Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Publications en exclusivité (3136)

Trier par

Lettre ouverte à un ex ami

Monsieur je ne vous aime plus.

Or je vous le dis sans y croire.

J'avais craint pour vous des déboires.

Mes messages restaient non lus.

 

Quand le hasard parfois s'en mêle,

L'ami responsable, fidèle,

De tout échange est empêché.

Il ne commet aucun péché.

 

Sans nouvelles de votre part,

Je suis demeurée inquiète,

 Ayant de vagues peurs en tête.

Auriez-vous fui vers autre part?

 

Vous papillonnez sur des sites

Au gré de votre fantaisie,

Oublieux de ma poésie.

À vous reconnaître, j'hésite.

 

On investit en amitié,

Je n'ai pas manqué de le faire.

Lors suis déçue, non pas amère

Et l'indifférence me sied.

 

4 septembre 2015

 

 

   

Lire la suite...

VV : Tout d'abord, cher Thierry-Marie, voici trois questions dans le cadre des rapports Auteur-Lecteur.

VV : Comment définis-tu ta relation quant à tes lecteurs les plus assidus?

THM : Elle est avant tout amicale, fraternelle, et je fais en sorte que cela soit à double sens par une écoute attentive, mettant particulièrement l'accent sur la sincérité et la franchise quant au ressenti. On me lit, on s'exprime; je réponds, tentant aussi, principalement par l'intermédiaire de mes ouvrages, de jouer un rôle de passeur. D'idées, de pensées, d'émotions et dans ce dernier cas, je crois que cela fonctionne car l'on m'a déjà confirmé que je parvenais à toucher, mes deux derniers romans, "L'île joyeuse" et "Raconte-moi Mozart..." m'ayant permis de conquérir mon public de lecteurs...assidus et il y en a! Satisfaction.

VV : Si tu devais comparer la relation entre l'auteur et le lecteur à un livre ou une histoire, quels en seraient le thème et la nature?

THM : Eh bien il ne s'agirait de toute façon pas de "L'Odyssée" d'Homère: je ne suis pas un Ulysse de l'écriture, pas de pièges ni d'affrontement dans cette relation; ce serait plutôt le genre "Vous avez un message" mais je ne suis pas non plus un Tom Hanks, mon but n'étant pas la notoriété ni de faire du chiffre... Un voyage au cœur de l'humain, pas du Jules Verne, plutôt Eric-Emmanuel Schmitt, l'émotion et la sensibilité au rendez-vous, la simplicité et le sourire "tea-time" mais sincère comme ingrédients principaux avec un zeste d'humour et quelques grammes de bons mots à la clé.

VV : Quel public rêves-tu le plus d'atteindre?

THM : Je n'ai pas réellement de préférence: je touche, ou pas, quiconque m'approche par la lecture, quel que soit son origine ou sa personnalité. J'écris sans trop me préoccuper de la cible, il y a autant de sensibilités qu'il y a d'êtres humains sur terre, tout en restant lucide et conscient qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. J'accepte la critique surtout si elle est le fruit d'une réflexion sensée. Il m'arrive d'avoir à faire à des personnes qui me demandent comment je fais pour aboutir à près de 300 pages à partir d'une simple idée; elles sont impressionnées; je leur réponds presque invariablement: "Je ne sais pas. Je le fais pas à pas, tout simplement". Un public-cible? Peut-être celui des décideurs vivant sur un piédestal, l'objectif: les pousser à réfléchir davantage aux conséquences de leurs actes.

VV : A présent voici trois questions dans le cadre de la parution de "Au fil d'Isis", ta sixième publication:

VV : Quels secrets sont à impérativement dissimuler, selon toi?

THM : Quand on se sent plutôt différent, voire fort différent des autres, faudrait-il le dissimuler au commun des mortels? Cela relèverait de toute façon du tour de force car ce que l'on est au fond de soi-même apparaît si facilement et la moquerie serait aisée. Faut-il fuir dans ce cas? Délicat car ce serait attirer davantage l'attention ! Les secrets à impérativement dissimuler? Ceux qui nous mèneraient à être jugés, catalogués, jetés! Ceux qui poseraient un tel cas de conscience qu'il serait difficile de s'en défaire car l'on se ferait à nouveau juger immanquablement ! Terribles sont les choix de vie bien des fois: quel serait le moindre mal dans telle ou telle situation? Et se présenterait toujours une personne pour vous asséner ce qu'il pense de notre choix. Certains secrets doivent donc être aussi bien gardés que des brebis dans un champ. Impérativement pour le bien de chacun!

VV : Pourquoi a-t-on tendance à dissimuler les sentiments amoureux?

THM : La peur de se dévoiler par crainte du ridicule dans certaines situations ou circonstances nous pousse à nous rétracter, à nous taire, la discrétion et/ou la pudeur entrant en compte... Dire "Je t'aime" à quelqu'un, c'est ouvrir une porte dont on perd aussitôt la clé d'une manière irrémédiable. Comment réagira l'autre? On ne peut préjuger de rien. Cacher nos propres sentiments, c'est se lancer dans un impitoyable bras de fer avec soi-même, ce qui est loin d'être bénéfique; de toute façon, notre corps parle souvent pour nous trahir: un geste, une attitude, un regard, une parole; s'en mêlent et s'emmêlent le cœur et l'esprit, des dommages en perspective, pouvant être collatéraux, mais rien à faire: on dissimule, c'est humain...

VV : Dans quels cas extrêmes, peut-on, selon toi, divulguer un secret qu'une tierce personne t'aurait confié?

THM : S'il y a un réel danger pour la personne concernée, une sorte d'état d'urgence, cela pourrait être d'ordre médical ou sanitaire, ou encore relever de la sécurité de cette personne, il faut alors parler quelles que soient les conséquences que l'on occasionne de part et d'autre. Il y aura toujours des avantages et des inconvénients au final, comme celui d'être pointé du doigt pour avoir divulgué un secret ou une vérité dérangeante. Un cas de violence conjugale répétée, par exemple, est de préférence à dénoncer mais auprès la personne appropriée; ici entre en jeu la diplomatie, également la discrétion; quant au mensonge, il se révèle malheureusement parfois indispensable s'il s'agit de se protéger ou de protéger un être cher de la critique ou de la médisance.

 

VV : Merci à toi de faire partager à ton lectorat ces pensées si personnelles, profondes et touchantes !

Lire la suite...

Un renouveau

Soliloque

Je mets fin à l'ancien régime.
Un autre temps va commencer.
Aurai-je le coeur à danser
Bien protégée de la déprime?

Je veux mener mon existence
En relevant quelques défis.
À mon instinct souvent me fie
Pour attirer la douce chance.

Des habitudes qui me lient
Me mènent certes à la paresse
Et elles font que je délaisse
Tout effort sous lequel on plie.

Or l'énergie qui est en moi,
Quand je lui permets d'être active,
Me fait devenir inventive
Et nourrit un courant de joie

.

C'est pour honorer ma vieillesse
Que je prépare un renouveau.
Aurai-je la grâce qu'il faut
Pour accomplir cette prouesse?

Je laisse croître mes envies
Quand elles me semblent heureuses.
Profitables ou généreuses,
Elles m'offrent un regain de vie.

26 août 2015

Lire la suite...

Aujourd'hui, je médite ...

Ma maison je la veux un monastère.
Depuis longtemps je rêvais d'un havre de paix,
Et pensais plus jeune à Saint Léon Sur Vézère,
Ses couleurs et ses temples enfantins m'enchantaient.

Ses statues souriantes de bonheur en tailleur assises,
Ses moinillons en rouge qui chantaient des louanges,
Priant un saint homme n'ayant pour toute chemise
Qu'une robe pour bagage dépourvue de franges ;
Et n'ayant ni toit et qu'un simple vêtement
Avec toujours le sourire et le visage rayonnant !

Prêchant au cours des siècles qu'il y avait encore du bonheur
A trouver chez l'homme, à force de recherche,
N'étant plus de ce monde mais sa subtile lueur
A bâti des dômes où l'innocence comme l'oiseau s'y perche.

N'étant plus de ce monde mais omniprésent.
Celui qui clame une vérité qui soudainement nous interpelle,
Le clairvoyant dénudé et bien souvent errant
Ne s'éteint jamais et vogue dans des sphères éternelles.

Les hommes prient donc un philosophe et non un religieux.
Et ses paroles me conviennent comme à tant de monde
Qui pensons qu'à ne plus user de bâton odieux
Il n'y a plus de douleur ni de rancoeur qui se fondent.

Ma maison je la veux un monastère.
Entrez donc mais baissez la voix,
Venez-y comme l'on vient en prière,
Et déposez sur le seuil l'aigreur de vos poids.

Venez pour y rire ou pour y chanter,
Car savez-vous j'y médite sur les années ;
Il ne m'est plus permis je l'ai enfin compris
De bondir comme par le passé tel un cabri !

Saint Léon Sur Vézère n'est pas loin,
Mon but de jeunesse est atteint,
Mais ce grand silence qui règne en son cloître fermé
Me laisse à sa porte sceptique encore de la pousser !

Lire la suite...

Du 05 – 08 au 30 – 08 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous proposer une exposition intitulée ECLECTIQUE, consacrée à l’œuvre de Madame ELIZABETH BERNARD, une peintre française dont l’écriture picturale ne manquera pas de vous intriguer.

La peinture d’ELIZABETH BERNARD se distingue principalement par l’importance de l’apport chromatique, décliné en une série de contrastes faits de tonalités vivaces. Des notes telles que le rouge, le jaune ou le bleu sont jetées sur la toile dans des accords vifs, créant ainsi des symphonies de couleurs chatoyantes.

Il y a de l’abstraction lyrique dans cette œuvre. Une abstraction ornée d’éléments géométriques structurant la toile en des rangées de segments et de formes trahissant une mise en confrontation de l’onirisme poétique et du rationnel le plus déterminé. Un sentiment d'élément figuratif intrigue le regard. LE CADEAU D’ANNA (1 m x 1 m – acrylique sur toile)

12273114057?profile=original

expose dans sa partie droite, campée en une zone à dominante jaune, ce que l’imaginaire peut interpréter comme étant un profil, mis en valeur par une paire d’yeux saillants, terminé par une bouche aux lèvres rouges. Tandis que la partie gauche est dominée par la présence géométrique, structurée à l’intérieur d’un carré. L’ensemble de la composition est encadrée d’une haute note rouge vif. Cela se retrouve souvent dans l’écriture de l’artiste, à savoir que le sujet de la toile se développe en son centre, entouré de zones chromatiques de différentes intensités.

Nous insistions plus haut sur l’élément géométrique lequel revient comme un leitmotiv dans l’ensemble de son œuvre.

TRACES (1 m x 1 m – acrylique sur toile)

12273114086?profile=original

nous propose une toile divisée en quatre zones distinctes, décrivant quatre figures-symboles, telles que la spirale (en haut, à gauche), le labyrinthe (en bas, à droite), la pyramide (en haut, à droite – conçue comme une coupe plongeante), la piste en zigzag (en bas, à gauche).

En la décortiquant, l’on s’aperçoit que la figure, quelle qu’elle soit, abrite toujours en son sein, un symbole. En ce sens qu’elle est le signifié matérialisé d’une conception abstraite que les cultures ont balisé au fil des siècles.

Ainsi, peut-on voir dans la spirale le symbole de l’infini. Dans le labyrinthe, l’image de la recherche de la liberté à partir d’un parcours complexe. 

Dans la pyramide, l’union mystique du chtonien et de l’ouranien – ou pour mieux dire, le mariage entre la terre et le ciel. La piste en zigzag est sans doute ce qui représente le plus l’artiste en son for intérieur, en ce sens que, composée de lignes droites, elle associe la recherche vitale de liberté tout en rationalisant le trait dans son parcours. Car jamais ce dernier ne déborde des limites du cadre.

L’ensemble de la composition baigne dans un chromatisme bipolaire composé de blanc et de gris, donnant à l’ensemble une douce tonalité cendrée.

Comme nous l’indiquions plus haut, le figuratif n’est pas totalement absent de l’œuvre de l’artiste.

SON AND DAD (80 x 80 cm – acrylique sur toile)

12273114498?profile=original

nous convie vers une volonté expressionniste exprimée dans une sorte de « coupe au scanner » dans laquelle le corps est souligné, en son contour, par la blancheur du trait. L’intérieur est évidé, en son milieu, par la zone noire laquelle sert de couverture chromatique à l’arrière-plan, faisant ressortir la figure humaine de façon saillante.

PETIT ROBOT, AS-TU DU CŒUR ? (50 x 100 cm – acrylique sur toile)

12273115069?profile=original

associe les aspirations profondes de l’artiste, en ce sens qu’il unit une dimension abstraite, laissant deviner la structure (rendue onirique) de la machine à une approche figurative de conception expressionniste, laissant apparaître le « visage » (si tant est qu’un robot en ait un….), traité à la façon d’une figure christique, laquelle ressort irradiée par une série de stries réalisées à la spatule. Dans cette composition extrêmement intéressante dans son approche, l’artiste a voulu marier anthropomorphisme (le visage sacré du robot) et anthropopathisme (dans la question de savoir s’il éprouve des sentiments). C’est sans doute le défi qui agite aujourd’hui les concepteurs de robotique, à savoir concevoir un alter ego mécanique pouvant servir de présence « domestique » à l’être humain.

Insistons sur le fait que dans la composition, la partie mécanique du robot est supplantée par un écran onirique, brouillant toute référence possible à la machine. Il ne subsiste de lui que le « visage » rayonnant de sainteté mystique, l’associant de ce fait à son démiurge, l’Homme.

L’Homme qui a conçu Dieu comme il a conçu le Robot, à qui l’artiste demande (dans l’humanité qui l’anime) s’il a du cœur.

Le figuratif se manifeste également dans L’ÉTÉ A TABLE (80 x 80 cm – acrylique sur toile),

12273114900?profile=original

concrétisé dans la « nature morte », laquelle, malgré la volonté ouvertement expressionniste d’exécution, ne sort pas des conventions du StillLeben (nature en suspension).

Il est à remarquer la présence physique de la matière (traits de couleur rouge sur l’assiette ainsi que sur la panse du vase). Le choc des couleurs vives assure à l‘ensemble une atmosphère festive.

L’œuvre d’ELIZABETH BERNARD se définit par trois variations sur un même style : le géométrique – l’abstrait – le figuratif. Tout cela étant uni par le dénominateur commun de l’expressionnisme lyrique.

La démarche de l’artiste est spontanée, libre, non préméditée. D’où son grand besoin de liberté. Néanmoins, ayant à la base une formation scientifique (elle a  été kinésithérapeute libérale pendant trente ans), cette même formation scientifique se manifeste dans la volonté exprimée de contrôler….l’incontrôlable, en imposant l’assise cérébrale sur le déploiement du geste (pensez à la piste en zigzag de TRACES dont les droites, désarticulées, libres en apparence, ne sortent jamais de l’espace du cadre.  

L’artiste est autodidacte. Le dessin a été son premier medium et comme elle se plaît à le dire : « on dessine avant d’apprendre à écrire ». Elle aurait aimé fréquenter les Beaux Arts. Et comme cela n’a pas pu se réaliser, elle s’est dédiée à la Médecine ainsi qu’à la peinture avec le même sérieux.

Au premier regard, l’on s’aperçoit que pas un iota de toile n’est privé de couleur. La peinture prend tout l’espace ! Cela, parce que, comme elle le dit elle-même : « la vie ne lui suffit pas ! ». L’Art la conduit au-delà de la vie dans la réalisation d’elle-même.

La création lui apparaît alors comme un défi : préférant l’acrylique aux autres matières, celle-ci a pour caractéristique de sécher très vite, ce qui l’oblige à agir rapidement car une fois sèche, l’acrylique ne permet aucune marche arrière ! De plus, la matière faisant corps avec la forme et dans une mesure certaine, primant sur celle-ci, les premiers gestes sont décisifs.

Subjuguée par les nombreuses problématiques posées par l’Histoire de l’Art, admiratrice, notamment, de l’école américaine de l’expressionnisme lyrique de l’Après-guerre, elle a cultivé plusieurs influences, en particulier celle de Robert Rauschenberg.

Le titre de l’exposition présentant ses œuvres résume parfaitement ses aspirations ainsi que son itinéraire : ECLECTIQUE. Un univers où forme et couleur irradient l’espace, contraignant le regard à en saisir l’essence.

François L. Speranza.

12273002454?profile=original

 



12273116293?profile=original
Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

12273116676?profile=original

François Speranza et Elizabeth Bernard: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(5 août 2015  -  Photo Robert Paul)

12273122263?profile=original

Exposition Elizabeth Bernard (Photo Espace Art Gallery)

           

N.B.:Elizabeth Bernard est membre du réseau Arts et Lettres

Lire la suite...

MATIN BONHEUR...

Dans le matin elle est si belle

Au point du jour la tourterelle!

Et le rouge-gorge mécaniquement

Picorant l'herbe goulument...

Soudain dans un bruissement ailé

Deux pigeons sont venus s'aimer...

Et au détour de la façade

Pétales de roses en escapade!

Un vent très doux nous fait penser

qu'elle sera chaude la journée...

Et dans tes yeux, quelle allégresse

Pour moi, une bouffée de tendresse!

J.G.

Lire la suite...

12273120296?profile=original

La vie quotidienne de la noblesse au XVIIIe siècle.

L'amabilité aristocratique, amabilité heureuse de verser un baume sur le sentiment d'infériorité de ceux à l'égard desquels elle s'exerce.

Marcel Proust

     Une remarquable exposition devrait attirer l'œil des curieux au château de La Roche-Guyon.
La Roche-Guyon, un des "Plus Beaux Villages de France" (un titre quelque peu usurpé, mais, vous verrez, le village a d’autres lettres de noblesse), est situé dans le Vexin français, à l'extrémité sud-ouest du Val d'Oise, à mi-chemin entre Paris et Rouen.


Intitulée "Être et paraître. La vie aristocratique au XVIIIe siècle", elle présente des pièces du quotidien. Mais entendons-nous bien, il s'agit d'objets de luxe, objets de parure et d'ostentation, reflets d'un art de vivre à la française où il faisait bon montrer qu'on avait les moyens de jouir de sa journée.
Ainsi chaque vitrine découpe la journée en autant de moments privilégiés consacrés d'abord à :

Toilette et soins. L'esprit ne pourra être dispos qu'après que le corps soit apprêté, détendu, rafraîchi, parfumé.

Gorgibus

Où sont vos maîtresses ?

Marotte

Dans leur cabinet.

Gorgibus

Que font-elles ?

Marotte

De la pommade pour les lèvres.

Gorgibus

C'est trop pommadé. Dites-leur qu'elles descendent. Ces pendardes-là, avec leur pommade, ont, je pense, envie de me ruiner. Je ne vois partout que blanc d'œufs, lait virginal et mille autres brimborions que je ne connais point. Elles ont usé, depuis que nous sommes ici, le lard d'une douzaine de cochons, pour le moins, et quatre valets vivraient tous les jours des pieds de mouton qu'elles emploient.

Molière (1622-1673), Les précieuses ridicules.


Dire que cela n’a pas pris une ride !
Pique et pique et anagramme.


Ci-fait Monsieur, il faudra prêter une attention soutenue à la :

Parure et élégance. Pas question de se négliger, fut-il de soie. L'accessoire est essentiel l'hiver au boudoir aussi bien que sur la terrasse par une chaude journée d'été.

Illustration 1 (en-tête) : éventail (détail), parchemin gouaché,

travail parisien de la première moitié du dix-huitième siècle.

Et ce n'est pas de tout repos d'ainsi se préparer.
L’éclat de mon teint sera au mieux révélé par un petit confetti de taffetas noir droit sorti d’une de ces boëttes, objet de vertu et peau de lait.

Ma mouche est-elle bien ajustée ?

Un général d'armée n'emploie pas plus d'attention à placer sa droite, ou son corps de réserve, qu'elle en met à poster une mouche qui peut manquer, mais dont elle espère et prévoit le succès.

                                                                        Montesquieu (1689-1755), Lettres persanes.

Votre coche excité vous révèle le langage des mouches :

Discrète sur le menton ;

au coin de l'œil, assassine ;

effrontée sur le nez ;

majestueuse sur le front ;

galante sur la joue, elle devient enjouée sur une fossette ;

friponne sous la lèvre ou baiseuse à la commissure ;

généreuse sur un téton, elle est receleuse si elle masque un bouton !

Ah traitresses...

Et le loup pouvait bien aussi y être.

12273120682?profile=originalLa toilette d'Esther.

Tapisserie des Gobelins (exposition permanente) sur un carton de Jean-François de Troy (1679-1752).

Une commande de la duchesse d'Enville en 1767, livrée deux ans plus tard (le temps de faire tapisserie). La référence à Esther voulant sauver le peuple juif est surtout ici prétexte à faire étalage du faste entourant le soin apporté à la toilette avant de se présenter au roi de Perse Assuérus et de se prosterner devant son Aman de grand vizir, ministre siégeant au Divan.

Déjà je me consume

- vous éventant vous attisez mon feu -

et vous assure :

Sans diamants vous paraîtrez

Toujours aussi brillante,

Et sans épingles vous serez

Toujours aussi piquante.

Stanislas de Boufflers (1738-1815).


Ainsi est-il temps de s'occuper des :

Arts de la table. Bien sûr, il serait vil de cuisiner, mais la maîtresse de maison, toujours bonne hôtesse, disposera-t-elle - elle-même ! - avec goût quelques fleurs, un chandelier ou un de ces merveilleux centres de tables, le surtout c'est suranné, en porcelaine dure de Saxe.

Vous savez que ces Allemands ont retrouvé le secret de la porcelaine chinoise ?

Oui, un certain Monsieur Böttger, prisonnier d'Auguste le Fort, je crois...

12273120895?profile=originalScène galante de la manufacture de Hoescht, porcelaine dure, XVIIIe siècle.

Et puis le roi lui-même raffole de ça...

"Louis XV était un fervent adepte du luxe, et comme tous ses homologues européens, il nourrissait une passion dévastatrice pour la porcelaine. Depuis qu'il avait entendu parler de la formidable fabrique d'Auguste II, il désirait ardemment se joindre à la course, et parrainer une entreprise similaire - qui éclipserait celle de Saxe. D'ailleurs, un peu plus tard, durant la même décennie, il allait investir dans l'établissement céramiste fondé à Vincennes en 1738 (ce dernier déménagerait en 1756 pour devenir la manufacture royale de Sèvres qui, comme celle de Meissen, subsiste encore à ce jour). Mais en 1730, il n'existait pas de telle industrie sous l'égide du souverain et les fabriques françaises, notamment celles de Saint-Cloud et de Chantilly, n'avaient réussi que de la pâte tendre."

Janet Gleeson, L'alchimiste de Meissen.

12273121860?profile=originalScène galante de la manufacture de Hoescht,

fondée en 1746 dans les faubourgs de Frankfort.

Groupe à la manière de Johann Peter Melchior (1742-1825).

Le corps à ses nécessités, il est temps maintenant de passer aux choses de l'esprit.


« La société est composée de deux grandes classes :

ceux qui ont plus de diners que d’appétit,
et ceux qui ont plus d’appétit que de diners. »

Chamfort (1740-1794).


Ces Dames et ces Messieurs pourront passer au salon pour se livrer à :

Lecture et écriture. Du temps de la duchesse d'Enville (1716-1797), mère de Louis-Alexandre de La Rochefoucauld (1743-1792), qui tenait ici salon, la bibliothèque possédait plus de 10 000 ouvrages. Hélas, les livres ont été dispersés en 1987.

Nous pourrons aussi nous retrouver autour de :

Jeux et divertissements.

"Il y a dans le château tous les amusements imaginables ]...[ ;
les duchesses n'exigent de leurs gens que de s'amuser ; le matin je vais causer ou lire avec l'abbé, ou M. de Foncemagne de l'Académie, vieillard de beaucoup d'esprit ; ou bien, je vais courir à cheval avec Mme de La Rochefoucauld, son écuyer, son palefrenier et ses laquais, ou je reste chez moi. Quoiqu'il y ait plus de cent domestiques dans la maison et près de cent chevaux dans les écuries, le château est si grand que je suis dans un appartement aussi tranquille qu'on peut l'être."

Charles Victor de Bonstetten (1745-1832).

A moins que ces Messieurs n'aiment à se retrouver entre eux, au fumoir, parler de choses sérieuses propres à leur genre, où à leur guise ils pourront :

Pétuner et fumer. Enfin l'homme de goût, de noble lignée, du tabac fera bon usage. Il préférera sans doute, pour bien apprécier toutes les vertus de l'herbe à Nicot, priser. Oui, pétuner (de pétun, tabac)...

12273121691?profile=originalSecouette.

Poire à priser, travail allemand en bois sculpté et argent du début du XVIIIe siècle.

« Le tabac, dont l’usage par la combustion n’est devenu général et excessif que depuis la paix en France. »

Honoré de Balzac, Traité des excitants modernes.

« Le tabac se consomme aujourd’hui par la bouche après avoir été longtemps pris par le nez : il affecte les doubles organes merveilleusement constatés chez nous par Brillat-Savarin : le palais, ses adhérences, et les fosses nasales. Au temps où l’illustre professeur composa son livre, le tabac n’avait pas, à la vérité, envahi la société française dans toutes ses parties comme aujourd’hui. Depuis un siècle, il se prenait plus en poudre qu’en fumée, et maintenant le cigare infecte l’état social. On ne s’était jamais douté des jouissances que devait procurer l’état de cheminée. »

Honoré de Balzac, Traité des excitants modernes.

Quoique certains aimeront sans doute se délecter d’une bonne pipe. Oh, pas une de ces pipes en terre cuite juste bonnes pour un marin hollandais ou pour le vulgaire. Mais une bonne pipe en bois si habilement sculptée. Qui nous donnera même à penser au sens de la vie, memento mori. D’ailleurs,

« Vous n’avez qu’à vous retourner, celui qui les faisait est mort. »

Gédéon Tallemant des Réaux,
qui vécut au XVIIe siècle

mais ne fut publié qu’au siècle suivant.

Ses Historiettes furent alors fort en vogue.

En suivant les volutes de fumée nous lancerons un de ces subtils traits d’esprit qui rappelleront que nos plaisirs terrestres sont fugaces.


Respice post te ! Hominem te esse memento !

12273121097?profile=originalFourneau de pipe en bois sculpté de la première moitié du XVIIIe siècle.

« Regarde derrière toi ! Rappelle-toi que tu es un homme ! »

12273121900?profile=originalFourneau de pipe en bois scupté et cuivre doré

de la première moitié du XVIIIe siècle.

Oui, « Souviens-toi que tu mourras », mais en attendant amusons-nous à râper une de ces carottes et mettons ce bon tabac dans nos tabatières. Alors :


« Vive Le Sage et les ultramondins. »

Louis Alexandre de La Rochefoucauld,

6e duc de La Roche-Guyon.


Nous sommes dans un siècle de raison, non ? Et cela depuis le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences, paru en 1637, autant dire un siècle !


« Vive Descartes, durent à jamais les tourbillons. »

La Rochefoucauld, Mon rêve.


En attendant ces dames pourront s’adonner à quelques :


Ouvrages de dames.

"Bergère, détachons-nous

De Newton, de Descartes ;

Ces deux espèces de fous

N'avaient pas vu le dessous

Des cartes."

François-Joseph de Beaupoil (1648-1742),

marquis de Saint-Aulaire.

A moins qu’elles ne préfèrent :


Prières et dévotions.

12273122469?profile=originalLa Vierge, l'enfant Jésus et saint Jean.

Ivoire sculpté.


« C’est trop pour un mari d’être coquette ou dévote ;

une femme devrait opter. »

Jean de La Bruyère (1645-1696), Caractères.

Nous cultiverons quant à nous un esprit rationnel dans un corps sain. Ce pourquoi nous nous emploierons par :


Chasse et société.
Echauffement fort civil, car il faut bien s’entraîner à défendre nos foyers menacés, voire la patrie toute entière. Mais, préalablement, vous seriez fort avisé d’écouter Alain-René Lesage (1668-1747) :


« Lorsqu’un fils possède tout le bien d’une maison,

je ne lui conseille pas de chasser avec son cadet. »


Trop tard en revanche pour cet avertissement de Rivarol (1753-1801) :


« La souveraineté du peuple tuera tous les rois,

s’ils continent d’avoir le diadème sur les yeux
au lieu de l’avoir sur le front. »,


malgré tout :


Armement civil et militaire.


Ainsi l’exposition s’articule-t-elle autour de ces dix activités qui ponctuent la journée des gens de qualité. Evocation du raffinement qui régnait dans la bonne société du XVIIIe siècle, de l’activité artistique et intellectuelle.
Bien sûr je ne vous ai présenté qu’une petite sélection d’objets qui répondaient à mes centres d’intérêt. Vous connaissez par ailleurs mon mauvais esprit et n’avez pas pris à la lettre mes plaisanteries. La duchesse d’Enville tenait à La Roche-Guyon un salon fort prisé, disposait d’un laboratoire de chimie, entretenait avec Turgot une correspondance serrée où elle montrait un goût prononcé pour l’économie notamment, et par-dessus tout s’était constituée une collection fournie de minéraux pour son cabinet de curiosités. Etude et frivolité font étrange ménage.
Les salons, par la confrontation des idées, par le brassage des gens et bien que réservés à une certaine « élite », permettaient la diffusion des Arts, des Lettres, des Sciences. On discute, on philosophe, on théorise, on rivalise, on libertine et poétise. On herborise aussi, expérimente, échantillonne, taxidermise. On s’égaye dans la nature, on observe, décrit et classe, systématise, taxonomise. Bouillon de culture. Germes de révolutions.


« Il y a dans l’étude de l’histoire naturelle

deux écueils également dangereux : le premier,

de n’avoir aucune méthode,

et le second,

de vouloir tout rapporter à un système particulier. »

Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788).


Nombre de salons sont animés par des femmes. Marie du Deffand, Julie de Lespinasse, amie de d’Alembert, Marie-Thérèse Geoffrin, Marie-Madeleine de La Reynière, Suzanne Curchod-Necker…


« Si vous voulez avoir quelques succès dans le monde, il faut, en entrant dans un salon, que votre vanité fasse la révérence à celle des autres »

Marie-Thérèse Geoffrin (1699-1777).


Nobles ou roturières. Ces dames s’émancipent. Tous veulent entrer dans le cercle, appréhender les lois de Kepler, de Huygens son Traité de la lumière, Descartes versus Newton, Euler et d’Alembert… en connaître un rayon de la terre. Vertus des grands principes.


« J’aime l’étude avec plus de fureur que je n’ai aimé le monde. »

Emilie du Châtelet (1706-1749).


Et Voltaire,


  " Tous les Anciens qui ont raisonné sur la physique, sans avoir le flambeau de l’expérience, n’ont été que des aveugles qui expliquaient la nature des couleurs à d’autres aveugles. "

Bien que furent les Lumières,

  " Nous ne sommes encore qu’au bord d’un océan immense : que de choses restent à découvrir !
Mais aussi que de choses sont à jamais hors de la sphère de nos connaissances ! "


A chacun de composer son propre musée, son itinéraire. Par le choix des citations j'ai aussi essayé de montrer le tourbillon que fut le XVIIIe siècle. Mais dépêchez-vous car, détenus à l’origine par le musée de Cluny, consacré au Moyen-Âge, pour gagner le musée d’Ecouen, ce sont des anachronismes qui risquent de n’être pas revus de si tôt car ce dernier est dévolu à la Renaissance et ont quitté momentanément leur réserve.
Ceci dit, ils seront visibles jusqu’au 29 novembre 2015. Et le château lui-même, auquel je consacrerais bien un billet, est d’une haute curiosité.

Michel Lansardière (texte et photos).

Lire la suite...
administrateur littératures

 Ecrire et survivre sur un même fil? "Un écrivain est quelqu'un qui a pris une décision: je vais m'en sortir", parole d'un bel auteur français défenseur d'une littérature pour tous, né en 1975, n'éludant ni ses périodes sombres ni ses joies, intégrant les unes et les autres à sa création. La littérature: invitation à l'action, l'écrivain imaginant des ruses et des chemins inédits. Que dire ou que faire des angoisses d'auteur?

  Faisant partie du décor, du paysage, celles-ci sont aussi naturelles que la pluie ou le soleil; tentons de vivre avec, l'acceptation de leur réalité est une libération: on s'épuise alors moins à combattre. Contemplons nos affres et angoisses avec lucidité et, si elles fondent soudain sur l'être, peu importe puisque étonnamment ça passe! Belle évaporation progressive, la délivrance proche, mais il y a malheureusement les lois, les règles, cette parfois foutue éthique qui nous emprisonne, voire nous réduit. S'affirmer malgré tout à sa manière? Désobéir?

  La société ressemble à l'école, déclare ce même auteur, il a bien raison: des lois régissent les comportements, les attitudes; il y a aussi des règles non dites mais implicites de cours de récréation. Si on désobéit, on en paie le prix, et la note est parfois bien salée lorsqu'on transgresse les règles non écrites. Que faire? Optons pour les actes minuscules, les résistances sans éclat qu'elles soient éthiques ou esthétiques, cette désobéissance passant avant tout par le quotidien et par...l'imagination! Possible?

  Elle, l'imagination, est une force qui nous donne le pouvoir de nous transformer et de transformer la société, du moins notre rapport à la société. L'Homme? Une création continuellement en création de lui-même! Les tenants du réalisme dans bien des domaines essaient de nous soumettre? Refuser ce qui est proposé n'est pas un arrêt de mort, c'est au contraire une manière d'agrandir l'espace. Dilatation en perspective mais...l'inadaptation alors?

  Tu as des affinités avec des gens qui ne se sentent jamais à leur place, faisant partie d'une minorité souvent rejetée? Blessés, malades, bizarres pour d'autres? Les armes de l'esprit: rien de tel! L'arme des gens soi-disant plus faibles: leur cerveau! Créons des stratégies et des tactiques, des manières de vivre, d'échapper aux coups, de disparaître aussi. Le double enjeu? Ne pas renoncer à notre inadaptation et ne pas trop en souffrir. La survie? Par et dans la ruse! Il y a de la richesse dans l'inadaptation et ne négligeons pas une éventuelle éducation à la maladresse et à la phobie sociale pour certains. C'est-à-dire? Laissons travailler les méninges à ce sujet mais...oui, et la liberté?

  L'Homme est plein de déterminisme(s), préjugés, myopies qui sont prises pour des vérités; la liberté passe par la rencontre avec l'autre, nos mais et nos amours nous ouvrant les yeux, les deux, mettant en perspective nos évidences. Les êtres aimés nous permettent de ne pas rester fixés à nous-mêmes, ayant vécu d'autres choses, habités par d'autres goûts, nous poussant à considérer leurs choix avec bienveillance et curiosité. Être libre suppose donc avoir la capacité de perdre des choses que l'on pensait être à soi? Tentons l'art du scalpel sur nous-mêmes mais pas à la manière d'un boucher.

  Ecrire, un métier, et de solitaire? Certains ont des difficultés à associer l'écriture à un métier. Pourtant l'auteur travaille, tous les jours, l'exaltation et l'épuisement allant souvent de pair. Le sacré? Il se cache dans le profane, pas dans l'idéalisation et le fantasme. Parler de métier, d'argent, d'emploi du temps a son importance et c'est une manière non pas de désacraliser mais de dire que le sacré est possible pour tout le monde et tout le temps; quant à l'aspect de solitude, prenons conscience qu'elle nous donne un coeur de marathonien. De force de dévastation dans un premier temps, elle peut devenir carte secrète qui permet des rencontres, les solitaires se reconnaissant, formant un club éparpillé mais un club.

  Des jours magiques? Lorsqu'on découvre qu'on s'éduque soi-même en transmettant aux autres, joli courant qui circule, sans négliger l'importance de la générosité, de la délicatesse et de l'élégance. En yiddish, il y a ce mot très juste: mensch.

  Rien compris à ce long discours? Probablement une question de QI, de psychologie et d'intuition...si à la seconde lecture la lumière ne se fait pas. Fragilis lux...sed lux! 

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273117698?profile=original                                                       Des gammes contre la croix gammée!

Cultissime! Les metteurs en scène Daniel Hanssens et Jack Cooper ne nous ont pas déçus dans cette comédie musicale à la française, produite au Festival de Théâtre Bruxellons et servie par la très belle orchestration de Pascal Charpentier!

Nous sommes dès les premières notes des religieuses du couvent de Nonnberg dans un registre de très haute performance, emmené par de vibrants chants en latin - clin d’œil discret aux racines de notre culture occidentale que personne ne s’est mêlé de traduire.  La musique sacrée captive dès l’entrée, pour se  métamorphoser très vite  en musiques d’amour. L’amour de la nature, l’amour mystique, l’amour de la musique, l’amour des enfants, l’amour des couples, l’amour de la vie, l’amour de la patrie: Edelweiss! Le titre français de la comédie musicale  « The Sound of Music » glisse vers une  certaine mièvrerie. Pourquoi donc ce titre « Mélodie du bonheur » façon Parapluies de Cherbourg,  qui laisse une impression de  bonheur fané  et pas  quelque chose de plus fort, de plus  attrape-rêves , une allusion plus directe à l'exquise gamme  harmonique des sept enfants de la famille von Trapp?

12273117658?profile=original

11781597_863286797095534_5963066442588535094_n.jpg?oh=e980ff6c0214e5334a03b095b5d4e721&oe=5655D38C&width=370Ce spectacle, finement mis au point  depuis plus d’un an,  crée en effet une résonnance harmonique étonnante et rare entre public et acteurs. Est-ce grâce au diapason magique de Liesl (Maud Hanssens), la plus  âgée des sept enfants du Bonheur? Est-ce grâce à la merveilleuse résonnance du texte français qui n’a rien à envier à la version originale anglo-saxonne? A l’accent grave et particulier de la diction  impeccable de Wim Van Den Driessche? A la grâce naturelle et au timbre cuivré de la révérende mère supérieure, Marie-Laure Coenjaerts, un être lumineux et généreux? Aux rêves des comédiens qui se rencontrent?  A l’authenticité de la démarche?  

Deux thèmes puissants et profonds s’enlacent tout au long de l’histoire romanesque et vraie de Maria et sa famille recomposée : la recherche du sens de notre vie sur terre et l’attachement à ce qui rend notre vie vibrante et épanouie. La deuxième partie du spectacle insiste particulièrement sur le droit, si pas le devoir, de se rebeller lorsqu’un pouvoir dictatorial veut vous imposer son mode de pensée, et veut  broyer vos libertés ou vos valeurs. Celui qui ne se rebelle pas n’a pas le droit de se lamenter. Tout cela est très présent dans ce magnifique spectacle qui donne matière à penser sous des dehors très innocents.  

12273117468?profile=originalLa jeune et pétulante Maria parcourt un immense chemin  à la recherche de sa vérité et tire le capitaine von Trapp (Wim Van Den Driessche) de l’isolement de  la sombre caverne où il s’était réfugié à la mort de sa femme. Elle  le ramène progressivement  vers l’émerveillement et la joie solaire qui inonde les collines, où ils  peuvent entrevoir ensemble, le Beau, le Bien, le Bon. Quelle catharsis! Quel petit bout de femme volontaire, animée par L’Esprit, que cette subtile Maria sublimement interprétée par Laure Godisiabois. Si ce spectacle donné dans la cour du château du Karreveld dont le festival d’été fête ses dix-sept ans cette année, revêt toutes les qualités esthétiques, chorégraphiques,  scéniques et musicales dont on pouvait rêver, on  se met à rêver que soit immortalisée cette magnifique fleur des planches estivales bruxelloises  sous forme de film… à se repasser en boucle pour le plaisir, comme une vivante image d’Epinal aux vertus protectrices!

12273118100?profile=originalLes plaisirs sont nombreux, celui d’un décor très astucieux qui sait jumeler les collines  autrichiennes couvertes de vignes et de monastères, l’orage qui déferle dans la maison cossue, les jardins et terrasses d’un parc, l’intimité d’une chambre de gouvernante où bondissent les oreillers, et le luxe des salons et escaliers d’honneur menant aux chambres d’enfants.  La pureté et la beauté des chants des enfants, leurs savoureuses chorégraphies faites à la fois de spontanéité et de grande professionnalité montrent qu’ils se sont tous totalement investis et quel que soit l’âge, dans leur jeu théâtral et musical. Seven go to Heaven!  Une vraie source d’émerveillement en soi! Sans parler de l'extraordinaire  défilé de costumes imaginé par Françoise Van Thienen et son équipe! Car ...Maria a des doigts de fée, en plus de sa guitare!

11227632_10205835557902042_2010019044920999228_n.jpg?oh=5a73d3c28e0a522011880d84f4812e00&oe=56499338&width=505 Et qu'ils sont admirables et drôles dans leurs rôles secondaires joués avec intensité : Nicole Valberg (Frau Schmitt), Perrine Delers (la Baronne Schraeder), Pierre Pigeolet (Max), Roland Bekkers (Franz) et le jeune Damien Locqueneux dans le rôle de Rolf! Une distribution royale.   Le plaisir final est un éclatement de bonheur, lorsque fusent autour de vous, des applaudissements frénétiques et des huées lancées ça et là aux pauvres figurants bardés de croix gammées!

12273118495?profile=original 

http://www.lamelodiedubonheur.net/ZZSpectacle2.php?spectacle=La Mélodie du bonheur

  

Lire la suite...

 

12272690259?profile=original

Composé en 1984, l’Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, cet essai fameux révéla le talent particulièrement subtil et exceptionnel de Paul Valéry. L'auteur avait alors vingt-trois ans et -ainsi qu'il l'a expliqué dans sa longue "Note et digression", composée en 1919 à l'occasion d'une réédition de son essai -il éprouvait un immense dépit à constater que le défaut évident de toute littérature était "de ne satisfaire jamais l'ensemble de l'esprit".

"Monsieur Teste" n'était pas loin, qui allait consacrer la rupture du jeune écrivain avec la littérature, avant de s'enfoncer dans l'étude des mathématiques et de la physique. Cette insatisfaction fondamentale vis-à-vis de l'oeuvre écrite poussait tout naturellement Valéry à ne mettre rien au-dessus de la "conscience".

 

Dans de semblables dispositions, en un tel moment, la personnalité de Léonard de Vinci ne pouvait que le séduire, l'inquiéter: en effet, "quoi de plus séduisant qu'un dieu qui repousse le mystère, qui ne fonde pas sa puissance sur le trouble de notre sens; qui n'adresse pas ses prestiges au plus obscur, au plus tendre, au plus sinistre de nous-mêmes; qui nous force de convenir et non de ployer; et de qui le miracle est de s'éclaircir: la profondeur, une perspective bien déduite?" Esprit universel, doué d'une curiosité inlassable, Léonard offrait à Valéry cet étonnant spectacle d'un homme en qui le génie artistique et la rigueur scientifique non seulement coexistent, collaborent, mais se renforcent et s'harmonisent, pour tirer de leur intime mélange une connaissance agrandie et incomparable de l'univers. La rencontre d'un tel homme ne pouvait être pour le futur Monsieur Teste que des plus excitantes.

 

Déjà attiré par le difficile problème des rapports existant entre la technique et l' inspiration, Valéry, soucieux d'éclaircir le mystère de la création poétique, en était venu à penser, à l'instar de Mallarmé et d'Edgar Poe, qu'il existe une relation intime entre la poésie et la science. Or, dans le génie de Léonard, il découvre précisément l'exemple suprême de cette fusion de deux activités intellectelles que l'on considère habituellement comme indépendantes, sinon incompatibles. Léonard de Vinci devint très vite dans son esprit un symbole: aussi convient-il de voir dans cet essai l'exposé des thèmes les plus familiers de Valéry, ceux qui forment la trame de toute son oeuvre, en vers comme en prose. L'on y trouve notamment cette idée, que l'homme de génie, durant certains états de clairvoyance absolue et universelle, est capable de discerner les relations cachées et nécessaires "entre des choses dont nous échappe la loi de continuité". Dès lors, le passage à l' "acte créateur", ou à l' "invention", n'est plus que le fait d'accomplir un certain nombre d'actes soigneusement prémédités et déjà définis. De cette observation, Valéry déduit la nécessaire identité entre l' art et les sciences, idée qu'il développera plus tard dans "Eupalinos". Notons, à l'instar de Valéry, que cette identité n'existe que dans une région spirituelle supérieure vers laquelle tendent sans cesse nos facultés, sans jamais pouvoir espérer l'atteindre autrement que par une sorte de miracle momentané. Et Valéry de préconiser la culture de cet intellect dont il s'est fait une idole, pour n'en avoir point trouvé d'autre: lieu de convergence des puissances passives et créatrices de l'être, à partir duquel "les entreprises de la connaissance et les opérations de l' art sont également possibles; les échanges heureux entre l'analyse et les actes, singulièrement probables".

L'essai contient, en outre, exposées avec toute la fougue d'un esprit jeune, des affirmations hardies, et souvent paradoxales, sur l'impossibilité pour l' artiste de rendre par les moyens de l' art la présence sensible du monde, sans que l'image où il prétend l'enfermer, aussitôt ne se fane: le phénomène poétique serait donc à jamais incommunicable? Pour l'auteur, -et manifestement Valéry se plaît ici à provoquer l'indignation du lecteur, -l'oeuvre d' art serait avant tout "une machine destinée à exiter et combiner les formations des esprits" auxquels elle s'adresse: autrement dit, la création artistique serait un simple problème de rendement, nécessitant de recourir à une économie, savamment calculée, de moyens propres à obtenir l'effet désiré sur un public donné. On reconnaît là, mais sous une forme volontairement excessive, l'affirmation célèbre de l'auteur suivant laquelle "l' enthousiasme n'est pas un état d' âme d' écrivain".

 

Outre ces importants développements sur les ressorts du cerveau humain, l' "Introduction" abonde en observations et en hypothèses originales sur la nature profonde du génie de Léonard de Vinci, ainsi que sur la forme de son esprit et les modalités de son caractère (à cet égard, les réflexions contenues dans la "Note et digression" de 1919 l'emportent sur celles que livrait l'essai de 1895). La qualité principale de l'oeuvre tient dans la ferveur et la sincérité d'une pensée qui se veut passionnée, mais lucide, et qui n'ignore ni ses manques, ni ses limites. On retiendra comme un des aspects les plus significatifs de cet esprit intrépide et qui se voulut toujours en éveil, l'apostrophe toute cartésienne qu'il adresse à Pascal: "homme entièrement insensible aux arts... qui pensait que la peinture est vanité, que la vraie éloquence se moque de l'éloquence; qui nous embarque dans un pari où il engloutit toute finesse et toute géométrie et qui, ayant changé sa neuve lampe contre une vieille, se perd à coudre des papiers dans ses poches quand c'était l'heure de donner à la France la gloire et le calcul de l' infini".

 

Valéry, tout comme Léonard de Vinci, nous a appris à ne point nous satisfaire de révélations et l'on se souviendra que celui qui s'en prenait aux mânes de Pascal, en termes si violents, ne pouvait admettre qu'un abîme ouvert sous nos pieds ne nous fit songer à un pont. Plus attiré par le mystère de l'acte créateur, qu'il brûle de dissiper, que par l'éclat de l'oeuvre achevée, Valéry ressent intensément la tragédie de l' intelligence. Certes, il lui arrive de se livrer à de brillantes et superficielles variations sur ce thème; mais le ton reste toujours pathétique et persuasif. Le style, admirable dans son classicisme, dépouillé de tout ornement inutile, donne à cet essai une grandeur et une force qui en font un des livres les plus remarquables de l'auteur et des plus appréciés.

Lire la suite...
ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 05/08 au 30/08/2015 l’exposition  événement des artistes suivants : Renée Gastin (Fr) technique mixte, Marie Fang (Fr) peintures et sculptures, Elizabeth Bernard (Fr) peintures, Frédéric Bastié (Be) peintures à l’huile sous verre et prolongation de l’exposition de Mireille Gratier de Saint Louis (Fr) peintures.

 

Le VERNISSAGE a lieu le 05/08 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Le FINISSAGE a lieu le 29/08 de 11h 30 à 18h 30.

 

         Renée GASTIN (Fr) technique mixte

         « Avancer  vers l’inconnu »

 

         Marie FANG (Fr) peintures et sculptures

         « Rythme et harmonie »

 

         Elizabeth BERNARD (Fr) peintures

         « Eclectique  »

 

         Mireille GRATIER DE SAINT LOUIS (Fr) peintures

         « Entre ciel et terre »

 

        

A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

 

          Louis de VERDAL (Fr) sculpture

 

Et les peintures à l’huile de

 

         Frédéric BASTIE (Be) peintures sous verre

 

Exposition du 05 août au 30 août 2015.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 (0) 497 577 120

 

 

INFOS ARTISTES ET VISUELS SUR :

 

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

Le site de la galerie se prolonge également sur

Le réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

Voir: https://artsrtlettres.ning.com/ (Inscription gratuite)

Diaporama des plus belles expositions de l'Espace Art Gallery :  

Voir: http://ning.it/KHOXUa

Les critiques de François Speranza sur Arts et Lettres :

Voir : http://j.mp/1dDwL9m

 

 

Voici les six prochaines expositions :

 

La rentrée culturelle est le mercredi 09 septembre.

 

 

-Titre : « Ce que vous voyez n’est pas ce que vous voyez…» 

Artiste : ARCOFARC (Be) digital Art

Vernissage le 09/09 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 09/09 au 27/09/2015

Finissage le 26/09/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « La couleur des mots » 

Artiste : Jacqueline GILBERT (Be) peintures

Vernissage le 09/09 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 09/09 au 27/09/2015

Finissage le 26/09/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Caresses du marbre » 

Artiste : Marian SAVA (Be) sculptures en marbre

Vernissage le 09/09 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 09/09 au 27/09/2015

Finissage le 26/09/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Les fresques » 

Artiste : Joël JABBOUR (Be) photographies

Vernissage le 09/09 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 09/09 au 27/09/2015

Finissage le 26/09/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Avancer vers l’inconnu » 

Artistes : Renée GASTIN (Fr) technique mixte

Vernissages le 05/08 & 09/09 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 05/08 au 27/09/2015

Finissages le 29/08 & 26/09/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « À la conquête  de nouveaux Univers » 

Artiste : Aurélie KRAFT (Fr) peintures

Vernissages le 09/09 & 30/09 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 09/09 au 18/10/2015

Finissages le 26/09 & 17/10/2015 de 11h 30 à 18h 30.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

 

Bien à vous,

 

Jerry Delfosse

Espace Art Gallery

GSM: 00.32.497. 577.120

Mail de réponse eag.gallery@gmail.com

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

 

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge également sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

Lire la suite...
administrateur littératures

  Il écrit des fictions, le voisin de palier, est-il pour cela un auteur ou un écrivain? Chacun a sa conception et l'usage de ces deux termes n'échappe jamais à la controverse . Pour Jean Guenot par exemple, auteur de "Ecrire, Guide pratique de l'écrivain", éd. Guenot, 1998, l'écrivain est tout bonnement celui qui écrit (l'artisan scripteur) tandis que l'auteur endosse une fonction socioculturelle. Jean-Marie Bouvaist, spécialiste des métiers du livre, identifie lui aussi l'écrivain comme un "artisan de la langue écrite", voire un "artiste".

  Pour Valéry, l'écrivain supplante l'auteur car un sacerdoce le lie à son art: "Un auteur, même du plus haut talent, connût-il le plus grand succès, n'est pas nécessairement un écrivain." Et après? Plus prosaïquement, on convient souvent de désigner par écrivain une personne dont la profession ou le revenu principal réside dans l'écriture de livres, le Robert quant à lui posant spécifiquement l'écrivain comme celui "qui compose des ouvrages littéraires", excluant de ce fait les autres genres d'écriture comme la non-fiction. Enfin bref...

  Les admirer ou les craindre? Stupéfiant qu'au départ d'une simple idée puisse naître une oeuvre littéraire de plus de 300 pages ou qu'à partir d'un banal fait divers l'on puisse aboutir à l'éclosion d'une saga à rebondissements multiples! Toucher le fond, atteindre le plus profond désespoir peut aussi mener à un déclic salvateur, à une réelle libération; l'écriture jouera alors le rôle de baume, même davantage. Les ingrédients parsemés sur la route? L'inspiration souvent liée à un certain état d'esprit, une imagination débordante, une thématique accrocheuse, voire percutante, le naturel et l'originalité, un sens de la narration, avoir de la plume, du style et surtout un éditeur enthousiaste; s'ajoutent à cela l'endurance et la persévérance car de l'idée au livre, le chemin est long et parfois semé d'embûches.

  Quant à la réussite de l'ouvrage, elle est relativement aléatoire car dépendante de l'éditeur, de l'auteur lui-même - s'il s'implique ou pas dans la promotion - , des libraires et de la presse. Le meilleur coup de pouce, ce serait l'obtention de l'un de ces prestigieux prix littéraires si convoités car les ventes décolleraient, l'écrivain se faisant au passage un nom dont se rappellerait le public à la parution suivante. Ecrivains, auteurs, une espèce en voie de disparition en ce 21ème siècle? Loin de là apparemment!

  Les admirer? Pour leur imagination, leur créativité, leur style souvent épuré, leurs connaissances non négligeables de la langue française, une narration efficace, élaborée, ce savant mélange de réalité et de fiction qu'ils parviennent à nous concocter, la psychologie fouillée de leurs personnages qui les fait sortir de l'ordinaire, et n'oublions point le charisme de l'écrivain lié à sa personnalité de créateur. L'image joue bien sûr son rôle.

  Les craindre? Pour leur utilisation de la réalité - ils la déforment à l'occasion - , et des autres dans leurs récits même si les noms sont changés, pour leur humour parfois corrosif et lapidaire, le verbe haut et des fois sans tabou, les secrets dévoilés, leurs jugements pouvant aller jusqu'à la dénonciation. Le droit à l'expression? Pas partout sur terre, d'où une crainte à leur égard parfois justifiée. L'écrivain? Un être vivant qui pense, médite et cogite jusqu'à ce que le fruit de ses réflexions se métamorphose en mots. Un danger public? Chacun son opinion! Les admirer ou les craindre en fin de compte?

  Le livre se vend toujours, on continue à lire Schmitt, Musso, Pennac, Delacourt et bien d'autres, on court les séances de dédicaces, les associations d'écrivains et autres cercles d'auteurs honorent l'écrit, les blogs littéraires pullulent, l'écriture est bien présente sur la toile, les Salons et Foires du Livre survivent et sont toujours fréquentés, ce qui signifie que la littérature - une certaine littérature du moins - est loin d'être morte. Conclusion? Les écrivains et auteurs véhiculent des messages; ils sont des passeurs d'idées au travers de leurs ouvrages, donc utiles et même indispensables dans notre société actuelle très centrée sur le chiffre, le nombre, c'est pourquoi adoptons-les, aimons-les, continuons à les suivre et accordons leur du crédit. Vivre de leur plume? Il faut être fort pour sortir du lot et se faire remarquer; quant à les jalouser, c'est de ce monde, certains succès paraissant parfois discutables, injustifiés...

  Et c'est une chance énorme pour nous, artistes et auteurs que ce groupe Arts et Lettres initié par Robert Paul, son membre fondateur, existe et soit si généreusement fréquenté, preuve que l'intérêt subsiste et non seulement pour les Lettres.

  Merci de votre attention à tous!

Lire la suite...

Instant magique de Marie-Jo Bourgau a inspiré des Rêves éveillés de Martine Rouhart

instant magique

Rêves éveillés

Souvent je suis présente
et loin d’ici
le corps ancré
l’esprit ailleurs
léger jusqu’à l’absence
J’avance sans bouger
sur les chemins de ronde
de mon imaginaire
navigue sans rien voir
dans les méandres de mes rêves
Mes voyages les plus vastes
sont immobiles
enroulée sur moi-même
dans l'intimité de ma nuit
au cœur de ma spirale
Vertiges des profondeurs
Ivresse des bonheurs cachés
Non, vivre ne suffit pas

Martine Rouhart

Un partenariat d'

Arts 12272797098?profile=originalLettres

Lire la suite...

JADIS !

Une aquarelle d' Adyne Gohy

12273109288?profile=original

à inspiré

LA GARE GOUILLE

un poème de 

Raymond Martin

                                      Le serpent de fer à la gare sans nom

 

 

Impressions des fumeroles dans le ciel azuré de l’horizon lointain,

Occultant le vol des corneilles en quête d’une  pitance équivoque. 

Le serpent de fer ondoie  entre verdure et hêtraie au gré du vent d’autan.

Sa pipe en l’air  jette ses volutes neigeuses et carbonées, légères, volubiles,

Dans l’espérance d’une prochaine halte rafraîchissante.

 

Bringuebalant  sa carcasse chenillée aux couleurs usées par d’innombrables voyages,

Il arrive, nonchalant,  prêt à profiter du gîte souverain pour une détente momentanée.

Aller simple, aller et retour, aller  vers un autre point ? L’homme à la face noircie, lui, le sait.

D’une  main sure, alerte, celui-ci règle son manomètre pour un arrêt  passagers.

 

Des formes bigarrées descendent de divers endroits de cette carcasse chenillée en arrêt.

Etonnante  transhumance  vers une gare  sans nom? Bienvenue  à la gare sans nom !

Nom occulté par la fumée ? Non, le vent contraire découvre une façade d’un bleu estompé.

« La gare est sans nom !  Où sommes-nous ?  s’écrient  des formes bigarrées.

 

- Nulle part,  grommelle l’homme à la face noircie, mais  quelque part  dans l’ailleurs !    

- Reprenons  notre route, demandent des formes bigarrées, nous ne pouvons rester nulle part. »

D’autres  s’élancent vers la fin du convoi,  disparaissant  dans la fumée, aspirés par l’ailleurs.  

Par ce spectacle, ébahi, un limaçon longe une traverse vermoulue menant vers un quai.  

 

L’homme au manomètre régule la pression et abreuve le serpent de fer à bout d’eau,

Pressé d’en finir avec cet endroit bucolique  mais d’une étrangeté sans nom, comme la gare,

Située dans un espace indéfini, réel ou irréel, cinétique  ou statique  dans un autre univers. 

Le serpent de fer, repu d’eau, sort de sa léthargie, expulse de la vapeur de ses flancs.

 

Il ressent une chaleur soudaine : l’homme au manomètre  remplit  ses entrailles de charbon.

Réveillé, il ressent que de la fumée sort de sa pipe en l’air. Où étais-je se demande-t-il ?

A l’arrêt, dans une gare de nulle part, j’ai fait un rêve ou un cauchemar  alors !

Des formes bigarrées s’empressent  de remonter dans  sa carcasse chenillée.

 

De la gare sans nom, s’ébranle le serpent de fer ! Tchou-Tchou !!!! fait-il vers un autre

Ailleurs, toute fumée dehors, tiens un vol de corneilles ? Sa pipe en l’air jette ses volutes

Neigeuses et carbonées.

« Attendez-nous ! crient des formes bigarrées, émergeantes de la fumée de l’ailleurs » .

Trop tard, leurs cris ne sont pas écoutés, perdus dans la gare sans nom.

 

Trouvera-t-il  au loin une gare, au nom d’une gare, ou une gare sans nom ?

La gare s’éloigne,  guidé par son chemin de fer, le  serpent de fer cahotique  roule vers

L’inconnu, accompagné de champs et de forêts mordorés et verdâtres, défilant lentement

En direction de  quelque part dans l’ailleurs, avec une gare peut-être ?

Tchou –Tchou……………….. !

 

Un partenariat d'

Arts 12272797098?profile=originalLettres

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273108063?profile=original « Le monde a perdu son âme » semble  nous dire Molière, la mort dans l’âme, alors qu’il s’écroulait sur scène le 17 février 1673  dans le rôle du Malade Imaginaire.

 Pastorales, ballets et musique de Lully ou de Charpentier de l’ultime comédie de Molière  fêtant les victoires de Louis XIV sont balayés et escamotés dans l’édition 2015 de la comédie-ballet signée Patrice Mincke. La première scène, loin de tout clavecin,  s’ouvre sur les espèces sonnantes et  trébuchantes du personnage d’Argan faisant ses comptes. Il a sa tête bien à lui et le personnage n’est pas sans rappeler Harpagon dans l’Avare.  La cérémonie finale chargée d’ultime  dérision rappelle celle l’intronisation du Bourgeois Gentilhomme en mamamouchi jouée au printemps 2013 par  le même époustouflant Michel Kacenelenbogen. Celui-ci joue très adroitement  autant sur la réalité de l’être malade et en souffrance que sur le registre de la folie.  Cet envoi final de la bêtise triomphante éclaire une ultime fois sur l’absurdité totale du petit monde d’Argan - Harpagon - Monsieur Jourdain.

 Les médecins  admirablement  campés (Didier Colfs et Maroine Amini, David Leclercq et Lise Leclercq) qui  s’expriment dans un galimatias prétentieux et creux entre le français et le latin, font de  leur verbiage omnipotent un fatras d’insanités trompeuses. Un cocktail  certes à mourir de rire, mais fort amer car  la  folie d’Argan aura finalement gagné sur le bon sens élémentaire. Voilà  Argan nommé bachelarius, sans le moindre examen à passer, médecin de papier et pourquoi pas apothicaire par-dessus le marché? Ainsi en va- t-il des diplômes ?  Ainsi va le monde, un  authentique carnaval grotesque, semble nous dire Michel Kacenelenbogen. La mascarade finale marque l’échec du rire salvateur de Molière contre les vices de son temps  et signe le constat désabusé du  triomphe de la maladie de l’âme. Celle de notre monde? En aucun cas imaginaire, cette maladie-là! Une comédie satirique très à propos, sans doute.

12273108665?profile=originalLa mise en scène astucieuse et la scénographie de Patrick de Longrée  rappellent   les mécanismes du rire du théâtre de boulevard symbolisés par la série de portes qui claquent, serties dans les ruines de l’abbaye! Et  place à la parodie des duos enamourés des comédies musicales actuelles. Amateurs de dérision, réjouissez-vous: les époques se croisent et se ressemblent tandis que le pot de chambre  nauséabond d’Argan est presque devenu un personnage à part entière  et suggère une image supplémentaire de notre monde en décomposition. La vacuité et la pédanterie absurde sont les piliers du pouvoir symbolisé par les médecins… ou l’ingénieuse chaise percée signée Ronald Beurms. Dans la distribution étincelante, vous aurez des Diafoirus (Didier Colfs et Maroine Amini), un Monsieur Purgon et son apothicaire (David Leclercq et Lise Leclercq) absolument délirants!

12273108301?profile=original

Le personnage de Toinette (Anne Sylvain), rauque et grinçant  à merci contribue bien  à cette atmosphère. Elle jouait récemment dans « Les filles aux mains jaunes » de Michel Bellier et dans « On achève bien les chevaux » mis en scène par Michel Kacenelenbogen.  Elle n’a rien perdu de sa morgue et de son franc parlé et  rend Argan fou de colère. Toinette, femme intelligente  a su percer à jour la perfidie et  les duperies de Béline – une merveilleuse Bénédicte Chabot,  belle à en mourir dans sa robe bleue Ava Gardner, talons aiguilles et bijoux Farah Diba – et elle monte une très belle scène  démasquant l’imposture de Béline, faisant jouer la simulation de la mort  par Argan. Un point culminant dans la pièce. Mais si cette Toinette soutient Angélique contre son mariage forcé, elle manque peut-être de tendresse et de ce charme de soubrette qui accroche tant les cœurs.

12273109652?profile=original

11743014_10200737929766058_3977131165648083761_n.jpg?oh=bafdc4d2bcfac2025a6a70d494469db1&oe=565469A9&width=296" Ah mon frère! "Le duo remarquable d’Argan et de son frère  Béralde est palpitant, comme deux mondes qui s’affrontent : la Folie contre le Bon Sens et la Raison incarnés par un  Alexandre Von Sivers au mieux de sa forme, toujours aussi impeccable, en habits rutilants, dans une superbe élocution de la langue de Molière.

Le couple Angélique – Cléante, ni riche, ni médecin (Camille Voglaire - Damien De Dobbeleer) est très touchant, et symbolise la jeunesse éternelle en butte aux décisions parentales, des origines à nos jours, en passant par Roméo et Juliette. Un peu de bonheur partagé a surnagé dans cet éloge de la folie, ouf!  

photos : Arnaud Decoster

12273108899?profile=original

Réservations

Visionner le reportage du Malade imaginaire par TV Com

http://www.deldiffusion.be/fr/prochaines-productions/70-le-malade-imaginaire

...Seulement jusqu'au 8 août 2015

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273105475?profile=original Costumes en quête de comédiens

« Il se fait beaucoup de grandes actions dans les petites luttes. »  a dit Victor Hugo dans les Misérables, il y a deux cents ans. Le pitch de la nouvelle création de la Cie Lazzi, une co-écriture de Pascale Vander Zypen et d’ Évelyne Rambeaux est le suivant :  « Cette histoire, c’est la nôtre. Au début de la pièce, tous nos costumes sont là, sur des portants, ils discutent entre eux, avant d’être vendus pour renflouer les caisses de la compagnie. Puis, les comédiens arrivent et les scènes vont se succéder un peu par accident. Au moment de ranger un costume, on se lance dans une réplique, on se laisse aller au plaisir du métier qui revient, même si c’est aussi douloureux parfois. C’est comme si, au moment de se séparer de nos costumes, le théâtre prenait le dessus. »

12273104275?profile=original

Cette dernière création fracassante  de la Cie Lazzi est née dans le cadre prestigieux du château de Modave,  un château qui n’a rien de celui du capitaine Fracasse sauf à abriter chaque été, des comédiens chevronnés, rivés dans le plaisir que leur donne leur métier. Un métier taillé pour eux ! Hélas, les voici  cette année expulsés de la grande salle  où ils avaient l’habitude de se produire, et pour des raisons d’économie du château, les voici relégués dans la salle Louis XIV, «sans possibilité de décor ni d’éclairages.»  Qu’importe! «Taillés pour jouer» dégage une énergie folle, un amour de la vie et  une liberté extraordinaire, celle qu’offre le théâtre par-dessus tout, comme instrument de résistance.   Entre les interstices de cette galerie de textes choisis,  s’exprime toute l’ambiguïté de la situation des intermittents du spectacle, à la fois  puissants créateurs et diffuseurs de culture et impuissantes victimes d’un monde économique sans pitié qui vogue de crise en crise taillant à qui mieux mieux dans la Culture. Une réalité qui est décrite dans  cette Revue d’un genre particulier avec humour, courage et grand bonheur.  Marc De Roy, Christian Dalimier,  Pascale Vander Zypen, Évelyne Rambeaux, ces artistes généreux sont nés sur les planches et sont bien  décidés à y mourir, le verbe à la main, gavroches authentiques, rêveurs impénitents, nouveaux  misérables rêvant leur vie et leur mort heureuses: « Il y a ceux qui veulent mourir sous la pluie, d’autres qui veulent mourir au soleil, moi, je veux mourir sur scène» chante le quatuor solidaire à la fin du spectacle.  Ainsi fit Molière, sans le vouloir.

12273105694?profile=originalMarc De Roy, Christian Dalimier,  Pascale Vander Zypen, Évelyne Rambeaux, artistes fragiles et forts jouent leur vraie vie, une dernière fois avant que l’huissier ne leur enlève leurs dernières malles, leurs derniers décors, et ne  leur coupe leur dernière réplique.  Torturés par la vie, ils  renaissent au parfum des costumes, comme fleurs dans le désert sous une ondée providentielle et nous livrent alors un dernier feu d’artifice verbal éblouissant et émouvant. Ils ressuscitent leurs personnages favoris : la famille Jourdain du Bourgeois Gentilhomme, Alceste Oronte et Philinthe du Misanthrope, Ruy Blas de Victor Hugo, Les précieuses  coquettes de Goldoni, les cocottes de Courteline, les chapeaux melons de Vladimir et Estragon, L’exquise Agnès de L’école des femmes, le mariage de Figaro.

12273106882?profile=original

12273106078?profile=originalOn en a plein la vue, les oreilles et le cœur, ainsi plongés dans le brasier théâtral. Une merveilleuse ultime épreuve du feu, jouée avec violence émotionnelle volcanique. Ils sont bouleversants de vérité  dans  ces interprétations pathétiques du  florilège dramatique qui a fait leur vie tandis que, ça et là, flottent des petites phrases assassines ou désabusées disant en filigrane tout le  mal-être  et les blessures de  leur vie. C’est au tour du spectateur d’avoir le souffle coupé. Les artistes sont lâchés, les artistes se lâchent, la liberté de parole est reine, le flot verbal est capiteux, la galerie de texte est inoubliable et encore plus poignante est leur fureur de vivre, malgré le désastre signé Virginia Woolf.   

12273104874?profile=original

   http://www.rtc.be/reportages/culture/1467300-theatre-au-chateau-de-modave-aquottailles-pour-joueraquot-de-la-cie-lazzi

Interprétation : Evelyne Rambeaux, Pascale Vander Zypen, Christian Dalimier et Marc de Roy
Regard extérieur : Cédric Juliens

Spectacle joué en décors naturels à l'intérieur du Château de Modave, rue du Parc, 4, 4577 Modave 
Le château et ses jardins se visitent avant la représentation sur présentation du ticket d'entrée au spectacle.

Réservations : 085/41.13.69.

Une représentation supplémentaire est prévue ce samedi 25 juillet à 16h. Réservations indispensables au  085/41.13.69.

Tous les détails sur le site du Château de Modave (Huy), accessible via le lien : http://www.modave-castle.be/agenda

 

Lire la suite...

LESLIE BERTHET-LAVAL OU LE VERTIGE DE L’ANGE

L’Année 2014 s’ouvre par une très belle exposition intitulée DIFFERENTS REGARDS SUR L’ART : PEINTURES ET SCULPTURES, qui se tient dans le cadre du 26ème anniversaire d’ALZHEIMER BELGIQUE asbl, du 15-O1 au 02-02-14 à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, Bruxelles 1050).

Cette exposition nous invite à découvrir l’œuvre de Madame LESLIE BERTHET-LEVAL, une peintre Française qui nous propose une vue personnelle d’une des plus hautes dimensions du surnaturel : celle de l’ANGE.

Par tous les siècles et dans toutes les cultures, la figure de l’ange a servi d’intermédiaire invisible entre l’humain et le divin, par le biais de formes les plus inattendues.

Le thème de l’ANGE se décline chez LESLIE BERTHET-LAVAL d’une façon qui abandonne le discours mythologique classique pour aborder les méandres d’une mythologie personnelle, laquelle comme toute mythologie qui se respecte, transforme le récit initial pour le restituer à mesure des fluctuations de son vécu et de sa sensibilité.

La signature de l’artiste se retrouve dans une écriture virevoltant dans un méandre labyrinthique à la géométrie axée principalement sur le module du cercle tantôt abouti, tantôt inachevé. Au centre de cette écriture faussement confuse et festive, la figure humaine évolue dans un cinétisme personnel, scintillant de mille couleurs, dans lequel les personnages se perdent et ressuscitent, émergeant du trait, conçu comme une infinité de sillons, à partir desquels la figure s’incarne dans son propre volume. (MES ANGES – huile sur toile – 165 x 260). 

12272987294?profile=original

12272987877?profile=original

Cette communion entre trait et matière se perçoit surtout dans ce diptyque*
12272988466?profile=originalreprésentant un personnage en mouvement (panneau de gauche), répondant à un cheval bondissant (panneau de droite). Cette œuvre est une invocation au mouvement à l’intérieur duquel, le trait assurant la viabilité de l’action est précisé par un apport considérable de matière étalée au couteau assurant une totale mise en relief.

L’ensemble se présente comme un véritable réseau de pistes polychromées à dominante jaune, blanche et bleue, conférant à l’ensemble l’essence même du mouvement.

Entre les deux panneaux un rapport dialectique s’installe : le chromatisme de la  scène de droite répond à celui de la gauche. Les zones blanche et jaune du panneau de droite répondent à la haute note mauve parsemant la presque totalité du panneau de gauche.

Il est impératif de prendre son temps avec une artiste telle que LESLIE BERTHET-LAVAL, car une myriade de détails construisent le tableau, notamment cette foule de segments conçus à la matière étalée au tube (considéré par l’artiste comme le prolongement de sa main) qu’elle vide frénétiquement, d’un coup, lorsqu’elle crée « en apnée » comme elle le dit elle-même. Il s’agit, avant tout, d’une peinture intuitive que l’artiste amorce au fusain : l’ébauche de la courbe restée parfaitement visible sur la toile. Ce trait qu’elle exprime frénétiquement, met en exergue son incontournable talent de dessinatrice. Le trait, appuyé dans sa matière par le couteau, précise, explore les contours du corps en dynamisant le mouvement. Ce dernier galvanise à la fois la courbure du cheval (panneau de droite) ainsi que la posture du personnage du panneau opposé. Ce même mouvement a une fonction antithétique, en ce sens qu’il est formé de demi-cercles brisés en leur milieu (la séparation entre les deux panneaux). Le mouvement rotatoire de droite répond à celui de gauche exactement comme pour les couleurs. L’artiste puise également dans la culture iconographique du passé : la tête du cheval s’inspire de l’esthétique baroque de Rubens. 

Le mouvement ne peut à lui seul dynamiser l’espace de la toile. Il faut un autre élément qui le révèle au regard : la lumière.

La particularité de L’ANGE PORTEUR DE LUMIERE (huile sur toile – 150 x 50 cm)

12272988069?profile=original

réside dans le fait que cette œuvre peut être regardée sous divers éclairages. L’artiste précise d’ailleurs que ce tableau a été conçu pour être observé la nuit. Et ce n’est nullement une fantaisie car cette étude est avant tout une réflexion sur la lumière en tant que matière à la fois tactile et visuelle : la lumière existant dans sa matière propre naissant du cœur de la nuit.

Le sujet même « baigne » pour ainsi dire dans la lumière : LUCIFER que les Romains associaient à Venus, l’étoile du matin et que le Livre d’Hénoch de la tradition biblique assimile à Satan (l’ange déchu).   

Même dans l’obscurité la plus dense, cette œuvre brille de tous ses feux car la  lumière transperce l’ombre faisant de sorte que l’image existe : il n’y a pas d’image sans lumière !

« Que la lumière soit et la lumière fut » n’est pas une banalité rhétorique. Elle est au centre d’un phénomène à la fois physique et philosophique : celui du visible.

Avec L’ANGE PORTEUR DE LUMIERE, tout brille, tant dans les couleurs que dans le trait accentuant la pose ainsi que le visage de l’ange. L’artiste a fait appel à un modèle pour prendre la pose voulue. De même qu’il a fallu un long travail de mémorisation concernant le dessin préparatoire pour pouvoir le restituer. Œuvre à dominante rouge, ce tableau marie une symphonie de tonalités audacieuses : le jaune, le violet, le bleu, le vert et le noir. Savamment agencés, ils sont portés au regard par la couche d’huile étalée à la brosse, révélant à l’œuvre le soleil qu’elle porte en son sein. Notons que la position des bras de l’ange rejoint celle du personnage du diptyque. Ils sont écartés, presque en signe d’accueil, terminés par des mains tendues dans un état de grâce. D’ailleurs, c’est l’état de grâce qui caractérise Lucifer. Il faut le considérer comme un ange baignant encore dans sa pureté originelle. Il se trouve au cœur d’une spiritualité en dehors des sentiers battus, car si l’on y regarde de près, on s’aperçoit que Lucifer fut, au regard de la tradition biblique, la première créature souffrante. Une créature qui, en quelque sorte, préfigure l’Homme dans ses pulsions narcissiques.

Les anges de LESLIE BERTHET-LAVAL participent des ancêtres illuminant notre mémoire. Ils se manifestent dans nos rêves, transportés par le véhicule de l’imaginaire. Ils nous définissent et nous protègent. Bien que l’artiste s’émeuve devant les manifestations de spiritualité exprimées par les croyants de toutes confessions, ses propres anges sont issus d’un élan immanent, se nourrissant de problématiques universelles.

L’artiste qui affectionne l’huile, a travaillé souvent la nuit, la plupart du temps inspirée par la voix de Luc Arbogast, un chanteur du répertoire médiéval et classique, pour mieux s’imprégner de l’atmosphère du sacré.

C’est une autodidacte qui  a étudié l’architecture d’intérieur, ce qui lui a permis de se familiariser avec les plans, les courbes, les divers problèmes de perspective ainsi qu’avec le dessin qui (comme nous l’avons spécifié plus haut) la définit d’emblée.  

L’artiste fut initiée à la peinture par sa grand-mère, elle-même peintre. La restauration du patrimoine fait partie de ses intérêts les plus brûlants.

Formée sur le terrain, elle a participé à la restauration de nombreux sites, tels celui de la galerie Apollon du Louvre ainsi que ceux d’églises et de châteaux de la région lyonnaise.

Lumière et couleur sont pour elle synonymes d’énigmes et de vibrations. Ce qui a fini par influer sur des concepts tels que l’Impressionnisme qu’elle identifie à la pâte utilisée ainsi qu’à la préparation des couleurs et aux détails. Et à l’Expressionnisme qu’elle associe au sentiment impalpable qui nous renvoie à notre propre histoire.

C’est le propre des ANGES de LESLIE BERTHET-LAVAL qui sondent notre part divine. Ce sont nos pulsions originelles, qu’emporte au gré de la lumière, l’Ange dans un vertige de grâce.

François L. Speranza.

 

 

Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

 

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

         

12272989270?profile=original

L'ange porteur de lumière (version nocturne)

Lire la suite...

        L’ART, MYSTIQUE DE LA NATURE : L’ŒUVRE DE DOROTHEE DENQUIN

Du 10 - 06 au 27 – 06 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), a le plaisir de vous présenter l’œuvre de l’artiste française, Madame DOROTHEE DENQUIN, intitulée : D’ART ET DE NATURE.

Est-ce l’Art qui imite la Nature ou est-ce le contraire ? Certes, le débat est né intrinsèquement avec l’apparition de l’Art comme projection de la pensée humaine. Bien des théories ont été échafaudées à ce sujet. La plus célèbre d’entre elles demeure celle d’Oscar Wilde, pour qui c’est la Nature qui imite l’Art. Mais nous savons bien qu’Oscar Wilde aimait provoquer et….qui sait ? sans doute s’agissait-il là d’une boutade destinée à irriter le conservatisme victorien de l’époque ! Ce qui importe, c’est la réponse que DOROTHEE DENQUIN donne à cette question.

Selon l’artiste, c’est l’Art qui imite la Nature….sans pour autant y parvenir ! Mais, d’emblée, à ce stade, il n’est déjà plus question de parler d’imitation. Car l’Art n’imite pas. Il va au-delà de l’image archétypale. Une mer, calme ou démontée, sera inexorablement différente selon la sensibilité de l’artiste qui la crée (et non pas la recrée, car le premier jet provient du tréfonds de son émotion) sur la toile. S’agissant, au départ, d’une démarche à partir d’une vision « objective » (si tant est qu’elle existe !), un glissement s’opère jusqu’à atteindre, progressivement ébauchée sur la toile, l’empreinte d’une force de subjectivité créatrice. 

DOROTHEE DENQUIN peint « in situ ». Cela résulte de son passage par les écoles d’art britanniques duquel elle a retenu que peindre à l’extérieur oblige l’artiste à être en immersion dans le biotope du sujet et dépasser l’obstacle de la « réalité » pour trouver sa propre voie (Turner en est un exemple excellent). Dès lors, sa vision personnelle de la Nature se construit essentiellement à l’intérieur du cadrage dans un éternel dialogue avec la profondeur du champ.

LES FALAISES DE HAULT (50 x 70 cm – pastel sec sur papier Ingres).

12273103856?profile=original

A partir de l’avant-plan représentant le bord d’une falaise avec le vide que l’on devine, s’ouvre sur la gauche l’infini dont l’horizon semble gonfler, au fur et à mesure que la brume monte pour se répandre sur la mer.

Tandis que la partie droite du tableau (les falaises) demeure immuablement statique, carrément massive par rapport à l’ensemble de la composition.

Le mouvement est rendu par l’écume nerveuse des vagues. Le seul élément « figé » dans une immobilité en suspension, c’est la mouette qui semble planer entre deux dimensions.

Le chromatisme est d’une grande force évocatrice.

Basé sur des couleurs tendres (presque tièdes), telles que le bleu-clair, le vert-clair et le blanc, elles expriment le choc des éléments au sein d’une douceur faisant contraste avec le thème.

Pastelliste de première force, l’artiste a réservé différentes tonalités destinées à souligner la matérialité de la Nature au sein d’un chaos poétique. Le bleu, le vert et le blanc, appartiennent à la mer dont les circonvolutions des vagues semblent labourer l’espace. Le blanc (en quantité importante) est réservé à la roche des falaises. Quant à l’avant-plan, il constitue le seul moment où l’artiste s’est aventurée dans la restitution du détail. Observez le traitement des herbes folles pliées par le vent. Elles regorgent de couleurs à peine esquissées, telles que le vert marié au blanc (avec en plus, l’ajout du jaune tirant sur l’orange, discrètement étalé).

Le cadre (nous le notions plus haut) est d’une importance capitale car il assume l’équilibre ainsi que la direction de la composition. Dans ce cas-ci, il faudrait plutôt parler de « déséquilibre », car la ligne d’horizon, étant tellement haute, le sentiment que ciel et mer s’apprêtent à engloutir la falaise envahit le visiteur. Cette même ligne d’horizon se retrouve placée tout aussi haut dans SEUL (50 x 70 cm – pastel sec sur papier velours)

12273103682?profile=original

que dans LES OISEUX DE LA BAIE (73 x 60 – huile sur toile).

12273104094?profile=original

Nous reviendrons, par ailleurs, plus loin sur le traitement que l’artiste accorde à la ligne d’horizon. 

Le but scénique de SEUL est celui de donner au visiteur la sensation physique de la vague en naissance, toujours avec l’idée du déchaînement des éléments mais, cette fois-ci, avec un protagoniste différent. Dans LES FALAISES DE HAULT, la mouette plane doucement, comprise dans l’édifice de la création. Dans SEUL, c’est l’Homme qui est aux prises avec les éléments.

L’Homme dont la frêle silhouette se confond avec le fracas visuel des vagues. Notons qu’un même chromatisme unit les deux œuvres.

Différentes tonalités de bleu, de vert et de jaune définissent BANC DE MEDUSES (50 x 70 cm – pastel sec sur canson).

12273104857?profile=original

L’artiste nous offre une image de ce qu’elle considère être la perfection, issue d’une mathématique entraînant un ordre, en apparence, répété mais qui, néanmoins, laisse une place importante au hasard.

Outre le pastel, DOROTHEE DENQUIN maîtrise parfaitement l’huile. Par cette technique, elle incruste sa matérialité à la création. La densité de la matière, associée au dessin, apporte le relief nécessaire à chaque élément de la composition.

LE BREZOU (92 x 61 cm – huile sur toile)

12273105465?profile=original

fourmille de détails au sein d’un biotope scintillant. La matière apportée aux arbres leur confère la chair de l’écorce. Une infinité de contrastes chromatiques font que le regard ne peut en saisir un seul et finit par se perdre dans un tourbillon de notes vertes et jaunes.

Osons cette dichotomie : par la dimension presque diaphane de ses couleurs, le pastel confère à l’œuvre de l’artiste une force métaphysique. Tandis que l’huile apporte au sujet une matérialité charnelle toute faite de lumière. Force métaphysique et matérialité charnelle, par une alchimie différente, se conjuguent dans l’émotion. Car la démarche de DOROTHEE DENQUIN s’inscrit dans un processus psycho-physique, en ce sens qu’elle place sur le même niveau matière et émotion pour qu’agencées, elles se déploient dans un même élan vital sur la toile. En effet, en ce qui concerne la technique à l’huile, l’artiste s’amuse souvent à confronter l’humide et le sec, lorsqu’elle travaille à la fois sur les matières et les ambiances. Il en va de même lorsqu’elle jauge la densité des couleurs et des pigments. L’artiste procède par couches successives (lavis) jusqu’à ce qu’elles soient sèches. LE BREZOU (cité plus haut) s’avère être un excellent exemple de sa technique. L’artiste a utilisé du jaune de Naples. Elle a étalé trois couches de jaune différent sur la toile et pour que la couleur inonde parfaitement l’ensemble de l’espace, elle a rajouté des couches successives.  Quant aux œuvres réalisées au pastel, elle l’utilise pour rendre plus profonde la densité du mystère de la lumière. Car, en définitive, brillante ou opaque, qu’est-ce que la lumière ?

L’artiste s’exprime dans deux techniques qui reflètent deux conceptions philosophiques. Nous insistions, plus haut, sur le caractère essentiellement métaphysique de ses créations au pastel. En fait, il est utilisé essentiellement pour traduire les transparences.

Il s’agit d’une opération extrêmement complexe, car le pastel se pose en couches successives, ce qui fait que pour obtenir la tonalité souhaitée, il faut jouer sur la gamme des tons. Il convient, par conséquent, de jouer toujours avec un ton plus bas, car le fait de fixer une couche augmente automatiquement l’effet lumineux d’un demi-ton.

Il devient alors impératif de « jouer en mineur pour obtenir un majeur », comme le dit l’artiste.

DOROTHEE DENQUIN, dont la première expérience avec la peinture remonte à l’âge de quatre ans, s’est à partir de son adolescence, orientée vers les beaux-arts. Elle a suivi les Cours Martenot ainsi que les Ateliers Clouet Des Perruches. Elle a également étudié le dessin en Grande-Bretagne ainsi qu’à Paris VII. Ayant des origines écossaises, elle est également titulaire d’un DESS en Langue et Civilisation Britannique. Elle a commencé par se familiariser avec les classiques, en copiant leurs œuvres pour en saisir la dynamique. Ensuite elle s’est tournée vers les impressionnistes pour leur lumière. Les hyper réalistes américains ont également exercé une grande influence sur elle, parmi les nombreuses références capitales dans l’Histoire de l’Art. Néanmoins, parmi celles-ci, figurent les maîtres de la peinture flamande. Arrêtons-nous un moment sur cette référence particulière. Nous avons indiqué plus haut le traitement que l’artiste donne à la ligne d’horizon (extrêmement haute par rapport au cadrage). Ceci est l’un des traits culturels majeurs de la peinture flamande qui s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui. Précisons, également, que l’artiste est originaire du nord de la France, c'est-à-dire d’une région où la culture flamande se ressent jusque dans l’architecture. Hasard ou coïncidence ? Toujours est-il que ce trait culturel demeure inscrit dans son écriture.

Le dessin occupe depuis toujours une place primordiale dans son œuvre. Elle en dispense aussi des cours. A ceux qui prétendent ne pas savoir dessiner, elle rétorque que dessiner c’est d‘abord apprendre à regarder.

Regarder c’est avant tout s’approprier l’essence du Monde par la palette des sens. Son accouchement sur la toile est l’acte par lequel l’Art, nourri de l’humain s’interrogeant sur les êtres et les choses, se pose en mystique de la Nature.

François L. Speranza.

12273002454?profile=original

 

12273106457?profile=original



Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

12273107678?profile=original

François Speranza et Dorothée Denquin: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(10 juin 2015  -  Photo Robert Paul)

12273108479?profile=original

Dorothée Denquin - Vue d'ensemble (photo Espace Art Gallery).  

Lire la suite...

ISABELLE GELI : LE MOUVEMENT PAR LA MATIERE

                        ISABELLE GELI : LE MOUVEMENT PAR LA MATIERE

Du 10 – 06 au 27 – 06 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), expose l’œuvre de Madame ISABELLE GELI, une peintre française dont l’exposition s’intitule : ART, MOUVEMENT INTERIEUR ET LIBERTE.

Il ne faut pas longtemps au visiteur pour constater que l’œuvre d’ISABELLE GELI se caractérise par deux écritures. Précisons, d’emblée, qu’il s’agit de deux écritures et non de deux styles, car bien des éléments se retrouvent   associés dans ces deux formes d’expression.

Une première écriture se trouve exprimée dans une image que l’on pourrait qualifier de « ramassée », à la limite du géométrique. Une forme d’architecture, de nature essentiellement florale, régit la composition. (DELICATESSE – 54 x 73 cm – huile sur toile)

12273111876?profile=original

Des colonnes de fleurs et de roseaux structurent la toile en un ensemble, mariant des formes rappelant des colonnes, à des entrelacs floraux se nouant à elles. (ENERGIE BLEUTEE – 41 x 24 cm – huile sur toile)

12273112281?profile=original

Unies par un arrière-plan monochromatique caractérisé par le brun-clair, ces œuvres, bien que lyriques, se définissent par une « sagesse » intrinsèque, contrastant  de plein fouet avec une autre écriture, également déclinée par un monochromatisme, matérialisé par les « marines ». Cette série de peintures contraste avec la première par sa nervosité, tant dans les couleurs que dans le mouvement qu’elle entraîne.

L’artiste est un maître, tant dans la couleur que dans la matière. Mais en filigrane, s’impose le dessin destiné à structurer le sujet, dans l’espace comme dans le mouvement.

(LE CHANT MARITIME – 40 x 40 cm – huile sur toile)

12273111295?profile=original

(LES EMBRUNS DU SOIR – 54 x 73 cm – huile sur toile)

12273112496?profile=original

proposent des « marines » montrant des bateaux ondulant sur la mer. LES EMBRUNS DU SOIR nous montre sept embarcations, remuant dans la houle, formant par la justesse du trait une sorte de « file indienne » zigzagant sur les flots, déstructurant, d’emblée, le sentiment de droite que l’artiste, dans l’esprit du visiteur, aurait dû proposer. Ce tableau est, en dernière analyse, le prétexte à construire une ligne brisée.

LE CHANT MARITIME (cité plus haut), nous offre une composition où mer et bateaux s’enlacent dans une volonté de cubisme assurée par une série de carrés sur lesquels reposent les bateaux. Couleurs et lumière sont les maîtres-mots de cette écriture. Une atmosphère fauviste à outrance « balaye » la toile par une matière importante étalée au couteau, qui s’incarne dans le mouvement des vagues ainsi que dans les mâts des bateaux plongeant leur reflet dans l’eau, dont la finesse du trait, allongé comme s’il voulait quitter l’espace scénique, conçu de blanc solaire, accentue l’impression d’un lointain se rapprochant au regard. L’on retrouve cette velléité cubiste dans SENTEURS CARAIBES (92 x 65 cm – huile sur toile),

12273113068?profile=original

présentant une série de petits vases translucides situés à l’avant-plan, dans le bas du tableau.

Une constante unit les deux écritures, à savoir une volonté d’éclosion du mouvement. Même dans le statisme présent dans les œuvres appartenant à la première écriture, l’élément végétal grimpe et se dilate jusqu’aux limites de l’espace pictural.

FERTILITE (65 x 50 cm – huile sur toile)

12273113281?profile=original

joue avec notre imaginaire culturel. Que représente cette image trônant ? Est-ce là le souvenir du Sphinx ou de quelque autre créature mythologique ? Le traitement iconographique est le même : des motifs à la charnière du floral et de l’imaginaire virevoltent autour de cette forme qui aspire à la transcendance. La présence tout en filigrane de la sculpture se fait sentir. Même si l’artiste ne la pratique pas (encore), l’on sent qu’au travers d’une telle forme, se profile une nécessite sculpturale. A un point tel que l’on pourrait carrément parler de « sculptures peintes ».

La couleur à l’huile est l’une des signatures de l’artiste. L’intensité de la brillance créée par la matière est sans pareil. Le rouge-vif des pétales couronnant les fleurs de SENTEURS CARAIBES (cité plus haut) contraste avec le vert des feuilles.

Un second élément (que nous avons évoqué plus haut) appartenant à la signature de l’artiste est le fait que depuis six ans, elle utilise le couteau pour inciser le trait dans toute sa finesse. Dans le même tableau, nous pouvons observer la façon dont le trait au couteau, associé à l’importance de la matière, assure la matérialité de la forme.

EVEIL DE L’AURORE (54 x 81 cm – huile sur toile)

12273113852?profile=original

représentant une ville en éveil indique une transition entre la première écriture et la deuxième. L’arrière-plan comporte par sa dominante brune une réminiscence avec la première écriture. De même, la présence d’arbres (sur la gauche du tableau) évoque la verticalité, signifiant la volonté d’atteindre le ciel dans une recherche de liberté.

ISABELLE GELI, cette artiste autodidacte qui peint depuis quarante ans, n’obéit qu’au ressenti dicté par la vie. Ses œuvres sont l’appel, à la fois proche et lointain, d’une dimension transcendantale qu’elle traduit avec force et élégance. Une dimension où la dynamique du mouvement intérieur atteint par la matière, matrice de la forme, son envol vers la liberté.

François L. Speranza.

12273002454?profile=original

 

12273113460?profile=original

Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

12273114296?profile=original

François Speranza et Isabelle Geli: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(10 juin 2015  -  Photo Robert Paul)

12273114665?profile=original

Isabelle Geli - Vue d'ensemble (photo Espace Art Gallery).  

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles