsor (nuance verte) W-N, c’est donc le mélange que je privilégierai.

Le voyage du bleu : la Source bleue

Les couleurs ci-dessus (de l’eau de la source) préalablement préparées sur la palette, sont passées en humide par glacis (dans toute la surface concernée mouillée à l’eau claire) par-dessus les galets et cailloux du fond bien secs (réalisés en un premier temps), pour favoriser leur mélange sur le papier et obtenir les effets de transparence.

La Source bleue, motif terminé.

La Source bleue, motif terminé.

Si vous voulez en savoir plus sur la source bleue, sachez qu’elle a été explorée et que son siphon est devenu un « classique » de la plongée souterraine.

Elle conserve cependant encore une grande part de ses mystères et réservera probablement de nouvelles surprises aux futurs explorateurs.

Quant au plus célèbre peintre de la région (Courbet), il a peint cette source dans un tableau où je ne vois guère de bleu !

Mon interprétation personnelle du panneau placé à l'entrée du sentier de la Source bleue

Mon interprétation personnelle du panneau placé à l'entrée du sentier de la Source bleue

Enfin, pour terminer ce deuxième billet consacré au bleu, je voudrais partager avec vous ce très beau passage du livre de Thierry Lenain, "Loin des yeux près du cœur", 1997, Ed Nathan "Les couleurs pour un aveugle" :

"…ça la troublait que je ne connaisse pas les couleurs. Je lui avais pourtant affirmé que ce n'était pas grave, que ça m'empêchait ni de vivre, ni d'aimer... Elle tenait pourtant à me les apprendre.

Alors il y eut le jaune comme le soleil qui chauffe sur la peau, le vert comme le parfum de l'herbe mouillée le matin, le bleu comme l'océan quand tu es devant. 

"Tu t'es déjà tenu devant l'océan, pour écouter les vagues et sentir le vent sur ton visage ? M’avait-elle demandé. Eh bien le bleu, c'est comme ça."

Et elle le répétait inlassablement: ça, c'est jaune comme le soleil qui chauffe la peau, ça vert comme le parfum de l'herbe mouillée le matin, et ça bleu comme l'océan quand tu es devant.

C'étaient nos couleurs. Les couleurs de notre amour. "

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administrateur théâtres

A Day-to-day adventure!

Fondant comme un caramel au beurre salé! But what does Summer Robin think of it?

Grisabella's watching over, with her motherly look

Beau

lever de rideau, ici on parle français!

Such a Splendid fish to fry, isn't it!

May I have some more? said the dog (CH.Dickens)

Really Guilty Face!

Un poussin qui n'a pas peur de son ombre! Maestro? Wo bist du?

En attendant la pluie (Marcel Aymé)J'adore l'été!

Et les chants d'oiseauxEt les mouvements dans l'herbe!

Caught you!

And the rest is                 SNOW!

Shozo Ozaki's photo.L'amour rend meilleur!

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administrateur théâtres

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A l’occasion de la présidence italienne du Conseil de l’Union européenne, SIENNE* s’expose cet automne et SIENNE s’impose comme un rendez-vous artistique incontournable à Bruxelles ! Du 10 septembre 2014 au 18 janvier 2015 se tient  au PALAIS DES BEAUX ARTS  de Bruxelles une merveilleuse exposition d’œuvres en provenance de la prestigieuse Pinacoteca Nazionale di Siena et le Musée des Beaux-Arts de Rouen, ville qui accueillera d'ailleurs l’exposition, après Bruxelles.

Un juste  hommage est rendu à  cette ville  d’art  italienne qui jouit d’une grande tradition picturale après Florence.  Les 80 chefs-d’œuvre  exposés qui datent de l'époque gothique ont rarement quitté leur port d’attache. C’est grâce aux moyens de la plus haute technologie  élaborés ces dix dernières années que ces œuvres ont pu  enfin quitter Sienne et voyager  dans des conditions de sécurité valables. Les œuvres d’une fragilité extrême et toutes restaurées impeccablement  témoignent d’un art révolutionnaire qui, entre le XIIIe et le XVe siècle, fut notamment exercé par les frères Lorenzetti, Duccio di Buoninsegna, Simone Martini et Sano di Pietro.

Car forts de leur maîtrise picturale, ces artistes comme Duccio, Simone Martini, les frères Lorenzetti, Sassetta, Sano di Pietro, Giovanni di Paolo et tant d'autres vont véritablement inventer un nouveau type de récit, avec la création de modèles iconographiques. Ils renouvelèrent l’utilisation du paysage à l’arrière-plan grâce à l’introduction de la perspective et eurent recours à une palette de couleurs inédites par leur brillance et leur vivacité. A chaque arrêt devant les œuvres, on touche au sublime. Il est  fait de naïveté, de spiritualité, d’espérance et de beauté. La dynamique de chaque œuvre, ses lignes maitresses fulgurantes,  ses coloris, la perfection des visages, le galbe des corps, la fluidité des drapés,  le rendu des tissus et des  matières  ont  de quoi  émerveiller et de quoi  donner à notre société orgueilleuse  et impudente, un  bienfaisant  regain d’humilité. A chaque arrêt devant l’œuvre on se tait, touché par la grâce picturale et la vibration des couleurs. Un antidote contre la grossièreté ambiante!  

 Quant au  titre de l’exposition, s’il  parle d’ars narrandi  c’est que chaque œuvre  raconte une histoire biblique ou religieuse locale pour que le peuple peu éduqué puisse être édifié. Pour nous, visiteurs du 21 e siècle,  il s’agit d’une communion sans paroles avec notre histoire et parfois avec une indicible émotion. Chaque fois un petit miracle se renouvelle: on entre de plein pied dans des enluminures grandeur nature.  Cet art narratif et didactique d’une extrême finesse  est illuminé d’humour et d’expression d’émotions d’une grande humanité. Il est révolutionnaire, parce qu’il abandonne l’iconographie rigide de de l’art byzantin tardif et crée un monde vivant fait de scènes de la vie quotidienne, de  paysages réels comme décor, et de personnages très expressifs.

*"Sienne fut un carrefour en Europe La situation de Sienne sur la Via Francigena, l’itinéraire qui menait les pèlerins d’Europe du Nord vers Rome et, au-delà, vers les ports d’Italie méridionale et les Lieux Saints, a fait de la ville un important carrefour commercial et a favorisé les échanges artistiques. Les peintures, souvent de petits bijoux faciles à transporter tels que diptyques, retables portatifs et miniatures, ont été diffusés le long de cet itinéraire de pèlerinage. De la sorte, ils ont également fasciné les autres centres de l’Italie et marqué de leur empreinte l’Europe entière."

photo.jpg?width=175L’exposition, vous pouvez aussi l’emmener chez vous. Sous la forme d’un magnifique livre intitulé « Peinture de Sienne - Ars narrandi dans l’Europe gothique » dont les planches et les textes  témoignent de la dévotion artistique des collaborateurs.

Mario Scalini, Anna Maria Guiducci Collectif

http://www.bozar.be/activity.php?id=14090

Du 10 septembre 2014 au 18 janvier 2015
Palais des Beaux-Arts (Bruxelles)
Rue Ravenstein 22
1000   Bruxelles
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Un refuge dans le bois

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d'Adyne Gohy

Inspirée de

La Masure

 

Toiture tuilée de tuiles sombres émoussées,

La masure charpentée de bois vermoulu,

A l'orée du bois odorant et touffu,

Egraine les heures et les vicissitudes passées.

 

 

Carreaux zébrés opaques de poussière,

Donnent le change à la porte entr'ouverte.

Personne n'y entre, personne ne sort de cet antre d'hier,

Le vent murmure sa lancinante mélodie en pure perte.

 

 

Raide, triste, aucun signal solennel de la cheminée,

Pas de volutes blancs marquant le retour du beau temps,

Point de fumées grisâtres annonçant le vent damné.

Elle ne rougit plus de plaisir comme avant.

 

 

Craquements successifs, incessants, animent

La masse vermoulue de cette demeure esseulée

Que la bourrasque, que le sable, humides et froids minent,

Par leurs coups violemment répétés.

 

 

Que fut-elle ? De douanier ? De pêcheur ? Refuge du promeneur ?

Jouissante de son charme encore préservé

Par un rosier hautain, vivace, ancré par bonheur,

Au muret dignement effrité, l'entourant de bonté.

 

 

L'écume des flots violemment projetés par le souffle divin,

Moutonnent les rides du sable dompté par la lande fertile.

Varech perlé d'embruns, lové au petit matin,

Par l'ivresse iodée, gît, flasque, sur le sable servile.

 

 

La masure charpentée de bois vermoulu

Contemple à sa faim ce tableau aux mille délices,

Epaulée en cela par la mouette trapue

Accompagnant la mélopée de l'onde propice.

 

 

La masure charpentée de bois vermoulu,

Logis impromptu du garenne sauvageon,

S'offre l'éternelle beauté d'âme émue,

Telle l'amazone riche d'un doux abandon.

 

 de Raymond Martin 

Un partenariat
Arts
 
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Lettres

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Le voyage du bleu (premier billet).


Dans la série des nouveaux articles de ce blog destinés à élargir nos possibilités d’aquarellistes de voyage avec un matériel très léger, et en conditions d’exécution rapide sur le terrain, voici le début d’une première étude consacrée aux couleurs, en commençant par les bleus.

Le voyage du bleu (premier billet).

«Contre-jour sur le château de la Calahorra», lavis bleu, pochade directe (sans dessin préalable) réalisée en 15 mn lors d’un voyage en Andalousie.à partir de bleu indigo, outremer et indanthrène. J’étais saisi par la beauté froide, fugace, immatérielle, intemporelle, de ces effets de lumière plongeant dans une ombre commune l’évocation d’une existence « a-distanciée » de la vie des hommes, l’ancien château mauresque et la ville catholique plus récente née de la Reconquête, qui paraissaient liés à jamais par un destin commun indifférent aux affres de l’histoire…

« Le Bleu est le chemin de l'infini, où la réalité devient rêve. Entrer dans cette couleur revient, telle Alice, à passer de l'autre coté du miroir, c'est à dire au Pays des Merveilles. Le  Bleu foncé symbolise le rêve, on passe alors du jour à la nuit, et de la conscience à l'inconscient. Le Bleu est le domaine de l'irréel, et il aplanit les contradictions et les alternances (par exemple jour/nuit) qui rythment notre vie. Mais cette couleur n'appartient pas à notre monde, elle évoque une idée d'éternité tranquille et méprisante, donc inhumaine. » (La symbolique du bleu, Pagan Guild)

Mais revenons-en aux bleus à notre disposition, pour y choisir ceux de notre palette : les qualités que nous demandons à nos couleurs étant d’être nécessairement aussi efficaces (et si possible plus réactives) que celles des couleurs que nous utilisons à partir de tubes à l’atelier (ou sur le motif dans le cadre d’un travail plus « posé » et « confortable »). Le choix de ces bleus se fera non seulement en fonction du type de voyage prévu et d’aquarelles envisagées, mais aussi en fonction de la nature spécifique des pigments utilisés, des résultats obtenus lors de leurs mélanges, de leur réaction au séchage, des possibilités éventuelles de reprises, etc.

Voici le nuancier que j’ai réalisé pour vous des bleus les plus courants que nous pouvons utiliser en carnet de voyage. C’est un nuancier dans lequel vous pourrez choisir ceux qui vous plaisent le plus en les adaptant à votre palette.

Nuancier qu’il vous sera également indispensable de réaliser à réception de vos propres couleurs lorsque vous les placerez dans votre palette afin de mémoriser leur emplacement et la nature exacte de leur teinte (chaque palette devrait d’ailleurs avoir le nuancier de l’ensemble des couleurs qui la compose).

Je vous conseille personnellement d’avoir au moins trois ou quatre bleus : un céruléum,  un outremer (ou cobalt) et un phtalo (ou bleu Winsor nuance vert) + option très utile : un turquoise (ou manganèse), en privilégiant les bleus transparents et intenses.

Mon nuancier est classé non par fabriquant mais des bleus les plus opaques aux plus transparents, et des bleus qui précipitent le plus (granuleux) aux plus teintants (attention plus une couleur est teintante plus elle est en principe transparente – et donc lumineuse -, mais difficile à corriger après une erreur sur le papier).

Je n’ai pas tenu compte dans mon classement des notions mêmes de luminosité, tonalité, saturation : elles sautent aux yeux en observant tout simplement ce nuancier !

Le voyage du bleu (premier billet).
Le voyage du bleu (premier billet).
Le voyage du bleu (premier billet).Toutes ces couleurs sont distribuées par www.aquarelleetpinceaux.com  (vous pouvez les commander de la part d’Alain MARC, cela contribuera à en élargir encore le choix, puisque les tests que je réalise pour "aquarelle et pinceaux" nous permettent de cibler les meilleurs produits et de vous faire profiter directement et indirectement du résultat de ces essais)..

Cette étude des bleus (bien que parcellaire et forcément subjective) se poursuivra à travers plusieurs articles pour en confronter ses nuances les plus courantes à différents bleus spécifiques (communs ou très rares), rencontrés dans la nature et dans certaines constructions humaines…

C’est dans cette gamme de bleus que vous choisirez ceux qui vous conviendront le mieux en n’oubliant pas que le secret des plus beaux mélanges passe par une connaissance approfondie des couleurs, de leur interaction, d’une expérience sans cesse renouvelée de leur maniement et étude d’effets.

De même, une aquarelle née de la seule intuition picturale basée sur l’émotion de l’instant (aussi spontanée soit-elle), ne peut rivaliser avec le résultat d’un travail comparable tout aussi spontané, mais fruit de nombreuses réflexions préalables et résultat d’exercices innombrables où cette connaissance s’acquiert dans l’exigence et la rigueur, pour mieux libérer un jour l’expression créative exempte de toute limite technique ou blocage mental…

Il ne s’agit pas pour moi de développer ici une analyse exhaustive de tous les bleus, mais à partir d’un choix de bleus mis à disposition par mon fournisseur de couleurs, de découvrir lesquels seront les mieux appropriés à la représentation ou à l’interprétation de telle ou telle atmosphère où le bleu joue un rôle majeur.

Exprimer l’âme d’une chose, celle d’un lieu où cette couleur est omniprésente, passe avant même de peindre par la réponse aux questions suivantes :  

  • quel bleu pour quel usage, et quel résultat dans le cadre de tel ou tel mélange lors d’un travail sur le motif spontané, simple et sans artifice?
  • Comment traduire le plus rapidement possible la perception de cette couleur et l’émotion qu’elle nous procure selon les choses et les lieux qui y sont assimilés ?

Les réponses à ces questions, outre la connaissance de nos couleurs et de leurs caractéristiques ne sera possible qu’en tenant compte des étapes à respecter tant dans l’analyse du motif que dans le processus de réalisation, pour mieux se libérer ensuite des contraintes d’élaboration et approcher au plus près du magnétisme de cette couleur.

Dès le prochain billet, pour découvrir le premier des lieux rares où nous allons essayer de capter ce mystère des bleus, je vous inviterai à me rejoindre dans un endroit magique et envoûtant nommé la Source bleue.

Vous serez comme moi fasciné (e) par ses eaux limpides jaillissant des flancs de la montagne sur les rives du très beau lac de Saint-Point en Jura Oriental.

Elles font de cette fontaine naturelle aux merveilleuses couleurs (allant d’un bleu de cobalt profond à un turquoise clair se fondant en subtiles nuances vertes), la plus vivante et insaisissable palette des sources féériques…

Le voyage du bleu (premier billet).Voici la Source bleue aux incroyables couleurs telle que nous la peindrons très bientôt à travers la recherche de ses bleus les plus subtils, détenteurs de l’esprit même qui se dégage de ce lieu…

Il faut dire que chaque ondoiement, chaque bruissement de l’eau s’écoulant de sa vasque nous redit la belle légende qui lui est attachée : au 12ème siècle, le sire Amaury de Joux que l’on croyait mort en croisade, revint au château après cinq ans d'absence.

Son épouse Berthe qui  le croyait disparu au combat, avait recueilli le chevalier Aimé de Montfaucon  son ami d’enfance qu’elle soignait depuis qu’il était rentré blessé de Terre Sainte un an plus tôt, ce dernier pensant lui aussi qu’Amory de Joux ne reviendrait plus…

La colère du sire fut terrible : il mit  à mort Aimé, et enferma l’infidèle dans un cachot minuscule depuis lequel elle pouvait voir le gibet où avait été pendu son amant.

Inconsolable, Berthe aurait tant pleuré que les larmes coulant de ses beaux yeux bleus finirent par rejoindre les eaux de la source qu’elles auraient colorées des mille nuances de cette céleste couleur. 

C’est non loin d’ici, à l’abbaye de Montbenoît, que Berthe se retira à la mort d’Amauri. Elle y mourut à l'âge de 60 ans.

Le voyage du bleu (premier billet).

Le château de Joux, chef-d’œuvre de l’art militaire dans son romantique paysage, mais si terrible par ses geôles qui ont vu tant de larmes couler…

Le voyage du bleu (premier billet).

J’avais réalisé de la Source bleue il y a quelques années une petite aquarelle pour laquelle je n’avais pratiquement pas utilisé de bleu : de l’endroit où j’étais et à l’heure où je l’avais réalisée la lumière du jour n’était pas assez forte pour en dégager les mystérieuses couleurs. Nous verrons donc dans le prochain article, qu’il est possible d’en donner une toute autre vision…

Le voyage du bleu (premier billet).

Un mélange sommaire entre deux bleus très « ordinaires » (de cobalt et outremer) avec de l’auréoline Winsor et Newton sous la forme d’une simple tache donne déjà une première idée des possibilités qui nous sont offertes avec les bleus (mais nous verrons bientôt qu’il est possible de réaliser des nuances bien plus raffinées que celles-là)…

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Ce mois-ci, nous avons demandé à ACTU-TV de faire un petit reportage sur François Speranza qui nous éclaire sur plusieurs aspects de sa pratique d'historien d'art sur le réseau.

Lors de cet entretien, François Speranza est entouré par les oeuvres de Stephan Gentet.

Et voici le billet livré par François Speranza :suite à son interview de l'artiste: 

STEPHAN GENTET: VOYAGE ENTRE LE MASQUE ET LE VISAGE

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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administrateur théâtres

Puissance d’évocation …

« La plume pamphlétaire d'André Suarez nous offre un très beau portrait de Marseille. Remarquablement écrit, ce texte très personnel n'ignore rien des différents aspects de la cité Phocéenne: de ses espaces à ses moeurs, de son histoire à sa culture. Qu'il soit saisi par la puissance de la ville, émerveillé par l'oeuvre de Daumier ou horripilé par la vulgarité d'une certaine image des marseillais, le verbe de Suarez est un véritable régal et l'ouvrage mérite certainement qu'on s'y arrête. »

marsiho18.jpg?width=415Voici que soudain la grande salle de L’Atelier Jean Vilar se transforme en maison de la poésie, accueillant un monstre sacré.  L’artiste  transporte  la force poétique d’un Emile Verhaeren et ses villes tentaculaires qui serait tout à coup ressuscité et se serait établi à Marseille.  Tout de blanc vêtu - la lumière éblouissante de la ville -, il évoque, pareil à un artiste peintre en pleine séance de création devant une toile imaginaire, la vie trépidante et maléfique des entrailles de  la ville «  dont l’incendie en plein jour flambe au soleil, une fleur d’améthyste, un lit de lavande et de lilas.» Et la toile, c’est nous : un public soufflé par le dynamisme de l’artiste en scène qui  déploie en près de deux heures sans entracte 187 pages de verbe bouillonnant. L'auteur est né en 1868. Le texte est d’André Suarès, un des piliers intellectuels de la Nouvelle revue Française, avec Gide, Valéry et Claudel.  Un texte sans concession.  Un corps poétique incandescent, fait d’accords musicaux sublimes, d’une architecture organique intransigeante qui met à nu le désir,  le voyage, la beauté et l’épouvante. L’artiste incarne le défilé et la personnalité profonde des différents quartiers de la ville jusqu’au moment de communion totale avec l’infini de l’horizon.  C’est alors, l’évocation poignante de l’envie d’ailleurs du Marseillais. « Celui qui naît et grandit à Marseille n’a pas besoin de partir : il est déjà parti ». «  J’envie de voir les visages les plus divers, pour reconnaître leur image dans le mien et dans le leur nos différences »

 marsiho10.jpg Un texte bourdonnant qui semble donner la main à Baudelaire et Turner tout à la fois!  Et Daumier quand il campe ses personnages. Vibrant et foisonnant, ce spectacle  est phénoménal – on n’a jamais autant  convoqué un monde visuel, auditif, tactile et olfactif dans une telle stridence. Cela a le souffle du pur genre épique mais c’est tout autant  du picaresque moderne. Vous serez chahutés. Tempête de mistral y compris !  Et bien que le sublime comédien nous  plonge  au cœur d’une orgueilleuse  Belle Epoque,  ce sont les  angoisses propres à notre temps qui émergent avec la force des cris d’un homme qui se noie…  Prodigieux. De belles musiques (Debussy), une bande sonore  et des lumières intelligentes accompagnent et surprennent. A l’affiche du Théâtre Jean Vilar, jusqu’au 18 octobre, en alternance avec  « La danse du Diable »,  son autre spectacle que l’on dit encore plus stupéfiant. Mais de qui, direz-vous ?  Celui de Philippe Caubère , peuchère, l’immense comédien.

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http://www.atjv.be/Marsiho

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administrateur théâtres

12272955668?profile=originalOn est au cinéma! Et quatre personnages vont crever l’écran, en live ! Ils jouent la Chose debout contre la toile et parfois, juchés sur des tabourets. C’est leur âme et leur sensualité qui feront le reste! Pas le moindre artifice ou accessoire, juste des jeux d'ombres et de lumière très parlants. L’essentiel : un lent crescendo vers un aveu difficile pour les femmes et encore plus pour les hommes. Les deux jeunes couples sont craquants de sincérité et … de mauvaise foi. Ils sont tous amoureux à leur façon, là n’est pas la question, leur intention à chacun  est de faire plaisir à l’autre,  mais il y a un hic : leur plaisir à chacun  est … mitigé. Culpabilité à la clé.

12272955487?profile=originalLa société accommode le sexe, sujet rabattu, à toutes les sauces. De la publicité à l’art de vivre, le sexe est omniprésent et une réalité qui touche de plus en plus jeune. Mais quoi ? Il reste un vrai mystère. Il fallait oser le dire. C’est le parti qu’a pris Susann Heenen-Wolff, docteur en philosophie et psychanalyste clinicienne en écrivant cette pièce de théâtre pour disséquer adroitement ce sujet encore fort tabou malgré son étalage médiatique. Ce qu’on connait ne fait-il pas moins peur, c’est sans doute le mobile qui a poussé la psychanalyste à prendre la plume ?  Une écriture très humoristique et à la fois très  pédagogique, documentée, truffée de citations éclairantes qui passent très bien la rampe. Elle explique : «  Depuis longtemps, on parle dans les revues conçues pour femmes de leurs difficultés spécifiques à atteindre l’orgasme par la seule pénétration. Mais on a beau expliquer les raisons de ce « trouble », on a beau proposer des « traitements » pour y remédier ( cure psychanalytique , thérapie sexologique , thérapies d’inspiration féministe), il semble que cette difficulté reste bien présente et soit plutôt structurelle : il ne s’agit donc pas d’un « trouble » qui relève d’une histoire individuelle, mais qui se niche dans la nature même de la sexualité de la femme... »

 « Tout le monde ment. Bien mentir, voilà ce qu'il faut. » dirait Albert Camus.  On se ment à soi-même pour se consoler et  à l’autre, pour faire plaisir! Mais l’auteur s’en abstient. Au contraire, vous reconnaitrez dans les dialogues la vérité du vécu,  la petite phrase anodine qui pourrait être prononcée par n’importe qui, homme ou femme… « Dommage que tu veuilles toujours dominer… » Elle ne croit pas si bien dire l’importance du verbe, l’importance de l’imagination, d’autres approches. Face au noir ou blanc, il y a la recherche de toutes les nuances de gris…. Celles que l’on retrouve dans les marbres miroitants du Taj  Mahal…12272956081?profile=originalpour ne pas rester de marbre ! Comme en politique, chaque mot a son importance.

Sur scène, on revoit avec un plaisir immodéré   Stéphanie Van Vyve dans le rôle de Charlotte. Elle fut Fantine dans les Misérables joués au pied de la butte du Lion de Waterloo. Elle a mis en scène et joué Diotime et les lions d’Henry Bauchau. On retrouve avec émotion le très nervalien (El Desdichado ?) Fabrice Rodriguez (applaudi dans Hammelin). Ils sont tous  deux ici des comédiens merveilleusement complémentaires. L’autre couple composé de Mathilde Rault et de Quentin Minon, n’ont rien à leur envier. La connivence du quatuor est si évidente que l’on pourrait croire qu’ils improvisent sur scène. Voilà donc  un travail d’équipe exemplaire.  

12272956279?profile=originalEn dehors de l’excellence absolue de son casting, la metteuse en scène, Christine Delmotte a plus d’une corde à son arc. Qu’on se souvienne avec délices de plusieurs de ses productions comme  Le sabotage amoureux ou  La comédie des illusions.  Elle rentre dans l’abîme du sujet par la lecture de citations très instructives d’une masse d’auteurs qui se sont intéressés à « la Chose ». Lunettes au bout du nez, Sandrine, l’un des personnages,  fait doctement la lecture aux autres sur sa main, à la façon d’enfants qui jouent… « Sandrine prend son carnet dans son sac » : en effet,  les notations scéniques – les didascalies - sont récitées face au public comme si cela pouvait aider le spectateur à se distancier un peu du sujet brûlant.  Car tout le reste est d’une intimité brûlante. Les supports musicaux sont d’une actualité  flagrante mais on ne vous dévoilera rien !

Vous voulez une phrase de mecs ? « On ne peut pas parler d’autre chose ? » Et vous aurez tout compris !  Les personnages s’animent et se figent quand la tension devient trop forte, gelés ou bouillants de l’envie de comprendre et de savoir, mais jamais ils ne quittent vraiment la scène. Adultes, ils égrènent (face au public encore) tout ce qui se dit et se fait  dans la vie sociale codifiée bon chic bon genre. Authentiques,  ils  se dévoilent avec tendresse retrouvée  lorsqu’ils jouent entre eux l’intimité souvent tue par dérision. Vous l’aurez compris, ce spectacle fourmille de nuances. Il est enraciné dans le bon goût et la recherche généreuse du bonheur de l’autre. Et les joueurs de bridge seront aux anges. Car le but de ce jeu n’es-il pas de jouer le plus intelligemment possible avec le jeu qui vous est donné, sans faire confiance au hasard ou à la chance ?  Un jeu où l’on peut gagner, sans avoir toujours  les meilleures cartes ?

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece1.html 

&

http://www.biloxi48.be/spectacle_Je_mens_tu_mens.php 


"Je mens, tu mens!" Crédit photo Anna Giolo
        Du 25/09 au 26/10/2013

Les mardi et le samedi 19/10 à 19h
Du mercredi au samedi à 20h15
Dimanches 29/09 et 13/10 à 16h

12272956869?profile=originalAu Théâtre de la place des Martyrs
22, place des Martyrs
1000 Bruxelles

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administrateur théâtres

2549246019.jpgLe théâtre des Martyrs a inauguré sa saison 2014-2015 avec une première performance  du Théâtre en Liberté dirigé par Daniel Scahaise, un spectacle foudroyant de cruauté  qui montre les limites à ne pas enfreindre au risque de payer le prix fort. Difficile de s’en remettre.  L’interprétation est fort traditionnelle comparée à celle de Tom Lannoye dans sa « Mamma Medea » qui était d’une inventivité étourdissante. Ici nous allons patauger dans le drame immonde des protagonistes, faisant face à des remparts de ville méditerranéenne au pied desquels s’affairent des humbles gens des années 30-40. Chapeaux à voilettes, châles. Les tableaux sont particulièrement pittoresques. De jolies jeunes  villageoises en habits noirs pour la plupart. On tresse des fleurs, on brode des paillettes sur des voiles, on plie du linge, des hommes silencieux regardent. Voilà le chœur planté. Il sculptera avec grande fluidité toute la tragédie, faisant émerger une sagesse qui ne peut se nourrir des passions extravagantes. Ah ! Que l’on aime tout ce petit peuple de figurants (élèves du Conservatoire Royal de Bruxelles)!

1550198084.jpgSurvient la Folie personnifiée. Hélène Theunissen, une comédienne chevronnée l’incarne, avec toute la violence dramatique dont elle est capable. La  Médée d'Euripide est déchirée entre son amour pour Jason et sa colère d'être  remplacée par une autre femme. Ses imprécations sont des explosions de rage et de  douleur incontrôlables. Elle renverse échelles et guirlandes. Elle se lamente sur la problématique de l’étranger qui doit faire beaucoup de concessions pour être accepté par la cité où il vit. Thématique qui traverse les siècles. Aussi la magicienne trahie choisira d'accomplir un acte odieux pour toucher Jason au plus profond de son être… Médée, une  terroriste, quoi ! Dont on dira que, bien que  mère criminelle, elle est  une femme courageuse qui s'élève seule contre le pouvoir des hommes. Elle est habile, pleine de mauvaise foi, profite de la moindre occasion pour mettre en œuvre ses sombres desseins, endort les soupçons, ironise, manipule à mort.

3869623297.jpgLes discours  maladroits du  très lâche Jason (un très convaincant Stéphane Ledune) sont  mielleux à souhait et ne manquent pas d’habile hypocrisie. S’il se remarie, c’est… pour protéger ses enfants, dit-il! Pathétique et humain!  Et le chœur de commenter que si Jason a été injuste, nul malheur n’est plus grand que d’être loin du sol natal ! On oublie de dire que la noble  Corinthe a accueilli des fuyards criminels…  

2649291396.jpgMais ce qui passe le moins dans le texte lourd comme du plomb fondu, c’est que la vengeance personnelle prend le pas sur l’amour des enfants. « Tuer les enfants, rien ne ravagera plus mon mari !» Euripide décrit une folie destructrice que tous les Grecs craignaient le plus au monde : la vengeance.  La folie frôle de près le culte de la mort et on revient de ce spectacle fort meurtri. « La passion a eu raison de ma raison » dit-elle en lavant une dernière fois ses enfants aux portes de la ville ! Le feu empoisonné de la vengeance de l’exil et de l’adultère consumera le roi et sa fille. Le peuple en habits de fêtes nuptiales déplore : « Le sort favorise celui-ci, celui-là mais qui est heureux? Personne. Zeus dans l’Olympe organise bien des choses, à l’inattendu, les dieux livrent passage… » Ouf ! La distribution inclut quelques-uns de nos comédiens préférés : Jaoued Deggouj, Bernard Marbaix, Sylvie Perederejew ,Dolores Delahaut. Seul le petit peuple fait un peu de bien dans cette sombre tragédie où les protagonistes, hommes  et femmes  donnent une piètre image de notre condition humaine!

Le mot de la fin revient évidemment au metteur en scène : Nous voudrions, toute l’équipe et moi, que le spectateur suive la représentation comme un acte de foi, qu’il soit aussi inquiet, aussi envoûté, aussi fixé sur l’évènement qu’on lui propose que s’il assistait à un sacrifice. Nous aimerions que le spectateur ne se reconnaisse que dans les sentiments extrêmes, hors de toute contingence quotidienne,  qu’il soit pris dans un kaléidoscope de sentiments violents, comme dans un rituel, à travers les sens, la sensibilité et la disponibilité spirituelle. MEDEE est pour nous, non seulement la tragédie de la vengeance et de l’exil, mais un véritable sacrifice rituel. La cérémonie de la passion déchaînée dans toute sa splendeur. Son horreur absolue.

http://www.theatredesmartyrs.be/index2.html  Jusqu'au 24 octobre

 

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Addendum : Stockholm Nationalmuseum.

12273055072?profile=originalLucas Cranach l'Ancien (1472-1553) :

Lucrèce, 1528.

Scandale dans la famille : Lucrèce à peine vêtue de probité candide et de lin blanc était l'épouse fidèle de Tarquin Collatin. Elle attisait la convoitise du cousin de ce dernier, Sextus. Sextus qui secondait d'une main de fer son père, Tarquin le Superbe, qui avait pris le pouvoir en assassinant son beau-père, Servus Tullius. Sextus, chaud lapin sans scrupules, viola Lucrèce. Elle dénonça publiquement l'ignominie et réclama vengeance. Collatin et ses proches soulevèrent le peuple et renversèrent le Superbe. C'est ainsi que la République romaine fut proclamée.

D'autres écoles sont bien sûr présentes au Nationalmuseum de Stockholm.

Les Espagnols ne m'en vondront pas (j'ai consacré un long billet à la peinture andalouse) si j'ai oublé Le Gréco, Goya ou Meléndez. Mais leurs représentants sont tout de même peu présents.

Figurent également en bonne place :

Les Allemands avec Baldung Grien, Refinger ou Ehrenstrahl, celui-ci, né à Hambourg, devint membre de la noblesse suédoise, nous le trouverons donc plus tard. Mais c'est un Lucas Cranach l'Ancien et sa Lucrèce que j'ai retenu. Peut-être pour son sujet à la forte charge érotique sur lequel notre peintre de la Renaissance revint souvent...

Les Anglais, rendons leur la politesse, m'ont bien accroché, avec :

12273055475?profile=originalThomas Gainsborough (1727-1787) :

Maria, lady Eardley, 1766, en robe de soie.

12273055097?profile=originalJoshua Reynolds (1723-1792) :

Portait de dame.

Mrs Pigott of Chetwynd ?, certes plus austère voire bigote mais au regard pénétrant.

ou encore et toujours Turner qui nous plonge dans des abymes de modernité.

12273055499?profile=originalWilliam  Turner (1775-1851) :

Marine, plus atmosphérique tu meurs !

Des milliers d'oeuvres classiques, mais aussi 30 000 créations d'arts appliqués et d'objets décoratifs.

Deux exemples qui ont ouvert la voie au design contemporain qui fait aujourd'hui la renommée de la Suède (les amateurs d'art moderne trouveront leur content au tout récent Moderna Museet où tous les courants sont présents, avec toutefois, pour les plus contemporains, une prédominance des artistes américains) :

Le pot de terre et le pot de fer :

12273055673?profile=originalAlf Wallander (1862-1914) :

détail d'un vase typique du Jugendstil,

présenté à l'exposition de Stockholm de 1897, puis à celle de Paris 1900.

12273056067?profile=originalEric Grate, design 1919, et Näfveqvarns Bruk, fonte en 1922 :

L'urne de Berglag, fonte (détail).

Il ne s'agit là bien sûr que d'un choix restreint et suggestif, juste de quoi vous donner l'envie de découvrir Stockholm, la lumière légère et pure de la Suède que ses peintres ont si bien rendue comme nous le découvrirons bientôt.

Attention cependant, le Nationalmuseum est actuellement fermé pour rénovation (réouverture prévue en 2017, ce qui vous laisse le temps de préparer le voyage !). J'ai néanmoins eu le plaisir de vous présenter quelques oeuvres majeures de la peinture étrangère qui furent exposées cet été à la Konstakademien, l'académie royale des Beaux-Arts de Suède.

Terminus.

Michel Lansardière (texte et photos).

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