Toutes les publications (37)
Vagues en cavale sur les eaux salées
Tes yeux gris bleus embrassent mon regard de novembre
Après la pluie de ce samedi matin
Prière du Père Pierre Teilhard de Chardin « Puisque, une fois encore, Seigneur, je n'ai ni pain, ni vin, ni autel, je Vous offrirai, moi Votre prêtre, sur l'autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde » :
« Puisque, une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l'Aisne, mais dans les steppes d'Asie, je n'ai ni pain, ni vin, ni autel, je m'élèverai par-dessus les symboles jusqu'à la pure majesté du Réel, et je Vous offrirai, moi Votre prêtre, sur l'autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde. Le soleil vient d'illuminer, là-bas, la frange extrême du premier Orient. Une fois de plus, sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la Terre s'éveille, frémit, et recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma patène, ô mon Dieu, la moisson attendue de ce nouvel effort. Je verserai dans mon calice la sève de tous les fruits qui seront aujourd'hui broyés. Mon calice et ma patène, ce sont les profondeurs d'une âme largement ouverte à toutes les forces qui, dans un instant, vont s'élever de tous les points du Globe et converger vers l'Esprit. Qu'ils viennent donc à moi, le souvenir et la mystique présence de ceux que la lumière éveille pour une nouvelle journée ! Un à un, Seigneur, je les vois et les aime, ceux que Vous m'avez donnés comme soutien et comme charme naturel de mon existence. Un à un, aussi, je les compte, les membres de cette autre et si chère famille qu'on rassemblée peu à peu, autour de moi, à partir des éléments les plus disparates, les affinités du cœur, de la recherche scientifique et de la pensée. Plus confusément, mais tous sans exception, je les évoque, ceux dont la troupe anonyme forme la masse innombrable des vivants : ceux qui viennent et ceux qui s'en vont ; ceux-là surtout qui, dans la vérité ou à travers l'erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à l'usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément aujourd'hui la lumière. Cette multitude agitée, trouble ou distincte, dont l'immensité nous épouvante, cet Océan humain, dont les lentes et monotones oscillations jettent le trouble dans les cœurs les plus croyants, je veux qu'en ce moment mon être résonne à son murmure profond. Tout ce qui va augmenter dans le Monde au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, tout ce qui va mourir aussi, voilà, Seigneur, ce que je m'efforce de ramasser en moi pour Vous le tendre ; voilà la matière de mon sacrifice, le seul dont Vous ayez envie. Jadis, on traînait dans Votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux. L'offrande que Vous attendez vraiment, celle dont Vous avez mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser Votre faim, pour étancher Votre soif, ce n'est rien moins que l'accroissement du Monde emporté par l'universel devenir. Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par Votre attrait, Vous présente à l'aube nouvelle. Ce pain, notre effort, il n'est de lui-même, je le sais, qu'une désagrégation immense. Ce vin, notre douleur, il n'est encore, hélas, qu'un dissolvant breuvage. Mais, au fond de cette masse informe, Vous avez mis - j'en suis sûr, parce que je le sens - un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l'impie jusqu'au fidèle : « Seigneur, faites-nous un ! ». Parce que, à défaut du zèle spirituel et de la sublime pureté de vos Saints, Vous m'avez donné, mon Dieu, une sympathie irrésistible pour tout ce qui se meut dans la matière obscure, - parce que, irrémédiablement, je reconnais en moi, bien plus qu'un enfant du Ciel, un fils de la Terre - je monterai, ce matin, en pensée, sur les hauts lieux, chargé des espérances et des misères de ma mère ; et là, - fort d'un sacerdoce que Vous seul, je le crois, m'avez donné - sur tout ce qui, dans la Chair humaine, s'apprête à naître ou à périr sous le soleil qui monte, j'appellerai le Feu. Amen. »
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955)
« Le noir te va si bien », une mortelle randonnée
…entre empoisonnements, chutes de falaise, coups de feu, explosions à la dynamite, lustres fatidiques, arsenic, strychnine, champignons innocents, roulette russe, et la liste n’est pas complète. « Risky Marriage » écrite par Saul O’Hara en 1959, est une comédie policière d’origine britannique. Elle fut créée en France par Jean Marsan, le 7 novembre 1972 au Théâtre Antoine à Paris, avec dans les rôles titres Maria Pacôme, Jean Le Poulain et Lucie Dolène. Le succès fut tellement énorme qu’elle fut diffusée à 3 reprises dans la célèbre émission de télévision « Au théâtre ce soir », à l’époque, à l’ORTF. Vibrent encore sans doute pour certains, tant d’années après, les annonces réjouies du générique : « C’était…. dans une adaptation et production de: ….Pierre Sabbagh , créateur de décor: ….Roger Harth, costumes de: ….Donald Cardwell! » Un crescendo de bonheur doux à l’oreille.
Qui tuera l’autre en premier ? That’s the question !
Cette pièce fracassante pourfend tous les coureurs de dot, les assoiffés d’héritages, les chercheurs d’or matrimonial, les chacals de pierres tombales, les abonnés au crime lucratif. John est soupçonné d’avoir tué ses six femmes. Lucy est suspectée d’avoir éliminé ses cinq maris. Un commissaire de Scotland Yard, joué par l’exquis Bernard d’Oultremont, veut piéger les deux criminels jusque-là restés impunis en provoquant leur rencontre dans un manoir qu’il a mis sous haute surveillance, et où il pourra enfin prendre l’un des deux sur le fait. Pour l’autre, ce sera sans doute trop tard ! « Elle a les yeux … révolver ! »

Deux domestiques très complices, aident l’inspecteur dans sa tâche de détective, quitte à s’enfermer, pour mieux espionner, dans une horloge ou une vielle cuirasse moyenâgeuse. Ah ! les châteaux écossais, leurs passages secrets, et leurs merveilleux fantômes ! Tout y est au théâtre de la Comédie Claude Volter : le five o’clock tea, le brandy et la pièce montée en sponge cake ! Bravo aussi pour les choix musicaux : depuis l’authentique bagpipe, cornemuse ou biniou, jusqu’à la valse des chevaliers de Tchaïkovski dans Roméo et Juliette. Et puis cet inénarrable uniforme militaire écossais que porte le faux laird, Michel de WARZÉE ! C’est tout le plaisir du boulevard qui revient en trombe sur la scène du théâtre de la Comédie Claude Volter qui fête royalement ses cinquante ans cette année-ci.


Dans un rythme déchaîné, Stéphanie MORIAU et Michel de WARZÉE jouent pendant près de deux heures leur incroyable parade fatale. L’amour y trouvera-t-il enfin son compte ? A force, le cynisme imprègne les autres personnages et la comédie de mœurs fait flèche de tout bois pour mettre en pâture devant le public toutes ces faiblesses humaines telles que l’amour effréné de l’argent, l’appât du gain, l’égoïsme, la vanité, la cupidité, l’envie.. Et que dire du moteur principal: la froideur du crime et du meurtre prémédités.
Il est donc fort bien ficelé, ce bijou de théâtre de boulevard au point de friser le surréalisme… Les sept comédiens chevronnés s’éclatent vraiment sous la charmante direction de la dame en fourreau noir, épaules et jambes nues : Stéphanie MORIAU. Avec Michel de WARZÉE, Amélie SAYE, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT, Hélène PHILIPPE, Simon WILLAME et Morgane GÉRÔME. La distribution est impeccable et on leur souhaite de faire salle comble… Pour leur bonheur, ils n’ont pas plus de 200 places !
… Et au fait, ne serait-il pas temps que la Mort, tant chantée par Georges Brassens ( il aurait eu 100 ans ce 21 octobre 2021) et que notre société contemporaine met tant de soin à exiler, réapparaisse, exposée, vilipendée et moquée, pour ses côté les plus absurdes et les plus perfides ? Afin que l’on cesse de la nier, qu’elle cesse de nous angoisser en secret, et même, aller jusqu’à paralyser tout notre système de société. Formons le vœux que, le grand apanage de l’Homme, le rire salvateur généré par la Comédie, puisse nous sauver de sa hantise.
Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres
« Le Noir te va si bien » Jean MARSAN d’après Saül O’HARA
Distribution
Avec Michel de WARZÉE, Stéphanie MORIAU, Amélie SAYE, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT, Hélène PHILIPPE, Simon WILLAME et Morgane GÉRÔME.
Mise en scène : Stéphanie MORIAU – Décor : Francesco DELEO – Création lumière : Bruno SMIT
Du 8 au 31 décembre 2021
Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre
http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63
sur Arts et Lettres
Une larme de sang s'étend doucement
Au cœur de l'océan, en poison virulent
Peaufinant à l'horizon, une ère de leçons
Tombée du ciel, telle une plaie mortelle
Cette perle vitale, signal du règne astral
Sonde toutes les âmes d'un pouvoir magistral
Devant ce vaste et déchirant désarroi
Entre peine et proie, les étoiles sont en émoi
L'humanité entière porte la culpabilité sévère
D'avoir détruit la Terre et le reflet de sa lumière
Rappelez-vous vos ancêtres et la vie qu'ils menaient
Le secret était peut-être dans la simplicité ...
Il a fallu l'argent, le pouvoir et le nerf de la guerre
Pour briser l'harmonie de ce bel univers !
C'est dans l'écho d'un ricochet sanglant
Que l'onde viendra vous rappeler au néant
•⊰✿~•
© Elea Laureen
Merci à Salvatore Gucciardo
pour son partenariat et sa magnifique peinture
"Lyrisme aquatique" à retrouver sur sa page
Lyrisme aquatique 40 x 60, huile - Arts et Lettres (ning.com)
Sortez, sortez, il en restera toujours quelque chose!
Le tour du monde en 80 éclats de rire … au Fou Rire
Ambiance feutrée, accueil chal… heureux. Ce Giggle théâtre, le Fou Rire… à Ixelles, est un sacré projet ! Quelle découverte, ce petit lieu qui n’en n’est pas un. Car il est finalement très spacieux et jouit d’une très bonne acoustique, ce qui ne gâte rien. Il est doté d’une belle scène avec son grand rideau rouge, mais sans les trois coups de début de spectacle. Il faut dire qu’il y a longtemps que cet usage s’est perdu ! Le public se trouve dans une salle en contrebas où sont disposés d’agréables fauteuils cramoisis – aux excellent dossiers. Ils sont sertis, par groupes de deux ou trois, entre des petites tables basses portant la magie des bougies. Visiblement une manière à la page de respecter le protocole de distanciation. Libre à vous d’y déposer une boisson, évitez tout de même le bruit du paquet de chips ! Et puis, presqu’en balcon, il y a face à la scène, un autre morceau de salle – celle par où on arrive, avec le bar et où dialoguent d’heureux spectateurs autour de tables familiales. On y a même vu une poussette avec un gamin endormi ! Et ce soir-là, comble de plaisir, on entendait un prélude musical sous forme de Beatles pour commencer le voyage à Londres. A Magic Tour! La mise en scène de l’adaptation du « Tour du monde en 80 jours » est signée Janick Daniels. Presque un nom de whisky. (Pardon, je sors!)

Un grand classique de Jules Vernes. Il est retravaillé à la sauce parodique bien épicée et intelligente, gouailleuse sur l’envers du décor. Et qu’est-ce qu’on s’amuse ! Comme aux chansonniers… Ah ! les plaisirs oubliés du rire ensemble, des éclats de réparties spirituelles. Un vrai théâtre de Guignol trône devant le rideau principal… Une mise en abime, dit-on pour faire savant ! Et 35 personnages défilent et piquent notre curiosité. « Restons curieux », cette pub radiophonique de la RTBF mise aux oubliettes depuis des lustres, n’est-elle pas pleine de sagesse ?

Ce tour du monde en 80 éclats de rire a en définitive tout pour plaire : cinq comédiens talentueux, ardents, aux voix bien posées, au jeu sûr, sans surcharge, et à la diction agréable et qui croient en leur métier, malgré la sinistrose ambiante. Car tout se joue dans la voix, et le corps. Sans masque. Grand Guignol oblige : pas la moindre tasse de thé , horloge, ou derby à l’horizon. Pas la moindre meuble pour figurer l’époque… Juste les talents d’artiste. Et le mouvement : à pied, à cheval, en voiture, en paquebot, en train… L’imagination n’a aucune peine à voyager. Elle se gorge d’anachronismes délirants, de chapelets de bons mots et de calembours savoureux. Les costumes ? Elaborés dans la même veine humoristique. L les tableaux se succèdent à un rythme vertigineux, c’est que l’essence du spectacle est une course contre la montre ! Mais plus que le défi du pari insensé en 1852, ce sont les personnages qui passionnent: ils déroulent leur rôle comme une nouvelle Commedia dell’arte, version belge. La palme revient d’ailleurs à la jeune et délicieuse comédienne belge qui interprète le rôle volatile de Passepartout, quelques soient ses mille et un surnoms. Elle porte en elle la malice d’un feu follet, le sourire charmant et les yeux brillants de la liberté. Il faut le faire, pour un simple domestique non ? Celui de l’auguste Monsieur Phileas Fog. Les temps changent… que voulez-vous!
Dominique-Hélène Lemaire pour le Réseau Arts et Lettres
Une pièce de : Sébastien Azzopardi et Sacha Danino Mise en scène :Janick Daniels, Costumes: Mathieu Pinte Production Niveau 5 asbl Avec: Elsa Erroyaux, Stéphanie Coerten, Joël Riguelle, Philippe Peters et Florent Minotti

Le Fou Rire, théâtre de proximité
Adresse : Av. des Grenadiers 48, 1050 Ixelles Téléphone : 0483 59 92 29

Chères amies et amis de la galerie,
Suite à ma précédente publication sur le report de mes événements je vous présente mes expositions de décembre et janvier 2022 qui présentent « Les artistes internationaux de l’écurie de la galerie ». Voici ci-après quelques photos de cet ensemble de 30 artistes, 10 nationalités et 60 œuvres répartis dans les 6 espaces de la galerie sur les 3 niveaux ! Installation des œuvres début décembre et l’exposition du 8 décembre au 30 janvier 2022.
Mihai Bara (Roum), Victor Barros † (Eq), Marie Céline Bondue (Be), Edouard Buchaniec (Fr), Chanon (Nl), Ju Chou (Cds), Caroline Danois (Be), Alexandra De Grave (Be), Emmanuel Delahaye (Be), Jerry Delfosse (Be), Robert Denis † (Be), Skaï de Vega (Fr), Dielle (Be), Nadine Genesse (Be), Salvatore Gucciardo (It), Edwin Ijpeij (Nl), Jacqueline Kirsch (Be), Christian Kubala (Fr), José Mangano (It), Jiri Maska (Tch), Alvaro Mejïas (Ven), Igor Misyats (Uk), Gyslaine Pachet Micheneau (Fr), Anne-Marie Paris-Leroy (Fr), Céline Pinon (Fr), Cristian Sainz Marin (Esp), Pierre Staquet (Be), Aimé Venel (Fr), Dikov Ventzilav (Bg) et Nicolas Wauters (Be). Et le sculpteur Claudio Cermaria (It) qui présente des sculptures en bois et en pierre.
Il y a actuellement 125 vidéos en ligne sur ma chaîne YouTube « Espace Art Gallery ». À partager sans modération et n’oublier pas de donner des « j’aime » et commentaires sur celles que vous aimez ? Il y a actuellement +/- 25.500 vues sur l’ensemble des vidéos depuis fin juillet 2020 ! Et je compte sur vous TOUS pour faire augmenter ce nombre à l’avenir… Bon visionnage !
Pour visionner toutes les vidéos sur YouTube :
https://www.youtube.com/playlist?list=UUzA0FaoQB-FAHQR_UOUCigg
Pour ceux qui sont sur Facebook pouvez-vous indiquez que vous « aimer » la page de la galerie (4345 actuellement) ainsi qu’avoir visité ce lieu (126 seulement !). Cela permettra de faire augmenter ses chiffres à l’avenir. Merci d’avance pour votre participation à toutes et à tous…
https://www.facebook.com/www.espaceartgallery.eu
Au plaisir de vous voir nombreux pour découvrir ce bel ensemble d’artistes de grands talents !
Bien cordialement,
Jerry Delfosse
Galeriste
Fondateur et propriétaire de l’Espace Art Gallery,
EAG Studio’s & Les Éditions d’Art EAG
Co-Fondateur et Président de
La Porte dorée ASBL
Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles
GSM: 00.32.497. 577.120
https://www.espaceartgallery.eu/
https://artsrtlettres.ning.com/
Rêver ! C’est par-dessus les pavés mouillés des rues de Liège au temps de Noël que se balance cette magnifique guirlande lumineuse au gré du vent. A Bruxelles, c’est au théâtre du Parc que se concentre le rêve et un voyage extraordinaire dans le surnaturel.
Pour Maxime, dix ans, c’est la première fois qu’il franchit les portes royales de la Comédie. Aller au Théâtre, il en rêvait.
Il s’est habillé en jeune collégien anglais pour l’occasion et sa première sortie en solo avec sa Mamy! Ça, c’est en attendant de visiter Londres. Il brûle de rencontrer le vrai Peter Pan, ce héros qui ne voulait pas grandir. Et savoir pourquoi. Le comédien est bien vivant. Julien Besure, prince de l’imaginaire en habit vert, s’emploie à merveille pour voler, planer, et allumer des étoiles dans les yeux des enfants et de leurs parents.
Maxime connaît par cœur le héros de Walt Disney. Sa grand-mère a feuilleté avec lui le vrai livre de James Matthew Barrie, Peter Pan and Wendy ( 1911) question de le lancer sur les chemins de la fiction du Neverland : de la maison, emprunter la deuxième étoile droite et filer tout droit jusqu'au matin.
Ce qu’il a préféré, ce sont les superbes décors et les culbutes, les sauts du héros qui dit tout ce qu’il pense. Ajoutons que c’est Émilie Guillaume, une incomparable artiste du mouvement, qui règle à nouveau les fracassants combats et les coups de rapières sonores. L’île est recouverte de forêt, la lagune aux sirènes est splendide, le bateau des pirates impressionnant, la maison souterraine des enfants perdus finement imaginée. On adore les troncs d’arbres aux portes secrètes qui font office d’ascenseurs, le camp des indiens, les cabanes de feuilles construite par les enfants perdus eux-mêmes et le pauvre crocodile qui a avalé le réveil. La mise en scène est signée Maggy Jacot et Axel de Booseré.
Comme Maxime s’est délecté en boucle du DVD du film « Hook ou la revanche du Capitaine Crochet » de Steven Spielberg (1991), cela ne le gêne pas du tout que l’histoire ait pris un tour différent de la version originale, avec ce virage étonnant dans l’interprétation de Thierry Janssen. Au contraire, Il est fier de sa science et de déclarer avec satisfaction que « C’est pas la vraie histoire, bien sûr ! ». Ils sont finalement tellement ravis, les enfants qui déclarent tout connaître sur Saint-Nicolas ou Père Noël ! Tellement rassurés aussi que le contes existent pour penser et rêver le monde ! Maxime adore le fait que le soldat ensanglanté puisse s’échapper de l’horreur des tranchées de la première guerre mondiale en culbutant dans le Neverland, le pays imaginaire qui ne se fane jamais. Et il est totalement heureux que lorsque le jeune soldat est touché en plein cœur, et qu’il « renaît » dans le Neverland. Totalement crédible non ?
Bon, la fée Clochette ( Anouchka Vingtier, plus carabosse que la minuscule nymphe Tinker Bell) « criait beaucoup et avait des cheveux très blancs ». Si elle était venue chercher majestueusement par la main le pauvre Tommy qui se mourrait dans les tranchées d’Ypres, elle allait refaire sa vie pour devenir la fée Crochette avec le formidable capitaine sauvage! Pitié pour Peter ! Cet effroyable capitaine, plus monstrueux que dans l’imaginaire, « plus abominable que dans les films » est personnifié par un Fantastique Fabian Finkels ! Un rôle explosif pour triple F ! Les adultes jubilent devant l’ampleur de la dérision en mode Don Quichotte. Pour ce comédien aux mille talents, c’est un super héros, sur mesure. Il est ffflanqué de son inénarrable acolyte, Mouche de son prénom, glorieusement endossé par Thierry Janssen en personne.
Dominique-Hélène Lemaire et Maxime Demoulin
PETER PAN
11.11.2021 > 11.12.2021
de Thierry Janssen d'après l'oeuvre de J.M Barrie
Nous vous entraînerons pour les fêtes dans l’univers magique et cruel à la fois d’un des personnages les plus célèbres de la littérature anglaise. Vous retrouverez Julien Besure qui fut D’Artagnan mais aussi le chevalier d’Eon. Nous sommes en 1915. Le garçon qui servit de modèle à Peter Pan se bat dans les tranchées en Belgique. Juste avant l’assaut, une femme mystérieuse le ramène au pays des enfants perdus.
Julien Besure (Peter Pan) - Anouchka Vingtier (La fée Clochette) - Fabian Finkels (Le capitaine Crochet) - Karen De Paduwa (Rabougri ) - Mireille Bailly (Lily la tigresse, Le soldat Smith et Nicky Nigoo le pirate) - Thierry Janssen (Mouche) - Elsa Tarlton (Wendy) - Aurélien Dubreuil-Lachaud (Le soldat Taylor, Cookson le pirate et un indien).
Et les enfants en alternance :
Issaiah Fiszman, Dario Delbushaye (Le soldat Jones, Ed le pirate et un indien) - Andrei Costa, Martin Georges, Stanley Dupic-Janssens, Léon Deckers, Ethan Verheyden, Lilia Moumen, Jannah Tournay, Lily Debroux, Eledwen Janssen (Les enfants perdus et les indiens) - Selma Jones, Babette Verbeek, Laetitia Jous (La sirène et une indienne).
Réalisation Maggy Jacot et Axel De Booseré
Assistanat Julia Kaye
Assistanat scénographie et costumes Fabienne Damiean
Création lumières Gérard Maraite
Création sonore et composition Eric Ronsse
Chorégraphie des combats Emilie Guillaume
Créatrice maquillages et coiffures Florence Jasselette
CHEVALIER DE MICHAËL
- «Je veux être un chevalier, un héros fort et preux, qui fait
régner sur la terre le bien à tout jamais.»
Voici le dixième ouvrage de La Lyre d’Alizé.org, un livre lumineux haut en couleurs. Il illustre avec éclat et joie le mythe du Chevalier de lumière inspiré par le héros du ciel, Michaël, Héros cosmique qui terrasse le dragon et insuffle force, détermination,
joie et courage aux enfants de la terre.
Livre destiné autant aux enfants qu’à leurs aînés, tant il interpelle et parle au cœur de courage pour sortir victorieux des épreuves de l’existence. L’artiste nous propose de superbes fresques inspirées rendant vivante la qualité spirituelle de la présence de l’archange, inspirateur dans les hauteurs.
Texte de Rébecca Terniak
Aquarelles de Marie-Christine Serventi
en collaboration avec Rébecca Terniak et Dom Amat
40 pages couleur dont 20 aquarelles originales
format 240 x 240 mm
Ed. La Lyre d’Alizé,
Novoprint Octobre 2021
22 € - Pour enfants et adultes.
UNE IDEE DE CADEAU :
"ETIENNE DRIOTON ET L'EGYPTE".
ce superbe album propose 265 photos réalisées en Egypte entre 1924 et 1952, par Etienne DRIOTON, éminent égyptologue du XXe siècle qui fut Directeur du Service des Antiquités, au Caire. Un merveilleux voyage au Pays des pharaons en ce début du XXe siècle. Publié par les Editions Safran Bruxelles.
Un bug dans la barbe de Saint Nicolas
au théâtre des Galeries
Absurdisthan, troisième vendredi, veille de Saint Nicolas. Hier, après les décisions catastrophiques prises par le Codeco en ce qui concerne notamment le monde de la Culture, le comédien Pierre Pigeolet s’insurgeait contre le chaos organisé. « Malgré les contraintes, je salue la décision du Théâtre Royal des Galeries (900 places) de maintenir toutes les représentations de la Revue avec 200 spectateurs… J'appelle cela du respect tant pour notre profession que pour les spectateurs… » Nous l’applaudissons. Comme on applaudit les gens qui veillent jour et nuit sur notre santé.
Foule sentimentale, soif d’idéal ? Cette Revue 2022 est glorieuse, lisse, belle, montée comme une crème Chantilly alors que la disette de joie et de bonne humeur sévit gravement partout autour de nous. Autant dans les cœurs meurtris de nos artistes, que dans celui du public persécuté par les mesures sanitaires contradictoires. « La Revue », le must royal bruxellois s’est toujours voulu moqueur, parodique, léger, rythmé, endiablé, pétillant de traits d’esprit et de gaité communicative. C’est un art de vivre ne lésinant pas sur la zwanze. Bouillant de parodie, de facéties, de jeux de mots et calembours. Scintillant de lumières, de costumes et d’effets grandioses. On y allait comme en pèlerinage de rire, pour se saouler de verbe, d’autodérision et de présence scénique. Pour attendre l’esprit en fête, la mise au placard de l’année en cours.
Mais comment célébrer dignement une année 2021 si peu fastueuse ? Et le mot est faible. Les artistes y ont mis leur cœur, tous lestés d’amour, d’espoir, de joie et de paix. Ils y ont mis la tendresse humaine et une humilité peu commune. Cette fois, la Revue est entrée en résistance, elle a mis la pédale douce. Moins de bling-bling, moins d’artistes en scène, moins d’exagérations… Tout en réveillant à bout de bras et de jeu scénique nos consciences endormies. Le menu n’a rien de blasphématoire, d’iconoclaste, d’offensif, rien de déplacé ni d’outrecuidant, le ton est juste et mesuré. Et il plaît. Des demi-teintes automnales dans un vent d'empathie, comme si la nostalgie de nos jeunes années - artistes et public - tenaillait les spectateurs riant sous masque. Personne ne s’est saoulé de rire, mais tout le monde est ressortit le sourire aux lèvres. Un pied de nez gracieux aux systèmes qui nous embrouillent et nous entortillent.

Prenez allègrement vos billets : c’est le meilleur moyen de contrer la sinistre transformation de notre société. Refuser notre pernicieux isolement. Retrouver rimes et raison. C’est retrouver le vif plaisir de franchir les portes de verre, tendre son billet, accéder à la salle mythique, se carrer dans le velours oublié du fauteuil, attendre que les lumières s’éteignent, et revivre le rêve et le charme de la découverte théâtrale. Un joyeux chemin vers l’autre. On y glousse, on y gronde, on échappe à l’étau de la pandémie. La salle vibre autour de soi, la ruche héroïque revit, le miel de l’humour coule à flots sur le plateau.
Chapeau les artistes ! Ils ont répété, travaillé, inventé, affiné, sauvé le meilleur pour l’extraordinaire plaisir d’offrir.
Galerie des Princes 6, 1000 Bruxelles Jusqu'au 23 janvier 2022
L'affiche : |
Réalisation musicale : Bernard Wrincq |
Avec : Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Arnaud Van Parys, Natasha Henry, Frédéric Celini, Enora Oplinus, Jérôme Louis et Bénédicte Philippon. Décor : Décor : Francesco Deleo Costumes : Fabienne Miessen et Maria Spada |
Mise en scène : Alexis Goslain, assistante: Catherine Laury Lumières : Laurent Comiant |
Chorégraphies : Kylian Campbell |
« TOUT CE QUE VOUS VOULEZ » de Mathieu Delaporte & Alexandre de la Patellière
REPRÉSENTATIONS DU 2 AU 31 DÉCEMBRE 2021,
MERCREDI 8 DÉCEMBRE À 20H : SOIRÉE BORD DE SCÈNE, JEUDI 23 DÉCEMBRE SOIRÉE CST FREE, RELÂCHE LES 24 ET 25 DÉCEMBRE, VENDREDI 31 DÉCEMBRE À 16H ET À 20H30 : PRIX UNIQUE 35€/PERS

As you like it ! Une pièce drôle, ébouriffante, contemporaine, mais libre de l’étau de la pandémie. On y respire des réparties savoureuses, on se laisse entrainer de bonne grâce par deux comédiens à l’humour subtil, Catherine Conet et Nicolas Dubois ,véhiculant un message sur la soif de succès, la recherche du bonheur, la vanité de nos gestes quotidiens, les moteurs de nos choix, la vérité de nos envies, notre liberté, nos inspirations… En plus, ils sont beaux et agréables à regarder ces amoureux de la scène, choisissez le premier rang !
Lucie, grisée par le succès, n’arrive tout d’un coup plus à écrire. Le jour où elle semble avoir trouvé le bonheur, elle a perdu l’inspiration. Ainsi le veut parfois le destin contrariant. Les chants les plus beaux ne sont-ils pas souvent ceux du malheur ? Assurément, une idée romantique. Ou celle des adolescents dans l’âme, sûrement ! Si seulement quelqu’un pouvait rendre Lucie quelque peu malheureuse… A n’en pas douter, l’incursion dans sa vie d’un voisin étrange nommé Thomas, va changer la partie. Qui croire des trois personnages incarnés part seulement deux artistes? Au fil du texte, le spectateur va être entraîné dans une course poursuite palpitante d’identités. Qui est qui ? Le mari ? l’amant ? La bonne âme de Sichuan ? Des tonnes de peps et de suspense, dans cette comédie irrésistible signée par les auteurs du Prénom et mise en scène par Fabrice Gardin. Leur excellente connivence artistique met en scène des rapports hommes-femme rocambolesques. Séduction, attraction, rejet, mensonge, mise en scène, saines colères tout y passe : Comme cela fait du bien ! Dans un souffle de la vraie vie retrouvée. Esprit es-tu là?
Enfin une pièce spirituelle qui suscite le rire en cascades dans une mise en scène alerte, sans le moindre temps mort. A part, vu l’exiguïté du plateau, les ombres projetées de la dame qui change de tenue vestimentaire pour égrener le temps qui passe. Le théâtre de la Valette nous a offert pour décembre, le théâtre rafraîchissant que l’on attendait !
Avec Catherine Conet et Nicolas Dubois
Mise en scène : Fabrice Gardin
Scénographie : Léa Gardin
Créations Lumières : Simon Benita
Décor : Hubert Thibaut
Les moments sont durs comme une rivière remplie de lézards
et la peur n'étant pas mure fait de ravages derrières nos murs.
Le personnage symbolique du clown qui est le rire et la dérision positive, peut nous apporter cette distance qui est nécessaire à notre survie mentale.
Mettez vos passions en primeurs et faites de l'art pour équilibrer vos humeurs.
Mon expérience d'artiste va dans le sens de préserver la beauté qui est en nous en faisant des créations, en chantant, en dansant et photographier en toute liberté ce qui vous plaît.
Novembre 2021 : reprise au théâtre Varia d’un fracassant « Tramway nommé Désir » dirigé par Salvatore Calcagno
L’univers de Tennessee Williams se trouve transposé au cœur d’un été torride dans un quartier sordide quelque part en Sicile. Oublié, le film d’ Elia Kazan avec Marlon Brando et Vivien Leigh sorti en 1951 qui avait reçu 4 Oscars en 52 pour son propos fracassant.Le spectateur est pris ici dans un spectacle fleuve serti dans notre propre époque. Les habiles jeux de lumière sont créés par Amélie Géhin et les maquillages très élaborés par Edwina Calgagno. En effet, Salvatore Calcagno conçoit la scène contemporaine comme une rencontre quasi sensuelle de différents langages artistiques.
..Cinématographique: des clips glauques on ne peut plus chauds signés Zeno Graton, mais a-t-on, vraiment besoin de mettre les points sur les i ? Faut-il de bout en bout diriger l’imaginaire du spectateur ?
..Musical ah! L’extraordinaire pianiste, le jeune Meraviglioso Lorenzo Bagnati qui crée au piano un scintillant dialogue harmonique avec Blanche et son Gaspar de la nuit! Tout de même un peu long…
.. Chorégraphique, l’Afrique du Nord ou l’Asie Mineure sont au rendez-vous avec la voluptueuse Rehab Mehal? Bien que de bon ton, dans notre société multiculturelle actuelle, est-ce fidèle au propos de Tennessee Williams où la fracture socio-culturelle est infranchissable ? Et enfin ..Plastique, ah! Bastien Poncelet, ce merveilleux danseur éphèbe énigmatique et fascinant. C’est le seul vrai pôle de plaisir de ce spectacle multiforme.
On peut imaginer sans mal la superbe résidence symbolique de la famille ruinée, parée de hautes colonnes : “Belle Reve” est le nom de l’ancienne demeure où Stella (Marie Bos) et Blanche (Sophia Leboutte) ont grandi dans une splendeur fanée. Un « bon temps enfui à jamais » mais très destructeur car il empêche Blanche d’affronter toute réalité nouvelle. Alors que Blanche a découvert avec stupeur les relations homosexuelles de son mari, qui s’est ensuite suicidé, Stella, sa jeune sœur rebelle et irresponsable, selon elle, a fui les lieux avec un amoureux bien en dessous de sa condition sociale. … Toutes choses qui remontent tout de même ? à une époque assez révolue.
Les mensonges, l’alcool, le sexe et la fumée serviront d’écran à cette Blanche complètement déboussolée. Néanmoins dans l’interprétation, le rapport entre les deux sœurs ressemble plus à celui d’un rapport dominant et violent mère-fille. C’est dérangeant. Que dirait Tennessee Williams ?
Ironiquement, l’appartement minable de Stanley et Stella où accoste Blanche, se compose d’une vague cuisine, d’une chambre et d’une salle de bains sommaire. On n’avait que faire des parties vidéos pour illustrer la misère ambiante. Des fausses perles comme cloisons. C’est tout sauf un paradis. C’est le lieu terrible où, une à une, toutes les affabulations de Blanche fondront dans une atmosphère suffocante de violence.
À la fin, la Stella décharnée par la pauvreté ne sera plus cette jeune femme amoureuse de son mari « parfait » nommé Stanley. Lucas Meister, très physique, est un beau gosse qui bouge comme un moniteur de Club Med. Craquant physiquement peut-être, mais entier et immuable dans ses jugements. On peut dire qu’il reste d’un bout à l’autre du spectacle le même jeune prolétaire arrogant et buté qu’il était au début. Il reste bloqué, humilié et outré par la discrimination et le mépris que lui impose Blanche. Exaspérée par son machisme et son manque d’éducation, elle le traite de Pollack, terme hautement dénigrant. Campant sur ses positions, il est incapable d’identifier ses propres lacunes et n’est prêt en rien à changer quoi que ce soit pour sa femme et son enfant à naître. Il a une nature vulgaire et phallocratique, mise en lumière par les jeux de poker bien arrosés avec ses amis. On retrouve Tibo Vandeborre dans le rôle ténébreux de Mitch.
Le contraste est flagrant si on le compare avec l’évolution psychologique et dramatique des deux sœurs. Si Stella avait accueilli sa sœur dans son foyer au début avec la plus grande bienveillance, elle ne peut pas croire que Stanley se soit rué sur Blanche pour en abuser. Elle la croit définitivement démente et laisse les médecins emporter sa sœur ravagée par l’alcool et les désillusions vers l’hôpital psychiatrique. Ceci nous ramène bien sûr à une image du profond malaise et à l’isolement dont souffrait Tennessee Williams, vivant difficilement son homosexualité dans un contexte d’exclusion toxique à l’époque.
Blanche, telle une star déchue omniprésente et intense, n’est plus qu’une ruine. La femme coquette qui n’a jamais été désirée par son mari - c’est bien là le drame - a tout perdu et s’est jetée à corps perdu dans la promiscuité pour rassasier sa faim désespérée d’amour et d’argent. Pathétique et plus démunie que tout, elle brandit désespérément son dernier rêve puéril de rejoindre un hypothétique “beau” qui refera d’elle une princesse. Hélas, c’est le superbe porteur de fleurs androgyne (Bastien Poncelet) qui annoncera la victoire de la Mort sur le Désir : l’emblème de sa Vie.
Tennessee Williams
Traduction inédite Isabelle Famchon
Direction artistique et mise en scène Salvatore Calcagno
Avec Lorenzo Bagnati, Marie Bos, Salvatore Calcagno, Sophia Leboutte, Réhab Mehal, Lucas Meister, Pablo-Antoine Neufmars, Bastien Poncelet, Tibo Vandenborre
Créé originellement au Théâtre de Liège
Absence de concertation
Cette fois, nos maisons culturelles sont véritablement choquées par le processus de décision politique qui ne respecte en rien la réalité. Nous nous opposons catégoriquement aux mesures qui ne visent qu’à créer une fausse perception. Nous avons le sentiment d’être sacrifiés pour permettre à d’autres secteurs de rester ouverts. Nous tenons à affirmer qu’il est impossible pour nous de réaliser à nouveau des investissements dans le but de de jouer pour un maximum de 200 spectateurs. Cette mesure est insensée mais également économiquement irréalisable après une année de perte de revenu continue.
Au cours des derniers 18 mois, un grand nombre de centres culturels professionnels ont élaboré des scénarios détaillés et mûrement réfléchis, ont consenti à des investissements considérables et ont dispensé diverses formations aux membres de leur personnel. Pour autant, ce travail titanesque ne semble avoir fait l’objet que de très peu de considération. Le fait de cibler strictement le secteur culturel nécessite une justification détaillée, dans le respect des principes de bonne gouvernance et de l’État de droit. Selon nous, cette justification doit être formulée par rapport aux connaissances, à la recherche et aux preuves empiriques. Nous nous demandons quelles données de recherche justifieraient que les institutions culturelles soient lésées par des règles aussi radicales.
L’utilisation obligatoire de masques, le contrôle du CST et, surtout, une bonne qualité d’air, garantissent une sécurité absolue dans nos salles. Les recherches scientifiques répétées et certifiées menées sur la qualité de l’air à la Monnaie, prouvent qu’avec une salle pleine, nous restons toujours largement en dessous du maximum autorisé de 1200 ppm. L’instauration d’un baromètre objectif permettant de surveiller ces données et de les faire vérifier en toute transparence par le plus grand nombre d’organismes possible est dans ce cas une solution simple et préventive.
Appliquer à tous une jauge maximale n’a pas de sens, car chaque salle est différente et la somme de 200 personnes représente dans certaines maisons la moitié de la capacité totale et dans d’autres, seulement un sixième.
Nous préconisons une approche individuelle du problème qui tienne compte de la situation réelle, laquelle est différente pour chaque maison culturelle.
En tout cas, nous sommes parfaitement en capacité de mesurer et de contrôler chaque représentation pour nous assurer que tout est sécurisé, tant pour les artistes que pour le public et le personnel. Nos maisons peuvent rester ouvertes et nous nous attendons à ce que cette mesure générique soit remplacée par une solution claire et sur-mesure. Lorsqu’un problème survient, nous agissons comme nous l'avons fait au cours des 18 derniers mois.
Nous osons espérer que la concertation avec le gouvernement demeurera possible de manière à éviter une telle adaptation constante des règles, ce qui nous permettra d’établir une vision à long terme que nous pourrons appliquer objectivement pour les mois ou les années à venir, tant que nous devrons vivre avec ce virus. Enfin et surtout, nous comprenons bien sûr la gravité de la situation et restons solidaires avec le secteur des soins de santé. La courbe doit redescendre et nous en tenons pleinement compte dans notre activité !
Peter de Caluwe (Directeur Général et Artistique du Théâtre Royal de la Monnaie)
Sophie Lauwers (Directrice Générale de Bozar)
Hans Waege (Intendant de l'Orchestre National de Belgique)
Pierre Thys (Directeur Général et Artistique du Théâtre National Wallonie-Bruxelles)
Michael De Cock (Directeur Artistique du Koninklijk