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Mon récit "Agir et accueillir", bientôt réédité(chez Brumerge, à Grenoble), préfacé et prolongé d'un chapitre "Six ans après".

4è de couverture: Le cancer. Le monde vacille et se teinte de couleurs incertaines. Ecrire Agir et Accueillir a d'abord été une manière de négocier avec les fantômes. Il ne suffisait pas de sortir de soi, il fallait encore pousser d'autres portes, partir se balader sur les chemins de ronde des rêves et de l'imaginaire, et y inviter les autres. Agir et accueillir…depuis fin 2008, ces mots ont été mes guides. Ce sont eux qui continuent à me faire avancer. Six années ont passé et je tiens plus ou moins la route. En attestent les dernières pages, écrites dans un nouveau présent forcément relié à l'ancien.

Pour les membres d'Arts et Lettres, un petit présent, un poème qui se retrouve dans le livre.

Pour vous

Des angoisses dans la tête épaisses comme la nuit,
une sensation de vide qui me tire vers le bas,
la vie qui s’échappe trop vite
comme du sable entre mes doigts

A ces moments je pense à vous inlassablement présents

Tant que nous partagerons nos rêves et nos peines
et qu’on me tiendra bien fort la main,
tant que je verrai de la douceur dans vos regards
et que vous m’accompagnerez dans mon voyage,

je surmonterai mes peurs et je regarderai devant moi

Et si un jour je vous prends dans mes bras,
ne me demandez pas pourquoi,
je profiterai simplement de l’instant,
de la force et de la joie et que vous m’offrez.

***

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VOUS, LES FLEURS...

Iris jaunes ou bleus, parfum subtil...

Tiges ambitieuses, coroles fragiles.

Coquelicots fous au vent d'été

Ephémères symboles de la beauté!

Marguerites fraîches au ras des pelouse...

Secrets d'amour que l'on jalouse.

Roses blanches ou rouges

Offertes au soir, quand rien ne bouge...

Lilas aux effluves qui dansent

Si le printemps est en partance!

Œillets rougis, senteur sauvage

Près de mon cœur pris en otage...

Et puisque je rêve aux bleuets...

Ne point oublier, je promets!

Quand mimosas en mousse s'élance...

Couleur poussin, ciel de Provence!

Tulipes aux branches sinueuses

Ardent printemps, humeur frileuse...

Superbe! Si fière branche d'orchidée...

Offrant beauté sophistiquée!

Les anémones, tels des drapeaux

Nous signalent que le temps sera beau!

Le muguet fait tourner les tête

Et tant pis, si c'est un peu bête!

Et puis, à celles que l'on oublie...

Petites splendeurs trop bien tapies

Merci, d'exister quelque part...

Sur les chemins de nos regards!

J.G.

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administrateur théâtres

Nom de coiffeur ou de maître-nageur? Pierre Kroll, crayons en main et sourire aux lèvres, salue la salle comble du Wolubilis et commence à nous conter son histoire. Il est né quelque part au Congo, quelques jours avant l’ouverture de l’Expo 58. Le choc culturel est immense quand le jeune bambin découvre les européens à son arrivée en Belgique. Entre le grand Saint-Nicolas impressionnant et le drolatique Père Fouettard, le choix est vite fait ! Au gré des mouvements de la famille, l’enfant voyage entre les réseaux d’enseignement belge : plusieurs aller-retours du libre au laïque. Car il est né de parents mixtes (… sans blague) qui de plus, s’entendent bien, l’un athée convaincu et l’autre catholique pratiquante. De quoi alimenter les conversations au dîner du soir et faire fleurir l’esprit de la controverse dès le plus jeune âge. Il se retrouve à l’athénée de Liège pour ses humanités mais le dimanche, se transforme en « belette rayonnante » car bien sûr, il va aux scouts!

11143192_10153810968535995_805020071184839580_o.jpg?width=450Vous vous doutez que depuis sa plus tendre enfance, il dessine pendant les cours, se faisant joyeusement réprimander par tous les corps enseignants. Son goût artistique le mène vers l’architecture à Saint-Luc à Liège en première année, puis les quatre suivantes à La Cambre à Bruxelles. Il cueille ensuite une licence en Sciences de l’Environnement à l’Université de Liège. Objecteur de conscience, il effectue service civil de 22 mois dans un théâtre de marionnettes. Mais à tout prendre il aurait été plus cool cantonné en Allemagne avec ses potes! Il fréquenta alors assidûment Le Cirque Divers, un haut lieu d’avant-garde, contestataire où se croisaient, exposaient, jouaient et buvaient ses copains artistes. Nous le connaissons maintenant comme dessinateur génial, présent dans à peu près tous les journaux et magazines belges francophones. On, le connaît bien sûr à l’antenne de la RTBF, aux émissions débats, à la télé. Partout ses dessins pénètrent au cœur de nos émotions grâce au plaisir immédiat qu’ils suscitent et à la pertinence profonde de leur observation.


Sur scène, l’artiste généreux virevolte entre les mots, les cartoons, et les rires chaleureux des spectateurs qui lui ont donné quelques thèmes sur lesquels improviser : la vague de froid, la semaine de quatre jours, l’inépuisable saga de Molenbeek, les soldats dans les rues, le personnel de la reine Fabiola toujours fidèle au poste… rien de très marquant en somme !

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Et pourtant le spectacle se construit à toute allure, l’artiste lance une à une ses œuvres encore mouillées dans une foule de fans aux anges et les premiers rangs recueillent avec délices les jolis papiers roulés en boule! Mais surtout le sieur volubile se fait l‘apôtre de ce nouvel art. L’art de l’amplification, mais aussi de la simplification à outrance, l’art de la communication fulgurante, et l’art de partager des émotions grâce à la virtuosité du crayon. L’art de percer des lignes de faille dans nos cuirasses. Juste pour y faire passer un peu de lumière… Ou pour aérer nos stéréotypes et nos préjugés ! Pas à pas, il commente sa technique avec humour dans un silence admiratif pendant la transformation de la page blanche sous la caméra. Mais quel nouveau métier passionnant, se dit-on! Quel outil fabuleux au service de la communication efficace ! Entre quelques extraits d’évangiles « revisités », il se lance dans de judicieuses incursions  dans l’histoire de la caricature de la Révolution française à Charlie Hebdo. Et de conclure, pour les allergiques aux « blasphèmes » et autres critiques au vitriol: « Que faites-vous si quelqu’un vous tend un objet dont vous n’avez pas l’usage ou que vous ne souhaitez pas saisir ? » …


Pierre Kroll explique alors le grand pouvoir des petits dessins de presse et des cartoons animés. Plus que des mots, ceux-ci touchent l’émotion et la sensibilité du lecteur dans son subconscient. Quelques traits simplifiés, outrés, ou apparemment imparfaits, quelques taches de couleur ouvrent la porte à cet instant de grâce qu’est l’émerveillement, l’urgence d’un questionnement, la prise de conscience d’une situation humaine intense. L’illustration ne serait-elle pas tout d’un coup une sorte d’illumination ? Une invitation à la détente, au recueillement, au recul, à la subversion ? On se sent soudain parcouru par le plaisir d’une liberté palpable. Que diable, ce diable de bonhomme nous livre des instants mémorables de belle humanité dans la foule de malheurs qui nous assaillent. Voilà que ce dessin primitif communique ce que les mots ne savaient dire! Un message s’est fiché au cœur de nos émotions, et notre mémoire s’en est emparé avidement. Cette soirée à faire des bulles au Wolubilis nous réconcilie avec les caricaturistes de tout poil. Elle a jeté aux orties 30 ans d’attitude politically correct, de pudibonderie et de censures de tous bords, Ouf on respire! L’artiste a réveillé notre humanité profonde et nous a rajeunis. "On ira tous au paradis, c'est vrai! ... " (Chanson) Aussi le titre de son dernier album.  Allez le voir, il est en tournée dans toute la Belgique!

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Kroll

http://www.kroll.be/

Prochaines dates: Louvain-La-Neuve, le 21 avril 2016  "Pierre Kroll sur scène - 10 villes, 10 dates, et voilà !"

http://www.out.be/fr/evenements/331090/pierre-kroll-ma-valise-en-cartoon/

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Beauté de la nature

Une aquarelle d'Adyne Gohy

Inspirée par une photo

de

Raymond Martin

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a inspiré

un poème

de Raymond Martin

Calanche di Piana

Les Calanques de Piana

en Corse

 

Cathédrale Méditerranéenne façonnée  par les âges, aux  parures  d’ocres   de  différentes facettes 

 Selon le bon vouloir de l’astre solaire   ou du courroux sans bornes  de  Poséidon,

Tu nous  offres,  paisible, un peu des entrailles de cette sublime terre  Corse.  

 

Tes  flancs exacerbés  ressemblent aux jambes  des Titans,  dont les pieds  baignent  dans les reflets

D’un bleu profond de l’onde marine ,  calme ou intrépide de cette mer nourricière.

Onde bienfaisante calmant les esprits, face  à  l’ardeur du soleil   à son sommet. .

 

Un mélange de sons  se devine quand, fermant les yeux , on laisse libre cours à   son âme aux   

Aguets. Le dialogue du vent et  de la mer  cher à Debussy, se lie avec  les voix  venues du passé,

De Phéniciens  ou de Génois  ventant leurs marchandises  aux autochtones, myrte et pacotille.

 

Peut-être  aussi la voix allègre du pêcheur  satisfait par ses prises de rougets et  autres  mérous,

Accompagnée de la douceur  fruitée  d’un petit rosé local , pour faire  oublier la fatigue accumulée

A  manœuvrer le « pointu »,   garant d’une pêche respectueuse du  fond marin. 

                       

Nienti sta sera

nienti à punenti

nienti à l’alba

nienti

sta sera m’addurmentu in prosa

Rien ce soir

Rien au couchant

Rien à l’aube

Ce soir je m’endors en prose.

( Poème de Marianne Costa en Langue Corse )

Un partenariat d'

Arts 

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administrateur théâtres

Drame. Hermione (Anne-Pascale Clairembourg) est reine de Sicile, la belle épouse du roi Leontes et la mère aimante de Mammilius, un jeune garçon espiègle qui adore sa mère et « les histoires tristes que l’on raconte en hiver ».

12273148898?profile=original Injustement accusée de tromper son mari avec son meilleur ami Polixène, roi de Bohême, elle est jetée en prison, où elle donne naissance prématurément à une fille (Perdita) que le tyran Leontes fait disparaître dans un désert lointain. Une scène d’une violence inoubliable. On fait à l’épouse un simulacre de procès pour adultère et haute trahison. …Qu’on la lapide, non ? Version blonde de la Reine Margot d’Isabelle Adjani, elle reste d’une dignité inébranlable devant son accusateur assoiffé de vengeance. On nous dit qu'elle mourra de chagrin après l’annonce du décès de son fils chéri, Mammilius, à qui on a interdit de la revoir. Seize ans plus tard, cependant, elle sera "ressuscitée" et réunie avec sa famille dans l'une des scènes les plus étonnantes de Shakespeare, revisité avec éclat par l’inventivité de Georges Lini.

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Difficile de décider laquelle des trois femmes on préfère. Perdita ? Héroïne de conte de fées, façon Marylin Monroe, qui croit très peu aux princes charmants et est transformée en « daffodil virevoltant » par une exquise et solide Sarah Messens flanquée d’un pétulant Julien Bezure. Ou sa mère Hermione ? Noble victime expiatoire de la folie du soupçon. Ou l’intrépide suivante, Paulina, qui ose confondre et pourfendre le tyran? Va ! Pour la pure jouissance physique verbale et vocale, la palme de l’interprétation féminine va à Daphné D’Heur qui incontestablement dicte le rythme de l’affaire et préside à l’accouchement systématique des idées merveilleusement subversives. En s’opposant avec une vigueur vivifiante aux diktats mortifères du Tyran, on assiste à la démolition méticuleuse et sans appel de l’échafaudage insensé de ses arguments. Cette femme est une reine dans son impeccable rhétorique cinglante et juste.

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Face à elle, le tyran est un comédien flamboyant, ruisselant de vérité dans sa folie meurtrière. Itsik Elbaz, pour tout dire. Son jeu témoigne d’une urgence, d’un dynamisme rebondissant. Entêté comme un cabri, les accès de rage et de mauvaise foi de l’enfant gâté et mal élevé se cognent, impuissants, aux réalités. Pathétique, il tente même à plusieurs reprises de séduire le public dans des apartés charmeurs et de l’engager dans la complicité de ses crimes. Il finit aliéné et seul, confondu par l’oracle de Delphes qui le condamne irrémédiablement. Ou presque. Une phrase sibylline laisse entrevoir un espoir.


Car cette tragi-comédie se veut un vrai conte d’hiver. De bon ou mauvais augure? Est-ce une prédiction sinistre qui affirme que « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument... » ? Ou l’aveu optimiste que la pureté de la neige peut nous mettre sur la voie du pardon et peut effacer les blessures et rendre la dignité à l’humanité ? Miracle : la magie hivernale aura fait tomber la première neige dehors, dès la fin du spectacle. De quoi prolonger durablement la magie du texte. A moins que cela ne soit un clin d’œil en personne, de l’illustre dramaturge élisabéthain, touché par l’époustouflante mise en scène, les décors et les costumes résolument avant-gardistes de Georges Lini. Celui-ci utilise en effet la transparence d’une cage de verre qu’il manipule comme un diamant pour faire apparaître nombre de réalités, pas toujours bonnes à voir! Mais vous, spectateur heureux, malgré quelques soucis de sonorisation propres à une première sans doute, vous repartirez comblés par l’adresse, la finesse et la profondeur de l’interprétation de ce texte fabuleux dont les fibres poétiques jusqu’aux moindres fleurs sont littéralement mises à nu.

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Royale est la distribution. Le fidèle Camillo, vaillant creuset où siège la raison, c’est un Luc Van Grunderbeeck, au mieux de sa forme. L’autre roi, joué par Didier Colfs, n’est pas en reste car sa prestation très authentique de terrorisme familial au quatrième acte, scène 4, vaut vraiment le détour. Vous avez aussi ce capitaine Haddock devenu Berger sous les traits de Michel de Warzée, qui donne avec son comparse (Thierry Janssen) l’indispensable dose d’humaine bouffonerie propre au théâtre de Shakespeare. Et pour finir, l’exquise métamorphose du jeune enfant et du Temps - celui qui annonce, celui qui sait et qui raconte - un diamant vert planté sur la poitrine, c’est encore, Louise Jacob.

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/32.html

Crédit photos: Sébastien Fernandez

Un spectacle de la Compagnie Belle de Nuit, en coproduction avec le Théâtre Royal du Parc et l’Atelier Théâtre Jean Vilar

  • Création
  • 16 au 28 février 2016
  •  Au Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve
  • Durée : 2h25 entracte compris

http://www.atjv.be/Un-Conte-d-hiver

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« Il y a eu, par un après-midi de printemps, sur la pelouse d'un champ de course, ce doux ciel clair, cet attelage arrêté, cette jeune femme heureuse. Il y a eu ces garçons et ces filles autour de la table desservie dans une lumière radieuse, et la Marne à travers les saules, et l'aile blanche entrevue d'une barque, et tous ces jeunes corps transpirant et qui s'attirent : combinaisons fugitives d'air, de lumière, de créatures vivantes, indéfiniment défaites et recomposées depuis trois quarts de siècle, et des millions d'autres se reforment indéfiniment, mais que la plupart des artistes d'aujourd'hui ne cherchent plus à capter. »

Parmi tous les peintres impressionnistes auxquels Mauriac rendait ainsi hommage lors d'une exposition en 1955, Renoir a su exprimer le mieux, parce que ce fut son unique sujet, ce bonheur de l'instant. Son nom seul évoque l'idée d'un paradis. Aucun tourment, ici ; simplement, sous un constant soleil, la joie d'exister. Il connut cependant lui aussi le découragement, traversa de nombreuses crises morales, et vécut ses vingt dernières années sous la souffrance physique, provoquée par les rhumatismes et la paralysie. Il trouvait alors son réconfort dans le travail, et peignit la vie triomphante chaque jour, jusqu'au dernier.

Les débuts

Auguste Renoir est né à Limoges, sixième et avant-dernier enfant de Léonard Renoir, tailleur, et de Marguerite Merlet, couturière ; son grand-père paternel, François Renoir, était sabotier : milieu d'artisans modestes, possédant cette intelligence de la main qui va bien au-delà du métier, et incite au goût des belles choses. En 1844, la famille s'était installée à Paris, non loin du Louvre d'abord, puis dans le quartier du Marais. Après l'école, à treize ans, Renoir qui aimait le dessin fut mis en apprentissage chez un peintre sur porcelaine. Quatre années plus tard, l'impression mécanique remplaçant peu à peu le travail manuel, il dut gagner sa vie en décorant des éventails, puis des stores. Ayant amassé quelque argent, il put bientôt se consacrer à la peinture, devenue sa passion, et allait copier au Louvre, où ses parents l'avaient souvent mené. Il avait été attiré tout de suite par Rubens, et par les peintres français du XVIIIe siècle. « A Watteau et Boucher j'ajoutai Fragonard, surtout les portraits de femmes. Ces bourgeoises de Fragonard !... Distinguées sans cesser d'être bonnes filles. » En mars 1862, il se présentait et était admis à l'école des Beaux-Arts, et s'inscrivait en octobre de la même année à l'académie Gleyre, où il rencontra Claude Monet, Alfred Sisley, Frédéric Bazille. Ce dernier admirait beaucoup Courbet, et aussi Édouard Manet qui l'avait reçu dans son atelier. « Tu comprends, lui dit Bazille, Manet est aussi important pour nous que Cimabue et Giotto pour les Italiens du Quattrocento. Parce que c'est la Renaissance qui est en train de venir. Et il faut que nous en soyons. » A l'exemple de ces peintres, il était nécessaire de s'affranchir des sujets d'autrefois : « Les grandes compositions classiques, c'est fini. Le spectacle de la vie quotidienne est plus passionnant. »

Renoir, désormais, est pris dans le mouvement. Au début de l'année suivante, en 1863, il accompagne Sisley, Monet et Bazille à Chailly-en-Bière, en bordure de la forêt de Fontainebleau ; il y rencontre Narcisse Diaz, qui lui recommande d'éclaircir sa palette. Il quitte en 1864 l'école des Beaux-Arts, fait recevoir par le jury du Salon une Esmeralda dansant  (détruite ensuite) et exécute ses premières commandes, le Portrait de Mlle Lacau  (Cleveland Museum of Art), qui révèle son sens de la grâce féminine, et celui de William Sisley  (musée du Jeu de paume, Paris), le père de son ami peintre, tableau qui sera accepté au Salon de 1865. Ses parents étant retirés à Ville-d'Avray, il est accueilli par Sisley d'abord, puis, après le mariage de celui-ci, par Bazille. Tous ont pris maintenant l'habitude de se rendre à la campagne dès les premiers beaux jours, à Chailly de nouveau, puis à Marlotte, où les rejoint Pissarro et où Renoir fait la connaissance de Gustave Courbet ; à Bougival, Chatou, Argenteuil - sur les bords de la Seine. Renoir a peint ses amis à Marlotte, en 1866, dans le Cabaret de la mère Anthony  (Nationalmuseum, Stockholm), sa première composition importante. En 1867, il peint une Diane chasseresse  (National Gallery of Art, Washington), prétexte à un nu dans la nature vigoureusement traité à la manière de Courbet, et Lise à l'ombrelle  (Folkwang Museum, Essen), grande figure dans une lumière de plein air tamisée par les feuilles des arbres, qui fait suite aux Déjeuner sur l'herbe  de Manet et de Monet. Aux aspirations nouvelles (réalisme et goût de la nature de Courbet, sujets empruntés à la vie moderne de Manet, éclaircissement de la palette conseillé par Diaz) s'ajoute en effet l'intérêt de plus en plus vif pour toutes les variations de la lumière. Travaillant ensemble durant l'été 1869 à « La Grenouillère », dans l'île de Croissy près de Bougival, Claude Monet et Renoir tentent de rendre dans leur peinture le miroitement du fleuve, tous les reflets du soleil multipliés par le frémissement de l'eau. Monet transpose en touche de couleur chaque éclat lumineux, divisant hardiment et franchement les tons pour préserver leur vigueur : « capter la lumière, et la jeter sur la toile », tel est son projet. Renoir, plus sensible à la présence humaine et à celle des objets, attentif à l'ensemble, demeure plus nuancé. Chacun suit sa propre voie : « Ce que je ferai aura au moins le mérite de ne ressembler à personne, parce que ce sera simplement l'impression de ce que j'aurai ressenti, moi tout seul », écrivait Monet quelques mois auparavant, alors qu'il travaillait au Havre. Renoir, très attiré encore par Courbet, comme en témoignent La Nymphe à la source  (1869 ; National Gallery, Londres) et La Baigneuse au griffon  (1870 ; musée d'Art moderne, Sao Paulo, Brésil), analyse longuement aussi Delacroix, s'en inspire et lui rend hommage dans L'Odalisque, ou Femme d'Alger  (National Gallery of Art, Washington) exposée au Salon en mai 1870. En juillet, c'est la guerre. Bazille y trouvera la mort. Renoir, appelé à Tarbes puis à Libourne, est démobilisé en mars 1871. En janvier 1872, le marchand Paul Durand-Ruel, qu'il a rencontré par l'intermédiaire de Monet et de Pissarro, lui achète quelques tableaux ; il travaille en été à Argenteuil, avec Claude Monet et Gustave Caillebotte, et entreprend en octobre les Cavaliers au bois de Boulogne  (Kunsthalle, Hambourg), vaste composition terminée au printemps 1873. Soutenu matériellement par Durand-Ruel et par Théodore Duret, il peut alors s'installer dans un appartement de la rue Saint-Georges, à Montmartre. Il a trente-deux ans. Son tableau de La Loge  (Courtauld Institute, Londres) - admirable image de la fête du soir au théâtre, la femme vêtue d'une robe somptueuse, l'homme en habit - confirme à la fois son admiration pour les maîtres du passé et sa propre virtuosité. Il le présente lors de la première exposition des « impressionnistes » chez Nadar : ce noir qui fait jouer tout l'ensemble de la toile, et dont il dira un jour qu'il est « la reine des couleurs », est alors une note remarquable d'indépendance.

Le temps de l'impressionnisme

Renoir fait venir dans son atelier des modèles, Nini et Margot, Angèle, Estelle ou Jeanne, petites fleuristes, modistes et couturières de Montmartre. Les voici en train de lire, de coudre, d'ajuster un chapeau ; caressant un chat dans leurs bras, arrangeant un bouquet ; surprises encore par le peintre dans la rue ou au théâtre, avec une joie dans le regard et un intérêt passionnés : « Je ne savais pas marcher que j'aimais déjà les femmes », dira-t-il. C'est le début d'une suite éclatante de chefs-d'oeuvre. Anna, qui est aussi un modèle de Manet, a posé pour le Nu au soleil  (musée d'Orsay, Paris) et pour le Torse nu  (musée Pouchkine, Moscou). Dans ces deux tableaux se conjuguent l'ampleur de la forme et la richesse du coloris ; comme autrefois dans les nus de Watteau, un sein apparaît ici sous le bras levé : « Un sein, écrit Renoir, c'est rond, c'est chaud. Si Dieu n'avait créé la gorge de la femme, je ne sais si j'aurais été peintre. » Ces jeunes filles, il les invite à venir poser dans le jardin d'un vieux logis de la rue Cortot, loué par lui pour peindre la grande composition du Moulin de la Galette  (musée d'Orsay, Paris), où il va les voir danser. Renoir réussit à rendre sensible toute la séduction de ce bal par un après-midi de printemps, les taches de soleil se posant à travers les arbres sur les chevelures et les visages, les longues robes claires des danseuses, les vêtements plus sombres des danseurs. L'harmonie des verts et des bleus, ponctués de jaunes et de roses, est obtenue par touches superposées et fondues qui contribuent à restituer une scène pleine de vie et de mouvement. « C'est une page d'histoire, un monument précieux de la vie parisienne, d'une exactitude rigoureuse », écrira Georges Rivière lorsque le tableau sera présenté à la troisième exposition des impressionnistes, en avril 1877. Mais ces peintres rencontrent encore l'hostilité générale de la presse et du public. Pour subsister, Renoir accepte des commandes de décorations et de portraits (de femmes et d'enfants, surtout), que lui font l'éditeur Charpentier, les banquiers Paul Bérard ou Charles Ephrussi, le docteur Émile Blanche. Les figures se détachent sur un fond sobre, la tache rose ou bleu turquoise d'un ruban jouant avec la soie blonde des cheveux, ou sont surprises dans la diaprure de couleurs d'un paysage. Dans ses tableaux de plein air : Déjeuner au bord de la rivière  (Art Institute, Chicago), Sur la terrasse , Près du lac , Les Canotiers à Chatou  (National Gallery of Art, Washington), Renoir continue à utiliser la technique impressionniste qui fait étinceler toutes les lumières. Après un court séjour en Algérie, il termine au printemps de 1881 un tableau de grand format entrepris l'été précédent à Chatou, Le Déjeuner des canotiers  (Phillips Collection, Washington). Modèles et amis sont réunis sous la tente, autour d'une table somptueusement servie, dans la lumière de la belle saison. Sous la liberté apparente, qu'accentuent les attitudes familières des personnages, la composition est très étudiée ; le peintre conjugue ici la richesse de la technique impressionniste et la finesse de ses nuances avec la précision du dessin.

A la fin de l'année, il part pour l'Italie, s'arrête à Venise, dont il peint quelques vues, à Florence, Rome, Naples, Pompéi. L'esprit déjà inquiet d'une exactitude plus grande dans l'interprétation de la forme, il est très impressionné par Raphaël, « admirable de simplicité et de grandeur », et par les fresques de Pompéi, « riches avec si peu ». A son retour, il s'arrête à L'Estaque chez Cézanne, préoccupé lui aussi de donner plus de solidité à sa peinture. Après un second séjour en Algérie où il a, dit-il, « découvert le blanc » (« Tout est blanc, les burnous, les murs, les minarets, la route. Là-dessus, le vert des orangers et les gris des figuiers. »), il regagne enfin Paris au début de mai 1882. Il y retrouve une jeune femme, Aline Charigot, aperçue déjà dans Le Déjeuner des canotiers , qu'il épousera et dont il aura trois enfants, Pierre, Jean et Claude.

Crise et plénitude finale : la volupté de peindre

Les toiles de cette époque laissent apparaître le partage entre cette volonté de rigueur et la spontanéité native. La Baigneuse blonde  de 1882 (coll. G. Agnelli, Turin), variante d'un tableau peint à Naples, Les Enfants Bérard à Wargemont  (National Galerie, Berlin), et La Natte  de 1884 (coll. part., Baden) dénotent une certaine sécheresse par rapport aux paysages du Midi, de Guernesey ou de Normandie datant de la même époque. Renoir évoquera lui-même cette crise : « Vers 1883, il s'est fait comme une cassure dans mon oeuvre. J'étais allé jusqu'au bout de l'impressionnisme et j'arrivais à cette constatation que je ne savais ni peindre ni dessiner. En un mot, j'étais dans une impasse. » La mort de Manet, en avril 1883, l'a aussi vivement atteint, comme tous ses amis peintres. Il ressent une sorte de nostalgie du métier des maîtres anciens, avivée encore par la lecture du Livre d'art  de Cennino Cennini. Il se remet au dessin, utilisant le crayon dur et la plume, préparant d'une manière très serrée chaque tableau, limitant sa palette à quelques couleurs : ocre rouge, ocre jaune, terre verte, noir. Mais le dessin trop régulier des contours détache arbitrairement l'objet ou la figure de l'espace ambiant, et Pissarro peut écrire en 1887 : « Je comprends bien l'effort tenté ; c'est très bien de ne vouloir rester en place, mais il a voulu ne s'occuper que de la ligne, les figures se détachent les unes des autres sans tenir compte des accords, aussi c'est incompréhensible. Renoir n'ayant pas la faculté du dessin, et n'ayant plus les jolis tons instinctivement sentis d'autrefois, se trouve incohérent. » Les Grandes Baigneuses  (Philadelphia Museum of Art), présentées cette année-là, montrent l'importance de la recherche poursuivie, sa réussite dans la pureté formelle et l'harmonie des tons, son échec dans le défaut d'intégration des figures à leur milieu, qui explique la froideur des oeuvres de cette époque. Renoir comprend bientôt que, s'il ne peut laisser la forme se dissoudre dans la couleur, il ne peut non plus l'emprisonner dans un contour : il lui faut réaliser une fusion de ces éléments. De là cette technique de petites touches, lisses, effilées comme des laines, utilisée déjà pour unir les couleurs entre elles, mais plus souple encore, « nacrée », à quoi se substitue peu à peu la transparence des tons par superpositions très légères : « Un jour, je m'aperçois que Rubens avec un simple frottis avait obtenu davantage que moi avec toutes mes épaisseurs... » Renoir réalise ainsi cette unité entre le dessin et la couleur qu'il poursuivra jusqu'à la fin : « Je me bats avec mes figures jusqu'à ce qu'elles ne fassent plus qu'un avec le paysage qui leur sert de fond, et je veux qu'on sente qu'elles ne sont pas plates, ni mes arbres non plus. » Ce souci de liaison et d'unité est une des constantes de l'école française.

Entre-temps, l'intérêt du public est venu. Toujours soutenu par Durand-Ruel, qui avait organisé une grande exposition de Renoir en 1892, le peintre peut travailler librement. Malgré les rhumatismes qui, à partir de 1898, commencent à ruiner son corps et le condamneront à la paralysie, il poursuit jour après jour son effort créateur, à Paris, à Essoyes - le pays de sa femme, en Bourgogne -, dans le Midi surtout, où il se retire à Cagnes, et où il mourra. Paysages, fruits, fleurs : il en transmet la vie dans la lumière. « Il fait chanter la couleur au moyen de procédés renouvelés de Fragonard et de Delacroix : préparation des masses dans le ton, et des passages dans le gris », écrit Maurice Denis. « Si son métier est plus souple que celui de Cézanne, c'est qu'il traduit quelque chose de plus que les volumes : la fluidité de la forme vivante. Il se délectait à l'idée de peindre d'opulentes épaules ; on va pouvoir, disait-il, nager dans les modelés ! » Ses Baigneuses  dans le soleil amplifient ce type de beauté féminine qu'il a créé, « ces torses longs aux hanches élargies » dont parle Albert André, et exaltent dans l'exubérance et la joie « l'idéalisme de sensualité qui était au fond de toutes ses recherches ». « Ce que j'aime, disait Renoir, c'est la peau, une peau de jeune fille, rosée et laissant deviner une heureuse circulation. Ce que j'aime surtout, c'est la sérénité. »

                                   

                                   

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administrateur théâtres

 « Ni toi ni moi ne sommes faits

Pour la guerre »

Un Baby spectacle a  vu le jour hier aux Riches Claires. Baby,  puisqu'il n’avait droit qu’au jour de sa création. Baby, parce qu’on lui souhaite vivement de se retrouver en grand format sur de nombreuses scènes belges ou internationales. Le thème c’est le Temps de guerre lors de cette Première guerre mondiale, un conflit que l’on claironnait être la Der des Der! Et les innombrables Lost Boys! They were so young!

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 Dans ce spectacle dernier-né, beaucoup de fraîcheur vient de la musique et de  la mise en scène de la comédienne. Une musique perdue et retrouvée par les soins de celle qui a fait œuvre d’exploratrice dans les mille et un livres et partitions abrités dans notre Bibliothèque Nationale de Belgique et a retrouvé l’été dernier les partitions originales d’un certain compositeur liégeois, Charles Scharrès (1888-1957). Une entreprise de Marie-Laure Coenjaerts (artiste lyrique belge, mezzo-soprano que l’on a entendue notamment dans le rôle-titre de « L’enfant et les sortilèges » chef d’oeuvre de Ravel sous la direction de Pascal Rophé). Il n’y avait plus qu’à déchiffrer ces partitions jaunies, les mettre au piano avec la complicité de Flavien Casaccio, pianiste concertiste et leur prêter la voix profonde de Marie-Laure. Leur redonner les couleurs et les visages de notre temps en les tressant avec la fibre des mots et des jeux de scène originaux. Aux commandes des textes, on retrouve l’infatigable comédienne, Laurence Briand qui elle, peu friande de bibliothèques, contacte des gens, écrit des mails, reçoit des écrits et s’affaire à un nouveau montage dont elle a le secret, pour sortir l’ensemble de l’oubli. Cent ans ? La Belle au bois a certes bien dormi, mais il s’en est passé des choses depuis 14-18 et le monde n’est plus reconnaissable. Quant au prince charmant qui ramènera l’amour dans le monde, on l’attend encore! … « Cependant que le soldat inconnu a connu l’incandescence trop brève de l’amour » nous souffle la comédienne à genoux sur la scène en égrenant une poignée de sable.  

Ré-envisager cette époque tragique et sortir de l’oubli ses heurs et ses douleurs qui nous ressemblent parfois étrangement a beaucoup de sens. Les pépites exhumées - la musique comme les textes - ont une particularité, elles sont totalement belges et nées quelque part entre 14 et 18. Seul bémol : on remarque une absence criante, celle de l’écriture féminine belge, malgré les recherches intenses de Dame Laurence. A cette époque, mères, filles et épouses avaient bien d’autres chats à fouetter que l’écriture. Et au fond, avaient-elles même une âme ? C’est pourquoi, Laurence Briand en profite pour ajouter des textes d’une romancière contemporaine, Marianne Sluzny (°1954) qui lui donne accès au recueil de ses nouvelles, intitulé « Un bouquet de coquelicots ». Un bouquet impressionnant de « souvenirs » de jeunes gens captés au plus vif de la souffrance.

La musique est bien sûr le baume qui calme et qui réjouit, formant un contrepoint impressionniste dans ce fracas meurtrier. Les chants retrouvés parlent d’amour, de soleils qui hument la rosée…et forment un tableau très contrasté avec la détresse des jeunes gens envoyés se faire tuer au front, souvent à la place des nantis : "La victoire en chantant!" Les échos auxquels vous goûterez sont les accords complexes et les couleurs chromatiques de Ravel et Debussy, à s’y méprendre. Le temps que Laurence Briand, elle-même déguisée en jeune gavroche des tranchées, rende compte de toute l’horreur et de toutes les tragédies humaines de cette terrible époque. Avec poésie et humour et sa savoureuse présence théâtrale, vous vous en doutez!


Vous l’aimerez, ce nouveau Bébé, un trio de clavier bien trempé et de voix féminines chantées et parlées, plein de maturité!


Il n'y aura jamais assez
De caresses, de doux baisers
Sur cette terre
J'aimerais ne partager que
Tendresse, joie, sérénité
Ma vie entière
Ni toi ni moi ne sommes faits
Pour la guerre
Nous sommes faits pour marcher
Résolument vers la lumière
Je n' veux plus entre toi et moi
Une quelconque intifada
Je ne veux plus te parler sabre
Je veux la grande paix sous les arbres

Il n'y aura jamais assez
De caresses, de doux baisers
Sur cette terre
J'aimerais ne partager que
Tendresse, joie, sérénité
Ma vie entière
J' veux respirer l'air du matin
Tout frais, tout neuf, qui fait du bien
J' veux remplir mes poumons d'air pur
J' veux d' l'amour et pas des murs
De janvier jusqu'en décembre
Je ne veux naviguer que tendre
Je n' veux plus la moindre fusée
De longue ou de moyenne portée
Je veux un ciel bleu dégagé
Que le soleil puisse y jouer

Il n'y aura jamais assez
De caresses, de doux baisers
Sur cette terre
J'aimerais ne partager que
Tendresse, joie, sérénité
Ma vie entière
Ni toi ni moi ne sommes faits
Pour la guerre
Nous sommes faits pour marcher
Résolument vers la lumière
Je n' veux plus entre toi et moi
Une quelconque intifada
Je ne veux plus te parler sabre
Je veux la grande paix sous les arbres

Julos Baucarne

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Poète national

Laurence Vielle est une de nos meilleures comédiennes. Elle est aussi une poétesse admirée. Conformément à un usage réactivé voici quelques années, elle vient d’être élue pour deux ans « poète nationale ». En cette qualité un peu étrange, elle créera durant cette période six textes par an consacrés à sa vision de la Belgique. Ces textes poétiques seront publiés dans le journal « Le Soir ».
Associé à cette entreprise, ce journal publiait donc ce jeudi un entretien avec la po...étesse.
A la question angoissante, « C’est quoi être poète ? » Laurence Vielle répond : « Je me rappelle qu’à six ans j’étais dans une rivière, j’avais appris le son « u » à l’école et je criais plein de mots en « u ». La poésie et l’oralité ont toujours été pour moi complètement liés. Et être poète c’est une façon de se mettre en résonnance avec les vibrations du monde quelles qu’elles soient, avec les mots. Pour moi, la poésie est musicale, rythmique, orale. La poésie, c’est une force vive dont le monde a grand besoin ». D’ajouter plus loin que les enfants sont presque toujours sensibles à la poésie…
Certes, cette réponse évoque davantage la démarche poétique que la poésie elle-même : on peut en effet repérer tout ce que Laurence Vielle en dit dans la peinture, en musique ou encore dans le roman. Ce qui distingue sans doute le poète c’est que cette résonance présente chez les autres artistes "par surcroit", lui, le poète, la convoque à tous les instants de sa création.
Cette vocation tôt ressentie par la poétesse au bord d’une rivière m’évoque les premiers poèmes d’Hölderlin magnifiquement commentés par Ph. Jaccottet dans sa préface à l’édition des œuvres de ce grand poète.
Hölderlin a seize ans ; il est pensionnaire dans un séminaire et loin des siens, se remémore les bons moments passés avec son demi-frère :
« ö mon bon Charles ! C’est l’un de ces beaux jours
Que nous étions ensemble sur les grèves du Neckar,
Heureux de voir les vagues battre dans le rivage
Et jouant à creuser des ruisseaux dans le sable…
Puis je levai les yeux : dans le soir miroitant
Le fleuve paraissait. Une émotion sacrée
Me fit vibrer le cœur : soudain je ne ris plus,
Soudain, plus grave, je laissai nos jeux d’enfant
Et balbutiai, vibrant : il faut prier !
Ce qui a saisi le jeune enfant, c’est le fleuve et sa présence formidable : son mouvement et le jeu de la lumière à la surface de ses eaux dans la venue du soir. Présence et pressentiment qu’autre chose se révèle dans ce chant du monde.

C’est peut-être cela qui peut nous sauver : nos retrouvailles avec cette « émotion sacrée »

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12273144658?profile=originalWELCOME HOME est un film lumineux. Sur le motif du désir de tout larguer pour parcourir le monde, Philippe de Pierpont réussit le portrait juste et contrasté d’une jeunesse en mal de référents.

 

Lucas et Bert sont deux jeunes adultes en rupture. Leur environnement n’offre rien de motivant et ils ont la sensation de ne pas cadrer avec la route que l’on trace pour eux. Personne n’est là pour consolider une estime de soi défaillante.

L’énergie du désespoir et l’amitié qui les lie vont attiser une impulsion folle, celle de tout quitter pour faire face au monde, à la liberté.

Mais leur fugue se transforme rapidement en cavale, les événements s’enchaînant avec leur lot de dérapages.

Un apprentissage de la vie en mode accéléré avec des moments d’extase et des revers, un chemin au bout duquel de haltes en étapes, s’ébauche leur véritable naissance.

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Arthur Buyssens (Bert) et Martin Nyssen (Lucas) sont les révélations de ce tandem maladroit. Leur jeu instinctif nous les livre, démunis mais cabrés, tels deux funambules en équilibre instable entre les vicissitudes de la vie. Au plus près d’une caméra qui n’hésite pas à traquer leur moindre frémissement, ils fascinent et attendrissent.

 

Nous avons rencontré Philippe de Pierpont lors de la présentation de son film au BE.Film festival.

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Philippe de Pierpont : Ce n’est pas un film sur l’adolescence. C’est un film sur l’audace. L’audace du choix de la liberté !  …qui est toujours un choix difficile. Il y a des adultes qui n’ont pas d’audace. Il faut du cran pour cela et la liberté se paie toujours très cher. Mais c’est parce qu’ils ont fait ce choix, qu’ils ont pu vivre ce qu’ils ont vécu et prendre conscience de qui ils sont réellement.

 

C’est aussi un film où l’amitié, la solidarité compte autant que l’audace…

 

Philippe de Pierpont : Je les ai voulus un peu comme le petit et le grand frère. Bert à 18 ans, il est en apprentissage et Lucas a 16 ans et est lycéen. On croit à un moment que le plus jeune sauvera l’aîné alors que pas du tout. Les rapports s’inversent constamment. Le film bascule comme un thriller. Il y a un parcours initiatique. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ne font pas ce à quoi on s’attend. Mais c’est parce qu’ils ont choisi la liberté, qu’ils peuvent s’en sortir. Et on constate à la fin qu’ils font des choix très différents.

 

Le fait d’enseigner et d’être en contact des jeunes, est-ce une source d’inspiration ? Le même thème pourrait être traité avec des adultes.

 

Philippe de Pierpont : Bien sûr, il y a des adultes qui n’ont pas d’audace. Et d’autres cinéastes l’ont très bien mis en scène.

Moi-même, j’essaie d’avoir un peu d’audace tous les jours. C’est certain que les jeunes m’inspirent. Quand mes étudiants ont vu le film, ils m’ont dit: « Cela parle de nous. Ce ne sont pas des ados de cinéma, c’est vraiment nous… » J’ai su que je ne m’étais pas trompé.

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Les deux comédiens ont-ils reçu une formation ? Avez-vous eu l’impression de les diriger ?

 

Philippe de Pierpont : Non, pas du tout. Mais ce sont de vrais comédiens. Ils ne sont pas du tout comme ça dans la vie.

Le plus important dans un film, c’est le casting.  Si on se trompe au casting, alors oui, on doit diriger mais sinon pas. Je pense même qu’ils sont les plus professionnels des acteurs de leur génération.

 

Vous venez du genre documentaire… Quel est l’apport du documentaire ?

 

Philippe de Pierpont : Le documentaire a été mon école. Cela m’a donné une aisance à saisir l’instant présent et ce qu’il peut apporter, mais aussi une sensibilité pour capter la lumière.

 

Avez-vous encore des projets de films documentaires ?

 

Philippe de Pierpont : Je travaille sur un documentaire que je tourne au Burundi depuis 25 ans. Nous avons commencé quand les protagonistes avaient 6 ans et depuis, on les suit. Mais eux, ce sont des parias de la société, donc on ne peut pas les sauver…

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Le film est monté comme un thriller. C’est un peu un jeu de pistes où tout peut basculer à tout moment. Quelle a été l’importance du montage ?

 

Philippe de Pierpont : Le film représente trois ans d’écriture et est passé par 17 versions de scénarios. Mais il est vraiment apparu au montage. C’est là qu’on a fait des choix décisifs.

Chez moi, instinctivement, la fin est généralement très sombre mais alors l’audace n’aurait pas été payante… On a beaucoup hésité…

 

Pourquoi ce film à ce moment-ci de votre vie ?

 

Philippe de Pierpont : Avec ce film, j’ai touché à quelque chose d’important pour moi et dont je ne suis qu’au début… J’ai la certitude d’être devant une porte qui s’ouvre. D’ailleurs, le prochain film sera un film sur l’audace.

Mais cela se passera en Afrique et ce sera un thriller…

 
Propos recueillis par Palmina Di Meo

 http://www.dailymotion.com/video/x38tp37

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administrateur théâtres

Allongeant son ombre immense

Sur le monde et sur Paris

Quel est ce spectre aux yeux gris

Qui surgit dans le silence ?

Fantômas, serait-ce toi

Qui te dresses sur les toits?

Robert Desnos

Fantômas

 En ces temps troublés, voir un spectacle troublant : glaçant et désopilant en même temps.  Fantômas: un cocktail explosif de mélodrame et d’action à la limite du burlesque, une feinte apologie du MAL, et un constat cynique des dérives de notre société.   C’est pensé et pesé avec circonspection et vous serez emballés! Le théâtre « C'est de s'intéresser au regard que l'Autre (l'auteur par exemple) porte sur le monde actuel. C'est d'acquérir un autre regard qui finit par servir à la compréhension de ce qui se passe dans le monde... Le théâtre n'est pas une fin en soi, c'est un outil d'éveil. » confie  le très regretté Jules-Henri Marchant, à La Libre Belgique, en 2007. Jules-Henri Marchant qui lui aussi  se mesura au rôle  de Fantômas, le super-vilain français, héros du panthéon littéraire bourgeois, prince des feuilletons dont le fonds de commerce est la peur de la peur qui fait peur.

12273136701?profile=originalPlus rapide que Speedy Gonzales, léger comme une plume - contrairement au sujet traité - , comédien né, adepte de la boxe anglaise, fulgurant, d’une précision imparable, voici avec  Othmane Moumen, du théâtre mobile, frénétique,  hyperactif et athlétique. Son jeu fascine et fait oublier quelque peu le contexte effroyable dans lequel nous sommes plongés depuis le vendredi 13 novembre 2015 et qui, immanquablement colonise notre monde intérieur.

12273137857?profile=originalOn est loin de Bonnie and Clyde… la pièce met en scène un meurtrier démultiplié,  impassible et insaisissable, aux mille visages, le mal absolu cagoulé et peut-être aussi, le mal qui est en chacun de nous. Comme l’affirme  Etty Hillsemum, une jeune Hollandaise d’origine juive qui mourut à Auschwitz, à propos de la barbarie : “La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d'autre solution que de rentrer en soi-même et d'extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n'ayons d'abord corrigé en nous. L'unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs.”

 Fantômas a une fille, Hélène, incarnée avec malice par Héloïse Jadoul. Elle est pétulante, généreuse, amoureuse du journaliste Fandor (finement joué par Damien De Dobbeleer). Elle a son franc-parler et a décidé de régler ses comptes avec son père. Qui a dit qu’il faut tuer le père?  Qui a dit qu’il faut tuer la peur?  Peut-être les deux d’un coup!  Les coups pleuvent, les coups de théâtre se succèdent, les toits de Paris vibrent, les figures d’Arsène Lupin et de James Bond se mélangent dans l’imaginaire aux abois. Le mal deviendrait-il sympathique? Oh que non, On ne joue pas à  Robin des Bois, c’est le cynisme, la cruauté, le barbarisme qui inondent la scène, tout comme la psychose d’insécurité. Le  ferment délétère est visé : le rêve de pouvoir absolu, en passant par le rêve de la manipulation génétique.

12273139066?profile=originalLes apaches, incarnation médiatique des classes dangereuses, galeux comparses de Fantômas sont issus de la pègre parisienne du début du 20e siècle et sont proprement immondes. On est à deux doigts de la première guerre mondiale. Il y a notamment  ce rôle  terrifiant  de La Toulouche,  une  fée Carabosse épouvantable, très louche « Vieillarde aux yeux dégoûtants », receleuse associée à la bande  de Fantômas qui  se rend  coupable de méfaits grand-guignolesques jusqu’à se nourrir de chair humaine! Ah le merveilleux moderne ! Le monde des médias, quant à lui, est lestement stigmatisé par  Didier Colfs qui interprète, Borglum,  le cupide chef de rédaction! Et cela fait grand bien de pouvoir rire! Muriel Clarembourg contribue également à l’hilarité générée par le rôle burlesque de Lady Beltham. Bouzille, poivrot emphatique exerçant mille petits métiers, en fait ma foi, un  peu trop... (Thierry Janssen, par ailleurs l'adaptateur génial de  cette version 2015). La mise-en scène frénétique est signée Jasmina Douieb.

12273139466?profile=original12273137700?profile=originalDans le décor, vous verrez en contrepoint,  le  très élégant et sympathique redresseur de torts: l’inspecteur Juve (Jean-Marc Delhausse), de la Sûreté de Paris, ennemi acharné, voire obsessionnel, de Fantômas qui a voué sa vie  à la capture ou à la destruction du monstre. Mais peut-il être détruit? 

12273139491?profile=original http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/31.html

crédit photos : @ Isabelle  De Beir

Se joue jusqu'au 31 décembre 2015

 

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administrateur théâtres

 « C’est la tendresse qui vous rend vulnérable, qui vous rend ouvert, qui vous rend sensible au mystère qui vous entoure ». Et ainsi, on ne passe pas à côté de la vie. Parfois aussi grâce au cinéma, ou à la musique, ou les deux! Voici des paroles et des musiques qui font rire, réfléchir, se projeter, s’apaiser, s’enchanter ! Esprit, es-tu là ? Ce nouveau spectacle mis en cœur par Laurence Briand ne peut décevoir. La dissertation très vivante vaut le détour!

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L’expérience ludique intelligente  est au rendez-vous, en tous cas. On reconnaît tout de suite   une écriture  trempée dans la sensibilité et l'humour,  doublée d' une présence scénique toujours chaleureuse qui galvanise ses deux aimables complices. Une réalisation dans la lignée du non moins pétillant spectacle : « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », bien que dans un registre totalement différent,  hormis le climat poétique qui en découle. Travail de fourmi ou de cigale ?  Ce cocktail de  rigueur et de liberté a été créé à la Clarencière en décembre dernier devant une salle comble : what else? Vous voulez une définition charmante du cinéma ?  Pour Cocteau, le cinéma,  "c’est l’écriture moderne dont l’encre est la lumière."

Le public frémit de plaisir devant ce rassemblement de pépites. Alice est au pays du cinéma. Le texte est sculpté, vivant, imagé, créatif. La mise en voix sonne juste. Les chansons et musiques de film soulèvent des tourbillons d’émotion  pour certains, un fleuve de nostalgie pour d’autres. Une suite palpitante de rêves, de souvenirs, de connotations, menée tambour battant. C’est tonique, bien composé et bien rythmé. Tantôt, peinture de lumières dramatiques ou tendres, tantôt gratitude pour tout ce que le siècle cinématographique a apporté à notre culture. A l’objectif, le trio fougueux des artistes : Laurence Briand, Yvann Drion et Marie-Gaëlle Janssens, pour célébrer les merveilles du rêve, du bonheur, des émois amoureux, des premiers baisers et des longs sanglots. Le sablier égraine les monstres sacrés du vingtième siècle. Marilyn, Romy, Montand, Signoret, Reggiani, Gabin, Arletti, Pagnol, Sautet, Lelouch, Truffaut, Rohmer, Chabrol, Godard, Varda, sont conviés à un festival de phares dans l’océan cinématographique de notre jeunesse. La pluie bienfaisante des citations va droit au cœur.
Chaplin disait « Quand intelligence et sensibilité sont en parfait équilibre, on a de merveilleux acteurs ». A l’écran et sur les planches. Jetez-vous sur ce bateau ivre de lumières et de jolies voix.

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administrateur littératures

Arts et Lettres: Alleluia!

"L'alchimiste de Coehlo, une lecture que je recommande vivement! Il y a tant de richesse dans cette oeuvre que j'en suis toute chose! Quel bouquin! J'en tremble encore quelque peu, je ne sais pourquoi..."

"Ah ces deux groupes! Abba et Queen! Je suis en transe dès que je les écoute mais ce sont de bonnes ondes! Le pied!"

"Stéphanie dans La Jeune Fille et La Mort de Dorfman est magnifique, magistrale! Un jeu remarquable pour un texte qui l'est tout autant! J'irai la revoir sur scène, elle me transporte!"

"Ce Picasso, il me touche, m'interroge, tandis que ce Mangano, il m'émeut par ses couleurs vives, ses oiseaux, par la joie et la simplicité qui s'en dégage..."

"L'allegro final de la cinquième de Beethoven, c'est de la foi, de l'optimisme malgré la douleur, de la combativité. Chaque fois que je l'écoute, c'est pareil: je me sens...il n'y a pas de mots!"

Du rêve, de la réflexion, des élans d'une grande spontanéité accompagnés de sensations peu communes, des bienfaits étonnants, du bien-être, de la jouissance, un état second proche de l'ivresse, les Arts et les Lettres ne laissent point de marbre les fibres que nous possédons et avons acquises souvent à notre insu, la génétique aidant, déclenchant chez nous sourires, rires, larmes même! Des émotions positives bénéfiques et libératrices également ressenties par le créateur lui-même, écrivain ou artiste de tout poil, plongé dans la naissance de son oeuvre. Normal? Humain: nous avons tous un coeur, une âme, une sensibilité. Comme une part de divin en nous.

La création, artistique ou littéraire, ne peut que nous mener au rêve, à l'exaltation, toutes émotions confondues, à même davantage le saviez-vous? Elle nous permet de découvrir nos propres vibrations, nos propres affinités  avec le monde qui nous entoure; elle nous réveille, révélant au grand jour ce qui fait notre être, notre personnalité. Un être, un talent. Un être, une révélation par delà nos différences (religions, races, cultures,...), les Arts et Lettres nous élevant par cette prise de conscience que l'être l'humain est capable de bien belles réalisations (cathédrales, Chapelle Sixtine,...). Du meilleur! La littérature, par les salons, foires du livre et la lecture publique notamment, la musique classique et autre, par les concerts et le disque, la peinture, le dessin et la sculpture, par les expositions et les musées, le théâtre et le cinéma par l'intermédiaire des scènes et salles de projections, nous mènent - ô plaisirs! - au dialogue, aux échanges, aux partages, à la réflexion, à la création de mouvements, de groupes, effet boule de neige garanti, l'engouement manifeste, certains artistes devenant de véritables légendes, des mythes.

Les Arts et Lettres bienfait pour l'humanité? Posons-nous plutôt la question; un monde sans Arts ni Lettres serait-il viable? Survivrait-il? Un monde sans aucune créativité, est-ce concevable? Il existe des régimes où la censure est telle qu'aucun talent ne peut émerger ni vivre au grand jour sans se faire "décapiter"  d'une manière ou d'une autre au nom d'un système de nature répressive à l'esprit étroit. Comment dans ce cas s'élever? Elever cette nation? Les Arts et les Lettres font un peuple, sa culture, son Histoire, deviennent patrimoine matériel, même immatériel parfois. La réponse est donc on ne peut plus évidente: aucun talent ne devrait être étouffé dans l'oeuf; il devrait pouvoir éclore en toute sérénité, pouvoir se révéler afin de nous transporter, de nous éblouir d'une part, de nous détendre et de nous déstresser, d'autre part, de la vie, ses contraintes et sa routine qui nous empêchent de nous sentir bien, en harmonie avec notre entourage, Arts et Lettres devenant ici détente, loisir, soupape, libération...

Libération? En nous délivrant de la plupart de nos maux par une sorte de purge nous permettant  d'extraire de notre intérieur ce qui nous retient, nous étouffe, nous empêchant de vivre réellement. Ne voit-on point régulièrement des artistes plus équilibrés et plus heureux que des économistes? Des écrivains, même s'ils vendent peu, plus épanouis que des hommes d'affaires fixés sur leurs chiffres? Il y a tant d'insatisfaits, d'inquiets, de nerveux, de stressés; gageons que sans Arts ni Lettres, il y aurait encore davantage sur notre terre de malades et de pathologies recensées. Il est donc heureux que nous ayons des yeux pour voir, des oreilles pour écouter, des mains pour créer...notamment!

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« La splendeur grave et splendide des anges musiciens

de Melozzo da Forli. »,

Robert Sabatier (La mort du figuier)

Nous avons tous, ou presque, découvert Melozzo da Forli sur Arts et Lettres, grâce aux deux superbes vidéos réalisées par Robert Paul.

https://artsrtlettres.ning.com/video/la-part-des-anges-part-two-les-anges-musiciens-de-melozzo-da-forl

Pourtant Melozzo reste une énigme, un voyageur incognito du Quattrocento.
Aussi, puisque l’heure est aux réjouissances et aux vœux, qu’il me soit permis de vous présenter à cette occasion Melozzo da Forli (Melozzo degli Ambrogi, dit ; 1438-1494), ce peintre italien né à Forli en Emilie-Romagne. Ses « Anges musiciens » seront nos aimables hôtes.

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Au printemps les anges volent
Comme de jolis papiers
En laissant leurs auréoles
Tomber à leurs pieds.
Les anges.

Claude Nougaro

Pourquoi ce choix ? Outre le sujet qui se prête particulièrement bien à la célébration de Noël, j’ai trouvé que ce peintre, bien oublié, d’une grande délicatesse et surtout d’une grande modernité, valait bien d’être lui aussi honoré.
C’est aussi un hommage au créateur de notre réseau, véritable passeur, qui appréciera, je crois, que son travail soit ainsi relayé.
Car Melozzo demeure malgré tout un quasi inconnu. D’ailleurs « La cité idéale » aux divines proportions, celle que l’on voudrait bien advenir sur terre, de Piero della Francesca, qui pose les bases de la peinture moderne, pourrait bien lui être définitivement attribuée. Mais fi d’arguties, point d’analyse stylistique comparative ici, retournons à nos putti.
« Les anges musiciens », de cette œuvre peinte à fresque qui décorait l’abside de l’église des saints Apôtres à Rome, ne subsistent que 14 fragments. Exécutée vers 1480, elle fut détruite en 1711. Mais quels fragments !
Tout est aérien, tout est joie, intériorité, lumière. Le trait est assuré et fin, la perspective sublime, le mouvement palpable. Quand la distribution dans l’espace et la lumière laissent le spectateur hors du temps.

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« La musique met l’âme en harmonie avec tout ce qui existe. »,

Oscar Wilde

Si nous admirons, à juste titre, ses illustres contemporains, Fra Angelico, Mantegna, Raphaël, Botticelli, Pérugin, della Francesca… pourquoi Melozzo est-il si négligé ?
C’est que de Melozzo il ne subsiste sinon rien, du moins son travail, tronqué ou détruit, a vraiment subi les outrages du temps. Ainsi, outre ces fragments aujourd’hui présentés, son ultime chef-d’œuvre, son couronnement, les fresques de la chapelle Feo de San Biaggo furent anéanties en 1944 lors d’un bombardement. Il avait atteint là la perfection dans le rendu de la perspective albertienne jusqu’à atteindre l’illusion, faisant de lui un maître du trompe-l’œil qui réussit même, par sa composition, à faire mentir Cioran, « La musique est une illusion qui rachète toutes les autres. »

Subséquemment, de Melozzo, nous nous ferons l'apôtre.

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Il a osé des contre-plongées renversantes, des angles de prise de vue inédites à l’effet cinétique saisissant.

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« Il n’y a pas de différence entre amour et musique :
l’écoute d’une émotion authentique égare absolument. »,

Pascal Quignard (Vie secrète)

Sa formation initiale, il la doit certainement à son concitoyen Ansuino da Forli, proche par ailleurs de Fra Filippo Lippi, avec qui il collaborera.
S’il fut influencé par Andrea Mantegna (1431-1506) ou Piero della Francesca (1410-1492), dont on dit parfois qu’il aussi fut l’élève, il influença à son tour Raphaël ou Michel-Ange, ce qui, avouons, n’est pas rien !


Outre ces Amours, que reste-t-il ? Un tableau (fresque transposée sur toile) représentant « Le pape Sixte IV nommant Bartolomeo Sacchi, dit Platina, conservateur à la bibliothèque vaticane », conservé à la pinacothèque du Vatican, un « Christ bénissant » au palais du Quirinal, « Notre-Dame de l’Annonciation » et « L’Ange de l’Annonciation » aux Offices, la décoration de la basilique de la Sainte Maison de Loreto… Ou le curieux « Pileur de poivre » à la pinacothèque de Forli, qui fut probablement… l’enseigne* d’un apothicaire !
Cheveux au vent…

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Pourtant Melozzo, en son temps, n’est pas un inconnu, loin de là. Il a bénéficié de la faveur du pape Sixte IV (1414-1484), grand protecteur des Arts et des Lettres, qui sous son pontificat, de 1474 à 1484, embellit considérablement Rome. On pense à la chapelle Sixtine, bien sûr, ou à la création du musée du Capitole, premier musée public au monde, où on peut voir, entre autres, la fameuse Louve du Capitole, le symbole même de Rome. Un grand mécène donc, et politique retors, comme le fut son successeur Jules II (1443-1513), son neveu, qui fut pape de 1503 à 1513.
Fêtons donc cet homme de l’école ombrienne, cessons un instant de tourner autour du nombril de Vénus afin qu’il soit du nombre des convives, que la joie vienne et que Forli sorte de l’ombre de Vinci !
Je souhaite à tous de bonnes fêtes placées sous les souriants auspices des anges musiciens et une année 2016 heureuse et riche de créativité. Et continuons de faire d’Arts et Lettres un creuset culturel, un vecteur d’interactivité, un espace de liberté.


« La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent. »,

Pablo Casals

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Alors, alors
Nous devenons tous des anges
On se réveille à midi
Dans la superbe orange
Du soleil qui luit
Quand le bon Dieu nous sourit
C’est la vie, c’est la vie.

Claude Nougaro

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Luth en main, chantons donc leurs louanges.

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Au doux son de cette seconde vidéo de M. Robert Paul où chaque scène peut être visionnée putto à putto.

https://artsrtlettres.ning.com/video/la-part-des-anges-part-one-filippino-lippi

Mezzo voce, Melozzo piano, les anges…

https://artsrtlettres.ning.com/video/giacomo-fogliano-l-amor-dona-ch-io-te-porto-1

A vous tous artistes, peintres, musiciens, poètes... qui faites reculer les murs de la barbarie.

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* A telle enseigne que c'est la plus ancienne enseigne, c'est insigne.

Michel Lansardière (texte et photos)

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RESPIRATION...

Dire aujourd'hui que j'ai gardé la foi dans l'homme...

Je voudrais, ce serait plus simple en somme!

Hélas, sur tant de dégâts le regard se pose...

Alors, tant le cœur que l'esprit vacillent, moroses!

Guerre, trahison, désamour, et en sus, bêtise!

Cette malédiction, faudrait qu'on avalise?

C'est trop demander à un regard conscient

C'est comme donner raison à l'éternel tourment!

Pourtant au fond du coeur, indemne de tout naufrage...

L'espoir nous met encore la tête dans les nuages!

Alors, la foi en soi, comme ultime recours?

Et cette force en nous, celle que nous donne l'amour!

J.G.

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PLEINE LUNE EN MER

une aquarelle

d'Adyne Gohy

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a été inspirée

par

HAÏKUS DE LA LUNE

de

Raymond Martin

 

La lune pourpre

Pour la visualiser

Via ma lentille

 

Peine à rire

Le troupeau va en lenteur

Le trèfle frémit

 

Vase  bleu  joufflu

Aux allures de bonze

La pivoine dort

 

Horizon marin

Vagues  déferlantes

Impressions salées

 

A l’assaut du pic

Roches escarpées moussues

Rode marmotte

 

A l’ombre  fraîche

Raton laveur  effrayé

Pipistrelle dort

 

Calvaire trois croix

Sur le mont du Golgotha

Absence de foi

 

Roitelet  chante

Roitelet tremblant

Vent sur la cime

 

Ile noire  ile de Ré

Molène  Aix  Ouessant

Pas deux  Saint-Michel

 

Curieuse voûte

Parsemée de lucioles

Vermisseaux repus

 

Raymond  Martin

Décembre 2015

Un partenariat d'

Arts 

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Du 20 – 05 au 07 – 06 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, Bruxelles 1050) vous propose une exposition consacrée au peintre et sculptrice Suisse CLAUDINE GRISEL, intitulée LE TEMPS DE LA LUMIERE.

Ce qui, avec CLAUDINE GRISEL, laisse le visiteur émerveillé, c’est l’évanescence perceptible du trait, à peine matérialisé sur la toile. Et cette matérialisation prend forme dans un univers de brume, créé expressément par la dimension diaphane issue du chromatisme, réalisé à partir de couleurs, à la fois blafardes et rehaussées d’une lumière aveuglante (telles que je jaune et le blanc – traités en dégradés), à la limite de l’aquarelle ou du pastel. Les poses adoptées par les personnages participent de la sculpture. Et ce n’est pas étonnant car l’artiste est également sculptrice. Les poses que l’on retrouve sur la toile sont issues d’un académisme classique. Cela se constate dans le rendu des nus féminins : (ELLE PARAIT – 126 x 85 cm – huile sur toile)

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station droite, laissant passer une ligne médiane imaginaire, du front vers le bas du torse, par-delà les jambes. Celle de gauche est discrètement avancée par rapport à l’autre. Cette conception se retrouve exprimée dans le rendu des « korai » grecques (première étape du nu féminin, à l’époque de la Grèce Archaïque, qui trouve son origine dans les bas-reliefs égyptiens de l’Ancien Empire). ELLE PARAIT, apporte, néanmoins, un détail « contemporain » dans la position des bras placés derrière le dos.  

Il en va de même avec EN DEVENIR D’ANGE (126 x 85 cm – huile sur toile),

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où la posture de la « Niké » (la Victoire) grecque se profile, perdue dans une brume intemporelle. La figure de l’Ange se confond avec celle de l’image classique de la Victoire, et ce n’est pas aller trop loin que de les associer, car l’Ange, de par son corps ailé et ses jambes décalées (l’une par rapport à l’autre), descend précisément de celle de l’Ange. Cette image « en devenir » nous parle d’une une mise au Monde en phase d’accomplissement.

Le chromatisme adopté par l’artiste est d’une telle délicatesse que l’on ne résiste pas à le qualifier de « sfumato » (dans le sens où les couleurs naissent et se perdent, translucides, dans un magma à la fois lisse et brumeux), tellement cet écran de couleurs empêche le visiteur de comprendre qui, du sujet et de l’arrière-plan, se distingue en premier.

En principe, l’arrière-plan est fait pour « projeter » le sujet vers le regard du visiteur. Ici, tout est « caché » dans une apparence en attente d’être révélée.

Mais pour mieux souligner la matérialité (en devenir) des ailes de l’Ange, l’artiste n’hésite pas à les travailler au couteau pour mieux en révéler la consistance.

Les personnages, dans le bas de ELLE PARAIT, errent tels des fantômes, formant un socle au-dessus duquel s’élève le personnage féminin, dans sa réalité immatérielle.  

Il est à noter que les sujets de plusieurs toiles de l’artiste, s’élèvent à partir d’une hauteur presque olympienne, faisant office de « socle », dans un état intermédiaire entre le chtonien et l’ouranien, soit entre l’humain et le divin.

Une dimension hautement mythologique se dégage de l’œuvre de CLAUDINE GRISEL. Il s’agit d’une communion entre une mythologie, à la fois classique et personnelle. Classique, parce qu’au moment où elle fréquentait l’académie, elle a beaucoup copié les classiques. Personnelle, parce que, obéissant à ses émotions, elle a voulu les projeter, dans un langage propre, nourri de culture humaniste, sur la toile. En dernière analyse, les héros, dieux et demi-dieux, sont ses propres émotions. Et c’est en cela que son œuvre crée à elle seule, une mythologie dans son essence. Une mythologie dont elle est le panthéon.

Nous avons spécifié plus haut que l’artiste est également sculptrice.

Une constante unit l’œuvre sculptée à certains aspects de son œuvre peinte, à savoir la stylisation de quelques uns de ses personnages dans leur rendu physique. Là aussi, la dimension mythologique apparaît dans la recherche de l’humain, en adoptant une stylisation qui rappelle la figure humaine des origines. L’on songe aussi à Giacometti. Mais à un Giacometti qui aurait dénié le mouvement à ses sculptures, les laissant clouées au sol. Dans le cas de LA CHEVAUCHEE 2/7 (105 x 20 x 88 cm),

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une dynamique se dégage de la ligne, réalisant un véritable « découpage » de la forme scandée sur plusieurs temps, à l’instar d’une action filmique. Cette façon de scander le mouvement n’est pas nouvelle. On la retrouve (diversement exprimée) dans les frises grecque et romaine : succession saccadée du mouvement vers la finalité de l’action. Cette œuvre, laquelle est, en fait, une commande du Musée de Neuchâtel, est la modernisation d’une sculpture d’Ernest Meissonier, réalisée en 1850. Il s’agit d’une chevauchée : celle de Napoléon fuyant l’adversité. Il convient de mettre en parallèle, dans un rapport stylistique, ses silhouettes filiformes avec celles  de SAUVEUR IV (65 x 85 cm – gravure rehaussée).

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Ces personnages sont affairés, telles des fourmis, à grimper le long d’un socle (encore un….), pour aboutir à la figure humaine, conçue dans la statue.

Mais ici, la figure humaine a quelque chose d’inaccessible car elle repose, statufiée, sur ce sempiternel « socle ».

Il est intéressant de noter que la présence de ce socle étonne énormément l’artiste lorsqu’on la lui fait remarquer. Précisons qu’elle a l’habitude de travailler très vite et qu’elle se laisse prendre souvent à son propre univers, en étant obligée de « déchiffrer » (comme elle le dit) ce qu’elle a peint pour en découvrir la clé. Néanmoins, ce « socle » n’est pas le fruit du hasard. Il est le piédestal sur lequel la psyché de l’artiste prend son élan dans son voyage entre terre et firmament.

Si maître-mot, concernant son œuvre, il y a, cela ne peut être qu’énergie. Plus exactement, interaction entre l’énergie donnée par le cosmos et celui qui la reçoit. Il s’agit, in fine, d’une mystique se déclinant dans un langage mythologique plastique. Ce langage plastique trouve son expression dans la lumière, en tant qu’état de grâce. Si l’arrière-plan vibre dans un chromatisme rendant trouble la perception du sujet, c’est que par la lumière qu’il émane, il exprime l’indicible. A l’intérieur de cet univers indicible, la forme acquiert un langage mythologique, à la charnière entre classicisme et discours contemporain. Un trait oscillant entre ces deux langages est celui du traitement des mains que l’artiste apporte aux personnages. Observez attentivement, que ce soit dans VERS LA VILLE (86 x 125 cm – huile sur toile)

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ou dans LA CONVERSATION (80 x 86 cm – acrylique sur toile),

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la morphologie des doigts terminant les mains. Sont-ce encore des « doigts » au sens anatomique du terme ? Cette façon de les concevoir « filants », exprime tout à la fois, l’idée de réceptacle et de diffusion de l’énergie cosmique. L’Homme est, simultanément, un récepteur et un passeur d’énergie. Ces mains « filantes » donnent et boivent le flux divin dont la pensée humaine est nourrie.

Chez CLAUDINE GRISEL, le corps est pris dans son immatérialité cosmique. Malgré cela, il est régi par les règles classiques de la sculpture antique, à l’instar de ce jeu délicieux des jambes légèrement pliées, souligné par une courbe à la couleur noire, accentuant la dynamique du trait (EN DEVENIR D’ANGE).

A l’inverse, le visage n’est qu’amorcé (sauf, peut-être, pour le personnage de droite de LA CONVERSATION, conçu de façon plus précise). Il est une constante chez l’artiste de « parsemer » l’espace de personnages fantasmagoriques, traités comme des ombres, où leur présence prend racine dans le bas de la toile pour se diluer vers le haut (vers la lumière). Ils sont généralement d’une présence extrêmement discrète que l’œil ne déchiffre que très tardivement lors de son parcours.

CLAUDINE GRISEL, qui possède une formation à la fois sérieuse et poussée (elle a, notamment, fréquenté l’Ecole d’Arts visuels de Bienne ainsi que l’Académie Maximilien de Meuron de Neuchâtel et le Centre de Gravure contemporaine de Genève), après avoir laissé sécher les premiers jets sur la toile, la reprend pour la retravailler, une fois que tout est parfaitement sec. Elle utilise une  technique mixte, axée sur l’huile, la térébenthine, l’acrylique et le papier de verre.

Son univers est celui du mythe dont elle est le sensible démiurge. Elle le travaille et le transforme au gré de sa sensibilité. Par la lumière transcendée, elle porte le temps du rêve à notre regard.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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François Speranza et Claudine Grisel: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(20 mai 2015  -  Photo Robert Paul)

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Claudine Grisel - Vue d'ensemble (photo Espace Art Gallery).  

Expositions personnelles:
Cloître et caveau , St Ursanne JU 2013
Temple de Grandson VD 2013
Hôtel DuPeyrou NE 2014

   

                            

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Douze dialogues de bêtes

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Il s’agit d’un recueil de brefs textes en prose de Sidonie-Gabrielle Colette, dite Colette (1873-1954), publié à Paris au Mercure de France en 1930. Le même éditeur avait auparavant publié deux versions moins fournies de l'ouvrage: Dialogues de bêtes en 1904, et Sept Dialogues de bêtes en 1905. Les textes avaient tout d'abord paru en revue.

 

Dans Mes apprentissages, Colette évoque en ces termes la genèse des Dialogues de bêtes: «Je m'éveillais vaguement à un devoir envers moi-même, celui d'écrire autre chose que les Claudine. Et, goutte à goutte, j'exsudais les Dialogues de bêtes, où je me donnais le plaisir, non point vif, mais honorable, de ne pas parler de l'amour.» La Paix chez les bêtes (1916), nouvel ouvrage consacré, mais cette fois sous une forme non dialoguée, à la vie des animaux familiers, renouera peu après avec la même inspiration. En 1949, pour ses Oeuvres complètes (Flammarion), Colette rassemble, sous le titre Autres Bêtes, diverses pièces publiées entre 1929 et 1944.

Les deux protagonistes principaux des Dialogues de bêtes sont Toby-chien et le chat Kiki-la-doucette. Doués de parole, ils commentent, à travers l'évocation de scènes de la vie quotidienne, l'attitude de leurs maîtres, Elle et Lui.

Compagnes favorites de Colette, les bêtes sont souvent présentes dans son oeuvre. Les Douze Dialogues de bêtes et la Paix chez les bêtes en font les protagonistes principales d'un univers entièrement perçu et jugé à travers elles. Ce regard animal, qui met soudain la réalité en perspective et manifeste le caractère relatif de notre point de vue, est une sorte de posture philosophique de l'altérité. En outre, grâce à leur innocence et à la finesse de leur perception, les bêtes apparaissent comme porteuses d'une sagesse universelle. Elles sont, pour Colette, les ambassadrices d'un «paradis terrestre» plus fort que la barbarie humaine des temps de guerre: «J'ai rassemblé des bêtes dans ce livre, comme dans un enclos où je veux qu'"il n'y ait pas la guerre"», explique l'auteur dans l'Avertissement de la Paix chez les bêtes.

Ce sont toutefois le pittoresque et l'humour qui l'emportent dans ces bestiaires. Observatrice attentive et aimante des bêtes, Colette sait repérer telle posture caractéristique, telle habitude singulière. La polémique favorite des deux protagonistes sur les mérites comparés du chien et du chat comme les diverses situations anecdotiques évoquées confèrent à l'oeuvre une atmosphère de comédie légère. L'originalité du recueil réside dans cet art du trait vrai, du détail habilement croqué, teintés d'un humour à la fois badin et critique.

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Et La Lumière fut

une aquarelle d'Adyne Gohy

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a été inspirée

par

Philosophie à 10 centimes

un poème de Raymond Martin

Que le temps se rassure, je prends  le mien

Et  laisse  la part  de temps qui lui revient.

Prendre du temps à l’espace cela crée un vide,

L’observation des trous noirs n’est point stupide

 

Curieuse géométrie quand on parle de la terre

Qui est une sphère non finie, et aplatie aux pôles.

Alors que l’on se promène aux quatre coins de celle-ci !

Et qu’au Vatican sont étudiés les quatre points cardinaux.

 

Comment peut-on tourner d’une autre façon

Que celle de tourner en rond ?

Ce n’est pas la terre qui ne tourne pas  rond

Mais ce sont plutôt  ses habitants.

 

Le temps n’existe qu’en pensée humaine

Qui veut tout mesurer, tout analyser, tout quantifier.

Le temps part de zéro selon notre  entendement !

Mais avant le zéro ? Le zéro moins quelque chose ?

 

Le temps était-il existant avant toute existence ?

Y a-t-il un temps  dans l’infini ? Si, il  y a un infini

Il n’y a pas de temps, pas d’Alpha pas d’Oméga

Donc pas de mesure du temps donc, pas de zéro.

 

Mais comme le temps se mesure  il y a un infini fini

Donc mesuré  en points Alpha et Oméga ! Relativement.

Si l’infini  est sans limite, sans  points de repères alors,

Ne parlons pas d’Alpha ni d’Oméga pour cet  espace inquantifiable !

 

Cet espace est absolu ! Absolu fini ou absolu infini ?

Quelle que soit sa nature, cet absolu  régit-il l’univers ?

Est-il substance régissant l’univers à l’infini ?

Est-il  Alpha et Oméga pour tous les Eons des temps ???

        

      La substance  est-elle la substance  existant avant l’existence ?

        L’humain est-il une part de cette substance ?

          Cette part est- elle faillible ? 

          Certes, puisqu’elle  ne tourne pas rond !!

 

           Fiat Lux et fuit Lux !  Que la monade soit !!

 

                                     

Un partenariat d'

Arts 

12272797098?profile=originalLettres

 

                                

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