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     Déjà la rentrée depuis quelques jours, et c’est avec un grand nombre de nouveautés préparées tout au long de l’été pour vous, que j’ai le plaisir de vous retrouver !
      Effectivement, je n’avais pas disparu, et ce blog n’était pas abandonné : au contraire, si l’été fut pour moi chargé au point de n’avoir pas eu une minute pour vous donner plus de nouvelles, c’est pour vous que je travaillais (outre les semaines de stages très intenses que j’animais), que je voyageais, expérimentais, explorais, découvrais, inventais…

     Voici le début d’une série d’articles nouveaux qui j’espère, vont vous apporter de véritables moments d’évasion, de nouvelles sources d’inspiration, et des informations techniques précises au service de votre créativité.
     Souvent dans la continuité des précédents billets, parfois à la découverte des derniers produits proposés par les fabricants.
    Ce sera à travers le partage de petites (ou plus grandes) aventures « aquarellées », en partant du minimum de matériel et de la plus grande liberté d’exécution possible.
     Ils ont pour but de rendre passionnant et inédit votre désir d’utiliser l’aquarelle légère pour enrichir vos voyages, vos randonnées, ou tout simplement vos soirées d’hiver quand vous vous évaderez encore sans bouger de chez vous tout en parcourant ce journal en ligne.
     Aujourd’hui, c’est à la découverte des nouveaux bâtonnets d’aquarelle solide et des aquarelles en marqueur du fabriquant Winsor et Newton, que je vous invite : je vous emmène en randonnée VTT dans les Grands Causses pour effectuer le premier test de ces nouveaux outils.
     Ils m’ont permis de réaliser en un temps record ce croquis aquarellé d’un paysage immense, rapidement terminé à l’aquarelle avec les demi godets de ma petite boite de voyage.
     Concernant ce croquis aquarellé des Gorges du Tarn, il est au format A4 sur papier à grain léger (160 gr) « Paper Touch » Clairefontaine, pour un temps de réalisation  d’environ ½ h.

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

     Outre l’essai des bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton, mon objectif était de réaliser le croquis aquarellé simplifié de ce paysage complexe, en privilégiant le graphisme sur la couleur. Il s’agit d’une vue des falaises du Causse Méjean et des Gorges du Tarn depuis la corniche orientale du Causse de Sauveterre, un endroit particulièrement grandiose et sauvage dont j’ai voulu accentuer l’aspect « graphique » par les rehauts au marqueur aquarelle bleu, ce qui donne au dessin plus de nervosité et en accentue la dynamique.
     Résultat : travail correspondant aux objectifs avec d’intéressants effets liés aux sticks, mais sans aspect « fusant » du feutre aquarelle, qui, immédiatement absorbé par le papier ne réagit pas à l’action ultérieure de l’eau (celui-ci présentant l’apparence avec ce type de papier d’un feutre indélébile « traditionnel »).
     Ce dernier outil se comporte très différemment avec d’autres types de papier (en particulier les papiers satinés peu absorbants) ce qui en fait également un outil très polyvalent et créatif.
     Quant à ces nouveaux outils Winsor et Newton, leur légèreté, leur fonctionnalité, leurs possibilités créatives sont si bien adaptées à l’exercice que je m’étais fixé, que j’ai décidé de les incorporer à mon matériel habituel de voyage, et de les emporter dans mon sac de parapente pour les essayer de façon plus élaborée lors de la prochaine sortie picturale que je vous ferai partager.
     Je les ai dans le cas présent utilisés sur du papier pour feutre et peinture à l’eau tout à fait ordinaire, mais Winsor et Newton a développé 3 nouveaux blocs papier à spirale spécialement destinés à l’usage des feutres (qui doivent à mon avis bien mieux réagir sur ce papier-là, que sur celui que j’avais utilisé pour mon essai).
     Voici donc leurs principales caractéristiques, en commençant aujourd’hui par les bâtonnets d’aquarelle solide (nous verrons les marqueurs aquarelle dans le prochain article) :   
        1) - Les bâtonnets d’aquarelle solide : Hydrosolubles, ce sont des bâtonnets de section carrée de 6 cm de long à l’aspect velouté, très agréables à manipuler. Ils se déclinent en 48 couleurs lumineuses formulées avec des pigments extra-fins, on y retrouve toutes celles que je conseille dans mes stages et mes cours. Les bâtonnets d’aquarelle solide offrent de nombreuses possibilités créatives et techniques.
     Voici leur aspect posés à sec sur le papier (crayonnage tranche angle et surface latérale du stick, avec 3 couleurs proches des primaires (Rouge Winsor foncé, Nuance jaune de cadmium et Bleu Winsor nuance rouge), et recouverts deux à deux à sec également :

 

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

Et après humidification à l’eau claire (avec pinceau à réservoir d’eau Pentel) :

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

     Leur premier intérêt étant de pouvoir dessiner directement avec la couleur sur le papier sec ou humide (on peut même obtenir des traits fins avec les angles de la section carrée). La gestuelle qui s’ensuit procure un sentiment de liberté tout à fait particulier, aussi agréable en extérieur qu’en atelier.
     L’un des avantages qu’ils peuvent présenter dans le cadre d’une utilisation en voyage lorsqu’un séchage « normal » du papier est impossible (température élevée ou temps d’exécution trop court pour terminer son aquarelle), - ceci à condition d’avoir une entière maîtrise et connaissance du produit -, est de pouvoir terminer ultérieurement son dessin sans se soucier sur le motif des problèmes d’eau : celui-ci pourra être humidifié longtemps après sans la moindre dégradation de son travail entre-temps !


     Voici un test sur papier aquarelle à grain fin (format 12 x 20 cm avec ces mêmes trois couleurs d‘essai) dans lequel je me suis servi des bâtonnets aquarelle pour réaliser les sous-couches du motif, créer des effets de matière en utilisant le grain du papier, et que j’ai terminé en rehauts à la plume et à l’aquarelle.
     Il s’agit de la nuit tombante sur Nampan, un village sur pilotis en bordure du lac Inle en Birmanie. Je me suis servi d’une photo prise lors de notre stage carnet de voyage là-bas d’il y a 3 ans. Au moment où j’ai pris la photo il était tard, et nous n’avions pas eu le temps de peindre sur place cette image inoubliable d’un village paisible que la pénombre commençait d’envelopper sur fond de montagnes bleutées, entre la lumière encore bien présente dans le ciel et celle de l’eau qui le reflétait.
     Seule, la grande pagode d’or,  paraissait irradier les derniers rayons du soleil déjà couché.
     De la fumée s’échappant d’invisibles maisons se mélangeait à la brume du soir, et ce moment magique n’était troublé que par le passage de quelques pirogues attardées : je m’étais juré réaliser un jour l’aquarelle de cet instant…

1) - Passage à sec des bâtonnets d’aquarelle solide.

1) - Passage à sec des bâtonnets d’aquarelle solide.

2) - Après humidification à l’eau claire avec les pinceau à réservoir d’eau (attention l’extrême concentration des pigments et leur vivacité à ce stade peut donner un aspect « criard » au motif, ce qui m’a amené à le délaver à grande eau pour passer à l’étape suivante).

2) - Après humidification à l’eau claire avec les pinceau à réservoir d’eau (attention l’extrême concentration des pigments et leur vivacité à ce stade peut donner un aspect « criard » au motif, ce qui m’a amené à le délaver à grande eau pour passer à l’étape suivante).

3) Après finitions par rehauts à la plume et à l’aquarelle en demi - godets.

3) Après finitions par rehauts à la plume et à l’aquarelle en demi - godets.

          En conclusion :


      - Outil polyvalent pour dessiner et peindre à l’eau, permet de gagner un temps fou pour ébaucher ses motifs lorsqu’on en maîtrise bien le maniement (c‘est non négligeable en carnet de voyage),
      - Spécialement formulé pour être utilisé sec et ensuite mouillé, à tout moment, pour un maximum de commodité,
      - Léger et fonctionnel pour un usage créatif en carnet de voyage,
      - Fortement pigmenté et résistant à la lumière,
     - Parfait pour une utilisation en atelier, à l'extérieur, ou même en voyage, (mais il vaut mieux privilégier des formats assez grands si on veut bien exploiter le produit et en tirer les plus intéressantes possibilités),
     - Formulé à partir des mêmes pigments de qualité supérieure que les tubes et les godets d'aquarelle professionnelle (donc intéressant pour certaines retouches),
     - Toutes les couleurs peuvent être mélangées avec des aquarelles traditionnelles,
     - Compatible avec d'autres couleurs utilisables à sec, ainsi qu'avec l'ensemble des médiums pour aquarelle Winsor & Newton,
    - Bâtonnets disponibles en 48 couleurs

NUANCIER

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)
Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)
Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)
Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

       Si cet article vous a plu, je vous emmènerai jusqu’à un adorable village à travers une balade aérienne plutôt originale lors du prochain article, nous essaierons alors ces bâtonnets et marqueurs aquarelle dans de nouvelles conditions…

        Enfin, pour terminer, je vous recommande comme principal fournisseur (pensez à commander de ma part) le spécialiste de l'aquarelle (où vous trouverez mon excellente petite boite de voyage "Field Box" Winsor et Newton  : http://www.aquarelleetpinceaux.com/

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administrateur théâtres

12273041288?profile=original Alas, the  SINGING BRUSSELS CELEBRATION WEEKEND is over !

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BOZAR   a donc démarré sa nouvelle saison en  C H A N S O  N S !  De  tous les coins de la Belgique, des groupes d’amateurs sont venus se produire pendant tout un week-end dans le dédale des lieux mythiques du palais des Beaux-Arts de Bruxelles les 12, 13 et 14 septembre derniers. Une palette impressionnante de styles: des chœurs professionnels dont la réputation n’est plus à faire, dont Voces 8 et The Tallis Scholars, mais aussi, et surtout, plus de 50 chœurs amateurs venus de  partout en Belgique.

 Entre les concerts, des musiciens professionnels  ont animé des ateliers de chant pour petits et grands.  Au programme,  Le projet Equinox sous la direction artistique de Maria Jao  Pires et le soutien de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, pour des enfants en situation difficile. Mais le clou de la participation des visiteurs, c’était le dimanche à 13 heures dans la grande Salle Henry Le Bœuf où  un des « Top of the Charts anglais » – les Voces 8 – dévoilaient à un public d’amateurs pendant une bonne heure les mécanismes de base de leurs compositions extraordinaires. Ils organisent d’ailleurs des semaines entières de stage sur le sol anglais! Si le cœur vous en dit…  Après une demie heure d’échauffement et d’exercices variés et ludiques  toute  l’assemblée chantait  « Skyfall » (le dernier James Bond) avec la soliste. Une expérience inoubliable!

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La vénérable institution des Beaux-Arts de Bruxelles a donc secoué les esprits et les c(h)œurs…A tous les étages et dans tous les recoins, malgré les travaux en cours, pendant trois jours,  c’était un joyeux festival qui avait encore des airs d’été alors que c’est bel et bien la rentrée ! Parmi les joyaux de ces vendanges d’automne en dehors du splendide concert de Voces 8 donné le samedi soir devant une salle  Henri le Bœuf délirante de bonheur, citons le très sympathique ensemble de Namur ( Voix-ci Voix-là, Arianne Plangar)  qui a transformé le Hall Horta en salle bourdonnante de plaisir, chacun  fort tenté de muser des tubes de la musique française en même temps que les 80 choristes.  On ne peut bien sûr,  ni  citer  toutes les formations musicales, ni les avoir toutes écoutées !

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 Mais le dimanche après-midi, la salle Henry Le Boeuf était particulièrement fertile en crus musicaux de haute voltige, tous d'origine flamande. Tout d’abord, «  Just for Fun » un groupe de Malines noir blanc rouge,  dirigé de main de maître par Johan De Lombaert.  Après leur « Sweedish tune: ‘Balambam… douja la Bamba, badadua Wap…’ chanté a capella, suivaient de près, Duke Ellington, Pink Panther, I can’t get the melody out of my mind. Ils sont venus en train avec leur chef, Johan De Lombaert, “Tchou,tchouoû! Aussi «The Earthsong » de Michael Jackson pour faire plaisir aux choristes et aux spectateurs, dit-il.

12273043300?profile=originalPlace  ensuite à Musa Horti, un ensemble vocal de toute beauté qui vient d’éditer un superbe album « AUS DER TIEFE ». Fondé en 1989, leur point d’attache est l’abbaye du parc d’Heverlee. Ils portent le coquelicot des Flanders Fields à la boutonnière. Cet ensemble est constitué d’une trentaine de choristes très engagés. Le thème de leur album est « guerre et paix » et nous avons pu faire un parcours plus que lumineux avec eux en écoutant de nombreux extraits tels que « Wie liegt die stadt so wüst » de Rudolf Mauersberger , « Warum ist dans Licht gegeben dem Mühseligen » de Johannes Brahms, « How they so softly rest » de Healey Willan et « Lux aeterna » de Edwar Elgar.

 12273043683?profile=originalLe chœur mixte De Vedel  de Turnhout est d’un tout autre style… Sous la baguette d’Els Germonpré ils ont participé au Cobra’s Classic battle et ont reçu une distinction spéciale du jury, tout comme le Brussels Chamber Choir. C’est l’humour, la diversité  et le dynamisme qui président  décidément à leur programme. « Avond geluiden » sur un texte de Paul van Ostaaijen mais aussi un hilarant  « Old Mc Donald had a farm » et un pot-pourri « Name the tune » de Grayston Ives encore plus jubilatoire!

12273044665?profile=original12273045259?profile=originalLe Waelrant Kinder en Jeugdkoor terminera cette après-midi très éclectique. Il s’agit d’une formidable entreprise pédagogique qui rassemble 120 jeunes âgés de 8 à 25ans et qui ont remporté le Cobra’s Classic Battle avec à leur tête Marleen De Boo , une femme passionnée, formée à l'institut Lemmens.  Leur bastion est Borgerhout et  ils ouvrent leur enseignement aux enfants dès l’âge de 5 ans. Avec six chœurs,  des jeux de couleurs musicales, une belle variété des pupitres et des chorégraphies et des mouvements réglés au millimètre, leur représentation regorgeait d’inventivité et de musicalité, mêlant la culture flamande aux musiques du monde.  

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Haut les chœurs! De la musique classique et chansons de la Renaissance jusqu’aux Gospels, pop, jazz et musiques du monde, nous avons été émus de voir que notre capitale,  toutes les catégories d’âges et  de sensibilités confondues,   pouvait vibrer avec une telle intensité lors  de ce  premier Singing Brussels Celebration Weekend*. Les musiques du monde étaient aussi très présentes avec des chœurs marocains, turcs, africains, latino-américains... Cet événement unique et que l’on espère beaucoup voir se réitérer l’an prochain, nous rappelle  que la pratique du chant est la forme d’expression collective la plus ancienne et la plus universelle qu’il soit, mais surtout qu’elle est là pour enchanter tant le public que les choristes.

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« *BOZAR n’est pas seulement destiné à l’artiste professionnel, mais veut aussi accueillir les arts amateurs, synonymes d’engagement et d’énergie. L’art amateur représente un riche bouillon de culture et donne de l’oxygène au secteur professionnel. Et n’oublions pas que tous les grands musiciens ont commencé en tant qu’amateurs… » Paul Dujardin, CEO et directeur artistique du Palais des Beaux-Arts.

 Nous apprenons aujourd'hui qu'à l’occasion de sa rentrée académique, l’ULB honore deux personnalités belges, Paul Dujardin (directeur du Palais des Beaux-Arts) et Peter de Caluwe (directeur de la Monnaie) qui recevront les insignes de Docteur honoris causa, en hommage à leur action culturelle et aux institutions qu’ils dirigent. La séance académique se déroule le vendredi 19 septembre à 16h45 (Amphithéâtre Henri Lafontaine – campus Solbosch)

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administrateur théâtres

play_362_3.lecriduhard-typo.jpg?width=250Un conciliabule intime....  « Etre à 30 centimètres des gens, ça apporte un raccourci vers ce que nous sommes, il se passe forcément quelque chose. Quand je joue, mon décor, c’est les visages des gens, c’est 25 regards, avec leurs propres « intranquillités ». Car, pour certains, être serré contre les autres, toucher la cuisse d’un voisin, sentir son odeur, c’est l’inconfort total, et ça, j’adore ! Le spectateur ne sait pas quel statut il doit adopter. Il sait qu’il ne peut pas s’endormir tranquille dans une salle obscure. Il sait qu’il ne sera pas la tête de Turc du comédien mais il ne sera pas cool non plus. Le théâtre intime permet le partage, ça fait un peu béni-oui-oui de dire ça mais c’est vrai, c’est un partage direct. On se tait et on pense à notre mort, à nos amours, en live. »

Donc Philippe Vauchel kidnappe un  public complètement ravi  d’être kidnappé. Mais malgré cet immense appel du pied, son spectacle se construit sur la solitude et le cri le plus désespérant du monde, celui du huard, cet élégant canard que l’on retrouve sur les pièces de monnaie canadiennes…L’avantage avec les canards c’est qu’ils sont toujours vivants! Les canards sont donc immortels! Quant aux gens… la peur cosmique est au rendez-vous!

Avec Philippe Vauchel on navigue entre les petites choses insignifiantes et les grands signifiés. Il envoie des bouffées de rêve toutes les 3 minutes et demie. Grâce à lui, vous pouvez aller au bout du monde (au Canada par exemple), et vous êtes toujours chez vous. Grâce à lui ? Pas forcément, grâce aussi  à son personnage suédois Ingvar Möbelsaga très bien campé dans  son canapé universel do it yourself! Words don't mean what they mean !

Philippe Vauchel commence donc dans le délire verbal  après avoir éparpillé, comme un maître d'école, des tâches confiées à ses spectateurs bienveillants.

En entrant dans son appart’ improvisé, il nous parle de sa collection de paillassons, le livre d’or de l’ADN des semelles de ses milliers de visiteurs! Il fait l’éloge de cette carte mémoire insolite puis plonge dans son  univers secret de petit garçon en faisant revivre le grenier de son enfance. Lieu magique qui lui a servi de matrice pour son devenir de  dramaturge. Le Märklin il s’en fout, mais pas des gens du village dont il tisse les différents romans. Les romans, c’est la vie, non ?

 Quand il parle, on est fasciné par cet être jovial et désespéré qui sort tout d’un coup une caisse de vins blancs « Terre de Dieu » et la partage en faisant passer une mappemonde hérissée de ce qu'il nomme des portions mixtes. Les cinq  SENS sont de la partie, pour donner du sens. Tout comme sa collection insolite  de silences dûment étiquetés. Poésie belle comme du cidre bouché! (Car le Champagne... c'est quand même moins terroir!)

Et on observe en même temps les sentiments qui se dessinent différemment sur les sourires d’en face… Les spectateurs s'épient.  Il parle aussi au soleil, aux oiseaux sans doute, sort ses jumelles et sonde la noirceur du  sang qui circule dans nos "sous-terrains". Il fouille de vieux placards de fer, quand il ne s’y réfugie pas, question de laisser les sourires s’interroger en son absence… Alors qu'il farfouille dans de sombres coulisses, il fait naître l’intranquillité et la conjure.

Dénoncer les peurs et les angoisses, celle de l’Autre en particulier. Sortir le mal et l’exploser par la parole avec une rasade de ce qu’il faut de bonhommie et de tendresse humaine. « Vous en reprendrez encore ? De ce cru « Terre de Dieu » ? Sans X.  

On lui doit d'autres spectacles  aussi profonds  que légers que nous avons adorés.  Souvenez- vous de "La grande Vacance" et "Sherpa" ...

http://www.theatrelepublic.be/images/uploads/play_362_3.lecriduhard...

du 05 septembre au 18 octobre 2014

Théâtre Le Public - Petite Salle
rue Braemt, 64-70
1210  Saint-Josse
0800/944 44

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/la-grande-vacance-de-e...

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blog/show?id=3501272%3ABlogP...

 

 

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Liliane Magotte, artiste peintre:

 

Deashelle, chroniqueuse vedette sur Art et lettres

 

Jacqueline Gilbert, poète et peintre:

 

Olivier Dumont, peintre:


 

Antonia Iliescu, chant, auteur compositeur, poète:

 

Adyne Gohy, aquarelliste:


 

Sandra Dulier, poétesse:


Claude Hardenne, peintre, sculpteur et écrivain:


Charles De Wit, peintre:



Claudine Quertinmont, poétesse

 

Rébecca Terniak (interview via Skype)

 

Claude Miseur, poète, invité d'arts et lettres septembre 2013


Stephan Van Puyvelde (Editions Novelas), Invité Octobre 2013 d'Arts et Lettres
Une réalisation Actu TV à l'initiative d'Arts et Lettres

Bernadette Reginster est l'invitée de novembre 2013 d'Arts et lettres

Jacqueline Nanson, peintre est l'invitée d'Arts et Lettres de décembre 2013


Albertine Swerts) (Tine), peintre est l'invitée télévision d'Arts et Lettres de février 2014

Jacqueline De Clercq,  auteure, est l'invitée télévision d'Arts et Lettres de février 2014

Plus sur l'auteure Jacqueline De Clercq: Voir en plein écran

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12273045468?profile=originalRembrandt van Rijn, Jeune fille à la fenêtre, 1651.

Le musée national des Beaux-Arts de Stockholm abrite la plus grande collection d'art de Scandinavie avec plus de 500 000 oeuvres. Il a été conçu par l'architecte allemand Friedrich August Stüler dans le style d'un palais vénitien et inauguré en 1866.

Sa section peinture (le 1er étage étant consacré aux arts décoratifs) est particulièrement riche en oeuvres flamandes et hollandaises, notre première sélection, françaises et bien sûr suédoises, département sur lequel nous nous focaliserons ultérieurement.

Voici donc le Siècle d'or des Pays-Bas...

Présentations !

Gaspar de Crayer (1584-1669)

12273045858?profile=originalAnne d'Autriche (c. 1610)

Un luxe de détails !

Matthias Stom (1600-1650)

12273046064?profile=originalJeune homme lisant à la lumière de la chandelle (c. 1640)

Un des meilleurs peintres du courant caravagesque.

Jan Davidsz de Heem (1603-1683/84)

12273045698?profile=originalVanité (c. 1630)

Mais qu'il est bon de céder à la tentation...

David Teniers le jeune (16101690)

12273046499?profile=originalIntérieur aux fumeurs de pipe (c. 1635)

aux plaisirs de la vie et de la bonne société...

Judith Leyster (1609-1660)

12273047086?profile=originalGarçonnet jouant de la flûte (c. 1630)

de la musique et des arts, tard, on aura tout le loisir de méditer sur la finitude du temps...

A propos, qui a dit que la peinture était masculine ? alors "la critique", permettez...

Rambrandt Harmensz van Rijn (1606-1669)

12273047496?profile=originalSt Anastasius (entourage de Rembrandt)

A l'image de Saint Jérôme dans sa cellule philosophons...

Dans cette section nous trouverons encore Jan Massys, Frans Hals, Osias Beert, Johannes Bosschaert, Jacob Jordaens, Peter Paul Rubens...

Excusez du peu, mais nous y reviendrons...

Michel Lansardière (texte et photos).

Post scriptum :

Deux tableaux ont suscité un commentaire particulier qui introduit une interactivité bienvenue. Ce qui me permet d'ajouter quelques détails piquants.

Anne d'Autriche de de Crayer (merci Jacqueline). Faste et préciosité. La touche est précise et fluide, le peintre tout au service de son illustre modèle qui exerça la régence de 1643 à 1661 pendant la minorité de son fils Louis XIV, qu'il rend en majesté. S'agit pas d'offusquer ! Tout est léché, idéalisé, un rien empesé. Assurément un chef-d'oeuvre.

La Jeune fille à la fenêtre de Rembrandt (merci David). Humble, voire frustre, nature.

Cette jeune fille, "The kitchen maid" en anglais, est une servante. Très certainement la cuisinière du maître. Edme-François Gersaint (1694-1750), marchand de tableaux ayant pignon sur rue, l'appelait la "Crasseuse". Peint avec vivacité, mais avec cette pointe de non finito qui donne tout son caractère à notre cuisinière, et beaucoup de tendresse (à rapprocher du Titus à son pupitre du Musée Boymans de Rotterdam, portrait de son premier et unique fils). Sûrement un des tableaux les plus attachants de Rembrandt.

Roger de Piles(1635-1709), peintre lui-même, collectionneur et expert, rapporte que Rembrandt "se divertit un jour à faire le portrait de sa servante, pour l'exposer à une fenêtre et tromper les yeux des passants. Cela lui réussit, car on ne s'aperçut que quelques jours après de la tromperie. Ce n'était, comme on peut bien se l'imaginer de Rembrandt, ni la beauté du dessin, ni la noblesse des expressions qui avaient produit cet effet. Etant en Hollande, j'eus la curiositéde voir ce portrait que je trouvai d'un beau pinceau et d'une grande force, je l'achetai et il tient aujourd'hui une place considérable dans mon cabinet."

Toutes deux, par delà la mort, par delà les siècles, sont éternelles, sur le même pied.

Quant au Saint Anastase, il a longtemps été attribué à Rembrandt lui-même, "Oeuvre de sa vingt-cinquième année, où se distingue la finesse de son pinceau dans la pénombre de son envahissant clair-obscur.", Lucien Maury, 1913. Je l'ai rapproché de son Saint Jérôme dans sa cellule. Rembrandt et ses apprentis se penchèrent avec admiration sur la gravure éponyme de Dürer, sur la façon dont il fait entrer la lumière par la baie vitrée, en fait glisser les reflets et les ombres portées. Ou du Philosophe en méditation du Louvre, de Salomon Koninck (1609-1656), moins habile. Koninck, sans être un élève de Rembrandt, fréquenta certainement son atelier.

M. L.

 

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administrateur théâtres

3750291215.jpgElle voulait juste s’envoyer en l’air! Le coup de cœur de la rentrée! Dès le départ, un dynamisme fou et un pitch hilarant, pimenté, en un mot : énorme, jamais vulgaire ou déplacé et un vaste questionnement. Cela commence par un striptease et se termine comme un conte de fées… ayant sondé au passage nos strates les plus intimes. Elle: couv’ de mag’ bronzée, en nuisette qui colle à la peau, juchée sur des stilettos de parade amoureuse. Lui : en tenue fantasmagorique de plombier style Mario Bros, en blond. L’humanité dans le regard et jusqu’au bout des cheveux (de la moustache) et surtout …de la langue.


Il a à peine fini de nettoyer le collecteur de la douche virtuelle en sifflotant … qu’elle lui saute dessus et lui demande de la baiser. Les clichés sont éclatés, c’est la femme qui réclame son plaisir sans le moindre habillage affectif et c’est le plombier qui refuse et manie le verbe avec une verve éblouissante! Et pourtant il est loin d’en être à son premier coup…et un plombier, cela ne fuit pas !


3806908095.jpgMais le voilà qui fait éclater un autre cliché. Un plombier peut être philosophe, poète et émotif anonyme. C’est elle, la psy, qui veut coucher et c’est lui qui l’accouche. Il acceptera le deal si elle répond à la question métaphysique de « Pourquoi la chose ? Pourquoi moi ? Et pourquoi maintenant? » Il l’oblige à justifier son désir…et elle tombe dans la relation ! Philippe Blasband (metteur en scène et auteur) nous fait glisser dans l’évidence que personne ne peut faire l’économie de sentiments! Dans toute relation, il y a rencontre humaine, où et quand que ce soit. On n’est pas des lapins! Une simple histoire de cul cela n’existe pas! Woody Allen? Vous avez sûrement une clé!


 « Vous croyez au destin?». Elle dit que Non!  Lui, il croit en la plomberie. « Et cela fait des pères formidables! ». Il la purge de ses peurs, il rêve de Dieu, le plus grand plombier jamais vu, maître de tous les agencements et il veut changer le monde, « C’est notre métier!». Elle est au bord du divorce, en mal d’enfant… Ils finissent par se confier tous leurs échecs. Elle avoue ses subterfuges. Elle redoute le doute vénéneux de son mari qui a empoisonné son existence. Il découvre devant elle la clé de voûte de la condition humaine: être sûr 100% et douter 100% en même temps… Exercice périlleux, nous jouons haut et sans filets!


2552798687.jpgLe public adore cette première  mondiale au Public ! Les spectateurs qui se font face dans la salle comble rient aux éclats à jet continu, devant tant d’esprit venu au plombier… « un homme doué et droit dans ses bottes »(le craquant Charlie Dupont, « Belle comme la femme d’un autre », « Il était une fois une fois »). Devant tant de déploiement de charmes et de révoltes de tigresse chez Tania Garbarski. Une soirée très rafraîchissante avec un couple de scène qui l’est dans la vie. Un vrai conte de fées, dans une mise en scène talentueuse et une mise à nu virevoltante de Philippe Blasband.

Première mondiale

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=361&type=2

Tania Garbarski et Charlie Dupont sont les Invités du Public le samedi 27 septembre 2014 à 18h00.

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3.

Canada

40 826(2,95 %)

4.

Morocco

24 720(1,78 %)

5.

Switzerland

15 888(1,15 %)

6.

United States

13 072(0,94 %)

7.

Tunisia

11 413(0,82 %)

8.

Italy

10 729(0,77 %)

9.

Germany

10 183(0,73 %)

10.

Algeria

9 071(0,65 %)

11.

Spain

6 658(0,48 %)

12.

United Kingdom

3 885(0,28 %)

13.

Portugal

3 833(0,28 %)

14.

Luxembourg

3 750(0,27 %)

15.

(not set)

3 465(0,25 %)

16.

Netherlands

2 549(0,18 %)

17.

Romania

2 504(0,18 %)

18.

Réunion

2 162(0,16 %)

19.

Senegal

2 014(0,15 %)

20.

Poland

1 843(0,13 %)

21.

Brazil

1 807(0,13 %)

22.

Hungary

1 684(0,12 %)

23.

Russia

1 652(0,12 %)

24.

Côte d’Ivoire

1 499(0,11 %)

25.

Greece

1 463(0,11 %)

26.

Bulgaria

1 335(0,10 %)

27.

Mexico

1 241(0,09 %)

28.

Israel

1 193(0,09 %)

29.

Lebanon

1 172(0,08 %)

30.

Turkey

1 095(0,08 %)

31.

Argentina

1 026(0,07 %)

32.

Japan

1 024(0,07 %)

33.

Indonesia

1 003(0,07 %)

34.

Guadeloupe

940(0,07 %)

35.

Martinique

773(0,06 %)

36.

China

771(0,06 %)

37.

Serbia

764(0,06 %)

38.

Austria

750(0,05 %)

39.

Egypt

663(0,05 %)

40.

Tanzania

645(0,05 %)

41.

Sweden

643(0,05 %)

42.

Cameroon

626(0,05 %)

43.

Haiti

569(0,04 %)

44.

Colombia

547(0,04 %)

45.

New Caledonia

540(0,04 %)

46.

Czech Republic

526(0,04 %)

47.

Australia

504(0,04 %)

48.

French Polynesia

496(0,04 %)

49.

Ukraine

475(0,03 %)

50.

India

454(0,03 %)

51.

Madagascar

447(0,03 %)

52.

South Korea

427(0,03 %)

53.

Mauritius

421(0,03 %)

54.

Latvia

393(0,03 %)

55.

Vietnam

369(0,03 %)

56.

Chile

352(0,03 %)

57.

Denmark

346(0,02 %)

58.

Iran

328(0,02 %)

59.

Ireland

318(0,02 %)

60.

Congo (DRC)

312(0,02 %)

61.

Croatia

307(0,02 %)

62.

French Guiana

271(0,02 %)

63.

Thailand

268(0,02 %)

64.

Finland

266(0,02 %)

65.

Gabon

266(0,02 %)

66.

Taiwan

246(0,02 %)

67.

Benin

236(0,02 %)

68.

United Arab Emirates

220(0,02 %)

69.

Norway

208(0,02 %)

70.

Burkina Faso

204(0,01 %)

71.

Monaco

202(0,01 %)

72.

Uruguay

192(0,01 %)

73.

Mali

180(0,01 %)

74.

Moldova

174(0,01 %)

75.

Slovakia

172(0,01 %)

76.

Hong Kong

170(0,01 %)

77.

Togo

167(0,01 %)

78.

Saudi Arabia

165(0,01 %)

79.

Dominican Republic

159(0,01 %)

80.

Peru

159(0,01 %)

81.

New Zealand

150(0,01 %)

82.

Azerbaijan

149(0,01 %)

83.

South Africa

144(0,01 %)

84.

Singapore

130(0,01 %)

85.

Venezuela

125(0,01 %)

86.

Ecuador

122(0,01 %)

87.

Slovenia

122(0,01 %)

88.

Malta

118(0,01 %)

89.

Djibouti

114(0,01 %)

90.

Armenia

105(0,01 %)

91.

Congo (Republic)

104(0,01 %)

92.

Georgia

101(0,01 %)

93.

Lithuania

99(0,01 %)

94.

Nigeria

99(0,01 %)

95.

Belarus

96(0,01 %)

96.

Syria

87(0,01 %)

97.

Malaysia

86(0,01 %)

98.

Philippines

82(0,01 %)

99.

Estonia

80(0,01 %)

100.

Mauritania

78(0,01 %)

101.

Ghana

77(0,01 %)

102.

Albania

74(0,01 %)

103.

Costa Rica

63(0,00 %)

104.

Qatar

63(0,00 %)

105.

Rwanda

61(0,00 %)

106.

Bosnia and Herzegovina

60(0,00 %)

107.

Iraq

57(0,00 %)

108.

Andorra

56(0,00 %)

109.

Burundi

54(0,00 %)

110.

Jordan

54(0,00 %)

111.

Montenegro

54(0,00 %)

112.

Mayotte

53(0,00 %)

113.

Macedonia (FYROM)

52(0,00 %)

114.

Pakistan

52(0,00 %)

115.

Cyprus

51(0,00 %)

116.

Angola

50(0,00 %)

117.

Cambodia

46(0,00 %)

118.

Niger

43(0,00 %)

119.

Guinea

42(0,00 %)

120.

Aruba

40(0,00 %)

121.

El Salvador

39(0,00 %)

122.

Panama

38(0,00 %)

123.

Bolivia

37(0,00 %)

124.

Kenya

37(0,00 %)

125.

Paraguay

35(0,00 %)

126.

Kazakhstan

31(0,00 %)

127.

Libya

30(0,00 %)

128.

Iceland

29(0,00 %)

129.

Sri Lanka

27(0,00 %)

130.

Guatemala

25(0,00 %)

131.

Saint Pierre and Miquelon

24(0,00 %)

132.

Kuwait

22(0,00 %)

133.

Laos

21(0,00 %)

134.

Puerto Rico

21(0,00 %)

135.

Palestine

21(0,00 %)

136.

Oman

20(0,00 %)

137.

Uzbekistan

20(0,00 %)

138.

Macau

18(0,00 %)

139.

Mozambique

18(0,00 %)

140.

Ethiopia

17(0,00 %)

141.

Mongolia

17(0,00 %)

142.

Trinidad and Tobago

17(0,00 %)

143.

Cape Verde

16(0,00 %)

144.

Comoros

15(0,00 %)

145.

Uganda

14(0,00 %)

146.

Saint Martin

13(0,00 %)

147.

Sudan

13(0,00 %)

148.

Yemen

11(0,00 %)

149.

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10(0,00 %)

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Ce tableau fourni par Google analytics ne reprend ici que 150 pays. Il y a eu en tout des visites de 193 pays.visiteurs.

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Un partenariat exceptionnel incluant cinq membres d'Arts et Lettres

 

A Camaret

12273043476?profile=original

Une photo de Raymond Martin

a inspiré

 Tout a une fin

une aquarelle d'Adyne Gohy

12273043493?profile=original

Avec un commentaire poétique

 de Liliane Magotte

Pauvre bateau, vaillamment sans perdre courage.

tu as fendu les flots, vaincu les orages.

Tes couleurs sont fanées, et sur ton bastingage,

la lassitude est là, qui trahit ton âge.

Une aquarelliste, éprise de ton ramage

de ses pinceaux dessine un calme paysage.

Il raconte l'âme de tes voyages,

le chant des sirènes sur de lointains rivages.

L'aquarelle a inspiré 

Le poème

Sous l'écume du temps

de Sandra Dulier

Il en aurait à raconter,

ce vieux rafiot tout rouillé,

de ce temps de mer

où il était force et fier,

de ses tempêtes essuyées

en lointaines marées.

Il aurait à espérer

des retours de sel caréné,

mais seule l'île déserte d'un port

sera son dernier fort.

Il gît, à moitié démâté,

héroïque anonyme oublié.

Seul son ancien capitaine

vient se remémorer la sirène

de ses souvenirs enfouis

de toute cette houle de vie

et, sous la croix du marin,

il marche en pélerin.

Certains amis sont morts

non lion de ce port

dans un bateau

jeune et beau

qui n'a pu résister 

aux vagues brisées.

Il en aurait à raconter

ce vieux rafiot tout rouillé

de ce temps de mer

où il était force et fier.....

En concordance avec l'aquarelle

 

Un vieux bateau

de Gilbert Czuly Msczanowski

Il est fatigué contre le courant

Ce vieux et fier bateau, même si pourtant

A force de courage avec le temps

Il a gagné savoir et entraînement.

C'est toujours un même recommencement : 

Hisser la voile et puis prendre le vent,

Virer  sans chavirer en accélérant,

Affronter creux et vagues vaillamment.

Le vent ne cesse. La voile lentement

Se déchire sous les assauts violents;

Vaincue, elle ne claque plus fièrement,

Ainsi fanée de tant d'acharnements.

Le géant des mers a perdu son aile,

Il ne peut maintenant glisser sans elle

Une pluie douce vient de l'horizon :

C'est qu'il n'y a plus de larmes sans raison.

et inspiré par sa photo

Mémoire

de  Raymond Martin

Il a navigué parcourant les mers salées

A l'affût des cabillauds et harengs pourchassés

Du cap sud au cap nord harassé

Par 49 Beaufort toujours fier face aux vents déchaînés

Il quitta Morlaix pour ailleurs ou Terre-Neuve

traversa les épreuves mais rigide dans les manoeuvres

jusqu'au dernier soupir à sa dernière épreuve

Là maintenant amarré au quartier du repos éternel d'un coin de Camaret

Sous le regard ému des amoureux des choses de la mer

Cherchant le dernier son grinçant de son étrave dépitée

Mémoire, mémoire, ancrée aux gouttes de la mer.

 

Un partenariat
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

 

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Le baiser,

 

Un baiser,

brûlure rafraichissante,

feu de neige,

neige d'été,

giboulée de caresses

sur des lèvres bouleversées,

incendie bleu,

 d'où d'innombrables

fleurs s'épanouissent, s'éternisent,

enfance si amoureuse,

réinsufflée en soi,

 juste l'éclat d'un instant ;

l'authentique éternité.

Un baiser,

choc tout en velours,

deux corps tout ahuris,

mots muets qui s'échangent,

se prennent l'un dans l'autre,

s'apprennent ;

puis cette musique enfin,

en soi et à jamais !

NINA

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FAIRE SON LIT D'UNE PLUME...

Faire son lit d'une plume

Et puis s'y prélasser

Car perdu dans la brume

Tout à coup s'y trouver!

Comme une bulle de champagne

Nous titillant la langue

Met nos sens en campagne

Fait que notre cœur tangue...

Rêver au quotidien

De minutes si puissantes...

Qu'elles font chanter demain

Et comblent notre attente!

Comme une idée furtive

Eveille concupiscence

Nous emporte près des rives

Où coule encore l'enfance!

Faire son lit d'une plume

Embaumée de délires...

Où notre vie s'imprime

Du parfum des désirs...

Avec douceur mais force

Chanter l'instant qui passe

Susurrer sa splendeur

Avant que l'on trépasse!

J.G.

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administrateur partenariats

12273039081?profile=original

Au coeur de l'été

 

Dans une lumière excessive,

Parfois en suractivité,

L'énergie nous laisse hébétés,

Témoins de grâces attractives.

 

Les arbres, à nouveau recouverts,

Portent tous un épais feuillage,

Certains survivent d'un autre âge,

Ils offrent une gamme de verts.

Camaïeu veut dire harmonie,

Peu importe combien de teintes

Vibrantes ou paraissant éteintes

Dans l'espace se sont unies.

 

Posées sur de fragiles tiges,

Se côtoient d'innombrables fleurs.

Elles causent des coups de coeur

Ou un indicible vertige.

Suzanne Walther-Siksou

11 août 2014

Un partenariat

Arts 12272797098?profile=originalLettres

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4 septembre 2014
Musée national des arts asiatiques Guimet 


5 septembre 2014
INHA


6 septembre 2014
Musée du quai Branly

Colloque scientifique international

Organisé par le Centre de Recherche sur l’Extrême-Orient de Paris-Sorbonne (CREOPS), en partenariat avec l'INHA.

Ce colloque est destiné à présenter l’avancée des connaissances dans le domaine des arts du Vietnam des périodes anciennes jusqu’à aujourd’hui. Cet événement rassemblera des spécialistes internationaux de ces questions (France et Vietnam, mais aussi Amérique du Nord, Europe et Asie) afin de stimuler des échanges interdisciplinaires tout en présentant la diversité et la richesse des arts vietnamiens d'une façon exigeante et accessible au grand public. C'est le premier colloque scientifique consacré aux arts vietnamiens organisé en dehors du Vietnam ».

Le programme

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Cinquième Rencontre « Mots Passants »

de Livre passerelle

« Ne mépriser la sensibilité de personne.

La sensibilité de chacun, c'est son génie. »

Charles Baudelaire

Livre Passerelle,

C’est relier les ils et les elles.

C’est allier le singulier au pluriel.

C’est conjuguer regard, parole et écoute sensibles, de l’aube au soir des destinées,

dans le dessein de rompre l’isolement, l’un des plus grands fléaux

de notre société si fréquemment déshumanisée,

et, tel le colibri de la fable[1] faisant sa part, concourir à renverser le sablier de l’illettrisme,

terme péjoratif, empreint de honte, d’inhibition, d’enfermement et donc, de souffrance

pour les plus fragiles de nos frères atteints de cette faille, les démunis, les blessés de la vie,

ô combien sujets à l’exclusion, lorsqu’ils se trouvent dépossédés d’un apprentissage assimilé,

mémorisé, de notre lexique via le déchiffrage des lettres.

Accès à la connaissance dont celle de l’écrit, devant conduire à de fructueux acquis,

inhérents à la formulation du langage, à défaut d’user d’une langue raffinée,

source d’une saine éloquence, d’une palette de sentiments et d’émotions à traduire !

 

Aussi, les actives de Livre Passerelle, mûrement actrices de leur existence,

dotées d’un savoir-faire sensitif aux antipodes du paraître factice,

n’ont de cesse de se positionner au profit d’un qualificatif laudatif

de discrimination positive afin que puisse germer nombre d’îles à lettres et à être

 

Or, vous l’aurez sans doute déjà compris, pénétrer au sein des mille et un univers

de ces lectrices-diseuses privilégiant d’abord « l’art de la rencontre » cultivé par leur

(et notre) cher Albert Jacquart[2] grâce au biais de la médiation culturelle,

d’albums jeunesse consacrés à être autrement dits constituant un florissant corpus dédié

tant aux jeunes graines qu’aux chanceux qui ont su conserver leur faculté d’émerveillement,

leur âme d’ancien enfant, en dépit des épines, de semences stériles

jonchant les sentiers broussailleux de leur cheminement,

c’est rejoindre, à tire d’ailes de plumes stylistiques d’un encrier virtuel,

l’Ile heureuse, l’Ile joyeuse [3] enchantées et enchanteresses des histoires de papier

prenant soudainement corps par la magie de l’oralité qu’instaure un tel rituel,

et se laisser transporter par ces voix hautes engagées,

gorgées de fréquences vibratoires à l’élan contagieux

donnant vie et chair au souffle des créateurs, qui seraient, ne leur en déplaise,

astreints de manière inexorable, au blanc marmoréen du silence[4], sans elles…

 

Je connais un pays où chaque printemps

à naître sait qu’il aura raison du plus rude

des hivers. La neige sait sous son poids

les brins d’herbe à venir.

L’arbre sait la graine infime qu’il fut un jour,

Avant de pouvoir offrir sa ramure aux oiseaux […]

 

Il est au cœur du monde.

Il est au cœur de nous.

Il est au point du cœur.

C’est le pays que j’aime. [5]

 

Ainsi, répondre à l’invite de Livre Passerelle,

c’est sans conteste, entrer en signifiance,

voguer de paysage en paysage, de pays sage en contrée fantasmagorique,

de verbe en verbe, de prose en vers, de rimes féminines en rimes masculines,

de rimes riches en rimes pauvres, qu’elles soient croisées, embrassées, redoublées, métissées,

sans rien de plat, de bébête ou de mièvre, au fil des pages effeuillées du calendrier.

Saisons, métaphores des quatre âges de la vie[6], de l’innocence primitive à la sagesse de l’âge mûr…

 

C’est avant toute chose, assumer convictions, plaisir nourricier et sensuel, à la façon

d’envoûtantes Shéhérazade épousant une noble cause, relevant le défi de faire évoluer

les mentalités, afin d’offrir en priorité aux laissés-pour-compte,

ainsi qu’à leurs conciliateurs-porte-voix, un questionnement qui brûle les lèvres :

«Pourquoi  perdre son temps à écouter des histoires ? »

Si ce n’est dans l’intention clairement avouée, digne d’être adoptée, qu’un jour prochain,

ils en soient eux-mêmes le vivant relais, en mesure de les raconter à leur tour, de leur plein gré, 

selon la définition légèrement transposée des protagonistes, initiatrices de l’idée,

guère adeptes de dilettantisme, prohibant la tiédeur,

état quasi latent avoisinant ce non sentiment : l’indifférence…

 

Parole dénouée, déliée, déroulée à bouche que veux-tu, libérée à bouche que voilà,

par de ferventes gardiennes d’un intarissable feu de joie,

sorte de sorcières comme les autres[7], enfin pas tout à fait quand même, soyons francs et loyaux,

passeuses de Mots Passants détentrices d’un passe-partout dévolu

à entrouvrir la porte de l’imaginaire, du je-jeu, enjeu fondamental à la construction de l’enfant,

à la formation de ses goûts oscillant entre le j’aime et le je n’aime pas fort salubres,

 

figures féminines éprises de beauté-bonté[8], portées en concomitance,

du généreux désir d’essaimer, de transmettre le flambeau aux générations montantes,

autant au service perpétuel de l’essence du texte, qu’à celle de l’ouïe fortunée qui l’entend,

et qui, par leur quête de sens, de geste d’offrande et de partage adressé à qui aspire à l’accueillir,

s’illustrent, excellant à tisser du lien, du tendre murmure,

bercement-caresse affluant au bord des lèvres en provenance du centre et du bout du cœur[9],

suivant les dispositions et sensations de l’instant, au message militant judicieusement proféré.

 

Respiration poétique, parenthèse salutaire attendue, en tout cas, ressenties comme telle

par ceux qui savent que leur quotidien prosaïque est rythmé grâce à ces rendez-vous ponctuels,

vécus comme un temps suspendu, un épisode privilégié venant rompre l’effet de monotonie,

esprit qui traduit la foi et inspire confiance dans l’instant présent, mieux, nous ouvre le champ

de nouveaux horizons, et qui par cette projection, contribue à voir refleurir

notre Espérance en l’Homme[10], à entendre sourdre la tonalité harmonieuse de la « note bleue [11]

 

Mais Livre Passerelle, ce n’est pas pour autant, sombrer dans l’angélisme

sous prétexte que l’humanisme y affleure au concret, loin de là !

Car c’est aussi accepter, au-delà de la remarquable et rare bienveillance

envers autrui, la part d’ombre à laquelle chaque commun des mortels est confronté,

c’est relever de nouveaux défis susceptibles d’engendrer, en contrepartie

maints fruits doux et amers significatifs des contrastes d’une Vie ardente, de l’Ombre des jours[12],

semblables à l’émergence de désaccords déstabilisants

enclins à oser briser les accords au préalable établis,

capacité peu commune associée à une soif constante de remise en cause des plus sensées,

ne pouvant qu’enrichir davantage cet humus fertile, gage de ressourcement.

 

Attitude de franchise allant de pair avec intégrité et sincérité,

témoin de la bonne santé de ce quintette composé de fleurons appartenant au deuxième sexe [13],

soutenu par une fine équipe attentive, efficace, de volontaires opiniâtres,

est-ce là ce qui constituerait l’une des clés de la réussite de Livre Passer’elles ?

 

Alors, dites, que pouvons-nous souhaiter de plus, à l’égard du devenir de ces  « belles rebelles

épanouies », outre que ces dernières parviennent à renforcer leur entrée en résistance,

agrémentée d’une florissante pérennité, que ces elles aient le bonheur indicible de continuer

heure après heure, à œuvrer, à tracer le sillon sacré,

et à faire florès dans leur mission de pratique culturelle prépondérante ?

 

Oui, ne doutons point, que tant que la prairie verdoie, nul désert gagne du terrain,

bref, que là où la culture perdure à fleuronner, en bonne espèce protégée,

la barbarie, cette mauvaise herbe, tende à se faner,

et que le monde, sans pour autant se transformer en un éden idyllique, puisse s’ouvrir

sur tout un jardin d’odeurs/Comme en avaient les fleurs/Que l'on avait cru disparu[14].

Du moins, tâchons, de grâce, de nous en persuader, en adéquation du chant nougaresque :

 

Au cours d'une vie

Qui fut mouvementée

Il suffit d'une voix

D'un certain regard pour qu'on voit

Un espoir toujours recommencer

 

Que l'on croit en l'amour planté sans cesse être planté

Dans le cours d'une vie mouvementée

Tout s'pardonne tout se gomme

Il arrive qu'un jardin

Ou qu'un simple visage humain

Une main ouvre un nouveau chemin

Tout se gomme se pardonne

Et l'on voit soudain reverdir

Refleurir notre espérance en l'homme ...

 

Valériane d’Alizée

Tours, le 12 Août 2014

12273041456?profile=original
le livre chrysalide papillon fécond
de Vladimir Kush, 1965


[1] : Fable amérindienne reprise par Pierre Rabhi,  ce « semeur d’espoir », fondateur du mouvement Colibri et dont voici une version : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

[2] : Le regretté Albert Jacquart fut à deux reprises l’invité de Livre Passerelle, d’abord en 2004, puis l’année suivante, le 11 octobre 2005, pour une conférence à Tours intitulée « Doué ou non doué, c’est quoi l’intelligence ? » et dont les organisatrices conservent un souvenir ému... (http://livrepasserelle.blogspot.fr/2008/05/confrence-dalbert-jacquard-octobre-2005.html)

[3] : En référence à l’œuvre pour chant et piano d’Emmanuel Chabrier sur un poème d’Ephraïm Mickaël ainsi qu’à la pièce pour piano de Claude Debussy.

[4] : Bien qu’ici on se réfère à ce que le silence peut dégager comme atmosphère inexpressive voire glaciale, comment ne pas aussi l’envisager, animé d’une autre vision philosophique : en tentant de l’apprivoiser, d’en faire son complice, en ne perdant pas de vue qu’il symbolise la pureté originelle précédant tout acte, toute création sortant du néant :"Le blanc sonne comme un silence, un rien avant tout commencement" nous énonce Vassili Kandinsky .

[5] : Extraits tirés d’Au point du cœur, album de littérature jeunesse de Rascal (éditions Ecole Des Loisirs- Pastel)

[6] : Citation due à Pythagore, faisant école au Moyen-âge grâce à Philippe de Novare (XIIIème siècle)

 [7] : Détournement d’un texte signé Anne Sylvestre : http://www.paroles.net/anne-sylvestre/paroles-une-sorciere-comme-les-autres

 [8] : Formule qui nous est chère née de la plume de François Cheng au cœur de son ouvrage : « Cinq méditations sur la beauté » présenté par l’auteur comme ceci : «  En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu'à l'opposé du mal, la beauté se situe bien à l'autre bout d'une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l'univers vivant : d'un côté, le mal ; de l'autre, la beauté. Ce qui est en jeu n'est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté. »

[9] : Au bout du cœur, formule empruntée à Barbara, chanson intitulée Du Bout Des Lèvres : http://fr.lyrics-copy.com/barbara/du-bout-des-levres.htm

[10] : Allusion au titre de la chanson de Claude Nougaro issue de l’album : La Note Bleue : http://musique.ados.fr/Claude-Nougaro/L-Esperance-En-L-Homme-t43281.html

 [11] : Expression musicale couvrant la période romantique, notamment attribuée à George Sand parlant des compositions de Frédéric Chopin : « Nos yeux se remplissent peu à peu des teintes douces qui correspondent aux suaves ondulations saisies par le sens auditif. Et puis la note bleue résonne et nous voilà dans l'azur de la nuit transparente. » (George Sand, Impressions et souvenirs, p.86.) et concernant le genre plus tardif du blues et du jazz : http://www.cooperation.net/lanotebleue/qu-est-ce-qu-une-note-bleue

 [12] : Citations dues  pour la première à Émile Verhaeren (poème « la Vie ardente » in Les flammes hautes), pour la deuxième à Anna de Noailles, titre de son recueil poétique publié en 1902.

[13] : Trouvaille de la philosophe Simone de Beauvoir tirée de son fameux essai existentialiste et féministe, paru en 1949.

[14] : Emprunt au troubadour jongleur de mots des Temps modernes, alias Claude Nougaro, op.cit

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administrateur partenariats

Dans le cadre des partenariats sur Arts et lettres,

Robert Paul et moi-même avons le plaisir de vous inviter

à déposer vos plus belles émotions estivales au travers des photos et textes sur le blog

"Au coeur de l'été "

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres.

Cette saison clôture le blog

" Les quatre saisons sur Arts et Lettres "

dont l'automne, l'hiver et le printemps ont rencontré un grand succès

et ont magnifiquement été enrichis

depuis leur création en décembre 2013.

Merci à vous pour votre enthousiasme,

Liliane

Les partenariats

Arts

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Lettres

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administrateur partenariats

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Glorieuses saisons

Elles continueront leur éternelle ronde,

Les saisons de l'année, porteuses de beautés.

Elles conserveront leur façon d'exister,

Attaquées maintes fois par des forces immondes.

12272983476?profile=original Les saisons de l'année, porteuses de beauté,

Sont attendues partout, à leur tour, dans le monde

Attaquées maintes fois par des forces immondes.

Demeurent vulnérables en leur pérennité.

12272983680?profile=original

Sont attendues partout à leur tour, dans le monde,

Les humains sont joyeux, ayant à les fêter.

Demeurent vulnérables en leur pérennité,

Quand la rage survient en un lieu et l'inonde.

12272982879?profile=original Les humains sont joyeux ayant à les fêter.

Les grâces délicates comme la neige fondent,

Quand la rage survient en un lieu et l'inonde.

Ô mystères envoûtants, rêves d'éternité!

 

Suzanne Walther-Siksou

31 décembre 2013

Illustrations: Aquarelles de Françoise Buisson

" L'automne est un chant de couleurs "

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Sandra Dulier et une aquarelle de Françoise Buisson

"La battue "

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Joelle Diehl et une peinture de Nicole Duvivier

"Le printemps"

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Nina et une aquarelle de Adyne Gohy.

Merci Robert Paul pour ces video

réalisées à partir des montages "photos et textes"

reçus parmi les commentaires

des blogs

" L'automne est un chant de couleurs "

"La battue "

"Le printemps"

Le blog  "Au coeur de l'été " vient désormais

compléter ce quatuor de talents ici rassemblés.

Il termine en beauté cette belle aventure

qui aura durant quelques mois rassemblé de nombreux membres

Nous vous invitons à le commenter généreusement de vos textes ou de vos images.

Ces belles aventures de partenariats enchantent la créativité sur le site,

favorisent les échanges, les découvertes et les rencontres.

Merci d'y participer avec autant d'enthousiasme !

Liliane Magotte et Robert Paul.

 

Les partenariats

Arts

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Lettres

 

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James Kerr, intelligent et irrévérencieux présente « maladroitement » au moyen de collages animés des sujets d'œuvres d’art de la Renaissance dans des situations contemporaines.

Ces œuvres facétieuses, parfois hilarantes, aussi sarcastiques, sont extrêmement provocatrices.

On apprécie ou pas, mais en tout cas, ce travail est intéressant et complètement ancré dans une l’expression d’une contemporanéité à laquelle on ne peut que difficilement échapper.

Je tiens à dire que cet "exercice" ne peut en tout cas pas nous dispenser d'apprécier et parfois de révérer les oeuvres de la renaissance qui ont inspiré ces "travaux".

James Kerr propose ses amusettes quasi journalièrement sur Tumblr

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Et une des dernières méditations du turbulent James Kerr: Honni soit celui qui mal y pense?

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12273037095?profile=originalJeune fille en prière. La pagode de l'empereur de Jade est toujours un actif lieu de ferveur populaire.

La pagode de l'empereur de Jade, également appelée "pagode de la Tortue*" (Phuoc Hai Tu), est petite...

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... mais à l'intérieur quelle profusion !

Elle détient, nous l'avons vu, les plus belles sculptures, de bois ou en papier mâché, de Hô Chi Minh-Ville (Saigon)...

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... notamment des panneaux de bois sculpté dans la salle des Dix Enfers...

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... mais aussi des céramiques...

12273038297?profile=originalMères de la fertilité (céramiques) assistant Kinh Hoa, déesse de la maternité.

ou, dans une niche, cette autre surprise...

12273038872?profile=originalPhat Mau Chan De, la déesse à trois têtes et aux dix-huit bras, mère des Bouddhas des cinq points cardinaux (le centre et les quatre Orients), flanquée de sa garde rapprochée.

Alors lecteur frappé de stupéfaction, "atteins à la suprême vacuité et maintiens-toi en quiétude. Devant l'agitation fourmillante des êtres ne contemple que leur retour", Lao Tseu (vers 570-490 av. J.-C.), ou soit changé en statue de pierre !

Mais pour ce qui du "vide parfait", ce temple tient plutôt du capharnaüm...

J'espère toutefois que cette incursion dans une autre culture vous aura ouvert des horizons. Retenons que "le sage ne s'afflige pas de ce que les hommes le le connaissent pas, il s'afflige de ne pas connaître les hommes", Confucius. Et que "pratiquer le tao, c'est là la véritable éducation."

Tâchons donc de suivre la voie du perfectionnement à travers la connaissance, la pureté du coeur et la conformité à l'ordre universel, l'union de l'équilibre et de l'harmonie.

Michel Lansardière (texte et photos).

* Pagode de la Tortue : animal céleste, symbole immémorial de la sagesse et de la longévité, allégorie de la Terre.

12273038698?profile=originalBassin dans la cour de la pagode de l'Empereur de Jade

 

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12273037262?profile=originalQue la Lumière soit...

On s'attend à tout moment à voir surgir l'ombre de Boris Karloff, de Béla Lugosi ou de Christopher Lee dans le fantôme de Fu Manchu...

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Pourtant non, nous sommes dans la pagode de l'empereur de Jade, Ngoc Hoang, construite par la communauté cantonaise de Saigon (Hô Chi Minh-Ville aujourd'hui) en 1892.

12273037070?profile=originalL'empereur de Jade, Ngoc Hoang,

et trois de ses quatre comparses, les "Quatre Diamants" :

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... ainsi que l'un de ses gardiens :

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C'est Guan Di, divinité taoïste de la guerre, qui nous fait les honneurs de la visite...

Mais au-delà de l'ambiance fantastique qui règne dans ce temple taoïste, où flotte en permanence les volutes d'encens, c'est dans un véritable théâtre de curiosités que nous pénétrons.

Une débauche d'oeuvres d'art : sculptures, dont certaines d'influence portugaise (si je ne m'abuse docteur), en bois de santal ou en papier mâché, d'où leur mine penchée...

12273038272?profile=originalStatues de bois et de papier mâché, de style portugais pour celle de droite

("portugais" à ce qui me semble... Canton vit arriver en 1514 les Portugais. Portugais qui furent les premiers Européens à y établir un comptoir en 1517...).

... panneaux de bois sculpté dans la salle des Dix Enfers,

12273038095?profile=originalPanneaux de bois sculpté de la salle des "Dix Enfers".

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ainsi que céramiques... nous contemplent.

A suivre...

Michel Lansardière (texte et photos).

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Devenue existentialiste

 

« La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyre.

À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux »

Que laisse le poète quand il ferme les yeux,

Au moment où son corps, exténué, expire?

Qu’advient-il des splendeurs captées en ses écrits,

Des grâces éphémères ayant ému son âme,

Des traces de bonheurs fulgurants ou de drames,

Et des méditations qu'engendra son esprit?

Existentialiste, non pas par pur orgueil,

Mais pour donner un sens à ma brève existence,

À l’amour de la vie que je conserve intense.

Que mon esprit ne soit prisonnier d'un cercueil!

Les parfums, libérés, aussitôt s’évaporent,

Et la beauté des fleurs se consume en déchets,

Petits morceaux froissés de tissus desséchés,

Que la pluie et le vent à la terre incorporent.

Quand les mots d'un poète ne cessent de vibrer,

Son énergie subsiste et perce le silence,

Son âme et son esprit sont tirés de l'absence,

La mort, dans le néant, ne peut le faire sombrer.

 

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Henry van de Velde entretient ses Collègues de l'Académie libre Edmond Picard de la formation poétique de Max Elskamp et d'une amitié de plus de 50 ans (15 juin 1933)

 

12272747062?profile=originalJ'ai hésité longtemps, mes chers Collègues, à Vous communiquer ce que je sais de la vie et de la formation poétique de Max Elskamp dont je me suis engagé à Vous parler ce soir. Il a fallu l'insistance de quelques uns d'entre Vous, pour vaincre les scrupules que j'éprouvais à puiser pour situer le «personnage» et pour y trouver les éléments de sa formation poétique, dans les nombreuses lettres que Max Elskamp et moi avons échangées durant plus de 50 ans.
Nous sommes ici, en séance Académique. Je ne m'adresse qu'à des collègues et si mes paroles peuvent être entendues par ceux qui se trouvent assis au delà de la rangée des Académiciens, j'espère qu'elles seront accueillies par eux avec le sentiment de la discrétion et de l'indulgente compréhension qui s'impose quand il s'agit de la vie intime d'un artiste et, dans ce cas, de l'un des plus vrais et plus purs poètes de notre époque.

Pour remonter aux origines de la formation poétique de Max Elskamp je dois vous parler de sa prime jeunesse. Or, cette jeunesse fut si intimement liée à la mienne que je ne pourrais vous parler de lui sans vous parler de moi. Malgré les plus patientes précautions, nul ne pourrait détacher, sans que des fragments de l'une n'adhèrent à l'autre, deux pellicules qui se sont si étroitement soudées.

On pourrait difficilement s'imaginer des existences plus étroitement liées, que celles des deux adolescents que nous étions vers 1876. Je peux me dispenser de commenter « le cas » de deux adolescents qui se lient pour toujours, dès le premier jour où ils se rencontrèrent. Le roman contemporain l'a analysé avec une complaisance marquée. Le décor est toujours le même: une cour de collège à l'heure de la récréation. L'élan du coeur, qui va rapprocher deux êtres pour toute la vie, est provoqué par un même motif. L'un des deux enfants est exposé à la raillerie de collégiens endurcis et cruels; l'autre se montre compatissant, voire protecteur. La raison pour laquelle Max Elskamp était ainsi exposé à la raillerie des élèves de l'Athénée d'Anvers était assez particulière ! « Le nouveau », qui venait de s'installer avec nous sur les bancs de la 4ème latine, franchissait pour la première fois le seuil d'une école.
Il n'avait encore jamais « quitté les jupons de sa mère! » Pour mes condisciples, cette particularité ne devait jamais être éclaircie. Moi, je devais en apprendre la raison dès qu'après avoir conquis toute la confiance de Max, je fus introduit dans sa famille. Son père, retiré des affaires, venait d'installer sa famille dans un vaste hôtel du boulevard Léopold.
Aujourd' hui, il me serait difficile de préciser quoi que ce soit sur les sentiments que j'éprouvai quand je fus reçu la première fois dans la maison de mon ami, sinon que je fus frappé de ce que l'atmosphère qui se dégageait de ce foyer différait totalement de celle du foyer dans lequel j'étais élevé moi-même.
Il manquait à ce foyer« quelque chose»! Ce quelque chose qui imposait le le rythme au nôtre: l'activité de mon Père, pourvoyant par un travail inlassable aux besoins matériels d'une très nombreuse famille; autant que celle de ma Mère qui consacrait tous ses soins, toutes ses pensées et toutes ses forces à l'éducation et au bien-être de ses enfants.
Dans cette famille qui m'accueillait avec une bienveillance si marquée, l'activité du père se résumait à peu de chose et celle de la mère, qui ne quittait plus sa chambre, était réduite à presque rien par le fait d'une étrange maladie.
Ainsi les deux enfants: Max, qui avait 14 ans et sa soeur Marie, qui en avait 12, me semblaient privés de tout ce qui provoquait nos distractions constantes et notre joie.
Si je ne me suis pas rendu compte immédiatement des causes de cette différence, au moins ai-je compris sans tarder que ce furent les craintes qu'éprouvaient les parents pour la santé d'enfants nés d'une mère si débile, qui provoquèrent que Max resta éloigné si longtemps de l'école.
Quand la mère de Max me tendit pour la première fois la main, -une main desséchée, une main de momie -j'éprouvai une commotion dont je ressens encore aujourd'hui la surprise et l'effroi.

Quand Max Elskamp entra à l'Athénée, il ne paraissait pas plus débile qu'aucun de ses condisciples de quatrième latine. La particularité qui s'attachait à son entrée tardive à l'école fut vite oubliée. Et quant à son zêle, il travaillait avec une indifférence égale à la mienne.
Nous ne ressentions d'intérêt que pour ce qui nous permettait d'échapper à ce qu'obscurément nous pressentions n'être qu'un cul-de-sac où nous serions acculés un jour au choix d'une profession libérale pour laquelle nous ne ressentions aucun enthousiasme.
Une ardente passion, au contraire, nous attirait loin de l'école vers le Port; vers ce quartier où tout évoquait l'aventure ; où tout était exotisme et excitatïon à la nostalgie que nous éprouvions de tout ce que nous pressentions au delà de ces horizons chargés de fumées, dont les navires, quittant le quai, déchiraient l'épais rideau avant de disparaître. Nous étions nés tous les deux dans le quartier maritime, dans ce« Schippers Kwartier» que nous devions traverser chaque fois que nous nous rendions à la grande Ecluse du Kattendijck. Nous nous attardions régulièrement devant le « luienhoek» d'où les débardeurs, collés aux murs des maisons de ce «coin paresseux », disparaissaient précipitamment pour rentrer à l'estaminet, lever le coude et ressortir aussitôt dans l'espoir d'être embauchés.
Pendant les quatre années que nous fréquentâmes encore ensemble l'Athénée, nous nous rendîmes tous les jeudis après-midi à cette grande Ecluse où se pressait à l' heure de la marée haute une foule agitée d'employés de la douane, de commis, d'affréteurs, de curieux et de femmes en toilettes extravagantes. Max Elskamp, descendu en grande hâte du boulevard Léopold, venait me prendre à la maison de mes parents, située Plaine Falcon, et nous ne tardions pas à prendre poste à l'écluse, dans l'attente de quelque spectacle rare, de quelque évènement sensationnel: l'entrée au Port d'un voilier gigantesque, fatigué et souillé, dont l'équipage composé de nègres agités ou d'hindoux lents, n'attendait pas d'avoir accosté pour offrir en vente: perroquets, singes, plumes de couleurs éclatantes, peaux d'animaux inconnus, os d'albatros ; ou un départ de pitoyables émigrants polonais ou russes qu'on descendait à fond de cale sans ménagement, avec enfants et bagages! Spectacles qui fouettaient nos imaginations et entrainaient nos pensées si loin, si loin…
Si loin de la veûle monotonie des heures passées à l'Athénée.
Mais tous les jeudis n'étaient pas également propices; les heures de la marée haute n'étant pas toujours d'après-midi. Alors nous descendions le long des quais du fleuve, jusqu'au «Steen» ; ou bien nous remontions vers les bassins extérieurs, à la découverte de tout ce qui pouvait satisfaire notre soif du lointain, de l'étrange et du mystérieux: les marchandises insolites, les noms évocateurs des bateaux, les figures en bois taillées aux proues, les pavillons -ceux de la nationalité du navire et ceux de partance.
Pendant ces quatre années, ces visites au port, ces spectacles de l'Ecluse du «Kattendijck» ont peuplé nos imaginations de visions que pendant près de 40 années Max Elskamp gardera au plus profond de lui-même avant de les évoquer dans son chef-d'oeuvre «La Chanson de la Rue St-Paul » -la rue où il est né, si voisine de la Plaine Falcon où je naquis moi-même.

C'est la rue Saint-Paul
Celle où tu es né,
Un matin de Mai
A la marée haute,

C'est la rue Saint-Paul
Blanche comme un pôle,
Dont le vent est l'hôte
Au long de l'année.

Maritime et tienne
De tout un passé,…

A notre sortie de l'Athénée en 1880, nous fûmes bien obligés de renoncer à ces fuites vers le Port, à ces explorations le long du fleuve. Max Elskamp avait pris son inscription à l'Université de Bruxelles, pour y faire son droit; moi, à l'Académie d'Anvers. Max suivait sans goût, mais sans répugnance absolue, le conseil de ses parents; moi, en me rendant à l'Académie, je n'éprouvais pas le sentiment d'une vocation irrésistible!

Les premiers vers de Max Elskamp datent de 1880. Dès 1881, je reçois des copies de tous ses poèmes.
Tous ceux de notre génération, qui ont pris contact avec la Poésie Française y ont été amenés par la notoriété et l'oeuvre de Victor Hugo. L'influence hugolienne est frappante dans les premiers poèmes de Max Elskamp.
J'ai retrouvé des copies des poèmes suivants:
En 1882, « Paradis Flamand ».
«A l'Auberge».
« La Cellule»
« Au Czar ».

En 1883, « Credo »
« Elle a mis sa mantille noire»
« Le Flûtiste ».
« Hiver ».

En 1884, « La petite danse macabre ».
« Transcription ».
« Lessive…».
«Don Quichotte ».
« Sur les rails ».
« Gladiateurs ».
« Le coup de pied de l'âne»
« Bords de Canal ».
«Madame Astarté ».
«Mon amoureuse ».
« Le verger du Pendu ».
« Terre stérile ».
Remarquez qu'hormis dans quelques pages de prose de cette époque: « Les Petites Vieilles en Flandre », il n'y a pas trace dans ces poèmes de ce qui avait alimenté pourtant si amplement et touché si profondément l'imagination de Max Elskamp avant qu'il se mit à faire des vers !
Dans les poèmes de cette année 84, se manifeste pourtant une nouvelle influence. Celle des Parnassiens a triomphé de celle de Victor Hugo.
Max Elskamp avait rencontré à l'Université de Bruxelles Georges Khnopff. Nature éminemment artiste et singulièrement bien renseignée; contradictoire c'est-à -dire inspirée et plagiaire tout à la fois; mais plagiaire, plutôt par plaisir de mystification que par calcul. Fantasque éperdu et capricieux, par contre féru de fidélité à ses convictions. Au demeurant, artiste stérile!
G. Khnopff initia néanmoins Max Elskamp aux plus incontestables chefs-d'oeuvre de la littérature française!
Entretemps, la mère de Max Elskamp était morte (83), succombant au mal mystérieux qui la minait depuis tant d'années!
«Maman s'est éteinte hier, minée par les longues maladies qui l’avaient fait vieillir au temps où les autres sont encore jeunes! »…
Le lourd effort qu'il doit faire en vue de passer son dernier examen, le distrait de son chagrin. L'été est resplendissant; «un temps de chefs-d'oeuvre» ; mais «des livres sont ouverts devant moi que je pleure de devoir comprendre» (27 juin 84).
Si je m'en rapporte aux nombreuses lettres qu'il m'écrivit durant cet été, l'effort dû dépasser ses forces.
«Je suis extrêmement affaibli par le travail bête sur lequel je me tue. Tu auras de la peine à me reconnaître: yeux caves, nez transparent; au reste, tu m'as déjà vu comme cela.
Ce qui est pis, c'est que ma volonté est devenue celle d'un enfant; je ne pense plus qu'à une chose; il me semble que j'ai de l'eau qui bat dans ma tête, de l'eau qui tourne très vite comme dans un seau attaché à une corde!
Vers le très tard, la chambre chaude, la journée et la lumière plombant la tête; il faut du courage, beaucoup plus que tu ne penses pour ne pas s'encourir comme un fou dans la nuit fraîche, plutôt que de rester là dans cet hôpital, le front moite et les tempes éperdues! » (17 juin 84). Mais un espoir le soutient: celui de me rejoindre (après qu'il aurait passé son dernier examen) à Paris où je m'étais fixé. Il se représente d'avance son arrivée à Paris. Il serait muni de lettres de recommandations pour Théodore de Banville, pour Rollinat, pour Goudeau…
Mais entretemps, une épidémie de choléra ayant éclaté à Paris, il craint de devoir retarder son départ. Pourtant il a passé son dernier examen. « Le Jury a été bon pour moi. Mais j'aurais joie grande à leur vanter un air de mon Jean Chouard dans les pertuis es narines et naturels d'icelui chacun d'eux» s'écrie-t-il dans sa joie d'en avoir fini. (10 nov. 84).
En attendant le départ, il pense à tout ce qu'il faut emporter pour un long séjour. «J'essaie des chemises, des chaussettes et, en même temps, j'ai fait un holocauste hier, j'ai brûlé tous mes vers pour être pur et n'avoir plus d'attache avec cette ignoble époque d'Université. Je les ai relus tous et cela m'a demandé du temps. Il y en avait qui dataient de la troisième latine…Quand ça a été fini de brûler, je me suis senti soulagé; il me semble que j'ai rompu avec la tradition et je suis à présent devant l'immensité du rien, n'osant toucher à rien de peur de retomber sur le chemin de tous ».
Trouverait-il à Paris, qui l'attirait si puissamment, la force et le courage qu'il faut pour affronter « cette immensité du rien » et découvrirait-il les chemins où il n'aurait pas à craindre de retrouver la foule des poètes et la poésie de tradition?
Non! c'eut été devancer l' heure fatidique! Et nul n'anticipe sur son destin.

Celui qui s'est mis en route avec une allégresse débordante, avec des chansons aux lèvres qui trahissent le plus irrespectueux esprit estudiantin...

« Dieu, comme on dort et comme on boit
quand on n'a rien sur la conscience
Qu'on a dit merde à la science
Merde aux Juges et merde aux Lois.
Merde ainsi que le bon François
Rabelais, ce cher et Grand homme.

C'est Max qui arrive
Plus fin qu'une grive
Chez son vieil ami Henry». (22 novembre 84)
-celui qui s'est mis en route si allègrement, celui qui se promettait tant de notre vie en commun, retourne à Anvers au bout de quinze jours et dans la première lettre que je reçus de lui après son départ précipité, il déclare «je suis enchanté d'être chez moi. Je n'ai pas encore mis les pieds hors de la maison... ». Cette confession projette une troublante lueur. Elle dévoile le secret penchant qu'il éprouve pour cette existence de reclus qu'il mènera plus tard dans cette même maison et jusqu'à sa mort.
Il retrouve près de son père et de sa soeur toutes les commodités qu'il n'avait pas trouvées dans l'hôtel garni où il était venu me retrouver. Rentré après une si courte absence, il exhulte: « manger ne coûte rien, mon lit est exquis et mon escalier embaume! (ce qui n'était certes pas le cas, à l'Hôtel du Hâvre, place de la Gare Montparnasse à Paris). Se serait-il débarrassé à Paris en si peu de temps des vastes espoirs, des idées de conquête qui l'y avaient amené?
«Je me sens tout heureux d'en avoir fini avec les vers et la prose ! C'est un sac inutile sur la route de la vie » !
C'est à ce moment que fut placée sur la porte cochère blanche de l'hôtel qu'il habitait au Boulevard Léopold une plaque en cuivre: MAX ELSKAMP, AVOCAT.

Durant des années Max Elskamp ne produisit rien. «L'Éventail japonais», ce recueil de six sonnets, tiré à 50 exemplaires, qui parut le 5 mai 86, fut écrit, en réalité, en 84. Car, dans une lettre (22 avril 84) Max Elskamp me signale le plagiat dont il fut victime de la part de G. Khnopff. « Cela m'embête en ce sens que je considérais mon «Éventail japonais» comme bon et que l'autre aura à présent la priorité ».
En fait, «l'Éventail japonais» est un pastiche des morceaux les plus goûtés à cette époque des Maîtres de l'Ecole Parnassienne et s'il a trouvé grâce et ne fut pas voué aux flammes, comme le restant de sa production des années d'Université, c'est vraisemblablement que, selon le jugement du jeune Avocat, les riches ont le droit de jouir de privilèges qui sont refusés aux pauvres! Or, les rimes de ces six sonnets de « l'Éventail japonais» sont « riches» au point de défier la richesse de la rime de Théodore de Banville lui-même.

Vient la période la plus inquiète et la plus désolée de l'existence du poète. De 1887 à 1892; celle au bout de laquelle il trouvera SA forme et SON écriture.
CINQ ANNÉES DE TOURMENTS, pendant lesquelles Max Elskamp est livré aux «Furies ». Elles torturent son âme et sa chair. Il est en proie au tourment de l'Amour et du Bonheur perdu, au tourment de la chair auquel il s'abandonne sans pouvoir parvenir à anéantir les souvenirs de l'Amour et du Bonheur perdu; au tourment pour la conquête de la forme et du sujet poétiques.
Pour arriver à oublier Celle qu'il a aimée par dessus tout et durant toute sa vie; pour arriver à produire « Dominical », le poète a subi pendant cinq longues années les plus infernales tortures!
Si, au cours de ces années, je n'ai pas pu j'assister, le relever de ses chutes, comme il aurait fallu, c'est qu'un évènement avait subitement bouleversé l'existence que nous menions depuis que j'étais rentré de Paris et qui allait nous permettre de jouir de cette intimité de tous les instants, que nous n'avions pas pu réaliser à Paris.
« Je crois positivement que nous ne sommes pas complets l'un sans l'autre; il Y a quelque lien magique entre nous, qui nous a rapprochés un jour et nous a liés du coup indissolublement. Si nous ne sommes pas dans la vie, cher vieux, l'un à côté de l'autre, je crains bien que cela n'ira pas, pour moi du moins» ! m'avait-il écrit un jour. (16 nov. 84).
Or, depuis le printemps 87, je m'étais installé en Campine, à Wechelderzande. Cette installation s'était faite sans préméditatian de ma part. Nous avions pris l'habitude de quitter Anvers durant les jours de Carnaval. Cette année nous nous étions réfugiés à Wechelderzande, avec quelques amis. Emile Claus, qui était du nombre, nous avait vanté la vie rurale primitive, les bruyères blondes et infinies de cette contrée. Nous y rencontrerions les maîtres de l'Ecole de Wechelderzande : les paysagistes Heymans; Roseels et Crabeels.
Quand, après trois jours, la bande reprit le chemin d'Anvers, je décidai de rester. Parti, pour passer trois jours dans ce village perdu dans la Campine, j'y demeurai pendant trois ans!
Sans cette circonstance, j'eus pu, sinon aider efficacement Max, tout au moins l'assister journellement dans sa marche au Calvaire !
« La solitude est très mauvaise pour moi, m'avait-il donné à entendre dans une lettre de cette époque. Depuis que je ne suis plus à l'Université, mes éternelles et sciantes marottes me reprennent plus que jamais. Je deviens inabordable pour tout le monde, restant des heures à ne rien faire avec l'angoisse du travail non fait et qui devrait l'être…
Sais-tu que je commence à craindre pour moi. C'est la vie manquée… (lettre du..,...88)
Au moment du départ de «Maya » et de son mariage en Egypte, il ne m'avait pas semblé que la plaie était si profonde et qu'elle ne se cicatriserait jamais. Il m'avait confié jadis: «Je ne suis plus fichu de rien faire. J'ai dessiné plus de vingt mosquées depuis hier sur mon droit civil, sans compter les pyramides et des ureus aux grandes ailes de chauves-souris » !
Mais, si à ce moment la préparation de ses examens avait pu endormir sa douleur, maintenant il se trouvait seul. Sa douleur refoulée ressurgit comme un fantôme ou plutôt comme un cadavre de noyé qui remonte à la surface et empoisonna l'air qu'il respirait dans les chambres où il s'était obstinément cloîtré.
Maya lui avait été ravie par de sottes intrigues de sottes amies de sa soeur. Des insinuations perfides avaient eu raison des sentiments de la belle, blonde et élancée jeune fille.
Un jour, en 1925, au moment où le cerveau de mon ami avait déjà chaviré dans la démence et que je me trouvais seul devant lui, à la même place à cette table de la salle à manger où rien n'avait changé depuis que je m'y étais assis des centaines et des centaines de fois c'est-à-dire depuis plus de 50 ans, il évoqua toute l'histoire de cette machination avec une précision frappante de détails et de noms.
Sans aucun geste, sans qu'aucun trait de son visage ne bougea dans sa face jaune et bouffie de cette époque, il évoqua ces heures douloureuses de sa vie en courtes phrases plaquées comme une suite d'accords qui me secouèrent comme les fatidiques accords de la «cinquième symphonie» : celle du Destin.

…Je vous avais aimée
Fervent ainsi qu'on prie,
Dans les jours qui sourient
à l'Amour que l'on a.

Car je l'avais trouvée
La paix qu'on rêve en soi,
douce en vous, comme ornée
du charme de la vie.

Et vous m'étiez jardin…

Durant toutes ces années de 87 à 92, je savais Max en proie à l'obsession de son bonheur perdu. Je le rejoignais toutes les cinq ou six semaines pour deux ou trois jours. Je m'évertuais à le ramener à une conception plus raisonnable de sa situation, à l'exciter au travail.
Il m'écoutait distraitement, se vantait de pouvoir oublier Maya qui l'avait quitté

« Pour le laisser dans la vie
en l'amertume qu'on y boit! »
grâce à «des aventures qui se terminent dans un écoeurement journalier; par des couchées plus ou moins avouables avec des sirènes de commerce ». (lettre août 89). Las de pareilles expériences dangereuses, il entreprendra un voyage en Méditerannée à bord d'un cargo qui chargeait du minerai et faisait le trajet d'Anvers à Gênes et retour. Il ne fit jamais aucun autre voyage et celui-ci ne comporta aucune des aventures que plus tard il décrira complaisamment avec un luxe de détails inventés de toutes pièces et qu'il amplifiait selon que ceux qui l'écoutaient se montraient plus crédules. Durant toute sa vie, il fut assujetti au dérèglement de son imagination et disposé à confondre «Dichtung und Wahrheit ».
Ce voyage n'apporta aucun soulagement à sa peine, ni ne provoqua aucune excitation au travail.
«Ce n'est pas à bord que je brocherai quelque chose, cher vieux, la vie y est trop saine, trop vraie. Il me faut, je crois, plutôt l'air maladif des villes, les nuits d'alcool empuantées de tabac, toute cette pourriture qui vous détraque au point de ne nous laisser de puissant que l'idée» (20 mai 87).
Au cours de l'année 88, la crise atteindra son point culminant. les violents et dangereux remèdes, auxquels il avait eu recours avant ce voyage, n'ont servi qu'à entretenir et à réveiller, chaque fois qu'il croyait l'avoir tué, le souvenir de l'Aimée.
« Cher vieux!
Ecrivons-nous beaucoup! immensément, c'est nécessaire vois-tu. Je regarde autour de moi avec une horreur intense, dégoûté à chaque pas, plus malheureux d'heure en heure et las, et formidablement las ! Au très lointain de mes souvenirs dorment toutes choses, mais violées; et la seule chose que j'aurais pu faire fortement m'est interdite: aimer! l'Elue ancienne est morte par l'oubli qu'elle me donne et dont j'ai les preuves; de ce côté là est morte toute mon enfance et ma prime jeunesse » ! (lettre 88).
Cherchera-t-il d'autres remèdes pour échapper au cercle de l'Enfer qui le tient prisonnier? la lecture?
« Cher vieux, je suis fou! j'ai lu et relu Schopenhauer, ne lis pas cela. C'est atroce, atroce, atroce! Tout est vrai. (13 octobre 88).
Dans une autre lettre de cette même année:
«Ah, tu parles de nuits de veilles et de murs nus, j'en ai passé bien d'autres et qui n'étaient pas le sommeil et pas la veille, mais le songe continu, une sorte de réveil perpétuel d'un rêve!
J'ai bien dormi pendant plus d'une année moi, avec toute mon enfance, qui criait à côté de moi, comme dans un berceau! Et l'inconnu d'un corps dont je ne connaissais qu'une partie banale, le visage… je l'avais à côté de moi sur mon oreiller pour mes caresses mentales. Une tête coupée, dont le corps là-bas roulait sous des baisers de tout ce que malgré moi, je suis forcé de haïr ».
«J'ai amorti tout cela dans le grand silence de mon cceur qui a si bien crevé jadis qu'il n'est plus qu'une machine, une pompe à sang. Et, je glisse tout doucement, je le sens aux heures de spleen sur la pente d'une vie nouvelle du bon à rien, la vie longue que l'on passe à lire le jour sur un sopha, le soir à boire jusque très tard dans la nuit, sans même être saoul. Une vie de fille, une putain de vie qui s'aveûlit avec un bilan de chaque jour, accusant à l'actif des cigarettes fumées et des projets de force à jamais irréalisables.
Je ne saurai plus jamais travailler parce que je n'ai plus à travailler et que je suis et dois rester sans but…
Le but artistique me laisse encore parfois quelque illusion. Dilettante, mon cher, et rien de plus!
Et je ferai du bon art en ne faisant rien, car je les annulerai tous. Qui sait si je ne suis pas un immense artiste, parce que je n'ai rien gâté par la révélation matérielle de l'ceuvre qui est en nous, vierge et que nous sommes seuls à lire, à clamer, à peindre, à sculpter!
Cela te parait un peu fou tout cela, mais c'est ainsi que je songe entre les lignes d'un livre quand je crois lire l'après-midi, étendu sur mon sopha là-haut dans ma petite chambre, aussi encombrée de bibelots que ma pauvre cervelle qui déménage, quand nous sommes seuls à rêvasser ensemble. Et c'est peut-être parce que je suis si paresseux, que j'ai tant de choses à mettre en ordre dans ma tête. Tout cela traîne là dedans pressé comme dans un tiroir bourré de paperasses, quelquefois en le fermant, il tombe quelque chose comme aujourd'hui. Ramasse et déchire cela, car cela pourrait parfois être indiscret !» (lettre 87 ou 88).

-Commettrais-je réellement, en ce moment même, une indiscrétion? Cette question suffirait à raviver en moi tous mes scrupules et à me faire quitter la place que j'occupe ici devant vous.
Mais n'importe-t-il pas du problème qui se pose à notre esprit à tous? Comment Max Elskamp en est-il arrivé subitement à la forme exceptionnelle de son écriture, au style déroutant et unique de «Dominical », de «Salutations dont d'angéliques» et d'«En Symbole vers l'Apostolat»? je ne mentionnerai que pour mémoire « le Stylite» qui parut dans la Wallonie en 1891. Dans un article récent, paru à l'occasion de la mort du poète, dans « La Nouvelle Revue Française », Albert Mockel nous engage «à ne pas sourire si vite d'un effort tendu à l'excès, ni d'une phrase qui dit mal pour avoir voulu trop dire» !
Cet effort fut en effet laborieux à l'excès. Max Elskamp avait eu recours à tout ce qui lui restait d'énergie pour réagir contre le sentiment d'une impuissance qui l'envoûtait et le faisait s'écrier «Merci pour les bonnes choses que tu m'écris, mais je ne travaille, ni ne travaillerai PLUS, PLUS JAMAIS, tu l'entends. Mes rêves qui se font rares n'ont plus d'ailes, mon pauvre vieux.
Il n'y a pas de lâcheté, crois le bien, en ceci…
Tu seras peut-être moins fier de notre vieille amitié; tu as tort, la fierté n'ayant rien à voir dans tout ceci.
On peut aimer des chiens et même des femmes» !
On le sent, une infinie rancoeur a terrassé le pauvre être. Il souffre de faiblesses constantes, de vertiges et est rentré, dit-il, «dans un tel cercle d'accoutumances que le moindre changement dans son glissement quotidien m'est à charge» !
Pendant qu'il écrit le «Stylite» (qui date en réalité de 1888), il se propose d'écrire« l'ironie du Nazaréen »; une oeuvre impie «où toute la vie de Jésus serait décrite à rebours ». Il prêche des horreurs bourgeoises au bord du lac; séduit Madeleine et s'enivre aux noces de Cana! le supplice de la croix serait devenu un numéro d'illusionniste.
«C'est neuf, garde moi le silence, me recommande-t-il; de l'ironie poussée à un point terrible de satanisme ». (lettre 18-7-88).
Il en est arrivé au point où sa sensibilité a besoin pour réagir de secousses violentes. Pour vaincre son impuissance à écrire, aucun sujet ne sera assez cruel, aucun mot assez corrosif.
Et pourtant, la « Crise des tourments» tend vers la fin ! Max a 28 ans. Dans les mois du printemps de 1890 se signale une première accalmie. « l'idée de la Ville» s'éveille en lui et la pensée qu'elle pourrait servir de «sujet poétique» ! Elle devient d'abord «sujet» de ses méditations.
«Ta campagne c'est trop simple, trop naturelle; le pardon qu'elle vous donne est celui des humbles, non celui de nos pairs en méchancetés, canailleries et égoïsmes. A quoi bon l'absolution d'Abel, c'est celle de Caïn qu'il faudrait. Puis (car je la sens à présent la Ville, la petite ville) elle est en nous, accrochée dans le meilleur de nos vertèbres, à la bonne place, je t'assure que je sens quelque chose de très nouveau pour moi en cette contemplation unique de toits qui sont parce qu'ils doivent être et ne sont que parce que cela ne pourrait être autrement! Je t'assure, cher vieux, que je suis entré à ce sujet dans un ordre de méditations bien, bien étranges et que cela me hante beaucoup ».
(lettre avril 90).
Le miracle d'une résurrection de tous les souvenirs de ce qui avait enflammé nos imaginations d'adolescents va-t-il s'accomplir: les vieux toits, les tuiles patinées et moussues, le fleuve, le port et les navires? Et ces méditations allaient-elles le ramener vers cette autre source à laquelle notre âme d'enfant avait puisé des émotions d'une suavité si attendrie, -je veux dire cette salle «Ertborn» du Musée d'Anvers, dans laquelle est réuni un choix particulièrement précieux de panneaux de la peinture primitive flamande et vers laquelle nous pélégrinions les jours de vacances où nous ne nous rendions pas au port?
Eh bien oui; je me sentis pénétré de confiance et d'espoir; l'accalmie persiste; la guérison parait certaine.
«Mon imagination se reporte à présent, me confiait-il, vers des conceptions qui dorment au livre sur lequel est endormi l'agneau dans le sommeil du grand fermoir mystique et aussi vers l' ENFANTIN MISSEL DE NOTRE PASSION SELON LA VIE » ! (lettre mai 90).
Il semble que les murs du cabanon entre lesquels se débattait Max Elskamp se soient effondrés subitement pour délivrer le poète qui se redresse déchargé du poids de ses tourments.
Que n'a-t-il retenu ce titre admirable pour l'oeuvre qu'il lui restait à écrire: « L' ENFANTIN MISSEL DE NOTRE PASSION SELON LA VIE» ? Que ne l'a-t-il choisi plutôt que celui de la « louange à la vie» qu'il donna au cycle de ses quatre premiers livres qui le révélèrent au monde comme poète et consacrèrent sa renommée!
J'anticipe; nous n'en sommes arrivés qu'au moment où il conçoit le plan de « Dominical ».
«Voici la chose entière et plus révélée aux vers que je sus: -
Mon âme très enfant dans un beau château, au milieu de belles Dames et sans usage du monde, presque maladroite, qui se sent heureuse de canoter sur l'étang où des cerfs viennent se noyer. Beaucoup de petits carreaux dans tout cela et de religion vague et invoulue, car je ne crois pas…
Voici la marche.
1. -Vers une joie. Il. -Anciennement. III. -Visitation. IV. -l'Aimée. V. -les Dimanches partent. VI. -la Semaine promise.
(L'aimée, c'est un pur accident « Dominical », nécessaire et que je veux cacher comme une mauvaise maladie).
Peut-être vois-tu plus juste que moi et « Dominical » est-il tout d'Amour, tourné faute d'aimer vers soi-même, je ne sais» ? (lettre juillet 90).

La formation d'un poète serait chose simple, si vraiment l'Artiste « se découvrait au prix de ses errements antérieurs»; comme Albert Mockel le remarque à propos de Max Elskamp.
La conquête d'une vision personnelle et d'une forme si à lui s'accomplit dans le cas de Max Elskamp, dans des conditions autrement tragiques et après des années de martyre dont j'ai tenté de Vous faire le récit. Il travaillera près de deux ans à «Dominical », au cours desquels de nouvelles défaillances ne manquèrent pas de se produire.
Je ne veux pas insister, tant elles ressemblent aux infernales tortures auxquelles il croyait avoir échappé. J'abrège. «Dominical» ouvre enfin la série des hymnes à la rédemption, à la résurrection de la vie.
Et l'épigraphe, qu'il emprunte au moine Glaber n'a pas d'autre sens: « Et c'était comme si le monde secouant l'ancien silice se vêtait de la blanche robe des églises» !
Par ces mots il exalte sa propre délivrance et apporte son hommage à la pureté des mots auxquels il aura recours pour les images qu'il va évoquer dans cet « enfantin missel de notre Passion selon la vie », pour réaliser l'oeuvre à laquelle il consacrera désormais toutes les heures de sa vie, de sa vie cloîtrée comme celle d'un moine du moyen âge !
Le 7 mars 1892 avait paru «Dominical ».
La critique semble hésitante et déroutée. Max Elskamp s'inquiète en attendant qu'elle se décide à prononcer quelque jugement. C. Lemonnier, auquel il a envoyé son premier livre, lui a bien envoyé ses« Dames de voluptés » avec une dédicace, « mais ce pourrait bien n'être qu'une politesse» !
«Car, constate-t-il, dans son impatience, dans la «Jeune Belgique» RIEN; dans «Art et Critique» RIEN; dans « la Société nouvelle» RIEN; dans le «Réveil» RIEN; dans «l'Art Moderne» RIEN.
J'ai la sensation d'avoir fait un four considérable.
Je regrette d'avoir associé ton nom à une gaffe. Mon excuse est que j'ai fait de mon mieux. Au reste je sais bien que je dois tout rater. Je me rends compte que j'ai fait four et dans le mille» ! (2.7 mars 92.).
Mais le lendemain, il se reprend et exhulte. « En grande joie, je t'écris; ce ne sera pas si mauvais, ai reçu une carte de Verhaeren, qui me rend profondément heureux. Picard me trouve rare. René Ghil me sacre et me demande des vers! Tous me disent que c'est très personnel. Je suis heureux pour toi et pour moi ».
Après la retentissante consécration, à laquelle s'étaient ralliés les principaux littérateurs de Belgique, les critiques et les poètes les plus considérables de France, Max Elskamp n'eut rien à changer à sa façon de vivre.
Il travaille et éprouve de nouvelles inquiétudes au sujet de« Salutations dont d'Angéliques» qui est la seconde partie de la trilogie dont il a conçu le plan!
«Je tiens ma machine, il n'y a plus qu'à travailler!
Fatalement je reste dans la note de «Dominical ». Est-ce un bien, est-ce un mal, je ne sais. Je ne puis pourtant pas faire de l' Henri Régnier ni du Stuart-Meril. Une peur me tenaille pourtant, c'est de me répéter un peu trop en ce sens que ce sera cette fois encore des clochers, des bâteaux, des heures, des impotents et la mer beaucoup. A la grâce de Dieu tout de même. Il en sera comme il DOIT être; seulement je tâcherai de faire joyeux le plus possible et d'éviter le pleurard encore trop dans « Dominical ». (….92.).
Dans une autre lettre il exprime une bien autre et curieuse inquiétude: «Je suis trop sûr d'où je vais, en ce sens, que chaque pièce est fatale à m'en faire peur. (C’est comme si j'étais sous une dictée et (contraint) malgré moi de faire même la chose que JE NE VEUX PAS…
Je te jure que je ne sais pas ce que je fais. Est-ce bien, est-ce mal? Je suis arrivé, je crois, à une simplicité absolue de la forme. Le procédé est mort tellement que j'en deviens bête. Ce sera très mauvais, mais personnel peut-être à force de laisser-courre. J'en suis arrivé à ne plus employer que les auxiliaires: être et avoir. Et, en fait, n'est ce pas suffisant? Je commence à douter des autres verbes, puisque être c'est avoir ou vouloir avoir et avoir ne se comprend que par existence.
…La rime aussi m'est devenue odieuse, c'est trop facile, vois-tu. Je voudrais la torturer tellement qu'elle n'existât plus pour les autres que comme appelée et par moi très loin foutue à la porte.
Enfin, ce sont mes neuf mois de gestation à subir et d'ici à la mise bas, tu te doutes d'espoirs et de déceptions à venir (sans date 92.).
Je crois bien qu'il n'a jamais réalisé le plan que le trouve mentionné dans une lettre de cette année: réunir une suite de poèmes sous le titre générique: «Pour la neige ». «Salutations» le préoccupait trop. Et pourtant, dans une lettre de cette même année, il précise ce plan: «Je suis dans une période de rage bleue, le bon mouton d'autrefois est devenu enragé. S'il te souvient de Panurge et de Rabelais, tu te rappelleras qu'en un voyage, celui-ci aborde en différentes îles. Je vais reprendre cette idée et aborder moi aussi à toutes les îles d'imbécillité que je connais. Tu vois mon plan à peu près, hein? Et pour clôturer j'arriverai «à la neige », c'est-à-dire à l'immaculé des purs et des vrais; le Graal qui pour être vu demande des yeux, qui n'ont jamais vu la m…! »
Voici « Pleine de grâce» -la 4ème partie de «Salutations» presque achevée. Ce que j'ai dû m'arracher cela aux fers, tu ne t'en fais pas d'idée.Me reste donc à faire «Consolatrice des affligées ». C'est fou ce que j'ai sué après cette « Grâce» que je n'avais pas assez portée en moi! Enfin, Te Deum, ça y est! J'ai commencé à travailler (par écrit) à «Salutations» le 6 septembre. J'aurai donc mis deux mois à faire 600 vers... je crois que c'est bien comme travail ouvrier...
J'écris très heureux ce soir de cette sacrée épine de grâce hors du pied !... (92.).
«Salutations» s'achève. «Salutations» est fini, (lis, toutes les pièces sont écrites) à présent je vais commencer le grand travail de Pénélope et byzantiniser tout cela.
Mais, cher Vieux, j'ai bien autre chose en tête, voici j'ai trouvé une machine en vers absolument personnelle (pas très longue) et pour les peintres seulement. J'ai deux, trois choses faites et je crois, cette fois, avoir fait une trouvaille! Il Y aurait une trois centaines de vers tout au plus. On tirerait à 50 exemplaires, autant d'exemplaires que de peintres qu'on aime et avec noms de ceux-ci sur chaque exemplaire. Ce serait je le répète absolument pour les peintres et je voudrais ne pouvoir être compris que par eux.
Que penses-tu d'une collaboration avec moi et linéaire?
Depuis que j'ai l'autre machine en tête, «Salutations » n'est plus qu'une toute petite chose, bien nulle pour moi, tandis que l'autre réalise la légende qu'un jour nous avons rêvé illustrer ensemble.
Ne crois pas que je lâche «Salutations» au contraire. Je m'acharne à finir pour enfin arriver à l'autre machine qui me sera un repos et chose si délicieuse à faire que j'en rêve tout éveillé. Mais d'abord «Salutations ». Pense moi une belle couverture. Brutalement, n'est-ce pas, je t'emprunte, mon bon vieux, une somme énorme de bon vouloir et d'affection pour ce que je fais, mais je sais que tu veux bien. Car vrai, tu travailles avec moi plus que tu ne penses et sans notre amitié si longue je n'aurais pu, car tu m'as enseigné les choses de la vue et ton âme aussi beaucoup que j'ai très mélangée dans le coeur que j'avais ». (lettre... 1893).

-Quand «Salutations» eut paru, il attendît avec plus de sérénité qu'après «Dominical» le jugement de la critique. Il est rapidement fixé par un article d'Emile Verhaeren qui paraît dans «l'Art Moderne ».
« En toute franchise, je crois que le bon Verhaeren s'est laissé aller un peu à l'amitié que Théo van Rijsselberghe m'a dit qu'il me portait.
C'est le bon côté de mon âme qu'il a montré en laissant de côté mes vices et mes défauts dont, las, je me rends compte et nombreux. Je suis heureux de n'avoir pas faibli en ce second bouquin, j'en avais peur vraiment! »
Maeterlinck lui écrivit deux lettres « un peu trop aimables » mais « rien reçu de Van Lerberghe toujours », ce dont il se plaint!
Notons que Camille Mauclair lui a fait une visite «qui lui a fait grand plaisir ». Il lui parla de «l'estime qu'a Maeterlinck pour moi. Et cela m'a fait du bien car les engueulades «Jeune Belgique» vont pleuvoir sur mon dos, paraît-il! »

« D'Henry de Régnier, reçu une longue lettre très et trop laudative ».
Mais voici que d'autres critiques français se montrèrent bien moins bienveillants. «Salutations» est décidément un four en pays de France. La « Plume» me traite dédaigneusement; le «Mercure de France », trois lignes presque mauvaises et enfin les « Entretiens» où l'on dit que je singe Laforgue ! Est-ce possible grand Dieu!
Cette dernière chose me peine plus que toute autre, car l'article (quelques lignes) est de Viellé-Griffin, qui m'avait écrit une lettre d'enthousiasme chaud et bien cordial, me semblait-il! Alors que veut dire ceci?
Il faut croire que j'ÉCRIS TROP AU NORD pour là-bas, puisqu'ici on a été très bien pour moi. JE REGRETTE AMÈREMENT DE NE SAVOIR LE FLAMAND. C'ÉTAIT LA LANGUE QU'Il M'AURAIT FALLU, PUISQUE LE BELGE N'EXISTE POl NT! J'étais en si bon travail et me voici bêtement découragé, car JE DOUTE HORRIBLEMENT DE MA FORME et tout vers selon moi m'apparaît à présent avec une faute de français au bout, en d'autres termes! je ne puis plus travailler, CAR JE NE SUIS PLUS SUR DE SAVOIR UNE LANGUE !
Quelle bonne chose ce serait d'être d'un pays à soi, fut-ce la Belgique, si ça existait! je te fais part de ceci car je nage en eau noire!» (lettre 93). (Les passages soulignéq de cette lettre le sont par moi)
Ainsi pas plus que d'autres écrivains belges, Max Elskamp n'échappe au conflit. Né en pays flamand d'un père flamand et d'une mère wallonne, il n'a appris que quelques mots flamands! Et pourtant depuis son adolescence, il fut surpris et ravi de la couleur et attiré par le rythme particulier de la langue des gens du peuple Anversois. Il retient dès lors et collectionne certaines locutions particulièrement imagées, originales et dénuées de respect ou d'une grivoiserie franche et savoureuse. Et voici qu'au moment où il s'était acquis une forme qui s'apparente par bien des artifices de construction à celle des chansons populaires flamandes, il eut subitement la révélation de la naïveté touchante de leurs thèmes et de l'adorable cadence qui joue avec toutes ces syllabes comme le carillon avec les sons des cloches!
Voici une curieuse lettre datée de l'année de «Salutations», l'année 93.
« Cher Vieux,
Hier soir, ainsi que ceux de là-bas vont voir les cerisiers fleuris, m'en suis allé avec l'Accoutumée au promenoir, regarder le jeu de la lune et des nuages. Jouissance un peu bien japonaise, mais voici adorablement flamand, l'exquise chanson qu' Elle m'a dite sans savoir et qui est, paraît-il, celle des enfants d'ici et qu'ils chantent tant que la lune est voilée, ou se cache ; par honte, paraît-il. La connais-tu?

Anneke Maan, anneke Maan
met zijn lere broecske aan
Heb zijn buicske vol-gegeten
en zijn broecske vol-gescheten.
Vuile, vuile Anneke Maan
Ge zult met ons niet dada gaan ! »

Si je la connaissais, moi, cette chanson. Dès ma tendre enfance je l'avais entendu chanter par les bonnes qui veillaient sur nous: mes jeunes frères, mes sreurs et moi.
«II paraît, ajoute-t-il, qu'il existe une autre chanson tout aussi jolie: celle de «Baaske Zon» qui est tombé dans la «gracht» et qu'on débarbouille avec « un Maria schort, un tablier de la Vierge! Il me faudrait Emile Claus ici, il doit les connaître toutes lui, mais que dis-tu de celle-ci hein? Enfoncé comme couleur le lied de France et vive les petits gosses d'ici!»
Et pourtant il s'efforce de traduire «l' Anneke Maan» Ci mon intention.

«Petite Anna la Lune, petite Anna la Lune
Avec son pantalon de cuir qu'elle a mis
elle a mangé plein tout son petit ventre
et fait plein tout son petit pantalon.
Sale, sale petite Anna la Lune
Tu n'iras pas promener avec nous.-

C'est exquis hein, cher Vieux, la Lune qui s'appelle Anna, petite Anna la Lune! Le diable sait pourquoi, mais c'est comme ça et le pantalon de cuir!
…Toute la nuit passée j'ai mal dormi en la sensation exquise que la Lune s'appelait Anna. Or, note bien et c'est là le bizarre qu'aucun autre nom qu'Anna ne convient. Essaie si tu veux, tu verras !»
Ainsi, ce fut vers cette époque (93) qu'il commença ses explorations dans le Folklore Flamand, ou plus exactement Anversois, et dès lors c'est à l'affût de découvertes dans ce domaine qu'il parcourera tous les après-midi, dans sa tenue légendaire: macfarlane et petit chapeau rond de feutre noir et mou, -la vieille ville et les ruelles autour du port! Un nouveau volume, le dernier de la trilogie de « la louange à la vie », va le préoccuper, en plus, à présent.
«Que faut-il faire à présent, car je travaille, les titres m'embêtent «En Symbole vers l'Apostolat », « Pour l'Apostolat », «Vers l'Apostolat », «En Apostolat », ce titre dernier ne semble-t-il pas le meilleur? Je doute affreusement et cela m'empêche de travailler, de travailler avec ordre! (lettre 93).
Plus tard, «Je garde mon titre: «En Symbole vers l'Apostolat », il n'y a pas moyen de faire autrement, je mettrai «en Symbole vers» en tout petits caractères. (Lettre 93).
Vers la Noël de cette année: «J'ai travaillé comme un nègre, bon Vieux, suis fini ; mais mon livre aussi…Tu vois d'ici ma joiel car c'était bien difficile ce prêche. Enfin je crois bien l'avoir mené à bonne fin (Noël 93). Pourquoi «En Symbole vers l'Apostolat» ne parut-il qu'en Février 1895? Quand parut « En symbole » Max Elskamp, malgré le succès de «Salutations» n'avait pas encore acquis toute la certitude du succès. Il en doute et s'inquiète autant que pour ses livres précédents.
«Suis très inquiet de mon bouquin. N'ai reçu jusqu'ici aucune lettre, ai la sensation d'un four. Pourtant je croyais bien avoir donné du mieux que je pouvais. Je crains bien de m'être fourré le coude dans l'œil, cela m'embête pourtant de me tromper toujours de la sorte ; il n'y a vraiment que mes ours que j'aime un peu. En toute franchise «En Symbole» m'a fait suer dur et j'espérais avoir mené à bonne fin ma tâche cette fois un peu ingrate.
Si tu apprends par on-dit quelque chose de mon bouquin, annonce le moi sans ménagement ; j'aime mieux l'opération à franc bistouri qu'à lettres et papiers aimables! (Lettre février 95).
Et cette fois encore il n'eut pas à attendre trop longtemps des louanges aussi enthousiastes que celles que lui avaient values « Dominical » et «Salutations ».
«Figure-toi que de TOUS COTÉS, je reçois des lettres enthousiastes, il faut croire à une réussite donc; si tu savais quel réconfort sont pour moi les paroles d'Emile Verhaeren.
La superbe et la première lettre que m'envoie Eekhoud et tous; tous; il est donc vrai que j'ai bien travaillé! Et comme tu as raison en me disant qu'il faut du temps pour me lire; cela m'étonne, mais C'EST BIEN AINSI; je suis bien heureux, cher Vieux, et récompensé de mon travail; vraiment je ne m'attendais pas à pareil accueil. C'est la première fois que cela m'arrive et je m'en réjouis, car je te jure que ce sacré bouquin a été sué et que je me suis donné tout en ces vers, vraiment de bonne foi ». Dès lors, il se sent confiant et cette confiance le pousse au travail. Dans cette même lettre il m'annonce qu'il a commencé «Les six petites heures» «Je tiens deux pièces, entre autre une complètement « pour les attristés de la pluie» ! Or, je tiens à signaler que c'est à cette occasion qu'il grava ses premiers bois: un «en-tête» et un «cul-de-lampe». Ils sont dans la manière «hiéroglyphique» et singulièrement suggestifs de la pluie.
L'idée d'orner lui-même ses poèmes de bois gravés le transporte et depuis lors, il ne publiera plus aucun livre sans qu'il fut abondamment -trop abondamment -orné!
«Pour le grand dam de mes proches, j'ai transformé mon bureau d'en haut en atelier de gravure; c'est plein d'encre là-haut et sale! Un vrai rêve quoi et ce n'est que le commencement! Je me suis fait une imprimerie de ma presse à copier, un rouleau encreur et comme plaque à encrer un simple carreau de vitre. Ce serait délicieux de faire soi-même et ses bois et ses vers!» (lettre 95).
Je ne pourrais dire si Max Elskamp a donné suite à son projet des « Six petites heures pour les attristés de la vie et d'amour» dont il me parlait dans une de ses lettres de 1894. Il ne peut y avoir rien de commun, me semble-t-il entre cette suite et celle des « Six chansons du pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre» que ma femme et moi allions composer et imprimer sur une petite presse à bras et que Max avait baptisée « Joyeuse ». L'impression de cette plaquette nous occupa dès lors pendant de longues semaines. Au cours de celles-ci l'auteur et les apprentis que nous étions, enthousiastes du beau métier qui se révélait à nous autant que des beaux poèmes que nous allions aider à propager, provoquèrent l'échange d'une copieuse correspondance.
Je n'y retrouve que des souvenirs heureux. Si, Max Elskamp s'inquiète encore, c'est du changement qui s'accomplit malgré lui dans la forme de ses vers.
La source de son inspiration se rapproche de plus en plus de celle de la chanson populaire et le rythme de ses vers de celui de la chanson flamande.
Il prend de plus en plus connaissance de celle-ci. Il a découvert les « Vlaamsche Vertelsels» de de Cock et de Mont.
« Si tes gosses parlent flamand (et celui-ci n'est pas difficile puisque moi-même je le comprends à vue)... tu pourras leur lire cela dès maintenant, ils apprendraient, de la plus joyeuse des façons, pourquoi les singes ont une queue, pourquoi l'hirondelle dit «zee », quand il va pleuvoir et «zout» quand il fait du vent, et pourquoi les habitants de Schelle ont des têtes comme des citrouilles et le ventre fait comme un «knapzak ». Je suis convaincu que tu trouveras un plaisir intense à tout cela. Depuis que je folklorise, j'ai trouvé mille choses qui me font rêver d'une école où on apprendrait aux enfants, à vivre la vie des enfants qui est une longue suite de choses fabuleuses et d'étonnement légendaire ». (lettre ...95).
Je crois pour ma part que les «découvertes» dont parle Max Elskamp, eurent une grande part dans le changement frappant qu'il y a entre la forme des trois premiers livres et celle qu'il inaugure dans les «Six chansons ». Je crois qu'elles ont largement contribué à lui faire abandonner le plan de la transposition littéraire de l'impression pour celui de l'expression directe de l'image. Non sans hésitations, pourtant. «J’AI CHANGÉ MA FORME DE VERS et suis très inquiet de ce changement; suis certes dans une période de transition, si pas de dégringolade, puis je sens très profondément que la littérature ne m'agrée plus. Il me semble qu'il doit y avoir quelque chose de plus UTILE ou de meilleur à faire, mais pour MOI. Je ne vois pas quoi et me creuse la boule vers un but que je n'entrevois pas. C'est comme un travail sourd qui opère; je ne sais où il me conduira, car je suis sans orientation, dans tous les cas, un grand changement vient; mais vers quoi? le diable le sait !» (lettre ...95).
Les «Six chansons» sortirent de presse, le 15 décembre 1895, de notre petite presse à bras, la «Joyeuse» qui se trouve à présent dans l'atelier de typographie de l'Institut supérieur des Arts décoratifs.
Les années 1892 à 1895 auront été des années relativement heureuses. Dès 1895, la confiance en sa santé et quelques vagues et tendres espoirs qu'il avait conçus et qui avaient grandi en même temps que le retour à la santé furent brutalement anéantis!
«Je veux mourir Henry, ce n'est plus qu'une question d' heures ou de jours, cela tient à un moment de dernier courage qu'il faut, je te jure, pour faire à soi-même cela! Je ne suis plus mon maître au reste et il y a des moments où je sens que ma tête s'en va dans cette chose horrible que je t'ai dite et qui est pire que la lèpre qui me tue, me tue, me tue.
Le médecin m'a abandonné en me disant que d'autres souffrent aussi de cela, que l'on se fait à tout…
Tout est donc fini comme tu le vois, je n'ai plus rien à attendre, plus rien à espérer, que le dégoût toujours croissant de moi-même ou de m'en aller étaler une pourriture au soleil comme un vieux chien galeux; loin de tous.
Il n'y a du reste qu'un moment dur à tout cela; c'est celui du départ, mais un dernier énervement, une dernière secousse et la chose vient d'elle-même; c'est ce moment que j'attends et j'espère courageusement finir. De toute une vie il me reste deux bons souvenirs, l'amitié qui nous a fait nous aimer et le travail que tu m'as appris.
Pour le reste, je ne regrette rien et je partirai avec les deux bonnes choses devant les yeux pour emporter cela plus loin, si toutefois l'on peut emporter quelque chose.
La paix soit avec moi, Henry». (27 juillet 96).

Cette plainte montée de l'abîme, quelles démarches, quelles paroles a-t-elle bien pu m'inspirer? Vraisemblablement, je l'aurai mis en garde contre son imagination maladive et évoqué quelque issue heureuse.
«Je ne puis te répondre qu'une chose, m'écrit Max, c'est qu'il n'y a pas d'imagination en moi et Tu comprendras mieux aussi que cela m'est plutôt cruel tout ce bonheur auquel je ne puis prétendre et que tu me montres en toute bonne foi, parce que c'est la vérité et que je le sens moi-même profondément, mais à tout jamais irréalisable…Ce que j'ai dit est!
…Il y a des moments où tout me devient doux et bon et léger, si léger que j'en suis à me tâter, à prendre des objets carrés ou aigus dans les mains pour savoir par le tact où j'en suis; ou si je rêve comme si j'avais peur de m'envoler. Ah, si la fin est ainsi, ce serait magnifique, cher Vieux, et j'aurais tort de me plaindre, mon esprit s'est, du reste, beaucoup ouvert depuis ces derniers temps aux choses de l'Au-delà et je crois que mon coeur eut le tort d'être un peu trop matérialiste.
Je vois à présent d'une façon confuse, il est vrai, une vie secondaire où nous serons moins nous-même; plus éparse et moins consciente que celle-ci et pour moi, je crois fermement que je deviendrai de l'eau qui coule, rien que cela, avec tout l'organisme intérieur de l'eau et cette merveilleuse inconscience d'obéir à se répandre, sans plus. Je ne puis nettement te définir cela, mais je vois extraordinairement clair pour moi en bien des choses depuis ces derniers temps, des choses auxquelles je n'avais pas pensé me viennent et me révèlent leur texture; à moi seul, il va sans dire, car c'est inexprimable et perceptible que pour soi seul.
Et ne crois pas, pauvre vieux, que ce soit de la folie qui monte comme pourraient le croire des imbéciles auxquels je ne parlerais pas, du reste, de ces choses-là. C'est tout simplement de la clarté qui entre, parce que la pensée se purge du corps, cette sale chose que j'ai appris à tant haïr aujourd'hui.
Tout ceci, pauvre vieux, pour te dire que CELA vient plus heureusement que je ne le pensais et qu'on peut devenir enthousiaste de partir et partir comme dans une apothéose d'espérance! Fidèlement à toi ».
(Lettre 3 août 96).
Maintenant l'été de cette année tragique est passé. En octobre, il me confie que sa tête est un peu partie « et que cela lui évite de penser» que cela vaut mieux ainsi »...
« Puis tout cet hiver qui vient si tristement cette année... Je n'ai plus pris une plume depuis trois mois presque. Je crois que j'ai plus souffert au moral en cinq mois que depuis toute ma vie... ce qui me restait de cheveux s'en va tout à fait et ma barbe devient blanche. (Quant à l'âme, je crois, nom de Dieu, que c'est quelque chose de propre) Pour sortir de moi-même, je me suis imposé des tâches impossibles, c'est ainsi que je me suis forcé à apprendre trois livres de géométrie, en pure perte, parce que cela me dégoûtait le plus.,..
Je sais aussi à présent toute l'Histoire arabe, avec tous les khalifats depuis le père Abou-Bekr jusqu'au Touglam persan.
Si tu fais un jour de l'Art arabe, tu peux t'adresser à moi, je te déclaquerai tous les Shiites, les Coréichites, les Shunistes, les Fatimistes, tous, tous et cela ne sert à rien du tout, mais comme c'est horriblement compliqué cela dérive la pensée…C'est un très vilain jeu tout cela... cela vaut mieux que de trop lire, comme je l'ai fait, des livres religieux. Par désespoir je me serais mis à «la petite pratique », je t'avoue avoir été tout près de tomber en cette faiblesse, ce qui m'a sauvé c'est 1'imitation de la vie de Jésus-Christ, un livre pas banal et superbe que je te recommande ou que je ne te recommande pas, car il faut des heures vraiment noires comme les miennes pour s'y intéresser et alors c'est superbe. Enfin, c'est une vie d'enfer que je mène; je n'ai qu'un seul apaisement c'est d'avoir une conviction absolue et ceci n'est pas une faiblesse de souffrant, d'une vie plus large et plus belle au delà d'ici.
Ça, c'est vois-tu quelque chose de bon et de sûr et de lénifiant et pas caffard, car c'est tordant ce que Messieurs du bon-Dieu de Rome, comprennent d'une âme quand elle crie jusqu'au sang.
Je crois que je trouverais moi d'autres paroles, car je sais enfin ce que c'est la vraie pitié et je t'assure que je pourrais à présent embrasser des pédérastes s'ils avaient mal vraiment ». (Lettre du 17 août 96).
Une lettre, datée du dernier jour de cette maudite année 96, apporte quelque apaisement aux angoisses que j'avais éprouvées depuis des mois au sujet de mon ami.
La crise est passée et avec une précision troublante, il évoque un tableau de sa vie, d'une vie dont les règles et le rythme seront ceux des vingt longues années qui vont suivre et au cours desquelles il gardera le silence et se repliera entièrement sur lui-même, dans l'étude, dans l'exercice d'un métier: celui de la gravure sur bois et dans cet abandon
total à sa passion de collectionneur et de folkloriste !

«ENLUMINURES» (1898).
Il mit trois ans à écrire «Enluminures », pendant lesquels ses regards et son coeur ne se sont pas détournés d'une vision unique. Trois années de contemplation béate et d'attraction constante vers les mille faits et images d'une petite ville de Flandre où la vie est paisible, puérile, candide et pieuse.
Et pourtant si la crainte des pires choses l'obsédait, le moral est meilleur. «J'ai fait la part du feu et la pèse de ma vie. Côté joie, j'ai trouvé: travail d'abord, apprendre beaucoup, des arbres, les plantes et aller au soleil. Côté des choses défendues: la femme à aimer, la vie à deux et le contact des autres sauf en intimité stricte et d'hommes qui peuvent, ma foi, savoir qu'il est des hopitaux partout. Le résultat est celui-ci: solitude, mais quiétude si pas bonheur…
Mon vrai sauveur est l'immense, probe et admirable Flaubert dont les lettres lues et relues m'ont ressuscité; la vérité est là pour ceux à qui il est défendu d'aimer et lui, sans femme, jamais qu'en exutoire, m'a montré le vrai chemin, et c'est ainsi que je veux vivre ».
Ceux qui ont connu et approché Max Elskamp à cette époque, qui ont été ses amis savent que cette solitude était devenue manie, et quant à sa quiétude, il ne leur a peut-être jamais confessé de quel prix il l'avait payée: un renoncement contrit à tout ce qui aurait pu lui apporter quelque bonheur, Y COMPRIS LA POÉSIE!
Sans le coup de foudre de la guerre, il se peut bien qu'il n'eut plus jamais écrit un vers. Dans aucune des lettres qu'il m'adressa après qu'il eut fait paraître «Enluminures », dans aucune de celles qu'il m'adressa plus tard à Weimar, où je m'étais fixé depuis 1901, il n'est question de production littéraire.
Des évènements s'accomplissent: la mort tragique de sa soeur, celle de son Père. Leur disparition augmente à peine sa solitude.
Il y aurait bien des choses à glaner dans les lettres de cette époque, mais je ne me suis pas proposé de vous présenter une biographie. Je me suis proposé de faire parler Max Elskamp lui-même de tout ce qui se rapporte à sa formation poétique.
J'aimerais citer surtout ce qu'il dit de l'Architecture dont il saisit à merveille le sens intime; ce qu'il dit DE LA FATALITÉ DE L'ÉVOLUTION DES FORMES et du STYLE MODERNE !

La guerre éclate. Il s'abandonne comme tant d'autres à l'affolement et, accompagné de son fidèle domestique Victor, il fuit et s'installe en Hollande à Berg-op-Zoom !
Moi, retenu de force en Allemagne, j'ignorai tout de lui jusqu'au jour où je reçus (en février1915) une lettre contenant un appel déchirant:

«Mon Pauvre et bien cher Henry,
Je reçois à l'instant tes deux bonnes lettres; quel bien elles m'ont fait, j'étais torturé au sujet de toi et des tiens. Je t'embrasse de tout mon coeur, j'ai énormément souffert, mon vieux bien cher, souffert plus que tu ne peux le croire, et je suis ici dans une triste et pénible position. Je crois que tout est fini pour moi, je souffre du coeur indiciblement. J'ai subi le bombardement de ma ville et j'ai dû quitter, après des heures de terribles angoisses ma maison très abîmée, puis j'ai marché pendant 18 heures, sans manger ni boire, du sang plein mes bottines, couché dans des bois, des églises et des granges; j'ai beaucoup souffert, mon cher Henry, et j'ai 53 ans et c'est, je crois, la fin pour moi. J'ai souvent pensé à toi et aux tiens pendant ce douloureux calvaire qui fut mien, car nous étions frères depuis toujours et nous le sommes restés. C'est, désormais notre amitié le seul et peut-être le meilleur de nos biens. Mon fidèle domestique, n'a pas voulu m'abandonner, il est resté avec moi, je mange mon pain noir et bois mon eau avec lui. Nous nous regardons sans rien oser nous dire, car il n'y a plus ni maître, ni serviteur; nous sommes égaux dans la peine et lui a en plus ce grand mérite du dévouement que je ne puis plus reconnaître.
Mon cher Henry, je voudrais tant que cette lettre puisse te parvenir, car je crains bien que nous ne puissions plus nous revoir; je suis très bas et j'ai physiquement trop souffert. J'ai des arrêts du coeur constants et des étouffements qui en sont la suite, il m'est impossible dans l'inconfort total où je suis de pouvoir me soigner. Mon cher Henry, puisses-tu ne jamais savoir combien il est dur de monter les escaliers d'autrui, de n'être plus rien qu'une chose à la dérive et de savoir qu'on ne mourra même pas dans le lit où se sont éteints les siens. Mon pauvre cher, puisses-tu retrouver ta chère Nele, je te plains du plus profond de mon coeur. Je t'embrasse bien fort toi et les tiens; je suis tout blanc, j'ai les jambes gonflées par l'eau qui remonte tout doucement. Quand elle viendra au coeur, vieux cher, ce sera l'instant de dire adieu et d'être enfin délivré par le grand sommeil que je me souhaite comme le plus sûr des bonheurs que j'attends».

Au reçu de cette lettre, je fis appel aux autorités militaires allemandes qui s'étaient jusque là obstinément refusées à m'accorder un passeport, sans lequel il nous était impossible à moi et aux miens de quitter l'AIlemagne. Je les implorai, par l'intermédiaire d'un fidèle ami, le Baron de Henneberg, de m'accorder la permission de me rendre près de mon ami à Berg-op-Zoom, ne fût ce que pour un jour ! Je m'engageai sur parole, les miens étant otages, à revenir à Weimar reprendre la vie dans les conditions qui m'y étaient imposées.
Je retrouvai Max Elskamp et son domestique, logés plus que modestement, disposant de deux chambres au rez-de-chaussée de la maison d'un pêcheur (Zuidzingel, 462). Max était dans un état de dépression morale extrême, dans un état de faiblesse plus qu'inquiétant ; à bout d'argent et à tous points de vue absolument à la dérive.
J'eus à lutter pourtant pendant deux jours avant de réussir à le persuader que sa situation commandait impérieusement son retour à Anvers. Il y réoccuperait sa maison abandonnée ; il y retrouverait, malgré l'occuppation allemande, ses occupations et sa vie coutumière.
Il obtint facilement, après le rapport que je fis de sa situation aux autorités allemandes auxquelles je devais d'avoir pu me rendre près de lui, de repasser les frontières, de retourner à Anvers. En 1915, il reprenait la vie de reclus plus obstinément seul encore, sans doute, que précédemment. Il réunit tous les documents qu'au cours des années précédentes il avait rassemblés pour une étude de folklore. «Le commentaire et l'idéologie du jeu de loto dans les Flandres », qui parut en 1918, mais antidatée, pour tromper la censure pendant l'occupation.

C'est en 1920 que commence la dernière période de sa vie. Elle succédait à celle qu'il qualifia lui-même de «période de la prostration, du silence et de l'exil ». Ce fut celle d'une production fébrile. Elle débuta par «Sous les tentes de l'exil ». Recueil de poèmes
«De haine et tout d'amour aussi
suivant l'heure mauvaise ou bonne;
mais surtout triste en leur somme;
prenez tes comme les voilà.
Temps de guerre pour tous les hommes.
Dies irae, dies illa.


Suivirent: 1922, «Chansons désabusées» (160 pages de vers) et le chef-d'reuvre de tendresse amoureuse et de souvenirs attendris qu'est « Maya ».
En 1923, «Délectations moroses» (autre volume de 160 pages) et cet autre chef-d'oeuvre : «la Chanson de la Rue St-Paul» qui est bien avec «Maya» le point culminant de toute sa production.
«Chanson d' Amures» est le troisième volume de vers qui parut en cette année, 1923 !
Et ne publie-t-il pas, en plus dans cette même année, «Les Sept Notre-Dames des plus beaux Métiers»? -Un album d'une importance capitale dans son oeuvre xylographique dont les gravures sont:
-«Fruit lointain déjà de ses doigts au long cours d'années accomplies»! « Remembrances », «Aegri Somnia », -deux gros volumes de vers dont le dernier compte 180 pages qui furent imprimés par ses soins et sous son contrôle, mais qui n'ont pas été livrés au public. Ils portent tous les deux la date de 1924.
En plus, lors d'une des visites que je lui faisais régulièrement de la Hollande, où je m'étais fixé après la guerre, il me donna à emporter quatre gros manuscrits. Ils portent les titres: « Les Heures Jaunes », « Revisions », «Fleurs Vertes» et «Joies Blondes ».
Mais ces manuscrits, autant que les deux derniers livres imprimés, attestent en maints endroits des défaillances, des répétitions et des incohérences flagrantes.
Les premiers indices de la démence s'étaient manifestés en 1914 et peu après, l'ataxie devait devenir complète. A cette époque, des accès de fureur alternaient avec des heures de dépression totale.
Soigné par son domestique Victor, qui le servit pendant 33 ans avec un dévouement, qui ne sera jamais assez loué et dont il ne peut exister que peu d'équivalents et par le Docteur Poirier, qui journellement lui apporta, pendant de longues années, le réconfort de sa profonde et affectueuse commisération, Max Elskamp ne quitta plus sa chambre. Ensuite, il ne quitta plus son lit que pendant quelques heures par jour. Victor, aidé d'une garde-malade, l'installait dans un fauteuil, devant une petite table. Le tiroir de cette table contenait des cigarettes, quelques menus et vains objets auxquels il paraissait attacher un intérêt particulier et qu'il gardait soigneusement dans ce tiroir. Il les prenait successivement en main l'un après l'autre pour les abandonner aussitôt et pour fixer ensuite interminablement d'un regard éteint quelque découpure de journal ou quelque image de journal illustré.

Max Elskamp ne recevait plus de visites, hormis les miennes et celles de son cousin, M. l'avocat Henri Damien, qui s'acquittait envers le malade, avec le dévouement le plus affectueux, des devoirs de la tutelle dont il s'était chargé.
Dès lors, à chacune de mes visites, je constatais que la déchéance s'accentuait et pendant de longues années encore je n'ai jamais franchi le seuil de la chambre où je savais que je le retrouverais toujours égaIement allité, sans appréhender une chose qui aurait été une intolérable injure à l'amitié qui depuis notre enfance nous avait unis. Je craignais que la violence qu'il exerçait souvent en ma présence contre d'autres, que les injures qu'il proférait contre son dévoué domestique ou sa patiente garde-malade, je craignais qu'il eût pu les retourner ou en proférer contre moi! Je craignais aussi, mais moins, qu'un jour, il pourrait ne plus me reconnaître. Un heureux destin m'a épargné tout cela. Pourtant, je ne me suis senti sans appréhension et soulagé du poids écrasant qui pesait sur mon coeur durant toutes ces années que le jour où je sus qu'en franchissant le seuil de la porte de sa chambre, je trouverais, cette fois, mon ami et mon frère muet, étendu sur son lit, délivré par la mort et paré pour le dernier voyage.

Henry van de Velde

(1932-33).

Mürren-Bel-Alp.

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