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administrateur théâtres

12273105475?profile=original Costumes en quête de comédiens

« Il se fait beaucoup de grandes actions dans les petites luttes. »  a dit Victor Hugo dans les Misérables, il y a deux cents ans. Le pitch de la nouvelle création de la Cie Lazzi, une co-écriture de Pascale Vander Zypen et d’ Évelyne Rambeaux est le suivant :  « Cette histoire, c’est la nôtre. Au début de la pièce, tous nos costumes sont là, sur des portants, ils discutent entre eux, avant d’être vendus pour renflouer les caisses de la compagnie. Puis, les comédiens arrivent et les scènes vont se succéder un peu par accident. Au moment de ranger un costume, on se lance dans une réplique, on se laisse aller au plaisir du métier qui revient, même si c’est aussi douloureux parfois. C’est comme si, au moment de se séparer de nos costumes, le théâtre prenait le dessus. »

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Cette dernière création fracassante  de la Cie Lazzi est née dans le cadre prestigieux du château de Modave,  un château qui n’a rien de celui du capitaine Fracasse sauf à abriter chaque été, des comédiens chevronnés, rivés dans le plaisir que leur donne leur métier. Un métier taillé pour eux ! Hélas, les voici  cette année expulsés de la grande salle  où ils avaient l’habitude de se produire, et pour des raisons d’économie du château, les voici relégués dans la salle Louis XIV, «sans possibilité de décor ni d’éclairages.»  Qu’importe! «Taillés pour jouer» dégage une énergie folle, un amour de la vie et  une liberté extraordinaire, celle qu’offre le théâtre par-dessus tout, comme instrument de résistance.   Entre les interstices de cette galerie de textes choisis,  s’exprime toute l’ambiguïté de la situation des intermittents du spectacle, à la fois  puissants créateurs et diffuseurs de culture et impuissantes victimes d’un monde économique sans pitié qui vogue de crise en crise taillant à qui mieux mieux dans la Culture. Une réalité qui est décrite dans  cette Revue d’un genre particulier avec humour, courage et grand bonheur.  Marc De Roy, Christian Dalimier,  Pascale Vander Zypen, Évelyne Rambeaux, ces artistes généreux sont nés sur les planches et sont bien  décidés à y mourir, le verbe à la main, gavroches authentiques, rêveurs impénitents, nouveaux  misérables rêvant leur vie et leur mort heureuses: « Il y a ceux qui veulent mourir sous la pluie, d’autres qui veulent mourir au soleil, moi, je veux mourir sur scène» chante le quatuor solidaire à la fin du spectacle.  Ainsi fit Molière, sans le vouloir.

12273105694?profile=originalMarc De Roy, Christian Dalimier,  Pascale Vander Zypen, Évelyne Rambeaux, artistes fragiles et forts jouent leur vraie vie, une dernière fois avant que l’huissier ne leur enlève leurs dernières malles, leurs derniers décors, et ne  leur coupe leur dernière réplique.  Torturés par la vie, ils  renaissent au parfum des costumes, comme fleurs dans le désert sous une ondée providentielle et nous livrent alors un dernier feu d’artifice verbal éblouissant et émouvant. Ils ressuscitent leurs personnages favoris : la famille Jourdain du Bourgeois Gentilhomme, Alceste Oronte et Philinthe du Misanthrope, Ruy Blas de Victor Hugo, Les précieuses  coquettes de Goldoni, les cocottes de Courteline, les chapeaux melons de Vladimir et Estragon, L’exquise Agnès de L’école des femmes, le mariage de Figaro.

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12273106078?profile=originalOn en a plein la vue, les oreilles et le cœur, ainsi plongés dans le brasier théâtral. Une merveilleuse ultime épreuve du feu, jouée avec violence émotionnelle volcanique. Ils sont bouleversants de vérité  dans  ces interprétations pathétiques du  florilège dramatique qui a fait leur vie tandis que, ça et là, flottent des petites phrases assassines ou désabusées disant en filigrane tout le  mal-être  et les blessures de  leur vie. C’est au tour du spectateur d’avoir le souffle coupé. Les artistes sont lâchés, les artistes se lâchent, la liberté de parole est reine, le flot verbal est capiteux, la galerie de texte est inoubliable et encore plus poignante est leur fureur de vivre, malgré le désastre signé Virginia Woolf.   

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   http://www.rtc.be/reportages/culture/1467300-theatre-au-chateau-de-modave-aquottailles-pour-joueraquot-de-la-cie-lazzi

Interprétation : Evelyne Rambeaux, Pascale Vander Zypen, Christian Dalimier et Marc de Roy
Regard extérieur : Cédric Juliens

Spectacle joué en décors naturels à l'intérieur du Château de Modave, rue du Parc, 4, 4577 Modave 
Le château et ses jardins se visitent avant la représentation sur présentation du ticket d'entrée au spectacle.

Réservations : 085/41.13.69.

Une représentation supplémentaire est prévue ce samedi 25 juillet à 16h. Réservations indispensables au  085/41.13.69.

Tous les détails sur le site du Château de Modave (Huy), accessible via le lien : http://www.modave-castle.be/agenda

 

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12273104476?profile=original12273104500?profile=original12273105671?profile=originalWAM! Magnifique sujet ! Brassens* ou Brel en aurait fait une chanson bien sympathique, Raymond Devos, en aurait fait un délire scénique, Raymond Queneau un exercice de style facétieux, Thomas Günzig un café serré palpitant.

L’idée est excellente : saisir sur le vif cinq quidam en proie au désir foudroyant  d’être ou de devenir premier.

Premier en math ? Premier né? Premier de cordée ? (Personne ne connait plus…) Jeune premier ? (Cela se fait encore?) Premier baiser? … On verra beaucoup plus torride, et pas toujours du meilleur  goût!

“Be the first to post on this Page”, lit-on souvent! On écrira donc!

Premier oui! Etre le Premier dans le rang, comme à l’école, en première  primaire, ils se bousculent pour être devant la ligne tracée au sol. On n’est nulle part, il n’y a pas de décor.  Laura Noel, Maud Bauwens, Robin Van Dyck, Camille Pistons, Abel Tesch et Gabriel Aimaer interprètent des quidams stéréotypés à outrance qui enragent ferme devant  cette ligne blanche marquant la tête d’une queue devant Rien. Le nom de la troupe c'est d’ailleurs « le théâtre Jean Rage ». (Rires).  Il ne se passera rien d’autre. Cela crie, se renverse, se pousse, gesticule, copule à qui mieux mieux. Les artistes très dynamiques endossent avec férocité la tricherie, la manipulation, la séduction mais le choix de la mise en scène ne nous semble pas très convaincante, car  l’exagération délibérée finit par nuire ou agacer.

Le maillon faible, ce n’est donc pas tant les jeunes comédiens  à qui on a demandé de surjouer,  mais le metteur en scène qui a trop donné dans la caricature et pas assez dans la justesse de ton.

Au contraire, s’il avait choisi  l’ironique «  understatement », à la manière de Beckett, ou les silences de Pinter, le texte d’Israël Horovitz n’aurait pas été si dilapidé! Et les folles stratégies des « gagnants » auraient été mieux mises en évidence. Victime du chaos et de la sauvagerie ambiante, Benoît Pauwels a sans doute perdu son cordeau, fasciné par la ligne blanche qu’il a installée pour  conduire le spectateur du bar à la salle du troisième et qu’il doit finir par faire avaler à l’un des quidams!  Sacré défi! L’oiseau rare qu’est cette pièce  culte d’Israël Horowitz... est bien ébouriffé et en avale presque sa cravate!

Dans la salle pleine à craquer, nous sommes arrivés les  derniers sur la liste d’attente et,  installés au tout premier rang, en définitive nous étions bienheureux de jouir d’une telle perspective sur le plateau. Ah qu’il est bon d’être premier! Et le public derrière nous ? Très réactif, féroce lui aussi, sans doute bien calibré sur le spectacle : une jeune assemblée friande de deuxième degré, du décalé, comme on dit!  Mais nous étions souvent les derniers à rire, trop préoccupés à  analyser les réactions autour de nous. Pour nous, la férocité, le parfois vulgaire, et le désarticulé ne font pas le bonheur. A propos, c’est de Guy Béart « le premier qui dit la vérité ! », non ?

*https://www.youtube.com/watch?v=_srFL6xXsQ0

13 représentations en Mai au :

Centre Culturel des Riches-Claires

Les Riches-Claires, situées au cœur de Bruxelles, à deux pas de la Place Saint-Géry et de la Bourse sont un centre culturel ouvert à toutes les disciplines des arts de la scène. Par leur programmation, originale et accessible, les Riches-Claires cherchent à perpétuer leur tradition de scène théâtrale privilégiant l'humour, tout en offrant un espace d’expression à la danse contemporaine, la musique et le cinéma. La grande nouveauté depuis septembre 2013, c’est l’inauguration de la deuxième salle de représentation! Cet espace fraîchement rénové permet désormais de proposer deux spectacles par soir et ainsi de considérablement augmenter le nombre de pièces présentées. Un atout majeur pour le centre culturel qui se définit comme une rampe de lancement pour les jeunes artistes tout en permettant aux compagnies confirmées de tenter de nouvelles expériences.

r. des Riches Claires, 24
1000 Bruxelles

Tél. : 02-548.25.80

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Bouquet infernal et grandiose

 

Pour ne rien vous cacher, nous avons vu ce spectacle deux fois : la première … à la première, avec une incomparable Jo Deseure,  cette  grande artiste qui a osé plonger dans le rôle à la dernière minute et dont on a tait le nom jusqu’au tomber du rideau. Elle  n’avait eu qu’une répétition, la veille de la première, pour capter avec talent le ballet des entrée et des sorties et jouer de façon époustouflante un rôle dont elle ne connaissait pas le texte! Exercice digne d’un examen final de conservatoire, qu’elle a maîtrisé avec une stupéfiante adresse. Elle remplaçait donc  au pied levé l’immense Jacqueline Bir, pour qui la pièce avait été écrite, interdite de planches par la Faculté. En duo  verbal avec José Van Dam elle interprétait sans faiblir le rôle principal de  la nouvelle création de Thierry Debroux intitulée « Vampires ». Elle fut saluée par un  tonnerre d’applaudissements.

Quant à José Van Dam, il  n’a pas eu froid aux yeux d’accepter de jouer avec une parfaite inconnue, se privant de l’appui de sa partenaire  habituelle  aux répétitions.  Le plus étonnant c’est que Jo Deseure, à s’y méprendre donnait l’impression par moments d’incarner vraiment l’absente du bouquet infernal. Présence scénique ahurissante, un modèle d’interprétation improvisée, tout en gardant un contact oculaire discret avec le texte diffusé sur des écrans aux premières loges de chaque côté de la scène.

 

Pour le fond, Thierry Debroux s’est emparé du mythe des vampires, mélange de roman historique et de science-fiction qui ne cesse de nous fasciner, que ce soit en littérature ou au cinéma. Tout le monde a lu « Dracula » de Bram Stoker en édition simplifiée lors des premiers cours d’anglais, et d’autres auront exploré la jouissance littéraire des  passionnantes « Vampire Chronicles » d’Anne Rice et le fameux « Interview with a vampire » avec Tom Cruise et Brad Pitt.  D’aucuns se souviendront du « Bal de vampires », le film de Polanski sorti en 1967. Le thème de l’immortalité est l’un des favoris de Jacqueline Bir, aussi  ceux de la beauté, de la jalousie, de  l’amour impossible, de la sensualité et de la mort. Son interprétation de ces thèmes était certes beaucoup plus forte et poignante  dans « Sarah et le  cri de la langouste » où elle incarnait Sarah Bernard, mais il y a ici une sérénité indiscutable, un lâcher-prise et une sensibilité pleine d’humour et d’humanité. On reconnait les morsures de Thierry Debroux qui s’attaque avec malice aux maux du Temps : le bruit dévastateur de paysages du TGV, la manie des téléphones portables, la toute-puissance du Saint-Dicat, le diktat du Buzz à tout prix, l’envoûtement de Facebook,  nos nourritures terrestres frelatées, si pas carrément empoisonnées et en passant, quelques coups de griffe aux Bobos Bio! Côté nourritures célestes, on mélange allègrement Ronsard et Corneille(s)… Le texte de cette comédie moderne est donc très plaisant, bien bâti, bien rythmé.

Mais la part du lion va à la critique acerbe du show business, via le personnage déjanté du bouffon parfait, un créateur de comédie musicale (seul genre littéraire et musical subsistant apparemment en 2015).  Ce carnassier moderne a jeté son dévolu sur le manoir où  se sont  soudainement réveillés Isadora (roulez le r) et Aménothep après 102 ans d’hibernation. Véritablement gondolant dans son rôle, au propre comme au figuré,  le metteur en scène fou croasse à merveilles et  excelle dans sa manière de vampiriser les vampires. Peinture de notre monde?  C'est le délectable comédien Angelo Bison qui est à l'œuvre. Il  les entraînera dans des répétitions délirantes, créant musique et texte au fur et à mesure des malentendus et des sinistres rebondissements. Aurelia Bonta, sa très appétissante assistante en talons aiguilles  rouges incarne la victime de toutes les peurs et angoisses. Elle se débat dans le cauchemar avec la dernière énergie vocale et corporelle. Il y a aussi Maurice (ou Serge), l’ineffable maître d’hôtel, qui participe avec grande finesse à ce vaudeville très particulier. Bruno Georis est impeccable dans l'humour et les gestes, une perle de sang-froid si l’on peut dire ! 

Théâtre Royal du Parc's photo.

 Même la deuxième fois où l’on voit le spectacle, cette fois avec l’illustre Jacqueline revenue de ses maux de gorge incapacitants, on rit  de bon cœur aux plaisanteries taquines d’un texte qui continue à amuser franchement. La reine de la nuit rouge a une allure folle sous  un maquillage, des coiffures et des costumes parfaits. Rien à voir avec l'affiche du spectacle, passablement horrible.  Isadora est une vampire attachante aux tendresses inattendues malgré  les chamailleries internes au couple. Elle éprouve des réticences très humaines devant la mort violente par balles… et se fabrique finalement des noces de cendre grandioses avec son compagnon de toujours.  Son interprétation est, on s’en doutait, totalement convaincante aux côtés d’Aménothep-José Van Dam, très joli cœur, qui parfois pousse la chansonnette en l’honneur de Mozart.  

 

 

Au théâtre Royal du Parc, du 23 avril au 23 mai 2015.

CRÉATION MONDIALE.

« VAMPIRES »

de Thierry DEBROUX.

Avec:

Jacqueline BIR, José van DAM, Bruno GEORIS, Angelo BISON, Aurélia BONTA

Mise en scène : Monique LENOBLE

Assistanat : Catherine COUCHARD

Décor et costumes : Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Lumières : ZVONOCK

Maquillages : BOUZOUK

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/57/21.html

 

 

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administrateur théâtres

Réveil vibrant aux couleurs de la souffrance, les artistes disent la vérité

L’artiste peintre et  écrivain Maxim Kantor (°1957) est une figure emblématique de l’underground dissident soviétique. Il jette aujourd’hui un regard sans complaisance sur la société russe post-soviétique.  Il a contribué récemment avec  Gidon Kremer à créer un programme unissant peinture et musique "La Russie - visages et masques" qui fut présenté à Odessa  le 24 avril dernier. «  Fidèles à Goethe, Rimbaud ou Kandinsky, nous considérons que chaque son correspond à une couleur, ou parce que nous sommes solidaires de l’idée de Platon selon laquelle toutes les émanations de l’esprit possèdent une même origine. Nous avons aussi décidé de nous lancer dans cette expérience, parce que la situation mondiale actuelle appelle à l’union. A une époque où  la menace contre l’humanisme ne devient que trop évidente, il semble nécessaire de démontrer la solidarité des artistes de tous bords, la synergie de différents langages en une seule parole. Le savoir-faire et les techniques peuvent être différentes, un matériau peut se distinguer d’un autre, mais le son né d’un archet, un coup de pinceau, parlent d’une même douleur face à ce qui se passe. Nous sommes bien loin du jour où  Moussorgski a écrit ses "Tableaux d'une exposition". Le compositeur avait probablement une autre idée du Gnomus et de La grande porte de Kiev !  Mais nous voulions parler  de la souffrance dépeinte par de nouveaux tableaux d’une réalité dans laquelle l’impressionnisme n’a plus sa place. C’est ainsi qu’est né ce projet, explique Maxime Kantor, comme un symbole de résistance et d’union, comme une déclaration conjointe d’artistes.

Inscrire au programme deux compositeurs comme Philip Glass et Moussorgski, l’appeler « Kremerata Baltica, confrontation between two worlds » c’est déjà faire un pas vers la compréhension de l’autre. Pour mémoire, la Kremerata Baltica, est un ensemble composé de 23 jeunes musiciens talentueux originaires de Lettonie, de Lituanie et d’Estonie qui ont le vent en poupe grâce à leur exubérance, leur énergie et  leur joie palpable de jouer ensemble sous la direction de leur chef violoniste  Gidon Kremer.  En à peine 15 ans, La Kremerata Baltica est devenue l’un des meilleurs orchestres de chambre au monde, affirmant sa réputation dans les plus grandes salles de concert internationales, jouant  dans plus de 50 pays, se produisant dans 600 villes et donnant plus de 1000 concerts à travers le monde : Asie, Australie, États-Unis, Amérique latine, Russie et Europe. 

Gidon Kremer insiste pour sous-titrer ce projet musical et visuel « Tableaux d’une autre exposition » Selon lui, il est possible grâce à la musique de s’adresser au conscient et au subconscient du public sans faire appel à des stéréotypes politiques mensongers. La combinaison des perceptions musicales et visuelles est capable d’agir sur l’auditeur et le spectateur, comme un œuvre de Bach et de Vermeer, ou de Tchaïkovski et de Petrov-Vodkin.  La confrontation des images et du son génère un espace pour la recherche de soi-même et de son rapport au monde. « Avec notre projet, insiste-t-il, nous essayons de rendre une conscience qui ne soit pas anesthésiée par des moyens de communication de masse et de nous forcer à sentir les événements tragiques qui nous entourent, ainsi que notre responsabilité par rapport à ces événements. Pousser chaque spectateur et auditeur à regarder au fond de lui-même, à réfléchir au destin de l’humanité et à notre propre rôle dans ce qui se joue aujourd’hui. En dépit de la manipulation des media. L’indifférence est la plus dangereuse maladie. Si l’art ne possède pas la capacité de sauver le monde, il possède au moins le pouvoir de nous rendre meilleurs. »

Comment ne pas être conquis  dès l’ouverture du concert qui débutait avec Andreï Pushkarev  dans  le Concerto pour violon, vibraphone et cordes « Flowering Jasmine » de Georgs Pelēcis?  De l’ambroisie musicale ! Quatre violoncelles soulignent dans une discrétion absolue le vibraphone qui semble mélanger des parfums rares dans une gestuelle musicale envoûtante. Le jeu de félicité enfle comme un chant d’espoir jusqu’à l’apparition soudaine du  chef d’orchestre, vêtu d’une ample  chemise blanche et taquinant joyeusement  son Amati 1641… Après ces libations de bonheur, place au soliste bouleversant et au défilé de visages muets, de spectateurs figés, de voyageurs en attente sur un quai, -wired-. Les violons chantent le ventre souterrain d’une ville. Qu’est-ce qui relie le monde ? La parole est au violoniste solitaire, les arpèges rappellent Bach. Un concentré d’émotions s’empare du musicien. La lumière vibrante de son archet rappelle le pinceau d’un peintre. Va-t-il réussir à ranimer la flamme humaine?  Il diffuse la sagesse d’un homme « for all seasons ».  L’écoute du public est intense!  « The American Four Seasons » , le Concerto pour violon et orchestre n° 2 de Philip Glass était  accompagnée de projections vidéo de Jonas Mekas (né en 1922), réalisateur de films, poète et artiste d’origine lituanienne souvent considéré comme le ‹parrain du cinéma américain d’avant-garde›,  de Rimas Sakalauskas (né en 1985), artiste vidéo de la jeune génération lituanienne,  d’Adam Magyar (né en 1972), photographe hongrois établi à Berlin, et de  Pingo van der Brinkloev, artiste danois spécialisé dans les effets visuels.

La deuxième partie du concert est dédiée «  à ceux qui… » « To those who continue to suffer in Ukraine » C’est le Requiem for Ukraine pour violon d’Igor Loboda (1956). Ce sont de longues notes lancinantes explosées par des syncopes brutales, puis un bras le corps d’accents slaves. Au cœur de l’acidité mordante d’une déconstruction inéluctable, le violoniste  se débat avec une énergie opiniâtre. Le public respire à peine.

La puissante version  pour  orchestre de chambre de Jacques Cohen de l’œuvre de  Mussorgsky, est soutenue par les toiles insoutenables de souffrance humaine de  Maxim Kantor. Les percussions claquent comme des armes de guerre.  Le temps n'est plus à la douceur impressionniste, ni aux pleurs pour la mort d'un ami cher! On est au temps des génocides...

Comme le printemps, la tendre sérénade pour violon de Valentyn Sylvestov et d’un bis encore plus tendre : « Lullaby » de Tankovich redonnent quelque espoir. On respire, mais qui pourrait encore s’endormir dans l’indifférence ?  

 

Ce qui est sûr, c’est que le spectateur-auditeur ne peut désormais plus ignorer les faucons et les loups,  la prise d'otages du théâtre de Moscou pendant la comédie musicale Nord-Ost destinée à la jeunesse le  26 octobre 2002, les 186 enfants et les 148 adultes de Beslan massacrés en 2004, le 17 juillet dernier, les 283 victimes de l’attaque  du Boeing 777 MH17, les milliers de victimes de la guerre civile du Donbass en Ukraine depuis le 6 avril 2014. Qui peut encore  supporter le cynisme,  l’indifférence aux choses,  aux gens et aux dictateurs?

  http://www.flagey.be/fr/programme/15809/kremerata-baltica

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 Dès le début décembre, le tout-Bruxelles fait voile vers la galerie de la Reine pour se plonger dans "le" spectacle  bruxellois par excellence : La Revue (2015) du théâtre des Galeries. On y va comme pour un spectacle de patinage artistique, pour le rêve, pour la beauté, pour la performance. Si d’une année à l’autre le charme s’émousse parfois, cette année la production  incontournable de la vie bruxelloise a frappé fort et juste. « Touche pas à mon coq ! »

Elle s’est dépouillée des lourdeurs propres au genre, elle s’est délestée agréablement  d'un nombre de platitudes et de sempiternels retours sur des thèmes éculés. Elle était très émouvante, cette soirée du vendredi 5 décembre 2014, où l’on annonçait en début de spectacle que la  Reine Fabiola venait de nous quitter. « Qui c’est celui-là ? » de Pierre Vassiliu joue aux fantômes et lâche quelques touches d’humour pleines de délicatesse à l’égard de la reine défunte. Cela remplace   avec bonheur les sketches iconoclastes habituels ayant trait à la famille royale et la salle semble être tout de suite réceptive à ce changement de programme.

Est-ce l’esprit de la reine flottant  quelque part dans la salle qui fit que le  spectacle ait tout à coup décidé de faire plus profond dans la teneur des idées et dans la recherche des nuances? Est- ce qu’un esprit de fronde mêlé de  générosité bienveillante aurait soudain débarqué ? Moins de paillettes, plus de sel et  de vérité!  Ce qui est sûr, c’est que l’équipe très soudée des douze artistes dirigés par Bernard Lefrancq a rendu  cette rigolade traditionnelle bien plus intense. Oui, le  spectacle  très lissé de cette année  surprend par sa belle cohésion et son intelligence, avec des textes  et des chansons fort percutants.  Et il pose des questions pertinentes! «Assez de souffrances, l’amour d’un dieu rend-il cruel? »

  Le rythme y est aussi, mais sans vous saouler. La drôlerie est amenée avec réelle adresse, les textes bien composés  flamboient autour de ce qui semble un projet commun des douze comédiens à la fois danseurs et musiciens. Sur l’air de « Z’étaient chouettes les filles du bord de mer… », façon Arno, on chante qu’on en a ras le bol du communautaire!  On est aux chansonniers pour les sujets graves et les sujets sensibles, au Music-Hall pour la danse et la chorégraphie. La pétulante Maria del Rio se retrouve dans pas moins de 12 numéros avec des costumes très class. Et aussi en Nabila, plus vraie que vraie.  On se retrouve au théâtre pour la vivacité des réparties,  et au concert  carrément avec Olivier Laurent.  L’unité de ton et de décor fait loi et l’ensemble est d’une haute tenue artistique.

La poésie s’attache aux chansons d’Olivier Laurent, cet artiste intrépide qui fabrique des imitations vocales plus vraies que nature, comme son « Concert impossible » où il fait dialoguer Pavarotti avec Zucchero !  C’est une véritable bombe  à souvenirs dans  le Patrick Bruel, puis dans  «  Au suivant ! » de Brel qui vise si juste. Mais c’est sans doute l’interprétation des « feuilles mortes» d’Yves Montand qui  aura même fait  monter des larmes aux yeux chez certains spectateurs. On a particulièrement aimé la chaleureuse interprétation de la chanson « Le parti rouge est livide » de Marc De Roy sur la  musique de Gilbert Bécaud « La place rouge était vide…» et son interprétation d’ « un Américain à Bruxelles ». 

La-Revue---c-F.-Gardin-101-1600x1200_spectacle.jpgLe plus théâtral d’entre eux, avec une présence scénique délirante est sans doute Pierre Pigeolet avec ses  malicieuses interventions : tour à tour, un père fatigué de devoir expliquer à sa fille le fonctionnement de la Belgique, membre d’une cellule SOS suicide, Laurent Delahousse, Eli, Le Roi, Le prince Laurent…Quant à Bernard Lefrancq,  qui interprète tour à tour un frêle Charles Michel et une formidable Maggie De Block, on ne peut que le saluer pour l’excellence de son  travail et le choix de son équipe.  

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La Revue 2015

Distribution

Avec Maria del Rio, Bernard Lefrancq, Marc De Roy, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Amandine Bauwin, Anne Chantraine, Maïté Van Deursen, Frédéric Celini, Kylian Campbell et Olivier Laurent.

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Mise en scène

Bernard Lefrancq et David Michels

Décor

Francesco Deleo

Costumes

Ludwig Moreau et Fabienne Miessen

http://www.trg.be/saison-2014-2015/la-revue-2015/en-quelques-lignes__5361

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administrateur théâtres

lecole-38-5a530-3ea21.jpg?width=101 Dix sur vingt ? Trèees Bien!

 « L’école est finie ! » c’est le titre grinçant de la pièce de Jean-Pierre Dopagne.  Le théâtre n’est jamais loin de l’école et vice-versa. Demandez à vos  ex-profs préférés ! On espère donc sincèrement, que ni l’un ni l’autre ne seront finis de sitôt. Et pourtant, la menace couve, c’est notre culture que l’on assassine, dit-on dans les journaux! Voilà donc le propos de cet opus  éblouissant qui veut mettre l’alarme au camp!

 lecole-44-087bc-a78dc.jpg?width=150 Voici en tous cas, une pièce qui sauve, un radeau solitaire sur un océan de conformité. Cette pièce bourrée de vitriol, de dynamite et de phosphore est bien sûr aux antipodes de la version   éponyme de la chanson de Sheila, où après des années de travail scolaire ardu, on sortait de l’école équipés pour la vie et rêvant à l’amour! La comédienne d’aujourd’hui, Chloé Struvay, véritable virtuose des émotions,  perce les impostures modernes  les unes après les autres, cherchant l’adhésion du spectateur  de son regard incisif  - c’est du théâtre de proximité ! - et  explose toutes les hypocrisies contemporaines  à la manière d’une kamikase, avec un sourire ravageur. Elle diffuse une énergie sans pareille et se révolte de toutes ses fibres (les siennes et  celles de l’enfant qu’elle porte),  contre les tromperies qui ont semé son jeune parcours.

lecole-60-17e46-ad297.jpg?width=150Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans)  commence d’ailleurs par un mot très fort, elle parle du « viol » originel de sa personne. Elle a conscience que la société  en la privant de sens, lui a volé son unicité, sa conscience d’être et sa raison d’être. Même régime pour les élèves dont elle aura la charge une fois devenue enseignante à son tour!  Pour elle, l’enfant est sacré, il doit être éduqué, comme le verbe « educere » latin l’indique… « conduit, guidé  hors de… ». On ne peut se contenter d’étouffer les humains à petit feu. Elle a eu la chance incroyable de  résister, de s’accrocher aux nourritures spirituelles et s’en sortir, par sa seule volonté. Grâce à sa vitalité et sa rage de vivre, mais combien d’autres seront laminés ?

lecole-63-c5978-5c893.jpg?width=101L’enseignement au 21e siècle frise l’imposture et fait de plus en plus partie intégrante de la machine économique! Qu’il est loin le temps des arts libéraux ! Qui  lit encore Victor Hugo? Elle est une Antigone de notre société nouvelle. « Antigone, une fille comme vous et moi. Qui fait la guerre à la bêtise humaine et qui franchit les interdits » Au pays du surréalisme, la fausse nouvelle  récente du journal Nordpresse n’est pas si imaginaire que cela : « Depuis l’avènement d’Internet et des jeux vidéo, le Bescherelle a essayé de maintenir une conjugaison basée sur le sens et pas sur le son. Son usage fut conseillé à chacun, mais dans son édition 2015, tout change enfin. Dans sa prochaine édition, disponible en librairie dès le mois de Janvier, le manuel désire se conformer à l’usage courant de notre jeunesse. Au lieu de se braquer sur une pratique d’un autre âge écartant de facto les bloggeurs, joueurs en ligne et autres communautés de gens privés de vie sociale, il permettra enfin à chacun de choisir l’accord qui lui plaît. » Elle se bat férocement  pour la grammaire, les accords de participes passés,  les subjonctifs imparfaits, le scintillement du vocabulaire et  une  langue de culture, bref, ce qui nous relie entre nous ! Elle conspue les grilles de toute nature… les grilles de prison, celles  de lecture, celles d’évaluation… tandis que notre  propre grille horaire s’est arrêtée pile pendant ce spectacle courageux! Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans) va-t-elle réussir à arrêter le temps ?  

 

 lecole-87.jpg?width=501Le soir de la première au théâtre du Blocry (Jean Vilar) et le lendemain, les moindres strapontins sont occupés. On sent vibrer les réactions du public qui se boursoufflent de colère partagée contre un système qui dénature l’essence même de l’enseignement. En gros, on n’apprend plus aux gosses et adolescents à grandir en faisant des efforts sur eux-mêmes. On leur donne des leçons de vide et on leur apprend à simuler.  On les anesthésie  de paroles lénifiantes et de savoirs de plus en plus allégés, du berceau à la sortie de l’université, en espérant former des foules dociles et consentantes qui nourriront  le très rentable  collimateur du consumérisme économique. Cela passe  - comme dans le 1984 du célèbre George Orwell - par la réduction du langage à un kit de vocabulaire de survie, incapable d’exprimer ou pire d’énoncer  la moindre  pensée structurée.  

 

 lecole-71.jpg Large extrait : «- Parfaitement, Mademoiselle. - C'est Bouchard qui parle. - Le citoyen d'aujourd'hui doit être un citoyen de l'univers en expansion. Et l'expansion de l'univers, aujourd'hui, c'est la production et l'intégration. Ce sont les cadres, les normes, décrets et directives, indispensables à la bonne évolution des sociétés. Le poids des volailles, le calibrage des tomates, le temps de parole au journal télé, les quotas hommes-femmes sur les listes électorales, le nombre d'actes médicaux à poser dans un hôpital... tout est encadré et scientifiquement évalué par des organismes certifiés. Aujourd'hui, même les pays, les Etats reçoivent une note et un bulletin d'évaluation. C'est le devoir de l'Ecole d'assurer à tous les élèves une formation à l'encadrement, une qualification pour leur intégration dans la vie économique. Je traduis : citoyen signifie consommateur ; expansion veut dire mondialisation ; qualification : uniformisation ; formation : soumission ou formatage ; encadrement : emprisonnement ; vie économique : lois du marché ; formation : mise à mort de la liberté. »  Tout va « trèeees bien », madame la Marquise! Bravo Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans).  

L'Ecole est finie !



Théâtre Blocry / Louvain-la-Neuve

Une production de l'Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa. Le spectacle est créé à Louvain-la-Neuve cette semaine, dans une mise en scène de Cécile Van Snick (interprétation : Chloé Struvay). Du 6 au 26 novembre.

www.atjv.be

Le livre de Jean-Pierre Dopagne (éd. Lansman) sera en vente en primeur lors des représentations.

photos © Véronique Vercheval

 




 
 
 
 
  



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administrateur théâtres

 « Les Inspirés », trois dieux chinois débarquent dans la capitale du Se-Tchouan au centre de la Chine, un confluent de pauvreté. Ils ont parié qu'ils ne trouveraient pas «une bonne âme» au moins en ce bas monde et considèrent l’humanité entière comme pervertie.  Rejetés par tous les villageois mais guidés par Wang, le porteur d’eau (ou de parole, comme vous voudrez) , ils acceptent l’hospitalité de Shen-Té la prostituée  locale. Pour la remercier, ils lui laissent une cassette avec laquelle elle rachète un débit de tabac puisqu'elle peut enfin choisir sa vie. Hélas la boutique de Shen-Té attire immédiatement les vautours : des plus démunis  aux plus nantis qui n’ont qu’un but,  lui soutirer ses biens. Empêtrée dans d’insurmontables contradictions Shen-Té va osciller entre le désir de faire le Bien et la Nécessité de « sauver son frêle esquif du naufrage ». Elle croit avoir entretemps rencontré l’Amour  mais c’est un méprisable individu, irresponsable, égocentrique et jouisseur qui veut la parasiter. Comment concilier son idéal d’amour et sa survie pure et simple ? Pour se tirer d’affaire, Shen Té se fait passer pour un prétendu cousin, Shui Ta, excellent et redoutable homme d'affaires qu'elle incarne elle-même et de plus en plus souvent. A moins que la Vie ne se charge de changer sa vie... La conclusion de Bertold Brecht est qu’il faut changer le monde et non une personne individuelle si on veut que le bonheur soit accessible.

12273048473?profile=originalCette pièce nous touche particulièrement dans le contexte de crise que nous traversons  qui laisse tant de  familles démunies et tant  de jeunes, diplômés ou non, déçus par le monde, ou par la vie? Les Baladins du Miroir s’en sont emparés comme le Théâtre de la Vie, il y a quelques années déjà, en 98-99?

Bouger, il faut bouger ! C’est ce que démontre une mise en scène virevoltante qui nous propulse et au cœur de l’Asie et au cœur des années 30. Un tintamarre de sabots de bois, de bicyclettes, de chariots, de thé ou de grains de riz  que l’on verse, de casseroles et de brocs, un incessant carillon de porte ne peuvent qu’éveiller l’attention du spectateur. Vous y ajoutez une vie de rue en live, des courses effrénées, des ballots que l’on balance d’une passerelle suspendue, des bruits de boulier compteur chinois. La Vie appelle! Le monde doit bouger!

Des lumières domestiques en tout genre, y compris les fameuses lanternes rouges,  fusent pour éclairer la nuit humaine. Mais qui y verra enfin clair? Les artistes se mêlent au public pour offrir le kroupouk ou des bribes mystérieuses de répliques, le spectateur bougera-t-il?  Le pétillement  de cette méditation sur la société ne manquera pas d’inquiéter les uns ou les autres. L’enthousiasme perceptible et le  talent des artistes est d'ailleurs un gage de réussite… L’action se porte partout dans le chapiteau et ne peut que réveiller des esprits  parfois engourdis par  un certain  confort, mais  certes pas celui des gradins... Cela fait partie du jeu.

01.la-bonne-ame-du-se-tchouan01.jpg © Jean-Pierre Estournet

C’est Beau, c’est Brecht, c’est Bien. C’est partout autour de vous et on l’espère en vous… Une fable épique tendre et réaliste, poétique et moqueuse, fine et saltimbanque en diable. On ne peut décidément pas rester indifférent devant un tel festin d'imaginaire, une  telle union de talents si multiples et réglés dans une telle modestie. Tout y est: la comédie, les instruments de musique, les chants, les personnages burlesques (la riche et hautaine propriétaire, le menuisier, le policier, le neveu, le chômeur-quémandeur, la famille du gamin-voleur...). Et un tribunal imaginaire.  Bref une vingtaine de rôles pour une dizaine de comédiens qui  ne cessent de se transformer. Se transformer, c'est bouger, non? Ou bien le contraire?  CQFD 

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Il reste à nommer toute la troupe, ensemble et séparément : les Baladins du Miroir avec Andreas Christou, Stéphanie Coppe, Abdel El Asri, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, François Houart, Geneviève Knoops, Gaspar Leclere, Diego Lopez-Saez, David Matarasso, Virginie Pierre, les enfants de la compagnie  et tout un équipage de splendides marionnettes, nos miroirs inspirés ?

Une citation pour finir?

Fallait-il quelqu’un d’autre ou bien un monde autre

Ou alors d’autres dieux, ou pas de dieux du tout ?

Devant ce désarroi le seul secours serait

Et vite et tout de suite que vous réfléchissiez

À la meilleure manière, au moyen le plus fin

De mener une bonne âme vers une bonne fin

Cherche donc, cher public, la fin qui fait défaut

Car il faut qu’elle existe. Il le faut ! Il le faut !

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http://www.atjv.be/La-Bonne-Ame-du-Se-Tchouan

  • Mise en scène : François Houart et Gaspar Leclère
  • Composition et direction musicale : Line Adam
  • Lutherie sauvage : Max Vandervorst
  • Création costumes : Sylvie Van Loo assistée de Anne Bariaux, Virginie Gossuin, Marie Nils, France Lamboray et Nicole Mornard
  • Scénographie : Aline Claus et Isis Hauben assistées de Sylviane Besson, Eloïse Damien et Catherine Van Assche
  • Construction des décors : Xavier Decoux assisté de Bernard Antoine, Adrien Dotremont, et Ananda Murinni
  • Création lumières : Mathieu Houart
  • Régie : Ananda Murinni
  • Régie Plateau : Adrien Dotremont
  • Conception des marionnettes : Johan Dils et Sylvie Van Loo
  • Conseiller maquillages : Serge Bellot
  • Pyrotechnie : Nicole Eeckhout
  • Assistante à la mise en scène : Hélène Van Den Broucke
  • Création affiche : France Everard

http://www.lesbaladinsdumiroir.be/index.php/spectacles-a-l-affiche/la-bonne-ame-du-se-tchouan

note d'intention: http://www.lesbaladinsdumiroir.be/templates/joomlabaladins/html/bonneame/bast_note_intention.pdf

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administrateur théâtres

play_343_visu_impayable_site_premiere_partie.jpg?width=160LES 37 SOUS DE MONSIEUR MONTAUDOIN
d’EUGENE LABICHE au théâtre le Public

DU 07/11/13 AU 31/12/13

Ce spectacle cousu d'or et d’argent allie un texte d’Eugène Labiche de trente-huit minutes « les 37 sous de Monsieur Montaudoin» amplifié musicalement par de pulpeuses chansonnettes, typiques des chansonniers alertes de l’époque et un seul en scène mené avec finesse de rhétorique et loufoquerie musicale par le directeur du théâtre Le Public, Michel Kacenelenbogen.

Au sortir du premier spectacle où celui-ci interprète Monsieur de Montaudouin, et au sortir d’une baignoire en or dans le deuxième, Michel Kacenelenbogen, l’habit tout cousu de billets, est bien décidé à faire rire de tout et surtout de l’Argent dans son long aparté intitulé « Impayable ». Le rire est sans doute la meilleure distanciation qu'il soit et la chose la plus nécessaire dans notre monde massivement dirigé par l’Argent. Bien plus que l’amour, l’Argent se cache, se tapit et se thésaurise mais il s’offre ici pour une fois mis à nu, à votre saine réflexion.

play_343_bour2546web.jpg?width=130L’Argent et l'Amour se croisent dans « les 37 sous de Monsieur Montaudoin » et constituent un mélange d’enfer de répliques acérées dans un rythme ultra-syncopé. Vous voulez le pitch ? Monsieur Montaudoin au caractère méfiant et soupçonneux marie sa fille Fernande (Sherine Seyad) à un caissier, IsidORe (Réal Siellez). Cependant il dévoile à son ami, Penuri (Jean-Marc Delhausse) une anxieuse obsession qui lui coupe le sommeil, le boire et le manger. Depuis la naissance de sa fille chérie, il y a juste vingt ans, tous les jours, quelqu'un lui dérobe l’étrange somme de 37 sous, dimanches compris. Le jour du mariage est le jour des règlements de comptes et Monsieur de Montaudoin a décidé de tendre des pièges pour en avoir le cœur net. Tout finira par s’éclairer après moultes péripéties et une Madame Mautaudoin totalement aux abois (Anne Sylvain).

play_343_bour2376web.jpg?width=259D’amour? Pas un mot, même entre fiancés, tous envoûtés qu’ils sont par l’Argent! Ajoutez deux rôles hilarants: celui de la vieille bonne Joséphine au bout d'un plumeau (Janine Godinas) accusée injustement et l’inénarrable notaire Martois (Quentin Milo) qui, voyant se perdre son précieux temps, est sujet aux saignements de nez incontrôlables à chaque coup de plume. L’humour est acerbe, les apartés savoureux et la comédie de portes qui se claquent frénétiquement prend une forme plus que moqueuse, par l’exagération du trait voulue par la mise en scène. Les deux spectacles se conjuguent à merveille et la conférence déguisée de sieur Michel Kacenelenbogen fera mouche. Amenez donc le public à rire franchement dans la première parodie, pour qu’ainsi décapés, ils entendent ce que personne ne veut entendre, semble dire le maître de dérision. Et de nous expliquer avec verve, tout en se faisant plaisir, toutes ces choses que l’on tient si bien cachées de peur de les perdre!

play_343_bour2453web.jpg?width=130Le rire est le ferment contagieux d’un spectacle à l’autre. Et la causerie qui se donne ensuite est suivie avec intérêt (…et principal, dirait la fourmi), l'ouïe aux aguets, puisqu’on y chante et on y danse, (aux dires de la cigale!) Une musique tout aussi contagieuse charpente l'ensemble. A la fois envoûtante et évocatrice elle est composée, signée et interprétée par Pascal Charpentier, un homme de l'art. Pas le moindre pas, geste ou mouvement de l’âme des six premiers comédiens qui ne soit souligné par des notes d’humour et de musique à la fois. Pourvu qu’ils aient une âme, ces personnages! Car toutes ces âmes sont rongées jusqu’à l’os par ledit Argent. On fuirait sans doute, s'il n'y avait la musique, le talent des comédiens et l'amour du théâtre!

play_343_bour2536web.jpg?width=130Allez voir ce spectacle, vous en aurez pour votre Argent et ressortirez sans doute plus riche de cœur. Avec: Jean-Marc Delhausse, Janine Godinas, Quentin Milo, Michel Kacenelenbogen, Réal Siellez, Sherine Seyad et Anne Sylvain. 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=343&type=2

 

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administrateur théâtres

Signe des temps ? Encore lui ? Le Mensonge fait encore rage. Dans une nouvelle pièce à Bruxelles, en ce début de saison 2013. Il y avait déjà « Si tu mourais ... »  une comédie sérieuse de Florian Zeller, « Je mens, tu mens… » une comédie licencieuse de Susann Heenen-Wolff, « Même pas vrai … » une comédie sulfureuse de Nicolas Poiret  et  Sébastien Blanc et bien d’autres encore, si on y réfléchit. Le voici,  enchâssé dans la sauvagerie et la perte de repères,  détaillé au scalpel,  étalé de long en large,  débusqué morceau par morceau dans la pièce « Orphelins» (Dennis Kelly) donnée au théâtre de Poche comme spectacle d’ouverture.

12272958262?profile=original Orphelins? Le titre lui-même camoufle quelque chose : la perte de valeurs et la violence abjecte qui en découle. Celle commise par un jeune garçon, orphelin comme sa sœur, suite à un accident de voiture des parents  et qui, depuis l’enfance, est habité par des pulsions violentes avérées. Son dernier « coup » va presque jusqu’au meurtre. Un  crime un peu moins abouti que celui commis par le jeune héros du roman «  Het diner » de Herman Koch. Mais c’est la même problématique. Que fait une famille « bien sous tous rapports » devant la folie de  violence qui s’empare subitement d’un enfant, d’un frère, d’un époux?

Drame urbain. Liam (Pierre Lognay), le T shirt et les bras  couverts de sang, débarque dans l’appartement impeccable de sa sœur, Helen (Anne-Pascale Clairembourg) et son mari Danny (Itsik Elbaz) pendant qu'ils sont en train de dîner aux chandelles sur une table basse.  « I can explain ! » : la formule magique du menteur ! Liam  prétend qu'il a essayé de venir en aide à un mec bourré de coups de couteau couché au milieu de la rue. Mensonge pathétique bien sûr. D’un bout à l’autre, le parler de Pierre Lognay est un exercice du genre : staccatos bousculés, demi-phrases  heurtées et paniquées,  à peine articulées, infantiles, contradictoires.12272958662?profile=original Helen, redoutant la vérité  et l’anticipant à la fois, creuse  de scène en scène et obtient des aveux de plus en plus effroyables.  La grande question est de savoir comment Helen et son mari vont réagir. Ses affrontements successifs  avec celui-ci prennent  eux-aussi des voies violentes et  chaotiques.   Helen ressent  un attachement viscéral et monstrueux pour son petit frère. Jusqu’où est-elle capable d’aller pour le protéger, lui qui a déjà un « casier », lui qui, même innocent, sera tout de suite suspect ?  Comment se met-elle  à manipuler Danny et à le détruire pour qu’il aide à couvrir le presque-meurtre? Comment vit-elle le fossé culturel qui les sépare dans leur couple ?  Quelle est la part de la crainte inspirée par une autre culture, puisque - il fallait s’y attendre - la victime n’est pas de type caucasien ? Où se trouve la responsabilité civique par rapport à la responsabilité familiale dans notre société en état de  faillite morale? En dehors de l’exposition minutieuse de la violence pure et gratuite perpétrée par le jeune délinquant, l’intérêt principal de la pièce est le dilemme moral. On ne cesse de se demander « mais qu’aurait-on fait à leur place ? » Comme dans l’insoutenable roman «  Het diner » de Herman Koch.  

12272958880?profile=originalHelen défendra son frère comme une tigresse. Prête à se mentir et à faire mentir.  Il est fascinant de voir comment Helen disculpe initialement Liam aux motifs que sa victime  avait l’air « bizarre »  et qu'elle-même a fait l'objet de harcèlement sexuel par des malfrats du coin pourri où ils habitent. Helen est prête, non seulement à éviter que la police ne débarque pour protéger son seul lien familial vivant, mais aussi  à maquiller les faits et à impliquer son mari par un odieux chantage sentimental, lui qui  veut désespérément ne  pas se mettre hors-la-loi. Cyniquement, elle démontre que quelqu’un issu d’un bon milieu comme son mari peut en venir lui aussi à mentir et  commettre des actes immondes. Elle va jusqu’à utiliser la maternité comme obscène monnaie d'échange. Dans cette descente aux enfers, le public finit par ne plus pouvoir respirer, tousse, s’agite tant la tension sur le plateau devient intenable. Tout l’art (consommé) du metteur en scène Patrice Mincke est de diffuser l’horreur au goutte-à-goutte, à la façon d’un thriller qui vous agrippe et ne vous lâche plus.  Et c’est le spectateur qui finit par avoir le couteau sur la gorge !   

12272959465?profile=originalDanny, à la fin, ne se supporte plus, devient un fantôme de lui-même, il est  l’éclopé d’un cataclysme domestique inspiré par le mal. Magnifique interprétation du comédien et de sa comparse, un être écorché par la vie qui a transféré sur lui tout le poids de la culpabilité. Il reste cependant un petit espoir, incarné dans la présence muette de Shane en pyjamas, leur fils, un gosse bien élevé de 7/8 ans qui a traversé les événements en passant le week-end chez sa  grand-mère accueillante. Redonnera-t-il à sa mère son enfance volée et la notion du « Never again » ? Un arrimage à des valeurs  retrouvées de tendresse, de respect et d’éducation ?

Photos par YVES KERSTIUS © 

http://poche.be/saison1314/orphelins/index.html

De Dennis Kelly

Mise en scène de Patrice Mincke Assisté de Melissa Leon Martin

Traduction française de Philippe Le Moine

avec Anne-Pascale Clairembourg, Itsik Elbaz, Pierre Lognay

et, en alternance: Sam Bracco, Kasper Holte Nielsen, Lukas Collet, Charlie Goslain et Sacha  Bendjilali

Scénographie Olivier Wiame

Lumières Alain Collet

Décor sonore Laurent Beumier

Costumes Françoise Van Thienen

Dès 16 ans

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12272959058?profile=original

Critique littéraire reçue sur toutelaculture.com :

Ce recueil de poésie aborde des thèmes très variés: voyage, famille, temps, mort, musique, fêtes, engagements sur le ton de la confidence. Les sentiments de l’auteur se dévoilent en douceur dans ses textes tout comme dans sa peinture de couverture.

Hélène Rollinde de Beaumont est une artiste peintre et auteur passionnée, si passionnée même qu’elle crée sa propre maison d’édition en février 2012 pour mieux concrétiser ses rêves. Les Plumes d’Ocris comptent déjà un nombre d’ouvrages conséquent: 22 livres en quelques mois dans les domaines de la poésie, du conte, de la nouvelle et du roman. Illustratrice et peintre féerique, éditrice engagée, Hélène Rollinde de Beaumont nous offre aussi avec ce beau recueil une poésie vivante, sensible et évocatrice de multiples images, qui ne laissera personne indifférent. Le poème « Toi et moi’, texte primé dans la section poésie classique, a reçu le prix littéraire Albert Barbeaux Charles Bourgeois 2012.

La plupart des auteurs contemporains s’expriment en vers libres, c’est avec liberté qu’Hélène Rollinde de Beaumont a choisi le registre classique, pratiquant l’alexandrin avec une aisance déconcertante. De belles expressions comme « tombeau d’or et de lumière » restent en mémoire après la lecture. C’est avec délices que nous plongeons dans ces textes pleins de beauté et de simplicité, nous immergeant dans le monde de l’auteur qui nous fait partager ses émotions. Une ode à l’amour, à la joie de vivre quelles que soient les épreuves. A découvrir aussi Eclats d’âmes, l’autre recueil de poésie de l’auteur publié aux Plumes d’Ocris. De la poésie accessible à tous les lecteurs enfin.

Pour se procurer l'ouvrage : http://www.editionsplumesdocris.fr/Pages-auteurs/helene-de-beaumont-2.html

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administrateur théâtres

12272947085?profile=originalMême pas vrai…

Mais si, c’est vrai : Jean-Luc REVOL est professeur régulier au Cours Florent depuis 1987 et mène une double carrière de metteur en scène et de comédien. Il est directeur artistique du TCF/Théâtre du Caramel Fou.  Et il a  derrière lui une série impressionnante de mises en scène depuis 23 ans. Il a mis en scène HAMLET de W.Shakespeare, avec Philippe Torreton en 2011.  « Même pas vrai »,  de Nicolas POIRET ( le  fils du regretté Jean Poiret, décédé en 1992 ) une création co-écrite avec  Sébastien BLANC, n’est-ce pas une comédie un peu facile ?  Loin de là ! Jean-Luc REVOL explique : « La comédie est une discipline difficile, un véritable numéro d’équilibriste. Il faut savoir doser les choses, ne pas forcer le trait, être toujours vrai dans la démesure pour arriver à une parfaite harmonie. Quand j’ai lu « Même pas vrai », j’ai su que tout était là, ajouté au plaisir de la découverte de la plume de deux nouveaux auteurs.
Nicolas Poiret et Sébastien Blanc écrivent l’humour de notre époque. Un rire cinglant, vif, rapide et vachard, sans pour autant négliger la vérité et les doutes de leurs personnages.
Car c’est bien cela qui fait leur force. Mathilde et Arnaud, les deux protagonistes principaux, forment un couple qui pourrait être banal, si ce n’était le moteur de leur vie sentimentale : le mensonge. Ou du moins, le mensonge érigé en mode de vie, qui leur donne souffle et énergie, le piment indispensable à la banalité quotidienne.
Ils se mentent, mentent à leur fils et à leurs amis, jusqu’à ce que leur réalité devienne délirante et éclabousse de joie, tout cela en parfaite connivence. Seulement, voilà, quand Mathilde comprend qu’Arnaud lui a vraiment caché une chose importante, la machine se grippe et l’heure va être aux règlements de compte sanglants. Tous aux abris !
J’espère pouvoir construire une horlogerie suisse avec cette comédie pleine de rythme et de rebondissements. Les personnages et les situations imaginées par les auteurs doivent être réglés au millimètre. C’est un travail de précision. Ici tout est réuni pour y parvenir. »

Ayant vu la pièce hier soir au Centre culturel d’Auderghem, on ne peut qu’applaudir le savoir-faire étincelant du metteur en scène qui pose très adroitement  sur les planches l’ensemble de ses propositions sans le moindre faux-pas. Du très grand art de boulevard. Une mise en scène au cordeau.  Car le spectacle est fort divertissant et les gens rient de bon cœur, mais ils s’interrogent aussi sur la société qui a enfanté ce sextuor de  personnages qui nous ressemblent.

Le pitch, on l’aura compris est assez facile. Ils sont six personnages qui se heurtent et essaient de s’expliquer, tous aveuglés par  un ego exacerbé, dans l’appartement où vivent Mathilde et Arnaud (Bruno Madinier, ah ! le redoutable beau gosse)  et leur ado en crise, Michaël. Heureux qui communique : 12272946881?profile=original « On ne dit jamais rien dans cette famille!  Petits jeux à la con ! J’en ai un marrant : essayez de vous parler !»   Entre les six protagonistes il y a des relations … qu’ils espèrent tous garder secrètes. Sauf que Mathilde (l’inénarrable 12272947477?profile=originalRaphaëline Goupilleau de Qui est Monsieur Schmitt?)  découvrant une rupture dans le comportement de son mari,  s’affole et veut en finir avec le temps des secrets. Des dîners de (non)-dupes s’organisent - le trio familial  ne peut régler ses problèmes que  devant des tiers - et les invités en sortent le plus souvent  l’estomac vide et la tête à l’envers… la cuisine n’étant pas le fort de la famille. Le trio « externe » est  électrique : le paisible Bernard ( Christophe Guibet) et  les deux filles :  une renversante Valérie Zaccomer  et Anne Bouvier, un paquet explosif d’affects.

12272948067?profile=originalBien que Mathilde, capable d’inventions délirantes, soit devenue une virtuose du mensonge et vacheries verbales en tout genre,  elle recherche désespérément la sincérité. A la fin de la pièce c’est finalement son fils Michael (Thomas Maurion, craquant de naturel) qui remet les pendules à l’heure. Il la somme de dire les choses enfin de façon simple, sans continuellement les saupoudrer de « magie », ce second degré qu’elle affectionne tant. « On n’a pas toujours besoin d’inventer la réalité pour qu’elle soit jolie ! » Le couple va- t-il  enfin finir par se parler…et arrêter de se mordre ?

12272948090?profile=originalCette comédie joyeusement sarcastique et très rythmée est menée  à grande vitesse : magie des changements de décors instantanés, (merveilleuse composition de Stéphanie Jarre) défilé de tenues mode de la  rue Montaigne, coups  de tensions intenses entre les comédiens qui jouent la réalité du théâtre plus vrai que nature  et se gavent de répliques spirituelles et bien tournées. Le public adore une telle élégance théâtrale!  Après la Belgique? La pièce « Même pas vrai » sera montée le 19 novembre au Théâtre Tête d'Or à Lyon avant d'être reprise début 2014 à Paris, au Saint-Georges.Christophe Guybet

12272948273?profile=originalhttp://www.artemis-diffusion.com/saison_prochaine/meme_pas_vrai/resume.html

http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/meme-pas-vrai-billet/idmanif/8469

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administrateur théâtres

 

12272939075?profile=original

« La Loi, Mr. Strickland, n’est pas un terrain de jeu métaphysique. Mais l’arène d’un combat. »   Henry Brown ne croyait pas si bien dire !

 L’intrigue n’est un prétexte bien que l’affaire soit grave: au départ, l’homme blanc riche et influent, Charles Strickland  est accusé de viol sur une femme noire et pauvre. Accusation mensongère ? Une histoire qui n’est pas sans rappeler l’affaire du Sofitel de 2011, mais aucun rapport car  la pièce a été écrite presque 2 ans auparavant.  L’accusé (le très touchant Jean-Michel Vock) s’adresse à dessein à  un bureau d’avocats à mixité raciale pour se défendre.

 Jack Lawson (Alain Leempoel) et son associé Henry Brown (Emile Abossolo M’Bo) qui semblent roués dans leur métier discutent longuement l’opportunité d’accepter cette affaire délicate. Ils se méfient avec raison : il sera malaisé de dissocier le crime sexuel du crime raciste dans une Amérique traumatisée par son histoire esclavagiste. On risque une émeute raciale au procès.  Comment affronter un jury populaire multi-ethnique et multi-socioculturel bourré d’affects et ne pas être victime de  nouveaux préjugés? Suzan, la jeune  avocate-stagiaire  voit clair dans l’époque : « Les Blancs penseront que l’innocenter serait faire preuve de racisme. Et pour les Noirs, un tel jugement serait une trahison.»

La pièce commence par une déstabilisation systématique du client potentiel afin de dégager la meilleure attaque pour obtenir avec certitude la victoire juridique. Voici déjà une première volée de propos sulfureux offrant matière à réflexion quant aux méthodes utilisées par les avocats : « Aucune des parties ne veut la vérité. Chacune veut imposer son point de vue. Est-ce que la société « mérite » que la vérité soit prouvée ? Certainement. Est-ce qu’on y parvient ? Jamais. Pourquoi ? Parce que même les parties en litige ne connaissent pas la vérité. » Tout tiendra à quelques paillettes...

12272939656?profile=originalLa parole est un instrument de manipulation, pas de vérité. La pièce va-t-elle  aussi débattre sur le droit de chacun à la défense ? Certainement, mais c’est plus compliqué que cela. Très pernicieusement,  la fable urbaine satirique tourne à la tragi-comédie noire.   ...Si on ose le mot !  Voilà Jack Lawson  en butte à la vindicte de son assistante (un rôle taillé sur mesures pour Babetida Sadjo), qui  va profiter de la situation  pour inverser les rôles. Elle est bardée de diplômes, noire, jolie, intelligente et menteuse. Sous des dehors dociles au début, elle développe la secrète intention de  phagocyter ses deux patrons, de leur faire mordre la poussière et leur infliger une vengeance  à la fois personnelle et atavique. A l’un par pure haine raciale inversée – il est blanc – et à l’autre par haine sexuelle profonde - il est noir et traite les femmes comme elle affirme que les hommes noirs traitent leurs femmes.

Nous voici soudain, dans  un  tout autre tableau secoué par une onde sismique de haine, qui comme dans un thriller psychologique décompose toutes les certitudes du « politically correct ».  Le bureau d’avocats, en voulant jouer la carte de la  discrimination positive a fait entrer un loup dans le cabinet. Et pourtant l’avocat noir avait vu juste, il ne voulait pas engager la trop brillante stagiaire noire.  La stratégie mise en place par les associés pour gagner la cause de l’accusé se délite mystérieusement. De  désillusions en désillusions, la victoire apparaît de plus en plus insaisissable. Une seule chose est sûre: la  justice est bien  différente, selon qu'on soit noir ou blanc, quelle que soit l’époque. «C'était injuste jadis déjà, et cela reste injuste aujourd'hui» plaide Jack Lawson ironiquement…. 

12272939459?profile=originalSi au début c’est l’accusé plein de superbe qui est sommé  pour la cause de livrer tous  ses sales petits secrets, c’est finalement  Jack qui fait les frais d’une dissection méthodique. Jack ou la superbe société enfermée pour un soir, dans un huis-clos noir et blanc.  Une pièce sulfureuse, mouvementée malgré certaines répliques truffées de rhétorique,  très habilement mise en scène par le jeune Patrice Mincke, qui prépare aussi  la pièce « Orphelins » pour le théâtre de Poche pour cette saison. Il a œuvré un peu à la manière d’une dissection, levant les différents organes de la pièce avec beaucoup de maîtrise alors que l’intrigue peut sembler un peu confuse au premier abord : where is the plot ?  Ou si vous préférez, il a travaillé à la manière d’un ingénieur civil qui bâtirait patiemment une cathédrale diabolique dont on n’aperçoit le profil qu’à la fin. Le théâtre est une représentation.  C’est tout le propos de  David Mamet, le dramaturge qui de son écriture hachée, insolente, pousse les protagonistes dans leurs derniers retranchements. Il fallait une scénographie de salle d’op, un bureau d’avocats newyorkais stylisé,  lisse et froid comme cadre pour l’âpreté des échanges du quatuor de comédiens tous très brillants. A la première, bouleversée par l’énergie qu’elle a mise dans son rôle, Babetida Sadjo a du mal à retenir ses larmes lors du salut final.

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12272748692?profile=originalRACE

de DAVID MAMET. Adaptation : Pierre Laville Mise en scène: Patrice Mincke. Avec: Alain Leempoel, Babetida Sadjo, Emile Abossolo M'Bo, Jean-Michel Vovk.

DU 03/09/13 AU 19/10/13

 Au Théâtre Le Public

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=339&type=2

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administrateur théâtres

 

12272935653?profile=original"Reprenons l’ordre chronologique : a)  L’écriture de Roberto Athayde  b) Ce qu’en fit Annie Girardot en 1974, c) Ce qu’en fit le théâtre Le Public en 2013"

 

 Conçu par l’auteur brésilien Roberto Athayde, ce seul en scène était une attaque virulente contre les délires politiques des dictateurs en Amérique du Sud. Une métaphore osée qui met en scène une instit pathétique (silence dans les rangs !) pour combattre un système qui boucle la parole, encourage la délation et réduit l’humain à un porte-faix …. Mais plus personne ne parle chez nous  de ce cinéaste, dramaturge, écrivain  et poète brésilien.

 

Le monologue de Madame Marguerite a fait fureur en France dès qu’Annie Girardot créa sur scène en 1974 ce personnage névrosé de Madame Marguerite. Institutrice de CM2, Madame Marguerite pratiquait avec ses élèves un absolutisme pédagogique quasi intégriste. Elle se sentait investie d’une mission vitale, détenait un savoir obscurantiste absolu (!) ainsi que le pouvoir totalitaire (!). Ses sautes d’humeur, de la basse flatterie à  l’insulte en passant par un registre de propos malveillants exposaient une caricature bienvenue du délire de la violence. Joué  à l’époque devant un auditoire médusé au Paul-Emile Janson à l’ULB avec tout le talent et la férocité dont Annie Girardot était capable, on ne pouvait sans doute pas taxer ce spectacle d’outrancier.    

 

12272935666?profile=originalAvec Le tandem Virginie Hocq (à la mise en scène) et Marie-Paule Kumps (l’institutrice omni-théâtrale), on plonge dans le surréalisme si cher à notre pays. Car le texte a vraiment pris un sérieux coup de vieux tandis que les images du couloir de la salle de classe belge sont  hyper-réalistes. (Bravo à Céline Rappez pour sa scénographie et ses costumes ton sur ton avec les murs jaunes et le tableau vert!)  Les portraits royaux cuvée 2013 sont de la dernière actualité… Dès l’entrée les spectateurs sont conditionnés à être des élèves soumis et sans défense, sauf celle de rire !  Mais comment être touché par ce texte devenu plutôt banal à nos yeux? Certes, il rend compte des gains inestimables de Mai 68, époque révolue, où il était indispensable de combattre le délire dictatorial en général, offrir la liberté sexuelle, libérer les femmes, changer la relation maître-élève. Las, tout cela semble être bien dépassé et finit par ennuyer. Surtout que l'on  reçoit  aussi en plein visage  des tonnes  de préjugés durs à cuire vis-à-vis de l’homosexualité. Et on subit, impuissants, la banalisation et les dégâts de l’utilisation des drogues, tabac compris.

12272936477?profile=originalDe récréatif et vachement critique, le spectacle devient glauque, orné de vulgarités de tous genres et lourd de  platitudes.  Dommage car, après quelques décrochages et bâillements au milieu des rires assidus des spectateurs bien conditionnés, on arrive enfin dans le vif du propos. Alors, les dix dernières minutes du spectacle sont foudroyantes car elles dénoncent la vitesse de l’évolution d’une société où tout d’un coup les choses vous échappent. Comme dans la terrible maladie d’Alzheimer. Cela est très émouvant et splendidement joué par Marie-Paule Kumps. Le travail du jeu de l’actrice est remarquable dans la montée de  son délire psychiatrique.  Madame Marguerite est devenue superbement folle dans cette parodie, car la société est devenue folle!

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UNE CRÉATION ET PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC. PHOTO©BRUNO MULLENARTS.

Assistanat à la mise en scène: Monia Douieb

Scénographie et costumes : Céline Rappez

Couturière : Carine Duarte

Lumière : Maximilien Westerlinck

Régie : Louis-Philippe Duquesne

Stagiaire régie : Aurore Mignolet

Photos: Morgane Delfosse

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=340&type=1

MADAME MARGUERITE

de ROBERTO ATHAYDE Adaptation Jean-Loup Dabadie

DU 05/09/13 AU 26/10/13

Marie-Paule Kumps sera l'Invité du Public le 5/10/2013

Quelques photos, ainsi que celles d'Arts et Lettres: ici

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administrateur théâtres

 12272868093?profile=originalSU N D E R L A N D  ? Va-y!    dirait Le Soir!  ... mis en scène par le Petit Théâtre de Paris. Ils sont  une toute petite semaine à Bruxelles... Au centre culturel d'Auderghem!

 

L’exposition de la pièce peut  paraître un peu longuette, le décor peu joyeux. Il est vrai que l’on se perd  un peu dans les liens  improbables qui unissent les trois filles qui ont déboulé sur le plateau. Il est vrai qu’on a été sonné  par  l’amorce audacieuse de la pièce qui n’est rien moins  qu’un bruyant one-woman-show de téléphone rose en style 90 shades of Grey. Puis tout se met en place. La petite ville du Nord de l’Angleterre où l’usine de poulets a dû fermer  à cause de la grippe aviaire. Une famille décapitée. Pas d’argent. Ouf, personne ne picole. Que du café imbuvable.  La mère disparue et  fantomatique, version irlandaise de  Billy Holiday,  ce n’est pas peu dire ! Mais qu’est-ce qu’elle est belle cette Vénus au teint clair qui a oublié ses enfants,  quand ses filles se font leur cinéma et la projette sur leur écran noir! Emotion et  esthétique à la fois ! La copine SDF qui fabrique du téléphone rose, sert de tiers  psychologique et ne mâche pas ses mots. A la bonne heure! On se serre les coudes, les filles!

 

Et puis, voilà l’arrivée d’un couple particulier. Gordon et Paul.  Il fait sourire et nous projette dans l’actualité française récente. Mais l'enjeu est de taille pour Sally : accepter de devenir mère porteuse pour eux  et sauver de l’institution, sa petite sœur Jill à la sensibilité et l’esprit mutilés,  ou la voir arrachée à  ce qui reste de son triste terreau familial et mourir à petit feu loin de tout.

Il n’est pas juste de présenter le problème en ces termes. C’est sous la pression d’une situation financière  intenable que la jeune femme se voit forcer de louer son corps comme une coquille. Bonjour la dignité de la femme ! Bonjour les dégâts affectifs chez le futur bébé dont la mère n’aura été qu’un éclosoir ! Le désir (égoïste ?) du couple de messieurs bien sous tous rapport passera au second plan on l’espère, car bien plus terrible est la problématique des mères porteuses. « Et le gosse ? T’as pensé au gosse ?»

Les chaises de formica dépareillées,  la machine à laver, le  frigo couleur Coca-Cola, l’évier de cuisine et  l’appareil de chauffage symboliquement en panne, où vient s’affairer quotidiennement le vieil  ami footballeur de  la grande sœur forment un décor haut en couleurs de misère.  Qu’est-ce que Sally a contre lui ? « Je lui en veux juste d’être d’ici » C’est tout dit !12272868275?profile=original

 Il y a aussi cet étonnant  vivarium symbolique que la jeune autiste transporte au milieu du plateau, à chaque fois qu’elle tremble d’émotion. C’est là que vit la reine des fourmis  et sa colonie, qui se mange les ailes pour mieux se reproduire… Autre symbole très parlant.

 Les filles sont fagotées de vulgarité involontaire et donc pardonnable. D'autant qu'elles jouent leur rôle avec une justesse incroyable. C’est l’émotion alors qui vous prend par le cœur, comme dans les plus beaux films de Ken Loach. Mais on est sur des planches et l’humour finit par l’emporter haut la main sur le  misérabilisme tentateur. Les séances du protocole de procréation sont particulièrement hilarantes. Le message   - ou l’interpellation, à deux doigts de la journée internationale de la femme -  en sera encore plus strident. Une vraie bombe parmi les spectateurs du douillet centre culturel d’Auderghem, qui réveille à souhait la conscience humaine et les dangers de l’eugénisme.

Clément Koch, auteur français, a signé ici une  comédie sociale très habile que de  nombreux rappels ont clôturée. Les comédiens au mieux de leur forme  sont éblouissants. Explosés, les grands principes.

http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/idmanif/6690/idtier/289298

 

Distribution

et la participation de Bénédicte Dessombz (la mère)

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administrateur théâtres

 

Run!

Plus que quelques jours,  au Théâtre Royal du Parc : Oedipe, revisité par un auteur canadien Olivier Kemeid, à ne manquer sous aucun prétexte!

 

Mise en scène éblouissante: jeux de clair-obscurs et  corps à corps bouleversants, voici le texte mythique de l’Œdipe de Sophocle replacé de façon résolument moderne dans la réalité mouvante  de la caverne du  21e siècle.

 Des écrans transparents glissent pour évoquer la prison de verre qui enferme chaque personnage. Des écrans translucides s’allument et s’éteignent comme dans le théâtre d’ombres asiatique. Approche globale oblige.  Ces parois s’animent de fondus éclatés sur des rythmes de musique explosive, et crèvent  comme la succession de jours et de nuits. Mais où donc est passée la lumière? La succession du  Noir et  du Blanc est tranchante et menaçante comme un tribunal. Et comment reconnaître le vrai du faux ? La rumeur de la vérité ?

Ce sera la tâche que se donne Œdipe : sauver la ville par la raison. Retrouver les meurtriers de son père  qui ont attiré la colère des dieux et la malédiction qui s’est abattue sur la ville de Thèbes.  Qui a tué Laios ? C’et Œdipe lui-même qui se charge de l’enquête. A la façon d’une intrigue policière il veut que le coupable soir jugé devant Créon, chef du tribunal.  Dans  un décor stylisé et dépouillé à l’extrême Œdipe ne cesse de se cogner à la réalité.  Jocaste, elle, sait tout. Elle est seule contre l’ombre machiste de son défunt mari. Elle personnifie toutes les femmes : les mères, les sœurs, les amantes, les filles de joie…les consolatrices, toutes aussi impuissantes devant la folie humaine.  Omnisciente car elle a la clé du mystère, elle va s’immoler, sacrifice ultime.

  Voici Œdipe en corps à corps poignant avec celle qui  lui a donné quatre enfants mais qui tait jusqu’au bout qu’elle est aussi sa mère.   Des jeux d’ombre et de lumière projettent la narration de l’histoire que Jocaste révèle. Car c’est à elle, que l’auteur, Olivier Kemeid, rend justice, il lui donne enfin la parole. Elle a été la victime de Laios qui ne la respectait pas, elle a été saoulée et abusée et ainsi est né le malheureux Œdipe. Elle a supplié de pouvoir garder son fils, il lui a été arraché. On connait la suite de l’histoire. La tension dramatique devient aveuglante et  incandescente, jusqu’à ce qu’Œdipe désespéré, abusé lui aussi, se fasse justice.

 L’émoi de la ville est palpable et revient hanter le plateau à chaque découpage de scène. Il est  représenté par cinq danseurs qui personnifient la violence du populisme sous tous ses aspects. Depuis la rumeur pernicieuse et la dénonciation jusqu’à la mise à mort, l’exclusion et l’épuration ethnique. La ville ne souffre pas seulement  de famine, d’infertilité et de la peste ou le choléra mais aussi de la peur chronique de l’autre. La sphynge mordorée est revenue, seule couleur au tableau, sorte de peste brune qui à peine disparue revient encore plus pernicieuse. La  foule a besoin de bouc émissaire, elle est toujours  friande de drame.Elle aime se repaître des malheurs des autres, se poser en accusatrice ou en justicière.  Les profils mouvants des cinq jeunes  danseurs la représentent, cette  « turba » dénoncée par les Anciens, ou cette « mob » haineuse, justement vilipendée par Shakespeare dans son Jules César. Musique, mouvement et murmures accusateurs se combinent pour forcer le trait et ouvrir les yeux du spectateur. La vérité sera aveuglante.

 Œdipe, comme chez Sophocle est profondément humain. Gauthier Jansen, pour ne nommer que lui parmi les excellents comédiens, interprète magnifiquement le personnage. Son cœur bat généreusement et luttant pour la justice,  il veut établir le règne de la paix. Il est courageux, il va jusqu'au bout, au risque de se détruire. Il est inscrit en chacun de nous,  se révolte contre la folie de la malédiction divine. Il ne peut pas  croire à sa culpabilité, sorte de péché originel qu’il ne peut laver que par l’exil et la cécité. Il représente toute notre souffrance humaine.

La qualité irréprochable des comédiens et des danseurs, le dynamisme extraordinaire du spectacle, la sobriété des textes mettent en scène la profondeur du drame de l’homme toujours seul devant son destin. Une pièce  dense, extraordinaire de modernité et d’intensité. Lors du salut final, on découvre enfin  la texture des costumes  tous entre gris clair et gris foncé,  les artistes nous lancent un ultime message… Rien n’est jamais blanc ou noir.  Never forget !

 

Chorégraphe - Mise en scène: José BESPROSVANY
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Avec:
Gauthier JANSEN
(OEDIPE)
Isabelle ROELANDT (JOCASTE)
Georges SIATIDIS (CREON)
Julien  ROY (THIRESIAS + divers)
Georges SIATIDIS (CREON)
Toussaint COLOMBANI (LE
JEUNE HOMME)
Fernando MARTIN (Danseur)
Yann-Gaël MONFORT (Danseur)
François PRODHOMME (Danseur)

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_003

http://www.mrifce.gouv.qc.ca/portail/_scripts/ViewEvent.asp?EventID=12397&lang=fr&strIdSite=BEL

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administrateur théâtres

Moudawana For Ever

 

C’est sûr, Ben Hamidou a une aura…. Même déguisé en femme ! Oops le sacrilège, le faux pas ! Il rayonne de sympathie, il émet de la chaleur humaine plein feux et va jouer la grande scène du désenvoûtement, au propre et au figuré ! Si vous êtes au premier rang, méfiez vous! Vous serez aspiré dans son trip fabuleux qui vous balade  avec fantaisie entre Maroxellois et Gazelles du Maroc, où les chameaux sont désormais remplacés par des autoroutes.

 

Avec sa complice, Zidani, présence croustillante, tantôt en perruques drolatiques, ou lunettes extravagantes, tantôt,  soumise éplucheuse de légumes au soleil au  bord du puits, il convoque des sujets qui font peur au Belge blanc-bleu ! Comment réagir dans une famille, à la conversion à l’Islam d’un fils bien sous tous rapports…. ? L’âge du mariage, le droit au divorce, l’autonomie de la femme…  La polygamie : …. pas plus de quatre, comme les saisons ! Mais comment donner des droits aux femmes dans les pays où les droits de l’homme sont bafoués ! Le jambon, c’est Aram ! Péché !  Et l’obéissance au mari ? Comment passer de ce code de la famille séculaire à une révolution voulue par Mohamed VI qui rend, en principe, les femmes égales aux hommes…*

 

 Des questions graves, traitées avec un humour bienveillant, un regard généreux sur deux communautés qui ont parfois tout pour s’affronter. Il décoche coups de griffes, coups de cœur, tous azimuts. Tout le monde s’y retrouve, touché !  En excellent comique, Ben Hamidou pratique  l’autodérision avec brio, et déracine les préjugés. Sa gestuelle, tant l’occidentale pure et dure que la nord-africaine, est d’une précision et d’une vérité savoureuse. Le talent est aussi magnifique que le Soliman éponyme. Les deux comédiens dans cette salle magique défoncent les sortilèges et les barrières. Mon voisin marocain de gauche jubile sous la pluie de traits acérés lancés à sa culture et m’explique gentiment le vocabulaire, cependant que mon voisin attitré, de droite… me surveille du coin de l’œil ! Le mélange local du quartier et  les voyageurs des districts lointains  de la périphérie bruxelloise font bon ménage, mêlant leurs rires salutaires, leur bonne humeur et une ouverture nouvelle peut-être.

 

Ce théâtre est pédagogique sans l’être, édifiant tout de même car il libère tout un chacun. Les cordes sur lequel jouent cet Hamelin africain sont la caricature aimable, le verbe et le texte débridés, la truculence, le mime, les grimaces inoubliables,la chanson,  le jeu, par-dessus tout! Vive Mehdi !

 

*« Sur le plan social, au-delà des réformes qu'il introduit, en adoptant une

formulation moderne et en se souciant de mieux préciser les droits et devoirs des

composantes de la Famille, ce Code, en veillant à garantir l'équilibre dans les

rapports entre l'homme et la femme, met en place les préalables de la consolidation

de la cellule familiale, de sa cohésion et de sa pérennité. Ce faisant, il contribue à la

consolidation des bases de la société marocaine démocratique et moderne, ouverte

sur son époque et fidèle à son identité islamique et à ses traditions de solidarité

familiale et de cohésion sociale. »

 2004 Mohamed BOUZOUBAA, ministre de la Justice

 

 

 Moudawana For Ever du 26 avril au 21 mai 2011

Au Magic Land Théâtre.
Réservation au 02/245 50 64 ou via le site www.magicland-theatre.com

 http://www.magicland-theatre.com/index.php5?pageId=1&md=0&sp=65

 

 

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administrateur théâtres

ON VIT PEU ... MAIS ON MEURT LONGTEMPS

Théâtre de la Toison d'Or Bruxelles

Mise en scène : Samuel Tilman et Alexis Goslain Avec : Fabrizio Rongione
Scénographie : Renata Gorkar
Lumières : Thomas Kazako

Seul en scène de Fabrizio Rongione

Ecrit par Samuel Tilman et Fabrizio Rongione

SYNOPSIS

Tout va mal, la planète se réchauffe, les forêts disparaissent, les rivières sont polluées, l’air devient irrespirable, on ne sait plus ce qu’on mange!...Et pendant ce temps-là, je sais toujours pas où je vais partir en vacances...

Avec humour, le nouveau seul en scène de Fabrizio Rongione décrit les nouveaux défis de l’homme moderne. Sur le ton de la comédie, il épingle avec jubilation les paradoxes quotidiens de la globalisation: pourquoi les nouveaux prophètes verts prennent-ils continuellement l’avion? est-il possible de vivre sans voiture? que penserait un paysan du Moyen-Age s’il nous voyait courir sur un tapis roulant?

De nombreux personnages hauts en couleur rejoindront Fabrizio sur scène pour nous donner leur point de vue sur la question.

Aucun cynisme dans la satire de notre société présentée par Fab, Fabrizzio, Fabrice, Fabuleusement drôle et charmant. Il ausculte nos travers, de l’individu à l’organisation du monde en général, avec candeur et lucidité, et sa verve naturelle rend la consultation très comique. Les tensions éclatent en rires compacts, les aléas de la vie courante dégénèrent en rires étincelants, tant c’est du vécu, bien observé et bien mis en scène. Les scènes se succèdent avec souplesse et naturel, dans le malicieux cheminement de sa pensée qui bondit d’association en association. Ses volte-face et pirouettes italiennes sont délicieusement parfumées d’esprit latin !

Son rapport avec son grand-père Nono, donne une envergure particulièrement émouvante à ce balayage du siècle fait de contrastes délirants, où la mobilité, la vitesse, les changements ont raflé les certitudes et la sérénité. Il ose dire que pour sauver la planète il faudrait … tous mourir.

Ce spectacle est farci de paradoxes, et l’amusement, presque la liesse, engendré par son art de rire et ses multiples langages zébrés d’ironie fine, nous fait toucher au plus profond des problèmes qui nous préoccupent. Les situations à rire ou à pleurer défilent sans concessions, nous enjoignant de choisir la dolce vita plutôt que la vélocita d’une danse macabre. Pour ne pas nous appesantir sur cette soirée si grave et si légère – à se demander comment il peut pleuvoir à la sortie - disons que le comédien et l’homme montent ensemble un dialogue subtil, devant un public heureux d’être là, les yeux fixés sur un zèbre débordant de talent ! Fixés ? … ce n’est pas une injure, demandez à son grand-père!

  • Théâtre de la Toison d'Or
  • Tél. : 02-510.05.10
  • Fax : 02-511.22.50
  • http://www.ttotheatre.be
  • Galerie de la Toison d'Or 396
    1050 Ixelles
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