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Rêve (12)

administrateur théâtres

Vu au au théâtre de la Clarencière

SPECTACLES

L’imagination au pouvoir à la Clarencière

L’imagination au pouvoir

L’excellent Bernard Damien, ambassadeur des étoiles qui illuminent la Provence, revient sous le ciel de Bruxelles, au théâtre de la Clarencière pour un spectacle inédit qui …déménage et se savoure à petites gorgées, tant il est émouvant. 

Le joli titre «  Aux petits bonheurs … la chance »   est vêtu de pluriels, comme  les petits bonheurs de Maeterlinck dans L’oiseau bleu. Aussi, couronné de  points de suspension,  ce titre ne peut que séduire et interroger.  Ce pluriel est-il un vocatif, qui nous invite à saisir nos rêves et cheminer sur la Voie lactée ou à l’assaut de l’inaccessible Étoile? Dulcinea, es-tu là? Ou bien confirme-t-il la force des petits bonheurs que l’on a souvent tendance à oublier ?

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Petits… ? S’agit-il vraiment de petite taille, ou est-ce une manière populaire de conjurer le mauvais sort, quand chance et destin se mélangent? Attendez une petite minute… vous prendrez bien un petit verre… Car, en définitive ce spectacle ne met-il pas en scène les coups du sort, et ne démontre-t-il pas qu’il n’y a finalement pas de hasard.  Et on remercie cette Providence qui ne cesse de protéger Robinson Crusoë, ce hasard qui  danse avec la Chance.

Le texte  fourmille de références, d’allusions plaisantes, d’analogies pas du tout fortuites qui réveillent les papilles de notre mémoire littéraire et artistique. Depuis le Graal des troubadours, on est fasciné par  La Quête, celle qui nous ouvre de surprenants chemins de traverse, délicieux et peu fréquentés sauf par les cœurs battants.  On se passionne aussi très vite  pour une sorte  chasse au trésor au cœur de mystérieuses boîtes de déménagement sorties d’un grenier imaginaire.

Ainsi, au gré  de la parole et du jeu théâtral se développe  une histoire magique d’heurs et malheurs, toutes ces choses de la vie qui sculptent nos âmes et font palpiter le cœur. Un quantique des cantiques chanté par un homme-orchestre bourré de talent,  d’intelligence, de générosité et de douceur.

Sieur Bernard Damien livre des tourbillons de souvenirs bouleversants, des rêves effilochés, un journal intime extraordinaire, des étymologies surprenantes, des aventures parfois tragiques, classées soigneusement dans ces coffres de plastique qui jonchent le plateau, au fur et à mesure. Le poète, l’artiste, le professeur d’art dramatique, le metteur en scène, le déménageur en salopette et le lecteur amoureux du souffle démêle les émotions avec passion et fait vibrer une salle conquise. Le verbe, l’esprit, le souffle. Tout ne réside-t-il pas dans le souffle? La vie ne tient-elle pas dans le souffle?  

Devant vos yeux ébahis,  tout ce  travail de mémoire ne parvient pas à émouvoir  le regard impassible d’une reine qui a perdu tout souvenir. Présente et totalement absente à la fois, royale, distante, figée comme sur les timbres muet de la reine d’Angleterre, elle ne dit mot. On attend le cœur battant, qu’elle s’exprime, que la vie lui revienne… grâce à la magie du déménageur à la voix d’or,  en salopette bleu roi et coiffé d’un simple  béret de laine. 

Un spectacle qui a du souffle et mérite certes … plein d’étoiles. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

                               

                                  Aux P’Tits Bonheurs … La Chance
                                           de et par Bernard Damien


                                              Avec l’aimable participation de Anne-Marie Cappeliez
                                             Coproduction Le Théâtre sous les Etoiles de Provence 
                                                    en coproduction avec 
Le Théâtre du Grand Midi

Direction artistique
02/640 46 70 du mardi au vendredi de 11h00 à 17h00
Fabienne Govaerts

fabienne.govaerts@skynet.be Régie technique:  Geoffrey Dressen Réservations : 02/640 46 76  Répondeur téléphonique Mode de paiement par compte à l’asbl du Théâtre de la Clarencière 
ING BE91 310 1228398 76


Ou par Paypal (mode sécurisé)
 Adresse : 20 rue du Belvédère – 1050 Bruxelles Situation géographique : près de la Place Flagey et de l’Eglise Sainte-Croix, dans la petite rue parallèle arrière à l’ancien bâtiment de l’I.N.R. devenu aujourd’hui Radio Flagey. Accès bus 38/59/60/71/366 Trams : 81 Foyer et jardin ouverts 30 minutes avant le spectacle, soit 20h00 ou 15h30

             Le Prochain spectacle:

Un théâtre, deux jeunes ouvreuses qui rêvent de conquérir Broadway et Diva,
l’incontournable étoile du music’hall à l’affiche tous les soirs. 

Mais comment devenir une vedette quand un vieux patron un peu baveux nous met des bâtons dans les roues ?
Comment s’envoler pour Hollywood quand on a donné son cœur au beau livreur d’esquimaux glacés ?
Et surtout, comment devenir Diva à la place de Diva quand on a vu tous les Hitchcock et que le patron est en vacances ?… 


Tout public :
Les 
jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 mars 2023 à 20h30
P.A.F. : 20 € – étudiant : 15 € –
 
 
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administrateur théâtres

Un Peter Pan rêvé par le théâtre du Parc à Bruxelles

Rêver !  C’est par-dessus les pavés mouillés des rues de Liège au temps de Noël  que se balance  cette magnifique guirlande lumineuse au gré du vent. A Bruxelles, c’est au théâtre du Parc que se concentre le rêve et  un voyage extraordinaire dans le surnaturel.

Pour Maxime, dix ans, c’est la première fois qu’il franchit les portes  royales de la Comédie. Aller au Théâtre, il en rêvait.

Il s’est habillé en jeune collégien anglais pour l’occasion et sa première sortie en solo  avec sa Mamy! Ça, c’est en attendant de visiter Londres.   Il brûle de  rencontrer le vrai Peter Pan, ce héros qui ne voulait pas grandir. Et savoir pourquoi.  Le comédien est bien vivant.  Julien Besure,  prince de l’imaginaire en habit vert, s’emploie à merveille  pour voler, planer, et allumer des étoiles dans les yeux des enfants et de leurs parents.

Maxime  connaît par cœur  le héros de  Walt Disney. Sa grand-mère a feuilleté avec lui le  vrai livre de James Matthew Barrie, Peter Pan and Wendy ( 1911)  question de le  lancer sur les chemins de la fiction  du Neverland : de la maison,  emprunter la deuxième étoile droite  et filer tout droit jusqu'au matin.

 

Ce qu’il a préféré, ce sont les superbes décors et les culbutes, les sauts du héros qui dit tout ce qu’il pense. Ajoutons que c’est Émilie Guillaume, une  incomparable artiste du mouvement, qui règle à nouveau  les fracassants combats et les coups de rapières sonores.  L’île est recouverte de forêt, la  lagune aux sirènes est splendide, le  bateau des pirates impressionnant, la maison souterraine des enfants perdus finement imaginée. On adore les troncs d’arbres aux portes secrètes  qui font office d’ascenseurs,  le camp des indiens, les cabanes de feuilles construite par les enfants perdus eux-mêmes et le  pauvre crocodile qui a avalé  le réveil. La mise en scène est signée  Maggy Jacot et Axel de Booseré.

Comme Maxime s’est délecté en boucle  du DVD du film « Hook ou la revanche du Capitaine Crochet » de Steven Spielberg (1991), cela ne le gêne pas du tout que l’histoire ait pris un tour  différent de la version originale, avec ce virage étonnant dans l’interprétation de Thierry Janssen. Au contraire, Il est fier de sa science et de  déclarer avec satisfaction que « C’est pas la vraie histoire, bien sûr ! ». Ils sont finalement tellement ravis, les enfants qui déclarent tout connaître sur Saint-Nicolas ou Père Noël ! Tellement rassurés aussi que le contes existent pour penser et rêver le monde ! Maxime adore le fait que le soldat ensanglanté puisse s’échapper de l’horreur des tranchées de la première guerre mondiale en culbutant dans le Neverland,  le pays imaginaire qui ne se fane jamais. Et il est totalement heureux que lorsque le jeune  soldat est touché en plein cœur,  et qu’il  « renaît »  dans le Neverland. Totalement crédible non ?

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Bon, la fée Clochette ( Anouchka Vingtier, plus carabosse que la minuscule nymphe Tinker Bell)  «  criait beaucoup et avait des cheveux très blancs ». Si elle était venue chercher majestueusement  par la main le pauvre Tommy qui se mourrait dans les tranchées d’Ypres,  elle allait refaire sa vie pour  devenir la fée Crochette avec le formidable capitaine sauvage!   Pitié pour Peter !  Cet effroyable  capitaine, plus monstrueux que dans l’imaginaire, « plus abominable que dans les films » est personnifié par un  Fantastique Fabian Finkels ! Un rôle explosif  pour triple F ! Les adultes jubilent devant l’ampleur de la  dérision en mode Don Quichotte.  Pour ce comédien aux mille talents, c’est un  super héros, sur mesure. Il est ffflanqué de son inénarrable acolyte, Mouche de son prénom, glorieusement endossé par Thierry Janssen en personne.

12273405656?profile=originalDominique-Hélène Lemaire et Maxime Demoulin 

PETER PAN

11.11.2021 > 11.12.2021

de Thierry Janssen d'après l'oeuvre de J.M Barrie

Nous vous entraînerons pour les fêtes dans l’univers magique et cruel à la fois d’un des personnages les plus célèbres de la littérature anglaise. Vous retrouverez Julien Besure qui fut D’Artagnan mais aussi le chevalier d’Eon. Nous sommes en 1915. Le garçon qui servit de modèle à Peter Pan se bat dans les tranchées en Belgique. Juste avant l’assaut, une femme mystérieuse le ramène au pays des enfants perdus.

 

Avec :
Julien Besure (Peter Pan) - Anouchka Vingtier (La fée Clochette) - Fabian Finkels (Le capitaine Crochet) - Karen De Paduwa (Rabougri ) - Mireille Bailly (Lily la tigresse, Le soldat Smith et Nicky Nigoo le pirate) - Thierry Janssen (Mouche) - Elsa Tarlton (Wendy) - Aurélien Dubreuil-Lachaud (Le soldat Taylor, Cookson le pirate et un indien).

Et les enfants en alternance :
Issaiah Fiszman, Dario Delbushaye (Le soldat Jones, Ed le pirate et un indien) - Andrei Costa, Martin Georges, Stanley Dupic-Janssens, Léon Deckers, Ethan Verheyden, Lilia Moumen, Jannah Tournay, Lily Debroux, Eledwen Janssen (Les enfants perdus et les indiens) - Selma Jones, Babette Verbeek, Laetitia Jous (La sirène et une indienne).



Réalisation Maggy Jacot et Axel De Booseré

Assistanat Julia Kaye

Assistanat scénographie et costumes Fabienne Damiean

Création lumières Gérard Maraite

Création sonore et composition Eric Ronsse

Chorégraphie des combats Emilie Guillaume

Créatrice maquillages et coiffures Florence Jasselette

Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/face-cover-deff-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Julien Besure Photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/Mouche-Crochet-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Thierry Janssen et Fabian Finkels Photo@ZvonocK
Peter PanAurelien Dubreuil Lachaud, Mireille Bailly, Julien Besure, Elsa Tarlton, Photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/Clochette-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Anouchka Vingtier Photo@ZvonocK
https://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/Karen-De-Paduwa-Andrei-Costa-Lily-Debroux-Julien-Besure-Leon-Deckers-Photo@ZvonocK-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 800px) 100vw, 800px" />Karen De Paduwa, Andrei Costa, Lily Debroux, Julien Besure, Leon Deckers Photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/pirates-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Aurélien Dubreil-Lachaud, Mireille Bailly et Dario Delbushaye photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/wendy-enfants-peter-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Karen De Paduwa, Andrei Costa, Julien Besure, Lily Debroux, Elsa Tarlton, Leon Deckers Photo@ZvonocK
Julien Besure, Fabian Finkels Photo@Zvonock

Peut être une image de texte qui dit ’ANTOINE VITEZ 1930- 1990 Car le théâtre est un champ de forces, très petit, mais oủ se joue toujours toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguité, sert de modèle à la vie des gens, spectateurs ou pas. Laboratoire des conduites humaines, conservatoire des gestes et des voix, lieu d'expérience pour de nouveaux gestes, de nouvelles façons de dire -comme le rêvait Meyerhold pour que change l'homme ordinaire, qui sait’ 

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SPECTACLES

Un fracassant « tramway nommé Désir » à l'Atelier Jean Vilar


Ah! Les beaux jours? …Par Tennessee Williams.

Presque un spectacle fleuve que le metteur en scène, Salvatore Calcagno, transpose au cœur d’un été torride en Sicile. Le spectateur est pris dans un filet de résonances étonnantes qui ne cessent de se croiser. Salvatore Calcagno conçoit la scène contemporaine comme une rencontre quasi sensuelle de différents langages artistiques : musical d’abord, ah! L’extraordinaire pianiste, le jeune Meraviglioso Lorenzo Bagnati qui crée un mystérieux   dialogue harmonique avec Blanche et son Gaspar de la nuit! Plastique, ah!  Bastien Poncelet, ce danseur éphèbe  énigmatique et  fascinant. Cinématographique: des clips on ne peut plus chauds signés Zeno Graton. Enfin chorégraphique, l’Afrique du Nord ou l’Asie Mineure au rendez-vous avec la voluptueuse Rehab Mehal? Ajoutez à cela les jeux de lumière d’Amélie Géhin  et les maquillages très élaborés d’Edwina Calgagno… Ce qui est sûr c’est que le  metteur en scène décidément très créatif  serre  néanmoins au plus près le contexte américain qui a finalement très peu changé, où l’origine socio-économique ou géographique peut conditionner le destin de façon déterminante.

Résidence symbolique, parée de hautes colonnes, “Belle Reve” est le nom de l’ancienne plantation où Stella (Marie Bos) et Blanche (Sophia Leboutte) ont grandi dans la splendeur fanée après la guerre de Sécession. Un « bon temps » destructeur qui empêche Blanche d’affronter toute réalité. L’alcool, le sexe et la fumée lui servent d’écran. Les mensonges aussi.


À la fin poignante d’ « Un tramway nommé Désir » Blanche, telle une star omniprésente et intense,  n’est plus la femme coquette qui a tout perdu et s’est vue forcée de se jeter dans la promiscuité pour rassasier sa quête désespérée d’amour et d’argent. Pathétique et plus démunie que tout, elle brandit désespérément  son dernier  rêve puéril de rejoindre un hypothétique “beau” qui refera d’elle une princesse. Hélas, le superbe porteur de fleurs androgyne (Bastien Poncelet) annoncera la victoire de la Mort sur l’emblème de sa Vie, le tramway fracassant du Désir.


Ironiquement, l’appartement minable de Stanley et Stella où accoste Blanche à La Nouvelle Orléans, se compose d’une cuisine, d’une chambre et d’une salle de bains. Des fausses perles comme cloisons. C’est tout sauf un paradis, un lieu où, une à une, toutes les illusions  de Blanche fondront dans une atmosphère suffocante malgré le nom prestigieux et symbolique de l’adresse : “Elysium Fields”.

À la fin, Stella ne sera  plus la jeune femme amoureuse de son mari “parfait”. Stanley. Lucas Meister, très physique, est un beau gosse qui bouge comme un mannequin. Craquant physiquement, mais entier et immuable dans ses jugements. On peut dire qu’il reste le même jeune prolétaire arrogant et buté qu’il était au début. D’un bout à l’autre, il reste bloqué, humilié et  outré par la discrimination et le mépris que lui impose Blanche. Exaspérée par son machisme et son manque d’éducation, elle le traite de Pollack, terme  hautement dénigrant. Campant sur ses positions, il est incapable d’identifier ses propres lacunes et à les changer pour sa femme et son enfant. Sa nature statique et phallocratique est mise en lumière par les jeux de poker bien arrosés avec ses amis qui soulignent  par contraste l’évolution psychologique et dramatique de Stella et de Blanche. On retrouve  Tibo Vandeborre dans le rôle ténébreux de Mitch.

Stella qui au début avait accueilli sa sœur dans son foyer avec la plus grande bienveillance ne peut pas croire que Stanley ait finalement abusé de Blanche et laisse les médecins emporter sa sœur ravagée par l’alcool et les désillusions vers l’hôpital psychiatrique. Ceci nous ramène à une image du profond malaise et de l’isolement dont souffrait Tennessee Williams, vivant difficilement son homosexualité dans le contexte d’exclusion toxique de l’époque.

Dominique-Hélène Lemaire  

Un tramway nommé Désir

Tennessee Williams

Traduction inédite Isabelle Famchon
Direction artistique et mise en scène Salvatore Calcagno
Avec Lorenzo Bagnati, Marie Bos, Salvatore Calcagno, Sophia Leboutte, Réhab Mehal, Lucas Meister, Pablo-Antoine Neufmars, Bastien Poncelet, Tibo Vandenborre

Créé au Théâtre de Liège

Lieux et dates :

Du 28 Janvier au 1er Février Jean Vilar à Louvain-la-Neuve
11 au 13 Mars à Mons
15 Février Marche-en-Famenne
21 au 30 Avril Théâtre Varia à Bruxelles
5 au 9 Mai Théâtre de Namur

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administrateur théâtres

“La ménagerie de verre”: oeuvre forte! A l’affiche au Public!

November 9, 2018Image result for klimt 

L’œuvre expiatoire de Tennessee Williams? Son mea-culpa pour son propre parcours? Un appel vibrant à la compassion? L’amour-haine du rêve américain? Mais qui ne choisirait pas l’amour?

Laura, c’est le personnage principal, malgré l’omniprésence de sa mère. Elle est une bouleversée. Bouleversante. “Les bouleversées se reconnaissent de loin. A leur démarche un peu aérienne, un peu en déséquilibre. Il y a aussi en elles comme une urgence, un état d’urgence permanent qui les fait asseoir au bord des chaises, en bordure des lieux, comme s’il fallait courir très vite. Comme si un état d’alerte permanent les habitait.
La gestuelle est toujours gracieuse. Le temps jadis, celui de la jeune fille en fleurs continue comme un halo flou, à ourler de toutes parts la silhouette. On les reconnait aussi à cette façon de garder la main sur le cœur. Une main seulement. Mais qui semble le tenir. Qui semble prendre appui aussi.  Et puis elles ont ce regard qui fixe quelque chose ou quelqu’un qui n’est pas dans le champs de vision. ”  La comédienne  force le public, par son jeu admirable et son honnêteté,  à regarder l’Autre en face, les yeux dans  les yeux, sans détourner le regard. C’est ainsi que joue Sarah Lefèvre.

La mise en scène de Thibaut Nève donne  une somptueuse amplification au texte.  Elle  mêle les éclats de verre et les éclats de voix, l’angoisse économique et le monde du rêve.  Le plateau est le lieu où se tressent l’amour et la haine, où se dresse une figure maternelle omnipotente et possessive et à la fois complètement fragile et désemparée. Elle  incarne  une tyrannie de castratrice géante  dont les  pieds sont d’argile et les lunettes faites de l’écume des jours. Sa fille, Laura est totalement investie par le pathétique de la situation et livre une interprétation d’une justesse extraordinaire. Tout comme le fils Tom, incarné par un impétueux William Clobus parfait dans son rôle, qui est déchiré entre son jeune rêve d’aventures et ses obligations  familiales alimentaires et Jim, le sauveur, ou pas, pareillement vrai-semblant!  Du cinéma, craquant de charme traduisant  le rêve américain bon teint dans un emballage franco-français Beverly Hills High ! …Irrésistible.  Non il n’est pas un jeune loup aux dents longues! Il y croit! Et la jeune-fille, malgré sa déception sentimentale, se métamorphose bel et bien! Il est tout-à-fait dans la ligne du personnage de Brandon au grand cœur: “Would have, could have, should have… “  De quoi plaire aux ados d’alors! C’est Louis Sylvestrie. 
Du très grand théâtre intemporel. La mise en scène aurait pu verser dans le monde de Dorothea Lange. Mais ce n’est pas le cas. La mère courage est une femme d’action et de verbe, saisissante d’énergie et de colère. Nommons la : Patricia Ide.

 

https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=556&type=1

LA MÉNAGERIE DE VERRE

De Tennessee Williams. Traduction : Isabelle Famchon.
Mise en scène : Thibaut Nève Avec : William Clobus, Patricia Ide, Sarah Lefèvre et Louis Sylvestrie

DU 07/11/18 AU 31/12/18Image result for la ménagerie de verre le public

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« L’Ecume des jours » de Boris Vian à l’AT-JV. Vous y allez aussi?

Chick, Chloé et Colin. Une guitare électrique emmanchée d’un jeune homme de haute stature, le sourire  éblouissant adorable d’une jolie fille à  la chevelure blonde ondulée,  aussi menue qu’une souris aux côtés de son compagnon  à  la barbe noire, Colin, et  …un trou de souris, bien plus grand que nature dans la tapisserie du temps retrouvé, servent de piliers à la  nouvelle adaptation théâtrale de « L’Ecume des jours » de Boris Vian.

 Humour féroce, empire des extases de l’amour,  poésie fantastique, musique du grand Duke, divers fracas du monde, déferlent aussitôt sur des planches brûlantes d’invention. L’inspiration Jazz est omniprésente,  la gestuelle et le parler francophone 2021 s’infiltre innocemment  dans  la mise en scène absolument magique  de Sandrine Molaro et de  Gilles-Vincent Kapps pour le Théâtre de la Huchette à Paris et sans nul doute, nous en faisons vœux, une longue tournée, débutée en Belgique  à l’Atelier Jean Vilar.

Le texte de Boris Vian est scandé pour la scène par Paul Emond, grand maître  en  adaptations théâtrales, et soigneusement pollinisé. Sa note d’intention est bruissante d’intentions artistiques tout aussi  inspirées   que réussies.  Son texte étincelant est d’un rythme et d’une musicalité intenses. Le pianotail révèle ses moindres saveurs, la danse du biglemoi fait surgir le désir,  l’appartement des lumières s’obscurcit à force de nénu-phares plus noirs que la mort. Et tombe la neige et ses cristaux immaculés sucés sur la langue. La langue de Boris Vian, bien sûr. Elle fouette, elle secoue, elle attache et s’excuse tendrement. Le chat se plie avec bienveillance  aux dernières volontés de la fidèle souris!     

L’image contient peut-être : plein air

Parlons aussi de l’immense trou de souris. Il est peut-être un souvenir de tableau de Magritte, ou le trou à raclures de la patinoire  (pas  celles de taille-crayon), ou le lit conjugal des ébats amoureux de Colin et Chloé, ou, la forme du nénuphar dév-horreur. Ou un  simple trou de serrure pour la clef des rêves…  

Prenons ensuite  les trois comédiens changeant sans cesse de cape et de personnages d’hiver ou d’été (à  cause des Noces, bien sûr ! ). Ils sont enivrants.  …C’est eux qui nous promènent avec goût sur les sentiers de l’imaginaire dans une incomparable habileté scénique. Ils se distribuent les rôles comme des enfants dans un jeu de récréation. Selon le principe d’ « incarnation et de désincarnation permanent qui permet un mouvement permanent du dialogue à la narration et donne au spectacle»  …un  incontestable cachet  poétique «  dans un va-et-vient  entre répliques, énoncé, musique et chant ».

Dans la neige scintillante de ce spectacle,  au travers  du rêve  teinté des nuages roses du texte  et de soleil couchant embaumé de parfums délicats,  il reste deux traces parallèles et dévorantes. On est frappé par le parallélisme entre l’addiction de Chick à Jean-Paul Sartre dont on entend parfois bourdonner le débit atrocement sérieux, et la mort grandissante fermement installée dans les poumons de Chloé. Un crescendo de douleur. 

  Maxime Boutéraon,  principalement  personnage de Colin, est bouleversant.  Antoine Paulin,  un Chick magnifique, et splendide dans tous ses rôles, de Nicolas le majordome, à Jésus Christ compatissant et silencieux.  Et Florence  Fauquet? Une diction exquise et un bouquet de jeunesses  piaffantes et belles, des roses vivant simplement  le bonheur d’exister. Beautiful people. 

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes souriantes, personnes debout et chaussures

Le spectacle se ressent comme un bienfaisant bain de sensations de jouvence. Il se déguste en mode « carpe diem »  avec délectation, tant et si bien, qu’à peine terminé, on le reverrait bien en boucle  continue, pour le charme, l’émotion, l’euphorie, et malgré la tragédie. Car c’est justement le côté artistique intense, côté cinq étoiles d’ailleurs,  qui fait mouche et  réjouit tant le cœur, et l’esprit, et tous les sens. Tant de grâce! Temps de délices. Tant d’amour. Et tant qu’à faire, condamner en pieds de nez magistraux, l’argent, la guerre et le travail obligatoire, les vrais et  gigantesques fossoyeurs de nos vies.

  • Metteuse en scène : Sandrine Molaro
  • Metteur en scène : Gilles-Vincent Kapps
  • Interprète(s) :  Florence Fauquet, Maxime Boutéraon, Antoine Paulin
  • Lumières : Laurent Béal
  • Scénographe : Erwan Creff
  • Musiques : Gilles-Vincent Kapps
  • Costumes : Julie Allègre

Dominique-Hélène Lemaire


https://www.atjv.be/L-Ecume-des-jours-1819 Du 22 au 27 novembre 2018 Au Théâtre Jean Vilar – Louvain-la-Neuve

Infos et réservations : 0800/25 325 – 

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administrateur théâtres

Chronique de chronique !

 Le monde selon Gardner

Vivre ! Face aux tragédies de  leur histoire,  les juifs proposent un mécanisme de défense : l'humour juif, un rire  qui est à prendre au sérieux et est une formidable réponse à l'antisémitisme.  Le «Maître» étalon moderne de cet humour étant  Woody Allen. Dans« Conversations avec mon père » comédie dramatique de Herb Gardner, (New York 1992) on peut observer une peinture éclatée  de l’Amérique juive new-yorkaise de 1936 à 1976. L’avènement de la parole  joue dans cette pièce un rôle  crucial.

17-conversations-lancon4.jpgThe American Dream: you’re most welcome in the Melting Pot! A quel prix ?  La reconstitution de la saga familiale explosée en  avalanches de flashbacks en présence d’un témoin contemporain (Charlie, Axel De Booseré)  expose  de façon lucide et jubilatoire la  question  de l’exil, des souvenirs du pays d’origine, de l’intégration du migrant dans la communauté,  du  douloureux abandon ou non  de la culture propre,  au profit d’un métissage avec la culture d’adoption. Les ravages de l’antisémitisme. Sur le plan universel,  que transmet-on à nos enfants, de générations entre générations, quelle est la définition d’un bon père, d’une bonne mère, d’enfants heureux ? La complexité des rapports familiaux et-elle la même à travers toutes les cultures, Quel rapport a-t-on, ou pas, avec la religion officielle du groupe?  Bref, qu’est-ce qu’une culture?  Tout au long de cette épopée familiale, on prend  conscience de façon de plus en plus  émouvante de la difficulté d’être. Un thème shakespearien.

La mise  en scène parfaitement scandée et éclairée est signée Jean-Claude Berutti.  La figure paternelle indestructible  du jeune Charles et de son frère, n’est autre qu’Itsik Elbaz, un personnage bourré de contradictions et qui s’avère de plus en plus incandescent au fur et à mesure que la pièce s'enflamme. Itsik Elbaz jouait l’an dernier dans « Pour en finir avec la question juive » au théâtre le Public.    Le reste des 11 comédiens est une formidable palette d’artistes qui partagent visiblement leur  félicité théâtrale autant  sur  la scène qu’avec le public. Rien n’étant plus important dans la culture juive que les noms,  citons-les gaiement: François Bertrand, William Clobus, Axel De Booseré, Ferdinand DespyItsik Elbaz, Antoine Herbulot, Clément Papachristou, Bernadette Riga, Marvin Schlick, Lotfi Yahya Jedidi, Aylin Yay

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 Patron du café couleur tabac,  rebaptisé de façon caustique The Flamingo, Itzhak Goldberg, nouvellement dénommé Eddie Ross,  cherche à  faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Son esprit lucratif naturel va-t-il aller jusqu’aux compromissions ? Sacrifiera-t-il sa liberté ou gardera-t-il sa dignité? Gusta-Gloria, la mère, marquée par le Shtetl natal  vestale de lointains souvenirs, reste étrangère et est la plupart du temps hors-jeu. Elle cuisine, elle chante des berceuses, elle veille sur les lanternes rouges disposées sur les tables du café,  refuse de parler autre chose que du yiddish.  La comédienne  se nomme Aylin Yay.    Charlie, le fils cadet refuse tout bonnement de parler… avant trois ans, comme Einstein? Il se réfugie dans l’écriture. Il  deviendra une plume d’or.  Le frère, Joey se fait malmener pour ses origines  par les boys de l’école et des quartiers avoisinants. La guerre des gangs en miniature. Le harcèlement en grand format! Il recevra les plus hautes marques d’honneur militaire américain. Le père, ancien boxeur, veut être américain à tout prix.  Il sait ce que la différence implique en termes de rejet et fait l’impossible pari de s’assimiler. Il verra sa parole abolie.   Les tranches de vie se déroulent sous le  regard  placide d’une tête de bison et  l’impénétrable sourire du président Roosevelt accroché à un mur du café. Zaretsky, le locataire, un vieil acteur magnifiquement joué par l’innénarrable Lotfi Yahya Jedidi,  fulmine contre la mauvaise bonne idée du patron. Il proclame : « Moi au moins, je reste  moi ».  Leur disputes sont homériques, le public savoure.  Le pittoresque ravit. Les rires alternent avec les pleurs. La question de l’Absolu interpelle.  S’il y a un bémol, c’est celui de la projection des voix, qui pour cause de mise en scène, ne font souvent pas face au public. Évitez donc les bas-côtés de la salle!

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Le spectateur est  emportés dans l’océan de sentiments exacerbés et profondément humains comme dans le ‘Fiddler on the Roof’ et traverse avec délices les murs du non-dit grâce au talent conjugué de cette bande de saltimbanques  si différents et si attachants. Notamment  les jeunes William Clobus et Antoine Herbulot.  Ils ont l’art de dire, de conter et de jouer bonheurs, souffrances et déchirements  qui surnagent  inévitablement après la violence infligée aux Juifs lors des pogroms en Russie et  celle des persécutions de la barbarie nazie. Des souffrances qui habitent encore en 1976, ce café de Canal street, à New-York.

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http://www.atjv.be/Conversations-avec-mon-pere

Toute la distribution

Auteur Herb Gardner-Version française Jean-Claude Grumberg-Mise en scène Jean-Claude Berutti-AvecFrançois Bertrand (Nick), William Clobus (Charlie à 12 ans), Axel De Booseré (Charlie), Ferdinand Despy (Sammy / Monsieur Bleu), Itsik Elbaz (Eddie), Antoine Herbulot (Joey à 12 ans / Finney), Clément Papachristou (Joey), Bernadette Riga (Hannah), Marvin Schlick (Jimmy Scalso), Lotfi Yahya Jedidi (Zaretsky), Aylin Yay (Gusta)-Assistant à la mise en scène François Bertrand-Scénographie Rudy Sabounghi-Costumes Colette Huchard-Maquillages et coiffures Rebecca Flores-Lumières Christophe Forey-Réalisation des décors et des costumes Ateliers du Théâtre de Liège-Création son Pierre Dodinval

mardi 30 janvier20h30
mercredi 31 janvier20h30
jeudi 01 février19h30
vendredi 02 février20h30
samedi 03 février20h30
dimanche 04 février16h00
mardi 06 février20h30
mercredi 07 février20h30
jeudi 08 février19h30Rencontre avec les artistes
vendredi 09 février20h30

 

Liens utiles :

Note d'intention

 http://arts-sceniques.be/rencontre/conversations-avec-mon-pere/

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administrateur théâtres

Y’A DES OBJETS QU’ON PEUT PAS POSSÉDER, C’EST EUX QUI NOUS POSSÈDENT. Perdu dans les rues de Londres, Jasmin, jeune loup de la finance débarqué de Montréal, rencontre un garçon prénommé Hadi qui cherche à lui vendre un tapis précieux aux motifs fascinants. Ce qui pourrait être une banale transaction se transforme en une véritable énigme quand le vendeur demande à Jasmin le mot de passe qui conclura le « deal ». Quête initiatique défiant l'espace et le temps, Warda nous emmène en un claquement de doigts des rives de la Tamise aux portes de l'Orient et des quais de l'Escaut à l'antique cité de Babylone. Une comédie à la lisière du fantastique où langues et identités s'entrechoquent sous le regard amusé du philosophe Michel Foucault.

 Des milliers de nœuds mais pas de trame! Préparez-vous au meilleur comme au pire! Préparez-vous aux élucubrations intercontinentales et surtout ne faites pas grincer votre fauteuil pendant le spectacle ! De grâce, pitié pour eux, ils tiennent à peine ! Et surtout, préférez le tapis comme moyen de transports, car de toutes façons, le parking de la Tulipe est ‘volbezet’.

Le bouquin de MICHEL FOUCAULT dont  se gargarise LILY (CHRISTINA TOTH ), l’étudiante en philo Newyorkaise qui habite chez COLOMBE (VIOLETTE CHAUVEAU) est franchement hermétique. Roucoulement de syllabes hétéroclites, elle se shoote  à l'hétérotopie ou d’éthérotopie, c’est selon la place du  h, n’est-ce pas? Mais les bouquets de fleurs sont fantastiques : Ils sont l’image captive du jardin. Le jardin du tapis, sans doute!

Pour dérouter, les parler diffèrent: flamand, français du Québec, bruxellois, berbère, anglo-américain. Les  frontières  linguistiques s’estompent, masculin-féminin, passé-présent, vie réelle et vie rêvée se confondent. Choix lucide ou destinée ? Le body language est le plus fort. Le contact  du pied nu avec le tapis quatre saisons où s’accouplent fleurs et oiseaux, pur mélange laine et soie, vieux de plusieurs siècles est une expérience inoubliable. Ca, c’est l’étincelant jeune cadre dynamique et connecté du Québec qui vous le dit. Sa mère s’appelait Rose. Elle a disparu quand il avait 14 ans. Présence théâtrale étincelante d’HUBERT LEMIRE dans le rôle de JASMIN. Tiens, encore un nom de fleur!     

WARDA, quel nom barbare pour une rose ! A rose is a rose, is a rose, is a rose … comme le dit la poétesse.  Bien sûr que c’est un motif! On déteste qu’on nous mette les points sur les I et les barres aux T. Le motif revient à l’infini dans le miroir des spectateurs, tapi dans le tapis sans trame de l’imaginaire. Sauf que, le tapis a soudain explosé dans un attentat terroriste, note d’actualité ou prémonition? Explosion de culture? Vol du tapis ? Il a bel et bien disparu!   

Au coin du plateau, à chaque changement de scène une écrivaine aussi aimable qu’une fée Carabosse vous enfume. Elle vit recluse pour se protéger des autres et du monde. C’est tout juste si elle ne renvoie pas le public chez lui !  De sa voix rugueuse, elle  ne cesse d’intervenir pour remonter l’histoire et apostropher le public. Ceci n’est pas du Brecht! Il n’y a rien à expliquer ni  à comprendre, qu’elle cesse de couper nos fils! Elle est laide, rébarbative et misanthrope. Qu’on la pende, dirait la reine! Personnage incarné par MIEKE VERDIN (ANNELEEN).   

Par contre, on est tout yeux et tout oreille  pour le jeune marchand de tapis, SALIM TALBI (HADI/Ali), beau comme un rêve  qui vend du paradis en servant le thé. Soif d’idéal ? Warda-Rose : « je suis un jardin et ça boit beaucoup! »

Tout est dans le regard. S’il n’y a pas de regard - demandez à Warda - il n’y aura pas de tapis ! Warda -Rose a vu le paradis et le raconte à ses frères qui exécutent le tapis! But, there’s a bug in the rug ! Pourquoi tout le monde fait semblant de croire que quelqu’un a tué Warda? On vous a dit qu’elle a disparu, elle n’est pas nécessairement morte ! Vous avez vu la double porte blanche? Elle est juste à côté, là où elle doit être! Si vous voyez ce que je veux dire ! Vous prendrez bien un thé avec Alice? Ensuite nous rangerons les citrons ensemble!

Avec Violette Chauveau, Hubert Lemire, Salim Talbi, Christina Toth, Mieke Verdin

 Écriture Sébastien Harrisson / Mise en scène Michael Delaunoy

 

Une production de la compagnie de théâtre Les Deux Mondes (Montréal) en coproduction avec le Rideau de Bruxelles. Avec le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des Arts du Canada, du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et de Wallonie-Bruxelles International.

 N.D.L.R Vous me direz peut-être que je n'ai rien compris, mais il n'y a rien à comprendre!

http://www.rideaudebruxelles.be

 

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administrateur théâtres

12273059697?profile=original12273060099?profile=original12273061066?profile=original12273061471?profile=original12273062072?profile=originalLewis Carroll, le romancier anglais  qui a raconté l’histoire onirique  d’ « Alice au Pays des Merveilles », n’avait pas imaginé le succès mondial et intemporel de son héroïne toute candide et romantique, curieuse à l’infini et si ...subversive.  La nouvelle  adaptation de ce mythe, présentée cette saison au Théâtre du Parc de Bruxelles, ne laissera pas indifférent. On est loin du prêt à consommer du film de Burton sorti en 2010.  Loin  du  rêve cinématographique fabriqué dans un déluge de créatures numériques et de décors somptueux.

 Passons la parole à  Jasmina DOUIEB, metteur en scène et maitre d’œuvre avec Thierry Janssen de la réappropriation du matériau poétique d'Alice :

« Les mythes ont ceci de particulier qu’ils fascinent et marquent les sens. Ils outrepassent toutes les frontières : culturelles, générationnelles et temporelles. Ils échappent à toutes les réductions, simplifications ou tentatives d’en cerner les contours. Ils partent en fumée sitôt que vous tentez de les saisir. Et pourtant, les histoires qu’ils charrient demeurent fixées dans les esprits, comme des rêves ou des fantasmes. On n’est jamais sûrs de ce qu’ils signifient et pourtant on reste irrémédiablement hypnotisés. Les Aventures d’Alice c’est bien plus qu’un livre pour enfants, c’est un mille-feuilles qui touche au mythe. C’est une mer d’histoires aux multiples entrées. »

 

Ces quelques mots sont très révélateurs de la place laissée à l’Imaginaire dans ce magnifique spectacle esthétiquement et théâtralement parfait. La quête du bonheur et le plaisir vertigineux de la découverte d’Alice s’opposent  à un monde absurde et chaotique où se côtoie une galerie de personnages burlesques et énigmatiques qui ont peuplé nos rêveries enfantines. Le lapin, Le chapelier fou, la chenille et son narguilé, le non-anniversaire, la partie de croquet, la reine de cœur "Qu'on lui coupe la tête!"... se retrouvent ressuscités!

 

12273060255?profile=originalLe texte est mis en abime par le biais du livre que relit Alice devenue grande et venue au chevet de son créateur qui est sur le point de passer de l’autre côté du miroir.  Pour nous c’est l’occasion aussi de revisiter notre monde imaginaire d’enfant et d’y  emmener même notre progéniture, à qui nous offrirons le  miroir théâtral pour pénétrer le mystère hypnotique du conte fantastique. Le lendemain de la première, c’étaient de sages élèves, menés par de joyeux  professeurs qui occupaient les derniers rangs de la salle ! Rires et réactions enthousiastes fusaient pour l’émotion créée par  une mise en scène fourmillant d’astuces! C’ est un  réel défi que de pouvoir jouer avec les perspectives spatiales et faire grandir et rapetisser Alice sur le plateau d’un théâtre, non ?  

Rien n’est imposé, tout est suggéré. Tout est proposition et invitation au rêve et voyage. Le cadre magique, la beauté épurée des tableaux, des décors et des costumes soulignent la dimension poétique d’un conte qui passionne par ses innombrables interprétations possibles.

Esthétiquement, la mise en scène suscite l’admiration. L’incroyable galerie de personnages loufoques défile avec une logique millimétrée…On finirait par y croire et s’y croire! Non seulement l’espace est tordu grâce au champignon magique, mais le temps, notre pire ennemi,  est explosé.  Il est tour à tour figé, avancé, reculé, ridiculisé pour notre plus grand bonheur! Le temps perdrait il son sens ? «  Le non-sens est plus qu’un jeu chez Carroll ; il détruit le bon sens « en tant que sens unique ». La petite Alice est en état de devenir permanent. Ses transformations de taille et donc d’âge - puisque, par ce biais, elle grandit -, brouillent son identité qui devient infinie. Elle est, dans son corps, à la fois hier et demain ; elle est toutes les possibilités d’elle-même réunies dans un même espace temps. Dans cette esthétique du renversement, les contours d’Alice s’effacent. Elle se cogne aux murs d’un monde désespérément trop grand ou trop petit pour elle. Un monde auquel elle ne parvient pas à appartenir. Jamais la bonne taille, jamais la bonne attitude. »

 Les métamorphoses se suivent et s’enchaînent grâce au moteur principal : le rire omniprésent. Qu’il soit dérision, humour grinçant, ou haut comique de situation, chaque spectateur y trouve sa part de connivence avec les comédiens. Et les enfants apprennent, sur les pas de la jeune Alice au caractère bien trempé, à douter de toutes les apparences, à dégonfler les impostures et à détester la dictature! Avec six comédiens seulement, tous magiques,  eux aussi! Michel CARCAN (Lewis Caroll), Lara HUBINONT(le Chat) , Thierry JANSSEN (la Reine) , Sophie LINSMAUX(dans le rôle d'Alice), Françoise ORIANE(Le Bombyx), Clément THIRION(le Roi). Jubilatoire!

Mise en scène : Jasmina DOUIEB - Assistanat : Alexandre DROUET. 

Scénographie, costumes, masques, marionnettes : Anne GUILLERAY et Geneviève PERIAT.

Lumières : Philippe CATALANO - Musique : Daphné D’HEUR.

Maquillages et coiffures : Véronique Lacroix.

Photos: Isabelle DE BEIR

http://www.theatreduparc.be/index.php?mact=Agenda,cntnt01,DetailEvent,0&cntnt01id_event=18&cntnt01returnid=62

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administrateur théâtres

Au théâtre de la Vie, Un Rêveur sombre dans la raison

 « C’était une nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent guère survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, le ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux vers lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : Est-il possible que, sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux ? »

Le monde appartiendrait-il aux rêveurs ?  On le souhaiterait  bien sincèrement ! Le tout jeune metteur en scène Olivier Lenel  rêve lui d’un renouveau théâtral. Il entre en compagnie de la traductrice Katia Vandenborre  dans le vif du  texte russe  du roman, sans passer par une traduction figée par des droits d’auteur. De concert, poétiquement soutenus par la création pianistique de Julien Lemonier et Félix Ulrich,  ils transposent ensemble l’essence  russe du roman en dialogues scéniques vivants, étonnamment modernes. Cela implique un gommage de l'esthétique romantique de la traduction existante, et la capacité de renouer avec  la puissance et la force des mots bruts. Réinventer une ponctuation syncopée  qui colle à cette tragi-comédie et  fabriquer une oralité étourdissante.  Entrer dans les représentations mentales des personnages, les pousser à bout et les faire exploser comme cela explose les nuits de printemps…

 C'est l'histoire d'un homme qui se surnomme le Rêveur. Une nuit, il se souvient. Il rencontre la bondissante Nastenka (Marie du Bled) qui lui raconte sa réclusion sous le toit d’une grand-mère abusive, son attente fiévreuse d’un fiancé, son rêve de bonheur inaccessible. Ému pour la première fois de sa vie, le rêveur se laisse aller au rêve de l’amour et finit par se déclarer quand ledit fiancé ne revient pas le jour dit.  Faute de mieux, Nastenka, affolée de ne pas voir revenir le chevalier de ses rêves, vire de bord et accepte la déclaration d’amour du Rêveur. Un amour désintéressé, idéal,  qui célèbre le total oubli de soi et le bonheur de l’autre. Fugace instant de béatitude : le Rêveur et Nastenka soudain se rejoignent, le bonheur est presque là, parfait comme dans un rêve.  Puis la réalité fracasse soudainement ces minutes d’éternité  car la capricieuse Nastenka s’est jetée dans les bras du fiancé venu enfin la rechercher. Nastenka, cruelle et inconsciente, ingénue et égoïste daigne garder son amitié pour le Rêveur éconduit.

 Le Rêveur alors doit choisir : s’installer dans la minute rêvée ou accepter de vivre avec la réalité. Il est reconnaissant qu’un  moment de grâce ait illuminé sa vie. Life is but a dream, “a dream within a dream” dirait Edgar Poe. La réalité beaucoup moins belle et beaucoup plus triste a réveillé l’artiste rêveur en sursaut mais au fond de lui, il garde son trésor. « Petit poucet rêveur, j’égrenais dans ma course… des étoiles. » La jeune dame exaltée a fui vers son inaccessible étoile, sera-t-elle heureuse pour autant ? Le rêveur a laissé couler les grains d’or dans ses mains et garde, par l’écriture, le souvenir de son éblouissement.

Les scènes, oniriques et sombres,  sont d’un  réalisme étonnant vu le contexte  et l’absence de décor, à part le mur de briques où va s’écraser le rêve en question. Les émotions s’enchaînent comme dans une partition musicale. Les confessions chaotiques  commencent tout doucement et s’enflent en paroxysmes fantastiques. Plusieurs interprètes du Rêveur, modulent de soir en soir le texte du Rêveur autour de la jeune ingénue. Nous avons vu Vincent Huertas, fascinant par la mobilité de ses émotions et la variété de son jeu. Les débordements de l’imagination sont un ferment de bonheur. Foin de romantisme lourd et lent, le texte est haletant, rythmé, saccadé par les émotions. Les crises de larmes et les trépignements d’impuissance, l’hypersensibilité et l’immaturité de la jeune fille, sonnent juste aux oreilles  de l’an 2000. La musicalité française de la langue capte les émotions et les projette comme des claques.  Le Rêveur sera frappé de stupeur. Le spectateur aussi, par la dernière scène bouleversante et la théâtralité de la mise en scène. C’est grave  pour un cœur formidablement  enthousiaste, de devoir ravaler son rêve. Que le rêve soit russe ou qu’il soit autre.

"Les nuits blanches"   Création d'après Dostoïevski. Adaptation & mise en scène : Olivier Lenel

au Théâtre de la Vie Théâtre de la vie asbl
rue traversière 45
1210 Bruxelles http://www.theatredelavie.be/ 

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Un Mince Rêve

Seul,

le cœur dans les bras

Sur une terre  faite

de grands désirs

Alors qu’un mince rêve

délire encore

car l’affection est pleine

de brûlures

Que peut faire vraiment

un simple navire

dans une soif

 pleine de sables

dans une infatigable

tragédie

celle qui balance encore

et dans son lointain détour

tous les sens…

Et tout l’amour..?!

Comment nourrir alors

tous les espoirs..?!

Comment rendre l’horizon

à sa vraie terre..?!

Pour qu’un jour

l’arc-en-ciel puisse remonter

 son magique reflet

Et pour que les saisons

libèrent enfin…

le printemps..!

Et quand l’aube  frôlera-t-elle vraiment

toute la nuit ?!

Et quand l’imagination prendra-t-elle

son envol ?!

Et quand les pas raconteront-ils

toute l’histoire ?!

Celle des femmes…

Et celle des hommes…

Et quand naîtra-t-il vraiment

 le vrai  jour ?!

Telle une  joie

pleine d’appétences..!

Tel un éveil

plein de sourires..!

 

Abdeslem Sbibi

le 22-12-2010

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Des jours vagabonds

Pour des jours dits vagabonds

Des fleurs jaillissent du trottoir

Seul l’utile est nécessaire

Pour rendre hommage au devoir

Même si la vie veut encore fleurir

Dans les yeux des petits cailloux

Le rêve tout seul, marche alors

Sous la pluie des temps perdus

Aimer la vie n’est pas un choix

A faire ou à laisser

Car c’est la vie qui coule toute seule

Et on ne peut rien changer..!

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