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Présentation du Concours Reine Elizabeth

A propos de la présentation par la Rtbf du Concours Reine Elizabeth.
Je trouve cet avis sur La Libre et ne peut qu'y souscrire.

QUELLE MEDIOCRITE DANS LA PRESENTATION DE CE POURTANT MAGNIFIQUE CONCOURS. LA RTBF VEUT-ELLE DONC TOUT TRANSFORMER EN "THE VOICE"? ON POURRAIT LE PENSER. QU'ILS NOUS RENDENT DONC DES CHRONIQUEURS NATURELLEMENT DOUES POUR COMMENTER CE GENRE D'EVENEMENTS . ET CREDIBLES SURTOUT, POUR LES TELESPECTATEURS MAIS AUSSI POUR LES INVITES! PAUVRE NICOLAS LE SAGE QUI AURAIT MANIFESTEMENT PREFERE ETRE AILLEURS HIER SOIR. MAIS OU EST DONC PASSE NICOLAS BLANMONT?

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administrateur théâtres

                                                                        4208525301.jpgConcours Reine Elisabeth 2013  Rencontre avec  le compositeur Michel Petrossian, Grand Prix International Reine Elisabeth de Composition 2012 
 
Bruxelles, 27 mai 2013. Michel Petrossian: on l’a reconnu à son sourire, son foulard et ses lunettes de cinéaste bien connu. Il quittait hier soir  la salle du palais des Beaux-Arts où s’était donnée la première mondiale publique de son œuvre. « In the wake of Ea » venait d’être interprétée tour à tour par les deux premières finalistes du Concours Musical reine Elisabeth 2013 : la Russe Tatiana Chernichka  et  la Chinoise Zhang Zuo. On sait de lui qu’il a  étudié la composition, le contrepoint et l'harmonie après des études de violoncelle et de guitare. En 1997 il a suivi des cours d’analyse, d’orchestration, de musique et d’ethnomusicologie de l'Inde. Soucieux de faire connaître la musique de son temps, il fonde en décembre 1998, avec le compositeur Jérôme Combier, l'Ensemble Cairn. Du nom de ces petits amas de pierres que l’on trouve en montagne et qui servent de repère aux autres promeneurs qui y ajoutent chaque fois une nouvelle contribution. Michel Petrossian, (dont la racine est le mot Pierre) est arménien d’origine et  s'est intéressé  passionnément aux textes bibliques et aux langues anciennes, sémitiques en particulier - hébreu, ougaritique, araméen et akkadien. Il   a obtenu également une licence de théologie. Il enseigne à l'Ecole des Langues et des Civilisations Anciennes et à Paris IV La Sorbonne. Il entreprend actuellement une synthèse à partir de sa double compétence philologique et musicale afin d'articuler une écriture vocale qui renoue, « dans une démarche consciente de l'histoire, avec des traditions anciennes où le son et le sens sont articulés ensemble dans une relation inextricable avec le transcendant. »
 La phrase écrite en exergue du programme du concours par la reine Fabiola prend ici tout son sens : « La musique nous conduit vers une ‘commune union’ de passionnés de toutes conditions, races, et cultures – ceux d’aujourd’hui et, espérons-le aussi de demain. La musique touche le cœur par les sens.» L’Essence ? «  Elle traverse le temps sans jamais cesser de pointer vers ce qui la transcende et ce qui est au-delà de l’espace et du temps. » Si ces objectifs ont été inscrits dans le  concerto qui vient d’être primé par le Grand Prix International Reine Elisabeth de Composition 2012, les candidats qui ont dû s’y atteler pour le découvrir, l’étudier et l’interpréter en huit petits jours, isolés à la Chapelle Musicale sans aide ni contact avec l’extérieur,  auront eu fort à faire pour venir à bout de cette œuvre périlleuse! Non seulement les candidats doivent jouer une œuvre dont le jury suit la partition des yeux pendant la performance, - et il ne s’agit point d’un anglicisme -  mais leur appréhension profonde de la musique est elle-même en jeu et sondée par le jury prestigieux. Il s’agit de comprendre une langue, celle de la musique, par ailleurs,  universelle qui  ouvre la porte sur l’essentiel. La porte est grande ouverte sur la créativité, certes, mais cette porte est à la fois très étroite, car il faut passer par la difficulté extrême  de la partition et ne pas sauter la moindre mesure. Seront « grâciés » ceux qui en dehors d’une technique parfaite auront su accéder à l’interprétation profonde du texte. En parlant de « grâce » Michel Petrossian admet que c’en est une extraordinaire, que de se trouver joué 12 fois d’affilée par la jeunesse la plus talentueuse du monde, aux côtés de compositeurs comme Haydn, Beethoven et Tchaïkovski pour ne parler que des compositeurs de ce soir.
La  recherche et la complexité sonore de l’orchestre est évidente.  Nous  avons demandé à Michel Petrossian comment le rôle de soliste pouvait être appréhendé dans ces conditions, puisque le piano doit vraiment se glisser dans de minces interstices laissés par l’orchestre. Il  y a bien deux petits solos, vers la fin de l’œuvre, mais  ce n’est pas cela l’important, réplique-t-il. L’important et le compliqué à la fois est d’être le lien et d’irradier vers les autres pour mettre les autres instruments en valeur, faire vivre ou revivre leur humanité. Construire l’éternité d’un dialogue incessant. Au cœur d’une bruissante  tour de Babel ? Babel, la porte des dieux ? Vieux rêve! Souvenirs aquatiques d’un croissant fertile à la verte nature. Le piano qui déjà est le roi des instruments par sa nature orchestrale doit avoir la grâce  de se glisser humblement dans l’ensemble, avec les autres et pas par-dessus les autres. Belle leçon de  vie et de solidarité. Le pianiste a pour fonction de faire naître l’esprit musical entre les différents instruments grâce à un éventail de techniques pianistiques en renaissance constante.
On retrouve dans cette pièce une diversité étonnante d’instruments parmi les  percussions et les cuivres. La harpe et les cordes assurent des pulsations vitales, ou bien est-ce le piano lui-même qui par-delà l’espace-temps,  est devenu  cette quatrième corde des temps babyloniens en prise directe avec la divinité ? Car c’est cette lyre babylonienne qui est à la source de l’œuvre : « Une lyre qui se défait sous la pression du temps, et une corde au milieu qui veut maintenir la permanence, de par son lien à Ea, divinité des eaux souterraines et créateur des arts. Elle est  l’emblème de la musique babylonienne elle-même, immatérielle et ineffable, mais véhiculée par des instruments périssables et des voix qui se sont tues depuis longtemps. » Cette tension entre permanence et impermanence  est inspiratrice de l’œuvre.  Une œuvre qui réjouit l’imaginaire. Ce qui se joue en grand et en prophétique ici, c’est le même esprit poétique d’ouverture qui animait le morceau imposé de la demi-finale :  Dream  de Frederic Rzewski. « Le piano, image de la quatrième corde, vit des histoires de renaissances multiples, au rythme d’un mouvement aquatique. Tel un prophète élégant qui se meut au travers de courants fluviaux, il lutte par deux moyens (une note répétée et une phrase musicale tantôt verticalisée tantôt étalée) et en deux directions contraires à l’égard de l’orchestre : en s’opposant, et en cherchant à rallier. L’orchestre, lyre amplifiée, s’abîme dans la dispersion, mais en est empêché par le piano, corde ‘faite par Ea’, qui lui communique des élans renouvelés et maintient la volonté de permanence. La forme générale de l’œuvre procède par défragmentation, à l’image d’une civilisation qui subjugua l’Orient et dont il ne reste que quelques éclats de splendeurs découverts au gré des fouilles, sur une terre toujours agitée. »  
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ESTHER de JEAN RACINE

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Pièce de théâtre d'Esther - Je joue l'impie Aman qui fait prosterner tous à ses pieds - 12 ans - Ma copine Flory Dahan fait la figure

12272904083?profile=originalUne autre fois, Pièce d'Esther (ou Pourim dans la tradition juive) Encore une fois, je joue Aman debout près du Roi Assuérus (Lison Hazan) avec une couronne d'orgueil et j'ai 14 ans -Regardez comme les petits sont bien dans leurs rôles et chouquinets à croquer !

Salle de fête du Château de Combault (Madame Sans Gène) Seine et Marne - près Paris -

La Pièce de Racine - Je m'en souviens par grands pans comme si c'était hier et pourtant, sur les photos témoins ce sont d'autres versions d'Esther qui furent jouées. En fait,  je ne me souviens que des grands qui l'aient jouée en entier selon Racine - J'avais 5-6 ans et ils venaient me chercher pour leur remémorer les parties musicales quand ils avaient des trous.

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ACTE PREMIER

Le théâtre représente l'appartement d'Esther.

SCÈNE PREMIÈRE


ESTHER, ÉLISE.


ESTHER

Est-ce toi, chère Élise ? Ô jour trois fois heureux !
Que béni soit le ciel qui te rend à mes vœux,
Toi qui de Benjamin comme moi descendue,
Fus de mes premiers ans la compagne assidue,
Et qui d'un même joug souffrant l'oppression,
M'aidais à soupirer les malheurs de Sion.
Combien ce temps encore est cher à ma mémoire !
Mais toi, de ton Esther ignorais-tu la gloire ?
Depuis plus de six mois que je te fais chercher,
Quel climat, quel désert a donc pu te cacher ?

ÉLISE

Au bruit de votre mort justement éplorée,
Du reste des humains je vivais séparée,
Et de mes tristes jours n'attendais que la fin,
Quand tout à coup, Madame, un prophète divin :
" C'est pleurer trop longtemps une mort qui t'abuse,
Lève-toi, m'a-t-il dit ; prends ton chemin vers Suse.
Là tu verras d'Esther la pompe et les honneurs,
Et sur le trône assis le sujet de tes pleurs.
Rassure, ajouta-t-il, tes tribus alarmées,
Sion : le jour approche où le Dieu des armées
Va de son bras puissant faire éclater l'appui ;
Et le cri de son peuple est monté jusqu'à lui " .
Il dit. Et moi, de joie et d'horreur pénétrée,
Je cours. De ce palais j'ai su trouver l'entrée.
Ô spectacle ! Ô triomphe admirable à mes yeux,
Digne en effet du bras qui sauva nos aïeux !
Le fier Assuérus couronne sa captive,
Et le Persan superbe est aux pieds d'une Juive.
Par quels secrets ressorts, par quel enchaînement
Le ciel a-t-il conduit ce grand événement ?

ESTHER

Peut-être on t'a conté la fameuse disgrâce
De l'altière Vasthi, dont j'occupe la place,
Lorsque le Roi, contre elle enflammé de dépit,
La chassa de son trône, ainsi que de son lit.
Mais il ne put sitôt en bannir la pensée.
Vasthi régna longtemps dans son âme offensée.
Dans ses nombreux États il fallut donc chercher
Quelque nouvel objet qui l'en pût détacher.
De l'Inde à l'Hellespont ses esclaves coururent.
Les filles de l'Égypte à Suse comparurent.
Celles mêmes du Parthe et du Scythe indompté
Y briguèrent le sceptre offert à la beauté.
On m'élevait alors, solitaire et cachée,
Sous les yeux vigilants du sage Mardochée.
Tu sais combien je dois à ses heureux secours.
La mort m'avait ravi les auteurs de mes jours.
Mais lui, voyant en moi la fille de son frère,
Me tint lieu, chère Élise, et de père et de mère.
Du triste état des Juifs jour et nuit agité,
Il me tira du sein de mon obscurité,
Et sur mes faibles mains fondant leur délivrance,
Il me fit d'un Empire accepter l'espérance.
À ses desseins secrets tremblante j'obéis.
Je vins. Mais je cachais ma race et mon pays.
Qui pourrait cependant t'exprimer les cabales
Que formait en ces lieux ce peuple de rivales,
Qui toutes disputant un si grand intérêt,
Des yeux d'Assuérus attendaient leur arrêt ?
Chacune avait sa brigue et de puissants suffrages :
L'une d'un sang fameux vantait les avantages ;
L'autre, pour se parer de superbes atours,
Des plus adroites mains empruntait le secours.
Et moi, pour toute brigue et pour tout artifice,
De mes larmes au ciel j'offrais le sacrifice.
Enfin on m'annonça l'ordre d'Assuérus.
Devant ce fier monarque, Élise, je parus.
Dieu tient le cœur des rois entre ses mains puissantes ;
Il fait que tout prospère aux âmes innocentes,
Tandis qu'en ses projets l'orgueilleux est trompé.
De mes faibles attraits le Roi parut frappé.
Il m'observa longtemps dans un sombre silence ;
Et le ciel, qui pour moi fit pencher la balance,
Dans ce temps-là sans doute agissait sur son cœur.
Enfin avec des yeux où régnait la douceur :
" Soyez reine ", dit-il ; et dès ce moment même
De sa main sur mon front posa son diadème.
Pour mieux faire éclater sa joie et son amour,
Il combla de présents tous les grands de sa cour ;
Et même ses bienfaits, dans toutes ses provinces,
Invitèrent le peuple aux noces de leurs princes.
Hélas ! durant ces jours de joie et de festins,
Quelle était en secret ma honte et mes chagrins !
" Esther, disais-je, Esther dans la pourpre est assise ;
La moitié de la terre à son sceptre est soumise ;
Et de Jérusalem l'herbe cache les murs !
Sion, repaire affreux de reptiles impurs,
Voit de son temple saint les pierres dispersées,
Et du Dieu d'Israël les fêtes sont cessées ! "

ÉLISE

N'avez-vous point au Roi confié vos ennuis ?

ESTHER
Le Roi, jusqu'à ce jour, ignore qui je suis.
Celui par qui le ciel règle ma destinée
Sur ce secret encore tient ma langue enchaînée.

ÉLISE

Mardochée ? Hé ! Peut-il approcher de ces lieux ?

ESTHER

Son amitié pour moi le rend ingénieux.
Absent, je le consulte ; et ses réponses sages
Pour venir jusqu'à moi trouvent mille passages.
Un père a moins de soin du salut de son fils.
Déjà même, déjà par ses secrets avis,
J'ai découvert au Roi les sanglantes pratiques
Que formaient contre lui deux ingrats domestiques.
Cependant mon amour pour notre nation
A rempli ce palais de filles de Sion,
Jeunes et tendres fleurs, par le sort agitées,
Sous un ciel étranger comme moi transplantées.
Dans un lieu séparé de profanes témoins,
Je mets à les former mon étude et mes soins ;
Et c'est là que fuyant l'orgueil du diadème,
Lasse de vains honneurs, et me cherchant moi-même,
Aux pieds de l'Éternel je viens m'humilier,
Et goûter le plaisir de me faire oublier.
Mais à tous les Persans je cache leurs familles.
Il faut les appeler. Venez, venez, mes filles,
Compagnes autrefois de ma captivité,
De l'antique Jacob jeune postérité.

SCÈNE II

ESTHER, ÉLISE, LE CHŒUR


UNE DES ISRAÉLITES chante derrière le théâtre.

Ma sœur, quelle voix nous appelle ?

UNE AUTRE

J'en reconnais les agréables sons.
C'est la Reine.

TOUTES DEUX

Courons, mes sœurs, obéissons.
La Reine nous appelle :
Allons, rangeons-nous auprès d'elle.

TOUT LE CHŒUR, entrant sur la scène par plusieurs endroits différents.

La Reine nous appelle :
Allons, rangeons-nous auprès d'elle.

ÉLISE

Ciel ! Quel nombreux essaim d'innocentes beautés
S'offre à mes yeux en foule et sort de tous côtés !
Quelle aimable pudeur sur leur visage est peinte !
Prospérez, cher espoir d'une nation sainte.
Puissent jusques au ciel vos soupirs innocents
Monter comme l'odeur d'un agréable encens !
Que Dieu jette sur vous des regards pacifiques !

ESTHER

Mes filles, chantez-nous quelqu'un de ces cantiques
Où vos voix si souvent se mêlant à mes pleurs
De la triste Sion célèbrent les malheurs.

UNE ISRAÉLITE, seule, chante.

Déplorable Sion, qu'as-tu fait de ta gloire ?
Tout l'univers admirait ta splendeur :
Tu n'es plus que poussière ; et de cette grandeur
Il ne nous reste plus que la triste mémoire.
Sion, jusques au ciel élevée autrefois,
Jusqu'aux enfers maintenant abaissée,
Puissé-je demeurer sans voix,
Si dans mes chants ta douleur retracée
Jusqu'au dernier soupir n'occupe ma pensée !

TOUT LE CHŒUR

Ô rives du Jourdain ! ô champs aimés des cieux !
Sacrés monts, fertiles vallées,
Par cent miracles signalées !
Du doux pays de nos aïeux
Serons-nous toujours exilées ?

UNE ISRAÉLITE, seule.

Quand verrai-je, ô Sion ! relever tes remparts,
Et de tes tours les magnifiques faîtes ?
Quand verrai-je de toutes parts
Tes peuples en chantant accourir à tes fêtes ?

TOUT LE CHŒUR

Ô rives du Jourdain ! ô champs aimés des cieux !
Sacrés monts, fertiles vallées,
Par cent miracles signalées !
Du doux pays de nos aïeux
Serons-nous toujours exilées ?

SCÈNE III

ESTHER, MARDOCHÉE, ÉLISE, LE CHŒUR


ESTHER

Quel profane en ce lieu s'ose avancer vers nous ?
Que vois-je ? Mardochée ? Ô mon père, est-ce vous ?
Un ange du Seigneur sous son aile sacrée
A donc conduit vos pas et caché votre entrée ?
Mais d'où vient cet air sombre, et ce cilice affreux,
Et cette cendre enfin qui couvre vos cheveux ?
Que nous annoncez-vous ?

MARDOCHÉE

Ô Reine infortunée !
Ô d'un peuple innocent barbare destinée !
Lisez, lisez l'arrêt détestable, cruel.
Nous sommes tous perdus, et c'est fait d'Israël.

ESTHER

Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace.

MARDOCHÉE

On doit de tous les Juifs exterminer la race.
Au sanguinaire Aman nous sommes tous livrés.
Les glaives, les couteaux sont déjà préparés.
Toute la nation à la fois est proscrite.
Aman, l'impie Aman, race d'Amalécite,
A pour ce coup funeste armé tout son crédit,
Et le Roi, trop crédule, a signé cet édit.
Prévenu contre nous par cette bouche impure,
Il nous croit en horreur à toute la nature.
Ses ordres sont donnés, et dans tous ses États
Le jour fatal est pris pour tant d'assassinats.
Cieux, éclairerez-vous cet horrible carnage ?
Le fer ne connaîtra ni le sexe, ni l'âge.
Tout doit servir de proie aux tigres, aux vautours ;
Et ce jour effroyable arrive dans dix jours.

ESTHER

Ô Dieu, qui vois former des desseins si funestes,
As-tu donc de Jacob abandonné les restes ?

UNE DES PLUS JEUNES ISRAÉLITES

Ciel ? qui nous défendra, si tu ne nous défends ?

MARDOCHÉE

Laissez les pleurs, Esther, à ces jeunes enfants.
En vous est tout l'espoir de vos malheureux frères.
Il faut les secourir. Mais les heures sont chères :
Le temps vole, et bientôt amènera le jour
Où le nom des Hébreux doit périr sans retour.
Toute pleine du feu de tant de saints prophètes,
Allez, osez au Roi déclarer qui vous êtes.

ESTHER

Hélas ! Ignorez-vous quelles sévères lois
Aux timides mortels cachent ici les rois ?
Au fond de leur palais leur majesté terrible
Affecte à leurs sujets de se rendre invisible ;
Et la mort est le prix de tout audacieux
Qui sans être appelé se présente à leurs yeux,
Si le Roi dans l'instant, pour sauver le coupable,
Ne lui donne à baiser son sceptre redoutable.
Rien ne met à l'abri de cet ordre fatal,
Ni le rang, ni le sexe ; et le crime est égal.
Moi-même, sur son trône à ses côtés assise,
Je suis à cette loi comme une autre soumise ;
Et sans le prévenir, il faut, pour lui parler,
Qu'il me cherche, ou du moins qu'il me fasse appeler.

MARDOCHÉE

Quoi ! lorsque vous voyez périr votre patrie,
Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie !
Dieu parle, et d'un mortel vous craignez le courroux !
Que dis-je ? Votre vie, Esther, est-elle à vous ?
N'est-elle pas au sang dont vous êtes issue ?
N'est-elle pas à Dieu dont vous l'avez reçue ?
Et qui sait, lorsqu'au trône il conduisit vos pas,
Si pour sauver son peuple il ne vous gardait pas ?
Songez-y bien. Ce Dieu ne vous a pas choisie
Pour être un vain spectacle aux peuples de l'Asie,
Ni pour charmer les yeux des profanes humains.
Pour un plus noble usage il réserve ses saints.
S'immoler pour son nom et pour son héritage,
D'un enfant d'Israël voilà le vrai partage.
Trop heureuse pour lui de hasarder vos jours !
Et quel besoin son bras a-t-il de nos secours ?
Que peuvent contre lui tous les rois de la terre ?
En vain ils s'uniraient pour lui faire la guerre :
Pour dissiper leur ligue il n'a qu'à se montrer ;
Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer.
Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble ;
Il voit comme un néant tout l'univers ensemble ;
Et les faibles mortels, vains jouets du trépas,
Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étaient pas.
S'il a permis d'Aman l'audace criminelle,
Sans doute qu'il voulait éprouver votre zèle.
C'est lui qui m'excitant à vous oser chercher,
Devant moi, chère Esther, a bien voulu marcher ;
Et s'il faut que sa voix trappe en vain vos oreilles,
Nous n'en verrons pas moins éclater ses merveilles.
Il peut confondre Aman, il peut briser nos fers
Par la plus faible main qui soit dans l'univers.
Et vous, qui n'aurez point accepté cette grâce,
Vous périrez peut-être, et toute votre race.

ESTHER

Allez. Que tous les Juifs dans Suse répandus,
À prier avec vous jour et nuit assidus,
Me prêtent de leurs vœux le secours salutaire,
Et pendant ces trois jours gardent un jeûne austère.
Déjà la sombre nuit a commencé son tour :
Demain, quand le soleil rallumera le jour,
Contente de périr, s'il faut que je périsse,
J'irai pour mon pays m'offrir en sacrifice.
Qu'on s'éloigne un moment.

Le chœur se retire vers le fond du théâtre.

SCÈNE IV


ESTHER, ÉLISE, LE CHŒUR


ESTHER

Ô mon souverain Roi !
Me voici donc tremblante et seule devant toi.
Mon père mille fois m'a dit dans mon enfance,
Qu'avec nous tu juras une sainte alliance,
Quand pour te faire un peuple agréable à tes yeux,
Il plut à ton amour de choisir nos aïeux.
Même tu leur promis de ta bouche sacrée
Une postérité d'éternelle durée.
Hélas ! ce peuple ingrat a méprisé ta loi ;
La nation chérie a violé sa foi ;
Elfe a répudié son époux et son père,
Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère.
Maintenant elle sert sous un maître étranger.
Mais c'est peu d'être esclave, on la veut égorger.
Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes,
Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes,
Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel
Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel.
Ainsi donc un perfide, après tant de miracles,
Pourrait anéantir la foi de tes oracles ?
Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons,
Le saint que tu promets et que nous attendons ?
Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches,
Ivres de notre sang, ferment les seules bouches
Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits,
Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais
Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles,
Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles,
Et que je mets au rang des profanations
Leur table, leurs festins et leurs libations ;
Que même cette pompe où je suis condamnée,
Ce bandeau, dont il faut que je paraisse ornée
Dans ces jours solennels à l'orgueil dédiés,
Seule et dans le secret je le foule à mes pieds ;
Qu'à ces vains ornements je préfère la cendre,
Et n'ai de goût qu'aux pleurs que tu me vois répandre.
J'attendais le moment marqué dans ton arrêt,
Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt.
Ce moment est venu. Ma prompte obéissance
Va d'un roi redoutable affronter la présence.
C'est pour toi que je marche. Accompagne mes pas
Devant ce fier lion qui ne te connaît pas,
Commande en me voyant que son courroux s'apaise,
Et prête à mes discours un charme qui lui plaise.
Les orages, les vents, les cieux te sont soumis :
Tourne enfin sa fureur contre nos ennemis.

SCÈNE V

LE CHŒUR


Toute cette scène est chantée.

UNE ISRAÉLITE, seule.

Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes.
À nos sanglots donnons un libre cours.
Levons les yeux vers les saintes montagnes
D'où l'innocence attend tout son secours.
Ô mortelles alarmes !
Tout Israël périt. Pleurez, mes tristes yeux.
Il ne fut jamais sous les cieux
Un si juste sujet de larmes.

TOUT LE CHŒUR

Ô mortelles alarmes !

UNE AUTRE ISRAÉLITE

N'était-ce pas assez qu'un vainqueur odieux
De l'auguste Sion eût détruit tous les charmes,
Et traîné ses enfants captifs en mille lieux ?

TOUT LE CHŒUR

Ô mortelles alarmes !

LA MÊME ISRAÉLITE

Faibles agneaux livrés à des loups furieux,
Nos soupirs sont nos seules armes.

TOUT LE CHŒUR

Ô mortelles alarmes !

UNE DES ISRAÉLITES

Arrachons, déchirons tous ces vains ornements
Qui parent notre tête.

UNE AUTRE

Revêtons-nous d'habillements
Conformes à l'horrible fête
Que l'impie Aman nous apprête.

TOUT LE CHŒUR

Arrachons, déchirons tous ces vains ornements
Qui parent notre tête.

UNE ISRAÉLITE, seule.

Quel carnage de toutes parts !
On égorge à la fois les enfants, les vieillards,
Et la sœur et le frère,
Et la fille et la mère,
Le fils dans les bras de son père.
Que de corps entassés ! Que de membres épars,
Privés de sépulture !
Grand Dieu ! tes saints sont la pâture
Des tigres et des léopards.

UNE DES PLUS JEUNES ISRAÉLITES

Hélas ! si jeune encore,
Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ?
Ma vie à peine a commencé d'éclore.
Je tomberai comme une fleur
Qui n'a vu qu'une aurore.
Hélas ! si jeune encore,
Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ?

UNE AUTRE
Des offenses d'autrui malheureuses victimes,
Que nous servent, hélas ! ces regrets superflus ?
Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus,
Et nous portons la peine de leurs crimes.

TOUT LE CHŒUR

Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats :
Non, non, il ne souffrira pas
Qu'on égorge ainsi l'innocence.

UNE ISRAÉLITE, seule.

Hé quoi ? dirait l'impiété,
Où donc est-il ce Dieu si redouté
Dont Israël nous vantait la puissance ?

UNE AUTRE

Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux,
Frémissez, peuples de la terre,
Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux
Est le seul qui commande aux cieux.
Ni les éclairs ni le tonnerre
N'obéissent point à vos dieux.

UNE AUTRE

Il renverse l'audacieux.

UNE AUTRE

Il prend l'humble sous sa défense.

TOUT LE CHŒUR

Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats :
Non, non, il ne souffrira pas
Qu'on égorge ainsi l'innocence.

DEUX ISRAÉLITES

Ô Dieu, que la gloire couronne,
Dieu, que la lumière environne,
Qui voles sur l'aile des vents,
Et dont le trône est porté par les anges !

DEUX AUTRES DES PLUS JEUNES

Dieu, qui veux bien que de simples enfants
Avec eux chantent tes louanges.

TOUT LE CHŒUR

Tu vois nos pressants dangers :
Donne à ton nom la victoire ;
Ne souffre point que ta gloire
Passe à des dieux étrangers.

UNE ISRAÉLITE, seule.

Arme-toi, viens nous défendre :
Descends, tel qu'autrefois la mer te vit descendre.
Que les méchants apprennent aujourd'hui
À craindre ta colère.
Qu'ils soient comme la poudre et la paille légère
Que le vent chasse devant lui.

TOUT LE CHŒUR

Tu vois nos pressants dangers :
Donne à ton nom la victoire ;
Ne souffre point que ta gloire
Passe à des dieux étrangers.

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Le petit diable

Si, portant ses griffes à mon coup

Un petit diable vient graver

De ses éraflures sanglantes

Le pli de mon cou angoissé

Je resterais vivante….

Je veux être marquée

Eraflée de signifiances

Meurtrie de cris et de sens

Je veux tout sentir et vibrer

Tout, plutôt que le silence

Le froid qui devient si pressé

Parfois de poser ses instances

Moi, je préfère brûler….

Mais toujours sans pénitence

Et juste une larme jetée

Sur mes pas de déshérence

Quand je transhume sur le papier

En quelques pas de désinences

Je veux dans ce bal valser

Sur mes syllabes et mes fréquences

Avec un sourire moiré

D’encre couleur d’espérance…

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Rencontre à Spa

Spa, ville thermale où j'ai eu le plaisir de rencontrer pour la première fois Adyn qui exposait à la Salle Quirin. Ses aquarelles sont magnifiques. Maintenant, c'est au Pouhon, toujours à Spa, exposition collective où Adyn et moi, on s'est retrouvées. Nous avons sympathisé et une amitié s'est créée. Une photo a été faite pour symboliser ce jour. Toutes les deux, on se retrouvera dans une prochaine exposition.

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Rêves

 

Horloge mécanique

Remonte le temps

Rêves d’antan

Bateaux transportant

 

S’envole l’esprit

Un jardin immense

Soif d’aventures

Rêves d’enfants

Sous la couverture

 

La tête dans les étoiles

D’un jaune sombre

Rêves en couleurs

Entre les  bombes

Pleurent les tombes

 

Evasions

D’autres nations

Rêves de sang

Senteurs d’encens

S’arrête le temps

 

 

Envol dans l’espace

Le monde prend sa place

Rêves cassants

L’enfant s’endort

Auprès de sa maman.

 

Dominique Prime Mai 2013

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Le don du Léman au Soleil

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Grande nouveauté, cette année scolaire,

Enfin, qui l'eut imaginé ?  L'Oiselle

Qui tant fut solitaire et austère

Décroche du labeur et de sa sphère.

Cessant sa vie de moine retiré pour vivre à la lumière.

Elle commence à renaître d'une vie plus cool et personnelle.

 

Ainsi, dès que s'annonce une journée exceptionnelle :

Vous m'aurez comprise, un jour de fête et de soleil 

Entrecoupant, comme hier, cet hiver qui plus n'en finit  ...

Elle ne s'attarde plus et court au bord de l'Eau, à Ouchy,

Pour que son âme s'ouvre au grand large, aime et s'émerveille !

 

Car c'est un pur bonheur d'admirer la douceur

du Léman dans toute sa clarté et splendeur.

La paix qu'il émanait remplissait tous les cœurs

Pas d'exubérance cassante, pas un bruit

Il semblait que tous l'accueillaient, recueillis.

 

Et pourtant c'était une réelle fête de lumière

Mais toute intérieure,

Un grandiose bonheur

Sur ses eaux calmes et claires

Bordées en face par les blancs sommets

De la chaîne des Alpes enneigées.

 

 

Les arbres qui le bordent sont aussi d'une majesté

D'une variété et d'une beauté

Telles, 

Qu'elle reste devant chacun à l'admirer et remercier,

L'Oiselle

Rendant grâce à son geste grandiose, ses couleurs,

Sa force tellurique et générosité.

Elle communie avec eux dans son cœur

Avec un amour plein, une folle gaieté

Dans un secret bonheur

Qui lui donne la paix.

 

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L’image cinématographique est donc

l’observation des faits dans le temps,…

Mais ces observations nécessitent

une sélection.

Andrei Tarkovski

Denis Deprez est un artiste qui peint à l’acrylique des images de grand format. Les sources de ces images sont pour la plupart des photographies réalisées par l’artiste. L’artiste photographie son propre environnement et des pays étrangers lors de ses voyages, mais il arrive que des images proviennent d’autres sources : le cinéma, la presse, l’écran d’un ordinateur.

La photographie est pour lui un outil de repérage qui permet d’ébaucher un cadrage, de construire une focalisation et de saisir un sujet. Il arrive que des images soient modifiées, mais la plupart du temps, les images issues des photographies sont utilisées sans transformation notoire. Quand elles sont modifiées, elles le sont selon un type d’opération semblable au collage (deux images sont découpées et remontées de façon à n’en faire qu’une seule) ou au zoom (un gros plan sur un détail de l’image).

Les images peintes constituent progressivement un ensemble, une sorte de répertoire au sein duquel des liaisons se tissent, des séries apparaissent. Dans cet ensemble, les images ont un sens qu’isolées elles n’ont pas. Mieux, les images sont ce qu’elles sont dans la mesure où elles sont destinées à prendre place dans cet ensemble qui leur donne leur véritable signification.

Non seulement, les images s’inscrivent dans un réseau complexe de significations fluctuantes selon les liaisons se nouant entre elles, mais, sur un autre plan, c’est leur statut qui semble osciller entre plusieurs pratiques : ce n’est pas de la bande dessinée (l’artiste a longtemps pratiqué cet art), ce n’est pas de la peinture non plus (la peinture était constamment présente dans la pratique bédéiste de l’artiste). Pourtant, les images peintes empruntent à l’une et à l’autre des aspects qui paraissent spécifiques à ces deux pratiques. Comme nous le verrons plus loin, les images de Denis Deprez empruntent aussi des aspects à la pratique cinématographique. Quant à la photographie, nous avons souligné son rôle déjà : elle définit le cadrage, la lumière, le motif et la focalisation.

Manifestement, la pratique visuelle de l’artiste se situe à l’intersection de ces différentes pratiques. La stratification constitutive de l’image opère en quelque sorte horizontalement, par le jeu des liaisons entre les images, et verticalement, par la superposition des pratiques.

Une semblable sophistication impose une approche plurielle qui puisse s’attarder successivement à divers aspects de l’oeuvre. Nous proposons ici une suite d’éclairages qui explorent tour à tour le projet et sa diversité générique.

L’absence : le monde tel que je l’ai trouvé.

Plusieurs aspects attirent l’attention, mais ce qui frappe surtout dans les images peintes de Denis Deprez, c’est l’absence du sujet, si l’on entend par sujet l’être humain, l’individu. Si jamais le sujet humain est présent, c’est de façon allusive : soit l’artiste nous montre des choses bâties par l’homme (constructions de diverses sortes, routes, écrans…), soit le cadrage indique que ce que l’image montre est vu par quelqu’un, quelqu’un que l’on ne voit jamais.

En regardant les images de l’artiste, on songe au philosophe Ludwig Wittgenstein qui un moment caressa l’idée d’écrire un livre intituléLe monde tel que je l’ai trouvé. Dans ce livre, dit le philosophe, il ne pourrait être question du sujet. Toute proportion gardée, c’est un peu ce qui se passe dans les images de Denis Deprez : le sujet, c’est ce qui ne s’y trouve pas ou plus.

Ce sujet qui s’absente ne laisse derrière lui que le vide à ce qu’il semble. Pas un vide absolu puisque les images montrent bien quelque chose, quelque chose de tout à fait ordinaire : un carrefour, un pont, une estacade, une jetée, une route de campagne qui s’en va on ne sait où, la une d’un jour (le tsunami au Japon), etc.

Dans ces images à l’apparente neutralité, tout ne paraît-il pas se valoir ? L’expressivité tout en retenue de la touche tend à accentuer cette impression d’égalité absolue. Chaque image est traitée avec un soin égal, mais c’est avec très grand soin. Le choix du support, le papier, tend à produire une sensation moins noble que si le support avait été une toile de lin. Toutefois la réserve de la touche, la retenue du geste soumis à des contraintes diverses, n’empêchent jamais la qualité picturale d’affleurer partout sur la surface peinte (tel ciel par exemple évoque Constable, peintre qui a été étudié de près par l’artiste). Plus l’artiste s’avance dans le développement de l’oeuvre et plus la picturalité s’affirme. Malgré tout, tout paraît se passer comme si la peinture était d’abord un outil, au même titre, mais sur un autre niveau, que l’est pour l’artiste la photographie. La peinture paraît être au service d’autre chose qu’elle.

Retour à l’ordinaire

Ce que l’on voit dans les images, le bitume grisâtre d’une route secondaire, un brise-lame d’une extrême banalité, une chambre d’hôtel minimaliste, un réservoir d’eau rouillé, interdit toute tentative de sublimer le monde dans lequel nous nous trouvons. Pourtant il arrive que la lumière aveuglante d’un ciel nous fasse cligner des yeux. Il semble toutefois que ce soit là une notation du genre «Il est quatre heures de l’après-midi, le ciel est bleu ». La littéralité est très forte, l’image semble dire que ce qui est, est. Rien de plus, rien de moins.

Les images peintes de « Fractures » ne sont donc pas des natures mortes, elles n’ont aucune visée morale. Elles ne préparent pas le spectateur à passer dans un autre monde. L’image ne tient lieu d’aucune transcendance. Ce que les images semblent montrer, répétons-le, c’est le monde tel que l’artiste le trouve, aucun jugement n’est formulé, aucune recommandation. Le monde est là, ordinaire, regardez.

On serait toutefois bien en peine d’assigner un lieu géographique précis aux images d’après ce qu’elles montrent. Dit autrement, ce que les images montrent pourrait très bien se situer n’importe où dans le monde. Or ces images sont situées, les photographies qui en sont les sources ont été prises dans des lieux spécifiques, mais le prélèvement ne montre rien ou du moins très peu de cette spécificité. Ce que l’on voit en revanche, c’est combien les particularités sont gommées : les images montrent un littoral tel qu’il en existe partout dans le monde standardisé qui est le nôtre.

En rester à ce constat pourrait donner à penser que le travail de l’artiste se résume à formuler par le biais de la peinture un double constat métaphysique et politique : 1. le sujet est la limite du monde, mais il n’appartient pas (ou plus) au monde, le sujet est tout au plus la condition du monde, ce point à partir duquel se déploie le champ visuel et 2. notre monde se banalise, tout y est de plus en plus semblable et tend à l’égalité la plus neutre.

La relance formelle

A cette lecture un peu déprimante, réduisant à l’ordinaire le plus obvie les images peintes, des images sans aura aurait dit Walter Benjamin, peut se substituer une lecture formelle sans doute plus riche et en tous les cas plus féconde. En effet, un autre aspect, autre que la disparition du sujet, mais qui lui est corrélatif en quelque sorte, devient apparent lorsque l’on met les images en liaison les unes avec les autres. D’une part différents types de rapports formels se constituent. Par exemple, la route s’inscrit dans la même perspective légèrement décalée vers la droite que la perspective du brise-lame. Au sein même des images, un jeu de symétries et de rappels divers instaure un dialogue entre les différents pans de l’image. Dans la peinture de l’estacade, le haut de l’image est relié au bas par l’effet du miroir tandis que dans la peinture du brise-lame, le haut s’écoule en quelque sorte vers le bas par le biais de l’eau qui court le long de l’édifice.

Le récit de l’absence.

D’autre part, des rapports narratifs s’instituent. Face à ces images, nous serions en présence d’un dispositif narratif qui prolongerait les recherches du dessinateur de bande dessinée que fut l’artiste, mais sur un autre mode : l’on est passé du livre à l’écran, du livre au mur et de la bande dessinée à la peinture (mouvement dans une certaine mesure réversible). La disparition du sujet s’inscrirait alors dans ce dispositif. La narration serait implicite. Les routes suggéreraient le déplacement du narrateur. Entre les images s’insinuerait le jeu de l’ellipse caractéristique de la bande dessinée, se nouerait ou se dénouerait l’action. Un espace propre au jeu de l’ellipse tendrait à se profiler. Cet espace « entre » contiendrait tout ce que l’on ne voit pas et qui cependant explique et motive ce que l’on voit. Il ne faut pas oublier que les images proviennent des déplacements de l’artiste. Elles s’inscrivent dans une progression temporelle. Certes les images ne restituent pas de façon linéaire la chronologie du déplacement. Cependant, elles peuvent être vues comme des instantanés de séquences plus amples. Entre deux instantanés, il se passe quelque chose (quoi, nous ne le savons pas et peu importe). Ainsi, l’ensemble des images consacrées au littoral sont-elles enclines à suggérer un récit et forment-elles une séquence où s’insinue la narration : la chambre, la plage, les nuages, tout cela relié nous « raconte » quelque chose.

Ici se cristallise un autre plan de lecture des images de Denis Deprez. Il faut répéter qu’avant de se lancer dans ce vaste work in progress l’artiste a été de longues années un dessinateur de bandes dessinées. Pas n’importe lequel, puisqu’il a participé avec le collectif Fréon (devenu ensuite Frémok) à la création du mouvement que l’on a appelé « la bande dessinée indépendante ». Il a de plus signé le premier livre publié par Fréon, Les Nébulaires, livre que l’on peut lire autant comme un manifeste que comme un programme de l’œuvre à venir. Ce collectif d’auteurs se caractérise par une conception moderne de la bande dessinée, conception qui grosso modo consisterait à vider le récit (le sujet s’absente) et à l’éviter (le récit est contrarié de diverses manières).

Devant les images de Denis Deprez, on se trouverait donc devant une nouvelle version de cette contrainte d’évitement et d’évidementdu récit. Il faut aussitôt préciser que le récit évité et évidé ne signifie pas le récit aboli. Il reste possible de lire les images selon la grille d’un récit, ne serait-ce qu’à relier les images entre elles en imaginant qu’elles sont les traces d’un cheminement réalisé par quelqu’un, le narrateur que l’on ne voit pas, mais qui montre ce qu’il a vu. On pourrait aussi imaginer que les images ne cessent pas de nous raconter la disparition du sujet, que la disparition est leursujet par excellence (le modèle de ce type de récit serait la femme qui disparaît dans L’Avventura, le film d’Antonioni ; dans ce film, on ne nous explique jamais les causes de la disparition, la disparition par contre hante tout le film). Si les images ont une dimension narrative, c’est donc sur un mode moderne plus proche du roman selon Claude Simon, le Claude Simon écrivant Les corps conducteurs, et du cinéma d’Antonioni que du récit traditionnel.

La logique du plan

Les images peintes de Denis Deprez sollicitent le spectateur autant qu’elles le contraignent. En vidant le sujet, en l’évitant, l’artiste creuse un vide que potentiellement chacun peut occuper dans le dispositif qu’est l’exposition. Là, en ce lieu vide qu’occupe à présent le spectateur, il ne s’agit pas de revivre naïvement la perception de l’artiste, mais il s’agit de tisser soi-même à partir des images peintes un monde possible constitué par les liaisons entrevues, par les aspects relevés.

Ce monde émergeant à travers le jeu des liaisons paraît obéir à une logique du plan au sens cinématographique du terme. Les images sont cadrées de manière à induire une focalisation bien précise qui tend à définir un sujet hors-cadre mais cependant cadrant ce qu’il perçoit. Autrement dit ce qui est montré est vu, cadré, par un sujet « hors-champ ». Un sujet en mouvement dont l’image signale un temps d’arrêt. Chaque image de ce point de vue est comme un photogramme, un instantané qui rend compte de ce mouvement. Bien qu’il faille se garder de confondre plan filmé et image peinte, on peut suggérer qu’à l’instar du plan filmé, l’image peinte est un « bloc de temps » qui se donne à voir. Un « bloc », il est vrai, extrêmement dynamique et plastique dans la mesure où il serait la synthèse d’au moins trois temporalités : le temps qui est cet instantané auquel renvoie l’image, le temps de la réalisation de l’image qui se montre à travers sa matérialité (le jeu visible des couches d’acrylique renverrait à ce temps du processus) et enfin le temps du spectateur qui s’introduit dans ce lieu défini par la focalisation subjective superposant de la sorte son regard au regard du narrateur.

La temporalité s’ouvre également à travers le jeu du montage qui organise les contiguïtés entre les images. Le plan n’a de sens que dans la mesure où il est relié à d’autres plans. La logique du montage se combine à la logique du plan et induit un récit. Le gros plan du téléphone introduit un élément narratif dans le dispositif. L’accent subitement mis sur le téléphone change la perception et le sens que l’on accorde aux images de la chambre d’hôtel, de l’estacade, du ciel, de la mer. Par le biais de ce gros plan, la fiction s’introduit dans le jeu, s’institue dès lors une autre temporalité.

Du coup, le sens du titre du projet « Fractures » pourrait se lire comme signifiant cette ouverture au jeu de la fiction. Alors que le procédé initial qui consiste à prendre des photographies et à les agrandir par le recours à l’acrylique sur papier ancre les images dans le réalisme, le dispositif dans lequel les images peintes viennent s’inscrire tend à les faire changer de registre. Un passage se fait à travers le réel vers la fiction.

Dans ce dispositif qui oscille entre réalité et fiction, entre narration graphique, peinture et cinématographe, certains ne verront rien (il n’y a pas de sujet), d’autres ne verront que ce rien, et d’autres encore verront des images qui montrent des lieux vides et « racontent » des histoires probables ou improbables, certains ne verront que la lumière qui baigne les images, d’autres ne verront que des croisements de route, à moins qu’ils ne voient que la peinture. Aucun ne se trompera tout à fait.

 

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Les écrits dans l'arbre sur France Musique

France Musique consacre toute une semaine à mon dernier livre "Les écrits dans l'arbre"

C'est à retrouver sur le site de France Musique dans l'émission de Véronique Sauger "Les contes du jour et de la nuit" Du 27 au 31 mai 2013

http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/contes/emission.php?e_id=11&d_id=515008062

Bonne écoute à tous et mon amitié à vous

Patrick Chemin

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BOGAERT OU L’ART DE LA MYSTIQUE HUMAINE

                          BOGAERT OU L’ART DE LA MYSTIQUE HUMAINE

 

Du 22-05 au 09-06-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), présente les œuvres de Madame MARIE-CHRISTINE VAN DEN BOGAERT dans une exposition dont l’intitulé est VOYAGE EN ATELIER.

L’œuvre figurative de cette artiste Française qui signe ses toiles  par BOGAERT, prend sa source dans une recherche axée sur l’esthétique négro-africaine que l’on retrouve dans les arts dits « traditionnels » dont l’importation en Europe ainsi que l’adoption par les artistes Européens accéléra l’ébranlement des concepts académiques du début du 20ème siècle, aboutissant à ce qu’André Malraux définissait comme « la prise de conscience de la totalité de l’Art » par la société.

Cet art pris dans sa totalité, BOGAERT l’exprime dans ses toiles, telle la réminiscence d’un monde primordial peuplé d’une dimension spirituelle surgie d’un atavisme archaïque.

Deux types de sujets divisent ses tableaux figuratifs, à savoir un registre appartenant au « sacré » et un autre participant du « profane ».

Le « sacré » symbolise le monde des esprits. Le « profane » représente des scénettes rurales, telles que cet épisode de la vie quotidienne se déroulant dans un marché MARCHE DE DJENNE (huile sur toile – 60 x 73 cm).

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Dans le registre du « sacré » un exemple significatif est constitué par AKHENATON (huile sur toile – 42 x 67 cm).

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Avec cette œuvre, l’artiste replace la spiritualité égyptienne dans son contexte originel négro-africain (si souvent laissé pour compte au profit d’une origine occidentale impossible !).

Le Pharaon est reconnaissable à la structure de son visage oblong, symbole de l’ascendance métaphysique dans l’esthétique égyptienne de la 18ème Dynastie. Tous les attributs de cette iconographie particulière sont présents, à savoir la couronne du roi et la barbe postiche, au centre de la composition. En bas, vers la gauche, une tige couronnée d’un papyrus déployé rappelle à la fois le support de l’écriture hiéroglyphique ainsi que l’un des fleurons de l’architecture égyptienne que fut la colonne papyriforme.

De par sa position centrale, le visage du Pharaon soutient une structure architecturale que termine (en se soudant dans un angle) la couronne du roi.

Cette œuvre met particulièrement en exergue la complexité du langage de BOGAERT, lequel comprend des éléments cubistes au sein de l’esthétique négro-africaine dont elle s’inspire.

Nous retrouvons cette même démarche avec CIWARA 1 (huile sur pastel et panneau – 70 x 50 cm).

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L’œuvre est basée sur un antithétisme fascinant, campé exceptionnellement dans des couleurs tendres (par rapport à l’ensemble de son opus) et l’on prend conscience de la symbiose parfaite entre Art africain et Cubisme. La sinuosité des deux antilopes, symbolisant l’union mystique entre le ciel et la terre dans la culture Bambara, contraste avec l’arrière-plan, tout en éléments cubiques sur lesquels l’artiste apporte une certaine distorsion dans le but de créer la dynamique indispensable à la vie de la scène. Des antilopes en silhouettes alternent au gré de la toile pour enflammer le mouvement. 

Que l’on ne s’y trompe pas, malgré l’origine de son inspiration, l’artiste exprime une démarche personnelle. En effet, son œuvre est la transposition picturale d’un rendu lequel trouve son origine dans le volume de la statuaire sacrée de ce que l’on nommait dans le passé « l’ex-Soudan Français ». Ce fut précisément cette statuaire qui servit de modèle à l’Europe et au Monde concernant l’affirmation de l’existence de l’Art Africain dans les premières années du 20ème siècle. Les Picasso, les Apollinaire et les Stravinsky ne cessèrent d’interroger cette version à la fois nouvelle et archaïque du Mythe, chacun dans son langage propre, pour aboutir à une redéfinition de l’Homme Elémentaire.

Axées sur un chromatisme à la fois vif et chaud, les œuvres exposées à l’ESPACE ART GALLERY traduisent la lumière fantastique du monde fabuleux des esprits.

Si les œuvres d’inspiration magico-religieuse procèdent de la sculpture, les peintures représentant les scénettes rurales dérivent, elles, de la tradition picturale africaine, à un point tel que si la signature de l’artiste ne figurait pas au bas du tableau, le visiteur pourrait croire (et qui l’en blâmerait !) qu’il s’agirait d’une création produite par un artiste Africain.

En quoi l’approche de BOGAERT s’inscrit-elle dans la grammaire contemporaine ? Elle s’inscrit tout d’abord par le foisonnement des personnages déployés dans l’espace. Ensuite par un côté ayant été trop vite qualifié de « naïf » par la critique occidentale qui se dépose comme un voile sur l’atmosphère de la scène. Bien que ce côté « naïf » soit utilisé sciemment par beaucoup de peintres Africains pour exprimer leurs revendications politiques, rien de tel n’apparaît chez l’artiste. Tout baigne dans la joie du moment qui scande le rythme du quotidien.

Y a-t-il de la nostalgie pour « l’ethnologie de papa » dans ses œuvres ? Non. Tout simplement la visitation d’un monde à la fois perdu et renouvelé dans une démarche à la fois simple et classique. Un monde « perdu » car pénétré et faisant corps avec la civilisation occidentale et « renouvelé » car constamment ressuscité par la recherche constante de sa propre identité.

Le prognathisme présent, notamment, dans le masque sénoufo se retrouve dans l’œuvre du peintre, par exemple, LES ANNEES FOLLES (huile sur toile – 50 x 70 cm),

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mais aussi un certain déhanchement exprimé par la danseuse au centre de la toile, posture inexistante dans l’esthétique de l’ex-Soudan Français et qui rappelle (ne fût-ce que par le titre) le déhanchement de Joséphine Baker et l’époque de la Revue Nègre dans les Années ’20, à Paris. 

De même, l’oiseau Calao surplombant le DIPTYQUE BAULE (huiles sur panneau – 60 x 160 cm)

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que l’artiste a repris à partir d’un masque en sa possession, évoque par la longueur du bec aiguisé de l’oiseau (considéré comme un symbole phallique, même si celui-ci n’aboutit pas directement dans son ventre), l’idée de l’auto fécondation ainsi qu’une symbiose des principes masculin et féminin, présents en chaque homme.

Ce principe masculin-féminin, se retrouve également dans VARIATION MIXTE – DIPTYQUE (huile sur toile – 61 x 76 cm),

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un diptyque présentant à sa droite un personnage masculin et à sa gauche un personnage féminin, symbolisant le « couple primordial », présent dans pratiquement toutes les mythologies négro-africaines, créés par l’idée d’un « Dieu », pensé non pas de façon judéo-chrétienne (un démiurge créant par étapes), mais bien en tant qu’ Etre Suprême à l’origine du genre humain lequel, après avoir créé l’Homme et le Monde, délaisse sa création pour la remettre entre les mains de divinités subalternes.

Vivant actuellement à Paris, le parcours de BOGAERT est des plus intéressants. Dès le début des années ’80, elle a commencé à participer à des expositions. Néanmoins, son travail à l’huile n’a véritablement pris son départ qu’à partir de 1998.

Sa technique (le « gras sur maigre »), hérité de la Renaissance, consiste en une superposition de couches de matières grasse et maigre ainsi que de glacis et de couches opaques, dont la diffusion de l’une sur l’autre vise le but d’augmenter les nuances. La brillance appliquée à sa « statuaire picturale » n’est pas sans évoquer la patine onctueuse, conçue avec le sang sacrificiel par le forgeron Dogon ou Sénoufo, dont celui-ci se sert pour badigeonner sa statuette et lui accorder ainsi sa sacralité.  Bien que l’artiste ait appris cette technique dans l’atelier du peintre Patricia Tayeb entre 1996 et 1998, elle se définit « autodidacte ».

Sa vision du « sacré » résulte d’un rapport intime avec l’Afrique. Elle y a d’ailleurs longtemps voyagé et tissé des liens indéfectibles.

A la question : « Placez-vous une ligne de démarcation ressentie entre Art africain et Cubisme dans votre démarche personnelle ? », elle répond : «Non. J’essaye de créer une œuvre syncrétique tenant compte de mes divers apports culturels. Je reste une Européenne, ancrée dans sa culture et dans son époque. Si j’expose, c’est pour que chaque spectateur se raconte à lui-même sa propre histoire en tenant compte de sa sensibilité et puisse se dire : cette femme arrive à faire une synthèse de ce qu’elle est et de sa manière de voir le Monde ».

L’adage « traduttore-traditore » ne s’applique pas à BOGAERT.

Elle réinterprète, par le biais de sa sensibilité propre, nourrie d’un large vécu humaniste, un courant de pensée historico-mystique que transcende l’Art.

François L. Speranza.

Arts 
12272797098?profile=originalLettres

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres

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La voie lactée

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En pieux hommage à Sully Prud’homme

 


Face à la voie lactée, un soir,

Sully prud’homme crut y voir

« Un deuil blanc mené par des vierges,

Qui portent d’innombrables cierges »

 



Cette image était attristante.

Dans la lumière éblouissante,

Diurne, une autre voie lactée,

Déploie sa surface argentée.

 


C’est un long chemin lumineux

Sur un fleuve vêtu de bleu,

Un scintillement captivant,

Un moment de joie exaltant.

 


Je pense au talent du poète

Qui se serait fait une fête

De conserver, grâce à ses mots,

La splendeur du vibrant tableau.

 



18 novembre 2008





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administrateur théâtres

Photo: Programme FINAL PIANO 2013 @ BOZAR with the Nationaal Orkest van België - Orchestre National de Belgique (NOB/ONB); Cond.: Marin Alsop Lundi _ Maandag _ Monday 27/05 [20:00] Tatiana Chernichka RUSSIE | RUSLAND, °15/05/84, NOVOSIBIRSK PROGRAMME: Joseph Haydn : Sonata in F major Hob. XVI:23 (Moderato, Adagio, Presto) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Pyotr Tchaikovsky : Concerto n. 1 in B flat minor op. 23 (Allegro non troppo e molto maestoso - Allegro con spirito, Andantino simplice - Prestissimo - Tempo I, Allegro con fuoco) pause | pauze Zhang Zuo CHINE | CHINA (HONG KONG S.A.R.), °10/10/89, SHENZHEN – CHINA Programme: Ludwig van Beethoven : Sonata n. 18 in E flat major op. 31/3 (Piano Sonatas / Allegro, Scherzo: Allegretto vivace, Menuetto: moderato e grazioso, Presto con fuoco) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Pyotr Tchaikovsky : Concerto n. 1 in B flat minor op. 23 (Allegro non troppo e molto maestoso - Allegro con spirito, Andantino simplice - Prestissimo - Tempo I, Allegro con fuoco) ---------- Mardi _ Dinsdag _ Tuesday 28/05 [20:00] Rémi Geniet FRANCE | FRANKRIJK, °01/12/92, MONTPELLIER PROGRAMME: Ludwig van Beethoven : Sonata n. 9 in E major op. 14/1 (Piano Sonatas / Allegro, Allegretto, Rondo: Allegro commodo) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Sergey Rachmaninov : Concerto n. 3 in D minor op. 30 (Allegro non tanto, Intermezzo, Alla breve) pause | pauze Roope Gröndahl FINLANDE | FINLAND, °20/10/89, HELSINKI) PROGRAMME: Ludwig van Beethoven : Sonata n. 24 in F sharp major op. 78 (Piano Sonatas / Adagio cantabile, Allegro ma non troppo, Allegro vivace) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Johannes Brahms : Concerto n. 1 in D minor op. 15 (Maestoso - Poco piu moderato, Adagio, Rondo) -------------- Mercredi _ Woensdag _ Wednesday 29/05 [20:00] Stanislav Khristenko RUSSIE | RUSLAND, °25/05/84, KHARKOV – UKRAINE PROGRAMME: Joseph Haydn : Sonata in D major Hob. XVI:42 (Andante con espressione, Vivace assai) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Johannes Brahms : Concerto n. 1 in D minor op. 15 (Maestoso - Poco piu moderato, Adagio, Rondo) pause | pauze Boris Giltburg ISRAËL, °21/06/84, MOSCOW – RUSSIA Programme: Ludwig van Beethoven : Sonata n. 27 in E minor op. 90 (Piano Sonatas / Allegro, Rondo) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Sergey Rachmaninov : Concerto n. 3 in D minor op. 30 (Allegro non tanto, Intermezzo, Alla breve) ------------- Jeudi _ Donderdag _ Thursday 30/05 [20:00] Yun-tian Liu CHINE | CHINA, °08/12/86, HENG YANG PROGRAMME: Ludwig van Beethoven : Sonata n. 7 in D major op. 10/3 (Piano Sonatas / Presto, Largo e mesto, Menuetto, Rondo) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Pyotr Tchaikovsky : Concerto n. 1 in B flat minor op. 23 (Allegro non troppo e molto maestoso - Allegro con spirito, Andantino simplice - Prestissimo - Tempo I, Allegro con fuoco) pause | pauze Andrew Tyson ÉTATS–UNIS D’AMÉRIQUE | VERENIGDE STATEN AMERIKA, °19/12/86, DURHAM, NC PROGRAMME: Wolfgang Amadeus Mozart : Sonata n. 15 in F major KV 533 (Piano Sonatas / Allegro, Andante, Rondo) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Sergey Rachmaninov : Concerto n. 2 in C minor op. 18 (Moderato, Adagio sostenuto, Allegro scherzando) --------------- Vendredi _ Vrijdag _ Friday 31/05 [20:00] Sangyoung Kim CORÉE | KOREA, °08/01/84, SEOUL PROGRAMME: Franz Schubert : Sonata in A major op. 120 D 664 (Piano Sonatas / Allegro moderato, Andante, Allegro) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Sergey Prokofiev : Concerto n. 2 in G minor op. 16 (Andantino, Scherzo vivace, Intermezzo (allegro moderato), Final (allegro tempestoso)) pause | pauze David Fung AUSTRALIE | AUSTRALIË, °17/08/83, HONG KONG, CHINA PROGRAMME: Wolfgang Amadeus Mozart : Sonata n. 4 in E flat major KV 282 (Piano Sonatas / Adagio, Menuetto I, Menuetto II, Allegro) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Johannes Brahms : Concerto n. 2 in B flat major op. 83 (Allegro non troppo, Allegro appassionato, Andante, Allegretto grazioso) ----------------- Samedi _ Zaterdag _ Saturday 01/06 [20:00] Sean Kennard ÉTATS–UNIS D’AMÉRIQUE | U.S.A. °10/03/84, SAN DIEGO, CA PROGRAMME: Joseph Haydn : Sonata in C major Hob. XVI:48 (Andante con espressione, Rondo. Presto) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Johannes Brahms : Concerto n. 1 in D minor op. 15 (Maestoso - Poco piu moderato, Adagio, Rondo) pause | pauze Mateusz Borowiak GRANDE-BRETAGNE – POLOGNE | U.K. – POLEN, °17/07/88, LONDON Ludwig van Beethoven : Sonata n. 31 in A flat major op. 110 (Piano Sonatas / Moderato cantabile molto espressivo, Allegro molto, Adagio ma non troppo - Allegro ma non troppo (Fuga)) Michel Petrossian (1973*) In the Wake of Ea Sergey Rachmaninov : Concerto n. 3 in D minor op. 30 (Allegro non tanto, Intermezzo, Alla breve) Classement des lauréats en fin de soirée | Bekendmaking van de laureaten in rangorde | Evening concludes with ranking of laureates Picture: © Bruno VESSIÉ Word Document of the PROGRAMME: https://word.office.live.com/wv/WordView.aspx?FBsrc=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fdownload%2Ffile_preview.php%3Fid%3D158340071015593%26time%3D1369562381%26metadata&access_token=1219019006%3AAVK3s6dgiKmKINVEiD5ZHGBpauRJdV2_n0MoiKQFngCJVQ&title=PIANO+2013+-+Programme+FINAL+%2B+pictures.docx

 # 1 Jour par jour, tels qu'ils apparaîtront pendant la semaine de finale:

Dernier jour:

Concours Reine Elisabeth (Finale)Sean Kennard (USA, 29 ans) & Mateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans) au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le samedi 1er Juin 2013

Sean Kennard (USA, 29 ans)  &  Mateusz Borowiak…

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Ajouté par Deashelle le 26 mai 2013 à 16:00 — Pas de commentaire

proclamation de la demi-finale du concours musical Reine Elisabeth 2013

La proclamation des finalistes du  CONCOURS REINE ELISABETH 2013,  a eu lieu ce samedi 18 mai après minuit trente.  
En ordre alphabétique, les 12 finalistes sont : Mateusz Borowiak,   Tatiana Chernichka,   David Fung,   Rémi Geniet,   Boris Giltburg,   Roope Gröndahl,   Sean Kennard,   Stanislav Khristenko,   Sangyoung Kim,   Yuntian Liu,   Andrew Tyson,    Zhang…

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Ajouté par Deashelle le 19 mai 2013 à 13:30 — 21 Commentaires

#2  Un billet sur le fonctionnement et la composition du jury:

Le jury du concours musical international Reine Elisabeth 2013

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Who's who du  jury du concours Reine Elisabeth…

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Ajouté par Deashelle le 16 mai 2013 à 12:00 — 3 Commentaires

 

 

#3  Hommage à la  Reine Fabiola et aux familles d'accueil

Demi-finale du concours Reine Elisabeth session de piano 2013 13-18 mai 2013



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Ajouté par Deashelle le 14 mai 2013 à 10:30 — 12 Commentaires

#4  Les échos de la première épreuve:

Première épreuve du Concours de piano Reine Elisabeth 2013 à Flagey, du 6 au 11 mai

Samedi 11 mai, 23h.

En attendant le verdict du jury, les spectateurs restés dans la salle ont eu l’honneur d’assister à un Bord de Scène inédit. C’est la  Reine Fabiola en personne qui préside. Tout sourires, galvanisée par la rencontre musicale des six derniers candidats de…

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Ajouté par Deashelle le 13 mai 2013 à 1:30 — 14 Commentaires

#5 Introduction au concours 2013      Le concours Reine Elisabeth 2013 - session piano

#6 La transmission en télévision: Le Concours Reine Élisabeth 2013 

Le concours Reine Elisabeth 2013 - session piano - en télévision

piano à queue   Pour rappel, 75 candidats ont été admis à participer aux 1ers éliminatoires, qui se…

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Ajouté par Deashelle le 4 mai 2013 à 22:30 — 5 Commentaires

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Agréable passivité

P5130046 

Une pause, à ne pas troubler,

Me garde immobile et rêveuse.

Près de moi un pot d’azalées,

Débordant de fleurs radieuses.

 

 

Le ciel, ce matin blanc douteux,

Sans aucun ornement pour plaire,

Va-t-il enfin devenir bleu

Captant une vive lumière?

 

 

Ma rue absolument déserte,

Exposant ses jardins défaits,

Devient attendrissante, certes,

Privée de ses joyeux attraits.

 

 

La passivité me convient.

Dans la langueur environnante,

J’apprécie, ne pensant à rien,

Le bien-être de la détente.

 

 

21 novembre 2007

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administrateur théâtres

Sean Kennard (USA, 29 ans)  &  Mateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans)


12272904259?profile=originalSean Kennard (USA, 29 ans) Sean Kennard commence à étudier le piano à 10 ans à Hawaii avec Ellen Mazaki. A 13 ans il joue les 24 Etudes de Chopin à l’ Academy of Arts d’Honolulu. A 14 ans il entame sa formation au Curtis Institute of Music in Philadelphia, et la poursuit au College of Charleston, avec Enrique Graf, avant de se perfectionner à la Juilliard School, auprès de Jerome Lowenthal et Robert McDonald. Il travaille actuellement avec Richard Goode. Parcours impressionnant, il a remporté plusieurs prix internationaux (Vendome, Sendai, Hilton Head), dont le 1er Prix au Concours International Luis Sigall à Viña del Mar (Chili, 2007).

Le pianiste ne quitte pas son clavier des yeux. Son  Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart) se place sous le signe d’une mathématique rigoureuse et du contrôle digital. La vitesse lumineuse du pianiste débouche sur de larges clairières d’intériorité. Trilles et humour discret se conjuguent pour vous embarquer dans un message de compassion presque christique dans l’Andantino …. La misère de l’autre est œuvre de rencontre, l’orchestre est envoûté par son soliste. Le thème se porte comme un chœur antique qui souligne la sagesse du propos, il est aussi réactif que dans une tragédie grecque. Les  cors donnent toute  leur puissance, la grande intériorité conduit au ravissement. Les musiciens écoutent son troisième mouvement, médusés puis complices. Est-ce un concours, répéteront-ils le thème avec autant de virtuosité ? C’est un climat de confiance absolue, de fraîcheur  et de simplicité de citoyen du Ciel qui enveloppe l’auditeur dans le Rondo et le Presto. Décapons l’homme de tout ce qui ne fait pas de lui un enfant. L’enfant est joie et liberté. That’s it !

La consécration du pianiste aura lieu le dernier soir de la demi-finale. A commencer par une mise en musique délicieuse avec l'Impromptu en sol bémol majeur D 899/3 (Franz Schubert) qui emmène directement dans l’imaginaire musical. Douceur, rêverie  habitée de la nostalgie à la lumière. Soudain c’est la Ballade n. 1 en sol mineur op. 23 (Fryderyk Chopin), ample, brillante, inspirée sans aucune grandiloquence, on écouterait cette beauté fracassante jusqu’au lendemain ! Il propose un  Dream (Frederic Rzewski) complètement sous contrôle pour produire des effets sonores totalement inédits dans  les 3 mouvements de Petrouchka (Igor Stravinsky).  Férocité nerveuse, déflagrations court-circuitent de fabuleux tremblements telluriques. Les voix s’entremêlent de hululements magiques, d’échos bruissants vers l’évanouissement progressif . Au retour de l’envolée épique, ce sont plusieurs pianos qui ont l’air de jouer ensemble et clôturent cette œuvre qui donne le vertige.  Après le merveilleux récital de Sean Kennard nous écouterons ensuite Mateusz Boriwiak.

http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=1834&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6840&flux=20289071

12272903286?profile=originalMateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans) Mateusz Borowiak a étudié le piano et la composition à la Guildhall School of Music and Drama Junior School. Actuellement, il poursuit ses études de piano avec Andrzej Jasinski à l’Académie Karol Szymanowski, en Pologne. En 2010, il remporte le 1er Prix au Concours International Rina Sala Gallo (Monza), puis, en 2011, les 1ers Prix au Concours International Maria Canals (Barcelone), au Concours International de Cleveland, et au Concours européen de la Fondation Yamaha (Pologne). Il s’est produit dans de prestigieuses salles en Europe (Salle Cortot à Paris) et plus particulièrement au Royaume-Uni (Barbican Hall, St Martin-in-the-Fields, St James’s Piccadilly). Il a joué avec des orchestres comme le Royal Philharmonic, les London Mozart Players, le Sinfonietta Cracovia, le Bilbao Orkestra Sinfonikoa. Encore un parcours totalement extraordinaire.

 

Sourire, cheveux bouclés, petites lunettes rondes, doigté de rêve, Mateusz Borowiak va subjuger avec son interprétation puissante de la Partita n. 2 en ut mineur BWV 826 (Johann Sebastian Bach), un choix fait dans la subtilité et la force tranquille.  Fluidité, sonorités pleines, distinctes qui perlent sur une charpente magnifiquement orchestrée, souffle musical : a-t-on besoin de plus, pour le ranger dans les finalistes?  Dream (Frederic Rzewski) est à la fois sérieux et ludique. Le jeu est sensible et complexe.  On peut observer pendant l’exécution millimétrée et cohérente le sourire du compositeur de l'oeuvre, qui est présent dans la salle ce soir-là. Les trilles inventives rappellent un orchestre de verre. Les pianissimos pénètrent l’imaginaire et les basses le font trembler. Des éclaboussures musicales viennent de l’au-delà. Un tremblement imperceptible dans la dernière note…   L’atmosphère onirique continue de plus belle avec Gaspard de la nuit (Maurice Ravel). Le pianiste jongle avec les sonorités et les cascades de notes joyeuses. Bruits d’étoiles. Il y a cette vibration continue à la main gauche et les gouttes musicales transparentes à droite. Il envoie des escalades vers l’infini, apprivoisant et taquinant  les touches avec sensibilité. Son jeu est caressant et profondément respectueux ; un dernier  des tapis roulants d’arpèges dévale sur le  clavier et le voilà qui  redépose les mains, au ralenti : il a chevauché l’infini.  Le destin a rendez-vous avec le pianiste dans le morceau suivant. L’atmosphère est pesante, les arpèges descendent dans l’abîme d’un puits insondable. Que va-t-on y trouver ? La dernière note est en forme de point d’interrogation. Scarbo propulse des  trilles médianes angoissantes et des accords de  sombre solitude. La mélodie se débat dans un vertige ascensionnel, sauvage et passionnante. C’est saccadé, mordant, cuisant, frissonnant d’épouvante. La mélodie est là, sublime comme la condition humaine.  Une réponse semble fuser du ciel. Poussière d’étoiles , de sonorités rares, l’univers chanterait-il ? C’est cela la question.   Une étoile rit.

 Et son Mozart ?

Le même que Sean Kennard, en complètement différent. Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart). Mateusz Borowiak a l’amour du Here and Now. Les phrasés prennent le temps de se vêtir de belles nuances et de style. Pas de recherche de supplément d’âme, l’agilité des doigts reste terrestre et palpitante de beauté. La cadence est une nef de recueillement et d’intense tendresse humaine. Il ressort une atmosphère d’aisance, de sérénité que le Rondo final pare de bonheur. Le pianiste joue divinement bien son Mozart, tranquille et parfaitement accompli. 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2700&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6833&flux=20289071

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