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Séance de Dédicaces ce 05 mai

Je serais en séances de dédicaces ce 05 mai autour de mes livres "l’Amour en Lettre Capitale" et "Nouvelles en quête d'(h)auteur"après le spectacle "Sur un nuage" à salle de la Bouteillerie à Fontaine l’Évêque, Boulevard du Nord à 19h30.12272805296?profile=original 12272805688?profile=original12272804490?profile=original

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administrateur partenariats

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12272783075?profile=originalCe samedi 5 mai prochain, je participe avec mes élèves au concours d'épouvantails organisé par le Lions Ilot Sacré de Bruxelles ! Concours prestigieux, à vocation caritative, ( parrainer une ASBL caritative reconnue en récoltant des votes de supporters et des prix ) dans un écrin merveilleux : la Grand-Place de Bruxelles !

Des milliers de touristes admirent tout au long de cette journée l' exposition d''une centaine de sculptures éphémères rivalisant de créativité et d'originalité !

www.epouvantails.be/ 

L'édition 2011 fut magnifique !

Notre épouvantail ( n°35 ) une sculpture en papier mâché représentant Tchantchè et Nanesse en avion, symbole de notre folklore liégeois, fut mis à l'honneur en remportant 2 prix et engrangeant 622 euros qui furent offerts à l' Asbl " Espoir et Fraternité de Herstal !

Rendez-vous tous le 5 mai sur la Grand-Place, vivante et résolument ouverte sur le monde des arts et de la diversité !

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administrateur théâtres

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« Diotime et les lions » d’après Henry Bauchau

Du 8 au 26 novembre 2011 au Centre Culturel des Riches Claires

La Perse antique. Diotime, fille indomptable, conte  son histoire. A quatorze ans elle se  révolte contre sa condition de femme. Elle va transgresser la loi du clan car elle veut participer au rituel du combat contre les lions sacrés,  rituel  violent et meurtrier, interdit aux femmes. Mais il n’y a pas de plus grand honneur que d’y participer et elle perd  toute envie de vivre si elle n’accomplit pas ce qu’elle sent être sa  destinée.  Elle entretient depuis très petite une relation fusionnelle avec son grand-père Cambyse, qui a d’étranges liens avec l’ancêtre lion du clan. « Cambyse ne me parlait pas beaucoup mais, si des obstacles surgissaient durant nos chasses ou nos courses au galop, je le trouvais toujours à mes côtés. Si je me débrouillais seule, il me regardait avec un sourire amusé et content. Pour ce sourire j’étais prête à surmonter mes peurs et à braver tous les dangers. » « La tradition du clan ne le permet pas ! »  lui dit sa mère. Cambyse lui promettra : " Pour toi nous inventerons une nouvelle tradition ". Elle ne se sent pas faite pour la condition féminine traditionnelle qui occupe les femmes aux travaux domestiques et aux joies du jardinage.   Elle reste néanmoins très proche de sa sœur et de sa mère, et se résout à abandonner son projet car elle a compris que  cette  dernière exécutera  sa funeste menace de quitter le père, Kiros, si elle participe à cette  guerre mythique annuelle. Mais dévastées par son désir extravagant Diotime  se meurt et est prise d’accès de folie. La mère, mue par la sagesse  et l’amour de sa fille, donne son autorisation. « Puisque tu es lion, va à la fête rituelle ! » « Je t’aime comme tu es ! ».

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 Diotime tue son premier lion. En même temps elle tombe amoureuse d’un  Grec du clan adverse, Arsès, « un grec de Grèce, au sens affiné de la mesure ». Mais celui-ci, pour pouvoir épouser Diotime devra se plier aux usages barbares et  tuer lui aussi , un lion. Le sort tombe hélas sur  l’ancêtre lion, mystérieuse incarnation de Cambyse. Arsès , le grec, a compris le piège et refuse la violence. C’est un principe. Intrépide et barbare,  Diotime s’élance elle-même à la poursuite du lion mythique. Arsès la suit. Mais le temps n’est pas encore venu pour le sacrifice. « Assez de folie Diotime » clame Kiros, son père.

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 Les voilà envoyés chez le sage au buffle noir pour un  long parcours initiatique. Cambyse déclare à leur retour : « Je suis vieux maintenant, grâce à toi je n’y avais jamais pensé. » Il lui donne sa propre lance et ses flèches. Le sacrifice du lion est accompli par le couple et le lieu devient sacré. « Si des lions et des hommes s’y rencontrent, aucun n’attaque et nul ne fuit. »  Les forces antagonistes se réconcilient dans une sage harmonie et le cœur  indomptable de Diotime s’aperçoit qu’il ne désire plus rien. Sagesse Tao.  

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Un livre de 50 grammes qui fait le poids ! Surtout sur scène avec l’interprétation pleine de sensibilité, de jeunesse et de passion de Stéphanie Van Vyve de ce texte inépuisable et poétique d’Henry Bauchau. Elle fait le poids aussi dans sa chorégraphie avec le danseur aux yeux fixes et au visage immuablement léonin, Ozan Aksoyek. Le sable vole, les corps luttent, le temps que l'on médite, comme si un choeur silencieux commentait les événements.   Et pourtant, elle ne pèse rien ou presque! Depuis le début elle est habitée par une sauvagerie étrange, et le courage décuple ses forces et sa volonté. Volonté de femme en devenir, qui choisit bravement l’autre : ce grec antagoniste,  celui qui n’appartient pas à son clan, et pour qui elle est prête à tout sacrifier par amour. Car elle est femme. Stéphanie Van Vyve est toute harmonie et mobilité, et réussit un  équilibre émouvant de la parole et des gestes. Réconciliant lumière et ombre,  forces antagonistes elle atteint la paix d’esprit après ce long combat d’éclosion.

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Du 8 au 26 novembre 2011

Du mardi au samedi à 20h30
Excepté les mercredis, représentation à 19h00

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Au théâtre Le Public : DU COQ à LASNE

 

De et avec  LAURENCE VIELLE ( avec JEAN-MICHEL AGIUS), Vincent Granger (clarinettes)  Helena Ruegg(bandonéon) pour la musique

Regard extérieur à l'écriture et à la mise en scène : Pietro Pizzuti

DU 12/04/12 AU 26/05/12               Petite Salle - Création mondiale - relâche les dimanches et lundis. Durée 1h30 / Supplémentaire le lundi 7 mai 2012 à 20h30

12272805292?profile=original« Pendant la deuxième guerre mondiale, il y avait dans ma famille flamande un résistant, membre du réseau Comète, et un collaborateur, fondateur du pèlerinage de la tour de l'Yser. Le premier est mort à Flossenburg en mars 1945, à l'âge de 34 ans, tandis que le second, après la guerre, était encore vivant. Cette histoire est un secret de famille. Personne n'en parle. On se tient bien... »

 

 Traversée de Flandre-Bruxelles-Wallonie. Cochon, coq ou âne, qu'importe? Voyage à pied dans l’espace et le temps.  « C’est le cheminement qui importe. » Lors de son voyage entre De Haan (du coq) et Lasne (à l’âne) Laurence fait une trouvaille insolite au bord d’un rang d’arbres de la forêt de Soignes : deux petites chaises pour enfant, porteuses  de deux âmes vieilles de plus de cent ans, comme dans l’Oiseau Bleu.

Bon début,  la peinture bleue est à peine écaillée. Laurence Vielle va s’empresser d’écouter avec passion le bruissement de la voix de son  arrière grand-mère en conversation avec son frère. La jeune femme, encore sous l’emprise de  la magie de l’enfance saisit les moindres frémissements des choses et des gens. "Van de hak tot op de tak."  De long en large, elle cherche inlassablement, classe, range et refait surgir l’image déteinte de sa famille. Elle fait reverdir tout un arbre de vie commune. Les uns et les autres se partagent les mêmes racines et s'expliquent. Tandis que la voix de  sa mère n’a de cesse que de la  conjurer de ne plus remuer le passé, Laurence travaille comme une archéologue. Explorer, étiqueter, replacer, trouver la bonne distance, restaurer les voix contradictoires : résistants contre collabos, francophones contre flamands, occupés contre occupants, les face-à-face sont prodigieux. « L’humain face à l’humain. »  

 

Laurence veut, à travers sa patiente et minutieuse reconstitution,  comprendre de quoi elle est faite, essayer de retrouver le fil rouge qui file l’histoire de mères en filles. Braver la honte et lever  une à une les pierres qui scellent des secrets terribles. C’est toute l’histoire de la Belgique qui y passe, depuis les tranchées de l’Yser. Un tableau  poignant qui nous aide à comprendre la superbe des uns la frustration des autres et ce clivage géologique fait du schiste le plus dur  qui pourfend la Belgique depuis sa création.

 

 Les moyens poétiques mis en œuvre par l’archéologue familiale sont d’une rare inventivité. Elle ne tient pas en place et passionne le public.  A vous de découvrir tous les secrets de l’art de la conteuse qui batifole avec tout ce qui lui tombe sous la main et organise un véritable jeu de piste surréaliste. Les voix sont touchantes, la volonté de nager en eau libre enfin transparente est  tenace. Ces questions d’identité sont  une question de vie ou de mort. Le spectacle est si émouvant et attendrissant que l’on doit souvent  retenir ses larmes. Il y a des paroles terribles :  « A défaut de savoir qui on est, on stigmatise qui on n’est pas.»  C’est rare de s’abreuver à une telle source d’humanité et de parole juste. Dans sa quête, elle cite Primo Levi et Aragon. Laurence fait plus que du théâtre, elle devient chaque jour un peu plus « Elle » en mille facettes: une métaphore vivante de la Belgique, telle qu’on la rêve, tous les soirs sur le plateau.

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=293&type=2#

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administrateur théâtres

 

Histoires d'un idiot de guerre   de Ascanio Celestini                 mise-en-scène Michael Delaunoy

http://www.pietropizzuti.be/-Accueil-.html

 

12272803869?profile=originalOn se souvient de la superbe  mise-en-scène par Pietro Pezzuti en novembre dernier de la  fable initiatique  d’Henry Bauchau, "Diotime et les Lions" au Centre Culturel des Riches-Claires aux côtés  de l’exquise  Stéphanie van Vyve. On se souvient aussi de sa magnifique pièce "L'hiver de la cigale" présentée au Public.

"Histoires d’Un Idiot de Guerre" "Storie di uno scemo di guerra" est une reprise du théâtre  le Rideau de Bruxelles au 

WOLUBILIS

...hélas pour deux soirs seulement.

 Pietro Pizzutti adore l’auteur  italien Ascanio Celestini dont il va se faire l'interprète avec Angelo Bison. Celestini  aussi se fait conteu de fables et porteur de tradition orale  à la façon des histoires contées par les grands-parents. «  Il y a cette culture italienne de l’histoire racontée. Il y a des couleurs qui me parlent, des personnages qui me rappellent des histoires de mon enfance et de ma culture et j’ai l’envie des les transposer et de les faire entendre en français, parce que c’est la langue dans laquelle je travaille, et c’est cet objectif-là qui me conduit, par véritable amour de ce que je lis en italien. »

 C’était une touchante  histoire de guerre à propos du  propre père de Celestini, Nino, et de son  grand-père,  qui en des temps famine, dut absolument braver  Rome sous les bombardements pour aller chercher un cochon. Le motif semble anodin. Le vécu et l’imaginaire,  tour à tour, diffusent des vérités profondes. La réalité, faite d'indicibles terreurs, débouche sur un surréalisme omniprésent.

On se laisse prendre car Pietro Pezzuti et Angelo Bison, les deux comédiens, nous bercent dans le charme de la langue. Rien qu’en faisant tinter les prénoms des différents personnages, on en vient à s’illusionner croire que l’histoire se passe en italien dont on  semble tout-à-coup comprendre la magie verbale. « Mon père était le deuxième de quatre garçons. Le premier s’appelait Ernesto, après lui est né Gaetano, mais Gaetano est mort-né. Comme ça, quand mon père est né, ils l’ont appelé Gaetano en hommage à son frère mort. Seulement en famille on avait du mal à l’appeler avec le nom du mort, c’est pourquoi on a toujours appelé mon père : Nino. » Est-il donc mort ou vivant, ou mort-vivant ce Nino légendaire?  Cela donne le ton, on sera emportés par la double parole des comédiens, la poésie. Les personnages traversent la vie, la mort et ressuscitent par la magie du verbe. 

L’émotion toute vivante, est prise au piège des fils vivants du conte.  Fil à fil  ou  de fils en fils ? A 8 ans le père de Celestini a risqué sa vie pour un oignon lorsqu’il accompagnait le grand-père cherchant à récolter les 1000 lires  pour acheter un cochon, volé par ailleurs aux Allemands.

Sur deux chaises et quelques lampions, firmament de théâtre,  reviennent avec volubilité intense, mille personnages qui peuplent la mémoire des compères.  Tout un peuple migrateur installé à Rome : Nino qui a osé pisser dans le casque de l’allemand avec la tache au visage ; le grand-père Giulio qui doit dénicher les 1000 lires, l’homme terré derrière les barreaux de la fenêtre qui collectionne les oignons, la mère Irma qui compte les éléments du repas au spaghetti près, le gamin qui est devenu vieux en deux heures, la petite sœur volatilisée,  le coiffeur en costume mortuaire ( italien bien sûr), le chien du coiffeur, des polonaises enveloppée de puanteur. «  La puanteur de l’humanité, tenace en temps de guerre. La puanteur que l’humanité traîne depuis des siècles et des siècles, une puanteur aussi ancienne et originelle que le péché. »

 

Au cours de la  Traversée de Rome occupée, tous les uniformes sont déguisements qui se ressemblent. En face : une ribambelle petites gens espiègles, de cascades et de mises en abîme surveillées par les yeux d’une mouche pacifique aux mille facettes. Le rire et la fantaisie sauvent. L’humanité résiste. L'animal est presque plus digne que l'humain.  C’est l’histoire abîmée et ressuscitée  d’une jeunesse tendre, abîmée par la marche de l’Histoire, tragique "comédie"  qu’il ne faut pas oublier.  - Ainsi parlait ...le coiffeur ! -

 

A défaut du spectacle, vous pouvez apprécier le texte : http://www.pietropizzuti.be/IMG/pdf/Histoires_d_un_idiot_de_guerre_Storie_di_uno_scemo_di_guerra_traduction_traduzione_translation_Pietro_Pizzuti.pdf

 

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Clochemerle

12272801499?profile=original"Clochemerle" est un roman de Gabriel Chevallier (1895-1969), publié à Paris aux Éditions Rieder en 1934.

 

Après Durand, voyageur de commerce (1929), la Peur (1930), Clarisse Vernon (1933), ce roman, vendu à plusieurs millions d'exemplaires et traduit en vingt-six langues, apporta à son auteur notoriété et fortune.

 

Lorsque, en octobre 1922, Piéchut, le maire de Clochemerle-en-Beaujolais, confie à Tafardel, l'instituteur, son projet de faire construire un urinoir public place de l'Église, il ne mesure pas l'ampleur de la tempête qu'il va déchaîner. Le succès de l'édicule, inauguré le 7 avril 1923, déclenche les passions. Justine Puchet, vieille fille indignée de voir exhibées sous ses fenêtres tant de «choses» dont elle s'était jusqu'alors préservée, entre en croisade, aidée de pieuses femmes. Les passions exacerbées des «pour» et des «contre» éclatent le 16 août, lors de la grand-messe de Saint-Roch, en une bagarre générale dans l'église même. La presse et l'opinion publique s'émeuvent, et, alors qu'un certain nombre de scandales privés excitent les commérages à Clochemerle, l'affaire est portée à la connaissance de l'archevêque de Lyon par la baronne de Courtebiche, et transmise au ministre de l'Intérieur. Paris envoie la troupe au village. Nouveau scandale: les villageois se battent avec les soldats pour venger l'honneur d'Arthur Torbayon, cocufié par sa femme Adèle et le capitaine Tardivaux qui loge chez eux. En septembre, un orage, occasionnant de nombreux dégâts dans le village et détruisant les vignes, apparaît aux Clochemerlins comme une punition du Ciel: la paix revient. Elle devient définitive quand Clochemerle se purge de son mauvais démon: Justine Puchet, le dimanche 16 octobre, devenue folle, se rend «toute à poil», «avec juste un chapelet sur le ventre et un petit chapeau planté haut sur le crâne», à l'église, monte en chaire et commence «un sacré sermon de toquée». Elle est transportée et enfermée à l'asile de Bourg. Le chapitre 20 forme épilogue sur les principaux personnages et se clôt par une conversation, dix ans après ces événements, entre Piéchut, devenu sénateur et Tafardel, demeuré instituteur et attendant une légion d'honneur...

 

Même si le narrateur prétend à plusieurs reprises faire oeuvre d'historien (plan de la ville, généalogies, datation précise, etc.), la supercherie ne trompe personne. Cette chronique imaginaire se place résolument sous le signe de la satire sociale.

Il serait exagéré de parler d'intrigue. Les péripéties engendrées par la construction de l'urinoir servent surtout de fil fédérateur à une succession chronologique d'incidents divers et de scandales privés, chacun donnant l'occasion de compléter la corrosive galerie de portraits des Clochemerlins, généralement maltraités en raison inverse de leur situation sociale. La baronne de Courtebiche, hautaine, et son gendre Oscar de Saint-Choul, imbécile phraseur, veulent ignorer la Révolution française; l'ignare ancien ministre Bourdilhat et l'arriviste député Focart («une sacrée fripouille!») font piètre figure; le représentant de la bourgeoisie, l'avare notaire Girodot, a des «charités secrètes» pour des prostituées de Lyon, avec lesquelles le pharmacien Poilphard «étrange, maigre, incolore et consterné» assouvit des fantasmes nécrophiles; les trois curés ont forniqué avec leurs servantes (chap. 3), etc. Les relations entre personnages sont tout aussi caricaturales: le docteur Mouraille «robuste, rouge, gueulard, libre penseur, et brute», le pédant instituteur Tafardel, à l'haleine redoutable, haïssent le curé Ponosse, représentant «le fanatisme et l'ignorance»; Rose, enfant de Marie, se fait engrosser non par vice mais par niaiserie; la fille du notaire Girodot s'enfuit avec le poète Denis Pommier, etc. Les maris sont balourds; les épouses, des garces qui les manoeuvrent. D'un côté, les pieuses commères venimeuses, étiques et rebelles au sexe; de l'autre, leurs cibles, celles peu farouches qui font fructifier leur capital de rotondités...

 

De fait, à travers tous ces stéréotypes, les véritables cibles du roman ont pour nom Bêtise, Mesquinerie, Pruderie, Hypocrisie... Les hiérarchies ecclésiastique, militaire, politique à tous les niveaux sont clouées au pilori par l'acuité voltairienne d'un regard décapant. Il y a du Candide jusque dans l'onomastique souvent signifiante (Ponosse = Pangloss?); du Flaubert dans les portraits et dans les discours affligeants prononcés lors de l'inauguration de l'urinoir (chap. 5) ou par Oscar de Saint-Choul sur l'éducation (chap. 12), qui rappellent les comices agricoles de Madame Bovary ou de Bouvard et Pécuchet. La verdeur du langage (joutes verbales, insultes, ragots intimes, conversations sur les génitoires enflées du suisse Nicolas, etc.), et la verve de certaines scènes font irrésistiblement penser à Rabelais: la mêlée de l'église (chap. 10) évoque le combat du frère Jean des Entommeures dans Gargantua. Clochemerle, malgré certains aspects IIIe République d'un comique quelque peu suranné, par son rythme et son ironie souvent paradoxalement chaleureuse, par son amour du vin (le 15 août: concours du Premier Biberon), des femmes rebondies et libérées, demeure un puissant hymne à la vie.

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administrateur théâtres

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Azal Belkadi, voix lyrique kabyle, qui  à bien des égards n’est pas sans rappeler les meilleurs barytons Corses était présent ce mardi 24 avril à 20h00 au Cirque royal de  Bruxelles dans le cadre de la tournée internationale  du « Boléro de Ravel pour Tahar et les Hommes libres ». Les Etoiles de légende (Danse classique et contemporaine) se sont surpassées dans une  fabuleuse  chorégraphie de NIKOLAÏ ANDROSOV. Le célébrissime Boléro de Ravel, au centre de ce spectacle  est encastré dans un florilège de danses et musiques inoubliables : de Tangos à Paris sous le regard d’un tableau de Renoir, en passant par le suicide d’Ophélie, les Coolies des ports de Boston, rythme Noir,  le Lac des cygnes, le Sacre du printemps et  « Chaud » de  Carmen. On a vu tout un siècle de danse passé en revue : beauté graphique et costumes extraordinaires, corps humains en mouvement idéal.  On a été fascinés par les paysages et les tribus  de Kabylie et le message de paix entre les hommes : « les voiles se déchirent quand les cœurs se regardent en face ». Ce spectacle  dansé  dans des couleurs berbères célèbre l’amitié entre Tahar et Michel le français. L'amitié plus forte que la guerre.  Bruxelles était la dernière étape d’une tournée internationale éblouissante.  Après les salves d’ applaudissements enthousiastes,  ne sachant à qui crier leur bonheur, les  trente danseurs démaquillés sont revenus sur scène et ont offert en prime une gerbe de « danse pour le plaisir » autour d’un balai (vous lisez bien !) après le spectacle pour les happy fews qui, encore sous le charme,  ne s’étaient pas précipités vers leur véhicule, leur taxi ou leur métro. Les artistes, fiers et ravis de cette dernière étape de tournée s’éclatent sur la scène, dans la salle presque vide, sur une musique de fête nocturne moderne avec une jubilation rarement partagée. Le public  médusé scande le happening  en tapant dans les mains tant il est bon de rencontrer autant d’énergie et de vérité artistique.

 

12272802263?profile=originalARTISTES & EQUIPE DU BOLERO

LES ETOILES Farukh Ruzimatov – Danseur Etoile du Marinskii – Kirov
Maria Allash – Danseuse Etoile du Bolshoi Theatre
Anna Antonicheva – Danseuse Etoile du Bolshoi Theatre
Pierre Alain Perez
– Danseur Etoile, Soliste International       Azal Belkadi – La voix Trésor de Kabylie
Pierre Richard - Comédien
CHOREGRAPHIE   Nikolaï Androsov

http://www.myspace.com/azalbelkadi/music           http://www.balletbolero.com/bolero/

 

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Topoï                                                                 

 

Du mardi 24 au samedi 28 avril 2012 à 20h30

                  16, Rue de la Samaritaine. 1000 Bruxelles ( Sablon )

                                                  www.lasamaritaine.be                                                            

 

Une voix chaleureuse

Des guitares aux cordes en métal

Un clavier 88 touches aux sons électroniques

Une chasseuse de sons

Une chanteuse de fonds

De l'humour à la douceur

De l'émotion au surréalisme

De la plume à l'ordinateur

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Fabienne et Pascale vous proposent 

un nouveau spectacle aux reliefs sonores habités

Participez à l'univers onirique des chansons aux thèmes actuels

Pascale Snoeck: Sound Design/compositions/claviers

Fabienne Coppens: voix/compositions/guitares

Production Quoi d'Autre ASBL 

Avec le soutien du Collectif Travaux Publics ASBL 

et Interstices ASBL

Régie: Camille Coeckelberghs

Réservations au 02.511.33.95 (24h sur 24) ou samaritaine@skynet.be 24h (au moins) à l'avance

Entrée: 15€ - Prépaiement ou groupe: 12€, trois jours au moins à l'avance au compte BE93 0682 1876 8167

10€ avec carte d'étudiant. 

Et aussi Article 27 et Arsène 50: www.arsene50.be

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administrateur théâtres

12272799258?profile=originalSolistes de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth

BOZARSUNDAYS

Dimanche 18.03.2012 11:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 Chaque année, dans un idéal d’excellence, et le rêve d’une carrière assurée,  des étudiants de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth participent au Concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique. La Chapelle est soutenue par de nombreux mécènes culturels. Elle participe au perfectionnement de jeunes talents du monde entier dans plusieurs disciplines musicales. Dans chacune des quatre disciplines, les étudiants de la Chapelle sont suivis personnellement par un Maître en résidence: Violon (Augustin Dumay), Piano (Abdel Rahman El Bacha), Violoncelle (Gary Hoffman)(nouvelle classe), Chant (José Van Dam), Musique de chambre (Quatuor Artemis)

Ce dimanche matin, la salle Henry Le Bœuf du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles  accueillait trois jeunes talents qui nous ont offert un programme de choix:

Christia Hudziy piano - Noëlle Weidmann violoncelle

Edvard Grieg, Sonate pour violoncelle et piano, op. 36, 1er mouvement
Leos Janacek, Pohadka

Harriet Langley violon - Dana Protopopescu piano

César Franck, Sonate en la majeur

L’une d’entre elles, qui a travaillé à la Chapelle depuis six ans, est une jeune fille de 19 ans. Elle s’appelle Harriet Langley, elle  est australienne, de mère coréenne. Elle a déjà parcouru le monde entier et  va présenter le concours Reine Elisabeth de violon ce printemps 2012. Non seulement elle a l’occasion grâce à cette formation de développer sa personnalité musicale aux côtés d’un très grand maître prêt à lui transmettre tout son savoir faire, mais elle est très reconnaissante, ainsi que ses collègues artistes  que la Chapelle - cas unique dans la formation musicale en Europe -  leur permette de se produire sur de nombreuses scènes prestigieuses y compris à l’étranger. Après le concert nous les avons rencontrées, toutes trois  aussi charmantes, et amoureuses de la musique.  

Christia Hudziy au  piano et Noëlle Weidmann (dont c’est la première année à la Chapelle)   au violoncelle nous ont joué la Sonate pour violoncelle et piano, op. 36, 1er mouvement d’Edvard Grieg.  Ce n’est pas une mince affaire que de convoquer l’intérêt musical un dimanche matin à 11 heures quand dehors sonnent les cloches d’une superbe matinée de printemps. Ce duo féminin très accompli  a réussi à capter toute notre concentration. Sensibilité et vigueur étaient au rendez-vous tandis que dans le second morceau, Pohadka de Leos Janacek, l’inventivité  et les surprises fusaient des cordes du violoncelle. Le début commence comme un véritable conte de fées. Une voix semble nous souffler «  Il était une fois… Pohadka, a fairy tale ». Et c’est le cas,  vérification faite, Pohadka veut dire en tchèque « conte polulaire… » C’est dire si l’interprétation était suggestive !   On se demande comment Christia et Noëlle, qui jouent en se tournant le dos ont tant de connivence musicale et de bonheur complice. Le double chant qu’elles tressent dans le dernier mouvement  est enchanteur.

 

César Franck, Sonate en la majeur. Le duo avec Dana Protopopescu au piano était sublime. Harriet, la violoniste boit des yeux les mains de la pianiste et lui renvoie une  sculpture musicale  complexe et passionnée. La fougue croisée des deux instruments se complaît dans les notes graves, la violoniste souligne les accents marqués en fin de phrase par un geste d’accompagnement ferme et gracieux. L’archet semble se libérer et grimper vers des notes de plaisir estival. Puis des ondes de retour vers l’intériorité retombent en cascades.

 Il y a au cœur de l’œuvre un récitatif joué les yeux fermés, un chef d’œuvre pour

qui veut se recueillir. Il semble que toute la misère du monde soit envoyée vers le ciel, avec l’espoir enfermé  comme  dans une bouteille à la mer. Et ce message, on est sûr que Dieu l’aura entendu. Les lignes mélodiques sont pures, escortées avec délicatesse par les  arpèges au  velouté très mélodique de la pianiste.  La tendresse et le romantisme du début se mutent en  volonté de faire exploser la joie de vivre.  

C’est au tour du public d’exploser de bonheur, quand dehors, en plein midi, sonnent les cloches d’une superbe matinée de printemps.

 

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administrateur théâtres

12272802088?profile=originalOrchestre National de Belgique

 Sensualité et pudeur   Vendredi 20.04.2012 20:00    Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Andrey Boreyko direction - Anna Vinnitskaya piano – Orchestre National de Belgique , Chor der Städtischen Musikverein Düsseldorf

Nikolay Rimsky-Korsakov, La grande Pâque russe, Ouverture, op. 36
Maurice Ravel, Concerto pour piano et orchestre en sol majeur
César Franck, Psyché, poème symphonique

Réputé tant pour sa baguette expressive et raffinée que pour ses choix de programme palpitants, Andrey Boreyko, 53 ans,  sera à partir de septembre 2012 le nouveau directeur musical de l'ONB. Cette fois, il place une œuvre de César Franck aux côtés d'un Rimski-Korsakov éclatant d'imagination, et du Concerto pour piano en sol majeur de Ravel, tour à tour exubérant et soudainement sensuel. Qui d'autre que la ravissante Anna Vinnitskaya pour susciter des émotions si disparates ?

Au centre du programme, une étoile filante, car porte-bonheur musical : Anna Vinnitskaya  (°1983 Novorossisk , Russie). Cette jeune femme  a remporté le premier prix au Concours Reine Elisabeth  de piano en 2007 et elle  interprète cette fois-ci le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel (1929-1931). Cette œuvre de Ravel mêle fantaisie, turbulence des extrêmes et  fines lignes harmoniques. Le concerto très versatile, partant, plein d’humour, comporte une foultitude d’ambiances où l’on décèle l’influence du séjour du compositeur en Amérique.  Un claquement de fouet a donné le signal du départ du premier mouvement, l’Allegramente qui invite la pianiste à engager une course frétillante  avec le piccolo.  Exécutant avec maîtrise des changements incessants de tempos, batifolant avec les arpèges, Anna Vinnitskaya  nous offre un ballet de parfums légers comme des plumes. L’abondante  chevelure bouclée retenue par une barrette, elle chevauche son clavier comme une amazone, étincelante d’énergie et d’espièglerie mais aussi, émouvante de douceur. 12272802684?profile=originalLa pianiste  au visage extatique  adressé au ciel, laisse courir ses doigts  sur le clavier dans l’extraordinaire Adagio Assai comme mille chevaux s’éparpillant dans la liberté de la steppe.  Et à la fin de ce prodigieux  adagio, elle produira une sorte de ruissellement lumineux d’une rare élévation. Le dernier mot revient au chef d’orchestre, Andrey Boreyko dont  le  frémissement imperceptible de la main gauche suspendue au-dessus de l’orchestre marque la dernière note avant le silence. La prestation sera saluée avec chaleur par le public ravi d’une salle Henry le Bœuf presque comble.

Sans se faire prier, la délicieuse pianiste se rassoit et c'est Ravel encore pour "l'encore!"

 

Retour sur ce non moins  séduisant chef d’orchestre, Andrey Boreyko. Dès son entrée en scène, ses gestes enveloppent, diffusent la vénération de la musique et de l’harmonie. Nous sommes devant la Délicatesse personnifiée. Dans la Grande Pâque russe (1887-1888), poème symphonique de Rimski-Korsakov, Andrey Boreyko se fait maître radieux de la féerie printanière. Il donne relief et transparence, puisque les arbres ne portent encore que de légers feuillages tendres. Ses dons d’enluminure détaillent chaque timbre avec minutie, révèlent les couleurs, exhortent les rythmes. Les dialogues légers des violons et violoncelles laissent la place à un puissant souffle général en crescendo qui se fond dans l’or des cuivres. Chant orthodoxe?  La voix profonde d’un cor soulignée par les violoncelles s’élève avant le martèlement rythmé de pieds païens. Après un bref solo de violon, c’est l’élan vital tous azimuts : batterie imposante, le triangle, la cloche, le xylophone et les cymbales.

En dernière partie du programme Psyché (1887-1888) de César Franck achève l’enchantement de la lumière du printemps. Cela commence par un long murmure avant que les vents ne s’emparent de la musique. Les violons festonnent les cuivres donnent le crescendo, et ce sont des vagues paresseuses qui éclaboussent la scène musicale. Construction progressive de l’évocation de Psyché transportée par les zéphyrs auprès d’Eros son amant, mais avec l’interdiction de voir son visage. Le magnifique chœur de Düsseldorf entonne avec ferveur  la certitude que « l’amour est source de toute vie quand sur elle descend l’ineffable caresse du grand ciel inondé de rayons ». La lumière est visiblement le thème  du concert. L’orchestre reprend avec force la phrase d’avertissement « Rappelle-toi ! » Le ton joueur des violons, les vents insouciants, précèdent les vagues profondes du désir jusqu’à la transgression fatale. « Amour, Elle a connu ton nom, malheur sur elle ! »  Mais Franck, profondément chrétien,  ne pouvait se contenter du châtiment. Une complainte majestueuse des violons  prie Eros de « lui rendre l’accès aux bleus jardins et aux parvis sacrés ». Les arpèges sublimes de la harpe accompagnent le dernier arc-en-ciel musical qui élève le couple divin dans la lumière. Le miracle de l’amour est enfin accompli. Le pardon, sans nul doute.   

 

 

 

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SALON DU LIVRE DE GENÈVE


http://www.payot.ch/fr/nosLibrairies/nosEvenements?payotAction=27&showEvent=01289


L'ILE AUX ENFANTS

au Stand de la Librairie Romande Payot -

est l'espace réservé et dédié aux enfants par divers ateliers dans le Salon du livre de Genève.

Il est organisé par Francine Cellier en partenariat avec la responsable du site

de Vaud Famille, Isabelle Henzy avec laquelle je collabore depuis des années par des articles

pour son site et des animations diverses.

La signature dédicacée des livres de mon édition La Lyre d'Alizé se fera à 12h30

après mon atelier de contes prévu à 11 h.


ET POUR RAPPEL :

concernant mon édition La Lyre d’Alizé   www.lalyredalize.org

tous les cadeaux de soutien de Robert Paul :

        sur les images du livre de Rébecca Terniak -  La Lyre d'Alizé   

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          Proposition et réalisation vidéo: Robert Paul
          Le Violon enchanté Texte de Rébecca Terniak
          – Illustrations Anne-Marie Vaillant
          Relié, cartonné et vernis mat,
          40 pages couleur dont 20 aquarelles, format 180 X 240
          Edition La Lyre d’Alizé – Rébecca Terniak

            https://artsrtlettres.ning.com/video/la-petite-fille-de-neige

            Proposition et réalisation vidéo: Robert Paul
          La petite fille de neigeTexte de Rébecca Terniak
          – Illustrations Mariella Fulgosi
          Relié, cartonné et vernis mat,
          40 pages couleur dont 20 aquarelles, format 240 X 240
          Edition La Lyre d’Alizé – Rébecca Terniak

 

  • Sur ACTU TV le 18 mars à 20 h -
    Rébecca et son édition La Lyre d'Alizé ... parmi
    réalisé par Bob Boutique
     ICI  au n° 3.22 :

         https://www.youtube.com/watch?v=rpcI-_bl7vE     

 

  •  Vous pouvez aussi retrouver :

Focus sur les éditions La Lyre d'Alizé de Rébecca Terniak par Robert Paul - 9-2-2012


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LES ATELIERS LAFAMILY VAUD AU SALON DU LIVRE DE GENEVE AVRIL 2012

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LE SALON DU LIVRE –STANTD  PAYOT

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LES LIVRES DE LA LYRED D’ALIZE CHEZ PAYOT - SUISSE

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LE VIOLON ENCHANTÉ

 

 

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12272799287?profile=originalEvoquons le "Testament du Haut-Rhône" un recueil de poèmes en prose de Maurice Chappaz (Suisse, 1916-2009), publié à Lausanne aux Éditions Rencontre en 1953.

 

Élégie de la prose la plus pure, le Testament du Haut-Rhône est une longue plainte mélancolique: «Qui peut me dire le secret du bien et du mal? Rien n'existe. Passants de ces villes promises à la poussière, pensez à moi comme à ces pétrisseurs de miches aux sous-sols des maisons.[...] Je viens des forêts où gémit la hulotte. Tout est consommé en quelques années furtives.»

Le poète, qui habite la nature «à quelques lieues seulement de la forêt, au bout d'une prairie où les eaux s'évadent», loin d'une «ville assez vaste dans laquelle je ne pénètre que pour rencontrer au seuil des hôtels obscurs mes amis, tous membres d'une secte de l'Orient», regarde ce monde s'éloigner. Seuls quelques souvenirs de ce qu'aurait pu être le monde viennent éclairer sa vie, nourrissent sa nostalgie et guident son travail de mémoire: «Certains sentiments de l'enfance, plus communs cependant aux bohémiens, me maintiennent en éveil et m'ont conduit à quêter sans cesse le secret d'un paradis perdu parmi ces terres du Haut-Rhône, berceau sauvage de petites tribus avec lesquelles je m'allie.» Mais entre le passé et le présent, la reconnaissance et la perte, la frontière est mince et le poète «tâtonne en aveugle»: «Avec ardeur je hume une piste, chasseur de gibier moi-même et je presse la chair de mûres noires de la nuit. Mon âme attend sa terre promise et la fin de son exil.»

 

L'objet de la quête est la vraie nature de l'homme, qui est le diamant perdu de la sublime terre: «Nous nous formons comme les pierres précieuses au sein des roches. Les montagnes élèvent leurs hautes disgrâces et les petites baies de saphir ou d'opale se contusionnent au granit, naissants noyaux traversés d'ondes et de rayons, chrysalides, oeil, lumière de lacs obscurs, nos âmes qui palpitent ici, nourries de tous les sucs et que je tente d'extraire des ténèbres.»

 

Le Testament du Haut-Rhône est un recueil de maturité qui exprime pleinement l'expérience, une fois dépassée l'ivresse de la découverte. La perception de la beauté des choses reste aiguë, mais un sentiment nouveau la corrode. Dix poèmes en prose composent ce recueil: leur mélodie soutenue, ample, lente, solennelle, célèbre un pays sauvage, une société qui a gardé le goût d'une vie élémentaire et d'une spontanéité primitive, mais qui se voit menacée par les fausses conquêtes du progrès.

 

Chappaz sait que le monde qu'il aime va vers sa fin et se sent isolé, poète dont les mots ne sont plus écoutés par son peuple. Aussi c'est aux poètes qu'il s'adresse, seuls capables d'entonner avec lui le dernier refrain. Condamné à une perpétuelle errance, le poète rejeté de ses proches, étranger dans le monde, devient aussi étranger à lui-même. L'amour de Chappaz pour la somptueuse nature du Valais est violent, ombrageux; sa poésie est un reproche, lancé pour le dernière fois avant que l'industrialisation ait métamorphosé son pays. Ce recueil est rempli des regrets et de la colère contenue de celui que le spectacle de la ruée vers le confort écoeure. Face à ses montagnes éventrées, violées, Chappaz laisse monter sa plainte. Chantre d'un monde finissant, homme des siècles disparus, rêveur et vagabond, il prône l'équilibre entre l'homme et la terre. Mais il est partagé entre la rage et la tristesse, le désir de célébrer et le besoin de dénoncer.

 

Chappaz, qui appartient à la famille des promeneurs solitaires, fait ici l'expérience d'une agression, celle de l'idéologie du progrès et recherche les signes d'une plénitude première en portant une attention patiente aux «traces effacées». L'accent est mélancolique, comme une confidence ancienne. L'écriture est un travail de mémoire, elle rassemble le passé et tente de combattre l'indifférence d'un monde qui laisse le sentiment d'un «lamentable éparpillement». «C'est à de grandes destructions que nous sommes conviés», écrit Chappaz le romantique, lui qui donnera à son indignation, quelque quinze ans plus tard, une expression plus saisissante, un ton plus rauque: ce sera le Match Valais-Judée (1969).

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Le Dandysme philosophico-littéraire

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Oscar Wilde

Deux conférences à l’Académie royale de Belgique

Par Salvatore Schiffer Daniel

Le dandysme : une notion beaucoup plus profonde et articulée, tant sur le plan philosophique que littéraire, que ce qu’il y paraît à première vue. C’est cette thématique qui est cernée dans ce cours-conférence.

Ces leçons, aux confins de la philosophie, de l’art et de la littérature, sont basées sur la réflexion, à travers quelques-uns de leurs concepts-clés, de deux des penseurs majeurs du XIXe siècle, Friedrich Nietzsche et Sören Kierkegaard, pour analyser, dans un deuxième temps, la manière dont deux des plus grands écrivains de ce même siècle, Charles Baudelaire et Oscar Wilde, ont appliqué, au sein de leur œuvre poético-littéraire, ces notions philosophiques.

 

 

Le « grand style » chez Nietzsche et « l’art de la séduction » chez Kierkegaard  par Daniel Salvatore Shiffer




« Le Peintre de la vie moderne » de Baudelaire et « Le Portrait de Dorian Gray » de Wilde par Daniel Salvatore Shiffer

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MONDE ARABE

Jean Amruche (Kabylie, 1906-1962)
Poète et essayiste. Se voulait être un pont entre les communautés algérienne et française.
« Ses rigueurs (du français) satisfont un besoin essentiel de mon esprit. Sa souple, sévère, tendre et quasi insensible mélodie, touche, éclaire, émeut mon âme jusqu’au fond. »
(Le Figaro littéraire, 13 avril 1963)

Mohamed Dib (Tlemcen, 1920)
Romancier et poète. regard lucide sur le monde et les siens.
« (Le français), c’est le véhicule idéal d’une pensée qui cherche, à travers les réalités locales, à rejoindre les préoccupations universelles de notre époque. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu-Senghor, 1988)

Tahar Djaout (Algérie, 1954-1993)
Prix Méditerranée 1991. Assassiné à Alger, le 2 juin 1993.
« L’écrivain n’use-t-il pas inévitablement d’une langue différente, d’une langue de l’étrangeté… empruntant les détours d’une langue non natale, aller plus loin dans l’exil et, partant, dans l’aventure. »
(« La Quinzaine littéraire », Paris, 15 mars 1985)

Assiaz Djebar (Cherchel, 1936)
Romancière et cinéaste.
« Il y a un pont à établir… du français conceptuel à l’arabe luxuriant, il y a quelque écho commun, mais si fragile, si secret… une fluidité, une coulée qui est à la fois française et arabe. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 54) + Anth. Nathan (p. 376-7)

Malek Haddad (Constantine, 1927-1978)
Poète et romancier. déchiré de ne pouvoir écrire en arabe.
« Je suis en exil dans la langue française. Mais des exils peuvent ne pas être inutiles et je remercie sincèrement cette langue de m’avoir permis de servir ou d’essayer de servir mon pays bien aimé. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 126)

Mouloud Mammeri (Kabylie, 1917-1989)
De sa langue maternelle berbère au roman français. Auteur de « La Colline oubliée » (1952). Mort accidentelle.
« Le français n’est pas ma langue maternelle. J’ai eu bien du mal à apprendre l’imparfait du subjonctif antérieur. Or si je veux m’exprimer, je ne peux le faire que dans cette langue. On peut être nationaliste algérien et écrivain français. Je crois, d’ailleurs, qu’avec l’indépendance, la langue française prendra un nouvel essor. Elle ne sera plus l’instrument d’une coercition, la marque d’une domination. Elle sera le canal de la culture moderne. Pour moi, je n’envisage pas d’écrire jamais dans une autre langue. »
(Le Figaro littéraire », 31 décembre 1955 et « Témoignage chrétien », 24 janvier 1958)
« La langue française est pour moi un incomparable instrument de libération, de communion ensuite avec le reste du monde. Je considère qu’elle nous traduit infiniment plus qu’elle nous trahit. »
(« France Information », n° 122, Paris, 1984)

Khalida Messaoudi
Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, la résistance au terrorisme islamique en terre d’Algérie se fait d’abord en langue française.
« Bien sûr, j’avais déjà étudié Nedjma (de Kateb Yacine) sans le comprendre vraiment. J’ai écouté cet homme (Guenzet) parler dans un français exceptionnel et nous lancer : « Le français, c’est un butin de guerre . » Pour la première fois, je me suis mise à réfléchir en français, mais plus comme à la langue donnant accès aux textes de littérature ou de philosophie. Je m’interrogeais sur son statut en Algérie. Je me suis rendu compte que Kateb –comme Mouloud Mammeri ou Mohamed Dib et d’autres- l’avait utilisé, lui, comme arme de combat contre le système colonial, comme arme de conceptualisation. Dès lors je ne trouvais plus seulement naturel de parler français, je me disais : « C’est génial, je suis en train de me l’approprier comme un instrument. Jamais je ne laisserai tomber ça. » Vois-tu, c’est cette Algérie-là pour laquelle je me bats, une Algérie où il est possible d’être en même temps berbérophone, francophone et arabophone, de défendre le meilleur des trois cultures. Le message de Guenzt se trouvait dans cette vérité, et ma mémoire l’a enregistré pour toujours. »
(« Une Algérienne debout », Flammarion, 1995, coll. J’ai lu, p. 81-82)

Kateb Yacien (Constantine, 1929-1989)
D’une renommée internationale avec « Nedjma » (1956) au théâtre en langue arabe.
« La plupart de mes souvenirs, sensations, rêveries, monologues intérieurs, se rapportent à mon pays. Il est naturel que je les ressente sous leur forme première dans ma langue maternelle. Mais je ne puis les élaborer, les exprimer qu’en français. Au fond, la chose est simple : mon pays, mon peuple sont l’immense réserve où je vais tout naturellement m’abreuver. Par ailleurs, l’étude et la pratique passionnées de la langue française ont déterminé mon destin d’écrivain. Il serait vain de reculer devant une telle contradiction car elle est précieuse. Elle consacre l’un de ces mariages entre peuples et civilisations qui n’en sont qu’à leurs premiers fruits, les plus amers. Les greffes douloureuses sont autant de promesses. Pourvu que le verger commun s’étende, s’approfondisse, et que les herbes folles franchissent, implacables, les clôtures de fer. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Tahar Ben Jelloun (Fès, 1944)
Immense écrivain international. Poète, romancier et essayiste. Pris Goncourt (« La Nuit sacrée »). Chroniqueur au « Monde ».
« Qu’importe l’encre, la couleur des mots, le regard des mots ; et si ces mots sont de France, ils viennent de toutes les langues françaises que nous écrivons ici et ailleurs. »

Héli Béji (Tunisie, 1948)
« Une langue n’est jamais neutre, fut-elle de naissance ; elle n’est qu’une traduction étrange de l’intensité de la réalité. »
« La Quinzaine littéraire, Paris, 16 mars 1985)

Abdelwahab Meddeb (Tunisie, 1946)
« Faire pénétrer dans la langue française une respiration sémitique spécifique… décentrer la langue française, lui insuffler un expir arabe, de quoi lu donner des accents inouïs, inattendus, imprévus. »

Albert Memmi (Tunis, 1920)
Vit à Paris. Psycho-sociologue et romancier. (« La statue de sel », 1953).
« J’essayais de prononcer une langue qui n’était pas la mienne, qui, peut-être, ne la sera jamais complètement, et pourtant m’est indispensable à la conquête de toutes mes dimensions. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 78)

Abdelaziz Kacem (Bennane, Tunisie, 1933)
Agrégé d’université, critique, écrivain bilingue.
« J’ai expliqué que l’arabe et le français étaient pour moi l’endroit et l’envers d’une même étoffe, que l’une des deux langues était ma mère et l’autre ma nourrice, ce qui fit de moi pour Villon un frère de lai. »

Hector Klat (Alexandrie, 1888-1977)
Un des précurseurs, avec Charles Corm, dans l’expression littéraire libanaise.
« Mots français mots du clair parler de doulce France ;
Mots que je n’appris tard que pour vous aimer mieux.
Tels des amis choisis au sortir de l’enfance ;
Mots qui m'êtes entrés jusqu’au cœur par les yeux. »
(« Le Cèdre et les lys », 1934, couronné par l’Académie française)

Georges Schéhadé (Beyrouth, 1910-1989)
Une des grandes voix des lettres françaises en poésie et au théâtre.
« Tout petit, j’avais le goût des mots, j’étais en dixième, je crois, quand j’ai entendu pour la première fois le mot « azur », j’ai trouvé ça « extraordinaire »… « azur »… je l’ai emporté avec moi dans mon cartable. »
(Entrevue dans « Le Monde », par Claude Sarraute, 26 novembre 1967)

Salah Stétié (Beyrouth, 1929)
Grand prix de la francophonie 1995.
« Miracle de ceux-là qui viennent au français avec leur arabité ou leur négritude, leur asiatisme ou leur insularité, leur expérience autre de l’Histoire et du monde, leurs autres mythologies, avec leurs dieux ou leur Dieu, salés par les océans qui ne sont pas les mers frileuses d’ici, mers d’Europe bordant le plus grand pourtour de l’Hexagone. Ils savent ceux-là que le français, langue des Français, n’est pas, n’est plus le trésor des seuls Français. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 103)

Vénus Koury-Ghata (Beyrouth, 1937)
Inspiration poétique et expérience de femme.
« Le français est pour moi un compagnon fidèle, clef des fantasmes, gardien contre les dérapages et la solitude dans un pays qui n’est pas le mien. L’Arabe, c’est l’autre, drapé de mystère. Il emprunte ma plume… Il revient quand bon lui semble, entre les lignes, au détour des pages. Ses passages sont fugaces. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 104)

Amin Maalouf (Beyrouth, 1949)
Une des voix qui montent en France et recueillent tous les suffrages. Auteur des « Identités meurtries » (Paris, Grasset, 1998)
« Le fait d’être chrétien et d’avoir pour langue maternelle l’arabe, qui est la langue sacrée de l’Islam, est l’un des paradoxes fondamentaux qui ont forgé mon identité… Je bois son eau et son vin, mes mains caressent chaque jour ses vieilles pierres, jamais plus la France (où il vit depuis l’âge de 27 ans) ne sera pour moi une terre étrangère. »

Andrée Chédid. (Le Caire, 1920)
Vit en France par choix. Y brille par sa poésie. Formée en partie à l’Université américaine. Premier poème en anglais.
« Par choix, par amour de cette cité (Paris). Sa pulsation, sa liberté, sa beauté m’ont marquée très jeune d’une manière indélébile. »
(Dans « Questions de français vivant », n° 4, Bruxelles, 1984)

Albert Cossery (Le Caire, 1913)
Vit à Paris depuis 1945. N’a jamais demandé la nationalité française. Décrit une Egypte marginale.
« Je n’ai pas besoin de vivre en Egypte ni d’écrire en arabe. L’Egypte est en moi, c’est ma mémoire. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 16)

Georges Dumani (Egypte, 1882)
Fondateur de l’hebdomadaire « Goha ».
« C’est qu’ici et là on aime la fine clarté, l’intelligence compréhensive, l’ordonnance rythmée de la pensée et du style, l’enchâssement harmonieux des mots dans le tissu des phrases : c’est qu’ici et là –quelle que soit la diversité du génie et de la race- on a le goût de la vérité, le sens de l’ironie et le culte de la tendresse. »
(Dans « L’Egypte, passion française », par Robert Solé, Seuil, 1997, p. 234)

Edmond Jabès (Le Caire, 1912-1991)
Grande notoriété dans la littérature française contemporaine. Quitte l’Egypte à l’arrivée de Nasser, en 1957.
« Mon attachement à la France date de mon enfance et je ne pouvais m’imaginer habitant ailleurs. »
(Dans « Questions de français vivant », op. cit.)

Elian J. Fibert (Jaffa, 1899-1977)
A chanté les animaux et son pays, Israël. Grand Prix Princeton pour l’ensemble de son œuvre.
« Voici des Musulmans, des Arméniens, des Juifs, des Syriens et bien d’autres. Familles d’esprit aux contrastes et aux oppositions innombrables, mais qui se sont pliés à une même règle et ont accepté une discipline semblable, celle de la langue et de la culture françaises. Peut-être, cette langue et cette culture, touchent-elles en moi ce que nous avons en commun, nous autres riverains de la Méditerranée, je veux dire le goût pour les idées pures, pour la raison. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Naïm Kattant (Bagdad, 1928)
Né dans la communauté juive de Bagdad. Emigré au Québec, en 1954. Chef de service des lettres et de l’édition des Arts du Canada.
« Si, à vingt-cinq ans, j’ai choisi Montréal comme nouvelle patrie, c’est qu’on y parle français. Aussi, à travers les civilisations, j’adopte une langue et un pays autres que les miens et je garde mon nom. Je ne subis pas mon destin et ma mémoire, je les accepte et je signe mon nom. »
« Le Repos et l’Oubli », essai, Québec, Méridiens Klincksieck, 1987, p. 121 et 196)

André Chouraqui (Aïn Temouchent, Algérie, 1917)
Résistant en France. Maire adjoint à Jérusalem. Traducteur de la Bible et du Coran en français, « une lecture décloisonnée, non confessionnelle » qui, grâce aux « libertés que permet l’éclatement actuel de la langue française, abolit les frontières et lance un pont entre des religions et des confessions fondées sur les réalités essentielles ».
« Ma langue maternelle, avant l’hébreu, était l’arabe. Nous ne parlions que cette langue, qui fut celle de nos plus grands théologiens, dans notre maison, comme dans les rues animées par nos jeux. »
Dans « Le Journal d’un mutant » par Joseph Boly, CEC, Bruxelles, 1987, p. 89)


AMERIQUE – ASIE

Julien Green (Paris, 1900)
Ecrivain américain de langue française. Un monument de notre littérature.
« Ma vraie personnalité ne peut guère s’exprimer qu’en français ; l’autre est une personnalité d’emprunt et comme imposée par la langue anglaise (et pourtant sincère, c’est le bizarre de la chose). Cette personnalité d’emprunt, je ne puis la faire passer en français que fort ma-laisément : elle ne semble pas tout à fait vraie. »
(« Journal » (1943-1945), Plon, 1949, p. 160, 16 sept. 1944)

Hector Biancotti (1930)
Argentin d’origine italienne. Venu en France, à Paris (1963) pour être écrivain français. Membre de l’Académie française. Chroniqueur au « Monde ». Premier roman en français « Sans la miséricorde du Christ » (Gallimard, 1985).
« J’entends les nuances du français, c’est une langue plate, très uniforme au point de vue de l’accent, mais il a la richesse des diphtongues et des différents « e » aigu, accent grave, et cette mystérieuse richesse qui est le « e » muet. Il faut que la phrase soit bien balancée. Pas toutes. On apprend, en écrivant beaucoup de pages, qu’il ne faut pas tomber dans la mélopée. Il faut casser le rythme. Vous avez cédé pendant vingt lignes à la phrase longue et à la mélopée, alors il faut tout à coup faire des phrases courtes. Certains appellent ça la technique. C’est comparable à la musique. »
« Le Magazine littéraire », septembre 1995)

Adolfo Costa du Rels (Corse, 1891)
Romancier et auteur dramaturge bolivien. Ecrivain bilingue.
« Je t’ai donné une culture française afin de perpétuer dans notre famille une tradition qui est une sorte de patrie mentale. Je vous passe le message de mon père. » (à son fils).
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Armand Godoy (La Havane, 1880-1964)
A changé de langue à quarante ans pour devenir poète français dans la langue de Baudelaire.
« Depuis que je t’ai découvert
Ton livre jamais ne me quitte
Il vit en moi, toujours ouvert,
Comme un missel de cénobite. »
(« Stèle pour Charles Baudelaire »)

Ventura Garcia Calderon (Paris, 1887-1959)
Né péruvien, à Paris. Fut ministre du Pérou. Ecrivit dans les deux langues en cultivant un grand amour pour la France.
« Me suis-je trompé avec tant de spectateurs universels en venant ici à vingt ans, orphelin ingénu, comme le pauvre Gaspard de Verlaine, prendre place dans ce que l’ancêtre Calderon appelait « le grand théâtre du monde » ? Tout le problème de la culture française et des origines de son génie se posait naturellement à moi. pendant que des soldats nocturnes dévalisaient la France, je faisais, sans pouvoir dormir, l’inventaire de son génie. »
(« Cette France que nous aimons », Paris, Editions H. Lefèbvre, 1942)

Nguyeng tien Lang (Nord, 1909-1976)
Prisonnier du Viêt-Minh (1945-1951). « Les Chemins de la révolte » (1953).
« C’est dans nos fibres les plus profondes que cette empreinte de la France nous a marqués pour toujours, et pourtant nous restons encore et toujours nous-mêmes ; ou, pour ainsi parler, ni tout à fait nous-mêmes, ni tout à fait français ! C’est cela qu’on appelle la synthèse ! Si c’est cela, c’est bien doux à certaines minutes, mais c’est très souvent déchirant. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 149)

Vo Long-Tê (Sud, 1927)
Ecrit en vietnamien et en français. Baptisé catholique en 1952. Interné en 1975-1977. Au Canada depuis 1991. Traducteur de Paul Claudel. Admirateur de Rimbaud et du poète lépreux Han-Mac-Tu. A servi la poésie française qui lui a permis de rester lui-même dans l’épreuve.
« Reverrai-je bientôt ma lointaine patrie ?
Elle est toujours en moi durant toute ma vie,
Attachée à jamais à la vietnamité. »
(« L’Univers sans barreau », 1991)

A ces auteurs qui se sont exprimés, il conviendrait d’ajouter tous les autres, innombrables, et de plus en plus nombreux, ces dernières années.
Laissons de côté les écrivains d’Afrique noire, des Antilles et de l’Océan Indien ainsi que ceux du Monde arabe et de l’ancienne Indochine, ils sont légion. Nous ne pouvons que renvoyer aux anthologies et histoires littéraires.
Certains pays non francophones et non colonisés par la France entretiennent une littérature presque continue en langue française. C’est le cas de :

Flandre : Charles de Coster, Michel de Ghelderode, Georges Eechoud, Max Elskamp, Franz Hellens, Werner Lambersy, Maurice Maeterlinck, Françoise Mallet-Joris, Félicien Marceau, Camille Melloy, Jean Ray, Charles Van Lerberghe, Liliane Wouters, Pau Willems .

Roumanie : Constantin Amarui, Princesse Bibesco, Adolphe Cantacuzène, Comtesse Anna de Noailles, Petru Dimitriu, Mircea Eliade, Benjamin Fondane, Virgil Gheorghiu, Luca Gherasim, Isidore Isou, Panaït Istrati, Tristan Tzara, Hélène Vacaresco, Horia Vintila, Ilarie Voronca.

Russie : Arthur Adamov, Victor Alexandrov, Nelle Bielski, Alain Bosquet, Hélène Carrère d’Encausse, Christian Dédeyan, Georges Govy, Joseph Kessel, Zoé Oldenbourg, Nathalie Sarraute, Boris Schriber, Elsa Triolet, Vladimir Volkoff, Vladimir Weidké.

Grèce : Alfred Cohen, André Kedros, Gisèle Prassinos, C.P. Rodocanouchi, Georges Spyridaki, Nikos Zazantzaki.

Italie : Louis Calaferte, Gabriele d’Annunzio, Lanza Del Vasto, Geneviève Genari.

Espagne : Arrabal, Salvador de Madiaraga, Luis de Villalonga, Picasso.

Egypte : Amouar Abdel Marek, Albert Adès, Faouzia Assad, Georges Cattauï, Georges Henein, Albert
Josipovicci, Joyce Mansour, Filippo Marinetti, Out El-Kouloub, Robert Solé, Gaston Zananiri.

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Stéphane Hessel (Berlin, 1917)
Né allemand, acquiert la nationalité française en 1937. S’engage dans les Forces françaises libres. Devient diplomate et haut représentant de la France.
« De cette France revendiquée j’adopte les institutions et les multiples aspects de l’héritage culturel et historique : non seulement la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme, mais encore la valorisation sans cesse renouvelée de l’intelligence et de la tolérance, de la lucidité et du respect de l’autre : Montaigne, Pascal, Voltaire, Georges Sand ; la conquête des libertés modernes : Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire ; la profonde clarté d’une langue analytique, articulée, précise. »
(« Danse avec le siècle », par Stéphane Hessel, Seuil, 1997, p. 39)

Rainer Maria Rilke (Prague, 1875-1926)
Poète autrichien de langue allemande. secrétaire de Rodin.
« Oui, j’aime écrire en français, quoique je ne sois jamais arrivé à écrire cette langue (qui plus que toute autre oblige à la perfection, puisqu’elle la permet) sans incorrections et même sans d’insidieuses fautes… Je me rappelle qu’une des premières raisons de me passer une poésie française fut l’absence de tout équivalent à ce délicieux mot : Verger. »
(Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Editions Richelieu-Senghor, 1988, p. 102)
« Quelle joie que de pouvoir confier à une langue aussi consciente et sûre d’elle-même, une sensation vécue, et de faire en sorte qu’elle introduise en quelque manière dans le domaine d’une humanité générale… Elle académise, si j’ose m’exprimer de la sorte, la contribution frappée à sa marque et déversée en elle, et lui donne ainsi l’aspect d’une noble chose comprise. »
(Extrait de « Vergers », Gallimard, 1926)

John Brown (Angleterre)
Poète anglais et critique éminent. Auteur en français d’une remarquable histoire des lettres américaines.
« Je sais qu’au début, émerveillé, je maniais le français avec l’insouciance et l’audace d’un alpiniste débutant, qui se balance sur les abîmes sans penser aux dangers. Tout était permis : Je me trouvais dans un nouveau pays où je ne connaissais personne, où personne ne me connaissait. Les contraintes de ma langue natale disparaissaient. Je pouvais sauter, danser, marcher sur la tête, je ne craignais ni le ridicule ni l’extravagant. J’étais l’enfant qui tambourine sur un antique clavecin, le barbare qui pille joyeusement les temples millénaires. »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Julia Kristeva (Bulgarie)
Professeur à Paris VII. Epouse de Philippe Sollers. Auteur de « Etrangers à nous-mêmes » (Folio, 1988).
« Ecrire en français, ce fut me libérer. Geste matricide. Quitter l’enfer : cette langue est devenue mon seul territoire. Désormais, je ne rêve plus qu’en français. »
(André Brincourt, op. cit., p. 231)

Michel del Castillo (Madrid, 1933)
A fui l’Espagne franquiste, en 1953, pour Paris. Romancier célèbre et chrétien engagé.
« C’est vrai que j’ai eu beaucoup de mal avec l’Espagne, mais maintenant cela va beaucoup mieux. Je suis en fait assez content de ma position, être un écrivain français d’origine espagnole me permet d’avoir une certaine distance vis-à-vis des deux pays. »
(Entrevue, dans Vers l’Avenir, Namur, 18 août 1997)

Jorge Semprun (Madrid, 1913)
Emigré à Paris, en 1936. Déporté à Buchenwald. Ministre en Espagne après Franco.
« Nous avions la passion que peuvent avoir des étrangers pour la langue française quand celle-ci devient une conquête spirituelle. Pour sa possible concision chatoyante, pour sa sécheresse illuminée… L’ espagnol est une langue très belle, mais qui peut devenir folle et grandiloquente, si on lui lâche la bride. Cioran parlait du français comme d’une langue de discipline. Je le crois, le français m’aide à maîtriser mon espagnol. »

Jan Baetens
Critique et poète flamand
« En choisissant librement le français, je cherche aussi à maintenir vivante la tradition de liberté du français, langue et culture des lumières dont il est nécessaire de rappeler l’héritage. J’écris en français pour me libérer de mes particularités trop partisanes, de tout ce qui me limite, des préjugés, des idées trop vite faites, des certitudes trop commodes à porter. »
(Carte blanche, extraits. Le Carnet et les Instants, novembre 1998- - janvier 1999)

Marie Gevers (Edegem, 1883-1975)
Romancière flamande intimiste de grand renom.
« J’ai reçu le français comme instrument familier et bien aimé. Je n’ai pas choisi cette langue. Je me trouve au point de jonction des deux cultures. Et ces deux routes se joignent dans mon cœur. »
(Marie Gevers et la nature, par Cynthia Skenazi, Palais des Académies, 1983, p. 81).

Emile Verhaeren (Saint Amand, 1856-1916)
Etudes au Collège jésuite de Gand (en français) avec Georges Rodenbach. Figure dominante de la littérature belge de langue française. Chantre de la Flandre.
« La plus solide gloire de la langue française, c’est d’être le meilleur outil de la pensée humaine ; c’est d’avoir été donnée au monde pour le perfectionnement de son sentiment et de son intelligence ; c’est en un mot, d’être faite pour tous avant d’appartenir à quelqu’un. Ah ! Si un jour il se pouvait faire que toute la force et tout le cœur et toute l’idée et toute la vie des Européens unis s’exprimassent en elle avec leur infinie variété d’origine et de race… »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Vassilis Alexakis Grèce) 1944
Partage sa vie entre Athènes et Paris. Prix Médicis 1995 pour « La langue maternelle ».
« Nous sommes les enfants d’une langue. C’est une identité que je revendique. J’écris pour convaincre les mots de m’adopter. »
(« La langue maternelle », Fayard, 1995)

Jean Moreas (né Papadiamantapoulos, Athènes, 1856-1910
Amoureux de la France. Prince de l’école symboliste.
« Mon père voulut m’envoyer étudier en Allemagne. Je me révoltai. Je voulais voir la France. Deux fois je me sauvai de mon foyer et pus enfin gagner Paris. Le destin m’a montré la route –mon étoile me guidait- pour que je devienne le plus grand des poètes français. »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Samuel Beckett (Dublin, 1906-1990)
Ecrivain de langue anglaise qui s’est imposé par son théâtre en langue française. Prix Nobel de Littérature.
« Son bilinguisme anglais-français lui permet d’assurer à sa pensée une équivalence d’expression dans chacune des langues qui lui sont également familières… Le langage ne compte pas d’abord en tant que porteur d’idées, ce sont les mots, quoique imparfaits, chacun d’eux pris séparément et en même temps dans ses rapports avec les autres, qui isolent l’idée pour la mettre en valeur, soit prononcée, soit suggérée, soit très sous-jacente. »
(Louis Perche dans « Beckett », Le Centurion, 1969, p. 118-119)

Carlo Coccioli (Livourne, 1920)
Emule de Bernanos, auteur du roman « Le Ciel et la Terre ».
« Disons que je sens en italien et que je parle en français. »
(dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 25)

Emmanuel Lévinas (Kaunas, Lituanie, 1905-1995)
Philosophe d’origine juive. A élaboré en français sa phénoménologie.
« J’ai souvent pensé que l’on fait la guerre pour défendre le français, c’est dans cette langue que je sens les sucs du sol. »
Le Monde, 19 janvier 1996)

Oscar Vladislas de Lubicz-Miloz (Czereïa, Biélorussie, 1877- Fontainebleau, 1939)
Prince balte, grand poète français. Auteur d’un chef-d’œuvre : Miguel Manara.
« Honneur à la France, pays de cristal, patrie de la pure raison. »
(dams « Milosz, par Armand Godoy, Fribourg, 1944, p. 207)

Marel Halter (Varsovie)
D’origine juive. Rescapé des camps d’extermination.
« C’est en France, plus tard, dans cette France réelle que j’ai découverte à l’âge de quatorze ans, que j’ai appris la liberté en même temps que le français. C’est pourquoi, bien que parlant plusieurs langues, je ne peux écrire, pleurer, rire ou rêver qu’en français. Seule langue dans laquelle je n’ai connu aucune oppression. »
(« Contacts », Paris, janvier 1996-décembre 1997)

Emil Michel Cioran (Raschinari-Sibiu, Roumanie, 1911-1995).
En France depuis 1937. Devenu chef de file de la pensée française.
« La langue française m’a apaisé comme une camisole de force clame un fou. Elle a agi à la façon d’une discipline imposée du dehors, ayant finalement sur moi un effet positif. En me contraignant, et en m’interdisant d’exagérer à tout bout de champ, elle m’a sauvé. Le fait de me soumettre à une telle discipline linguistique a tempéré mon délire. Il est vrai que cette langue ne s’accordait pas à ma nature, mais, sur le plan psychologique, elle m’a aidé. Le français est devenu par la suite une langue thérapeutique. Je fus en fait moi-même très surpris de pouvoir écrire correctement en français, je ne me croyais vraiment pas capable de m’imposer une telle rigueur. Quelqu’un a dit du français que c’est une langue honnête : pas moyen de tricher en français. L’escroquerie intellectuelle y est quasi impraticable. »
(« Itinéraires d’une vie », par Gabriel Lûceanu.)

Eugène Ionesco (Slatina, Roumanie, 1912-1994)
Membre de l’Académie française. Consécration mondiale au théâtre avec « La Leçon » et « La Cantatrice chauve ».
« Si je suis citoyen français, c’est que j’ai fait un choix, qu’une patrie avait la priorité. J’ai choisi le pays de la liberté. »

Romain Gary (Moscou, 1914-1980)
D’un père émigré en Pologne. Volontaire de la France libre. Amoureux de De Gaulle. Diplomate français. Deux fois Prix Goncourt avec « Les Racines du ciel » et « La Vie devant soi ». S’est suicidé.
« Je plonge mes racines littéraires dans mon métissage… La France libre est la seule communauté humaine à laquelle j’ai appartenu à part entière. »
(Dans André Brincourt, op. cit. p. 190-191)

Andreï Makine (Novgorod, 1957)
Venu de Russie aux lettres françaises. Pris Goncourt 1995 pour « Le Testament français ».
« Le français de Charlotte avait gardé une extraordinaire vigueur, dense et pure, cette transparence d’ambre qu’acquiert le vin en vieillissant. Cette langue avait survécu à des tempêtes de neige sibériennes, à la brûlure des sables dans le désert de l’Asie, et elle résonne toujours au bord de cette rivière. »
(« Le Testament français », Mercure de France)

Henry Troyat (né Lev Tarassov, Moscou, 1911)
Venu à Paris en 1920. Couvert de prix. Membre de l’Académie française (1959). Beaucoup de romans et de biographies, inspirées par la Russie.
« Je vivais la moitié du jour à Paris et la moitié du jour à Moscou. J’étais partagé entre le passé et le présent, sollicité, tour à tour, par des fantômes surannés et par des visages vrais et actuels, par une première patrie, lointaine, inaccessible, fuyante, et par une seconde patrie, qui bourdonnait autour de moi, me tirait à elle, m’emportait dans un tourbillon. Pendant longtemps, j’avançai, tant bien que mal, un pied sur les nuages russes et l’autre sur la terre ferme française. Puis, l’équilibre se fit, insensiblement, entre ces deux séductions rivales. Je devins Français, tout en conservant une tendresse particulière pour la contrée de rêve dont m’entretenaient mes parents. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Milan Kundera (Brno, 1929)
Ecrivain français de langue tchèque. Exilé en France. A fini par écrire directement en français (par exemple « Les testaments des trahis »).
« C’était l’occupation russe, la période la plus dure de ma vie. Jamais je n’oublierai que seuls les Français me soutenaient alors. Claude Gallimard venait voir régulièrement son écrivain pragois qui ne voulait plus écrire. Dans ma boîte, pendant des années, je ne trouvais que des lettres d’amis français. C’est grâce à leur pression affectueuse et opiniâtre que je me suis enfin décidé à émigrer. En France, j’ai éprouvé l’inoubliable sensation de renaître. Après une pause de six ans, je suis revenu, timidement, à la littérature. Ma femme, alors, me répétait : La France, c’est ton deuxième pays natal. »

Elie Wiesel (Signhet, Transylvanie, 1928)
Rescapé des camps d’extermination. Parle et écrit quatre langues : yiddish, hébreu, français, anglais. A choisi le français pour langue littéraire parce que c’est la langue qui l’a réconcilié avec le monde et c’est en français qu’il a lu ses deux maîtres : Kafka et Dostoïevski.
« C’est le français qui m’a choisi. »
(Dans « Auteurs contemporains », n° 6, Bruxelles, Didier-Hatier, p., 50


AFRIQUE NOIRE ANTILLES OCEAN INDIEN

Paulin Joachim (Cotonou, Bénin, 1931)
Etudes de journalisme. Directeur de « Bingo ».
« Je me suis enraciné loin dans la langue française pour pouvoir en explorer les profondeurs… et je peux affirmer aujourd’hui que je lui dois tout ce que je suis. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu Senghor, 1998)

Sony Labou Tansi (Kimwanza, 1947-1995)
Né de père zaïrois, un des écrivains les plus créateurs de l’Afrique noire, notamment au théâtre. Mort du sida.
« On me reproche d’écrire en français, langue de l’acculturation. Une chose me fait sourire : les reproches me sont faits en français et je les comprends mieux comme cela. Cela ne veut, certes, pas dire que je balance la langue kongo par dessus bord pour épouser la belle prisonnière de Malherbe. Le monde actuel est essentiellement fait de métissage. Comment pourrait-il en être autrement ? Je suis Kongo, je parle kongo, j’écris en français. Ma kongolité ne peut pas s’exprimer en dehors de cette cruelle réalité. »

Léopold Sédar Senghor (Joal, 1906)
Père de la négritude, premier président du Sénégal indépendant. Membre de l’Académie française. Un des plus grands poètes français.
« Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Il est, tour à tour et en même temps, flûte, hautbois, trompette, tam-tam et même canon. Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits –si rares dans nos langues maternelles- où les larmes se font pierres précieuses. Chez nous, les mots du français rayonnent de mille feux comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit. »

René Depestre (Jacmel, Haïti, 1926).
Exilé. Séjour à Cuba. Haut fonctionnaire à l’Unesco.
« De temps en temps il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec des herbes parfumées qui poussent en amont
de mes vertiges d’ancien nègre marron.
Laissez-moi apporter les petites lampes
créoles des mots qui brûlent en aval
des fêtes et des jeux vaudou de mon enfance :
les mots qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphins
au plus haut de mon raz de marée,
les mots qui savent grimper
à la folle et douce saison de la femme,
mes mots de joie et d’enseignement :
tous les mots en moi qui se battent
pour un avenir heureux,
Oui, je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe,
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier. »
« Bref éloge de la langue française », Haïti, 1980)

Léon Laleau (Port-au-Prince, 1892-1979)
Sa « Musique nègre » date de 1931.
« Ce cœur obsédant, qui ne correspond
Pas à mon langage ou à mes costumes,
Et sur lequel mordent comme un crampon,
Des sentiments d’emprunt et des coutumes
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »
(Dans « Francité », par Joseph Boly, Bruxelles Fondation Plisnier, 1984, p. 36)

Jean Métellus (Jacmel, 1937)
Eloigné de son pays. Neurologue à Paris.
« Je tiens à la francophonie non pas pour une quelconque raison esthétique mais parce que tout le passé d’Haïti a été exprimé dans cette langue. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 127)

Raphaël Confiant (Lorrain, Martinique, 1951)
Appartient à la nouvelle génération des Antillais décolonisateurs de la langue française, avec Patrick Chamoiseau (Prix Goncourt pour « Texaco »). Co-auteur de « Eloge de la créolité ».
« Je suis français. Césaire est français. Mais nous ne sommes pas que français. Je ne peux pas écrire comme un Hexagonal. Je ne crois pas que les canadiens Gaston Miron ou Antoine Maillet soient seulement français, et ce qui est intéressant dans leurs livres, ce n’est pas la Francité mais la Canadianité. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 60)

Edouard Glissant (Bezaudin, Martinique, 1928)
Ecrivain mondialement consacré depuis longtemps. Prix Renaudot pour « La Lézarde » (Seuil, 1958)
« Je crois que la francophonie peut être un lieu de lutte pour l’explosion de toutes les langues, et c’est seulement à ce prix, selon moi, qu’elle aura mérité d’être. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 128)

Jean-Joseph Rabearivelo (Tananarive, 1901-1937)
Poète maudit et déchiré. Auteur des « Calepins bleus ». S’est suicidé en pensant à Baudelaire.
« J’embrasse l’album familial. J’envoie un baiser aux livres de Baudelaire que j’ai dans l’autre chambre –Je vais boire- C’est bu- Mary (sa femme). Enfants. A vous tous mes pensées les dernières –J’avale un peu de sucre –Je suffoque. Je vais m’étendre…
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit. p. 106)

Jacques Rabemananjara (Maroantsera, 1913)
A grandi à Tananarive. Ecrivain majeur des lettres françaises.
« La langue française est un objet d’amour pour nous… Nous avons été tellement séduits par la langue française que c’est à travers cette langue française que nous avons réclamé notre indépendance… Débarrassée de toute connotation impérialiste et dominatrice, la langue française a été choisie par nous-mêmes pour être un instrument idéal, le véhicule qui nous permet de communiquer aisément avec des millions d’êtres humains et de lancer, de par le monde, notre propre message. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 104 et 127)

Raymond Chasle (Brisée-Verdière, Ile Maurice, 1930-1996)
Etudes à Londres. Diplomate de haut niveau. Métis et poète à la manière de Mallarmé et d’Apollinaire.
« La langue française m’a permis de résoudre mes tensions intérieures, de transcender mes écartèlements. Langue de toutes les succulences et de toutes les résonances, elle est, pour moi, le support privilégié de la mémoire, de la connaissance et du combat. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 104)

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                       T o p o ï

-En ce lac de circonstances et nous, l'aimant

Nos étoiles ont vu l'alliance et le ferment

La chance n'a pas de mesure ni clé ni parure

La rouille, bonne bouille, couleurs actives !

Du hamac de la bienveillance que charrient les vents

Jusqu'à la chambre d'écluse, les élans fusent                    Activent !

T O P O Ï....

-La symphonie n° toi de cinq sens

Noue, fait le jour, la nuit, l'émoi et la cadence

Naviguer au naturel, la Nasa lorgne nos caravelles

Ouiller les andouillers, les rennes salivent !

Elaguer la parole, saisir la part folle

Demeurons laconiques, phytoplantoniques                  Salives !

T O P O Ï....

Etats des lieux aux silencieux rêves en vert ( ouverts )

Entre le lierre et la louve, l'enveloppante enveloppée

Avide d' équanimité

-En ce lac de circonstances et nous, l'aimant

Nos étoiles ont vu l'alliance et le ferment

Je me tue à te dire que je me tue à te dire

Qu'à fouiller, bonne bouille, kirielle d'ailleurs

La vie, à vie, envie, en veut, envoit le meilleur

Demeurons magiques, atypiques                 Solives !

T O P O Ï....                                                                                   Fabienne Coppens SABAM 2011

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Mon intervention dans le groupe "Dis-moi ce que tu lis"

"Admirant l'oeuvre de Jacqueline De Clercq, trouvant étonnement précieuse l'initiative des Editions Maëlstrom avec ses "Booklegs", je me suis rendu il y a déjà un petit temps chez eux. J'y ai recontré son directeur qui m'a reçu avec une courtoisie indéniable.

Je lui ai fait part de mon intention d'ouvrir sur le réseau un petit concours ayant pour prix des Booklegs ayant trait à Bruxelles. Dans cette intention, j'y ai acheté plusieurs dizaines de booklegs pour offrir en prix à ce concours. Notamment beaucoup d'exemplaires du magnifique petit opuscule de Jacqueline De Clerck pour offrir. J'ai demandé à l'éditeur un texte de deux pages pour pouvoir faire une publicité présentant sa précieuse initiative. Cela m'a été promis, mais jamais suivi d'aucune réaction. J'ai renvoyé un rappel de ceci à la direction. Et encore aucune fois aucune réaction.

Devant ces faits, je reste peu enclin à donner encore une tribune sur arts et lettres à ces éditions. Je clôture toute discussion dans le forum de discussions ayant trait à cela. J'en suis navré."

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