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HISTROIRE COURTE 32.

LE MIROIR DORE...

Tout est possible! Même si cela fait deux décennies qu'il trône dans l'entrée au dessus de l'élégante commode en chêne clair. Aujourd'hui, je peux, je vais le décrocher ce miroir à la dorure patinée, au tain légèrement dépoli, au charme intemporel!...

Je vais me l'approprier. Il va gravir un étage et fleurir sur le mur bleu pâle de ma chambre, au dessus d'une autre commode marquetée à la sophistication plus élaborée, à la couleur mordorée...

Chaque matin à mon lever, il sera le premier sur quoi je poserai mon regard. Il gardera le secret d'un visage au saut du lit, pas toujours reposé mais toujours inquisiteur.

Miroir, mon beau miroir, oui la vie vaut la peine! Combien de temps encore... je l'ignore. Mais toi, qui es le symbole du changement, toi qui as rythmé depuis si longtemps la vie de toute une famille que tu regardais passer par le hall, si rapide et si irrespectueuse du message que certain jour tu aurais aimé faire passer! Toi désormais, tu ne seras plus que mon confident...

Et voilà, c'est fait, tu es pendu. Je découvre en t'observant la frondaison des arbres du jardin dans ton reflet. Bel automne chante en toi avec ses couleurs vibrantes à connotations impressionnistes, tellement vivantes, que je surprends mon reflet à respirer, comme si je pouvais sentir dans la chambre close, l'odeur de la pelouse encore humide.

Je redescends et contemple le hall dépouillé de toi... qui m'interroge sans aménité!

-Et moi maintenant, comment vas-tu me décorer?

Je souris en retirant du plaid blanc qui la protège, une toile où la mer semble danser au soleil levant. C'est cette vision, si apaisante qui désormais accueillera les visiteurs qui franchiront le seuil de la maison familiale.

Alors... tout à coup, le hall, renonçant à toute plainte, m'a sourit...

J.G.

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 Antinéa

une aquarelle

d'Adyne Gohy

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à été inspirée par

Antinéa

un poème

de Raymond Martin

Mes pensées voguent vers toi, ô énigme, source d'incertitude,

Es-tu là gisante, sous les sables d'ocre ardent?

Je pense à toi, énigme cruelle que la raison rude

Occulte de la mémoire, ton visage rayonnant

Déesse mythique, reine, tu obtins sensualité et beauté en héritage.

Ton royaume antique n'était pas celui de Saba

Mais, digne, Salomon t'aurait certes aimée et vénérée sans partage

Si même l'aurais-tu, cruelle, mené au fatal trépas.

Où es-tu, toi dont tout l'univers se jetait à tes pieds?

Les Dieux t'auraient-ils oubliée dans ce royaume de dunes?

Hantes-tu encore les mortels, les nuits fraîches par les étoiles irradiées,

A la recherche du dernier et insouciant amant au clair de lune?

Hantes-tu encore, lascive dans ton palais lugubre du Hoggar

Cherchant d'hypothétiques indices du passé glorieux de ton aïeul Atlas

Qui régna de la grande île mystérieuse jusqu'à l'Egypte avec égards,

Procurant beauté et sagesse aux peuples bonasses?

Tu régnas des sables fins aux rocs de l'Atlas,

Par la plume romanesque d'un chantre peut-être initié

Ô toi, Antinéa, reine d'Atlantide mystérieuse et salace,

Tu hanteras mon âme troublée pour l'éternité.

Raymond Martin

Un partenariat d'

Arts 

12272797098?profile=originalLettres

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12272749470?profile=originalEn sa courte vie, le comte de Mirandole et de Concordia compta plus d'ennemis que d'amis, mais sa pensée, à la fois conciliatrice et polémique, provocatrice et séductrice, répétitive et apparemment contradictoire, exerça une influence multiple sur des philosophes appartenant à des horizons fort éloignés les uns des autres.

On peut se contenter de voir en lui, à l'aube de la Renaissance « nordique » - puisque l'Italie avait déjà produit dans tous les domaines de l'art et de la pensée quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre -, l'un des pères spirituels de Lefèvre d'Étaples, de John Colet, de Thomas More, pour ne pas parler d'Érasme, qui lui saura un gré infini d'avoir tourné définitivement le dos à la theologia disputatrix  héritée de la scolastique pour poser quelques jalons majeurs dans la voie royale de cette théologie philologique et nourricière de l'âme, où il devait lui-même passer maître.

 

De l'exploratio à la disputatio, de la disputatio à la contemplatio


L'existence de Giovanni Pico della Mirandola peut être divisée en deux périodes nettement distinctes, et même opposées, comme le fit dans sa célèbre Vita  son propre neveu, Gian Francesco. Le point de rebroussement de la courbe serait marqué par la fameuse « dispute » romaine : avant, une période d'erreurs et d'errances, de gloire « mondaine », d'aventures galantes, de recherches passionnées du plaisir et du savoir ; après une plongée dans la foi, un retour à l'esprit du Christ, une visée des joies de la patrie céleste, la gloire de Dieu et la « lumière » submergeant la gloire personnelle et les « ténèbres ». On pourrait parler, avec Giovanni Di Napoli, d'un Pic « explorateur », précédant et peut-être préparant cette contemplation finale.

Né au castello di Mirandola, dans la région de Modène, troisième fils de Gian Francesco Pico et de Giulia Boiardo, le jeune comte possédait dès son berceau les privilèges d'une illustre ascendance et d'un riche patrimoine ; sa prestance, heureusement associée à des dons intellectuels hors de pair, devait être célébrée par Ramusio à Padoue, par Politien à Florence. Il perdit tôt son père, et devint l'objet des soins particulièrement attentifs, sinon exclusifs, de sa mère. Femme d'une grande sensibilité et d'une piété fervente, celle-ci souhaitait pour son fils une brillante carrière ecclésiastique. De fait, à dix ans, l'enfant est nommé par Sixte IV protonotaire apostolique et les insignes de sa dignité lui sont conférés par le cardinal Francesco Gonzaga. La même année, il était proclamé prince des orateurs et des poètes. A quatorze ans, il fréquente à l'académie de Bologne les cours de droit, et en deux ans devient un canoniste réputé. Mais les Décrétales le dégoûtent rapidement : c'est de la nature entière qu'il veut désormais pénétrer les secrets, et son ambition est d'acquérir, ni plus ni moins, la science universelle. Pendant sept ans, il parcourt les plus célèbres universités d'Italie et de France, suivant les leçons des plus illustres professeurs et acquérant, en disputant généralement contre eux, une éloquence et une acuité de jugement inégalables. A Ferrare, il étudie les lettres avec Giambattista Guarino, et, de 1480 à 1482, la philosophie à Padoue, où il affronte les idées de l'averroïste Nicoletto Vernia. A Pavie, il s'adonne à la philosophie avec Maioli et au grec avec Adramiteno. En 1484, à Florence, il se lie d'amitié avec Marsile Ficin, Laurent le Magnifique, Ange Politien, et devient vite l'un des plus célèbres et actifs collaborateurs de l'Académie platonicienne. En 1485, à Paris, il entre en relations avec Charles VIII et les humanistes de la capitale, dont l'historien Robert Gaguin. En même temps qu'une multiplicité de connaissances qu'il maîtrise en quelques semaines sinon en quelques jours, il acquiert une expérience des hommes et du monde qui sert admirablement ses ambitions philosophiques. Au cours de ses voyages, il accumule les livres qui feront de sa bibliothèque l'une des plus réputées, et s'enrichit de mille autres connaissances « pratiques » que ses biographes chrétiens lui reprocheront plus tard. A son retour en Italie, en 1486, il se met à l'étude des langues orientales - l'arabe, le chaldéen et l'hébreu - avec l'averroïste Elia del Medigo. Une lettre à Ermolao Barbaro montre bien qu'à la différence de ses contemporains et contrairement à certaines interprétations de son oeuvre, il ne sacrifiait pas la scolastique à l'humanisme. C'est là un trait de son génie qu'il faut déjà noter : l'esprit de synthèse et de conciliation entre des thèses opposées. Les écrits cabalistiques attirent également Pic de la Mirandole, mais il est difficile de savoir si c'était là de sa part une manifestation de sa curiosité universelle ou celle d'une fascination particulière.

En 1486 s'amorce le tournant de son existence ; il compose ses fameuses neuf cents thèses De omni re scibili (Conclusiones philosophicae, cabalisticae et theologicae)  portant sur tous les domaines de la philosophie et de la théologie et assorties d'un défi à tous les savants, d'un appel à une controverse publique. En véritable seigneur de la Renaissance, mêlant le faste à l'érudition, la générosité à la provocation intellectuelle, il offre de payer le voyage et tous les frais de séjour de ceux qui, désireux d'attaquer ses thèses, seraient trop éloignés de Rome, où doit avoir lieu la disputatio.  Mais, devant ce défi lancé par un jeune homme à peine sorti de l'enfance, une coalition se forme et de graves personnages parviennent à faire interdire la confrontation par un décret de la commission papale. Pic fut même contraint, le 31 mars 1487, de renoncer publiquement à treize conclusions jugées hérétiques. Il n'en publia pas moins, le 31 mai de la même année, une Apologia  dans laquelle il accusait ses juges. La réponse ne tarda guère à venir sous la forme d'une bulle d'Innocent IV en date du 4 août.

Persécuté par la curie romaine, il fut arrêté près de Lyon au cours de son second voyage en France, au début de 1488, et incarcéré au donjon de Vincennes, près de Paris. Libéré, il ne s'en vit pas moins refuser l'accès à la Sorbonne pour la soutenance de ses thèses, et il dut revenir à Turin. Invité par Laurent le Magnifique, il se retira à Florence, qu'il ne devait plus quitter jusqu'à sa mort, le jour même où le roi de France Charles VIII y faisait son entrée.

Giovanni avait beaucoup changé au cours des dernières années : l'« explorateur » s'était fait « contemplateur ». Tout d'abord, Pic n'était plus le jeune « coq » qui se pavanait dans toutes les avenues de la science : il pratiquait la dévotion avec sincérité ; un an avant sa mort, il légua tous ses biens aux pauvres. Après son absolution du chef d'hérésie par une bulle du pape Alexandre VI en 1493, il renonça même à toute autre étude qu'à celle de la littérature sacrée, brûlant ses poèmes de jeunesse. Il avait l'intention de parcourir le monde pieds nus en prêchant la parole de Dieu. Mais une fièvre maligne ne lui permit pas d'accomplir ce voeu. Cependant, le grand prédicateur de Florence, Savonarole, qui exerça indubitablement une influence prépondérante sur l'évolution spirituelle de Pic, fit revêtir son corps de l'habit de l'ordre des frères prêcheurs dans lequel Pic avait si ardemment désiré entrer. Ses restes furent déposés dans le cimetière San Marco sous une tombe décorée d'une épitaphe modeste.

Durant ses années florentines, outre Savonarole, Marsile Ficin eut sur lui une influence qui ne fut sans doute pas négligeable pour le persuader que la religion chrétienne représentait le développement et comme la fine fleur du platonisme de l'Antiquité. D'une manière plus générale, l'un des grands problèmes de Pic, pendant sa période de « contemplation » et d'approfondissement de sa propre pensée, fut celui sur lequel toute la scolastique du Moyen Age avait échoué, à savoir la réconciliation de la théologie et de la philosophie.

C'est surtout à cette période de son existence - la plus féconde en tout cas, celle qui devait finalement porter les fruits de ses explorations multiformes à travers le monde des livres et celui des hommes, et de l'exploration de son univers intérieur - que l'on doit la survie d'une pensée mirandolienne originale.

 

L'un et le multiple, Dieu et le monde

Dans aucun de ses traités, Pic n'a fait un exposé complet et systématique de sa philosophie, mais on peut également dire que les thèmes dominants de sa pensée apparaissent dans la plupart d'entre eux, l'Heptaplus , le De ente et uno , l'Oratio de hominis dignitate.  Philosophe de la conciliation - princeps concordiae , comme l'appelaient ses contemporains en jouant sur le mot de Concordia qui désignait par ailleurs la principauté dont il était le comte -, il prétend parvenir à une synthèse des philosophies de Platon et d'Aristote, comme à celle de la philosophie et de la théologie. Affirmant l'identité de l'objet que celles-ci visent l'une et l'autre, à savoir la vérité, il résume sa pensée en une formule fameuse : « Philosophia veritatem quaerit, theologia invenit, religio possidet . » Il affirme aussi l'unité de l'être et de l'objet de la connaissance, unité qui est Dieu lui-même. Entre le monde et Dieu existent les mêmes rapports dialectiques qu'entre le multiple et l'un, puisque s'est opérée une sorte d'identification substantielle entre ces termes, pris deux à deux. L'univers, synthèse du multiple, se compose de trois ordres de réalité, le monde intellectuel - celui de Dieu et des anges -, le monde céleste - celui des corps célestes ordonnés en dix sphères concentriques, dont la dernière est l'empirée ou coelum empireum , source et origine du mouvement dans l'univers - et enfin le monde élémentaire ou sublunaire - celui des êtres terrestres. L'homme est un microcosme, et, en tant que tel, il est composé d'éléments empruntés à ces trois ordres de réalité, formant en quelque sorte un monde en soi. Ces éléments infus dans la substance humaine sont le corps, l'âme et l'esprit, ce dernier ayant une fonction de synthèse unifiante entre les deux premiers. Ainsi se trouve réalisé un véritable miracle de la nature humaine, une synthèse de l'un et du multiple. Dans le meilleur des cas, il arrive à l'homme d'atteindre à la plénitude de l'être ou à la félicité suprême : dans le cas où il réalise sa propre essence, c'est-à-dire en parvenant à une parfaite harmonie entre les éléments qui le composent. En effet, le grand principe de la félicité qui s'étend à toutes les créatures est celui de leur retour à leur origine spécifique. Ces idées sont en grande partie dérivées de la tradition néo-platonicienne et des écrits du pseudo-Denys concernant l'organisation du monde en harmonie avec les sphères célestes et la transmission des effets d'En Haut à la sphère terrestre. On peut également supposer qu'en dépit de la christianisation de sa vie et de sa pensée dans les années florentines, Pic demeura fidèle à l'enseignement padouan et à l'averroïsme d'Elia del Medigo. On sait que, dans les limites prescrites par l'image médiévale du monde, l'averroïsme tentait de donner une explication rationnelle de la nature, sans l'intervention d'aucun dogme théologique. C'est donc dans le cadre d'un déterminisme universel que le problème de l'un et du multiple pouvait se poser. La nature n'est pas érigée en un principe transcendant, car elle n'a ni commencement ni fin dans le temps, elle exprime la totalité de la matière et du mouvement. A la catégorie théologique de la création comme à la catégorie métaphysique de l'émanation était opposée la doctrine de l'éternité du monde. En fait, si l'on examine attentivement son oeuvre, on se rend compte que Pic utilise simultanément le schéma créationniste, le schéma émanationniste et le schéma rationaliste et naturaliste des commentateurs arabes d'Aristote. Mais aucune de ces solutions ne lui paraît capable de résoudre le problème philosophique des rapports de l'un et du multiple, pas plus que le problème théologique des rapports de Dieu et du monde. Si l'on en croit l'analyse de Cassirer au sujet de la philosophie de Pic, il faudrait adopter le point de vue de la pensée symbolique pour comprendre ces problèmes dans la juste perspective. On peut dire que l'un ne contient pas le multiple en un sens substantiel, ou encore que l'unité ne produit pas la pluralité par un quelconque processus causal : Pic envisage le multiple plutôt comme les expressions , les images  ou les symboles  de l'un. Et ce n'est que par cette voie médiate et symbolique que l'un absolu et l'Etre absolument inconditionné peuvent se manifester à la connaissance humaine. Cette position n'est pas entièrement neuve et maints mystiques s'y étaient ralliés. Mais ce qu'il y a de nouveau chez Pic, c'est la conscience qu'il se fait de son statut de penseur et le rang qu'il assigne délibérément à la philosophie : il est et il se veut avant tout un théoricien de la pensée. Quant à la philosophie spéculative - ici encore, pour lui, les deux mots se résolvent en un seul -, elle n'est ni l'esclave ni l'annonciatrice de la théologie : elle est la théologie même. L'amour de Dieu, c'est pour lui l'amour intellectuel de Dieu (comme dira plus tard Spinoza), car c'est seulement à l'intellect qu'est révélé le véritable universel, qui constitue comme un moment nécessaire et la marque authentique de la divinité. « L'intellect agent, écrit-il dans ses Conclusiones  (Opera , 71), n'est rien d'autre que Dieu. » Il semble bien que les interprétations mysticistes de la pensée de Pic échouent devant ce fait assuré que, pour lui, la visio intellectualis  n'est pas un sentiment mystique. Tout en cherchant à accroître le pouvoir de l'intellect jusqu'à son point ultime, il pense qu'en aucun cas il n'est en mesure d'exprimer adéquatement le divin. Mais cette limite même du pouvoir de l'homme est l'expression de sa dignité, de même cette dignité dont il a voulu faire en un discours célèbre le principe de son anthropologie.

 

L'idée du microcosme et la « dignité de l'homme »

Le discours intitulé De hominis dignitate  (ou Oratio de homine, in qua sacrae et humanae philosophiae mysteria explicantur ) constitue en fait la préface que Pic avait rédigée pour la défense de ses neuf cents thèses. On peut considérer ce texte, en dehors de toutes les idées de Pic. Il constitue également, dans cette dernière partie du Quattrocento, comme la proclamation urbi et orbi  de l'avènement d'un monde nouveau, la charte en quelque sorte de l'humanisme, d'un humanisme assurément christianisé, et même d'un humanisme chrétien, quoique en un sens différent de celui d'Érasme, de More ou de Vivès.

Certes, l'image de l'homme-microcosme n'est pas nouvelle, et il n'est pas de culture ou de pensée mythique qui ne l'ait abondamment exploitée. Les philosophes s'en sont emparés à leur tour, ces philosophes grecs et orientaux dont Pic avait lu tous les livres, comme les philosophes plus récents qu'il connaissait aussi. Il ne se satisfait pas cependant de l'idée commune de l'homme, composé de deux natures, l'une corporelle et l'autre spirituelle, car, dit-il, qu'aurait alors cet être de spécifiquement humain ? Ce qu'il veut démontrer, ce n'est pas la similitude  substantielle de l'homme avec le monde, mais plutôt sa différence  spécifique : ce par quoi l'homme occupe une position privilégiée et même exceptionnelle parmi toutes les créatures. L'homme est un être libre, autrement dit son essence ne lui est pas conférée par la providence divine ou par la force aveugle de la nature : il se la donne à lui-même, il est  ce qu'il devient , et il devient ce qu'il se fait.  L'homme est l'artisan de son propre destin - ne disons pas de sa nature -, à moins de voir dans la nature de l'homme non pas une donnée  de base, mais la réalisation  ou l'actualisation  d'une essence. Pensée audacieuse qui, présentée ex abrupto , pourrait évoquer un anthropocentrisme renaissant fort éloigné de l'enseignement théologique traditionnel. Si l'homme est l'artisan ou l'architecte de sa destinée, quelle part est laissée à Dieu ? La lecture attentive et généreuse de Pic montre que cette dignité essentielle de l'homme qu'il voulait affirmer à Rome en 1486 n'est pas en contradiction avec l'attitude humble et repentante du frère prêcheur, disciple de Savonarole, soumis à la volonté de Dieu : tout au plus, la notion judéo-chrétienne de la similitude entre l'homme et Dieu (l'homme « créé à l'image de Dieu ») se présente-t-elle dans l'Oratio  de 1486, sous son aspect créateur et dynamique. Et d'ailleurs, la libre soumission à la loi divine n'est-elle pas de la part de l'homme un acte créateur ? Cette idée de Pic aura une grande fortune à l'époque de la Renaissance et plus tard, bien que cette anthropologie ait donné naissance à des thèses qui se sont déployées dans des directions très différentes de sa propre inspiration. Mais, pour rester dans sa lignée spirituelle, comment ne pas évoquer le mot célèbre d'Érasme dans son Traité de l'éducation des enfants  de 1529 : « L'homme ne naît pas homme, il le devient » (ou plutôt, pour rendre exactement l'expression latine, fingitur , « il se fabrique tel »). C'est à la grâce divine que l'homme doit ce bien précieux d'être, à la deuxième puissance et dans les limites tracées par l'ordre du monde et la volonté de Dieu, son propre créateur.

Il s'agit là d'une philosophie de l'homme essentiellement activiste, dont la forme importe peut-être plus que le contenu : car ce qui est intéressant ici, c'est moins l'affirmation du libre arbitre de l'homme, avec l'argumentation habituelle à Pic, que l'attitude même du philosophe italien, et l'ardeur juvénile et dévorante dont il anime tout son discours. Comme l'écrit Ernst Cassirer, seul un âge inspiré et profondément imprégné d'un nouvel idéal de l'homme pouvait faire jaillir de tels accents.

Toutefois, ce serait une erreur historique et méthodologique, contraire à l'esprit mirandolien de « concorde » et de « conciliation », que de vouloir dissocier ce discours sur la dignité de l'homme de l'ensemble de l'oeuvre. Métaphysique, psychologie, théologie, éthique et philosophie naturelle, tous les aspects de l'oeuvre rayonnent à partir de cette idée centrale et de cette image du microcosme. La liberté de l'homme signifie qu'il est à tout moment capable de transcender les déterminations de sa nature ; cela implique, sur un plan théologico-métaphysique, qu'il est capable, par la force de sa volonté et la puissance de son intelligence, de s'élever même au-dessus des êtres qui se trouvent plus haut que lui dans l'ordre hiérarchique. En effet, alors que les anges et les intelligences célestes ont une nature qui a été déterminée depuis le début de la Création, l'homme ne s'accomplit véritablement qu'en agissant sur la base d'une libre décision. Et ce qui est vrai de l'homme individuel l'est également des sociétés, des cultures, des époques historiques. L'histoire universelle ne se déroule pas tout entière selon un plan déterminé à l'avance ; Dieu ne s'est pas donné en aparté la représentation de la destinée des peuples et des civilisations : idée profonde et moderne de la liberté comme agent de l'histoire et facteur de différenciation, germe de toutes les luttes, de tous les progrès, de toutes les connaissances, de toutes les réalisations anciennes. Pour Pic, la tradition - qu'il s'agisse de la Bible, du « corpus » patristique, des idées cabalistiques, de la sagesse enclose dans la littérature gréco-latine, de l'enseignement de saint Thomas ou de celui d'Averroès..., et de omni re scibili  - n'est pas un trésor définitivement acquis et jalousement gardé, mais un capital que l'esprit humain doit continuellement faire fructifier : en termes plus abstraits, Pic a introduit, avec la liberté de l'esprit critique, le libre mouvement dialectique de la pensée. Même la foi, pense-t-il, a son histoire ; et sa vérité ne peut être révélée qu'à celui qui dominerait la totalité du mouvement de l'histoire. Nul plus que lui n'a admiré Platon et Aristote, ou respecté les Pères de l'Église, mais il n'admet aucune cristallisation dogmatique à leur sujet, aucune proclamation d'infaillibilité : ce serait faire injure à l'intelligence de l'homme et mal servir la mémoire de ces grands hommes. Mais, et ceci est essentiel, avant d'entreprendre ce travail de dialecticien, l'homme - disons l'homme-philosophe - doit être un « synopsiste », car il doit examiner attentivement tous ces microcosmes intellectuels que constituent les pensées et les oeuvres des autres esprits. Ce faisant, l'examinateur - qui est lui-même un parvus mundus  - n'opérera pas un mélange indifférencié ou une plate synthèse, mais, en rendant à chacun ses mérites et en situant chacun dans sa propre perspective, il sera en mesure de tracer sa voie dans un monde aussi unifié et diversifié qu'il est possible. Le « prince de la concorde » n'est pas un théoricien du juste milieu ; mais, à la manière dont Bruno et Leibniz comprendront le système de l'univers, Pic voit la réalité comme un tout composé d'entités indépendantes, chacune d'entre elles exprimant la totalité de l'univers et se le représentant de son propre « point de vue ». Toute la monadologie est déjà chez le grand humaniste italien.

 

Philosophie naturelle et critique de l'astrologie

La métaphysique et la théologie - mieux vaudrait dire, d'après ce qu'on a vu, la philosophie spéculative - occupant la première place, la philosophie naturelle n'aura droit qu'à la seconde. Mais plus intéressante que le contenu de cette philosophie de la nature est la conception typique que le penseur italien se fait de la nature, car elle a déterminé dans l'histoire des idées, et d'abord dans l'univers intellectuel de la Renaissance, un courant de pensée passablement unitaire, compte tenu de la fluidité des concepts, de la continuelle imprégnation des idées par les images, et de la permanente irrigation des mythes et des symboles. Avant Agrippa de Nettesheim, Paracelse, Cardan et les Padouans, le modèle que Pic propose à la réflexion est celui d'un universel vitalisme. La nature n'est pas comparée à un grand livre où tous les phénomènes seraient classés et étiquetés ; elle ne se compose pas de parties, subdivisées elles-mêmes en genres et en espèces, qui différeraient substantiellement les unes des autres. Elle forme un immense réseau, mieux vaudrait dire, pour poursuivre avec les images aquatiques, un immense fleuve de vie. Chaque élément vital, chaque créature vivante - plantes, animaux, humains, et aussi les minéraux dont l'auteur décrit si souvent la naissance, le développement et le lent dépérissement - est un reflet ou plutôt un souffle du mouvement de vie universel. Par une « sympathie » universelle - l'harmonie du monde interprétée en termes musicaux est une image qui vient de Pythagore et dont la fortune sera immense à l'époque de la Renaissance et bien au-delà -, chaque élément est lié à tout le système d'occurrences. On reconnaît aussi la présence de la philosophie stoïcienne dans cette idée-image de l'univers comparé à une corde tendue dont chaque pulsion, en un quelconque de ses points, est propagée jusqu'à ses deux extrémités. C'est là une conception peut-être anthropocentrique de la nature, calquée sur la métaphysique de Pic, mais dont les prolongements se retrouveront dans les philosophies de Bruno, de Leibniz, de Schelling et des néo-kantiens. Pour paraphraser Leibniz lui-même, cette conception est « chargée du passé et grosse de l'avenir ». La nature, d'autre part, doit être interprétée comme le premier moment de l'esprit. Elle est raison, non pas encore la raison claire et consciente d'elle-même, mais la raison obscure et cachée, ratio mersa et confusa , selon ses propres expressions. On est encore ici près de Leibniz et de sa conception de la mens momentanea.  Nature, humanité et Dieu se trouvent reliés entre eux, selon une analogie familière à Pic, comme le sont les couleurs, l'oeil et la lumière. On pense inévitablement à Platon et à sa notion de l'idée de Bien, soleil du monde intelligible. Cette référence ne saurait surprendre de la part du grand académicien de Florence. Mais ce qui n'est pas chez Platon, défenseur héroïque des deux mondes séparés, c'est cette fonction centrale de l'homme, oeil du monde (oculus mundi ) qui unit en lui-même et comprend dans une seule vision la totalité de l'univers. Entre les idées du De dignitate hominis  et la philosophie naturelle de Pic, le lien est substantiel : c'est l'opérateur humain (« la vision est une opération active ») qui décidera, par un décret de sa volonté et la puissance de son intelligence, de capter cette lumière, qui est Dieu, ou qui émane de Dieu, et qui se confond avec la vérité. Nul besoin dès lors de recourir à la magie ou au surnaturel - comme on l'a parfois reproché à Pic -, ou plutôt, les deux idées de magie et de surnaturel doivent être soigneusement séparées : la magie n'est pas pour lui l'utilisation de forces obscures, démoniaques, et indépendantes des lois de l'univers ; elle est une opération naturelle , dont la science peut ou pourra rendre compte un jour, mais qui tire parti de « secrets », de « mystères », c'est-à-dire de propriétés insuffisamment connues de phénomènes naturels. Ici encore, Pic ouvre la voie à tous les traités de « magie naturelle » qui pulluleront tout au long du XVIe siècle.

Sa polémique contre les astrologues et l'astrologie s'explique dès lors très aisément. Ses Disputationum adversus astrologos libri , qui comptent avec le De dignitate hominis  parmi ses plus célèbres écrits, sont dirigés contre tous ceux qui prétendaient voir dans les signes  de la nature, et notamment dans les astres, des indications concernant le futur et, plus encore, des causes déterminantes de ce futur. Pic ne jouait pas une partie facile, car, pour attaquer l'astrologie qu'on appelait « judiciaire », il ne pouvait s'appuyer sur une base rationnelle ou scientifique indiscutable ; et son assimilation du Christ au vinculum mundi  ou magicien suprême ne lui assurait pas de la part de l'Église (qui d'ailleurs ne s'accommodait pas toujours mal des spéculations astrologiques) un concours spontané. Il considérait, contre les astrologues, que parler d'opérations des astres est un futile bavardage tant qu'on n'a pas déterminé et démontré les moyens techniques de ces opérations. La marche de l'univers et les destinées individuelles ou collectives ne dépendent pas de forces mystérieuses. On l'a vu, l'homme n'est pas soumis à un supradéterminisme aveugle et terrifiant : sa dignité, qui repose sur son libre arbitre et sur sa raison, et la puissance de Dieu, créateur de l'univers et maître de toutes les forces qui le régissent, s'y opposent l'une comme l'autre. Ni les positions des étoiles, ni les « maisons » du ciel qu'ont inventées les astrologues n'ont d'influence causale. « En dehors de l'influence commune de la lumière et du mouvement, proclame-t-il avec force, aucune puissance particulière n'existe dans les cieux. » La voie est ainsi ouverte au cartésianisme.

 

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Les exposants:

Jacqueline MORANDINI (France) peintures,

Sylvana AYMARD (France) peintures,

Alberto VAZQUEZ NAVARETTE (Mexique) peintures,

Heidi FOSLI (Norvège) peintures,

John NIEMAN (Etats-Unis) peintures,

Daniel Mc KINLEY (Etats-Unis) peintures,

Jim PESCOTT (Canada) peintures,

Audrey TRAINI (Canada) peintures,

J.A. FLIGEL (Canada) sculptures,

Sze KING  LAU (Canada) peintures,

Doris SAVARD (Canada) peintures,

Carole SAINT GERMAIN (Canada) peintures,

Cristian SAINZ MARIN (Espagne) peintures.

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Jeux de mots et roucoulements

J'aimerais tant savoir jouer avec les mots,
Dérouter ma raison peu souvent en défaut.
Ô savoir combiner des rimes en drôleries!
Certaines connexions réjouissent l'esprit.

Les doux roucoulements émeuvent et caressent
Mais ne durent longtemps, se modifient et cessent.
Lors l'être délaissé en proie au mal d'amour,
Reste privé d'espoir, sans accès à l'humour.

Si un gros mot lui vient pour marquer son dépit,
Il se peut qu'amusé aussitôt il en rie.
Certes vilain un mot est profitable quand
Il amène un sourire ou un soulagement.

La pensée engendrant un heureux jeu de mots,
Surprend ainsi que fait l'arrivée d'un oiseau.
L'esprit parfois révèle un merveilleux talent.
Le plaisir par les mots peut être succulent.

28 septembre 2009

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administrateur théâtres

Que du beau monde ce dimanche  après-midi à la  première du Barbier de Séville à l'Opéra Royal de Wallonie !  Pas moins de quatre belges dans la distribution ! Avec tout d’abord, la toute  resplendissante et exquise  Jodie Devos dans son premier grand rôle sur  une  scène lyrique européenne, à 27 ans à peine. Soprano Coloratur, elle ne manque pas de nerf et  tient  le rôle de Rosina avec puissance, virtuosité  et  une malice théâtrale incomparable. La mezzo-soprano Alexise Yerna  tient avec immense générosité le rôle drôlissime de Berta, l‘autre  personnage féminin, tout aussi impertinente que Rosine dans  cette œuvre de Rossini. Continuons dans les superlatifs : Figaro, c’est l’illustre baryton  belge Lionel Lhote, aux prouesses vocales remarquables, flanqué d’un apprenti coiffeur  muet mais délirant - une femme poids plume,  d’une inventivité et d’une mobilité scénique soufflantes. Attention, elle fait vraiment le poids, face à l’humpty dumpty hilarant  qui sert de concierge au Dottore Barnabo, Barbaro ou Brabando ? (… on s’y perd !),  le vieillard qui  veut décidément épouser la jeune Rosine!  On retrouve un adorable  Gustavo De Gannaro dans le charmant comte Almaviva, si discret sur son état de fortune et si délicat dans ses états d’âme. L'excellent Laurent Kubla, inénarrablement sérieux et compassé  mais  totalement drôle incarne Basilio, l’inséparable  comparse d’Enrico Maria Marabelli, tout simplement extraordinaire dans le rôle de ce vieux barbon jaloux de Bartolo, voilà, c’était cela, son nom! Ensemble sur scène, ils  forment un curieux binôme explosif qui fait souvent penser à Don Quichotte et Sancho Panza,  hormis le caractère !

12273125064?profile=original Mais c’est surtout l’esprit de la Commedia dell’ arte qui s’invite à chaque instant dans ce Barbier de Séville hilarant, avec quelques anachronismes bien dosés,  du comique de situation et d’action particulièrement efficace et bondissant,  créant des fous rires en cascades chez les spectateurs réjouis par l’allure du spectacle. Par politesse, certains se retiendront, d’autres éclatent de rire sans complexe. La société bourgeoise de l’époque de Rossini en prend pour son grade ! Touché, coulé !   C’est que cette belle ouvrage est  mise en scène avec l' élixir  parfait de l' humour  parodique  par Stefano Mazzonis Di Pralafera, le directeur des lieux. La diction italienne a été jalousement corrigée, et  patiemment mise au point par ses soins! Un mot encore, les sous-titres néerlandais ne manquent pas d’humour, ils vont, paraît-il,  puiser  leur sel dans le phrasé hergéen!

 12273125297?profile=originalLes chœurs, peu nombreux mais très efficaces,   ont  soigneusement peaufiné leur participation sous la très méridionale baguette du jeune chef Perre Iodice, de l’opéra de Marseille.  Celui-ci remplace depuis Ernani, l’ancien  chef de chœur attitré de l’Opéra de Liège Marcel  Semirama, qui s’est retiré de la vie professionnelle après de longues et fructueuses  années de service artistique. Et tout cela avec le  joyeux maestro Guy Van Waas qui participe aux élucubrations tragico-comiques jubialtoires en allant jusqu’à oser jouer Le valeureux Liégeois au clavecin en plein milieu d’une scène!

 Les quatre soirs font  déjà salle comble. C’est une reprise brillante, remaniée avec des gags du jour à haut potentiel désopilant, le tout servi par une qualité musicale très haut de gamme.

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/il-barbiere-di-siviglia/propos-de-loeuvre

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administrateur théâtres

12273135069?profile=originalA star on stage ! Or maybe two ! Le festival de musique coréenne s’est terminé mercredi  14 octobre dans la salle Henry Leboeuf, en accueillant la jeune violoniste Ji Young Lim, première lauréate du Concours Reine Elisabeth 2015 et son jeune partenaire pianiste, coréen lui aussi,  Da Sol Kim. Au programme : l’allégorie  d’une  jeunesse resplendissante et créative, la fraîcheur et la spontanéité alliée à une technique virtuose hors pair. On peut regretter que la salle ne soit pas comble, pour les absents et pour les artistes qui ont donné  toute leur âme,  dans une générosité aveugle. Les spectateurs  auront été  comblés, eux,  par la maturité de jeu, l’équilibre du programme, et l’envol vers une musique authentiquement ressentie qui trouve sa source dans l’élan vers l’infini.

Une progression  dans l’initiation à la passion, depuis le Rondo brillant pour violon et piano en si mineur D895 de Franz Schubert, suivi du Duo pour violon et piano en la majeur D574, en passant par la Sonate pour violon et piano n°2 en la majeur de Johannes Brahms,  pour  aboutir dans  la Fantaisie brillante pour violon et piano op.3 n°3 de Jenö Hubay sur des thèmes de l’opéra Carmen.

Une promenade élégante qui mène de la musique de salon aux  sommets du romantisme hongrois !

12273124254?profile=originalDans le Rondo brillant, la violoniste apparaît comme une personnification des quatre saisons, tour à tour une aurore aux doigts de roses, la stridence de cigales célébrant un été invincible, pour passer à l’abondance mordorée de l’automne et terminer en neige étincelante. Précision, fougue, mouvement perpétuel sous l’archet et sur les planches, la virtuosité est à toute épreuve, avec cette fluidité naturelle qui lui est propre, sans cesse relancée dans le firmament musical par le pianiste qui l’accompagne.  Le Duo révèle toute son élégance teintée d’humour, une grande légèreté et des phrasés délicats. Parmi les effets volcaniques naissent des explosions soudaines de douceur chantante. Après le scherzo bien syncopé, le sentiment est à fleur de trilles et le ton passe  aux  confidences intimes avec le pianiste. Des rythmes  flirtant avec de la valse appellent des touches de candeur dansante, presque mozartienne dans sa pureté et sa générosité solaire. Le Brahms accueille le vagabondage libre et gracieux. Un thème automnal se dessine : valses et rondes de feuilles au gré du vent. On retient son souffle. La fantaisie brillante est jouée sans partitions. Le piano se fait harpe, Carmen toute sensualité dehors, se rit du toréador. Des cascades de  rire et de liberté déferlent sous l’archet et les sonorités himalayennes. Il y aura un  bis, bien sûr : le Banjo and Fiddle de Kroll, pas l’humoriste, on s’en doute ! Un  Adieu piquant et joyeux. On prie pour que cette exquise violoniste garde à jamais toute la fraîcheur de son âme et sa belle connivence avec ses partenaires ! Et l' on remercie  les  organisateurs de ce premier  Festival de musique Coréenne d’avoir invité des artistes  aussi  brillants.  

Korean Cultural Center Brussels
Korean Embassy & Mission to the EU
4, Rue de la Regence, 1000 Brussels, Belgium
Tel: + 32(0)2 274 2988
GSM: +32(0)498 518 998
brussels.korean-culture.org

http://brussels.korean-culture.org/navigator.do?siteCode=null&langCode=null&menuCode=201311210014&promImg=&menuType=BG&subImg=&action=VIEW&seq=61389

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administrateur théâtres

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OPÉRA

LA VESTALE

GASPARE SPONTINI

Alessandro de Marchi & Eric Lacascade

 

 

13, 15, 17, 20, 22 Octobre 2015  20:00

25 Octobre 2015  15:00

 

 Au CIRQUE ROYAL

 

Opéra en trois actes, version française

Livret de Victor-Joseph Etienne de Jouy

Création Salle Montsansier, Paris, 15/12/1807

 

                                                                                         NOUVELLE PRODUCTION

 « Depuis La Vestale, il n’a point été écrit une note qui ne fût volée de mes partitions ! » Gaspare Spontini avait parfaitement conscience du caractère influent de sa partition: il y proposait de nouvelles perspectives pour l’opéra, en imaginant l’ensemble de la partition selon une dramaturgie forte qui déterminait des effets naturalistes, l’orchestration et la forme musicale, et en ouvrant ainsi la voie à des compositeurs d’opéra tels que Rossini, Wagner, Berlioz et Meyerbeer... Ce grand opéra avant la lettre, regorgeant de tableaux spectaculaires sur l’amour interdit d’une vestale pour un général romain, fit aussitôt de Spontini le compositeur le plus important de l’ère napoléonienne. Pour sa première mise en scène d’opéra, le metteur en scène français Éric Lacascade aborde un thème actuel : « Plus que la passion amoureuse, l’enjeu de l’opéra est la libération d’une femme qui s’affranchit du pouvoir religieux. »

 

La vestale est une œuvre à redécouvrir, véritable passerelle entre le baroque et le romantisme. Si l’influence de Gluck se fait sentir dès les premiers accords de l’ouverture comme dans les scènes chorales, superbes, ou les grands récitatifs, l’originalité et le raffinement de l’orchestration de Spontini porte en elle de nombreuses innovations que bien des contemporains et successeurs lui empruntèrent. Berlioz notamment citera souvent l’opéra de Spontini en exemple et Wagner dirigera l’œuvre en 1844.

L’histoire se déroule sur fond de tragédie romaine. Le général Licinius est amoureux d’une jeune prêtresse du temple de Vesta, Julia. Alors qu’ils se jurent fidélité, le feu sacré placé sous la surveillance de Julia, s’éteint. Arrêtée, celle-ci refuse de dénoncer son amant et se voit condamnée à être enterrée vive. Elle sera sauvée par la puissance de l’amour. Un orage divin enveloppe le temple et permet à Licinius d’arracher Julia à sa tombe. Le feu sacré est restauré.

 

L’opéra de Spontini  fut  créé à Bruxelles dès 1810. En 1954, Maria Callas remet le rôle au goût du jour dans une mise en scène mémorable d’un certain Visconti. Mais il faudra encore plus de cinquante ans pour le réentendre à la Monnaie !

 

Le chef d’orchestre italien Alessandro de Marchi que nous n’avons pas eu l’occasion d’entendre depuis plusieurs saisons, viendra diriger l’Orchestre symphonique de la Monnaie pour cette nouvelle production qui sera présentée au Cirque Royal  du 13 au 25 octobre 2015. On y retrouvera également les Chœurs de la Monnaie dirigés par le chef Martino Faggiani et la MM Academy préparée par Benoît Giaux.

La mise en scène, confiée au français Eric Lacascade,  a été créée en 2013 au Théâtre des Champs-Elysées à Paris et a, depuis le début, été mise en place en vue de la présenter au Cirque Royal de Bruxelles. Issu du monde du théâtre, le metteur en scène français Eric Lacascade fait ici ses premiers pas à l’opéra. Il nous propose une version détachée de tout historicisme comme de toute transposition contemporaine. Le dispositif scénique est simple, un plateau nu brûlé par le soleil ou plongé dans la pénombre, quelques meubles. Eric Lacascade utilise une certaine stylisation dans le décor et le jeu des chanteurs pour dégager les traits psychologiques des personnages tout en se tenant au plus près de la musique de Spontini. Il voit dans l’ouvrage de Spontini un drame intemporel et définit ainsi le personnage principal : « Julia,  femme victime, femme guerrière, femme révoltée, femme insoumise, révélée à elle-même par l'amour passion. La puissance de cette passion, la puissance de cette femme enflammée dépasse de loin toute époque. Soumise à un rituel ancestral dans lequel la femme est au service de Dieu et de l'homme, elle ose choisir la singularité de son amour, contre la loi divine, contre la loi de la cité. » Il ajoute que c’est également la « présence du peuple, peuple de vestales, de prêtres, de guerriers, de citoyens, foule bigarrée et mélangée, toujours au bord de l'explosion qui fait aussi la puissance de l'œuvre. »

La Monnaie - La Vestale

 Photo © Chad Ress / Gallery Stock

 
Titre jadis incontournable du répertoire bruxellois, La Vestale de Spontini n’a pas été donné ces dernières décennies. Nous vous présenterons la version française de cette tragédie lyrique, une oeuvre que l’on peut considérer comme annonciatrice du grand opéra. Le metteur en scène de théâtre français éric Lacascade, connu pour ses adaptations de Molière, Kleist et Shakespeare, proposera ici sa première mise en scène à l’opéra, déjà donnée au Théâtre des Champs-Élysées à Paris en coproduction avec la Monnaie. Il adaptera sa production à l’espace du Cirque Royal, où il sera rejoint par le chef d’orchestre Alessandro De Marchi.   Peter de Caluwe

 


La distribution réunit des artistes invités régulièrement sur la scène bruxelloise, Yann Beuron, Sylvie Brunet-Grupposo, Julien Dran et Jean Teitgen. Pour ses débuts pour la Monnaie, la soprano franco-canadienne Alexandra Deshorties interprétera le rôle de Julia.


Le ténor français Yann Beuron qui créa en 2014 le rôle du mari de la sœur ainée dans Au monde de Philippe Boesmans, interprètera pour la première fois le rôle de Licinius, l’amant de la vestale. La mezzo-soprano française d’origine sicilienne Sylvie Brunet-Grupposo incarnera la Grande Vestale. Elle avait impressionné le public et la critique pour ses débuts dans le rôle d’Azucena (Il Trovatore) en 2012 et dans la reine Gertrude (Hamlet, Verdi) en 2014. Dans le rôle de Cinna, nous retrouverons le jeune ténor français Julien Dran, découvert à la Monnaie avec le personnage d’Edmondo dans Manon Lescaut (Puccini) en 2013, et, dans le rôle du Souverain Pontife, la basse française Jean Teitgen,.

Coproduction La Monnaie / De Munt, Théâtre des Champs-Élysées
Avec le soutien de SWIFT

Réservation en ligne ICI

CALENDRIER et tickets: http://cirque-royal.org/?

gclid=CjwKEAjw1riwBRD61db6xtWTvTESJACoQ04QIvV5xD1WDEVqDXrl1VU7KZn26akA5juepBocDpxdZRoCGNfw_wcB

 

La Monnaie

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/568/La-Vestale

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administrateur théâtres

12273128085?profile=originalHistoire vraie d’un artiste français qui adora La Vestale jusqu'à s'aller tuer pour elle, d'un balle dans la tête! Berlioz raconte: « On doit donner encore la Vestale... que je l’entende une seconde fois !.... Quelle œuvre !... comme l’amour y est peint !... et le fanatisme ! Tous ses prêtres-dogues, aboyant sur leur malheureuse victime... Quels accords dans ce finale de géant !... Quelle mélodie jusque dans les récitatifs !... Quel orchestre !... Il se meut si majestueusement... les basses ondulent comme les flots de l’Océan. Les instruments sont des acteurs dont la langue est aussi expressive que celle qui se parle sur la scène. Dérivis a été superbe dans son récitatif du second acte ; c’était le Jupiter tonnant. Madame Branchu, dans l’air : Impitoyables dieux !, m’a brisé la poitrine ; j’ai failli me trouver mal. Cette femme est le génie incarné de la tragédie lyrique ; elle me réconcilierait avec son sexe. Oh oui ! Je la verrai encore une fois, une fois... cette Vestale... production surhumaine, qui ne pouvait naître que dans un siècle de miracles comme celui de Napoléon. Je concentrerai dans trois heures toute la vitalité de vingt ans d’existence... après quoi... j’irai... ruminer mon bonheur dans l’éternité. » C’est dire si à l’époque (1807), La Vestale de Gaspare Spontini avait ravagé les cœurs!

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On la retrouve en 2015 au Cirque Royal de Bruxelles, un endroit de choix pour monter  cette œuvre méconnue dont on ne se souvient que chantée en italien par La  Callas. L’Orchestre de la Monnaie dirigé par Alessandro De Marchi œuvre à découvert, aux yeux du public dans  une  moitié de l’arène tandis que l’action se déroule en surplomb, dans l’autre moitié du cercle. Les costumes de Marguerite Bordat font plus penser  à L’Antigone de Jean Anouilh qu’au théâtre antique. La mise en scène, signée Eric Lacascade et montée l'année dernière au théâtre des Champs Elysées à Paris, est très stylisée. Epurée et classique à la fois, elle donne le ton d’un drame intemporel.

Comme dans « Les pêcheurs de perles », on retrouve l’amour en butte à la  bigoterie religieuse, le thème du bouc émissaire, mais aussi la  brûlante liberté d’esprit de la victime expiatoire.  Deux thèses en présence: « Le salut exige une victime» s’oppose à un autre camp «  Le salut des états ne demande pas de crime », c'est celui des  jeunes vestales (La Choraline, direction Benoît Giaux). On est glacé par la scène de lynchage qui s’apparente aux scènes insoutenables vécues au sortir de la deuxième guerre mondiale par ces femmes tondues, honnies et  persécutées avec hargne. On respire d’aise  et de bonheur à la fin du drame comme dans « La Clémence de Titus » que présentait La Monnaie la saison dernière.   On ressortira du spectacle avec une certaine exaltation devant  l’homogénéité de la représentation et  la poésie du texte transmise avec une très belle diction, que ce soient les chœurs ou les solistes qui mettent en valeur  la beauté  lyrique  lumineuse de l’œuvre.

12273127460?profile=originalPureté du jeu, pureté du feu,  un flambeau d’amour renaît des cendres de la haine. Le feu symbolise la régénération et la purification, par l’amour et la lumière. Alexandra Deshorties est excellente  dans le rôle de Julia et brille de noblesse naturelle. Son jeu impressionne par la vérité de ses gestes. La tessiture de la voix plonge dans les registres inférieurs de la tragédie désespérée et fuse dans les registres supérieurs du bonheur et de la tendresse charmante et juvénile. La finesse de son, loin d’être un reproche, est au diapason de la pureté des sentiments et de la pureté de la voix. On se sent à la fois envahi par l’innocence, l’illumination palpitante du désir et la rage du désespoir, deux forces qui peuvent changer le monde.

Yann Beuron,  dans le rôle de Licinus a des tempos justes et chaleureux, des phrasés éloquents, une puissance romaine naturelle  dépouillée de toute mièvrerie, une ardeur de guerrier et d’amant passionné. Il célèbre également la vraie amitié et l’amour vrai qu’il éprouve pour sa Julia : « Je vis pour défendre ses jours ! »  Il s’offre héroïquement  pour la sauver tandis qu’elle a choisi de crier en  vestale de l’amour, sa liberté dernière : celle de marcher avec fierté vers la mort et de taire le nom de celui qu’elle aime. De bouc émissaire elle devient martyre glorieuse.   Leurs duos sonnent juste et touchent  les coeurs.    La voix rayonnante du pontife (Jean Teitgen) domine,  impressionne, mais n’arrive jamais à réduire l’innocence de l’amour au silence. Il s’entoure d’une  hypocrite escadre de soutanes noires parées de longues chevelures suant la jouissance de l’anathème et s’alliant les odieux mouvements de  la foule versatile. C’est voulu et  lourd de propos.

DSC_1684press.jpg?width=750 Chargée du rôle de la grande Prêtresse, la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo est  auguste et très crédible, n’hésitant pas à laisser fondre son cœur de mère dans un duo déchirant avant que Julia ne soit enterrée vivante. Sur scène, quelques bancs, ou  longues tables mouvantes, et au centre le siège du feu sacré dans une cage qui sera celle de l’héroïne, entouré de jeunes vestales exquises vêtues de cheveux de feu et de robes blanches. La plus jeune a à peine 19 ans.  Les mouvements fascinants et le lyrisme des chœurs très nombreux utilisent plus que leur espace scénique, ils jouent d’une certaine proximité avec le spectateur, de quoi les clouer dans l’émotion.  

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Une œuvre sans aucune lenteur, des rythmes enflammés, du désespoir palpable, la flamme immortelle de l’amour omniprésente,  le tout serti dans un très beau travail de chœurs (Martino Faggiani), ne fait que contribuer à l’allégresse qui naît lorsqu'une performance est reçue  comme un cadeau.

Crédit Photos: © Clärchen und Mattias Baus 

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/

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Le petit garçon JGobert

Dans les bras de son père, un petit garçon aux yeux de khôl regarde avec intérêt et une grande inquiétude un grand homme blanc. Celui-ci est planté devant lui, appareil photo en main. Il gesticule dans tous les sens pour prendre des clichés. Il est arrivé depuis quelques jours dans ce pays pittoresque, captivant où s’interposent, se mêlent richesse et pauvreté. Ce forçat des temps modernes avale les kilomètres de ville en ville. Un circuit élaboré le conduit de Palais en Palais sous un soleil de plomb.

Les yeux de l'enfant se sont emplis de larmes. Une peur soudaine, subite, venue des abysses de sa vie naissante, le secoue, l’agite. Petit homme, c’est la première fois qu’il voit de près un humain différent des siens.

Le grand homme blanc, surpris, étonné, dans l'embarras devant les larmes de ce petit enfant, redevient en une seconde, le petit gamin vulnérable qu'il était. Ses souvenirs l’envahissent, le prennent et le rendent  fragile un instant.

Une rencontre, inopinée au centre de cette cité historique, profonde de sens où deux mondes se font face dans un cadre inhabituel, donne à cette situation un caractère exceptionnel.
L'homme bafouille  d
oucement des mots dans son langage étranger et touche de ses mains malhabiles le visage mouillé de l'enfant attristé. Il l'embrasse avec douceur, d'une bonté dissimulée voulant lui offrir tous les trésors du monde. Il essaie de le réconforter avec des mots vides que l'enfant ne comprend pas. L’enfant l’évite de son regard noir.
Autour de lui, le souffle court, les autres touristes, vivent cette scène avec émotion, s’attendrissent, s’émeuvent aussi.

L'enfant, toujours accroché  à son père, se tourne, pivote et sourit enfin.
Le joli minois couleur de miel s'éclaire, s’illumine dans la lumière et la chaleur accablante. Il reprend le chemin de sa jeune vie.  D’un geste amical, un sourire esquissé, il salue l’étranger avant de disparaître.

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administrateur théâtres

12273124082?profile=original12273124480?profile=original We have  the pleasure to announce…

Samedi soir, au Musée de la Bande Dessinée à Bruxelles s’ouvrait  avec Bach et Liszt le tout nouveau Festival ARTONOV. La pianiste Béatrice Berrut, habillée par l'étoile montante de la mode belge Gioia Seghers, attaquait de façon décidée les 5 préludes pour chorals d’orgue pour piano, Cahier 1 de Bach/ Ferrucio Busoni. Au programme encore : La Chaconne BWV 1004 puis les Consolations S172 de Franz Liszt 

12273124669?profile=originalBéatrice Berrut, puissante magicienne, est une force du temps présent qui se fait l’interprète d’une nouvelle esthétique musicale rêvée, par Ferrucio Busoni, il y a 100 ans! Elle désire toucher, atteindre, comprendre l’inconnu !

 Was sucht Ihr? Sagt! Und was erwartet Ihr?“
„Ich weiß es nicht; ich will das Unbekannte!
Was mir bekannt, ist unbegrenzt. Ich will
darüber noch. Mir fehlt das letzte Wort.“
„Der mächtige Zauberer

 Gioia Seghers* la créatrice de mode, se charge  du tableau vivant, une sorte d’horloge faite de femmes dans une palette blanche ou  noire. Jambes et pieds nus,  les filles  sont sans maquillage, quelques-unes en chapeaux… Les tenues font penser à des kimonos réinventés, des drapés fluides et décalés. La cérémonie s’infiltre entre les pauses des différents mouvements musicaux. Regards tournés vers l’intérieur ou vers l’infini.  Touches noires et touches blanches  glissant entre les spectateurs, elles forment un contraste de zénitude raffinée qui exhauste la musique passionnée de Béatrice Berrut**. Musicienne dans des atours de femme fatale 1925, elle aurait fait tourner la tête à Gatsby le Magnifique. Elle a la grâce d’une divine  ballerine classique penchée sur un clavier, à la recherche des questions universelles.

 

Une prestation impressionnante, un assaut du ciel,  une subtile et poignante interprétation où se chevauchent la force vitale et le raffinement. Méditations, souffrance, rythmes brûlants, une frappe précise et dynamique, une variété de ralentis, des couleurs sur fond noir et blanc, un cœur révolté et bouillant d’insoumission. Cela déferle.  Sa colère n’est jamais complètement liquidée. Elle (…la colère ?  ou elle, …la pianiste?) se fait vague créatrice,  à la rencontre de consolations musicales  furtives, pour revenir encore et encore, toujours plus insistante et plus  tragique! Quelle est cette innovante  plaidoirie mystérieuse pour l’avènement d’un monde qui change ?   Quelle est cette puissance musicale, qui met à nu les sentiments, souligne les fiévreux accès de désespoir, et les délicats rêves de pureté ? La dernière note de la Ballade N°1 de Liszt est un point d’interrogation vivant!

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Festival ARTONOV, festival innovant cœur nouveau de l’Art Nouveau

http://festival-artonov.eu/

On ne pouvait pas mieux débuter ce nouveau festival qui  joue sur les correspondances entre les diverses expressions artistiques. Gommer les frontières : dans des petits lieux d’exception mis à portée de tous, les arts plastiques, l’architecture, la poésie, vont servir d’écrin à l’art de la musique, langage sacré universel, Wunderkind de l’humanité, seul capable de transcender le temps. En ce nouveau début de siècle, nous souhaitons au festival naissant, et à son directeur, Vincenzo Casale***, musicien avant tout, l’ivresse de la transmission et du partage par-delà  toutes frontières,  et le bonheur d’un public accueillant, fidèle et enthousiaste. Dans le fracas de notre monde tel qu’il nous agresse quotidiennement, nous avons grandement besoin  de  nouveaux paysages vivants  de culture européenne et de paix !

1493_abc_vincence_casale_c_ivan_put.jpg(© Ivan Put)

http://www.agendamagazine.be/en/blog/abc-vincenzo-casale

 

http://gioiaseghers.tumblr.com/

**  http://www.beatriceberrut.com/

***  http://www.vincenzo-casale.com/ 

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Depuis plus d'un an et demi, Adyne Gohy et Raymond Martin ont entrepris sur le réseau Arts et Lettres un splendide dialogue entre quelques-unes de leurs créations picturales et poétiques.

Ce partenariat exceptionnel peut se consulter en suivant le lien suivant:

Tous les billets étiquetés « Adyne Gohy-Raymond Martin »

D'autres partenariats semblables sont dans les cartons de ces deux artistes. 

Ils seront munis de la balise  Adyne Gohy-Raymond Martin qui accompagnera chacune des prochaines réalisations. Ce sera en cliquant sur cette balise que vous pourrez suivre dans le futur le résumé d'ensemble de cette extraordinaire aventure.

Robert Paul

Fondateur du réseau Arts et Lettres 

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Mais où se cache la Barbe Bleue?

Plasticienne, peintre, manipulatrice d’objets. Je “raconte” également mes œuvres. Mon dernier projet: “Où se cache la Barbe Bleue”, allie tout cela à la fois ;-).
Entre installation et tableau vivant. Un moment de poésie sur un air d'opéra.
Voici les deux prochaines dates : 
Les enfants du livre
Jemappes le samedi 17/10/15 à 11h, 14h et 15h.
 
Festival le conte est bon
Anderlecht le dimanche 18/10/15 à 15h
Salle Thomas Owen – Gratuit – Durée : 35 min
Infos et réservations souhaitées à l’Accueil de l’Espace Maurice Carême ou par téléphone au 02/526.83.30
 
Ce projet artistique est une vision personnelle d’un sujet d’actualité; l’enfermement de la femme.
Pourquoi Barbe Bleue? Où est passé l'instinct des femmes? Quant est-il de cette curiosité féminine? Quant est-il de l'enfermement des femmes?
Voilà les quelques questions que je soulève dans ce projet .
L’esthétique générale est celle du cabinet de curiosité. Toutes les peintures et collages sont de moi.
 
Dans l’installation extérieure, j’ai d’une part mis en avant les statistiques issues du film “Rising Girl” et d’autre part des définitions du mot femme dans les dictionnaires, des accumulations d’objets, ..
Une comédienne accueille les visiteurs et les invite à trinquer pour son mariage avec Barbe Bleue.
Dans l’installation intérieure, les visiteurs rentrent dans la pièce interdite et découvre un tableau vivant . Doucement ce tableau s’anime et montre le parcours d’une des femmes de Barbe Bleue.
 
  
Dan le lien ci dessous, vous trouverez quelques informations complémentaires.
et ci joint le dossier pédagogique.
 
 
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POURQUOI PAS?

 Un vrai coup de pied dans petit bonheur

Dans jour trop bleu, dans grand malheur!

Un éclat de rire comme un sanglot...

Et oui, un jour ça fait bobo!

Un coup de désir d'avoir envie...

De donner du sens à la vie

Un éclat de colère pour ceux-là

Qui tirent nos pensées vers le bas!

La vie, la mort, ça va, ça vient

Dans un sourire défier le destin!

Et l'idée de génie dans l'instant

Simplement ignorer le temps...

J.G.

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CHRISTIAN KUBALA OU LA FORME DU REVE

CHRISTIAN KUBALA OU LA FORME DU REVE

Du 30 – 09 au 18 – 10 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) vous propose une exposition consacrée à l’œuvre de Monsieur CHRISTIAN KUBALA, un excellent peintre français, intitulée : INVITATION A LA REVERIE.

CHRISTIAN KUBALA décline son œuvre dans un style expressionniste lequel est exclusivement centré sur la couleur comme assise de la forme.

En fait, même si le dessin se perçoit dans le trait servant à créer le volume, c’est la couleur qui règne en maîtresse, à un point tel que le visiteur pourrait, erronément, s’imaginer que la finalité de l’artiste serait de supplanter définitivement la forme. En réalité, la fonction du chromatisme est celle de renforcer l’impact visuel qu’elle laisse sur l’espace de la toile.

Bien que, personnellement, nous ayons horreur de ce terme, c’est, notamment, dans la « nature morte » que l’artiste laisse apparaître le mieux les aspects les plus vitaux de son style.

FLEURS ET CERAMIQUES (76 x 65 cm – huile sur toile)

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nous offre un mariage chromatique unissant la matière à l’élément floral. Fleurs et céramiques se confondent par le biais de notes vivaces, créant une symbiose à l’intérieur même de la forme. Cette forme se définissant exclusivement par la couleur offre des contrastes tendres, lesquels ne s’entrechoquent nullement. Fleurs et céramiques reposent sur le bord de la table, laquelle, malgré le dessin qui la définit dans le trait, constitue à elle seule, une plage de couleur que le regard appréhende comme forme. Les fleurs consistent dans leurs pétales, à peine esquissés. Des traits horizontaux les fixent dans un chromatisme jaune et rouge vifs. La matière définissant la céramique ne se distingue en rien de l’arrière-plan, lequel est constitué de rouge vif, de brun-clair, de vert avec quelques touches de bleu.

En réalité, tout est une question d’arrière-plan ou plus exactement, dans la manière de fondre le sujet dans celui-ci. Observons une composition similaire, à savoir CERAMIQUES ET POIRE (49 x 57 cm – huile sur toile).

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La matière soulignant la céramique est présente dans toute sa chair. Il en va de même pour la poire, posée en oblique sur la base de la coupe.

La présence de cette matière s’explique par rapport au rôle joué par l’arrière-plan, lequel représente une vue dominée par la nature lointaine, exprimée à la fois par une étendue d’herbe, dans la partie centrale de la toile, culminant avec une série d’arbres dans la partie supérieure, baignés par une haute note jaune-foncé, évoquant la lumière du soleil.

Il s’agit d’une œuvre hautement structurée, en ce sens qu’elle se compose de trois plans :

1) le rebord de la fenêtre, la rattachant à la base de la toile.

2) les céramiques avec la poire, comprises dans la végétation.

3) la strie d’arbres, elle-même « soulignée » en un seul plan à partir du bord de la coupe et du goulet du vase.

FLEURS ET CERAMIQUES (mentionné plus haut), au contraire, se distingue de l’œuvre précédente par un arrière-plan nu dont le chromatisme englobe, presque en les dématérialisant, les céramiques.

Bien que les deux sujets reposent sur un support, la finalité n’est pas la même, étant donné que CERAMIQUES AVEC POIRE (mentionné plus haut) exprime la matérialité des céramiques dans une mise en perspective avec la nature, dont le chromatisme habille, tout en retenue, l’espace scénique de couleurs tendres. FLEURS ET CERAMIQUES, lui, exprime la beauté des fleurs dans une symphonie de couleurs, alliant matière et arrière-plan dans une même unité.

On peut se demander, au premier regard, si ONDINES (43 x 54 cm – huile sur toile)

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participe également de la « nature morte » représentant des poissons. En fait, il n’en est rien. Car le sujet se faufile dans un jeu directionnel se déroulant dans l’eau. L’ensemble évoluant à l’intérieur d’une uniformité chromatique, constituée d’une unité entre le brun et le bleu, en légers dégradés.

L’expressionnisme de CHRISTIAN KUBALA donne le sentiment d’aspirer la matière en l’élaguant dans un tourbillon créé par le pinceau, particulièrement dans le paysage labouré qu’offre LA CLAIRIERE (71 x 85 cm – huile sur toile).

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Dans cette œuvre, la dimension expressionniste atteint des proportions abyssales, en ce sens qu’elle transcende la vérité de la nature, notamment, dans la réalisation des cimes des arbres, conçues comme des nuages, ainsi que les troncs dont certains sont « irradiés » d’un rouge fauve.

La force de cette œuvre s’accomplit dans la coexistence d’un chromatisme de nature différente, s’exprimant dans une unité à consonance brune, de laquelle se dégage une quantité de couleurs à l’origine de la forme, dans la conception d’en ensemble narratif.

Comment interroger un rêve ? Par la symbolique ? Par le biais du vécu individuel ? A trois quarts envahi par un bleu en dégradés, LE REVE BLEU (78 x 93 cm – huile sur toile)

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allie un figuratif à peine ébauché, confiné dans l’onirisme, avec un chromatisme tout en ondulations, laissant l’imaginaire du visiteur dériver au fil du rêve. C’est à ce stade qu’intervient l’abstrait comme assise d’un expressionnisme devant aller au-delà de son simple discours pictural.

Ici aussi, mais de manière fort discrète, l’œuvre se structure en trois plans :

1) une étendue de bleu, entrecoupée d’une trainée noire parsemée de jaune, occupe la moitié de l’espace.

2) des formes imprécises conçues par des notes noires et blanches.

3) un arrière-plan tenu dans un flou dominé par une écriture abstraite avec quelques vagues résurgences géométriques, subtilement esquissées, à la couleur noire.

La forme, nous l’avons vu, est capitale pour l’artiste mais elle ne peut être qu’imprécise pour que celle-ci devienne une clé offerte au visiteur, afin qu’elle puisse renfermer en elle tout le mystère menant au dévoilement de l’œuvre. La couleur, elle, existe pour affirmer le ressenti ainsi que le sentiment le plus profond de l’artiste. Celui-ci va même jusqu’à évoquer le chaud et le froid dans la gamme des sentiments.

L’artiste, qui a fréquenté les Beaux Arts de Saint-Omer sur le tard, a une formation de dessinateur industriel. Il a, néanmoins, beaucoup travaillé la peinture sur chevalet en tant qu’autodidacte. Cette immersion première dans le dessin industriel lui a été extrêmement bénéfique, puisque c’est grâce à la précision que cela requiert que les perspectives n’ont pour lui plus aucun secret.

Il a, d’ailleurs, débuté par le trompe-l’œil avant d’arriver à son style actuel. Son expressionnisme est, néanmoins, nourri d’une note d’abstrait avec laquelle il jongle, passant de l’un à l’autre comme dans LE REVE BLEU (mentionné plus haut).

Il nous avoue, d’ailleurs, sans le moindre détour, qu’il peint à la façon d’un Alain Bashung, en ce sens que ce que l’artiste aime par-dessus tout concernant le chanteur disparu, c’est qu’il jouait avec les mots, en ce sens que ceux-ci prennent un tout autre sens, une fois la phrase terminée : le mot signifie autre chose. D’ailleurs, l’artiste peint en musique. Et ses goûts musicaux sont très éclectiques. Alliant le côté slave de sa mère (provenant du nord de la Pologne) avec la culture française, il est tout aussi à l’aise avec le sentiment bohème d’un Dvorak qu’avec la poésie et la rêverie de la musique populaire française. Il débute toujours sa toile avec l’acrylique, ce qui lui permet de la laisser pendant un certain temps, pour la reprendre par la suite, et la terminer à l’huile. Il voue une grande admiration à Cézanne ainsi qu’à Van Gogh, dont on retrouve l’influence dans la façon dont il traite les fleurs, tant dans le trait que dans le symbolique de la couleur, comme il le prouve dans FLEURS ET CERAMIQUES (mentionné plus haut).

L’expressionnisme de CHRISTIAN KUBALA s’inscrit dans une écriture associant une ébauche de départ que l’on peut considérer comme un ectoplasme autour duquel la couleur se fait chair, jusqu’à l’aboutissement de la forme, laquelle, même si elle a toujours été l’expression d’un signifié tout au long des cultures et des siècles, trouve dans notre lecture contemporaine, tributaire de l’histoire de la pensée, une échappatoire absolue à toute forme de codification.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts

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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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François Speranza et Christian Kubala: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

(30 septembre 2015 - Photo Robert Paul)

                  

                        

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Exposition Christian Kubala à l'Espace Art Gallery en septembre 2015 - Photo Espace Art Gallery

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Pour vous faire part de ma dernière expérience mêlant état de flow et croquis aquarelle menant vers une pratique artistique hors des sentiers battus, je dirai que qui ne m’a pas suivi jusqu'ici risque d’être désorienté en tombant sur ce dernier article où je communique un nouveau résultat de mes expériences de « flow » appliquées à une forme d’aquarelle de circonstance.

Pourtant, dans l’article précédent et celui encore d’avant j’avais soulevé l’hypothèse d’une possibilité de « créativité augmentée » provoquée par les états euphorisants liés à la pratique sportive « engagée » en terrain d’aventure, à travers l’escalade de cette voie nord-est de la Tête de braque dans le massif du Caroux.

 

Si vous regardez ma vidéo jusqu’au bout (regardez-là directement sur Dailymotion, la voir en tout petit lui enlève complètement son atmosphère), si vous me suivez vraiment dans cette escalade et que vous la viviez comme si vous y étiez, vous entrerez vous aussi au cœur de cette expérience en comprenant combien sa première phase (celle de l’action dans l’escalade) est importante puisque c’est elle qui conditionne la réussite de la seconde : le croquis aquarellé.

 

Il faut dire que ces expériences vont pour moi bien plus loin qu’une simple aventure à épisodes se terminant par une petite aquarelle : elles révèlent la possibilité d’une « créativité augmentée » accessible par autre chose que les pistes déjà explorées, laissant selon ma propre expérience « loin derrière » toutes les autres formes de préparation à l’expression picturale où d’optimisation créative déjà efficace que je connais (pour en avoir pratiqué bon nombre dont le brainstorming, les techniques associatives telles que le Mind Mapping, la Mind Map, analogiques d’Edward de Bono, les aléatoires, ou les méthodes SCAMMPERR la plupart utilisées lorsque j’étais créateur de modèle en bureau d’étude entreprise, et celles dites de « pleine conscience » associée à des moyens de relaxation, de méditation, scénarios de visualisation active, ou passive comme dans l'exploitation du « cerveau droit », la « pensée latérale », etc.).

Ma démarche à travers mes « expériences » actuelles pourrait peut-être évoquer les principes de la méthode C-K (C pour concept – K pour knowledge) où tout raisonnement innovant se construit simultanément sur deux espaces de pensée qui obéissent à des logiques différentes : un espace de concepts (C) et un espace de connaissances (K), et dans lequel c’est l’expansion conjointe de ces deux espaces qui induit la génération d’éléments inconnus à partir de faits connus.

On peut penser à cela si on met en parallèle l’acte sportif et l’acte pictural, chacun d’eux confrontant ses découvertes, concepts et connaissances propres à ceux de l’autre...

Mais ce que je vis dans les phases d’implication sportive en terrain d’aventure se rapprochant le plus des états de « flow » de « niveau 4 » (le plus élevé) est tout autre, car il s’agit d’une immersion dans un champ de conscience modifié où de nombreuses distorsions impliquent une perception du monde différente, où le temps n’existe plus, où la conscience de soi disparaît, où celle des difficultés reste pourtant très lucide, apportant une réponse immédiate, maîtrisée (presque « automatisée ») aux problèmes soulevés par ces difficultés, dans une sensation de contrôle de soi et de l’environnement tout à fait étonnante. La concentration et l’attention sont extrêmes, mais sans stress, ni effort, ni conflit d’aucune sorte.

Mais ce n’est pas tout : le sentiment de réussite dans lequel on est plongé s’affirme comme une certitude absolue doublée d’une immense jubilation, les objectifs à atteindre paraissant d’une accessibilité incroyablement facile.

Dans l’expérience qui nous concerne ici, je réalise donc l’aquarelle en conditions environnementales plutôt difficiles encore sous l’influence du « flow » sportif tout proche (appelé aussi « expérience optimale », celle-ci n’étant pas seulement l’apanage des sportifs de haut niveau), mais elle a été faite si rapidement et avec une telle facilité, que je suis bien obligé de constater que même dans le cas où ma créativité n’aurait pas été « augmentée » à ce moment-là (à vérifier par d’autres expériences), les idées d’atmosphère, de composition, d’interprétation et de finalisation tant graphiques que couleur étaient formulées avant même que le motif soit commencé : il est incontestable que je bénéficiais de dispositions mentales « améliorées » même si le contexte environnemental pouvait laisser supposer le contraire.

Étrangement, je ne considérais pas les contraintes techniques comme handicapantes (déséquilibre permanent dans un vent violent, travail précaire, séchage trop rapide de l’aquarelle, etc.), les défauts en résultant (cernes et auréoles) me paraissant au contraire être des « atouts visuels » pour mieux éterniser l’instant présent celui-ci étant bien plus important que le résultat obtenu (nous sommes là bien loin des critères de la bienséance « artistico – esthétique » dictée par les salons à la mode dans laquelle la dimension autotélique disparaît complètement) !

 

Aquarelle et expérience de flow à la Tête de braque (3e et 4e longueurs)

Je reviendrai plus tard sur l’équilibre subtil entre objectif et moyens, défi et compétence, mais je sais après cette expérience (pourtant très courte) que le sentiment d’immense satisfaction et de bien-être que j’en ai retiré ne vient pas spécialement de la qualité du travail réalisé ni de sa dimension, mais bien de l’acte pictural lui-même indissociable de l’action dans laquelle il était inclus.

Dans les premiers constats que je fais à propos de ce test, je note l’importance de l’ambiance « terrain d’aventure », de l’environnement « pleine nature », de mon entière implication, physique, psychique et mentale par rapport à un objectif à atteindre déterminé comme facteurs de réussite dans le déclenchement des processus de « flow ».

Mais ces éléments auraient probablement été insuffisants si mes compagnons de cordée n’avaient pas été là : le facteur humain né de l’échange et du partage, l’osmose avec autrui dans des conditions hors contexte du quotidien, l’interdépendance avec ses semblables, sont donc ici des éléments déterminants dans le sentiment d’accomplissement, de plénitude et de réussite de « l’expérience créative optimale ».

Ce que j’espère aborder à l’avenir c’est une étude circonstanciée de la dimension autotélique de ces expériences afin d’améliorer nos aptitudes à la création artistique sous toutes leurs formes en les rendant reproductibles à volonté, et accessibles à qui que ce soit.

Vaste chantier où nombre de problèmes sont à résoudre et quantité de contradictions à surmonter, mais « le jeu en vaut la chandelle », en tout cas en ce qui me concerne je ressens bien au-delà de leur durée intrinsèque les effets positifs de mes « expériences » !

En attendant, nous verrons dans le prochain article les enseignements que j’en retirerai, et quel motif j’ai réalisé à partir du splendide paysage composé par le sommet des trois principales aiguilles dominant les Gorges d’Éric au Caroux, toujours sous l’emprise de la « conscience augmentée » dans la dernière partie de l’ascension de l’arête NE de la Tête de braque (un motif beaucoup plus proche d'un « sentiment de la vie » que d'une beauté idéalisée de ce paysage, c'est peut-être dans cette différence que se cache la puissance de la « conscience augmentée »)...

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administrateur théâtres

12273124254?profile=originalLa    ¡¡¡ C O R E E ¡¡¡    à l’honneur en Belgique! Le festival se termine le 14 octobre, au Palais des Beaux-arts de Bruxelles! 

 

 Le Centre Culturel Coréen de Bruxelles organise en collaboration avec BOZAR le 1er Festival de Musique Coréenne du 23 septembre au 14 octobre. Entre Bruxelles (BOZAR et Ancienne Belgique) et Anvers (Amuz),  sept concerts invitent à découvrir quelques-unes des multiples facettes musicales de la Corée, partie intégrante de la culture coréenne.  Invitation à embarquer pour un périple musical dans une contrée lointaine aux sons aussi étonnants qu’envoûtants.

 

Le  thème du Festival, Echo & Création, évoque cet aller-retour permanent, métissage assumé entre tradition et modernité :

 

Tradition : AHN Sook-sun, figure emblématique du pansori, l’art traditionnel coréen du récit chanté, est l’invitée d’honneur du Festival.

Nouvelle tradition : Une nouvelle génération d’artistes, comme Geomungo Factory et SU:M, font résonner les sons d’instruments traditionnels au rythme de leurs créations modernes.

Classique : Deux invités de marque, le grand pianiste Kun-woo Paik et la violoniste Ji-young Lim, récente lauréate du Concours Reine Elisabeth, nous plongent au coeur de la musique classique.

Contemporain : De l’Indie pop à l’Electro, la Corée montre son effervescence avec Sunwoo JungA et Sioen, à mille lieues du célèbre Gangnam Style.

 

La musique en Corée, hier et aujourd’hui : La musique traditionnelle coréenne, appelée Gugak, illustre les épisodes douloureux de l’histoire du pays. Une histoire marquée par un fort sentiment de tristesse lié à la séparation du Nord et du Sud. Dès le VIIe siècle la pratique musicale se divise en deux courants : la musique de Cour et la musique folklorique.

 

À la Cour royale, le Gugak est utilisé lors de rituels, cérémonies, services religieux et autres événements importants. Dansé et chanté, il fait l’éloge des rois du passé. Lors des événements officiels, son format strict prend le pas sur le contenu. Le jeu des instruments peut alors prendre la tournure de simple démonstration symbolique.


À cette musique du pouvoir répond celle du peuple, la musique folklorique dont le Pansori est l’un des fiers représentants. Il s’agit d’une chanson narrative traditionnelle souvent associée { l’opéra pour le caractère épique de ses récits. Classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO, cet art du peuple a ensuite été adopté par l’aristocratie. Les histoires bien que jalonnées d’épisodes douloureux, présentent en général une issue heureuse. Le chant du Pansori est très expressif, son discours stylisé est servi par des gestes et des mimiques marquées. Traditionnellement une vocaliste est accompagnée d’un percussionniste.


En Corée, la chanson folklorique, littéralement chanson du peuple, s’inspire de la vie quotidienne. Elle accompagne travaux aux champs et aux rizières, crie le départ de l’être aimé, exorcise les petits et grands soucis de la vie. On y retrouve l’émotion douce et amère des coréens. L’Arirang, chanson utilisée comme symbole de la Corée et de sa culture, représente la quintessence des chansons populaires. Chaque région possède sa propre version. C’est un chant d’adieu, teinté de regret et de mélancolie.


Aujourd’hui, en marge de l’immense succès de la K-Pop, véritable fusion de dance-pop, hip-hop, R&B, électro, pop-ballad et rock reconnue par le Time comme l’exportation la plus rentable de Corée du Sud, se développent de nouveaux courants musicaux. Parmi eux, on trouve de jeunes artistes souhaitant redonner un nouveau souffle aux instruments traditionnels en leur imprimant le rythme d’écritures plus contemporaines. Geomungo Factory, qui participe au Festival, mêle ainsi au Geomungo (une cithare traditionnelle coréenne à 6 cordes apparue au IVe siècle et jouée à l’aide d’un plectre en bambou permettant de pincer ou gratter les cordes) des pulsations contemporaines en intégrant des sons de notre monde interconnecté. 

    LES TROIS DERNIERS CONCERTS DU FESTIVAL:

Geomungo Factory

BOZAR-Studio le 07/10 à 19h, coproduction du Bozar et du Centre Culturel Coréen de Bruxelles

Festival de Musique Coréenne: Geomungo Factory

Le Geomungo est une cithare traditionnelle coréenne  à 6 cordes jouée { l’aide d’un plectre en bambou. Factory fait lui référence aux ateliers Warholiens. L’ensemble Geomungo Factory se compose de 3 joueurs de geomungo et d’un joueur de gayageum (également de la famille des cithares, il comprend 12 cordes de soie et une caisse en bois de paulownia). Formé en 2006, le groupe souhaite écrire des morceaux originaux tout en redonnant un écho à la musique traditionnelle coréenne. Ses membres ont introduit plusieurs instruments modernes afin de populariser le geomungo auprès d’un public plus large.

En 2012, après des années à peaufiner leur art, à travailler leur écriture tout en rénovant d’anciens instruments, leur travail est reconnu à travers leur sélection officielle au showcase du World Music Expo (WOMEX), plus grand marché d’art au monde. Geomungo Factory a tourné à travers sept pays européens et est devenu un véritable ambassadeur de cet instrument millénaire.

https://www.youtube.com/watch?v=pv6PK4hG_n8 ; 

 

SU:M

BOZAR-Studio le 14/10 à 20h, coproduction du Bozar et du Centre Culturel Coréen de Bruxelles

Festival de Musique Coréenne: SU:M

Leur philosophie ? « Un minimum de membre pour un maximum d’effet ». Exprimer l'essence de la vie. Leur musique est un savant mélange d’imagination et de légèreté. SU:M est né en 2007 sous la houlette de Jiha Park, joueuse de Piri, Yanggeum et de Saengwang, trois instruments traditionnels coréens, et de Jungmin Seo, interprète de Gayageum. Le duo a souhaité inaugurer une nouvelle ère de la musique traditionnelle coréenne. Leur  musique narrative colorée tente d’éclairer la vie moderne en partant de leurs émotions musicales et de leurs expériences de vie quotidienne.

Suite à la sortie de son 1er album Rhythmic Space : A Pause For Breath en novembre 2010, SU:M est sélectionné au Mulhae Arts Plus (MAP) et remporte le prix de l’Esprit expérimental au Concours ‘Projet Musical Coréen du XXIe siècle’. On les entend lors du showcase officiel du WOMEX en 2013 à Cardiff. Ils sortent l’année suivante un second opus.

Composant leur propre répertoire, les deux artistes créent une musique aux sonorités cristallines, sans accessoires ni effets artificiels. Leurs instruments ancestraux donnent vie à des sons qui respirent la liberté et la nature, faisant de leurs concerts une expérience particulièrement singulière. Leur concert au BOZAR s’inscrit au sein d’une tournée en Belgique.

https://www.youtube.com/watch?v=r6l5qfuaxYI Communiqué de presse réalisé par le Centre Culturel Coréen septembre 2015

 BELGA/AFP/File / Nicolas Maeterlinck
Lim Ji Young of South Korea celebrates after winning Belgium's Queen Elisabeth Violin Competition on May 30, 2015

Ji-Young Lim

 Ji-Young Lim

BOZAR-Salle Henri Le Boeuf le 14/10 à 20h, coproduction du Bozar et du Centre Culturel Coréen de Bruxelles

Jeune violoniste de 20 ans, Ji-Young Lim revient sur la scène du Bozar où elle a remporté en mai dernier le Concours Reine Elisabeth 2015.

  • First Prize: Ji Young Lim, 20, South Korea
  • Second Prize: Oleksii Semenenko, 26, Ukraine
  • Third Prize: William Hagen, 22, United States
  • Fourth Prize: Tobias Feldmann, Germany
  • Fifth Prize: Stephen Waarts, 18, United States/Holland
  • Sixth Prize: Fumika Mohri, 21, Japan

Accompagnée au piano de Da Sol Kim, elle clôture le Festival de Musique Coréenne.

Rondo brillant pour violon et piano, op. 70, D 895 Franz Schubert
Sonate pour violon et piano, op. 162, D 574 Franz Schubert
Sonate pour violon et piano n° 2, op. 100 Johannes Brahms
Carmen: fantasie brillante, for violin and piano, op. 3, no. 3 Jenö Hubay

  Après une formation à l’Université Nationale des Arts de Séoul auprès de Nam-Yun Kim, la jeune musicienne remporte plusieurs compétitions dont l’Ishikawa Music Award en 2012 au Japon, la Compétition Concerto du Festival International des Grandes Montagnes en Corée, puis la Compétition Internationale Eurasiatique de Musique au Japon et le prix MIMC de la Compétition Internationale de Musique d’Indianapolis en 2014 où elle reçoit aussi le prix spécial Mozart. Depuis 2011, elle s’est produite en concert à Lichtenberg, Séoul, Munich, Montréal, Indianapolis.

BELGA/AFP/File / Nicolas Maeterlinck<br />Lim Ji Young of South Korea celebrates after winning Belgium's Queen Elisabeth Violin Competition on May 30, 2015

http://www.violinist.com/blog/laurie/20155/16815/

http://cobra.be/cm/cobra/projecten/kew2015

https://www.youtube.com/watch?v=qCmTyZ0vkQw

 

Centre Culturel Coréen de Bruxelles

Rue de la Régence, 4 - 1000 Bruxelles

0032 (0-2-274.29.80 – info@kccbrussels.be

Ouverture : lundi au samedi de 9h à 17h

http://brussels.korean-culture.org

Infos et contacts

▶ Sook-sun Ahn Pansori, Voix traditionnelle

23 Septembre 2015, mercredi | 20:00 | BOZAR, Studio | 12 €

▶ Kun-woo Paik Récital Piano

30 Septembre 2015, mercredi | 20:00 | BOZAR, Hall M | 12 €

▶ Korean & Belgian Ensemble Concert suivi du violoniste Roby Lakatos

2 Octobre 2015, vendredi | 20:00 | Amuz (Antwerp) | 17 €

▶ Sunwoo JungA et SIOEN

3 Octobre 2015, samedi | 19:00 | Ancienne Belgique, AB Club | 7 €

 

Geomungo Factory Nouvelle Tradition

7 Octobre 2015, mercredi | 20:00 | BOZAR, Studio | €12

SU:M Nouvelle Tradition

14 Octobre 2015, mercredi | 20:00 | BOZAR, Studio | €12

Ji-young Lim Récital Violon

14 Octobre 2015, mercredi | 20:00 | BOZAR, Henry Le Boeuf Hall | 10~42 €

 

BOZAR

Ticket Shop: Bozarticket - Ravensteinstraat 23 Rue Ravenstein, 1000 Brussels

Mardi>Samedi - 11:00>19:00 et 1h avant chaque performance

Téléphone: +32 (0)2 507 82 00 / Mardi>Vendredi 11:00>19:00, Samedi 13:00>19:00

http://www.bozar.be

 

 

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ENCORE FAIM...

Des jolis mots qui foisonnent

Dans les livres et les chansons

Qui dans la mémoire résonnent

En dépit de toute raison!

De ces matins qui frissonnent

A l'idée d'un rendez-vous

Et des heures que l'on se donne

Où l'on pourra être fou!

Des lambeaux de nuits torrides

A l'écoute de deux corps

Où de vivre on est avide...

Cette envie de dire encore!

De se perdre dans des yeux

Et d'y retrouver la vie

Et puis se sentir heureux

L'histoire n'est jamais finie!

J.G.

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administrateur théâtres

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12273129701?profile=originalVoici du  panache et  de la  flamboyance  pour ouvrir la  saison à ORW  à Liège.  Jean-Louis Grinda*est de retour avec une somptueuse mise en scène de l'Ernani de Verdi en collaboration avec l’Opéra de Monte-Carlo.   

Pour souligner l’opulence musicale  de l’œuvre, Jean-Louis Grinda choisit d’utiliser une toile de plastique tendue,  faisant miroir, inclinée en fond de scène qui dédouble les clairs-obscurs et les saisissants jeux de lumière de Laurent Castaingt de manière très  onirique. Ceux-ci jouent avec la transparence des écrans et  font surgir  la vision extraordinaire d’une reine de lumière en robe blanche  autour de laquelle surgissent  des   personnages  vêtus de brocart, figés et  muets, comme dans un cauchemar. Nous sommes dans les toutes premières mesures de l’ouverture.

Plus de 300 costumes resplendissants, d’inspiration Renaissance, signés  Teresa Acone et une  réplique stylisée  de combats équestres de Paulo Ucello contribuent à créer  l’atmosphère grisante de légende épique. L’importante distribution  glisse  sur  l’échiquier du drame romantique, fait de porphyre er de marbre noir. Les décors sont signés Isabelle Partiot-Pieri. Le mouvement entre ceux-ci simule  la main du destin, le moteur invisible de l’ouvrage. La très belle direction des choristes  evient à Pierre Iodice. Le décor au  troisième acte suggère le tombeau de Charlemagne surmonté de l’aigle impérial,  auprès duquel se fera le couronnement. Le dernier acte  s’ouvre sur  une couche nuptiale surmontée d’un  immense dais de soie blanche   parsemée  d'écussons dorés,  auquel seront  assorties les tenues de bal de la cour  pour les  épousailles princières.

Les personnages. Une femme Elvira (Elaine Alvarez), flanquée de  sa nourrice Giovanna (Alexise Yerna), face au monde guerrier des hommes : un oncle, un grand d’Espagne,  De Silva (la basse Orlin Anastassov), vieillard qu’elle déteste et qu’elle doit épouser.  Don Carlo (Lionel Lhote), le roi d’Espagne qui lui a aussi demandé sa main et  lui a même offert la couronne. Son cœur appartient à  Ernani (le ténor argentin Gustavo Porta), prince proscrit, cuirassé dans une voix forte, stable  et assurée,  poursuivi par une fatalité meurtrière, devenu bandit avide de vengeance : son père a été tué par le père de Don Carlo. Traqué par les émissaires du roi, iI s’est réfugié dans les montagnes d’Aragon.

Tout pour l’amour. Il rêve d’enlever Elvira. Le malheureux couple  se voue  en effet un amour sincère et juste, seule harmonie dans cette fresque guerrière  mue par la poudre et le glaive. Encore deux hommes de plus  au tableau : Riccardo, l’écuyer du Roi et Jago, celui de De Silva. L’amour est la valeur absolue d’Elvira et sa seule arme. Elle est prête à perdre la vie et irait jusqu’à tuer  si elle ne peut pas vivre aux côtés de son amant.  « Ernani involami » est d’une poignante beauté, brodé de belles demi-teintes fort délicates. 

 Tout pour l’honneur. La machine à broyer les hommes dans le sang - Jalousie et Vengeance - se réveille. De Silva a offert à son insu l’hospitalité à Ernani en fuite. Ernani, croyant Elvira  mariée,  lui offre sa tête en cadeau de noces, quand, enflammés par l’idée de vengeances communes, Ernani et De Silva  décident de se liguer contre le roi. Il revient à Ernani de l’abattre, pour venger la mort de son père.  Inconscient ou la proie d’une malédiction,  Ernani conclut avec De Silva un pacte fou où  il  offre à son ennemi de se supprimer par le glaive lorsque De Silva fera retentir trois fois un cor fatidique!  L’honneur est la valeur absolue d’Ernani,  et rien ne tiendra devant  ce pacte  insensé !  Aucun usage de la raison ou les supplications d’Elvira  n’arrêteront  son passage à l’acte. Pauvre folie des hommes.  Etranglé par l’orgueil de ses principes et la  spirale des vengeances en série, il s’immole aux pieds de celle qu’il peut enfin épouser sous l’œil impassible de De Silva. Quelle absurdité ! Elvira avait  fini par obtenir  la clémence du nouvel empereur du Saint Empire  grâce à  la sincérité et la pureté de ses sentiments. Victoire éphémère de l’amour.  En effet, au  troisième acte, le roi Don Carlo,  accédant au trône impérial sous le nom de Carolus Quintus,  avait su contourner la haine, trouver le chemin de la paix et  de la clémence. On est frappé par la noblesse de ton de Don Carlo, qui s’oppose à la dérisoire vendetta et l’orgueilleuse dette d’honneur!  Le goût du sang, la folie de vengeance et de  jalousie de De Silva  viennent tout ruiner. Le trio final est un hymne rutilant fait de désespoir et de malédiction.

12273129069?profile=originalTout pour la musique. L’orchestre dirigé par Paolo Arrivabeni enchaîne les airs, les chœurs chatoyants et les dialogues  avec une énergie dévorante. La constance  des différentes haines se dégage de chaque scène avec  obstination dans une atmosphère de fatalité. It’s a man’s world. Et à l’opposé, parée de tout le  mystère de féminité, des couleurs  tendres  aux plus crépusculaires, l’interprétation  vocale impérieuse d’Elaine Alvarez est royale et sereine malgré  l’intensité de sa souffrance. Elle suscitera vivats et applaudissements enthousiastes très mérités lors des nombreux rappels en scène. Tout aussi royale est l’interprétation et  la voix ronde et souple de Don Carlo. Lionel Lhote le sublime baryton qui nous a enchantés dans Les pêcheurs de perles tout dernièrement sur la même scène, et il  se surpasse encore. « O de’verd’anni miei » médite-t-il devant la tombe de Carolus Magnus, symbole de sagesse. Avec sa très belle présence scénique, c’est probablement, notre voix préférée dans ce magnifique spectacle qui ne cesse de nous rappeler de façon étonnamment vivante,  les  tableaux  de Velasquez.

ernani-c-opera-royal-de-wallonie-lorraine-wauters-27.jpg?itok=IhBFmvyR&width=452                          http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/ernani

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* Jean-Louis Grinda a dirigé l'Opéra Royal de Wallonie pendant des années, avant l'actuel directeur général et directeur artistique Stefano Mazzonis Di Pralfera  

Saison : 2015-2016

Durée : 2:40 /Langue : Italien /Direction musicale : Paolo Arrivabeni / Mise en scène : Jean-Louis Grinda/ Chef des Chœurs : Pierre Iodice/ Artistes : Gustavo Porta, Elaine Alvarez, Orlin Anastassov, Lionel Lhote, Alexise Yerna/ Nombre de représentations : 6 /

Dates : Du jeudi, 24/09/2015 au mardi, 06/10/2015   

 crédit photos: (© Opéra Royal de Wallonie - Lorraine Wauters).

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