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Surréalisme (15)

administrateur théâtres

Salvador Dalí et René Magritte : deux icônes du surréalisme en dialogue

Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique consacrent une exposition exceptionnelle à Salvador Dalí et René Magritte. Pour la toute première fois, les rapports et influences entre les deux plus grandes icônes du surréalisme sont étudiés et  mis en lumière. Il en ressort un authentique dialogue de potaches métissé de  compétition artistique. 

90 ans après leur rencontre...

Plus de 40 musées internationaux et collections privées ont prêté leurs œuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).Tous deux, Dalí et Magritte s’attachent à défier le réel, à questionner notre regard et à bousculer nos certitudes. L’exposition révèle leurs liens personnels mais aussi leurs approches philosophiques et esthétiques à travers plus de 100 peintures, sculptures, dessins et photographies...

La visite commence par une expérience immersive, la tête dans les nuages. La célèbre œuvre "Le temps menaçant" de Magritte étant absente de l'exposition, les organisateurs, quelque peu déçus, ont décidé de la recréer en images de synthèse, explique Michel Draguet, commissaire de l'exposition. Il s'agit d'une peinture que Magritte a réalisée lors de son séjour en août 1929 en Espagne, à Cadaqués, le port d'attache de Salvador Dali. Un été qui verra entrer la Méditerranée dans l'œuvre du Belge et se révélera décisif pour lui.

Tout au long du parcours, les deux icônes du surréalisme interagissent autour de thématiques qui les unissent, telles que "le rêve et l'hallucination", "les portraits", "les paysages", "dedans >< au-delà", ... Ce "dialogue de tableau à tableau témoigne d'une fabuleuse proximité dans la différence", souligne Michel Draguet. "La relation qui unit Magritte à Dali et Dali à Magritte est sans doute l'une des plus fécondes" de ce mouvement artistique.

Notez que  cette exposition se veut aussi accessible aux personnes aveugles ou malvoyantes, grâce notamment à quatre postes tactiles qui décrivent en braille des œuvres significatives des artistes, reproduites en relief. Plusieurs activités seront aussi organisées dans le cadre de l’événement.

Plus d'info | Billets

Espaces créatifs Accessibles en permanence  et gratuits. Co-créez avec Dalí et Magritte dans 4 espaces d’expérimentations artistiques, didactiques, et ludiques. Dormez les yeux ouverts! Traversez les  90 ans après leur rencontre. Plus de 40 musées internationaux et collections privées ont prêté leurs œuvres aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).paysages infinis : dedans et au-delà! Jouez avec les mots, les images et les illusions! Créez, superposez, en un mot, « anamorphosez »! Daliriant ou Dalirant?  

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Anniversaire des dix ans du Musée Magritte :  le 24 novembre 2019

24.11 2019

Journée festive!  Save the date! Visitez gratuitement la plus grande collection d’œuvres du célèbre surréaliste belge et découvrez la nouvelle sélection du Musée. Visites contées, ateliers d’écriture, workshops,  "Take the pose" et pleins d’autres activités attendent petits et grands!

Plus d'infos

Intro Expo 12.10 | 9.11 | 7.12 | 18.1 | 8.2

En 30 minutes, le conférencier de ce bref exposé déploie l’essentiel des faits, références et analyses qui vous permettent de savourer pleinement l’exposition Dalí & Magritte. Familiarisé avec l’univers des deux artistes, vous abordez le parcours de l’exposition à votre rythme et selon vos envies…

Plus d'infos

Image result for daliVisite-lectures:  qu’a dit Dali ?

20.10 |10.11 | 12.01 | 09.02

Visite-lectures dans l’exposition, par un trio de guide-lecteurs native-speakers : Inès della Calle, Jack Ghosez & Myriam Dom. Des extraits choisis dans les biographies de Dali et dans ses écrits, La vie secrète de Salvador Dali, Visages cachés, seront lus en français et en espagnol et agrémentés de commentaires, dans des mises en scène aussi daliniennes que magritiennes !

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Visites en famille

20.10 | 22.12 | 28.12

Venez découvrir en famille l’exposition consacrée à deux icônes du surréalisme.
Pour la toute première fois, les rapports et influences entre les deux plus grandes icônes du surréalisme sont mis en lumière. L’exposition révèle leurs liens personnels mais aussi philosophiques et esthétiques à travers plus de 80 peintures, sculptures, photographies, dessins, films et pièces d'archives.

Plus d'infos

Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
3 rue de la Régence - 1000 Bruxelles
Tél.: +32 (0)2 508 32 11
Fax: +32 (0)2 508 32 32


 

 

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12273310073?profile=originalAlice Rahon

La ballade de Frida Kahlo

 Acrylique, 1966

 

      Quel que fut le destin de ces artistes laissées plus ou moins dans l’ombre de Frida, toutes portent haut les couleurs du féminisme. Et Frida Kahlo reste pour ces dernières à la fois une figure symbolique et un porte-voix de part et d’autre de l’Atlantique. Elle est ainsi devenue une véritable icône de la Pop Culture à l’instar d’un Michael Jackson*1, de David Bowie ou de Madonna, qui par ailleurs collectionne ses œuvres…

 

C’est une maison bleue…

12273310859?profile=originalDavid Bowie devant la Casa Azul de Frida Kahlo

Coyoacán dans les faubourgs de Mexico, le 20/10/1997

Maison qui l’a vu naître et mourir.

Maison devenue musée et sanctuaire.

Un ossuaire kitch où il est de bon ton de se recueillir.

(photographie de Fernando Aceves captée sur le net)

 

12273310701?profile=originalSanta Madonna… !

(photo captée sur le net)

 

 … inspirant de nouveaux artistes ou ornant les chambre d’adolescents, se retrouvant sur les places publiques, comme ici sur le Museum Square à Rhodes…

 

12273311855?profile=originalFrida Kahlo

Portrait réalisé par une artiste sur la place Alexandrou à Rhodes, 2017 (Grèce)

(d’après une photographie prise en 1938 de Nickolas Muray)

 

…. ou sur les réseaux, notamment sur celui dédié à la culture, à la curiosité et à l’amitié, Arts & Lettres bien sûr.

 

12273312075?profile=originalFrida

Anik Bottichio

Acrylique sur toile

Une fleur qui vous dévore de l’intérieur.

Frida ou l’écume des jours.

 

12273313056?profile=originalDona Frida Kahlo de Rivera et Grazino

Bernard Tournier

Huile sur toile, 2011

(d’après une photographie de Nickolas Muray, 1892-1965, qui fut un temps son amant)

Michael, Frida… à chacun son faon.

Fan de tes grands yeux

De ton sourire

Je suis fan de toi

 

Mais, entre idolâtrie et business, dérives et produits dérivés, Frida sur un coussin dans une boutique de souvenirs, est-ce bien séant ? Faut-il en pleurer, faut-il en pouffer ?

 

12273313086?profile=originalBroderie mécanique (Réthymnon, Crète, Grèce)

Carré magique avec figure hypnotique aux vertus narcotiques ?

Surrealistic pillow ?

Frida, comme La Catrina*2, définitivement Queen of Pop

 

12273313481?profile=originalLilia Carrillo

Palabras sueltas

(photo captée sur le net)

 

      Mais je ne saurai terminer sans au moins citer quelques oubliées (les nommer c’est déjà les reconnaître) comme Rosario Cabrera Lόpez (1901-1975), considérée comme « la première grande peintre mexicaine du XXe siècle » [mais qui s’en souvient ?], Aurora Reyes Flores (1908-1985), Elena Huerta Muzquiz (1908-1997), Fanny Rabel (1922-2008), peintre d’origine polonaise, ou Rina Lazo Wasem*3 (1923-2019), d’origine guatémaltèque elle assista Rivera. Si elles furent le plus souvent liées au mouvement muraliste mexicain (ou surréaliste comme nous le verrons plus loin), l’objectif de ce troisième billet consacré aux femmes est de montrer qu’elles furent plus que les seconds couteaux de la peinture.

12273313856?profile=originalRosario Cabrera Lόpez

Femme avec une écharpe rose (huile sur toile)

(photo captée sur le net)

Ou encore Cordelia Urueta Sierra (1908-1995), une grande dame de l’abstraction, Isabel Chabela Villaseñor (1909-1953), artiste aux multiples talents, Celia Calderόn (1921-1969), au graphisme d’une grande finesse, ou Lilia Carrillo (1930-1974), peintre de la Ruptura, accents lyriques et mots simples.

 

12273313677?profile=originalRemedios Varo

Anglès (Espagne), 1908 – Mexico, 1963

Creaciόn de las aves, 1957

(photo captée sur le net)

« Je voudrais être la projection pulvérisée du soleil

 sur la parure de lierre de tes bras. »,

Benjamin Péret (1899-1959)

Comme un répons, un écho profond, étrange et pénétrant aux

Chants de Nezahualcόyotl

« Tu décores des plumes du quetzal

Tes amis, Aigles et Jaguars. »

 

Et comment négliger María de los Remedios Alicia Rodriga Varo y Uranga, ou plus simplement Remedios Varo, peintre espagnole mais dont l’œuvre s’est épanouie au Mexique où elle s’éteignit. Tout comme Bridget Tichenor, née en France puis naturalisée Mexicaine, ou l’anglaise Leonora Carrington qui comme elle s’accomplit au Mexique, réalisant entre autres Le monde magique des Mayas. Toutes trois travaillèrent dans le voisinage du surréalisme, dans le sillage notamment de Paalen et d’Ernst dont elles semblent suivre le commandement en toute liberté de rêver

« Errez et sur vos flancs viendront se fixer les ailes de l’augure. »

 

Mexicaines dans l’âme, ces belles étrangères délivrent de purs moments de poésie. Aussi, parmi la jeune garde, j’ajouterai Beatriz Aurora (née Castedo Mira en 1956 au Chili), peintre mexicaine de la geste zapatiste des guérilléros du Chiapas au style naïf.

 

12273313499?profile=originalBeatriz Aurora

Granjas integrales zapatistas

(photo captée sur le net)

 

Mexique terre d’accueil et de rencontres où…

« Le rêve à travers les temps nous ramène ce temps où, sous le choc de la spontanéité humaine, la Nature entière devenait ensorcelée »,

Antonin Artaud (1896-1948)

 

12273314455?profile=originalLeonora Carrington

Clayton Green (G-B), 1917 – Mexico, 2011

Green tea, 1942

(photo captée sur le net)

 

      Beaucoup de femmes peintres se sont engagées dans le surréalisme, notamment sur cette terre d’élection. Mais à vrai dire ce sont surtout des étrangères qui se fixèrent au Mexique pour y trouver paix et refuge. Et dans ce pays qui est le « lieu du surréalisme par excellence », ainsi parlait le pape Breton en personne, elles bâtirent leur grand œuvre.

A ce propos, j’ai déjà écrit dans mon article sur Frida Kahlo, qui ne les estimait guère, que les pygmalions du surréalisme portaient finalement un regard condescendant sur leurs consœurs*4. Propos fumeux mais ô combien décisifs de ces Messieurs échangés au fumoir, anodins babils côté boudoir. Réflexion et fulgurances, transcendance, joliesse de l’expression et légèreté de la touche. Galanteries de gala des galapiats. Pas gâtée(s) Galatée(s)…

« C’est que ta tête est close, ô statue abattue. »,

Paul Eluard (1895-1952)

« A ce qu’on m’a raconté,

Cette bonne Galathée

Se teint les cheveux en noir ;

Toute autre est la vérité,

Car ils étaient déjà noirs

Quand elle les a achetés. »,

Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781)

Epigramme rapportée par Freud, l’adulée idole des Surréalistes,

dans Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient.

Et effectivement, persuadés de leur importance, on connait les uns, on ignore généralement les autres. A l’exception peut-être de Toyen (Marie Čermínová, dite ; 1902-1980) qui participa à toutes les expositions du groupe (si on met à part l’interruption due à la guerre). Même dans des ouvrages exclusivement dédiés aux artistes femmes, souvent écrits par des femmes, elles sont fréquemment définies par rapport à un compagnon, à un mari, à un mentor, voire à leurs seules liaisons. Maîtres et maîtresses. Chacun sa muse. Ainsi réduites, ce sont eux qui en définitive prévalent et que tout le monde admire. Et si on célèbre leur beauté, convulsive forcément, on entend implicitement femmes fatales, scandales, vénales, ou femmes-enfants, immatures, mineures. Egéries ! Pour ne pas en pleurer de ces mâles embouchés sonnant les trompettes de la renommée.

« Vérité, Beauté, Poésie : elle est Tout :

 une fois de plus sous la figure de l’Autre.

Tout excepté soi-même. »,

Simone de Beauvoir (1908-1986)

Misogynie à part, si certaines femmes artistes furent délaissées (Carrington, Tichenor, Izquierdo, en particulier) lors de la sélection officielle supervisée par Wolfgang Paalen et César Moro sous le haut patronage d’André Breton, il faut bien reconnaitre qu’à l’« Exposiciόn internacional del surrealismo. Mexico. 1940 » d’autres furent présentées (Kahlo, Rahon, Varo, ainsi que la Chilienne Graciela Aranis ou les Suissesses Meret Oppenheim et Eva Sulzer) à cette occasion*5. Avec parcimonie, comme une indulgence, par simonie.

Quand bien même, six reines (pour une cinquantaine de contributeurs) ne font manifestement pas un appel des ténors du mouvement. Révélateur entre-soi.

« Autrui joue toujours dans la vie de l’individu le rôle d’un modèle,

d’un objet, d’un associé ou d’un adversaire. »

Sigmund Freud (1856-1939)

Mises en scène, elles jouent en fait les utilités. Ainsi l’apparition lors de l’inauguration d’Isabel Marin en « Grand Sphinx de la nuit » ; femme-objet  papillonnant dans ce pré carré d’invités pour qui, selon le canon dicté par le maître de chapelle, « la beauté sera érotique-voilée, exposante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas. » Ambiguë position. Comme d’ajouter un genre à artiste.

      A l’évidence, on ne peut qu’être séduit par le « réalisme magique » de la trop rare Bridget Bate Tichenor (1917-1990). Née à Paris au hasard des pérégrinations de ses parents, elle élit résidence à Mexico en 1953 après s’être partagée entre l’Angleterre, la France et l’Italie, pour y réaliser son ouvrage tout le reste de son âge. Une œuvre où B.B.T nous tend la psyché, la fait pivoter puis disparaître dans l’œil de sorcière… Quand, pour Breton, « la plupart des artistes en sont encore à retourner en tous sens le cadran de la montre sans se faire la moindre idée du ressort caché dans la boîte opaque. »

Paradoxalement sa production restera dans l’ombre la plus obscure, tombant dans un sommeil profond. Breton, prophète, l’ignorant superbement, quand cependant

« La finalité du poète est d’émerveiller.

Je parle de l’achevé et non du malavisé.

Qui ne sait étonner qu’il se fasse étriller »

Le Cavalier Marin

(Gianbattista Marino, dit ; 1569-1625)

Et elles émerveillent, captivent et magnétisent de leur chant étrange et émouvant.

 

12273313698?profile=originalBridget Bate Tichenor

Les surréalistes ou Les spécialistes

Huile sur masonite, 1956

(photo captée sur le net)

Qui réveillera ces belles au bois dormant ?

Sûrement pas ces Messieurs les censeurs !

Fées libres, ces félibres étonnent autant qu’elles détonnent.

 

12273314665?profile=originalRemedios Varo

Le troubadour

Huile sur masonite, 1959

(photo captée sur le net)

      A mes yeux pourtant Leonora Carrington, Bridget Tichenor, Remedios Varo notamment, pour rester au Mexique, font bien partie des meilleurs peintres surréalistes du vingtième siècle. J’y ajouterai l’américaine Dorothea Tanning (1910-2012) qui sème le trouble comme personne tout en dénonçant narquoisement « la triste petite procession d’analyseurs qui se traînent jusqu’à l’autel de la libido en chantant leurs cantiques chevrotants. »

 

12273314289?profile=originalDorothea Tanning

La chambre d’amis

(huile sur toile, 1951)

« Les gens déambulent

chuchotent, se regardent

Nul ne sait que faire de la mort, ma sœur

Nul ne sait que faire de ta mort. »

Mόnica Mansour

(poétesse mexicaine née en Argentine en 1946,

extrait de Lumière)

 

12273315269?profile=originalDorothea Tanning

La chambre d’amis (détail)

 « Tout cela que la nuit dessine de sa main obscure :

Le plaisir qui révèle,

Le vice qui dénude. »

« Mais les psychologues voudront comprendre alors qu’il s’agit d’imaginer. »

Collage : Xavier Villaurrutia (1903-1950)

et Gaston Bachelard (1884-1962)

 

      Pour parfaire l’inventaire, levons coin du voile jeté sur Angelina Beloff (1879-1969), peintre et graveuse d’origine russe connue pour avoir été la première épouse de Diego Rivera, ce qui est tout de même très réducteur.

 

12273315068?profile=originalAngelina Beloff

Tepoztlán

Aquarelle

(photo captée sur le net)

      Et, bien que liée à l’Art déco dont elle fut l’étoile filante, j’ai une pensée pour Tamara de Lempicka (née Maria Gόrska ; 1898-1980). L’éruptive baronne polonaise passa les deux dernières années de sa vie à Cuernavaca, au-dessous du volcan des passions éteintes. A sa mort elle souhaita que ses cendres soient dispersées au sommet du Popocatepetl…

« On ne peut vivre sans amour »,

Malcolm Lowry (1909-1957)

 

12273315081?profile=originalTamara de Lempicka

Mexican girl, 1948

(photo captée sur le net)

 

Alors, femme, fière, rebelle, je m’enflamme et te porte aux nues pour

« Rien que cette lumière que sèment tes mains

Car tu es l’eau qui rêve

et qui persévère. »

Philippe Soupault (1897-1990)

 

Rebel Rebel… pour être vraies.

Para bailar la Bamba

Se necesita una poca de gracia,

Una poca de gracia y otra cosita.

Traditionnel (typique du son Jarocho)

Pour danser la Bamba

Cela nécessite un peu de grâce,

Un peu de grâce et autre petite chose.

Peut-être ce petit supplément

Qu’on appelle le talent

Grâce et talent ici réunis.

 12273315681?profile=originalTamara de Lempicka

Calla lilies*6, 1931

(photo captée sur le net)

 

      Quant à Georgia O’Keeffe (1887-1986), une autre figure majeure du modernisme, qui vécut au Nouveau-Mexique l’essentiel de sa vie. Elle nous invite à passer outre la frontière et à nous engager, car

« Il faut du courage pour créer un monde dans tout art. »

Aussi à vous toutes je dédie ce billet, quand bien même reste « quelque chose inexplorée sur la femme que seule une femme peut explorer. »

12273315470?profile=originalGeorgia O’Keeffe

Two calla lilies on pink, 1928

(photo captée sur le net)

Variations sur un même thème. Un thème également cher à Diego Rivera.

Tous les chemins mènent arum. Arum, fleur du désir ardent.

 

      Au fait, si machiste que cela le Mexicain ? Pas si simple… A Juchitán de Zaragoza, la « ville des femmes », en particulier, comme souvent dans l’état d’Oaxaca et l’isthme de Tehuantepec, les femmes administrent la vie économique et domestique tandis que les hommes sont aux champs, quoiqu’ils s’arrogent en général la sphère politique. Matriarcat particulier. Cette communauté de culture zapotèque respecte également les muxes, ces « hommes au cœur de femme ».

Et je ne saurai passer sous silence sœur Juana Inés de la Cruz (1648-1695), poétesse mexicaine et pionnière du féminisme, lorsqu’elle formule ce vœu :

« Pour l’âme, il n’existe ni cachot, ni prison qui la retiennent,

car seuls l’emprisonnent ceux qu’elle s’invente elle-même. »

Il n’en reste néanmoins vrai que le pays est particulièrement violent envers les femmes. Alors quand on est femme et indigène…

       A l’heure où les lointains descendants du conquistador Hernán Cortès et de l’empereur aztèque Moctezuma II se congratulent pour fêter le 500e anniversaire de la colonisation du Mexique et faire table rase du passé. Tous les espoirs peuvent paraître permis ! Fort de cacao tout de même...

Souvenez-vous. Les Mexicas reçurent le présage de s’établir là où ils verraient un aigle sur un cactus s’emparant d’un serpent*7. C’était même un commandement de Huitzilopochtli, dieu de la guerre et du soleil radieux, leur protecteur. L’apparition se réalisa sur une île au milieu du lac Texcoco, et là ils fondirent Tenochtitlán… Lorsque, moins de deux siècles plus tard, le perfide Cortès fondit sur eux ils le virent tel le serpent tout emplumé et le reçurent comme un fils du dieu Quetzalcóatl, avec ses guerriers, ses envoyés descendus des cieux… Les dieux sont tombés sur l’Aztèque.

Clap de fin de la civilisation méso-américaine.

S’ils ne veulent à nouveau tomber dans le lacs, ses petits-enfants devraient se méfier des augures…

Il serait plus avisé, autant pour les Indiens que les femmes, de rester sur le qui-vive.

« Lutter, c’est vivre. »,

Frida Kahlo

 

Michel Lansardière (texte, notes et photos, sauf mention contraire)

 

Retrouvez ici notre première partie « Femmes, fières et Mexicaines ! » consacrée à Frida Kahlo :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/femmes-fi-res-et-mexi...

Et là le second volet de notre triptyque (Maria Izquierdo, Olga Costa, Rosa Rolanda…) :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/femmes-fi-res-et-mexicaines-2e-partie-frida-mar-a-olga-rosa-et-c

 

On vient de retrouver la voix « chaude et mélodieuse » de Frida Kahlo, selon la ministre mexicaine de la culture, Alejandra Frausto.

Si cet enregistrement fait déjà grand bruit dans le landerneau médiatico-culturel, j’ai voulu suivre d’autres voies.

Décidément si

Le secret au bord des lèvres

Semble dépasser un peu,

Emergeant de ses ténèbres

Il goûte à l’air du ciel bleu

Jules Supervielle (1884-1960)*8

D’autres voix demandent à être entendues.

*1 Influences et concordances… Cf. l’exposition On the Wall qui, du 23/11/2018 au 14/02/2019, fut consacrée à Michael Jackson au Grand Palais à Paris, qui a succédé à la National Portrait Gallery de Londres. On pouvait aussi découvrir celle dédiée, au Victoria & Albert Museum (du 16 juin au 4 novembre 2018) aux effets personnels de Frida Kahlo ! On apprenait ainsi que son rouge à lèvre était le « Everything’s Rosy » de Revlon ! Où va se loger le fétichisme tout de même ! Il y a quand même des cultes de la personnalité dont on se passerait bien (et même des coups de pied au culte qui se perdent parfois. A ce propos, une collection de chaussures à son effigie vient d’être lancée ! Quel pied !?).

*2 La Catrina est une figure populaire au Mexique, un squelette de femme imaginé en 1912 par José Guadalupe Posada.

Calavera, crâne crâne, cadavérique créature portant chapeau et affûtiaux pour une danse macabre.

Ce fantôme de squelette

N’a pour toute toilette

Qu’un diadème de vers

Posé tout de travers.

Charles Baudelaire

12273315875?profile=originalCadavre exquis, Ô Catrina bella mariachi-tchi.

Cent sept ans que j’attends ! J’ai honte, mais gironde géronte.

*3 Rina Lazo est décédée ce 1er novembre 2019, pendant El Día de muertos, jour de fête populaire au Mexique qui s’étend en fait du 31 octobre au 2 novembre, ce qui est une forme de politesse que nous lui rendons. Elle habitait avec son compagnon, le peintre et graveur Arturo García Bustos (1926 -2017), la Maison de la Malinche, la maîtresse indienne de Cortès.

*4 Un mépris qui se manifestât aussi par l’organisation de « dîners de cons » où le convive était sacrifié sur l’autel de l’humour. Surréaliste.

*5 Remarquez que d’ordinaire j’illustre mes billets avec mes propres clichés, ce qui n’est pas le cas ici (à l’exception de Rahon et de Tanning, curieusement cette dernière étant pourtant peu légitime pour représenter la peinture mexicaine n’y ayant pas même vécu, mais présente à l’exposition Los Modernos à Lyon). C’est qu’aux grandes rétrospectives de Lille en 2004, de Paris en 2016 ou de Lyon en 2017, les femmes peintres au Mexique étaient somme toute sous-représentées (bien qu’on y ait accroché Izquierdo, Costa, Rolanda : voir mon précédent article). Guère mieux dans les catalogues et livres consultés, alors de guerre lasse j’ai eu recours pour cet article à des photos captées sur le Net. Il fallait bien rendre visibles les invisibles, en toute transparence c’est clair.

*6 Calla lily : arum ou zantedeschia.

*7 Une image toujours présente au centre du drapeau mexicain.

Federico Acosta et Ascanio Pignatelli, respectivement descendants de Moctezuma et de Cortès, se sont rencontrés le 8 novembre 2019 sur les ruines de l’ancienne Tenochtitlán, dans cœur historique de la capitale, le Zόcalo, là où précisément au centre de la place flotte un drapeau géant du pays. « Nous sommes une même famille maintenant », ont-ils déclarés. Une plaque commémorative avait déjà été posée en quasi catimini (vous ne trouverez dans le pays ni rue Cortès ni statue du mégalo) le 26 mars 2109 dans l’église de l’Immaculée Conception de la mégalopole. Baroque.

*8 Le poète, né à Montevideo (Uruguay), était l’ami de l’écrivain et diplomate Alfonso Reyes (1889-1959) alors qu’il était ministre du Mexique à Paris, par ailleurs oncle de la peintre muraliste Aurora Reyes Flores déjà citée dans ce billet. Il avait donc toute sa place dans cette série.

12273315700?profile=originalAurora Reyes Flores

Parral, 1908-Mexico, 1985

Presencia del maestro en la historia de Mexico (mural, 1960/62)

(photo captée sur le net)

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« L’Ecume des jours » de Boris Vian à l’AT-JV. Vous y allez aussi?

Chick, Chloé et Colin. Une guitare électrique emmanchée d’un jeune homme de haute stature, le sourire  éblouissant adorable d’une jolie fille à  la chevelure blonde ondulée,  aussi menue qu’une souris aux côtés de son compagnon  à  la barbe noire, Colin, et  …un trou de souris, bien plus grand que nature dans la tapisserie du temps retrouvé, servent de piliers à la  nouvelle adaptation théâtrale de « L’Ecume des jours » de Boris Vian.

 Humour féroce, empire des extases de l’amour,  poésie fantastique, musique du grand Duke, divers fracas du monde, déferlent aussitôt sur des planches brûlantes d’invention. L’inspiration Jazz est omniprésente,  la gestuelle et le parler francophone 2021 s’infiltre innocemment  dans  la mise en scène absolument magique  de Sandrine Molaro et de  Gilles-Vincent Kapps pour le Théâtre de la Huchette à Paris et sans nul doute, nous en faisons vœux, une longue tournée, débutée en Belgique  à l’Atelier Jean Vilar.

Le texte de Boris Vian est scandé pour la scène par Paul Emond, grand maître  en  adaptations théâtrales, et soigneusement pollinisé. Sa note d’intention est bruissante d’intentions artistiques tout aussi  inspirées   que réussies.  Son texte étincelant est d’un rythme et d’une musicalité intenses. Le pianotail révèle ses moindres saveurs, la danse du biglemoi fait surgir le désir,  l’appartement des lumières s’obscurcit à force de nénu-phares plus noirs que la mort. Et tombe la neige et ses cristaux immaculés sucés sur la langue. La langue de Boris Vian, bien sûr. Elle fouette, elle secoue, elle attache et s’excuse tendrement. Le chat se plie avec bienveillance  aux dernières volontés de la fidèle souris!     

L’image contient peut-être : plein air

Parlons aussi de l’immense trou de souris. Il est peut-être un souvenir de tableau de Magritte, ou le trou à raclures de la patinoire  (pas  celles de taille-crayon), ou le lit conjugal des ébats amoureux de Colin et Chloé, ou, la forme du nénuphar dév-horreur. Ou un  simple trou de serrure pour la clef des rêves…  

Prenons ensuite  les trois comédiens changeant sans cesse de cape et de personnages d’hiver ou d’été (à  cause des Noces, bien sûr ! ). Ils sont enivrants.  …C’est eux qui nous promènent avec goût sur les sentiers de l’imaginaire dans une incomparable habileté scénique. Ils se distribuent les rôles comme des enfants dans un jeu de récréation. Selon le principe d’ « incarnation et de désincarnation permanent qui permet un mouvement permanent du dialogue à la narration et donne au spectacle»  …un  incontestable cachet  poétique «  dans un va-et-vient  entre répliques, énoncé, musique et chant ».

Dans la neige scintillante de ce spectacle,  au travers  du rêve  teinté des nuages roses du texte  et de soleil couchant embaumé de parfums délicats,  il reste deux traces parallèles et dévorantes. On est frappé par le parallélisme entre l’addiction de Chick à Jean-Paul Sartre dont on entend parfois bourdonner le débit atrocement sérieux, et la mort grandissante fermement installée dans les poumons de Chloé. Un crescendo de douleur. 

  Maxime Boutéraon,  principalement  personnage de Colin, est bouleversant.  Antoine Paulin,  un Chick magnifique, et splendide dans tous ses rôles, de Nicolas le majordome, à Jésus Christ compatissant et silencieux.  Et Florence  Fauquet? Une diction exquise et un bouquet de jeunesses  piaffantes et belles, des roses vivant simplement  le bonheur d’exister. Beautiful people. 

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes souriantes, personnes debout et chaussures

Le spectacle se ressent comme un bienfaisant bain de sensations de jouvence. Il se déguste en mode « carpe diem »  avec délectation, tant et si bien, qu’à peine terminé, on le reverrait bien en boucle  continue, pour le charme, l’émotion, l’euphorie, et malgré la tragédie. Car c’est justement le côté artistique intense, côté cinq étoiles d’ailleurs,  qui fait mouche et  réjouit tant le cœur, et l’esprit, et tous les sens. Tant de grâce! Temps de délices. Tant d’amour. Et tant qu’à faire, condamner en pieds de nez magistraux, l’argent, la guerre et le travail obligatoire, les vrais et  gigantesques fossoyeurs de nos vies.

  • Metteuse en scène : Sandrine Molaro
  • Metteur en scène : Gilles-Vincent Kapps
  • Interprète(s) :  Florence Fauquet, Maxime Boutéraon, Antoine Paulin
  • Lumières : Laurent Béal
  • Scénographe : Erwan Creff
  • Musiques : Gilles-Vincent Kapps
  • Costumes : Julie Allègre

Dominique-Hélène Lemaire


https://www.atjv.be/L-Ecume-des-jours-1819 Du 22 au 27 novembre 2018 Au Théâtre Jean Vilar – Louvain-la-Neuve

Infos et réservations : 0800/25 325 – 

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administrateur théâtres

Mises en résonance : « Magritte, Broodthaers & Contemporary Art » Ceci n’est pas une rétrospective…

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Pour le 50e anniversaire du décès de Magritte, voilà deux compères réunis ! En 150  tableaux, sculptures, installations, films et documents, on peut parcourir  les liens de pensée esthétique entre Magritte et Marcel Broodthaers et en observer les nombreux prolongements auprès d’artistes  contemporains, à la manière d’une amplification plastique, poétique et actuelle. C’est ouvert 7 jours sur 7 aux Musées Royaux des Beaux-Arts à Bruxelles jusqu’au 18 février.

L’ami de Magritte, Marcel Broodthaers, poète et artiste belge est né dans la commune de Saint-Gilles à Bruxelles, en 1924 et est décédé à Cologne en 1976. Avant quarante ans, il pratique diverse métiers peu lucratifs, mais nimbés de liberté bohème chérie – écrivain, poète, libraire, guide d’expositions, journaliste et photographe… En 1964, le poète belge Marcel Broodthaers se vend aux arts plastiques en se nommant « artiste Pop ». Il abandonne sa Muse pour se mettre à fabriquer des produits visuels. Grand admirateur de Mallarmé, il justifie son changement de cap  en résonnance avec son fameux  « coup de dés » qui a inventé « l'espace moderne et contemporain de l'art ». Un manifeste contre l'exaltation romantique qu’il veut démythifier.

Il entrera dans le monde de l’art par la porte d’un pragmatisme ironique. Puisque ses livres de poésie ne se vendent pas, il en fera de l’art. « Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie. Cela fait un moment déjà que je ne suis bon à rien. Je suis âgé de quarante ans. L’idée enfin d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit. Et je me mis aussitôt au travail… » Lors de sa première exposition, à la galerie Saint-Laurent à Bruxelles,  il expose donc une pile d’invendus de son dernier recueil, Le Pense-Bête (1964), agglutinés  dans  une enveloppe de plâtre. « Tiens, des livres dans du plâtre ! » Enfin, voilà le public qui réagit, ignorant que le poète enterrait sa muse!   « L’idée d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit ». Et voilà des  casseroles remplies à ras bord de coquilles de moules vides avec ou sans sauce, accolées les unes aux autres dans un geste de dérision  caustique. Diable ! 68, c’est l’époque des pavés et de la provoc! Et les assemblages d’objets hétéroclites et jeux d’images et de mots marchent mieux que la poésie! Il meurt à 52 ans à Cologne et est enterrée au cimetière d’Ixelles.

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Sous la conduite de Michel Draguet, le commissaire en collaboration avec Charly Herscovici de la Fondation Magritte et Maria Gilissen, la veuve de Broodthaers, l’exposition « Magritte, Broodthaers & Contemporary Art »  parcourt l’œuvre de Magritte en en sens inverse du temps, depuis sa dernière toile achetée en remontant vers les tableaux de ses débuts, tout en associant son ami Broodthaers à chaque  étape et  le clin d’œil amusé d’artistes associés à  leur démarche  comme  Andy Warhol, Robert Rauschenberg,  Jaspers Johns, César, Ed Ruschan Sean Landers, David Altmejd, George Condo, Joseph Kosuth, Gavin Turk, …dans une mise en scène ludique, intéressante, presque théâtrale. Ce sera l’occasion de découvrir ces autres artistes à travers le  parcours à rebours de l’univers de Magritte. D’alpha à oméga : d’une pastille de Lune devant des feuillages (La page blanche 1967) jusqu’au Soleil éblouissant de la tombe (L’au-delà, 1938).


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L'Année Magritte a  commencé ce 11 mars 2017 dans le repère du surréalisme: "l'auberge-galerie d'art surréaliste où Magritte avait l'habitude de s'asseoir,  à La fleur en Papier doré, 55 Rue des Alexiens, à Bruxelles". René Magritte, né à Lessines en 1898, réside successivement  à Charleroi où il passe une enfance houleuse, Perreux-sur-Marne, Jette et enfin Schaerbeek. Très jeune, il nourrissait une véritable passion  pour le super héros  "Fantomas" ainsi que les auteurs de romans policiers  tels qu’Edgar Allan Poe, Maurice Leblanc ou encore Gaston Leroux. Il ne se remettra jamais du suicide de sa mère dans la Sambre, alors qu’il avait 14 ans. Lorsqu'il suit ses cours  à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1916-1920), il est d ‘abord  influencé par l’Impressionnisme et découvre ensuite le "Futurisme", un mouvement né en Italie  qui rejette les traditions esthétiques traditionnelles. C’est une révélation pour lui,  lorsqu’il découvre le Canto d'amore  (1914) de Giorgio De Chirico maître de l'art métaphysique,   qui lui fait comprendre que la question n'est pas de savoir comment peindre mais bien ce qu'il faut peindre.

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L'"idée" devient donc pour Magritte la question essentielle. Il confronte les différentes réalités : l’idée, le mot,  l’écriture, l’image. Magritte est celui qui  veut rendre  la pensée visible, il s’interroge sur  le statut de la peinture, de l'objet, du langage, sur le rapport entre signifié et signifiant. Il estime que le langage trahit la réalité de l’objet. Magritte réunira sur ses toiles des objets appartenant à la banalité du quotidien de manière inhabituelle et surprenante, créant ainsi mystère et questionnements sans réponse, offrant un champ vierge de présupposés et libre pour l’imaginaire.

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Son but est de déboussoler le spectateur pour lui faire entrevoir d’autres réalités. Pour bouleverser notre vision, il crée des atmosphères denses,  figées, minérales. Il utilise la frigidité des couleurs, des perspectives faussées, des tailles d’objet disproportionnées… et donne ainsi naissance à l’absurde. L’antidote des émotions? Ou la transmission de l’inquiétude métaphysique ? Un bel exemple: le peigne, le blaireau, l’allumette, le ciel à la place des murs, le verre vert  plus grand que l’armoire à glaces où se reflète une fenêtre absente du décor dans « Les Valeurs personnelles » (1952).

"La peinture n'est pas un miroir qui reproduit les apparences du monde. C'est un miroir qui produit tout ce qu'il veut, y compris le dos des choses, leur face cachée. Confondre la peinture avec un art de la reproduction est une sottise."

  Après trois années très productives à Paris, il expose en 1929 son œuvre légendaire « Ceci n’est pas une pipe »  au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles mais l’accueil est toujours indifférent et c’est  New York (1936) et  Londres (1938) qui enfin, le consacreront. A Bruxelles, deux groupes de surréalistes se rapprochent pour se moquer des surréalistes parisiens qui hantent les salons: celui de Paul Nougé, fondateur du surréalisme bruxellois et adversaire de l'écriture automatique chère à André Breton et, et celui du peintre René Magritte. Plus intransigeants, ils ne considèrent pas  la littérature et l'art comme des fins en soi et ils en appellent à  des prises de conscience subversives, pour dénoncer l’oppression religieuse et l'ordre bourgeois.

12273258098?profile=original Magritte est devenu un artiste-phare du 20e siècle, mondialement connu et sa gloire posthume est pratiquement sans limite. La célèbre œuvre  Magritte, « Ceci n’est pas une pipe »,  dont le titre éloquent est « La trahison des images » (1929) est revenue en Belgique, le temps de l’exposition. Une belle brochure  vademecum en trois langues, rédigée par le passionnant Jean-Philippe Theyskens, historien de l'art et guide-conférencier aux musées  est à la disposition du public pour la visite. Amusez-vous, empipez-vous!  Et n’hésitez pas à passer un moment créatif dans l’atelier Magritte, Broodthaers & you!

Service de réservations :
Téléphone : +32 (0)2 508 33 33
Email : reservation@fine-arts-museum.be 

L'exposition est exceptionnellement ouverte tous les jours (7/7) ainsi que le Musée Magritte Museum

du 13.10. 2017 au 18.02.2018.

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administrateur théâtres

"Le dire des forêts" de Philippe Vauchel - Le Rideau

« Des vents parfois se lèvent,
Montés de l'extrême orient de notre être.
Ils feulent dans les broussailles de notre coeur,
Dans les gouffres zigzaguant à
 fleur de nos pensées. »

Sylvie Germain

 

Un spectacle comme un ovni. C’est Philippe Vauchel qui le prédit et nous file son armée de doutes.  

La salle est à l’envers. On traverse le plateau, on s’assied et on regarde le public déferler par le fond du plateau.  Les quatre comédiens ont pris la peine d’ôter leurs bottines pour ne pas blesser la forêt ou pour sentir le monde de plain-pied. Ils attendent, assis au bord du chemin, les jambes ballantes.  En vertu de  leurs semelles de vent, ils ont décidé de vivre perchés et d’y habiter chaque instant. Toucher terre, et toucher l’inaccessible.  Philippe Vauchel prend les bois comme on prend le maquis.

Ce tas de charbon ou de graphite, que l’on croit voir au milieu du plateau,  au début, c’est pas de la tarte, ni de la tourbe, ni de la litière de lapin, ni ce beau terreau que l’on trouve sous les feuilles, c’est un produit fabriqué pour la scène, extrêmement mobile et volatile. C’est ce que le metteur en scène a trouvé de mieux pour faire l’humus, personnage à part entière. Pour que les quatre joyeux chasseurs de rêves s’y ébattent, s’y adonnent et s’y confondent. Pour y émietter le temps, les pensées et l’espace.  Un tas d’humus et d’humeurs qui nous relient tous, hommes, femmes, bêtes, flore, nuages et firmament. Pour dire la fourmilière, pour dire les racines, pour dire là où on se terre, pour dire là où l’on s’enterre. Pour dire le frémissement des  humbles plaisirs, pour dire les sombres violences. Pour entonner le chant de la terre: «  des vents parfois se lèvent à fleur de nos pensées… »   

Et les bois, ce sont d’abord des gazouillis d’oiseaux, des brâmes, les huées des chouettes,  des bruits d’angoisse, des bruits de création et de mort, des appels sauvages. Et quelques escabelles pour pendre de la hauteur, jouer aux cimes et plonger dans les profondeurs de la présence du vivant.    

Ainsi entre chaque scène de la  suite  bucolico-surréalistes, on se refait, avec un p’tit café sorti d'un thermos, pris en rang d’oignons, face au public, serrés par la solidarité, serrés par la rage de vivre, serrés par l’angoisse de naître. De vivre. De disparaître. Mais disparaissons-nous vraiment? 

Toute la question est là : « Sommes-nous nés ? Vraiment ? »  

« L’obscur et la lumière soufflent tour à tour sur la poussière. » On  vous suit, chers comédiens,  pas à pas, à pas de loups, appâtés par les mille fumets de la forêt humaine…secoués de rires, inondés de bonheur,  à la recherche  des couleurs de l’invisible.

Ceci n’est pas un spectacle.  Ceci n’est pas un ovni ! Et cela se joue à guichets fermés. Avec trois artistes de belle glaise : Anne-Claire, Jean-Luc Piraux et un accordéoniste : Jonathan De Neck ou Didier Laloy.  

LE DIRE DES FORÊTS

PHILIPPE VAUCHEL

CREATION FEVRIER 2017

Une forêt. En bordure du monde. À la lisière du Grand Vide. Confinés sur cette parcelle d'humus et de sève, un public, trois comédiens, un musicien. Pour une étrange veillée... Peuplée de typique, de mythique, d'épique, de comique et de cosmique.
 

Brigitte Petit Pour le Rideau de Bruxelles 
 +32 (0)471 11 19 47

  

www.theatrepepite.be 

En raison des prochains travaux de rénovations, le Rideau joue hors les murs. Le Dire des Forêts à lieu à L’Atelier 210. 

http://www.rideaudebruxelles.be/diffusion/8-presse-a-diffusion/651-2016-06-07-14-05-43

Le spectacle commence à 20H30 à l’Atelier 210, Chaussée Saint-Pierre 210 à 1040 Etterbeek (durée : 1h30 environ).

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administrateur théâtres

Quand les attentats de Bruxelles vous  ont fait perdre les pédales, ou le clavier…

On était sur le point d’écrire, quand soudain l’innommable se produisait aussi à Bruxelles, tuant en chacun de nous le sentiment de paix et de sécurité, dérangeant le berceau où éclosent les plus belles fleurs des Arts et des Lettres, toute musique tue, assourdie par les déflagrations barbares. Tant de respirations humaines disparues ou de familles blessées à jamais!  Vivons-nous désormais à contre-sens ? Le monde, le grand William l’avait bien dit, est un théâtre !

Nous  en avons mis du temps pour renouer avec le sens ! On a fait retraite dans un petit village de Savoie, question de s’éloigner de la folie humaine, s’approcher des nuages, se bercer du ciel des sommets. En phase avec la nature, se remettre au retour dans  un attelage d’une semaine aux travaux de la terre, dans un jardin défiguré par l’hiver. Loin des nouvelles du monde, dans les replis de la germination, dans le secret de l’humus prolifique.  Il a fallu ce contact intime avec la nature, travailler sans gants bien sûr,  pour que culture revienne, et que l’écriture renaisse. Et puis on s’est souvenu de ce petit bijou donné quelques jours avant le drame,  avec tant de générosité dans ce café-théâtre bruxellois, pourtant mythique, où nous n’avions jamais mis les pieds. Et le clavier s’est remis en route, même si l’âme est toujours cabossée, pour accompagner les artistes dans leur voyage.   

Tout commence par l’amitié avec l’un des deux comédiens, Marc De Roy. Il nous invite à déguster  quelques  textes exquis, servis sur canapés et chaises de bistrot,  interprétés avec brio avec son comparse non moins exquis : ValéryBenji lali, dans un petit lieu chargé d’histoire, La Soupape.  Ils vont mettre en scène  un choix de textes de Jean-Michel Ribès à l’humour corrosif, aux doubles sens pernicieux, sous des dehors bon enfant. Il est auteur et metteur en scène d’une vingtaine de pièces, dont Les Fraises musclées (1970), Tout contre un petit bois (1976, Prix des « U » et « Prix Plaisir du théâtre »), Théâtre sans animaux (2001, Molières de la meilleure pièce comique et du meilleur auteur) et Musée Haut, Musée Bas (2004, sept nominations aux Molières,  et Molière de la révélation théâtrale pour Micha Lescot). Pascale van der Zypen est à la mise en scène de ce théâtre de l’insolite.  

 Les saynettes mi-figue, mi-raisin, partent de situations courantes gonflées par l’absurde, irriguées par le non-dit, musclées par l’énergie théâtrale des comédiens. L’inventivité poétique des deux compères les fera adroitement éclater comme bulles de savon, les unes après les autres. Ils vont tirer sur tous les dysfonctionnements du monde et feront mouche. Il n’y a qu’à se d’ailleurs baisser pour ramasser tout ce qui est bancal, source de chagrin et de désillusion!

  Le « Je voudrais changer de rôle » au théâtre se retrouve bien sûr dans un bureau de change. Ce n’est qu’un exemple, tout est à l’avenant, un peu à la manière de Raymond Devos.  Il est mort le théâtre? Question on ne peut plus absurde, car les poètes des planches sont bien vivants et le texte se gorge de dérision. Les allusions cachées les références parodiques se succèdent dans un rythme de kaléïdoscope. L’observation de la gent humaine se précise, coups de griffes et coups de plumes se succèdent, Et vlan pour les frères ennemis, les présidents de la république, les parcours de musées, la pesanteur de l’attraction universelle, les peurs paniques que l’on voudrait mettre au frigo, la violence de l’instinct de survie, le sursaut de bonheur…  Ils sont les pionniers de la liberté,  Le pied de la lettre fait des pieds et des mains pour s’affranchir de l’aliénation, et volent les goélands!

  Les costumes s’endossent, s’enfilent et s’abandonnent  dans une incessante  recréation. Guitare et voix jouent les profondeurs de Serge Reggiani, Il n’est vraiment pas mort, ce théâtre tant il surprend! Et pourtant l’espace de jeu est exigu, mais la salle pleine à craquer est subjuguée par cet univers du non-sens, de l’espièglerie, et la cocasserie des situations. Bravissimo plutôt que Bravo, vous apprécierez vous aussi, si comme nous, vous  rêvez de sortir des chemins tout tracés, des ornières profondes, des habitudes de sérieux, du formatage des  conventions. Prendre le large, en prenant la tangente dérangeante, et direction « Je voudrais changer le monde! » Mais où est donc le bureau de change? Si vous riez, c’est gagné !   

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12273107854?profile=originalAvec plus de cinquante pièces à son répertoire, Israël Horovitz est le dramaturge américain contemporain le plus joué en France. On peut rapprocher ce grand amateur de pièces courtes… d’écrivains tels que Beckett et Ionesco avec lesquels il entretenait des relations d’amitié. Il fut accueilli la première fois en France dans un appartement sous les toits de Paris mis à sa disposition par Nicole et Jean Anouilh. Joué régulièrement partout en France depuis de nombreuses années, il est peu connu en Belgique et Fabienne Govaerts, directrice du théâtre de la Clarencière à Bruxelles le connaissant personnellement, a reçu de lui carte blanche pour produire dans son théâtre à Bruxelles et au Festival d’Avignon 2015 quatre pièces courtes encore jamais produites sur scène.

12273108080?profile=original Cat Lady est une pièce courte intimiste et hors les murs. Elle évoque à la façon d’un conte fantastique la mort d'une vieille dame sauvage d’esprit, à la recherche de son chat. Le flot des mots de la vieille édentée centenaire - une copie conforme de la fée carabosse de notre imaginaire - intrigue, hypnotise nos yeux et accroche notre cœur. Horovitz nous apparaît préoccupé par l’énigme de la mort, de la solitude, des accidents, des relations maritales éphémères. Les chats et les femmes auraient-ils 9 vies ? Il y a aussi les bébés morts ou disparus, les compagnons domestiques échappés. Elle erre, pauvre et cassée, pliée en deux sur son déambulateur branlant, à travers ses vies multiples, entre humour cynique (zut, les chats ne seront pas contents…) et humanité. Marie Gaëlle Janssens Casteels, la comédienne qui l’incarne d’une façon hyper réaliste empêche le spectateur de détourner le regard ne fût-ce qu’une seconde : le maquillage est fascinant. La voix d'une grande puissance dramatique, mi-bénéfique, mi-maléfique, mi-femme, mi-chat suggère une plage hors du monde.

12273108270?profile=original La mise-en scène minimaliste de Bernard Lefrancq est le fruit d’un long travail avec l’auteur même, nous confie Fabienne Govaerts. L’approche délibérée en forme de rictus déconstructeur crée immédiatement un climat surréaliste qui cherche à vous faire perdre pied. Le choc théâtral entre les scènes secoue le spectateur, autant que les accents choisis dans la pièce intitulée l’Audition. Sauvage et brutal. Les rires et les chants sont sombres et la complainte à la guitare, chantée en anglais traduite simultanément par la délicieuse Laurence Briand remue coeurs et ventres. "A boiling rage uncontained".

12273108693?profile=original  On ne livrera bien sûr rien sur la pièce maîtresse, Le cadeau promotionnel, un joyau de tensions dramatiques, un travail d’orfèvre des deux comédiennes Laurence Briand et Marie Gaëlle Janssens Casteels, sous la direction inspirée de Bernard Lefrancq. Celui-ci nous a d'ailleurs avoué être tombé amoureux du théâtre  grâce à  la pièce d'Horovitz  Line, (Premier)  jouée quand il était enfant dans une salle de gym,  un lieu propice s'il en est!  Dans Le cadeau Promotionnel, une kyrielle de clefs possibles se présente: depuis le pur réalisme urbain jusqu’à la mise à nu des affects. Plein feu sur la réalité du racisme et  le rêve de maternité et ses colères. Vous serez menés entre thé et café,  de l’urbanité de la jeune parvenue noire au passé ravagé, à la sécheresse d’une bourgeoise blanche américaine, ballotés entre mensonges par omission et dossier d’assurance maladie, dérapage de la vie et construction de l’avenir. De toute façon, le public est bluffé pendant une bonne partie de la représentation et le choc affectif qui vous prendra totalement au dépourvu et n’en sera que plus intense! La capacité d’amour, brillant dans les yeux incandescents, sûrement, vous emportera… à la vie éternelle, comme dit Georges Brassens!

12273109656?profile=originalSaison 2015-2016:

Tout public : 
Les jeudi 24 et vendredi 25, samedi 26 septembre 2015 à 20h30
Les jeudi 1er, vendredi 2, samedi 3 octobre 2015 à 20h30
Les jeudi 8, vendredi 8 et samedi 10 octobre 2015 à 20h30

P.A.F. : 15 € 

Où : La Clarencière.  Rue du Belvédère, 20. 1050 Ixelles.

Réservation : 02-640.46.76

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administrateur théâtres

12273088864?profile=original«  En chaque être, sommeille un livre… souffle l’éditeur de Céline Verlant qui ouvre grand la fenêtre sur le rêve. C’est Chagall qu’elle contemple, lui et sa sagesse. Puisque comme le souligne Sholom Aleichem , « La vie est un rêve pour le sage, un jeu pour le fou, une comédie pour le riche et une tragédie pour le pauvre. »

Elle nous invite à contempler l’universalité de l’œuvre de Chagall (Chagallus Universalis) dans son petit livre en forme de fenêtre, édité chez Lamiroy, illustrée d’images expressionnistes d’Yves Budin.

 

Céline Verlant est à l’écoute de toute une mythologie artistique qui s’est transmise de grand-mère à petite fille lors de nombreuses visites dans les musées dont elles raffolaient. C’est ainsi que souvent se transmet le mystère de l’émerveillement.

 

Sensible aux vibrations de couleurs concertantes du peintre, elle nous guide avec délicatesse sur les pas du peintre vers des  réalités essentielles : la beauté des fleurs, celle du bestiaire biblique ou domestique, des paysages, des astres et du ciel.  Amour et émerveillement vont sans doute de pair pour créer un univers magique unique,  protégé des fureurs du monde et du siècle, c'est le choix radical du peintre. Et Céline Verlant  partage avec Chagall une conclusion faite de ses bleus universels et intemporels. L’amour est l’évidence, l’énergie qui commande la création dans tous les sens du terme. Et l’œuvre de Chagall est pour elle un millefeuille de bonheurs recréés, qu’elle se plait à parcourir avec amour et admiration, dans une liberté de ton dynamisante.

 

 Tout en étant solidement documenté – Céline Verlant est historienne de l’art – , ce livre a la légèreté du rêve, et des personnages flottants –Luftmenschen –de l’œuvre de Chagall, maitre de la lévitation et de l'imaginaire. Quelle rencontre !

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chagall-11108dig-l.jpgDans son évocation de l’oeuvre du peintre,  Céline Verlant propose quatre pistes (l’homme, la société, l’animal, la nature) qui se retrouvent sous forme de quatre thèmes  présents comme par magie dans une gouache « Moi et le village » (1912), conservée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, similaire à la toile du même nom (1911) conservée elle  au Musée d’Art de New York.  L’homme ne serait-il pas à la société ce que l’animal est à la nature? 

 

Un hommage humble et émouvant. Si "pour les Juifs, le Mot est la seule patrie", Céline Verlant se sert de trois clefs, la création, l’interprétation et la transmission, pour célébrer l’hommage-anniversaire des trente ans de la mort du grand peintre. Ce livre est une merveilleuse introduction en tous cas à une autre promenade, celle que vous ferez dans la superbe exposition en cours aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique qui rassemble plus de deux cents œuvre du peintre légendaire du XXe siècle.

Marc CHAGALL

Exposition

28.02 > 28.06.2015

 http://www.fine-arts-museum.be/fr/expositions/chagall

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La Rétrospective Chagall (1908-1985) a eu plus de 300.000 visiteurs à Milan en septembre 2014 . C'est au tour des  Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Du 28-02-2015  au  28-06-2015.

Exposition en cours. rue de la Régence, 3   1000 Bruxelles

Plus de 200 œuvres de Marc Chagall provenant du monde entier ont été rassemblées pour cette importante rétrospective. L’exposition parcourt l’ensemble de sa carrière artistique, depuis les premières peintures en 1908 jusqu’aux dernières œuvres monumentales des années ‘80.

Si les grands thèmes chers à Chagall seront évidemment abordés, comme la culture juive, l’iconographie du village juif ou encore les traditions populaires, l’exposition se concentrera également sur sa rencontre avec la littérature du XVIIe siècle - et spécifiquement La Fontaine -, la découverte de la lumière et le traitement de la couleur. Un écho particulier sera donné à la période russe de l’artiste, au moment où son style si personnel le distingue d’un courant artistique  imprégné par la révolution cubiste.

Fidèlement retranscrit, le langage poétique original de Chagall embarque les visiteurs dans un univers époustouflant, témoin de multiples cultures et traditions. La Rétrospective Chagall (1908-1985) a eu plus de 300.000 visiteurs à Milan en septembre 2014.

Brochure (PDF) 

Organisée par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique en partenariat avec le Palazzo reale de Milan, 24 ORE, Arthemisia Group, GAmm Giunti, cette rétrospective, placée sous le commissariat de Claudia Zevi, a été réalisée en collaboration avec Meret Meyer et Michel Draguet.

L’exposition réunira des œuvres de plus d’une vingtaine d’institutions internationales : Tate, MoMA New-York, Centre Georges Pompidou, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Museo Thyssen-Bornemisza, Fondation Beyeler, Fondation Maeght, Nagoya City Art Museum Japan, Musée de Saint-Pétersbourg, etc.

En Pratique :

Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Rue de la Régence 3 -1000 Bruxelles.

Tél : +32 0(2) 508 32 11. 

E.mail : info@fine-arts-museum.be

Site web : www.expo-chagall.be

Service de réservations

reservation@fine-arts-museum.be

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Prix :

Normal : 14,50€ en semaine, 17,50€ le week-end

Seniors (+65ans) : 12,50€ en semaine, 15,50€ le week-end

De 6 ans à 26 ans : 7,50€ en semaine, 8,50€ le week-end

http://www.levif.be/actualite/belgique/chagall-ce-poete-qui-reve-d-amour/article-normal-371661.html

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administrateur théâtres

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        Vous cherchiez un remède contre le blues du changement de saison ? Un spectacle qui a été applaudi sur des ruines provençales  sous les étoiles ? Un duo de comédiens étincelants, jeunes  et complices ? Suivez les facéties, intermèdes et clowneries de la compagnie Plume, dans l’un des derniers spectacles présentés par Bernard Damien à l’XL théâtre du Grand Midi. Il va en effet bientôt s’établir définitivement en France dès le 31 décembre 2013. Ses fidèles spectateurs le regretteront, car la disparition d’un tel théâtre dans la vie culturelle Bruxelloise a de quoi laisser un grand vide. Vide comme un grenier vide.

 12272941256?profile=originalVide grenier ? C’est l’un des textes surréalistes écrits par Feydeau et présentés au public dans ce spectacle à rire baptisé : « Eclats de rirrres » ! Mieux vaut rire que pleurer d’ailleurs,  même si Bernard Damien se réjouit lui de quitter nos cieux belgo-gris ou couleur de lait. Cette série clin d’œil - et l’œil de la comédienne Amélie SEGERS a de quoi faire tressaillir ! – apporte détente, et sourire bon enfant. On se prend à se laisser passionner par le jeu  scénique très vif et très varié des deux nez rouges qui gardent leur précieux nez  planté sur leur chapeau. Raffaele GIULIANI qui s’est illustré dans plusieurs pièces magistrales dans ce théâtre en fuite nous est apparu ici sous un angle tout différent : celui de clown pas triste. Les deux comédiens travaillent de concert tout en subtilité et sensibilité. On glousse, on rit, on flirte avec le non-sens et l’on s’amuse de tous les semblants, vrais ou faux,  les quiproquos et situations surréalistes qui plaisent tant à la Belgique.12272941868?profile=original Les sujets sont pêchés par les spectateurs  dans des seaux et cuvettes vides : animaux domestiques, lettre d’amour, mésaventures, voyages en train...   Comme quoi, il a  parfois quelque chose dans le vide ! Et il se passe des choses : comme de la magie théâtrale sur cette scène improvisée à coups de parapluies. Il y a ce perpétuel  duo de monologues  rafraîchissants entre ces deux comédiens dont le sourire et les mimiques étonnent, réchauffent et pétillent sans jamais saouler. Autodérision à la clé.  Feydeau  le dit d'ailleurs: il détèèèste les monologues, remarquez, on s'en doutait un peu!

Un monsieur qui n’aime pas les monologues:

«Non ! je m’en vais ! cela m’agace ! Il y a là, à côté, cette grande brune, vous savez, cette grande brune qui dit des monologues… Eh bien ! Elle en dit un en ce moment !…

Des monologues ! a-t-on idée de cela ! Si j’étais la préfecture de police, je les défendrais ! C’est faux ! Archi-faux ! Un homme raisonnable ne parle pas tout seul ; il pense, et alors il ne parle pas ! C’est ce qui le distingue des fous qui parlent et qui ne pensent pas. Admettre le monologue, c’est rabaisser l’humanité ! On devrait le défendre ! cela me rend malade !»

« Moi, je n’admets le monologue… qu’à plusieurs ; parce qu’alors ce n’est plus un monologue ! » « Tenez, c’est comme les acteurs ! Eh ! bien je les supprimerais, les acteurs ! Ce sont eux qui tuent le théâtre !  » « Tenez ! le théâtre ! on dit toujours : "Il n’y a plus d’auteur ! " Eh bien !  ça n’est pas vrai ! La vérité, c’est qu’il n’y a plus de pièces ! » …Plus de théâtre non plus,  très bientôt. Plus que deux ultimes spectacles*  et place au RRRRRideau de Bruxelles qui va bientôt  pouvoir poser ses bagages et jouer aux Bernard-l’hermite dans ce lieu qui nous est si cheRRR !

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Rirrres,  puisqu’il ne faut pas pleurer !

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d'après ....les monologues de FEYDEAU

 

 DÈS CE SOIR ET ENCORE DEMAIN, rions de bon cœur aux facéties burlesques  de la Compagnie des PLUMES qui virevolte  de jeux d'esprits en jeux de mots, de situations vaudevillesques en épisodes tragi-comiques !

Un moment de plaisir, de rire et de détente à l'XL Théâtre du Grand Midi.

En coproduction avec La Cie des PLUMES que vous avez pu applaudir à L' XL Théâtre lors de la création de UN CERTAIN PLUME de Henri MICHAUX

 

avec

Amélie SEGERS et Raffaele GIULIANI

 

Du 17 au 21 septembre 2013 à 20h30 - Petite Salle

 

Réservations conseillées au 02 513 21 78

 

XL Théâtre du Grand Midi - Direction Artistique Bernard Damien - rue Goffart, 7a 1050 Bruxelles

http://www.xltheatredugrandmidi.be/   info sur les deux derniers spectacles

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administrateur théâtres

« Paix Nationale » de Geneviève Damas   Comédie satirique   12272732654?profile=original                          

Mise en scène : Pietro Pizzuti, Avec : Geneviève Damas, Alexandre Von Sivers  Scénographie, costumes : Delphine Coërs

Texte querelleur dit par deux personnages largués après un cataclysme linguistique. Les gens  de Là-bas se sont disputés  avec ceux d’Ici pour un lieu qui était au Centre. N’allez surtout pas croire qu’il s’agit de la Belgique ! Toute ressemblance…Y’avait une ville et y’a plus rien. Que se passe-t-il? Je n'y comprends rien. Y'avait une ville. Et y'a plus rien. Sous un joyeux soleil de mai. C'était plein de couleurs… Après la grande fracture et le Détachement final, Geneviève Damas scrute la situation d’un œil désabusé et fabrique un texte finalement porteur d’espoir. Sous-titres en flamand de chaque côté de la scène. A bons entendeurs, Salut !  Il y a sûrement moyen de s’entendre sur quelque chose ou sur quelqu’un. Ce sera le début de la sortie du tunnel. On apprendra la langue d'Ici, de Là-bas, d'Autre part ou de Partout...  L’amitié est un chemin, la haine est un mur.

 L’atmosphère est beckettienne avec ces deux paumés, l’un, de Là-bas,  rustre, bougon et autoritaire, mais désormais  privé de sa langue car il a été puni pour être trop d’Ici,  l’autre délicieuse aristocrate un peu fofolle  qui regrette son bien le plus précieux : sa fermette - blanche sans doute - ses géraniums, ses rideaux de Vichy bleu et ses sourires. Elle a mis des jours à s’extraire de la grande fissure qui a emporté son rêve pour remonter au bord du gouffre. Elle se retrouve avec Bril, un de Là-bas, abandonné par ses confrères, à cause de ses  racines d’Ici. Il est  lui aussi assigné à travailler dans la zone d’acclimatation sous l’œil goguenard et les micros du  grand régisseur de la PAIX NATIONALE. Mission : « être heureux ». Elle est pour l’art et l’art de vivre. Lui, scrute. « Là-bas est là-bas, Ici est ici, à perte de vue. » Attente et désolation.  Punition ? Ils doivent trier (ensemble ?) l’intriable.  

Elle porte une jupe droite, un chemisier de mousseline de soie à grandes fleurs et des chaussures à hauts talons. Lui des combat boots dénouées, et un accoutrement d’ouvrier qui laisse voir un maillot de corps très défraîchi. Physique de déménageur. Le décor évoque une marine de l’antique Knokke-le-Zoute ensablée dans le charbon des terrils. La langue qu’ils parlent est surréaliste  mais ils communiquent car ils se disputent comme des chiffonniers, chacun fidèle à son style! Matuvu ou bordélique, ou les deux. Nombreuses réminiscences de l’humour de Raymond Devos ou de l’esprit de Jacques Brel.  Et les spectateurs rient de bon cœur tant le burlesque dépasse tout ce qui est imaginable. Tant le rire qui s’applique à l’action des comédiens s’applique aussi à nos faiblesses et à nos préjugés. Autodérision réussie donc, objectif atteint par Geneviève Damas, alias Mimi, puisque c’est elle qui joue son propre texte. Elle est exquise. Et Alexandre von Sivers, jubilatoire. Il n’y a plus qu’à tirer chacun les conclusions de la parabole du « survivre ensemble ».

 Jusqu’au 30 juin 2012.     

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=294&type=2

Geneviève Damas

http://www.genevievedamas.be/biographie/biographie.html

Elle a reçu le prix Rossel pour son premier roman: "Si tu passes la rivière"

http://www.lesoir.be/culture/livres/2011-12-07/le-prix-rossel-consacre-genevieve-damas-882209.php

                                                                                              

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administrateur théâtres

Un certain Plume au théâtre du grand Midi à Ixelles

 

Texte d’Henri MICHAUX   avec Raffaele GIULIANI – Amélie SEGERS – Marvin MARIANO – Sarah FIORIDO
Réalisateur Bernard DAMIEN


les 27 – 28 – 29 – 30 septembre et le 1er octobre à 20h30


Avec le(s) personnage(s) énigmatique(s) de PLUME, le clown n'est plus celui dont on rit, mais celui qui rit du rire ! Et ce rire n'est pas sourire, ou rire entendu, ou simple rigolade ironique : il est risée totale ! Le rire est l'adjuvant de cette démarche, son instrument premier, il ouvre les horizons intérieurs, contrecarre les figures sociales. Il est l'exact inverse de l'importance. Il remet les choses en place, ouvre la temporalité. Sa valeur est bien d'ouverture, d'éclosion heureuse...

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La scénographie de Monsieur Plume est un bijou simple et beau, mobile et en arrêt sur images. Les volumes, les objets, les couleurs, les lumières et les textures, tout est étudié comme pour composer des cartes postales à l’infini. Des tableaux qui nagent en plein ciel.

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 Et pourtant les ingrédients sont d’une banalité insensée. Quelques poubelles - avec couvercle - emboîtables, empilables, jetables et de couleurs vives nous mèneront sur les chemins de l’onirisme. Quatre chapeaux boule et un cinquième sur un invisible personnage, quatre nez rouges, quatre parapluies façon Magritte. Des tailleurs pour les deux femmes ravissantes et des complets vestons pour les deux hommes miroirs en guise d’habillement.

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La musique est tour à tour rock, foire, carrousel et peuple.

 

La poésie est dans la gestuelle, dans les mots, dans les yeux et à la bouche de ces quatre comédiens tombés dans la potion magique du verbe et du geste.

 Un théâtre d’émotion et d’abstraction. Surtout se laisser aller à l’humour bourré de surréalisme, l’imaginaire scandé par les cymbales des couvercles.

S’abstraire du monde réel, glisser dans le fantasme et le dessiner comme Prévert dessine la cage et l’oiseau.

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Oser se réfugier dans le sommeil et les songes. Oser imaginer une compagne écrasée par un train meurtrier, une marche  d’équilibriste au plafond, l’achat d’une côtelette invisible dans un restaurant. Oser faire un bouquet de  têtes coupées, faire la cour à une reine, se faire plumer tout en  rendant des services en nature à des femmes assoiffées de plaisir, tuer des voyageurs bulgares, frôler sans cesse l’idée de la mort et se retrouver sain et sauf.

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 C’est grotesque, surprenant, déroutant et sarcastique. Mais le fil rouge, c’est ce Monsieur Plume démultiplié, serviable, qui a toujours peur de froisser l’autre, en butte avec l’autorité froide de la police, ou de l’administration, ou de la justice. C’est un hapax de gentillesse dans le monde hostile qui nous entoure. «… Et il s’endormit »

 

http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=1

 

 

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administrateur théâtres

            Invitation au Mont des Arts : Joan Miró, peintre poète

 

Le saviez-vous ? « La peinture, c’est étudier la trace d’un petit caillou qui tombe sur la surface de l’eau, l’oiseau en vol, le soleil qui s’échappe vers la mer ou parmi les pins et les lauriers de la montagne." » Joan Miró


L’Espace culturel ING et les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, en collaboration avec la Fondation Miró de Barcelone, présentent une exposition de quelque 120 peintures, gravures, sculptures et dessins qui illustrent la prédominance du caractère poétique de la palette du peintre.  L’accent est mis sur la production du peintre catalan à partir des dernières œuvres qu’il réalisa juste avant la Seconde Guerre mondiale et la célèbre série des Constellations exécutée durant la guerre.

 

Prélude

Assassiner la peinture : “J’ai pensé qu’il fallait dépasser la “chose plastique” pour atteindre la poésie… Vivre avec la dignité d’un poète.” 

Quelques œuvres des années 20 démontrent l’abandon progressif de la référence à la réalité.  Ainsi, la « Danseuse espagnole » de 1924, provenant des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique et « Le cheval de cirque » de 1927 appartenant au Musée d’Ixelles et restauré par ING témoignent de la transformation des figures en suggestions d’émotions et de sensations. Les pulsations visuelles et sonores se confondent. Ondes sonores du phonographe ou froufrous lestes de la robe de la danseuse? La voix est chaude.  Une chevelure noire en forme de soleil. Une sorte de « M » en bas du tableau à gauche en contre-pied des trépidations de flamenco ? Olée ! La toile devient un champ poétique accroché au mouvement: les pointillés et l’éventail virevoltent vers l’infini. Et si le monde n’était que spectacle? Il le veut poésie pure.

Miro, que l’on prenait peut-être pour un bouffon farceur de la peinture, est épris de profondeur : il guette l’essentiel dans un grain de poussière.  «  Et que partout on trouve le soleil, un brin d’herbe, les spirales de la libellule.

Le courage consiste à rester chez soi, près de la nature qui ne tient aucun compte de nos désastres. Chaque grain de poussière possède une âme merveilleuse.

Mais pour la comprendre, il faut retrouver le sens religieux et magique des choses, celui des peuples primitifs… » 

 

Nourri de littérature, fort de l’expérience du mouvement surréaliste, sensible à l’appel conjoint du primitif et de l’enfant, Miró va développer une œuvre faite de figures et de couleurs symboliques par lesquelles le monde se résume au bonheur de la poésie. 

C’est son antidote pour conjurer tour à tour  la douleur des événements tragiques de la guerre civile espagnole, les affres de la guerre mondiale qui se prépare et la vie de misère qu’il mène en exilé.   Il s’efface pour chercher l’essentiel et agir sur le cœur et l’esprit de ses contemporains.  La seule dignité est dans la poésie.  Il exploite tout un répertoire de motifs récurrents qui devient une véritable écriture picturale. Elle est faite de femme…. d’oiseaux, serpents, escargots, araignées, cornes de taureau,  échelles, yeux, soleils, lunes, étoiles, pictogrammes puisés  dans l’immuable de  la nature. Aucune forme n’est quelque chose d’abstrait ou d’innocent,  elle est le signe de quelque chose. Boules, étoiles, lignes brisées, spires font partie d’une essence poétique et d’une quête de sens.

 « La même démarche me fait chercher le bruit caché dans le silence, le mouvement dans l’immobilité ; la vie dans l’inanimé, l’infini dans le fini, des formes dans le vide, et moi-même dans l’anonymat»   

 Les couleurs primaires illustrent fortement la violence, le sang, la spiritualité, l’énergie vitale, la matérialité, la structure. Miro recherche le rayonnement qui existe dans les choses les plus humbles, la force d’âme primitive et fondatrice qui participe au Mythe.  Comme on est loin de la bouffonnerie!

 

 

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Le cheval de cirque 1927.               Rien que pour vos yeux: « Ce qui compte, ce n’est pas une œuvre, mais la trajectoire de l’esprit durant la totalité de la vie. » 

 

Comme en poésie
L’utilisation de techniques propres à la poésie, comme par exemple le déclenchement d’une peinture sur base d’un accident, d’une forme ou d’une texture, la libre association de motifs graphiques, en passant par le collage, joue un rôle important dans la genèse d’une série de  ses peintures. L’influence de l’écriture automatique de ses amis poètes surréalistes qu’il côtoie à Paris, où il séjourne après avoir fui Barcelone, est très nette dans une série d’œuvres datant de 1933.

 

Désir d’évasion
À l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale en 1939 Miró, installé à Varengeville-sur-Mer, commence à peindre la série de 23 petites gouaches : les  « Constellations » qu’il éditera quelques années plus tard, accompagnée de textes d’André Breton.

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...Personnages dans la nuit guides par les traces phosphorescentes des escargots …Le 13 l’échelle a frôlé le firmament …Femme à la blonde aisselle coiffant sa chevelure à la lueur des étoiles ...Femmes au bord d’un lac à la surface irisée par le passage d’un cygne …Le chant du rossignol à minuit et la pluie matinale 

 

Cette série, qui prend sa source dans son amour de la musique est constituée comme une suite. Elle est une sorte de réseau de formes enchaînées les unes aux autres faisant le parallèle entre la représentation de la réalité extérieure du cosmos, et l’aspiration à une paix intérieure, sorte de mysticisme de l’infini. Les titres poèmes sont des pistes éloquentes.  Ses motifs récurrents, spires, étoiles, soleils, yeux, échelles, araignées, dispersés sur un fond uni, symbole de la matière,  traduisent un profond désir d’évasion et d’abandon du « moi » premier.  Toucher à l’essentiel, avec un minimum de moyens. Découvrir le sens par l’architecture et la chorégraphie des couleurs et des formes.  

 

Les séries « Archipel sauvage », 1970, et « L’espoir du navigateur », 1973, font également partie, avec d’autres toiles importantes rarement exposées, d’une série d’œuvres consacrée aux voyages, synonyme d’évasion du contingent vers les espaces infinis de l’esprit, ouvrant la voie vers l’espoir. Contraste avec la détresse du monde qui l’entoure. “Un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème.”
À ce cycle thématique, on peut rattacher la passion de Miró pour la pureté et la force magique de l’art rupestre primitif, mais également l’essentiel et la force chromatique et symbolique des peintures romanes catalanes qu’il admire tant.

 

Peintre parlant
La passion de Miró pour la poésie le conduira à s’impliquer dans l’édition de livres pour bibliophiles. « Parler seul » de Tristan Tzara et « Á toute épreuve » de Paul Eluard, montrent combien le travail de l’artiste est personnel et complémentaire, à concevoir comme un accompagnement plus qu’une illustration. Miró marque son souci des rythmes, des tons et de la nature des vers. La couleur joue un rôle primordial.

 En complément de ces éditions, une série de petites œuvres, également riches en couleurs des années ’70, illustre la couleur des rêves: la poésie par la couleur.

Poésies courtes, essentielles, aux tons simples qui tirent leur force dans les suggestions de la nature et de ses saisons, les haïkus illustrés par Miró développent, avec d’autres œuvres des années ’60-’70, la poésie par la ligne, quelle que soit la matière ou le support. « Cette simple ligne est la marque que j’ai conquis la liberté ! »

 

Le mythe de la femme

Enfin, cette exposition comporte des séries d’œuvres, entrecroisées chronologiquement, consacrées au mythe de la femme - évasion encore,  et refuge, peut-être. C’est la Mère Nature et  l’oiseau mythologique, symbole masculin. L’œil, on l’aura compris, représente le  symbole féminin.  Il s’agit de tableaux caractérisés par des couleurs vives, d’épais coups de pinceau, d’écrasantes traces de noir qui expriment la violence du cycle vital et de la nature. Femme et oiseau symbolisant l’ancrage à la terre et le désir d’évasion vers le ciel. Tout est à sa place ou tout s’écroule. Equilibre parfait : on ne peut ni ajouter ni soustraire une ligne ou un point, c’est le véritable génie de Miro.  

 

 

 

Pour petits et grands
Afin d’explorer davantage le processus créatif de Miro, un atelier de découvertes artistiques est intégré dans l’exposition. Plusieurs stations de travail interactives, développées par l’asbl ART BASICS for CHILDREN sont mises en place et incitent les visiteurs, qu’ils soient enfants ou adultes, à se plonger dans la vie de Miró, ses lieux de résidence, ses sources d’inspiration, sa palette de couleurs, ses différents styles… Un livre de "Miróglyphes" reprend les pictogrammes utilisés par l’artiste à titre de métaphores. « L’atelier de rêves de Miró», équipé d’objets trouvés et de matériaux stimulants donnent la possibilité à chaque visiteur, seul ou accompagné d’un guide-animateur, de dessiner sa propre constellation, de peindre, de faire des collages, d’imprimer, de travailler la terre glaise et de réaliser une mosaïque murale…  Le visiteur a également la possibilité de créer son propre "livre d’artiste" poétique, le tout visant à développer une sensibilisation qui se situe aux confins de l’art et de la vie.

Cette exposition est réalisée dans le cadre du projet « Un printemps surréaliste au Mont des Arts ». Plusieurs conférences seront organisées par Educateam, le service éducatif des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,

 

à l´Espace culturel ING.
24.03.2011 > 19.06.2011 Joan Miró, peintre poète, Place Royale 6, 1000 Bruxelles

Soyez curieux: http://bongo.zoomin.tv/videoplayer/index.cfm?id=411946&mode=normal&quality=2&pid=lalibre

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Pourquoi Bruxelles fut un haut lieu du surréalisme

On peut se demander pourquoi la capitale d'un petit royaume aux marches de la francité s'est trouvé par deux fois le terrain fécond de mouvements d'avant-garde, symbolisme et surréalisme, qui bouleversaient toutes les traditions. Le Bruxelles d'alors était une ville bourgeoise de moeurs provinciales, où les gens ne semblent pas prêts à s'engager dans des controverses littéraires ou artistiques. Dans cette cité divisée en haut de la ville opulent et bourgeois et bas de la ville plus populaire, on reconnait à tous les habitants un certain bon sens et de l'humour. Ceux du haut de la ville sont instruits, et pour la plupart intéressés par les expositions, ils lisent romanciers et poètes. Ils vont au concert et à l'opéra, chez eux, ils chantent ou pratiquent des instruments mais c'est un public traditionnel qui accepta avec quelque lenteur certains aspects du symbolisme mais qui fut tout à fait rétif lorsque dans les années 20, le surréalisme se manifesta dans ses murs. Il reste que c'est en cette ville que se forma un des groupes les plus actifs du surréalisme, il compta dans ses rangs des peintres et des poètes mais aussi des musiciens, il faut donc croire que malgré l'hostilité de la majeure partie du public le milieu était favorable. A y bien réfléchir la situation de Bruxelles n'est pas si mauvaise qu'on pourrait le croire d'abord, bien qu'elle comptat à l'époque fort peu d'étrangers parmi ses habitants c'est une ville assez ouverte, des échos de manifestations artistiques lui viennent de Paris certes mais aussi de Cologne, de Berlin ou d'Amsterdam, en outre l'auto-dérision si puissante aujourd'hui existait déjà, poussée à l'excès, elle pouvait susciter parmi les jeunes, excédés de l'ambiance ouatée des hôtels de maîtres, l'envie de casser les trop beaux miroirs. C'est ainsi que, à l'exemple de Dada, la violence verbale se manifeste dès 1925 dans de petites revues comme Oesophage et Marie lancées par R. Magritte et J.L.T. Mesens cependant que d'autres, Paul Nougé, Camille Goemans et Marcel Lecomte, publient de véritables tracts dans Correspondance. Un autre aspect fut peut-être déterminant: sans être une simple bourgade Bruxelles n'était pas une très grande ville, loin d'être perdus dans l'anonymat des foules, les gens avaient presque tous un visage les uns pour les autres. Dans un tel milieu le mépris ou le respect ont plus de sens parce qu'ils visent des personnes et non des idées. Les surréalistes se présentèrent d'amblée comme hostiles à la société dans laquelle ils vivaient et leurs revues éphémères apparurent comme de véritables pamphlets qui bouleversaient le paysage tranquille de leurs concitoyens. Mais dans de telles circonstances l'hostilité entre les bourgeois et les artistes du groupe pouvait jouer le rôle d'un levier qui servait le mouvement et soudait entre eux les artistes. Les expositions de Magritte furent longtemps désertes et le public ignorait encore superbement les collages de Mesens dans les années 50, mais c'est contre les traditions bourgeoises de leurs concitoyens qu'un certains nombre de textes ou de peintures virent le jour et cette hostilité fut un ferment et une raison de poursuivre la lutte. Le mépris des intellectuels Bruxellois renforça la conviction d'être de véritables révolutionnaires d'un Nougé ou de J.L.T Mesens. Le surréalisme a vécu à Bruxelles dans un milieu relativement restreint, plus d'une invention de Magritte vise à la fois à fasciner le spectateur et à ébranler les idées reçues, il en va de même pour les textes de Nougé ou de Lecomte. Ces oeuvres s'adressent à la fois au petit groupe qui accepte les principes du mouvement et à ceux, un peu plus nombreux, hommes en chapeau melon et dames portant voilette, qui forment le public bourgeois à la fois désiré et honni. C'est ce jeu déroutant d'amour haine qui suppose qu'on se connaisse qu'on se croise dans la rue, qu'on soit très proches les uns des autres qui est une originalité féconde du surréalisme bruxellois.
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