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Les mots

Les mots à force de les écrire donnent vie, amitié, tendresse. Les mots me donnent toujours de la joie et du plaisir. Lorsque parfois j’hésite, le désir de les envoyer en priorité me tenaille, venus du cœur, ils font mon bonheur.

Il arrive que les mots ne soient pas seuls à ne pas répondre, de celui qui les écrit, j’attends les messages. Peu importe où ils sont et quel que soit le temps, j’espère parfois longtemps.

Les mots seraient-ils devenus sourds ou indifférents, difficile d’admettre l’ennui qui au fil du temps emplit les êtres, l’oubli est une vilaine blessure.

Je persiste à penser qu’on est resté les mêmes, un chant prétend que la vie, que la mer efface les pas sur le sable. Défiant la durée, cette nostalgie engendre le silence tout doucement sans faire de bruit.

Je ne suis pas de celle qui baisse les bras. Toujours sur l’ouvrage, je pose mes mots pour que s’efface le poids de l’absence. Cette source ne se tarie jamais, de ma mémoire sortent les mots reprenant parfois l’irréel, toujours la joie de vivre.

Et c’est bien ces mots-là qu’aujourd’hui encore, je veux t’envoyer pour ne pas perdre tout ce que j’ai appris de toi. Mon âme t’accompagne, apaisée et heureuse.

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Ecorces de vie


Lande sablonneuse de mon cœur,
Une petite fille en manteau rouge
Ramasse des pommes de pin.


Lande sablonneuse de mon cœur,
Du fond de l'enfance douce,
Une aquarelle et un souvenir se peint.


Lande sablonneuse de mon cœur,
Je revois, roses aux joues,
La silhouette d'un être éteint.


Lande sablonneuse de mon cœur,
Sous tes dunes de velours,
Quelques graines germent ce matin.


Lande sablonneuse de mon cœur,
Tes racines s'ébrouent
Et un bonheur m'étreint.


Lande sablonneuse de mon cœur,
D'autres pas courent,
Sentier et trésor pour demain.

Sandra Dulier 

Dans le domaine de Lagland

Dans le Domaine de Lagland

Adyne Gohy

Aquarelle 75/50

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Au bout de l'espace et du temps

Doux ami,

Jours ensoleillés, en couleurs,

Ou dépourvus de coups de coeur,

Au bout de l’espace et du temps,

Sereinement mon âme attend.

...

Le messager passant chez moi,

N’y laisse rien venant de toi.

Les jeux d’esprit son révolus,

Les surprises n’arrivent plus.

...

Durant la nuit c’est le miracle,

Je reçois d’exaltants oracles.

Lors attentive à ma mémoire,

Je retrouve la joie de croire.

...

15 mai 2001

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Corps d'hier...

Corps d’hier…

 

Corps d’hier

Je te regarde sous ta gangue,

Trop fier,

Je proteste et te harangue :

Se peut-il

Que le temps perfide  m’ait trompé

Se jouant

De ma bien trop grande crédulité ?

Chère chair

Cherchant le meilleur des instants

Il est clair

Que les jours ont flétri tes sarments.

Et pourtant

L’éclat sourd encor dans tes veines

Exaltant

Ce flot qui en moi se promène.

Cœur d’hier

Toi qui d’amour m’a souvent parlé

Pas fier

J’ose encore t’entendre en secret ;

Suis-je fou

Corps d’hier de chercher à t’aimer ?

A un clou

Faut-il accrocher ma nudité ?

 

Pierre WATTEBLED- 22-04-2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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N'avoir plus de chagrin de rien

 

À Rébecca

J'ai soliloqué à nouveau,

Me complaisant dans la paresse,

L'âme sereine, sans liesse,

L'esprit associant des mots.

Par de petites ou grandes choses,

Le hasard, souvent, nous surprend,

Ou agit, subrepticement.

Nous n'avons nul accès aux causes.

Nombreux dangers sont prévisibles,

On essaie de les contourner.

L'on demeure fort étonné

Que les défier fût possible.

Nous oublions, heureusement,

Que l'instant est aléatoire,

Que notre personnelle histoire,

Peut prendre fin soudainement.

N'avoir plus de chagrin de rien,

 Me semble une grâce suprême.

Ai-je enseveli tout problème?

Souriante, je me sens bien.

22 avril 2013

 

 

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Jour dés-astres.

Partenariat entre Bellefroid Danielle et Claudine Quertinmont.

 

Comme une comète tu as meurtri mon ciel,

Poussière  cosmique  qui  ne  s’arrête  pas,

Fuyant l’astre des nuits, anneau cérémoniel,

Tu as  détruit mes jours  sans un  mea-culpa.

 

Les  perles  de  Vénus  coulent  de  la  Terre,

Sous  laquelle  je suis  enfoui dans la  peur,

De  la  lune  noire  vorace  qui  m’atterre,

Bouscule mes ondes comme un esprit frappeur.

 

Messager de nos Dieux Mercure au soleil dort,

Attendant  les  ordres  du  feu  de  Jupiter,

Armé  de  sa  foudre  pour punir le  cador,

Qui  m’ôta  la vie,  me chassant de l’éther.

 

Mais Mars le Dieu guerrier  sur le globe rouge,

Croise  le  fer du sol  dès qu’il sent  le  combat,

S’arme  de  la  guerre  de  tout  ce  qui  bouge,

Heureux  d’en  découdre, il punit, taille et bat.

 

Saturne  plus  sportif  joue  avec  ses  anneaux,

De roches et de sorbets brillants comme un miroir,

Goulu  de  ses  enfants  mange  ses  delphinaux,

Afin  de  gouverner  et  de  n’en  pas  déchoir.

 

Uranus  le  châtré  pour  manque de  respect,

Demeure  de  glace  devant  mon  désarroi,

Depuis son aventure est plutôt circonspect,

Tout comme Neptune,  méprise mon effroi.

 

Un  rire  effroyable  résonne  autour  de  moi,

Mon tombeau s’ouvre alors dans le parc aux amours,

De  la  nuit  stellaire,  provoquant  mon  émoi,

De Vincent Van Gogh, quelque part dans un bourg.

 

Une  brise  molle  caresse  ma  raison,

Qui  ouvre mon regard  sur la  voûte des cieux,

Ce n’était qu’un somme, d’un rêve péroraison,

Parmi les grands astres, neurones de nos Dieux.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

Renaître   

Acrylique et encre sur toile (60x80)

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Mon ciel bleu.

12272894495?profile=originalUn souvenir radieux de cet hiver.
Tes pieds nus devant le feu ouvert.
De jolis orteils aux ongles soignés.
Un rouge éclatant juste séché.

On habite chacun de notre coté.
Mais si merveilleux de se côtoyer. 

Qu’il est agréable le soir de penser à toi.
Même la nuit en fermant les yeux, je te vois.

Je me rappelle de tes longs doigts fins.
Posez sur tes anches, taille mannequin.

Je me rappelle de ton pantalon orange.
Au printemps, la promenade à Ostende. 

Lors de ta première visite chez moi.
Tu observais la vierge Marie posée là.

Tu crois en Dieu, je crois que c’est mieux.
Que Dieu te protège, Imana Ikurinde. 

Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir.
Un grand amour, un bébé et des surprises !

Quand tu es là, proche de moi, le ciel est bleu.
Toi et moi peut-être pour des jours heureux. 

Ta présence fait briller le soleil dans ma maison.
Tentons quelque chose, à deux de toute façon.
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administrateur théâtres

                                  Le mystère Sherlock Holmes de Thierry Janssen

 

 

                     12272891498?profile=original L’imagination au pouvoir, le pouvoir de l’imagination. Il semblerait que Thierry Janssen, comédien dans la pièce, ait tout le loisir de devenir un véritable Holmésien depuis qu’il nous a livré son  pastiche apocryphe du vénéré Sherlock Holmes écrit spécialement pour la circonstance.  Il  a  en effet accepté d’offrir au théâtre du Parc  une nouvelle production spectaculaire dans sa programmation 2012-2013, aussi  réussie que le «Tour du monde en 80 jours » de l’année précédente. Ici, non seulement l’ingénierie  fantastique des décors fascine le spectateur, mais un texte bardé d’humour et de parodies savoureuses vous tient en haleine, malgré quelques passages un peu enchevêtrés. Voici Sherlock Holmes à la recherche du temps perdu. Le voici bientôt comme un enfant lâché dans une forêt magique, Petit Poucet (!) à la recherche de ses racines, vaillant combattant de la monstrueuse figure paternelle, nostalgique absolu de l’amour maternel. Ainsi en décidait la très sévère éducation anglaise d’antan.

                   « Te crois-tu assez courageux pour vaincre tes propres démons? » demande Violet, la mère de Sherlock Holmes. Toute la question est là.            

                    12272892896?profile=originalEntendez: drogues hallucinogènes aidant, nous assistons à une enquête mi-psychanalytique, mi-policière à propos de l’enfance du héros immortel. Voici un univers palpitant et symbolique - Maeterlinck notre prix Nobel de la littérature doit se retourner de jalousie dans sa tombe – fait d'atmosphères envoûtantes. Une île maudite prise dans les brumes, sise sur la Bouche des Enfers, bientôt cernée par les glaces à laquelle on accède à l’aide d’un passeur encapuchonné d’un sinistre manteau qui fait froid dans le dos lorsqu’il tend la main pour recueillir son obole. Le château macabre d’où fusent les incantations étranges de rituels sataniques ouvre ses grilles sur des scènes d’Alice au pays des Merveilles avec le Chapelier fou qui s’amuse à servir le thé. Les mets sont empoisonnés. Le gâteau aux carottes est la  madeleine de Proust. Des passages secrets mènent droit aux Enfers débordants de flammes dévorantes. Un violon ensorcelé ou des salves de révolver aident à la concentration de l’illustre enquêteur.

                   12272893068?profile=original Le crime, le sang, la vengeance, la jalousie mortelle : tout est fait pour terroriser et pour plaire à un public friand de mystérieux et de macabre. Les surprises de la machinerie du décor déferlent dans un rythme infernal, « à en avoir la chair de poulpe » selon le mot de l’inspecteur Lestrade, qui se gorge de lapsus drôlatiques. Mr. Lewis Carroll est l'ex-professeur de littérature du jeune Richard Blackmore, le jeune comte infortuné qui n’a jamais grandi suite à un violent traumatisme. La comtesse Margaret Blackmore, sa mère, épouse du défunt Arthur, cache  un passé inavouable. Poignards et squelettes se poursuivent, les cadavres disparaissent. Le fantôme du père de Holmes erre sur la lande...  Oswald, le majordome rondouillard flanqué de son Cerbère de toutou se retrouve sans tête. Surgissent des animaux chimériques faits de poil, plume, corne et écailles.... et même des allusions au Docteur Jekyll et Mr. Hide.

                      Le théâtre ainsi conçu s’empare voracement  de votre imaginaire, que vous le vouliez ou non. Les jeunes et très jeunes adorent. Les moins jeunes se disent que l’accumulation de procédés a un côté satirique très désopilant.12272892683?profile=original La scandaleuse Irène Adler se transforme en médium lascive et intéressée et Lestrade de  Scotland Yard n’en a pas fini de jalouser l’intelligence du grand Sherlock Holmes qui possède cette mémoire étonnante et cette logique tellement prompte  et … intuitive. Mais Sherlock Holmes doit soudain affronter le déferlement de ses émotions. « Tous ces souvenirs m'empêchent d'y voir clair. Je ne sais plus qui je suis. » Le voilà enfin humain! Grande innovation!

                     On adore Watson, son agilité de cabri, sa bienveillante patience et son amitié indéfectible, car Sherlock Holmes est plutôt rugueux malgré ses apparences de Dandy : « Seule la logique vous sauve de l’ennui». On peut presque comprendre l’irritation chronique devant tant de suffisance, de Lestrade l’enquêteur  méthodiquement jaloux de Sherlock Holmes et dépourvu d’imagination. … Elémentaire, mon cher Watson !

                      L’aventure de la création de ce spectacle a dû être une  véritable épopée pour l’équipe théâtrale au complet  où l’imaginaire de chaque participant a pu s’ébattre en toute liberté sous les conseils judicieux de l’illustre  metteuse en scène Jasmina Douieb. Cela se sent dans la production qui fourmille de splendides costumes, de  surprises bouillonnantes, de références irrévérencieuses, de clins d’œil et d’humour. La musique de Peer Gynt suggère le cadre d’une légende où le fils quitte sa mère pour aller à l’aventure, les coups de tonnerre et les éclairs sont de la partie ainsi que les musiques d’épouvante, car tous les éléments participent à ce pandémonium savamment orchestré par … le Diable  lui-même.  Un feu d’artifice théâtral fracassant QUI FAIT EXPLOSER L'IMAGINAIRE.

Du 18 avril au 18 mai 2013

http://www.theatreduparc.be/

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"Les chants de Maldoror" sont un recueil de six chants en prose, du comte de Lautréamont, pseudonyme d'Isidore Ducasse (1846-1870). Le chant I fut publié sans nom d'auteur à Paris chez Balitout, Questroy et Cie en août 1868, et l'ensemble à Bruxelles chez Lacroix et Verboeckhoven et Cie en 1869. La mise en vente de cette édition originale fut interdite en France.

Ignoré de son vivant, Lautréamont est tout d'abord découvert en 1885 par la Jeune Belgique qui publie des extraits des Chants de Maldoror. L'ouvrage est alors plus souvent jugé comme une curiosité que profondément apprécié, et sa notoriété demeure très limitée. Ce sont les surréalistes qui contribueront le plus efficacement à faire sortir de l'ombre l'oeuvre de Lautréamont. En 1919, en effet, les Poésies sont republiées pour la première fois par André Breton dans Littérature. L'année suivante, paraît la première grande édition moderne des Chants de Maldoror (Paris, La Sirène) et Breton lui rend hommage dans un article de la Nouvelle Revue française. Dès lors, l'ensemble du groupe surréaliste s'emploie avec succès à la réhabilitation d'Isidore Ducasse et de son oeuvre.

L'ouvrage se compose de six chants divisés en strophes. Poème en prose? Récit? Les Chants de Maldoror résistent à toute tentative de classification générique. Dans le sixième chant, Lautréamont parle, à quelques lignes de distance, de sa "poésie" et de ses "récits" et il avait même, un peu plus haut, employé le terme de "roman".
Le texte est certes fondé sur une esthétique de la rupture: chaque strophe peut être lue comme un fragment poétique autonome et aucun fil linéaire, qu'il soit narratif, descriptif ou discursif, n'est suivi bien longtemps. Toutefois le personnage de Maldoror, moralement complexe, physiquement polymorphe - il a le pouvoir de se métamorphoser - et grammaticalement présent sous les formes du "je" et du "il" - avec de constants glissements de l'un à l'autre pronom - confère à l'oeuvre une indéniable continuité.

Une évolution se dessine dans la succession des chants: dans les quatrième et cinquième, bien plus que dans les trois premiers, le lecteur est directement interpellé, l'écriture se commente elle-même et le langage fait l'objet d'un traitement de plus en plus vertigineux et provocant, à grand renfort de phrases d'une longueur et d'une sinuosité acrobatiques, de comparaisons étranges (les fameux "Beau comme [...]" apparaissent au chant IV) et de développements déroutants (par exemple sur le rapport entre des piliers, des épingles et des baobabs, chant IV, strophe 2). Le sixième chant se distingue explicitement des autres: "Les cinq premiers récits [...] étaient le frontispice de mon ouvrage, le fondement de la construction, l'explication préalable de ma poétique future." L'auteur précise plus loin: "Je crois enfin avoir trouvé [...] ma formule définitive. C'est la meilleure: puisque c'est le roman!" L'utilisation constante et croissante de l'ironie dans les Chants de Maldoror nous invite toutefois à prendre avec précaution une telle affirmation. Il est vrai que, d'une strophe à l'autre, le sixième chant dessine une continuité narrative beaucoup plus affirmée que dans le reste de l'ouvrage. Mais le mélange de situations convenues et d'une fantasmagorie débridée, l'utilisation explicite de "trucs à effet" nous convient à déjouer l'illusion romanesque.

Héros maudit, Maldoror porte sa vocation et son destin inscrits dans son nom dont le mal forme la première syllabe; à une consonne près, on peut lire aussi dans ce nom la douleur (dolor / doror). Héritier explicite du romantisme satanique - "J'ai chanté le mal comme ont fait Mickiewicz, Byron, Milton, Southey, A. de Musset, Baudelaire, etc. Naturellement, j'ai un peu exagéré le diapason pour faire du nouveau [...]" (lettre à l'éditeur Verboeckhoven) -, Lautréamont campe un personnage hyperboliquement maléfique qui trouve dans la contemplation de la souffrance une suprême jouissance: "O ciel! comment peut-on vivre, après avoir éprouvé tant de voluptés! Il venait de m'être donné d'être témoin des agonies de mort de plusieurs de mes semblables" (chant II, strophe 13). Maldoror ne se borne pas, loin de là, à assister passivement au spectacle de la douleur. Il se complaît à faire souffrir les humains et trouve pour cela de multiples raffinements de cruauté. Non content, par exemple, de contempler voluptueusement la vaine lutte des naufragés contre les flots déchaînés, Maldoror, posté sur le rivage, les achève à coups de fusil avant de faire l'amour avec l'"énorme femelle requin" venue les dévorer (ibid.). Ailleurs, il viole une fillette, la fait ensuite violer et égorger par son bouledogue puis, muni d'un "canif américain composé de dix à douze lames", il "s'apprête, sans pâlir, à fouiller courageusement le vagin de la malheureuse enfant. De ce trou élargi, il retire successivement les organes intérieurs" (III, 3).

Maldoror s'est donc jeté "résolument dans la carrière du mal" (I, 3), il a pris la "résolution" de suivre "la route du mal" (II, 11). Il a choisi de défier le Créateur - "Il voudrait égaler Dieu" (I, 11) - et ne se fait pas faute de l'invectiver avec violence. Une telle attitude procède d'un puissant orgueil mais aussi d'une immense souffrance. Maldoror refuse d'accepter les limites humaines et sa soif d'infini se mue en rage destructrice: "Est-ce une même chose par laquelle nous témoignons avec rage notre impuissance, et la passion d'atteindre à l'infini par les moyens même les plus insensés?" (I, 6). En outre, il hait les hommes, et donc leur Créateur, parce que ceux-ci sont fondamentalement mauvais, parce que, dans leur monde, le mal prolifère. Une scène montre, par exemple, les passagers d'un omnibus insensibles aux supplications d'un enfant malheureux et épuisé qui court en vain derrière la voiture pour tenter d'y obtenir une place (II, 4). Ailleurs, un homme est atrocement torturé par sa femme et sa mère (IV, 8). Dieu lui-même n'est pas étranger aux délices de la férocité. Anthropophage, il se délecte d'un "repas cruel" et lance à ses créatures: "Je vous fais souffrir, et c'est pour mon plaisir" (II, 3). On le voit aussi torturer à mort un adolescent après avoir connu les plaisirs de la chair en compagnie d'une prostituée (III, 5).

La violence de Maldoror est donc le fruit de la révolte et du désespoir: "J'ai reçu la vie comme une blessure, et j'ai défendu au suicide de guérir la cicatrice" (III, 1). Comme l'écrit Blanchot, Maldoror "est aussi bien celui qui est blessé que celui qui blesse" (Lautréamont et Sade). -tre souffrant, il attend la mort comme une délivrance - "la mort, et il sera content" (V, 7). Une monstrueuse description où Maldoror apparaît paralysé, dévoré par la vermine et avec une épée fichée dans le dos, offre l'image extrême de cette souffrance (IV, 5). C'est ainsi que Maldoror, "quoiqu'il ait beaucoup vécu, est le seul véritable mort" (V, 6).

L'écriture de Lautréamont est donc une écriture de la cruauté, émanant d'un écrivain qui veut faire "servir [s]on génie à peindre les délices de la cruauté" (I, 4) et génératrice de "pages sombres et pleines de poison" (I, 1). Riches en scènes barbares et peuplés de monstres divers, les Chants de Maldoror usent fréquemment des rouages du fantastique et de l'horreur. Multiple et raffinée, la cruauté côtoie la fanstasmagorie, la fantaisie, voire la parodie. L'originalité et la force de l'écriture de Lautréamont résident en effet surtout dans une utilisation déroutante de l'ironie. La dérision hante le texte et retire à la lecture le confort d'une quelconque certitude à l'égard du sens. Le lecteur est souvent interpellé et explicitement raillé, jusqu'au dernier chant où l'ouvrage précise en ces termes sa visée: "Je veux au moins que le lecteur en deuil puisse se dire: "Il faut lui rendre justice. Il m'a beaucoup crétinisé [...] c'est le meilleur professeur d'hypnotisme que je connaisse"!" (VI, 1). En somme, l'envoûtement exercé par le texte n'est qu'un leurre, une gigantesque duperie. Dans un ultime défi destructeur, les Chants de Maldoror revendiquent le droit à l'insanité.

Ce scepticisme et ce nihilisme vont de pair avec une fabuleuse aventure du langage. L'écriture exprime parfois sa difficulté d'être - ainsi l'impérieuse nécessité d'écrire et la douloureuse paralysie devant la page blanche sont-elles clairement explicitées (II, 2). Elle clame surtout son absolue liberté, celle par exemple de représenter l'invraisemblable et l'inouï: "Si quelqu'un voit un âne manger une figue ou une figue manger un âne (ces deux circonstances ne se présentent pas souvent, à moins que ce ne soit en poésie) [...]" (IV, 2). Les fameuses comparaisons bâties à partir de la formule "beau comme" et si prisées par les surréalistes participent de la même euphorie poétique, de ce maniement du verbe à la fois débridé et provocant. L'écriture de Lautréamont est vertigineuse comme aucune autre. La polysémie y cohabite avec l'insanité et l'absurde. Fascinants et corrosifs, les Chants de Maldoror sont bel et bien composés de "pages incandescentes" (II, 1).

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administrateur partenariats

 

" La dernière note "

Jean-Yves Le Breton

 

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Armageddon

 

Sur le clavier d’ivoire  se joue l’ordre des sphères,

     Du grand oeuvre cosmique à la mesure d’un Dieu,     

Qui  module  et  apprécie  les  rythmes  aurifères, 

Surgis d’un  orgue sacré  aux sons  miséricordieux.

       Les ponts des harmoniques relient  rives et nues,          

Jusqu’à  l’immortalité  de  l’architecte  divin, 

Dont la partition du temps trace la grande avenue,  

Conduisant aux Mystères gardés par des chérubins.

L’ultime  note  inconnue,  sonnera l’Armageddon,

De l’univers et du concert renvoyés aux ténèbres,

Du  préexistant jadis  sans qu’il n’y ait de pardon,

Pour  la  folie  humaine,  répandra  le  funèbre.

Sur le clavier d’ivoire  se joue l’ordre des sphères,

  Du grand oeuvre cosmique à la mesure d’un Dieu.  


 

 

Claudine Quertinmont d’Anderlues.

Un partenariat d'

Arts

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Lettres

 

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administrateur théâtres

KARL MARX, LE RETOUR

Howard Zinn

Cie Peg Logos

Du 19/04 au 25/05/2013

 

12272888677?profile=originalKarl Marx était censé être mort et enterré. Avec l'effondrement de l'Union soviétique et le Grand Bond en avant en Chine dans le capitalisme, le communisme s'est évanoui dans la toile de fond pittoresque des films de James Bond ou dans les mantras déviants de Kim Jong-un. De toute façon Karl Marx, qui nous a observés du haut du paradis,  n’a jamais cautionné les dérives dictatoriales et sanguinaires des leaders communistes d'états policiers. Marx pensait que le conflit de classe  déterminait le cours de l'histoire. Ce conflit  a donné  dans la seconde moitié du 20e siècle toutes les apparences de se dissoudre dans une ère de prospérité du libre-échange et de la libre entreprise. Le capitalisme semblait être l'accomplissement de sa promesse - celle d'élever tout le monde vers de nouveaux sommets de richesse et de bien-être. C’est ce qu’on croyait.  Mais si on ouvre un peu les yeux on doit constater avec Marx que l'accumulation de richesse à un pôle est en même temps l'accumulation de la misère, la pénibilité du labeur, l'esclavage, l'ignorance, la brutalité, la dégradation mentale, au pôle opposé.

12272888889?profile=originalConstat : la formidable puissance de la mondialisation, en reliant les coins les plus reculés de la planète, pousse l'obligation lucrative  à des extrêmes qui rendent les mêmes, toujours plus riches et la grande majorité des autres toujours plus pauvres… C’est ce que nous présente  le formidable comédien Michel Poncelet dans une création théâtrale originale sur laquelle il travaille avec le metteur en scène Fabrice Gardin depuis deux ans. Le texte nous vient des Etats- Unis : « Marx in Soho, a play on history ».  Elle est de la plume d’un certain Howard Zinn, auteur d’une histoire du peuple américain. Celui-ci s’est plu à imaginer le retour dudit  Karl Marx sur terre - disons, que le Christ était lui-même trop occupé - pour répandre à nouveau sur notre planète des idées de justice, de dignité humaine et de compassion.

Revoilà Marx, vif comme l’argent, qui débarque avec sa malle de souvenirs et d’observations lucides à Soho, …New-York. Howard Zinn décide de « mettre en scène cette autre facette de Marx : le passionné, le révolutionnaire engagé. La pièce que j'écrivis avait pour protagonistes Marx, sa femme Jenny, sa fille Eleanor, son ami Engels et son rival politique Bakounine. »  C’est l’occasion de raconter sa vie précaire avec sa famille exilée à Londres, après avoir séjourné à Paris et à Bruxelles,  son analyse percutante de la société d’alors … et de maintenant, et sa passion contagieuse pour le changement. Un spectacle totalement dynamique, hilarant et fort instructif. Vous vivrez sa vie quotidienne avec ses proches dans la misère de Soho à Londres, vous  vivrez la Commune  de Paris en 1871, le climax de cette création théâtrale. Vous vous laisserez embarquer sur la vague d’espoir qu’il suscite.  « Un moment viendrait où le prolétariat exploité s'organiserait, se révolterait, prendrait le pouvoir et utiliserait le progrès technologique pour satisfaire les besoins humains et non pour enrichir la classe capitaliste. » Il est possible d’imaginer une société sans exploitation, où les gens se sentiraient en accord avec la nature, avec leur travail, avec les autres et avec eux-mêmes.

 

12272889260?profile=originalLes prolétaires du monde entier sont de plus en plus en colère et exigeant leur juste part de l'économie mondiale. « Indignez-vous » devient le maître mot, celui du  ralliement pour des lendemains qui chantent. Michel Poncelet est en ébullition, campe admirablement le personnage dans son costume recréé à l’identique de celui de Karl Marx. Les deux hommes se fondent à s’y méprendre, barbe y compris. Une très brillante performance, fort efficace qui convaincrait les capitalistes les plus endurcis!

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece6.html

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REALITES NOUVELLES HORS LES MURS A BELGRADE

Pour sa troisième édition « hors les murs », après Troyes et Pont de Claix, le Salon des Réalités Nouvelles a choisi d’exposer une sélection de 64 artistes à Belgrade, dans le prestigieux Pavillon Cvijeta Zuzoric, du 08 au 25 mai 2013. Soucieuse d’être en mouvement et de vivre tout au long de l’année, l’association d’artistes qui constitue le Salon continue ainsi un programme d’expositions hors de sa manifestation annuelle qui se tient depuis 1947 à Paris et qui accueille jusqu’à 400 artistes du monde entier. Le commissariat de l’exposition est assuré par Olivier Di Pizio et Milija Belic.

Le Salon des Réalités Nouvelles confirme aujourd’hui l’actualité permanente de l’Art abstrait en tant que composante la plus caractéristique et la plus originale de l’Art de ces dernières décennies. Le rendez-vous annuel, pour sa 67e édition, aura lieu du 22 au 29 septembre 2013 au Parc Floral de la Ville de Paris.

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Le temps n'existe pas

LE TEMPS N’EXISTE PAS

Par André Chamberland

info@andrechamberland

Le temps n’existe pas à la mer, du moins pas de la même manière sur terre que sur mer.

La mer vit au gré des marées, deux basses et deux hautes par ce qu’on nomme journée.

Les marins et les pêcheurs en haute mer ont des quarts de travail d’une haute à l’autre.

Seul cet horaire leur permet de sortir du port et d’y entrer sans accrocher le fond de l’eau.

 

À l’opposé de nous, la famille du pêcheur se fie à l’horloge marée pour connaître l’heure utile.

Quand rentrera le père pêcheur pour le repas en famille dont le moment varie constamment.

Le réveil-marée indique la marée haute en haut et la basse en bas de ce qui sert d’horloge.

Le lever se fait à un quadrant avant la marée basse; le coucher, un quadrant après la haute.

 

Cette façon de compter le temps vient duplicater le cadran solaire et le cadran aux étoiles.

Un bris de moteur ou une avarie en mer risque de prolonger le quart de douze autres heures.

La famille du marin-pêcheur doit les utiliser en conjonction avec l’heure de leur montre.

Ainsi, chacun sera à l’heure à l’école, au bateau à la marée, au repas familial à temps.

 

La journée maritime comptant un peu plus de 24 heures entre deux marées haute ou basse,

Il sera aussi difficile pour toute la famille d’arriver au premier jour de l’An au même moment

 qu’il le sera pour les amants se fiant davantage, voire uniquement, à leur cadran lunaire.

Utiliser des systèmes différents de mesure du temps permet d’être toujours à temps!

 

Tout comme la multitude des langues parlées rend complexe la communication des gens,

Les vents variés et la force variable des marées compliquent l’activité basée sur marées.

Les marées retardent un peu chaque jour et varient aussi selon la région géographique.

Impossible d’établir une marée unique pour un pays donné, ni même pour un fuseau.

L’heure du sommeil ou celle de la faim est artificiellement fixée par la production économique.

Toutefois, pour le marin-pêcheur, ce sont les marées, les vents, les saisons qui en décident.

Toute sa famille doit s’adapter aux conditions propices dictées pour cela par la nature,

Obligeant de vivre chaque jour en décalage horaire sans même avoir à voyager pour ce faire.

 

Tant de limites sont arbitraires dans la vie, comme celles du temps, de la langue, de l’alphabet,

De la musique, des mesures de longueur, de largeur, de surface, de prix, de durée, de vie.

Ce sont nos limites d’humain qui nomment le jour et la nuit, fixent la plage de vitesse permise.

L’infini lui-même, la particule, l’univers, l’homme tente de les quantifier, mesurer, dépasser.

 

Il n’y a pas que vingt-six lettres dans l’alphabet français. Il n’y a pas que trois gammes en

 musique. Il n’y a pas que x planètes et y étoiles dans l’univers. Il y a la limite humaine.

Les bémols, les dièses, les accents permettent d’autres notes et d’autres lettres et mots.

Les gammes et l’alphabet sont infinis mais nous ne pouvons en entendre que certains.

 

Le vent a son langage que nous ne comprenons pas. Les oiseaux utilisent d’inaccessibles sons.

Les baleines nous demeurent incompréhensibles. Peu nombreux entendent le sifflet à chien.

Les polyglottes se dénombrent facilement. Les sourds grognent leurs sentiments et paroles.

La pollution sonore crache et crie ses vociférations contre notre zone limite de confort.

 

Comme la chenille se transforme en papillon, notre être s’habille d’un autre corps à la mort.

La peur de la mort n’existe que parce qu’on croit qu’il s’agit d’une fin alors que mourir

C’est qu’on continue simplement à vivre juste là, de l’autre bord, après notre mutation.

La mesure de la vie commençant par une naissance et se terminant en mourant est une illusion.

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Un Dur moment de vie

Voila, le jour tant redouté, est arrivé….

 

Nos yeux rivés les uns aux uns

Se sont parlé d’amour sans fin, sans mots.

Ils ont reparlé de nos souvenirs,

Fait de  câlins, joies, ou petits bonheurs

Se sont redit, comme on s’aimait bien

Puis, les tiens se sont tus, … doucement

Ne laissant que ton sourire, …ténu

Me murmurer encore, ton amour infini.

J’ai posé ma bouche sur ton front

Je t’ai embrassé, infiniment, tendrement

Pour que tu entendes, je t’aime, maman

Que tu sentes, mon cœur battre pour toi

Toi, qui lui a donné la vie et l’amour.

Je suis resté ainsi, respirant ton parfum

M’en remplissant les souvenirs, de demain

Je suis resté ainsi, collé, au plus près de toi

Jusqu’à ce que ton âme s’envole, … Soudain,

Ta main, c’est faite morte, dans la mienne,

Chaude encore, mais étrangement, si légère.

Tes doigts ne serrent plus les miens.

Ils me lâchent, me rendent à ma vie

Je me redresse, ton visage sourit encore

Ton regard bleu, étrange, libère ses lucioles

Chacune tient un petit coté de ton âme, pour

Sur la vague de ton ultime souffle, s’envoler.

Je les vois emmener ton âme vers là bas, où,

Pour l’éternité, je le sais, tu m’attendras !

Sur ma joue, les larmes longtemps contenues

Se sont misent à couler, lourdes, et pleines

De douleurs vives, atroces, comme une brûlure

Tes yeux se vident, doucement, de leurs éclats

Comme une bougie, qui manque de cire

Ils me regardent encore … Tes yeux

Ils sont resté ainsi, figés, par ta dernière volonté

Comme quand ils parlaient encore.

Qu’ils disaient, je t’aime mon fils,

Pardonne-moi de partir maintenant !

Mais tes paupières ne battent plus,

Tu viens de finir le livre de ta vie.

Après un dernier baiser d’amour

Déposé sur chacun, autrefois si bleu.

Doucement, j’ai fermé tes yeux, par une caresse

La dernière tendresse d’un petit, pour sa maman

Qui ………

Te laisse aller, vers le Bon Dieu, là, qui te tends la main.

 

 

Tadeusz, Robert, Pirschel                                                Neupré le 19/04/2013

 

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272887672?profile=original© R. Capa, copyright 2001 by C.Capa / Magnum Photos / Reporters

Des Jours et des nuits à Chartres              

                de Henning Mankell              

                mise en scène Daniel Benoin

 

 

Coup de chapeau ou plutôt de béret basque, à la  mise en scène de Daniel Benoin  et aux décors très élaborés de la pièce de  Henning Mankell (vous avez peut-être lu « Les chaussures italiennes »)  qui décide d’approcher sans vergogne, puisqu’il est suédois, le sujet tabou de la collaboration de la France en guerre de 1940 à 1945. Celui des « épurations » en  46, 47… car il faudra de nombreuses années avant que les deux Frances se réconcilient.  Il faut plusieurs générations pour que le traumatisme de la tonte d'une femme s'estompe, jugé parfois plus grave que celui du viol.

 L’astuce  du dramaturge est l’utilisation récurrente du personnage, Robert  Capa, photographe de renom,  et son téléobjectif vorace qui a photographié la mort sur tous les champs de bataille. Il est le premier photographe du débarquement allié en Normandie. On assiste, scéniquement parlant, à un va et vient entre le photographe prisonnier de son appareil photo, et le développement de la vérité dans la Camera Obscura  de son studio et ...la vraie  vie telle qu’il l’a captée ce 16 août 1944.  Son objectif  a saisi sur le vif le regard insondable d’une fille tondue portant dans ses bras un bébé, entourée d’une foule haineuse qui lui crache au visage avant d’être arrêtée et mise au pilori.  Le photographe avoue : « Chacune de mes images est un gibier que j’ai abattu». Il passe sa vie à attendre la bonne lumière qui fera de son image un révélateur de vérité. Et quelle vérité cette fois-ci! Tout le monde n’a pas été capable d’appliquer la phrase d’Albert Einstein. « Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » Par opportunisme, lâcheté, par intérêt et avidité, par dépit, par défaitisme.

L’occupation a été synonyme de collaboration pour beaucoup. Certains résistants ne se sont révélés qu’au bord de la défaite germanique, changeant très opportunément de camp en dernier ressort. Des fortunes faites sur le marché noir se sont accumulées. Cependant que cette  jeune fille, Simone (Fanny Valette),  un peu niaise, simple couturière dans un atelier, ayant perdu sa mère très jeune et même privée de  son frère mort en 36 lors d’un accident de travail, se retrouve seule avec un  père qui l’adore et la chérit. Il n’a plus personne au monde à part sa fille! Il ne sera pas assez sévère avec elle, ne lui indiquera pas la différence claire entre l’ombre et la lumière. Elle tombera amoureuse d’un Fritz qui lui fera une petite fille, preuve tangible de sa méconduite. Ils vont sûrement aller s’établir outre-Rhin. Las ! Mauvais timing,  la guerre est finie et les ennemis vont être punis. La voici, dénoncée,  sur la liste des suppliciables, victime de son « innocence » de la chose politique. Drame.  Humiliations et mise à mort du bouc émissaire  indispensable qui paye pour les  saloperies de tous les autres qui ont su se retirer du jeu à temps. La pièce est un hallali  éprouvant, entrecoupé de flashbacks très réalistes qui dépeignent la vie insouciante de la jeune fille et de son amie, Marie (Juliette Roudet), qui elle, saura se ranger du bon côté, au bon moment. Simone et son père incarnent un désespoir si profond que je n’ai jamais rien vu de pareil, s’exclame le photographe! D’incessants appels au secours retentissent de toutes parts dans la pièce. Personne n’écoute, tout le monde ne pense qu'à soi. C’est le comble, la seule qui a peut-être promis d'essayer, mais n’a pas réussi, est peut-être Simone.

Le rôle de Georges (Paul Chariéras), le  père de Simone, est magnifique d’humanité et émeut aux larmes. Les filles, Simone et Marie sont moins convaincantes quand elles se font leurs confidences, visages tournés vers le sol,  car la diction est un peu précipitée et pas toujours très audible dans la salle d’Aula Magna. La victime et son petit ne sont pas sans rappeler les larmes que l’on a versées pour  le film Ryan’s daughter… et cette tendance de l’homme à crucifier les autres, de préférence! Joués par le même comédien (Frédéric de Godfiem), le soldat allemand est un peu flou - out of focus -, tandis que le reporter, revenons à lui, personnifie en quelque sorte le chœur de la tragédie grecque avec ses commentaires sur la vérité, la vie et l’humanité. Henning Mankell insiste  : « La paix devrait redonner des valeurs à des gens comme Simone. On réussira à reconstruire le pays si on ne devient pas comme eux. » 

«Ainsi, on peut dire que toutes mes images sont inachevées. Il y manque tout ce qu’on ne peut qu’imaginer» dit Robert Capa.  Il nous fait réfléchir au rôle des médias et à leur éthique, avides de scoops en tout genre, sans cesse sur pied de guerre pour saisir ce qui se vend bien. Capter, saisir, s’emparer, collectionner les trophées… dans la plus pure dynamique Darwinienne. 

«Ne restent que les images.

Mes tentatives

De capter ce qu’il y a d’insondable

Chez les hommes

Et par là même

En moi…»

avoue aussi Robert Capa. La lumière est mon  ennemie et mon salut. Trouver la bonne lumière, c’est le but de son existence faite d'attente patiente et délibérée.  Car  « Une vérité qui traverse le feu ne se consume jamais : la photo semble dire: ne m’oubliez jamais ! »

On se doit de citer ici Paul Eluard:

Comprenne qui voudra, (Paul Eluard )


  En ce temps-là,
  pour ne pas châtier les coupables,
  on maltraitait des filles.
 
On allait même jusqu'à
  les tondre.


  Comprenne qui voudra

Moi mon remords ce fut

La malheureuse qui   resta

Sur le pavé

La victime raisonnable  

A la robe déchirée

Au regard d'enfant   perdue

Découronnée défigurée

Celle qui ressemble aux morts

Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet

Et couverte

Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante

Comme une aurore de premier mai

La plus aimable bête

Souillée et qui n'a pas compris

Qu'elle est souillée

Une bête prise au piège

Des amateurs de beauté

Et me mère la femme

Voudrait bien dorloter  

Cette image idéale

De son malheur sur  terre

 

http://www.cdrtours.fr/wp-content/uploads/2013/04/Dossier-pédagogique-Des-jours-et-des-nuits-à-Chartres.pdf

http://www.ateliertheatrejeanvilar.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=503

 

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ESSAYAGE

"Depuis quelques temps déjà

elle essayait des idées comme on essaye des robes alignées dans une penderie

...en vérité

elle constatait avec un embarras croissant ,

que non seulement elle tirait d'une penderie

ses affirmations pour les enfiler à la va - vite

mais aussi que ses sentiments étaient autres "

Doris Lessing (L'été avant la nuit )

Une relecture qui laisse à réfléchir , car nos habitudes sont tellement ancrées dan notre vie  que nous vivons bien souvent autre chose .. pour revenir à l'essentiel

Et ces chaises-d'assise  sculpture d'Agnès Coupez ( vues en exposition à Bandol dans le cadre du printemps des potiers)12272896659?profile=original12272896475?profile=original

sont comme un clin d'oeil d'humour que je vous offre en partage

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administrateur théâtres

"No Sport"

De et avec Stéphane Stubbé

Mise en scène : Christian Dalimier, assisté de Sophie Jallet

Du mardi 16 avril au samedi 4 mai 2013 à 20h30
relâche dimanche et lundi

 

De gauche à droite. Dommage que  la très belle  musique des interludes entre les tableaux, sortes d’improvisations très mélodieuses qui soulignent l’amour des arts de Winston Churchill, écrivain et peintre à ses heures, ne jaillissent pas du piano droit hélas  fermé, qui sert de guéridon pour  un téléphone des années 50… Continuons le travelling : un grand fauteuil grenat cachant de nombreux secrets dans ses accoudoirs. Un valet chargé de vêtements méticuleusement pliés et un rideau pudique entourant …une couche militaire? Un lit conjugal ? Non, une  surprise ! Vous avez ainsi le décor planté devant un escalier privé, l’escalier du temps qui passe…pour découvrir ensemble le jardin secret du grand Homme.  

Nous sommes à la Samaritaine, qui cette fois nous offre un décor très construit. Winston Churchill fête son non anniversaire et va nous entraîner dans une vie fabuleuse et dans une jeunesse dont aucun de nos jeunes n’a idée.  Le comédien, Stéphane Stubbé qui incarne Winston Churchill est lui-même fabuleux.  Il a écrit le texte de cette biographie passionnante et plonge parfois  avec malice dans l’uchronie, question de donner encore  plus de sel au spectacle. A vous d’être attentifs et de sourire aux supercheries.  L’auteur nous dit être tombé un jour amoureux des récits  du jeune journaliste Winston Churchill. Il avait alors 32 ans lorsqu’il décrit la féerie  d’un de ses voyages qui le mena à Mombasa, Kenya. Un choc inoubliable avec la beauté terrestre.  Ce sera le point d’orgue du spectacle. Le dernier regard en arrière avant de rejoindre son Créateur et savourer une fois encore  la beauté stupéfiante  des portes de l’Afrique :  « De tous côtés surgit une végétation humide, tumultueuse, variée. De grands arbres, des herbes hautes qui ondulent, des taches brillantes de bougainvilliers violets et au milieu de tout cela, clairsemées, parvenant à peine à maintenir la tête au-dessus du flot fertile de la nature, les maisons aux toits rouges de la ville et du port de Mombasa.»

Le regard très professionnel de Christian Dalimier, le  metteur en scène, a lissé l’ouvrage, mettant en place un spectacle captivant peuplé de grandes figures du 20e siècle, y compris Brigitte Bardot. La langue fascine, portée par une diction  aux accents vénérables d’un Jean Gabin. Intonations, gestes, mimiques dignes de Belmondo (tiens, tiens,  octogénaire lui aussi !), imitations hilarantes complètent les quinze tableaux qui amusent franchement car le comédien déploie une rare richesse scénique.  C’est une histoire  de l’Histoire qui plaît. Autant aux adultes que nous sommes, dont l’enfance est peuplée de ces mêmes souvenirs  et aux jeunes qui partent à la découverte d’une première moitié du 20e siècle faite de « blood, toil, tears and sweat …*» Une époque douloureuse mais  extraordinairement féconde, dirigée vers la  victoire des valeurs démocratiques, la création de paix et de bien-être pour tous.12272896282?profile=original

Et le titre, direz-vous… Churchill, qui avait vu ses parents mourir jeunes et craignait beaucoup la cinquantaine, eut lui,  la grâce de vivre jusqu’à 91 ans.  Interrogé par un  journaliste, non anglophone sur les raisons de sa longévité, il répondit : « No sport », « Oui, Madame ! » C’est dans le texte ! Le journaliste en question avait sans doute mal compris la réponse humoristique : « Whisky, cigars, and low sports ». Churchill considérait en effet  le sport comme essentiel à l'éducation d'un gentleman. Ainsi en  témoignent  ses nombreuses citations sur les bienfaits de l'équitation ou l'excentricité du jeu de golf. Allez voir cette pièce cousue de fidélité aux  valeurs européennes et d’humour britannique… dans la langue de Molière !

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(*du sang , du labeur, des larmes et de la sueur : une phrase prononcée par Winston Churchill le 13 mai 1940, dans son premier discours devant la Chambre des communes, après sa nomination au poste de Premier ministre du Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale.)

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L’OREE DU BOIS

L’OREE DU BOIS

 

 

Tu me dis que tu aimes le mot ronce,

Et j’ai là l’occasion de te parler,

Sentant revivre en toi sans que tu le saches

Encore, cette ardeur qui fut toute ma vie.

 

Mais je ne peux rien te répondre : car les mots

Ont ceci de cruel qu’ils se refusent

A ceux qui les respectent et les aiment

Pour ce qu’ils pourraient être, non ce qu’ils sont.

 

Et ne me restent donc que des images

Soit, presque, des énigmes, qui feraient

Que se détournerait, triste soudain,

Ton regard qui ne sait que l’évidence.

C’est comme quand il pleut le matin, vois-tu,

Et qu’on va soulever l’étoffe de l’eau

Pour se risquer plus loin que la couleur

Dans l’inconnu des flaques et des ombres.

Yves Bonnefoy

(Ce qui fut sans lumière - Mercure de France 1987)

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RENGAINE...

Ce n'était rien qu'un vieux refrain

Une petite musique obsédante...

Mais nous marchions main dans la main!

Il symbolise notre entente...

Alors vois-tu au bout des ans

Quand il m'arrive de l'entendre

J'ai le cœur qui bat follement

Et me revient notre âge tendre!

Ces quelques notes sont magiques

Elles me restituent ta présence...

Et de leur petit ton ludique

Me disent comme on avait de la chance!

Il me souvient d'un ciel si bleu...

De ton rire, de ta bouche gourmande.

Alors au cœur, j'ai comme un creux...

Et puis tu vois, j'en redemande!

Il me surgit du fond des yeux

Toutes les couleurs de cet été!

Tout ce qui nous rendait heureux...

Et jusqu'au goût de nos baisers!

Si ce n'est rien qu'un vieux refrain

Qui nous fut porté par le vent...

Il sonne comme un joli regain

Et me bouleverse dans l'instant!

J.G.

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