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courte (2)

administrateur théâtres

12273107854?profile=originalAvec plus de cinquante pièces à son répertoire, Israël Horovitz est le dramaturge américain contemporain le plus joué en France. On peut rapprocher ce grand amateur de pièces courtes… d’écrivains tels que Beckett et Ionesco avec lesquels il entretenait des relations d’amitié. Il fut accueilli la première fois en France dans un appartement sous les toits de Paris mis à sa disposition par Nicole et Jean Anouilh. Joué régulièrement partout en France depuis de nombreuses années, il est peu connu en Belgique et Fabienne Govaerts, directrice du théâtre de la Clarencière à Bruxelles le connaissant personnellement, a reçu de lui carte blanche pour produire dans son théâtre à Bruxelles et au Festival d’Avignon 2015 quatre pièces courtes encore jamais produites sur scène.

12273108080?profile=original Cat Lady est une pièce courte intimiste et hors les murs. Elle évoque à la façon d’un conte fantastique la mort d'une vieille dame sauvage d’esprit, à la recherche de son chat. Le flot des mots de la vieille édentée centenaire - une copie conforme de la fée carabosse de notre imaginaire - intrigue, hypnotise nos yeux et accroche notre cœur. Horovitz nous apparaît préoccupé par l’énigme de la mort, de la solitude, des accidents, des relations maritales éphémères. Les chats et les femmes auraient-ils 9 vies ? Il y a aussi les bébés morts ou disparus, les compagnons domestiques échappés. Elle erre, pauvre et cassée, pliée en deux sur son déambulateur branlant, à travers ses vies multiples, entre humour cynique (zut, les chats ne seront pas contents…) et humanité. Marie Gaëlle Janssens Casteels, la comédienne qui l’incarne d’une façon hyper réaliste empêche le spectateur de détourner le regard ne fût-ce qu’une seconde : le maquillage est fascinant. La voix d'une grande puissance dramatique, mi-bénéfique, mi-maléfique, mi-femme, mi-chat suggère une plage hors du monde.

12273108270?profile=original La mise-en scène minimaliste de Bernard Lefrancq est le fruit d’un long travail avec l’auteur même, nous confie Fabienne Govaerts. L’approche délibérée en forme de rictus déconstructeur crée immédiatement un climat surréaliste qui cherche à vous faire perdre pied. Le choc théâtral entre les scènes secoue le spectateur, autant que les accents choisis dans la pièce intitulée l’Audition. Sauvage et brutal. Les rires et les chants sont sombres et la complainte à la guitare, chantée en anglais traduite simultanément par la délicieuse Laurence Briand remue coeurs et ventres. "A boiling rage uncontained".

12273108693?profile=original  On ne livrera bien sûr rien sur la pièce maîtresse, Le cadeau promotionnel, un joyau de tensions dramatiques, un travail d’orfèvre des deux comédiennes Laurence Briand et Marie Gaëlle Janssens Casteels, sous la direction inspirée de Bernard Lefrancq. Celui-ci nous a d'ailleurs avoué être tombé amoureux du théâtre  grâce à  la pièce d'Horovitz  Line, (Premier)  jouée quand il était enfant dans une salle de gym,  un lieu propice s'il en est!  Dans Le cadeau Promotionnel, une kyrielle de clefs possibles se présente: depuis le pur réalisme urbain jusqu’à la mise à nu des affects. Plein feu sur la réalité du racisme et  le rêve de maternité et ses colères. Vous serez menés entre thé et café,  de l’urbanité de la jeune parvenue noire au passé ravagé, à la sécheresse d’une bourgeoise blanche américaine, ballotés entre mensonges par omission et dossier d’assurance maladie, dérapage de la vie et construction de l’avenir. De toute façon, le public est bluffé pendant une bonne partie de la représentation et le choc affectif qui vous prendra totalement au dépourvu et n’en sera que plus intense! La capacité d’amour, brillant dans les yeux incandescents, sûrement, vous emportera… à la vie éternelle, comme dit Georges Brassens!

12273109656?profile=originalSaison 2015-2016:

Tout public : 
Les jeudi 24 et vendredi 25, samedi 26 septembre 2015 à 20h30
Les jeudi 1er, vendredi 2, samedi 3 octobre 2015 à 20h30
Les jeudi 8, vendredi 8 et samedi 10 octobre 2015 à 20h30

P.A.F. : 15 € 

Où : La Clarencière.  Rue du Belvédère, 20. 1050 Ixelles.

Réservation : 02-640.46.76

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Candide

Il y a quelques temps déjà, j’ai rencontré Candide. Elle souriait. Lui demandant si elle permettait que je reste un peu en sa compagnie, elle ne répondit pas. Elle me regardait. Je tournai la tête pour analyser les alentours. Quel phénomène ou qui pouvait faire sourire cette charmante personne. Je ne vis rien. Revenant à la jeune femme, je vis que son sourire était offert. Je me demandai s’il était honnête d’en prendre un peu. En personne bien éduquée, je lui demandai la permission de m’approvisionner à cet éclat si généreux. Elle se mit à rire, je pris cela pour un consentement. Curieuse, j’aurais voulu savoir d’où elle venait. Le soleil dans mon dos progressait vers l’ouest. Je ne pouvais pas rester plus longtemps et Candide ne paraissait pas disposée à me répondre. Avait-elle compris mes paroles ? Parlions-nous la même langue ? Bredouillant une excuse, je m’arrachai à ce sourire si chaleureux et lui promis de revenir.


Depuis, chaque matin, je m’arrête et elle est là. Est-ce moi qu’elle attend ?


Les jours qui suivirent cette première entrevue, furent tous identiques. Un matin, alors que je répétais toujours la même demande quand à son origine, elle se mit enfin à parler.


Tu veux savoir d’où je viens ? Pourquoi ? Je n’ai pas de réponse. J’ignore d’où je viens. Je me suis trouvée là, aussi étonnée que tu ne l’étais. Après ton départ le premier jour, j’ai cherché des souvenirs. J’ai élimé ma mémoire espérant y trouver quelques indices. Je ne voyais qu’une confusion de couleurs surnaturelles. Ce n’était pas la couleur des fleurs, ni celle des bêtes, ni même celle des hommes. Il y avait tant de brume, de membres intriqués, des voix sans paroles sensées. Il y avait aussi des rires vulgaires et gras. J’ai cru reconnaître des senteurs nauséabondes. Comme toi, j’ai demandé qui ils étaient. Je n’ai pas compris leur réponse. Ils étaient trop nombreux et le chœur mal accordé cracha des mots incompréhensibles. Cacophonie, si je me souviens. Vois-tu, j’ai oublié tant de mots. Parfois, il m’en revient certains. J’ai préféré ne plus retourner dans cet angle obscur. C’est tellement beau et bon ici. Tout est nouveau, tout est frais. Je ne cherche plus à savoir d’où je viens. Cela ne doit pas être important si je ne m’en souviens plus. Et toi, d’où es-tu ?


Je me mis à sourire. Quelle question étrange ! Je suis d’ici, cela me paraît évident. Que ferais-je en cet endroit et à cette heure si je n’étais pas d’ici, si je n’appartenais pas à cet environnement.


Le temps, encore une fois, le soleil court vers l’ouest. Je dois partir comme chaque matin. Je la laisse là avec son sourire. J’emporte le mien, né du sien. Je sais que demain, je la reverrai. Maintenant, la glace est brisée. Nous avons communiqué. Nous avons la vie pour répondre à toutes les questions qui nous trottent en tête. A demain Candide. J’aime ce prénom que je t’ai choisi. Je m’éloignais déjà quand j’attrapai sa question :


c’est quand demain ?


Je n’avais plus le temps, elle comprendrait demain.Entêtée, quand je la revis le lendemain matin, elle fut la première à parler.


Dis-moi, c’est quand demain ?

Nous y sommes arrivées, c’est aujourd’hui.


Je ne comprends pas. Demain, c’est aujourd’hui ? Donc tu ne me quitteras plus ?


Candide, après aujourd’hui, il y aura une infinité de demain. Et nous pourrons nous voir chaque nouveau demain.


Si tu veux ! Moi, je préfère aujourd’hui. Parce que tu es là et que je peux te sourire.


Douce Candide, tous les jours, c’est aujourd’hui. Donc ne cherche plus ce qu’est demain. On n’est jamais demain. Je viens de m’en rendre compte. On n’est jamais qu’aujourd’hui. Peut-être, avant que je ne rencontre ton sourire, y avait-il des demain ; en cet instant précis, je ne sais pas plus que toi ce qu’ils étaient. Ils sont devenus des hier probablement.


Des ‘hier’ ? Tu es très compliquée. Parle plus lentement. Explique-moi ce que sont les ‘hier’.


Candide, ce n’est pas simple. Non, en fait, c’est très simple, c’est étonnamment simple. Hier, c’est quand ton sourire ne croisait pas mon matin. Hier, c’est quand je me regardais dans la glace et je ne m’aimais pas. Hier, c’était un peu comme maintenant quand je me sentais si triste de l’image dans la glace qui……………………me répondait………..triste……Candide ? Candide ????? Mais où es-tu ? Ne pars pas, ne t’en vas pas ! C’est toujours moi qui te quitte, emportant ton sourire pour la journée. C’est toujours moi qui suis triste quand je viens pour te dire bonjour. Candide !!!!!!!!!!!! Réponds-moi, s’il te plaît, réponds-moi……..Non !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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