"Juste un bol d'air"
Une aquarelle d'Adyne Gohy
"La jeune fille et la mer"
Sur la plage est apparue cette jeune fille
Là où il ne revient que du temps sur l'envers
C'est le mien qui la voit comme une image floue...
C'est le sien puisqu'elle est seule comme un chagrin
La mer ne me garde vraiment rien au grand large
Elle est sans rémission la vague qui échoue
Mes rêves me restent comme vaisseaux fantômes
Et je me demande qui est la jeune fille
Le temps est si étrange et quelque part éteint
La jeune fille est si loin quand elle est près de moi
Tout nous sépare comme deux bouts d'un voyage
Par l'impossible inversion des grands sabliers
Me voilà donc témoin de ce qui fait mémoire
Du tout premier chagrin et coeur à marée basse
A ces autres marées basses mais coeur expert
Des marées hautes, des grandes vagues d'amour
Je suppose un prénom à cette jeune fille
Que j'aurais pu prononcer avec insistance
Avec constance aussi mais le comprendrait-elle
Si je lui disais comme j'ai pu le garder
Qui est-elle? Tant d'images se superposent
Sur ce tableau de la jeune fille à la mer
On ne peut le peindre que de la ressource
Des sentiments qu'on rend à l'intemporel
La jeune fille est à moi réelle, irréelle
Elle est là, elle ne l'est pas, mais je l'admire
Dans un fort intérieur comme endroit secret
A tout ce qui me fait l'émotion qui déborde
Lui ferais-je confidence de ce qu'elle m'inspire
Elle qui rapporte ma jeunesse et ce que je suis
Comme bord de mer depuis le premier amour
Qui me ferait dire l'amour ne s'oublie jamais
Lui dirais-je que j'ai pu la prendre pour fille
Pour me consoler du doux semblant d'un mensonge
Pour lui servir d'appui quand je ne le peux pas
Pour ma fille qui me laisse sans le nom de père
Lui dirais-je que le temps n'arrange pas tout
Il est des amours qui nous restent impossibles
Mais rien ne sert de forcer l'imaginaire
S'il n'est pas de vie modèle, tout peut arriver
Sur la plage à disparu la jeune fille
Mais j'ai gardé une étoile de mer
par Gil Def
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