Publié(e) par Deashelle le 18 septembre 2014 à 4:00
Fathers & Sons vus à l'envers?
Les lumières s’éteignent, se rallument, les comédiens sont-ils en retard ? Jeu de projo devant le rideau: l’un d’entre eux vient faire des confidences au public à propos du héros du jour. Mon père, ce héros ? Tour à tour, entre les différents actes, les comédiens parlent d’une sorte d’hommage géant au père, à l’ami, à l’amant, au mari. Quatre points cardinaux de toute la vie de François Garnier. Mais il y a ceux qui aiment et ceux qui détestent …les surprises!
Magnifique décor de Francesco Deleo. Le rideau se lève sur un appart en duplex très design avec bar escamotable : côté Bibli (le fils ?) et côté Bibendum (le père ?). Il suffit d’appuyer sur un bouton et cela démarre. Le bouton du rire évidemment. Un rire omniprésent et totalement dérangeant pour Christophe, ce fils tristounet.
On a inversé les valeurs ...ou les habitudes. C’est le Père (François Garnier, ascendance God Save the Queen), qui est un comble de légèreté, d’instabilité et de dilettantisme. C’est le Fils (Christophe, ce qui n’est pas rien comme prénom) qui est sérieux comme un pape. Il n'a pas de petite amie, lit Kant, adore Socrate, porte des costumes de vieux et n’a jamais dit une seule phrase humoristique de sa vie. Ce qui sépare père et fils inévitablement et dramatiquement. Pas drôle, un drôle de père ! Drôle de guerre même ! Ils se sont perdus de vue depuis deux ans, au détour des infidélités paternelles et au cours de ses dilapidations d’argent successives.
Vont-ils se retrouver enfin (le mot est lourd de sens) lors d’éphémères vacances alors que le script de sa vie légère se réécrit soudain en tragédie ? En effet, de graves menaces de maladie en phase terminale planent sur la santé du père qui avoue (lucidement pour une fois) n’avoir plus beaucoup d’autre choix hors celui de l’incinération ou de l’inhumation.
Comment reconquérir un fils aliéné par des années de négligence ? Comment, lui qui adore son beau-père, redécouvrir un père honni à cause de cette aura d’amuseur public que tout le monde vénère, y compris son ex-femme (idéale), remariée depuis 16 ans et mère de deux enfants?
Les joutes verbales entre le Saint-fils et le père charmant, volage et irresponsable, ont assurément du piquant. Particulièrement en deuxième partie du spectacle où le cynisme à la Sacha Guitry est monté en puissance. Le duo Pascal Racan /Robin Van Dyck est éloquent, efficace et profondément émouvant. Le mélange de colère et d’humour fait mouche. Les poncifs et les mensonges font rire « je peux tout expliquer et quand tu comprendras, tu vas RIRE ! » Mais des bribes de dialogue retentissent dans la mémoire… « Mais QUI est le père de cet enfant ? » ou « « J’ai fait le bilan de ma vie cette nuit ? Cela t’a pris longtemps ? Cinq minutes… » Et encore, « Tu sais, Papa à huit ans on est toujours un peu conservateur ! ».
Au verso de la comédie, il y a la menace de la panoplie de traitements que François va devoir subir et auxquels il se refuse… et ses rapports avec la Médecine. Il y a dans ces circonstances difficiles, une date que tout le monde semble oublier. Et pourtant ! Nous n’en dirons pas plus.
Le fidèle ami, c'est Michel Poncelet, comme on le connait, un bonhomme efficace et tendre. Le jeu de la troupe des sept comédiens est étincelant, on contourne avec beaucoup d’humour le pathos et on se prend les pieds dans un tapis de rires bienfaisants. Les quatre personnages féminins sont des points cardinaux bien plantés, drôles, touchants et spirituels, superbement habillés ou déshabillés, on a le choix! Elles sont toutes resplendissantes : Rosalia Cuevas, Eléonore Peltier, Catherine Claeys et Angélique Leleux. Les splendides costumes sont signés Fabienne Miessen. Si la mise en scène d’Alexis Goslain est quelque peu tortueuse - on préfère de loin les parties « rideau levé » aux apartés de bord de scène - cela fait sans doute partie de la réécriture de Gérald Sibleyras. La pièce originale est un immense succès de Bernard Slade, grand dramaturge comique anglo-saxon, auteur d’une multitude de sitcoms, dont « Ma sorcière bien-aimée».
Publié(e) par Deashelle le 24 septembre 2014 à 9:30
Ulysse attaché au mât du navire, d'après l'Odyssée d'Homère. Vase à figures rouges de Vulci, Ve s. av. J.-C. British Museum, Londres (Ph. Coll. Archives Larbor)
Mais qu’est - ce qui déchaîne cet automne à Bruxelles des tempêtes de rires ou d'applaudissements ? Le dieu Eole ? Un vent de joie, d’humanité et d’esprit en tous cas. Une production visuellement magnifique, mais ce n'est pas que cela! Cela se passe au théâtre Royal du Parc où Thierry Debroux s’est décidé de présenter la chère Odyssée sans son Iliade, un mythe qui a bercé nos parents, nos grands-parents et on l’espère fortement, les générations à venir. Il célèbre notre appartenance aux racines méditerranéennes, la liaison directe de notre langue au monde antique grec, avec sa pléthore de savants, philosophes et dramaturges qui ont tissé notre culture occidentale. On ne sait si l’objectif premier de Thierry Debroux fut de rafraîchir ces profondes racines, et de raviver l’intérêt des jeunes pour la culture classique mais ce spectacle sera un fameux atout pour qui se mêle d’éducation humaniste.
Ulysse (Laurent Bonnet) est un personnage d’une attraction fascinante. Etre complexe, c’est un homme vaillant, rusé, curieux de tout, capable de supporter mille épreuves, patient, endurant, doté d’une intelligence exceptionnelle. Pour peu on en tomberait soi-même amoureux, comme le fait la merveilleuse Nausicaa, Pascaline Crêvecoeur, à qui Thierry Debroux a offert le rôle magnifique. Mais Ulysse, c’est surtout un homme qui refuse l’immortalité promise par la magicienne Circé (Babetida Sadjo) qui vit sur une île où le temps n’existe pas, pour rentrer chez lui, trouver les siens et assumer pleinement sa condition humaine. Cela lui permet de sortir grandi des épreuves, d’accepter courageusement sa finitude et d’assurer son libre-arbitre.
Thierry Debroux, responsable du texte et de la mise en scène, brosse dès le début des tableaux hilarants et moqueurs de la condition divine. Le personnage d’Hermès, bouffon fulgurant aux magnifiques pieds ailés est un « sur mesures » créé de toutes pièces avec comme modèle le comédien Othomane Moumen engagé dans les premiers, avec le splendide Eole (Yannick Vanhemelryk), sans doute. Ecrire le texte, ayant en tête les comédiens qui recevront les rôles est sans doute d’une grande saveur pour l’auteur et cela mène à une réussite éblouissante, côté spectateurs. Le même « sur mesures » vaut pour l’inoubliable personnage d’Athéna à la voix si autoritaire (Karen De Paduwa) et vaut sans doute pour bien d’autres membres de ce casting extraordinaire.
Le jeu presque cinématographique d’Antinoos (Lotfi Yahya) et ses compagnons met en lumière la brutalité et la décadence morale d’une société privée de valeurs et de sagesse. Sandrine Laroche dans le rôle de Pénélope est tout en finesse, sensibilité, bonté et tendre émotion. Télémaque (Gabriel Almaer) est un jeune homme attachant, un personnage très bien campé ...tout comme l’imposante mère d’Ulysse, Anticlée qui tremble de colère : « Sacrifier les bœufs, les moutons, les chèvres grasses, festoyer, boire follement le vin qui flamboie…épuiser cette maison… C’est donc ce que vous appelez le courage ? J’ai perdu un fils qui autrefois veillait sur vous, bienveillant comme un père. Est-ce votre façon de servir sa mémoire ? »(Jo Deseure)
L’imaginaire bat son plein avec la conception du navire, avec le personnage du cyclope (Ronald Beurms qui joue aussi Poséidon), un gigantesque monstre à l’œil unique, aux airs de robot qui se nourrit de chair humaine. Avec les sirènes, avec les pourceaux de la belle Circé en son palais tropical, avec le saisissant le séjour des morts, dans la formidable tempête, dans les scènes de beuveries et de complots des prétendants au palais d’Ithaque et dans la bataille finale. Les astuces visuelles et lumineuses sont cause d’émerveillement en continu. La scénographie, les masques, les costumes, les bijoux et maquillages font partie intégrante de la beauté visuelle qui captive le spectateur, et vont à l’essentiel. Les tableaux se tiennent les uns aux autres dans une grande harmonie, comme des fondus enchaînés tandis que le spectateur flotte au bord de ses propres rêves. Mais le verbe veille: c’est un savant dosage de phrases tragiques, de poésie et d’humour débridés , d’affects à vif que l’on boit comme un philtre d’amour. « O mon aimé… tu sais combien de fois par jour je les répète ces mots… Mon aimé, mon aimé… Ton palais est pillé mais ta femme est intacte. O vous, dieux qui l’aviez soutenu lorsqu’il assiégeait Troie, je ne vous reproche pas son absence. Faites seulement, lorsqu’il abordera à nouveau ces rivages, faites qu’il me trouve belle encore… et désirable. » Cela vibre de déclarations passionnées, cela pétille de parodies, cela miroite de joutes verbales et d’anachronismes: la vivacité, la vie… quoi ! Qui oserait jeter maintenant les Anciens aux orties après un tel spectacle? Thierry Debroux fait flèche de tout bois et transforme même Homère en rappeur méditerranéen, là il en fait peut-être un peu trop.
Et revenons à Ulysse qui, loin d’apparaître comme un héros surnaturel, est homme sensible et touchant avec ses faiblesses et ses pertes de mémoire. Il est émouvant, incapable de résister aux femmes mais surtout, comme tant d’autres, incapable de résister au péché d’orgueil. C’est le péché le plus grave chez les Anciens Grecs, celui qui génère invariablement de terribles catastrophes. De leur côté, ses chers compagnons ne peuvent résister à la folle cupidité, une tentation peut-être encore plus délétère. Mais c’est en songeant douloureusement à sa patrie, à son épouse et à son fils qu’Ulysse se reconstruit. Une patrie qu’il a ardemment souhaité retrouver mais qui le plonge à son retour dans une nostalgie redoublée. Il ne peut supprimer la violence que par la violence. Il est terriblement humain.
Robert Paul, créateur de ce réseau, vous souhaite la bienvenue sur celui-ci. Apportez y votre meilleure contribution. Quand nous verrons le visage de votre art -sur ce réseau-, il nous fera plaisir de le commenter: les affinités électives pourront d'autant mieux se tisser. Nous attendons quelques échantillons de vos talents et les annonces de vos évènements. Ce réseau n'est pas une collection de liens vers vos propres blogues ou sites. Si vous devriez vous en servir comme annuaire de liens, nous serons obligés de ne plus vous considérer comme membre.
Publié(e) par Robert Paul le 23 septembre 2014 à 10:30
Arts et Lettres a le plaisir de vous inviter pour une prometteuse soirée (étant donné la qualité des intervenants) qui se déroulera le 18 octobre 2014 à 19 heures chez
Espace art Gallery
35 rue Lesbroussart
1050 Bruxelles
Entrée libre - Réservation obligatoire au 0497 57 71 20 - ou via mail eag.gallery@gmail.com
Verre de l'amitié offert par
Robert Paul et l'Espace Art Gallery
Le livre:
EXTRAITS
Rythme infernal. Et cette foutue file de bagnoles, de breaks et de camionnettes chargées de rebuts. Tenir jusqu’à 17 heures. En s’empêchant de respirer. Poings serrés pour ne pas gueuler. Pour ne pas mourir.
Bilal sursaute. Quoi ? Un sourire devant lui ? Des yeux clairs et des mèches rousses ? Et d’où elle sort, cette voix douce ?
– Pas toujours agréable, ce boulot, n’est-ce pas.
C’est bien à lui qu’on parle ? Non, ce doit être ce soleil qui lui tape sur la tête et les oreilles. Mais ces mèches rousses qui dansent dans la lumière... Un mirage ? Enfin, il réagit.
– Madame, je... je vais vous aider.
– Pas la peine.
Il se précipite sur le coffre de la voiture bordeaux, opère le tri en quelques secondes. Les objets valsent dans trois conteneurs différents.
– Trop gentil... Puis j’ai l’habitude de me débrouiller !
Un rire ? C’est bien un rire qu’il entend ? Puis un chuchotement ? Quelques mots qui ressemblent à « brume dans vos yeux » ? La femme est déjà au volant, elle lui adresse un signe de la main et lui souffle :
– D’accord ? La péniche ? À 17 heures 15 !
Bilal est muet. Pas possible. Il a dû mal comprendre. Il doit devenir fou.
ARGUMENTAIRE
Les rives du canal, aux confins de Bruxelles. Pyramides de vieux trams, bagnoles, ferraille ; les fosses de la déchetterie ; toute cette laideur, qui parfois se mue en beauté...
Comme ces personnages, miteux ou magnifiques, magnifiques et miteux.
Car les destins culbutent. Ou décollent. En un rien de temps.
Nous croisons et recroisons Bilal, Marlène, Amsalu, Bérengère, Raphaël, Gina, le pêcheur, la vagabonde... Fragments de vie enchevêtrés, qui font battre le coeur de ce lieu improbable et confèrent à ces 24 nouvelles denses, nerveuses, vertigineuses, une dimension de roman éclaté.
L’AUTEUR
Auteure bruxelloise bien connue, Évelyne Wilwerth est une jongleuse, comme le Fabiano de ce recueil. Elle aime jouer avec les genres littéraires.
Quelques titres dans une bibliographie impressionnante : Souriez, vous vieillissez ! (théâtre), Papillon mortel (roman), 22 astuces pour une vie plus magique (essai), Un été rouge sang (roman)…
Bibliographie de l'auteur:
Zébrures, poésie, La Galiote, Pont-à Celles, 1974.
Spirales, poésie, La Galiote, Pont-à-Celles, 1976.
L’intruse aigre-douce, poésie, La Galiote, Pont-à-Celles, 1977.
La péniche-ferveur, poésie, Éditions Chambelland, Paris, 1978.
Hortense, ta pétillance, théâtre, créé au Centre culturel Jacques Franck, Bruxelles, 1980.
Le cerfeuil émeraude, poésie, André De Rache, Bruxelles, 1981.
Grenat, nouvelles, André De Rache, Bruxelles, 1982.
Pulchérie et Poulchérie, théâtre, créé au Conservatoire de Charleroi,1982.
Gil et Giroflée, créé à l’abbaye de Dieleghem , théâtre, Bruxelles, 1983.
Sous-sol à louer, pièce radiophonique, créé à la R.T.B.F., Bruxelles, 1984.
Les femmes dans les livres scolaires, essai (chapitre littéraire), Mardaga, Bruxelles, 1985.
Histoires très fausses, contes, Éditions Chambelland, Paris, 1985.
Noël d’Herminnne, album pour enfants, Presses européennes, Averbode, 1986.
Elle porte une robe cerise, pièce radiophonique, R.T.B.F., Bruxelles, 1986.
Visages de la littérature féminine, essai, Mardaga, Bruxelles, 1987. Prix de la Fondation Charles Plisnier. Prix Yvonne Du Jacquier de l’Association royale des Écrivains de Wallonie.
Neiges de boule, poésie, L’Arbre à paroles, Amay, 1989.
L’été des pirates, album pour enfants, Presses européennes, Averbode, 1991, en collaboration avec Lucie Spède.
Mannequin noir dans barque verte, récit pour enfants, Hurtubise HMH, Montréal, 1991.
Des crapauds à la crème fraîche, théâtre, 1991, Prix (ex æquo) du Ministre-Président de la Communauté française de Belgique.
Neel Doff, biographie, Bernard Gilson, Bruxelles, 1992, traduction néerlandaise : Manteau, Anvers, 1992, traduction anglaise : Peter Lang, New York, 1997.
Valise d’amour, album pour enfants, Presses européennes, Averbode, 1993.
Dessine-moi les quatre éléments, poésie, L’Arbre à paroles, Amay, 1993, dessins de Manu van de Velde.
Au château fort, album pour enfants, Presses européennes, Averbode, 1993.
Cloé chez les troglos, roman pour enfants, Trécarré, Montréal, 1995.
Canal océan, roman, Luce Wilquin, Avin, 1997.
L’invention de la tendresse, textes poétiques de Willem M. Roggeman traduits du néerlandais en français, Autres Temps, Marseille, 1997.
Les zooms sur une île grecque, roman pour enfants, Trécarré, Montréal, 1997.
Chocolat noir et blanc, roman pour enfants, Trécarré, Montréal, 1998.
La vie cappuccino, roman, Luce Wilquin, Avin, 1999.
Erostrate, textes poétiques de Willem M. Roggeman traduits du néerlandais en français, Autres Temps, Marseille, 2000.
Le clochard au chat, récit pour enfants, Presses européennes, Averbode, 2001.
Embrasser la vie sur la bouche, nouvelles, Luce Wilquin, Avin, 2001.
La veste noire, récit pour enfants, Hurtubise HMH, Montréal, 2001, réédité chez Clé international, Paris, coll.Découverte, 2005.
Abracadabrasmalfoutus, théâtre, créé à l’Awip, Charleroi, 2002.
L’utilité de la poésie, Éditions L’Arbre à paroles, Amay, 2003, textes poétiques de Willem M. Roggeman traduits du néerlandais en français.
Vacances dangereuses, récit pour enfants, Zwijsen-Infoboek, Meerhout, 2003.
Pieds nus dans la lumière, conte, Éditions Mémor, Bruxelles, 2003, créé à l’Eden à Charleroi, 2004.
Quai des mystères, roman pour ados, Éditions Mémor, Bruxelles, 2003.
Je m’appelle Rhubarbe, roman, Éditions Mémor, Bruxelles, 2004.
Deux sorcières en pyjama, récit pour enfants, Éditions Zwijsen, Tilburg-Anvers, 2004.
16 – 1 = 14, roman pour ados, Éditions Mémor, Bruxelles, 2005.
Les canards en plastique ne meurent jamais, roman pour ados, Éditions Averbode, 2005.
Un Viking en smoking, récits-express, Éditions Averbode, 2005.
Souriez, vous vieillissez !, monologue pour la scène, Éditions Memory Press, Érezée, 2007. Traduit en anglais sous le titre Smile, you’re getting old !, Éditions Guernica, Toronto, 2011. Traduit en roumain sous le titre Zimbiti origum imbatriniti !, Éditions Fides, Roumanie, 2009.
Le jeu de la plume et du hasard, Éditions Mémor, 2007.
Trop moche pour toi, roman pour ados, Éditions Mijade, Namur, 2007.
Prix de poésie Pierre Nothomb, 2008, pour un poème inédit.
Plus rien à perdre !, théâtre, Éditions Maelström, coll. Bookleg, Bruxelles, 2009.
Papillon mortel, roman, Éditions Luce Wilquin, Avin, 2010.
22 astuces pour une vie plus magique, essai, Maelström compact, 2011.
Un été rouge sang, roman, Éditions du Chemin, Charleroi, 2013.
La présentation de "Miteux et Magnifiques" sera assurée par Renaud Denuit, en dialogue avec l'auteur
Renaud Denuit:
Bio-bibliographie de Renaud Denuit:
Né à Etterbeek le 29-12-1950. Marié, trois enfants. Docteur en philosophie et lettres, licencié agrégé en communication sociale, diplômé d’études européennes, diplômé en gouvernement et administration publique UCL. Formations complémentaires aux USA (summer session à l’université de Berkeley) et au Royaume-Uni (Henley Management College). Journaliste politique à la RTBF de 1972 à 1985 ; nombreuses collaborations à la presse quotidienne et périodique. De février 1985 à janvier 2012, fonctionnaire à la Commission européenne ; Professeur invité à l’Institut d’Etudes européennes de l’UCL et à l’ICHEC Brussels Management School. Conseiller communal d’Etterbeek de 1988 à 1994. Engagé dans divers mouvements associatifs. Administrateur de l'Association des Écrivains belges de Langue française (AEB)
Ouvrages publiés
Ressembler à l’Homme, Maison internationale de la Poésie, Bruxelles, 1972.
Le feu de tous, Maison internationale de la Poésie, Bruxelles, 1974.
Palais d’origine, Maison internationale de la Poésie, Bruxelles, 1977.
Décoloniser Bruxelles (en collaboration avec Guy BRASSEUR), Editions Vie ouvrière, Bruxelles, 1982.
Ce qui est demeure du temps, Editions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1985.
La cité harmonieuse selon Marx : science totale et révolution, Mols, Bierges, 2003.
Passé récent, futur présent. Regards sur la politique belge et internationale, Havaux, Nivelles, 2003.
L’aube de l’Un, L’articulation entre ontologie et centralisme politique d’Héraclite à Aristote T.1, L’Harmattan, Paris, 2003
Le cercle accompli. L’articulation entre ontologie et centralisme politique d’Héraclite à Aristote, T.2, L’Harmattan, Paris, 2003.
Heidegger et l’exacerbation du Centre. Aux fondements de l’authenticité nazie ? L’Harmattan, Paris, 2004.
Nietzsche-à-Nice, petit traité de logique européenne, Mols, Bierges, 2005.
Valoriser autrui au moment démocratique. Elections communales 2006 à Etterbeek, préface de Xavier Mabille, Havaux, Nivelles, 2007.
L’Antiprince. Etudes sur la réciprocité ontologie-centralisme. Editions Universitaires européennes (2 volumes), Sarrebruck, 2010.
Histoires de la Détermination, poésie, M.E.O., Bruxelles, 2012.
Contributions à des ouvrages collectifs, articles scientifiques et politiques, communications diverses…
Collaboration au Dictionnaire permanent du droit européen des affaires, Paris (1988).
La politique communautaire des consommateurs, in : DABIN L. (dir.) La promotiondes intérêts des consommateurs au sein d’une économie de marchés, E. Story-Scientia, Bruxelles, 1993.
Impulsion et coordination, avec le Cellule de Prospective de la Commission européenne pour La démocratie et la société de l’information enEurope, Ed. Apogée, Rennes & OPOCE, Luxembourg, 1999.
Europe : séduire le citoyen, revue Louvain, novembre 2001.
Des Grecs et de l’Etat-nation à l’économie-monde. Ruses de l’histoire et philosophie politique, revue Accès, Brest, juin 2002.
Transparency and “New Forms of European Governance”: Opening a Way to Greater Legitimacy?”, in DECKMYN V. (dir.) Increasing Transparency in theEuropean Union?, Institut Européen d’Administration publique, Maastricht, 2002.
Le rôle des medias dans la communication de l’Union européenne, in : Actes de laChaire RTL de journalisme 2001-2002.
The White Paper on European Governance, communication au Comité exécutif de Yes toEurope (abstracts publiés dans The Entrepreneurial-mail – Yes to Europe, février 2002).
Le rôle des médias dans la communication de l’Union européenne, conférence donnée dans le cadre de la Chaire RTL de journalisme, Louvain-la-Neuve, mars 2002 (actes publiés en janvier 2003).
Entre savoir précaire et ignorance pure : la mort, Revue générale, janvier 2006.
La Rénovation, à la base, c’est quoi ?, Le Soir, 15 février 2006.
De l'année européenne du dialogue interculturel à celle de la créativité, Revue générale, février 2009.
PS : repartir du bon pied !, La Libre, 12 juin 2009.
L'Union européenne : une scène en quête d'un auteur, d'un premier rôle et d'un public averti, in Théâtre, fabrique d'Europe, revue du Centre d'Etudes théâtrales de l'UCL, décembre 2009 (actes du colloque international Théâtre européen : la scène du doute ?, Louvain-la-Neuve, 6/12/2008).
Mettez un arbre de Noël dans votre compartiment… Vous souvient-il de "Gueule d'ange" une comédie romantique parisienne en duo, splendidement rythmée et jouée au Centre culturel d'Auderghem, en janvier dernier ? Les artistes Armony et Anthony sont de retour, à l’aube de ce mois d’octobre, avec un excellent cru. Plutôt une mélodie insolite en compartiment 2e classe en route vers le sud.
Manuel, homme charmant et maladroit (Anthony Michineau), s’est embarqué avec pléthore de bagages, et cadeaux de Noël… sauf que sa femme n’a pas pris le train. Une jeune étudiante très boute-en-train, spécialisée en Histoire(s) Ancienne(s), section code Hammourabi, force son compartiment et peu à peu toutes ses défenses naturelles : Armony Bellanger. Il faut dire qu’elle a des ressources verbales inépuisables, un rire infectieux, un passé amoureux plus que houleux et un corps de rêve. Il est marié, mais bientôt plus - on le lui annonce au téléphone. Va-t-il pouvoir résister, lui « petite pucelle effarouchée » version masculine (oui, on le jure, cela existe !) aux attraits capiteux de la sirène qui n’a rien de maléfique?
Pendant deux heures, on assiste à la justification méthodique du phénomène de coup de foudre, doublé d’un exorcisme patient de l’épouse lâcheuse. Malgré la minceur du sujet et la situation d’huis-clos, la pièce trouve des rebondissements en cascades. Les téléphones, les selfies, les valises d’accessoires et les récits épiques, cela aide! Les réparties roulent à un train d’enfer - fort joyeux ma foi. Le rire en tout cas gicle de toutes parts dans la salle. Les jeux (de rôles en particulier) sont au rendez-vous, un des ressorts dramatico-comiques favoris de l’auteur et du théâtre dans le théâtre !
Vous passerez une soirée délassante au possible, bourrée de secrets d’alcôve dévoilés, de dialogues cocasses, d’humour bienveillant, car derrière tout cela se cache, malgré des disputes masculin vs féminin inévitables, un immense besoin de tendresse vraie et mutuelle. On se demande aussi par quel miracle autant d’action peut se dérouler dans un compartiment à deux couchettes, mais c’est surtout le débit et l’élocution parfaite qui sont totalement sidérant ! La mise en scène trépidante est signée Jordy Karakassian.
« Fais-moi une place » vous réserve de bonnes et vraies surprises… théâtrales! On ne vous en dira pas plus… Vive le Centre culturel d’Auderghem et son très avisé directeur André Baccichet!
Eblouissant ! Conçu comme deux escalades de violences parallèles, ce spectacle a des allures de montagnes russes : entre une Belgique du 21e siècle et la sombre période de décolonisation de l’ex-Congo Belge en 1960. Un décor unique, complètement fascinant pour l’imaginaire : des rideaux de treillis qui ont perdu leur couleur de camouflage et qui sont devenus scintillants et blancs. Des jeux de lumière et de bande son. Une régie pleine de dynamisme de Sébastien Couchard. Une mémoire, blanche, avec des trous? La mémoire est-elle une passoire? Ou bien sont-ce des moustiquaires que le boy n’en finit pas de réparer? A moins que ce ne soient les corps soumis au feu des balles qui deviennent passoires? Ce décor a certes la fonction d’engager le mental dans des recherches poétiques car devant vous vont se dérouler des tranches de mort insoutenables.
D’un côté deux jeunes acteurs au jeu irréprochable, l’un (Diouc Koma) né au Mali, l’autre (Virgil M’Fouillou) né à Brazzaville, qui jouent avec une vérité cinématographique bouleversante la relation universelle entre un prisonnier attaché à un radiateur et son geôlier. De l’autre, un duo d’enfer, Michel de Warzée – Stéphanie Moriau qui joue la relation de dépendance entre le patient sans défense miné par Alzheimer et une soignante omnipotente qui le tient en otage.
Le prisonnier entretient la parole comme seul espoir de survie, le patient s’enferme dans un silence protecteur d’une histoire dont il a honte. Cette double vision qui structure cette pièce admirablement écrite par Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez a la force d’une implacable escalade où un couple de forces vous vrille l’esprit et le cœur avec la puissance d’une tornade ! Du texte aux planches, la mise en scène (par les mêmes) est prodigieusement efficace.
Le projet de cette création historique vient du vécu de Michel de Warzée :« J’ai eu jusqu’à 14 ans, sans aucun doute une des jeunesses les plus heureuses et les plus belles du monde… » Il est né à Elisabethville, sa mère est épouse de magistrat, la famille mène une vie de rêve dans un pays magnifique à part le colonialisme dont il n’a aucune idée. Mais il a retrouvé des documents de famille d’une vérité saisissante. Le 17 janvier 1961 le leader du Mouvement national congolais (MNC) est tué dans des conditions mystérieuses au sud du Congo belge qui deviendra le Zaïre puis la République démocratique du Congo. Patrice Lumumba avait été nommé Premier ministre du Congo au moment de l'indépendance du pays en juin 1960. Il avait été évincé du gouvernement et livré au sécessionniste du Katanga, Moïse Tshombé cependant qu’éclatait la guerre civile. Partisan d’un Congo indépendant et unitaire, il était jugé trop proche de l’URSS à qui il avait demandé de l’aide. La décision de l'éliminer est attribuée au gouvernement belge et à la CIA. Son exécution fera de Patrice Lumumba le symbole de la lutte anticolonialiste africaine.
Par le théâtre, Michel de Warzée entreprend donc un devoir de mémoire et fait revivre les événements avec une intensité cinématographique effarante. Le crescendo des scènes du prisonnier et de son gardien est de plus en plus glaçant et devient presque irregardable mais le texte sauve. En effet, la parole inlassablement répétée par le prisonnier implique que nous sommes tous frères. Et aussi, frères de James Foley, Steven Sotloff, David Cawthorne Haines, Hervé Gourdel. La pièce a hélas la résonnance d’une brûlante actualité.
Le personnage de la jeune et maléfique garde-malade n’est pas moins poignant dans sa volonté presque hystérique d’arracher les secrets de cet homme défait par la vie et par une situation politique dont il n’avait nulle conscience, dans sa radieuse jeunesse. Le message anticolonialiste est on ne peut plus clair. Les quatre comédiens jouent au sommet de leur puissance dramatique.
COMEDIE CLAUDE VOLTER
Jusqu’au 25/10/2014
Avenue des Frères Legrain 98 – 1150 Woluwe Saint Pierre
Ainsi fut présenté le tableau à Ferdinand II de Habsbourg. Depuis il est accroché... à l'envers. Nous découvrirons pourquoi à la fin de cet envoi...
Je vous ai laissé avec l'école française si présente au Nationalmuseum de Stockholm, aussi avant toute chose laissez moi vous montrer quelques autres oeuvres, impressionnistes cette fois.
Si le Nationalmuseum détient "La grenoullière", le célèbre tabeau d'Auguste renoir (1841-1919) et oeuvre phare de l'impressionnisme, c'est à son café que nous nous désaltérerons :
Le café de la mère Anthony, 1866.
Puis, après une partie de cartes, nous nous promènerons en compagnie de Berthe Morisot (1841-1895), autre hôtesse d'une esquise délicatesse :
Le Bois de Boulogne.
Une école française très complète puisque nous pouvons encore voir des Lorrain, de La Tour, Blanchet, Poussin, Boucher, Oudry, Watteau, Cézanne, Courbet, Degas, Delacroix, Gauguin...
Mais si les oeuvres hollandaises et françaises (voir les première et seconde parties de cet article) font l'orgueil du "Louvre suédois" et bien que les autres départements connaissent quelques lacunes, il accroche néanmoins maintes toiles que lui envieraient bien des musées plus connus.
Ainsi l'Italie, outre Bellini, Véronèse, Le Pérugin, Bellotto dit Caneletto le jeune... nous arrête avec ce ravissant portrait d'Agnolo Bronzino (1503-1572)
Isabella de Medici
Ou par celui réalisé par Giuseppe Arcimboldo (c. 1527-1593), sévère et pourtant si fantaisiste :
Le juriste, 1566.
D'aucuns y ont vu Calvin, bien qu'il s'agisse plus sûrement d'Ulrich Zasius, un conseiller influent de Rodolphe II, "Un certain docteur, dont tout le visage était ravagé par le mal français...", selon l'ami d'Arcimboldo, Gregorio Comanini.
Sur ce mauvais trait lancé à l'égard des Français, sourcilleux quant à notre réputation, je reporterai à plus tard mon envoi de messieurs... les Anglais !
Mais un autre tableau à retenu mon attention, "Le cuisinier", une curiosité que nous avons vu plus-haut en intro, qui nous est donc présenté... à l'envers !
Ce farceur d'Arcimboldo, parfois un peu gâte-sauce, nous montre donc une nature morte bien anodine, des viandes rôties que le chef présente et sert chaud.
En retournant le tableau à 180°, le personnage se découvre malicieusement croqué. On ignore s'il trouva le tour à son goût...
Le cuisinier.
J'espère quant à moi que vous trouverez ce billet au votre...
Publié(e) par Deashelle le 14 septembre 2014 à 3:30
Faire Pivoter le Monde! Ce soir, deux fabuleux comédiens, Jacqueline Bir et Alain Leempoel nous précipitent dans la crise économique cruciale qu’a connue l’Argentine en 2001. Et Pietro Pizzuti, le génial metteur en scène, de déplorer que la situation n’est pas fort différente à notre époque. Il suffirait peut-être (et encore…) d’ôter le vieux Frigidaire vintage du plateau et nous serions quelque part en été, en Europe ? Un credo vibrant va se décliner sur le mode des variations captivantes lors de conversations mère-fils. Face aux débâcles économiques et sociales qui servent d’arrière-plan à la pièce, subsistent néanmoins l’amour de la liberté et la compassion pour les plus faibles. C’est le message qui tout au long de la pièce perle tantôt avec tendresse, tantôt avec combattivité sur les lèvres aimantes de cette mère de 82 ans qui, soudain, voit ressurgir un fils de 50 ans toujours pressé et qui lui téléphone bien plus souvent qu’il ne vient la voir.
Mamà, cheveux blancs, est assise dans le sofa et tourne le dos au public, comme dans « Le récit de la servante Zerline ». Son fils, Jaime, (prononcez Chaïm), surgit au milieu de l’appartement bien rangé, lustré, étincelant de propreté. Surprise, elle pense : « Qu’est-ce qu’il me cache ? » Lui : « Comment vais-je lui dire ? » Cette fois il a un problème de taille à lui soumettre : il voudrait lui faire quitter l’appartement où elle vit (seule?) depuis la mort de son mari mais qui ne lui appartient hélas pas. Sa femme Laura exige la vente. Ayant perdu son emploi enviable, Jaime est désemparé. Ils sont dans une situation financière inextricable avec des enfants habitués au luxe dont il faut continuer à payer les études. Le spectre de la maison de repos est aussitôt abordé par la mère, très lucide, qui n’en a pas fini avec la vie.
Malgré la salle comble, tâchez de trouver des places près de la scène, car les métamorphoses passionnées du visage de la mère, tellement émue de retrouver son fils, plongent le spectateur dans des vagues d’émotions. Jacqueline Bir a cette fibre particulière de comédienne qui vous fait monter les larmes aux yeux alors même que l’on voudrait s’en défendre. La vérité des sentiments, l’intensité du jeu deviennent pour le spectateur le plus flegmatique un émerveillement toujours recommencé. Le chantage affectif règne, on s’en serait douté ! Serait-on une mère sans cela. D’ailleurs, « est-ce que Freud aurait réussi, sans les mères? » lance la sémillante mama. On se retrouve en tout cas - couleurs chatoyantes et lumières automnales du plateau aidant - baignés de chaleur humaine et touchés par ces profondes vibrations qui ont fait fondre les cœurs lorsque Jacqueline Bir incarnait il y a quelques années « Oscar et la dame rose ».On reçoit ici toute la tendresse espiègle et rouspéteuse d’une mère pour son fils comme un cadeau du ciel et on rit de bonheur à ses bons mots et à sa remarquable intuition, on savoure sa mauvaise foi, ses réparties et son humour cinglant. Le duo avec Alain Leempoel est magistral.
A la fin du premier acte, voilà que les cœurs qui s’étaient insensiblement distanciés se rapprochent, se reconnaissent, se livrent avec pudeur et se retrouvent. Pas d’entracte et pour cause, le ciel a de ces surprises… Ah oui il y a aussi un mystérieux Gregorio, presqu’aussi vivant que les deux complices!
Par leur jeu, Mère et Fils réussissent un miracle : celui d’abolir le Temps et les pénibles contingences matérielles, faisant de ces retrouvailles progressives, presque des noces spirituelles. La connivence est revenue entre celle qui s’entêtait « à cuisiner comme avant » et ce fils au prénom portugais beau comme une caresse. Voici un fils perdu et retrouvé, qui, après avoir fondé et après avoir trimé sans compter pour se conformer aux exigences du paraître une famille peu attentionnée, est rassuré sur lui-même et mûri. Grâce aux très particulières conversations avec sa mère, il renaît à la vie, au désir, à la liberté et aux valeurs essentielles et surmonte peurs et angoisses. Un conte philosophique?
Jusqu'au 18 mai 2014
Conversations avec ma Mère
Théâtre - Contemporain
La Vénerie - Espace Delvaux
Rue Gratès 31170BRUXELLES - BELGIQUE
Création en langue française d’après le film argentin de Santiago Carlos Ovés, adaptation théâtrale de Jordi Galcerán Mis en scène par Pietro Pizzuti avec Jacqueline Bir et Alain Leempoel
Publié(e) par Deashelle le 27 septembre 2014 à 7:22
« Les Inspirés », trois dieux chinois débarquent dans la capitale du Se-Tchouan au centre de la Chine, un confluent de pauvreté. Ils ont parié qu'ils ne trouveraient pas «une bonne âme» au moins en ce bas monde et considèrent l’humanité entière comme pervertie. Rejetés par tous les villageois mais guidés par Wang, le porteur d’eau (ou de parole, comme vous voudrez) , ils acceptent l’hospitalité de Shen-Té la prostituée locale. Pour la remercier, ils lui laissent une cassette avec laquelle elle rachète un débit de tabac puisqu'elle peut enfin choisir sa vie. Hélas la boutique de Shen-Té attire immédiatement les vautours : des plus démunis aux plus nantis qui n’ont qu’un but, lui soutirer ses biens. Empêtrée dans d’insurmontables contradictions Shen-Té va osciller entre le désir de faire le Bien et la Nécessitéde « sauver son frêle esquif du naufrage ». Elle croit avoir entretemps rencontré l’Amour mais c’est un méprisable individu, irresponsable, égocentrique et jouisseur qui veut la parasiter. Comment concilier son idéal d’amour et sa survie pure et simple ? Pour se tirer d’affaire, Shen Té se fait passer pour un prétendu cousin, Shui Ta, excellent et redoutable homme d'affaires qu'elle incarne elle-même et de plus en plus souvent. A moins que la Vie ne se charge de changer sa vie... La conclusion de Bertold Brecht est qu’il faut changer le monde et non une personne individuelle si on veut que le bonheur soit accessible.
Cette pièce nous touche particulièrement dans le contexte de crise que nous traversons qui laisse tant de familles démunies et tant de jeunes, diplômés ou non, déçus par le monde, ou par la vie? Les Baladins du Miroir s’en sont emparés comme le Théâtre de la Vie, il y a quelques années déjà, en 98-99?
Bouger, il faut bouger ! C’est ce que démontre une mise en scène virevoltante qui nous propulse et au cœur de l’Asie et au cœur des années 30. Un tintamarre de sabots de bois, de bicyclettes, de chariots, de thé ou de grains de riz que l’on verse, de casseroles et de brocs, un incessant carillon de porte ne peuvent qu’éveiller l’attention du spectateur. Vous y ajoutez une vie de rue en live, des courses effrénées, des ballots que l’on balance d’une passerelle suspendue, des bruits de boulier compteur chinois. La Vie appelle! Le monde doit bouger!
Des lumières domestiques en tout genre, y compris les fameuses lanternes rouges, fusent pour éclairer la nuit humaine. Mais qui y verra enfin clair? Les artistes se mêlent au public pour offrir le kroupouk ou des bribes mystérieuses de répliques, le spectateur bougera-t-il? Le pétillement de cette méditation sur la société ne manquera pas d’inquiéter les uns ou les autres. L’enthousiasme perceptible et le talent des artistes est d'ailleurs un gage de réussite… L’action se porte partout dans le chapiteau et ne peut que réveiller des esprits parfois engourdis par un certain confort, mais certes pas celui des gradins... Cela fait partie du jeu.
C’est Beau, c’est Brecht, c’est Bien. C’est partout autour de vous et on l’espère en vous… Une fable épique tendre et réaliste, poétique et moqueuse, fine et saltimbanque en diable. On ne peut décidément pas rester indifférent devant un tel festin d'imaginaire, une telle union de talents si multiples et réglés dans une telle modestie. Tout y est: la comédie, les instruments de musique, les chants, les personnages burlesques (la riche et hautaine propriétaire, le menuisier, le policier, le neveu, le chômeur-quémandeur, la famille du gamin-voleur...). Et un tribunal imaginaire. Bref une vingtaine de rôles pour une dizaine de comédiens qui ne cessent de se transformer. Se transformer, c'est bouger, non? Ou bien le contraire? CQFD
Il reste à nommer toute la troupe, ensemble et séparément : les Baladins du Miroir avec Andreas Christou, Stéphanie Coppe, Abdel El Asri, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, François Houart, Geneviève Knoops, Gaspar Leclere, Diego Lopez-Saez, David Matarasso, Virginie Pierre, les enfants de la compagnie et tout un équipage de splendides marionnettes, nos miroirs inspirés ?
Une citation pour finir?
Fallait-il quelqu’un d’autre ou bien un monde autre
Ou alors d’autres dieux, ou pas de dieux du tout ?
Devant ce désarroi le seul secours serait
Et vite et tout de suite que vous réfléchissiez
À la meilleure manière, au moyen le plus fin
De mener une bonne âme vers une bonne fin
Cherche donc, cher public, la fin qui fait défaut
Car il faut qu’elle existe. Il le faut ! Il le faut !
Cornelisz Verspronck ou le souci du détail (cf. son Portrait de femme).
Les collections du Nationalmuseum de Stockholm ont bien sûr été constituées au fil des siècles, en premier lieu par les rois suédois, et ce depuis le XVIe siècle avec Gustav Vasa. Au XVIIe siècle, avec le sac de Prague et des trésors de Rodolphe II, les toiles de maîtres affluent (beaucoup heureusement y retournèrent). Au XVIIIe, elles furent notamment enrichies par la collection de l'ambassadeur de Suède à Paris, Carl Gustav Tessin. Au siècle suivant par les achats de Bernadotte, maréchal de France, roi de Suède de 1818 à 1844 sous le nom de Charles XIV ou Charles-Jean (les souverains actuels en descendent). Enfin vinrent les acquisitions plus récentes, notamment d'impressionnistes français et de peintres nationaux.
Terminons d'abord notre tour d'horizon des peintres des Provinces-Unies, tant les salles sont riches que "l'on se croirait en une succursale du Ryks Museum d'Amsterdam ou du Mauritshuis", Lucien Maury (1913).
Johannes Cornelisz Verspronck (1597-1662) :
Portrait de femme, 1648.
Et quel portrait !
Cornelius Bega (1631-1664) :
La leçon de musique, 1663.
Et quelle leçon ! Un béguin pour Béga !
Mais la section consacrée à la peinture française ne le cède en rien aux peintres hollandais, notamment disais-je grâce à la mission en France de Carl Gustav Tessin de 1739 à 1742. "Ce grand seigneur, qui aime le plaisir, et ne se doute point encore qu'il tournera au sévère moraliste, ce diplomate épris de luxe, de belles manières, d'esprit, affectionne par-dessus tout l'art ; il a de qui tenir ; mais c'est à l'art français que vont ses prédilections ]...[ on le voit fort assidu dans tous les ateliers parisiens.", Maury (1913).
Jean-Siméon Chardin (1699-1779) :
La toilette du matin, 1746.
Une des"scènes les plus gracieusement et les plus fortement significatives de son répertoire."
"Le sérieux d'un Chardin ne lui agrée pas moins que les plus légères fantaisies des peintres des fêtes galantes.", id.
Nicolas Lancret (1690-1743) :
Collin-maillard, c 1728 (détail).
"Les grandes ventes n'ont point de client plus attentif, ni mieux informé."
"C'est ainsi qu'il fait d'importants achats à la vente Fonspertuis (1748), et ne cesse de conseiller les acquisitions de Louise Ulrique en Hollande, en Flandre et en France... Sa fortune compromise, il doit, de son vivant, consentir l'abandon de ses collections particulières ; la plupart de ses tableaux passent aux mains de Louise Ulrique ; l'Etat en héritera, au grand bénéfice du Musée National.",id.
Fonds perdus, plus un radis...
Mais le moindre grain de mil
Serait bien mieux mon affaire
...
Mais le moindre ducaton
Serait bien mieux mon affaire.
Jean de La Fontaine (1621-1695), Le coq et la perle.
Anne Vallayer-Coster (1744-1818) :
Nature morte, 1775.
Avant que de passer aux impressionnistes français et de terminer par la peinture italienne, espagnole, allemande et anglaise, une petite transition...
Rosa Bonheur (1822-1899) :
Chat sauvage, 1850.
La peintre, trop oubliée aujourd'hui, connut un succès international. Mais ici en Suède, c'est un bonheur, les femmes sont bien mises à l'honneur.
Publié(e) par Deashelle le 25 septembre 2014 à 12:30
Avec la mise en scène dynamique de Cécile Roussat et Julien Lubek cette nouvelle production de L’Opéra Royal de Wallonie ouvre la saison avec flamboyance. La satire sociale est forte. Un don Magnifico magnifiquement caricatural et grotesque, outrageusement accoutré et perruqué, tente de caser auprès de celui qu'il pense être le Prince, ses deux filles suprêmement orgueilleuses, égoïstes et laides (que ce soit dans l’âme ou le maquillage). L’interprète, c’est l’excellent Bruno De Simone un splendide baryton napolitain qui n’hésite pas à entonner des vocalises ridicules et emprunter des voix de fausset au cours de ses ascensions grandiloquentes ! Il a transformé sa belle-fille Angelina- la Cenerentola - en vulgaire domestique après l'avoir dépouillée de son héritage. Mais la vulgarité n’est évidemment pas du côté que l’on pense! La mère est morte après la naissance de leurs deux filles communes, Clorinda et Tisbé. Il a évidemment dilapidé la fortune. Les deux jeunes mégères survoltées, sont odieuses à souhait : Sarah Defrise et Julie Bailly ont une présence scénique sidérante!
La « Cenerentola » de Gioacchino Rossini (1817) est à la fois un opéra seria et un opéra buffa. Cet artifice de forme très contrastée met évidemment en lumière le fond où s’oppose le Vrai et l’authentique face aux grimaces du Faux et de l’hypocrisie. Rossini n’a pas hésité à couper les ailes à tout le merveilleux du conte de Perrault et des frères Grimm. Il a jeté carrosse, citrouille et pantoufle de vair ou de verre aux orties pour recentrer le propos sur la Raison et analyser le comportement moral. Le compositeur veut faire avaler une pilule fort amère au monde bourgeois ou à celui de la haute société. Il a l’intention de réduire en poussière cet orgueil humain si dévastateur, les rêves de puissance, la vanité et la cupidité afin que triomphent enfin les sentiments profonds et vrais. Il y a lieu de suivre trois principes : en amour il faut chercher, connaître et aimer. Célèbre-ton ici l’avènement des mariages d’amour, face aux mariages de raison ? La machine de guerre de Rossini est en tous cas, une musique plus que tourbillonnante, elle est grisante.
La Cenerentola est interprétée par la très sensible mezzo-soprano italienne Marianna Pizzolato dont la voix, le timbre et la chaleur humaine semblent incarner la Bonté faite Femme et descendue du ciel. Le sous-titrage est d’ailleurs éloquent : La Cenerentola ossia La bontà in trionfo. Dès la première balade nostalgique qu’elle chante tout au début, et qui préfigure son rêve intime, la chanteuse module sa voix et capte des couleurs émotionnelles très justes, en rapport direct avec le texte du livret et en rapport direct avec sa propre intelligence de cœur. Il y a des étoiles dans sa voix, comparables au scintillement des yeux débordants d’amour.
Rossini avait opté pour une contralto colorature et Marianna Pizzolato est parfaite dans le rôle. Des cascades d’aigus, des guirlandes de notes lumineuses, des effusions de bonheur, toute une virtuosité vocale dictée par l’expression des sentiments. Que cela fait du Bien ! « J’ai toujours comparé ma voix à une île merveilleuse... A la fois sombre et solaire, drôle et sérieuse, une terre qui aime le mystère et le clair-obscur, comme la voix de mezzo-soprano! » Le merveilleux est donc bien présent, quoi que Rossini en dise!
Les combinaisons d’ensembles, en duos, trios, quatuors, quintets, sextuors, sont chaque fois une fête musicale sous la baguette du chef de chœurs, Marcel Seminara. Chaque scène se termine par un beau final, élément de structure de la fin des actes. Mais au cours de la représentation l’allure s’accélère vers une allure presque surréaliste, si pas diabolique. Les syllabes sont prises en otage par une musique tourbillonnante, lancée comme une toupie en folie ! La folie est d’ailleurs aussi dans les accessoires, illustrant le comique grinçant des différents tableaux. Face à l’accumulation de pitreries, chaque rencontre entre Don Ramiro (Dmitry Korchak) et la douce Cenerentola est empreinte de grande simplicité et d’une profonde pudeur de sentiments. Une merveille d’équilibre et de bonheur musical. Le valet (Enrico Marabelli) déguisé en faux prince d’opérette nous fiat pouffer de rire par sa verve, ses postures et sa malice. Il s’amuse d’un bout à l’autre de la mascarade, ne manquant pas d’annoncer que cette comédie finira en tragédie…
Trois tranches de décor réaliste d’un château de Capitaine Fracasse sont posées sur un plateau tournant et semblent défiler de plus en plus vite au gré des rebondissements de l’histoire vers le dénouement final. Une lourdeur qui, loin d’affecter la musique la rend encore plus légère et parodique. Les personnages, véritables passe-murailles, passent d’une tranche à l’autre comme s‘ils pouvaient empêcher le destin de faire son œuvre. Des trappes dans tous les coins, des escaliers, des balcons, une montgolfière, des vrais oiseaux annonciateurs de paix, tout y est pour contribuer au mouvement de folie collective qui aboutira au happy end final, couronné par le pardon… Le tout placé sous le regard indulgent du très sage Alidoro, conseiller du Prince, philosophe, deus ex machina qui veille sur l’Amour, formidablement interprété par un Laurent Kubla en pleine forme!
Publié(e) par Deashelle le 22 septembre 2014 à 8:30
Première dénonciation de notre société. En novembre 2011, Michel Kacenelenbogen, déjà fasciné par le climat d'effondrement social et politique des années 30, s’attaquait à la mise en scène de L’ANGE BLEU au théâtre du Parc. Un spectacle fantasmagorique très divertissant et fort haut en couleurs, contrairement à l’atmosphère très noire du film éponyme décrivant la misère humaine des victimes de la grande crise de 1929. Les cabarets berlinois des années 30 - symboles de rébellion contre la souffrance humaine et l’ascension du pouvoir nazi - étaient des lieux de plaisir hérités de la république de Weimar, mais aussi le refuge d’une parole de plus en plus confisquée. La création de ces cabarets remonte aux années 1880, avec Yvette Guilbert qui y insuffla le répertoire Montmartrois d’Aristide Bruant et ses musiques envoûtantes traduites en langue allemande et imprégnées de satire sociale ou politique. Ces cabarets furent rasés par l’Ordre nouveau dès la nomination de Goebels comme Gauleiter de Berlin ; les deux derniers disparaissant en 1935, rasés par des bulldozers. En même temps, l’avant-garde artistique se faisait taxer d’ Entartete Kunst - art dégénéré - et les artistes sont poursuivis et envoyés dans les camps de concentration.
Quand les paillettes se transforment en larmes... Cette fois, avec CABARET, Michel Kacenelenbogen persiste et signe… un spectacle dont l’ironie coupe le souffle, emplit d’émotion et met l’alarme au camp. La question qui semble hanter Michel Kacenelenbogen dans ce nouveau spectacle, est bien celle d’une société qui ne se remet pas de la crise économique et celle d’un ordre nouveau qui pourrait se profiler à l’horizon. « Wilkommen, Bienvenue!» C’est le fiel qu’il faut savourer.
Les moyens dont il dispose grâce à la synergie avec le Théâtre National ont été décuplés et l’on verrait bien l’entreprise devenir une grande production à la manière des grandes comédies musicales. Soulignons-le, les artistes sont issus de nos deux communautés et rendent en même temps un hommage passionné aux 20 ans du théâtre Le Public.Sous-titrés en trois langues.
Précipitez-vous à Bruxelles avant le 1er octobre, car après le spectacle part en tournée! Un spectacle cathartique, image d’une société rendue malade par l’argent (« Money, Money Money »), le pouvoir, l’intolérance, le repli sur soi et la mort annoncée des artistes de tout poil s’ils ne sacrifient pas à la rentabilité et à la culture du profit. Ou à la culture d’Etat.
Le spectateur ne peut qu’être touché par ce message asséné avec force et compte tenu de la situation géopolitique actuelle mondialement fragile, la piqûre de rappel fait l’effet d’un électrochoc. On reste hantés par ce Herr Schultz (Guy Pion, at his best) si poli, si affable et si tolérant, pétri de bienveillance et dont les rêves très humains se font subitement rafler par la puissance nazie symbolisée par cet officier blond aryen (Bruno Mulenaerts) et écraser par les chants patriotiques glaçants qui se répandent sur le plateau. Et du coup, c’est toute la vie des artistes du Kit Kat Club, celle de la logeuse sévère et compassée Fraulein Schneider (très bien défendue par Delphine Gardin), celle de sa pulpeuse locataire si généreuse avec les marins (une inimitable Daphné d’Heur dans le rôle de Fraulein Kost) et celle du jeune couple qui vient de se former, qui volent en éclats dans un jeu de dominos infernal. En effet, un étranger, Cliff, le jeune écrivain américain (Baptiste Blampain), s’est épris de la craquante petite anglaise (« Don’t tell Mama »), chanteuse et danseuse de Cabaret, Sally (Taïla/Lisa Onraedt/Minelli). Celle-ci a mené une vie de bâtons de chaises jusque-là. Elle est retombée enceinte, il lui promet le mariage, tout va soudain tourner au conte de fées… « Maybe this time… » sauf que tout se termine dans l’horreur d’un rideau de larmes. L’impitoyable danse macabre est orchestrée depuis l’entrée en scène avec férocité par un Emcee plus vrai que nature (Steve Beirnaert). La chorégraphie impeccable est signée Thierry Smits(« To the ones I love »), c’est tout dire !
Le grand orchestre sous la direction de Pascal Charpentier mérite autant de félicitations que la trentaine de danseurs-chanteurs-comédiens qui forment un remarquable casting totalement à l’aise dans le chant, la danse et la tragicomédie…. La richesse des timbres, la générosité des rythmes parcourent toutes les émotions humaines : le désir, la joie, la passion, la sensualité, la tendresse, la mélancolie… le cynisme, la haine, la jalousie et la cupidité aussi. Pendant tout le spectacle l’orchestre est juché sur une estrade en forme de ring pour un pugilat entre l’esthétique parfaite des sonorités et le fond d’une histoire totalement insupportable. Et c’est le spectateur qui reçoit les coups. Une superbe scénographie de Vincent Lemaire.
La comédie qui se joue à ses pieds a tout de la fascination du mouvement perpétuel d’un immense manège rutilant qui vous précipite vers un chaos final. « A merry-go-round » infernal. Tout tourne et étourdit au passage, mais sonne juste et souligne la lucidité du propos. Cette nouvelle version du spectacle mythique sera sans doute à verser dans les fiches de Wikipedia, on n’en doute pas!